« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
De toutes les douleurs que j’avais pu ressentir, celle-ci se plaçait en peloton de tête. La peur qui l’avait accompagné n’avait fait que la décupler. Cette pointe au fond de mon cœur m’avait totalement paralysé de douleur avant de me jeter au sol, suffocant comme je pouvais pour récupérer l’air qui venait à manquer. J’avais cru que c’était la fin. Puis jamais senti qu’il m’était impossible de bouger les mains, elles qui déchargeaient désormais dans la terre des petits arcs électriques. J’avais à ce moment précis pas cessé de me répéter que tout allait bien se passer. Une méthode Coué en sommes : jusqu’ici tout va bien. J’avais tenté de me dire que lorsque j’aurai déchargé ce qu’il fallait dans le sol, on me laisserait tranquille mais l’aiguille dans mon cœur ne semblait pas prête à se déloger. J’avais alors paniqué, comprenant que j’allais mourir et le pouvoir de Vaiana avait croisé le mien.
- HHHHHHHH
J’avais pris une grande inspiration lorsque la pression sur mon cœur s’était estompée. Mes mains s’étaient retirées vivement de sol et j’avais roulé sur le dos, tentant de comprendre que j’étais en vie. J’avais toussé quelques seconds avant de tenter de m’asseoir, tremblant de tout mon être. Tout en tentant la position assise, j’avais observé rapidement le décor. On n’était plus au même endroit : nous étions à présent entouré des menhirs et de l’électricité semblait courir entre chacun d’eux comme une espèce de clôture électrifiée. On était tous là. Ou presque. Il manquait Violette. Je m’en étais aperçu presqu’instantanément parce qu’elle avait failli mourir à nos côtés et que j’avais tenté de recenser ceux de mon groupe avant de m’inquiéter pour les autres.
- Ca va ?
Assise en tailleur, essayant de me calmer, je coulais un regard vers Vaiana qui avait vécu la même chose que moi et tentait aussi de s’en remettre à côté de moi.
- Où est Violette ? - Pas là...
Elle aussi avait fait le décompte et elle en était arrivée à la même conclusion que moi. En tournant la tête une nouvelle fois par acquis de conscience, j’avais soudainement mieux compris que nous étions enfermés. En gros ça n’était pas fini. Même loin de là. Aucun moyen de s’enfuir. Tous les moyens d’attendre.
- Elle a peut-être réussi à éviter cette foutue prison ? - Je l’espère.
Elle se mordit les lèvres d’un air anxieux et je ne sus pas trop quoi faire. J’avais envie de la consoler mais le passif que nous avions était bien trop présent. J’avais peur de tout détériorer en tentant quoi que ce soit. Elle décida de reprendre la parole :
- Ou alors elle va se pointer cape volant au vent pour nous sauver !
Malgré sa phrase pleine d’espoir, elle avait le sourire triste. Un sourire qui traduisait sa véritable pensée : il y avait peu de chance que ce soit ça.
- Oh elle en serait capable !
Je lui avais lancé un sourire et je me demandais si la tristesse se lisait autant dans le mien que dans le sien. Violette me manquait et l’idée qu’elle ne soit pas là me faisait m’inquiéter sur son sort. Mais on n’avait pas le droit de laisser tomber maintenant. Parce qu’elle pouvait peut-être vraiment nous sauver. Et si ce n’était pas là, c’était peut-être à nous de la sauver. Dans les deux cas, on ne pouvait pas laisser tomber. Je coulais un regard gêné vers mon amie avant de me lancer :
- Hé... ça va aller, ok ? On va la retrouver et on va sortir d’ici ! Je sais pas dans quel ordre mais on va faire les deux. Y’a 10 minutes on était dans une forteresse qui allait s’effondrer, avec un connard de Titan et un cavalier surpuissant. On ne pouvait pas imaginer qu’on serait là maintenant. Et pourtant on y est. Je suis sûre que c’est pareil pour Violette ! C’est quand même pas la première fois qu’on se perd et qu’on se sépare. Tu l’as dit toi-même à Seattle, tu te souviens?
Je me rendis alors compte que je me massais machinalement la poitrine, au niveau du cœur, depuis au moins quelques minutes à présent. Les mouvements circulaires que j’avais fait m’aider à me calmer, à relativiser mais ça devait être bizarre à regarder :
- Toi aussi ça te fait encore bizarre dans le cœur ? Moins fort mais pas au top non plus...
Elle porta à son tour sa main à son cœur en grimaçant :
- Ça peut aller. C'est moins pire qu'avant.
Elle m’observa, pensive, avant d’ajouter :
- Je pense qu'on est liée à la Dernière Sentinelle. C'est que cherchait à atteindre le Cavalier. Et quand il l'a trouvé, on s'est sentie mal en même temps. Ça m'étonnerait que ça soit une coïncidence.
C’était pas bête ce qu’elle disait. J’y avais songé aussi, même si m’avait semblé fou. Mais Wilson avait dit qu’il devait détruire la Dernière Sentinelle et quelques secondes après, on était au sol en train de souffrir. Mon regard s’était alors dirigé vers Nora, présente plus loin qui avait semblé aussi mal au point que moi lorsqu’il avait s’agit de se relever.
- Elle l’a senti aussi… on est plusieurs dans ce cas mais je crois que t’as raison… - De toute façon, on saura jamais. On va mourir avant.
Elle avait haussé les épaules et je l’avais regardée ébahie. Je ne sais pas si c’était parce qu’on était pas en mouvement et juste en train d’attendre dans un parc à brebis mais son défaitisme me sautait à la tronche avec une puissance décuplé. Ça me faisait mal au cœur, j’avais l’impression que ne croyait plus en rien, que pour elle l’aventure s’arrêtait là.
- On va pas mourir ! Pas ici, pas maintenant ! Tu te souviens du camp militaire qu’on a fait ensemble ? J’ai cru que j’allais mourir à chaque instant et t’étais la seule à y croire. Tu m’as jamais autant porté que là et pourtant... t’avais raison au final ! Bon okay ça semble plus dramatique ce truc là mais au final on a survécu jusqu’ici on survivra bien jusqu’à trouver Violette et comprendre ce qu’il se passe non ?
Je savais pas si l’anecdote avait l’effet escompté mais j’y mettais toute mon énergie pour tenter de la remettre sur pied. Ce fameux camp, on l’avait fait quelques temps avant qu’elle ne disparaisse sans plus laisser de trace. Une espèce de grand escape game grandeur nature, en plein air, bordé un peu survival. Ça avait duré 3 jours et si l’idée m’avait plus tout de suite, ça avait été Vaiana la plus enthousiaste à l’idée de me suivre. Je n’aurai jamais été au bout sans elle, j’en étais sûre. C’était avant les entraînements, avant Athéna, au moment où tout était encore difficile parce que je n’avais pas une seule once de sportivité dans tout mon corps. Et elle avait été patiente, aidant, soutien sans faille, jusqu’à la fin. Aujourd’hui, c’était à moi d’être ce soutien, même si je n’étais pas sûre qu’elle en attende encore autant de ma part avec ce que je lui avais dit. Elle avait pourtant eu un petit souvenir à la remémoration du souvenir et ça m’avait chaud au cœur.
- C'est vrai que ça m'énerverait sacrément de mourir avant de connaître le fin mot de l'histoire.
Elle soupira avant d’ajouter, parlant de Violette :
- J'aimerais au moins être sûre qu'elle s'en est sortie.
Après un instant, elle précisa encore :
- On a survécu à tellement de trucs... ça serait absurde de mourir au beau milieu d'une bande de menhirs.
Elle avait observé les cailloux d’un air désabusé et j’avais pu m’empêcher d’échapper un petit rire. La situation semblait soudain si légère. J’avais l’impression de la retrouver, avec ses blagues, sa façon de voir le monde et ça me faisait du bien, me poussant à la suivre dans le même délire :
- C’est clair ! Si seulement tu pouvais nous les faire sauter...
Je m’étais arrêtée net dans mon élan, terriblement gênée de revenir aussi fortement sur la fameuse vraie fausse dispute qui était devenue finalement la vraie vraie dispute dans la mesure où elle m’en voulait profondément de ce que je lui avais dit et que sa réponse m’avait prise à mon propre jeu, me piquant au vif. Cherchant à ignorer le sujet, j’avais alors ajouté précipitamment :
- Ou que j’arrivais à récupérer l’électricité qui les liens sans mourir...
J’avais hésité un petit moment, ne sachant pas si je devais revenir sur le sujet ou non. Ony était forcément déjà et ça allait poser un blanc. Et malgré toutes les belles certitudes que je tentais de lui coller en tête, je n’étais pas plus sûre qu’elle que nous allions nous en sortir. Je l’espérais seulement et même si le dicton disait « l’espoir fait vivre », je n’étais pas certaine qu’il puisse pour autant nous sauver la vie. Et je refusais de mourir avec des regrets, des choses que je n’avais pas dit alors que j’aurai du. On devrait toujours dire à nos proches comme on les aime, les remercier de nous accepter comme nous sommes et nous excuser quand nous dépassons les bornes et ce, avant qu’il soit trop tard.
- Je sais que c’est pas le moment, que t’es toujours énervée mais si on doit vraiment mourir et que c’est la dernière fois que j’ai l’occasion de te le dire, je veux pas m’en priver : je suis sincèrement désolée. J’ai pioché dans tout ce qui te ferait le plus mal pour t’énerver. J’en pensais pas un mot mais c’est le problème avec les amis : on les connaît si bien qu’on sait comment leur faire mal... mais c’est de notre rôle de ne jamais le faire et j’ai franchi la ligne. Bonne raison ou pas je l’ai franchie et j’en suis désolée.
Elle secoua la tête de gauche à droite d’un air implacable :
- T'aurais jamais dû faire ça. Peu importe la raison, ça se fait pas, c'est tout. En plus, ça n'a pas servi à grand-chose.
Elle était loin d’avoir tort. J’étais tellement mortifiée que j’avais l’impression que quoi que je puisse faire puisse faire exploser la Terre à cet instant précis. Inconsciemment, j’avais cessé de respiré au moment où elle avait fait « non » de la tête et j’étais pas loin de devenir écarlate par la gêne et le manque d’air lorsqu’elle m’afficha un puissant regard réprobateur à la fin de sa phrase. J’avais senti que les larmes commençaient à monter, persuadée de perdre une amie mais une ébauche d’un sourire libérateur avait fini par me dégonfler comme un ballon et je m’étais sentie vaciller quand elle avait précisé :
- Mais ça serait dommage qu'on finisse sur une engueulade alors... excuses acceptées.
Elle avait eu l’air un peu paniqué quand elle m’avait vu retenir ma respiration, se demanant sans doute ce que je foutais même si j’étais loin de l’avoir fait volontairement. Ou alors tout simplement se demandait-elle ce qui m’était arrivée… une chose était sûr, elle avait éclaté d’un grand rire soulagé en m’entendant relâcher mon souffle. Après un instant d’hésitation, j’avais fini par lui demander timidement, parce que ça me tenait tout de même à cœur :
- Donc ... tu veux plus que je meure ?
Elle m’observa avec un regard horrifié :
- J'ai jamais voulu ça ! T'es dingue ?
Oui… ça aussi elle l’avait affirmé un peu plus tôt mais elle était loin d’être la première donc je lui en avais moins tenu rigueur. En revanche, son air de surprise signifiait soit un déni complet de ce qu’elle avait fait soit une amnésie dut à la colère qu’elle avait éprouvé à ce moment-là. J’avais ouvert la bouche pour lui répondre et replacer le contexte mais j’avais fini par me stopper dans mon élan. Est-ce que c’était vraiment nécessaire ? Si elle ne voulait pas l’assumer, c’est peut-être parce qu’elle en était gênée et chacun avait sa propre réaction face à l’erreur. Si elle avait véritablement oublié, c’est que ses mots avaient dépassés sa pensée. Dans les deux cas, ça n’était pas grave. On avait chacune fait notre part d’erreur et on avait chacune droit au pardon. Je me contentais alors de lui sourire, touchée et de préciser :
- Ca me rassure…
Décidant de mettre fin à cette élocution larmoyante avant que l’une de nous deux explose dans la gêne, j’avais frappé mes mains sur mes cuisses en me relevant avec une nouvelle hâte :
- Bon c’est pas tout ça mais... on va pas y passer le réveillon hein ! On a une Violette à retrouver alors... autant essayer de trouver une solution ça te va ?
Je lui avais tendu une main énergique qui signifiait très clairement « Deal ? ». C’était un vrai deal, dans tous les sens du terme, une poignée de main pour s’excuser et se rapprocher, une promesse aussi commune de ne pas laisser tomber et de continuer, pour nous, pour violette, pour nous tous. Vaiana pris alors ma main dans la sienne et lança d’un ton déterminé :
- Deal.
Mais avant cela, il était temps de rejoindre la Nymphe en arrière-plan qui dansait la macarena depuis le début de notre scène avant de nous lancer dans ce rythme effréné sans oublié d’hurler à chaque fois « hééééé macarena ! »
Sebastian Dust
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From Gold to Grave Who's making the Sandmandream ?
| Conte : Les 5 Légendes. | Dans le monde des contes, je suis : : Le Mαrchαnd de Sαble ϟ Archeron.
« Il est évident que nous nous précipitons vers quelque entraînante découverte, quelque incommunicable secret dont la connaissance implique la mort. »
Être en vie… C’était une donnée tellement relative en cet instant. Tellement à des années lumières de tout ce qu’il se passait dans l’esprit de Sebastian, un mélange destructeur de maelström et de tempête inconsolables qui luttaient pour savoir lequel des deux seraient le plus fort. C’était allé si vite. Tellement vite. Beaucoup trop vite pour que ce soit conscient. Efficient. L’adrénaline qui s’était faufilée dans ses veines avait tout contrôlé, maîtrisée, mais voilà qu’elle s’était cassée la figure. Défigurée. Biaisée. Une espèce de sensation menteuse et sinueuse qui lui avait fait croire que même dans ce cauchemar, il pouvait avoir de l’espoir. C’était beau, l’espoir. C’était sa raison d’être et d’exister, l’espoir. C’était son mantra, l’espoir…
Et aujourd’hui, restait-il encore de l’espoir ?
Inconsciemment, il porta ses mains à sa bouche. Respirer semblait compliqué. Inspirer lui rappelait les pics douloureuses qui percutaient sa gorge à chaque fois qu’il tentait de produire un son. Parler. Ça semblait dérisoire de parler, anodin, commun… Pour lui c’était un effort. Une opportunité de se faire entendre alors qu’il y avait tant d’autres moyens de communiquer dans ce monde. Les gens fonctionnaient plus aisément avec leurs oreilles qu’avec leurs yeux, regardant leur tâche effectuée plutôt que leur interlocuteur lorsqu’ils le pouvaient. C’était facile d’écouter. C’était évident d’écouter, mais ça n’avait rien d’évident d’entendre réellement ce que la personne en face avait à dire. Il préférait être de ceux qui se taisent, demeurent, observent. Parler, c’était agir. Prendre part et se plonger dans l’action d’un fil qui ne nous correspondait pas forcément.
Parler, c’était se trahir et se faire trahir. Parler c’était, comme maintenant, offrir une opportunité de se faire blesser et de voir son existence raccourcie dans un grand angle. Risible, pas vrai, que le silencieux n’ait rien fait d’autre que d’essayer d’être comme tout le monde. Ça avait foiré. Ça foirerait encore, sans doute. Il renifla en passant sa paume sous son nez, l’essuyant maladroitement à défaut de retrouver ce précieux mouchoir dans la poche de son veston trempé. Mouillé. Comme pouvait l’être sa foi d’ordinaire infaillible et qui, désormais, semblait lui faire quelques défauts. Était-ce une mise à l’épreuve ? Un moyen de mesurer ses limites et de s’assurer d’une allégeance sans borne à la vie et ses promesses ? Sebastian croyait, faisait confiance, s’aveuglait face à ceux qui lui inspiraient de la compassion et de la sympathie. Les titans, les nymphes, les dieux…
Et si ce n’était pas la bonne solution ? Si ce n’était pas de ce côté de l’histoire qu’il fallait se trouver ?
Le marchand de sable inspira dans une espèce de sanglot étouffé. Ça n’était pas possible. Impensable. Inestimable. Quel que soit l’angle de la ligne, celle-ci s’était tracée un jour et il avait choisi où aller. On l’avait embarqué, malmené, on lui avait ouvert les yeux, fermé les poumons, serré les poings. On l’avait poussé au-delà de ses limites, figé dans un espace sans temps. On avait cru en lui, aussi, comme aujourd’hui. On l’avait épaulé, sauvé, oublié ou… Tant d’autres choses partagés avec ces entités divines dont il ne faisait pas partie, à l’origine.
Est-ce qu’on pouvait à ce point se rendre compte qu’on appartenait à quelque chose, à une grande famille déchirée, bafouée, torturée et pourtant avoir la sensation constante d’être terriblement seul ? Paradoxal. L’envie d’aider et celle d’être inutile. Impuissance. L’envie de bien faire et celle de mettre les pieds dans le plat. Culpabilité. L’envie de continuer à vivre et celle d’être contraint de mourir. Résistance.
Le sable coula doucement contre ses bras et remonta à sa joue. Il sentit les grains contre sa peau, un frôlement chaud et doucereux. Chaleureux. Une bouffée de tendresse comme on en trouvait plus que rarement. Le sable doré était son ami depuis toujours, son conscient et son inconscient à la fois, sa présence et son absence ; il était le vecteur de tout ce en quoi il croyait et il était toujours là. Vivace. Flottant dans une éternité figée d’infinies possibilités. L’arbre des possibles. Le désert des chemins qui se croisent. Le gardien avait chuté, roulé boulé jusqu’en bas de la dune et semblait ne pas savoir comment se relever. Devait-il rester ici à attendre que l’ombre le recouvre, ou bien se redresser et gravir cette colline à nouveau ? Devait-il continuer à grimper, même si le sommet semblait si loin ?
Est-ce que tout cela en valait la peine ?
Du coin de l’œil, il aperçut les autres. Il vit Diane qui l’avait aidé – sauvé ? – quelques instants précédemment. Il vit Apollon qu’il avait toujours admiré sans l’avoir jamais vraiment rencontré. Il vit Héphaïstos, celui par qui toute cette aventure avait débutée jusque dans les méandres de ses souvenirs. Il vit Vaïana, étrange personnage dont il ignorait tout à part qu’elle n’avait pas peur des dieux. Il vit Nora, cette fille au bâton qui avait l’air tellement triste au fond des yeux. Il ne vit pas Violette… Où était-elle ? Que lui était-il arrivé ? Avait-elle… Non. Elle devait être quelque part. Elle devait être en vie quelque part.
Il vit Alexis, non loin de lui. Cette outsider de toutes circonstances, cet électron libre qui dégainait plus vite que son ombre toutes les pensées qui lui passaient par la tête. Il eut un léger sourire, un peu triste, un peu doux, un peu désolé aussi. Parce que c’était peut-être la dernière fois qu’ils se voyaient et qu’elle l’avait fait bien rire. Parce qu’elle ne méritait pas de terminer sa course ici. Comme une comète bravant l’infini interdit, elle franchissait les barrières de la stratosphère et semblait toujours prête à exploser les limites même de l’univers. C’était une force brute. Une inspiration.
Et voilà qu’ils en étaient rendus à une infime seconde dans le temps, une opportunité de voir la vie défiler sans eux, loin d’eux… Est-ce qu’ils allaient, comme elle, percuter la réalité une fois de nouveau confrontés à leur destin, où est-ce qu’ils glisseraient jusque dans la mort sans se battre ? Baisser les bras en face d’Alexis semblait être la pire des insultes à lui faire. Baisser les bras n’était pas une solution. Baisser les bras, c’était mourir avant même d’avoir vécu.
Quand il n’y a plus rien à faire, il reste encore tout à faire.
« Sab ! » S’exclama-t-elle en croisant son regard attentif. « Je suis tellement heureuse de te voir, de vous voir tous ! »
Elle s’approcha de lui, brisant la distance latente qui semblait s’être installée entre tous les protagonistes de cette histoire, et l’attrapa pour lui faire un câlin ! Surpris de cette marque d’affection, Sab se crispa l’espace d’un instant, désarmé. Désemparé. Frappé par la force de l’impact et l’importance de ce geste peut-être anodin, mais si lourd de sens. La seconde d’après, il remonta ses bras pour les passer autour d’elle et la serrer en retour. Pas au-delà de la bienséance. Pas au-delà des bonnes manières. Juste ce qu’il fallait pour la remercier de cette fougue qu’elle partageait sans s’en rendre compte.
Ils se séparèrent et le marchand de sable ne parvint pas à retenir son sourire qui s’était un peu élargit. Était-il vraiment aussi seul qu’il pouvait bien le croire ? Ou bien était-il juste aveuglé par la douleur d’avoir fait quelque chose de mal ? Quelque chose qui ne les aiderait pas cette fois. Quelque chose qui avait précipité leur sort… Sans pour autant le clôturer immédiatement. Faire partie de cette grande famille, c’était réaliser qu’on pouvait être exceptionnel même sans divinité. Côtoyer ces gens incroyables. Se battre à leurs côtés, même lorsque tout espoir était tombé. Tenir tête, affronter nos peurs et… mourir, s’il le fallait.
Mais pas sans se battre.
C’était dingue comme un simple contact pouvait bousculer la mince barrière entre abandon et résistance. Parfois, on avait juste besoin d’un petit coup de pouce de ce genre pour se remettre sur les bons rails. C’était si facile ? Si évident ? Il cligna plusieurs fois des yeux en la regardant, chassant cette sensation de larmes qui ne voulait pas le quitter. Ridicule. Trop honnête. Trop spontané. Pourtant c’était tout ce qui lui venait en cet instant : l’envie de pleurer. De pleurer ce qu’ils allaient faire. De pleurer ce qu’il s’était passé. De pleurer pour évacuer. Déverser. Se vider pour faire place à autre chose. De chasser l’eau tumultueuse qui recouvrait raison afin de la libérer de tout marécage où elle aurait pu s’empêtrer à nouveau.
Il ne dit rien. Il n’y avait rien à dire de son côté. Il en avait assez dit pour toute une vie, ou presque.
Sebastian sentit une bouffée chaleureuse envelopper son cœur à mesure que sa santé s’améliorait. Etait-ce un effet de la nymphe qui leur accordait ce dernier cadeau ? Quelque chose gonflait sous son torse, le revigorait et semblait aussi dégager ses pensées des nuages noirs amoncelés. Perdre espoir n’était pas autorisé. Perdre pieds n’était pas permis. Venant d’un gardien, ça n’était tout bonnement pas possible. Il avait encore beaucoup de choses à accomplir. Des gens à revoir. Des rêves à observer. Des amis à serrer dans ses bras. Un amant à retrouver… Que faisait Daemon, en cet instant ? Une douce pensée à l’imaginer.
Il prit la main d’Alexis et la serra dans la sienne. Une pression ferme. Un remerciement silencieux tandis que ses lèvres formait des mots sans les évoquer à voix haute.
« Je suis content de te revoir aussi… Et si on doit mourir aujourd'hui, je suis content de me battre à tes côtés. »
Elle fronça les sourcils face à lui.
« Mais qu’est-ce que vous avez tous à baisser bras maintenant ! C’est pas fini tant qu’on a pas le mot « fin » ok ? »
Il hocha malgré lui la tête rapidement à cet espèce d’ordre induit. Le sable apparu au-dessus de son épaule, volute tranquille mais habile, signe qu’il n’était pas là pour laisser le monde s’écrouler sans rien faire. Peut-être qu’ils n’avaient aucune chance, ou peut-être qu’il en existait une. S’il ne devait y avoir qu’une seule possibilité parmi toutes les promesses de défaite… Sebastian voulait la tenter quand même. Il ignorait comment. Il ignorait par quel espèce de miracle il faudrait passer mais… Rêver, c’était toujours mieux que de fermer les yeux sans rien faire, non ?
Alexis eu un sourire encourageant.
« Tu en sais un peu plus de pourquoi et comment on en est arrivé là ? Il s’est passé quoi pour toi ? »
Sab fut honnête. Il ne parla pas mais lui détailla brièvement leur altercation au-delà de la cascade, la présence de la nymphe, l’arrivée de Diane, l’ouverture grace à son nom… Le sable mit en forme, en place et en illustrations la situation qui leur avait complètement échappé. A nouveau la pointe coupable pinça sa gorge, il essuya rapidement son visage, renifla mais tenta de garder un air digne. Décidé. Il avait merdé, réellement. Mais peut-être qu’il existait un moyen de se rattraper ? Un moyen… De fermer la porte et d’empêcher l’assassinat des dieux ? Un moyen de laisser la Nature faire ce qu’elle avait à faire sans que quiconque ne décide à sa place de ce qui était bien ou mal ?
En voulant tuer pour la faire revenir, les nymphes s’étaient perdues. Déboussolées et aveuglées par leur rage, elles s’étaient détournées du seul objectif qui semblait compter pour elles… Et désormais, elles étaient sur le point de les détruire au nom même de la création. Elles étaient parties en croisade. Et elles tueraient pour une religion dont elles ne comprenaient même plus le fondement.
« Elles pensent que nous tuer fera revenir la Nature. Mais elles ont tort… »
Il vit que son visage s’était fermé au fil des illustrations, que son air était devenu sérieux et que son sourire s’était enfuit lentement pour quelque chose d’un peu plus… désemparé. Elle resta songeuse un moment, se mordant la lèvre inférieure, avant de hausser les épaules.
« Et ben alors il va falloir leur prouver qu’elles ont tort ! »
La jeune femme esquissa un sourire, bien moins serein que les précédents et un peu plus faible. Mais un sourire quand même, comme si elle luttait pour ne pas se laisser aller à la morosité ambiante. Et elle avait bien raison.
« Tu sais... j’ignore si Na’aiti était véritablement là du coup mais je préfère croire qu’il était vraiment là... il m’a dit que toutes les Nymphes n’étaient pas mauvaises ! Qu’ils avaient juste des idées différentes ! Si on parvient à les ramener dans un autre chemin, elles laisseront peut être la mort de côté... »
Sebastian repensa à la nymphe qui l’avait aidé dans les bois, à celle qui lui avait dit qu’il était un ami, à ce chef des nymphes… Ils avaient été manipulés, ils n’existaient pas vraiment, mais pourtant… Comment pouvaient-ils avoir eu des actions si sympathiques pour ensuite les balayer de la pire des manières ? N’existait-il plus rien de bon en elles ? La colère les avait-elles envahie jusqu’à ce qu’elles ne parviennent plus à discerner le Bien du Mal ? Les seigneurs sith devaient s’en frotter les mains.
Il sentit doucement la main d’Alexis se poser sur son épaule et la serrer, le tirant de ses pensées. Il n’avait pas sursauté tant elle l’avait fait lentement.
« En tout cas... tu n’y es pour rien ! D’accord ? T’as fait de ton mieux avec ce que t’avais pour éviter la casse. Je suis sure que personne n’aurait fait mieux alors ne t’en veux pas comme ça ! »
C’était gentil. Sab l’observa et la remercia du regard pour ce message. Cette empathie dont elle faisait preuve alors que rien ne l’obligeait à lui pardonner cette bêtise qui avait peut-être précipité leur fin… Il inspira, se mordit la lèvre inférieure et hocha faiblement la tête. Ses yeux dévièrent vers le sol quelques secondes. Le sable glissa sous son pied. Quelques grains brillants. De simples grains de poussière. Des grains d’idéaux et de rêves.
Des grains d’espoir qui étaient une raison d’y croire. Jusqu’au bout. Jusqu’à la fin. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.
Diane Moon
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| Avatar : Claire Holt + Mia Talerico pour Le Berceau de la vie
“I love you to the moon and back”
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Artémis la déesse de la chasse et de la lune herself (même si je viens du monde réel)
Des erreurs. Peu importe le côté, que ce soit celui des titans ou bien celui des Nymphes, au final le résultat était le même : nous n’étions que des erreurs. Certains, avaient décidé de faire de nous ce que nous n’étions pas, à coup d’expérimentation pour au final décider qu’il valait mieux se débarrasser de nous et d’autres, souhaitaient nous sacrifier comme du bétail rituel. Aurions nous également subit le sort réservé à Iota et aux premiers dieux, si Gaïa ne s’était pas mêlé de toute cette histoire ? Je ne pouvais l’affirmer mais je ne pouvais réfuté l’idée non plus. Et au milieu de tout ce chaos, plus que jamais ce qui pesait c’était la solitude. Parce qu’au fond, c’est ce que nous avions toujours été : seuls. Alors, ma main vint se glisser d’elle même dans celle d’Apollon, il avait toujours été mon ancre, mon pilier. Au beau milieu de la tempête, je savais que je pouvais toujours compter sur lui et ce tout comme il pouvait toujours compter sur moi.
- Au final, tu n’avais peut-être pas tort concernant le monstre de Frankestein.
Il y avait de l’humour, mais il y avait surtout de l’amertume, du cynisme et une profonde lassitude. Je ne savais même plus si j’essayais de détendre l’atmosphère alors que c’était bien plus le fort de mon jumeau que le mien, ou bien si j’émettais simplement une constatation. Si l’on y réfléchissait bien, la comparaison n’était absolument pas stupide bien au contraire. A l’image du monstre de Frankestein rejeté par son créateur, ceux à l’origine même de notre conception souhaitaient nous voir disparaître. Apollon qui avait jusqu'ici fixé la Nymphe au centre reporta son attention vers moi :
« Je crois qu’elle est jalouse. Parce que là Nature l’a laissé tombé alors qu’elle nous a laissé un Héritage, à nous. »
C'était mesquin, et clairement de la provocation. Mais en même temps, je me demandais si ce n'était pas également comme un mécanisme de défense lié au fait qu'il était tout sauf serein. Rapidement, il partagea avec moi, une conversation qu'il avait eu avec Gabriel, très certainement pendant que nous étions parti à la recherche d'Alexis avec Sebastian.
Pourtant, en dépit de tout ce qu'il venait de se passer et de ce que nous aurions encore à affronter une fois ce moment de répit terminé, Apollon continuait d'être persuadé que nous allions trouver un moyen de nous en sortir. Il ne le disait pas, mais cela se voyait à son regard déterminé
- J'ai vu Phobos, avant de partir. Disons plutôt que c'est lui qui m'a fait venir. Je me demande s'il était au courant pour ceci.. Avouais-je
« Étant donné le spécimen, ça ne me surprendrait pas. » Admit avec Apollon avec une moue.
Il n'y avait pas d'animosité dans son ton. Et probablement était-il le plus a même de comprendre si il avait eu connaissance des évènements pourquoi il n'en avait pas parlé. Cela aurait pu entraîner des conséquences plus désastreuses.
« Est-ce que c’est une entrevue mère fils qui s’est déroulé comme d’habitude ou...? » Demanda-t-il avec sollicitude
- Je crois que je l'ai surpris Répondis-je alors que mon regard se voila quelques instants Iota nous a quitté. Je l'ai sentie, c'est pour cela que je l'ai serré dans mes bras avant qu'elle ne parte. Il était persuadé que je n'y avais pas prêté attention.
Je soupirais avant de reprendre :
- Phobos et moi...On ne pourra pas se rejoindre. Il a l'air de vouloir que je fasse partie de sa vie, mais il ne comprend pas ce que cela implique. La manière dont-il souhaite que je sois présente pour lui, est irréalisable
L'idée avait finit par faire son chemin. En fait, je crois que j'avais accepté ce fait après le Cocyte, quand il était vraisemblablement mort. Tout ce qui m'intéressait, était de savoir qu'il avait bien rejoint le Palais des Songes, comme me l'avait promis Pan. Je ne m'étais pas attendue à une quelconque résurrection miracle ou je ne sais quoi.
La main d'Apo dans la mienne se resserra, après l'évocation de Iota. Il ne s'était jamais estimé aussi proche d'elle que je l'étais, mais cela ne l'empêchait pas de comprendre ma peine et d'y être sensible. Puis, il esquissa un sourire triste en passant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, tout en gardant sa paume contre ma joue. A nouveau, il n'y avait pas besoin de mots il avait parfaitement compris ce que j'avais voulu dire en parlant de Phobos. Lui non plus, dans la tête de mon fils ne faisait pas partie de l'équation.
« On a vécu et subit tellement de choses que j’aurai tendance à dire que rien n’est impossible. »
Pour moi, il y avait tout de même certaines choses irréalisables ou tout du moins des limites. Et, c'était justement une de ces limites. Parce qu'entre ce que voulais Phobos et ce que moi je voulais, je craignais qu'il ne puisse pas y avoir de compromis. Alors, je préférais ne rien rajouter là-dessus, me contentant simplement de profiter de la présence de mon frère
- Et toi dis-moi, qu'est qu'il t'arrive en ce moment ? Et n'essaie de pas de me rassurer en éludant la question. Parce que autant des idées stupides, tu en as régulièrement et c'est quelque chose que j'ai accepté depuis longtemps mais généralement, elles sont plus du genre à vouloir transformer la cité en ménagerie, ou bien planifier une redécoration intégrale d'Olympe parce que tu estime que Zeus avait mauvais goût. Pas à se faire volontairement attraper par ce qui semblait être l'ennemi. Et je ne parle même pas de ta crise de boulimie.
Il eu un petit geste de la main complètement désinvolte.
« Déjà j’ai toujours aimé manger, c’est pas nouveau ça ! »
Oui, mais pas à ce point. Lorsqu'il commençait plus à faire penser à un gouffre sans fin qu'à une véritable personne c'était que quelque chose n'allait pas. J'étais tout sauf née de la dernière pleine lune, surtout quand cela le concernait. Sa tentative de justification, ne suffirait pas à me faire lâcher le sujet.
« Et ensuite... je ne pense pas que le lieu et le moment soient appropriés pour parler de ça... »
Il se pinça les lèvres, tout en regardant devant lui. Honnêtement, nous étions au milieu de cercle de pierres, encerclés par des Nymphes vengeresse prête à nous sacrifier pour faire revivre la Nature alors que cela avait plus de chances d'échouer que d'aboutir. Quitte à mourir, autant que ce soit en sachant la véritable raison derrière la déprime qu'il nous couvait ces derniers temps. Je comprenais, et je ressentais qu'il s'agissait de quelque chose de douloureux mais tout garder pour lui, n'aiderait pas à régler les choses non plus :
« Je préférerai même éviter totalement le sujet si c’est possible j’avoue mais... » Il soupira tout en se passant une main dans les cheveux avant de me fixer et de grimacer légèrement tout en semblant subitement éprouver une fascination pour ses pieds. « C’est fini. C’est tout. C’est rien. »
...Pardon ? Comment cela « C’est fini. C’est tout. C’est rien. » Non, ce n'était pas rien désolée mais je n'étais pas d'accord avec lui. Je me sentis blêmir, tandis-que je pouvais sentir mon sang bouillir et la colère prendre le pas sur le restant de mes émotions. Pour autant, je me forçais à me contenir parce que je n'allais pas m'énerver maintenant, pas pour cela du moins.
- Est-ce que je dois lui briser les os ? Demandais-je tout de même
Apollon secoua la tête :
« Non surtout pas ! c’est pas de sa faute. Ni de la mienne. Ou... c’est de notre faute à nous deux en fait. »
Oui, comme dans pratiquement tous les cas de séparation. Et je me revoyais il n'y a pas si longtemps à la place d'Apollon, lui expliquer pratiquement la même chose, que ce qu'il me disait actuellement. Pour sa part, s'il n'avait rien voulut dire, c'était principalement parce qu'il ne savait pas vraiment expliquer comment cela s'était passé.
« Je voulais pas que tu t’inquiètes. Je vais bien. A peu près. Ça va aller vraiment. »
Je me contentais d'un simple reniflement exaspéré. C'était en ne disant rien que je m'inquiétais justement. Je lui avais donné suffisamment d'espace ces derniers temps, et j'avais attendue qu'il se décide à venir m'en parler quand il serait prêt et décidé mais le silence m'angoissait plus qu'il me rassurait, et je finissais immanquablement par forcer un peu les choses.
« On pourra en discuter quand on sera rentrés à la maison, d’accord ? » Demanda-t-il en secouant la tête
Je soupirais tout en hochant la mienne. Effectivement, mieux valait garder ses émotions négatives de côté, ou plutôt les concentrer sur les Nymphes afin de trouver un moyen de s'en sortir.
- Très bien. Finis-je par grommeler. Je ne ferais rien. Même si de ce point de vu là, c'est clairement le soleil qui dit à la lune tu brille trop. Je me contenterais d'afficher une hostilité flagrante et absolument pas du tout discrète à son égard.
Et qu'il ne vienne pas me faire de commentaire, c'était nettement plus mature que ses réactions à lui quand la situation avait été inversé. A croire, que quand tout allait bien pour l'un, il fallait que ce soit l'autre qui ait un soucis histoire de contrebalancer tout cela. Secouant la tête, pour me focaliser sur quelque chose plus pressent, comme la situation dans laquelle nous nous trouvions, je serrais un peu plus la main de mon frère afin de lui apporter mon soutien :
- Je suis avec toi, quoi qu'il advienne.
Et là, c'était des Nymphes que je parlais. Peu importe ce qui pourrait se passer, nous étions ensemble.
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Vaiana de Motunui
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| Conte : Vaiana, la légende du bout du monde | Dans le monde des contes, je suis : : Vava, la fille du chef qui n'est pas une princesse même si elle chante et a des animaux de compagnie
Désespérer n'était pas permis, pourtant il semblait qu'on arrivait à la fin du voyage. Dans tous les sens du terme. J'avais déjà frôlé la mort à plusieurs reprises, mais savoir par avance sa chute inéluctable avait quelque chose de terrifiant. C'était pire de savoir que d'ici quelques minutes, tout s'écroulerait. Pourquoi les Nymphes nous offraient-elles ce cadeau empoisonné ? Pourquoi nous donner du Temps si c'était en vain ?
J'allais de désillusion en désillusion. J'avais cru que la Nature m'avait portée, je m'y étais sentie bien. Entourée. Protégée. Et ça n'avait été qu'un tissu de mensonges. Les Nymphes qui vivaient toujours étaient mauvaises, elles voulaient notre mort. Et les Nymphes qui avaient succombé intervenaient seulement pour nous offrir quelques instants de répit. Cela confirmait ce que j'avais compris depuis longtemps : la vie est absurde. Rien n'a de sens.
Le pouvoir immense et fulgurant que j'avais ressenti en moi venait de s'éteindre, comme si une puissance supérieure venait de souffler dessus comme on éteint une flamme. Au moins, ça me faisait quelque chose en moins à m'occuper, même si j'avais espéré que mon don resterait actif quand les Nymphes attaqueraient, afin de pouvoir en dégommer quelques unes.
Je me levai et fis quelques pas sans but précis. Mon regard s'attarda sur César, qui était assis par terre, une jambe étendue devant lui. Ses traits étaient tirés. Il observait les mégalithes non loin d'un air pensif, presque lointain. Je stoppai à côté de lui, fixant à mon tour les hautes pierres plantées dans le sol.
« J'ai un problème avec tout ce qui est inéluctable. » déclarai-je d'un ton sec. « Je n'ai jamais été obéissante, même étant petite. J'ai fait tourner mes parents en bourrique. Je ne regrette rien. J'ai essayé de changer, mais je n'ai jamais réussi. »
Je coulai un regard vers lui.
« Je pense que c'est le moment de se pencher sur notre passé. Vous avez quelque chose à vous reprocher ? Le dire, ça pourrait vous soulager. »
Je haussai les épaules et fouillai dans la poche ventrale de mon sweat.
« Non. » dit-il d'un ton las après un petit silence. « J'ai fait tout ce que j'ai voulu faire et même au-delà. »
Il marqua une nouvelle pause puis ajouta dans un rictus désenchanté :
« J'ai perdu tout ce que j'avais à perdre et au-delà. »
Pessimiste. Dramatique. Je ne regrettais pas du tout d'être venue lui parler. Mes doigts rencontrèrent ce que je cherchais. Je sortis un joint et un briquet de ma poche. Je l'allumai et le tendis à César :
« Ca vous fera du bien. » fis-je remarquer. « Voyons, ça n'est pas le moment ! » me réprimanda-t-il.
Parce qu'il y avait un meilleur moment, d'après lui ? J'aurais voulu le préciser mais il me prit le bedo de la main pour le jeter au loin. Il s'écrasa contre le champ de force produit par les mégalithes. Je dévisageai le vieillard, indignée.
« C'était mon dernier ! » m'écriai-je d'un ton scandalisé. « A cause de vous, je pourrais même pas en profiter une dernière fois ! » « Oh, il n'y a pas que ça dans la vie ! » soupira-t-il. « Tu gâches totalement ton potentiel en te plongeant dans ces absurdités ! J'ai eu beaucoup de vices dans ma longue existence, mais je me félicite de n'avoir jamais goûté au pire de tous. »
Je lui coulai un regard noir.
« Je comprends pourquoi Violette vous a donné un coup de pied. » fis-je, acerbe.
Mentionner mon amie me rendit d'autant plus anxieuse et une fois encore, j'espérais qu'elle se portait bien et qu'elle se trouvait dans une situation beaucoup moins périlleuse.
« Vous êtes obligé de tenir le rôle du moralisateur jusqu'à la fin ? Ca rime à quoi ? On va sûrement tous mourir d'ici quelques minutes ! » repris-je sur le même ton.
Je m'assis à côté de lui, ramenant mes genoux contre moi, la mine sombre.
« Non, pas tous. » corrigea-t-il, exaspéré. « Il y en aura toujours un pour demeurer debout et intact. » « Intact, vous êtes sûr ? » remarquai-je en l'observant, sceptique.
Je me doutais qu'il parlait de lui, puisqu'il ne faisait que ça depuis que nous l'avions rencontré. Il n'empêche que ses propos soulevaient un sujet intéressant, et comme je n'avais rien d'autre à faire, je posai la question :
« Vous ne pouvez pas mourir ? »
Je le regardai, intriguée.
« Difficilement. » soupira-t-il. « Mais je finis toujours par revenir à la vie. »
Je fronçai les sourcils.
« Oh, ne me jugez pas. » soupira-t-il. « Si j'avais le choix, je ne reviendrais pas. »
Il y eut un petit silence. Je n'avais pas envie de l'interrompre. Pour une fois qu'il racontait quelque chose qui éveillait mon intérêt, je n'allais pas l'arrêter.
« C'est très difficile de vivre. Encore plus de vivre avec l'absence des personnes qu'on a connues. »
Les épaules basses, il pencha la tête. Je me mordis les lèvres sans cesser de l'observer.
« Je sais ce que c'est. J'ai perdu ma famille, mon peuple... » déclarai-je doucement. « C'est super dur de vivre avec ça. C'est comme un poids qui m'entraîne en arrière, sans arrêt. Alors, étant donné à quel point vous êtes vieux, ça doit être encore pire pour quelqu'un comme vous. Je pense que je ne peux même pas imaginer votre peine. »
Il tourna la tête et posa les yeux sur moi, touché. Ca me fit quelque chose sans que je parvienne à en comprendre la raison.
« Merci. »
Après une nouvelle pause, il poursuivit :
« Tu finiras par les retrouver. Il faut juste te montrer patiente et suivre la bonne étoile. » « Japet a tué mon peuple. » dis-je d'un ton cassant. « Je vois pas comment je pourrais les revoir un jour. » « Oui, il a massacré tes ancêtres, mais certains ont réussi à fuir, sinon tu ne serais pas venue au monde. Et ton père ne serait pas parti à ta recherche... »
Il coupa net, les yeux ronds. Mon cœur manqua un battement tandis que je pivotai vers lui. Je n'avais pas envisagé les choses sous cet angle.
« Comment ça ? Mon père m'a cherchée ? Mais alors... peut-être qu'il a été happé par le nuage de la Malédiction ! Peut-être qu'il est quelque part sur terre ! » m'enflammai-je.
César était crispé. Il n'aurait visiblement pas dû dire ce qu'il venait de dire. Il passa une main sur son front sur lequel perlait de la sueur.
« Comment vous pouvez savoir tout ça ? » demandai-je, avide.
Constatant qu'il était devenu une statue, je le saisis par les épaules et le secouai. Pas beaucoup, parce qu'il était vieux et que je ne voulais pas lui casser quelque chose. Mais je souhaitais qu'il réponde.
« Vas-tu cesser à la fin ? » s'écria-t-il en se débattant.
Cette fois-ci, il se massa la hanche. Il était vraiment fragile.
« Répondez-moi ! Qu'est-ce qui vous retient ? »
A cet instant, son regard se perdit vers Diane, Apollon, Nora... Il resta focalisé sur eux et je lus une peine immense au fond de ses yeux.
« Tout ça n'a pas l'air réel... » murmura-t-il.
Il reposa les yeux sur moi, hésitant et pensif.
« La pirogue de ton père s'est échouée sur une île. » révéla-t-il en semblant réfléchir. « Merveilleuse. Imaginaire. Neverland. »
Je clignai des yeux, perplexe.
« Mais il a été capturé par des pirates. »
J'enregistrai chaque information précieusement. Je buvais les paroles de César.
« Ils l'ont amené chez eux et l'ont forcé à travailler pour eux. Dans leurs mines. »
Il continua d'observer autour de lui, presque craintif.
« La réponse se trouve dans les livres. Tout se trouve dans les livres. » dit-il d'un ton supérieur. « Si on avait compris plus tôt, on aurait pu accomplir tellement de choses et sauver tellement de gens. Rien n'est dû au hasard. »
Ces paroles me laissèrent une drôle d'impression. Il me semblait les avoir entendues dans la bouche de quelqu'un d'autre... Restant focalisée sur mon père, je secouai la tête et demandai :
« Si vous savez tout ça, pourquoi vous n'avez pas tenté de lui venir en aide ? » « Mais je l'ai fait ! » rétorqua-t-il. « On l'a tous fait ! Enfin... tous ceux qui y sont allés. Mais... »
A cet instant, il se coupa dans sa lancée, remarquant qu'Elina'vi le regardait.
« Mais ? » insistai-je, me moquant de ce que la Nymphe pouvait faire.
César eut un petit rire niais tout en baissant les yeux vers sa paume ouverte.
« Alors, c'était donc ça la solution... » se dit-il à lui-même. « Qu'est-ce que vous avez, d'un seul coup ? » fis-je, agacée de ne pas comprendre alors que l'histoire de mon père était en suspens.
Il se releva d'un bond, mais grimaça quand son vieux corps le ramena à la réalité. Il se massa le bas du dos tandis que je me sautai sur mes pieds à mon tour, le dévisageant en attendant la suite. Il sembla vouloir parler à la Nymphe mais se ravisa. Peu à peu, il redevint triste.
« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? » m'énervai-je. « Vous n'allez pas faire des cachotteries, pas maintenant ! » « Mais arrête de me stresser ! Je ne suis pas sûr que ça soit la chose à faire ni le bon moment ! Même si je l'attends depuis tellement longtemps... »
Hésitant toujours, il ajouta :
« Mais comment savoir quand le bon moment se présente ? »
Il fixait Elina'vi comme s'il attendait une réponse de sa part, mais la Nymphe se contentait de l'observer d'un air neutre.
« Exactement, on sait pas, alors autant se lancer et terminer l'histoire sur mon père ! » appuyai-je.
César posa les yeux sur moi, incertain.
« Oui, tu as raison. »
Je retins mon souffle.
« Mais ton père n'est pas le plus important. »
Pardon ? Depuis quand jugeait-il l'ordre de mes priorités ?
« Se lancer à sa poursuite n'a rien apporté. Tu dois concentrer tes efforts sur des choses plus importantes. » « Oui, bien sûr. » dis-je en hochant la tête.
Si ça pouvait lui faire plaisir d'entendre ça. De toutes façons, au final, je ferais ce que j'aurais décidé. Toujours hésitant, il reprit tout en réfléchissant :
« Ce qui est important est d'en finir avec Titania une bonne fois pour toutes. Et tes pouvoirs peuvent le faire. » « Genre je dois exploser la cité ? » demandai-je en haussant un sourcil. « Titania n'est pas une cité. Titania est une planète. »
Elina'vi s'avança de quelques pas. César leva le doigt vers lui et précisa :
« Je ne vais pas trop loin. Je ne fais que suggérer. » « Vous suggérez trop. » dit la Nymphe. « Non, non. » riposta-t-il avec un petit rire nerveux. « Si je suggérais trop, je leur dirais que ce qu'ils sont venus chercher ici, ce n'est pas à Algorath qu'ils le trouveront. »
Sa peur était doublée par sa fougue. Je m'aperçus qu'il avait du courage. Bien caché, mais il en avait.
« Que ce qui leur manque, ce n'est pas en faisant renaître Titania qu'ils l'auront, mais plutôt si elle n'existait plus. »
Je fronçai les sourcils, perdue dans mes réflexions.
« Attendez... vous êtes en train de dire que pour trouver ce qui nous manque, il faut qu'on pulvérise ce qui devrait nous aider, de base ? » « Je ne dis rien, je ne fais que suggérer. C'est toi qui le dis. »
Il avait insisté là-dessus en observant Elina'vi.
« Ca ne vous aide pas. Ca vous bloque juste. »
Ok. Pourquoi pas. Il recommençait à parler en énigmes et c'était horripilant au possible. J'aimais les choses claires et concises.
« Ce sont les titans qui ont créé la cité. Elle n'était pas là avant eux. » dit-il sur le ton d'une évidence. « Allez savoir sur quoi ils l'ont créée. »
Elina'vi parut sur le point d'intervenir, mais César leva une nouvelle fois l'index dans sa direction.
« Titania est un soleil. Un soleil ne demande qu'à briller. »
Il grimaça légèrement, comme s'il sentait que cette fois, il avait été trop loin. Son index trembla légèrement en l'air. Il le baissa pour poser la main sur sa hanche, plus épuisé que jamais.
« Comment on fait pour exploser un soleil ? J'ai des pouvoirs mais ils ne sont pas capable de... enfin je suis pas une bombe nucléaire non plus ! »
Et puis... se souvenait-il que nous allions mourir d'un instant à l'autre ? L'issue du combat à venir nous serait fatale. Ce type-là tirait un peu trop de plans sur la comète.
Il jeta un coup d'oeil vers Elina'Vi, tiqua et ouvrit la bouche. Il la ferma quand la Nymphe secoua légèrement la tête de gauche à droite, comme pour le défier de poursuivre. César plongea alors son regard dans le mien, intensément. Quelque chose me troubla. Il m'observait comme si... nous n'étions pas des étrangers. J'étouffai un hoquet de surprise. Les rides au coin de ses yeux tressaillirent, mais il garda une expression neutre. Brièvement, d'un seul coup d'oeil, il me montra une mégalithe, puis me regarda de nouveau, avant de se détourner.
Je n'avais pas compris ce qu'il avait cherché à me dire. En revanche, j'étais persuadée de le connaître, et j'étais suffoquée par la nouvelle.
CODAGE PAR AMATIS
Sinmora
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| Conte : Hercule ϟ | Dans le monde des contes, je suis : : ☣ Intrigue divine ☣ Originaire de Vigrid. ϟ
J'ai changé. C'est inévitable. Avec l'âge, les épreuves de la vie, les rencontres, on fini toujours par vivre différemment. Et pour certaines choses, mon ancien moi me manque. Je n'ai pas nécessairement de regrets. Je n'aurais pas pu continuer de vivre sur Meter, à mon époque. Le nuage de Poussière était sur le point de détruire toutes les lunes, dont la mienne. Si Elliot et ses amis, qui pour la plupart étaient devenus les miens avec le temps, n'étaient pas venus me chercher, je serais sans doute morte. Mais même si je n'ai pas de regrets d'avoir quitté mon monde, parfois le doute est là. Est-ce que tous ces changements sont bons pour moi ? Est ce que je ne me suis pas perdue en chemin ?
Quand ils sont venus me sauver, j'étais Sinmora. Une jeune fille qui tentait de survivre dans un monde hostile. Je vivais principalement seule. Je tentais de trouver refuge où je pouvais. De manger comme je le pouvais. J'apprenais à me battre, à me défendre, à m'acclimater à l'environnement qui m'entourait et qui était chaque jour différent, et de plus en plus dangereux.
Mon ancien moi était fort. J'avais une carapace qui m'empêchait de ressentir les émotions. J'arrivais à rester droite, forte, malgré l'agitation que je subissais à l'intérieur de moi. Je pouvais me blesser, mais je finissais toujours par me relever. Mes ennemis étaient à ma portée. Et les plus forts, je m'en cachais. Je n'avais personne à perdre, personne à pleurer. J'étais seule. Je pouvais à tout moment faire le choix de fuir. J'aimerais pouvoir revenir à ce moment là, car aujourd'hui, il arrive que ce que je ressent devient insupportable. Lorsque pour un rien, viennent les larmes. Lorsque mes émotions sont bien trop fortes. Lorsque je pense à Elliot, à notre rencontre. A mes amis. A toutes ces personnes que je pourrais perdre en faisant les mauvais choix, ou simplement en étant incapable de les protéger.
Je vois à quel point ces gens prennent une place dans ma vie. Je vie avec certains d'entre eux. Apple, Magrathéa, Socrate. J'étudie avec d'autres, Jules. Je me forme avec Cookie. Je me fais même des amis chez des personnes peu fréquentables. Et malheureusement, j'ai du mal à me détacher d'eux, car j'ai la sensation de voir toujours ce qu'il y a de bon en eux, en pensant qu'ils pourraient un jour changer. C'est sain, et bon signe. Mais parfois, c'est bien handicapant. Je me sens au ralentis. Comme si je dépendais de bien trop de monde, et que j'avais bien trop de choix à faire face à n'importe quelle situation.
Je me sentais moins responsable, avant. Moins touchée par ce qui m'entourait. J'étais plus en harmonie avec la Nature. Plus en harmonie avec moi même. Ce qui me manque le plus, c'est que j'arrivais à m'adapter à chaque circonstance. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Le champs de force que produisait Elina'vi, allait cesser. Et j'attendais. Je n'osais pas m'approcher d'Apollon pour lui parler, comme si de rien était. Ni de Vaiana, afin d'évoquer le bon vieux temps. Je ne me voyais pas aller vers Héphaistos voir si il avait un plan d'attaque. J'avais la sensation que rien nous sauverait. Qu'on ne pourrait pas s'échapper cette fois ci. Que tout était réellement fini. Et je n'arrivais pas à me concentrer, à réfléchir à une solution. A dire vrai, et pour être totalement franche, je commençais à être très fatiguée. Quelque chose au fond de mon ventre grondait. Comment qu'ils arrivaient à subir toutes ces épreuves sans reprendre des forces ?
En regardant un peu plus au loin, je vis que Michoko m'observait. Il était le seul à m'adresser un regard, à se demander ce qui pouvait bien se passer dans ma tête à cet instant précis. Je lui adressais un petit sourire, avant de lui faire un signe de la main de s'approcher. Puis, attendant qu'il arrive, je m'étais assise par terre. Si on devait mourir, si c'était vraiment la fin, je pouvais une dernière fois être entourée par un de mes amis, et passer un bon moment avec lui.
J'avais ôté mon sac à dos. Puis, je l'avais ouvert et j'en avais sortit quelque chose. Mon sac contenait une trousse de survie. D'ailleurs. Michoko présentait toujours quelques signes de blessures, mais il semblait faire avec. Tout comme moi, d'ailleurs. On était taillé dans le marbre, pensais-je avec un petit sourire. Je passais une main sur le haut de son petit crâne poilu, et il se mis à chantonner. Il était parfait en toute circonstance. Toujours heureux, même quand ça allait mal.
Dans mon sac, il y avait également un mouchoir en tissus. Jules me disait toujours que c'était important d'en avoir un sur soi. Et en tissus de préférence. Le papier irritait le nez, et il s'abîmait rapidement, selon lui. D'ailleurs, il avait raison. Même si le tissus n'était pas ce qu'il y avait de plus hygiénique. Mais au moins il durait longtemps. Et enfin, j'avais un tupperware. C'était Tony qui m'avait forcé à le prendre avec. Il avait eu raison. Car je sentais que j'en avais bien besoin, surtout maintenant. Michoko grimpa sur ma jambe. Je le laissais faire. Il n'était pas très lourd. En attendant, j'ouvris la boite et une bonne odeur de pâtes s'en dégagea. Des tagliatelles à la bolognaise. Ce qu'il savait faire de mieux.
Je pris la fourchette scotchée sur le haut de la boite, et j'entortillais quelques pâtes autour d'elle. Puis, je la mis en bouche. Cette saveur... ça me faisait tellement du bien. Je me revoyais à Olympe, dans la cuisine de Tony. Avec Cookie, les bras croisés qui faisait son jaloux, parce qu'il ne cuisinait pas aussi bien. Mais il avait d'autres qualités. Puis, adressant un petit regard à Michoko, je fis mine de ne pas comprendre ce qu'il tentait de me dire.
« Excuse moi ? Tu veux quelque chose ? » lui dis-je en regardant autour de moi.
Il me regarda avec des tous petits yeux triste, tout en faisant des vas et viens entre les pâtes et mes yeux.
« Des pâtes ? Mais... c'est pour moi que Tony les a préparé. Tu sais bien que je ne partage pas. »
Je le taquinais bien évidemment. Et j'adorais quand il prenait cet air triste. Je savais qu'il savait que je plaisantais. C'était devenu un petit jeu entre nous. Je ne lui voulais pas de mal. Je n'aurais jamais rien fait qui l'aurait fait souffrir.
Entortillant quelques pâtes autour de ma fourchette, je la tendis à mon amis. Ce dernier les mis en bouche, et savoura tout comme moi, cette sensation unique. Etre à Olympe, sans vraiment y être. Je sentis quelque chose me pincer le coeur.
« Je suis vraiment désolé que tu sois ici, avec moi. » lui dis-je, tout en posant ma fourchette.
C'était ces émotions là dont je parlais. Je me sentais responsable de lui. Et par conséquent, j'allais terriblement mal. Car il était ici par ma faute. Parce que je n'avais pas vérifié mon sac à dos. Parce que j'avais laissé Eurus le glisser dedans, sans m'en rendre compte. Et il allait sans doute mourir lui aussi, à cause de mon incapacité à le protéger.
« Je sais pas comment nous sortir de tout ça. J'ignore totalement quoi faire... » ajoutais-je.
Il ouvrit délicatement la bouche, tout en m'observant.
« Nono... » murmura t'il en penchant la tête sur la gauche. Puis sur la droite. Et en faisant des petits vas et viens avec son petit sourire et regard d'ange.
Je souriais à mon tour. Il était tellement adorable. J'avais posé le tupperware après l'avoir refermé. Puis, j'avais pris mon petit ami dans mes bras. On était resté comme ça quelques instants. Je ferais tout pour qu'il s'en sorte. Je trouverais une solution. Quel qu'en serait le prix. C'était tout ce qui comptait. Qu'il puisse s'en sortir.
Après quelques instants, j'avais remis les pâtes de Tony dans mon sac à dos et je m'étais relevé. J'aurais voulu m'approcher de Elina'vi et lui poser une multitude de questions, mais je ne savais pas par quoi commencer. Il nous avait offert un moment de tranquillité, à tous. On avait pu regagner quelques forces. On avait eu la chance de pouvoir se dire au revoir. Chacun avait trouvé son compte. Et voilà que petit à petit, je sentais que cette intimité se perdait. Je pouvais discerner chaque personne autour de moi. Entendre des bribes de conversation. Ca allait bientôt finir. Le champs de force était amené à disparaître très vite. Je pris mon bâton. Si on devait finir ainsi, ça ne serait pas sans se donner une chance. Sans se battre.
« Nane... » murmura d'une voix triste Michoko, chassant mes pensées de mon esprit.
Il avait encore faim ? C'était comme ça qu'il demandait des bananes. Il les adorait. Elles étaient riches en vitamines. Mais en penchant la tête vers lui, je vis que son regard se perdait au loin. Il observait César et ses oreilles se refermaient tout doucement, sans que je comprenne pourquoi. Qu'est ce qu'il lui trouvait ? Il ne nous avait pas aidé. Il n'avait pas été là pour nous, pensant qu'à lui. Pourquoi Michoko semblait le porter en sympathie ?
« Le Soleil est sur le point de se coucher. »
La voix venait de quelque pas de moi. C'était Elna'vi. Il ne me parlait pas. Il parlait à chacun d'entre nous. Sa phrase sonna comme un glas. Ca signifiait que le bouclier allait tomber. Qu'il allait partir. Qu'il ne pouvait pas rester ? J'aurais pu demander pourquoi nous avoir offert un moment de répis si c'était en vain, mais ça avait fait du bien. C'était une chance que beaucoup n'avaient pas eu par le passé. Je ne pouvais que l'en remercier.
« Vous pourriez rester ici, avec nous. Vous battre vous aussi. » prononça une voix derrière moi.
C'était César. Il s'était rapproché. Je l'avais vue boiter pendant quelques pas. Michoko l'observait toujours. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi.
« Je ne le peux pas. Vous le savez bien. Une fois que nous sommes passés de l'autre côté, nous ne pouvons agir ici. »
« Mais vous venez de le faire pourtant. » le coupa t'il.
« Ce n'est pas pareil. J'utilise le passage qu'elles ont ouvert. Mais je connais mes limites. »
« Les seules limites sont celles qu'on s'impose ! » s'emporta César.
« Les limites sont celles que nous ne pouvons pas et ne devons pas franchir. Nous n'agissons pas sur le même plan d'existence. Et nous sommes obligé de respecter cela. »
« Vos limites, c'est votre peur qui vous les impose ! » s'emporta t'il une nouvelle fois.
Tout comme nous, il avait peur de mourir. Et il pensait que Elina'vi était pareil à nous.
« Vous vous trompez. La Nature doit garder un certain équilibre. Nous ne pouvons interférer avec votre Temps. Et vous ne le devez pas non plus. Il est impossible de changer le futur de cette manière là. Seul l'Amour peut accomplir un tel acte. »
« Où mène ce passage ? » le coupais-je à mon tour.
Ma question sembla les perturber tous les deux. César s'attendait sans doute à ce qu'on prenne partit pour lui. Qu'on pousse Elina'vi à prendre notre défense. Mais j'avais une autre question qui me brûlait les lèvres. Car je me doutais bien que la nymphe resterait campée sur ses positions. Elle mit un petit moment avant de me répondre. Cherchant sans doute ses mots.
« Au delà ce que votre esprit peut concevoir. »
« La source. » compléta César. « Le coeur même de la Nature. Une sorte d'au delà. De Paradis ou je ne sais quoi. Quelque chose dont on n'est pas censé revenir. Et où même si ceux qui y sont peuvent nous aider, ils refusent de le faire ! »
Elina'vi ne sembla pas contredire les paroles de l'homme. Mais selon lui, ce n'était pas un refus par méchanceté, mais plus par obligation. Sans doute qu'on ne pouvait pas comprendre cela. On entendit un petit bruit autour de nous. Je me doutais de ce qu'il pouvait s'agir. Le champs de force cédait petit à petit...
« Si nous agissons dans votre Temps. Si ceux qui savent dévoilent trop de choses, changent le futur, les forces s'équilibreront. Elles sont un tout qui fonctionne en parfaite harmonie. Si nous vous aidons, nous l'aidons lui aussi, ainsi que tous vos ennemis. Il faut que vous avancez par vous même. C'est votre seul Espoir de vous en sortir. »
Je comprenais cela. Et je me doutais que les autres le comprenaient aussi. Même si César semblait buter. Mais à dire vrai, ce n'était pas le fait qu'il pouvait changer les choses à notre époque qui m'importait. C'était tout autre chose. Il était là bas. Et sans doute qu'elle y était elle aussi.
« Est ce que ma mère est avec vous ? » lui demandais-je en me mordant les lèvres.
On dit parfois qu'un simple regard peut faire tressaillir une âme. Celui que ma mère m'avait portée par le passé, avait eu le même effet que celui que la nymphe venait de m'adresser. Sa réponse était évidemment un oui. Elle était là bas elle aussi, comme je m'en étais douté. J'aurai pu demander pourquoi c'était lui qui était venu et non elle, vue que le passage était ouvert. Mais elle devait avoir ses raisons. Je ne doutais pas un seul instant d'elle. J'avais foi en elle. Et je comprenais désormais que la nymphe ne pouvait rien faire pour nous, car ma mère ne nous aurait pas laissé mourir ici si elle avait pu nous porter secours.
« Les nymphes ont dit qu'on pouvait s'élever. On peut vous rejoindre ? »
César m'adressa un regard. Tandis que Elina'vi pris une nouvelle fois son temps pour répondre. J'aurais pu demander cela parce que j'aurais eu une chance de pouvoir être enfin réunis avec ma mère. Mais j'avais autre chose en tête. Et j'ignorais si ça allait nous éclairer ou non. J'espérais juste que sa réponse soit celle que j'attendais. Et je me rendis compte en le regardant, qu'il avait compris où je voulais en venir. Quand un sourire se dessina au coins de ses lèvres, je me sentis aller beaucoup mieux.
« De la Nuit... il ne restera que des cendres. » répondit-il.
Est ce qu'on pouvait s'élever et les rejoindre ? Évidemment. Ma mère me l'avait dit dans sa lettre. Elle m'avait dit qu'un jour, on se retrouverait. Ca signifiait que où quelle soit aujourd'hui, je pourrais tôt ou tard être avec elle. Alors la question était : si elle avait un moyen de nous faire venir à elle, aujourd'hui, est ce qu'elle le ferait ? Comme par exemple, si une porte nous donnait accès à l'endroit où elle se trouvait. Et la véritable question demeurait : si elle ne nous faisait pas aller à elle, dans un moment pareil, est ce que ça ne signifiait pas que tout n'était pas encore fini pour nous ?
Dans le souvenir que j'avais vue avec Apollon, j'avais appris qu'Hyperion m'avait donné ce nom, Sinmora, car il signifiait que "De la Nuit, il ne restera que des cendres". Je ne comprenais pas de quoi il était question. Ce que signifiait la Nuit. Mais il avait dit à ma mère que c'était un message d'espoir. Cet Espoir qui nous était tellement important en cet instant précis. En ne nous faisons pas venir à elle, ma mère nous apportait tout l'Espoir nécessaire pour comprendre que tout n'était pas encore fini. Dès que le bouclier se baisserait, on pourra encore tenter de notre chance. Il y a sans doute un moyen pour que ça se termine bien pour nous. J'espérais juste que ce soit pour nous tous et non pas au prix de quelques sacrifices.
J'aurai voulu le dire aux autres, mais j'avais peur que le dire à voix haute joue contre nous. Du coup, je n'avais communiqué par la pensée qu'avec Apollon, Diane et Héphaistos. Les trois seuls qui pouvaient m'entendre de cette manière là, espérant qu'ils m'entendraient. Je leur avais dit que c'était un message d'espoir que la nymphe nous avait fait passer. Que si on se battait, on pourrait s'en sortir. On pourrait donner la chance à certains d’entre nous de s'en tirer. La nymphe avait à sa manière rallumé la flemme. Celle qu'on pensait allumer nous même et dont on était réellement ceux qui en avaient besoin à leur actuelle. Elle jaillissait pour nous.
« Je dois refermer la porte. » précisa Elina'vi.
« Attendez ! » l'interpellais-je.
Il ne pouvait pas partir. Pas ainsi. Pas après ce qu'ils avaient pour nous. Ce qu'elle avait fait pour nous à travers lui. Je l'avais observé quelques instants, sentant une nouvelle fois mes émotions prendre le dessus. C'était comme si à travers lui, je pouvais la voir. Elle avait fait tant pour moi...
« Quand vous verrez ma maman... » débutais-je, cherchant à mon tour mes mots.
Il fallait que ce soit des mots simples. Lourd de sens. Qui lui feraient comprendre que j'avais foi en elle et que je l'aurais toujours. Que je ne lui en voulais pas de m'avoir abandonné quand j'étais petite, car elle l'avait fait pour de bonnes raisons. Et que même si je ne comprenais pas tout, je savais qu'un jour elle aurait tout le temps de m'expliquer ses choix. En attendant, je ne ressentais qu'une seule émotion pour elle, et elle devait le savoir...
« ...dites lui que je l'aime. »
Elina'vi disparu en même temps que le bouclier. Les nymphes étaient déjà prêtes au combat. On n'aurait pas une seule minute de répits supplémentaire. Ni le temps de nous adresser à elles. Ce petit tour de passe passe qu'elles avaient elles même provoqués sans le savoir, en ouvrant cette porte, et qui nous avait laissé le temps de nous ressourcer un peu, ne leur avait pas plu. Elles voulaient en finir une bonne fois pour toutes. Les Mégalithes scintillaient en bleu tandis que la plupart d'entre elles nous attaquèrent. On avait pas fait le poids... pas du tout même...
*Violette Parr
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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*Quelle belle bouche. STOP ! ARRETE DE PENSER*
| Conte : Les Indestructibles | Dans le monde des contes, je suis : : Violette Parr
ft. Nora, Hephaïstos, Alexis, Sebastian, Diane et Apollon
La mort arrive si vite que parfois elle nous rate. Ou alors, il suffit de la contourner. L’instinct de survie prend le dessus. Et c’était cet instinct de survie qui avait sans doute sauvé Violette. Allongée à même le sol, sur les gravillons, la brune ouvrit les yeux. La première chose qu’elle remarqua c’était les deux soleils, assez espacé l’un de l’autre. Il faisait donc jour. Mais le ciel était gris, comme si du brouillard couvrait l’atmosphère. Cependant, là c’était autre chose. C’était comme si de la poussière flottait tout autour d’elle. Peut-être les restes provoqués par l’explosion et l’éboulement.
Le premier geste fut douloureux. Violette avait simplement voulu cacher sa vue du soleil et bouger son bras avait été une véritable épreuve. Elle était sans doute blessée. D’ailleurs, en s’attardant sur son corps, Violette constata une multitude de bleue, de blessure et de poussière. Cela venait sans aucun doute de son champ de force et de l’explosion. La rencontre des deux avait laissé des traces. Néanmoins, elle était toujours en vie et ça, c’était le plus important !
Lorsque Violette se redressa doucement, restant en position assise, elle observa les alentours. Il n’était pas difficile de comprendre qu’elle se trouvait toujours à Algorath mais qu’elle était désormais toute seule. Il n’y avait plus les filles, ni César ni même le cavalier. Violette s’était réveillée dans les ruines de la forteresse. Elles n’avaient pas réussi à la sauver. Tout était détruit. Il n’y avait plus les grands murs, ni la citadelle. Seulement des morceaux de pierre. C’était un véritable champ de ruine, partout, tout autour d’elle. Et au loin, il y avait un immense désert qui s’était à perte de vue. Ce désert, elle pouvait le voir puisqu’il n’y avait plus forteresse.
Impossible pour la brune de savoir depuis combien de temps elle était là. Peut-être était-elle tombée dans le coma plusieurs heures, ou plusieurs jours ? Evidemment, Violette préférait ne pas penser que cela pouvait également être plusieurs années. Quoi qu’il en soit, son état latent était en train de disparaître, laissant la panique prendre le dessus sur elle. Où étaient les autres ? Pourquoi était-elle encore là ? Comment se sortir de là ? La brune se pinça les lèvres, retenant les larmes humides qui commençaient à envahir son regard.
Il ne fallait pas rester ici. Cela ne servait à rien. Regroupant toutes les forces qu’elle avait, Violette se remit sur ses jambes, qui présentaient de nombreuses coupures. Elle avait mal mais, sans plus. Ses nombreuses blessures n’étaient que superficielle. Alors, marcher n’était réellement un problème, même si évidemment ce n’était pas agréable. Néanmoins, marcher vers où ? C’était une excellente question. Elle ne parvenait pas à réfléchir. Elle marchait sans aucun but. C’était plutôt de l’errance. La jeune femme erra donc. Impossible de savoir combien de temps. Mais le manque de nourriture, de boisson et la chaleur n’arrangeait rien.
Puis soudain, des bruits. Ils venaient d’un endroit bien précis, derrière les gravats. C’était comme si Violette était suivi. Et pourtant, lorsqu’elle s’arrêta brusquement et qu’elle se retourna en position défensive, la brune constata qu’il n’y avait personne. Ou alors l’origine du bruit se cachait ?
« Qui est là ?! »
Violette n’était pas rassurée mais elle était prête à se défendre s’il le fallait. Aucune réponse. Mais Violette entendit un nouveau bruit. Ça se déplaçait, lentement…comme si la chose ou la personne tentait de partir discrètement. Peut-être lui avait-elle fait peur ? Apparemment, Violette ne se trouvait pas en présence de quelqu’un ou quelque chose qui voulait la nuire.
« Y a quelqu’un ?! » demanda-t-elle plus gentiment.
Son ton était beaucoup plus doux, masquant une note de désespoir. C’était tellement affreux de se retrouver seule, si brusquement, sans rien connaître de l’endroit. Alors s’il y avait quelqu’un, Violette voulait le savoir, et qui sait, le rencontrer ! L’origine de bruit s’était arrêtée, derrière un tas de débris qui faisait face à Violette. La brune fixa le tas de débris en fronçant les sourcils. Mais elle défronça petit à petit son visage lorsqu’une petite main fit son apparition. Cette main se posa délicatement sur une pierre. La main était toute petite et n’appartenait pas à un humain. C’était évident. Puis une grande oreille dépassa du tas. Violette se rapprocha doucement des débris avant de se baisser pour se mettre à la hauteur supposée de la créature.
« Petit, petit. Viens. Je te ferais aucun mal. »
Avoir un être vivant à ses côtés était vraiment une bonne chose. Violette était tellement heureuse de voir qu’elle n’était pas la seule vivante dans ces ruines. La jeune femme fut agréablement surprise en découvrant une petite créature absolument adorable et mignonne. La petite créature l’observa avec ses grands yeux, sans pour autant s’approcher. Il fallait lui donner envie et confiance. La brune fit mine de réfléchir avant de lever les doigts, indiquant qu’elle avait trouvé une idée ! Ayant soif et faim, elle faisait d’une pierre, deux coups. Violette enleva son sac de ses épaules et en sortit une barre énergisante ainsi que sa bouteille d’eau. Elle ouvrit l’emballage à 1/3 de la barre puis la tendit à la petite créature.
Yodi, prénom que Violette avait choisi dans sa tête, s’approcha alors, quelque peu craintif. Il tendit la main pour prendre la barre. Du moins, Violette pensait qu’il ne prendrait que le morceau visible. Mais non. La créature prit toute la barre et commença à la grignoter. Il ne s’arrêta pas au papier. Non, il mangea toute la barre, l’emballage avec ! Violette fit les yeux ronds, quelque peu surprise.
« Mais….mais…beurk. Ca se mange pas comme ça ! »
Violette eut un sourire amusé avant qu’il ne se transforme en petit rire. Yodi semblait avoir faim car il finit rapidement la barre et son regard s’était attardé sur le sac de Violette. Apparemment, il en voulait encore. Violette ouvrit de nouveau son sac afin de savoir combien il lui restait de barre. Seulement 2. Après avoir bu une grande gorgée d’eau, elle rangea la bouteille et ferma son sac. Puis elle regarda Yodi avant de secouer négativement la tête.
« Faut qu’on en garde. Je sais pas combien de temps on va rester ici. Ni comment partir de là d’ailleurs… »
Violette observa tout autour d’elle. Elle sentit la panique monter avant de reposer son attention sur la petite créature.
« Mais attends ! Tu viens d’où toi ???! »
A vrai dire, Violette ne savait pas s’il comprenait sa langue, mais ça ne coûtait rien d’essayer. Yodi l’observa, les yeux ronds. Puis il regarda vers un chemin au loin, quelque chose dans les ruines. C’était comme s’il venait de répondre à Violette sans utiliser aucune parole. Puis il reposa son attention sur le sac de Violette. La brune ne put s’empêcher d’avoir un léger sourire en observant le chemin.
« Suivons-le ! Ca amènera forcément à quelque part ! »
Avant de reposer son regard sur Yodi puis son sac. N’avait-il pas compris la première fois ? Violette garda son sourire avant de secouer négativement la tête, une nouvelle fois.
« Non. Plus tard. Promis ! »
Violette tendit les bras pour le prendre. Une fois dans ses bras, la jeune femme se releva. La petite créature n’était pas lourde et elle était très docile. Violette commençait déjà à s’y attacher. Peut-être le fait d’être toute seule faisait accélérer les liens. La brune emprunta donc le chemin. Ce dernier était en pente. Il était fait de gravats et des restes de la Forteresse. Elle marcha un long moment, Yodi dans les bras, avant d’arriver aux pieds de la grande porte. Elle était toujours là, immense, bien qu’à moitié brisée et ouverte. Dehors, le désert à perte de vue. Et là, Violette était déçue. Commencer à marcher dans le désert, c’était du suicide.
« Oh… » soupira-t-elle « Tu viens de là ? » lui demanda-t-elle en indiquant le désert de la tête.
Yodi se contenta de regarder Violette avant de gigoter pour lui demander de le faire descendre. La brune le posa délicatement sur le sol, priant pour qu’il l’aide et l’emmène ailleurs. Yodi regarda autour de lui avant de se mettre à marcher vers le long des ruines de la forteresse. Une chance, ils n’allaient pas dans le désert. Ils marchèrent quelques instants avant d’arriver devant un petit tunnel, sous la terre. A première vue, le trou n’était pas assez grand pour Violette mais bien assez pour la petite créature. D’ailleurs, il se glissa dedans et disparut d’un seul coup.
Paniquée de se retrouver de nouveau seule, sans savoir quoi faire, Violette s’agenouilla devant le petite tunnel. Elle mit sa tête devant.
« Attends !!! Me laisse pas !!! »
La petite créature ne répondit rien. Il était déjà parti. Violette se laissa tomber sur les fesses et mit sa tête contre ses genoux, laissant enfin échapper l’humidité qu’il y avait dans ses yeux. Elle s’était mise à pleurer. Les nerfs avaient lâché. Puis soudain, un petit bruit se fit entendre. Violette releva la tête et aperçut la petite créature revenir. Il avait un peu de terre sur lui mais surtout il tenait quelque chose dans sa main. Violette passa sa main sur son visage en reniflant pour essuyer ses larmes. Puis en voyant la grenouille qu’il tenait dans la main, la brune fronça les sourcils.
« Euh merci ?! »
La jeune femme prit la grenouille entre ses deux mains et exerça une petite pression pour qu’elle ne s’échappe pas. Néanmoins, elle avait l’air bien con avec sa grenouille dans les mains. Que fallait-il qu’elle fasse avec elle ?! Violette fixa son attention sur Yodi qui lui regarda le sac puis la regarda ensuite. Puis il leva sa petite main pour l’amener jusqu’à sa bouche à lui pour lui montrer comment faire.
« Quoi ??! Tu veux que je mange ce truc ? »
Yodi l’observa tout en attendant qu’il la mange. Violette regarda la grenouille, puis Yodi, puis la grenouille. Un véritable jeu de ping-pong au niveau du regard. Et finalement, ne voulant pas manger ce truc, Violette ouvrit son sac et la mit à l’intérieur avant de le refermer.
« Je la garde pour plus tard. »
Yodi sembla surpris mais il ne fit aucun geste supplémentaire ni petit bruit. Il se contenta simplement de regarder derrière Violette, ce qui l’intrigua. La jeune femme décida de suivre son regard et se tourna, tout en restant assise. C’est là qu’elle vu une femme qui ne lui était pas totalement inconnue. Une jolie brune avec qui Violette ne savait pas trop comment se comporter. Violette était donc surprise de voir une présence « humaine » mais quelque peu mal à l’aise d’être face à Dame Thémis. Après tout, elles avaient quelqu’un en commun. Violette tenta de faire comme si de rien était. Peut-être l’aurait-elle oublié ?
Sous-entendu, qu’est-ce qu’elle fichait dans le temps et l’espace ? Violette espérait qu’elle soit venue l’aider à partir de cet endroit sinistre. Themis regarda Violette en affichant aucune surprise sur le fait qu’elle sache qui elle était. Apparemment, elle n’avait pas oublié Violette. Dommage. Puis son regard se posa sur Yodi, qui lui, la regardait avec des yeux ronds.
« Une créature des sables. » commença-t-elle. « Je n’en avais plus vue depuis fort longtemps. »
Elle porta de nouveau son attention sur Violette.
« Tu sais comment tu es arrivée là ? »
Violette observa Yodi puis Themis avant d’hocher plusieurs fois la tête.
« Oui » affirma Violette. « J’étais avec plein de gens. Avec Vaïana, on a sauté dans une cascade et là il y a un petit garçon aux filaments rouges qui m’a transporté ici...avec d’autres. Mais....un cavalier de l’apocalypse est venu et il y a eu une explosion et maintenant je suis perdue ici toute seule. »
La voix de Violette montrait clairement de la panique. Et de son côté, Themis ne laissait transparaître aucune émotion. C’était assez malaisant.
« Je te demandais si tu savais comment tu es arrivée ici, aujourd’hui. » Elle marqua un temps de pause. « Tu crois que combien de temps s’est écoulé depuis que tu as perdu connaissance ? » « Comment ça aujourd’hui ? » demanda Violette en faisant les yeux ronds. « Pour moi, j’ai dû rester inconsciente une journée tout au plus ! »
Violette fronça les sourcils, réfléchissant un instant à leur petite discussion.
« Attendez. Depuis combien de temps ces ruines sont-elles là ?! »
La titanide continuait à observer Violette sans laisser paraître la moindre émotion. Ce manque d’émotion rendait Violette mal à l’aise. Elle n’aimait pas trop ça.
« Depuis que la Forteresse est tombée. »
Oui. C’était un bon début.
« Il y a plusieurs milliards d’années de cela. »
Le choc se lisait sans problème sur le visage de Violette. Comment cela était-il possible ? Etait-elle restée inconsciente pendant plusieurs milliards d’année ? Impossible. Mais évidemment, c’était la première idée qui lui était venue en tête.
« AAAAAAAH ! »
Immédiatement Violette se toucha le visage avec ses deux mains, à la recherche de rides. Mais à première vue, elle n’en avait pas. Et Themis, elle, ne semblait pas comprendre ce que Violette faisait. Elle avait plissé les yeux, l’air intriguée. « Comment c’est possible ????! » demanda Violette « Je l’ignore. » « J’ai l’air vieille ?! »
Une nouvelle fois, Themis plissa les yeux. Elle ne comprenait pas la question de Violette. Son manque de réponse et son intrigue voulaient donc dire que Violette n’était pas devenue vieille, qu’elle était toujours jeune et jolie.
« Donc je suis revenue en 2020 ?! Mais pas à l’endroit où j’étais… » se murmura Violette à elle-même. « Tu as dit que tu étais déjà ici quand c’est arrivé. » « Oui, j’étais ici quand la Forteresse a été détruite par les forces de Chronos. Mais j’ai été envoyé à ce moment-là de l’histoire par quelqu’un. Avant j’étais dans le monde des Nymphes, à Titania. » « Je sais. » se contenta-t-elle de répondre. « J’ai sentis votre aura. Je n’étais pas loin. » « Vous pouvez sentir les auras ? Vous avez senti les auras de tout le groupe ? » demanda Violette avant de froncer les sourcils. « Pourquoi vous nous avez pas aidé ?! »
Le respect aux titans et Violette, ça faisait 2. Mais pour elle, ils n’étaient pas grand-chose. Des âmes vivantes, comme elle, comme les dieux. Ils étaient juste plus fort et immortel. Néanmoins, Violette ne se voyait pas leur vouer un culte. Dans son monde, ils n’existaient pas. Alors elle ne commencerait pas à les prier dans ce monde-là. Violette observa Themis. Elle semblait ne pas trop avoir apprécié le ton accusateur que Violette avait pris. Il n’y avait que la vérité qui dérangeait de toute façon. Néanmoins, elle avait l’air d’hésiter à répondre. Son regard était fuyant. Mais finalement, elle reposa son regard sur Violette.
« Ce sont vos choix. C’est à vous de les assumer et d’aller jusqu’au bout. » « Justement. Il faut que je retourne auprès d’eux ! Certains sont en danger apparemment ! Et je pense qu’ils le sont tous. Je sais pas où ce cavalier a envoyé Vaïana et Alexis. Mais elles n’étaient plus là à mon réveil… » « Je ne sens plus leur Aura depuis quelques temps. » expliqua Thémis, l’air embêtée. « J’ignore où ils sont à présent. Je pensais qu’ils étaient repartis….puis j’ai senti ton aura à toi. » « Non. Ils peuvent pas être partis sans moi ! » paniqua Violette.
Cette panique s’accentua lorsque Violette comprit que le pire était peut être arrivé.
« Ça veut dire qu’ils sont en grand danger ! » poursuivit Violette « Les nymphes n’ont pas bougés. Je les sens d’ici. » répondit Themis. « Tu ne peux pas les rejoindre. Pas maintenant. »
Elle semblait catégorique. Comme si rien ne pourrait la faire changer d’avis. Et pourtant c’était mal connaître Violette. Impossible pour elle de rester sans rien faire.
« Les nymphes n’ont pas bougé ? Je suis sûre qu’elles ont fait quelque chose à mes amis ! » s’inquiéta Violette avant de froncer les sourcils. « Comment ça, pas maintenant ?! Pourquoi pas ?! » « Parce qu’elles ont activé quelque chose. Quelque chose de dangereux. Et j’ignore pourquoi. Ou du moins, je crains de comprendre ce qu’elle tente de faire. Mais dans tous les cas, nous ne devons pas agir. Si tes amis sont encore là-bas, c’est à eux de faire leurs propres choix. » « Il n’y a aucun moyen de les aider ?! Leurs choix sont les miens aussi. J’étais dans la même équipe ! Je me dois de les aider ! » « On ne peut pas les aider, si on ignore où ils sont et ce qu’ils font. Il y a quelque chose qui bloque. »
Themis tentait de se concentrer. Elle essayait sans doute de sentir les auras des autres, en vain. Elle semblait perturber. Son moment de concentration prit fin au moment où elle adressa un regard à Violette, avant de détourner son regard.
« Je viendrais te chercher quand tout sera fini. Et je t’aiderais à repartir. »
Etait-elle en train de la mettre sur le banc de touche ? Savait-elle qui était Violette ? Une héroïne ne restait pas en arrière à attendre, et encore moins Violette. La brune ne l’acceptait pas. Assise depuis le début de leur discussion, la jeune femme se leva brusquement, faisant enfin réellement face à Themis.
« Je crois pas non. Je vais pas rester ici sans rien faire. » « Tu n’as pas le choix. Tu ne sais pas te téléporter. » « Mais vous oui ! Emmenez-moi. S’il vous plaît ! Me laissez pas là !! » « T’emmener où ? Tu es en sécurité ici. »
Themis semblait hésitante, comme si elle était mal à l’aise avec elle. C’était une sensation réellement bizarre que Violette n’appréciait pas. Il était temps pour elle de crever l’abcès.
« Au dernier endroit où vous avez senti les auras des autres. Je me débrouillerais toute seule après. » commença-t-elle. « Pourquoi vous êtes bizarre avec moi ? C’est par rapport à Peter ? »
Themis resta bouche bée, choquée par les propos de Violette.
« Je ne te permets pas ! » répondit-elle, outrée. « Je ne suis nullement bizarre avec toi. Tu es juste imprudente. » continua-t-elle avant d’ajouter : « Pourquoi son aura est liée à la tienne ? »
Il fallait avouer que Violette n’était pas très prudente et lorsqu’il s’agissait de ses amis, elle avait tendance à foncer tête baissée. Alors la brune décida de ne pas rebondir sur son avis par rapport au comportement de Violette. Néanmoins, face à la dernière question, Violette fronça les sourcils.
« De quoi parlez-vous ? »
Question idiote. Elle parlait forcément de Peter. Il était le maillon en commun entre Violette et Themis. Néanmoins, elle ne comprenait pas exactement de quoi elle parlait.
« Comment deux auras peuvent être liées ? Et comment ce lien s’est créé ? Ça fait longtemps que je l’ai pas vu ! »
C’était le genre de mec à passer en coup de vent puis partir 3/4 mois sans donner de nouvelles. La dernière fois remontait à Novembre. Cette histoire d’aura laissait Violette perplexe. Elle qui était persuadée que chaque personne avait une aura bien différente…apparemment, cela avait l’air compliqué et ça avait surtout l’air de ne pas plaire à Themis. Cette dernière se mordit les lèvres. Elle semblait prête à révéler quelque chose…mais finalement, elle se ravisa, optant pour une réponse différente.
« Il vient d’un autre monde. Il peut lier deux auras entre elles. Ça n’explique pas pourquoi il l’a fait si vite avec toi. » expliqua Themis. « Je n’ai pas le temps pour tout ça. Si tu veux rester avec moi, qu’il en soit ainsi. Mais ne me retarde pas et ne parle pas. »
La brune put simplement hocher la tête positivement avant d’être téléporté avec Thémis. Elle n’eut pas le temps de dire au revoir à Yodi. Elle n’eut pas le temps de regarder une dernière fois les ruines de la Forteresse. Car là, le décor avait totalement changé. Adieu les tas de cailloux et bonjour l’énorme édifice. A première vue, cela ressemblait à une bibliothèque. En effet, il y avait de nombreuses étagères où étaient posés des livres. Non ! Il s’agissait de parchemin à les regarder plus en détail. La brune n’avait aucune idée de l’endroit où ils étaient mais la jeune femme était émerveillée par le lieu.
« Ouawh ! C’est beau ! Ça change des ruines. On est où ? »
Themis demeura silencieuse, allant vers un rayon. Elle prit l’un des nombreux parchemins qui s’y trouvait puis commença à l’observer avant de lancer un regard à Violette. La brune mit sa main devant la bouche. Elle avait oublié que Themis avait demandé le silence.
« Oups. Désolée. »
Themis reposa son attention sur son parchemin.
« A Titania….C’était chez moi… »
Elle vivait dans une bibliothèque ? Elle devait bien s’entendre avec Socrate alors !
« Et ça ne l’est plus ?! Qu’est-ce que vous cherchez ?!! »
Un des défauts de la brune était d’être curieuse. Alors autant dire que garder le silence était compliqué.
« Titania n’existe plus. L’empire a été détruit. Plus rien est à personne aujourd’hui… » expliqua-t-elle tout en continuant de lire le parchemin. « Des réponses. Comme tout le monde. »
Depuis quand des réponses pour sauver le monde se trouvait dans les livres ou les parchemins ? C’était bien trop simple. La réponse était dans la bataille, dans la neutralisation des ennemis. Alors Violette décida de mettre un terme à cette discussion et de tenter de l’aider du mieux qu’elle le pouvait.
« Hum…Ok. »
Voulant aller dans un des rayons de la bibliothèque, Violette fit un premier pas. C’est là qu’elle sentit un poids contre sa jambe. La brune baissa la tête et remarqua Yodi accroché à sa jambe. Il avait été téléporté avec elle. Et ça, c’était vraiment trop cool ! Elle avait noué quelque chose avec lui, c’était inexplicable.
« Oh ! Tu es là toi ! Trop cool ! Viens par là. »
Violette le prit dans les bras avant de lui faire un gros câlin.
« Tu es vraiment trop chou toi. D’ailleurs, je t’ai trouvé ton petit prénom : Yodi ! »
Au moins, de faire la conversation avec Yodi permettait à Themis d’être plus tranquille pour effectuer ses recherches. Néanmoins, Violette sentit la pointe d’exaspération chez Themis lorsqu’elle rangea le deuxième parchemin qu’elle avait pris.
« Je vais te ramener chez toi. Tu les attendras là-bas. » « Non !!! Je peux vous aider ! Je veux vous aider et surtout aider mes amis ! » « Tu n’es pas utile » commença-t-elle sans trop réfléchir. « Je veux dire que ces parchemins sont dans une langue que tu ne maîtrise pas. Par conséquent, tu n’as pas de réelle utilité ici. » expliqua-t-elle sans aucun tact. « Il n’y a rien ici pour tes amis. Rien qui pourrait les aider. » « Bien. Vous avez raison. Alors ramenez moi à l’endroit où vous avez senti leur aura avant qu’ils disparaissent. Je serais beaucoup plus utile là-bas. Mais certainement pas chez moi ! »
Violette posa la petite créature sur le sol avant de se diriger vers Themis.
« S’il n’y a rien pour aider mes amis et que je ne suis d’aucune utilité, je n’ai aucune raison de rester ici. » « Ni d’aller dans un endroit hostile dont tu n’auras aucune chance de revenir ! » répondit Themis à fusillant Violette du regard. « Ne te comporte pas stupidement. Tu n’as pas de quoi lutter contre des nymphes, si c’est bien d’elles dont j’ai senti l’aura. Tu ne connais ni leurs points forts ni leurs faiblesses. Et tes pouvoirs seront insignifiants face à elles. Tu te feras juste tuer. » expliqua-t-elle avant d’ajouter : « Et si ça se trouve tes amis sont déjà rentrés chez eux. Il n’y a plus leur aura ici. »
Mais la fin de l’explication de Themis fut si brusque que Violette comprit qu’il y avait quelque chose de pas normal.
« Non. C’est impossible. Ils ne seraient pas partis sans moi… » répéta Violette dans l’espoir de se convaincre qu’elle disait vrai, avant de froncer les sourcils. « Qu’est-ce qu’il y a ?! » « Je les sens à nouveau…Ils sont réapparu là où ils avaient disparus. » répondit Themis, partagée, avant de se mordre les lèvres hésitantes.
Il y avait quelque chose qu’elle ne disait pas. Mais pourtant, face à cette nouvelle, Vio’ ne pouvait que se réjouir.
« Génial ! Non ?! Nous n’avez pas l’air contente ? »
Themis était hésitante. Elle regardait Violette sans rien dire. Dans son regard, on pouvait voir qu’elle était perdue. Avait-elle entendue la question de Violette ? Ou faisait-elle exprès de ne pas y répondre ? Le silence qu’elle avait instaurée était stressant. En quoi le fait de sentir de nouveau les auras n’était pas cool ?
« Je crois qu’ils ne tiendront pas longtemps face aux nymphes. Leur aura diminue rapidement… » « Qu’est-ce qu’on va faire ?! » paniqua Violette.
Themis fixa Violette quelques instants, toujours aussi perdue.
« Rien. » lâcha-t-elle. « Il n’y a rien qu’on puisse faire. Tu te ferais tuer. Et je ne peux pas agir. »
Une fois de plus, elle semblait catégorie. Mais ce comportement cachait forcément quelque chose. Violette croisa les bras contre sa poitrine.
« Vous ne pouvez pas ou vous ne voulez pas ?! » « Arrête ça. Tu ne peux pas comprendre » « Si ! Je comprends que vous laissez des gens mourir alors que vous pouvez tenter quelque chose. Et c’est pas normal. Vous êtes un titan. Vous êtes plus fort que tout le monde, non ? Qu’est-ce qui vous empêche d’aider ?! De sauver mes amis ? » « Tu ne sais rien ! » répondit Themis un peu trop fortement. « Ce n’est pas parce qu’on est des titans qu’on peut tout se permettre. Ni qu’on est le plus forts comme tu dis. Cette discussion est terminée. Je te ramène chez toi. De toute façon… »
Une nouvelle fois Themis se stoppa. Et alors que Violette voulu lui répondre afin de lui faire comprendre qu’elle n’était pas d’accord avec elle, elle se ravisa. Le fait que Themis se taise aussi brusquement, sans finir ses propos, signifiait qu’elle avait senti autre chose.
« Qu’est-ce que vous avez senti ?! » « Il est là… »
☾ ANESIDORA
Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
C’était la fin. La fin des haricots, des carottes et de tout le reste du potager. La fin de nous. J’avais beau croire dure comme fer qu’on allait s’en sortir, il fallait bien que je m’avoue à moi-même que j’avais aucune espèce d’idée de comment. J’avais dégluti en voyant le bouclier tomber et j’avais sorti mon épée du fourreau. Je sentais que mon pouvoir était en train de revenir pleinement après mon câlinou avec le sol, je le sentais monter en moi, mais je sentais aussi que tout n’était peut-être pas à la bonne place, comme quand on était encore un peu patraque en fin de gastro, vous voyez ? J’avais l’impression que mon don était revenu mais qu’il était sans doute un peu rouillé par le temps. Tout en déglutissant, j’avais vu les Nymphes charger devant moi. Elles étaient 13, on était 8… 9 si on comptait Michoko mais j’étais pas sûre de compter César déjà alors Michoko… partons sur 7. Le ratio était pas dégueu, on était « juste » la moitié de leur nombre et elles étaient « juste » chacune 3 fois plus fortes que nous au moins… ouais, tout allait bien se passer…
Je dirigeais ma main libre vers l’une d’entre elle, essayant de la stopper en la propulsant en arrière grâce à mon pouvoir mais comme je l’avais craint, je n’étais pas parvenue à grand-chose et elles avaient toutes poursuivies leur route vers nous. C’était un carnage. Dans mes rares moments où j’avais une vision périphérique, je voyais que les trois dieux se battaient avec deux Nymphes en même temps tandis que je me démenais, épée contre lance, face à la mienne. On n’allait pas tenir longtemps comme ça, elles étaient beaucoup trop fortes, même si je continuais de les parer dans relâche, tentant d’utiliser ma technique de combat en alternance avec mon pouvoir vacillant.
Dans mon champ de vision, je vis que Diane, non loin de moi, morflé sévère. Elle se retrouva au sol et je me dégageais de mon combat pour tenter de l’aider.
- Apo !!
Il semblait encore en très grande forme par rapport à sa sœur et j’avais clairement besoin d’aide. Une fois le dieu posté au plus près d’Artemis, je m’étais éloignée pour porter assistance à Hephaïstos qui semblait dans le même état. Les dieux étaient les plus touchés. Ils étaient en même temps la première cible des Nymphes et en combattait bien plus à la fois que nous. J’avais alors foncé droit sur une nymphe qui s’apprêtait à le frapper à son tour, en plus des deux qu’ils combattaient déjà mais je bloquais l’attaque de sa lance de mon épée. Une salve d’éclairs la fit reculer et nous nous miment à nous battre plus violemment. Je n’osais pas trop utiliser mon pouvoir quand elle était aussi proche de moi. J’avais bien trop peur que les éclairs encore instables se retournaient contre moi. Et puis l’idée d’un combat épée contre lance laissait l’éventualité d’un dialogue. Un dialogue qui me semblait nécessaire, au moins en souvenir de…
- Na’aiti !
J’avais crié son nom dans un effort pour repousser son assault mais la nymphe ne broncha pas, enchaînant ses coups comme si le nom lui était indifférent :
- Il m’a dit que les Nymphes n’étaient pas mauvaises. Je suis sûre que c’est vrai. Mais vous faites fausse route !
Je parais l’un de ses coups avant d’ajouter :
- Il veut que je vous aide !
Une fois de plus, elle ne répondit rien mais son ardeur redoubla dans le combat. Je parvins à éviter son coup de lance de justesse en baissant la tête. Je l’avais énervée. Ce que je lui disais avait le don de l’énerver, c’est que ce n’était pas anodin.
- Laissez-moi, vous ... aider... où est Nalasami ?
Le combat me fatiguait grandement. J’avais du mal à reprendre mon souffle entre chaque coup qu’elle dirigeait vers moi.
- Vous nous aiderez quoi qu’il arrive. - Pas comme vous l’entendez !
Elle ne semblait pourtant pas intéressée par ce que je lui disais. C’était juste un soldat, on lui avait demandé de tuer, elle faisait son boulot. Pourtant, elle eut un court moment d’égarement et je vis ce moment comme une aubaine pour frapper. J’avais une fois de plus lancé ma main en avant pour lui balancer une nouvelle salve d’éclair mais elle avait déjà eu le temps de reprendre ses esprits, me décochant un violent coup de pied dans la cage thoracique, ce qui me coupa le souffle et me fit basculer en arrière, droit sur mes fesses. Elle s’apprêtait à me donner un coup légèrement plus fatal lorsque soudain, elle eut une nouvelle fois un moment d’absence, comme toutes les autres d’ailleurs, le même genre d’absence que lorsque deux dieux parlaient par la pensée devant moi. Brusquement, elles se reculèrent toutes, laissant un espace vide entre elles et nous et formant de nouveau un rang plein de tension, prêt à l’attaque.
La ligne de No Man’s land entre nous ne resta pas bien vide longtemps. Quelques secondes après, apparut un homme de dos. Il portait une armure qui ressemblait à une armure titanesque. Il n’avait aucune arme dans ses mains, ce qui n’empêchait pas les nymphes de rester extrêmement méfiantes. Toujours assise, je l’observais bouche-bée. Il semblait si imposant. Il avait des cheveux légèrement grisonnant et même si c’était la première fois que je le voyais, je savais exactement qui il était. C’était si dingue que les larmes m’étaient montées instantanément sous le coup du choc. Je ne l’avais vu qu’une fois, dans un rêve, quand j’étais dans la salle des trônes et il semblait bien plus grimés, différent, monstrueux. Puis on m’en avait parlé et il était désormais là, véritablement, pour la toute première fois devant moi…
- Elliot ?!
Ma voix était étranglée et pourtant audible. Je n’avais pas crié, j’avais juste parlé à voix normale. Je n’aurai peut-être pas du l’appeler comme ça, j’aurais peut-être dû dire « Chronos », mais maintenant qu’il était vraiment là, dans la même posture, la même allure qu’Elliot, maintenant que je prenais pleinement conscience que mon meilleur ami vieilli qui était en face de moi, je n’arrivais pas lui donner un autre nom que celui que je lui avais toujours connu. Il avait lentement tourné la tête dans la direction de ma voix, sans bougé cependant, juste autant que son cou l’avait permis. Nos regard n’avait donc pas pu se croiser, je n’avais vu que son profil.
- Vous n'avez pas votre place ici...
Il avait alors reporté son regard sur la Nymphe qui avait parlé. Chronos ou pas, Titan ou pas, je ne laissais personne s’en prendre à mon meilleur ami. Mon cerveau refusait l’éventualité qu’il n’était plus là, que Chronos était quelqu’un d’autre, que tout avait changé. Aussi vite que je l’avais pu malgréla douleur, je m’étais relevée pour préciser :
- Ben voyons...nous on a notre place ici pour mourir mais lui non ?
Et on était où d’ailleurs ? C’est vrai que maintenant que la cage était tombée, j’avais pas spécialement l’impression que le décor était plus clair sur le sujet. Les nymphes n’avaient pas prêté attention à mes mots, Elliot non plus n’avait pas réagi. Je me rendais alors compte que je ne sentais pas son aura sur nous, comme celle des autres Titans que j’avais eu « l’honneur » de ressentir jusqu’alors comme Japet… Il semblait étrangement calme aussi. Il se contenta alors de préciser à notre attention :
- N'interférez pas.
Alexis (50%) Sab (70%) Diane (30%) Vaiana (65%) Apo (70%) Nora (60%) Héphaïstos (35%)
Sebastian Dust
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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From Gold to Grave Who's making the Sandmandream ?
| Conte : Les 5 Légendes. | Dans le monde des contes, je suis : : Le Mαrchαnd de Sαble ϟ Archeron.
« Il est évident que nous nous précipitons vers quelque entraînante découverte, quelque incommunicable secret dont la connaissance implique la mort. »
Chronos. Le Titan Roi… Il était là, dos à eux, comme une dernière barrière de survie entre les nymphes et leurs dernières heures qui pointaient le bout de leur nez. Combattre n’avait jamais été le propre du Marchand de Sable, la défense était son moyen d’action et chaque grain de sable qu’il avait utilisé alors, il l’avait fait pour les repousser ou protéger ceux qu’il pouvait protéger. Il ignorait s’il devrait faire plus, comment pourrait-il aider à améliorer la situation… Mais l’ordre du titan envers Alexis fut clair : ne pas intervenir. Comptait-il réellement les affronter seul, alors que des titans n’avaient pu se résoudre à les anéantir ? Était-il à ce point sûr de lui et de ses capacités pour avoir l’air aussi calme quand la situation ressemblait à un champ de ruines ? Ils pensaient tous mourir ici, certains étaient même dans un très mauvais état, alors que faisait-il ? Était-il de leur côté, comptait-il les épargner et les défendre ou bien s’occuperait-il de leur cas par la suite ?
Trop de questions sans réponse. Trop de probabilités sans sûreté.
Quelque chose caressa les doigts de Sebastian, attirant son attention vers le sol. Le sable dansait lentement autour de ses bras, comme cette présence récurrente et rassurante, mais quelques volutes vinrent lui chatouiller les paumes. Agités. Parsemés de petites secousses très légères, discrètes sauf à son regard. Silencieux, le gardien l’observa faire et, peu à peu, recouvrir entièrement ses mains. Grimper le long de ses bras. Contact chaleureux, réconfortant, un petit concentré de tendresse censé rassurer ceux qu’il entourait. Il sentit ses chevilles fourmiller elles-aussi, de plus en plus, de plus en plus vite.
Et soudain, le sable l’ensevelit tout entier !
Sab ferma les yeux par réflexe, jusqu’à ce que le poids sur lui semble disparaître et qu’il puisse papillonner du regard à nouveau. Il n’avait pas bougé. Pas vraiment. Il se trouvait toujours au centre des mégalithes… Mais les nymphes n’étaient plus là. Ses compagnons non plus, lorsqu’il tourna sur lui-même pour les apercevoir il n’en vit strictement aucun. Seul restait, à quelques pas devant lui, Chronos. Regardant dans sa direction.
S’il voulait être discret, c’était raté.
« J’ai créé les âmes. » Déclara calmement le titan.
Que… LUI ? Il avait… Quoi ?! Il existait un créateur pour les âmes ? Sérieusement ?! Mais que… #INTERIORPANIC. Oui, c’était logique en soit, elles devaient bien venir de quelque part. Mais… Le marchand de sable s’était toujours persuadé que c’était la Nature qui avait créé ce genre de vie. Pas… Bon, ok, c’était pas trop le moment de se poser des questions existentielles mais… QUAND MÊME ! Pour le coup, Sab se mit à respirer assez rapidement. Venait-il le réprimander pour ce qu’il avait fait ? Il avait quand même possiblement ouvert la porte des âmes et permis à ce qu’elles remontent à la surface… C’était pas très sérieux de la part de quelqu’un censé les garder, dans une autre vie. Il se mordit l’intérieur de la joue, anxieux.
« Les palais sont apparus. »
Continua Chronos, marquant une pause avant d’ajouter :
« Sais-tu qui tu es ? »
Qu’est-ce qu’ils avaient tous à lui demander s’il savait qui il était ? C’était extrêmement perturbant. Il lui arrivait de ne plus penser à ce futur possible, à cette identité que tous semblaient connaître, et à vivre normalement à Storybrooke… Et puis, brutalement, on le rappelait à l’ordre. On lui remettait les idées en place et on reposait le poids des responsabilités sur ses épaules. Il ne leur en voulait pas, pas vraiment ; les gens de ce monde vivaient dans une espèce de paramètre différent de celui du commun des mortels. Quand même le temps ne semblait pas s’écouler de la même manière, pouvait-on vraiment reprocher ces longues absences ? Ces oublis ou ces… Coïncidences ?
Il hocha finalement la tête en réponse, laissant le sable répondre à sa place.
« Le Marchand de Sable. »
Sab se doutait que ce n’était pas la réponse attendue. Mais quelque part, il ne mentait pas : c’était ce qu’il était. Un gardien. Un bonhomme de sable qui permettait aux rêves de rester merveilleux et aux cauchemars de ne pas ternir les songes. Il était Sebastian, mais aussi quelqu’un d’autre.
« Et… Quelque part, Archeron, l’Accusateur. »
« L’accusateur. » Répéta le titan. « Celui qui juge. Qui me juge. »
Les yeux orageux de Chronos fixèrent intensément ceux du gardien. Le juger ? Qui était-il pour juger un titan ? Qui était-il pour juger qui que ce soit, en réalité ? Il haussa un sourcil surpris, penchant légèrement la tête sur le côté en le designant de l’index. Le juger, lui ? Vraiment ?
« Juger… Vos actions ? »
Ça paraissait… Insensé ? Chronos éluda la question. N’est pas titan qui veut, hein.
« Tu n’as pas ouvert la dernière porte. »
Heureusement ! Sinon, ça aurait été une véritable catastrophe apparemment. Plus grosse encore que la actuelle… Même si Sebastian savait qu’il l’aurait peut-être fait si on lui avait promis que Diane et les autres pouvaient rentrer en sécurité. Maintenant qu’il y songeait, il se trouvait bien bête : les nymphes ne les auraient jamais laissé libres et en vie. C’était une partie perdue d’avance et il s’était fait avoir quasiment sur toute la ligne.
Il prit un air coupable.
« Cette porte ne doit pas être ouverte. Jamais. Mais une autre porte doit être refermée. Et tu vas m’aider, Marchand de sable. »
Notons qu’il n’avait pas dit « s’il te plait ». Mais il existait un moyen de réparer ça, vraiment ?! Et Sab pouvait y participer ? Ça paraissait… Complètement fou ! Il écarquilla les yeux puis, après quelques instants, hocha finalement la tête beaucoup plus spontanément que la fois précédente. S’il existait un moyen, même minuscule ou dangereux, pour les tirer de là et empêcher que les nymphes parviennent à leurs fins… Il était preneur.
« Comment ? »
« En combinant nos deux pouvoirs. »
Du sable doré s’échappa du sol pour remonter jusqu’à ses mains, surgissant dans son éternel silence brillant. Face à lui, du sable noir effectua exactement le même mouvement dans la paume de Chronos. Tournoyant sur eux-mêmes, les volutes semblaient comprendre exactement ce qu’on attendait d’eux. Sebastian le sentit dans son esprit, comme une évidence inconsciente de ce qu’il fallait faire. Il retourna sa main, paume vers le haut, laissant le sable continuer à s’élever entre eux. Il n’avait jamais fait ça : utiliser l’or des songes avec du sable noir. Ce fameux concentré de ténèbres qui ne signifiaient généralement rien de bon mais qui semblaient imprégné dans toutes les choses liées aux divins. Ce sable noir qu’il craignait dans cette autre vie, face à Pitch, lorsque ce dernier lui avait volé et copié son pouvoir. Ce sable noir qui avait révélé Phobos sur la lune… Et qui aujourd’hui, serait visiblement son allié ?
Comblant la distance qui séparait le gardien du titan, les deux arabesques contraires se rejoignirent dans une danse latente, se tournèrent lentement autour et s’enroulèrent progressivement sous leurs yeux attentifs. Il n’y avait pas de douleur ressentie, pas de malaise ou de souffrance transmise. Juste le calme. L’attente. L’intrigue.
« Elles seront dans l’entre-deux. Enfermées à jamais. »
Les deux sables s’élevèrent de toute leur hauteur, formant progressivement un tourbillon où la lumière entrelaça les ombres. Les grains s’éparpillèrent, semblèrent trouver leur place dans un mouvement d’accalmie perpétuelle. Comme s’ils savaient comment fonctionner entre eux. Comme si ces deux entités contraires savaient aussi fonctionner l’une avec l’autre sans se blesser.
C’était hypnotique. Un lien ressenti sans que Sab ne parvienne à en trouver la définition.
Le mouvement se fit progressivement de plus en plus rapide. Chronos observa le résultat, brisant le silence qui s’était installé jusqu’alors.
« L’énergie qu’elles ont emmagasiné dans les mégalithes va permettre de les envoyer dans le portail. »
Le titan désigna la tempête tranquille entre eux. Les yeux clairs du gardiens ne la quittait pas, impressionné et pourtant étonnement serein. Comme si tous ses doutes et ses inquiétudes s’en étaient allés il ne savait trop où. Il sentait toujours son pouvoir, la réassurance d’un vieil ami ancré à votre échine pour toujours, mais il y avait quelque chose d’infiniment différent. Un léger changement de ligne sur l’onde radio.
« Vous saviez ce qu’elles allaient faire ? »
Sa voix lui faisait mal. Il avait commis la pire des erreur avec elle, pourtant il se sentait apte à l’employer dans cet endroit hors du temps et de l’espace. Peut-être parce que c’était le titan même du temps qui se trouvait devant lui ? Peut-être parce qu’il craignait, au fond, que ce ne soit ses derniers instants ? Chronos n’avait nullement parlé de le sacrifier au passage ou des effets que ça aurait ; Sebastian préférait partir du principe qu’il survivrait à cette demande. Optimiser. Croire. Espérer, toujours.
« Elles ont perdu la tête. » Répondit-il. « Certaines se sont élevées. Elles ont fait un choix plus judicieux. »
Sebastian eu un soupir désolé pour elles, malgré tout. Se résoudre à laisser sa vie aux bras de la Nature n’était pas un acte évident, pourtant emplit de sagesse et d’acceptation. Il inspira lentement, comme pour prendre des forces où il pourrait en trouver. Une question titilla son esprit et, fronçant légèrement les sourcils, il osa demander :
« Qu’y avait-il derrière la dernière porte ? »
Spoiler, sûrement pas un salon de thé ou échanger une tasse de café ou de thé avec un vieil ami titan !
« Une âme qui m’est précieuse. »
Chronos n’avait pas hésité à lui répondre. Étonnant. Avant d’ajouter :
« La porte ne devra jamais s’ouvrir. Sous aucun prétexte. »
Ca ne sonnait pas comme une menace, plutôt comme une demande ordonnée à demi-mots. Etait-ce l’âme qu’il avait aperçu, des années auparavant, protégée par les quatre titans ? Sans aucun doute. Il ne le saurait pas et n’aurait pas l’outrecuidance de demander.
Autour d’eux, le sable continuait son tourbillon éternel mais la scène changea très légèrement. Sebastian s’aperçu, comme s’il observait sa propre situation à travers un voile gris, ainsi que les autres compagnons de route à l’autre bout de l’univers. Il y avait aussi toujours le titan-roi, dos à eux et face aux nymphes. Toujours là. Toujours agressives. Toujours prêtes à en découdre, comme elles le firent lorsqu’elles s’élancèrent toutes ensemble sur le Chronos derrière le filtre.
Le gardien reporta son attention sur celui qui lui parlait jusqu’alors, encore présent dans cette dimension.
« Que se passerait-il, si elle s’ouvre un jour ? » Cette dernière porte. Ultime porte. « Que se passerait-il si vous demandez de l’ouvrir un jour ? »
« Je ne le ferai pas. Jamais. »
Ne jamais dire jamais. Il tourna les yeux vers la scène qui les entourait, observant les nymphes dans leur dernier assaut. Elles l’ignoraient encore, mais ce serait visiblement leur dernier combat.
« Elles se battent mais c’est inutile. Les guerriers devraient savoir quand ils sont vaincus. »
Des filaments de sable noir les repoussaient, les unes après les autres, lorsqu’elles tentaient de s’en prendre au titan. Repoussées. Menacées. Réduites au silence ou à l’immobilité. Plus elles chargeaient, plus il les mettait à terre et leur faisait manger la poussière… Se battre semblait bien plus facile pour lui que lorsqu’ils s’étaient défendus en groupe. Malgré lui, Sebastian prit un air désolé à leur encontre. Elles avaient dû souffrir pendant tellement d’années, au point de s’embrumer l’esprit d’un mal qui les avait rongées jusqu’à la moelle et obscurcit leurs esprits. Elles étaient devenues les prisonnières de leur propre vengeance… Et aujourd’hui, elles n’obtiendraient même pas réparation ou récompense.
« … J’espère qu’elles cesseront de souffrir. »
Il le pensait sincèrement. L’heure était probablement venu de franchir ce voile et de retourner dans la réalité mais, avant, Sab tenait à transmettre une dernière chose au titan à ses côtés.
« Je suis désolé. » Souffla-t-il.
« D’avoir ouvert la première porte. J’ignorais qu’Orphné… N’était pas une alliée. »
Ces excuses n’étaient peut-être que minimes, un faible remerciement pour être venu jusqu’ici les « défendre », mais il tenait réellement à se montrer poli et redevable. Se faire avoir avait ébranlé plus que sa raison, s’étaient ses convictions même qui s’en étaient retrouvées toute retournées.
« Les nymphes étaient de bonnes créatures par le passé. Elles ont juste oubliées à qui elles devaient leur survie. »
Sous leurs yeux, les treize nymphes se retrouvèrent soulevées par du sable noir, même celles précédemment à terre, des liens sombres entourant leurs gorges jusqu’à les en faire suffoquer. Le tourbillon de sables mêlés se déplaça alors, se rapprochant du titan présent derrière le voile.
« L’heure est venue. Prépare-toi à fermer la porte. »
Chronos le fixa à nouveau.
« Tu n’auras qu’à le souhaiter que tu seras revenu avec eux. »
Sab ouvrit la bouche pour répondre quelque chose mais il la referma finalement, estimant que tout avait été dit pour cette fois. Quand il n’y avait plus rien à dire, autant se taire et accepter de passer à la suite. Il échangea un dernier regard silencieux avec le Titan-Roi qui était venu l’aider… Ou lui demander de l’aide, il n’était pas certain de la tournure exacte de ce qu’il s’était passé. Les nymphes seraient emprisonnées pour l’éternité, un sort peut-être un peu trop cruel par rapport à la mort… Mais le marchand de sable n’aurait pu se résoudre à participer à leur mise à mort. C’était comme ça que ça se passerait.
Un clignement de paupières et le voilà de retour de l’autre côté. Les autres ne semblaient pas avoir remarqués son absence, fixant tous la scène qui se déroulaient devant leurs yeux : le portail mouvant s’était grandement rapproché du titan et ce dernier, d’un geste de la main, déplaça toutes les nymphes prisonnières de son étau dans sa direction. Elles franchirent les grains mordorés qui semblèrent s’écrouler sur eux-mêmes au centre du tourbillon, emportant dans un ailleurs invisible leurs ennemis.
Le portail se referma soigneusement, effaçant toutes traces de leur présence. Mais les sables mélangés continuèrent de tournoyer lentement dans les airs, semblant attendre quelque chose. Quelqu’un. Un signe ou un signal, sans doute.
Sebastian inspira, retint son souffle face à ce spectacle infiniment triste. Et intérieurement, face à ses propres pensées, il souhaita que la porte se referme.
Le portail diminua spontanément, comme s’il l’avait entendu, jusqu’à disparaître complètement dans l’air. Le sable s’éparpilla, flotta, puis disparu tout simplement.
Chronos était toujours de dos. D’où il était, Sebastian remarqua enfin que ses épaules se soulevaient rapidement et que le bruit de sa respiration trahissait l’effort considérable qu’il venait de faire pour enfermer treize nymphes surpuissantes dans l’au-delà.
Il venait de leur sauver la vie.
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what could it be worse ?
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Apollon, dieu de la divination, des arts, de la lumière.
La poitrine du dieu se soulevait et s'abaissait lourdement à intervalles réguliers, tandis que son regard restait vague et hésitant, ne sachant où s'arrêter. Il balaya le dos du Titan qui était toujours présent, avant de s'attarder sur la silhouette du Marchand de Sable. Que s'était-il passé ? Qu'avaient-ils fait, ensemble, avec la liaison de leur sable comme défense ? La tornade avait balayé les nymphes et avait laissé derrière elle le doute et l'indécision, tandis que le Titan avait seul fait face pour les libérer de la menace où eux avaient péniblement échoué. Quelque chose lui échappait, mais à dire vrai, il s'en fichait. Ce n'était pas ce qui importait. Il avait aidé sa jumelle à se relever, dans l'attente d'une nouvelle déflagration, d'un choc, d'une douleur, d'une attaque qui n'était pas venue. Il serra et desserra ses poings, ses muscles tendus par cette variable inconnue qui résidait encore. Pourquoi ?
Son frère et sa soeur avaient souffert, tandis qu'il tenait encore debout sans mal, et il s'inquiéta de l'état de ses autres compagnons en les observant tour à tour. Quel était le but de tout cela ? Quelle en était la finalité ? Que faisait Chronos à leurs côtés ? Une pression au niveau de sa cheville lui fit baisser la tête, et il dévisagea Michoko qui s'agrippait à lui. Lentement, le dieu s'abaissa pour caresser son pelage avec affection. Le pauvre animal devait avoir eu terriblement peur et il ignorait si il pouvait d'ors et déjà le rassurer. Sa méfiance était acérée, alors que pourtant, l'aura de Chronos ne l'écrasait pas comme il avait l'habitude de le ressentir en sa présence. Il était là, les mégalithes éclairées de leur lueur bleue distinctive, mais il ne bougeait pas et demeurait immobile, comme s'il reprenait des forces.
Tout en se redressant, Apollon perçut alors ce bruit dans l'air, indistinct et brouillé, comme des murmures s'élevant tout autour de lui. Il tourna la tête, incapable d'en distinguer clairement les propos et comprenant simplement qu'ils s'échappaient des roches qui les entouraient. Les sourcils froncés, le Gardien les détailla sans savoir ce qu'elles voulaient communiquer, si seulement c'était ce qu'elles faisaient...
"Quand j'ai créé les âmes, j'ai laissé une empreinte de chacune d'elle a l'emplacement où elles ont vue le jour." s'éleva alors une voix, seulement audible dans sa tête.
Cette soudaine intrusion le fit presque avoir un mouvement de recul, tandis que ses yeux fixaient à présent le dos du Titan qui s'adressait à lui. Le corps tendu, Apollon ne lui offrit aucune réponse, tentant de comprendre qu'elle était la raison de cette échange, quelles étaient ses motivations. Il le savait : cet homme n'avait rien à perdre. Rien du tout. Qu'est-ce qui l'avait poussé à venir à cet instant les... sauver ? Leur accorder un peu plus de Temps ? Qu'est-ce qu'il voulait à présent, en entamant cette conversation discrète avec lui ?
"Tout ce qu'elles étaient. Qu'elles possédaient en elle est gravé dans ces mégalithes." poursuivit-il, le silence continuant de peser autour d'eux.
Apollon observa ces dernières, intrigués par tout ce pouvoir qu'elles semblaient contenir et qui les habitait. Devait-il ignorer cette discussion ou en profiter ? Il n'avait pas la tête à réfléchir à un plan d'attaque, à une logique ou à une raison. Il n'avait pas l'envie de se battre. Pas ici, pas comme ça, et les choses avaient de toute façon changé.
"Vous les avez créé à l'endroit où d'autres les ont torturées..." observa-t-il en répondant par la pensée, ce lieu ne lui ayant jamais inspiré rien de bon. "Pourquoi ces pierres gardent-elles toute cette énergie ? Dans quel but ?"
Il se rappelait encore vivement des cendres de l'Eclair qui avait été la pauvre victime de son impulsivité. Seulement, il résidait en cet endroit bien plus de force qu'il ne pouvait l'imaginer, à l'évidence. Il avait un sens. Une signification. Un but.
"Elles étaient déjà là, ces pierres, comme tu dis. Je n'ai fait que comprendre leur sens et les utiliser, comme l'ont fait certains pour ouvrir des portails entre les mondes." fit observer le Titan, le dieu quant à lui ouvrant la bouche sans dire un mot.
Etait-ce donc grâce à cela qu'Hadès parvenait à passer d'un monde à l'autre ? Il serait Temps qu'il retourne ce frère qui, même sans ses pouvoirs, restait un membre de la famille à part entière à ses yeux. Il y aurait beaucoup à mettre en place, une fois qu'ils seraient tous rentrés... si jamais ils rentraient vraiment.
"Elles conservent une mémoire de tout ce qui est créé. De tout ce qui vie."
Elles possèdent une part de nous... se fit-il la réflexion avec perplexité, en réalisant l'importance d'une telle information si la fin du monde tel qu'ils le connaissaient arrivait.
"Une partie de chacun d'entre vous est conservé dans ces pierres." continua Chronos en évoquant les enfants de Titans. "Ils n'avaient pas conscience de ce qu'ils faisaient à ce moment là. Des portes qu'ils ont ouvert."
Pouvait-on véritablement blâmé leurs géniteurs de ne pas avoir comprit tout ce qu'ils provoquaient ? Non, évidemment, il ne pouvait les juger concernant cela. Mais ils avaient apporté tellement de douleur, de souffrances et d'incompréhension, et maintenant que leurs enfants comprenaient peu à peu certaines choses, ils n'étaient pas là pour les épauler ni les guider, seulement pour les brimer et les critiquer, si ce n'est encore chercher à les tuer. Là était le problème. Apollon ne remettait pas en cause leurs motivations ni leurs pensées, simplement les méthodes utilisées, barbares et lâches.
"Vous partagez votre Savoir par pur altruisme ?" s'inquiéta-t-il alors, presque amusé, sans pouvoir s'en empêcher.
"Elles n'avaient pas besoin de capturer votre essence. Vous êtes liés aux mégalithes depuis le jour où j'ai créé les âmes. Mais elles ne l'ont pas compris. Tout ce qu'elles ont tentés, était inutile. Ces pierres n'ont pas besoin de se charger. Où qu'elles soient, sur chaque point stratégique des univers, elles pourront se lier à n'importe quelle âme quand je l'aurais décidé. Quand je serais prêt." fut la réponse qui lui fut donnée, bien plus complète qu'il n'aurait pu l'espérer.
Alors, les nymphes aussi s'étaient trompées. En dehors de Chronos, en réalité, personne n'avait l'air de savoir dans quoi il se lançait ou ce qu'il faisait. Il avait toutes les cartes en main et tellement d'avance sur eux tous. Il savait. Et rien ne l'arrêterait.
"Je sais qu'on essaye de vous faire croire que j'ai déjà échoué. Que je n'y suis pas arrivé les fois précédentes, et que je n'y arriverais pas ces fois ci. Mais ce ne sont que des visions. Et on ne peut pas se fier à elles. N'est ce pas ?"
Les lèvres du dieu s'étirèrent en un sourire. Bien évidemment, il était le premier à le dire. Quelque chose le dérangeait néanmoins dans ce discours soudain, sans qu'il ne parvienne à définir de quoi il s'agissait. Pourquoi donc le Titan s'expliquait-il de la sorte ? Pourquoi partageait-il autant ? Pourquoi jugeait-il nécessaire de lui dire ces choses dont Apollon avait déjà conscience ?
"Je n'échouerais pas. Le Ragnarok aura lieu, quoi que vous tentiez."
Soudainement alors, le dieu sentit un détail changé, minime, presque imperceptible, comme si un poids s'enlevait de lui. Il n'avait pas remarqué cette présence lors de cette discussion privée avec le Titan, mais elle avait été là pendant leur échange, et s'était évaporée maintenant.
Il cligna des yeux, l'homme toujours présent, le dos tourné. Les lèvres pincées, le regard du dieu passa de nouveau sur le décor mystique où ils se trouvaient, avant de faire un pas. Puis un autre. Et encore. Chacun le menant plus près du Titan. Il n'avait pas peur, étrangement. Il voulait comprendre davantage cet être, et lui faire face.
Cependant, alors qu'il se rapprochait, Chronos tourna juste assez la tête pour se dévoiler de profil, sans que leur regard ne puisse donc se croiser. Son comportement était encore plus énigmatique qu'à l'habitude, dérangeant, inquiétant, d'une manière différente. Qu'est-ce qu'il lui arrivait donc ?
"Je sais que vous vous battrez jusqu'à la mort pour vos convictions." dit-il d'un ton calme. "Je respecte cela. On n'est pas si différent sur ce point. Si ce n'est que je ne peux pas mourir."
Il pointait l'évidence, ce qui ne faisait que conforter le Gardien dans l'étrangeté de la situation. Etait-ce de ça dont il devait se méfier ? De ce qui paraissait réel mais pouvait ne pas l'être ? Evidemment, il restait sur ses gardes, jamais complètement nonchalant. Il finirait par comprendre ce qui clochait.
"Je peux échouer. Mais pas mourir..." répéta-t-il. "A ma place, vous feriez la même chose. Vous tenteriez le tout pour le tout."
Le dieu ressentait un mélange de surprise et de peine. C'était un lourd fardeau à porter, celui de ne jamais pouvoir périr. De ne jamais pouvoir atteindre l'après que tous ceux que cet homme avait pu connaître, par le passé. De ne jamais pouvoir être avec eux. Il tentait du mieux qu'il le pouvait de faire la distinction, entre le Elliot qu'il connaissait et celui qui lui faisait face et qui avait vécu bien trop de choses pour y être comparé. Mais aujourd'hui, ce Titan se justifiait. Et il lui paraissait bien plus fragile qu'à l'accoutumée, de ce point de vue.
"Le Temps a suffisamment saigné. Il y a déjà eu trop de morts. Elle ne peut plus dicter nos pas." ajouta-t-il avec hargne, cette aversion de la Nature n'étonnant plus le dieu.
"Je n'ai jamais prétendu le contraire." fit-il simplement remarquer, conscient qu'il aurait pu être capable de n'importe quoi, lui aussi, pour Artémis, pour sa famille, pour... Cassandre.
"Et ce n'est pas le cas." estima-t-il sans cesser de s'avancer malgré le désir net de Chronos de ne pas se retourner. "Toutes ces choses, le Temps, la Nature, la Mort, l'Amour... elles ne possèdent autant de force et d'emprise que parce qu'on les leur accorde."
Certains en devenaient fous, il en avait la preuve vivante devant lui. Même eux s'acharnaient depuis si longtemps à trouver une logique, une solution, qu'ils ne vivaient plus vraiment pleinement.
"Nous sommes tous dépendants à notre manière de ses puissances qui nous dépassent, mais il ne tient qu'à nous de changer les choses." observa Apollon, se plaçant finalement face à ce Titan solitaire.
Le dieu remarqua clairement le poing de l'homme se serrer, sans parvenir à discerner pour quelle raison. Etait-ce parce qu'il pensait qu'il allait se faire attaquer, ou parce qu'une telle position l'agaçait ou l'énervait ? A moins que ce ne soit parce que cela lui demandait trop d'efforts, de rester ici ? Il aurait pu le demander, poser des questions concernant ce comportement étrange, mais il avait d'autres choses à partager.
"Le Ragnarok arrivera, en effet." confirma le Gardien, d'un ton calme et assuré. "Et il n'échouera pas."
Auparavant, lorsque cette apocalypse était évoquée, Apollon était habité par l'envie viscérale de ne pas la laisser se produire, de la combattre, de tout faire pour que cette finalité ne se produise jamais. Aujourd'hui, son regard commençait à évoluer. Et le poing de Chronos se relâcha tandis qu'ils s'observaient mutuellement. Il n'allait pas s'expliquer avec plus de détails, préférant laisser ce doute planer quant à ses motivations ou sa réelle envie.
"Vigrid. C'est là bas que ça aura lieu." informa le Titan. "C'est à Vigrid que je me tiendrais. Cette plaine nous est assignée."
Il en avait eu tant de visions qu'il n'en était pas surpris. Mais en avoir la confirmation, le savoir de la bouche de ce Titan, rendait les choses plus concrètes. Plus réelles.
Tout comme l'était cette image qui s'imposa à son esprit. Ou plutôt... Il eut l'impression d'être téléporté sur Olympe, soudainement, devant l'Asbru où avait débuté ce voyage. En son coeur, en plein milieu, se trouvait un détail qui n'était pourtant pas présent auparavant. L'épée de Surt y était plantée, enflammée de toute part. Cette scène ne lui fut visible que quelques secondes à peine, avant qu'en clignant des yeux, le dieu soit de nouveau face à Chronos. Il n'avait pas bougé, il était resté ici, il ne s'agissait que d'une vision... ou quelque chose qui était en train de se produire à ce moment même.
"Quand la flamme du passé se sera éteinte, je vous tendrais une nouvelle fois la main. Si vous la prenez, vous vivrez. Si vous la refusez, je ne vous la tendrais plus jamais."
Apollon ne cilla pas, droit et résolu. Jusqu'au moment décisif, l'épée demeurerait donc embrasée. Tout se jouerait au moment où elle s'éteindra. Il faudra choisir, agir, se résigner ou se battre. Faire face. Et il ne serait pas seul, ce Titan, et il était capable de grande choses, ils l'avait prouvé à bien des reprises et aujourd'hui encore. Apollon y voyait là un nouvel objectif. Un nouveau but. Un nouvel Espoir.
"Nous serons prêts." assura le Gardien, tenant sa main sans la moindre once d'hésitation.
Ce n'était pas un geste amical. Quoi que, cela aurait pu l'être, dans d'autres circonstances. Ils auraient pu s'entendre, peut-être, si Chronos n'avait pas déjà été si loin. Si seulement... Il aurait pu lui dire "Ah, au fait, avec Cassie, on a rompu." et le Titan l'aurait soutenu en répondant "Arf. Désolé. Ma fille n'est pas facile à vivre. Tu veux que je te présente quelqu'un ?" ce qui aurait pu émouvoir le dieu, conscient que sa belle-famille ne l'acceptait de toute manière pas vraiment, puisque Chronos aurait forcément commencé une danse de la joie dès qu'il aurait eu le dos tourné... L'absurdité de la scène aurait été à son comble.
Sa main toujours offerte au Titan, Apollon patienta face à l'hésitation de Chronos jusqu'à ce que ce dernier ne vienne la prendre. Sa main à lui était quelque moite, ce fut ce détail que nota le dieu. Encore un fait étrange. Mais ce n'était rien face à la symbolique de ce moment, de ce geste, qui ne dura qu'un instant avant que Chronos ne disparaisse.
L'air n'en changea pas, ni aucun de ses ressentis. Apollon se sentait même... bien. Aussi bien que possible étant donné les circonstances de cette journée et tout ce qu'il avait traversé. Il soupira presque, passant une main dans ses cheveux en relevant sa tête vers ses compagnons dont il aurait comprit l'incompréhension. Et d'ailleurs, tandis qu'il se rapprochait, ce fut Nora qui s'exprima la première, sous le choc :
"Tu es avec lui ?"
Il lui offrit un sourire et ne tarda pas à secouer sa tête de gauche à droite :
"Tu me prends pour qui ?" l'interrogea-t-il, un faux air vexé sur son visage. "Je suis de la Team Armée d'Apollon. Elle porte mon nom, quand même."
Il avait conscience que faire preuve d'autant de détachement n'était pas idéal dans ces conditions et son expression redevint bien vite sérieuse, tandis qu'il penchait quelque peu la tête et qu'il pinçait ses lèvres.
"Seulement... je pensais ce que je disais. On ne peut échapper au Ragnarok. Il doit se produire."
Une fois de nouveau à leur hauteur, il s'était penché pour caresser de nouveau la tête de Michoko, d'une façon tendre et cette fois certain que tout irait bien pour aujourd'hui au moins. Son regard passa alors sur chacun de ses acolytes, tandis qu'il dégageait cette confiance qui lui était propre, tout en était incertain de la manière dont il devait présenter les choses, ou de ce qu'eux penseraient de ce qui lui semblait être la marche à suivre à présent.
"Nous avons tenté pendant des années de le contourner, de l'éviter, mais je pense qu'il est Temps de voir les choses autrement à présent. Nous devons nous adapter. Nous avons plus de ressources que nous l'imaginons. Nous sommes plus nombreux que nous le pensons. Plus forts, aussi." affirma-t-il, certain qu'ils pourraient tous se regrouper comme le lui avait dit Gabriel, et qu'ils pourraient faire de grandes choses à leur tour. "Nous n'avons pas à assister à la Fin de tout en luttant vainement... Il ne sert à rien de fuir l'inévitable, nous devons penser aux conséquences. Pourquoi Chronos devrait être le seul à chercher à construire un avenir qu'il estime meilleur ? Nous pouvons agir, nous aussi."
Il en avait assez de battre les bras dans le vent et que seules des tragédies s'enchaînent. Il y en aurait d'autres. C'était certain. Il le savait, il le ressentait, et il culpabiliserait forcément. Mais ils ne pouvaient être spectateurs de tout ceci.
"Provoquer notre propre Renaissance. C'est notre seule chance." conclu-t-il, avec un regain d'optimisme et d'Espoir qu'ils avaient longtemps cherché.
"Il a raison. Vous devez voir les choses autrement." confirma alors une voix qui s'était élevée soudainement derrière lui et qui le fit tourner lentement la tête.
Oh... Thémis arrivait donc après la bataille ? Il était Temps !
Diane Moon
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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“I love you to the moon and back”
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Artémis la déesse de la chasse et de la lune herself (même si je viens du monde réel)
Thémis...Comme c'était aimable à elle de se joindre a nous, même si pour les réjouissances je craignais qu'elle n'arrive un peu tard. Nous faisions tous peine à voir, Héphaïstos et moi peut-être même plus que les autres d'ailleurs.
- C'est a dire ? Demandais-je tout de même afin d'être certaine d'avoir bien saisit le sens des paroles qu'elle venait de prononcer
« Le Ragnarök est une fatalité. Vous ne pouvez y échapper. Mais il n'est pas obligé que ce soit réalisé par lui.. »
- De toute façon, il n'y a plus le choix. Il y a longtemps que nous avons décidé que le chemin qu'il empruntait n'était pas celui que nous souhaitions suivre pas pour pas. Reste à savoir comment on va s'y prendre. Autrefois, j'aurais dit que nous aurions tout le temps d'y penser. Mais du temps, je crains que ce soit justement ce qui nous fasse défaut.
Apollon avait raison, il n'y avait pas qu'un seul chemin possible, il y en avait d'autres. Si le Ragnarök, était une fatalité, rejoindre Chronos n'était pas nécessairement une obligation. Néanmoins, nous avions passé tellement de temps à nous battre contre des moulins à vent, qu'au final j'avais du mal à distinguer la manière de s'y prendre. Ce n'était après pas comme s'il y avait un manuel intitulé "Le Ragnarök pour les Nuls". De plus, je n'étais pas vraiment en état de réfléchir correctement sur le moment. J'avais déjà des difficultés à parler, alors envisager un quelconque embrillon de plan d'action n'était certainement pas dans mes cordes.
Thémis, sembla le remarquer. Et je ressentis, ce que les autres aussi devaient ressentir : une aura pesante mais également apaisante, en somme une aura titanesque. Ce n'était pas la première fois que je le ressentais, Hypérion entre autre avait déjà utilisé cette méthode par le passé.
« Il n'y a qu'un seul moyen. » Dit-elle d'un air déterminé « Il n'y a qu'un être qui est assez fort et détiens assez de connaissances et de savoirs pour réaliser un tel acte. » Elle eu l'air légèrement absent avant de poursuivre. « Mais il n'est pas encore prêt. Et j'ai bien peur qu'il ne le sera pas assez vite. »
Cela se voyait que tenir ces propos maintenant, d'admettre tout ceci, cela lui faisait mal. Je me gardais néanmoins, de faire remarquer qu'il n'y avait après tout que la vérité qui blessait. Pour ma part, je n'appréciais pas vraiment l'idée que l'on doive encore compter sur Elliot au lieu de lui ficher une paix royal et mérité vu tout ce qu'il avait déjà dût endurer. Je supposais, néanmoins que cela avait du sens, il n'y avait qu'Elliot pour conter eh bien...Elliot.
- Alors, peut-être faut-il commencer à lui faire envisager les choses sous un autre angle
Lui faire comprendre, qu'il y avait une autre possibilité concernant le Ragnarök, que tout n'avait pas à être uniquement selon ce que Chronos avait décidé, que l'on pouvait emprunter un autre chemin.
« C'est à vous de le faire. » Répondit Simple Thémis.
Si je disais que je n'avais pas attendue une réponse de ce genre là, ce serait un mensonge. Je l'avais anticipé, pas besoin de s’appeler Apollon pour la deviner c'était sempiternellement la même rengaine : Débrouillez vous tout seuls.
- Comme toujours répondis-je
Ce n'était ni un reproche, ni une accusation. Encore une fois, comme avec Phobos ce n'était qu'une simple constatation. Nous nous étions toujours débrouillé seuls depuis le début. Que ce soit Atlas, Thémis, Hypérion et j'en passe il ne fallait certainement pas leur demander une quelconque aide. Au fond, nous ne pouvions toujours compter que sur nous-même.
« Je vais vous aider à rentrer »
La discussion semblait close apparemment. Je supposais que nous guérir et nous aider à rentrer, était déjà plus que nous aurions pu en demander.
« Faut pas qu'on parte. Pas tout de suite. On doit...détruire Titania pour rétablir l'équilibre » Intervint Vaiana.
Elle jeta un regard incertain à César, mais son ton ne manquait pas de conviction
- Et tu sais comment est-ce que l'on doit s'y prendre ? Lui demandais-je
« Euh. » Répondit-elle en regardant en direction des mégalithes. « Les Menhirs contiennent beaucoup de puissance. Si on oriente la puissance vers Titania elle fera...Boum »
« Pourquoi détruire Titania ? Qu'est ce que vous tentez de faire en étant ici ? » Intervint Thémis
- Oh vous savez comme d'habitude, essayer de chercher des réponses et au final se retrouver mêlé à des histoires de familles dont on se passerait bien. A l'origine, nous étions partie, parce qu'Hepha avait reforgé le bâton de Nora, il souhaitait pouvoir remonter la piste des sentinelles. Et puis il y a eu César, l'histoire de la fleur les Nymphes, et maintenant on en est là.
J'avais brièvement expliqué la situation tout en haussant les épaules. En fait, si l'on regardait bien c'était toujours un peu ce qui nous arrivait lorsque l'on programmait de rares expédition volontaires. On cherchait des réponses, et au final on se retrouvait au milieu d'histoires familiales qui nous retombaient d'une manière ou d'une autre dessus.
« Pourquoi vouloir remonter la piste des sentinelles? Qu'auraient elles a vous apporter ? »
Cela faisait beaucoup de pourquoi non ?
- Hépha, espérait qu'en remontant la piste des sentinelles, on trouverait de quoi pouvoir faire face à ce qui nous attend de façon inéluctable. En fait, ce n'était pas la seule chose qu'il souhaitait faire, il pensais également que cela pourrait avoir un lien avec les armes divines en notre possession.
« Ce ne sont que des outils. Ils ne sont même pas sensé servir dans un combat »
Tiens. Thémis, ne semblait pas au courant pour les armes divines. Je l'aurais cru, étant donné que Hypérion lui le savait. Mais en même temps...Gaïa et Hypérion semblaient partager beaucoup de secrets qu'ils n'avaient pas nécessairement confié au reste de leur fratrie.
- Nous avons ou plutôt avions, cinq armes en nôtre possession, confié à cinq d'entre nous : Un éclair pour Zeus, un Trident pour Poséidon, une Épée pour Arès, un Marteau pour Héphaïstos et une Fourche pour Hadès. Je ne connais pas tous les détails, je sais juste qu'elles ont manifestement été fabriqués à Atlantis et que selon Hypérion, elles étaient mal utilisé. Quoi qu'il en soit, en réparant la fourche, Hépha a trouvé quelque chose, qui serait manifestement lié au bâton de Nora, et c'est ce qui a conduit à cette expédition.
Thémis sembla réfléchir. Peut-être qu'avec une de ces armes en main, elle y verrait plus clair. Néanmoins, nous n'avions plus l'éclair quant à la fourche et au trident, ils étaient resté je supposais dans le Tartare à l’abri dans la forge d'Héphaïstos
- Les armes sont resté sur Olympe, pour la plupart mais on a le bâton de Nora si cela vous intéresse Dis-je en désignant l'arme en question qui se trouvait entre les mains de notre chef d'expédition avec le pouce.
Ce dernier le lui tendis, et la titanide le prit en main pour l'inspecter. Elle parut néanmoins sceptique, attendant peut-être de sentir quelque chose de particulier. En tout cas si c'était le cas, son visage ne laissait rien paraître
Vous sentez quelque chose? » Demanda Nora
Elle sembla immédiatement s'en vouloir d'avoir prit la parole. Thémis, la regarda avant de reporter son attention sur moi, et de me donner le bâton
« Ce ne sont que des armes ordinaires. Mais elles semblent attendre quelque chose de celui ou celle qui la détiens. »
Donc elle avait bien ressentie quelque chose. Mais lorsqu'elle disait que les armes semblaient attendre quelque chose de celui ou celle les détenant, parlait-elle de leurs propriétaires ? Et si c'était le cas, de leur propriétaire d'origine ? Parce que si c'était le cas, hormis le bâton de Nora, la Fourche et le Marteau, cela risquait d'être un peu compliqué.
« Pourquoi pensez vous que les sentinelles pourraient vous aider ? Quel rapport avec Titania si ces armes ont été forgés ailleurs ? Les sentinelles avaient un pouvoir émanent de la cite. Ils n'étaient que des instruments de l’empire. Des protecteurs . Sans la cité leur pouvoir n'est pas alimenté. »
Elle sembla finalement comprendre quelque chose :
« Vous pensez qu'en détruisant Titania vous pourriez alimenter ces armes ? Ca serait tout l'inverse. Attend...»
« Titania brûlera pour l'éternité si elle explose. C'est un soleil. Vous le savez bien !» La coupa César
Rien que pour avoir le cran de couper la parole à un titan, il remontait sérieusement dans mon estime. Thémis quant à elle, ne semblait pas très enthousiaste à cette idée néanmoins, elle semblait également être en train de se poser des questions quant à la potentielle réalisation de ce projet
- Vous pensez que c'est faisable ?
« C'est... compliqué... On ne fait pas exploser une planète aussi simplement » Elle regarda les pierres et ajouta Elles ont l'air de contenir un grand pouvoir en elles. Je n'en avais jamais vue briller de la sorte »
- Les Nymphes ont généreusement pompés notre énergie afin de les activer. Ajoutais-je non sans une légère pointe de sarcasme.
Elle avait peut-être guérit nos blessures, à l'aide de son aura, néanmoins je n'avais pas vraiment apprécié de me retrouver aussi démunie et affaiblit. J'admettais un peu grincheusement tout de même, que nous ne pouvions pas vraiment en tenir à rigueur à Thémis lorsqu'il s'agissait des Nymphes, étant donné qu'Hadès était le fils de Pan.
« Vous comprenez que c'est une image ? Elle n'explosera pas vraiment » Répondit la titanide
César sembla immédiatement déçus tandis-que je me contentais de hausser un sourcil dans sa direction. Il était un peu étrange. Qui se réjouirait de faire exploser une planète ?