Les yeux tournés vers le ciel, je tente de retrouver un semblant de raison dans cet enfer où je me suis plongée. Bien qu’immobilisé sur le sol de cette ruelle sordide, mon corps est parcouru de spasmes violents ! J’ai froid… je sens que tout mon corps est gelé… Rien d’étonnant à cela ! Après tout, mes vêtements déchirés ont laissé mon corps à moitié dénudé. Mon ventre ! De tous les maux que je peux ressentir en cet instant, ce sont les morsures infligées par un froid glacial qui me font le plus souffrir ! Pourquoi ai-je aussi mal ? Qu’a-t-il bien pu m’arriver ?

Soudain, je me rappelle ! Ce sourire diabolique, la lame du poignard qui a transpercé ma chair si aisément, la joie malsaine qu’il a prise à me torturer… Je connais mon agresseur. Il me semble que je le connais pratiquement depuis toujours ! Mais pourquoi ne parvins-je pas à le situer ? Pourquoi une telle connaissance me semble alors véritablement étrangère ?

Soudain un cri ! Une voix s’élève dans le lointain et appelle mon nom. Cette personne se précipite vers moi et me prend tendrement dans ses bras. Ne parvenant pas à la dévisager clairement, j’ose dans un murmure.

« Sh… Sherlock ? »

Puis les traits de font plus net au fur et à mesure que les secondes passent. J’ai du mal à en croire mes yeux lorsque l’homme qui se tient devant moi s’avère être la dernière personne que j’imaginais à mes côtés en un tel moment.

« Balthazar, c’est toi ! »

Lentement, je sens mes forces m’abandonner. La douleur se fait plus vive de minutes et minutes et je comprends bien vite qu’il ne s’agit pas d’une blessure ordinaire. Celle-ci à perforer l’abdomen et le sang s’écoule déjà abondamment sur le sol qui nous entoure. Vais-je mourir ce soir ?

Mourir comme j’ai toujours rêvé de le faire ? En lisant une pointe d’inquiétude dans ses yeux… ces magnifiques prunelles que j’ai toujours tant aimées ! Moi qui croyait lui être totalement indifférente, j’ai enfin l’impression de retrouver la place que je méritais. Allongée entre ses bras, je repose ma tête lentement contre son torse. Quelle importance de voir le sang s’écouler de mon ventre ? De sentir le souffle glacial du vent brûler ma chair à vif ? Il est là à mes côtés et c’est tout ce qui compte à mes yeux.

Oh mon amour, quel mauvais coup du sort nous a joué ce destin tragique !

Notre histoire n’aura été en somme qu’une de ces tragi-comédies dont personne n’a jamais voulu. Une farce que tout le monde n’aura jamais cessé de railler… et lui le premier ! Et maintenant que je m’en vais, une seule question me hante.

Finirais-je par te manquer ? Occuperais-je encore une petite place dans tes pensées furibondes, lorsque tu croiseras ma pierre tombale lors de tes errances au cimetière de Storybrooke ?

Puis soudain, une idée me vient ! Une idée sombre et malicieuse qui fait naître un rictus fatigué sur mes lèvres. Dans un effort surhumain, je pose ma main sur celle qu’il a gardée sur mon ventre. Arrêter le flot tragique des évènements ? A quoi bon, sweetie, puisque rien ne peut empêcher le destin de se produire ?

« Balthazar je… je voulais que tu saches… ! »

Dans un souffle plaintif, je tente de remettre mes idées en place. Il y a tant de choses que j’aurais voulu lui dire. Tant de secrets que j’aurais voulu partager. Mais mon cœur crie d’aller au plus pressé. N’a-t-il d’ailleurs pas raison, lui qui fait tant d’efforts désespérés pour poursuivre sa course effrénée ? Il est temps que je lui accorde enfin le repos éternel. Son dernier battement, je veux qu’il le destine à cet homme qui partage mes derniers instants à mes côtés.

« Je… je t’aime ! »

Je sens alors mes paupières se faire de plus en plus lourdes. La dernière goutte de sang échappée de mon corps a été celle de trop. Je glisse lentement vers le néant, vers ce grand inconnu que j’ai tant de fois voulu explorer ! Mon regard se porte alors sur les lèvres de mon barbier. Je n’ai plus assez de force en moi pour déposer un tendre baiser sur ces dernières. Dommage, j’aurais pourtant tellement voulu pouvoir y goutter une dernière fois !

Poussant un dernier gémissement de douleur, je m’abandonne doucement à la mort, tout en m’agrippant à lui. Puis soudainement, quelque chose détourne mon attention. Un rire que j’entends raisonner à mes côtés, empli de joie et respirant l’innocence. Je me tourne alors vers elle, curieuse de découvrir l’identité de cet inconnu. C’est alors que je vois. Un petit garçon vêtu à la mode victorienne s’approche de nous. Il ne doit pas avoir plus de 12 ans. Une chevelure blonde bouclée, un sourire à faire fondre un cœur de glace, il plonge son regard perçant dans le mien. Ils sont si magnifiques ! Je n’ai jamais vu un tel éclat si ce n’est dans… celui de son père ?

« An… Anthony ? »

Je n’ai plus la force de bouger. Cependant, il me semble que dans mes délires, ma main se tend dans sa direction. Je lui adresse alors une prière que je souhaite voir rapidement exaucée !

Envole-moi, mon bel ange gardien ! Entraîne-moi vers ce paradis qui m’était destiné et dont tu connais si bien la route !

Une larme perle encore sur ma joue. Un dernier signe de vie adressé à mon barbier. Ce n’est pas un symbole de tristesse, non ! C’est au contraire un témoignage de reconnaissance. Car je sais que maintenant et pour le reste de l’Eternité, je lui appartiendrais à jamais !