« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Chaque jour de plus était un jour de trop. Les recherches avaient été rapides et infructueuses. On ne percevait plus leurs auras depuis presque un mois. Certains estimaient qu'ils ne reviendraient jamais, mais d'autres comme Diane et moi, avions l'espoir tenace de les voir revenir. Nous ne pouvions nous raccrocher qu'à cela, sinon nous serions devenues folles.
J'avais demandé à Hadès d'ouvrir un portail pour poursuivre les recherches dans le monde des contes, et au bout d'un temps considérable à tergiverser, il avait accepté d'envoyer quelques unes de ses créatures en éclaireurs. Il avait refusé de laisser des dieux comme Arès, Athéna ou même moi nous y rendre. Je m'étais retenue de lui donner un coup de Marteau quelque part, et je l'aurais sans doute fait si Ellie ne m'avait pas retenue à temps. Hadès se moquait que le maître d'Olympe, son fils et sa petite-fille aient disparu. Jusqu'à présent, je n'avais pas cru qu'il manquait à ce point de coeur. Je l'avais toujours imaginé cacher ses véritables émotions afin de ne pas sembler ridicule aux yeux des autres. Je devais me rendre à l'évidence : il était bel et bien cruel.
Chaque jour, je me rendais à l'endroit où un étrange bouclier d'énergie était apparu, en Australie. Le FBI avait sécurisé les lieux. Des tentes innombrables avaient été dressées, emplies de matériel scientifique et de militaires surentraînés, prêts à agir au moindre problème. Il me semblait que cet endroit était le seul lien restant avec mon fils, ma petite-fille et les autres. S'il y avait une piste à surveiller, c'était bien celle-ci.
"Pourquoi ce bracelet à votre cheville ?" demandai-je subitement au vieil homme assis à côté de moi, sur un banc.
Il s'agissait du même homme que j'avais rencontrée, la première fois que j'étais venue en Australie. Les autorités américaines semblaient voir une utilité en lui puisque malgré le fait qu'il était un prisonnier, il restait sur le terrain, libre de ses mouvements jusqu'à un certain point.
"J'ai été accusé du meurtre de ma femme et de mon gamin." dit-il avant de porter une bouteille d'eau à ses lèvres desséchées.
Il avait annoncé cela comme s'il m'apprenait le temps qu'il faisait dehors. Je battis des cils, le souffle coupé. Il prit le temps de boire plusieurs gorgées avant de poursuivre d'un ton las, tout en désignant l'étendue désertique que l'on apercevait à travers la tente ouverte :
"Ma maison était là-bas. Quelque chose s'est passé et a tout fait disparaître, y compris mon gosse. J'étais pas là, ce jour-là. Quand je suis revenu, y avait plus rien."
Il se tut quelques instants. Sans doute qu'il était difficile de raconter ce genre de souvenirs. Je l'écoutai attentivement, choisissant de ne pas le brusquer. J'avais décidé de croire à cette faribole. Pour percer le mystère, j'étais prête à croire n'importe quoi.
"Les rangers ont cru que je l'avais tué et que j'avais fait disparaître le corps. Pour la maison qui n'était plus là, ils ont pas cherché d'explication. C'était sûrement trop dingue pour eux. J'ai croupi en tôle jusqu'à maintenant. Pour un crime que je n'ai pas commis. Ou peut-être que si..."
Il laissa tomber la bouteille pour plaquer ses mains contre son visage ridé, en proie au doute et à l'accablement. Je déglutis avec peine, l'observant sans savoir si je devais le réconforter ou le faire interner. Il souffrait, c'était évident. Mais il avait également une lueur de folie dans le regard qui m'indiquait la prudence.
"Le FBI m'a fait sortir, mais ils ne trouveront rien non plus." ajouta-t-il au bout d'un moment en se redressant, le regard dans le vide.
Je laissai passer quelques instants tout en me décalant sur le banc afin de me rapprocher de lui, pour prononcer d'un ton doux, pour le pousser à la confidence :
"Mon fils a également disparu."
"Vous espérez pour rien." fit-il en secouant la tête. "Ca fait trente et un ans que j'espère. Ils sont morts. Ils reviendront pas."
Il se mit à se balancer légèrement d'avant en arrière sur le banc, en proie à une sorte de crise intérieure. Il commença à répéter pour lui-même, le regard braqué sur ses chaussures :
"J'aurais pas dû partir ce jour-là... J'aurais pas dû... J'aurais pas dû..."
Un instant, je faillis poser la main sur son épaule mais me ravisai. Je ne savais comment l'aider. J'avais l'impression de voir sa souffrance comme à travers mon propre miroir. J'allais finir ainsi si Elliot et Cassandre ne revenaient pas. Brisée, vide, anéantie.
Je me levai d'un bond et sortis de la tente. Un vent chaud caressa aussitôt mon visage, en même temps que les rayons brûlants du soleil. Je serrai les bras contre ma poitrine tout en faisant quelques pas le long du bouclier d'énergie. C'était si dur d'être persuadée de les savoir tout près et pourtant... hors d'atteinte.
Bientôt, je vis Mathis Cleverland s'avancer vers moi, vêtu de son habituel costume trois pièces et de lunettes de soleil. N'avait-il pas trop chaud habillé de cette façon en plein désert ? Il avait un paquet de bonbons en main qu'il me tendit avec un sourire. Il en suçotait déjà un. Je remarquai que pour une fois, les friandises n'étaient pas aromatisées aux fruits. Il s'agissait de caramels mous qui fondaient déjà sous la chaleur. Je refusai poliment en réprimant une légère grimace.
"Nous avons remarqué que les animaux évitent cette zone." m'apprit-il tout en continuant de sucer son caramel.
"Quelle nouvelle !" maugréai-je sans aucune joie. "Quand on sait qu'il y a des radiations contenues dans le bouclier, c'est extrêmement étonnant..."
"Vous m'avez demandée de vous tenir au courant de nos recherches. C'est chose faite." répliqua-t-il d'un ton désinvolte.
Je ne parvenais pas à déchiffrer son regard comme il portait des lunettes de soleil. C'était agaçant.
"C'est tout ? Depuis tout ce temps à analyser cet endroit... C'est tout ce que vous avez appris dessus ?" fis-je, déconcertée et contrariée.
Mathis esquissa une petite moue.
"Si cela vous déplaît, vous pouvez toujours vous passer de nos services."
Je lui lançai un regard noir auquel il resta insensible. Enfin... difficile à voir avec les satanées lunettes.
"Comment a-t-on pu accuser un homme d'un double meurtre sans preuve à l'appui ?" demandai-je brusquement tout en croisant les bras.
Il sembla dérouté quelques instants, puis, laissa échapper une légère exclamation tout en déclarant :
"Oh, vous parlez de ce monsieur."
Il désigna la tente dans laquelle le vieil homme se trouvait, quelques mètres plus loin.
"J'ai parcouru son dossier. Il était connu dans le coin comme étant un ivrogne notoire, doté d'un tempérament violent. Il braconnait ces terres. Je pense que la police des environs a profité de cette histoire pour l'emprisonner. Les gens du petit peuple font ce qu'ils peuvent, vous savez."
Ce fut à mon tour de faire une moue indignée. Comment osait-il considérer les autres gens ? Se sentait-il à ce point supérieur, tout cela parce qu'il dirigeait une branche du FBI et qu'on lui avait permis de "prendre des vacances" en Australie ? Je ne supportais pas ce genre d'hommes imbus d'eux-mêmes.
"Ne prenez pas cet air choqué. En tant que déesse, vous avez déjà forcément pensé la même chose." dit-il avec un sourire en coin.
Je plissai des yeux, nullement amusée. Ce n'était pas le sujet. Il enleva enfin ses lunettes pour les ranger dans un étui, dans sa poche, quand un militaire vint vers nous en portant une sorte de glacière.
"Une crème glacée, un sorbet ?" proposa Mathis tout en se tournant vers le militaire. "Autant joindre l'utile à l'agréable, vous ne trouvez pas ?"
Je le dévisageai, de plus en plus estomaquée, alors que le militaire restait droit et impassible. Les hommes dans l'armée étaient entraînés pour demeurer froids et distants, mais chez ceux-là, il manquait quelque chose. Une sorte de lumière dans leurs yeux.
"Vous avez de la glace à la violette ?" demandai-je au militaire.
"J'étais sûr que vous seriez difficile." répondit Mathis tout en me tendant un cône emballé dans un papier. "Hélas non. Nous n'avons que chocolat-pistache."
Je pris la glace tout en dardant le militaire muet d'un oeil soupçonneux. Il résidait quelque chose d'étrange dans le coin, et ce n'était pas seulement dû au bouclier d'énergie.
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(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
| Conte : Les mondes de Ralph. | Dans le monde des contes, je suis : : Vanellope Von Schweetz, ou la princesse d'un royaume de sucreries qui préfère conduire des voitures en gâteaux.
J'avais pas peur. Je tremblais pas. Pourtant, c'était la première fois que j'avais une arme entre les mains. Dans l'but de tuer un être vivant, en plus. Bon ouais, j'avais le cœur qui battait vachement fort. Mais j'avais vraiment pas peur. J'avais confiance. J'étais pas toute seule. Et puis j'me disais que j'allais protéger Ralph de vilaines bestioles, qu'il aurait pas pu se défendre tout seul. Si il avait été avec sa vraie maman, elle l'aurait défendu au péril de sa vie. Bah moi, j'allais faire pareil.
J'étais prête à viser. J'allais viser un dingo avec mon arme, les mains même pas tremblantes, quand tout à coup, ils avaient disparus. Tous. Tout le monde. Dingos, amis, Eagle... Plus d'ranch, plus d'soleil trop chaud, plus d'terre poussiéreuse. Le décor était plus du tout le même. Y avait eu une lueur bleutée, et tout à coup tout avait changé. J'étais désormais dans le dortoir, à l'intérieur de la maison. Et pourtant, j'avais pas bougé. J'avais tenté d'fuir ni rien. Alors que ce qui s'était passé ?
La boule au ventre, j'posais mon arme sur un lit et levais mes mains pour les observer. Un frisson me parcouru quand j'vis les lueurs bleuâtres qui parcouraient ma peau. C'était pas des bugs, cette fois. J'm'étais téléportée.
J'comprenais pas ce qui avait bien pu déclencher ça. Normalement, c'était un mécanisme de défense. Ou alors quand j'ressentais des émotions beaucoup trop fortes. Quelque chose avait dû me perturber. Ou alors c'était pour une bonne raison que j'avais retrouver c'pouvoir là. Et si... ça pouvait nous servir pour repartir ? Normalement, j'pouvais emmener d'autres personnes avec moi. Suffirait p't'être qu'on s'tienne tous la main et que j'pense à Storybrooke. Ça pourrait marcher. Faudrait essayer.
Quoi qu'avant, fallait que je réussisse à m'contrôler. Et c'était pas la chose la plus facile à faire. J'avais pas l'temps de prendre des cours auprès des X-Men, fallait que ça marche le plus vite possible. Alors j'fermais les yeux, fronçais le nez et... m'concentrais. J'pensais à l'extérieur du ranch. À la chaleur. Aux animaux. À... Eagle. Parce qu'il faisait parti du décor, à force. J'm'imaginais très clairement la façade d'la maison et ses extérieurs. À force, j'commençais à la connaître par cœur. Alors c'était plutôt facile de la visualiser dans mon esprit. L'air sec. Le soleil. Les coups de soleil. Les buissons desséchés. L'odeur de la paille...
Tout à coup, y eut un bruit électrique, comme si on venait de couper le générateur. J'avais toujours les yeux fermés, et j'osais pas les rouvrir. J'me doutais bien qu'il venait de s'passer quelque chose avec mon corps bizarre et pas humain, mais j'avais un peu d'l'échec.
Quand j'perdis l'équilibre, j'compris qu'il y avait un problème. J'm'étalais de tout mon long, en étant dans l'incapacité de pouvoir m'relever. Et pourquoi ça ? Parce qu'à la place d'mes pieds, y avait qu'des restes de bugs. Nom d'un oréo. Mes pieds étaient partis sans moi. J'réessayais d'me concentrer pour les ramener à mes ch'villes, mais mais j'eus juste l'impression d'les sentir... avancer. Comme si ils étaient toujours reliés à mon cerveau sans être reliés à mon corps. C'était vraiment très spé comme sensation.
Comme j'voulais pas rester à crever ici, j'commençais à ramper avec difficulté, en attrapant les pieds des lits pour m'aider. Fallait que j'quitte le grenier, qu'je descende les escaliers et que j'retrouve mes pieds. Qui pouvaient être n'importe où. Eh bah. C'était la première fois que j'perdais un d'mes membres. Et j'étais pas sûre d'aimer ça.
Arrivée à la moitié du dortoir, les doigts douloureux à forcer de m'tirer à la seule force de mes bras pas très musclés, j'm'arrêtais net. Maintenant qu'j'étais à hauteur du sol, j'pouvais voir que j'étais pas toute seule. Y avait la petite blondinette bizarre qui était recroquevillée dans un coin d'la pièce et qui s'parlait à elle même. Ou à quelqu'un d'autre, mais j'pouvais pas le voir, cette autre personne. Du coup, j'avais vraiment l'impression qu'elle était pas très bien dans sa tête.
Après avoir hoché la tête dans l'vide, totalement à fond dans sa conversation, elle finit par se rendre compte de ma présence et que j'l'observais comme si elle était un peu folle. Aussitôt, elle quitta son p'tit coin pour s'précipiter vers moi.
- Bah... où sont passés tes pieds ?
Elle avait l'air interloquée. Tu m'étonnes. J'la comprenais. Moi même, j'étais surprise, et en plus j'connaissais pas la réponse à la question.
- Je crois qu'ils sont en bas. J'ai essayé de me téléporter, mais ils ont pas voulu de moi.
Bande de traîtres. Comment ils voulaient s'en sortir sans que j'sois là pour les diriger ? Avec une grimace, j'agitais mes jambes. J'aimais pas du tout cette sensation de membre fantôme.
- Tu peux pas essayer de les rappeler ? Ça doit pas être facile d'avoir des pieds qui n'en font qu'à leur tête.
Elle affichait une expression extrêmement sérieuse, comme si on était pas en train d'parler des mes pieds fugueurs mais d'la météo ou d'un événement important. Vu la moue qu'elle fit, sûrement qu'elle cherchait une solution. Elle regardait mes jambes d'une drôle de façon. Mais à part attendre que mes bugs cessent... j'voyais pas trop quoi pouvoir faire d'autre.
- Tu fais quoi ici ? Y a quelqu'un d'autre avec toi ? T'avais l'air à fond dans ta discussion mais je vois personne.
J'préférais être sûre. Elle était folle ou c'était juste moi qui pensait qu'elle était folle alors qu'en fait pas tant que ça ?
- Tjungurayi m'a expliqué pourquoi on n'a pas réussi à rentrer chez nous. C'est bête en fait.
Elle haussa les épaules d'un air égal, en disant ça de la façon la plus naturelle du monde.
- Depuis que je me suis réveillée, je l'entends me parler par moments. Il n'est pas vraiment mort. Enfin en tous cas, il est toujours là.
En m'adressant un sourire tranquille, elle montra les alentours. D'accord. Je hochais la tête à ses explications, en m'demandant si elle avait pas eu les neurones grillés par les électrodes.
- Donc tu entends des gens qui sont morts ? C'est...euh... chouette ? Tu les vois pas non plus ?
Ça m'rappellait un film, ça. Avec quelqu'un qui voit des gens morts. C'était pas une petite fille, justement ? J'm'installais un peu mieux, en croisant les bras et en posant ma tête dessus. J'avais toujours pas retrouvé mes pieds, alors autant me mettre bien.
- Et alors ? Pourquoi on a pas réussi à rentrer ? Il connaît pas le moyen exact pour qu'on rentre chez nous, plutôt ?
J'm'arrêtais de parler pour me mettre à réfléchir. Parce que ouais, ça m'arrivait de temps en temps, d'utiliser mes p'tits neurones.
- J'pose pas beaucoup trop de question ?
J'me choquais moi même, là. J'étais pas la p'tite curieuse de service, en général. Et encore, j'avais plus de questions en tête. Mais j'voulais pas lui brouiller le cerveau en la harcelant.
- Non, je le vois pas. Les morts, on ne peut pas les voir, puisqu'ils ont plus de corps.
Ouais bon. C'était plutôt logique. Autant pour moi. La blondinette me fit un sourire, pas du tout gênée par mes questions qui s'enchaînaient.
- Il qu'on fasse un rêve lucide. Et que monsieur Eagle rêve aussi. Pour ça, il faut pas qu'il prenne des somnifères, parce que les somnifères tuent les rêves. Tjungurayi me l'a dit. C'est important qu'il rêve avec nous.
Elle avait dit ça d'un air extrêmement sérieux, alors j'hochais la tête de manière très attentive. Si on avait pas pu rentrer, c'était parce que Eagle avait pas rêvé avec nous ? Ou un truc du genre ?
- J'ai absolument rien compris. Mais c'est pas grave. Je vais te faire confiance plutôt, ça sera plus simple.
Autant pas commencer à cogiter. C'était le travail de Jules ou Neil, ça. Les cerveaux de la bande. Alors que moi, j'essayais de nouveau d'me lever alors que j'avais toujours pas de jambes. Même si j'me tenais à un lit, j'retombais encore une fois.
- Et... zut ! Zut zut zut !
Fallait rester polie. J'avais eu un autre mot en tête, mais j'voulais pas qu'il sorte. J'lançais alors un regard gêné à la gamine. Parce que j'm'apprêtais à lui demander une faveur.
- Comme mes pieds s'en fichent que j'arrive pas à tenir debout, tu voudrais bien aller me les chercher ? Ou au moins où ils sont. S'il te plaît ?
J'voulais pas avoir suppliante et désespérée, mais j'avais pas envie d'rester étalée ici à jamais. Autant que j'récupère mes pieds et qu'on essaie d'les recoller à mes chevilles.
- Euhd'accord, je vais essayer de les trouver. Reste ici.
Elle me donna un dernier conseil avant de s'éloigner et de descendre les escaliers. Bon. Voilà. J'étais toute seule. Avec probablement l'esprit d'un mort. Est-ce qu'il me regardait ? Il avait entendu ma conversation avec la p'tite ou pas ?
J'allais poser une question pour voir si il m'répondait à moi aussi quand il y eu tout à coup un bruit. Très fort. Très puissant. Très violent. Un coup d'feu. J'sentis le sang quitter mon visage. C'était un animal, qui v'nait d'être abattu ? Ou alors c'était Neil qui avait recommencé à vouloir jouer les tueuses en série ? À moins que... Eagle est révélé son vrai visage.
La panique s'empara de moi. Fallait que j'aille voir ! J'pouvais pas rester là ! Dans un élan désespéré, j'me remis debout pour tenter de tenir. À ma grande surprise, je réussis. J'baissais la tête et vis avec soulagement que mes pieds étaient de retour, à leur place. Le stress avait du reprendre le dessus et m'faire reprendre le contrôle. De toute façon, j'avais pas le temps de philosopher. Fallait que j'aille vérifier si tout le monde allait bien !
J'me mis à courir et dévaler les escaliers à toute vitesse, en croisant sur le chemin la blondinette qui regardait sous un siège si mes pieds si trouvaient pas. Elle avait pas entendu le coup de feu ?
- Tu les as trouvés ?
Elle m'observa, sans capter que j'avais bien mes pieds qui s'activaient. J'm'approchais d'elle et la pris par la main pour l'entraîner à ma suite.
- J'crois que je leur ai trop manqué.
Sans la lâcher, je sortie de la maison et rejoignis le groupe qui entourait quelque chose au sol. Quand j'me rendis compte de ce que c'était... J'dû serrer les dents pour pas laisser la peur prendre le dessus. Manquerait plus que j'me téléporte de nouveau...
Vaiana était étendue sur le sol, du sang s'écoulant d'une plaie béante. Même de là où j'étais, je pouvais voir que sa poitrine ne se soulevait pas. Elle était... elle était quand même pas... si ? Je détournais le regard et plaquais ma main sur les yeux de la blondinette pour pas qu'elle regarde. C'était trop horrible. Vaiana était désormais un corps sans vie. Elle était morte.
Je sursautais quand il y eu un autre coup de feu. Cette fois, personne ne s'effondra. Mais un coyote fut abattu, et les deux derniers restant en profitèrent pour s'enfuir par le trou dans la clôture. C'était Eagle qui avait tiré. En voyant l'arme dans ses mains, j'pouvais pas m'empêcher de me dire que c'était lui qui l'avait tué. Qui avait tué Vaiana.
BONUS
LES AVENTURES DES PETITS PIEDS DE ROBYN
Johanna profitait du soleil. Rien à faire des cris, des hurlements d'animaux et de la peur ambiante. Elle faisait sa sieste. Et la sieste, pour Johanna, c'était sacrément sacré. Déjà que ces petits bipèdes la dérangeait toujours... Hors de question que cette fois, on lui gâche son moment. Rien de mieux que se prélasser sous des rayons chauds, à digérer quelques petits animaux et œufs de toutes tailles.
Elle était lovée sous l'auvent, le museau posé entre ses pattes et la queue enroulée autour de son corps écailleux. Elle ne demandait rien à personne, rêvait simplement du moment où elle aurait enfin le droit de dévorer ce kangourou qui la narguait, à sautiller sur son territoire, quand une odeur enfantine la tira de son sommeil. Elle ouvrit un œil, puis l'autre. Et soudain, sa langue jaillit pour lécher sa gueule écailleuse. Devant elle était posé deux petits pieds. Chaussés, certes, mais des pieds quand même. Il n'y avait aucun corps pour les accompagnés. Ils n'étaient donc plus ceux d'un enfant. Ce qui voulait donc dire... que son maître ne pourrait pas lui en vouloir, si elle croquait quelques doigts de pieds.
S'étirant d'un geste souple, elle se releva, une lueur affamée dans ses yeux jaunes. Jamais la nourriture n'avait été aussi facile à attraper. C'était comme un cadeau. Peut être était-ce de la part de son maître ? Pour des années de bons et loyaux services ? Ou parce que...
Johanna faillit tomber raide morte. Pendant une poignée de seconde, son cœur arrêta de battre. Vraiment. Sa langue pendit entre ses crocs jaunâtres, et elle tomba à la renverse. Un peu comme les chats quand ils découvrent un concombre derrière eux. Car voilà que tout à coup, les deux petits pieds s'étaient activés. Ils marchaient, bondissaient, partaient dans tous les sens. Ils étaient animés par une force mystérieuse. Et ça, Johanna n'aimait pas. Mais alors pas du tout.
Quand les pieds se précipitèrent vers elle, elle fit ce que tout être censé ferait dans ce genre de situation. Elle faillit une nouvelle fois mourir d'une crise cardiaque et elle se jeta sur le rocking chair de son maître pour tenter d'échapper à ces morceaux de viandes qui tendaient de s'en prendre à elle.
Surtout qu'ils frappaient sans cesse dans le fauteuil. Johanna était bousculée, balancée, avait beau pousser des glapissements de peur et essayer d'attirer l'attention de son maître, rien à faire. Les pieds tentaient de la tuer grâce au rocking chair.
L'animal se roula en boule, ses pattes griffues posées sur sa tête allongée, en gémissant tel un chiot abandonné. Elle commençait à être malade, en plus de ça. Mais, soudain, plus rien. Le siège cessa de se balancer. L'odeur des pieds disparu. Elle pu garder le contenu de son estomac dans son estomac. Les pieds n'étaient plus. Ils avaient disparus. Pour en être vraiment certaine, elle se mit sur le bord du rocking chair et se pencha vers l'avant, tête à l'envers, pour vérifier qu'aucun pied ne se cachait en dessous. Mais non. Ils avaient effectivement disparus. Pour autant, Johanna ne quitta pas son perchoir. Elle y resta accrochée, l'air hagard et traumatisée à vie. Plus jamais elle ne ferait ses siestes ici. Plus jamais elle ne ferait de sieste, même. Car elle savait déjà, que des que ses paupières reptiliennes se fermeraient, elle verrait dans son sommeil une armée de pieds tentant de l'écrabouiller...
Elliot Sandman
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quand la moustache est fine...
| Conte : Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : Le fils de Hadès et Aphrodite
Je ne pouvais pas croire que c'était vrai. Vaiana était inerte sur le sol, avec une tache brune sur le ventre. Le sang se mélangeait déjà la terre rouge. Monsieur Eagle venait de sauter de cheval et était penché au-dessus d'elle, le poing serré enfoncé dans le sol, la mâchoire crispée. Ca lui faisait mal à lui aussi. Mais... elle n'était pas vraiment morte, n'est-ce pas ? Elle allait rouvrir les yeux et nous dire que c'était une farce ! Ca allait forcément se passer de cette façon.
Dans un état second, je vis Robyn et Astrid arriver, toutes essoufflées. Cassandre s'était écartée de Jules mais ils étaient toujours par terre tous les deux. Le petit garçon s'était redressé juste assez pour fixer Vaiana d'un air hébété, plusieurs mètres plus loin. Il avait lâché l'arme qui gisait à côté de lui. Pourquoi Cassandre s'était-elle jetée sur lui ? Si elle n'avait rien fait, peut-être que Vaiana ne serait pas...
Je déglutis avec peine, repoussant les larmes qui ne demandaient qu'à sortir. J'avais une boule dans la gorge. Un terrible silence s'était abattu sur le ranch. Même les moutons et les autres animaux dans les enclos s'étaient tus, comme s'ils comprenaient ce qui venait d'arriver. Dans le ciel, l'aigle poussa un cri strident, presque mélancolique.
"Elle est toujours là." murmura Astrid qui s'était approchée de Cassandre et Jules. "Elle le sera toujours."
Cherchait-elle à les rassurer ? En tous cas, ça faisait tout l'effet inverse sur moi. D'un pas mécanique, je m'approchai de Vaiana. Vu de près, on aurait dit qu'elle dormait juste. J'aurais aimé que ça soit le cas, mais il fallait que j'arrête de me raconter de belles histoires. La vérité était là, crue et abominable : elle nous avait quittés.
Je me mis à genoux à côté d'elle, pas loin d'Eagle qui restait statique. Il était encore plus flippant quand il ne bougeait pas du tout. Il était assis sur le sol, tournant le dos à la fillette allongée, la tête baissée avec son chapeau qui cachait l'expression de son visage. Soudain, je l'entendis renifler légèrement. Je tressaillis et me décalai un petit peu de lui, puis je posai le regard sur Vaiana tout en me mordant les lèvres.
Quelque chose me semblait différent tout à coup, comme si je percevais un truc qui flottait à côté d'elle, mais qui s'éloignait de plus en plus...
"Je la sens..." chuchotai-je sans trop savoir de quoi je parlais.
Je croisai le regard interrogateur des autres. C'était la première fois que j'étais certain de quelque chose, même si j'ignorais quoi. Je passai une main dans mes cheveux ébourriffés et fermai les yeux pour me concentrer. Une lueur attira mon attention, à peine perceptible. Une minuscule lumière diffuse qui flottait sous l'obscurité de mes paupières. Rouvrant les yeux, je constatai qu'il n'y avait rien hormis tout le monde qui m'observait bizarrement, comme si j'avais complètement craqué. Les ignorant, je fermai de nouveau les paupières. Aussitôt, plusieurs lueurs vives se dessinèrent à l'endroit exact où se tenaient mes camarades ainsi que monsieur Eagle. Une seule, plus pâle que les autres, était en train de s'égarer, de s'éloigner de nous lentement. Je levai la main pour l'attraper, mais la faible lumière remua dans le vide obscur. Elle était bien trop joueuse pour se laisser capturer. Bientôt, je compris qu'il fallait que je l'appelle doucement, sans la brusquer. Je finis par fredonner mentalement :
"Aie confiance... crois-en moi... Que je puisse veiller sur toi..."
J'ignorais si elle allait m'entendre. Cette lueur semblait vraiment têtue, à l'image de Vaiana. Mais elle paraissait sensible à la musique car elle finit par s'arrêter, hésitante, avant de flotter vers moi, lentement. J'aurais aimé qu'elle accélère un peu car à mesure qu'elle approchait, je la distinguais de moins en moins. Elle faiblissait.
Enfin, elle effleura ma paume ouverte et rebondit légèrement dessus. La sensation était indescriptible. C'était comme sentir un vide absolu et l'immensité d'une personne dans le creux de sa main. Le poids d'une âme.
Une larme roula au coin de ma joue, mais c'est sans trembler que je laissai entrer la lueur à l'intérieur de Vaiana. Je n'avais pas peur de le faire, car je l'avais déjà fait par le passé. A présent, je me souvenais. De tout.
Lorsque je soulevai les paupières, je sentis une lourdeur exploser dans mon ventre. J'en eus le souffle coupé et je basculai légèrement en avant. Baissant les yeux sur mon abdomen, je crus m'être pris une balle mais j'étais indemne. Sans doute le contre-coup de tout ça. Je posai un regard un peu hagard sur tout le monde, la main plaquée contre mon ventre dans lequel une douleur fantôme pulsait en continu. Ca faisait un mal de chien !
Jules s'était rapproché de Vaiana et lui avait pris la main, alors que de grosses larmes silencieuses roulaient sur ses joues. Soudain, il laissa échapper un hoquet alors que la bouche de la fillette s'entrouvrit légèrement.
"Elle... elle respire !" fit-il en grimaçant un sourire incertain.
Il me lança un regard interdit. Il ne comprenait rien. Pourtant, le complexe de Rory Williams "je meurs mais je reviens à chaque fois", il connaissait. Ca finirait par lui revenir.
Eagle poussa brusquement Jules pour vérifier par lui-même que Vaiana était en vie. Il posa une main sur son abdomen dont la plaie était refermée et le palpa quelques instants, perplexe.
Le souffle court, une main toujours plaquée sur mon ventre, je levai le doigt vers Jules d'un air réprobateur : "Bon alors je vais te dire un truc, mec : faut arrêter de porter plainte contre ses amis, et surtout, faut arrêter de TIRER sur ses amis ! C'est valable pour toi aussi, ma puce." ajoutai-je à l'adresse de Cassie. "Non mais... vous auriez fait quoi si j'avais pas été là ?"
Wouaho... ma voix était vraiment aussi aiguë quand j'étais petit ? Ca faisait pas un peu... fille ? J'avais mué tardivement mais là avec du recul, c'était légèrement ridicule. Tout compte fait, mieux valait que personne ne se souvienne à part moi, sinon on allait se moquer. Il n'empêche que c'était carrément drôle de les voir en modèle réduit, même si ce n'était pas juste qu'Apollon et Jules soient si grands déjà étant enfants... A la loterie génétique, tu gagnes ou tu meurs, songeai-je sombrement. Par contre, ça m'aurait arrangé que Robyn ne retrouve jamais sa mémoire et reste aussi cool qu'elle l'était présentement. Ca me ferait de sacrées vacances ! Valable pour Emily aussi.
"Bordel... t'es qui au juste ?" fit une voix d'homme à côté de moi.
Ah, Eagle... j'avais failli l'oublier, celui-là. Maintenant que j'avais retrouvé mes souvenirs, il ne m'inspirait plus aucune peur. En fait, je le trouvais plutôt pathétique. Et j'avais pas mal de rancune envers lui. Il m'avait forcé à récurer le poulailler, une fois... Je tournai effrontément la tête vers lui. La main sur son arme à sa ceinture, il me fixait avec un mélange d'effroi et de perplexité.
"On vous a jamais dit que vous ressembliez à Daniel Craig ?" lançai-je sans répondre à sa question.
Sérieux, on avait trouvé un acteur de remplacement si jamais celui de James Bond ne voulait pas signer pour le prochain.
A mesure que les minutes passaient, la douleur fantôme à mon ventre s'atténuait. J'adressai un sourire à Vaiana qui était toujours inconsciente, avant de donner une petite tape sur l'épaule de Jules qui la fixait d'un air hébété.
"Elle a besoin de récupérer."
Après quoi, je me relevai et pris Astrid dans mes bras. Elle était trop mignonne en modèle réduit.
"Ca me fait plaisir de te revoir." dis-je, sincère.
Le petit dinosaure m'adressa un sourire incertain, puis je me tournai vers Cassandre. Voir ma fille enfant, c'était quelque chose que je n'espérais plus, même si c'était bizarre qu'elle soit légèrement plus grande que moi.
"Je suis tellement fier de toi." déclarai-je tout en la regardant, le regard humide d'émotion. "Enfin... sauf pour ça."
Je désignais Vaiana plus loin. Sans parler du fait qu'elle avait essayé d'empoisonner Eagle. Non mais... qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez elle ?
"J'ai fait un rêve..." dit-elle, désorientée. "J'ai cru que Jules allait tuer Emily... J'ai voulu l'en empêcher."
"Oui bah on contrôle ce genre de rêves !" fis-je, réprobateur. "T'imagine si j'avais perdu une de mes reines ? C'est pas contre toi, hein, Emily." ajoutai-je en pivotant vers la petite blonde. "Ta mort, ça aurait été dur aussi. T'es pas une reine, mais quand même."
J'étais en train de m'embrouiller là, non ? Elle me fixait avec des yeux ronds de poisson. Pour un canard, c'était bizarre. Tout compte fait, je me contentai de croiser les bras. "On aura une discussion avec ta mère quand on sera de retour." achevai-je à l'adresse de ma fille.
Lily... A son souvenir, mon coeur battit plus fort et la douleur à mon ventre disparut tout à fait. C'était étrange de sentir l'enfance reculer sous l'impact de l'âge adulte. Une part de moi était triste de ne pouvoir retourner chez Maman et François, mais l'autre part était impatiente de rentrer à la maison.
Elle avait tout observée, tétanisée. Ses genoux avaient depuis longtemps flanché, prés du corps sans vie de Vaiana qui était allongée par terre. Emily aurait aimé faire quelque chose, dire quelque chose.. N'importe quoi qui puisse l'aider au lieu de sentir les larmes lui brouiller la vue. Elle se sentait responsable, terriblement responsable. Après tout c'était sa faute si Vaiana c'était approché de la, non ? pour la défendre contre un dingo qui avait menacé de lui arraché la jambe.. Heureusement c'était surtout son short qui avait souffert de l'attaque, mais ça aurait pu être bien plus douloureux. Elle c'était retrouvée incapable de bouger, de se défendre totalement tétanisée par la peur.
Et Vaiana respira a nouveau. Ce fut si surprenant qu'elle en oublia, elle, comment respirer Comment Eliott avait il fait ça ? Comment avait il pu y arriver ? Est ce que c'était de la magie ? Tout semblait avoir changer chez lui. Son attitude, ses réactions, et même sa manière de parler.
"J'ai fait un rêve...J'ai cru que Jules allait tuer Emily... J'ai voulu l'en empêcher."
Pourquoi elle avait voulue faire ça ? Cassandre la détestait non ? Elle aurait du la laisser, non ?
"Oui bah on contrôle ce genre de rêves ! T'imagine si j'avais perdu une de mes reines ? C'est pas contre toi, hein, Emily. Ta mort, ça aurait été dur aussi. T'es pas une reine, mais quand même."
"Euh... merci ? " fit elle d'un ton incertain en le fixant avec des yeux de merlan frit sans comprendre de quoi il pouvait bien parler.
"On aura une discussion avec ta mère quand on sera de retour."
Emily baissa les yeux sur Vaiana, dont la respiration, calme, soulevait doucement la poitrine.
"On pourrait peut être la ramener a l’intérieur pour qu'elle se repose ?" demanda elle finalement en levant les yeux vers monsieur Eagle, Eliott et les autres. Elle aurait bien regardé Jules mais elle doutait qu'il eut envie de s'approcher de Vava pour le moment. Eagle se secoua l'air quand même sacrément perturbé par tout ce qui venait de se passer. En même temps, tout le monde semblait perturbé par ce qui c'était passé, elle la première Mais laisser Vaiana comme ça sur le sol ne lui semblait pas être la meilleure des idées. Elle serait certainement mieux dans un lit.. Elle allait veiller sur elle jusqu’à ce qu'elle se réveille !
"OK, mais ensuite vous m'expliquez tout ça." approuva Eagle d'un ton sec avant de prendre délicatement mais maladroitement Vaiana dans ses bras pour la porter vers la maison. Il fut gêner dans son parcourt par Johanna qui courut vers lui et se jeta dans ses jambes en tremblant jetant un regard totalement terrifier vers les pieds de Robyn. Elle lui avait mis un coup de pieds ou quoi ? La venue de la salamandre perturba l'équilibre de Eagle qui faillit faire tomber Vaiana. Pourtant, la bestiole restait dans ses pattes, malgré le :
"Johanna, dégage !" qu'il lui assena. Le résultat fut sans appel : Elle s'accrocha a sa bottes, a moitié enroulée autour de sa jambe. En désespoir de cause, Eagle jeta Vaiana en travers de son épaule comme un sac a patates et grommela en se dirigeant vers la maison.
"Tout le monde devient dingo ici !" lâcha il en jetant un coup d’œil un peu perdu vers les enfants.
De son coté, Emily c'était tourné vers Eliott, hésitante, avant de lui demander :
"Tu crois peux m'apprendre ? A faire ça S'il te plais !"
Peut être que quand elle saurait elle pourrait ramener Tasha, pas vrai ! Et elle pourrait sauver plein de monde, et elle rendrait les gens heureux ! Eliott cligna des yeux sans réellement comprendre.
"T'apprendre quoi ? A ressusciter les morts ? Euh... je crois pas que ça s'apprenne. C'est un truc qu'on a ou qu'on n'a pas." répondit il en haussa les épaules, alors que celles d'Emily s’affaissaient de déception si elle lui demandait gentiment, peut être qu'il pourrait l'accompagner au cimeterre et... elle ne remarqua pas le regard intrigué, surpris qu'il lui jetait.
"Ca serait bien si tu te souvenais de rien, si tu restais comme tu es. Même si t'es un peu flippante à coller Eagle comme tu le fais. T'es amoureuse de lui ou quoi ?" ajouta il avec une grimace équerrée
Emily lui jeta un regard surpris, l'air de le prendre pour un fou. Elle, amoureuse ? Et puis quoi encore ?
"Je suis pas amoureuse, je suis qu'une petite fille. Les petites filles c'est pas amoureuses... C'est juste que... il est gentil je trouve. Vous vous l'aimez pas et vous le trouvez méchant mais moi je le trouve gentil. Il est un peu grognon mais... il nous a jamais vraiment fait de mal, tu comprends ?"
"Jamais fait de mal ? Tu déconnes, là ?"
Non, il ne pouvait ps comprendre. Tout ça, ce n'était.. pas grand chose. C'était juste sa façon de faire. ll y avait des choses bien plus terribles dans la vie, et Eagle leur avait évité des traitements bien plus douloureux. Eliott ne pouvait pas comprendre. Et elle ne voulait pas lui expliquer. Certaines choses, les hontes les taches, ces marques invisibles qui vous emperchaient de dormir la nuit.. devaient rester secrètes. Cachées de tous.
Emily baissa les yeux et fronça les sourcils.
"Pourquoi tu as dis que je me souviens de rien ? Je me souviens de ma vie ! Quand j'étais un canard et aussi une petite fille." Elle avait pris l'air sure d'elle, vraiment certaine ! Avant que le masque ne tombe révélant une fillette perturbée et incertaine. Elle se souvenait ... Oui, mais aussi de choses différentes. Elle hésita avant de se lancer. "Et je me souviens de trucs qui me sont pas arrivés mais qui sont quand même arrivés... Je.. je sais pas trop comment le dire."fit elle en rapprochant sa main brûlée d'elle.
"Oh, vas-y, tu m'intéresses. Faut peut-être débloquer un truc dans ta tête pour que tu te rappelles." répondit Eliott d'un air hésitant, comme si au fond il n'avait pas vraiment envie qu'elle se rappelle.
"Pourquoi t'es comme ça ? Je veux dire.. t'es pas pareille qu'avant je trouve..."
Il avait l'air tellement plus sure de lui maintenant ! Tellement... différent. Dans sa manière d'être, dans ses paroles...
"Je peux pas vraiment répondre à ça, tu comprendrais pas, je pense." dit il en passant une main dans sa nuque, avant de se pencher pour murmurer a son oreille : "Je suis un adulte dans un corps d'enfant, et toi aussi. On l'est tous."
La mémoire lui revint brutalement, alors qu'il s'éloignait d'elle. Emily resta immobile, la bouche légèrement entre ouverte les yeux dans le vague comme si elle v oyat sa vie défiler devant elle. Bien entendu. Sa mère, son père et ses frères et sœurs La ferme. Le bœuf et l’âne Les chats. Les enfants. Le lac gelé ou elle avait été prisonnière. Les chiens. L'air glacé de l’hiver les chasseurs... La malédiction. Sunnyvale. Les familles d'accueil. John et Thérésa Cette nuit la. Les autres familles, les autres attouchements Tasha. Cette fois ou elle avait été jetée dans l'escalier après avoir résisté. La crise cardiaque, le séjour a l’hôpital Les témoignages, les larmes infructueuses Les regards de défiance. Christine. James. Le bunker. Clovis. L'incendie, sa disparition. Franck, puis Figue. Cette histoire déroutante de Pokémons. Heshvan. Le voyage avec les dieux. Athéna. Blake. La route 66...
Luke. Oh bon sang, Luke...
Elle reçut tout en pleine face. La joie la peine, la douleur. Eut l'impression qu'un élément reprenait place en elle, que la petite fille qu'elle avait été retournait au fond d'elle même, bien cachée derrière l'armure qu'elle c'était forgée.
"Oh putain..." fit elle en se tournant lentement vers lui, ignorant son air choqué. . "T'es l'abrutie qui a eut des plaintes ! C'est a cause de toi si on est la !"
"Oh non..." lâcha il en comprenant qu'elle avait retrouvé la mémoire, avant de prendre un air indigné. "Eh ! C'est pas à cause de moi ! Vous étiez pas obligés de m'accompagner ! Bon... même si techniquement, je t'ai un peu forcée, toi." ajouta il avec une moue.
Elle regarda autour d'elle, essayant de se remémorer ce qu'il c'était passé depuis leur arrivée ici. Elle se souvenait de la plainte, d'Eliott et de leur arrivée en Australie. Elle se souvenait de leur présence, du fait qu'ils l'aient vue. Si jeune. Si faible et fragile, assumant un besoin d'affection presque démesuré. Elle cacha ses yeux derrière sa main, en sentant la honte - et peut être était ce de la peur - la submerger.
"Oh bordel la honte..."
Paie ta réputation maintenant ! Comment est ce qu'elle allait rester crédible après ça ? Comment allait elle pouvoir garder la face ? Il y avait des choses sur lesquels elle ne parvenait pas a mentir, a jouer la comédie. En repensant a Robyn , elle eut comme.. un pincement au cœur, une douleur vive qu'elle repoussa brutalement. tout ça n'avait té qu'un rêve. Un rêve idiot pendant lequel elle avait crue qu'elle avait trouvé... quoi. Une famille ? Mais bien entendue... ce genre de choses ne fonctionnaient pas avec elle. Doucement, elle décala son doigts pour jeter un coup d’œil a Eliott. D'une certaine façon... elle le haïssait de lui avoir rendue la mémoire.
Elle ne voulait pas se souvenir. Se rappelait encore du sentiment diffus de peur et de tristesse qu'elle avait ressentie lorsque, petite fille, elle c'était vue adulte. C'était une chose de se dégoutter au quotidien, c'en était une autre d'éprouver de la pitié envers soit même.
"Tu oublie tout ce que j'ai pu dire ou faire, ou je te jure que dés qu'on rentre, je t'envoie chez les flics" lâcha elle avant que sa main ne retombe le long de son flanc.
Que pouvait elle faire d'autre de toute façon ? Essayer de sauver la face, un minimum. Son regard, plus dure, plus amère que quelques minutes auparavant se baissa vers Fifi, la petite poupée..; qu'elle laissa choir sur le sol. elle n'en avait pas besoin, n'est ce pas ? Elle devait se suffire a elle même, t même si Emily voulait, au fond, garder la petite poupée, elle ne pouvait admettre cette faiblesse devant Eliott.
"Je vais voir Vaiana. Pendant ce temps... essaie de rendre leur mémoire aux autres." lâcha elle en se dirigeant vers la maison.
Le garçon se pencha et ramassa Fifi d'un air un peu triste.
"Quoi ? Comment je fais ça, moi ?" demanda il d'un air indécis. "Je suis pas Superman ! Avec toi, c'était sûrement un coup de bol ! Ou de malchance, ça dépend comment on regarde..." murmura il doucement en suite.
Emily se tourna brusquement en lui jetant un regard noire, alors qu'il cachait son visage derrière la poupée, comme si c'était elle qui avait parlé. Bizarrement Emily se sentit l'envie de rire et un sourire passa en un éclaire sur son visage avant qu'elle ne se souvienne de qui elle devait être.
"T'as réussis une fois, tu trouvera bien." lâcha elle d'un ton plus doux que précédemment en haussant les épaules. Un encouragement a sa façon.
"Je vais essayer." répliqua il en baissant finalement la poupée pour la lui tendre."Toi en attendant, essaie de pas redevenir la chieuse d'avant. T'étais cool. Vraiment."
Elle aurait préféré que ça ne lui fasse rien. Que cette simple phrase ne lui donne pas cette fichue envie de pleurer. Elle hésitait, réellement, sentant presque sa main bouger malgré elle pour se tendre vers la poupée...un éclaire de douleur et de peine était passé dans ses yeux. Rapide, et pourtant tellement pas. Elle n'arrivait jamais a mentir, ses yeux la trahissait toujours. Une forme de tristesse dans le regard, un peu douloureuse.
"C'est comme ça que je suis Eliott. Tu n'y peux rien." lâcha elle d'une voix résignée.
C''était un fait établis tant pis. Elle n'y pouvait rien, et lui non plus. Il valait mieux pour lui qu'il ne reste pas prés d'elle. Soit il l'abandonnerait, soit elle le blesserait, c'était aussi simple que ça il n'y avait pas d'autre solution. Plus maintenant. Elle se détourna, fuyant son regard sans oser l'affronter pour retourner vers la maison... Avant de s’arrêter une dernière fois. Lentement, elle e retourna, le regardant dans les yeux pour la première fois depuis le retour de ses souvenirs.
"C'est dommage que ça finisse comme ça Mais.. J'ai bien aimé te rencontrer enfant." dit elle finalement avant de se détourner et de rentrer dans la maison.
Certaines choses n'étaient pas pour elle, et malgré ce sentiment diffus de tristesse qui apparaissait en elle, elle y avait renoncé depuis longtemps. C'était un adieu. A ce qu'ils avaient été, a tout ce qu'ils auraient pu être.
Phoebus Light
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Il ne savait pas ce qui lu était passé par la tête, pour s'éloigner de la sorte. Il avait été l'un des premiers à se réveiller et il n'avait pas eu envie d'embêter les autres. Les images qu'il avait vu dans ses rêves défilaient en boucle dans sa tête, comme une musique entêtante qu'on ne peut s'empêcher de fredonner. Il revoyait cet échange dans la Grande Vallée, celui qu'il n'était pas supposé voir, puis ce vide qui avait suivit, cet écran noir… Est-ce qu'il avait fait une bêtise ce jour-là ?
Phoebus avait entendu les coups de feu. Du moins, il les devina, alors qu'il avait échappé à la vigilance d'Eagle, se cachant dans un coin pour réfléchir. Son attention avait été entièrement accaparé par ce qui se déroulait de leur côté, lorsque les détonations retentirent. Discrètement, il s'était faufilé pour les rejoindre, la scène qui se présenta devant lui lui glaçant le sang. Vaiana était pleine de sang. Elliot était à côté d'elle. Il avait cligné des yeux à plusieurs reprises, croyant presque qu'il était de nouveau en train de rêver. Qu'ils étaient en réalité tous en train de dormir, toujours, qu'il s'agissait là de la seule option crédible et qu'ils finiraient par se réveiller et se rendre compte que rien de tout ça ne s'était produit. Et d'un coup, elle sembla respirer de nouveau.
Ses sourcils s'étaient froncés et il était resté figé, comme envoûté. Il ne trouvait pas ça étrange. C'était juste… incroyablement génial. Eagle avait emmené la petite fille et Phoebus avait observé le petit Sauveur, quand il prit Astrid dans ses bras, quand il parla à Emily… leur façon à eux d'eux de se comporter, de discuter, ces choses qu'ils disaient. Peut-être qu'ils devenaient fous. Ou alors, peut-être que c'était lui qui n'avait plus toute sa tête.
Brièvement, il avait jeté un coup d'oeil à Cassandre. Il ne savait pas ce qui s'était déroulé, mais il se rappelait de cette sensation perturbante dans sa poitrine. Il avait eu peur, pendant des secondes qui lui avait paru durer une éternité, que ce soit elle qui soit blessée, malgré tout ce qui avait pu se passer. Il s'en voulait un peu d'avoir penser ça alors que Vaiana était en danger, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il avait eu envie d'aller lui prendre la main, l'espace d'un instant, avant de se ressaisir, secouant la tête.
Il avait suivi les autres dans le salon, la bouche pincée, les yeux fixés sur le sol. Jules s'était installé à côté de la ressuscitée, sa main dans la sienne, la fixant en attendant qu'elle se réveille. Il avait pensé aller parler à Eagle, qui ne devait pas non plus comprendre plus que lui, pourtant, ce qu'ils allaient faire maintenant. Puis il était occupé avec Johanna, à tenter de la faire sortir, peut-être. Elle avait l'air paniqué, se cachant en rampant sous le premier meuble venu, toute tremblante. Qu'est-ce qui lui était arrivée, à elle, pour qu'elle semble aussi traumatisée ?
A croire que cet endroit laissait des marques sur tout ceux qui venaient à y mettre les pieds…
« On est venus sauver le petit garçon. » murmura-t-il soudainement, avec une intonation qui lui sembla moins profonde que d'habitude.
Il trembla presque lorsque le son de sa propre voix lui vint aux oreilles. De manière progressive, à peine subtile, un large sourire vint étirer les lèvres du garçon blond, qui relevait la tête, dévisageant ceux qui l'entouraient. C'était comme si, sans prévenir, son cœur s'était remit à battre dix mille fois plus vite. Dix mille fois plus fort. De façon dix mille fois plus intense. Il s'accrochait, pourtant, il le sentait, ce petit défaut de fonctionnement et il pouvait l'expliquer maintenant.
«Artémis… »
Elle allait le tuer ! Mais pas que le tuer, elle allait bien le torturer avant et lui faire promettre de ne jamais lui refaire un coup pareil ! Sauf qu'il n'y pouvait rien, lui. Le vieux chaman drogué – paix à son âme – n'avait pas réussit à les préparer à cela. Ils étaient néanmoins arrivés à destination, à priori. Ne s'en rendre compte que maintenant avait quelque chose de frustrant. Ne rien avoir pu faire, si ce n'est subir et maintenant, ne plus savoir comment agir… Au moins, il avait prévenu de l'endroit où ils se rendaient avant de s'en aller, non ?
« Depuis combien de temps on est parti déjà ? » Son ton était maintenant plus affolé et il s'était dirigé vers Elliot, comme si il avait plus de réponses que lui. Bien sûr que non, ils en étaient tous au même point. « Oh me regarde pas comme ça, c'est pas grave qu'on ait atterri ici… Je crois… T'attire peut-être les problèmes mais ça doit venir de tes gènes, t'y es pour rien. » Il essayait d'être gentil, même si ça ne se devinait pas aisément. Après tout, il avait accepté de venir à la recherche d'un gosse inconnu, c'est ce qu'il avait fait. « C'est lui, le petit garçon ? »
Apollon avait pointé le doigt vers Eagle, sans réaliser qu'il s'était exprimé un peu trop fort, peut-être. Il n'y pouvait rien si tout lui revenait soudainement, par des vagues soudaines qui le laissait totalement interloqué. Ce n'était pas vraiment une question pour être honnête, il se doutait franchement de la réponse, il n'était pas complètement stupide.
« Même s'il n'est plus si petit que ça. » ajouta-t-il, une moue perplexe sur le visage, observant le grand homme devant eux de haut en bas.
Mieux valait se préoccuper de ça plus tard. Pour l'instant, il y avait un fait plus important à régler. Tellement, mais tellement plus important. Comme s'il s'en rendait tout juste compte, il porta ses mains à son visage, palpant ses joues, son nez, les passant dans ses cheveux qui, il devait l'avouer, étaient affreusement doux.
« Bon sang. » Ses yeux s'ouvraient à mesure qu'il découvrait sous ses paumes ce visage qu'il ne s'était jamais connu. « Quelqu'un a un miroir ? »
Il ne s'inquiétait plus pour la jeune Vaiana, sachant pertinemment qu'elle était tirée d'affaire grâce à Elliot – du moins si ça avait fonctionné correctement, mais il lui faisait confiance sur ce point. Tout ce qui leur était arrivé lui semblait bien futile à présent, que ce soit les corvées imposées – même si il se demandait comment il avait pu obéir de la sorte alors qu'il ne passait jamais le balai sur Olympe – ou encore la presque tyrannie de leur hébergement. Il était… Il était un dieu. Alors franchement, cette aventure ne faisait que s'ajouter à la longue liste de celles qu'il avait déjà vécu. Même si elle avait été particulièrement intense, il ne pouvait pas le nier, ça finissait par ne plus l'étonner.
« Je me suis jamais vu avec cette tête ! C'est trop excitant ! »
Le regard pétillant et le sourire béat qu'il offrait laissait planer le doute quand à sa santé mentale. Il se fichait bien de ce que les autres pouvaient penser – même si certains n'avaient pas récupéré l’entièreté de leur mémoire, c'est vrai. Il ne se rendait peut-être pas compte du changement radical de comportement qu'il était en train de montrer. Il alla chercher le moindre objet doté d'une surface réfléchissante, finissant par mettre la main sur une casserole non sans faire un certain boucan, qu'il plaça devant lui dans un geste appliqué et fasciné. Sa satisfaction se lisait sur ses traits.
« Je savais bien que j'étais beau gosse même quand j'étais gamin. Personne a de quoi prendre une photo pour que je montre ça à Arté ? »
Il essayait de ne pas penser à… tous les détails auxquels ils devraient forcément penser avant de pouvoir s'imaginer la retrouver. Comment il retrouverait son corps d'origine, aussi. Comment il sauverait Eagle, car même si il était grand, maintenant, c'était leur mission. Apollon lâcha la casserole, finissant par l'abandonner dans un coin sans prendre la peine de la ranger. Il avait ce besoin irrépressible de s'exprimer au risque d'exploser, sans pouvoir se l'expliquer. Comme s'il avait besoin de se persuader que toute cette vie dont il se rappelait existait bel et bien.
Il chercha Neil du regard, avant de se rappeler de tout ce qui s'était déroulé, de ce qu'elle avait faillit faire… il ne pouvait pas lui en vouloir, plus maintenant. Il ne pouvait que tenter de la comprendre. Est-ce qu'elle aussi se rappelait ? Elle lui avait posé la question, dans la Jeep, alors qu'il n'avait pas le oindre souvenir… est-ce qu'elle en avait ? Il la regardait presque avec impatience. Mais il se souvenait aussi de Jules. De la confiance qu'elle lui portait, alors que lui n'avait pas réussi à la gagner.
Il n'avait pas été à la hauteur. Ce ne serait pas la première fois… Avec… Avec Heimdall. Le petit garçon se massa la tempe, dans un air de profonde réflexion. Il se souvenait. Il se souvenait de ces choses qu'il avait vu en rêve, maintenant certain qu'il s'agissait de la réalité. Il était partagé entre la crainte et l'engouement, alors que les détails le frappaient. Il revoyait Hypérion les laisser, lui laissant la responsabilité de garder ses frères et sœurs… Il revoyait le diplodocus qu'il voulait tant chevaucher, cette image le faisant sourire alors qu'il remarquait Astrid non loin de lui. Il les revoyait eux, les enfants de Titans, en train de fuir avec Gaïa… Son regard était porté sur le vide, sa gorge se serrant. Et il y eu une étrange sensation, alors qu'il fouillait dans sa mémoire pour que tout lui revienne. Comme si son esprit était sur le point d'entrer en ébullition, comme si trop de choses étaient en train de se faufiler, prêtes à le submerger avec beaucoup trop de puissance pour qu'il puisse le contrôler.
Est-ce que c'était réellement possible ? Il le sentait tout en étant incertain de ce que ça signifiait. Il pourrait… se rappeler de tout ? Il avait envie de tout savoir tout de suite, que tout lui vienne, comme un enfant avide, tout en sachant que ce n'était pas envisageable. Alors il inspira grandement, fermant les yeux, prenant son mal en patience. Il devait juste attendre encore un peu. Une énorme porte venait de s'ouvrir et, s'il n'avait pas envie d'attendre pour tout découvrir, il savait que ça en vaudrait la peine. Il s'imaginait déjà raconter tout ça à Diane, à Athéna, à tout le monde… il se sentait bercé par ces doux sentiment de joie, de bonheur, de plénitude, en pensant à son enfance. Elle ne devait pas avoir été si affreuse que cela, pour qu'il le ressente encore maintenant. Certes, il y avait un peu de peur mêlé à tout cela, infime, mais jamais trop prenante au point qu'elle en deviendrait incontrôlable. Non, on les avait protégé, mais il y avait quelque chose de perturbant dans tout ça. Cette idée ne faisait qu'accroître son désir d'en apprendre plus.
« Bon. » finit-il par lâcher pour arrêter de se ressasser les mêmes choses dans sa tête et se changer les idées. « Comme les choses sont plus claires, j'aimerai bien faire des présentations dans les normes. Apo, enchanté. Je peux vous tutoyer aussi ? Non parce que vous êtes plus jeune que moi en réalité, ça me perturbe maintenant de vous dire "vous". »
Il grimaça, la tête levée pour s'adresser à Eagle. Il avait tellement l'habitude d'être le plus grand, c'était franchement bizarre comme sensation. C'était donc ça que vivait constamment les gens qui le côtoyait, les pauvres ? Le dieu n'y était sans doute pas aller avec le plus de délicatesse possible, Eagle le prendrait certainement pour un gosse avec des problèmes mentaux, mais après ce qu'il venait de voir, il devait bien se dire que tout était possible. Non ? Il avait un immense sourire – qui lui allait plutôt bien, ça lui donnait un air d'ange. Même si ça donnait aussi l'impression qu'il cachait quelque chose et qu'il était sur le point de faire une bêtise alors que ce n'était pas le cas.
Il fallait qu'ils se souviennent tous, ce serait plus simple. Cependant, il se voyait mal leur mettre des gifles pour que leurs idées se remettent en place, surtout que ça n'avait pas été nécessaire pour lui, pour Emily et encore moins pour Elliot. Il fallait un peu de volonté certainement et, après tant de temps à ignorer leur propres identités, ça devrait bien leur revenir naturellement. Ils avaient peut-être besoin d'un petit coup de pouce, mais il était très nul pour ça, les seules phrases qui lui venaient étant des blagues qui ne feraient rire personne. Comme celle de la phrase préférée du kangourou, qu'il préféra garder pour lui-même, bien que ça aurait certainement détendu l'atmosphère.
Il resta sur place quelques secondes, se balançant d'un pied sur l'autre, incapable de rester immobile. Il y avait trop de choses qui se produisaient. Et… et il y avait Cassandre, tout près. Bien qu'il était hésitant, il ne put s'empêcher de se rapprocher. Il ne savait rien de son enfance, il ignorait tout de ce qu'elle avait pu traverser. Il n'osait pas la regarder. Il ne l'avait pas assez défendu. Il avait été stupide. Il ne savait pas si elle savait ou si elle avait envie qu'il s'approche simplement ou… Ou si elle lui en voulait, pour une raison quelconque, ou si elle préférait rester avec quelqu'un d'autre, ou si… Ou si rien du tout. Dans le pire des cas, il aurait le droit au plus gros vent de toute sa vie.
Maintenant qu'il se rappelait, il lui était impossible de rester distant. Il ne le pouvait et ne le voulait pas. Alors, sans lui demander son autorisation, il approcha sa main de la sienne, un peu indécis, un peu maladroit. Il voulait qu'elle se rende compte qu'elle n'était pas seule, qu'elle ne le serait plus jamais.
black pumpkin
Vaiana De Motunui*
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| Avatar : Shay Mitchell :tombe:
Me regarde pas comme ça, un peu de sport ne te ferais pas de mal. Ca te réussis pas franchement de fricoter avec une pâtissière, enfin... Je dis ça, je dis rien...
Don't let little stupid things break your happiness
| Conte : Vaiana, la légende du bout du monde | Dans le monde des contes, je suis : : Vaiana
« Fais bien attention à ce que tu fais, petite fille... »
Mon corps était lourd. A tel point que j’avais l’impression qu’un poids pesait sur moi, enfonçant mon cœur dans le sol. Ou que des gros bouts de plombs étaient accrochés à chacun de mes membres, rendant leur mouvement impossible. Même mes paupières étaient lourdes. Bien trop lourde pour que je ne puisse les ouvrir sans difficulté. J’entendais des bruits, des voix autour de moi. Elles résonnaient, lointaines. Mais quelque chose d’autres hantaient mon esprit.
Après ce noir total, des souvenirs m’étaient revenus. Des souvenirs... Bien enfouie, que je ne pensais pas retrouver. Mon île. Mon excursion en bateau. Le déchaînement des mers et des vents. Puis Rome. De tous nouveaux souvenirs. Une toute nouvelle vie. Tout ça jusqu’à l’arrivée du groupe. Neil. Phoebus. Et mon déménagement à Storybrook. Ma nouvelle vie. Mon statut de déesse magique... Toutes ses recherches.
Trop de souvenirs. Je venais de retrouver les deux tiers de ma vie qui s’était envolé. Chaque image, chaque moment me revint en tête. Jusqu’à ce que les voix ne se fassent plus fortes, que les bruits ne me ramènent à la réalité. Une réalité douloureuse et inconfortable. Je sentais quelque chose de mou sous mon corps.. Le canapé ! Comment est-ce que j’étais arrivée là ? Qu’est-ce qui... Qu’est-ce qui s’était passé ?
D’autres souvenirs me revinrent. Les dingos. Les armes à feux. La détonation et le regard des autres. Puis ce liquide chaud, épais.. Et cette douleur. Jamais je ne pourrais l’oublier. Cette douleur fulgurante, m’empêchant de respirer et happant toute mes forces. Puis ce vide. Lentement, une descente vers ce vide. J’étais... J’étais morte. Pourtant, je me réveillais de nouveau. Peut être avais-je simplement eu une blessure superficielle. Pourtant... Cette douleur..
Je ne voulais éviter de me la remémorer. Il fallait simplement que mes paupières... Après un effort surhumain, je réussissais à papillonner des yeux, difficilement, mais surement. Ma vision était trouble, mais je discernais Jules, penché au dessus de moi. Quelque chose serra ma main plus fort, alors que je discernai la mine anxieuse du garçon. J’avais envie de prendre la parole, pour lui dire que j’étais plus solide que ça et qu’il arrête de me regarder comme si j’étais au bord de la mort. Mais impossible, encore, d’ouvrir la bouche pour formuler une seule parole.
Lorsque ma vue se stabilisa, sa main bougea dans la mienne, puis se retira en même temps que le visage du garçon s’éloigna. Mes sourcils se froncèrent légèrement, il essayait de fuir, où je rêvais ? Je tentais de me redresser sur les coudes, en vain. Je réussis tout juste à bouger l’un de mes bras, mais j’avais l’impression que ce dernier pesait une tonne. Je redressais donc simplement ma tête, dans un même effort douloureux, un faible sourire sur les lèvres.
- Pas si vite... T'as écopé de la place de l'homme de chevet jusqu'à ce que je puisse me lever de ce canapé.
Je tentais de dédramatiser la situation. Je n’allais pas dire que j’avais vu pire, puisque je n’avais certainement jamais eu aussi peur pour ma vie mais.. Je n’avais aucune intention de le montrer. Ni de... Lui en vouloir. Il n’avait pas fait exprès. Et il devait certainement culpabiliser.
Sentant ma tête s’alléger légèrement, ainsi que l’un de mes bras, je me redressais un peu plus avant d’effleurer mon ventre de la main. J’hallucinais ? Plus de plaie. Plus de sang qui coulent... Combien de temps s’étaient écoulés depuis cet accident ? Jules ne s’était pas changé. Eagle non plus.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Jules se stoppa dans son élan, à quelques pas du canapé, dos à moi. Il ne se retourna pas, m’offrant juste une magnifique vue sur son dos. Il tourna légèrement la tête sur le côté pour déclarer.
- Elliot t’as sauvé.
Attend, le Elliot à qui je pense ? Notre Elliot ? Il devait être différent adulte qu’enfant alors. Parce que notre Elliot.. N’était pas du genre à sauver des gens. Mais tout était possible. Malgré le fait que cette information me déroute légèrement. Les membres toujours douloureux et lourd, je réussis à me redresser de quelques centimètres seulement pour apercevoir le visage du garçon qui m’offrit un grand sourire accompagné d’un clin d’œil et d’un pouce en l’air.
- E.. Elliot ?
Je fixais le garçon avec des yeux ronds... Ces mêmes yeux ronds que me faisait Eagle au même moment. Ah, mon sauvetage n’était pas prévu dans le plan de l’homme apparemment puisqu’il semblait ahuri de me voir parler. Je me retournais vers Jules et Elliot.
- Comment il a fait ça ?
Jules continua de s’éloigner, ne prenant pas la peine de me répondre. N’ayant pas forcément la force de l’interpeller de nouveau, mes yeux passèrent de nouveau sur Elliot qui s’approchait.
- Il a juste récupéré ton âme et l’a remise dans sa boîte. C’était normal. Ca m’a fait plaisir.
C’est moi où il se la pète, là ? Bon, d’après son récit, il y a de quoi, certes, mais il y avait clairement quelque chose qui avait changé chez lui. Ses souvenirs avaient du revenir, lui aussi. C’était peut être même lui qui me les avait rendu. Je ne pu m’empêcher de lui demander, un peu sceptique.
- « Il » ? C’est qui « il » ? Tu ne parles quand même pas de toi à la troisième personne ?
- Euh.. J’ai trouvé ça cool sur l’instant.
Il passa une main dans sa nuque, l’air embarrassé. Ah, le petit Elliot refaisait surface. Je le reconnaissais bien plus comme ça. J’évitais néanmoins tout commentaire puisque je ne voyais pas grand chose de positif à dire. Et puis, il m’a tout de même...
- Enfin... Merci..? Je suppose. Pratique en cas d'accident et tout cas. Je suis contente d'être encore parmi vous.
Et à demi mot, je rajoutais entre mes dents.
- Je t’en dois une.
Les dettes, ça n’avait jamais été mon truc. Alors une aussi grosse, très peu pour moi. Pourtant, je devais une belle chandelle au garçon. Si j’avais bien compris, j’y serais bien resté sans lui. Ce qui était loin d’être négligeable. Même si je n’aimais pas ça. Il balaya ma remarque d’un geste de la main avant d’affirmer.
- Mais non rien du tout. T'aurais fait pareil pour moi, enfin... si t'avais pu.
Dans le même ton, je glissais de nouveau à mi voix.
- Mais comme je ne peux pas... Je compenserais avec autre chose. Qui ne nécessite pas de pouvoir ce serait mieux.
La fin de ma phrase me laissait un goût d’amertume. Forcément, de ce côté là, je n’étais pas calée. C’était même le désert. Total. En plus de m’avoir laissé sans aucune connaissance, on avait oublié de me filer le bouquin de fonctionnement des pouvoirs. Pas pratique quand on vous dit que vous avez un rôle important à jouer dans un futur proche. Je m’en mordrais certainement les doigts autant qu’eux.
Mon regard fut attiré ensuite par Eagle qui s’avança vers un vieux buffet pour ouvrir l’une des portes en hauteur et en sortir une bouteille de whisky qu’il déboucha... Avant de l’enfourner dans sa bouche pour en boire plusieurs gorgée au goulot.
- Ravie de savoir que vous fêtez mon retour...
Un petit sourire narquois se forma sur le coin de mes lèvres avant que je ne reprenne, un peu plus sérieusement.
- Vous ne partagez pas ?
Il coula un regard oblique vers moi, avant de déglutir sa dernière gorgée. Apparemment, la pilule avait du mal à passer. Mais d’un autre côté, si j’avais été à sa place il y a quelques mois, j’aurais surement eu autant de mal à comprendre cela. Déjà qu’aujourd’hui, c’était étrange, même pour moi...
- C’est pas pour les gosses. Enfin... Si vous en êtes vraiment. Vous êtes qui ? Il serait peut être temps de déposer cartes sur table là.
Il me fixa, de loin, sans s’approcher. Il me lança un regard méfiant tout en me détaillant. Je l’ai connu plus avenant. Si on pouvait réellement utiliser ce mot.
- Si c’est juste le fait qu’on soit des gosses qui vous retient, vous pouvez y aller, j’en veux bien un verre.
Eagle me fixa d’un air toujours aussi dubitatif et méfiant. Mais il finit par soupirer et se retourner pour sortir un verre du buffet et le claquer brusquement sur la table à côté de moi. Il fit couleur le liquide brun dans le verre en reprenant. De mon côté, je rassemblais les forces que j’avais sous la main pour me redresser et m’asseoir difficilement sur la canapé. Une grimace se figea sur mon visage suite à ces mouvements. Un petit remontant ne me ferait pas de mal. Je me penchais doucement en avant pour attraper le verre. J’en pris une gorgée avant de grimacer de nouveau. Je ne voulais pas savoir depuis combien de temps il était là. Mais, de toute manière, il fallait guérir le mal par le mal. Faisant abstraction du goût, je descendis mon verre cul sec avant de le reposer sur la table.
- De toute façon, au point où on en est...
Un nouveau verre se posa sur la table, plus timidement. Jules s’était approché de nouveau pour poser un verre sur la table lui aussi. Pas disposer à rester au chevet, mais apparemment, niveau boisson, ça roule. Eagle plissa les yeux en le regardant puis en versant un tout petit fond, bien moins que dans mon verre. Un petit sourire moqueur releva le coin de mes lèvres.
- Je pense qu’il faut qu’on se réunisse pour en parler... Pour nous non plus ce n’est pas très clair. Enfin pour certains d’entre nous en tout cas.
Mon regard se posa sur Elliot qui était le point de départ de toute cette histoire. Eagle reprit néanmoins de plus belle.
- Qui vous a dit de sauver un petit garçon ? Je comprends rien... Si vous essayez de me rendre dingue, vous risquez de le regretter.
Il ferma un instant ses yeux avant de commencer à se masser le front. Le point de non retour allait bientôt être atteint. Malheureusement, la vérité risquait certainement de le faire dégoupiller deux fois plus vite.
- C'est Elliot. A vrai dire, je n'ai pas eu le temps de tout comprendre. Le voyage a été assez.. Rapide. Il en saura plus que moi. Et... C'est pas le but. Mais comme j'en comprends à peine la moitié, je comprends ce que ça fait.
Avouais-je en lançant un regard à Elliot. Avant de nous embarquer dans un périple comme ça, la prochaine fois, une petite explication ne serait pas de trop. Même si je n’avais aucun doute sur le fait qu’il n’était absolument pas maîtrisé.
Eagle se tourna vers Elliot qui tenta de lui tenir tête malgré ses bon 20 centimètres de moins. La scène avait de quoi être amusante. Elliot s’éclaircit la voix avant de débuter. Et un magnifique match de ping pong était sur le point de commencer.
- A Storybrooke, j'ai fait un rêve, ou quelque chose qui y ressemblait. Un vieux pépé chaman m'a dit de venir en Australie sauver un petit garçon. Maintenant que je me souviens de tout, je me rends compte que le vieux monsieur, c'était le même que celui qui était... là.
Il se mordit la lèvre, gigotant de manière peu à l’aise à l’évocation du chaman. Cela ne faisait de bien à personne de l’évoquer si peu de temps après sa mort. Pourtant, Eagle ne releva pas ça, il le regarda avant de reprendre indécis :
- Storybrook ?
- C'est le nom de notre ville. On vient tous de là-bas. C'est un endroit paumé dans le Maine, aux Etats-Unis.
Il nous désigna tous du bras. Il marqua ensuite une pause, nécessaire à Eagle pour tenter d’assimiler tout ce que le garçon lui racontait. Puis d’un seul coup, il reprit vivement, d’un éclat de voix.
- Attendez... ça veut dire que le pépé chaman arrivait à voyager entre les mondes en rêve, s'il était ici et qu'il a réussi à venir me voir, à Storybrooke ! Les gars, on va pouvoir rentrer ! Il suffit de rêver très fort !
Attention... Ping.
- C'est pas aussi simple...
Pong.
- Bien sûr que si !
Ping.
- Tu crois que si ça l'était, je serais encore là à écouter vos conneries ?
Pong... Et un smatch de Eagle qui risque d’envoyer ensuite la raquette dans la tronche d’Elliot si on ne l’arrête pas rapidement. Mes yeux se baissèrent vers la bouteille de whisky qui tremblait dans sa main, sous sa colère.
- Si Elliot a réussit à me... Soigner ou Ressusciter, je pense qu'on peut compter sur lui pour nous sortir de là. Après tout, c'est lui qui nous y a mit tout seul.. En s'y mettant tous, on augmente nos chances. En collaboration. Pas en se tapant les un sur les autres. Même si ça peut être tentant, j'avoue.
Cela eu le mérite d’arrêter Eagle l’espace de deux petites secondes. Ca passe, ou ça casse. Il le fixa d’un œil perçant avant de claque la bouteille sur la table.
- Je sais même pas pourquoi je vous écoute ! Vous êtes complètement dingues, tous autant que vous êtes !
Ca casse. Bon, j’aurais essayé. Il fit volte face pour se diriger vers la porte à grand pas, bousculant Emily au passage avant de claquer la porte derrière lui, laissant un grand silence dans la pièce. Bon, il avait certainement raison sur un point. On était tous un peu dingue.
Neil Sandman
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« Le Temps n'efface pas tout. »
| Conte : ➹ Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ La fille de Dumbo & Elliot *-*
Il y a très longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
« La première fois que je t'ai vue, tu n'étais encore qu'une petite fille. » dit-il avant de marquer une pause. « Un enfant égaré qui cherchait son chemin à travers une multitude de portes. »
« Tu étais un vieux monsieur. » répondis-je avec un sourire taquin aux coins de mes lèvres.
Sourire auquel il répondit, avant de regarder l'océan qui s'étendait à perte de vue. Nous nous tenions devant, l'un en face de l'autre, tournant la tête de temps en temps afin d'observer le soleil qui se couchait sur la mer. C'était un magnifique spectacle, surtout avec ces deux lunes au loin.
« Il s'est passé de nombreuses choses depuis la dernière fois où nos routes se sont croisées. Que ce soit à ton époque ou à la mienne. Tout est différent maintenant. »
Avec du recul, je me rendais compte que les événements qui avaient jalonnés ma vie, m'avaient conduites jusqu'ici, aujourd'hui. Ils avaient contribué à former l'être que j'étais devenu et aucune expérience de mon parcours, qu'elle avait été jugée heureuse ou malheureuse, n'avait été inutile. Comme tout le monde, je m'étais posée à de nombreuses reprises les mêmes questions. Pourquoi étais-je là ? Pourquoi avais-je survécu ? Qu'est-ce que cette titanide avait trouvé en moi qui valait la peine qu'elle m'aide à trouver mon chemin ? Maman me disait toujours qu'il fallait vivre en harmonie avec les autres, trouver notre place, même si cela signifiait s'occuper d'animaux dans un zoo. Chaque être vivant avait son importance, quel qu'il était. On faisait tous partie d'un même tout.
« Tu as de nouvelles Capras ? » demandai-je avec l'air le plus sérieux possible.
« Trois. Mais une tourne en rond. J'ai la sensation qu'elle ne se plaît pas dans mon champs. Je devrais peut-être la laisser quelque temps dans le palais. C'est très certainement une Capra d'intérieur. »
Je n'avais pas pu m'empêcher de rire. Ce que j'avais compris aujourd'hui, c'était que tant que nous recherchions ce que nous pouvions accomplir pour les autres, nous serions dans une quête du bonheur qui nous rendrait complet que quand elle serait achevée. Et quand on l'aurait trouvé, notre vie serait meilleure et aura enfin un sens. Même si cette recherche du bonheur conduit à un sacrifice.
« Tout ce qu'on a connu cessera d'exister... » murmurai-je en penchant la tête pour ne pas croiser son regard.
Il y eut un petit silence, puis Hyperion avait avancé sa main et l'avais placé juste sous mon menton, afin de me faire relever la tête. Il était un peu moins grand maintenant, mais son regard était le même. Il avait quelque chose qui vous redonnait confiance et vous permettait d'avoir le courage d'aller toujours plus loin.
« Quels que soient les sacrifices, il y aura toujours de l'espoir... » dit-il d'un ton assuré, tout en laissant sa phrase en suspens.
Au loin, le Soleil venait de toucher la mer, et la couleur orangée avait été remplacée par quelque chose de bien différent. Une sorte de voile extrêmement coloré dont le vert dominait. On se trouvait dans la partie la plus au nord de Titania. C'était ici l'emplacement idéal, ou du moins c'était là que ma vision nous avait conduite. Je sentais la main du Titan venir prendre la mienne. Cette chaleur et cette puissance qui se dégageait de lui dominait tout mon être et me relaxait en même temps.
« Je ne pourrais pas toujours être là à tes côtés. Mais le moment venu je me tiendrai près de toi. Quel que soit le danger auquel on devra faire face. Tu pourras toujours compter sur moi, Cassandre. »
Il m'avait dit un jour que nous n'étions que de la poussière d'étoiles. Un rayon de soleil brillant de toute sa splendeur. Certains d’entre nous étaient capable de façonner de merveilleuses choses, d'autres racontaient des histoires comme personne et d'autres encore arrivaient à gérer un zoo sans perdre trop d'animaux. Chacun était plus ou moins avancé dans certains domaines. Notre personnalité faisait briller notre âme de ses feux exclusifs et de sa texture irremplaçable. On devait pouvoir compter les uns sur les autres, car ensemble on pouvait accomplir de bien plus grandes choses.
Le futur était incertain. On pouvait tenter de le changer, mais on ne pouvait pas être sûr d'y arriver. J'avais passé de nombreuses journées à me demander ce que demain pourrait être avant de me retrouver ici, devant cette aurore boréale, main dans la main avec l'être le plus puissant que je connaissais. On allait faire ce voyage à deux. On allait pouvoir compter l'un sur l'autre. Le sacrifice que ça lui demandait était bien plus grand que celui que j'allais accomplir. Mais on faisait cela pour qu'il y ait toujours l'espoir d'un lendemain meilleur. Car comme il le disait si bien... quel que soit les sacrifices, il y aura toujours de l'espoir...
« ... par delà les mers. » achevai-je tandis que des filaments rouges s'échappèrent de mes mains avant que le voile multicolore nous emporte.
Aujourd'hui...
Avec sa main dans la mienne, je me sentais plus forte. Je n'avais pas eu besoin d'un coup sur la tête pour me souvenir, ou qu'on me secoue fortement. Je n'avais pas eu besoin d'un grand choc émotionnel. Uniquement sa présence. Serrant davantage sa main, j'avais levé les yeux dans sa direction, croisant son regard. Je ne savais que dire ou faire, du coup je m'étais contenté de le regarder quelque instants. Après tout ce qui venait de se passer, il m'avait tout de même pris la main. Il avait eu besoin de ce contact autant que moi. Pourquoi ? Celle qu'il avait vue n'était pas nécessairement celle qu'il croyait connaitre.
Finalement, petit ou grand, ça n'avait pas d'importance. Je m'étais approché de lui pour le prendre dans mes bras. J'avais besoin de bien plus que sa main. Je voulais qu'on reste comme ça juste quelque instants. L'avoir tout contre moi, j'avais la sensation que ça me ressourçait, que ça rechargeait mes batteries. Et tandis que je le serrai, je croisai le regard d'Elliot au loin.
« Je suis désolée... » murmurai-je par la pensée à mon père.
J'avais peur qu'il me verrait désormais comme un monstre qui pouvait tuer n'importe qui de sang froid. Mais ce n'était pas ça. Je voulais juste nous protéger et j'espérais qu'il l'avait compris.
« De quoi ? » pensa t'il à son tour. « De vous voir main dans la main avec Apollon ? »
J'avais souri à cette idée, avant de serrer un peu plus Apollon tout contre moi, sans lâcher papa du regard.
« Vous êtes ma famille. » pensai-je à nouveau.
« Je le suis plus que lui. »
J'aurai aimé que ce soit le cas. Mais il était en partie responsable de tout ce qui était arrivé, et je ne parlais pas d'ici, mais du reste... de tout le reste. Je ne pouvais pas lui dire ce que je ressentais vraiment et toute cette peur qui emplissait mon coeur à chaque fois que mon regard croisait le sien. Je ne pouvais pas non plus lui dire ce que j'avais vu, ce qui s'était passé, ce qui se passerait sans doute à nouveau. J'étais incapable de lui murmurer qu'il avait tué ma mère. J'avais traversé le Temps pour mes amis, pour ma famille, et surement aussi pour lui. C'était le seul qui pouvait changer la donne le moment venu, même si il l'ignorait encore. Restant quelque instants tout contre Apollon, sans dire quoi que ce soit, j'avais fini par murmurer...
« Je t'aime... » sans trop savoir si ça s'adressait à un seul des deux, ou aux deux hommes de ma vie.
Jules Verne
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Le pardon ne change pas le passé, il élargit les horizons du futur.
En fin de compte, je ne reverrai plus Nantes et la maison de mon enfance. Plus jamais je ne parlerai à mon frère Paul, à mes soeurs et ma mère. Je ne reviendrai plus de l'école à pieds, en faisant un détour par le port pour laisser mes rêves vagabonder par-delà la mer. Je ne pourrais plus effrayer Simone, la domestique, avec mes petits appareils mécaniques -et souvent défectueux. Plus de promenades au parc, plus de jeux avec mon frère, plus de discutions, plus de rires... Rien d'autre que le silence.
Ils avaient tous disparu depuis longtemps. Ce rêve que je poursuivais était mort. Impossible d'aller à la recherche du temps perdu. C'était une douleur que j'accueillais comme une amie, car je m'y étais habitué depuis que je vivais au XXIème siècle. Ca ne l'atténuait pas, bien au contraire. Je m'imaginais une plaie à vif au fin fond de moi-même, qui suintait de temps à autre lorsque j'avais un vague à l'âme. J'étais seul, entouré de fantômes chers à mon coeur. Il fallait que je m'y fasse. C'était une question d'habitude.
En revanche, je ne pouvais occulter le fait que j'avais tué quelqu'un. Involontairement et en partie à cause de Neil, mais cela n'atténuait en rien la sombre affaire. J'étais coupable d'homicide. En tombant sur le sol, j'avais pressé la détente et la sinistre ironie du sort avait choisi Vaiana pour cible. Lorsqu'elle était revenue à elle, je m'étais aussitôt éloigné. J'avais veillé sur elle et j'estimais en avoir fait bien assez. Je n'osais plus croiser son regard ni même rester trop près, par crainte de la blesser de nouveau. La chose était ridicule en soi, mais l'anxiété n'est de toutes façons pas rationnelle.
Rongé par la culpabilité, j'eus l'idée dérisoire de noyer mes remords dans l'alcool, mais Eagle ne remplit que le fond de mon verre. Lorsqu'il sortit de la maison, j'en profitai pour récupérer la bouteille et verser un peu du liquide ambré dans le verre. Je la reposai et me saisis du récipient pour m'éloigner en évitant soigneusement le regard de chacun. C'était abominable de se sentir si... coupable. J'avais l'impression d'être sale. Malgré tout ce que j'avais fait pu faire dans ma vie, toutes les erreurs que j'avais commises, jamais encore je n'avais éprouvé cette impression d'être... mauvais. Oter la vie de quelqu'un était un acte odieux et impardonnable. Vaiana avait peut-être survécu, mais une chose importante venait de mourir en moi pour toujours. Une lumière. Un rêve. Une nuance fragile dont je ne soupçonnais pas l'existence avant qu'elle ne se volatilise.
Je montai l'escalier rapidement malgré la lourdeur qui pesait sur mes épaules. Je passai le palier du premier étage sans le voir et grimpai les marches en colimaçon pour me réfugier dans le dortoir, au grenier. Là, je me précipitai vers mon lit et soulevai le matelas juste assez pour récupérer une feuille de papier ainsi qu'un crayon de bois. Je les avais volés des jours plus tôt en croyant mettre la main sur un trésor. Ne jamais sous estimer le pouvoir des mots. Une fois encore, j'espérais qu'ils allaient me venir en aide pour expier ma faute.
Je bus mon verre cul-sec afin de me donner du courage, toussai plusieurs fois car ma gorge d'enfant n'était pas habituée au whisky- et m'allongeai sur le lit. Je voulais rédiger une lettre à l'intention de Vaiana. Je ne cherchais pas à ce qu'elle me pardonne -ce n'était pas envisageable, jamais je n'oserais quémander une telle faveur- mais je souhaitais au moins présenter des excuses en bonne et dûe forme.
J'écrivis quelques lignes avant de rouler la feuille en boule et d'en prendre une nouvelle. Elle subit le même sort que la première. Rien ne me convenait. Je passai plusieurs minutes à m'acharner sur une missive de qualité, avant de finalement me contenter d'un piètre résultat. Etant donné mon état psychologique actuel, je ne pouvais espérer mieux. De toutes les façons, ce ne serait pas convenable de composer une envolée lyrique. La demoiselle risquait de se moquer.
Nullement satisfait, je pliai soigneusement la feuille en quatre, et esquissai une moue contrariée en me souvenant qu'il n'y avait pas d'enveloppe dans laquelle la glisser. Je ne préférais pas demander à Eagle s'il en possédait, étant donné à quel point il était aimable.
Une fois fait, je quittai le lit pour me diriger vers la porte du dortoir et en sortir. Je descendis l'escalier quatre à quatre, pressé de remettre le pli à la demoiselle. Il faudrait que je laisse la lettre à un endroit où elle pourrait facilement la trouver, car je ne pouvais établir de contact direct. Je préférais tout d'abord laisser les mots faire leur chemin.
Hélas, le destin en décida tout autrement car au bout du couloir du premier étage, je trouvai la demoiselle occupée à monter les dernières marches vaillamment, malgré ses jambes tremblantes.
"Diable ! Que fabriquez-vous ? Si votre intention est de vous rompre le cou, vous êtes sur la bonne voie !" lançai-je, réprobateur.
Oubliant mes remords et mon embarras, je me précipitai vers elle afin de la soutenir, coinçant le morceau de papier entre mes dents. La demoiselle finit par s'asseoir sur la dernière marche de l'escalier. Malgré son teint naturellement bronzé, elle me semblait pâle. Elle faisait assurément trop d'efforts et trop tôt.
"Ca va, ça va, je gère." assura-t-elle tout en levant les yeux vers moi d'un air farouche.
Ce n'était pas l'impression qu'elle donnait. Pourquoi employer le mot "gérer" pour ce genre de situation ? Le langage familier du XXième siècle était encore trop retors pour moi.
Je l'observai d'un oeil soucieux avant de me souvenir du papier toujours coincé entre mes lèvres. Je le repris en main avant de placer ces dernières dans mon dos d'un air emprunté.
"Si j'avais encore un doute quant à tes souvenirs, je suis fixée." ajouta-t-elle en réprimant un sourire.
Elle me tutoyait toujours alors que j'avais retrouvé l'usage du vouvoiement. L'habituelle bienséance qui obligeait à retrouver la distance distinguée et polie m'était revenue comme un boomerang.
"Je n'aurais pas été obligée de monter si tu ne t'étais pas planqué dans le grenier." grommela-t-elle légèrement.
Je fus stupéfait par cette attaque inconsidérée. Ainsi, elle avait fait cette ascension uniquement dans le but de... me voir ? Pour quelle raison ?
"Je ne me suis pas... planqué." rétorquai-je d'un ton pincé. "Je faisais quelque chose d'extrêmement important et qui ne pouvait pas attendre."
J'hésitai quelque peu avant de lui tendre le morceau de papier, presque timidement. Cela ne me ressemblait pas d'agir avec tant de réserve ; si j'avais pu, je lui aurais remis ce pli d'une autre façon. Elle le déplia, resta focalisée dessus pendant quelques instants, avant de secouer la tête et de me le rendre. Je restai tétanisé. Bien entendu, je m'étais préparé à l'idée qu'elle n'accepte pas mes excuses, mais je me sentais tout de même déçu et peiné. Et d'autant plus coupable.
"Je ne sais pas lire." dit-elle amèrement avant de détourner le regard.
La surprise me fit écarquiller les yeux.
"Vraiment ?" fis-je, déconcerté. "Mais alors... comment avez-vous déchiffré mon autre lettre, lorsque je vous ai invitée sur la plage ?"
J'avais rédigé une autre missive lorsque nous étions encore à Storybrooke et elle l'avait comprise puisqu'elle était venue au point de rendez-vous. Il me tardait donc de comprendre le fin mot de l'histoire.
"J'ai des colocataires très serviables." répondit-elle en haussant les épaules.
"Je vois..."
Il y eut un petit flottement entre nous. Je sentais que son insuffisance lui faisait honte, et je ne savais comment la réconforter, car j'ignorais si elle souhaitait encore de mon amitié.
Je baissai les yeux sur le papier dans ma main.
"C'est une lettre pour vous demander pardon." expliquai-je. "Je suppose qu'il va me falloir vous la lire à haute voix."
Je m'éclaircis la gorge et débutai ma lecture sans lâcher la feuille des yeux :
"Chère mademoiselle,
Je vous présente mes excuses les plus sincères pour ma conduite inqualifiable. Je suis indigne de votre confiance et si vous estimez ne plus jamais vouloir tolérer ma présence, sachez que je l'accepterais et le comprendrais.
En tous les cas, je reste votre très dévoué, Jules Verne."
D'un geste raide, je repliai la lettre et ajoutai à voix basse, les yeux baissés :
"Voilà qui est chose faite."
Je n'osais plus croiser son regard, car je ne m'estimais trop abject pour la délicatesse de ses pupilles noires. Malgré tout, en lui jetant un coup d'oeil à la dérobée, je remarquai son expression interloquée. Puis elle fronça les sourcils avant de répondre :
"Quelle conduite ? Avoir tenter d'abattre un dingo qui nous menaçait ? Indigne de confiance ? Pour avoir rater un tir ? Il n'y a aucun rapport. A moins que je sois la cible visée depuis le début, je ne vois pas pourquoi je devrais plus "tolérer ta présence". J'ai raté un tir aussi. Et les conséquences à l'heure actuelle sont certainement plus catastrophiques que ton tir. Alors je serais bien mal placé pour porter un quelconque jugement."
Elle secoua la tête en soupirant légèrement, puis esquissa un léger sourire.
"Et puis je suis sur pied. Il en faudra plus pour me mettre hors d'état."
Comment pouvait-elle considérer mon acte à la légère ? Pourquoi minimisait-elle le problème ? Je ne comprenais pas. Sa rancoeur aurait été parfaitement légitime.
"En tous cas, soyez assurée que plus jamais je ne m'approcherai d'une arme à feu. Je ne les ai jamais appréciées." dis-je en retenant mon souffle.
"Moi non plus." approuva-t-elle avec une grimace.
C'était sûrement pour cette raison que les membres du Baltimore Gun Club étaient tous dépourvus d'une ou plusieurs parties de leur anatomie, à force de se bagarrer sur les champs de bataille. Mon inspiration pour De la terre à la lune venait forcément de quelque part.
J'avais replacé les mains dans mon dos en me tenant bien droit face à Vaiana. Après un petit instant d'hésitation, je demandai :
"Me permettez-vous de m'asseoir à vos côtés ?"
Elle n'était pas d'accord. Son refus me surprit tout d'abord, puis me sembla parfaitement justifié. Résigné, je déclarai :
"Je comprends... Dans ce cas, je vais vous laisser."
Je commençai à descendre les marches, la tête basse. Elle me retint brusquement par le bras avant de dire :
"Je rigolais."
Son sourire prit une tournure amusée. Je clignai des yeux, dérouté par cette farce inattendue avant de remonter la marche pour m'y asseoir. J'avais gardé la lettre en mains, que je tournais entre mes doigts.
"Cela veut donc dire que vous me pardonnez ?" demandai-je après un petit silence.
Ma question me semblait bien trop cavalière. Comment l'aurait-elle pu ? Malgré ce qu'elle laissait prétendre, je pouvais aisément imaginer son amertume.
"Il n'y a rien a pardonner. Même si j'ai bien eu la peur de ma vie, je dois l'admettre." dit-elle avec un léger sourire.
J'eus l'impression qu'un lourd fardeau quittait enfin mes épaules. Malgré tout, je ne me sentais pas vraiment mieux.
"Moi de même." soupirai-je en étendant mes jambes sur les marches.
Je voyais dans ses yeux qu'elle était sincère. Elle ne m'en voulait pas. Elle était si bonne envers moi alors que je ne le méritais pas. Je décidai de faire quelque chose pour elle.
"Je vous apprendrai à lire. Vous verrez, ce n'est pas compliqué. Cela va vous ouvrir les portes d'un nouveau monde."
Je lui adressai un sourire à la fois mystérieux et espiègle. Quant à elle, elle eut un rire jaune.
"Bon courage, j'ai déjà essayé, mais les leçons ont été... Fastidieuses. Tu risquerais de regretter ta proposition..."
Je ne me départis pas de mon sourire assuré pour autant. Pensait-elle que je baissais facilement les bras ? C'était mal me connaître.
"Aucune cause n'est perdue, et certainement pas la vôtre. Nous ferons un entraînement intensif, j'y veillerai."
Mon sourire se fit plus large, à la fois bienveillant et plein de défi ; elle y répondit.
"On pourrait se tutoyer non ? Après ce qu'il s'est passé, je me vois mal repasser au vouvoiement."
Je me grattai légèrement l'arête du nez, geste nerveux et machinal.
"Oh, c'est que... je craignais de vous manquer de respect. Je n'ai pas pour habitude de tutoyer les demoiselles. Mais si c'est ce que vous souhaitez, j'accepte de m'y plier." dis-je, dubitatif.
En entendant ces mots prononcés avec ma voix d'enfant, les phrases me parurent ridicules. Il est vrai que vouvoyer une fillette en étant soi-même un petit garçon était un tantinet absurde.
Vaiana parut étonnée ; elle fronça les sourcils et leva les yeux vers moi.
"Un manque de respect ? Absolument pas. C'était une proposition, si tu es plus à l'aise avec le vouvoiement, ça ne me dérange pas."
J'avais senti qu'elle avait été hésitante sur l'emploi du "tu" en me parlant, comme si elle cherchait le "vous" sans le trouver et tout compte fait, elle était restée sur ses positions. Je fis mine de réfléchir quelques secondes, pendant lesquelles je pliai méthodiquement la feuille de papier dans mes mains en plusieurs endroits, jusqu'à ce qu'elle prenne la forme d'un petit bateau.
Sans mot dire, je le lui donnai, tel un gage symbolisant notre évolution verbale et relationnelle. Puis, alors que je me tenais toujours à côté d'elle, je me permis de donner un petit coup d'épaule à la demoiselle, à la fois léger et familier, à défaut de lui faire un baise-main qui aurait été pour elle sans doute trop "vieille France". Nous étions encore en âge de faire des enfantillages, alors autant en profiter.
Elle avait jetté un regard noir a Eagle lorsqu'il l'avait bousculé pour quitter la piece, hésitant a le suivre illico pour lui botter les fesses avant de se souvenir que de un il avait une carrure 50 fois supérieur a elle pour le moment, de deux elle avait la force d'une crevette et que pour finir... elle pouvait comprendre qu'il soit perturbé. Qui ne le serait pas dans un cas pareille ?
Emily croisa les bras, adosée au mur pres de la porte en observant tous les autres. C'était.. perturbant, étrange de voir ses camarades d'un oeil neuf. De ne plus sentir... tout cet optimisme qu'elle avait pu avoir avant. Toute cette dépendance aussi, et cette détresse... Mouais, enfin ca c'était toujours là, mais beaucoup plus grable, maitrisable. Enfouie au fond d'elle même derriere une armure de glace. C'était toujours plus simple de faire comme ca, au final, on souffrait moins. Emily suivit des yeux Vaiana lorsqu'elle quitta la pièce et, apres avoir lentement compté jusqu'a dix dans sa tête, la suivit. Vaiana était en train d'arriver au premier pallier quand Emily l'appercut. Elle aurait voulue l'appeler mais les mots restèrent coincées dans sa gorge. Alors lentement, en prenant tout son temps, elle commença a grimper, alors que la petite fille avait disparue dans le tournant de l'escalier. Ce ne fut que lorsqu'elle entendit des voix qu'Emily s'arreta, en se rendant compte que Jules et Vaiana discutaient. Cachée par l'espace entre l'escalier et le premier palier elle s'appuya sur la rampe et attendit, écoutant leur conversation.. C'était indiscret et mal élevé mais... Qu'est ce que ca pouvais faire ? Les entendre discuter aussi calmement, avec tant de douceur lui faisait du bien, apaisait les battements éffrénés de son coeur.
"Un manque de respect ? Absolument pas. C'était une proposition, si tu es plus à l'aise avec le vouvoiement, ça ne me dérange pas."
Il y eut un moment de silence qu'Emily pris pour un signal. Elle grimpa silencieusement les dernieres marches et toqua contre la rampe pour signaler sa présence. Ses yeux se posèrent sur Vaiana, alors qu'elle évitait le regard de Jules. Lui aussi son tour viendrait, mais... apres. Une chose a la fois...
"J'ai besoin de te parler." Son regard dévia une micro seconde vers Jules avant de revenir sur Vaiana. "Seule."
C'était deja assez compliquer de la voir comme ca, elle n'avait pas besoin de spectateurs... Vaiana se détacha tranquillement de Jules et se leva difficilement pour la rejoindre, descendant les marches de l'escalier en s'accrochant a la rampe.
"J'arrive". dit elle alors qu'Emily se mordait la lèvre en se rendant compte de sa bourde. Elle ouvrit la bouche pour lui dire de rester la ou elle était, avant de la refermer et de détourner le regard, finissant de descendre les marches en silence. Elle jeta un regard rapide a Jules, avant de regarder sur le coté.
"Désolée pour ton nez..." lacha elle rapidement avant de relever bravement la tête, de croiser son regard et de descendre les marches restantes.
Emily attendit que Vaiana la rejoigne pour aller dans la cuisine, la laissant s'asseoir sur un tabouret alors qu'elle ouvrit le réfrigérateur. Elle aurait voulue prendre de quoi faire un sandwich pour Vaiana, qu'elle reprenne des forces mais... vue les provisions qu'ils avaient elle pouvait toujours courir. Elle referma ma porte dans un soupir et s'appuya sur le frigo en osant enfin regarder Vaiana. Elle ne savait pas... par ou commencer, que faire. Elle ne savait pas... ce qu'elle pourrait dire. elle ne comprenait pas.
"Pourquoi tu as fais ca ?"
Vaiana fronca les sourcils.
"Ca me parait normal, je ne vais pas regarder quelqu'un se faire mordre, ou pire." Elle haussa les épaules avant de reprendre "Tu étais à côté de moi en plus."
"Tu as faillit.. Tu en es morte Vaiana." réussis a articuler difficilement Emily. Elle se sentait..emu sans savoir comment elle pourrait gérer tous ces sentiments qui la prenaient a la gorge. Pourtant elle essayait de le cacher au maximum mais... elle se connaissait. Ses émotions transparaissaient toujours. Hesvan lui avait un jour dis que c'était a cause de ses yeux, trop expressifs. "Je ne sais pas comment Eliott a réussis son coup mais... t'avais.. T'étais morte. A cause de moi. Moi, ca me parait pas "normal"."
Vaiana déglutit un peu.
"Le plus important c'est que je sois là, maintenant. Et ce n'est pas à cause de toi. C'est à cause du dingo. J'étais... Au mauvais endroit au mauvais moment."
"Non, c'est moi qui t'ai mise en danger ! T'avais pas a.. A faire ca ! T'avais pas a te mettre en danger comme ca merde !" s'écria Emily, emportée par l'émotion. Comment pouvait elle faire ca Lui retirer la responsabilité de sa mort ? C'était... Elle s'arreta brusquement, les poings sérrés, avant de lui jeter un regard de défis presque. Elle se sentait coupable, bien que contrairement a Jules elle n'ai pas pressé la détente. Elle se sentait... redevable, et elle détestait ca. Elle n'avait jamais rien du a personne, ou du moins.. presque personne. Mais la, la dette qu'elle venait de contracter malgré elle. Pour un peu elle regrettait presque l'intervention de Vaiana. Si elle n'avait pas survécu...
"C'est moi qui me suis mise en danger toute seule. Tu ne m'as rien demandé, je n'étais pas obligée de le faire. C'était MON choix. Et j'assume mes choix, et je ne les regrette pas."
Elle secoua la tête. Ca l'aurait presque arranger.... Apres tout s'aurait été un accident, pas sa faute.
"Pour ce que ca vaut... merci..." dit elle d'une voix un peu plus maitrisée. "Si jamais t'as besoin de quoi que ce soit... Viens me voir. je t'en dois une et je pourrai pas me racheter en claquant des doigts..."
"J'ai bien une idée." lacha Vaiana au bou de quelques instants en croisant les bras. Emily lui jeta un regard surpris sans rien dite, la laissant reprendre. "Mais c'est peut être un peu compliqué, donc j'hésite. Ca demanderait pas mal d'efforts."
"Dis moi !" Ca lui avait échappé, beaucoup trop rapidement, comme un cri désespéré. A peine s'en était elle rendue compte qu'elle se mit a rougir de honte, serrant les dents pour reprendre le contrôle. "Ahem. Je t'écoute"
"Si je te le dis, tu me promets de faire tout ce que tu peux pour essayer ?"
Emily lui jeta un regard méfiant. Bizarement, elle sentait venir l'idiotie, la blague un peu moqueuse, un peu... Si elle lui demandait d'aller faire un calin a Cassandre, elle la frappait.
"Mouais....."
"Mouais ?" reprit elle l'air faussement vexé.
"Accouche."
"Fais en sorte que je n'ai pas fais ça pour rien. Et que ça vale réellement le coup."
Vaiana l'aurait frappé que c'aurait été moins douloureux. Emily sentit brusquement un malaise incontrôlable prendre possession d'elle, humidifiant ses yeux et lui donnant envie de vomir. Elle avait l'impression que le mode tournait a toute vitesse et une seconde, elle tituba comme si il lui était difficile de rester debout. Elle inspira incertaine, presque... comme si elle espérait ne pas avoir bien compris, fixant Vaiana avec de grands yeux perdus.
"Qu.. hein ? Qu'est ce que tu veux dire ?"
Son coeur battait a tout rompre dans sa poitrine, avec une force qu'elle ne soupçonnait pas. Pour un peu elle avait l'impression qu'on le verrait cogner a travers son t-sirt. Elle serra les dents et baissa les yeux, en retenant les larmes qui menaçaient a nouveau de monter. Foutue enfance, tous ces sentiments incontrôlés, ca la rendait d'une faiblesse !
"C'est bon j'ai compris. Je ferai en sorte d'être... utile." lacha elle en serrant les dents.
D'être "utile". Ce ne serai pas dure.. Vaiana voulait juste qu'elle fasse comme elle, qu'elle... sauve l'un de leur camarade, en donnant sa vie. Parce qu'apres tout ils étaient plus importants non ? Comme ca elle ne l'aurait pas sauver pour "rien", ca "vaudrait le coup". Elle se détacha du frigo et se dirigea vers la porte.
"C'est pas être utile, le but. C'est profiter. Et ne pas douter de sa place."
Elle s'arreta, un sourire presque... désespéré sur le visage. Elle ne comprenait plus, plus rien Cette conversation, ce que Vaiana lui demandait.. Ne pas douter de sa place ? Et comment voulait elle qu'elle ne doute pas de sa place ? Comment voulait elle qu'elle ai ne serais ce qu'un peu l'impression d'être au bon endroit ? Elle n'aurait jamais du naitre, elle n'aurait jamais du exister. Emily inspira, les lèvres tremblantes en continuant a tourner dos a Vaiana. Il lui restait une dernière chose, un dernier... point a éclairer.
"Je peux te poser une question ?"
"Oui ?"
Sa lèvre se mit a trembler de plus en plus fort, tout son corps fit de même et elle serra les poings, s'éfforcant d'avoir une voix la plus maitrisée possible.
"Ca fais quoi d'être morte ?"
Elle ne vit pas la petite grimace de Vaiana, entendit seulement le petit silence.
"Ca fait vide. Très vide."
Une gifle a nouveau. Elle aurait aimé entendre autre chose.
"Ok, merci..." murmura elle avant de quitter la cuisine. Elle ne fit pas attention a son environnement, gardant la tête baissée alors que les larmes menacaient de déborder pour de.. oh trop tard. Elle avait besoin d'être seule, de toute urgence. Le visage caché par ses cheveux, elle agrippa la rampe de l'escalier et grimpa les marches quatre a quatre pour se précipiter dans la chambre qu'avait occupé le vieil homme et la fille blonde. D'un geste brutal, elle envoya la porte rebondir violement contre le battant, avec une force presque démesurée pour rester plantée la, au milieu de la pièce, le souffle court, les yeux hagards sans savoir ou se poser.
D'un geste rageur, elle attrapa une boite de conserve qu'elle lanca de toutes ses forces contre le mur dans un "BONG" retentissant. Mais ca ne suffisait pas, ca ne suffisait jamais. Elle se dirigea a grands pas vers un mur dans lequel elle donna un violent coup de pieds.
"Pourquoi ?"
Pourquoi elle n'avait pas eut droit a une place comme les autres ? Pourquoi elle n'était pas morte au final ? Tout le monde en aurait été soulagé non ? Pas vrai ? Pourquoi est ce qu'elle était redevenue cette fille détestable et violente ? A nouveau un coup.
"Pourquoi ?"
Pourquoi est ce qu'elle avait l'impression que sa seule "utilité", la seule chose qu'elle pouvait faire de bien c'était de crever ? Pourquoi elle se sentait tellement seule ? Pourquoi est ce qu'elle repoussait tout le temps les gens ? Son poings s'écrasa contre le mur, puis un nouveau coup, puis un autre de plus en plus rapide. Elle se fichait de la douleur, elle voulait juste... oublier.
Pourquoi Vaiana et Jules s'entendaient si ben ? Pourquoi Cassandre et Phoebus étaient ils si proche ? Pourquoi était elle si jalouse de n'avoir personne pour la prendre dans ses bras comme elle ? Pourquoi se sentait elle constamment abandonner ?
"POURQUOI BORDEL ?"
Pourquoi est ce qu'elle fonctionnait de manière aussi auto destructrice ???
Elle s'arreta enfin, le souffle court, comme épuisée soudain, avant de se tourner vers le lit et de se laisser tomber en travers, les jambes a moitié dans le vide et le visage, totalement vide d'émotions, jute... fatigué. Elle voulait rentrer, se reposer, dormir jusqu’à n'en plus finir. Elle voulait Jun, son ami. Sa main agrippa la couverture sur laquelle elle était allongée, totalement épuisée. Elle voulait revoir Luke et Figue, et que tout ca ne soit plus qu'un horrible souvenir. Elle en avait marre de luter...
Cody Eagle
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
Il l'avait appelée, en sortant de la maison. Il s'était éloigné de la demeure le plus possible, parcourant les nombreux mètres à travers le terrain délimitant le ranch, pour se retrouver du côté des enclos, là où la terre rouge était imbibée de sang séché. Celui des dingos morts, mais aussi celui de Vaiana. La gamine qui était revenue à la vie grâce au gosse qui pleurnichait tout le temps, d'ordinaire. Elliot, oui voilà, il s'appelait comme ça. Il n'avait pas la mémoire des noms. Il se souvenait seulement de ceux qu'il appréciait plus que les autres.
Il avait jeté un regard impassible aux cadavres des dingos au-dessus desquels des mouches tournaient déjà, avant de lever les yeux, une main sur son chapeau posé sur sa tête. Il avait observé Marahute décrire de larges cercles dans le ciel, avant d'émettre un sifflement caractéristique. Leur langage.
L'aigle royal descendit lentement avant de se poser au sol, lourdement, en manquant de chuter sur le dernier mètre. L'homme s'approcha sans aucune crainte et leva une main vers les plumes de l'animal pour le caresser respectueusement.
"On dirait qu'on est à la fin du voyage, toi et moi." murmura-t-il tout en effleurant le plumage fourni.
L'aigle poussa un piaillement qui ressemblait à une lamentation. L'homme déglutit avec difficulté avant d'observer les pattes de l'animal qui tremblaient légèrement. Il savait que Marahute n'en avait plus pour longtemps à vivre. Son espérance de vie ne dépassait pas les quarante ans, et cela faisait plus de trente ans qu'ils étaient ici, tous les deux, dans la même galère. Lorsque la faille les avait emportés, lui n'avait pas eu grand-chose à quoi se raccrocher. Quant à elle, elle avait perdu ses oeufs, restés de l'autre côté. Dépourvus de protection, les oisillons étaient sûrement tous morts depuis longtemps.
"Je suis désolé..." dit-il tout en posant son front contre le plumage de l'aigle, fermant les yeux.
C'était de sa faute si Marahute avait été emportée. Il n'aurait pas dû lui demander de venir, ce jour-là. Mais il s'était senti si seul et désemparé... Il avait essayé d'occulter ses souvenirs, mais depuis que les gosses étaient arrivés, tout lui revenait en pleine face.
Trente et un ans plus tôt...
Les parents se disputaient souvent sur différents sujets : les braconnages du père, la maladie de la mère, l'éducation du fils, les dépenses trop nombreuses... Tout était motif à hausser le ton. Et tout se terminait toujours par le départ du père. Plusieurs jours d'affilée, parfois des semaines. Il ne revenait que pour boire de nouveau et les disputes reprenaient. L'argent partait trop vite, trop souvent dans l'alcool.
Cody trouvait refuge auprès de Marahute et de quelques autres animaux qu'il essayait tant bien que mal de protéger de son père. C'était ses seuls amis. Quand il n'était pas dehors, il veillait sur sa mère.
Puis, un jour arriva où la fièvre de la mère devint plus sérieuse. Le père s'en moqua, il s'absenta tout de même. Il partit braconner et vendre ses proies. Lorsqu'il revint, trois jours plus tard, il entra dans la maison plus silencieuse qu'à l'ordinaire. Il trouva son fils allongé à côté de sa femme morte. Il ne bougeait pas, il ne faisait que la regarder tout en la serrant dans ses bras. En raison de la chaleur, une odeur pestilentielle envahissait déjà la pièce. Cody n'avait pas peur de sa mère, même si elle avait le teint violacé et les yeux vides. La fièvre l'avait emportée.
Le père resta tout d'abord tétanisé par la scène, puis il demanda à son fils de s'éloigner. Il refusa. Il voulait rester auprès de sa mère. Il veillait sur elle. Alors, le père défit sa ceinture pour frapper le fils qui refusait d'obéir. C'était la première et seule fois qu'il se montra violent. La première et la seule fois qu'il eut un geste quelconque envers lui.
Cody finit par lâcher sa mère et regarda, en larmes, son père l'emporter dans ses bras, sans aucune expression sur son visage blême. Il l'enterra derrière la maison, de sorte à ce que l'on voit sa tombe depuis le chambre, à l'étage. Cody fut choqué que son père le prive ainsi de sa maman. Ne s'était-il pas occupé d'elle comme il le fallait ? Avait-il échoué ?
Après la mise en terre, le père alla s'asseoir dans le fauteuil du salon et resta silencieux et immobile des heures entières. Lorsque le fils voulut s'approcher, il se leva, récupéra ses affaires de chasse et retourna braconner.
Le lendemain, une lumière éblouissante emportait la maison et tout sur son périmètre, y compris un petit garçon et son aigle, qu'il venait d'appeler pour être consolé...
L'homme souleva les paupières, le regard trouble. Il enfouit son chagrin tout à l'intérieur, comme il avait l'habitude de le faire. C'était loin, tout ça. Il devait arrêter d'y penser, ça ne servait à rien, de toutes façons. Inutile d'espérer un miracle, il ne partirait jamais de cet endroit. Il ne pourrait jamais atteindre le but qu'il s'était fixé en retournant de "l'autre côté".
"Ne me lâche pas." marmonna-t-il tout en appuyant davantage son front contre les douces plumes de Marahute.
Ses mains étaient posées sur le flanc de l'aigle qui poussa un léger cri apaisant. Il s'était retenu de serrer les poings sous la terrible violence de ses souvenirs. Il ne voulait pas blesser Marahute. Pour rien au monde.
L'homme ne comprenait plus rien à ce qui lui arrivait. Qui étaient ces gosses, en fin de compte ? Pourquoi étaient-ils venus, pourquoi maintenant ? En plus de trente ans, il avait toujours été seul. Puis, Astrid était arrivée, le chaman ensuite et maintenant eux.
Il se raidit légèrement en percevant des bruits de pas derrière lui. Ne pouvait-on pas lui ficher la paix, rien qu'un instant ?