« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
ft. Nora, Hephaïstos, Alexis, Sebastian, Diane et Apollon
Après le départ de Hephaïstos, Violette n’avait pas réussi à se concentrer de nouveau pour travailler. Elle s’était laissée tomber contre le dossier de sa chaise. Beaucoup de sentiments se mêlaient dans l’esprit de Violette. Elle était excitée à l’idée de se rendre dans un lieu inconnu et de participer à la tentative de sauver le monde, encore une fois. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de stresser. De toute façon, stresser était normal. Seuls les suicidaires et les fous ne stressaient pas lorsqu’ils risquaient leur vie. Alors même si Violette avait immédiatement accepté, enfin avait quelque peu obligé sa participation à l’aventure, elle commençait à se demander ce qu’elle avait foutu. Alors oui, sauver le monde c’est ce qu’elle savait faire de mieux. Mais se confronter à quelque chose qui relevait du divin, elle n’avait pas forcément l’habitude. Alors elle avait quelques sueurs froides. Néanmoins, elle ne pouvait pas faire marche arrière. Elle n’en avait pas envie de toute façon. S’il y avait un moyen de sauver leur monde, alors Violette voulait en être.
Mais une mission de cette envergure demandait un minimum de préparation, alors Violette avait plié ses quelques dossiers et fermé son ordinateur. Elle s’était levée d’un bond et avait remis son manteau sur les épaules. Direction la maison des Parr. Avec le salaire de misère, elle n’arrivait toujours pas à garder de côté pour prendre son indépendance avec sa meilleure amie Lagertha. Alors elle avait toujours sa chambre là-bas. C’est là-bas qu’elle se rendit afin de préparer un sac. Ne pas trop emporter. Prendre le nécessaire. La jeune femme prit des vêtements de rechange, une bouteille d’eau d’1,5L, une lampe torche, plusieurs barres énergisantes. Elle prit également un pull, en cas de froid. Techniquement, son sac était prêt et elle espérait n’avoir rien oublié.
Il était désormais temps d’aller prévenir certaines personnes. Malheureusement, elle allait devoir faire un choix. Sa famille n’était pas à la maison mais elle n’avait pas le temps de les attendre. Il restait environ 1H avant l’heure de rendez-vous. Elle n’aurait pas non plus le temps d’avertir ses amis et elle espérait qu’ils ne lui en voudraient pas. La jeune femme prit une feuille et commença à écrire un petit mot pour avertir sa famille qu’elle était partie en mission. Ils n’avaient pas besoin d’en savoir plus. Elle leur raconterait tout plus tard, à son retour….si le monde tournait toujours !
Une fois le mot fait, Violette mit son sac sur l’épaule et partit de la maison. Elle alla vers le zoo, là où il y avait des gardes olympiens. Elle s’adressa à eux.
« Je dois me rendre à Olympe. Entraînement avec Cookie. »
Officiellement, c’était l’heure pour l’entraînement avec Cookie. Mais cette fois-ci, elle n’irait pas. En 2 mois d’entraînement, elle allait louper pour une fois une séance. Le garde ne posa pas trop de question. De toute façon il commençait à avoir l’habitude puisque c’était toujours eux qui emmenaient Violette ou Dyson.
En quelques secondes, Violette se trouva à Olympe, dans le gymnase de Cookie. L’entraineur officiel était en plein combat contre Dyson. Ils étaient sur le point de finir le combat. Un match nul à première vue. Dyson s’était retourné vers Violette et la regardait surpris.
« Tiens, pas d’entraînement aujourd’hui ? »
En effet, la plupart du temps, lorsqu’elle rejoignait le gymnase, elle était déjà en tenue de sport…ce qui n’était absolument pas le cas actuellement.
« Non désolée. Je viens justement vous prévenir. Et je n’ai pas pu le faire avant. »
La brune adressa un sourire à Cookie, qui était resté en retrait ainsi qu’à Dyson qui avançait vers elle.
« Je vais accompagner Hephaïstos et d’autres dans son expédition pour Titania. Je me suis dit que tu auras aimé qu’un membre de la Magic League se joigne aux divins. Donc je me suis légèrement imposée à eux. » expliqua-t-elle en mimant le légèrement avec son pouce et son index. « J’aime tes initiatives ! Je te l’aurais sûrement demandé si tu n’y étais pas ! » commença Dyson tout en essayant sa sueur avec une serviette, avant de marquer une pause et de rajouter. « Je t’ordonne une chose cependant en tant que chef. »
Son ton était ferme. Et Violette n’aimait pas réellement ça. Cela se voyait puisqu’elle fronçait les sourcils.
« Fais attention à toi s’il te plaît, d’accord ? »
Le visage de Violette devint plus doux à l’écoute de sa requête.
« C’est promis ! Je ferais honneur à la Magic League ! » « Mais je n’en ai jamais douté ! Va montrer à Chronos que même les mortels font peur ! » dit-il en souriant « J’espère que ça ira bien. Je ne connais pas les gens avec qui je pars. »
Violette savait parfaitement que la composition d’une équipe jouait un rôle essentiel dans la réussite ou non d’une mission. Et il était donc légitime de se demander si Violette avait réellement sa place dans l’équipe et surtout qui allaient être ses compagnons d’aventure. Le visage de Dyson semblait être rassurant.
« La dernière fois que tu es partie avec des gens que tu ne connaissais pas et en qui tu as quand dû avoir confiance…c’était moi, et mon équipe. Et ensemble, on a libéré ton monde du Joker. Alors je suis sûr que ça ira aussi. »
L’évocation de leur première mission ensemble lui fit remonter beaucoup de souvenir qui la firent sourire.
« Tu marques un point. D’ailleurs, merci d’avoir été là. Je ne sais pas si je t'avais remercié. Mais merci. Merci d'avoir sauvé mon monde, merci d'être venu au secours de ma famille, merci pour tout. »
Cela ressemblait à des adieux, comme si c’était la dernière fois qu’elle voyait Dyson. Violette espérait que non, mais il fallait se rendre à l’évidence qu’elle allait sans doute affronter des choses plus difficile qu’avant. Les choses divines n’étant pas sa spécialité, Violette se doutait que la difficulté serait plus grande. Héphaïstos lui-même avait averti que cela allait être très dangereux.
« Pas de ça entre nous voyons, pas besoin de me remercier ! Va tout déchirer avec ces dieux et reviens là que je puisse te remercier ensuite. »
Il avait réellement le don de savoir parler aux autres, de leur donner de l’espoir. Et c’était pour ça qu’elle l’adorait. Alors tout naturellement, Violette le prit dans les bras.
« Je te raconterais tout à mon retour ! » lui murmura-t-elle « J’y compte bien ! »
Violette se sépara de Dyson puis lui adressa un petit signe de la main avant de tourner les talons. Il était temps…temps d’aller vers l’Asbru. Ce qui était bien c’est qu’elle était déjà à Olympe. Alors elle n’avait pas un long chemin à parcourir pour se rendre au point de rendez-vous. En s’y rendant, elle remarqua que d’autres personnes prenaient le même chemin qu’elle, dont Diane et Alexis. Les revoir fit sourire la brune mais ce n’était pas le moment de fêter des retrouvailles. Ils devaient désormais ouvrir l’Asbru pour se rendre à Titania. Mais tout ne se passa pas comme prévu. Rien ne se produisit, malgré la présence de Nora, malgré son bâton et malgré le livre.
Mais Violette ne savait pas ce qui était le pire dans ce qui allait suivre. Que Hepha demande à Violette et Nora d’aller voir Socrate ? Ou qu’il l’a mette en binôme avec Nora ? Ou encore qu’il ne sache pas décoder ce que Socrate avait noté dans son livre. C’était bien la peine de lui emprunter. Néanmoins, Violette garda tout ceci pour elle. Ne pas faire de sarcasme. Elle était une novice dans les expéditions divines et elle n’avait pas réellement envie de mal se faire voir. Alors Violette hocha la tête lorsqu’on lui demanda d’aller voir Socrate en compagnie de Nora.
« On va tenter d’en savoir plus. »
Elles s’y rendirent donc à pied, la bibliothèque ne se trouvant pas bien loin de l’Asbru. Sur la route, Violette voulut faire le premier pas vers une réconciliation entre Nora et elle. Elle s’adressa alors à elle, en pleine marche.
« Excuse-moi pour mon comportement de toute à l'heure. Pour l'heure, je pense que ça serait plus intelligent de mettre nos histoires de côtés et qu'on s'entraide. »
La surprise se lisait sur le visage de Nora. Mais elle ne répondit rien, se contentant d’hocher la tête. Arrivées devant les portes, les deux brunes s’arrêtèrent et Nora se fit enfin entendre.
« Socrate est très susceptible, mais on peut y arriver… » expliqua-t-elle avant de faire une petite moue. « Si on avait eu des lasagnes au saumon à lui donner, ça aurait été plus simple… » rajouta-t-elle avant d’ordonner : « Laisse-moi parler la première. » « Ca marche. Après tout, tu le connais bien plus que moi. » acquiesça-t-elle avant de regarder autour d’elle. « Oui….pas de lasagne au saumon dans le coin, c’est bien dommage. »
Elle fit mine de réfléchir.
« Mais les divins peuvent pas faire apparaître des choses quand ils le veulent ? »
Nora secoua négativement la tête.
« Je ne suis pas comme eux. Je ne peux pas faire apparaître quoi que ce soit. Et je n’ai pas ça dans mon sac à dos non plus. » « Dommage. Ça aurait pu être utile là ! » « On ne devrait pas lui parler du livre » ajouta Nora avant d’entrer dans la bibliothèque.
Violette se contenta d’hocher la tête. Elle suivit Nora et quelques secondes après, elles tombèrent sur Socrate en train de ranger une étagère. « Socrate. Bonjour. » « Bonjour Socrate ! »
Le gardien de la bibliothèque tourna la tête vers les jeunes femmes, sceptique. « Bon…jour. »
Et c’est à ce moment-là que débuta le plus long échange de regard silencieux. Il observa d’abord Violette puis Nora, revenant alors à tour de rôle sur chacune des deux brunes. Violette, quant à elle, fixa tout d’abord Nora, attendant vivement qu’elle prenne la parole. Mais elle ne fit rien. Alors Violette posa son regard sur Socrate, espérant qu’il brise la glace, qu’il soit le premier à parler. Car apparemment, Violette ne devait pas s’exprimer en premier. Mais là, personne ne le faisait. Et son regard se perdait aussi sur les deux, tel un ping-pong interminable.
« Quelqu’un est mort ? » demanda Socrate. « Qu’est-ce que Apple a encore cassée ? » ajouta-t-il en plissant les yeux.
Violette posa une dernière fois le regard sur Nora, cette fois-ci en fronçant les sourcils. Elle n’arrivait plus à se retenir. Si elle ne parlait pas, Violette allait le faire à sa place. Elle sautillait carrément d’impatience tellement elle tentait de se contenir. Mais finalement, c’était trop dur. Et Violette ne respecta pas la demande de Nora.
« T’abuses Nora ! »
Oui, autant prendre les devants et rejeter la faute sur elle. Après tout, si elle avait envie de parler en premier, elle avait largement eu le temps de le faire ! Violette se tourna alors vers Socrate, un sourcil arqué.
« Non. Personne n'est mort. Pourquoi ? Tu aimerais que ça arrive ? » commença-t-elle avant d’hocher négativement la tête. « J'ai pas vu Apple depuis tellement longtemps...Alors nope. »
Puis Violette adressa un nouveau regard à Nora, mais celui-ci bien différent de ceux qu’elle lui avait adressé avant. Là, il était rempli d’excuse car elle allait expliquer à sa manière la situation.
« Bon. On a besoin de toi, de ton aide. Ca concerne l’Arbuste. Je crois que ça se nomme comme ça. Ou alors c’est un truc de ce genre ! » « Asbru. » soupira Nora qui semblait prendre sur elle. « On a besoin d’ouvrir l’Asbru pour nous rendre à Titania. Et on ne sait pas comment faire. Héphaïstos a tenté avec le…avec mon bâton. Pas celui-ci….Mais celui que m’a confié Aeon à l’époque. Il pense qu'il est capable de générer suffisamment de puissance pour que l'Asbru s'ouvre. »
Nora s’arrêta dans ses explications. Socrate la fixa puis fixa Violette. Il y eu quelques instants de silence et de visage neutre avant que Socrate ne se mette à sourire.
« Vous êtes sérieuses ? Je ne sais pas qui vous conseille en ouverture de portes qui voyage à travers le Temps et l'Espace, mais cette personne est totalement incompétente et ne connait pas du tout l'Asbru ! »
Dommage. C’était pourtant lui et ses notes sur le livre. Se fichait-il de leur tête ? Violette n’en savait rien. Mais elle remarqua qu’il semblait hésiter. Il marmonna une question à lui-même avant de la poser aux deux brunes.
« Qui vous a dit comment faire ? »
Fixant intensément Nora, il attendait une réponse de pied ferme. Et puisque cette dernière fit la muette, Socrate fixa intensément Violette, ce qui la rendit extrêmement mal à l’aise.
« Arrête de me regarder comme ça, je suis pas un plat de lasagne au saumon ! » commença-t-elle avant de tenter de contourner sa question. « Justement, on a besoin d'une personne compétente. TOI ! Et il y a évidemment une récompense à la clé. 1 an de lasagne au saumon, gratuit, si le monde n'a pas disparu entre temps. »
Violette fit une tête de chien battue.
« Allez, aide-nous, s’il te plait ! »
Socrate secoua la tête.
« J'ai tout ce qu'il me faut, merci. » répondit-il en souriant. « Pourquoi vous tentez tant que ça à partir ? C'est un voyage inutile et suicidaire. S’il y avait quelque chose à Titania, les Titans y seraient déjà allés. Même si pour certains, les excés sont plus importants que tout le reste. » « On sait que les Racines peuvent aider à ouvrir l'Asbru. Mais on ne sait pas comment s'y prendre. Aide nous s'il te plait. »
Socrate était sur la bonne voie pour les aider. Il avait ouvert la bouche…mais il plissa à nouveau les yeux.
« Vous ne sauriez pas au courant de quelque chose que j'ignore ? » demanda-t-il avant d’ajouter : « Comme par exemple quelque chose qui ne serait pas à sa place et dont je n'arrive pas à mettre la main dessus, croyant que je l'avais oublié quelque part et qu'en réalité... »
Nora regarda ailleurs, comprenant parfaitement qu’il parlait du livre.
« JE LE SAVAIS ! Vous êtes entré chez moi ! Vous m'avez pris mon livre ! C'est donc vous ??? Et vous voulez que je vous aide ?? » s’indigna Socrate « N'importe quoi ! On est complètement innocente, hein Nora ?! Tu accuses sans preuve ! On peut même pas se rendre sur Olympe comme ça. Enfin moi en tout cas je peux pas. Alors calmos. J'ai rien volé. » « Vous êtes ici, c’est que vous pouvez…Je savais que je ne pouvais pas faire confiance à qui que ce soit. Même à ma colocataire ! Pour la peine, je ne te laisserai plus utiliser mon coussin ! »
Violette fronça les sourcils, ne comprenant pas pourquoi un coussin venait dans la conversation. Et elle ne préférait même pas imaginait pourquoi Nora utilisait le coussin de Socrate. Mais qu’importe, pour l’instant il fallait venir au secours de Nora.
« Mais arrête Socrate ! Tu vois bien que Nora se sent mal. Je suis persuadée qu'elle n'a rien fait non plus. On a vraiment besoin de ton aide ! » « Ce n'est pas nous. Mais oui, on l'a vue. Et on a un vrai problème à régler pour le moment. » ajouta-t-elle en fixant Socrate qui semblait hésiter. « Héphaistos te le rendra. C'est promis. »
Socrate semblait sous le choc de la nouvelle. Apparemment il ne s’attendait pas à ce que ce soit un dieu qui lui ait volé son livre. Pourquoi pas après tout ? Olympe n’était-il pas le lieu de référence des dieux ? Pour sa part, Violette, elle, était plutôt choquée que Nora vende aussi vite la mèche. Ce n’était pas très sympa pour Hepha’ !
« Tu vois. On y était pour rien nous. Hepha avait certainement ses raisons pour te l'emprunter. Peut-être pour tenter de ne pas subir la fin du monde. Alors t'inquiète pas. Il te le rendra ton livre. Du moins, il le pourra que si on parvient à aller à Titania. Car ça m'étonnerait que dans la fin du monde tu puisses emmener tes lasagnes au saumon et ton précieux livre. »
Socrate secoua la tête, une nouvelle fois.
« Quelle importance de voler un livre si on ne sait même pas le lire ? Ce sont des notes précieuses. Si il a la moindre égratignure, c'est à vous deux que j'en voudrais, et personnellement. » menaça-t-il en les pointant du doigt à tour de rôle. « On n'ouvre pas l'Asbru comme ça. Il faut le bâton d'Heimbdall ou... » Il observa le bâton que Nora avait dans les mains. « Pourquoi il pense que ce bâton est capable d'ouvrir l'Asbru ? Ce n'est qu'un bâton. » « Ce n'est pas celui-là, c'est celui que Aeon m'a donné. C'est un bâton de Sentinelle » « Hum... » pensa Socrate « …de toute façon l'Asbru puise sa force dans la Cité. Mais sans un conducteur, ça ne peut pas marcher. Heimbdall était lié à l'Asbru. Il n'y a personne de semblable à lui à notre époque. Votre voyage n'aboutira jamais » « Tu t'attaques vraiment aux mauvaises personnes. Nous, on est sympa et toi tu nous menaces. » commença Violette en mettant ses deux mains en l’air. « Il n'existe aucune personne comme ce Heimbdall ? Hepha a tenté de déchiffrer ce que tu as écrit. Une sentinelle pourrait remplacer ce Heimbdall ? Il a parlé de "racine" aussi. Apparemment, Nora est une racine. Si j'ai bien tout compris. Donc elle peut l'ouvrir non ? »
A vrai dire, Violette ne savait pas trop de quoi elle parlait…Elle répétait simplement ce qu’elle avait entendu de la bouche de Héphaïstos.
« Elle pourrait, mais non. » répondit Socrate sceptique, rendant Nora vexée. « Tu as tout ce qu'il faut pour être ce que tu es censée devenir, mais tu ne l'utilises pas. Et tu n'en as même pas conscience. Peut-être pour cela d'ailleurs que tu n'y arrives pas. En tout cas, si vous avez besoin de partir dans l'immédiat, il vous faudra quelqu'un d'autre. Mais elle n'acceptera jamais. Et de toute façon, elle est partie. »
Violette compatissait à la pauvre Nora qui s’en prenait plein la figure par Socrate. Mais ce qu’il venait de dire résonna dans la tête de la jeune femme.
« Attends, tu es entrain de dire que d’autres personnes en sont capable ? Qui ? » « On parle de racine avec un S comme Socrate. » se moqua le chat avant de soupirer. « J’ai surpris une conversation d’Hypérion où il évoquait les racines et la source de leur pouvoir. Et pour lui la seule qui maître son don est quelque part ailleurs qu’ici. » Il marqua une courte pause. « C’est peut-être votre seule chance d’ouvrir l’Asbru. Enfin si elle veut bien car elle n’est pas facile à vivre. »
De qui parlait-il ? « Tu la connais ? » demanda Nora « Bien sûr. Elle est actuellement à Seattle. »
Nora ouvrit la bouche afin de demander sans doute d’autres informations à Socrate mais ce dernier lui coupa la parole.
« Et non, je ne viendrais pas avec vous. Si vous avez besoin d’elle, c’est à vous de la convaincre. » « Son prénom ? Qu’on sache au moins comment la nommer. » « Nora la connaît. Elle la reconnaîtra une fois là-bas. »
Nora semblait surprise.
« Je vais vous noter une adresse. »
Il prit un bout de papier sur un bureau non loin d’eux et griffonna dessus, notant l’adresse dessus.
« Oh et si mes infos sont bonnes sur la composition de votre petit groupe, prenez Alexis et Apollon avec vous. Maintenant j’ai à faire. Zou. Dehors. » « Il faut vraiment que quelqu’un lui donne des cours de politesse. »
Et c’est sur ces bonnes paroles et avec l’adresse à la main que les deux brunes partirent en direction du groupe et donc de l’Asbru.
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| Conte : Hercule ϟ | Dans le monde des contes, je suis : : ☣ Intrigue divine ☣ Originaire de Vigrid. ϟ
Je voulais me montrer catégorique, intransigeante. Il ne pouvait pas venir avec.
Depuis le tout premier Noël, où Robyn me l'avait offert, Michoko s'était toujours montré très respectueux. Il obéissait, même si il lui arrivait quelque fois de faire des caprices. J'ignorais quel âge il pouvait avoir. Et on ne connaissait rien sur son espèce. A dire vrai, je ne savais même pas de quelle espèce il provenait. Elliot avait parlé d'un Mogwai. Mais en dehors de m'avoir conseillé de voir un film s'intitulant Gremlins, il ne m'avait rien appris de plus. Selon lui, Michoko venait du monde des contes, et pour x raisons, lors de la malédiction, il n'avait pas changé d'apparence, restant un animal.
Michoko était bien plus qu'un simple animal de compagnie. C'était un compagnon de route et un ami. Il dormait le soir dans une petite boite à chaussures qui se tenait à côté de mon lit. Je l'avais aménagé avec des morceaux de tissus que j'avais cousus entre eux, et un petit oreiller. Il s'y était toujours sentis à l'aise. Ou du moins, il en avait toujours donné l'impression. J'avais remarqué au fil des mois, que mon Mogwai sommeillait par intermittence. Il ouvrait toujours les yeux quand je le regardais, et il se réveillait toujours en même temps que moi.
Il aimait beaucoup musarder un instant parmi les livres que Jules me prêtait. Ils avaient une odeur de renfermé, ancienne, qui lui plaisait beaucoup. Il appréciait de manger. Que ce soit les bananes séchés, qui étaient son plat préféré, ou toute autre chose qu'on voulait bien lui donner. Et il reconnaissait facilement les personnes qui l'entouraient.
Michoko était capable de parler. Mais il ne prononçait que quelques syllabes. Pour Jules, il l'appelait "Ul". Quand à Robyn, c'était "Byn". Ou pour les bananes, dès qu'il avait faim, c'était un "Nan" qu'il prononçait. Moi j'étais "Nono". Il savait qu'il pouvait avoir confiance en moi, et que je pouvais avoir confiance en lui. C'était pour cette raison, que pendant que je préparais mon sac à dos pour le départ à Titania, je lui avais dit non. Il n'était pas question qu'il vienne avec, car ce voyage pourrait être bien trop imprévisible et dangereux. Je ne voulais pas qu'il lui arrive quoi que ce soit.
« Pourquoi tu ne veux pas qu'il t'accompagne ? » me demanda la jeune femme qui se tenait dans l’embrasure de la porte.
Je m'étais tourné dans sa direction. Qu'est ce que Eurus faisait ici ?
« C'est dangereux pour lui. » me contentais-je de lui répondre.
« C'est dangereux pour toi aussi. » me fit-elle remarquer.
Elle marquait un point. Mais je pouvais accepter de prendre des risques. Ce qui m'était impossible, c'était de faire prendre des risques aux gens que j'aimais.
« Ca n'est pas la même chose. » lui dis-je. « Michoko sera bien plus en sécurité ici, qu'avec moi. Et Apple a déjà accepté de le garder en mon absence. »
Elle grimaca. Apple était compliquée à vivre, mais on pouvait lui faire confiance. Je fixais Eurus qui venait de prendre une aiguille à tricoter sur le meuble à côté de l'entrée. Elle l'observa quelques instants.
« Tu vas réparer le ciel ? » me surprit-elle à répondre.
« On va essayer... » murmurais-je.
Elle eu un petit rictus sans cesser d'observer l'aiguille.
« Je sais que tu vas réussir. Fait pas ta modeste. »
Elle me regarda avec douceur et conviction. Je me sentais un peu mal là, préférant détacher mon regard d'elle. Eurus posa l'aiguille là où elle l'avait trouvée. Elle tapota des doigts contre le meuble.
« C'est dans ta nature. Tu es une aventurière. »
« Je dois y aller. » précisais-je en jetant un coup d'oeil vers mon sac qui était fin prêt.
« Nono ??? T'as vue le démêlant pour les cheveux ? » hurla Apple de la salle de bain.
J'avais levé les yeux au ciel, avant de rejoindre la jeune femme et de l'aider dans sa recherche du démêlant que j'avais juste emprunté. Puis, revenant quelques instants après dans ma chambre, je trouvais Eurus sur le pas de la porte, avec mon baton dans une main et mon sac à dos dans l'autre. Elle me les tendit. Je mis le sac à dos, qui fit sourire la jeune femme, avant de prendre mon bâton.
« Quoi ? » lui demandais-je.
Pourquoi elle souriait ?
« Rien. » se contenta t'elle de répondre, avec toujours le même sourire.
Je tournais le dos afin de partir. Mais l'espace d'un instant, une pensée effleura mon esprit. J'étais une aventurière. Je partais en quête de quelque chose que je n'étais pas sûre de trouver. Peut-être même que je ne reviendrais pas. Et si on ne se revoyait plus jamais ? Et puis, je n'avais pas dit au revoir à Michoko. Me tournant vers ma chambre, je fis face à Eurus qui venait de passer ses bras autour de moi. Je n'eus pas le mouvement de recule que je pensais avoir. A dire vrai, je restais simplement figée, surprise par cet élan d'affection de la part de la jeune femme. Inexplicablement, mes mains vinrent se poser dans son dos.
« Fais bien attention à toi. » murmura mon amie.
Je n'avais plus pensé à Michoko. Et je m'en voudrais surement d'avoir oublié de lui dire au revoir. J'avais simplement quitté l'éteinte, un peu perturbée, et je m'étais mise en route jusqu'au point où le garde olympien m'attendait, afin de me conduire jusqu'à l'Asbru.
Aujourd'hui...
On venait de quitter la bibliothèque, mon sac à dos sur le dos, et mon bâton dans ma main. Je m'étais posé la question de si je devais récupérer mon premier bâton, ou si je devais garder celui ci. A dire vrai, pour moi, mon bâton offert par Aeon avait été détruit. Celui ci, que m'avait fait Apollon, était devenu mon véritable bâton. Et puis, il avait lui aussi quelque chose d'affectif. Je ne voulais pas m'en séparer. Le premier avait fait son Temps.
De retour près du groupe, on leur avait dit avec Violette ce que Socrate nous avait appris. On devait se mettre en route pour Seattle, convaincre une jeune femme de nous aider dans notre quête, et trouver le moyen de sauver le monde, une fois encore.
J'ignorais qui on allait rencontrer, jusqu'où tout ça nous conduirait, mais on avait quelque chose à accomplir, et j'aiderais le groupe du mieux que je le pourrais. Quelle que soit notre destinée, on irait jusqu'au bout.
Héphaistos avait parlé de quelque chose qu'il souhaitait faire le temps qu'on se rendrait à Seattle. Il comptait prendre Diane et Sebastian avec lui. Quant à Apollon, il avait pris la tête de notre expédition, téléportant par la même occasion Alexis, Violette et moi même jusqu'à cette ville que je ne connaissais pas.
La nuit était déjà tombée et j'ignorais ce qu'on allait trouver ici. L'immeuble qui se tenait devant nous était totalement désaffecté. Est ce que Socrate ne s'était pas trompé d'adresse ? Qui pouvait bien vivre ici ?
Sebastian Dust
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From Gold to Grave Who's making the Sandmandream ?
| Conte : Les 5 Légendes. | Dans le monde des contes, je suis : : Le Mαrchαnd de Sαble ϟ Archeron.
« Il est évident que nous nous précipitons vers quelque entraînante découverte, quelque incommunicable secret dont la connaissance implique la mort. »
Tout se déroulait toujours extrêmement vite lorsqu’il y avait des divinités dans l’histoire. A peine avaient-ils eu le temps de constater de l’inefficacité du bâton à ouvrir l’accès jusqu’à Titania, que les deux jeunes femmes avaient disparues… Pour ensuite mieux revenir avec de nouvelles informations. Il ne fallut que quelques minutes supplémentaires pour qu’elles exposent la solution proposée par Socrate et, dans un claquement de doigts silencieux et une téléportation plus tard… Sebastian se retrouva en simple tête-à-tête avec le dieu de la forge. Se passant une main dans les cheveux, le gardien observa la nuit tombée tout autour d’eux et poussa un léger soupir. Le chat de bibliothèque n’avait pas conseillé sa présence auprès des autres et il ignorait pourquoi ; l’ennui, c’est que plus les secondes s’égrainaient et plus il avait l’impression d’être complètement à côté de la plaque. Ou inutile, ça dépendait du point de vue.
Pourquoi avait-il accepté de suivre Alexis et toute cette aventure, déjà ? Ah oui : parce qu’on le lui avait demandé et parce que la perspective d’une fin du monde ne l’enchantait pas exactement des masses. Quitte à chasser quotidiennement les cauchemars, autant s’attaquer au plus gros d’entre eux. L’ennui était que leur point d’accès à la « source » possible de cette catastrophe en devenir semblait manquer de carburant ou d’énergie divine, quelque chose comme ça. Dans ses souvenirs, Heimdall avait été capable d’activer l’Asbru et d’envoyer un message ; mais ils avaient eu besoin de plusieurs jours et des tours de garde de surveillance pour cela. Ça avait été sa première – et non pas des moindres – rencontre avec la déesse Aphrodite, suivi de la découverte de Phobos sur la lune.
Autant dire que les perspectives d’avenir n’étaient pas des plus resplendissantes… Pourtant, Sebastian voulait bien croire que c’était leur meilleure chance de, peut-être, trouver une explication à cette lune flottante dans le vide. On ne devait jamais arrêter une initiative, encore moins lorsque cette dernière semblait être la dernière chance d’une humanité rêveuse d’idéal et de toutes les autres créatures peuplant leur planète. Serrant légèrement le poing pour se donner du courage, le Marchand de sable inspira longuement et se promit de tout faire pour se montrer à la hauteur de cette expédition !
Même se priver de goûter et sauter le dîner s'il le fallait !
« Si nous devons attendre... peut-être devrions nous réfléchir sur les autres pistes sur lesquelles j'ai réfléchi. »
L’interpella la voix d’Héphaïstos. Haussant un sourcil de surprise lorsque le dieu se tourna dans sa direction, Sebastian pencha la tête sur le côté d’un air curieux.
« Le Marchand de Sable est un expert en sommeil, n'est-ce pas ? »
Apparaissant juste à côté de l’épaule du gardien, un petit personnage de sable croisa les bras et hocha plusieurs fois la tête d’un air décidé. Sab esquissa un petit sourire amusé à l’attention de l’apparition.
« Vous avez une idée avec le monde du sommeil et des songes ? »
« Connaissez-vous les armes divines ? J'ai eu l'occasion de travailler sur le Trident de Poseidon, et la Fourche d'Hadès, pour me rendre compte qu'elles étaient en sommeil. Le bâton de Nora, un bâton de Sentinelles, aussi. Et j'aimerais réussir à les réveiller. Mais je pense qu'il y a bien plus que ça. Je pense que nous même, sommes en sommeil sans même le savoir. »
Sebastian porta une main à sa tempe et pencher la tête sur le côté. Les armes divines étaient une chose qu’il avait déjà entendu, même s’il n’était pas familier de leur utilisation ; des objets qui pouvaient dormir, pourquoi pas ? Aster avait bien des œufs qui pouvaient marcher et porter des besaces, alors… Mais un détail le chiffonait légèrement.
« Les dieux ne dorment pas vraiment, pourtant. »
Fit-il remarquer, curieux. C’était un dieu au mauvais caractère et peu avenant qui lui l’avait appris lorsqu’il l’avait rencontré, bien qu’il ne l’ai pas revu depuis très longtemps. Peut-être avait-il fini par trouver un peu de paix quelque part dans ce monde ? Il faudrait qu’il demande de ses nouvelles aux autres à l’occasion.
« Vous voudriez réveiller les armes par le biais de nos propres réveils ? »
« Je voudrais nous réveiller. Nous ne dormons pas, et pourtant, je pense qu'il y a une partie en nous qui est éteinte. Comme pour ces armes. Comme pour le cerveau humain qui n'est pas exploité en entier selon la science. » Héphaïstos esquissa un sourire. « Nous ne rêvons pas. Et pourtant, je pense qu'en explorant cette partie de notre inconscience, on pourrait trouver des choses tout à fait intéressantes. Avez-vous déjà essayer de faire rêver un dieu, Monsieur Dust ? »
Cela dépendait de qui on appelait un dieu, mais… Il chassa cette insolente pensée et marqua un petit temps de réflexion, songeur. Il avait déjà exploré les songes d’un titan, une fois, mais aucun dieu ne lui avait fait part de cela.
En même temps, il s’agissait là d’une intrusion plutôt intime même si très discrète ; les rêves étaient les paroles de l’inconscient, les aveux du cœur et les envies de l’esprit. Connaître les songes de quelqu’un revenait à le mettre à nu, l’empêcher de mentir mais aussi se perdre dans le fil de sa pensée sans parvenir vraiment à l’orienter. S’il pouvait les adoucir ou les rendre plus beaux, Sebastian restait le voyageur silencieux et l’observateur d’un spectacle invisible. On n’écrivait pas une histoire, on tissait le fil de la pensée et chaque apparition pouvait vouloir dire des milliers de choses, impactant leur hôte à tout instant. Il fallait être prudent.
Prudent… Et imaginatif. Sab avait vu tant de songes depuis le début de son existence et pourtant il en restait émerveillé. Était-il seulement possible d’accéder aux rêves d’une divinité qui ne trouvait le sommeil ? Voilà un bien étrange défi à relever. Amusant défi.
« Tout le monde peut rêver. Il ne s'agit pas forcément de dormir pour y accéder. »
L’idée était aussi folle que possible et réalisable. Il attendit, un léger sourire sur les lèvres, qu’elle fasse son chemin jusqu’à l’esprit de Héphaïstos et ce dernier s’approcha alors, posant une main sur son épaule. L’instant d’après, ils se retrouvaient dans une chambre neutre à l’air ancienne. Silencieuse et pourtant l’air était plutôt chaleureux.
« Voilà bien longtemps que je n'ai pas passé du temps ici... »
Le dieu la balaya du regard, songeur, et Sab se demanda très sincèrement… S’il n’avait pas légèrement mal compris ses propos. Que faisaient-ils ici ?! Il avait pourtant l'air gentil depuis leur rencontre ! Fort heureusement pour le cœur du marchand de sable qui commençait à s’affoler, Héphaïstos tira une chaise près d’un bureau et s’y installa, l’invitant à faire de même à côté de lui. Il poussa un soupir rassuré, époussetant légèrement le veston qu’il portait en prenant place face à lui.
« Pourriez-vous alors accéder aux rêves que j'ai peut-être en moi ? »
Sebastian soutint son regard clair puis, finalement, hocha légèrement la tête. Il pouvait essayer, tout du moins, de voir ce que l’esprit de la divinité accepterait de lui montrer. Le sable se mit à flotter tranquillement autour d’eux, intrigué et curieux comme pouvait l’être celui qui le manipulait. Réfléchissant quelques secondes, se tapotant les lèvres de l’index, il finit par se redresserrendre une grande inspiration en suivant ce mouvement de sa paume. Puis il expira tout aussi longuement, abaissant la main et invitant Héphaïstos à l’imiter.
Le dieu fit rapidement de même, le suivant dans un rythme lent pour détendre peu à peu son corps. La méditation n’était pas quelque chose qu’on apprenait en une soirée mais, pour cette fois, ils devraient faire avec. Inspirer. Expirer. Inspirer. Ne pas retenir ses pensées, les laisser filer de ça et de là comme si elles n’étaient que de passage. Inspirer. Pas de parasite, juste de l’eau qui coule et nous qui restons porté par le courant. Expirer. Suivre le rythme puis fermer les yeux. Lentement.
Sab leva les mains et, prudemment, les approcha des tempes de son interlocuteur. Puis, après une dernière inspiration, il laissa le sable doré toucher la peau d’Héphaïstos et le décor changea brusquement.
* * *
L’image fut d’abord trouble, double, divisée et pourtant présente. Comme latente entre deux états d’être et de non-être. Lorsqu’on s’endormait, lorsque nous laissions l’inconscience nous emporter sous son manteau, l’idée même d’exister se trouvait entremêlée à celle de mourir. Il y avait une forme d’échange et d’équilibre, frôlant la ligne finale sans pour autant la franchir. C’était le temps d’un battement de cil, d’un frémissement de cœur avant que le sommeil n’emporte tout et que la porte des songes ne s’ouvre. Sebastian aperçu la silhouette d’un palais se dessiner dans l’obscurité mais celui-ci disparu rapidement sous la lumière éclatante qui prit enfin place.
Il y eu un bruit d’expiration et, soudain, ses pieds foulèrent un sol immatériel recouvert de sable. Un désert.
Papillonnant du regard, le gardien sentit la présence du rêveur juste à sa droite. C’était légèrement différent de l’ordinaire, quelque chose d’indescriptible et pourtant il avait pleine conscience de se trouver exactement où ils avaient espéré aller. Ce n’était pas le fait que la silhouette d’Héphaïstos soit transparente, comme une apparition spectrale, qui infirmerait cette idée ; ils se trouvaient quelque part entre le conscient et l’inconscient, juste sur cette ligne qui leur semblait impossible à traverser.
Tout autour d’eux, le décor semblait… Chaotique dans son silence. Prit dans une tourmente sans vent, le sable naissait du sol et se mettait alors à flotter, à s’assembler, à former une silhouette incertaine qui se consolidait, se mettait à trembler et retombait lamentablement pour s’éparpiller au reste du désert. Les grains légèrement auburn roulaient les uns vers les autres, se rencontraient, s’élevaient à nouveau et retombaient tous avec la même impuissance. Encore. Et encore. Et de nouveau. Des tourbillons dorés caractéristiques de son pouvoir allaient de ça et de là, à la rencontre de ces formes inachevées, sans pour autant parvenir à les laisser prendre une forme définitive. Cela laissa perplexe le gardien qui avança légèrement la tête vers l’avant, attentif.
« C’est ce que les gens voient en rêvant ? » L’interpella Héphaïstos, le regard curieux et l’air un peu perdu. « Je n’imaginais pas ça comme ça. »
Sebastian secoua doucement la tête en laissant le sable des rêves flotter autour d’eux, sans doute invisible pour Héphaïstos mais pourtant bien présent, puis adressa un sourire légèrement encourageant à ce dernier.
C’est toujours different, d’un individu à l’autre.
Sa voix, enrouée, résonna autour d’eux sans qu’il n’ouvre la bouche. Ici, il n’avait pas besoin de mettre des formes ou de s’exprimer à voix haute. Pourtant, quelque chose l’intriguait et ne cessait de le questionner : l’environnement n’était pas parlant, à proprement parler. Il ne s’agissait nullement d’un désert sous un ciel bleu, mais bien d’une tempête qui semblait se chercher, se forger, encore et encore sans parvenir à une forme définie. Etait-ce parce que l’esprit du dieu était ancien ? Ou bien se trouvait-il autre chose ? Il avait visité le souvenir d’un titan et tout avait été d’une netteté remarquable, alors pourquoi…
Une impression d’inachevé ne quittait pas sa gorge.
« Oh, je dois donc être mauvais dans ce sport là. Je suis mieux pour créer, mais le sable se forge différemment que le métal. On peut faire du verre avec, et c'est un peu plus délicat. »
Personne n’était bon ou mauvais quand il s’agissait d’imaginer. Ou de se souvenir et… ah. Voilà ! Sab ouvrit la bouche dans une exclamation silencieuse et frappa son poing dans sa paume. Voilà le détail qui le perturbait depuis le départ : ils ne se trouvaient pas dans un songe mais face à des souvenirs. Ou, en tout cas, ce qui semblait vouloir être des souvenirs sans vraiment parvenir à prendre forme. Une barrière invisible entravait toute tentative, une espèce de bulle qui ne permettait pas d’achever ce qui était commencé.
Quelque chose empêchait le rêveur d’accéder aux images de son esprit.
Mais peut-être pouvaient-ils voir, même sans que ce ne soit façonné ? Héphaïstos avait parlé de forger, un dieu de création et d’amélioration. Pouvaient-ils se permettre de faire de l’esprit dans un monde onirique ?
Tout était possible dans l’inconscient, même l’impossible.
Du verre. C’est une bonne idée. Il hocha la tête. Seriez-vous capable de créer avec ce que nous voyons ?
Inciter. Laisser faire. C’était Héphaïstos qui connaissait le mieux son esprit, après tout. Il était ici chez lui, dans sa propre tête, et il sembla d’ailleurs particulièrement ravi de cette proposition. Un sourire naquit sur son visage jusque-là intrigué et il se frotta les mains.
« Il me faudrait une forge, pour pouvoir fonder du verre. »
Le sable des songes se mit immédiatement en mouvement, dessinant la silhouette d’une forge puis lui donnant contenance en quelques instants. Le dieu s’en approcha sans tarder, observant tout autour avant de saisir une espèce de grand moule doré où il versa du sable orangé. Il ouvrit ce qui devait être le four et se mit à travailler, concentré, révélant rapidement un liquide devenir rouge puis blanc au creux de ce moule : du verre. Il le tourna dans un sens, puis dans l’autre, avant de l’extraire et de le briser sur une surface plane pour révéler une plaque aveuglante en fusion.
« J’aime beaucoup les rêves ! »
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Hephaistos venait de fabriquer une vitre ! Sebastian l’avait observé dans son éternel silence, esquissant un sourire et un mouvement de tête impressionné face au résultat. Tendant la main vers la vitre, il invita son créateur à la prendre entre ses doigt. Cette dernière était déjà solidifiée et transparente. Parfaite, surtout aux yeux d’Héphaïstos qui émit une réflexion satisfaite sur son travail.
Sans attendre plus, il la souleva en face d’eux et… Dans l’espace réduit de la fenêtre, les tumultes de sable laissèrent place à un paysage beaucoup plus calme : un menhir. Puis un dolmen. Et un autre. Une suite de pierres hautes, grises, plantées dans l’herbe et formant comme un cercle les unes avec les autres. Le ciel était clair, bleu et doux ; contrastant avec le désert tumultueux qui les entourait toujours.
« Je ne suis pas certain de me souvenir de ce que cela veut dire. Stonehenge est un endroit particulier, peut-être que c'est là-bas qu'il faut aller ? » Il sembla réfléchir un instant. « Si ce sont des souvenirs autour de nous, peut-être ai-je vécu quelque chose d'important là-bas. »
Stonehenge… Les pierres druidiques et anciennes installées en Grande bretagne. C’était, à n’en point douter, une scène absolument similaire effectivement. Sebastian hocha doucement la tête, ne pouvant réfuter ou affirmer cette supposition.
Peut-être s'agit-il de la porte d'entrée. Ou de votre porte de sortie pour arriver ici depuis Titania.
Cela restait une possibilité. Héphaïstos sembla satisfait de cette hypothèse.
« Alors si nous échouons avec l'Asbru et Titania, Stonehenge serait une autre piste pour les dieux. »
Cela semblait si simple… Pourtant, de son expérience aux côtés des dieux, Sab avait retenu deux choses : rien n’était jamais simple et tout ce qui était évident ne leur sautait jamais à l’esprit. Il continua d’observer le décor silencieux et immobile, s’interrogeant sur la présence de ce souvenir caché dans la tête du divin ; et proposa d’un geste de la main de tourner légèrement la vitre pour regarder ailleurs. Peut-être n’était-ce que le premier indice ? Peut-être …
Une gerbe de sable frappa le sol non loin d’eux, comme percuté par quelque chose de vif et rapide. Sab sursauta, avant de voir un éclair fait de sable orangé frapper à nouveau le sol à quelques mètres de distance. Un orage ? Ou un moyen de défense ? Tout ceci dans un parfait silence.
« Et ça, c’est ce qu’on voit en faisant un cauchemar ? Je ne m’y attendais pas non plus. C’est joli mais le rêve était plus agréable quand même. »
Il indiqua à Sab de regarder à nouveau au travers de la surface en verre, un peu plus pressé.
Nous sommes en train de voir ce que nous ne devrions peut-être pas voir.
Le ton du gardien restait calme, désignant l’image où les dolmens s’étaient considérablement éloignées pour révéler un cercle de pierres en leur centre. Ils purent y distinguer une forme ensablée allongée au milieu, comme un humain couché de côté, de petite taille.
Les éclairs frappèrent encore le sol, faisant voler violemment le sable dans leur direction ; mais ils ne les empêchèrent pas d’avancer de quelques pas pour tenter de mieux discerner la forme recroquevillée.
« Est-ce que c’est… Moi ? » Murmura Hephaïstos, perturbé.
Le sable doré prenait l’allure d’un enfant couché en chien de fusil, immobile. S’il s’agissait du dieu, était-ce un souvenir enfoui qu’il n’était pas censé se rappeler ? Ou bien quelque chose qu’il avait oublié ? Ou… Qu’on lui avait volontairement fait oublier ? Tant de choses se bousculaient dans la mémoire du Marchand de Sable sans qu’il ne trouve de réponse satisfaisante.
Les éclairs frappaient toujours, de plus en plus vifs, comme attirés par le cercle de pierre et son précieux contenu.
« C’est peut-être ça que nous avons d’endormi… »
Leur passé ? Leur essence même ? Leur arrivée ou même leur naissance ? Comment quelqu’un aurait pu être assez cruel pour les empêcher de se rappeler de ça ?
Votre passé.
Compléta Sebastian.
Lorsque vous êtes arrivés à la Grande Vallée.
Que se passerait-il s’ils réveillaient cet aspect d’eux ? Si chacun accédaient à ce passé dissimulé ? Que seraient-ils capable de faire ? Ou… De retrouver ?
« Si c'est vrai... alors c'est important. Assez pour garder les dieux en partie endormis. »
Il plissa le regard pour tenter de se concentrer davantage, serrant les bords de la vitre entre ses mains rugueuses à la recherche d’un autre indice dans cette direction. Plus ils avançaient, plus l’orage semblait s’installer sans qu’aucun nuage ne soit visible. Juste des éclairs sans tonnerre. Des flashs sans lumière.
Un, plus proche du cercle que les autre, révéla brusquement une nouvelle forme à côté de la petite endormie. Une silhouette humaine à nouveau, plus grande, comme celle d’un adulte et debout cette fois. Le sable grouillait pour le matérialiser, tournant et vrillant sur lui-même en formant un visage difficile à apercevoir d’où ils étaient. Même en fronçant les sourcils.
Héphaïstos continua d’avancer au travers de la tempête inachevée sous le regard de Sebastian qui, soudain, ressenti une sensation étrange. Malaisante et sinueuse. Il sentit le sable doré s’agiter tout autour d’eux, quelques volutes se rapprochant de lui pour frôler ses paumes et de petites formes alarmées s’agitant dans l’air. Les poissons s’agitaient. Les toupies sursautaient. Les petits marteaux se liquéfiaient et le gardien s’arrêta alors, pris d’un doute.
Ou plutôt, d’une certitude : quelque chose venait de changer. Et pas à leur avantage.
Nous approchons de quelque chose qui n’aurait pas dû être vu.
Héphaïstos se tourna dans sa direction sans lâcher la vitre, semblant réfléchir.
« D’accord. Alors peut-être devrions-nous insister ? Ce doit être un détail important. »
Non, ce n’était pas exactement ce qu’il voulait dire par-là. Le marchand de sable secoua la tête, sentant les battements de son cœur s’accélérer dans cet environnement étrangement silencieux. Il s’apprêtait à lui demander de rebrousser chemin lorsque, dans un éclair plus violent que les autres…
La vitre se brisa.
Et ils se retrouvèrent brutalement au milieu du cercle de pierres. Plus de silhouettes ensablées, juste eux et l’étrange étau qui se resserrait de plus en plus dans l’air. Une tension conséquente. Inévitable. Un malaise grimpant lentement sous la chair et les os pour saisir Sebastian a bras le corps. Ils avaient franchi le voile de l’invisible et se retrouvaient au milieu de ce qu’on avait cherché à garder dissimulé. Il serra les doigts nerveusement, sentant toujours le sable doré et chaud passer près de lui, mais c’était différent. Suffoquant.
Sab n’était pas le rêveur de l’histoire pourtant il avait été pris à partie avec Héphaïstos. Il était celui qui regardait, observait, intervenait parfois mais jamais ne défiait l’inconscient. Alors… Pourquoi avait-il la très net impression que tout ceci lui échappait et qu’une force, plus grande encore, était en train de les recouvrir pour les maintenir à cet endroit précis ? Il déglutit, inquiet, et se mordit l'intérieur de la joue.
« Rêver est beaucoup plus sportif que ce que je pensais. » Souffla Héphaïstos.
Pourvu qu’il soit bien entraîné… Parce que le Marchand de Sable ignorait ce qu’ils venaient de provoquer, mais ça ne serait sûrement pas du luxe de savoir courir. Très vite.
Diane Moon
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Claire Holt + Mia Talerico pour Le Berceau de la vie
“I love you to the moon and back”
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Artémis la déesse de la chasse et de la lune herself (même si je viens du monde réel)
A peine le temps d’embrasser Apollon sur la joue, et de leur souhaiter bonne chance pour leur nouvelle mission, que nous nous retrouvions à nouveau seuls Héphaïstos, Sebastian et moi du moins pas pour longtemps. Le décor venait à nouveau de changer, je n’étais plus devant l’Asbru et je n’étais plus en compagnie des deux autres. A la place, je me trouvais à l’intérieur d’un cottage, plus précisément dans le salon d’un cottage. Le décor était de style régence, les meubles semblaient ne pas avoir bougé comme si le temps s’était figé à cette époque, la bibliothèque et le piano droit en témoignaient. Je n’étais jamais venu dans cet endroit, mais à en croire la décoration le nom de sa propriétaire n’étais pas difficile à deviner, c’était celui d’Aphrodite. Je ne m’étais pas téléporté de mon plein gré, à choisir je serais volontiers resté là où j’étais avant et ce n’était pas non plus, Aphrodite qui m’avait fait venir. En fait, en regardant bien le coupable était présent, et me regardait sans la moindre expression, regard que je lui rendit sans bouger de là où j’étais : méfiance oblige, je n’avais jamais réellement ce qui se tramait dans la tête de Phobos et je préférais rester sur mes gardes :
- Je suppose que c’est à toi que je dois ma venue ici.
Ma voix n’exprimait aucune émotion particulière. Ni agacement, ni exaspération pour m’avoir fait venir sans me le demander, en fait j’observais et j’attendais de voir ce qu’il voulait. Phobos se contenta de me fixer et au bout d’un moment se décida à m’apporter une réponse :
« Je voulais te voir avant que tu partes. »
- Tu n’en as jamais éprouvé le besoin auparavant. Dis-je en fronçant légèrement les sourcils.
Ce n’était ni un reproche, ni une accusation juste une constatation. C’était bien la première fois qu’il souhaitait me voir, avant que je ne me rende dans je ne sais quel univers divino titanesque. Mon fils décida néanmoins de prendre son temps pour me répondre, se contentant de me regarder intensément, comme s’il cherchait à lire en moi :
« La route que tu empruntes est différente. »
J’avais parfaitement compris son sous entendue, il estimait que mes objectifs n’étaient plus les mêmes qu’avant, aussi décidais-je de rectifier son interprétation
- Mes motivations sont les mêmes depuis six ans. Le corrigeais-je. Ce qui a changé, c’est la liste réduite de personnes à qui je me fie pour les réaliser.
Il continua à me regarder, tandis-que je me faisais la remarque qu’aussi étrange que cela puisse paraître, nous étions probablement en train d’avoir la première conversation civilisé depuis qu’il avait été crée. On m’aurait dit ça il y a quelques années en arrière je ne l’aurais jamais cru.
« Les titans »
- Perspicace.
J’avais effectivement arrêté de faire confiance aux titans, il m’avait fallut du temps pour le comprendre et certaine claque pour m’aider à me réveiller, mais au fond j’avais compris que nous ne les connaissions jamais réellement. Ils dissimulaient toujours une part de la vérité, et ce sans parler de certains actes fortement répréhensibles. Le vrai visage de Mnémosyne, m’avait marqué à vie, tout comme la vision d’un Apollon enfant en train de se faire frapper par la foudre, seule au milieu d’un cercle de pierre. Je n’étais pas triste, je n’étais pas non plus en colère, je ne leur faisais simplement plus confiance c’est tout. Phobos parût hésitant, ne s’était-il vraiment pas attendue à ce genre de réponse de ma part ?
« Tu ne leur fais plus confiance ? » Me demanda-t-il s’interrogeant sincèrement quant à la véracité de mes propos
- C’est ce qu’il se passe quand on utilise les gens comme des pions, qu’on leur cache des choses, et que l’on fait la sourde oreille lorsqu’une aide est demandé. La confiance c’est rarement une chose acquise. J’ai cru des choses, je me suis rendu qu’enfin de compte elles étaient fausses. Les titans et moi c’est finit.
Je haussais les épaules. Parfois dans la vie, il y a des choses qui tournent mal. C’est une fatalité et l’on n’y peut rien. Ma relation avec les titans était une de ces choses là, pas de quoi en faire toute une lunaison. Phobos choisit néanmoins de ne rien répondre, ne semblant ni content ni même triste d’apprendre cela. Il avait toujours une expression neutre, indéchiffrable et prit son temps avant de me répondre :
« Elliot te veut à ses côtés. Je partage son désir. »
Il fallait bien reconnaître une qualité à Chronos : il était persistant. Persistant au point que cela en devenait fatiguant même, et il était inutile de m’amadouer en utilisant son véritable nom. A mes yeux, « Elliot » et « Chronos » étaient deux personnes bien distinctes. Ou plutôt, Elliot avait cessé d’exister le jour où Chronos était né.
- Je suis la déesse de la chasse. S’il y a une chose en laquelle je crois fondamentalement, c’est en La Nature. Je ne sais pas où en est sa frise chronologique, mais il semble avoir déjà discuté de nos points de vus divergents avec lui il y a deux ans en arrière selon la mienne.
Cette réponse ne sembla pas plaire à Phobos, il ne le montra qu’un peu mais ce fût suffisant pour voir et capter son irritation.
« La Nature ne rentre plus dans l’équation. C’est fini. Tout est finit. » Il regarda vers la fenêtre, parlant certainement de la lune noire. « Sa fin est inéluctable. »
- Ce n’est pas parce que c’est la fin, qu’il faut pour autant arrêter de se battre pour ses convictions. C’est moi-même qui choisirais comment doit finir mon histoire, personne d’autres.
A nouveau le silence, son regard croise une fois de plus le mien avant de le tourner vers la fenêtre, fixant l’extérieur pendant un instant. Pour autant, son expression n’était plus aussi neutre qu’avant. C’était la première fois que je pouvais lire ce qui s’apparentait à de la fatigue sur son visage :
« Il m’a demandé quelque chose, mais j’ignore si j’y arriverais... »
- Que t’as-t-il demandé ?
« Une chose au-delà de mes compétences. Je ne m’en sens pas capable»
A cela aussi, je n’étais pas habitué. Pas une seule fois auparavant, Phobos n’avait montré aucune « faiblesse ». Là, on dirait presque qu’il cherchait du réconfort au près de moi.
- Alors ne le fait pas. Si tu ne t’en sens pas capable, si tu estime que c’est au dessus de tes compétences ne le fait pas. Tu es un être vivant avec des qualités, des défauts, des choses que tu peux faire et des choses que tu ne peux pas faire. Il ne faut jamais hésiter ou avoir peur de poser des limites, ce n’est pas une honte ni même une faiblesse de ne pas pouvoir faire certaines chose. Personne pas même un titan, n’est capable d’atteindre un degrés où il lui est possible de tout faire.
C’était le seul conseil que je pouvais lui donner, si une chose nous faisait peur, si on sentait qu’il nous était impossible de la réaliser alors il ne fallait pas hésiter à dire non. J’avais eu des opinions, et des avis qui n’étaient pas les mêmes que certaines personnes, alors je m’y étais opposé. Je ne pouvais pas encourager Phobos, a faire ce qu’il devait faire si c’était cela qu’il souhaitait que je fasse. Son attention se reporta sur moi, son regard semblait perdu et il ne chercha pas à le cacher. N’eus-je pas été doté d’empathie, sûrement me serais-je demandé si ce n’était pas là une technique de manipulation, essayer de me prendre par les sentiments pour obtenir ce qu’il voulait. Mais on ne pouvait pas faire mentir une émotion, et celle qui émanait de Phobos c’était bel et bien de la peur. Je pouvais donc affirmer sans aucun doute possible qu’il ne jouait pas la comédie :
« Il a besoin de moi autant que j’ai besoin de lui. » Il essaya de prendre sur lui et rajouta « Je suis du bon côté. Le sien »
Il semblait en être tellement convaincu, que cela me fit malgré moi mal au coeur. Je ne connaissais pas Chronos, je ne savais pas ce qu’il était devenue mais j’avais du mal à imaginer qu’il puisse vraiment apporter à Phobos, ce qu’il semblait désirer.
- Les parents ne sont jamais responsable que d’une partie de ce que nous sommes. C’est à nous de tracer notre propre voie. Il n’y a ni bon, ni mauvais côté tout comme le monde n’est jamais divisé qu’en deux couleur le noir et le blanc. Tout est une question de nuances, de conviction. Je suis quelqu’un d’obstiné, toi aussi. J’esquissais un sourire triste. Apparemment, c’est de famille.
Le gêne semblait être récurent dans cette famille, je crois que tout le monde en avait hérité. Je ne faisais que dire à Phobos ce que j’avais dit à Apollon et Iota, tout en lui faisant comprendre que si lui croyait dur comme fer à ce que promettait Chronos, pour ma part je n’y croyais pas.
« On choisit de tracer notre voie, du bon ou du mauvais côté. » Il marqua une pause, tandis-que nous changions d’endroit afin de nous retrouver cette fois-ci sur Olympe, plus précisément dans la bibliothèque où nous étions quelques heures plus tôt avec Apollon. « Tu sais pourquoi tu as choisi le mauvais camp ? »
- J’ai choisi le camp adapté à mes convictions. Ni plus ni moins
Il se saisit d’un livre, le même exactement que Iota avait prit tout à l’heure. Son regard passa de l’ouvrage dans ses mains à moi, avant d’en sortir une lettre pliée. Certainement mise là par Iota.
« Tu as choisi le mauvais camps. Parce que c’est celui dans lequel vous ne prêtez pas attention les uns aux autres. Iota t’avais laissé un mot. Elle t’as dit au revoir mais tu n’as pas écouté. Ça sonnait comme un adieu. »
Voyant qu’il n’avait pas l’intention de me donner la lettre, je secouais la tête tout en laissant un petit rire m’échapper. C’était presque touchant autant de naïveté :
- Quand Iota est partie, j’ai appelé son nom et je l’ai serré dans mes bras en lui disant que je l’aimais jusqu’à la lune et retour. Je ne dit pas ce genre de choses à tout bout de champ.
Je l’avais sentie, au moment même où elle partait, qu’il fallait que je la retienne ne serait-ce que pour quelques instants, que c’était le moment où jamais de lui dire à quel point elle comptait pour moi, car après il serait trop tard. J’avais parfaitement compris, qu’il ne s’agissait pas d’un simple au revoir, mais bel et bien d’un adieu. Cela sembla faire perdre de sa superbe à Phobos, nul doute qu’il ne s’y attendait pas. Il était plus hésitant, comme s’il doutait. Au lieu de me répondre, il se lança dans la lecture de la lettre mais sembla subitement comprendre quelque chose et décida finalement de me la tendre :
Diane,
Les mots que je vais utiliser me font peur. Vous êtes tous une véritable famille pour moi. Apollon, Jules, Socrate, toi... A chaque fois que vous venez me voir, je me sens mieux. Je me sens vivante.
J'ai vue Elysium dans le ciel. Je l'ai vue avant qu'elle apparaisse. Je l'ai vue lui aussi. Il est venu me voir.
Si elle n'avait pas été là, je pense que je lui aurai dit. Qu'il aurait su. Que ça aurait joué contre vous tous. Je ne veux pas vous faire de mal.
« ...C'est pour cette raison que je suis venu vous dire au revoir. » Retentit la voix de Iota, elle nous avait rejoint et se tenait à quelques pas de moi dans la bibliothèque. « Vous n'avez pas compris que ce n'était pas un simple au revoir. »
Secouant la tête, je rangeais délicatement la lettre pliée dans ma poche de pantalon et m'approchait d'elle pour mettre à sa hauteur lui prendre les mains
- J'ai compris Iota, qu'il ne s'agissait pas juste d'un simple au revoir. C'est pour cela que je t'ai dit ces mots, et je les pensait sincèrement. Tu es et tu seras toujours ma petite grande soeur quoi qu'il se passe. Et si je devais émettre un souhait pour une autre vie : je souhaiterais pouvoir à nouveau être ta soeur.
Et alors que ses mains me paraissaient plus chaudes qu’elles ne l’avaient jamais été, comme si Iota en cet instant, semblait plus vivante qu’elle ne l’avait jamais été, ma sœur se rapprocha plus près de moi, afin que nous puissions nous prendre dans les bras l’une de l’autre :
« Ne m'oublie pas. » Dit-elle dans un murmure, une fois contre moi
- Jamais. Quoi qu'il advienne tu seras à jamais une flamme dans mon coeur. Lui promis-je
Iota se recula les yeux brillants :
« J'aimerais pouvoir rester, mais il est Temps pour moi de les rejoindre. »
- Embrasse Theta pour moi. Lui répondis-je les yeux au moins aussi brillants qu’elle
Elle me sourit, les larmes toujours au bord des siens avant de tourner la tête vers Phobos
« Tu n'es pas obligé de faire ce qu'il te demande... »
Iota et Phobos semblaient savoir pas mal de choses l’un sur l’autre manifestement. Je rangeais cette information dans un coin de ma tête, pour y repenser plus tard, l’heure n’était pas à cela, pas alors que ma sœur venait de disparaître. Fixant le vide où elle se trouvait quelques instants plus tôt, je ravalais mes larmes songeant que ce n’est probablement pas ce qu’elle aurait voulut. Nous nous étions comprise, et j’avais pu être avec elle au moment de son départ. Beaucoup, ne pouvaient pas en dire autant, je devais m’estimer chanceuse d’avoir pu lui dire au revoir comme je le voulais. Le décor changea à nouveau, retour au cottage mais dans une chambre cette fois-ci. Le lit était défait, et la cheminée éteinte mais un feu avait été allumé il n’y a pas si longtemps que cela. Pour autant, ce n’est ni ça, ni même le miroir de plein pied qui m’intéressa mais plutôt la fenêtre. Croisant les bras, je tournais le dos à Phobos me contentant de fixer l’extérieur, sans vraiment chercher un point particulier à regarder.
« Je ne sens plus son aura »
Je tournais légèrement la tête vers mon fils, sachant parfaitement qu’il parlait de Iota.
« Ils finissent tous par partir, laissant ceux qu'ils aiment derrière eux. » Il marqua une pause et reprit « N'attends pas de tous les perdre pour saisir l'occasion qu'on soit tous les deux réunis. » Il me fixa intensément, semblant reprendre en confiance en lui. « Quand l'Heure viendra, je te tendrais une nouvelle fois la main. Prend la cette fois ci, mère. »
Je me retint de lever les yeux au ciel, à la place je me contentais de fixer le paysage par la fenêtre plutôt que Phobos. Ce n’était pas le bon moment pour tenter de me convaincre, particulièrement pas après que Iota soit morte. Peut-être se disait-il qu’en vivant une nouvelle fois la perte, il pourrait réussir à me faire changer d’avis mais ce n’était pas le cas, parce qu’il n’y aurait jamais de bon moment pour me convaincre. Je ne rejoindrais pas Chronos, mon choix était fait depuis longtemps.
- Pourquoi, cela te tiens-t-il tant à coeur ? Lui demandais-je sans lui adresser un regard. Si j'ai bonne mémoire, tu as aussi souhaité ce que je disparaisse. Pourquoi ce soudain revirement ?
Je n’oubliais pas ce genre de choses. Et le couteau planté en plein ventre par une Apple manipulée par Phobos en guise « d’accueil » était parfaitement ancré dans ma mémoire.
« Je ne comprenais pas ce que tu représentais pour moi. J'étais perdu. » Dit-il en faisant un pas vers-moi. « Il m'a ouvert les yeux et montré la voie. Je sais que tu es importante pour moi. Et je sais que je suis important pour toi. Nous partageons la même âme. » Je supposais qu’il parlait de manière métaphorique, qu’il s’agissait de sa manière d’exprimer le lien de filiation. L’autre moitié de mon âme, c’était Apollon qui la possédait. « Il m'a créé à partir de toi. Nous sommes qu'un.»
Cette conversation, prenait subitement une allure dérangeante. Phobos, s’approcha un peu plus encore de sorte à se retrouver quasiment à ma hauteur :
« Je me sens incomplet sans toi à mes côtés. Je pourrais être tellement plus. Nous pourrions l'être tous les deux. » il marqua une pause et reprit son discours. « Je ne peux qu'imaginer ce que représente l'amour d'une mère. Je ne peux pas le ressentir. Pas si tu m'en empêches en restant éloignée de moi. »
A nouveau, je savais qu’il était sincère. Je pouvais sentir avec l’empathie qu’il ne mentait pas, et qu’il voulait réellement ressentir cela. Malheureusement, il semblerait que nos envies quant aux personnes pouvant nous entourer soient radicalement différente :
- Sais-tu ce que c'est d'aimer une personne au point de laisser tomber toutes les défenses que tu as mit des siècles à te forger pour éviter de souffrir, de laisser entrer cette personne à la fois dans ta vie et dans ton coeur ? De l'aimer que même alors que vous êtes séparé que tu affirme aux autres, que c'est finit et que tu souhaite trouver quelqu'un d'un tout autre genre au fond de toi tu sais parfaitement que tu ne fais qu'essayer de te forcer parce que tu n'ose pas admettre que tu l'aime encore. Si tu ne sais pas ce que c'est, alors sache qu'a moins de complètement me lobotomiser , je ne pourrais pas l'oublier.
Il ne voulait pas de Pitch, de cela j’en étais à présent convaincu. Pour lui, il n’y avait pas de places pour celui que j’aimais. Je me devais justement de lui faire comprendre, qu’il ne pourrait jamais avoir ce qu’il désirait, pas dans la configuration qu’il souhaitait du moins. Je ne serais jamais vraiment heureuse dans un monde où il n’y avait ni Pitch, ni Apollon. Phobos et moi, nous ne pouvions pas nous rejoindre, je l’avais parfaitement compris dans le Cocyte, cette histoire n’aurait pas de « fin heureuse. »
« Tu dois t'en aller. » Dit-il finalement en regardant le lit défait « Elle ne va pas tarder à arriver. Ta présence pourrait amoindrir son désir. »
C’est vrai, il eut été dommage que cela se passe ainsi. Pour autant, il venait d’avoir la première bonne idée de toute notre conversation, je n’avais qu’une hâte : retourner devant l’Asbru. J’aimerais me dire, que puisqu’il allait voulu me faire comprendre que lui aussi aimait de la même manière que je lui avait décrite, il comprendrait que lui et moi ne pouvions pas nous rejoindre. Mais alors, que je revenais enfin à mon point de départ, quelque chose me disait que de le croire serait se bercer d’illusion...
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« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Nora et Violette étaient partis chercher des réponses et on s’était retrouvé attendre devant l’Asbru, comme des couillons à la recherche d’un but. J’avais profité de ce moment un peu particulier pour m’approcher d’Apollon. Si j’avais tendance à voir Diane et parler avec elle, il m’arrivait plus difficilement d’avoir des moments avec le Gardien de l’Olympe et le fait que nous faisions notre première mission ensemble me donnait envie de m’approcher de lui. Généralement, on était plutôt du genre à partager des chips, du pop corn ou des jeux, rien à voir avec le danger. Mes mains posées sur les bretelles du sac à dos que j’avais emmené avec moi, je me déplaçais alors vers lui pour m’asseoir à ses côtés. J’avais poussé la garde de mon épée que je portais la ceinture. Hephaïstos avait bien précisé que le voyage était dangereux, il était donc hors de question que je vienne les mains vides car à moins d’un coup de chance digne de l’oreille de Lily où une once de pouvoir avait semblait revenir, je semblais plutôt commune et pas bien destinée à me battre contre quoi que ce soit sans une arme digne de ce nom.
- Tu devrais arrêter de te goinfrer tu vas prendre du poids.
J’avais un sourire en coin et l’observait droit dans les yeux. J’avais rien trouvé de mieux pour amorcer la conversation. Il n’allait pas bien, j’en étais persuadé, il réagissait comme moi ou comme de nombreuses femmes qui venait d’avoir leur règles : quand il était contrarié, il mangeait. Et si le dieu des dieux était contrarié, alors on avait plutôt du souci à se faire. Voyant le regard qu’il me jetait, je précisais avec un rire nerveux :
- Je viens m’entraîner à l’Olympe de temps en temps et je sais qu’il y avait un ordre de ne pas te déranger en place car... tu mangeais... Basile m’a dit ça… plusieurs fois...
J’hésitais.
- Est-ce que tout va bien ?
Il avait l’air clairement blasé depuis que j’avais prononcé le nom de Basile mais il précisa quand même :
- C’est l’hiver, je fais des réserves c’est tout.
Il était sur la défensive et je n’avais rien osé ajouter. Il avait donc poursuivit, moins tendu :
- Mais oui... ça va. Manger ça me détend et... J’en ai besoin en ce moment.
Il haussa les épaules et précisa en souriant :
- T’aurai pu venir me voir quand même, ça m’aurait pas dérangé. Je mange pas les gens.
Je lui souriais à mon tour, gênée :
- Oh tu sais moi quand on me dit de ne pas déranger je fais tout pour pas déranger... tu sais... ça va aller... si tu as peur de ce qui arrive, avec tout ce que tu as sur les épaules tout ça... on va s’en sortir hein...
Je tripotais la garde de mon épée d’un air distrait, ce qui trahissait une certaine appréhension de ma part.
- Nan, j’ai pas peur. J’ai largement dépassé ce stade.
Il s’était mis à rire en secouant la tête.
- Et évidemment qu’on va s’en sortir, je veux dire, regarde nous ! On est trop badass pour qu’il nous arrive quoi que ce soit.
Il avait le ton détendu mais sérieux également et j’avais la vague impression qu’il cherchait aussi à me rassurer.
- Et de ce que j’ai entendu, tu gères plutôt bien avec ça...
Il avait montré mon épée d’un signe de tête, toujours le sourire aux lèvres et j’avais souri à mon tour, gênée, baissant les yeux vers mes pieds.
- Faut pas t’inquiéter Alexis, d’accord ? On s’en sort toujours. Et ce sera le cas cette fois aussi.
Son optimisme me faisait chaud au cœur mais pourtant, à mesure que le temps avançait, je commençais à douter de tout. J’avais peur de perdre les gens que j’aimais, peur de m’éloigner d’Elliot, peur de voir la mort en face. Curieusement, la seule chose qui ne me faisait pas peur dans tout ça, c’était de mourir. J’avais pris cette décision il y avait longtemps, je voulais me battre, quel qu’en soit le prix à payer mais je n’étais pas certaine de supporter la mort potentielle de ceux que j’aimais si on échouait. Le fait d’en parler enfin avec quelqu’un, d’avoir l’impression d’avoir une vraie conversation avec quelqu’un que j’aimais après m’être sentie si seule et rejetée ces dernières semaines m’avait poussé à lui dire clairement tout ce que je pensais : mes faibles chances d’y arriver, à quel point il comptait pour moi, toutes ces choses qu’on ne s’était jamais dites :
- Tu sais... je ferai tout pour qu’on réussisse... je pense pas que je serai là jusqu’au round final... Enora pouvait, mais moi... je me fais pas trop d’illusion... mais je n’en fiche, je veux en être, je veux vous aider, je veux aider Elliot. Même si je dois... enfin voilà quoi... même si ça doit se finir plus tôt... parce que je vous aime... je vous aime tous... même toi.
J’avais pas pu le prendre dans les bras, c’était si bizarre avec lui, j’avais déjà eu un câlin d’Hadès, notre relation était des plus étranges mais elle m’avait toujours convenu. On était fou ensemble et ça m’allait. Avec Apollon, c’était différent, il m’avait toujours impressionné, il avait toujours comblé un vide au fond de moi, entre l’amitié et quelque chose que je n’avais jamais eu l’occasion de connaître. Alors forcément, j’étais moins expansive, moins tactile. Je m’étais contentée de lui donner un petit coup de poing dans le bras mais il avait stoppé ma main pour la serrer en signe d’affection.
- Je t’aime bien aussi petite.
Tout en relâchant ma main, il m’avait pointé du doigt avec un air faussement réprobateur :
- Mais même si t’es prête à jouer l’héroïne, si tu fais quoi que ce soit de stupide, genre un truc que moi je pourrai faire, j’hésiterai pas à te mettre au coin ! Pas de mise en danger inutile même si ça part d’une bonne intention, ok ?
Il m’avait ébouriffé les cheveux et j’avais tenté de sortir mon mot, moitié étouffé par mes rires et la pression qu’il exerçait sur ma tête :
- Promis !
***
On venait d’arriver à Seattle devant un vieil immeuble tout pourri qui semblait clairement désaffecté. Il n’avait l’air d’y avoir grand monde dans cette rue hormis les rats qui traversaient la route sans être inquiété. C’était glauque et sale au possible, une vraie planque de squatteur à n’en pas douter.
- Ben je te raconte pas le montant des travaux...
J’avais marmonné la phrase plus pour moi que pour quelqu’un en particulier, tout en avançant vers le truc, prenant mon courage à deux mains. A première vue, il n’y avait pas d’interphone qui permettait de savoir qui ont était censé retrouver. J’avais laissé mon sac à dos et mon épée près de l’Asbru histoire de pas trop attirer l’attention sur nous mais je commençais à me dire que c’était finalement un pas si mauvaise idée que ça que j’aurai eu de les prendre avec.
- Euuuh vous êtes sûres que c’est là les filles ? Parce qu’à part une racine de cocaïne, je vois pas ce qu’on va trouver ! On peut revoir le bout de papier ? Parce que de ce que j’ai compris il a pas une super écriture Mister Socrate et avec un peu de chance on va lire autre chose cette fois et on va se retrouver dans une villa avec jacuzzi ...
Malheureusement, quand Nora m’avait montré le morceau de papier, j’avais bien été obligé d’avouer que l’écriture était sans équivoque : on était au bon endroit. Enfin clairement pas au bon endroit mais au moins à la bonne adresse, big up à ceux qui comprendront la référence. J’avais essayé de pousser un peu la porte d’entrée grâce à l’espèce de poignée en plastique qui servait juste à faire jolie et à refermer la porte mais nullement à l’ouvrir. La porte semblait bloquée par quelque chose mais en forçant un peu… Sans attendre une seconde de plus, j’avais commencé à donner des coups d’épaules jusqu’à ce qu’elle soit suffisamment ouverte pour me faufiler à l’intérieur et l’ouvrir en grand pour laisser passer les autres.
- Booonsoiiiiir…
C’était super sombre mais je pouvais tout de même m’apercevoir qu’il y avait deux trois personnes allongées dans le couloir, apparemment inertes et totalement droguées. L’endroit était suffisamment brumeux et sentait suffisamment la beuh pour que n’importe qui puisse en déduire que certains avaient fait tournés quelques joins. Je détestais cette odeur, elle me prenait toujours fortement les narines et me tombaient directement sur les tripes, me donnant la nausée. Au loin un grand escalier et juste avant, un ascenseur apparemment en panne. J’avais commencé à avancer dans le couloir, enjambant les camés qui me mettaient clairement mal à l’aise et laissant derrière Apollon qui semblait chercher un nom connu sur les boîtes aux lettres. Je savais déjà qu’il ne trouverait rien. Si une racine que Nora connaissait avait vécu à Stroybrooke et choisissait à présent de vivre ici, c’était claiment pour pas qu’on la retrouve alors elle n’allait pas afficher en grand son nom sur la boîte au lettre. Je préférai encore commencer direct le porte à porte, y’avait au moins 8 étages dans ce building à la con, on allait y passer un bon moment.
La première fois qui m’ouvrit semblait avoir un appartement plutôt bruyant, remplis d’enfants et lorsqu’elle avait atteint la porte, on avait très clairement entendu à l’intérieur le compagnon qui avait hurlé de faire moins de bruit car il n’entendait pas son feuilleton. Très irritée, la femme ne passa pas par quatre chemins :
- Quoi ? Qu'est ce qu'il y a ? Si c'est pour me vendre un truc c'est pas la peine ! - Ne vous inquiétez pas, on ne vend rien, on va faire très vite car vous semblez occupé. Hormis votre compagnon, vos enfants et vous, personne ne vit chez vous ? On recherche une amie qui nous a donné cette adresse mais pas le numéro de son appartement. Elle a emménagé sans doute il y a quelques mois...
Pour toute réponse, elle m’avait juste claqué la porte à la tronche. Au moins ça c’était fait.
- Boooon... ben c'est pas là ! Suivant ! J'adore ce jeu, j'ai l'impression d'être Hugh Grant dans Love Actually !
Me laissant pas démonter, je sonnais à la seconde porte. Un jeune semblait vivre seul et à première vue, il avait pas activé les essuies glaces au niveau des yeux. Il m’observa sans me voir, avant de regarder mieux et de me sourire, tout en titubant. Super. J’avais horreur de parlé à un drogué ou un bourré, déjà parce que t’étais jamais sûr d’atteindre son monde et tu vivais généralement un terrible moment de solitude, ensuite parce que ce genre d’individu était souvent imprévisible et enfin parce qu’ils puaient à coup sûr et déjà que j’aimais pas l’odeur de la beuh, si en plus je devais subir l’odeur corporelle, non merci. Je lançais de façon rapide pour expédier cette conversation qui semblait déjà me mener nulle part :
- Salut, t'as une meuf, une soeur, une mère dans l'appart avec toi ? - Oui. - Je peux aller la voir ? - Où ça ? - Dans ton appart. - Ah. Pourquoi ? - J'ai besoin de voir la fille qui vit avec toi. - Quelle fille ? - Joker pour le moment ! Demi-tour on continue il me soûle !
C’était clairement plus que je pouvais supporter. Il m’avait souri tout le long mais il titubait tellement que j’avais peur qu’il me tombe dessus et qu’il me vomisse sur le t-shirt à tout moment.
- Attends. Tu veux qu'on toque à toutes les portes ? - Si t'as une meilleure idée, avec grand plaisir mais là je vois pas... c'est con que je puisse pas sentir l'aura de quelqu'un comme un... di...
Mon regard s’était perdu sur Apollon, j’étais tellement mal à l’aise que j’en avais presque oublié qu’il était là avec son super détecteur de gens spéciaux. Elle le regarda en battant des cils et l’homme sembla utiliser son fameux petit don. Mais au bout de quelques secondes, il m’observa avec une mine dépitée.
- Rien ? Quedal ? Que tchi ? T’es sûr ? Je savais qu’on était pas à la bonne adresse ! Y a pas moyen d’étendre ton pouvoir à la ville ? - Pourquoi je devrais faire ça ? On nous a dit de venir ici, ça doit être ici. - Ben elle est peut-être au supermarché !
Je l’avais dit sur le ton de l’évidence. Après tout, nous on la cherchait mais elle, elle ne nous attendait pas alors pourquoi devait-elle obligatoirement être chez elle ?
- Il a dit qu'on la reconnaîtrait quand on la verrait. - On peut toujours... attendre de voir si elle rentre, si elle est pas là. En faisant un Scrabble. Ou un twister. - Moi je veux bien… mais pas ici, j’aurai trop peur de planter ma main sur une seringue en devant mettre ma main gauche sur un rond rouge… - Sinon, pourquoi aller vers les autres quand on peut faire venir les autres à nous ? Faut évacuer l’immeuble.
C’était tellement intelligent que j’y trouvais rien à redire. J’avais juste tourné la tête vers la gauche pour voir que j’étais justement à côté d’une alarme incendie et tout en regardant Apollon droit dans les yeux sans aucune expression, j’avais brusquement écrasé mon poing contre la vitre de l’alarme incendie qui s’était mise à retentir dans tout l’immeuble. C’est qu’il y avait pas mal de monde à vivre dans ce taudit… petit à petit tout le monde se mit à descendre et se diriger vers la sortie, non sans quelques marmonnement. Lorsque la famille de la femme malpolie sortit de chez elle, elle tenait toujours son bébé dans les bras et hurla :
- Putain mais c'est quoi ce bordel encore ?
Son mari en rajouta une couche mais j’étais bien trop concentrée à observer les gens qui descendait pour l’écouter. Y’avait personne qui me sautait aux yeux, personne que je semblais connaître mais je remarquai que plus les gens venaient des étages supérieurs, plus ils semblaient stones. On avait fini par suivre le mouvement vers dehors pour mieux tous les observer mais rien de plus concluant. Tout le monde semblait en train de chercher la cause de l’incendie. Certains s’allumaient un joins, d’autres une cigarette et un d’entre eux était même sorti avec sa casserole de spaghettis.
- Vous partagez ?
J’avais sursauté en entendant la voix d’Apollon qui s’approchait du mec avec la casserole. Sérieusement ?
- Ouais vas-y mon gars. - C’est bizarre. Faudrait aller checker les étages.
Il avait longuement observé les derniers à sortir qui venaient forcément de plus haut. J’haussais les épaules, peu sensible à leur situation :
- Je pense que plus on habite haut dans cet immeuble, plus on est défoncé c’est genre la loi de la Nature... mais t’as raison autant fouiller les étages, si y’a personne qui te tilte par ici... pense juste à ouvrir les yeux partout et sur tout le monde.
J’avais tourné les yeux vers le dieu pour voir que celui-ci était en train de manger à même la casserole du camé. Je l’avais alors tiré par le bras :
- Et ARRÊTE de manger ça, on sait pas où ça a traîné !
Apollon avait boudé un quart de seconde, juste pour la forme et on été retourné vers l’intérieur, nous frayant un passage :
- On est pompiers, laissez passer !
Ils étaient tellement défoncés qu’ils voyaient pas la différence de toute façon. Je comptais aussi sur Nora qui devait la reconnaître d’après Socrate. Je me contentais donc de rester près de Violette, laissant les deux connaisseurs vers l’avant. A mesure qu’ils montaient, les étages se vidaient et arrivés tout en haut, il ne restait plus qu’une seule personne, assise dans le couloir, tellement défoncée qu’elle n’entendait même pas la sirène qui retentissait au-dessus de sa tête. C’était vraiment triste à voir.
- Salut ? - Saaaaaluuuuut !
Il le regardait avec des yeux vitreux, un sourire nauséeux sur le visage.
- Salut ! Faut sortir mon gars y’a le feu ! - J’en ai aussi ici !
Il avait sorti de sa poche une boîte d’allumette qu’il me montrait fièrement. C’était beaucoup trop pour moi, y’avait des enfants, des gens innocents dans cette baraque et on laissait quelqu’un qui n’était plus maître de soi avec des objets si dangereux qu’il était capable de tuer tout le monde d’un seul coup.
- Et qu’est-ce que tu fais dans le couloir petit ? - Je me détend... vous voulez aussi ?
Il nous présenta son joint.
- Non merci !
Je lançais un regard vers le dieu qui signifiait clairement « on bouge ?! » mais il resta concentré sur le drogué. Vu le regard que me lançait Nora, il était hors de question de bouger, elle en avait apparemment marre de marcher sans but.
- C’est de la qualité j’espère ? Je veux les coordonnées de votre fournisseur pour être sûr. - C'est un drogué.
D’accord Nora… chacun allait à son rythme, c’était pas grave.
- Je sais ma grande, t’inquiètes je gère. - C'est la petite au bout du couloir. Elle en a de la bonne.
J’étais sciée. Ouais… il gérait vraiment. On arrivait ENFIN à une réponse. En même temps j’avais pas fait LV2 drogué contrairement au dieu des arts qui avait forcément connu toutes les drogues du monde dans ce milieu.
- Hum. Très bien. Je vais aller voir de moi-même pour m’assurer de la bonne tenue de ses... plantations. Enfin un truc du genre.
Il lui avait retiré le joins des mains quelques minutes plus tôt quand il lui avait proposé mais il ne lui avait pas rendu alors qu’il nous faisait signe de le suivre au bout du couloir.
- Elle n'est pas là. Elle est sortie ce soir... - Ben voilà… j’avais bien dit qu’elle était en train de faire les courses…
Je l’avais dit en marmonnant avant de me rapprocher du type avec tous les efforts du monde :
- Tu sais où elle est partie ? Si c’est de la bonne ça nous intéresse forcément ! C’est quoi son p’tit nom ?
Je sentais la présence d’Apollon très proche de la mienne, comme pour me rassurer, ce qui me faisait du bien. Le mec observa son joint dans la main du dieu et baissa les yeux, signe qu’il ne parlerait pas sans récupérer son bien le plus précieux. Phoebus fit une moue avant de lui rendre et le camée tira une nouvelle latte avant de sourire :
- Elle est à une soirée... un truc bizarre où elle va quelque fois... ça la détend... - Hum… T’aurais pas l’adresse ? - C'est pas loin, c'est à quelque rues de là, dans les quartiers un peu plus huppé. Tu vois le genre ?
Il avait un sourire entendu et moi j’avais un sourire tout court : enfin la villa avec le jacuzzi ! J’avais tout compris depuis le début en fait !
- Hé... dit lui que tu viens du grand Tony. Elle te fera un prix. Et tu sais quoi ? PRend moi en un aussi j'ai un petit creux.
Apollon hocha la tête avec un air qui semblait montrer qu’il avait totalement compris de quoi parlait le mec alors que ses yeux trahissait la réalité : il n’avait rien compris du tout. Il attrapa ma main ainsi que celle de Nora et de ma main libre j’attrapais celle de Violette. En quelques secondes on changea d décor… et d’ambiance. On était typiquement devant une de ces maisons américaines des quartiers huppés. Toutes les maisons étaient alignées mais l’une d’elle se distinguait par le nombre de voitures garées devant et la musique qui s’échappait du jardin où il semblait que plusieurs personnes faisaient la fête. Elle semblait battre son plein surtout à l’extérieur car l’intérieur semblait calme et les rideaux étaient tirés.
- Bon… le mieux c’est de passer par l’extérieur. On va scanner un maximum de gens et on va donner l’impression d’être de la fête, ça sera plus simple pour entrer à l’intérieur si jamais y’a personne qui nous intéresse dehors.
Aussitôt dit, aussitôt fait, on s’était avancé vers le portail et on était passé derrière la maison. C’était une pure soirée, avec une méga piscine qu’Apollon observa avec un peu trop d’insistance. D’un même geste, Nora et moi avions attrapé une main d’Apollon pour s’assurer qu’il ne décide pas de tout plaquer pour sauter sur un flamant rose en plastique. Il n’y avait pas de doute, c’était une soirée hupée, elle avait beau battre son plein, tout le monde semblait bien habillé, un peu comme des Fanny qui rentrent du boulot et qui boivent un petit verre. Vous voyez ? Je suis sûre que vous voyez. On a tous une Fanny dans notre entourage.
- Cette soirée est TROP BIEN ! - Ouais… mais on est pas là pour faire la fête tu te souviens ? Personne de connu ?
Ni Apollon, ni Nora ne semblait avoir une illumination. Tenant toujours la main d’Apollon, je faisais un signe de la tête à Violette avec un sourire pour l’inviter à nous suivre vers le perron. La porte s’ouvrit lorsque j’actionnais la poignée de porte. Tout était tellement plus calme à l’intérieur. Ca ressemble à une étrange exposition de nues. Il y avait de tout : des photos, de la peinture, de la sculpture et d’autres Fanny avec des coupes de champagnes observaient les œuvres d’un air intéressé. Apollon était clairement en roue libre… on avait perdu le dieu de l’aventure, mayday.
- Elle irait tellement bien dans le couloir. Il me la faut. Oh et ça aussi ! ET CA ! JE PRENDS TOUT !
Il passait d’une œuvre à l’autre avec un œil gourmand. Un homme très huppé s’approcha de nous avec sa coupe de champagne pour préciser d’un ton dédaigneux :
- Rien ne s’achète ici. C'est de l'art. Ça se regarde et ensuite on brûle tout.
Le dieu eut une nouvelle moue avant de sourire d’un air satisfait :
- C'est très Burning Man. J'aime bien ce festival. Je vous y emmènerai.
Il parlait à nous. Mais il se tourna ensuite vers l’homme :
- Mais je prends ça quand même. Comme souvenir.
Il avait chopé le premier truc qui lui était passé par la main… à savoir savoir la sculpture d’un pelvis d’homme avec l’attirail qu’il fallait au bon endroit qui était aussi gros qu’un véritable pelvis et qui devait au moins peser 20kg vu qu’il était fait de bronze. Il le cacha de façon totalement improbable sous sa chemise, laissant clairement voir l’objet. Mais c’était loin d’être la fin d’Apollon puisqu’au même moment son regard croisa celui d’un stand de gâteau qui semblait être abandonné de tout serveur.
- Ooooh… - Non Apo ! Résiiiiiiiste ! Prouve que tu exiiiiiistes !
Je lui avais attrapé le bras et freinait des quatre fers mais il était bien trop fort pour moi, me traînant dans la pièce jusqu’au stand. Il y avait des cupcakes et des cookies qui semblaient incroyables. Et des muffins qui semblaient dégueulasse. Genre space cake ou un truc du genre.
- Si tu me trouves ce qu’on cherche je te les prends tous promis ! Sinon je les brûle !
Pendant ce temps, Nora avait fait un pas de côté en secouant la tête, nous laissant nous chamailler. Alors qu’elle semblait se détacher de tout ça, elle bouscula une jeune femme qui avait un des gâteaux pourris dans la main et une liasse de billets.
- Oh je suis désolée, je…
Mais Nora se stoppa net en découvrant le visage de l’inconnu :
- Vaiana ! Ca fait trop plaisir de te voir !
Il y avait eu un instant ultra gênant où la jeune femme avait voulu sans doute lui faire un câlin avant de se retenir. De mon côté, j’avais laissé échapper un petit couinement qui signifiait clairement ma joie d’avoir enfin trouvé la personne qui nous fallait.
- VAVAAAAAAA !! - Vaiana ! Ça fait un bail !
J’avais souris en m’approchant de celle qui avait été, fût un temps ma colocataire et amie. Je lui avait fait un petit signe de la main tandis que Nora reprenait :
- Tu fais quoi ici ? Tu tombes hyper bien ! On cherche quelqu'un ! Une jeune femme qui... - … Je crois que c’est elle Nora, la fille qu’on cherche.
Nora… chacun allait à son rythme, c’était pas grave.
Phoebus Light
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When you love someone but it goes to waste
what could it be worse ?
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Apollon, dieu de la divination, des arts, de la lumière.
Dernièrement, il était rare que les journées du dieu des Arts parviennent à être illuminées. Parfois il ressentait un léger contentement pour une raison ou une autre, mais il devait admettre qu'il n'avait pas ressenti autant de joie inattendue d'un coup depuis un moment. Certes, les circonstances n'étaient pas idéales pour des retrouvailles et la jeune femme qu'il serrait frénétiquement dans ses bras avait l'air bien différente depuis la dernière fois qu'il avait croisé sa route (notons qu'en plus, son oeuvre souvenir s'était lamentablement écrasée au sol lorsqu'il avait cessé de la tenir contre lui). Ca ne changeait rien. Apollon profitait simplement du moment, avant qu'il ne s'arrête subitement et que la réalité le refrappe de plein fouet.
"Qu’est-ce que tu fais là ? Comment t’es arrivé ? T’es venu pour moi ?? Je t’ai manqué ?? Tu m’as manqué !!" s'exclama-t-il sans chercher à dissimuler son engouement, alors qu'elle le laissait faire sans pour autant lui rendre son étreinte. "Et t’as pas répondu à ma lettre de vœux du nouvel an !! Ok je l’ai pas envoyé comme je savais pas où mais... Tu m’as manquééé !!"
Il avait bien du mal à calmer son émotion, et non ses yeux n'étaient pas humides à cause de cette vague soudaine de bonheur qui l'envahissait. Les changements brusques de son esprit lui faisaient subir comme des montagnes russes sentimentales auxquelles il ne parvenait pas à se faire.
"Salut..." répondit-elle simplement en le regardant d'une façon si étrange qu'il ne savait pas quoi en penser, se contentant de regarder son sourire. "T'as pris de l'ecsta ou quoi ?"
Il s'était écarté, juste assez pour la voir ranger les billets qu'elle avait dans sa main à l'intérieur de la poche ventrale de son sweat, alors qu'elle tenait toujours un gâteau à l'apparence déplorable dans l'autre. Il la dévisagea un instant, son regard le perturbant étrangement maintenant que le sien s'y attardait. Ses pupilles étaient dilatées et il lui semblait ne pas retrouver la lueur fougueuse qu'il avait pu y déceler par le passé.
"J'ai juste mangé des pâtes." précisa-t-il, presque penaud, avant de se pencher vers elle pour presque coller son visage contre le sien. "Et toi ?"
Son ton était suspicieux et ses sourcils froncés, bien qu'il ne soit -pour l'instant- pas le moins du monde réprobateur. Il n'était pas du genre à juger autrui sur leur comportement.
"Lâcher tes copains d'Olympe et plus donner de nouvelles, c'est une chose. Mais vendre des gâteaux chelous à d’autres gens que moi, ça en est une autre et je ne suis pas sûr d’apprécier ce genre de trahison, Mademoiselle Vava."
Le Gardien tentait de conserver un certain détachement, une pointe d'amusement, celle qui lui était propre en toute circonstance et qui lui permettait de ne pas laisser transparaître la façon dont il encaissait réellement les événements de sa vie. Mais cette façade se fissurait peu à peu, il en avait conscience.
"J'ai mes raisons." répliqua-t-elle comme si cette explication seule suffisait réellement. "Une trahison, tout de suite..."
Elle leva les yeux au ciel, geste simple et banal qui suffit pourtant à faire éclater la bulle de joie dans laquelle tentait de se rassurer la divinité. Vaiana ne laissait transparaître aucune bonne humeur, à priori peu réjouie de les voir tous se présenter ici, la moue maussade qu'elle avait affiché confirmant cette observation. Elle n'était pas en colère pour autant, elle lui paraissait à vrai dire presque ailleurs, comme si ça ne l'atteignait pas.
"Bon sérieusement, qu'est-ce que vous faites ici ?" interrogea-t-elle, désabusée. "Je crois pas aux jolies retrouvailles dans une expo craignos."
"Eh. Retire ça tout de suite." rétorqua le dieu, étonnement autoritaire. "Une expo, même la plus moche du monde, avec les gens les plus drogues du monde, c’est JAMAIS craignos."
Le simple fait que ce soit un regroupement de présentations artistiques d'individus aux gouts variés était exceptionnel, beau et satisfaisant, il était choqué que qui que ce soit se permettre de dénigrer ce genre d'événement qui n'était, à son goût, pas assez nombreux de nos jours.
"Tu veux me faire avoir un arrêt cardiaque à dire des choses pareilles ?" ajouta-t-il même, posant une main sur son coeur pour exagérer la chose. "Mais ça fait plaisir de voir qu'on t'a manqué aussi..."
Il ne pouvait s'en empêcher. Il était obligé de faire cette remarque, son attitude le surprenant et le décontenançant légèrement. Il ne s'était déjà pas préparé à la voir, mais la rencontrer ainsi encore moins.
"Et on est là pour toi, en fait. Si j'ai bien compris. C'est ça hein ?" demanda-t-il à ses accompagnatrices à leurs côtés, cherchant leur approbation en s'attendant à des soupirs blasés et consternés de leur part. "Tu sais on a toujours ce soucis de fin du monde, la routine quoi. Je sais pas si t’as remarqué la lune en trop dans le ciel mais disons que ça devient un peu chaud." poursuivit-il en reportant son attention sur Vaiana, qui mangeait son gâteau en paraissant plus détendue encore à chaque bouchée. "Du coup, on se demandait, juste comme ça, parce que c’est Socrate qui a balancé ou on pouvait te trouver histoire qu’on m’accuse pas, si on pouvait juste te demander un touuuuut petit service."
Et il insista sur la petitesse du service en mimant un espace ridiculement minuscule entre son index et son pouce. Même si cela restait quand même d'une importance vitale.
"Suffit de nous accompagner cinq minutes, et tu sera tranquille ensuite. Ça te va ? J’ai compris que t’avais mieux à faire que de rester en notre compagnie, je voudrai pas gâcher toute ta soirée." ajouta-t-il aussi faussement serein que possible, alors que son ego était piqué à vif, cela se percevait dans ses intonations.
"Je pense pas que ça va le faire. J'ai raccroché." articula-t-elle placidement, comme ça, en haussant les épaules comme si elle refusait juste de venir boire un petit thé. "Je vois pas en quoi je pourrais vous aider. Vous êtes tous tellement badass, vous allez forcément trouver une solution."
L'ironie était palpable, et elle le touchait en plein coeur. Sa mâchoire se contracta tandis que la jeune femme leur tournait le dos afin de s'asseoir derrière le stand de gâteaux, qu'elle tenait bien évidemment, il était aisé de le deviner à présent. La déception que le dieu avait affiché se transformait petit à petit en énervement. Il était difficile de le cerner puisqu'il s'agissait certainement de l'émotion qu'il montrait le plus rarement, si ce n'est jamais, du moins pas en présence d'autant d'individus. Quelque chose clochait chez Vaiana, à moins que ce ne soit chez lui, ou chez eux deux. Et ce n'était pas seulement par faim qu'il fixait les pâtisseries devant elle, mais surtout parce qu'il se demandait ce qu'elle mettait dedans pour réussir à ne plus éprouver la moindre considération envers eux.
"Ok." souffla-t-il, avant de se retourner complètement vers ses acolytes, assuré tout en étant navré pour elles. "J'ai une idée. Une idée très stupide, mais je vais le faire quand même."
Il considérait qu'il s'améliorait, puisqu'il se donnait la peine de les prévenir avant d'agir, chose qu'il n'aurait pas faite quelques années plus tôt. Et suite à ses mots, sans attendre de réaction ou d'avertissement qu'il sentait arriver, il se dirigea vers Vava et se plaça derrière elle pour poser ses mains sur ses épaules. Et ce n'était pas pour lui faire un massage.
"Je sais que t’es une racine ou un truc comme ça, mais tu vas pas rester plantée là à oublier ce que tu vaux vraiment. Je l’accepterai pas." lui dit-il dans un premier temps, conscient qu'elle devait s'en ficher royalement. "Je m’excuse à l’avance pour ce que je vais faire, mais... des fois un petit rafraîchissement ça fait pas de mal pour se remettre les idées en place."
Il n'attendit pas plus longtemps, pour ne pas lui laisser le temps de la réflexion. En un claquement de doigt, il les téléportait tous deux dans la piscine de la demeure. Celle qu'il avait plus tôt, et qu'il avait eu très envie d'essayer. Il s'était fait la promesse intérieure de se laisser aller à un plongeon avant de repartir, et l'occasion était trop belle pour passer à côté, non ? Vava adorait l'eau, lui aussi, il faisait chaud, ça faisait du bien, et avec un peu de chance ça dissiperait les effets de la drogue qu'elle s'enfilait certainement toutes les heures. Au pire, ça fonctionnait pas, mais tout le monde aurait une magnifique vue sur son torse à laquelle sa chemise trempée allait coller. Les invités seraient contents, ce serait déjà ça.
Le cri étouffée de Vaiana, immergée, lui confirma qu'elle n'approuvait pas du tout ce plan, pire encore, elle s'étouffait presque avec l'eau qui était rentrée dans ses paumons parce qu'il n'avait pas calculé le problème de taille qui ferait qu'elle n'aurait pas pied à la destination d'arrivée qu'il avait choisit. Ce n'était qu'un détail finalement, puisqu'elle s'en remit assez vite, remontant à la surface pour le pousser avec une brutalité qu'il n'était pas mécontent de retrouver. Au moins, elle exprimait quelque chose comme ça.
"Laisse-moi tranquille ! J'ai dit non !" s'écria-t-elle avec une colère prononcée.
Un ballon de plage gonflable, aux proportions énorme, tomba vers eux à ce moment précis puisque les fêtards autour de la piscine croyaient visiblement qu'ils s'amusaient comme des fous, tous les deux dans l'eau. C'était loin d'être le cas, mais la musique aux alentours empêchaient aux autres de percevoir distinctement les cris. Ou ils n'y prêtaient pas intérêt, c'était davantage plausible. Le ballon ne tarda pas à être utilisé comme arme, la jeune femme l'envoyant directement sur la tête d'Apollon sans qu'il ne ressente le moindre chatouillis, esquissant juste une grimace pour la forme.
"Ca rentre dans ta tête de pioche ? Ou il te faudra encore plus d'un an pour y réfléchir ?" lui lança-t-elle, le corps du dieu se tendant instinctivement. "Parce que c'est facile de se pointer comme une fleur en prétendant que je t'ai manqué, mais dans le fond, tu sais très bien ce qu'il en est."
Ca, ça faisait plus mal que le ballon. Elle nagea jusqu'à lui, le fixant d'un regard noir, et il ne cilla pas en la dévisageant d'une manière semblable. Il savait qu'il n'allait pas apprécier les paroles qu'elle allait prononcer, il le pressentait.
"Réponds à cette question : tu serais venu ce soir si tu n'avais pas besoin de moi pour 'sauver le monde' ?"
Non seulement, le dieu était blessé d'une telle insinuation, mais plus encore, elle l'enrageait. Pas à cause de sa fierté, qui n'avait aucune place dans cette discussion, mais parce que les sous-entendus étaient fondés.
"Tu veux de l'honnêteté ? Je peux t'en donner." dit-il sèchement, se rapprochant d'elle autant que possible sans détourner ses yeux des siens. "Evidemment que je n‘ai pas cherché à te ramener à Olympe en te tirant par les cheveux. Déjà parce que je n’avais pas idée de l’endroit où tu étais planquée, et parce que je n’allais pas te courir après si tu n’avais plus envie d’être à nos côtés. C’est ton choix, et je l’accepte. J’ai l’habitude de perdre ceux que j’apprécie."
Il ne lui en voulait pas, il ne pouvait pas, il ignorait ce qui avait conduit à la disparition de Vaiana des radars et, après tout, elle n'était ni la première ni la dernière à souhaiter s'écarter de tout cela. Mais il était hors de question qu'on rejette la faute sur son dos, ou sur celui de n'importe qui. Il en avait plus qu'assez de devoir être celui qui supplie, qui se justifie, qui doit convaincre alors qu'ils avaient atteint un point de non retour auquel lui-même ne pouvait rien. Il avait tenté de créer une équipe, tenter de les faire s'assembler, se rejoindre, se soutenir. Mais si il était un pilier, il ne pouvait être le seul porteur de la fondation. Et si tout s'était effondré, ce n'était pas à cause de lui. Il était toujours là, au milieu des ruines.
"Alors la réponse est non. Non je ne serai pas venu ce soir, si il n’était pas question de fin du monde." admit-il sans aucune honte. "Je t’aurai laissé faire ta petite vie tranquille, sans rien te demander, et j’aurai peut-être eu la chance de te croiser dans cinq ans, au supermarché ou à une autre expo pourrie comme tu le penses, voir dans un centre de désintoxication qui sait !"
Il était amer, ne laissant échapper ni ricanement amusé, ni sourire en coin qui laisserait penser à une blague de mauvais goût.
"Mais tu vois où il est le problème ? On a pas cinq ans devant nous, Vava. Je suis meme pas sur qu’on est une seule année !" poursuivit-il, plus agacé qu'inquiété par cette supposition. "Tu crois qu’on en a pas tous marre de ça ? On en peut plus non plus, et si j’avais été assez égoïste crois moi je me serai barré depuis longtemps aussi ! C’est ce que tout le monde fait en ce moment de toute manière ! Mais non, on est encore quelques uns à tenir, je sais même plus pourquoi. Et je te demande pas de revenir définitivement, juste d’être là parce qu’on a besoin de TOI ! Ouais je sais, c’est grave relou d’avoir un rôle important quand on a rien demandé, et surtout quand personne peut nous remplacer. Je compatis. Vraiment. Je sais ce que sait. Mais dis toi que que tu pourra retourner manger tes gâteaux et les vendre à des paumés ensuite si tu veux, ça me regarde pas !"
Une de ses mains passa dans ses cheveux mouillés, tandis qu'il restait sur place au milieu de cette piscine, alors que la fête se poursuivait inlassablement autour d'eux. Depuis quand n'avait-il pas eu l'occasion de célébrer quoi que ce soit, pour se changer les idées ? Sans doute depuis trop longtemps, pour qu'il se sente aussi dépassé.
Le dieu soupira, secouant sa tête péniblement.
"Je te forcerai pas." finit-t-il par ajouter, tout aussi désabusé qu'elle maintenant. "J'insisterai pas plus non plus. Je veux pas être comme ça... Je suis désolé. Mais dis moi juste une chose, toi aussi, avant que je te laisse tranquille."
Apollon ne désirait plus forcer qui que ce soit à jouer son rôle, à faire sa part, dans cette gestion catastrophique de l'Apocalypse. Et il ne reprochait rien à personne. Il en avait plus qu'assez, et plus rien n'avait de toute façon de sens. Alors, quitte à y passer prochainement, quoi qu'il advienne, il ne souhaitait qu'une chose...
"Est-ce que t’es plus heureuse depuis que t’es partie ?" articula-t-il dans un murmure.
Etre heureux... C'était presque un privilège ces Temps-ci, en réalité. N'aurait-il pas finalement été préférable de s'assurer que tout le monde le soit, plutôt que de rendre chacun triste et morose si leurs jours étaient comptés ? Seulement, si le futur n'était pas écrit, il était tout aussi impossible de changer le passé et la manière dont ils avaient jusqu'à présent agit. Le mal était déjà fait.
Vaiana avait écouté, sans dire un peu, silencieuse en le regardant même si il percevait son énervement qu'il ressentait également. Quelques secondes s'écoulèrent, où ils ne faisaient que s'observer l'un l'autre, les gens autour continuant de boire, de manger, de rire et de danser en ignorant tout de ce qui se passait entre eux.
"Tu penses que je suis égoïste..." dit-elle enfin, secouant sa tête, blessée. "Tu ne peux pas comprendre."
Il se mordit la lèvre, la maudissant presque de ne retenir que ça. Il ne faisait aucun reproche en l'affirmant, au contraire, elle pouvait bien se permettre de l'être si c'était ce qu'elle voulait. Mais au lieu de ça, elle nagea vers le bord de la piscine, et il la suivit en étouffant une injure, prêt à la voir s'éloigner pour ne pas se retourner.
Elle n'en fit rien, s'asseyant sur le bord après s'y être hissée, ses jambes demeurant dans l'eau, puisque son jean et ses chaussures étaient déjà imbibés de toute façon. Il resta indécis un instant, face à elle, avant de se résoudre à se placer lentement à ses côtés.
"Je ne suis pas partie à la recherche du bonheur. Je sais très bien qu'il n'est pas au bout du chemin." fit-elle remarquer, ce à quoi le dieu baissa la tête pour observer ses pieds remuer dans l'eau. "Si je suis partie, c'est parce que quelqu'un m'a dit qu'il ne pouvait rien pour moi. Et crois-moi, quand une personne comme Hypérion te balance ça, tu n'as pas beaucoup d'alternative."
Il releva immédiatement les yeux, l'observant ramener ses cheveux trempés sur une épaule afin de les essorer, peu surpris d'apprendre qu'un Titan était -encore une fois- mêlé à tout ça. Ils étaient incapables de s'exprimer ou d'agir de façon logique et compréhensible, ça ne l'étonnait pas. Ils ne faisaient pas preuve d'une grande humanité non plus en général.
"Il a fallu que je me débrouille. Ce que j'ai fait." dit-elle assurer, remuant les doigts de sa main contre sa jambe.
Il n'aimait pas ça, et après tout le discours qu'il avait tenu sans avoir planifié de s'épancher autant, ni de cette manière, il n'était pas certain de ce qu'il devait dire, ni de ce qu'il voulait dire non plus. Avant qu'il n'ait eu le temps de vraiment y réfléchir, la jeune femme s'était redressée d'un bond, ses jambes ne la tenant pas puisqu'elle manqua de glisser sur le rebord. Apollon parvint à la rattraper sans difficultés, se relevant en vitesse et son bras entourant ses hanches dans un réflexe protecteur pour lui éviter la chute. Peut-être que c'était la seule chose à faire, être présent. Ce à quoi il avait faillit auparavant.
"Tu n'avais pas à te débrouiller seule..." marmonna-t-il, sentant ses cheveux mouillés contre sa chemise avant qu'il ne recule pour la regarder, aussi attristé que préoccupé. "On aurait pu être là pour t'aider, te soutenir ou... juste être là, en fait."
Le rictus triste qu'elle afficha le peina davantage, alors qu'elle posait sa main contre son torse pour le repousser avec plus de douceur à présent.
"Ca n'aurait pas suffit."
Le rejet, encore une fois. Ce n'était pas une première. Ca faisait quand même mal.
Vaiana de Motunui
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Rage is a quiet thing Ooh, you think that you've tamed it
But it's just lying in wait Rage, is it in our veins?
| Conte : Vaiana, la légende du bout du monde | Dans le monde des contes, je suis : : Vava, la fille du chef qui n'est pas une princesse même si elle chante et a des animaux de compagnie
Au début, c'était juste un somnifère de temps en temps. Calmer l'angoisse. Trouver la paix. Hélas, je ne dormais toujours pas. Alors, il fallut augmenter la quantité. Puis, je découvris la codéine. On m'en avait prescrit après que je me sois cassé le bras. Ce dérivé de la morphine, à fortes doses, me donnait des vertiges et ralentissait ma respiration. La combinaison des deux avait des effets inespérés : je ne savais jamais si je dormais ou si j'étais éveillée. La solution idéale à tous mes problèmes. Lorsque mon bras fut remis, je dus trouver d'autres moyens de me procurer la codéine. Au final, l'héroïne me parut être la meilleure alternative. Elle est aussi un opiacé puissant issu de la morphine. Je retrouvais les effets familiers, plus une sensation d'euphorie intense qui durait un petit moment avant de basculer dans la somnolence. Parfois, ces sensations étaient accompagnées de nausées, de vertiges, et d'un ralentissement de mon rythme cardiaque. C'était le prix à payer pour se sentir bien. Ensuite, les angoisses ressurgissaient. Nombreuses. Trop nombreuses. Les tremblements dans tout mon corps. La perte de contrôle. Quelque chose cherchait à jaillir hors de moi. Je devais l'endormir, jour après jour. Ne pensez pas que j'agis par pur plaisir égoïste. Tout ce que je fais, c'est uniquement pour vous protéger.
*
Avril 2019, Seattle.
Je traversais les rues de la métropole à vive allure sur mon vélo, me tenant en équilibre au-dessus de la selle. L'air était humide, comme bien souvent à Seattle. Mes cheveux ramenés en queue de cheval étaient en partie cachés par la casquette que je portais, estampillée du nom du service de coursiers dans lequel je travaillais. Ce job me permettait, tout en livrant des colis, de faire passer discrètement des paquets beaucoup plus légers et coûteux... Une façon comme une autre d'arrondir les fins de mois plutôt difficiles, tout en me servant au passage. J'avais des clients réguliers qui avaient compris la combine et qui utilisaient le service de coursiers avec une rigueur qui ravissait mon supérieur. Pourtant, ce jour-là, quelque chose me rendait morose.
Je descendis de mon vélo, le calai contre le mur détrempé et sonnai à une porte d'un bâtiment se situant près des docks. Les mouettes volaient au-dessus de ma tête en criant. Songeuse, je renversai la tête en arrière, les battements de mon cœur se calant instinctivement avec le bruit lointain des vagues.
La porte s'ouvrit sur un malabar de deux mètres aux épaules carrées, à l'air patibulaire. Il se faisait appeler Tank. Je posai un regard désabusé sur lui et lui remis le colis, plus le sachet opaque qu'il avait demandé. Il s'empressa de tout donner au type qui se tenait juste derrière lui, et qui lui passa une petite liasse de billets.
« Faudrait davantage espacer les livraisons. Mon chef va finir par trouver ça louche. » dis-je, contrariée.
« Je suis un grand consommateur. » rétorqua-t-il. « C'est pas mon problème si t'as des emmerdes. »
Il me fila l'argent. Je comptai rapidement les billets avant de relever la tête vers lui, maussade.
« Il manque cinquante dollars. »
« Les temps sont durs, Gonzales. »
Il m'adressa un sourire édenté. Lui et ses potes m'avaient donné le surnom de Speedy Gonzales suite à une forte défonce, car ils trouvaient que j'étais super rapide à leur livrer la marchandise.
« Si j'ai pas le montant entier, je donne pas la cam en entier. » fis-je, intransigeante.
« Tu me l'as déjà donnée. » ricana-t-il.
Son pote, depuis l'intérieur de leur piaule, intervint brusquement :
« Y a pas tout le grammage demandé. »
Il venait sûrement de peser la marchandise. Tank perdit aussitôt sa bonne humeur alors que je précisai d'un ton sec :
« C'est de bonne guerre, les gars. C'est pas la première fois que vous me la faites à l'envers. »
Tank m'attrapa par le col de mon blouson et me fit décoller du sol pour approcher son visage du mien. Menaçant, il lança :
« Tu m'apportes le reste. Tout de suite. »
Je lui répondis par un coup de pied dans l'entrejambe. Assailli par la douleur, il me lâcha et j'en profitai pour décamper, avant que ses petits copains ne viennent le défendre. Je sautai sur mon vélo et filai le plus vite possible loin des docks. Plusieurs coups de feu se firent entendre, mais j'étais déjà trop loin. Hors de portée. Il allait me falloir un nouveau client pour le remplacer.
*
21 décembre 2019, Seattle.
Ce jour-là, ce fut pire que d'habitude. J'avais été obligé de doubler la dose. Je m'étais terrée chez moi, à ouvrir et fermer les poings sans cesse, remuer les doigts. La sensation avait fini par diminuer, et je m'étais décidée à partir au boulot. J'avais récupéré plusieurs paquets que j'avais bien l'intention de livrer.
« Vous avez l'air d'une morte, Motonouilli. » fit remarquer mon chef avec son empathie habituelle de gardien de prison.
« C'est Motunui. » rectifiai-je pour la millième fois entre mes dents. « Je suis Vaiana de Motunui. »
« Mouais... En tous cas si vous êtes contagieuse, déguerpissez en vitesse. Je n'ai pas envie d'attraper une cochonnerie. » fit-il tout en agitant un dépliant de son enseigne dans ma direction comme pour me chasser. « Bip ! Bip ! Bip ! »
Je levai les yeux au ciel et titubai jusqu'à mon vélo. En croisant mon reflet dans la vitre de la compagnie de coursiers, je tressaillis. J'étais pâle et avec des cernes si prononcées que je paraissais effectivement plus morte que vivante. Malgré tout, j'enfourchai mon vélo, consultai l'adresse sur le premier colis, et m'y engageai.
Je décidai de prendre le raccourci par le parc, même si les deux roues y étaient interdits. Je n'avais pas la force d'emprunter les routes habituelles. Alors que je passais l'un des bancs tagués en hommage à Kurt Cobain, je sentis de nouveau une force familière pulser en moi. Je ralentis l'allure et tentai de la maîtriser. Paniquée, je réalisai que je n'avais pas pris de poudre avec moi.
Mon vélo zigzaguait dangereusement et plusieurs promeneurs me le firent remarquer avec humeur. Je finis mon chemin dans un buisson. J'y restai un long moment, luttant contre ce qui ne demandait qu'à sortir de moi. Je sentais à peine les égratignures à mes joues et mes articulations. A tâtons, je cherchai dans mes poches, et finis par trouver un comprimé. Un seul. Le dernier. Je le mis en bouche et l'avalai.
L'apaisement et la gaieté remplacèrent peu à peu la névrose et l'angoisse. Mon cœur battit avec lenteur et la force en moi sombra dans le sommeil. C'est alors qu'une chose étrange se produisit dans le ciel : une sorte d'astre noir voilà notre soleil. C'était difficile à identifier, car il faisait gris et les nuages empêchaient de bien voir. Sûrement que je délirais.
Dans un état second, je me relevai et jetai un regard hagard aux quelques gens rassemblés autour de moi.
« Tout va bien, mademoiselle ? » demanda l'un d'entre eux.
Un autre ramassait les colis tombés pendant ma chute.
« Touche pas ! » lançai-je exaltée avant de les récupérer.
Je les rangeai dans la sacoche accrochée à mon vélo et me remis en selle, même si l'une des roues était tordue. J'étais Vaiana de Motunui et rien ne m'empêcherait de faire mon travail. Absolument rien. En chemin, je me rendis compte que plusieurs personnes étaient immobiles et fixaient le ciel. Certaines le montraient du doigt, la majorité des gens avaient leurs téléphones levés pour prendre une photo ou filmer. Voyaient-ils tous le soleil noir ? Etaient-ils tous autant défoncés que moi ?
Ce jour-là, le monde entier devint complètement fou.
*
Seattle, maintenant.
Depuis l'épisode de la piscine, Apollon avait fait apparaître des vêtements secs sur moi, pour m'éviter de choper une pneumonie, ainsi qu'une serviette de bain dans laquelle j'avais enroulé mes cheveux trempés. Je devais avoir une sacrée dégaine, assise sur une chaise longue au bord de la piscine, mais de toutes façons, je ne m'étais jamais vraiment intéressée à mon apparence. Les gens pouvaient penser ce qu'ils voulaient, je m'en moquais -et vu à quel point la fête dégénérait autour de nous, je doutais qu'ils arrivent encore à enchaîner deux pensées d'affilée. J'avais rangé les billets mouillés dans ma poche ; je les ferai sécher plus tard, ainsi que les deux-trois bricoles qui se trouvaient dans mes précédents poches.
Le dieu des arts était assis à côté de moi, sur la même chaise. Sa présence avait quelque chose d'apaisant. Elle me ramenait des mois en arrière, quand je me sentais encore protégée, choyée. Je m'efforçais de songer que je n'avais pas besoin de ce genre d'émotion, mais les effets du crack se dissipant, j'éprouvais un manque qui me donnait envie de me raccrocher à n'importe quoi, ou n'importe qui. Apollon n'était pas n'importe qui, mais il m'avait laissée tomber. Il ne fallait pas que je refasse les mêmes erreurs.
La tête dans les mains et les coudes sur les genoux, je promenai un regard atone sur les alentours déchaînés. Je me sentais en décalage avec la vie en générale.
Soudain, j'aperçus Nora arriver comme un fier petit soldat, avec son bâton accroché à une épaule et son sac à dos.
« Ah, vous êtes là ! »
Elle s'arrêta devant nous et sembla buguer quelques secondes sur la serviette autour de mes cheveux. Puis, elle entreprit de voler l'Oscar du meilleur discours à Apollon en déclarant :
« Je sais que c'est pas facile quand il t'arrive quelque chose et que tu n'arrives pas à le comprendre ni à le maîtriser. Mais quand les gens qui comptent pour toi ont besoin de toi, tu te dois d'être là pour eux.Tu dois te montrer courageuse. »
J'ouvris la bouche mais elle leva le doigts pour me faire taire.
« Attends. » Elle se concentra, réfléchissant à quelque chose. « Le vrai courage, c'est quand tu es mort de peur et que tu montes toujours à cheval ! »
Je haussai un sourcil indécis.
« C'est John Wayne qui l'a dit. Il faut te montrer courageuse. Parce que ceux qui sont morts de peur, ce sont tes amis. »
J'avais presque oublié à quel point ses références pouvaient s'avérer étranges. J'avais l'impression de la retrouver, elle aussi. Pourtant, plus rien n'était pareil.
« Je viens avec vous. » lançai-je, désabusée.
« C'est exactement ce qu'on attend de toi ! Que tu viennes avec nous, que tu ouvres le passage et que... » poursuivit-elle, imperturbable.
Puis, elle se tut brusquement.
« Vraiment ? Tu viens ? »
Elle semblait étonnée et ravie à la fois. Je m'efforçai de ne pas esquisser de sourire amusé en répondant :
« Oui. »
« Mais c'est trop cool ! C'est John Wayne qui t'a convaincu ? »
« Non, c'est Apollon. » fis-je en le désignant du bout du pouce. « Ca fait une bonne dizaine de minutes maintenant. »
On avait eu le temps de discuter -de manière moins agressive- avant que Nora nous rejoigne. Visiblement embarrassée d'avoir encore commis un impair, elle porta machinalement la main à son bâton, mais sans rien faire de particulier. Quant à moi, je me levai.
« Mais qu'on soit bien d'accord : je vous ouvre le passage -même si j'ignore comment, mais vous avez l'air tellement persuadé que je suis la solution que je vais pas vous contredire- mais ensuite je repars. Comptez pas sur moi pour jouer les héroïnes. »
J'avais lancé un regard intransigeant à Apollon et Nora tout en parlant. Je ne voulais pas m'embarquer dans une aventure périlleuse -malgré la promesse de danger qui me faisait frémir d'excitation- car je risquais d'être trop dangereuse pour les autres. Après tout, j'étais une bombe à retardement. Nora hocha la tête et déclara :
« Il faut qu'on trouve Violette et Alexis et qu'on aille à l'Asbru tout de suite. »
Je levai les yeux au ciel et répliquai :
« Comment vous faites pour jamais vous retrouver entre vous ? »
La jeune femme ouvrit la bouche mais se ravisa. De toutes évidence, c'était une question à laquelle elle n'avait aucune réponse.
CODAGE PAR AMATIS
Héphaïstos
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| Avatar : Chris Pine
3, 4 ! Chantons la chanson du feu qui illumine nos coeurs et le chemin de notre gardien !
- C'est donc lui qui est censé être mon descendant et diriger une secte européenne ?
- Il doit y avoir erreur, on est sûr qu'il vient pas d'Aphrodite par hasard ?
| Conte : Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : Héphaïstos
Quelque part dans le subconscient de sable et de rêve, plus loin que ce qui a jamais été exploré par son gardien
Héphaïstos se demandait s'il allait rencontré l'enfant qu'il avait pu être et qui avait totalement été retiré de sa mémoire. Mais s'il avait su dans quel domaine de subconscient il venait d'être emmené, il aurait bien été surpris et aurait probablement trouvé plus rassurant de se rencontrer enfant que ce qu'il était en train de découvrir avec Sebastian Dust.
Il n'avait plus sa plaque de verre dans les mains. En revanche, ses yeux étaient désormais posés sur le décor qu'il y avait vu juste avant, dans lequel il venait de plonger avec le marchand de sable. A observer son visage et sa surprise, Héphaïstos comprit bien facilement qu'il n'avait jamais exploré son royaume onirique aussi profondément. Et il n'était pas au bout de ses peines : en suivant la piste du dieu, Sebastian n'avait pas terminé de se découvrir une nouvelle puissance dans ses pouvoirs.
Je dois dire être plutôt satisfait que mes pistes révèlent en effet quelque chose que je soupçonnais caché, mais si Titania se révélera aussi inattendue que ce voyage-là, tout cela risque d'être bien plus sportif que prévu. Héphaïstos était sorti du Tartare après des années et des années à y être resté dans le secret, pour ensuite mener une expédition chez leurs parents disparus afin d'armer les siens à la guerre qui se préparer, alors bien sûr que toute la suite serait plus animée pour lui. Mais généralement, dans cette famille, ce n'était jamais facile de trouver des réponses, il ne pouvait pas savoir qu'il suffisait de sortir au grand jour et de sortir deux idées pour tout de suite être plongé dans autant de surprises aussi vite.
Les voilà donc au centre d'un cercle de menhirs de sable. Tout le décor l'était, celui d'un souvenir perdu reconstitué avec le sable. C'est vraiment ressemblant à Stonehenge. Le sable lui donne une dimension plus poétique cela dit, prit-il le temps d'observer ses ondulation. Mais sa poésie n'était pas calme tout autant. Au-delà du cercle dans lequel ils se tenaient, des éclairs ravageaient.
L'attention des deux hommes, après avoir scruté ce décor, se portait sur l'enfant qu'ils avaient vu, lui aussi reconstitué de sable, brouillant un peu ses traits, et qui se tenait pile au centre, alors qu'une silhouette encore plus incertaine semblait se tenir plus loin, le surveillant. Ou surveillant le dieu et le marchand qui visitaient clandestinement le souvenir.
Avant que ces deux derniers ne puissent faire quoique ce soit, le sol semblait se craqueler. Se tenant prêt à l'éventualité qu'il se rompe sous leurs pieds, les deux compagnons virent des stries de sable noir rayer le sol doré depuis quatre points du cercle, du nord et du sud, et de l'est et de l'ouest, jusqu'à atteindre les pieds de l'enfant.
Héphaïstos décida de faire quelques pas en avant, ignorant le sable noir pour essayer de trouver des réponses avant qu'il ne fasse son oeuvre, ce qui ne peut être un bon signe. Il s'accroupit alors face à lui, après s'être approché doucement. A sa hauteur, il sourit même s'il avait du mal à observer son visage brouillé par le sable doré en mouvement.
Bonjour. Je suis Héphaïstos, la personne dont tu es dans les rêves, alors j'aimerais beaucoup apprendre à te connaître et savoir ton nom, demanda-t-il alors sur un ton bienveillant.
L'enfant se mit alors à convulser, au grand désarroi d'Héphaïstos. S'il pouvait être gêné en présence d'enfants qui avaient besoin d'aide, il était encore plus dépourvu face au souvenir de sable d'un enfant qui en avait besoin. Il essaya de porter l'enfant pour lui venir en aide, mais le sable s'effondra de ses mains pour se reformer ensuite. On ne pouvait pas toucher un souvenir, on ne changeait pas le passé. Pour la première fois alors, les éclairs grondaient plus proches, et le dieu prit Sebastian par le bras pour les déplacer sur le coté pour ne pas être frappé par l'un d'eux, qui toucha l'intérieur du cercle pour la première fois, juste là où ils se trouvaient à la seconde d'avant.
Deux autres silhouettes attirèrent l'attention d'Héphaïstos derrière l'enfant. Ils semblaient d'ailleurs parler, mais tout ce que le duo pouvait entendre, c'était les bruits du sable qui s'écoulait. La reconstitution avait ses limites, et le Héphaïstos fit une petite moue en comprenant que ce ne serait pas ainsi qu'il pourrait communiquer. Ni avec l'enfant, ni avec les plus grands plus loin.
Le dieu regarda alors un instant Sebastian, et eut une nouvelle idée. Dans ce monde fait de ses souvenirs et de ses rêves, même inconscients, il pouvait surement avoir un certain contrôle, similaire à celui qu'il avait eu en créant un four pour faire une plaque de verre. Alors il reprit sa place face à l'enfant, et se concentra pour soulever du sable, souriant en voyant que cela fonctionner. Ils formèrent alors des lettres devant lui.
Je suis Héphaïstos. Je veux bien t'aider, qui es-tu ?
Une fois le message formé... le sable s'effaça, et un éclair frappa juste entre l'enfant et le dieu, le faisant sursauter un instant. Sous leurs pieds, le sable noir continuait petit à petit de se frayer un chemin jusqu'au petit, qui lui était enfin capable de lui répondre, faisant apparaître ses propres lettres de sable... noir.
Ne les laisse pas te prendre.
Héphaïstos fronça les sourcils en lançant un regard aux silhouettes qui se tenaient toujours plus loin. Ils n'avaient pas l'air hostiles... mais peut être. Qui veut me prendre ? Les personnes derrière toi ?
Le message du dieu s'effaça de nouveau, et un nouvel éclair survint. Le sable noir continuait. Nos parents.
Héphaïstos eut un frisson en lisant ces deux mots pourtant simples. Il leva de nouveau les yeux vers les personnes derrière eux en se demandant s'ils étaient leurs parents dont l'enfant parlait. Il reporta finalement son attention vers ce dernier. Nos parents ? Les titans ? Les parents des dieux étaient les titans. Mais en disant "nos" parents, l'enfant incluait Héphaïstos, son interlocuteurs, dans le "nos", mais aussi... lui même. Le dieu rajouta alors : Es-tu... un dieu ?
Le processus se répéta pour effacer son message, et faire apparaître la réponse en sable noir. Oui. C'est moi. Persé.
Il retint un mouvement de recul, presque choqué. Il mit un moment pour assimiler la nouvelle, alors que derrière lui, Sebastian avait tout le loisir de s'inquiéter de voir Héphaïstos prendre autant de temps pour réagir alors que les éclairs faisaient de plus en plus rage autour du cercle. Perséphone...
Il ne l'avait pas vu depuis si longtemps. Il aurait aimé la revoir avec tous ses autres frères et sœurs lorsqu'il a finalement quitté sa forge du Tartare, mais Perséphone faisait parti des absents. Il se reprit, essayant de regarder le visage de l'enfant dans l'espoir d'y reconnaître quelques uns de ses traits, mais n'y voyant rien que le sable ne permettait pas. Il reprit l'écriture. Perséphone, tu vas bien ? Où es-tu ? Tu veux me protéger de nos parents parce qu'ils t'ont fait quelque chose ?
Encore la même chose pour effacer son message. Ils sont venus me chercher. Comme avec Apollon. Le message s'effaça. Un autre prit sa place. J'ai peur. C'est tout noir.
Héphaïstos eut un pincement au coeur. Mais Perséphone, ou le souvenir de sa forme enfant, disparut. Les trois autres silhouettes aussi ensuite. Le dieu et le gardien étaient désormais seuls dans ce cercle, dont le sol était entièrement fait de sable noir. Les éclairs rageaient encore... s'ajoutant à la voix du forgeron qui se mit à crier en se relevant. PERSEPHONE ! REVIENS S'IL TE PLAIT !
Il ne voulait pas perdre une piste. Une piste sur leur avenir, mais aussi une piste sur l'un des siens. Le dieu essaya de nouveau de contrôler le sable tout autour. Il n'était pas Sebastian, mais il était dans ses rêves, après tout. Et... il échoua. Ses rêves ? Il finit par comprendre. Probablement en même temps que le marchand. Ils n'étaient plus dans ses rêves à lui, ils étaient dans les rêves d'un autre dieu. Héphaïstos soupira. Je me demandais pourquoi elle se trouvait dans mes rêves.
Il voulait rester. Mais il n'y avait plus rien. Juste des éclairs et l'amer sensation d'avoir échoué à aider Perséphone, quand bien même c'était une image du passé. Il devait en parler à Apollon, elle l'avait mentionnée, après tout. D'accord. Nous pouvons sortir.
Mais Sebastian ne réussit pas. Nous étions trop loin dans les rêves, et dans les rêves de quelqu'un d'autre. Le marchand de sable n'arrivait pas à en trouver la sortie pour lui et son partenaire de route. Se découvrir des nouveaux pouvoirs n'était pas toujours une bonne chose...
Le dieu voulut alors se mettre à marcher, quelque part, pour trouver une issue dans ce sable noir, mais les éclairs en dehors du cercle semblait les empêcher de sortir d'ici. La clé doit alors se trouver ici, simplement. Il se tourna alors vers un des menhirs, et posa la main dessus... sans aucun résultat. Ou presque.
Il perdit l'équilibre un instant, et Sebastian aussi. Il le reprit par le bras, pour l'empêcher de tomber dans ce qui devenait des sables mouvants qui les avalaient doucement. Héphaïstos serra les dents. J'espère que nous tombons vers une sortie...
Mais alors qu'ils s'enfonçaient, ils se rendirent à l'évidence : ils n'allaient nul part, excepté dans un sable noir dangereux qui les aspirait à son rythme. Il fallait tenter le tout pour le tout. Le tenant toujours fermement, Héphaïstos essaya alors de se téléporter avec Sebastian hors d'ici, et il aurait pu, si le sable noir ne s'était pas entouré puissamment autour de lui pour l'en empêcher. Il fit donc apparaître un bouclier, un qu'il avait de côté pour s'en servir de modèle au bouclier qu'il forgeait lui même actuellement, et chassa le sable noir avec en le repoussant. Mais il continuait à l'entraîner vers le fond, il ripostait.
Un peu de sable doré pour lutter devrait nous aider, suggéra-t-il à son compagnon de route.
Sebastian comprit rapidement et fut tout aussi réactif. Une muraille dorée, rayonnante à côté de l’obscurité du sable noir, apparue alors autour d’eux, repoussant le sable noir. Héphaïstos sourit. L’expression combattre le feu par le feu, il le savait, n’était pas très intelligente et pourtant il l’adorait. Plus pour le feu qu’autre chose mais ici, ça l’arrangeait surtout.
Alors, nous accompagnions petit à petit la lumière du sable du marchand pour sortir des mouvants obscurs, alors que le sable noir commençait à disparaître. Et quand enfin nous posions nos pieds sur le sol, il était cette fois solide. Un coup d’œil en bas pour regarder avec surprise la pierre sur laquelle nous nous tenions.
Nous avons quitté les rêves...
Ils étaient au même endroit pourtant. Mais rien n’était pareil : le sable avait disparu. Le ciel était fait de ciel, les menhirs de pierre, le paysage d’herbes et de collines. Ils étaient sortis des rêves et des cauchemars pour toucher ce qu’ils représentaient en vrai. Il pouvait ressentir les auras dans ce monde : c’était confirmé désormais, il était dans le monde réel, en Ecosse. C’était bel et bien Stonehenge. Il était 21h et les deux Lunes, blanche et noir, étaient dans le ciel. C’était leur monde à leur époque.
Le dieu s’approcha alors de la roche du menhir le plus proche pour poser sa main dessus, et une étrange sensation le traversa. Il ne savait pas ce c’était, mais c’était trop fort pour l’ignorer.
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...mort de peur et que tu montes toujours à cheval !
Il ne nous avait fallu que quelques instants pour tomber nez à nez sur Violette et Alexis. Vue qu'on s'était mises toutes les trois en quête d'Apollon et de Vaiana, on bougeait beaucoup, et par conséquent, ça aurait pu mettre du temps à se retrouver. Mais l'endroit n'était pas grand. N'empêche, Vaiana avait raison. Quel que soit l'endroit, on finissait toujours par se perdre. Une fois à Titania, il faudra qu'on reste proche les uns des autres.
Désormais qu'on était tous ensemble, Apollon nous avait téléporté devant l'Asbru. Diane s'y trouvait déjà. Sebastian et Héphaistos venaient tout juste de nous rejoindre. A croire qu'on avait tous achevé notre tâche au même moment.
J'avais remis correctement mon sac à dos sur mes épaules. Il avait légèrement bougé pendant la téléportation. Je n'aurais pas du prendre autant d'affaires. D'ordinaire, je voyageais léger, mais cette fois je m'étais bien trop équipée. Mon bâton était de la partie, lui aussi. J'étais prête. On l'était sans doute tous. On pouvait y aller.
« Bonjour ? Enchanté. » avait dit Héphaistos à l'attention de Vaiana, en s'approchant d'elle.
Violette était à proximité de Vaina. J'avais hésité à les rejoindre.
« J’ai parlé à Perséphone... Elle m’a mit en garde contre les titans, et contre ce qu’ils lui ont fait... et à toi. » avait-il ajouté à l'intention d'Apollon.
Diane avait rejoins son jumeau. Je ne savais pas si je devais tenter de comprendre ce qu'ils disaient entre eux, ou si ça devait rester entre eux.
« Oh ! Vous êtes la personne que Socrate a conseillé ? » avait-il reprit à l'attention de Vaiana.
Sebastian s'était rapproché d'Alexis.
Quant à moi, j'étais là, à attendre, à les laisser choisir le moment où on partirait. En les observant tour à tour, je l'avais ressentie. Cette impression de vide. Cette vague tristesse sans cause réelle qui nous serre le coeur.
Ce n'était pas la première fois.
Autour de moi, les gens discutaient, se préparaient, se connaissaient bien. Mais impossible de partager leur force. Ils avaient l'air de n'avoir peur de rien. D'être toujours prêt à aller au combat. D'être paré à toute éventualité. De réussir à faire comme si de rien était. Ils avaient une tâche, comme Vaiana, et ils la menaient à bien. J'avais la sensation qu'une cloison de verre me tenait à l'écart d'eux. On avait l'air si semblables, et en même temps si différents. Si proches et simultanément si loin...
En réalité, je n'étais pas comme eux. En cet instant précis, je ne ressentais que de la peur. J'étais incapable d'avancer. Je me demandais à quel moment le courage m'avait quitté. Est ce que c'était depuis que je vivais ici, à Storybrooke ? Est ce que ma place n'était pas parmi eux ? Quand j'étais à Vigrid, là où on allait se retrouver d'ici quelque minutes, je ne manquais jamais de courage. Je tentais de survivre jour après jour. Je... je montais à cheval tout le temps, même si je n'en possédais pas. Même si il n'y en avait jamais eu là bas.
John Wayne disait que : « Le vrai courage, c'est quand tu es mort de peur et que tu montes toujours à cheval ! ». Je montais à cheval. Toujours. Aujourd'hui, je me contente de suivre les autres.
« Tout ce qu'on veut se trouve de l'autre côté de la peur... » murmura une voix à côté de moi.
J'avais tourné la tête pour y découvrir Héphaistos. Ou Apollon. Ou... n'importe quel homme, vue qu'il s'agissait d'une voix d'homme, mais il n'y avait personne. Ils étaient tous au loin, face à moi, et non pas à côté. Est ce que je l'avais juste rêvé ? Est ce que c'était John Wayne qui m'envoyait un message de l'au delà ? Rien que cette idée qui m'avait effleuré l'esprit, me confirma que j'étais bien seule dans ma tête et sans doute un peu folle.
Il fallait que je mette mes craintes de côté pour le moment. Je l'avais dit à Eurus, je n'aime pas Nora. J'aimais Sinmora, ou ce qu'elle représentait pour moi. Mais Nora est quelqu'un de plus fade, de plus triste, de plus seule. Elle n'était pas une vision de moi que j'aimais. Je devais changer cela, même si j'ignorais encore comment faire.
Héphaistos observa toute l'équipe, un par un. Même moi.
« Merci d'avoir accepté. Je crois que nous sommes prêt. »
Il s'avance vers l'Asbru et posa mon bâton, le premier, au centre. Il imita ce qu'avait fait Heimbdall par le passé. Puis, il regarda Vaiana. C'était mon bâton, mais il s'agissait de sa tâche à elle.
« C'est ici que je passe le relai. » lui dit-il.
Elle le regarda d'un air interrogateur. 99]« Et ? Je n'ai aucun mode d'emploi. »
Héphaistos lui tendit le bâton.
« Généralement, croire en soi suffit. Le bâton doit se tenir au centre de l’Asbru, et recueillir la force de celui ou celle qui peut l’ouvrir. »
Il nous adressa un regard, à Violette, puis à moi.
« Que vous a dit Socrate ? » nous demanda t'il.
Vaiana ne me laissa pas le temps de répondre, qu'elle s'approcha de Héphaistos.
« Ouais, suffit de le prendre en main, et... » s'exclama sans trop y croire Vaiana, tout en prenant le bâton en main.
On sentit le sol trembler une fraction de seconde. J’eus un haut le coeur. Ca marchait ? Si facilement ?
« Wouah. Rapide. » commenta Vaiana, destabilisée.
Héphaistos, comme nous tous, on avait attendu quelques instants avant de parler. C'était lui qui avait ouvert la bouche le premier.
« Peut être que l’Asbru est content ? » dit-il.
Je ne pus m'empêcher de sourire. Si ça se trouvait, il disait vrai. Il se concentra ensuite sur Vaiana.
« Il faudrait insister, je pense. Avec plus de forces. »
« Ok... mais euh... ça veut dire quoi ? Que je dois taper plus fort le bâton ? Par terre ? »
Héphaistos allait lui répondre, mais pour une fois, je lui avais coupé la parole.
« Tu dois le sentir. » lui dis-je. « Le bâton est le prolongement de ton bras. Il ne fait qu'un avec toi. »
On allait me prendre pour une folle. C'était évident. Mais ce qui importait, c'était de passer, n'est ce pas ?
« Laisse le guider ta force. Et concentre toi sur lui. Uniquement sur lui. »
Elle ne répondit rien, puis ferma les yeux. Elle se concentrait ? Puis, tout à coup, elle ouvrit un oeil.
« On est bien d'accord ? Je vous ouvre le passage, mais ensuite, je m'en vais. Vous vous débrouillez tout seuls. »
Je hochais la tête, prenant la décision pour tout le monde.
« Merci pour ton aide, Vaiana. » lui dis-je.
« Pas de quoi... » dit-elle les yeux fermées.
Elle était bizarre. Mais je l'aimais bien. Le sol trembla une nouvelle fois. Et tandis que je tentais de rester droite, debout, on sentit une nouvelle vibration nous parcourir, mais bien plus forte cette fois ci. Et en l'espace d'un instant, un vent glacial nous traversa de tout notre long. Je ne sentis plus mes os, ni ma chair, ni la moindre parcelle de mon corps. Tout été glacial, tout était gelé. J'avais le sentiment de ne même plus pouvoir ouvrir les yeux. Comme si une immense lumière aveuglante m'en empêchait. Quand je cru que tout était enfin terminé, il y eu une longue minute où mon corps tout entier fut pris de convulsions et où je me sentis au final, propulsé en arrière.
J'ouvris enfin les yeux. Assise sur le sol. Tout autour de moi, le cercle était toujours présent. L'Asbru était toujours là. Mais plus grand. Deux à trois fois plus grand. Plus imposant. Il faisait nuit. Les étoiles étaient présentes, mais ce n'étaient plus les même. Il n'y avait pas une, mais sept lunes dans le ciel. Mon coeur s'arrêta net. Ca faisait tellement longtemps que je n'avais plus vue ce ciel. A dire vrai, je ne l'avais jamais vue sous cet angle. Je n'avais jamais été sur cette planète. D'ordinaire, je me trouvais sur l'une de ces lunes, Meter. Mais me voilà pour la toute première fois, sur la seule planète qu'on voyait de là où je venais. Au coeur même du plus puissant Empire que je connaissais. Sur la terre qu'avait foulé les Titans, et tellement de peuples. J'étais... on était à Titania. Et à cet instant précis, je vis Apollon se retrouver plaqué contre le sol, avec Vaiana à califourchon sur lui, qui cramponnait son col en menaçant de le lui arracher.
« TU M'AVAIS PROMIS ! » lui hurla t'elle dessus.
Sebastian Dust
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From Gold to Grave Who's making the Sandmandream ?
| Conte : Les 5 Légendes. | Dans le monde des contes, je suis : : Le Mαrchαnd de Sαble ϟ Archeron.
« Il est évident que nous nous précipitons vers quelque entraînante découverte, quelque incommunicable secret dont la connaissance implique la mort. »
La téléportation, c’était quelque chose de particulier à subir. Sebastian en avait déjà vécu plusieurs mais enchainer une sur terre et une autre au bout de la galaxie… Ca vous retournait le cerveau dans tous les sens et remettaient les pendules dans le désordre à coup sûr ! Assis sur un sol en pierre, le marchand de sable avait la très nette impression de s’être dédoublé dans un sens puis remis dans l’autre, mais pas exactement les bons coins aux bons endroits. L’estomac un peu retourné, papillonnant du regard, il bougea doucement ses bras pour se stabiliser et… Observer autour d’eux.
Il y avait une collection de menhirs debout, en cercle, comme dans le songe de Héphaïstos ou encore Stonehenge. Pourtant l’ambiance était différente, quelque peu plus solennelle. A cause peut-être de la taille des pierres ou, simplement, de la perspective d’avoir traversé le temps et l’espace à une vitesse vertigineuse ? Une brume légère mais grisâtre les entouraient et la lumière des astres dans le ciel laissait deviner une forêt non loin d’eux… Un décor d’une tranquillité déconcertante quand on savait d’où ils venaient et de l’inquiétude qui y régnait.
Enfin, ça c’était avant que Vaiana ne saute à la gorge d’Apollon.
Sebastian se releva en épousseta doucement ses vêtements, appréciant le fait que son veston soit resté sur lui ; il en avait bien trop perdu dans ses précédentes aventures pour se satisfaire d’être toujours habillé. Distraitement, il gratouilla l’endroit où on devinait une ancienne tache de café à peine visible mais… C’était là. Et le fait que quelqu’un le sache, que quelqu’un y croit, suffisait à continuer de la faire exister.
« On est arrivés ? »
Le sable se dessina devant lui et il croisa le regard de la jeune femme au bâton, Nora. Elle avait toujours l’air très sérieuse depuis qu’il l’avait vue mais… Le gardien ne la connaissait pas plus que ça. C’était toujours étonnant de voir à quel point on pouvait collaborer avec de parfaits inconnus dès lors qu’on agitait un étendard commun. Ca ne le dérangeait pas, même s’il n’aimait pas trop les gens il appréciait ceux qui étaient calmes.
« Je crois. »
Lui répondit-elle, observant elle aussi les alentours. Levant la tête vers le ciel auréolé d’étoiles, la jeune femme sembla s’assurer de quelque chose et le pointa de l’index. Sebastian l’imita, plus par mimétisme et curiosité qu’autre chose, et s’attarda un peu plus sur les différentes lunes qui se dessinaient dans le ciel, leur permettant de voir à peu près clair. Les astres flottaient dans leur éternelle tranquillité stellaire, apparente innocence qui pouvait pourtant contenir tant de secrets tus. Silencieux. Etouffés à des kilomètres sans qu’ils ne puissent les entendre d’où ils étaient.
« Ce sont les lunes de Vigrid. » L’informa Nora. « C’est chez moi. »
Le marchand de sable baissa les yeux vers son visage, découvrant un sourire réjoui mais aussi… Quelque chose de très triste. Mélancolique. Ca lui fit un pincement au cœur et il se mordit l’intérieur de la joue.
« Ça signifie qu’on est à Titania. »
Il soupira légèrement, parcouru d’un long frisson plutôt agréable à mesure qu’il soupesait le poids de cette information. De ces informations, à dire vrai. Se radoucissant comme d’ordinaire, il fit une petite moue en parcourant du regard la voute céleste. C’était si beau et apaisant… Terriblement rêveur.
« Toi aussi, tu vivais sur une lune à des années lumières de Storybrooke... »
Toute cette période semblait si loin aujourd’hui. Terriblement loin.
« Tu viens d’où ? »
Ignorant les conversations à l’arrière qui reprenaient de plus bel entre les autres protagonistes de cette aventure, Sab esquissa un petit sourire plus heureux cette fois. Plutôt que de lui répondre, il laissa le sable se modeler autour d’eux et entre eux pour rétablir une image mouvante du système d’où il était issu. Quelques planètes, dont deux avec des anneaux tournoyants en toute splendeur, des étoiles çà et là et, bien sûr, des petits capitaine étoile voyageant entre ces astres pour s’assurer que tout le monde se portait bien. Un théatre si bien rodé dans leurs habitudes de présentation, la passion d’une vie au service du bien-être de l’autre et des secrets chuchotés par les étoiles à vœux…
« De là-bas. »
Désigna-t-il de la main, sans pour autant faire cesser l’activité que les grains s’amusaient à mettre en place. Ses yeux clairs se perdirent en contemplation, essayant de s’imaginer ce qu’il serait advenu s’il était resté… Le monde n’est pas fait de retour en arrière, malheureusement. Ou heureusement.
« Mais ça n’existe plus, maintenant. »
Malgré elle, Nora ne put s’empêcher de sourire devant le dessin vivant qui s’offrait à leurs explications.
« C’est magnifique. » Le gratifia-t-elle.
Il l’aimait bien. Elle avait l’air d’apprécier les choses simples et, à la fois, de ne pas vouloir prendre trop de sûreté pour ne pas être déçue. Ou bien était-ce tout autre chose ? Elle avait l’air à la fois sûre d’elle mais complètement perdue. Désorientée et alerte. Attentive et rêveuse. Sab adorait les rêveurs.
« Tu es déjà venue ici ? »
Il désigna l’endroit qui les entouraient.
« Jamais. Mais j’en ai beaucoup entendu parler. »
Un petit flottement s’installa et Sab attendit qu’elle croise son regard au passage d’une petite planète dorée pour hausser un sourcil et l’inviter à continuer sa réponse.
« C’est le cœur de l'empire. C'est ici que les titans vivent. Ou plutôt vivaient. Je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui. »
Ici… Dans une forêt, donc ? Pourquoi pas. Sebastian opina et, jetant un coup d’œil aux autres divinités présentes à l’Asbru, il fini par prendre un air résolu.
« Il serait bon d’aller jeter un coup d’oeil, dans ce cas? »
« Faudra qu’on reste sur nos gardes. »
Trois dieux, une racine, Alexis et Violette… Et une fille avec un bâton qui, d’après Alexis, avait l’air de savoir très bien se défendre. Le gardien, plutôt qu’inquiet, était surtout curieux. Ils ne tardèrent pas à tous se mettre en route, franchissant la limite des dolmens pour se plonger dans la brume, l’obscurité et les bois.
« Pourquoi sont-ils partis ? »
Qui quittait, sciemment, sa planète d’origine ? Qui laisserait… Un environnement aussi riche en nature pour quelque chose d’autre ? Quoique, Sab pouvait presque les comprendre : son côté explorateur le poussait toujours à aller de l’avant et découvrir de nouvelles choses. Mais de là à partir définitivement, sans jamais revenir, était-ce vraiment l’objectif au départ ? Ou bien avaient-ils été forcés de mettre les voiles ?
Si oui… Qui pouvait contraindre un titan ?
« Je l’ignore. Je suis venue à Storybrooke bien avant ça. »
Avant leur grand départ… C’était étrange, cette temporalité. Un peu bizarre en fait. Alexis lui avait expliqué que Nora était là depuis près de deux ans, hors, il avait été signalé que les titans avaient abandonnés cet endroit il y a très longtemps. A ne pas tout comprendre mais, quand il s’agissait de temps et d’espace, tout se mélangeait un peu dans sa tête ; il avait bien rencontré sa version plus âgée l’espace de quelques minutes.
Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule à mesure qu’ils s’approchaient des arbres, il demanda encore :
« Tu les as déjà rencontrés ? »
« A Storybrooke. Mais jamais ici. »
Que pouvaient-ils espérer trouver à leur place ? Sab se mordit la lèvre inférieure, songeur, à mesure que la luminosité décroissait et que l’obscurité grandissait. Le noir. La nuit. Le sombre et ses secrets, ses cauchemars enfouis comme ses mystères inavoués… L’endroit du sommeil, le berceau des songes et la perspective d’une lumière même au fond d’un puit sans fenêtre.
« Je n’en ai aucune idée. »
Fit Nora, comme si elle avait deviné sa question en échangeant un regard intrigué.
Lorsque la lumière fut totalement hors de portée, Sab laissa le sable doré se matérialiser tout autour de leur groupe et illuminer alors l’environnement proche : des dizaines de petits poissons et d’autres feu follets se mirent à scintiller et éclairer dans l’air, voguant au rythme d’un courant invisible. Par l’avant, par l’arrière, ils s’engouffrèrent çà et là pour les guider sur un chemin qui n’en était sûrement pas un. Rassurants. Tranquilles.
Blop.
Ce fut comme une petite décharge, un souffle qui s’amenuise et la disparition soudaine d’un poisson dans l’obscurité ! Sebastian le sentit jusque dans son esprit, relié au sable comme à une partie de lui, et tourna ses yeux vers l’origine du bruit. Qu’est-ce que…
Blop.
Un autre poisson disparu littéralement au niveau d’une branche.
« Des snifeurs ! » S’exclama Nora en s’arrêtant, épiant tout autour d’eux.
Des quoi ?! Il connaissait les niffleurs, il en avait une qui vivait chez lui mais… Pas ça. Perturbé, Sebastian pencha la tête sur le côté sans comprendre. Il ne ressentait aucune menace ni aucune attaque, juste un… Silence radio et un drôle de bruit qui se répéta encore. Le sable continuait d’évoluer en volutes derrière les petites créatures en grains dorés et brillants, lesquelles se rassemblèrent un peu à leur portée.
« Ce sont des snifeurs. » Insista Nora, fronçant les sourcils. Jusqu’à ce que… « y’en a peut-être pas à Storybrooke ! Ce sont des… Des sortes de… De grenouilles noires qui volent. »
Ca avait l’air à la fois batracement mignon et… très étrange. Digne d’un rêve éveillé. Mais la question demeurait de l’animosité ou, au contraire la sympathie, de ces petites choses qui semblaient friandes de poissons dorés.
« Et c’est dangereux ? »
Nora ouvrit la bouche, hésitante…
Blop. Blop !
Deux nouveaux poissons disparurent non loin. Ca commençait à devenir un tout petit peu stressant cette histoire ! Sab n’osa pas augmenter la quantité de sable, levant le bras lorsque des poissons vinrent se réfugier contre son veston en espérant ne pas être mangés à leur tour.
« Du feu ! Le feu les éloigne ! »
Le marchand de sable pencha la tête sur le côté, cherchant qui pouvait bien les aider à… Qu’il était bête. Il se tourna d’un seul bloc en direction de Héphaïstos, le dieu de la forge, qui le regarda d’un air surpris. Passé le premier instant de réflexion, et le suivant d’action, le dieu releva son bouclier devant lui et les rejoignit. En à peine quelques pas, il embrasa son bouclier de flammes chaleureuses et illumina tous les bois autour du groupe.
Plein de Blop ! Blop ! Bloooop ! retentirent alors tandis qu’un mélange de brouhaha et de petite tempête s’agitait alentours : des petites bestioles sombres munies de mini ailes grises s’envolèrent à tout va, faisant disparaître aux passages des feuilles et autres petits éléments qui se trouvèrent sur leur passage, jusqu’à complètement disparaître de leur vue !
Une fois le silence revenu, Héphaïstos abaissa son bouclier en éteignant le brasier et le calme se réinstalla dans l’air. Les petits poissons dorés s’agitèrent alors, fusionnèrent et, bientôt, pleins de petits Snifeurs dorés se mirent à voleter comme si de rien était. Nora les observa :
« Elles ont un troisième œil sur le front. »
Une des grenouilles échangea un regard avec le gardien et, retenant son souffle et gonflant ses joues, elle fit apparaître un troisième globe sur sa tête dans une petite gerbe de grains dorés ! Sebastian s’amusa de la voir agiter ses petites ailes dans les airs, attendant la validation ou non du modèle par Nora. Cette dernière fixa la grenouille, hésita… Puis sourit. Victoire !
Laissant le sable voguer à sa guise, ils purent remarquer que la brume s’était éloignée des flammes elle aussi. Le ciel se mit à s’éclaircir et ils parvinrent à distinguer de plus en plus de lumière au travers du feuillage des arbres. Le noir laissa la place à l’indigo, irisé, violacé, puis à l’orange que Sab appréciait tant. C’était généralement le moment où il se posait sur un toit pour observer la nouvelle journée se lever sur le petit monde de Storybrooke… Sauf qu’il n’y avait pas de toit et non pas un mais DEUX soleils, en parfait opposés, qui pointèrent progressivement le bout de leur nez à l’horizon.
Le paysage se révéla progressivement, fait de forêt dense à perte de vue et d’une immense montagne, au loin, qui tranchait avec le reste du décor. Pas de trace de civilisation quelle qu’elle soit. Est-ce que les titans vivaient dans des huttes en haut des arbres à leur époque ? Ca devait les changer, l’aire moderne, avec les appartements et les voitures ! Bon, pour la pollution ils repasseraient sans doute… Mais pour le reste, tout semblait revenu à la nature primaire et originelle. Étaient-ils au bon endroit de la planète, au moins ?
« Et maintenant ? »
Devaient-ils continuer par les bois ? Se rendre au nord, au sud, à l’est ou bien à l’ouest ? Peu à peu, il fit disparaître les petites créatures de sable à mesure que la lumière illuminait les feuilles et caressait cette nouvelle journée dans un monde nouveau.
« Ça dépend où vous souhaitez vous rendre. »
La voix, masculine et un peu âgée, avait une petite intonation amusée. Faisant volte-face, le marchand de sable aperçu à quelques mètres un vieux monsieur à l’air amusé, appuyé contre un arbre. Sa tenue, comme celle de ce méchant dans les derniers star wars, portaient la couleur brune des gentils jedis et Sab se félicita d’avoir reconnu cette référence ! La chemise, claire, boutonnée jusqu'au dernier bouton lui donnait un air solennel.