« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
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(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
| Conte : Les mondes de Ralph. | Dans le monde des contes, je suis : : Vanellope Von Schweetz, ou la princesse d'un royaume de sucreries qui préfère conduire des voitures en gâteaux.
C'est un matin comme tout les autres. La grosse horloge accrochée au mur indique six heures. Ça ronfle dans tous les coins du dortoir. Quelqu'un fait les cent pas dans l'couloir. Y a une odeur écœurante de transpiration et de linges mal lavés qui m'donne envie d'me boucher le nez. Ma chemise de nuit trop p'tite me gratte. J'me suis faîte piquer par un moustique sur la main parce que quelqu'un a encore laissé la fenêtre entrouverte pendant la nuit. Si j'me risquais à aller la fermer discretos, j'me ferai choper direct. Annie est claustrophobe. Du coup faut toujours que les portes ou les fenêtres soient ouvertes. Moi perso j'vois pas c'que ça change. Ça m'refile juste des rhumes et des insomnies parce qu'un vent vicieux aime bien m'chatouiller les pieds. À moins que ça soit l'monstre de l'orphelinat. 'Fin c'est pas vraiment un monstre. Plutôt un fantôme. À c'qui paraît, il aime bien choper les p'tits orphelins par les pieds et les faire disparaître. Il s'cache sous les lits, et s'agrippe au premier pied qui dépasse dès qu'il fait nuit et qu'les lumières sont éteintes. J'aimerai bien pensé qu'c'est qu'une histoire pour faire flipper les bébés. Mais chaque fois, j'range direct mes p'tits petons sous la couverture pour être sûre qu'aucune main tordu et glacée ne s'enroule autour de ma ch'ville. Juste au cas où.
Il est 6h05, maintenant. Et j'peux plus fermer un œil. Parce que j'sais que dans même pas une heure, les cloches vont sonner, qu'des surveillantes vont débarquer dans les chambres pour nous tirer du lit et qu'y va falloir aller prendre le p'tit déjeuner. J'aime pas ça. Enfin si. J'aime bien le p'tit dej. Mais quand l’orphelinat était pas en pleine restriction budgétaire. Avant, on avait du pain frais et du beurre. Maintenant, y a plus que des biscottes et d'la confiture d'abricot. Rien pour réveiller les papilles. Ou juste donner envie de s'réveiller.
En attendant qu'ça soit l'heure de s'lever, j''m'imagine ce que serait un bon p'tit déjeuner. Un vrai de vrai. Avec céréales, chocolat chaud et beignet à la pâte à tartiner. Rien qu'y penser, mon ventre s'met à gargouiller. Des crêpes... des croissants tout chauds et luisants de beurre... Nom d'un p'tit bonbon ! J'en suis à deux doigts d'mordre dans mon oreiller grisâtre et à peine plus épais qu'une feuille de papier tellement j'ai la dalle. J'comprends pas pourquoi on nous nourri mal. J'sais, on est des orphelins. On intéresse personne. Mais quand même. J'suis quelqu'un. Une enfant. J'ai envie d'manger la même chose qu'les autres enfants. Ceux qui prennent leur p'tit dej devant la télé, à table avec leurs parents. J'demanderai bien ça comme cadeau au Père Noël, mais bon il refuse déjà d'm'apporter une famille malgré mes lettres chaque année. J'me dis que p't'être j'suis pas assez sage. Mais pourtant j'ai pas l'impression d'être une peste à c'point là.
Et v'là qu'enfin ça s'met à sonner. Qu'les portes s'ouvrent. Et qu'des femmes à l'air sévère entrent et frappent dans leur main, en nous beuglant d'ssus pour qu'on s'lève. J'sors de mon lit, j''traîne des pieds dans la file qui s'forme, et j'suis sagement les autres, en tirant sur ma ch'mise de nuit qui m'arrive au milieu des cuisses. Je grandi pas beaucoup, j'ai toujours été une espèce de naine. Mais là, maintenant qu'j'arrive vers mes douze ans, j'ai eu une p'tite poussée de croissance. C'qui me réjouit plutôt pas mal. Parce que j'me dis que p'têtre enfin, on va arrêter d'm'appeler le parasite. Parce que c'est p'tit, les parasites. À c'qui paraît, c'est marrant d'm'appeler comme ça. Mais mes sourires, à chaque fois, ils sont pas vraiment authentiques. J'fais juste semblant. Parce que j'ai trop peur qu'on pense que j'suis pas fun. Que j'suis vraiment une loser.
- Robyn....
J'suis dans l'espèce de cafétéria où sont alignées des dizaines de tables super longues, à faire la queue pour récupérer mon plateau de nourriture, quand une voix murmure mon nom à mon oreille. Et glisse quelque chose dans ma main. J'me retourne pas, parce qu'il faut pas se retourner. Sinon, ça fait suspect. Mais j'ai l'coeur qui bat vachement vite. Et un vrai sourire qui d'mande qu'à v'nir s'accrocher à mes lèvres. Discrètement, j'pose le machin entouré d'une feuille de sopalin sur mon plateau, à côté d'un verre de lait qui a une couleur un peu louche, et j'me dirige vers le fond d'la salle. Là où personne va quasiment jamais parce qu'y a pas d'fenêtre dans c'coin là, donc c'est plutôt obscur. L'coin parfait donc pour quelqu'un tout seul.
J'pose mes fesses sur le banc, et j'commence à tartiner ma biscotte de confiot', en me retenant pour pas m'jeter sur le mystérieux « paquet » . Que c'que ce sera, aujourd'hui ? Cookie ? Part de gâteau au chocolat ? Muffin ? C'est l'grand mystère.
Toutes les semaines, j'ai l'droit à ça. C'est un p'tit cadeau spécial d'la part de la nouvelle cuisinière. 'fin elle est plus vraiment nouvelles, vu que ça fait quelques mois déjà qu'elle bosse ici. Mais punaise. Que c'qu'elle est gentille. Elle sent bon le sucré. Elle a un sourire tout doux. Et elle m'adore. J'sais pas pourquoi. Mais elle est jamais méchante avec moi. Elle m'laisse même venir l'aider à préparer des pâtisseries. Elle pense même que mon rêve de devenir pilote de course, c'est pas tout pourri. Elle dit que j'suis comme un bonbon. Du sucre pétillant. J'prends ça pour un sacré compliment. Pour m'remercier de l'aider derrière les fourneaux, y a toujours un jour de la s'maine où elle m'offre au p'tit dej un p'tit quelque chose de tout sucré. J'crois que j'suis la seule à qui elle fait ça. En tout cas, j'veux croire ça. C'est mal d'vouloir être une exclusivité ?
- Eh le parasite ! Tu devrais faire attention à tes affaires !
J'vois même pas la main attraper le bord d'mon plateau pour le balancer par terre. Ça s'fait super vite. Alors que j'me demande pour la millième fois que c'que ça f'rait d'être adoptée par quelqu'un comme la cuisinière. J'ai pas le temps d'tout ramasser. Un pied écrase mon p'tit extra. La feuille de sopalin libère un tas de miettes chocolatées. Muffin au chocolat. V'là c'que ça devait être. C'que c'était.
- Oh ! Comme c'est dommage ! Je crois que tu vas devoir te mettre au régime ce matin.
La p'tite blonde m'adresse un sourire faux, puis s'en va, une bande de gamins gloussant derrière elle, qui écrasent un peu plus mon pauvre p'tit muffin sur leur passage. J'déglutis, la tête basse. J'sais pas pourquoi faut qu'ils fassent ça. J'comprends pas pourquoi ils m'aiment pas. J'comprends pas pourquoi j'suis qu'un parasite à leurs yeux. Que c'que j'ai fais de mal ?
♛♛♛♛♛♛
J'me souviens de tout. D'un monde appelé Sugar Rush. D'un orphelinat miteux où on s'amuse à me malmener. D'une autre vie qui a rien à voir avec c'que Eagle m'avait décrit. Il avait tord. Il avait tellement tord. Personne m'avait abandonné là. Parce qu'y avait personne pour moi. Pas de parents. Pas d'famille. Que dalle. Est-c'qu'il le savait ça, au moins ?
Ça f'sait dix jours, maintenant. Dix jours que ce dingo avait frappé Cassandre. Dix jours que Ralph me suivait partout comme un p'tit poussin qui suivrait sa maman. Il amusait la galerie, f'sait des câlins aux autres. Il lui avait pas fallu beaucoup de temps pour trouver ses marques s'faire une p'tite place parmi nous. Il avait rendu notre captivité plus supportable. Fallait bien ça pour pas partir en plein désert défier la mort.
J'voulais partir de là. Ça m'démangeait. De plus en plus. Comme une piqûre d'insecte. Ou comme le coup d'soleil qui m'crâmait les joues. J'osais pas, quelque chose m'retenait. J'avais peur, fallait bien l'avouer.
Mais plus maintenant. Pas alors que j'me souvenais enfin de qui j'étais. Pas alors que Eagle était parti. Il était hors de question que j'meurs ici. J'étais pas comme ça. J'préférais me battre plutôt que d'baisser les bras. Surtout que Johanna était pas là non plus. Et il manquait du monde. Cassandre, Jules, Phoebus... J'les avais vu être emportés par la jeep en compagnie d'Eagle, disparaissant dans le désert. Nous laissant là. Tout seuls. J'pouvais pas m'empêcher de ressentir une certaine jalousie, alors que j'étais sur le pas de la porte, le cœur battant encore à tout rompre à cause du choc des souvenirs à mon réveil. P't'être bien qu'il allait les tuer. Mais quand même. Ils étaient dans une voiture qui roulait normalement. Pas un tas de ferrailles. Moi aussi, j'aurai aimé rouler vers le soleil, malmenée par la route en mauvais état. J'arrivais à m'souvenir un peu de la sensation. Et ça f'sait frissonner d'excitation alors que j'imaginais le ronronnement d'un moteur.
C'était pour ça que j'avais entrepris de réparer les épaves laissées dans un coin, Ralph sur mes talons. J'savais conduire. J'étais une gamine d'à peine douze ans, mais j'savais quand même comment faire. J'avais ça dans l'sang. C'était dans mon ADN. Alors si j'réussissais à faire marcher un de ces vieux machins rouillés... on aurait l'occasion d'enfin pouvoir partir très loin de ce ranch monstrueux.
J'avais jeté mon dévolu sur une carcasse qui avait encore ses quatre roues, et j'avais ouvert le capot pour trifouiller dedans, un drap accroché à un rétroviseur pour pouvoir m'nettoyer les mains. Quoi que vu à quel point c'était bien dégoûtant, un drap ça allait pas suffire.
- Que ce que tu fais ?
La voix timide d'Elliot s'était élevée derrière moi. J'lâchais pas pour autant le moteur englué dans une espèce de marmelade noirâtre dont l'odeur me brûlait la gorge.
- J'me tire d'ici. Tu veux venir ?
Toute façon, il avait pas vraiment le choix. Il était trop mignon et trop gentil pour que j'le laisse là. Pareil pour les autres restants. Même si ils entraient pas dans la même catégorie.
- Tu peux m'passer le machin par terre qui ressemble à un donuts grignoté ?
J'savais pas trop le nom du dit machin en question. J'my connaissais super bien en voiture, mais à Sugar Rush, tout était en friandises et pâtisseries. Les morceaux étaient les même, c'était facile de les reconnaître. Mais fallait pas m'demander comment ça s’appelait, par contre.
- Si on s'en va... Monsieur Eagle sera très en colère.
Elliot s'était mit à danser d'un pied sur l'autre, toujours sous l'emprise cruelle de Eagle. Il avait pas l'air de saisir c'qui s'passait. Alors j'essuyais mes mains, délaissais la voiture et agrippa l'gamin par les épaules, en plongeant mon regard dans le sien avec un sérieux qui m'surpris presque moi même.
- Il est plus là ! C'est l'occasion parfaite pour enfin partir d'ici ! T'as pas un chez toi ? Une famille ? Tu veux pas les retrouver ?
Il en avait sûrement une, de famille. Comme tout le monde. Moi... Qui serait content de m'retrouver ? Je chassais la tristesse d'un battement de cils et me repris.
- J'peux t'aider à les revoir. Mais avant, faut qu'toi tu m'aides. J'ai besoin de toi. D'accord ?
J'étais pas certaine de réussir à faire ça toute seule. Et puis valait mieux être au moins deux. Pour avoir de l'entraide. Qu'on travaille doublement plus vite, aussi.
- Oui je veux les revoir... Mais tu fais quoi des autres ? Phoebus, Cassandre et Jules ? Tu crois qu'il les emmène où ?
Il avait l'air de vouloir se montrer courageux, mais ça s'sentait carrément qu'il était anxieux. Et j'le comprenais. J'le montrais pas,mais ça m'inquiétait beaucoup aussi.
J'le relâchais enfin et retournais bosser sur la voiture, en évitant cette fois de croiser son regard. J'voulais pas lui donner de réponse. Parce que j'avais peur. Peur qu'il soit en train de s'passer quelque chose de terrible pour eux. Et que juste après, on soit les prochains.
- J'sais pas. Mais sûrement pas acheter des bonbons. Si on réussi à faire fonctionner cette voiture... On pourra aller chercher de l'aide. Prévenir la police. Ils arrêteront Eagle et ils vous ramèneront chez vous.
Chez eux... Et moi, j'irai où ? P't'être que j'pourrai partir sur les routes. Devenir pilote de course indépendante. M'faire un p'tit roadtrip. Trouver un sens à mon existence dans c'monde. Comme dans l'autre.
- J'ai vraiment besoin de l'espèce de donuts.
J'tendis la main vers lui, alors qu'il semblait dubitatif. Il fini par ramasser le fameux donuts et par me le tendre. Mais ça avait toujours l'air de cogiter dans sa p'tite tête.
- Pourquoi tu dis qu'ils NOUS ramèneront chez nous ? Toi, tu n'as pas de maison ?
J'aurai voulu l'ignorer, mais il avait fait quelque pas vers moi pour se rapprocher. Mais pourquoi j'avais dis ça, aussi ?
- Peut être que tu ne te souviens pas encore, mais que ça va te revenir ?
Il me fixais de ses grands yeux, avec une moue attentive. J'détournais le regard quasi aussitôt, pour me concentrer sur les pièces rouillées de l'intérieur de la voiture, et secouais la tête.
- Nan. J'ai personne. J'ai pas d'amis. Y a pas quelqu'un qui m'attend quelque part. Parce que... je suis qu'une anomalie.
Je fermais les yeux et sentie mon corps tout entier se mettre à trembler. J'avais fini par le dire. Par m'l'avouer. J'm'étais souvent menti à moi même, en m'disant que non, j'étais pas une anomalie. Qu'j'étais quelqu'un. Mais c'était faux. Totalement. J'étais rien d'autre qu'un parasite.
- Faudrait trouver une arme. Pour qu'on puisse se défendre au cas où. Tu veux pas aller voir ?
Que j'me retrouve un peu seule. J'avais trop mal au cœur pour faire la conversation.
- Faudrait surtout qu'on trouve un téléphone. Comme ça on pourrait appeler la police sans risquer de faire un voyage dangereux dans le désert avec les dingos qui rôdent et pire encore...
Il se mit à trembler à son tour, comme effrayé par l'idée. J'voulais pas briser ses rêves, mais j'voyais moyennement Eagle s'balader avec un téléphone ou même en avoir un fixe dans sa maison.
Au bout d'un long silence perturbé par quelques cliquetis métalliques, je sentie une main se poser sur mon avant bras. Surprise, je posais mon regard sur Elliot, qui avait tout à coup l'air terriblement sérieux, lui aussi.
- T'es pas une anomalie. Tu es Robyn et... tu es mon amie. Tu viendras habiter chez moi. L'appartement est suffisamment grand et maman et François seront sûrement d'accord. Ils ont rien dit quand j'ai voulu un hamster....
Et juste après m'avoir comparée à un potentiel animal de compagnie, il s'en alla chercher une arme. Me laissant les larmes aux yeux, à renifler comme si j'avais chopé un rhume. J'pensais pas qu'il serait vraiment d'accord pour que j'vienne vivre chez lui. C'était pas rien, et puis on s'connaissait pas depuis super longtemps. Mais il était mon ami. Mon premier vrai ami. Et ça... j'avais l'impression que mon cœur était sur le point d'exploser.
J'allais reporter toute mon attention sur la voiture, mais Elliot fut revenu quasi aussitôt. Un gros caillou à la main. Quasi aussi gros que sa tête. Ça s'voyait qu'il avait du mal à le porter. Comment il voulait réussir à utiliser ça comme arme ?
Garde ça si tu veux faire des ricochets. Oublie pour une arme.
C'était pas avec ça qu'il allait combattre des animaux féroces. Il s'en alla en courant... pour revenir avec cette fois un bâton. Il avait vraiment pas saisi à quoi devait servir une arme, j'avais l'impression.
- Balance le à Ralph, pour voir. J'suis sûre qu'il va aller le chercher.
Quoi que Ralph était trop occupé à jouer avec mes chaussures. Tandis que Elliot lui s'absentait de nouveau pour ramener... du fil barbelé. Un vraiment tout p'tit bout. Pas même de quoi étrangler un adversaire. Y avait pas de quoi avoir l'air aussi fier.
- Si il avait été plus grand, on aurait pu l'enrouler autour du bâton. Mais il est pas plus grand.
Prochaine étape : Un pot de lait en métal vide. Rien qu'à l'voir, j'en avais mal à l'estomac. J'en pouvais plus du lait. Et d'Elliot non plus, là. J'avais dû le lui retirer des mains après qu'il m'ait fait une démonstration pour me montrer qu'on pouvait s'en servir comme fronde. Il avait failli s’assommer tout seul comme un grand, après avoir poussé un cri de guerre digne d'un p'tit chat.
- J'veux une arme. Et quand j'dis une arme, j'parle d'un truc avec lequel tu risqueras pas de t'faire un traumatisme crânien!
Sa dernière découverte était... plutôt correcte, en fait. Il respectait c'que j'lui avais dis. Avec ça, il risquait pas d's'faire du mal. Ni à qui que ce soit d'autre, d'ailleurs.
- Tu sais quoi ? T'as qu'à laisser l'oreiller par terre. Il servira d'panier à Ralph.
À défaut de pouvoir nous défendre d'un coyote... J'voyais pas en quoi un oreiller était une arme, mais bon. J'étais p't'être pas à c'point une experte. Quoi que dès qu'j'aurai fini avec la voiture, j'allais m'débrouiller pour aller chercher directement d'quoi nous défendre. Sinon il risquait d'rapporter une p'tite cuillère. Et j'étais déjà assez blasée comme ça.
Neil Sandman
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« Le Temps n'efface pas tout. »
| Conte : ➹ Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ La fille de Dumbo & Elliot *-*
Je ne compte plus les jours, les semaines, les mois, les années... mais je me souviens du jour où je suis arrivée et de ce qu'il y avait avant. De ma vie d'avant... La première porte m'avait pris trois jours. La seconde, trois semaines. J'étais dans celle là depuis... depuis tellement longtemps.
« Bien, Huggin vient d'arriver, nous allons pouvoir commencer. »
Je levais mes yeux fatigués en direction de l'homme qui se tenait face à moi. Un corbeau venait de se poser sur son épaule, tandis qu'un autre arrivait au loin.
« Viens Muninn, viens ! » dit-il au second qui se posa sur la table qui nous séparait.
Dessus il n'y avait rien, si ce n'était une feuille de papier vierge. Ni stylo, ni plume, ni encre. Juste deux corbeaux, cette feuille de papier et ce vieil homme.
« Quel est ton nom ? »
« Cassandre Sandman. » répondis-je d'un ton las.
« Quel est ton véritable nom ? » précisa t'il après que l'un des corbeaux ce fut penché vers son oreille.
« Cassandre Hélène Sandman. »
Il affichait une mine satisfaite, avant de poursuivre avec ses questions. C'était tous les jours comme ça. Il venait, s’asseyait, posait ses questions, puis repartait si une de mes réponses ne lui convenait pas.
« Quel est le nom de ta mère ? »
« Lily Olyphant. »
« Et celui de ton père ? »
Il y eu un moment de silence. Je revoyais la scène se dérouler sous mes yeux. J'entendais sa voix parler, mais il ne me regardait pas. Son visage affichait une mine désemparée et il s'agitait dans tous les sens. Il y avait beaucoup de monde autour de lui, certains pleuraient, d'autres hurlaient.
« Quel est le nom de ton père ? »
L'homme me fit sortir de mes pensées, tandis que ma vue se brouillait.
Je passais une main sur ma joue, tandis qu'un des corbeaux se penchait une nouvelle fois vers l'homme pour lui murmurer quelque chose à l'oreille.
« Oh je vois... je suis désolé pour ta mère. »
J'avais détourné mon regard du vieillard. Tous les jours il me répétait la même phrase, comme si il ne se souvenait plus de me l'avoir dite. J'avais lutté une fois, je m'étais rebellé, tentant de mettre un terme à cette mascarade, mais ça n'avait servis à rien et le lendemain la table était de retour, ainsi que l'homme, la feuille et les corbeaux.
« Qui a tué ta mère ? » demanda t'il.
Mes yeux s'embrumèrent une nouvelle fois, tandis que je serrais les poings sur la table. Il avait penché la tête afin d'observer mes mains, puis il m'avait regardé d'un air satisfait.
« Tu connais la réponse Cassandre Hélène Sandman. Il te suffit de me la donner. » ricana t'il.
« Je n'étais pas là... j'ai rien vue... »
« Tu mens. » répondit-il après qu'un corbeau lui ait murmuré quelque chose à l'oreille.
« Je ne mens pas. » insistai-je.
« Toutes les nuits tu es avec lui ! Dès que tu fermes les yeux, tu vois ce qu'il fait, tu sais ce qu'il ressent, tu entends ses murmures ! Alors tu connais la réponse à la question ! Qui a tué ta mère ?? » hurla t'il si fort que les deux corbeaux s'envolèrent.
Des petits filaments rouges s’échappaient de mes mains et venaient se perdre sur la table. Ils me servaient à rien. J'avais déjà tenté à maintes reprise de les utiliser pour quitter cet endroit, mais ça avait toujours échoué. L'homme se calma, puis pris une nouvelle fois place en face de moi, ramenant son siège jusqu'à lui.
« Bien. Je vais reposer la question. Qui a tué... »
« Mon père ! » le coupai-je tout en sentant mes joues devenir humides.
D'ordinaire il se levait pour partir, mais cette fois ci, il n'avait pas bougé. Il y eut un petit moment de silence, avant qu'il prenne la feuille qui se trouvait entre nous et qu'il en sorte une plume de sous son habit. Il venait d'écrire trois chiffres dessus. Un six, un quatre et un zéro. Il ne l'avait encore jamais fait...
« Qu'est ce que ça signifie ? » demandai-je d'une toute petite voix.
« 640 fois. Tu as achevé cette tâche. La porte t'est ouverte. »
Puis, il disparut et l'espace clos et blanc dans lequel je me trouvais, fit apparaître une porte pour la première fois depuis plus de trois ans... J'aurai dû être totalement ébloui par le soleil qui gisait haut dans le ciel, en quittant cet endroit, mais ma vue s'en était très vite habitué. J'avais fait quelque pas, me dirigeant vers le petit court d'eau que j'avais laissé il y avait plusieurs années de ça, afin de tremper mes lèvres dedans. Je n'avais pas soif, mais le contact de l'eau sur ma bouche me faisait du bien. Au loin je vis une vieille amie.
« Tu as attendu tout ce temps... » demandai-je à la chèvre qui broutait de l'herbe.
Un peu plus loin se tenait également le sanglier. Deux animaux qui étaient là depuis le tout premier jour où j'étais arrivé et qui étaient mes seuls compagnons de route. Tandis que je portais une nouvelle fois mes mains remplies d'eau à ma bouche, j'entendis un bruit de pas venir de derrière moi. Me relevant, je m'étais tourné et la vieille dame me faisait face.
« J'ai passé la porte ! Laissez moi partir d'ici, maintenant ! » exigeai-je d'elle.
J'avais fait ce qu'elle m'avait dit. J'étais entré par la première porte, et j'avais achevé ma tâche. Ainsi que pour la seconde, la troisième et la quatrième. Je venais tout juste de ressortir de la cinquième porte. Elle devait tenir parole et me montrer le chemin pour partir d'ici. Elle me l'avait promis !
« Il reste de nombreuses autres portes, Cassandre. »
J'avais passé une nouvelle fois une main sur mon visage, avant de détourner mon regard d'elle.
« J'en ai déjà passé 5... je vous en prie...» murmurai-je avant de la regarder à nouveau, les joues toujours aussi humides.
« Je suis désolée... tu n'as pas le choix si tu veux partir d'ici... »
Je n'en pouvais plus. Je ne comptais plus les jours, les semaines, les mois, les années... mais à chaque fois que je quittais une porte et que je levais les yeux face à l'immense tour qui se tenait devant moi, je ne pouvais supporter la vue de toutes ses portes. Des dizaines de portes. Des centaines de portes. Des milliers de portes... et une seule conduisait à la sortie.
...j'ai douze ans aujourd'hui.
Je me sentais tomber, rouler, secouée dans tous les sens alors que j'avais l'impression que des brûlures me recouvraient la peau. Quand j'ouvris les yeux, il y avait de la poussière de partout et j'étais allongée sur de la terre rouge, entendant au loin une voiture freiner brutalement. Elle fit demi tour dans un nuage de poussière et s'arrêta à ma hauteur. Une porte claqua.
« Bordel ! » laissa échapper Eagle tout en me regardant, après avoir fait de grands pas dans ma direction.
Je levais les yeux, croisant son regard et sentant toujours ma peau me brûler atrocement, ainsi qu'une forte odeur de cigarette. Je n'avais aucune idée de ce qui s'était passé. J'étais sans doute tombé de la voiture. Eagle se pencha tout en restant debout.
« Tu te crois maligne d'avoir fait ça ??? » hurla t'il au milieu du désert.
« D'avoir fait quoi ? » balbutiai-je.
Il y avait des portes, une vieille dame et un grand soleil. C'était tout ce dont je me souvenais. J'avais dû m'assoupir dans la voiture. Après plusieurs nuits sans rêves, voilà que j'en faisais un au moment le moins opportun. Il agrippa par le tshirt, avant de me remettre brutalement sur mes jambes. Je chancelais, tandis qu'il me rattrapait par le col de mon tshirt tout en approchant son visage du mien.
« On ne saute pas d'une voiture en marche ! » articula t'il avec un air féroce.
J'avais fait ça ?
« Espèce d'idiote ! » marmonna t'il d'un ton exaspéré.
Je baissais ma tête en direction de mes bras ensanglantés. Voilà pourquoi j'avais mal. Passant une main sur mon menton, je sentis une vive douleur.
« Je devrais te laisser là pour servir d'encas aux dingos. Donne moi une bonne raison de ne pas le faire. » dit-il en me fixant.
J'avais passé une main sur mon bras pour essuyer le sang, tout en grimaçant. Des cailloux et de la terre étaient incrustés dans les blessures. Mais je ne pleurais pas, même si je ne reniflais de temps en temps.
« Vous avez besoin de moi. Je suis la plus résistante. » dis-je en le fixant droit dans les yeux, avant de passer devant lui pour rejoindre la voiture tout en marchant du mieux que je pouvais.
« Si j'avais roulé plus vite, même les dingos n'auraient plus voulu de toi. »
Ouvrant la portière arrière droite, j'étais entrée sans lui répondre, me retrouvant assise à côté de Jules, tandis que Apollon qui était devant, s'était tourné. Je ne voulais pas croiser leurs regards et répondre à leurs questions. Eagle nous rejoignit en claquant la portière, manquant de l'arracher. Il se pencha vers Apollon qui eu un mouvement de recul, afin d'ouvrir la boite à gants, de prendre une trousse de soin et de la jeter sur la tête de Jules qui laissa échapper un petit cri.
« Tenez vous tranquille maintenant, sinon le prochain je le laisse volontairement au bord de la route. »
La voiture démarra rapidement, nous collant aux sièges.
Elliot Sandman
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quand la moustache est fine...
| Conte : Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : Le fils de Hadès et Aphrodite
« Princesse, chevalier et aigle complètement toqué. »
Une musique entraînante et entêtante résonne autour de moi. Elle me donne le courage de continuer à avancer. Curieusement, je n'ai pas peur. Je sais que ce que je fais est juste. Ce sont les autres qui ne comprennent pas.
J'ai déjà bravé de nombreux dangers et voilà que j'arrive au pied du château fort. Il est envahi par les ronces. Je lève mon épée rougie d'un liquide gluant qui ressemble à de la confiture de fraises, et je passe le pont-levis au pas de course dans un cliquetis d'armure, la tête baissée. Rien ne pourra m'arrêter. Je suis instoppable, aujourd'hui ! Je suis aussi rapide que Sonic, je saute sur des caisses pour en libérer des fruits qui augmentent mon énergie comme Crash Bandicoot (Maman m'avait interdit de jouer à ce jeu depuis qu'elle avait failli faire un arrêt cardiaque en passant devant la télé). Bref, je suis le plus fort de tous les chevaliers !
J'allais délivrer la princesse endormie et personne ne m'en empêcherait. Je traverse rapidement la cour intérieure et déserte du château puis monte les marches quatre à quatre pour atteindre le donjon. La princesse est à l'intérieur. Je le sais. Un mauvais sort l'a plongée dans un sommeil qui ressemble à la mort mais je sais que je suis capable de briser le sortilège. Je suis très amoureux d'elle et je n'ai pas honte de le dire parce que c'est vrai ! Comme Han Solo et Leia ou Patrick Swayze et "Bébé" dans Dirty Dancing (François m'a montré ce film pour notre soirée "entre hommes", comme il dit. Maman n'a pas été ravie de l'apprendre car d'après elle, les numéros de danse sont trop "olé olé" pour un garçon de mon âge. Moi, j'ai bien aimé mais je ne suis pas sûr d'avoir compris le sens de "olé olé").
J'arrive en haut des marches du donjon et là, je vois que quelqu'un me bloque l'accès à la chambre de la princesse endormie. Je suis tout près, mais un petit garçon qui me ressemble énormément est juste devant la porte, les mains dans le dos, le regard noir.
"Je dois sauver la princesse." j'annonce en levant fièrement la tête, mon épée à la main.
"Elle reste avec moi." articule l'autre "moi" avec lenteur, tout en plantant un regard féroce dans le mien.
Il y a des braises qui dansent dans ses pupilles. Je recule d'un pas, dérouté. Pourquoi ne veut-il pas me laisser passer ?
"Non, elle part avec moi !" je rétorque en levant mon épée dans l'espoir de l'intimider.
Vu qu'il me ressemble, il risque d'être effrayé pour un rien. Pourtant, il reste de marbre et ne remue pas d'un millimètre.
"Pourquoi tu me ressembles ?" je demande, à la fois intrigué et anxieux. "Tu es... le méchant dragon ?"
Est-il un dragon métamorphe qui peut prendre l'apparence de n'importe qui ? Il y a toujours un dragon qui garde la prison d'une jolie princesse. Tous les contes le mentionnent, ou presque. En plus, vu ce dont je suis en train de rêver -les ronces, le château fort, la princesse à sauver- ça me fait énormément penser à La Belle au bois dormant.
Mon autre "moi" secoue lentement la tête avec un sourire mauvais. Il a les traits tirés et fatigués, comme s'il était beaucoup plus âgé que ce qu'il veut montrer.
"Je suis toi, Elliot." prononce-t-il d'un ton grave qui a le timbre d'un homme et plus celui d'un garçon. "Un jour ou l'autre, tu devras l'accepter."
Il a les traits tellement tirés qu'il me fait peur. Je lève mon épée pour lui fendre le crâne -après tout, ce n'est qu'un rêve, non ?- mais un coup inouï me percute le dos. J'en ai le souffle coupé et je titube lentement. Il n'y a personne derrière moi. Un autre coup donné par une personne invisible me fait tomber à genoux.
Ca fait tellement... mal.
Mon autre "moi" n'essaie pas de m'aider. Il pivote sur ses pieds et ouvre la porte, sans m'adresser un regard.
"Je prendrai soin d'elle." dit-il simplement.
Je tends la main dans une tentative dérisoire de retrouver ma princesse, mais la porte se referme dans un claquement. Et un troisième coup violent m'envoie rejoindre le néant duquel je viens.
***
Le soleil tapait toujours aussi fort, la chaleur était toujours aussi insoutenable, mais quelque chose avait changé : je me souvenais. Les rêves restaient présents dans ma tête même quand je me réveillais, et je m'étais rendu compte qu'il s'agissait de souvenirs. Enfin... sauf en ce qui concernait l'espèce de rêve-cauchemar que j'avais fait le matin même, celui-là avait juste été complètement tordu et bizarre. En plus, pourquoi aurais-je eu envie de sauver une princesse ? C'était gnangnan. Je n'aimais que ma maman, moi.
Monsieur Eagle était parti tôt en voiture, avec Cassandre, Phoebus et Jules. J'avais peur pour eux même si j'étais soulagé de ne pas avoir été choisi. Qui sait où il les emmenait ? Allaient-ils revenir ? Je l'espérais de tout coeur. Comme ça m'angoissait, je m'étais promené autour des différents enclos, à discuter avec les animaux. Ils n'avaient pas beaucoup de conversation, à part l'âne que j'aimais bien et qui hennissait dès que je prononçais le mot "Bourriquet". Peut-être que c'était son nom et qu'il le reconnaissait ?
Je fus attiré par des bruits venant de l'auvent sous lequel gisait deux épaves de voitures. Sans surprise, j'y trouvai Robyn, occupée à mettre les mains dans le moteur. Elle était décidée à s'en aller d'ici, persuadée de parvenir à réparer un véhicule et de le conduire. Elle était tellement courageuse ! Elle me faisait penser à Princesse Starla, sauf qu'elle n'était pas blonde et qu'elle n'invoquait pas le pouvoir du joyau coeur pour se sortir de tous les problèmes. Je faillis le dire à haute voix mais je me retins.
A la place, je décidai de l'aider de mon mieux à trouver une arme pour se défendre. Je l'aimais bien, Robyn. Elle ne me prenait pas pour un nul et elle ne m'ignorait pas, contrairement à certains. Je lui amenai plusieurs objets qui auraient pu servir d'armes mais elle les refusa les uns après les autres. C'est qu'elle était difficile, en plus ! Je finis par laisser tomber l'oreiller par terre et Ralph le kangourou sauta dessus avant de s'y pelotonner. Il poussa un petit toussotement qui signifiait qu'il était à l'aise. Je commençais à le connaître, à présent. Etrangement, monsieur Eagle nous avait laissés s'occuper de lui et l'avait laissé en liberté. Il n'avait juste pas le droit d'entrer dans le dortoir pour dormir avec nous la nuit, ce qui était dommage.
Je tapotai doucement la tête de Ralph avant de prévenir Robyn :
"Je vais aller fouiller la maison pour trouver un téléphone. Il y en a forcément un."
C'était dingue que personne n'y ait pensé avant ! En même temps, ça avait fait tilt dans ma tête seulement depuis que j'avais retrouvé la mémoire. D'ailleurs, j'avais envie de partager mes souvenirs avec quelqu'un, de raconter mon histoire, mais je craignais que ça déconcentre Robyn alors qu'elle était très occupée à réparer la voiture. Mieux valait que je me taise.
"... Et là, le jour de mon dixième anniversaire, maman m'a dit que François n'était pas mon vrai papa. Ca m'a fait un choc ! Elle m'a appris que mon vrai père était un dieu. Du genre un qui ne meurt pas et qui est super fort ! Elle m'a dit qu'il nous aimait et que c'était pour ça qu'il était parti. J'ai jamais compris ce qu'elle a voulu dire par là parce que s'il nous aimait vraiment, il serait resté, non ? Enfin du coup ça a été dur pour moi et c'est pour ça que mes parents m'ont acheté un hamster. Je dois toujours avoir sa cage quelque part, mais tu ne seras pas obligée de dormir dedans, hein ! Je te ferai une place dans ma chambre. Tu pourras même avoir un lit en forme de voiture, si tu veux ! Vu que tu as l'air d'aimer les voitures..."
Tout compte fait, je n'avais pas réussi à me taire. J'avais parlé pratiquement sans respirer une seule fois, si bien que je n'avais plus de souffle. De nouveau, quelque chose se ferma dans ma gorge et un son sifflant s'en échappa. Je déglutis et inspirai plusieurs fois. Ca m'arrivait quand j'étais trop excité ou angoissé, ou un mélange des deux. Je me souvenais de la raison , à présent, mais il ne valait mieux pas que je le dise car ça allait faire paniquer tout le monde si j'annonçais que j'étais asthmatique. Je décidai de croiser les doigts pour que ça n'arrive pas.
Robyn me demanda gentiment d'aller voir où se trouvaient Vaiana et Emily car elle s'inquiétait pour elles, même si j'étais certain que la véritable raison était de se débarrasser de moi. Penaud, je m'éloignai donc d'elle, des voitures et de Ralph qui se prélassait à l'ombre, sur son oreiller.
Je traversai l'espace qui me séparait de la maison quand soudain, un cri perçant se fit entendre depuis le ciel. Renversant la tête en arrière, je reconnus le grand aigle qui avait abrité Jules sous son aile, une dizaine de jours plus tôt. "Ca serait tellement bien de monter sur son dos et de s'envoler..." songeai-je à haute voix.
J'observai le grand oiseau un petit moment, les yeux plissés et un sourire au coin des lèvres, quand soudain, je le vis foncer en piqué. Il venait droit sur moi ou quoi ? J'écarquillai les yeux et poussai un cri terrorisé.
"Je... je suis pas bon à manger !"
Apparemment, l'aigle n'en avait rien à faire. Imperturbable, il fondait toujours en piqué sur sa "proie". Je me mis à courir vers la maison en faisant des zigzags dans l'espoir que ça lui rende la tache plus difficile mais brusquement, je sentis des serres m'enserrer fermement les épaules et me soulever du sol. Je poussai un hurlement strident et fermai les yeux, au comble de l'angoisse.
"A MOI ! A L'AIDE ! ROBYYYN ! VAIANAAAAA ! EMILYY ! RAAAALPH !"
Oui dans mon désespoir, j'appelais même le kangourou.
Le vent fouettait mon visage alors que je sentais les ailes puissantes de l'animal juste au-dessus de moi. Je pris le risque d'ouvrir un oeil et aussitôt, je sentis mon estomac faire un saut périlleux. C'était à la fois beau et terrifiant. La terre vue du ciel. Le ranch semblait si petit d'un seul coup... Une prison ridicule vue d'ici.
"Où... où tu m'emmènes ?" demandai-je à l'aigle.
Forcément, il ne répondit rien. En revanche, il perdit subitement de l'altitude, me précipitant vers le sommet de la grange.
"Non ! Freine ! FREINE !"
Je fermai de nouveau les yeux, m'attendant au choc violent de mon corps contre le bois, mais l'aigle me posa délicatement sur le toit. Je chancelai sur les planches disjointes qui oscillaient sous mes pieds. L'oiseau resta un instant à m'observer en tournant la tête vers moi à angle droit, l'air interrogateur. Il ne m'avait pas mangé. Il m'avait juste... perché sur le toit de la grange. Pourquoi ? Est-ce qu'il avait des TOC ? Je clignai des yeux, hébété, la respiration sifflante. Je tentai un début de sourire, levai le pouce en l'air et...
... je tombai dans les pommes (désolée maman).
Vaiana De Motunui*
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Shay Mitchell :tombe:
Me regarde pas comme ça, un peu de sport ne te ferais pas de mal. Ca te réussis pas franchement de fricoter avec une pâtissière, enfin... Je dis ça, je dis rien...
Don't let little stupid things break your happiness
| Conte : Vaiana, la légende du bout du monde | Dans le monde des contes, je suis : : Vaiana
« Fais bien attention à ce que tu fais, petite fille... »
Le soleil s’est caché depuis maintenant une quarantaine de minutes. Tout le monde est prêt à aller au lit sur le camp, mais pas moi. Evidemment, papa et maman viennent me border. Maman vient pour me raconter une histoire. Mes préférées sont sur l’océan, elle les raconte tellement bien... Mais papa, lui, vient juste s’assurer que je ne ferais pas de bêtises. Oui... Il ne vient pas pour rester à mes côtés, parce que son travail de chef l’occuper beaucoup trop. Mais quand il s’agit de me surveiller, il est toujours là.
Renfrognée, je croise les bras, l’histoire de maman est finit, et elle souffle sur ma bougie pour l’éteindre. Je n’ai pas envie de dormir. Pas du tout même. Je fixe le noir, au dessus de moi, en tournant, tournant et retournant sur ma natte. J’aime pas dormir quand je suis pas fatiguée. Je sors la tête de ma natte pour diriger mon visage vers l’endroit où Pua doit dormir.
- Pua ? Tu dors ?
Soufflais-je doucement pour ne pas réveiller maman et papa derrière le paravent. Un ronflement profond, témoignant de l’épuisante journée que le cochon avait mené à chasser les papillons, me répondit.
- Mais c’est pas possible de dormir autant ! Tu pourrais me tenir compagnie quand je dors pas quand même... Mauvais cochon de compagnie !
Je souffle, croisant les bras en boudant un cochon endormi. Je continue de râler dans ma barbe, en énumérant tout ce que le monde a contre moi. La liste est assez vite faite, mais je suis sûre que des choses m’échappent. Un coup de vent soulève le tissus de l’entrée de notre chez nous. Il me dévoile, de loin, les vagues apaisantes de la mer.
Envoutée, je me lève doucement, sortant sur la pointe des pieds pour rejoindre l’océan. Je me fais aussi discrète que possible pour ne pas que papa et maman m’entende. Je leur avais dis que j’arrêterais de me sauver dans la nuit, pour qu’il me laisse plus de liberté, comme une grande fille, mais l’appel de l’océan est plus fort que tout. Je m’assoie sur un petit rocher, laissant mes pieds tomber dans l’eau fraîche. - J’ai beau dire je reste, je n’partirais pas, chacun de mes gestes, chacun de mes pas... Me ramène sans cesse malgré les promesses vers ce...
Un sursaut trouble ma mélodie. Je manque de tomber de mon rocher et me retourne précipitamment. Est-ce que je vais me faire gronder ?! Si c’est Papa, je suis encore bonne pour dormir du côté opposé de la sortie. Des bruissements de feuilles attirent mon attention. Quelque chose dans la forêt. Quelque chose... Des pleurs ?! Non... Des geignements.
Je me laisse tombé du rocher pour m’approcher. Je m’enfonce dans la forêt, les geignements semblent s’éloigner. Alors que je m’apprête à faire demi tour, un peu effrayée par les grands arbres en pleine nuit, un cri suraigu me fait accourir en sa direction. Un petit lapin, un bébé lapin même... S’est fait blessé par... Mes yeux se relèvent. Face à moi, à nous, un loup, gris, montrant les dents, nous grogne.
Mon cœur fait un bon dans ma poitrine et ma gorge se noue. Je... Je fais un pas en arrière pendant que le lapin vient se nicher dans mes pieds, apeuré lui aussi. Je... Je ne peux pas le laisser tout seul ici... J’avance d’un pas vers le loup avant d’ouvrir la bouche.
- GRRRRR GRRRRRR !! GRRRRR !
Je commence à lui grogner dessus, plus fort que lui. En langage de loup, ça veut dire trace ta route ! Dans un premier temps, le loup me regarde, étonné par mon geste. Faites que ça le fasse fuir... Pourtant, il grogne de nouveau en s’avançant d’un pas. Mon cœur s’accélère pendant qu’une nœud me tort l’estomac.
Pourtant, je ne me démonte pas. J’approche à mon tour d’un pas, levant les bras en arquant mes doigts pour lui montrer que j’ai des griffes aussi. Pas très longues parce que maman s’obstine à me les couper, mais j’ai réussis à sauver le petit doigt. Avec ça, je dois pouvoir faire quelque chose.
- GRRRRRRRR !! GRRRREEEEUUUH !!
Cette fois-ci, le loup n’est plus étonné. Il grogne une dernière fois avant de lever une patte et de l’abattre sur mon ventre, me projetant en arrière. Mon haut est déchiré et trois grosses griffures laissent perler quelques gouttes de sang sur mon ventre. Des larmes montent à mes yeux alors que je me relève, fermant les poings je m’avance vers le loup. Je fais de grand geste avec mes mains, pendant que quelques larmes coulent sur mes joues.
- VA T’EN !! VA T’EN !!! MOI AUSSI JE SAIS ME BATTRE !!
Le loup s’apprête une nouvelle fois à foncer sur moi, mais de grandes mains m’encerclent, me soulevant du sol. Des torches passent alors devant mes yeux, chassant le loup. Ce dernier, devant le feu, fait subitement demi tour en jappant. Mon père me repose par terre, le visage fermé.
- Vaiana ! Qu’est-ce qui t’as pris ?! Tu aurais pu te faire tuer ! Rentre maintenant. Tu vas dormir dans ton lit d’enfant. Ce sera plus sûre.
Il m’attrape par la main, pendant que des larmes continuent de couler le long de mes joues. Je jette un coup d’œil derrière moi. Le bébé lapin est toujours là. Il s’est caché dans un buisson. Il me regarde partir en agitant son petit nez.
**********
L’impression de suffoquer. Je me réveille en prenant une grande inspiration, tout en me redressant et en positionnant ma main sur mes poumons. Je respire bruyamment quelques secondes en fixant le vide, devant moi. Vaiana. L’île. Papa. Maman. Pua... Hei hei. Le lapin ? Je.. Je m’en souviens ! Mes... Mes parents sont en vie. Je.. Je veux les retrouver !
Mon cœur s’était emballé, j’en avais presque la tête qui tournait. Depuis quelques jours, une sensation de manque s’était installée sans que je comprenne son origine. Maintenant je le savais. Il me manquait ma famille. Mon île. L’océan... L’eau... C’était... Frustrant. Le front en sueur, je m’étais levée discrètement pour ne pas réveillé les autres. J’avais besoin de prendre l’air. Mon cœur était encore tout chamboulé de cette révélation. Il allait me falloir un moment pour la digérer. Je voulais tout savoir. Tout me rappeler, tout me remémorer.
Je m'étais enfermée dans la salle de bain. J'avais besoin d'une douche. J'avais chaud et... Je voulais retrouver cette sensation d'eau coulant sur ma peau. C'était une sensation réconfortante. Sentir l'eau vous entourer. Je m'étais assise dans la douche, une fois déshabillée et j'avais allumé l'eau. Cette dernière s'abattait sur ma tête, mon corps, alors que je ramenais mes genoux jusqu'à mon menton pour poser ma tête dessus. Les yeux dans le vague, je me délectais de chaque souvenir. De chaque moment qui me revenait. Plus je réfléchissais, plus de choses me revenaient..
Après... La notion du temps avait m’avait échappé pendant cette matinée. J’étais tellement... Plongée dans mes pensées, que je n’avais pas pris garde au temps. Je savais d’autant plus que je voulais m’enfuir. Je voulais retrouver mon papa et ma maman. Mon île. Je voulais retrouver ma vie. Et je voulais partir d’ici. Même si.. Même si... Je n’arrivais pas à haïr Eagle comme les autres. Je ne comprenais pas pourquoi. Mais je n’y arrivais pas. Il avait été horrible avec Neil, mais après tout, c’était pour me punir. Mais... Mais pourtant, parfois, il était gentil. De plus en plus. Mais.. Je secouais la tête pour me chasser ces mauvaises idées. Non, tout le monde disait qu’il était horrible. Si je leur faisais part d’une chose pareille, ils ne comprendraient peut être pas. Sûrement.
Déterminée à vouloir retrouver ma famille, je m’étais dirigée vers la maison pour récupérer un couteau pointu à la cuisine. Une fois en ma possession, je grimpais les marches de l’escalier quatre à quatre pour retourner devant la porte... Où se trouvait Emily. Qui.. Parlait à... La porte... Je sais qu’on manque d’amis.. Mais quand même. Une porte.
- Tu... Tu parles à qui ?
Elle avait sursauté et s’était retournée vers moi. Je n’avais pas pu enlevé cette expression étonnée de mon visage. Non, c’était bien la dernière chose que je pensais voir aujourd’hui. Emily baissa les yeux vers ma main, tenant le couteau, et prit peur.
- Tu... Pourquoi t’as un couteau ?
- C’est pour mieux te voir, mon enfant...
C’était sorti tout seul. D’où me venait cette phrase ? C’était... Etrange. Elle était sortie du tac au tac, naturellement. Comme si on avait appuyé sur un bouton. Plongée dans mes pensées, je relevais les yeux vers Emily qui se décomposait, en me regardant, horrifiée. J’avais vraiment une tête de psychopathe pour qu’elle croit réellement à ça ? La voyant sur le point de rendre l’âme, je repris précipitamment.
- Non.. Mais non ! Je rigole c’est pour ouvrir la porte.
On est passée à côté d’une catastrophe, là. Toujours un peu méfiante, elle déglutit difficilement, puis reprit d’une voix triste.
- Y'a une fille de l'autre coté, tu la connais ? C'est mon amie ! Mais elle veut pas ouvrir la porte...
- Oh ! Y’a.. Y’a une fille ?! J’étais sûre d’avoir entendu quelque chose ! Attend, attend ! Je vais ouvrir moi !
J’étais pas folle ! J’avais bien entendu quelque chose la dernière fois ! Je me précipitais vers la porte pour me baisser et commencer à enfoncer le couteau dans la serrure. Emily, à moitié paniquée, me stoppa.
- Mais ! Mais Monsieur Eagle il a interdit d'entrer on va se faire gronder !
- Mais c’est pas grave ! Tu veux pas savoir qui c’est derrière toi ? Au pire… Regarde pas ! Regarde, y’a un jolie oiseau par la fenêtre, regarder le voler pendant.. Pendant… Cinq minutes !
- Y a pas d'oiseau
Hum... Raté... - Mais si ! Regarde mieux ! Au loin, là bas il est tout petit, regarde !
- Mais je le vois pas ....
Elle s’approcha de la fenêtre, se tournant dos à moi. Génial ! Je me retournais, me concentrant de nouveau sur la serrure qui émit un craquement. Une voix s’éleva derrière la porte, inquiète.
- Arrête ! Je vais ouvrir !
Une voix, une voix alléluia. Toute excitée, je sautais sur mes pieds, prête à lui répondre. Elle reprit la parole plus vite que moi, pendant que je fixais la poignée qui semblait osciller.
- Si j'ouvre, vous me promettez de ne pas entrer ?
- Oui ! Oui oui oui !! Ouiii !
Un hurlement d’Elliot rompit mon excitation.
- NOOOON ! Pas maintenaaaaant...
Mais vraiment ! Il choisissait toujours super mal son moment ! Dégoutée, j’hésitais une seconde à voix haute.
- Révélation, Elliot... Elliot... Révélation.. Révélatiooooon... Rah et puis zut ! Viens !
J’attrapais la manche d’Emily pour me ruer dehors et aider Elliot. A deux doigts.. A DEUX DOIGTS du but ! S’il n’était pas au bord de la mort, je le tuais moi même. Bon, apparemment, il n’avait pas crier pour rien puisqu’il était sur le toit de la grange, inconscient. Et.. L’aigle était à côté de lui. Un moyen de partir ! Laissant Emily devant l grange, je piquais un sprint jusqu’à la maison pour foncer dans le frigo. J’en sortis deux gros bouts de viande avant de repartir aussi vite que possible devant la grange.
J’agitais les deux bouts de viandes pour tenter d’amadouer l’aigle. Ce dernier prit son envol pour se reposer juste à côté de moi. Je lui lançais les deux bouts qu’il avala en deux temps trois mouvements. Maintenant à mon écoute, je pris une longue inspiration pour mener un discours de persuasion sans faille.
- T’es gentils hein ? T’es gentils comme aigle.. Dis.. On veut partir avec les autres ! Tu sais, on est pas bien ici, et on a une famille ailleurs, ou des amis... Enfin une autre vie ! Et on doit aller la retrouver. On veut tous la retrouver ! Est-ce que tu pourrais nous aider ? Comme ça, comme ça on pourra retrouver notre famille ! Comme toi tu retrouves tes petits aiglons.. Enfin tes bébés aigles. Et bah nous aussi on veut retrouver nos mamans et papas ! Mais il faut que tu nous aides à nous échapper ici ! On doit aller autre part ! Et vite pour pas que Eagle nous voit. T’es d’accord ?
L’oiseau pencha la tête d’un côté, m’observant de ses deux gros yeux. C’est... mauvais signe ? Pourtant, il s’envola avant de m’attraper entre ses serres, sans me blesser. Il s’éleva dans le ciel, la grange et la maison en dessous devant toute petite... Minuscule.. Un élan de joie rempli mon cœur.
- Merci.. Merci !! On va pouvoir s’en aller !
Bien vite stoppé. L’aigle redescendit en pic vers la grange.
- Quoi ? Non ! Noon ! Stop ! Pas par là ! Tout mais pas par là ! Attend, attend !
Il me déposa délicatement sur le toit de la grange, non loin d’Elliot. Puis, il redescendit chercher Robyn, puis Emily qui arrivèrent elles aussi sur le toit. J’eu beau protester et le rappeler, l’aigle, après avoir déposé Emily, s’en allait bien trop loin pour entendre ma voix..
- J’savais bien que c’était trop facile.. Bon... Elliot pique un roupillon ?
Toujours au bon moment... Il était proche de Robyn en ce moment. Et de Neil. Qu’est-ce qu’il faisait pendant la nuit ? Je l’observais un instant, douteuse. Mon regard passa également sur Robyn. Mais pas le temps de s’en soucier maintenant, sur une grange.
Prudemment, je m’avançais sur le toit plat du bâtiment jusqu’à arriver devant un trou. En dessous, un tas de foin. Mais c’était... Haut. Très haut. Au moins deux mètres. Il avait intérêt à être gros, ce tas de foin.
- On peut descendre par là...
Je lançais un regard vers Elliot. Toujours inconscient. S’il était inconscient, il aurait pas mal s’il tombait sur un tas de foin un peu trop mince, non ? Non. Non je ne pouvais pas l’envoyer avant. C’était horrible. Mais tentant. Mais horrible. Je chassais cette possibilité de ma tête avant de m’asseoir sur le rebord de la planche.
- Qui m’aime me suive !
Je m’attendais à tout moment à être la seule à descendre. Mais.. Tant pis. La grange était un lieu interdit par Eagle, et nous devions descendre.. Voilà deux choses qui me poussaient à vouloir rentrer. Fermant les yeux, je fis une petite chute libre avant d’atterrir dans un nuage de poussière provoqué par le foin. Il était bien assez gros pour nous éviter une quelconque douleur.
- Vous pouvez y aller ! Vous pouvez même envoyer Elliot, il ne se fera pas mal !
Je jetais un coup d’œil au rez de chaussé de la grange. Il y avait plein de choses... Bizarre. Une échelle, non loin de là, permettait de joindre les deux étages. Je m’avançais vers cette dernière pour descendre prudemment. Une fois les pieds sur la terre ferme, je parcourus la pièce, une première fois du regard, avant de commencer à tourner pour tout observer.
C’était.. A la fois étrange, et à la fois non. Il y avait tout plein d’outils, banal dans une grange. Une scie à métaux, une pelle... Des choses du style. Mais... Il y avait une source d’énergie aussi. Au milieu de la grange. Le bruit qu’elle faisait, une sorte de vibration à peine audible mais continue. Je m’approchais un peu plus pour la détailler. A l’intérieur, il y avait des sortes de fluctuations, comme si de la matière bougeait. La lumière qu’elle dégage est presque aveuglante. A tel point qu’au bout de quelques secondes, je suis obligée de détourner le regard.
Je papillonne quelques secondes des yeux, pour enlever ces tâches noires de sous mes paupières. Autour de cette source d’énergie, huit tables en bois, plus longue que larges, sont disposées. Un peu plus loin, un générateur d’électricité attire mon attention. Je m’approche, avant de baisser les yeux. Au sol, des câbles enroulés sur eux même. Tandis que le générateur, lui, est éteint. Intriguée par ce détail, je m’approche pour l’allumer. J’avais déjà vu Eagle faire, et ce n’était pas très compliqué. Le générateur, en s’allumant, fit un petit bruit avant de se mettre à tourner. Le son ressemblait à un moteur. Je lançais un regard autour de moi, mais rien. Dommage.
Elle avait laissé Fifi pour la fille derrière la porte, lui criant un "Je te laisse Fifi je reviens après !". Après tout c'était sa copine non ? Mais Eliott avait crié. Si ça n'avait été qu'elle, elle serait certainement resté avec Sa nouvelle copine, elle allait être déçue que elle et Vaiana soient parti alors qu'elles allaient juste se rencontrer ! Emily ne voulait pas qu'elle soit triste, qu'elle se sente abandonnée...
Et a peine quelques minutes après, elle avait vue un aigle géant lui foncer dessus. Par réflexe elle c'était roulée en boule en poussant un cri aigu.... Mais avait sentit les griffes de l'animal l'attraper délicatement pour la porter jusqu'au toit de la grange Sentir a nouveau le vent dans ses ailes l'avait passablement ravis, elle c'était sentie étrangement bien, das son élément. Ais ce moment n'avait pas pu durer et elle avait finit par atterrir sur le toi de la grange avec les autres. Et en moins de temps qu'il n’en fallait pour le dire, Vaiana avait sauté dans le tas de paille et était entré dans la grange. Pourtant ils n'avaient pas le droit, c'était interdit ! Elle allait les faire punir ! Et monsieur Eagle allait être en colère ! Ils auraient mieux fait de ne pas entrer, mais maintenant c'était trop tard !
Robyn sauta a son tour et Emily lui jeta un regard ou se melait effarement (Elle était folle de sauter comme ça !) et admiration pour son courage. La petite fille avait finit par lever les yeux vers elle.
"Et Eliott ? Il risque pas de cramer si on le laisse la ?"
Il allait se changer en chips si elle le laissait la le pauvre ! Il n'y avait pas vraiment d'ombre ou de quoi l’abriter du soleil. Immédiatement, l'image d'un Eliott-chips lui vint en tête et elle la chassa en secouant la tête. Elle apercut Robyn qui levait les bras vers elle.
"Tu te sens de m'l'envoyer ? Enfin pas vraiment m'le balancer comme si il était un sac à patates, mais plutôt d'm'aider à l'faire descendre?"
Emily jeta un regard a Eliott, puis au trou et enfin a Robyn. Elle allait se changer en crêpe si elle lui lançait non ?!
"Il va pas te faire mal en tombant ?"
"Au pire j'me casserai un truc et j'mourrai. C'est un risque à prendre."
Emily lui jeta un regard horrifié. Entre Vaiana avec son couteau et maintenant Robyn qui voulait mourir... elles avaient mangé un lézard mal cuit ?
"Mais ! Mais je veux pas que tu meurs moi ! Je t'aime bien ! " s'écria elle brusquement.
Bon, ce n'était pas sa meilleure amie de la vie mais elle était gentille Robyn ! Elle prenait même souvent ses parts de viande pendant les repas... Pourquoi elle s'en fichait de mourir c'était horrible ! Il fallait vivre dans la vie !
"Recule un peu et je vais le pousser et il tombera dans la paille, ça ira je crois"
Emily attendit un peu, la fixant de ses grands yeux bleu sans comprendre tendis que Robyn reculait un peu en bas en lui rendant son regard. Finalement, la jeune fille reprit :
"Vaut mieux que ça aille. J'veux pas qu'il finisse avec la moitié du cerveau en bouillie. Mais vas-y alors. Vise bien le gros tas de paille." Pour ce que ça changerai... .Elle s'approcha d'Eliott, a genoux sur le toit, et le fit rouler sur le coté, encore et encore jusqu’à ce qu'il ne soit prés du trot Dans un dernier effort - il était lourd elle trouvait ! - elle le fit basculer dans le vide. Le petit garçon tomba comme une poupée désarticulée, s’enfonçant dans la paille dans un "pouf" discret. Emily essuya son front et, les mains accrochés sur le rebord de la fenêtre, elle observa Robyn qui éloignait le corps d'Eliott encore endormis, jusqu'a ce qu'elle ne lève la tête vers elle, encore. Emily hésitait. C'était tous des fous a vouloir sauter comme ça, elle elle avait terriblement peur ! elle sentait son ventre se nouer et elle avait l'impression que sa respiration s’accélérait Elle avait la trouille, elle ne voulait pas sauter !
"T'inquiètes, c'est pas haut du tout, tu risques rien!"
Ouais mais... Si c'était haut ! Pourtant... Robyn la regardait, elle ne voulait pas la décevoir... Emily s'approcha du trou et s'assit sur le bord, les jambes dans le vide, a se tenir de toutes ses forces contre le rebord, les yeux vissés sur le sol. Elle avala difficilement sa salive et ferma les yeux forts avant de se pousser en avant, rapidement ses bras et ses mains bien serrés contre elle. Le choc fut plus doux que ce a quoi elle s'attendait, et elle ouvrit les yeux dans un monde de paille. Pendant une seconde elle oublia tout le reste, inspirant l'odeur agréablement rassurante de son nid, y plongeant la tête pour, pendant un instant, retrouver cette sensation agréable Avant de brusquement la relever, des brins de paille coincés dans les cheveux. Elle croisa le regard de Robyn et se releva, baissant les yeux sur ses souliers en murmurant un petit "merci" rapide. Au moins maintenant Eliott ne risquait plus de cramer comme une chips sur le toit ! Emily lui jeta un regard avant de s'approcher de lui pour lui caresser doucement le front tout en essayant de voir si il allait bien. Bon, il respirait et il ne pleurait pas ça devrait aller, il devait juste dormir !
La petite fille se releva et descendit de l'étage ou ils étaient en descendant précautionneusement les barreaux de l’échelle, un a un. Elle sentit ses pieds toucher le sol avec soulagement, alors que Vaiana allait explorer de son coté.
- C’est.. Étrange, non ?
Emily hocha silencieusement la tête, s'approchant de la chose lumineuse. C'était une sorte de lézarde blanche qui bougeait Ce qui était carrément bizarre Mais si ça bougeait, c'était peut être vivant non ? Ça pouvait devenir un copain alors non ? Doucement, avec une certaine appréhension, elle tendit la main vers la chose pour la toucher. Plus elle s'approchait, plus celle ci vibrait, jusqu’à ce qu'elle ne pose la paume dessus. Elle ressentit comme une intense brûlure dans sa main, et brusquement, elle eut un flash. Ce fut intense, a peine quelques secondes, pas plus...
* * *
Elle voyait un groupe d'adultes dans le désert australien. Il y avait un grand blond -vraiment très très grand ! elle n'avait jamais vue qui que ce soit avec une taille pareille ! - et puis aussi des filles et des monsieur aussi. Mais son attentat fut particulièrement attiré par une blonde un peu petite par rapport aux autres, a l'air revêche C'était bizarre qu'elle se sente comme connecté a elle... Elle avait l'air en colère, pourquoi elle avait une tête comme ça ?
"Maintenant tu arrêtes de râler ! On n'est pas bien là ? Au milieu de nulle part ? Convoités par les... vautours ?"
La blonde tourna la tête en jetant un regard mauvais a un monsieur qui avait des cheveux qui partaient dans tous les sens. Immédiatement, Emily eut envie de plonger ses mains dedans. Ils avaient l'air super doux ! Le monsieur avait parlé avec un peu d'agacement, mais en même temps il avait essayé de faire comme si tout allait bien. La blonde leva les yeux vers le ciel, suivant le regard du monsieur aux cheveux en pétard pour voir trois vautours qui tournaient dans le ciel. Emily déglutit et baissa les yeux lorsqu'un cliquetis étrange attira son attention. La madame était menottée au monsieur ! Peut être que c'était une prisonnière et que c'était pour ça qu'elle avait l'air aussi pas contente ! Elle avait vue dans un film que des fois les shérifs s'attachaient a leurs prisonniers pour pas qu'ils s’échappent.. le monsieur avait du faire ça Le pauvre... Mais en même temps.. Emily sentit un pincement au cœur Elle avait vraiment l'impression de la connaître cette fille... de la connaître très bien...
"Oh c'est claire" répondit elle avec un ton sarcastique avant qu'un sourire moqueur ne s'installe sur son visage. "T'en fais pas, vue la tronche que tu te paie tu risque pas d'attirer qui ou quoi que ce soit Eliott." ajouta elle.
Eliott ? Comme... leur Eliott ? Non c'était pas possible, ils avaient le même nom c'était tout...
"Parce que tu te crois belle toi, peut-être ? Avec ton coup de soleil sur le nez ?" répliqua il d'un ton acerbe.
Mais c'était méchant de dire ça ! Pourquoi ils disaient ça c'était pas gentil de se moquer de comment étaient les autres ! La blonde au coup de soleil sur le nez tira d'un coup sec sur ses menottes en lui jetant un regard furieux, pour lui signaler son mécontentement.
"On peut rentrer maintenant que tu as fait ton petit numéro ?"
"Non, je suis sûr que c'est pas loin. On est tout pr..."
Brusquement il y eut une lumière aveuglante qui le engloba tous, alors qu'un bruit terrible résonnait dans l'air. Si elle avait pu, Emily se serait roulée en boule dans un coin, les yeux bien fermé et les mains sur les oreilles. Lorsque la lumière s’atténua peu a peu, les choses avaient... changé. Emily apercut la suite comme un coup de poing dans le ventre. Les adultes avaient tous disparu, laissant place a... des visages qu'elle ne connaissait que trop bien. A coté d'eux, il y avait toujours le lézard d'énergie et elle voyait clairement qu'elle avait peur, très peur. elle respirait vit et son regard allait partout comme si elle ne comprenait pas ce qui lui était arrivé... et tout a coup, elle le vit. Monsieur Eagle qui arrivait a grand pas vers elle, les yeux écarquillés et le souffle court comme si il c'était dépoché Il regarda la chose brillante qui donnait l'impression de devenir de plus en plus petite.
"Bordel."
Emily se redressa difficilement en sentant a peur grimper en elle, et baissa soudain les yeux en entendant un cliquetis a son poignet. Elle baissa les yeux et apercut une paire de menottes qui la reliait a Eliott.... Le vrai Eliott, pas ce grand chevelu méchant ! Et autour d'eux, il y avait aussi Robyn, Cassandre, Apollon et Vaiana. Tous autant qu'elle avaient l'air totalement perdu, effrayé. Elle leva les yeux vers monsieur Eagle qui les observait, et sembla déglutir avant de dire :
"N'ayez pas peur. Je vais m'occuper de vous."
* * *
Une douleur terrible irradia sa main, la faisan brutalement reculer en poussant un glapissement de douleur.
"AIE !"
Elle baissa les yeux, apercevant une main rouge, gonflée comme si elle avait été brûlée et la douleur était a peine soutenable. Elle voulait de l'eau pour la mettre dedans la rafraîchir... Les larmes lui montèrent aux yeux, autant de douleur que incompréhension, que de ce sentiment terrible de peur qui la prenait en comprenant ce qu'elle avait vue. Et puis ça faisait vraiment vachement mal ! Elle jeta un rapide regard vers les autres qui c'étaient tourné vers elle au son de son cri et leur dit, essayant de retenir un nouveau cri de douleur :
" Faut pas y toucher, ça brûle ! Il faut vite qu'on s'en aille avant que monsieur Eagle revienne ! Et... et ça me fait mal " fit elle en levant sa main rougie pour qu'ils voient l’étendue des dégâts avant de la ramener contre elle comme si le simple contact de l'air était douloureux.
Ils... ils étaient pas des enfants, ils étaient des grandes personnes... Et elle avait l'air... méchante ! Elle ne voulait pas devenir cette personne la, la bonde méchante. Et puis... et puis son rêve, son souvenir de sa vie a Sunnyval et chez ses autres familles lui avaient fait prendre conscience que cet endroit, ce lui était la meilleure maison qu'elle ait jamais connue. Monsieur Eagle était certainement très autoritaire, et elle c'était prise des taloches aussi mais... même si c'était un vieux monsieur ronchon et bougon, il c'était occupé d'eux dans réfléchir, il leur... il lui avait offert ce que personne ne lui avait un jour accordé. Et elle lui en était extrêmement reconnaissante, elle ne voulait pas partir d'ici, mais si les autres le savaient.. ils seraient encore plus décidé a partir ! Et elle ne voulait pas partir...
Rapidement elle s'éloigna de la chose brûlante pour venir vers la porte, essayer de voir si elle ne s'ouvrait pas de l’intérieur. peine perdu, le cadenas était de l'autre coté. Ses joues toujours baignée de larmes, elle porta sa main valide a la bouche pour mordre dedans pour ne pas crier tant sa main brûlée était douloureuse. Ça venait par vagues, de plus en plus douloureuses... Emily renifla bruyamment et s'appuya contre un mur... avant de voir que la planche sur laquelle elle s'appuyait oscillait légèrement Brusquement, elle se tourna et d'une main la bougea légèrement...
"Venez voir ! Y a un passage ici " cria elle aux autres.
Elle tira un peu plus sur la planche, assez fort pour faire une ouverture et se glisser a l’extérieur. Il faudrait absolument qu'ils la remettent après, sinon monsieur Eagle allait voir le trou et il saurait qu'ils avaient été dedans !
"Je... je reviens !" dit elle aux autres avant de, a quatre pattes passer par le trou pour courir de toutes ses forces vers l’abreuvoir des chevaux Elle n'hésita pas et plongea sa main dedans en sentant immédiatement un soulagement intense s'emparer d'elle. Un soupire de soulagement la prit, et elle eut l'impression que son corps arrêtait de fondre pour redevenir un peu solide. Fiuf ! Elle resta quelques instants, a apprécier le contact de l'eau sur sa peau brûlée avant d'en ramener pour mouiller son t-shirt. Puis elle en prit le bout et mit sa main dedans pour l'enrouler un peu. Ça lui ferai une protection comme ça.. Aussitôt elle retourna a la grange avec les autres.
"Il... faudrait qu'on descende Eliott... Si monsieur Eagle voit le trou il va être fâche contre nous, on avait pas le droit d'entrer..." lâcha elle d'une voix chevrotante a Robin qui l'attendait prés de leur "entrée secrète".
"Que Eagle soit fâché ou pas, on s'en fiche. Ta main, est-ce que ça va?"
Elle hocha la tête en gardant sa main bien serrer contre elle.
"Je suis désolée !" C'était sortit tout seule comme un automatisme. Ce ne fut qu'un instant plus tard qu'elle comprit reelement la question de Robyn. "...oui ça va" fit elle en hochant courageusement la tête, malgré le fait que tout le monde voyait clairement son mensonge "Je suis désolée, je voulais pas vous embêter.. je veux pas qu'il vous punisse !"
"Eh mais pas à t'excuser! On est tous en train d'faire nos rebelles. Si on s'fait punir, ça s'ra pas ta faute, mais la notre."
Peut être que si ils lui disaient que c'était a cause de l'aigle, il ne les punirai pas.... Emily baissa les yeux, évitant le regard de Robyn.
"Comment tu fais pour jamais pleurer ? Même quand il te punis tu pleure pas..."
C'était vrai ! Alors que elle, elle pleurait tout le temps.... même pour pas grand chose ! Pourtant elle essayait de se retenir, mais elle n'y arrivait pas... Robyn croisa les bras et baissa les yeux pour observer ses souliers. Elle resta silencieuse un instant, comme si elle hésitait a parler avant de dire :
"J'pleure. Mais c'est juste que vous l'voyez pas. J'suis comme tout le monde, j'ai des sentiments. J'veux juste pas le montrer."
"Pourquoi tu fais ça alors ?"
C'était triste de pas montrer ses sentiments non ?
"Parce que. Si j'pleure, on dit que j'suis faible. On m'dit que j'ai pas l'droit de pleurer. Une anomalie, c'est pas censé être triste." répondit elle d'un air amer.
Emily battit des cils un instant sans comprendre.
"C'est quoi une anomalie ?" demanda elle finalment un pu troublée. Ça devait être important non ? Parce que ça rendait Robyn triste, mais elle ne comprenait pas pourquoi.
C'est c'que je suis. Une anomalie. J'suis pas censée exister. Tu parles à une erreur informatique."
Elle faillait demander "C'est quoi une erreur informatique ?" mais se ravisa. Le message principal était passé non ? Elle aussi on avait du lui dire que ça aurait été mieux si elle n'avait jamais existé... Comme sa maman avait fait avec elle. Emily resta quelques instants sans bouger a réfléchir a la meilleure chose a dire avant de s’avancer et de se mettre sur la pointe des pieds en passant ses bras autour du cou de Robyn, plus grande qu'elle.
"Je sais pas ce que c'est une erreur informatique, mais moi... je suis contente que tu existe." fit elle en la serrant fort contre elle. Elle avait vue des tas de maman ou de frères et sœurs faire ça dans les films, ça devait marcher. " J'aime bien que tu soit une anomalie parce que ça fait que tu es la et si tu étais pas la ce serai pas pareille. Et tu as le droit de pleurer aussi si tu veux !"
Ce ne fut que lorsqu'elle la lâcha quelques instants plus tard qu'elle se rendit compte de ce quelle avait fait. Elle baissa les yeux, consentrent son regard sur ses mains qui s'agitaient nerveusement.
"Il.. il faut qu'on s'occupe d'Eliott..." lâcha elle finalement. Et puis aussi qu'ils retournent voir sa nouvelle copine.
Jules Verne
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
« Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. »
Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants.
Juillet 1840.
"Ton nom, gamin ?"
"Jean Passepartout." répondis-je aussitôt sans hésiter.
Le maître d'équipage tira davantage sur sa pipe tout en me lorgnant d'un oeil suspicieux. Un nuage de fumée nauséabond s'échappa du coin de sa bouche entrouverte. Je retins ma respiration mais ne pus réprimer un petit toussotement. Malgré tout, je le fixai sans ciller, bien droit, avec mon baluchon sur l'épaule.
"C'est pas un nom, ça." fit-il remarquer.
"En tous cas, c'est le mien." répliquai-je farouchement. "Je n'ai pas de famille, monsieur. Mon seul souhait est de quitter la France pour explorer les Indes... en bonne compagnie."
J'esquissai un grand sourire plein de fougue. Avait-il compris le jeu de mots sur la Compagnie des Indes ? Non ? Tant pis. Décidément, les marins n'avaient aucune culture.
"Faut pas avoir froid aux yeux pour être matelot, petit." insista le maître d'équipage.
"Je ne vous décevrai pas." dis-je d'un ton assuré.
L'autre sembla hésiter avant de griffonner mon nom sur le registre du navire. Puis, il gratta l'un de ses favoris grisonnants et m'indiqua de monter à bord, ce que je fis sans tarder.
Le port de Nantes grouillait de monde, ce jour-là. Il en était toujours ainsi quand un bâtiment important quittait la ville. D'ordinaire, je faisais partie de ceux qui saluaient le navire alors qu'il s'éloignait sur la mer calme, mais cette fois, je serai de l'autre côté, à bord, parmis les matelots ravis et affairés. J'étais si impatient !
Mon coeur battit plus fort alors que je me tenais sur le pont, les mains posées sur la rambarde qui m'arrivait au menton. Je me sentais tellement grand, presque un homme ! J'avais eu le courage de partir vers l'inconnu, depuis le temps que je rêvais de voyages !
J'avais emporté le strict minimum : du linge de rechange, un exemplaire de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo -mon auteur préféré- plusieurs carnets vierges afin d'y dessiner des croquis et de prendre des notes de tout ce que j'allais découvrir, ainsi qu'un fusain. J'avais également emporté la toupie que Paul m'avait offerte.
Je comptais revenir. Dans plusieurs mois, peut-être une année entière. Dieu seul savait combien de temps la traversée allait durer. Le voyage jusqu'aux Indes serait long et semé d'embûches. Peut-être allait-on rencontrer des pirates, ou des corsaires ? A cette idée, je me sentais encore plus exalté. Jamais je n'étais monté à bord d'un bâtiment si imposant. J'avais visité une goélette une fois mais j'avais été contraint d'en descendre avant qu'elle ne prenne le large.
Les embruns marins me chatouillaient les narines, le vent me murmurait déjà les chansons venues d'ailleurs, qui avaient vogué sur les flots ou avaient été emporté par les coups des canons au fil des siècles, depuis des pays lointains. "Yo-oh, quand sonne l'heure, hissons nos couleurs..." fredonnai-je à voix basse, sous l'oeil réprobateur d'un mousse qui briquait le pont.
Il me jeta une serpillère dégoûtante que j'évitai aisément, avant de le lorgner d'un grand sourire espiègle.
"Je ne fais pas les besognes des filles. Je te les laisse, tu as l'air de bien te débrouiller." lui lançai-je effrontément.
Il s'avança d'un pas vers moi et je déguerpis en vitesse dans un éclat de rire moqueur. J'étais si pressé de lui échapper que je ne remarquais pas le maître d'équipage qui m'attrapa par le col alors que je passais à son niveau. Je laissai échapper un cri étranglé alors qu'il me soulevait du sol. C'est qu'il avait de la force dans le bras ! Mes jambes battirent dans le vide quelques secondes avant qu'il ne me fasse pivoter vers un homme portant un long manteau élégant.
"C'est cet avorton que vous cherchez ?" demanda-t-il à l'homme.
Je levai les yeux vers ce dernier et rentrai instinctivement la tête dans les épaules en reconnaissant mon père. Il avait les traits contractés sous son chapeau de haute forme et ses yeux lançaient des éclairs inquiétants. A demi étranglé, je retins davantage mon souffle avant que le maître d'équipage ne me relâche. Je manquai de chuter au sol mais me rétablis de justesse. Je me redressai et ramassai le baluchon pour le remettre sur mon épaule, avant de planter un regard féroce dans celui de mon père.
"Tu es joliment content de toi, je présume ?"
Sa voix était aussi tranchante que le fil d'un rasoir.
"Ta mère est folle d'inquiétude, mais je suppose que tu t'en moques. Les autres n'ont aucune espèce d'importance pour toi. Rien ne compte hormis l'extraordinaire monsieur Jules Verne !" dit-il d'un ton profondément blessant et sarcastique.
Je ne me donnai pas la peine de lui répondre, me contentant de soutenir son regard sans ciller. Je ne regrettais rien, hormis que le bateau n'ait pas quitté le port suffisamment vite. Qui était-il pour prétendre que les autres me laissaient indifférents, alors qu'il se moquait du chagrin qu'il pourrait causer à ma mère en allant voir la fleuriste chaque jeudi ?
"Tout ceci pour ramener un collier de corail à ta cousine Caroline." poursuivit mon père en secouant lentement la tête. "Il est temps de grandir, mon fils. Je m'en suis chargé. Peut-être que tu seras moins dans la lune sans tous tes livres ridicules !"
"Ils n'ont rien de ridicule !" m'enflammai-je, ne supportant pas que l'on insulte la science qu'ils contenaient. "Et j'ai aussi promis à Paul de revenir avec un petit éléphant en jade, parce qu'il adore les éléphants !"
Subitement, ses paroles prirent un tout autre sens dans mon esprit. Je tressaillis et demandai, anxieux :
"Qu'avez-vous fait à mes livres ?"
"Disons qu'ils sont excellents pour alimenter un feu." répondit-il, visiblement content de son oeuvre.
Mon visage perdit toute couleur.
"Y a pas de place ici pour les passagers clandestins, monsieur Passepartout." précisa le maître d'équipage d'un ton railleur.
Mon père m'attrapa brutalement par le bras pour m'entraîner vers le port. Nous descendimes du bâtiment rapidement. Il me maintenait fermement, si bien que je ne pouvais me défaire de son emprise, même si je rêvais de m'échapper. Un jour viendrait où il ne pourrait plus rien contre moi. Il me tardait que ce moment arrive. Serait-ce encore long ?
"Si tu veux devenir un homme, tu dois assumer tes responsabilités. En tant qu'aîné de la fratrie, tu dois donner l'exemple." disait mon père tout en marchant d'un pas rapide, visiblement agacé d'avoir été retardé dans son travail d'avoué.
"Je ne voyagerai plus qu'en rêve." grommelai-je à contre coeur, les yeux rivés sur mes souliers.
"Sage décision. J'espère que tu t'y tiendras." conclut-il, considérant que la discussion était close.
Je passai tout le temps à le maudire sur le chemin du retour à la maison, ce qui m'arrivait souvent, même si monsieur le curé m'avait réprimandé lorsque je m'en étais confessé la dernière fois.
J'avais retenu mes larmes en voyant les livres consumés dans l'âtre. Je ne lui avais pas donné le plaisir de voir mon chagrin. S'arrêterait-il vraiment un jour de me tourmenter ?
J'étais véritablement pressé de grandir.
***
Une odeur douceâtre de cigarette me réveilla. L'instant d'après, alors que j'émergeais à peine, ma tête heurta violemment quelque chose et je me sentis pivoter brusquement sur la droite. L'air hagard, le coeur haletant, je me rendis compte que j'étais dans une voiture qui venait de faire demi-tour dans un dérapage sidérant. Eagle était au volant. Il stoppa le véhicule brusquement avant d'en sortir. Je lançai un regard dérouté à Phoebus avant de cligner des yeux.
"Je me souviens... JE ME SOUVIENS !" m'écriai-je en portant les mains à mes tempes. "Ma maison, Paul, mes petites soeurs, ma mère, le professeur et sa maudite règle en métal ! Tout !"
Tous mes souvenirs m'avaient été rendus, tout était redevenu limpide dans mon esprit. Je me rappelais de ma tentative manquée de faire partie de l'équipage d'un navire, de mon père que je détestais, de mon frère et mes soeurs à protéger, de tous mes rêves et projets d'évasion pour quitter la demeure familiale.
"Toi aussi tu te rappelles de qui tu es et d'où tu viens ?" demandai-je à mon camarade, avide.
Il n'eut pas le temps de me répondre car à cet instant, Cassandre monta dans la voiture, vite suivie par Eagle qui claqua la portière. Sans prévenir, il me jeta une trousse en plein visage. Je la reçus en poussant un cri surpris et douloureux. J'adressai un regard mécontent au vieil homme qui reprit la route, puis j'ouvris la trousse, m'apercevant qu'elle contenait des pansements, bandages et plusieurs lotions antiseptiques.
"Tenez vous tranquille maintenant, sinon le prochain je le laisse volontairement au bord de la route."
Simple et concis, comme à son habitude. Je tournai la tête vers Cassandre, la dévisageant d'un air perplexe. Ses bras et ses genoux étaient écorchés, ainsi qu'une bonne partie de son visage. Son sang maculait un peu la banquette. J'étais partagé entre compatir à son sort et la trouver idiote. Pourquoi avait-elle essayé de sortir de la voiture en marche ? J'étais d'accord sur le fait de s'enfuir, mais pas sans réfléchir !
"C'était stupide ce que tu as fait." dis-je à voix basse tout en prenant une lotion désinfectante.
"J'ai pas fait exprès !" rétorqua-t-elle, agacée.
Sans rien répliquer, je vaporisai la lotion sur son coude. Elle tressaillit, sûrement parce qu'elle avait mal, et voulus se reculer mais j'attrapai fermement son bras pour continuer à vaporiser la lotion.
"C'était stupide parce qu'on a dit qu'on partirait ensemble." chuchotai-je à son oreille.
Tous ensemble.
Je levai ensuite les yeux vers Eagle, anxieux à l'idée qu'il m'ait entendu, même si j'avais parlé dans un filet de voix, en remuant à peine les lèvres. Ce dernier croisa mon regard dans le rétroviseur avant de tendre la main vers l'autoradio et de l'allumer. Une [url=father and son]musique[/url] résonna à un volume sonore plutôt bas. C'était la première fois depuis que nous étions arrivés que nous entendions une chanson. Au ranch, il n'y avait pas de musique, hormis de temps en temps, tard le soir, quand je croyais entendre une fillette chanter faiblement par-dessus le murmure du vent dans les planches disjointes du dortoir. Mais il ne devait s'agir que d'une illusion auditive.
"Laisse-moi soigner ton visage." demandai-je à Cassandre qui plissa des yeux avant de me laisser faire.
Je pris un morceau de gaze dans la trousse, l'imbibai de désinfectant et tapotai ensuite ses égratignures au menton puis sur sa pommette, ensuite sur son arcade sourcillère.
"Ne fais pas ta tête de pioche. Il faut que tu admettes que tu as besoin des autres. Phoebus et moi, on est là pour te protéger."
Eagle laissa échapper un léger grognement qui avait une curieuse intonation amusée. Cela me dérouta si bien que j'éloignai le morceau de gaze rougi de sang de Cassandre. Qu'y avait-il de si drôle ? La fillette se comportait comme si elle était un garçon, et au final elle avait manqué de mourir en sautant de cette voiture. Il fallait qu'elle se rende compte d'où était sa place. Elle n'était pas comme Vaiana ou Robyn. Elle n'était pas aussi solide, elle faisait semblant de l'être.
"Je pense que ça suffira. Tu veux que je te mette des pansements ?"
M'occuper d'elle me rappelait la façon dont je protégeais mes petites soeurs et mon frère lorsqu'ils se faisaient mal.
"Non." maugréa-t-elle.
Je la considérai d'un oeil dubitatif. Allait-elle me mordre si j'essayais de lui mettre quand même des pansements ? Je préférai ne pas tenter l'expérience. Je posai les morceaux de gaze souillés sur la banquette et me frottai les mains l'une contre l'autre sans plus regarder la fillette, la tête tournée vers l'horizon.
Soudain, j'aperçus un grand bouquet d'arbres au milieu du désert. Il s'agissait d'une forêt dont les plantations étaient espacées. Je clignai des yeux, croyant rêver tant ce paysage semblait saugrenu en plein désert. Eagle arrêta la voiture à la lisière de la forêt et en descendit. Il nous ordonna de l'imiter.
"Tu vas pouvoir marcher ?" demandai-je à Cassandre d'un ton soucieux.
Si elle ne s'en sentait pas capable, je pouvais tout à fait la porter, car je doutais qu'Eagle accepte qu'elle reste seule dans la voiture. En plus avec la chaleur ambiante, elle risquait de cuire. Je sortis de la voiture et en fit rapidement le tour pour lui ouvrir la portière, prêt à l'aider. Elle me passa devant, la tête haute et le regard buté. Elle boitait un peu mais visiblement, elle était décidée à marcher seule. Je roulai des yeux.
Pendant ce temps, le vieil homme avait pris un sac à dos et son fusil dans le coffre ouvert et spacieux de la Jeep. Johanna y était attachée et elle s'agita en voyant son maître, impatiente de se promener.
"Tu vas rester là." grommela-t-il sans lui adresser un regard. "Profite-en pour bronzer, ma belle."
Le coup de couteau de Vaiana avait laissé une cicatrice sur le museau de la bestiole, ce qui la rendait encore plus laide, si c'était possible. Cette dernière ne cacha pas son mécontentement et tourna résolument le dos à Eagle, même si elle sursauta lorsqu'il fit claquer son fusil pour vérifier qu'il était bien chargé.
"Allons-y." dit-il avant de pénétrer dans la forêt.
Dix jours s'étaient écoulés et nous n'avions toujours pas reçu de sanction pour ce que nous avions volé dans la chambre d'enfant, Cassandre et moi. Je doutais qu'Eagle n'ait rien remarqué. Il préparait quelque chose et le dénouement s'annonçait imminent, je le sentais. Je croisai le regard de mes camarades avant d'emboiter le pas au vieil homme. Je détestais obéir à quelqu'un qui nous opprimait. Bientôt, tout allait changer. Maintenant que j'avais toutes mes connaissances en tête, je trouverais forcément un stratagème. La science peut faire des merveilles.
Les arbres clairsemés laissaient filtrer les rayons du soleil, si bien qu'il régnait une chaleur étonnante malgré les coins d'ombre. Tout en marchant, je grattai machinalement mon bras, là où deux crochets de serpent avaient laissé une marque indélébile. J'aurais pu mourir, ce jour-là. Mais j'étais toujours là.
Une question fit irruption dans mon esprit et y demeura en suspens : si j'avais juré de ne plus voyager qu'en rêve à mon père, comment se faisait-il que je sois en Australie ? Comment étais-je arrivé jusqu'ici ? Quelque chose restait inexpliqué. J'étais bien décidé à élucider ce mystère.
crackle bones
Phoebus Light
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| Avatar : Alexander Skarsgård
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what could it be worse ?
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Apollon, dieu de la divination, des arts, de la lumière.
Il s'était vivement retourné, alors que la porte de la voiture venait de s'ouvrir brutalement. Phoebus était resté figé en voyant le corps de Cassandre tombé à la renverse, Eagle réagissant avec une rapidité folle. Les mouvements de la voiture lui donnèrent la nausée mais ce n'était pas important, il fallait juste qu'il aille aider la petite fille. C'était tout ce qui comptait. Le bruit, sans doute, avait réveillé Jules, qui s'était exclamé, sans se rendre compte de ce qui venait de se dérouler. Le retour de leur tuteur ne lui permit pas de dire un mot à son ami, mais ses paroles résonnaient dans sa tête alors qu'ils continuaient leur route.
Phoebus avait même la gorge un peu serrée, alors qu'ils sortaient du véhicule, mettant son chapeau sur sa tête pour se donner une contenance. Au moins, ça avait le mérite de le protégeait du soleil. Il n'arrivait même pas à être satisfait du fait que Johanna resterait seule dans le coffre alors qu'eux partaient se balader. Il avait la tête baissée, alors qu'ils commençaient à marcher. Son regard alla se poser brièvement sur Neil. Il voulait lui demander comment elle allait, avant de trouver ça stupide. C'était évident qu'elle n'était pas au meilleur de sa forme. Même si Jules s'était occupé d'elle, s'il l'avait soigné, elle devait être un peu affaiblie par cet incident. C'était quand même lui qui s'était occupé d'elle. A quoi bon aller la déranger, en lui adressant la parole ? Elle ne voulait certainement pas lui parler.
Il croisa ses bras contre sa poitrine, déglutissant. Le décor ne l'effrayait pas, non, ce n'était pas ça. Il avait reçu tant d'avertissement sur la faune sauvage, sur tous les dangers qu'ils couraient dehors, que ça lui paraissait presque banal, maintenant… Il n'avait rien à perdre de particulier. Ce qui le dérangeait, c'était davantage ce sentiment de frustration qui grondait au fond de lui, mêlé à une sorte de… tristesse. Une peine qu'il n'arrivait pas à s'expliquer et qu'il remarquait de temps en temps. En réalité, il avait la sensation qu'elle était toujours présente, simplement qu'il arrivait à l'oublier parfois.
« Tu te souviens vraiment ? » avait-il chuchoté à l'attention de Jules, pour qu'on ne puisse pas les entendre. « Tu as de la chance. »
Il avait soupiré légèrement, sa jalousie étant presque audible dans ses mots. C'était étrange, puisque sans rien savoir, il n'avait pas à être dérangé par cette absence de souvenirs. Il pouvait imaginer ce qu'il voulait, de la façon dont il le voulait… ce n'était juste pas réel, s'il se créait sa propre histoire. Il avait envie lui aussi, de se rappeler de ses frères ou sœurs, de ses parents, de ce qu'il aimait faire… Peut-être que cela comblerait ce vide qu'il ressentait.
Leur vitesse était soutenue, pour ne pas perdre Eagle en route, mais ses pieds traînaient contre le sol. Même les arbres, qu'ils ne voyaient que rarement et qu'il aimait pourtant tant, ne réussirent pas à lui arracher un sourire.
« De toute façon, ça change rien. Se rappeler, ça nous aide pas. »
Il s'était raclé la gorge, relevant la tête en détournant les yeux, pour ne pas que son expression trahisse ses véritables pensées. Jules s'était rapproché de lui, jetant des coups d’œil furtifs à Eagle. Il était plusieurs mètres devant eux, ses enjambées étant toujours aussi grandes, il ne risquait pas d'entendre ce que les enfants pouvaient se dire.
« Au contraire, ça change tout ! Je me souviens de tout ce que j'ai appris dans les livres. Il y a beaucoup de choses très utiles là-dedans. »
Le gamin avait tapoté sa tempe, avec un sourire malicieux planté sur les lèvres. Bizarrement, cela lui serra la poitrine. Pas d'une façon agréable. Il avait la même expression que dans son cauchemar. Il aurait pu en parler, chercher à comprendre la raison de ces songes horribles, mais il ne ressentait aucune envie de faire allusion à ce dont il avait rêvé. Rien que l'idée le faisait trembler.
« Tu te rappelleras aussi, ne t'en fais pas ! »
Jules avait posé sa main sur son épaule, comme pour l'encourager. C'était gentil, c'était même très gentil, mais ça ne suffisait pas à le rassurer. Et même si Jules avait l'air heureux de se souvenir, peut-être ne serait-ce pas son cas ? Peut-être était-ce mieux qu'il ait oublié ?
Phoebus chassa ses mauvaises pensées, se retournant alors que Cassandre avait ralentit. Elle semblait en difficulté. Elle était derrière eux, alors que devant, Eagle continuait sans leur prêter attention. Elle s'était même appuyée contre un arbre, se stoppant net.
« Je vais essayer de le convaincre de faire une pause. »
Jules était parti devant, mais leur tuteur ne cessa pas d'avancer. Cela ne l'étonna même pas, ils avaient l'habitude à présent. Ils ne pouvaient compter que sur eux-même. Leur amie ne pouvait pas continuer ainsi, elle boitait de plus en plus à mesure que les minutes passaient. Il était hors de question de l'abandonner à la nature alors que les bruits qui s'élevaient autour d'eux ne présageaient rien de bon.
« Viens, on va l'aider. »
Ce n'était pas une question. Il s'était exprimé doucement, peut-être avec un brin d'autorité involontaire, avant d'aller à la hauteur de Cassandre pour lui permettre de soulager sa jambe.
« On va te porter. »
« Je l'avais dit qu'elle était trop fragile mais elle ne m'écoute pas. » grommela son compagnon.
Il ne répondit que par un sourire, tentant de faire de son mieux pour qu'ils puissent prendre une position convenable et pratique, sans que cela ne gêne trop la petite fille. Elle l'intimidait presque, il la regardait simplement de temps en temps quand elle était avec les autres, n'osant jamais aller lui parler lorsqu'elle était toute seule. Elle avait l'air forte, mais ça ne l'empêchait en rien d'avoir besoin à un peu de soutien de temps en temps. Ils étaient une équipe et, en équipe, on ne laisse jamais personne derrière.
Ce fut un peu gêné qu'il entreprit de mettre un bras derrière sa tête, une autre derrière ses genoux, Jules en faisant de même. Il entreprit de faire un compte à rebours pour qu'ils la soulèvent en même temps, ce qui ne fut pas le cas, soyons honnête. La pauvre ne devait pas beaucoup apprécier son moment.
« En plus, elle est lourde ! »
« Je… je peux y arriver toute seule ! »
C'est qu'elle se débattait en plus ! Il en avait le coude douloureux, mais il se contenta de grimacer en essayant de la tenir un peu mieux, sans grand succès. Elle n'arrêtait pas de bouger dans tous les sens, ce qui ne facilitait pas la tâche, finissant même par se libérer de leur emprise. Ils avaient fini par la lâcher mais, sans grande surprise, lorsque ses pieds se posèrent à terre, elle n'arriva pas vraiment à rester debout.
La première chose à laquelle elle se rattraper, ce fut lui. Il ouvrit grand les yeux alors que ses mains étaient accrochées à son tee-shirt, ne pouvant s'empêcher de rougir à cette proximité. Elle ne pouvait pas se déplacer ainsi, c'était impensable. Déjà parce que physiquement, elle ne le pouvait pas, puis… il n'avait pas envie de la laisser se débrouiller. Il avait comme un instinct de protection inné qui lui dictait de l'aider.
« Je m'en occupe. » finit-il par dire à Jules.
Il ne savait pas si il arriverait à la porter tout seul, mais ça valait le coup d'être tenté. Dans le pire des cas, il se ridiculiserait, mais ça n'empirerait pas la situation. Du moins, il l'espérait. En s'excusant dans des murmures pour sa maladresse, alors que ses bras tremblaient de manière à peine perceptible, il s'appliqua à la porter comme une princesse. Du moins, il pensait que c'était ainsi que les princesses étaient portées. Elle ne pouvait pas aller sur son dos, il lui ferait mal aux jambes en la tenant ainsi. Il ne voulait pas la mettre sur son épaule, ce serait trop inconfortable. Elle serait bien mieux en pouvant caler sa tête contre lui, sans devoir faire le moindre effort pour ne pas tomber. Elle pouvait s'accrocher à son cou, si elle le voulait, mais il préférait la laisser prendre cette décision d'elle-même.
« C'est bien comme ça ? »
Il n'osait même pas la regarder alor qu'il l'interrogeait, préférant recommencer à marcher en faisant comme si de rien n'était. Eagle n'était plus là – étonnement ! – et ils devaient maintenant décider de la direction à prendre afin de le rejoindre. Jules indiqua le chemin qui allait tout droit. Pourquoi pas, après tout. Phoebus haussa les épaules, décidant de le suivre. Si jamais ils se perdaient, ils avaient au moins l'avantage d'être trois. Et finalement, Cassandre n'était pas si lourde que ça.
Ils avaient prit la bonne décision, puisque l'homme était caché derrière un buisson un peu plus loin, leur faisant signe d'approcher sans faire de bruit. Il ne sembla pas se formaliser de leur lenteur, ce qui les arrangeait bien. Devant eux, à quelques mètres, trois genre d'autruches broutaient tranquillement l'herbe – ou le peu qu'il y avait – qu'il y avait dans une clairière. C'était étrange de pouvoir voir un lieu pareil, ça changeait du sable, c'était plus agréable. Il avait posé Cassandre au sol, délicatement, afin qu'elle puisse s'asseoir confortablement.
« Vous savez ce que c'est ? » chuchota Eagle dans leur direction.
« Des autruches. » Jules avait répondu avec cet air intelligent, l'air fier.
Et la réponse d'Eagle ne se fit pas attendre, cassante :
« Des émeus. » Son ami sembla piqué dans son ego, Phoebus lui offrant un sourire de sympathie. « L'émeu est une des plus anciennes familles d'oiseaux de la région australienne. Il peut courir jusqu'à 55 km/h. » Il marqua une pause, pleine de suspens. « Capturez-en un. »
Quoi ? Et comment ? Le regard de Phoebus en disant long sur son incompréhension. C'était quoi exactement l'intérêt de cet exercice ? Lui avait espéré pouvoir respirer un peu, prendre l'air, voir de nouveaux paysages en faisant peut-être une partie de cache-cache tranquillement. Non, au lieu de ça, on les mettait en corvée de… de quoi exactement ? Il ne comptait pas le casser, lui, si il voulait de l'émeu à manger, qu'il se débrouille seul. Alors pourquoi leur faire faire une telle chose ?
Discrètement, pour ne pas affoler les animaux, il sortir un filet de son sac à dos qu'il posa au sol. Avant de lui tendre un pistolet. Il avait un sourire narquois au lèvres.
« Détendez-vous. Ces bestioles sont pacifiques. »
Ah bon ? Alors pourquoi… Pourquoi lui donner une ARME ? Ce fut avec un léger stress que le garçon s'en empara, ne sachant même pas comment le tenir. Pourquoi les laisser en possession d'un tel objet si elles n'étaient pas dangereuses ? Cela n'avait aucun sens. A moins que ce ne soit pour qu'ils puissent se protéger en cas d'attaque d'autres prédateurs ? Ce n'était pas plus encourageant. Il n'avait pas peur qu'il lui tire dessus, par inadvertance ? … Non, il ne savait même pas de quelle manière s'en servir. Il aurait bien demandé, au moins pour s'informer un minimum, mais Eagle était déjà parti, s'engouffrant dans la forêt avec son sac et son fusil. Lui allait certainement chasser pour le repas, non ?
« Je dois faire quoi de ce truc ? » avait-il alors dit à l'attention de ses compagnons, totalement paniqué à l'idée d'être en possession d'un flingue.
C'était dangereux. Il n'était pas très adroit. Ce n'était pas une bonne combinaison. Sa question n'attendait cependant pas de réponses. Il se contenta de le garder contre lui, vers le bas, pour ne pas prendre le moindre risque inutile. Il lâcha un soupir, retournant son regard vers les bêtes, évitant les gestes trop brusques de crainte de les faire réagir et s'enfuir.
« Vous avez une idée ? » Son ton était monotone, presque blasé. Il n'avait pas l'intention de s'enfuir là maintenant, il avait même oublié cette idée. Il avait l'impression qu'Eagle les retrouverait toujours, quoi qu'ils fassent. « Tu sais comment faire, toi ? »
Il s'était adressé à Jules, taquin. Après tout, n'était-ce pas lui qui disait qu'il avait tout plein de choses utiles dans sa tête ? Il était peut-être temps de s'en servir, qu'ils tentent au moins de mener bien leur mission. Ça pouvait être marrant, ça valait un cache-cache.
« Euh… oui, évidemment que j'ai une idée ! » Il semblait quelque peu vexé par cet affront. « Quand on veut capturer un animal, il faut un appât ! Lequel de vous deux se dévoue ? »
Il regarda Cassandre, puis lui, entièrement convaincu par sa proposition. Phoebus lui leva les yeux au ciel, se demandant si il pensait réellement que ça pouvait marcher ou s'il cherchait juste à les embêter. De toute façon, il n'avait rien de mieux à proposer, il n'allait pas s'opposer à ce plan alors que c'était le seul qu'ils avaient. Il était évident que Cassandre ne pouvait pas se lever et se porter volontaire, puis ce n'était pas à elle de le faire, plutôt à Jules même… sauf que ce dernier semblait plus être dans la réflexion que dans l'action.
« D'accord. Je vais l... »
Il fut coupé dans sa phrase par une drôle de sensation, au niveau de sa nuque. Fronçant les sourcils, le nez plissé alors qu'une drôle d'odeur se trouvait toute proche, il se retourna lentement. Pour faire face à un émeu qui s'était approché d'eux sans bruit, sans doute attiré par leur discussion. Il se retint de ne pas sursauter sous l'effet de surprise, levant les yeux pour admirer la bête de haut en bas. Elle était grande, pas loin de deux mètres de haut certainement. C'était impressionnant, vu de si près.
Le garçon ne put pas s'empêcher de lâcher un Wow admiratif devant la stature de l'animal, qui inclinait son cou pour le voir de plus près. Ce fut un peu plus inquiétant lorsqu'il se mit à piailler, claquant son bec dans sa direction. C'était quoi ça ? Il avait envie de le manger ? Il était pas pacifiste ? Sa main tremblait sur le pistolet qu'il tenait. Il ne comptait pas s'en servir, oh ça non.
Phoebus osa un regard vers les deux autres enfants, comme pour leur demander conseil ou un peu d'aide. Encore mieux, peut-être prendre le filet pour le capturer et qu'ils aient terminé leur travail ? Bien qu'en réalité, il n'avait pas vraiment envie de l'enfermer, ce pauvre petit, alors qu'il avait l'air si bien en liberté… Tellement bien qu'il jouait de son bec pour s'emparer du chapeau se trouvant sur sa tête. Ah non ! C'était un cadeau ça, il le gardait ! Il n'avait pas le droit de le lui prendre comme ça !
Ce n'était pas de l'avis de l'émeu qui réussit à s'en emparer, non sans mal, arrivant même pas miracle à le placer sur sa tête en le faisant bouger dans tous les sens. Malheureusement, il ne le portait pas très bien et le couvre-chef lui bloquait la vue en couvrant ses yeux. Phoebus se mit à rire, très légèrement, pour ne pas l'effrayer. Il était déjà tout perturbé, à courir tout autour d'eux, sans doute gêné par cet aveuglement soudain. C'était un divertissement auquel ils n'avaient habituellement pas le droit. C'était… vivifiant. C'était frais. Et ça faisait un bien fou de juste… rire.
« On dirait Ralph quand il saute, mais encore plus drôle ! »
L'animal ne semblait pas trouver ça aussi hilarant, malheureusement. Il était paniqué, commençant peu à peu à s'éloigner derrière un talus. Phoebus le suivit – il souhaitait quand même le récupérer à un moment, ce chapeau – mais perdit l'équilibre dans sa légère course. Cela eut pour conséquence de le faire rouler contre le sol, fort heureusement sur une courte distance, le faisant atterrir dans un petit cours d'eau un peu plus bas, où se trouvait également l'émeu. Le chapeau était un peu remonté sur sa tête et il semblait moins déranger pour sa vision. Il avait l'air de trouver ça agréable maintenant, de le porter sur sa tête.
Trempé, Phoebus se redressa comme il le pouvait, allant nager près de l'animal qui ne cessait de bouger, comme pour jouer avec lui. Il n'avait pas l'air si peureux, finalement.
« Vous devez venir ! Ça fait du bien ! »
Il n'osa quand même pas crier, ses amis pouvant aisément l'entendre sans qu'il n'en ait besoin. Et c'est vrai que cette petite baignade était des plus agréables. Il avait presque l'impression d'être un enfant qui s'amusait… simplement normalement.
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J'avais la sensation d'être faible. Je me sentais faible. Quand je m'étais réveillée dans la voiture, j'étais tombée en marche, ouvrant la porte sans même m'en rendre compte. Ce n'était pas ces blessures qui me fatiguaient, mes mes rêves. J'avais comme la sensation que cette époque dont je me souvenais un peu, me rattrapait petit à petit. J'avais des vertiges et les jambes en coton. Être debout me coûtait énormément si bien que mes jambes m'avaient lâchés. J'avais honte d'être aussi faible. Honte de m'être comporté ainsi avec Jules qui tentait simplement de m'aider.
Quand Phoebus m'avait prise à son tour, tout seul, je m'étais laissé faire. Je ne pouvais pas continuer à jouer les dures. Pas aujourd'hui. Il s'excusait tout en me prenant dans ses bras afin de me porter. Ses mains tremblaient légèrement et la tête posée contre lui, je sentais son coeur battre bien plus rapidement. Ce n'était pas le seul. Le miens aussi avait accéléré. Mes mains étaient ramenés tout contre moi, même si j'avais hésité à les passer autour de son cou pour m'appuyer. Quand le jeune garçon me demanda si ça allait, j'avais simplement hochée la tête avant de la reposer une nouvelle fois tout contre lui.
Ca faisait longtemps que je n'avais pas eu la sensation d'avoir un vrai soutiens, d'être en sécurité. On avait continué le chemin et je n'avais pas prononcé la moindre parole, tentant de récupérer quelques forces. J'aurai voulu dire à Apollon de me laisser marcher seule, pour pas se fatiguer, mais je n'avais pas l'impression que ça le dérangeait, ni même que ça l'épuisait davantage. Il était plus fort que je l'avais imaginé. Une fois à destination, il m'avait délicatement posée sur le sol de manière à ce que je puisse m'asseoir confortablement. Je n'avais pas eu le temps de le remercier que Eagle s'était mis à parler et à nous montrer ce qui ressemblait à des autruches.
Une course poursuite s'était entamée entre Phoebus qui tentait de récupérer son chapeau, une arme à la main, et l'autruche qui avait décidé de le faire courir dans tous les sens. Puis, ce fut la chute et Phoebus avait dégringolé un petit espace. Au bout de quelques secondes, il nous avait dit de le rejoindre et Jules était sur le point de le faire.
« Attends ! Aide-moi d'abord ! » lui dis-je en lui tendant ma main dans sa direction tout en essayant de me relever toute seule.
« Ah enfin ! Tu admets que tu as besoin d'aide. » s'empressa t'il de me répondre.
« Fait pas le gamin et aide-moi. » le coupai-je avant d'ajouter : « S'il te plaît. »
Il m'avait tendu la main avec un sourire satisfait et je m'étais contenté de secouer la tête de gauche à droite. Une fois debout, j'avais un tout petit peu plus de forces. Phoebus m'avait apporté une aide précieuse en m'évitant de faire le chemin à pied. On avait descendu le talus pour rejoindre Phoebus, Jules me tenant la main et il avait failli perdre l'équilibre, si bien que j'étais à deux doigts de tomber moi aussi.
« Mais fait plus attention ! »
« Je fais ce que je peux ! » répondit-il du tac au tac.
Je m'en prenais peut-être un peu trop à lui. Il m'aidait, c'était déjà bien gentil de sa part.
« Pourquoi tu crois qu'Eagle nous a demandé de faire ça ? »
« A mon avis, le capturer c'est pas pour l'emmener au zoo. »
Il restait sur l'idée basique que ça allait juste nous permettre d'avoir un repas pour ce soir.
« Oui, mais pourquoi il ne l'a pas fait lui même ? Ca n'a pas l'air bien compliqué... »
Même si d'ici on pouvait voir que Apollon avait du mal avec la créature, et qu'il était désormais totalement mouillé. L'animal se jouant de lui.
« Ca doit être une sorte de mise à l'épreuve. »
« Ou une proie pour un plus gros animal... » murmurai-je pour moi-même.
Tandis qu'on arrivait, Phoebus nous proposait de le rejoindre dans l'eau. Je n'avais pas la sensation que c'était une bonne idée d'aller nager avec peu de forces. Mieux valait les attendre ici.
« Tu devrais aller le rejoindre... » ajoutai-je à l'intention de Jules.
« Évidemment ! J'ai même pris ça avec ! » dit-il fièrement en montrant le filet qu'il tenait en main et en se dirigeant vers l'autruche pour tenter de la capturer.
Un Jules dans l'eau qui essayait de passer son filet sur l'Emeu, ça avait un petit côté comique.
« Mais arrête de bouger ! »
J'avais la sensation que l'Emeu s'amusait bien plus que Jules. Je croisai le regard de Phoebus qui était toujours dans l'eau en train de s'amuser.
« Tu veux nous rejoindre ? Je peux t'aider à descendre si tu veux ! »
C'était rare qu'on avait l'occasion de pouvoir s'amuser et j'aurai aimé en profiter à fond, mais je ne savais pas si j'allais réussir à entrer dans l'eau toute seule et à faire quelque pas dedans. Ca me tirait un peu de partout. De toute façon, j'avais quoi à perdre ? Ca ne ferait pas passer la douleur de rester ici. Ne répondant pas à Apollon, je m'étais dirigée vers l'eau tout doucement, mettant un pied dedans, avant d'y tremper le second. L'eau était fraîche, ce qui me fit frissonner et je n'avais pas pu m'empêcher de laisser échapper un petit sourire, faisant quelque pas dedans. Fallait juste être prudente et ne pas marcher sur quelque chose. Levant la tête, je vis Jules avec le filet sur lui. Je n'avais pas pu m'empêcher de rire. Il lançait des "sapristi" à tout de champs, en essayant de se dégager.
« J'ai l'impression que Eagle voulait juste voir Jules se ridiculiser. »
Et il avait l'air vraiment ridicule, même si ça en était amusant. Quand j'avais tourné la tête vers Phoebus pour voir si ça l'amusait aussi, il m'observait, baissant de temps en temps les yeux vers mes jambes pour être sûr que je ne tombe pas. Il avait un petit côté protecteur que j'aimais beaucoup. Je lui avais adressé un petit sourire, tandis qu'il s'était remis à observer Jules.
« Si c'est ça, c'est réussi ! » dit-il en rigolant à son tour. « On arrivera jamais à l'attraper. »
« Au pire, on lui amène Jules. Il est déjà pris dans le filet. » répondis-je d'un ton amusé.
C'était une proie facile comparé à l'autruche. J'avais jamais vue quelqu'un se capturer lui même. Phoebus souria avant de baisser les yeux. Il se sentait mal à l'aise de penser ça de Jules ? C'était... mignon.
« C'était gentil de me porter... » murmurai-je à l'intention de Phoebus en me sentant totalement bête.
Ce malaise que je ressentais justifiais sans doute le fait que je m'étais penché pour mettre mes mains dans l'eau, avant d'en envoyer un peu sur le jeune garçon, tout en riant. Il voulait s'amuser, n'est ce pas ? Et c'était une façon de le remercier.
« Je te rappelle que je suis une fille et que je tiens difficilement debout. » dis-je en hochant la tête pour approuver mes dires.
Ce qui l'empêchait totalement de m'éclabousser à son tour. En fait, être faible avait ses avantages. Si ils étaient respectés... Quoi qu'il en soit, il fut surpris, mais ça ne l'empêcha pas de rire et de se préparer à m'asperger à son tour. J'avais mis une main devant mon visage, tandis qu'il se stoppait. Je ne voulais pas avoir de l'eau plein les yeux, ni dans les cheveux.
« C'est pas juste. » marmonna t'il d'une voix boudeuse avant de faire mine de réfléchir.
Il était en train de réfléchir à quoi ? Il ne pesait tout de même pas le pour et le contre de si c'était ou non une bonne idée de s'en prendre à moi ? Ce qui m'effraya le plus, ce fut son grand sourire et le fait qu'il venait d'hausser les épaules.
« C'est trop facile comme excuse ! » dit-il d'un ton malicieux.
Je m'étais pris une immense douche d'eau... ok... juste un tout petit peu d'eau dessus. Mais c'était pas parce qu'il y avait été mollo que ça voulait dire que la faute était moins grave. Il venait d'attaquer une pauvre jeune fille fragile et sans défense ! C'était une crime de très haute trahison. Je lui aurai bien rendu l'appareil, si je n'avais pas aperçu quelque chose au loin, bouger dans l'eau. Mon sourire se dissipa rapidement.
« Jules ? Reviens ! » dis-je d'une voix forte à notre ami.
Il était toujours en proie à son filet, tandis qu'au loin quelque chose continuait de bouger sous l'eau et avançait de plus en plus rapidement.
Robyn W. Candy
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| Avatar : Jennifer Lawrence.
PANIQUEZ PAS J'VIENS JUSTE CHERCHER UN TRUC DANS MA BOITE MP
(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
| Conte : Les mondes de Ralph. | Dans le monde des contes, je suis : : Vanellope Von Schweetz, ou la princesse d'un royaume de sucreries qui préfère conduire des voitures en gâteaux.
Fallait vraiment qu'on parte, maintenant. J'comprenais même pas comment ça s'faisait qu'on soit encore là. Eagle pouvait revenir à n'importe quel moment. Et il serait sûrement pas content du tout de découvrir qu'on fouiné un peu partout. J'avais pas peur de lui. Mais par contre, j'avais peur de c'qu'il pourrait faire aux autres. Il était capable de blesser physiquement. Fallait prendre ça en compte.
Emily avait raison. On devait s'occuper d'Elliot. J'lui aurais bien dit « merci », pour... c'qu'elle m'avait fait. Mais j'osais pas trop. J'avais conscience du picotement d'mes yeux. Et c'était pas l'moment de s'mettre à pleurer. J'retournais plutôt vers Elliot, qui était toujours dans les vapes. Si on essayait pas d'le réveiller, si ça s'trouvait, il s'rait rester comme ça, à roupiller façon Belle au Bois Dormant au masculin. Genre là c'est l'prince qui ronfle et la princesse doit l'bisouiller après avoir combattu un dragon pour qui l'ouvre enfin ses yeux d'feignasses. Ouais mais non. J'étais pas sa princesse. Fallait pas compter sur moi pour essayer de l'réveiller en douceur. J'l'attrapais plutôt par les épaules et m'mis à le secouer, en f'sant quand même gaffe à c'que sa tête ballote pas dans tout les sens.
- On s'réveille, la marmotte ! L'hibernation est terminée !
P't'être qu'il avait b'soin de dormir. D'rattraper toutes ces nuits d'sommeil trop difficiles pour qu'on dorme correctement. Mais c'était pas du tout l'moment. Finalement, Elliot ouvrit les yeux. Enfin ! Il avait l'air tout perdu. Et puis c'était moi qui voyait pas bien, où ses ch'veux partaient encore plus dans tout les sens qu'avant ?
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
L'air hébété, il s'frotta les yeux puis les écarquilla en voyant l'espèce de source d'énergie trop spé J'le comprenais là.
- C'est quoi ce machin ?
Bonne question. J'aurai bien aimé qu'on m'donne la réponse à moi ici. Accroupie à ses côtés, j'passais ma main dans ses ch'veux et les ébouriffais encore plus.
- Ça brûle. Alors pas touche, p'tit bouletos.
Ça s'rait drôlement bête que lui aussi s'crâme la main comme Emily un peu plus tôt. Surtout que v'là qu'maintenant qu'le générateur s'métait à faire un bruit bizarre. Il bipait, un peu en mode bombe qui va exploser. Et j'voulais pas vraiment qu'ça arrive. Sur mes gardes, j'me dirigeais vers le machin. C'était p't'être rien. Mais au cas où faudrait s'mettre à courir très très vite, j'préférais aller vérifier.
Pas d'bombe à signaler, non. Par contre, relié à un enchevêtrement de câbles, y avait un espèce de casque. Mais comme ceux qui faut porter quand on veut faire du vélo. Là c'était un casque tout bizarre, branché par les câbles au générateur, et couvert d’électrodes qui bipaient. C'était donc ça. J'me penchais pour le ramasser et l'observer, en m'demandant si c'était une bonne idée d'l'essayer. J'voulais pas qu'ma cervelle s'mettre à exploser comme du pop-corn dans une machine au cinéma. J'avais bien vu c'que ça avait fait à Emily tout à l'heure. J'avais pas très envie d'souffrir. Mais en même temps... bah il était bien là pour une bonne raison. Si y avait un casque, c'était qu'fallait le mettre sur sa tête. Devait s'passer quelque chose, normalement. P't'être même qu'ça révélait quelque chose de méga important. Alors dans le doute...
J'posais finalement le casque sur le sommet de mon p'tit crâne, en serrant les dents et en fermant les yeux, prête à finir l'cerveau tout fondu. Mais il s'passa rien. Pas d'douleur. Pas de grand flash. Pas d'révélations. Juste des vibrations sûrement dues au courant électrique ou un truc du style. Et...
- Les somnifères !
Une voix qui avait l'air pas toute jeune avait comme résonné dans mon crâne. Mais j'étais pas sûre. P't'être qu'c'était juste Vaiana ou Emily qui avait parlé et qu'ça avait résonné dans la grange. Dans l'doute, j'retirais quand même le casque. Sur lequel Elliot se précipita pour l'essayer.
- Je me sens comme le professeur Xavier avec le Cerebro ! Tu connais les X-Men ?
Il s'mit à jouer avec le casque. Comme si c'était censé être un jouet. J'voyais pas la ressemblance. Si ça s'trouvait, c'était radioactif ou super dangereux pour notre santé.
- Hein ? Des somnifères ? Hé mais ça marche vraiment ! J'entends quelqu'un qui parle dans ma tête !
J'sentie le sang m'quitter le visage. Il avait entendu la même chose que moi. Comment... comment ça pouvait être possible ? Le casque permettait vraiment d'entendre quelqu'un parler d'somnifères ? Ça m'inspirait pas confiance du tout.
Prise d'un frisson pas rassuré, j'me précipitais vers le générateur pour l'éteindre, histoire qu'on s'fasse pas choper si Eagle revenait, puis allait attraper Elliot par l'poignet, en l'traînant derrière moi. Fallait qu'on sorte de là. Et que cette fois, on parte pour de bon. J'voulais pas rester plus longtemps dans c'ranch d'malheur.
- Viens vite avant qu'tu deviennes chauve et qu'tu doives te balader en fauteuil roulant.
J'aurai p't'être pas dû dire ça. J'vis les yeux d'Elliot s'ouvrir tout grand, en brillant d'émerveillement. Il était content d'l'idée de devenir chauve et handicapé ?
- Et tu connais les Tortues Ninja aussi ? Parce que j'adore les Tortues Ninja ! Et les Razmoket ? Albert le cinquième mousquetaire ? Le Bus Magique ? Babar ?
Il était lancé. C'était pas que j'voulais pas l'écouter... mais là, j'avais pas l'temps d'l'écouter. Fallait que j'le coupe avant qu'il énumère tout ses dessins animés préférés.
- Ouais, j'connais ! Mais juste les Tortues Ninja. J'mâte pas beaucoup la télé. Faudra que tu m'racontes. Mais plus tard, ok ?
Quand on s'en sortirait tous vivants, en quasi un seul morceau. Pour l'instant, fallait que j'nous trouve un moyen de transport pour qu'on s'mette en route. J'levais la tête vers le ciel, la main en visière contre mon front, pour observer le gros aigle de tout à l'heure qui volait haut et avait l'air d'nous regarder. On devait être des fourmis pour lui. Est-c'qui pourrait m'entendre d'là où il était ?
- Eh toi ! L'aigle géant ! Faut qu'tu descendes ! Et qu'tu nous emmènes très très loin d'ici ! S'te plaît !
J'braillais dans l'air, les yeux plissés à cause du soleil, mais il avait l'air d'même pas m'calculer. Il continuait à faire des rondes dans le ciel comme si il surveillait un truc. J'me disais aussi qu'on pouvait pas lui faire confiance, à c'gros poulet.
- Bon bah j'crois qu'il va falloir s'débrouiller sans l'aide de c'lui là. Faut qu'on s'barre d'ici. C'que j'propose, c'est qu'on prenne de l'eau, qu'on embarque un p'tit truc à bouffer et qu'on parte à ch'val. Vous en pensez quoi ?
J'trouvais qu'c'était le meilleur plan qu'on avait pour l'instant. À moins que quelqu'un avait une idée encore meilleure ?
- Je... je pense pas que c'est une bonne idée... c'est dangereux et il y a des bêtes sauvage et c'est très chaud le désert...
Emily j'tait des p'tits coups d’œil autour d'elle, avec ce p'tit air apeuré qu'elle avait toujours l'air d'afficher. J'comprenais pourquoi elle stressait là. Mais qu'ce qu'on pouvait faire d'autre ?
- Si on part tous ensemble, on aura plus de chance de s'défendre. En plus si on reste ici, j'pense qu'y a des fortes chances pour qu'on crève aussi.
- Non !
J'regardais avec surprise la p'tite blonde qui tout à coup semblait vachement sûre d'elle. Non quoi ? On allait pas mourir ? Fallait pas qu'on parte ensemble ?
- Je suis pas d'accord. Moi je veux rester ici, Monsieur Eagle il est peut être sévère mais il nous a jamais fait de mal !
Elle pensait vraiment ça ? J'fronçais les sourcils à son attention et croisais les bras.
- T'es sérieuse ? Il a pas hésité à punir Cassandre. Il lui a fait du mal. Alors y a d'fortes chances qu'il nous fasse du mal aussi, vu qu'on lui a désobéi.
C'était pas un tendre, le Eagle. P't'être qu'les coups de ceinture pour lui c'était l'équivalent d'une histoire du soir, mais j'm'en fichais. J'voulais pas avoir le dos en sang et la peur au ventre.
- Oui, il va sûrement nous punir... Mais moi je veux pas partir. Moi je veux rester avec lui...
Emily fit une pause, sa voix faisant des tremolos, alors qu'elle rentrait la tête dans les épaules. C'était pas d'la peur ça ?
- Il nous a donné à manger, et c'est occupé de nous alors qu'il aurait pu nous laisser au milieu du désert alors que personne lui a demandé !
Elle fit une nouvelle pause, avant d'lever des yeux brillants vers moi. J'comprenais pas tout, mais elle avait l'air drôlement ému. J'me demandais si Eagle avait été là pour voir ça, est-ce que ça aurait réchauffé son p'tit cœur desséché ?
- C'est le meilleur endroit où j'ai jamais été, je veux pas partir ! Il nous protège !
Alors là... j'en restais sans voix. J'étais choquée. Comment elle pouvait penser ça ? Quelle vie elle avait vécu au point de se sentir en sécurité avec Eagle ? Sûrement des choses pas cool du tout. Voir terribles, même. J'la fixais longuement, ouvris la bouche, la refermais, hésitais encore une fois.
- D'accord. On part pas à ch'val. Pour l'instant, on reste là. Mais si ça devient trop dangereux, on s'en va. OK ?
Elle s'contenta de baisser les yeux et d'rester silencieuse. J'prennais ça pour un « oui », alors. De toute façon, si il s'passait quoi que ce soit, j'la choperais et la porterais en mode sac à patates sur mon épaule si besoin. J'la laisserais pas ici toute seule. Surtout pas avec Eagle.
J'levais une nouvelle fois la tête vers le ciel, pour voir si finalement l'aigle était pas d'retour. Sinon, j'allais p''t'être retourner à ma voiture. J'avais pas eu l'temps d'essayer de terminer mes travaux dessus avec tout c'qui s'était passé.
Mais cette fois, mon regard s'posa pas sur le gros oiseau. Parce qu'à la fenêtre du premier étage de la maison, y avait une nouvelle p'tite blonde qui nous observait d'un air à la fois attentif et un peu anxieux. Elle avait ouvert la fenêtre pour pouvoir se pencher un peu. Même si la situation était encore plus spé, j'me rendis tout de suite compte que c'était la première fois qu'voyais cette fenêtre ouverte. Dommage qu'elle soit si haute, j'pouvais pas voir l'intérieur de la pièce.
- Il a parlé de somnifères dans son sommeil.... D'habitude il ne parle pas. Vous n'auriez pas dû entrer dans la grange.
En se mordant la lèvre, elle regarda derrière elle, à l'intérieur de la pièce. Puis de nouveau dehors. Vers nous. Elle avait l'air un peu réprobatrice. Y avait quelqu'un avec elle ? C'était la personne qui parlait d'somnifères dans ma tête et celle d'Elliot ?
- T'es qui toi ? T'as qui avec toi ? C'est qui qui parle ? Réponds ou sinon j'demande à notre aigle géant de v'nir t'attraper !
J'avais mis mes sur mes hanches, en prenant un air sévère. Comme si j'étais une adulte pas contente qui voulait la rouspéter. Ils faisaient toujours ça, les adultes. Et ça arrivait à faire méga peur.
- Marahute ne fait de mal à personne ! Elle n'essayerait pas de m'attraper méchamment, même si tu lui ordonnais !
Quoi ? Elle croyait qu'j'avais insulté l'aigle ? Et qu'j'voulais qu'il lui fasse du mal ? J'avais rien dis moi ! J'voulais juste qu'il l'attrape ! Ou plutôt qu'elle l'attrape. L'aigle était... une fille ?
- J'ai un vieux monsieur malade avec moi. Je dois m'occuper de lui. Je pense... je pense qu'il a voulu faire passer un message avec les somnifères. Monsieur Eagle en prend pour dormir la nuit. Le pauvre n'arrive pas à trouver le sommeil autrement.
Elle avait l'air triste. J'comprenais pas pourquoi. J'me sentais pas désolée parce que Eagle arrivait pas à dormir. Il exploitait des enfants ! La fille tourna de nouveau la tête vers l'intérieur et sembla se mettre à réfléchir longuement. Comme si elle hésitait à quelque chose.
- Je crois... je crois qu'il a de la fièvre mais je sais pas comment faire pour l'aider... Si je vous ouvre la porte de la chambre, vous promettez de ne rien toucher ? Vous promettez de ne rien dire à monsieur Eagle ? Il m'a fait jurer de ne laisser entrer personne...
M'étonnait pas de lui, ça. Elle était anxieuse. À cause d'Eagle. Encore. Y avait pas besoin d'autres preuves pour comprendre qu'il était un psychopathe !
- On dira rien du tout ! On est pas une bande de menteurs ! Nous, tu peux nous faire confiance. C'est promis juré ! Si j'mens, j'vais en enfer ! Et tout pareil pour les autres ! Hein les autres ? On veut juste v'nir voir. Et p't'être même aider si on peut.
J'avais envie de retourner à ma voiture. D'la réparer vite fait et de rouler vers le soleil couchant et les coyotes méchants. Mais j'voulais trop savoir qui était avec cette p'tite blondinette. Si y avait un autre adulte... p't'être que lui pourrait nous aider !
- Vous v'nez tous avec moi ?
Pas qu'j'avais peur de monter. Mais j'voulais juste savoir si on f'sait tout un groupe ou on se séparait pour qu'y en a qui montent la garde ou c'genre de choses. T'façon là c'était trop tard. J'venais d'entrer dans la maison pour aller à l'étage, avec du monde sur mes talons. Bon bah on allait venir en force.
C'est le meilleur endroit où j'ai jamais été, je veux pas partir ! Il nous protège !
Elle ne comprenait pas. Monsieur Eagle ne leur avait jamais vraiment fait de mal. Certes il n'était pas le genre de personnes qui donnait des calins et des bonbons, mais sinon.. Quoi, il leur avait mit une taloche de temps en temps ? Il avait punis Cassandre, oui, mais ca ne lui avait pas fait plaisir, elle l'avait vue ! Il n'aimait pas les frapper, il le faisait parce qu'il pensait que c'était ce qu'il y avait de mieux a faire.
Non, il ne leur avait jamais vraiment fait de mal. Il ne les avait jamais frappé jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus bouger, il les laissait manger a leur faim et il n'était jamais venue les emêbeter dans leur chambre. Robyn et les autres ne se rendaient pas compte de la chance qu'ils avaient. Monsieur Eagle les protégeait des bêtes sauvages ! On avait finit par lui raconter ce qu c'était passé avec le serpent ( ce qu avait enore plus accentué son admiration pour Jules qui était très courageux ) et ce qu'elle en avait retiré c'était que le vieil homme avait simplement soigné Jules au lieu de le laisser mourir bêtement.
Et puis il y avait ce... ce souvenir. Cette « vision » qu'elle avait eut. De deux, de elle adulte. Ce n'était pas difficile a comprendre non ? Pourtant une partie de son cerveau n'arrivait toujours pas a l'admettre. Elle était une enfant et pas cette fille a l'air maussade et colérique ! Quand a Eliott... Elle lui jeta un regard furtif.
Si – et elle disait bien SI – elle était adulte avec lui... pourquoi est ce qu'il la tenait avec des menottes ? Qu'est ce qu'elle avait fait de mal ? Emily secoua la tête. Ce n'était pas le moment d'y penser, elle devait... oublier tout ca, faire comme si ca n'avait jamais existé. Elle avait vraiment eut peur que les autres touches quand même la chose brûlante – sa main la lançait encore affreusement – mais ils ne l'avaient pas fait. Une fois qu'ils avaient sortit Eliott de la grange, elle avait soigneusement remis le panneau de bois en place de facon a ce qu'on ne remarque pas l'ouverture. Peut etre qu'elle pourrait y retourner cette nuit ou une autre pour... mieux comprendre ?
Et puis même si elle défendait Monsieur Eagle, ca ne voulait pas dire qu'elle avait envie de le mettre en colère et de se prendre une féssée. Elle suivit Robyn et les autres qui c'étaient dirigé vers la maison, avant de grimper les marches de l'escalier pour s’arrêter devant [url= http://24.media.tumblr.com/a88cf58090b7f66acb1a60ee5558d0b6/tumblr_mgidnc6GI51qej1qro4_250.gif]une fillette[/url], plantée dans le couloir juste devant la fameuse porte entrebâillée. Elle tenait Fifi tout contre elle tout en leur jetant un regard un peu craintif.
"Je suppose qu'elle est à toi. Elle est très jolie." fit elle en la lui tendant.
"Tu peux la garder si tu veux, c'est un cadeau... Moi je m'appelle Emily et toi c'est quoi ?"
Son visage s'illumina brusquement et elle ramena la poupée contre elle avant de la regarder a nouveau et de la lui rendre quand même.
"Merci mais... mieux vaut que tu la gardes. Tu en as besoin. Moi, j'ai mes dessins." dit elle en désignant le hamac avec les feuilles dessus et par terre, et ses crayons de couleur bien alignés sur le sol.
Emily haussa les épaules et repris Fifi soigneusement. C'était pas grave si elle préférait les dessins. Et puis elle pourrait lui en donner une autre poupée plus tard, elle devrait la fabriquer ce serait pas difficile. L'inconnue sembla hésiter avant de poser sa main contre la porte.
"Ne faites pas trop de bruit une fois à l'intérieur. C'est un monsieur très vieux et très fatigué." fit elle a voix basse d'un air grave.
Emily hocha la tête promettant silencieusement de rester tranquille. La porte s'ouvrit tout doucement, révélant une chambre encombrée. Emily plissa le nez, ca ne sentait pas très bon. Un mélange de sueur et d'air lourd, d'une piece mal aérée bien que le ventilateur qui était installé dans un coin tourne a plein régime. La brise chaude qu'il produisait faisait frémir les feuilles qui jonchaient le sol.
Dans un coin de la pièce, on avait installé un petit hamac suspendu, et en face, un bureau en désordre. Dans un coin ombré de la pièce, elle aperçut enfin un lit sur lequel était allongé un vieil homme noir. Son visage, marqué par l'age, était recouverts de rides comme un vieux pruneau flétri. Il était maigre, chétif comme un nouveau né presque. Son teint – un peu pale- et sa respiration lente ne laissaient pas vraiment de doutes sur son état de santé. Il avait les yeux fermés, comme si il dormait et ses cheveux blancs formaient une masse un peu longue et moutonneuse sur son crane.
"Je dois m'occuper de lui." déclara la fillette en allant a son chevet. "Mais il a de la fièvre et je ne sais pas quoi faire..." Elle prit un gant de toilette posé dans une bassine a coté du lit, l'essora et tappota doucement le front du vieil homme en se mettant sur la pointe des pieds, pour essuyer a sueur qui perlait.
Emily s'approcha du lit et s'assit sur le bord, attrapant délicatement la main du vieil homme.
« Je sais pas trop soigner les gens... » C'était vrai, is avaient besoin d'un docteur.. ou peut être que Jules aurait pu les aider, il était très intelligent ! Mais il n'était pas la, alors ils devaient de débrouiller sans. Elle fronça un instant les sourcils, faisant apparaître une petite ride sur son front en essayant de se rappeler comme on avait soigné les enfants quand ils étaient malades. A Sunnyvale, ils allaient a l'infirmerie, et elle se souvenait que dans ses familles d'accueil, les enfants devaient rester au li et bien manger. « Normalement je crois qu'il faut du repos et un bon repas. Vous avez mangé ? »
La petite fille hocha la tête et d'un geste de la main, lui désigna quatre boites de conserve, dont une ouverte un peu plus loin, avec des mouches qui volait dessus .
"Monsieur Eagle m'a apporté ça avant de partir. Mais le vieux monsieur dort tout le temps, je ne peux pas le nourrir... Avant, il se réveillait par moments. Maintenant, plus du tout..."
Elle se mordit les lèvres, les yeux humides en regardant le viellard.
« Et lui c'est qui ? »
"C'est mon ami..."
« Pourquoi vous vous cachez ici ? »
"Et on ne se cache pas.'' répondit elle en se tournant vers Emily avec un regard perplexe. ''Monsieur Eagle m'a demandé de veiller sur lui, tout comme il m'avait demandé de veiller sur vous quand vous êtes arrivés. J'aimais bien vous regarder dormir. Vous avez de beaux rêves. Je ne les voyais pas mais je les imaginais." reprit elle en les regardant successivement chacun leur tour.
Emily se sentit mal a l'aise et détourna les yeux. Elle n'avait pas l'impression qu'elle fasse de « beaux rêves » au contraire... Du pouce, elle caressa le dos de la main du viellard sans vraiment savoir quoi faire.
« Alors pourquoi on t'a jamais vue ? Et puis pourquoi on avait pas le droit de venir ici ? »
"Monsieur Eagle m'a bien dit de ne laisser entrer personne, sûrement pour ne pas déranger le vieux monsieur comme il est fatigué. Il fait que de dormir depuis qu'il est là. Je ne sors pratiquement pas pour pouvoir bien veiller sur lui." dit elle d'un ton sérieux.
Le vieil homme avait besoin de médicaments mais elle n'étais pas sure qu'ils en aient et puis elle ne savait pas lesquels elle devait donner. Elle regarda ses amis et eut une idée en apercevant Eliott, les cheveux encore ébouriffés.
« Peut être qu'on peut le forcer a se reveiller ? Un peu comme Robyn a fait avec Eliott ! Et comme ca il mangera et il ira mieux ! »
"Non... on ne peut pas le forcer à se réveiller." dit elle en se penchant devant le vieux monsieur comme pour la proteger d'Emily. Pourtant elle n'avait pas l'air si sure d'elle.
Emily quand a elle se leva et fit quelques pas pour aller chercher une boite de conserve, avant de s'areter pour regarder l'un des dessins de sa nouvelle amie. Elle se pencha et pris délicatement une feuille dans ses mains, observant un monsieur noir en armure qui tenait un baton, au milieu d'une prairie avec des arbres, du soleil et des fleures. Elle dessinait bien !
"C'est ta maison ?" demanda elle en revenant vers eux avant de s'asseoir sur le lit. "Tu sais Robyn elle a reveillé Eliott tout a l'heure... On peut faire pareille avec ton ami mais sans le secouer, en faisant touuuuuut doucement ! Parce que il doit manger, c'est important."
"Oui, c'est là d'où je viens. Il y a longtemps." répondit elle dire avec l'ombre d'un sourire rêveur qui va disparut très vite. Elle fixa le viel homme d'un air anxieux, réflechissant un moment avant de hocher la tête.
"D'accord. Réveille-le tout doucement alors. Je te fais confiance." Gloups. Gloups, gloups gloups.
Pourquoi c'était a elle de le faire ? Qu'est ce qu'elle avait eut comme idée ? C'était idiot ! Enfin non mais... avoir ce vieux monsieur a porte de main et la lourde responsabilité de le reveiller... ca faisait peur ! Emily déglutit difficilement pris son courage a deux mains, posant délicatement la main sur l'épaule du viel homme.
"Monsieur ? Monsieur faut vous réveiller c'est le matin..." avec une infinie douceur, comme si elle avait peur de lui casser l'épaule ( ce qui était totalement le cas ) elle la lui remua pour qu'il ouvre les yeux. "Allez ouvrez les yeux, faut que vous mangier un peu... debout..."
Au début...il ne se passa rien. Rien de rien, il continua a dormir. Et tout a coup, il ouvrit les yeux. Blanc. Ils étaient tous blancs, blancs comme si il n'avait pas d'yeux. Emily fremit, avalant sa salive en sentnt son cœur battre plus fort. Faiblement, doucement le viel homme baissa les yeux vers elle et se mit a marmonner :
"Le canard... le joli petit canard !"
Quoi ? o_O
"Doucement, doucement. Oui c'est le joli petit canard, vous m'avez racontée son histoire, monsieur." murmura la petite blonde dont ils ne connaissaient toujours pas le nom, d'un ton apaisant en caressant sa main pour le calmer.
Le vieux monsieur redressa un peu la tête comme pour "voir" Emily malgré sa cécité. Elle rentra un peu la tête dans les épaules et lacha, d'un ton timide, pour echapper a la gène et détendre l'atmosphere :
"Coin-coin ?"
L'homme tressaillit du regard, trop faible pour sourire avant qu'elle ne reprenne :
"Comment vous savez ? J'ai pas mes plumes..." Elle avait un peu haussé les épaules en regardant ses bras, vivant parfaitement bien le fait d'être a la fois un canard et une petite fille. Elle ouvrit difficilement la boite de conserve et plongea une cuillere dedans. "Tenez, il faut que vous preniez des forces ! vous etes malade " reprit elle d'un ton sérieux comme les docteurs.
"Je les vois, tes plumes." répondit il d'un ton faible mais amusé. "Elles sont dans ma tête. Quand tu rêves, tu m'emmènes avec toi, même si tu ne me vois pas."
Gloups. Elle n'avait pas trés envie qu'il voit ses reves ce n'était pas très... joyeux. Il avait tout vu alors ? Elle n'avait pas envie qu'il ait tout vu, c'était... c'était son secret a elle. Mais son sourire bienveillant la rassura un peu. Il ne le raconterai pas a tout le monde, enfin elle l’espérait. Et en échange la prochaine fois, elle ferait exprès de rêver d'un truc amusant.
La petite fille qui le surveillait l'aida a se redresser en calant correctement l'oreiller pour le maintenir un peu a la verticale afin de manger.
"Tu vas me donner la becquée, petit canard ?" demanda il d'un air taquin à Emily.
Celle ci eut un petit rire et, plus du tout effrayée pour le coup, lui amena une cuillere jusqu'à la bouche.
« Bah oui ! T'es vieux et fatigué, mais je t'aime bien ! Moi je m'appelle Emily et toi c'est quoi ? »
« Tjungurayi »
« Tjgurdncwkx …. Je peux t'appeler « Jun » ? J'y arrive pas ton nom... »