« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
"- Quand on se quitte pour un jour, c'est peut-être pour toute la vie. - Oui, mais aussi quand on croit se quitter pour toute la vie, il peut se faire que ça ne spot que pour un jour." George Sand, Les Maîtres Sonneurs
Marinette serra dans ses mains Tikki. Cette petite coccinelle avait laissé une place vide dans son coeur lorsqu'elle avait fait le choix de l'abandonner à son départ. Les mots entre elles furent bref, mais d'un réconfortant sans limites. Elles pleuraient ensemble à chaude larmes. Oh oui, elles s'étaient tellement manqués. Et maintenant ? Quel choix allait devoir faire la jeune femme ? Concernant Tikki, Ladybug, le comte Phantomhive dans un optique plus immédiat et... Adrien.
Il fut un temps pas si lointain, l'asiatique aurait sauté de joie face à cet aveux et ce baiser échangé. Seulement désormais... tout avait changé. Elle n'était plus la même. Il n'était plus le même non plus, et malgré ses dires, elle savait qu'il se rattachait encore à l'image de Ladybug. Elle n'était pas aveugle, il ne l'avait réellement aimé que lorsque les morceaux du puzzle s'étaient assemblés. Si l'héroïne avait été une autre, aurait-il refréné le peu de sentiments qu'il avait pour elle pour lui courir après ? Marinette n'avait pas la réponse et à vrai dire, ce n'était pas vraiment l'heure de se poser ce genre de questions. Il y avait un autre soucis non réglé.
Les manipulations de la maison Phantomhive à leur effet et son potentiel suicide. Mari avait encore du mal à assembler tout les éléments et savoir ce qu'elle devait faire. Peut-être était-ce parce qu'elle avait vécu beaucoup de choses en une soirée, autant au niveau émotionnel que physique. La fatigue se ressentait dans tout son corps. Ou alors, était-ce les effets des anti-douleurs injectés. Là encore, elle n'avait pas vraiment de réponse, mais l'horloge tournait, il fallait en donner une.
Marinette observa de nouveau l'écrin contenant ses boucles d'oreilles. Quelle solution était la plus judicieuse ? Pas seulement pour elle. Mais pour tout le monde. Les autres étaient sans doute toujours en train de courir après un leurre... ils ne pouvaient pas se permettre de les abandonner ainsi... Ce n'était pas le serment qu'ils avaient fait en recevant ces bijoux. Ils ne pouvaient laisser personne derrière eux... Et si elle refaisait une erreur ?
- Nous devrions prendre une décision n'est ce pas ?Demanda-t-elle à l'homme qui se tenait à ses côtés. Comme il l'avait toujours fait. - Tu parles de Ciel ? - Oui... je ne sais pas si je suis... apte à reprendre du service ... - Si je t'ai donné le miraculous maintenant ce n'est pas pour te forcer à remettre le costume, Marinette. Plutôt parce que ces boucles d'oreilles sont à toi et que Tikki voulait te voir. Aussi parce que Plagg et Tikki ensemble, c'est compliqué.Il se gratta la nuque tout en rigolant nerveusement. Enfin ce que je veux dire c'est prends le temps qu'il te faut.
Elle se permit un léger rire en imaginant la cohabitation des deux kwamis. Adrien essayait de détendre l'atmosphère. Elle le remerciait silencieusement pour ça.
- Malheureusement, le temps, nous ne l'avons plus... Je ne sais pas si je peux redevenir Ladybug, mais je ne peux pas laisser les autres subir les caprices de ce comte. Et... peut être est-ce un appel au secours de sa part aussi ? Je sais que c'est peut être insensé. Moi même je pense que ça ne nous regarde pas mais... - Mais on devrait l'aider. Peut être qu'il a vraiment envie de mourir et si c'est vraiment son souhait on ne peut pas le retenir mais j'aimerai en être sûr avant. Il afficha un air grave repensant à la jeune femme qui avait essayé de se suicider devant lui. Je n'aime vraiment pas cette soirée... Deux personnes qui veulent se suicider dans mon entourage. Ça fait beaucoup ... Il resta un moment avec son air grave avant de resourire à nouveau. Je peux enfiler le costume à ta place si tu le souhaite. Mais comment faire pour ne pas éveiller les soupçons ... - Je ne te le fais pas dire... Cette soirée est une horreur... moi qui voulait me changer les idées... Elle reprit son inspiration, essayant de se calmer. Ça risque d'être compliqué, nous sommes peu nombreux... Comment expliquer que nous nous baladons là ? Elle regarda sa jambe avec dégoût. Je risquerais d'être un poids en plus...
Pourquoi avait-il fallu qu'elle se blesse dans ce genre de moment ? Si elle s'était sentie inutile et fautive lors de la mort de son mentor, là c'était encore pire. Elle ne pourrait qu'observer la situation... Mais au fond, n'était ce pas ce qu'elle voulait ? Pourquoi cette rage montait en elle de ne pas pouvoir reporter son costume ?
Une part d'elle se disait toujours qu'elle n'avait pas à se mêler de ça, que cela ne la concernait pas et qu'elle devrait rentrer chez elle se reposer. Pourtant, une autre prenait de plus en plus de place dans son esprit. Elle devait les aider. Elle devait les sauver.
- Je peux agir dans l'ombre. En temps que Chat Noir ce ne serait pas compliqué. Mais j'ai peur que quelque chose se passe mal. Il se mordit la lèvre inférieur. Je ne veux pas que mon père comprenne. Ce serait trop dangereux pour lui. Je peux y aller comme ça mais j'ai peur d'être inutile. Il fixa Marinette avant de lui sourire. Toi, tu te reposes surtout. - Je ne peux pas non plus te regarder partir en restant les bras croisés !Cria-t-elle. Elle se ravisa, lorsqu'elle comprit que s'emporter ne servirait à rien... Après tout, c'était elle qui avait dit il y a quelques minutes qu'elle n'était pas prête... Le pauvre ne risquait pas de comprendre ce qui se passait dans son esprit. Je... j'ai besoin de me sentir utile Adrien... tu comprends ? - Tu l'as toujours été Marinette. Pour Paris, pour Storybrooke, pour tes amis, ta famille et moi. Tu ne veux pas te reposer un peu ? Il fixa un moment là jeune femme avant de sourire. Je suppose que non. Ça fait partie de ton caractère après tout. Alors on doit trouver une solution toi et moi. Je te porterai si il le faut. - Merci de me comprendre. Ajouta simplement l'asiatique.
Une jeune dame mit fin à leur conversation en toquant à la porte de sa chambre d'hôpital. Elle entra ensuite, n'attendant pas d'autorisation particulière. Elle était différente de la première qui s'était occupée d'elle, mais semblait aussi douce et avenante. Fixa la jeune fille, elle demanda:
- Marinette Dupain-Cheng ? - Oui ? - Une personne souhaiterait vous voir. - Qui ?
Marinette, tout comme Adrien, fut surprise de cette visite soudaine, qui pouvait donc bien savoir qu'elle était là ? Dans cet hôpital précis parmi ses connaissances ? Les choses ne venaient-elles pas de se faire ? Cela n'envisageait rien de bon selon son instinct.
L'infirmière prit son calepin et tourna quelques pages avant d'enfin trouver un nom.
- James... Whitehall ? Il est à l'étage du dessous et était persuadé vous savoir ici également. Je vois qu'il n'a pas tort mais... Vous ne semblez pas en état de vous déplacer. Il souhaiterait vous parler mais aux vues des circonstances... - James Whitehall ? Ce nom ne me dit rien... Elle jeta un coup d'oeil en direction d'Adrien. Et toi ? - Ce nom me dit quelque chose ... Adrien réfléchit un moment avant de hausser les sourcils tout en se tournant vers Mari. Je pense que c'est une mauvaise idée Marinette. - Ça l'est. Répliqua l'infirmière. Si votre amie est blessée, elle n'aura pas l'autorisation de se déplacer. Par contre... Il insiste... - Mais puisque je n'ai pas l'autorisation de me déplacer... est ce si urgent ? Nous pourrions le revoir plus tard ?
La femme soupira en hochant la tête.
- Il doit être opéré mais refuse d'y aller tant qu'il ne vous aura pas dit quelque chose...Non, vous avez raison. Ce n'est pas raisonnable. J- Je me chargerais de le calmer...
Qui pouvait-il bien être pour la réclamer de la sorte ? Son opération était-elle si urgente ?
- Le calmer ? Comment ça ? - Il est très angoissé.Admit-elle dans un sourire fatigué. - Attendez ! Les interrompit Marinette. Je vais aller le voir. - Hors de question. Je ne serais pas professionnelle si je vous laissais vous lever. Restez ici, je vous prie. Vous n'êtes pas en posture pour vous déplacer, ça ne ferait qu'aggraver votre cas. Mais... Si vous le souhaitez... Elle se dirigea vers Adrien. Je peux toujours passer un message ou bien vous pouvez le faire. Vous dites le connaître... ?
Le laisser seul avec cet homme qui la réclamait ? Pas question. Elle avait mis sa mauvaise impression de côté, maintenant elle voulait savoir ce qu'il cherchait.
- Je peux me déplacer Madame ! Mon ami m'aidera, il ne s'agit que d'une jambe cassée. S'il vous plaît... il doit se faire opérer non ? - Madame. Elle posa une main sur ses draps. Promettez-moi de rester tranquille et de ne pas sortir d'ici. Un patient ne doit pas vous mettre dans cet état. - Bien. Admit froidement Marinette. - Tu veux qui j'y aille ?
La super-héroïne soupira.
- Je n'aime pas l'idée que tu y ailles sans moi... - Tu veux que je t'appelle en même temps ? Tu entendras toute la conversation. - Je pense que je n'ai pas d'autres choix... - Promis je fais attention et je reviens vite. Tu me fais confiance partenaire ? Il afficha un grand sourire. - D'accord. A tout de suite.
Si elle avait pu avoir le sentiment de se sentir inutile l'instant d'avant... cette infirmière venait de lui confirmer ses pensées. Elle n'avait même pas l'autorisation de bouger pour aller à l'étage d'en dessous, alors comment irait-elle sauver les autres ?
Toute souriante, la femme en question quitta la pièce en compagnie d'Adrien, satisfaite que la jeune fille ait fait, selon elle, le bon choix.
Seulement, Mari n'avait pas dit son dernier mot et elle comptait bien quitter cette chambre, avec ou sans autorisation. S’apprêtant à se lever, elle vit Tikki s'imposer dans son champ de vision.
- Tu ne devrais pas faire ça Marinette. L'infirmière a bien dit que tu n'étais pas encore en état. - Ne t'inquiète pas pour moi Tikki. Je sais ce que je fais.
Non à l'aise sur ses pieds, et avec une coccinelle qui gesticulait dans tout les sens, elle arriva cependant à atteindre la porte en s'appuyant sur tout ce qui lui tombait sous la main. Elle commença à faire glisser gentiment la porte lorsqu'elle entendit quelque chose frapper contre ses carreaux. Qu'est ce que cela pouvait bien encore être ?
Se détournant lentement, elle observa les deux grandes fenêtres qui surplombaient la salle et tomba nez à nez avec une silhouette qu'elle ne pensait pas revoir aussi facilement.
Accrochée d'une poigne au bord de sa fenêtre, elle plongea ses yeux bleus dans ceux rouges du célèbre majordome. A son faciès, il semblait lui aussi surpris de la voir ici.
La seconde d'après, il détournait déjà son attention sur une chose encore invisible aux yeux de la jeune femme et lâcha sa prise. Disparaissant aussitôt de son champ de vision.
Fatiguée et contusionnée, cela ne l'empêcha pourtant pas de revenir sur ses pas, ouvrant ses fenêtres pour voir où s'était dirigé le fameux Sebastian. Malheureusement pour elle, la vision nocturne ne faisait pas parti de ses dons et elle perdit la trace du démon aussi rapidement qu'il était apparu devant elle. Elle remarqua néanmoins les quelques longues plumes voler près des étages en dessous.
A cet instant, ce ne fut pas sa jambe qui eut raison d'elle, mais son oeil droit, qui lui lança un douleur virulente. Elle tendit la main vers celui-ci, et repéra le sang qui s'écoulait de lui. Que s'était-il passé ? Etait-ce un effet secondaire de son entrevu avec l'ange ? Ou alors... Sebastian lui avait-il fait quelque chose ?
- Marinette ? Tu vas bien ? Que t'arrive-t-il ?! - Je... je ne sais pas Tikki...
Ce fut les derniers mots qu'elle prononça. La douleur, s'intensifiant toujours, l'obligea à perdre de nouveau connaissance.
Only two kinds of people exist in this world, those who steal and those who are stolen from. --
Death is the only way
Je suis un Homme et l'Homme et le reflet de moi-même. Je préfère mourir que de ressembler à ces gens-là
21 juillet 2015
D'après l'horloge éclairée à la lumière artificielle de Big Ben, il était 4h53 du matin. Tout le reste de la ville était plongée dans la pénombre, disparaissait dans la nuit comme si elle n'existait pas. Les ombres prenaient place par contraste mais il était si difficile de distinguer qui était quoi. Parmi eux, des individus jonchaient encore les rues, bercés par la chaleur de l'été. Puis, un regard, plus affuté que les autres, découvrit une tâche noire douteuse parmi le paysage. Une silhouette mobile en haut d'une grande roue, le London Eye. Une seconde suffit pour que celle-ci se laisse tomber de l'immense structure et plonge tête la première dans la Tamise. Comment une ombre pouvait-elle être aussi lourde ? Comment une âme pouvait-elle couler à une telle profondeur ? Ciel Phantomhive avait tenté de se suicider mais il n'avait pas souhaité mourir. Il attendait, alors que ses poumons se remplissaient d'eau, que quelqu'un le sorte de là. Il voulait savoir si malgré tout, quelqu'un était là pour rattraper ses fautes. Pourtant, jusqu'à son dernier souffle, personne ne se montra;
Et il rouvrit les yeux sur la terre ferme, observant quelques visages cacher un ciel nuageux qu'il aurait aimé mieux observer. Il toussa parce qu'il était en vie mais prit du temps à parler parce qu'il n'était plus sur de le vouloir. L'ambulance éclairait la rue et Ciel comprit qu'on tentait d'entrer en communication avec lui.
"Hey, mon garçon… Tu m'entends ? Est-ce que ça va ? Réponds-moi."
Il ne répondit pas.
"Que s'est-il passé ? Des personnes t'ont vu sauter de la grande roue…"
Le regard bleuté de l'enfant parcourait les environs à la recherche de la silhouette qu'il attendait, mais rien ne l'y aida. Il finit alors par sagement se redresser en essorant son haut et ses cheveux.
"J'ai glissé. Merci pour tout."
Et il rentra au manoir.
5 février 2016
Parmi l'obscur, l'illégal, le sombre, le sournois, le manipulateur... L'œil de Ciel n'était pas loin. Il vaquait, se perdait parmi les crimes et la souffrance humaine. Il s'y reconnaissait du moins. Triste sort pour un jeune garçon qui avait déjà beaucoup d'influences en ville, le comte ne se disait plus de ce titre, seulement de celui qu'on voulait bien lui donner. Les étiquettes n'avaient plus de sens pour lui. Son identité non plus. Prêté à la corruption, il avait décidé à de nombreuses reprises de faire justice à sa manière. Une ou deux fois, il avait été arrêté. Ces fois-là furent effacées de son dossier et il poursuivit sa route. Toujours seul.
Mais ce soir-là, pourtant, il n'avait pas prévu de ressortir indemne de son périple. Il s'enfonçait si bas, si loin, qu'il ne pensait pas revoir la lumière du jour le lendemain. Ciel Phantomhive avait échoué à son premier suicide alors il décida que ce serait l'Homme qui viendrait à bout de lui. Ils en avaient toute les capacités. Qui n'aimerait pas tuer un jeune garçon aussi arrogant, présomptueux, immature que Ciel ? Les mots de Sebastian n'avaient pas quitté ses pensées. Lorsqu'au fond d'une ruelle, en pleine nuit, la pointe du pistolet d'un vieil homme nommé Jack toucha son front, on lui ressortit les mêmes paroles. Et ça lui fit sourire. Le coup de feu, alors, tomba. Ce qui tomba également, c'était la balle en métal, légère et intacte, frappant contre le sol avant de laisser place au silence. Le corps de l'enfant chutait lourdement sur le sol, poussé par quelque chose - non, quelqu'un. Celui-ci se tenait au-dessus de lui, bouclier à toute nouvelle attaque.
"Je suis désolé. Lança-t-il, seulement. Ce n'est pas une protection digne d'un majordome servant la lignée Phantomhive."
Le regard du garçon se redressa, étonné, sur le visage qui accompagnait cette voix.
"S- Sebastian ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu n'es plus au service de cette famille !
- Si vous me le permettez, jeune maître. Je souhaiterais revenir... Laissez-moi être de nouveau votre majordome.
- Idiot ! Tu reviens après un an de silence et tu songes encore à ce que je te laisse me protéger ?! Où étais-tu quand j'ai sauté de la grande roue, hein ? Et où étais-tu quand j'ai froidement tué des innocents, quand je me suis laissé entraîner dans les Ténèbres alors que c'était TOI qui devait m'y conduire ! Où étais-tu Sebastian, dis-le moi !"
Les joues de Ciel s'humidifiaient de larmes qu'il n'arrivait désespérément pas à contrôler alors qu'il fixait la réaction du démon. Celui-ci n'était, de toute évidence, absolument pas au courant de tout ce qu'il avait pu rater durant cette année. Il s'en trouva surpris, désolé, coupable... Il ne sut pas quoi répondre pendant un temps.
"Pas avec vous... Son visage s'obscurcit. Pourquoi avez-vous fait tout cela ? Maître, vous valez bien mieux que ces gens. Il mentionnait le groupe d'à côté mais n'en écouta pas les réprimandes. Ciel esquissa un rire sarcastique
- Et qu'est-ce que tu en sais. Je suis un être humain, Sebastian... Je suis aussi pourri que ces gens-là.
- C'est faux ! L-... Le monde n'est pas aussi noir que vous voulez bien vous le laisser croire ! Il y a du bon en chacun de vous. N'oubliez pas... Que l'Homme peut choisir sa voie. Vous n'êtes ni un démon, ni un ange. Vous avez le choix !
- C'est ce que tu crois ?" Questionna-t-il d'un regard empli de doute.
Sebastian se redressa et invita, d'une main tendue, le garçon à faire de même. Il sourit.
"Je peux vous le prouver, si vous me l'autorisez. Et Ciel attrapa sa poigne. Autrefois, j'avais eu pour objectif de vous faire tomber en Enfer en noircissant votre âme. Mais lorsque j'ai appris à vous connaître, j'ai compris que vous n'étiez pas qu'une âme à ternir. Votre force se cache dans ce contraste du bien et du mal qui vous tiraillait. Qui tiraille l'Homme depuis la nuit des temps. Ne serait-il pas trop simple de fléchir maintenant alors que plus personne ne vous contraint à choisir un camp ?"
PLUMYTS 2020
OH MY DEAR LORD
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Gabriel Agreste
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Léonardo Dicaprio
- Qu'est-ce que tu sais exactement ?
- Que tu as échoué.
◘◘◘
Heroes make mistakes too...
| Conte : ♦ Miraculous Ladybug ♦ | Dans le monde des contes, je suis : : Gabriel Agreste alias le Papillon
Il avait voulu aider Alois Trancy à descendre de la grande roue. Il avait réussi à monter jusqu'au sommet d'ailleurs, à parler avec le garçon et était prêt à l'inciter à sauter dans la Tamise avec lui. Seulement, il y tomba seul et sans vraiment l'avoir prévu. Sa perte d'équilibre était due à une vive douleur prise à l'œil qui le fit basculer. Son sang ne fit qu'un tour et commençait justement à se déverser dans l'eau alors qu'il perdit connaissance. Et c'est le néant.
Gabriel Agreste se réveilla sur une barque, à nouveau seul. Il n'était plus sur la Tamise, il ne pensait même plus être à Londres à en voir les alentours. Il n'était plus mouillé et son œil droit ne saignait plus. Par contre, une musique se laissait doucement entendre et, dans l'impossibilité de savoir d'où ça provenait, il commençait à se demander si ce n'était pas dans sa tête ou bien si le monde dans lequel il se trouvait ne diffusait pas par des enceintes la douce mélodie. Il ne savait pas. Il ne savait rien. Il était... totalement perdu. Ce qu'il savait, c'est qu'il ne comptait pas passer la nuit ici et devait trouver un moyen d'atteindre le rivage. Du moins, un rivage qu'il ne voyait pour le moment pas... Le lac (en était-ce seulement un ?) semblait s'étendre à des kilomètres à la ronde, ondulant d'étranges images et silhouettes que le styliste ne comprit pas. C'est lorsque des voix s'en échappèrent qu'il décida de se pencher sur le sujet, littéralement, laissant sa tête dépasser de la barque pour observer son reflet dans l'eau. Il n'y vit pas son reflet mais se retrouva bien dans plusieurs passages de sa vie, mélangés à une personne qu'il ne connaissait pas. Son regard se plissa puis... Émilie. Gabriel s'approcha de la silhouette qu'il discernait comme étant sa femme et bascula subitement dans l'eau rougie. Il souhaita remonter mais perdit vite ses repères. C'est à ce moment-là qu'une jeune fille apparue devant elle, comme une sirène sortant des profondeurs de l'océan. Il lui sourit et il sut tout de suite. Impossible pourtant d'articuler son nom dans l'eau. La jeune femme prit sa main et le guida jusqu'à l'extérieur pour qu'il reprenne sa respiration. Mais lorsqu'il sortit, sa vision disparût également. Gabriel, perdu, replongea à la recherche de sa vision, en vain. Quelque peu déçu, il se contenta alors de chercher sa barque, retournée, et aperçu au loin l'ombre d'un bateau.
"Hey ! S'il vous plait ! Hey !" Appela Gabriel pour signaler sa position.
Le navire l'avait déjà en cible et s'approchait doucement mais sûrement de lui tandis que l'homme d'affaires, trempé, nageait dans leur direction. Une fois proche, une échelle lui fut descendue et une main l'aida à grimper. Il rencontra alors deux individus, deux hommes spécifiquement qui lui demandèrent pourquoi il se trouvait là, seul et sans rame pour se diriger. Mais Gabriel ne sut comment répondre, il n'en savait absolument rien. Il se contenta d'hausser les épaules, fatigué du parcours qu'il prenait... Sans vraiment savoir si c'était lui qui décidait. Le voyage se passa en silence. Gabriel pensait, songeait à de milliards de choses à la fois. L'inquiétude l'envahissait mais il ne se permit pas de le montrer.
Les deux hommes lui proposaient de le déposer sur l'île la plus proche puisque de toute manière, il n'avait pas d'escale. Ils lui dirent qu'il trouverait sûrement de l'aide là-bas s'il avançait assez loin. Gabriel, sans savoir quoi répondre, hocha la tête. Pourquoi acceptait-il de s'enfoncer dans l'inconnu comme ça ? Il n'en savait rien. Mais en moins de deux, il était dans le sable, à chercher un nouvel objectif. Le seul chemin qui semblait lui être indiqué était la forêt. Soupirant, il commença sa marche et frappa inconsciemment sur un cube en paroi de verre posé sur le sable. Son attention se porta vivement sur lui. Il l'attrapa, l'observa, perplexe, avant de le relâcher et poursuivre sa route. Gabriel s'enfonça dans une forêt aux arbres quelques peu espacés et alignés, comme si tout avait sa place. Son chemin était tracé à la terre sur le sol. Il se contentait simplement de le suivre, méfiant. Ce qui était pratique dans une forêt comme cela, c'est qu'il pouvait voir le danger venir. Plus ou moins. Pendant une longue marche, il ne pouvait s'empêcher de jeter des regard discrets sur les côtés. Et finalement, c'est en face de lui que le problème se présenta : un renard. L'animal était sorti des buissons et avançait doucement devant lui, tête baissée mais regard perçant. Il ne semblait pas menaçant et pourtant, le styliste s'inquiétait de ce qu'il pouvait faire une fois à sa portée. Gabriel tenta de le contourner en prenant des distances et, étrangement, le renard le laissait faire. Se comprenaient-ils plus qu'ils ne le pensaient ? C'était à espérer.
"Bon sang, qu'on en finisse.."
Gabriel n'avait pas récupéré sa veste et, mouillé, il commençait à avoir froid. Tout semblait perdre son sens ici. À Londres aussi... En fait, depuis l'annonce du jeu du prince du crime, rien n'allait. Et ne pas comprendre énervait le créateur. Ce n'était pas clair. Cette aventure n'avait strictement rien de sensée !
Et tout ce non-sens se poursuivait quand son chemin s'arrêta face à une maison abandonnée. Hantée, peut-être ? Sûrement. C'en était tout le cliché et de ce qu'il comprenait, il devait suivre le mouvement et entrer à l'intérieur. Après quelques réflexions, il s'exécuta, non pas sans plisser un regard irrité.
"Il y a quelqu'un ?"
Bien sûr que non, cela aurait été trop beau. Ainsi se permit-il de faire visite de lui-même en un petit tour sur lui-même tant la maison était petite, avant de remarquer des escaliers en pierre menant à un sous-sol. Gabriel les emprunta, lentement. Méfiant. L'escalier n'était pas interminable tout en gardant une longueur de mystère. Mais finalement, le mystère se poursuivit lorsqu'arrivé à destination, l'obscurité ne laissa rien voir. Quel intérêt à observer le néant ? Le styliste cherchait bien un interrupteur en tâtant les murs mais il n'en trouva aucun.
"Nous pouvons les aider ! Gabriel, laisse-moi utiliser le Miraculous une dernière fois et je te promets que tout rentrera dans l'ordre après !"
Émilie ? C'était bien sa voix, surgissant des ténèbres comme un souvenir surgissant de l'esprit de Gabriel. En effet, il avait douté l'avoir entendu mais une seconde manifestation confirma ses réticences :
"Tu n'es plus le même, Gabriel... J-... Je ne peux plus continuer. Sinon c'est moi qui vais être détruite par la suite... P-Pardon ! Je ne voulais... Je..."
C'était la voix de Nathalie lors de leur rupture.
"Nathalie ? Nathalie ! Gabriel commença à avancer dans l'obscurité, une main tendue devant lui avec l'espoir qu'elle soit agrippée par la dite jeune femme. S'il te plait, montre-toi, je ne suis pas du tout rassuré par...
-GABRIEL !
Et en effet, quelqu'un attrapa son poignet mais ce ne fut pas celui qu'il tendait et ce fut loin d'être tendre. Gabriel se trouva vivement tiré et éloigné de son chemin par une présence qu'il ne connaissait pas. Celle-ci lui fit brusquement remonter les escaliers avant de renvoyer le styliste valser à l'autre bout de la pièce. Il perdit l'équilibre sur la table à manger d'une pièce grandie, lumineuse et très colorée... Renversant sur son passage le vase qui y était posé.
"Mais que se passe-t-il ?! Il fixa l'agresseuse. C'était une jeune fille aux cheveux bruns, les mains posées sur ses hanches, un regard sévère fixant le sien. Qui êtes-vous ?
-Personne d'important. Elle hocha négativement la tête. Tu ne dois pas t'enfoncer dans ton passé.
-Je vous demande pardon ?
-Ton passé. Là-bas. Elle montra le grenier. Tu ne dois pas t'y rendre. Il y a de quoi se perdre et ne plus jamais revenir... Puis elle sourit. Mais tu dois déjà pas mal t'y connaître."
Il savait ne pas connaître cette inconnue et pourtant, elle, semblait bien le connaître. Elle se permettait même des commentaires qu'il n'osait pas interpréter. Seule sa manière de lui parler l'incita à rétorquer en se relevant :
"Je ne vous permets pas de me tutoyer ! Donnez-moi un nom."
Elle hocha à nouveau la tête.
"Vous devez passer par cette porte pour poursuivre le parcours.
-Quel parcours ? Vous êtes à l'origine de tout ça ?"
Elle sourit.
"Qui sait ? Allez-y, faites vite, le temps presse !"
Gabriel n'aimait absolument pas le tournant de cette rencontre mais ce n'était pas comme si on lui laissait beaucoup de choix. La jeune fille lui avait ouvert la porte, l'incitant à la passer. Il le fit pour découvrir, devant lui, un immense jardin. Son regard se posa sur un lac similaire à celui dans lequel il était perdu, puis sur quelques détails moindre comme une tasse ébréchée posée au sol qu'il ne prit pas le temps de regarder avec attention. Il se tourna plutôt vers l'inconnue...
"Que suis-je censé faire au j-"
La foudre le coupa. Un orage arrivait. Il n'était pas encore proche mais il pouvait se déplacer vite et ça, le styliste pouvait s'en inquiéter. Après tout, un vif changement de météo n'était pas là pour rien ? Son regard se porta sur la jeune fille, l'incitant à lui expliquer tout ceci mais elle ne fit qu'hausser les épaules avant d'avancer vers le lac à l'eau rosée. Gabriel la suivit.
"C'est vous dans l'eau, n'est-ce pas ?
-Non."
Pourtant, de ce qu'il voyait, les deux personnes se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Il souhaitait le lui prouver - avait-il autre chose à faire ? - et approcha de l'eau en l'invitant de faire de même pour lui montrer les souvenirs qui correspondaient à son profil. Seulement, à la place de films, il découvrit son reflet fatigué, cerné. Ce n'était pourtant pas ce qui le frappa le plus. Son œil droit qui lui avait fait un peu plus tôt affreusement mal était désormais tatoué d'un symbole familier. C'était le symbole retrouvé sur la lettre d'invitation du comte !
"Phantomhive..."
Le nom frôla tout juste ses lèvres lorsque, l'iris s'illuminant devant lui, Gabriel perdit connaissance et coula dans l'eau.
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Opaline M. Santos
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| Avatar : Ester Exposito
Today's laughs are tomorrow's tears,my deer
| Conte : Hazbin Hotel | Dans le monde des contes, je suis : : le plus beau des anges :)
« Life is a masquerade. Everywhere you look are people hiding behind masks. »
Sebastian avait retrouvé Opaline à l’hôpital après l’avoir observée pendant son vol. Décidée à protéger Ash, elle s’était jetée dans le combat sans savoir que c’était à sa propre vie qu’il en voulait. Effectivement, il comptait bien se débarrasser d’elle, connaissant son intérêt pour le comte Phantomhive. La lutte entre les deux êtres fut longue et douloureuse, les blessures qu’ils s’infligeaient étant plus violentes les unes que les autres. Un moment d’inattention de la part de l’ange permit à Sebastian de prendre le dessus, il la maintenait au sol sans qu’elle ne puisse faire aucun mouvement. Ses ailes étaient écrasées sous son dos et ses membres étaient plaqués au sol.
Son œil droit fut alors parcourut d’une douleur intense, lui donnant l’impression qu’il était comprimé, qu’il s’enfonçait dans sa chaire. Au même moment, elle sentit des gouttes glisser sur sa joue. Elle parvint à soustraire l’une de ses mains à l’emprise de Sebastian, pour glisser ses doigts sous ses yeux. En les éloignant légèrement de son visage, elle vit du sang. Ses pupilles glissèrent vers le haut, et elle se sentit soudainement partir en arrière. Son crâne s’écrasa sur le sol et elle perdit instantanément connaissance.
Lorsqu’elle rouvrit les paupières, elle ne vit que de la brume, un voile épais qui l’empêchait de distinguer quoique ce soit. Une douleur sur sa main, l’incita à porter cette derrière au-dessus de son visage afin de l’observer. Soudain, une goutte de sang s’échappa de son doigt amputé pour s’écraser sur sa joue. Elle l’essuya grossièrement, laissant une longue trainée rouge sous son œil droit. Sa cicatrice s’était rouverte, et saignait abondamment. Elle fronça les sourcils, irritée, et se redressa. Son corps avait été étendu dans une petite barque en bois, dont des vagues venaient de temps à autre lécher les bords. En se penchant légèrement, elle aperçu son reflet, noyé dans une eau rouge pale, terne et sale. Le climat était pesant, un effet amplifié par une musique très faible qui semblait flotter dans son esprit. Seules quelques voix venaient par instant éclipser la mélodie. Opaline ne voyait personne, et pourtant son ouïe lui indiquait qu’elle était entourée. En observant plus attentivement les flots rougeâtres, elle put distinguer des images défiler.
Captivée par les films de sa vie qui se répétaient encore et encore, à la surface de l’océan, elle se pencha un peu plus. Soudain, la barque bascula, la laissant s’engouffrer dans les eaux calmes. Lorsqu’elle reprit sa respiration, une ombre se découpa dans la brume, dévoilant peu à peu la silhouette d’un navire. Sans qu’elle n’ait besoin de les interpeler, les deux personnes présentent à bord lui vinrent en aide, l’arrachant aux flots gelés. Son esprit était aussi brumeux que le paysage qui l’entourait, lui donnant l’impression d’observer l’intérieur de son propre crâne. L’idée de déployer ses longues ailes blanches ne lui était pas venue, si bien qu’elle monta docilement dans le navire. Elle parvint toutefois à reprendre ses esprits durant le trajet, et descendit à la première escale, sans un mot à ses sauveurs.
Elle posa le pied sur une plage, toujours vêtue de ses chaussures à talon qui s’enfoncèrent dans l’étendue dorée. Elle les retira, les yeux rivés sur les provisions que les deux marins lui avaient fournies, puis fit quelques pas. Les grains de sable frais glissaient sous ses pieds, lui délivrant une sensation agréable, presque apaisante. Pourtant, elle ne se laissa pas distraire par si peu et s’avança jusqu’à un grand cube qu’elle avait repéré un peu plus tôt.
Il avait été taillé dans du marbre et lui arrivait à l’épaule, lui permettant de jeter des coups d’œil par-dessus. Elle ne le toucha pas et s’en désintéressa rapidement, en se faisant simplement la réflexion qu’il lui faisait penser à la Cité d’Argent, ville où elle avait grandi. Elle le contourna pour faire face à une jungle immense, dont la cime était si haute qu’elle l’empêchait d’apercevoir le ciel. Elle frissonna, mal à l’aise face à l’hostilité de cette forêt. Elle décida tout de même de s’y enfoncer, méfiante. La jungle était tellement dense qu’Opaline était incapable d’en distinguer la fin, la lumière passait à peine à travers les feuilles, consacrant une atmosphère étrange au lieu.
Elle marcha durant un temps qui lui sembla infini, et soudain, elle se sentit observée. Longuement. Cette sensation la mettait mal à l’aise, mais elle put bientôt discerner la position de l’intrus. Une forme qu’elle ne parvenait pas à discerner se déplaçait dans les fougères. Elle porta une main à sa cuisse, prête à frapper en cas d’attaque. La silhouette vint alors s’installer sur un grand rocher plat qui surplombait légèrement l’endroit où elle se trouvait, Opaline put alors découvrir clairement qui était son voyeur. Perché sur quatre pattes et affublé d’une longue queue, une panthère noire l’observait d’un œil attentif. Elle crut voir le Diable en personne.
Pourtant, elle ne trembla pas, l’observant d’un air tranquille. D’un regard entendu, les deux prédateurs se promirent de ne pas s’attaquer, reconnaissant l’autre comme son égal. Elle la jaugea du regard avant de passer devant elle sans un mot. Soudain, un poids la plaqua au sol. Le fauve s’était jeté sur elle, broyant ses omoplates sous ses larges pattes. L’animal venait de rompre leur contrat. Opaline sentit les griffes de la panthère se poser sur son dos nu. Ses crocs eurent à peine le temps de se déposer autour du cou de l’ange, qu’elle se retourna en un éclair pour inverser la tendance. D’une main, elle attrapa la mâchoire supérieure de la bête, répandant le sang de son doigt amputé sur son museau. Et de l’autre, elle saisit l’un des poignards accrochés autour de sa cuisse et l’enfonça dans la gorge du fauve. Les yeux de l’animal étant devenus troubles, elle laissa retomber sa dépouille sur le sol. La prédatrice s’éloigna ensuite en silence, sûre de sa supériorité.
Ses pas la menèrent jusqu’à une petite maison abandonnée, taillée dans une pierre blanche qui lui ramenait encore une fois à sa mémoire le Paradis. En poussant la lourde porte, elle en vint à la conclusion que le lieu était désert. La lumière n’avait probablement pas baigné les lieux depuis de nombreuses années, et l’odeur de rance lui fit froncer le nez. Elle voulut tirer les rideaux pour amener le jour entre les murs, mais le tissu céda sous sa prise à l’instant même où elle posa ses mains dessus. Opaline était méfiante, comme toujours, mais elle avançait d’un pas assuré. Elle fit glisser ses doigts sur une table en marbre, puis sur des meubles poussiéreux. Malgré le temps qui était visiblement passé sur ce décor presque familier, la maison n’avait pas perdu de son luxe d’antan. Dans un coin de la pièce, une horloge couverte de dorures marquait chaque seconde d’un « tic » qui résonnait dans tout l’habitacle. Elle ouvrit la première porte qui se présenta à elle, découvrant un escalier de quelques marches qu’elle grimpa rapidement.
Opaline entra alors dans un large grenier, si sombre qu’il lui était incapable de déterminer sa surface avec précision. Bien qu’elle ne discernait aucune silhouette, elle entendit des voix.
« Le simple fait de penser à ces races inférieures me dégoûte. »
C’était sa propre voix. Elle voulut avancer un peu, quand la voix d’un ange qu’elle connaissait bien suivit son écho.
« Exterminons-les tous !»
Des cris, et de la panique résonnèrent alors dans la pénombre, avant qu’une voix écrase toutes les autres :
« "Vous pouvez dire ce que vous voulez… Mais nous, au moins, nous ne montons pas au Paradis pour vous réduire en cendres. Il faudrait peut-être réfléchir à deux fois avant de pointer du doigt les monstres. Il y a de quoi en perdre un... »
Ses poings se serrèrent. Undertaker. Elle avança un peu plus dans le noir, tournant sur elle-même pour comprendre d’où provenaient ces voix. N’en trouvant pas la source, elle s’irrita un peu plus. Alors qu’elle était à deux doigts de détruire tout ce qui se trouvait autour d’elle, des pas se firent entendre dans l’escalier, dévoilant rapidement une silhouette familière.
« Opaline ! » « Père ? Qu’est-ce que vous faites ici ? »
La jeune femme se désintéressa immédiatement de ce nuisible qu’était Undertaker, pour s’approcher de son paternel. Sans un mot, il l’incita à retourner dans la pièce principale, la laissant alors découvrir à quel point tout avait changé. Les immenses murs avaient été percés de trous qui laissaient passer la lumière, laissant apercevoir de longues trainées de sang sur les murs. Le lieu avait tout perdu de sa grandeur, ressemblant à présent aux ruines d’un passé terrifiant. Opaline posa soudainement son pied nu dans une large tache de sang, mais elle ne le retira pas en s’en apercevant, son attention avait été retenue par un élément en particulier. Elle s’accroupit pour saisir l’objet de sa curiosité entre ses doigts : une plume d’ange dont la barbe était imbibée du liquide vermeil.
« Tu ne devrais pas regarder cela, ma fille. » « Que s’est-il passé ici ? » demanda-t-elle en relevant des yeux plein de larmes vers son paternel. « Puisque le Paradis n’est plus, les anges saignent. Les Hommes nous ont tout pris, Opaline. Maintenant, suis moi. »
La jeune femme se releva, après avoir accordé un dernier regard aux plumes ensanglantées, puis elle suivit l’ange à travers les différentes pièces. Opaline ne détourna pas les yeux une seule fois, même lorsque le spectacle était trop désagréable. Au fil de la visite, la quantité de plumes arrachées grandissait, et le sang couvrait le sol de pièces entières. Ils entrèrent alors dans une pièce uniquement meublée par une table à manger. Elle était entièrement vide, aucun des deux anges n’y accorda donc de l’intérêt, préférant s’échapper dans le jardin en espérant que l’atmosphère y soit moins pesante.
Et comme souhaité, tout était différent. Opaline fit glisser ses pieds dans l’herbe verte, dans le but de les laver du sang de ses semblables. De nombreuses plantes bordaient un petit chemin de marbre que le père et la fille empruntèrent. Tout était magnifique, mais aussi beau le décor soit-il, il ne pourrait effacer de l’esprit de l’ange les horreurs auxquelles elle venait d’assister. Son pied cogna alors dans une tasse, sans pour autant se casser, preuve qu’elle était solide. Elle se baissa, se sentant obligée de la ramasser, et se rendit compte qu’elle était extrêmement lourde. Pourtant, elle ne voulait surtout pas la poser, attachée à la garder dans le creux de sa main. Son père s’approcha alors d’elle, et lui expliqua avec sérieux :
« Tu dois rendre leur grandeur aux anges. Ne me déçois pas. »
Elle leva les yeux vers son paternel, qui l’écrasait par sa présence, et répondit d’un air docile :
« Bien sûr, père. »
Soudain, un orage éclata au-dessus de sa tête, trempant sa robe blanche. Les grondements semblaient faire trembler le monde entier, tandis que de larges éclairs déchiraient le ciel. Assise, genoux aux sols, elle n’avait plus rien de la prédatrice qu’elle était. Son père en attendait énormément d’elle, mais en songeant à la façon dont leurs vies avaient été transformées, elle se demanda si elle serait capable de répondre à ses attentes. Le visage trempé et les cheveux plaquées sur les joues, elle se leva pour se diriger vers une rivière qui zigzaguait quelques mètres plus loin. Elle s’en approcha pour observer à nouveau les films de sa vie, seulement, elle n’en savourait aucun. La vie de grandeur qu’elle avait connu semblait inaccessible, et les attentes de son père lui pesaient comme elles l’avaient toujours fait.
En fixant son propre reflet, elle remarqua un symbole tatoué dans son œil droit, au-dessus des longues traces de sang que portait sa joue. Elle approcha une main de l’eau rougeâtre, ce qui troubla son image. Toutefois, malgré le fait que celle-ci soit flou, elle parvint à voir que le symbole s’illuminait. Elle s’évanouit.
"- Quand on se quitte pour un jour, c'est peut-être pour toute la vie. - Oui, mais aussi quand on croit se quitter pour toute la vie, il peut se faire que ça ne spot que pour un jour." George Sand, Les Maîtres Sonneurs
Une étrange sensation tira Marinette des bras de Morphée. Elle ouvrit les yeux, pour la deuxième fois depuis le début de son épopée. Elle se sentait vacillante, comme ci son corps n'avait pas d'équilibre alors qu'elle était allongée. Rapidement, elle réalisa que ce n'était pas elle qui bougeait... mais l'objet sur lequel elle reposait. Elle n'était plus dans la chambre d'hôpital. Le lieu où elle se trouvait désormais était tout aussi surprenant que l'autel qu'elle avait côtoyer il y avait quelques heures. Tant bien même qu'il faille parler en heure.
Elle se redressa, pour visualiser et réaliser l'endroit qui s'offrait à elle. L'action faite, elle se surprit et s'inquiéta de ne plus ressentir aucunes douleurs. Avait-elle réellement quitté le monde des songes ? Elle observa cette fois-ci son corps, qui ne comportait plus aucunes égratignures. Lentement, elle longea les traits de son visage pour saisir le moindre pansement ou cicatrice, mais là encore, plus rien. Tout avait disparu, comme ci sa chute n'avait jamais existé. Marinette se persuada qu'elle devait toujours rêver. C'était impossible autrement.
De nouveau, elle reporta son attention sur ce qui l'entourait. Elle ne vit qu'une longue et infinie étendue d'eau, perdue dans un brouillard tout aussi sans fin. Une évidence lorsqu'elle avait compris qu'elle était sur une barque. Les rêves étaient toujours vagues. La censure faisait son travail, brouillant les pistes d'un inconscient. En se concentrant sur l'eau, elle remarqua que sa couleur était pâle et rougeoyante. D'un rouge terne. S'accordant parfaitement alors l'air lourd qui s'imprégnait dans ses poumons. Finalement, il s'agissait sans doute du début d'un cauchemar.
Les vagues étaient calmes, silencieuses, entrant en contradiction avec son esprit, figé dans une musique qui se répétait en boucle. Bientôt, des voix s'élevèrent. N'étais tu pas seule ? D'abord, la jeune fille imagina un leurre, un jeu de son esprit. Puis, elle réalisa que les sons provenaient de l'océan. Alors, elle se pencha. Devant ses yeux, des bandes lumineuses passèrent elles aussi en boucles. Des images. Pas n'importe quelle image... elles provenaient de son esprit, de sa vie.
Attirée dangereusement par son fil de vie, Mari fit basculer son petit navire et chuta. Prise de panique, elle remonta presque aussitôt à la surface pour respirer. La tête désormais hors de l'eau, un autre navire fit son apparition, s'approchant gentiment d'elle. D'abord, il s'agissait d'une simple silhouette, puis, le contour se précisa. Se fut bientôt au tour de ce qu'il se trouvait à l'intérieur.
A son bord, seulement trois personnes. Des visages connus. Ses parents. Son mentor. Des visages qu'elle reconnaîtrait entre mille. Sans doute les êtres les plus important de son existence.
Confiante, elle grimpa à l'intérieur du navire. Elle descendit à la première escale, terre qu'elle n'avait pourtant nullement aperçu auparavant. Sans doute l'effet du brouillard. C'était une petite île, mais Marinette n'en avait point besoin d'une plus grande. Elle avait retrouvé la terre ferme.
A ses pieds, furent déposés des provisions de toute sorte. Plus qu'elle n'en aurait demandé dans la réalité. Et on l'abandonna. Encore, pensa-t-elle.
Ne sachant que faire dans une attente interminable, son attention se posa sur un cube. Il était posé, prêt d'un arbre, comme ci quelqu'un l'avait placé là. Il avait la taille d'une grosse boîte, tout vêtu de bois. L'asiatique fut tenter de la prendre, avant de se raviser et de partir en direction de la forêt.
A l'intérieur, elle ramassa les pans de sa longue robe, gênée dans son avancée à travers les bois. Celui-ci était dense, sombre et peu rassurant. Le bruit des feuilles au frottement de ses vêtements, lui donnait la sensation d'être suivie et agrippé de toute part. La jeune fille se sentait oppressée et n'avait qu'une hâte, c'était de quitter cet endroit au plus vite. Rêve soit-il, son coeur s'emballait à chaque pas qu'elle posait. De peur de voir surgir une chose qu'elle ne souhaitait pas à n'importe quel moment. Elle n'avait aucune envie de rencontrer ce qui se trouvait ici. Encore moins seule. Instinctivement, elle porta la main à ses oreilles et ressentit un soulagement en sentant ses bijoux dessus. Elle n'était peut être pas si seule que ça.
Le temps s'écoulait et Marinette n'avait pas l'impression de voir le bout de cette forêt. A quel point était-elle dense ? Profonde ? Où arriverait-elle ? Es-tu perdue ?
D'une oreille, tu entendis le bruissement des feuilles, mais cette fois-ci, tu étais persuadée que ce n'était pas ton corps qui avait créé cet effet. Il y avait quelque chose d'autre avec toi. Inquiétée, tu figeas ton corps entier. Et elle attendit encore.
Un animal sortit des broussailles. Un lièvre brun l'observa en retour, reflétant dans ses grands yeux la peur qu'elle même ressentait. Lequel des deux s’enfuiraient en premier ? Reprenant ton courage en main fasse à ce petit être, tu continua ta paisible route. De nouveau, elle s'enfonça dans la forêt, vers un but toujours inconnu pour elle, mais son corps semblait bien décidé à continuer la traversée.
L'impression d'errer sans quête s'arrêta lorsqu'elle tomba nez à nez avec une maisonnette abandonnée. Son extérieur était délabré, cela devait faire des années que les derniers habitants avait quitté les lieux. Aucune âme ne pouvait vivre ici. Cependant, tirée d'une force contraire, tu te décidas à y entrer.
L'intérieur reflétait l'extérieur même de la maison. Un tas de vieux meubles poussiéreux jonchaient à plusieurs endroits de la pièce. Il n'y avait que le strict minimum, de quoi vivre simplement. Chaque mobilier avait son utilité et ne servait aucunement de décoration.
Marinette continua son ascension grâce à l'escalier menant au grenier. Elle compta les marches à sa montée.
- 1, 2, 3, 4, 5... Elle continua ainsi jusqu'à 20.
Pénétrant dans la pièce, elle ne distingua rien au premier abord. Bien trop sombre pour ses yeux humains. Cependant, des sons arrivèrent jusqu'à ses oreilles ou plutôt, des voix. Encore.
- "Moi, je suis M-...M... Moi je suis maladroite. Je suis tellement maladroite..."
- "Je te déteste Ladybug !" Reconnut-elle la voix de Chloé. - "Comment peut-on lui faire confiance alors qu'on ne sait même pas qui elle est ?" Déclara celle d'une journaliste.
Prise de dégoût, la jeune fille plaça la main sur ses oreilles. Non, assez. Elle ne voulait pas en entendre plus. Etait-ce donc ça son cauchemar ? Revivre toutes ses insécurités ? Tout ce qu'elle avait échoué dans sa vie ?
Derrière elle, les vieux escaliers couinèrent sous les pas d'une tierce personne. Elle montait. Pourtant, elle était persuadée de n'avoir croisé personne ici.
- Marinette ? Lui demanda la voix d'un vieillard.
Celle-ci fut le coup de grâce. Se retournant vivement, elle vit néanmoins son destinataire.
- Maître Fu ?
L'homme sourit simplement et l'invita à descendre avec lui. Elle constata avec surprise que l'intérieur avait changé, comme réaménagé, les meubles étaient toujours vieux mais plus poussiéreux. La table devant l'entrée à son arrivée, se trouvait coller contre un mur au fond. L'immense meuble de rangement avant prêt de l'évier, se trouvait désormais face à la porte et ainsi de suite. Qui avait changé tout ça en si peu de temps ?
Marinette observa le petit homme au dos courbé devant elle. Des larmes avaient envie de couler sous ses yeux, mais lui semblait si paisible. Comme ci... tout aller bien. Maître Fu avait toujours été ainsi, peu de choses le perturbait. Il préférait aussi se terrer dans un silence constructif plutôt que dans des paroles vide de sens, alors elle ne tenta rien pour le moment. Attendant patiemment une invitation discrète. Ensemble, ils se dirigèrent vers la table à manger, dessus reposait simplement deux tasses de thé. Elles aussi attendaient un signe pour être consommée. Seulement, vous ne vous arrêtèrent pas pour discuter prêt d'elles. Le vieillard continua son chemin vers une petite porte. Celle-ci s'ouvrit sur un immense jardin. Contrairement à l'intérieur de la maison, celui-ci semblait bien entretenu, verdoyant et accueillant. Sur la pelouse d'un vert parfait, se trouvait une petite tasse marron, sans hanse. Une autre tasse de thé sans doute. Mais désormais, la tasse était seule. Signifiait-elle quelque chose ?
Alors, Marinette prit cela comme un signe.
- Êtes-vous un esprit ? - Je suis un peu tout à la fois. Je suis surtout ce que tu désires que je sois. - Avez-vous quelque chose à me dire pour apparaître dans mes rêves ? - Ne serait-ce pas toi qui aimerait me parler ? Indiqua-t-il de ce même ton taquin qu'il aimait parfois employer avec elle.
Prise de cours, Marinette étira tout de même un sourire avant de le faire disparaître instantanément.
- Je suis désolée... Je ne voulais pas... - La vie est malheureusement faite de choix que nous regrettons parfois. - J'aurais souhaité un autre dénouement que celui-ci. - Les choses sont telles qu'elles sont. - Vous n'êtes pas en colère ? Ou vous ne voulez pas me répondre ? - Ce n'est pas à moi de donnez les réponses Marinette.
Et il se tut, fixant la tasse qui s'oubliait sur le sol.
Hésitante, Mari récupéra la tasse. Elle était vide. Ne sachant que faire, elle se mit alors à la contempler à son tour. Cette tasse signifiait sans doute plus qu'elle ne le pensait. Mais elle, ne distinguait que sa composition en céramique marron, parfaitement dessinée et propre. Comme ci, la personne à qui elle appartenait l'avait toujours prise avec soin et attention.
Soudain, un grondement vînt interrompre le silence qui s'était imposé entre les deux gens. Un orage approchait. L'asiatique se retourna et aperçut les éclairs fendre le ciel.
Elle réalisa aussi à quelques mètres de là, une rivière à l'eau rosée, qu'elle n'avait pas remarqué jusqu'à lors. L'eau s'agita, l'invitant à s'approcher. A l'intérieur, s'écoulait encore les films de sa vie qu'elle avait vu dans l'océan rougeâtre. Apercevant ton reflet, tu constata que ton oeil droit bravait un symbole.
- Depuis quand ?
Mais la réponse n'arriva jamais, car tu tomba entre les bras d'Hypnose.
How many days until you shed the pain of your darker days?
A great hero teaches an entire city that dancing is the greatest thing there is.
❆
The greatest things you'll ever know are invisible
Adrien suivait gentiment l'infirmière qui comptait le conduire dans la chambre de l'ange. Celui qui avait joué avec Marinette, celui qui avait tenté de pousser une jeune femme au suicide. Ash avait voulu s'entretenir avec son amie mais impossible à Mari de bouger de son lit et impossible pour l'ange de le faire aussi. Alors le blond c'était porté volontaire, pourquoi ? Il se le demandait encore. C'était sûrement un piège, sûrement risqué mais Adrien faisait ça pour Marinette, pour pouvoir lui donner des réponses. L'infirmière ouvrit doucement la porte de la chambre de Ash avant de sourire à Adrien tout en quittant la chambre, retournant sûrement à son post. Le jeune Agreste rentrant silencieusement dans la chambre, sans dire un mot alors que son visage se ferma en voyant celui de l'ange qui se tenait en face de lui. Ash Landers commença la conversation, pâle. Il semblait être mal en point lui aussi. Enfin il voyait les lèvres de l'ange bouger mais Adrien n'eut pas le temps d'entendre un seul mot sortir de sa bouche. Il sentit une vive douleur dans son œil droit, comme si quelque chose venait de se planter dans ce dernier. Il afficha une grimace. La douleur fût si grande qu'il perdit connaissance juste devant Ash. Adrien rouvrit difficilement les yeux s'attendant à être encore allongé sur le sol de l'hôpital ou encore à être dans un lit comme Marinette et Ash. Mais ce n'était pas le cas. Il se réveilla dans un endroit étrange avec la sensation que le sol bougeait sous son corps. Adrien s'assit difficilement et ce ne fût qu'à ce moment-là qu'il comprit, il se trouvait sur une barque en bois en plein milieu... D'un lac ou de l'océan ? Non ce serait trop étrange. Sûrement la Tamise. Et même si c'était le cas, pourquoi était-il sur une barque alors qu'il se trouvait à l'hôpital quand il avait perdu connaissance ?
Adrien était perdu et il se sentait mal sûrement à cause de cet air qui semblait lourd, comme une journée chaude et humide d'été. Il regarda rapidement autour de lui essayant de trouver un endroit ou accoster pour mettre le pied à terre mais la brume l'empêchait de voir plus loin que son nez. Cet endroit était vraiment très étrange. Ce ne fût qu'après tout ça que le blond décida de prêter attention à l'eau qui était d'une couleur étrange. Pâle et rougeoyante. Était-ce un cauchemar ? Était-il perdu dans une dimension étrange ? Adrien commençait à s'inquiéter de ce qui était en train de lui arriver. Pourquoi il n'avait plus mal à l’œil alors que cette douleur lui avait fait perdre connaissance un peu plutôt ?
Une musique tournait en boucle dans son esprit, aussi douce que le sons de l'eau qui venait s'écraser doucement sur le bois de sa barque. Une musique qui ne semblait pas connaître et dont il n'arrivait pas à distinguer les paroles. Son regard fût alors rapidement attiré par une photographie qui était posé délicatement à ses pieds. Une photo de son père avec Nathalie qui se tenaient juste devant le tableau de sa mère. Adrien fixa longuement cette photo, perdu. Il ne l'avait jamais vu... Des voix sortirent le jeune Agreste de ses pensées. Il pensait pourtant être seul depuis le début. Il comprit rapidement que les voix provenait de l'eau. Adrien se pencha doucement vers l'eau essayant de comprendre ce que les voix étaient en train de dire. Il vit des silhouettes dans l'eau, des silhouettes qu'il connaissait plus que bien et il finit par reconnaître rapidement des voix qui provenaient de l'eau. Toutes ces images qu'il voyait défiler devant ses yeux, venaient de son esprit. De tout ce qu'il avait vécu. Des petits films de son passé. Adrien observait l'eau avec attention et sans s'y attendre, il retourna la barque et tomba dans l'eau la tête la première. Prit de panique, il remonta rapidement à la surface afin de reprendre son souffle, essayant de retrouver sa barque. Impossible mais à la place il vit un navire avancer lentement vers lui. Dessus il vit cinq personnes . L'une de ses personnes l'aida à monter l'échelle pour finalement laisser Adrien s'allonger sur le pont, trempé.
Une fois son souffle reprit Adrien se redressa et finit par s'asseoir tout en regardant autour de lui. ''L'équipage'' ne semblait pas vouloir lui faire de mal, bien au contraire. Ces cinq personnes semblaient l'aider dans son étrange voyage. Et d'ailleurs Adrien avait cet étrangement impression de connaître ses personnes. Deux hommes et trois femmes. Une femme avec deux couettes, une autre avec des lunettes sur le visage et la troisième femme avaient les yeux aussi vert que les siens. Quand aux hommes, l'un était très grand et portait des lunettes et l'autre avait son âge et portait une casquette et des lunettes. Il mit un moment avant de les reconnaître, sûrement parce que son esprit était brouillé, mais cette équipage était composé de Marinette, Nathalie, une femme qui ressemblait à sa mère et qui pourtant était différente, son père et Nino.
Adrien avait de nombreuses questions à leur poser mais Nino annonça qu'il y avait une terre en vue. Le bateau se dirigea vers cette île avant de s'y arrêter. Adrien descendit du bateau et quand il commença à marcher sur le sable, il se retourna afin de jeter un dernier regard à ce navire étrange. Mais le bateau était déjà bien trop loin pour qu'il puisse y accorder de l'importance. Adrien fixa la forêt qui se tenait devant lui et sans poser de question, il continua d'avancer. Le jeune Agreste avait vraiment l'impression d'être dans les limbes de son esprit, c'était une sensation assez étrange.
Il finit par s'arrêter devant le sable qui formait une petite bosse. Adrien décida de s'en rapprocher et quand il s'accroupit pour voir ça de plus prêt, il vit un petit cube en bois caché sous ce sable. Il fronça les sourcils perplexe avant de finalement se redresser. Sans chercher à comprendre le pourquoi du comment, il finit par s'aventurer dans la forêt. Elle était dense. Difficile de voir un rayon de soleil dans cette forêt. Adrien commençait à se sentir oppressé et il avait de plus en plus de mal à continuer son chemin. Il se sentait fatigué et avait besoin d'air. Le blond ne pensait croiser personne pendant son voyage dans la forêt parce qu'il n'avait entendit aucun bruit, aucun chant d'oiseaux. Pourtant, une branche craqua à sa droite et ses muscles se crispèrent directement après ce bruit. Quand il tourna la tête vers provenance du sons, il vit un ours qui se tenait sur ses deux pattes l'observer. L'animal ne bougeait pas, il se contentait de fixer Adrien sans grogner. L'étudiant fit de même, il le fixa sans dire un mot. Il avait peur que l'ours lui fasse quelque chose mais en même temps, il était fasciné par la bête.
L'ours ne semblait pas bouger alors Adrien décida de lui tourner le dos afin de continuer son chemin. Quel chemin ? Il ne savait pas vraiment. Il espérait juste trouver les autres, retrouver Marinette. Adrien marcha un moment dans cette forêt dense, sans trop de lumière et d'air et il finit par tomber sur une vieille maison qui se trouvait entre les arbres. Elle semblait être abandonnée depuis un moment maintenant. Adrien décidé quand même d'y entrer histoire de se reposer un peu afin de reprendre sa route un peu plus tard. Il entra alors dans la maison. Les meubles étaient recouvert de draps blanc et une couche de poussière s'était posé dessus. Elle semblait grande mais elle était maintenant vide de vie. Adrien tomba alors sur des escaliers qui semblaient mener au grenier. Il finit alors par les prendre. 1 marche, deux, trois, quatre, cinq, dix, vingt, trente, quarante, soixante marches. Étrange pour une maison d'avoir autour de marches. Quand Adrien arriva en haut, il ne remarqua rien. Un simple grenier sombre qui avait un côté effrayant. Il entendit soudainement des voix, des voix qu'il avait du mal à reconnaître dans un premier temps mais qui devenaient de plus en plus audible.
« Elle m'aime, un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout... » Adrien pût reconnaître clairement sa voix.
« Bonjour, père... C'est moi. Aujourd'hui, c'est la journée où les parents viennent présenter leur métier à l'école, vous vous souvenez ? J'espérais que vous viendriez... Rappelez-moi quand vous le pouvez, d'accord ? »
« N'en veux pas trop à ton père, mon chéri.. Il est très occupé mais nous resterons toujours sa priorité. Alors, dis-moi, qu'est-ce que tu voulais lui montrer ? »
« Mère... » murmura Adrien.
Son cœur se serra et sa gorge par la même occasion. Cela faisait des années que sa mère est morte. Cela faisait tellement longtemps qu'il en avait oublié le sons de sa voix et pourtant il venait de reconnaître immédiatement la voix de sa mère. Douce et calme. Cette voix qui avait toujours su lui faire entendre raison. Il ne savait pas ce qu'était cet endroit mais une chose est sûr, il ne l'aimait pas. Adrien avait appris à vivre avec la douleur avec l'absence de sa mère et cette maison, cet endroit ne faisait que lui enfoncer un couteau dans la plaie. Il entendit les marches craquer derrière lui, signe que quelqu'un était en train de les monter. Adrien était pourtant sûr d'avoir été seul. Le blond recula de quelques pas afin de s'éloigner un maximum du danger. Qui se jouait de lui ? Qui jouait avec son esprit ? Il ferma les yeux par peur mais aussi parce qu'il voulait se réveiller de ce cauchemar. Une main finit alors pas se poser délicatement sur sa joue. Le contact était agréable et délicat et Adrien se sentit obligé de rouvrir doucement les yeux. Il tomba nez à nez avec un visage plus que familier. Les traits fin, la peau légèrement bronzé, les yeux couleur émeraude et les cheveux aussi blond que le blé mais surtout ce parfum fleurie qu'il connaissait depuis toujours. Adrien se mordit la lèvre inférieur retenant ce sanglot qui menaçait de sortir.
« Maman... » lâcha Adrien d'un voix brisé.
Sans attendre, Emilie enroula ses bras autour du corps de Adrien. Un étreinte plus que agréable et rassurante. Sa mère était là, vêtue de blanc. Elle finit d'ailleurs par prendre délicatement la main de Adrien avant de finalement reprendre les escaliers pour regagner la maison dans un silence pesant. Quand ils arrivèrent dans la demeure tout avait changé, elle n'était plus délabrer. Au contraire, la maison abandonnée était devenu le manoir des Agreste. Cette grande maison dans laquelle Adrien avait passé toute sa vie. Il regarda autour de lui légèrement perdu avant poser son regard sur la table à manger. Dessus se trouvait une photo, de lui et de son père. Une photo que sa mère avait prise quand ils étaient parties les trois au parc un après-midi. Son père lisait un livre sur la mode et Adrien n'avait pas arrêté de faire des commentaires sur les croquis de tenues qui se trouvaient dedans. Le jeune Agreste fronça les sourcils avant de se tourner vers sa mère qui afficha un doux sourire avant de prendre la parole.
« Tu te souviens mon cœur ? De cette magnifique journée de printemps que l'on avait passé ensemble. Ton père avait prit une journée de repos rien que pour nous faire plaisir. » Elle afficha un petit sourire triste. « Ton père faisait toujours passer notre bien avant le siens. »
Adrien ne savait pas quoi répondre sur le coup. Il avait envie de parler, de tout lui raconter mais il savait que les larmes finiraient par couler alors il se contenta de fixer sa mère sans dire un mot. Émilie s'avança doucement vers lui avant de passer délicatement sa main dans les cheveux blond de son fils.
« Comme tu as grandis. Tu es devenu un beau garçon. »
« Pardonnez-moi, mère. »
Ce fût les seuls mots qui sortirent de sa bouche dans un premier temps. Il sentit les larmes couler sur ses joues sans qu'il ne puisse vraiment les stopper. Adrien avait terriblement mal au cœur parce qu'il savait que sa mère n'était pas vraiment là et pourtant il sentait ses touchés, il entendait sa voix, il voyait son visage. Émilie afficha une petite moue avant de venir sécher les larmes de Adrien avec l'aide de son pouce.
« Pourquoi tu t'excuses mon chéri ? Tu n'as rien fait de mal. Au contraire, je suis fière de toi. »
« Tu me manques, maman. Et tu manques aussi beaucoup à père. Cela fait si longtemps que tu es partie et pourtant... » Il renifla difficilement avant de reprendre sa phrase. « C'est dur d'avancer sans toi. Père et moi, on a du mal à être heureux sans toi. »
Emilie garda le silence un moment, Adrien avait même cru qu'elle avait disparût et pourtant elle était toujours là fixant la photo sur la table avec un regard vide. Elle fixa finalement Adrien avant de sourire.
« Vous êtes fort Gabriel et toi. Vous l'avez toujours été. Enfant, tu admirais et aimais ton père plus que tout au monde et Gabriel t'aimait tout autant. Il ne me parlait que de toi quand on était que tous les deux. Et je sais que cette relation entre vous est toujours la même. Malgré la douleur. »
Elle se dirigea finalement vers une porte qui menait au jardin de la maison et Adrien suivit sa mère encore sous le choc. Elle s'arrêtait au milieu de ce dernier afficha une nouvelle fois un sourire triste.
« Je suis navrée, Adrien. Tu as enduré tant de choses, tout ce temps, tout seul. Tu dois arrêté de te renfermer sur toi-même, tu es quelqu'un de bien mon fils. Et crois-moi, tu es capable de grande chose. Tu dois resté fort, ne laisse pas le passé prendre le dessus. Je t'aime et j'aime ton père. Mais la chose la plus importante c'est que vous soyez-là l'un pour l'autre. Sois présent pour ton père comme il le sera pour toi. Pardonne ses erreurs comme il pardonnera les tiennes et surtout restez soudé. Le monde ne peut rien contre les deux hommes que j'aime le plus au monde. »
Une larme perla sur le visage de sa mère alors qu'elle baissa son regard vers une tasse qui se tenait à ses pieds. Elle était sale et brisée mais Adrien se baissa quand même vers cette dernière pour la ramasser avant de fixer sa mère tout en souriant tendrement.
« Je t'aime, maman et je t'aimerai toujours. »
Il entendit alors un grondement juste au dessus de sa tête. Adrien leva son visage par réflexe fixant le ciel qui était plus que menaçant. Les éclairs déchiraient le ciel juste au dessus de sa tête et le tonerre faisait vibrer le sol sous ses pieds. L'orage était déjà là, étrange. Le blond ne l'avait pourtant pas entendu arrivé. Avec cette orage, Adrien remarqua une rivière à l'eau rosée non loin de lui. L'eau s'agitait invitant l'étudiant à se rapprocher. Il vit encore les films de sa vie se dérouler dans l'eau comme au début quand il avait été dans la barque. Sauf que cette fois-ci quelque chose changea. Adrien se pencha une nouvelle fois vers l'eau et vit son reflet avant de remarquer rapidement le symbole qui était dessiné dans son œil droit. Celui-ci s'illumine et avant que Adrien ne puisse réagir, il perdit une nouvelle fois connaissance.
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Alone but together
Je n'ai besoin que de toi et de personne d'autre.
14 octobre 2017 - 18h00
"Vous voyez ? Ils ont accepté votre offre sans même chercher de compromis. Vous avez su vendre à merveille l'affaire que vous leur proposiez.
-Ce n'est pas étonnant. Leur entreprise est bord de la faillite, ils sont juste totalement désespérés et à ramasser à la petite cuillère. Je n'ai fait que recueillir des chiots abandonnés...
-Pour laver votre image."
Sebastian sourit. Ciel ne démentit pas. Après le départ de majordome, le comte ne restait plus qu'un enfant à le recherche de qui il était et de ce qu'il voulait. La vérité était que, depuis la fin de sa vie illusoire dans l'entre-deux mondes, il ne savait plus vraiment. Venger ses parents n'avaient plus de sens, servir la justice non plus puisqu'égoïstement, ce n'était que pour les intérêts de la reine qu'il se manifestait. Agissant toujours aux côtés du démon, il s'était lui-même tracé un chemin vers sa mort qu'il n'avait jamais dévié auparavant. Désormais, pourtant, tout change. De nouveau ressuscité, il pouvait reprendre une vie "normale" alors que lui ne l'était plus du tout. Comment procéder ? Comment ne pas se perdre ? Ciel Phantomhive s'était égaré durant le temps où Sebastian n'était plus là, jonglant entre manipulation, espionnages, liaison avec les bas-fonds et tentatives de suicide. Il avait cherché à ressentir quelque chose, à se tester lui-même. Pourtant, même lorsqu'il sauta de la grande roue ou lorsque une arme se pointa sur son front, aucune voix ne vint l'avertir du danger. Il n'en voyait pas. C'était Sebastian qui avait du alors le rappeler à l'ordre et aujourd'hui, c'était également lui qui tentait de lui faire suivre un nouveau chemin tandis qu'il créé le sien à son tour.
"Vous devez réduire au silence les rumeurs qui courent sur vous. Reprit le majordome à l'égard de son maître.
-Les rumeurs sont vraies, alors pourquoi aller à leur encontre ?
-Parce qu'elles ne vous représentent pas ?
-Qu'est-ce que tu en sais ? Ciel redressa un regard curieux vers Sebastian. Qui te dit que je n'ai pas changé de voie, que je ne suis pas devenu quelqu'un d'autre en ton absence ? Après tout, ce serait totalement possible, toi-même l'as-tu dit : les Hommes ont le choix.
-C'est exact. Mais vous ne souhaitez pas devenir comme les assassins de vos parents, je me trompe ? Silence. Vous ne faisiez que vous chercher et d'après ce que j'ai entendu dire, c'est tout à fait normal à votre âge."
La comparaison ne plut pas au garçon qui fronça deux sourcils opposés aux propos de son majordome. Il contredit :
"Je suis dix fois plus mature que les enfants de mon âge, mets-toi bien ça dans la tête, Sebastian. C'est insultant que tu me compares à eux aussi facilement. J'ai vécu bien plus de choses que tous les gens de cette Terre... Dois-je te rappeler que nous ne venons pas de cette réalité-là ?
-Comme tous ceux de Storybrooke. S'inclina Sebastian. Pourquoi ne pas y retourner, d'ailleurs ? Les habitants pourraient peut-être vous aider.
-À quoi ? Trouver mon chemin ? Le comte ne put s'empêcher d'esquisser un rire. Ils doivent être tout aussi perdu que moi à l'heure qu'il est. Cette ville n'est que le résultat d'une vengeance. Toi et moi savons qu'une vengeance ne finit que rarement bien...
-Peut-être sont-ils perdus, oui... Mais au moins, ils le sont ensemble."
Il laissa fondre ses paroles dans le silence comme le sucre dans la tasse de thé du jeune garçon. Le thé de qualité ne se buvait pas avec du sucre, au contraire : il se suffisait à lui-même. Mais connaissant l'adolescent, le majordome s'était permis cet extra que Ciel remarqua mais ne releva pas.
"C'est toute la différence qu'il y a entre Storybrooke et vous, monsieur.
-Tu insinues que je suis seul et perdu ? Pourtant, tu es avec moi.
-Alors nous sommes seuls ensemble. Sourit Sebastian. Autrefois, c'était une chose qui vous suffisait mais je pense pour votre intérêt qu'il faudrait que ça change. Vous devez vous ouvrir à ce qui vous ressemble. Storybrooke... Est un recueil à vivre dans toute sa diversité.
-Qu'est-ce que m'apporterait un recueil ? C'est ridicule."
Le caractère d'opposition de Ciel agaçait le majordome qui soupira de son côté, attrapant un livre de contes au hasard dans la bibliothèque qui était à sa droite. Assurément, il l'apporta au comte en lui avançant l'ouvrage sous ses yeux.
"Ce qu'apporte toute histoire : une leçon."
PLUMYTS 2020
OH MY DEAR LORD
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Gabriel Agreste
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| Avatar : Léonardo Dicaprio
- Qu'est-ce que tu sais exactement ?
- Que tu as échoué.
◘◘◘
Heroes make mistakes too...
| Conte : ♦ Miraculous Ladybug ♦ | Dans le monde des contes, je suis : : Gabriel Agreste alias le Papillon
Il avait plongé sans savoir pourquoi, comment et où exactement. Tout ce que Gabriel savait, c'est qu'il s'était noyé dans l'eau limpide aux images étranges et que lorsqu'il se réveilla, c'était allongé sur un goudron chaud, ouvert les yeux face à un ciel rouge cerclé par un pentagramme. Le styliste semblait s'être réveillé à une de ses pointes. Il se redressa de cette grande route vide dans laquelle il avait atterri, observa les alentours d'une ville déserte puis lu certains panneaux en avançant avec méfiance vers le centre de l'étoile dressée au ciel. La plupart du temps, Gabriel lisait des "Hell" "Enfers" "Diable" "Démon"... Il ne lui en venait donc qu'une seule conclusion qu'il n'arrivait pas vraiment à digérer.
"L'Enfer ? Il leva sa main devant lui, la fixant un instant. Je suis mort ?"
Ce n'était plus la première fois qu'il se posait la question. Un jour viendrait où la réponse sera positive et il ne savait pas si ce jour était venu. N'y avait-il personne pour lui déclarer son triste sort de vive voix ? Était-il destiné à rester seul dans cette Enfer vide jusqu'à la fin des temps ? Les questions s'enchaînaient mais cela sans réponses. Gabriel venait, parfois, à appeler signe de vie sans qu'il n'y ait de retour. Seule sa voix perçait le silence pendant un long moment de marche. Il lui fallut encore quelques temps d'appels jusqu'à ce qu'autre chose entre en jeu : une douce mélodie, si fine car si lointaine, jouée au piano à quelques rues d'ici. Allez savoir pourquoi le styliste pouvait l'entendre mais, intrigué par cette musique et surtout la sentant familière, il décida de s'y laisser guider. Les notes ressortaient d'un bar abandonné appelé le "Dancing with the devil's Bar" et sans attendre, Gabriel y entra. Il n'y avait aucun piano mais la musique se poursuivait. Son attention ne se porta plus sur celle-ci pourtant car, à l'autre bout de la pièce, son fils venait de passer la porte lui aussi. Ils se retrouvaient, face à face, dans le bar des Enfers.
"Adrien ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Partagé entre joie et affolement. Il ne savait pas quoi penser. Adrien était-il là parce qu'ils n'étaient pas morts, ou bien... N-non... Frémit-il. Tu..."
Il n'osa pas terminer sa phrase. Que lui meurt et finisse ici était, objectivement, tout à fait logique pour lui. Mais qu'Adrien fasse part du même sort lui était tout simplement invraisemblable... et inacceptable. Leur retrouvaille pouvait se faire heureuse, la cause de leur arrivée ici questionnait beaucoup plus d'inquiétudes et le fils était tout aussi perdu que le père.
"Vous croyez que nous sommes mort père ?... Je ne comprends plus rien. Il y a cette douleur à l'oeil puis ce rêve étrange. J'ai vu mère puis plus rien avant de me réveiller ici... que se passe t-il père ?"
L'œil ? En effet, après observation, Adrien avait le même symbole tatoué dans l'œil droit que Gabriel.
"Toi aussi tu l'as... Attends, tilta-t-il subitement, comment ça ? Ta mère ? Adrien, comment pourrais-tu la voir... ?"
Il haussa les épaules dans un moment de silence avant de reprendre la parole :
"Je ne sais pas vraiment. Elle était là devant moi, je sentais son parfum et j'ai pu la prendre dans mes bras mais au fond je savais que ce n'était pas vraiment elle. Et maintenant on se retrouve dans cet endroit... étrange.
-En effet... Acquiesça Gabriel sans trop savoir quoi en penser. Ce qui est étrange, aussi, c'est cette musique..."
Il disait cela particulièrement car cette mélodie lui était familière. Quelqu'un l'avait déjà joué pour lui mais impossible de se souvenir qui exactement. Demandant d'un geste à son fils de rester en retrait, il s'avança lentement vers le rideau qui séparait le bar d'une salle pour l'instant inconnue mais qui saurait, de toute évidence, percer le mystère du joueur de piano. Il lui suffit de tirer le tissu rouge pour passer outre et entrer dans la pièce et pourtant, cette étape lui parut difficile et décisive. Lever un simple voile, littéralement, allait peut-être lui permettre dans lever un sur un passé. Le rideau cachait une arrière-salle avec des sièges et une scène... Sur cette scène, une jeune femme aux cheveux blonds, perçu de dos, poursuivait son jeu. Le fils demeurait intrigué et, avançant de quelques pas pour se retrouver au même niveau que son père, il se fit arrêter d'un geste de bras par ce dernier qui ne put s'empêcher de se méfier - quoique persuadé de connaître la silhouette qui jouait.
"Attends Adrien... Il reprit à voit plus haute pour passer au-dessus de la mélodie. Qui êtes vous ?"
Et la musique s'arrête. Comme un temps suspendu, la jeune femme cessa de jongler sur les touches, posant simplement ses doigts sur leur paroi. Patientant un instant, elle finit par se retourner face aux garçons, affichant un sourire timide face à l'attention soudain qu'elle avait. Une mèche de cheveux replacée sur son visage, elle osa enfin prononcer ces quelques noms précieux à ses yeux :
"Gabriel... Adrien...
-Émilie..." Reconnut le styliste qui, pourtant, ne pouvait s'empêcher de rester méfiant.
La jeune femme hocha la tête de haut en bas avant de descendre de la scène pour venir rejoindre les deux jeune hommes.
"Vous m'avez tellement manqué... Le temps était long sans vous avoir à mes côtés."
Gabriel aurait souhaité sourire aux côtés de sa bien-aimée mais il lui avait déjà fait ses adieux aux Hunger Games et ne pensait pas qu'il aurait à la retrouver si vite. Il avait peur, c'était certain, que toute cette histoire ne soit à nouveau un piège. N'osant fixer Adrien, celui-ci, pourtant, était de même avis. Son monde se fragilisait encore à alors que le passé remontait brusquer le présent. Le fils n'osait croiser le regard de sa mère et, réticent, il demanda à voix basse :
"Père... On devrait partir d'ici."
Gabriel hésita, c'était certain. Seul le regard désorienté d'Émilie alors qu'elle comprenait qu'ils ne voyaient en elle qu'un danger l'empêcha d'agir dans l'immédiat. Et si c'était elle ? Oserait-il lui tourner le dos ? Et même si ce n'était pas elle... Le pourrait-il seulement ?
"V-... Vous ne me reconnaissez pas, c'est ça ? C'est vraiment moi, Adrien... Je... Je peux prouver que c'est moi ! Elle porta une main à sa poitrine. Demandez moi n'importe quoi. J'y répondrais ! Je ne suis pas une illusion, vous n'êtes pas dans un rêve !
-Où sommes nous alors ?"
Il n'avait pas perdu le nord malgré la vision de sa femme. Il ne savait pas si c'en était une mais il pouvait au moins encore savoir où eux se trouvaient. Émilie baissa la tête en guise de réponse, laissant à Adrien et Gabriel tout le loisir de deviner. Le corps du plus jeune commençait à trembler, apeuré par ce qu'il pouvait en suggérer. Baissant doucement la tête après un temps silencieux pour tous, il osa simplement demander :
"On est mort, c'est ça ?"
La tristesse perçue sur le visage de son fils atteint la mère qui s'empressa vers lui pour le rassurer. Adrien ne put s'empêcher d'avoir un mouvement de recul surpris avant de se laisser bercer par les paroles de la jeune femme.
"Non ! Bien sûr que non ! Mon chéri, même si tu étais mort, aucun ange n'oserait te laisser aux griffes de l'Enfer. Tu n'es pas mort, Adrien. Tendrement, elle souhaita passer sa main dans les cheveux du blond mais celle-ci le traversa instantanément. Elle se rétracta donc d'un regard baissé. Ne t'en fais pas."
Mais les garçons s'en faisaient, beaucoup même. Émilie était morte... Et pourtant devant leurs yeux. Si ils n'étaient pas morts, elle ne nia pas qu'ils étaient en Enfer. Adrien, attristé que sa propre mère ne puisse le toucher, afficha une petite moue d'un regard humide relevé vers elle.
"Pourquoi tu es en Enfer ?"
La question se posait d'elle-même et si ce n'était pas Adrien, Gabriel se serait empressé de la poser. Émilie Agreste était l'une des meilleures personnes qu'il connaissait sur cette Terre. Douce, gentille, généreuse, aimable, serviable, compréhensive... Elle savait être à l'écoute et n'espérait jamais reçevoir en retour. Elle donnait pour le simple plaisir de donner. Si une personne dans cette pièce ne devait pas finir en Enfer, c'était elle. Et son fils. Finalement, l'ex Papillon était le seul à ne pas être surpris de se retrouver là s'il avait été mort. Ce n'était pas le cas. Et s'ils ne savaient pas encore pourquoi ils étaient ici malgré tout, la défunte Agreste restait une priorité à leurs yeux. Mais Émilie prit de la peine à expliquer la raison de sa présence ici-bas. Elle avait tenté de prendre les mains de son fils dans les siennes mais, en vain, soupira en baissant la tête. Ce qui allait s'ensuivre n'allait pas être plaisant pour la famille. Cette réunion allait jouer sur une partie de leur passé. Et de leur avenir.
"C'est à cause de toi, Gabriel..."
Son cœur rata un battement à l'entente de son nom.
"Moi ? P-Pourquoi ? Il ne comprenait pas ce qu'il pouvait lui être reproché et, désemparé par cette accusation, il tenta une approche tactile qu'il rétracta immédiatement, comprenant qu'elle était impossible. Émilie... ?
-C'est de ta faute si je suis ici, Gabriel. Reprit-elle en lui adressant un regard déçu. C'est toi qui m'a fait venir ici !
-J-Je t'assure que je n'ai rien fait, Émilie ! Il leva deux mains devant lui. Pourquoi voudrais-je que tu finisses dans un lieu pareil ? J'étais dévasté quand tu es...
-Je sais...
-Jamais je n'aurais fait ça."
Silencieusement, Émilie semblait se braquer de bras croisés et d'un regard vaquant. Elle se renfermait.
"Undertaker l'a fait."
Et à cette annonce, les yeux de Gabriel s'écarquillèrent. Il connaissait ce nom. Il recherchait ce nom depuis des années déjà. Depuis qu'il avait pris le corps de sa femme sans lui demander son avis, lui promettant de la ressusciter dans un décompte donné. Il avait joué avec le styliste et il avait gagné. Du moins c'était ce que pensait Gabriel. Voyant l'âme de sa femme vaquer dans ces environs néfastes, il remarquait surtout que cette histoire avait pris plus d'envergure qu'il ne le pensait. Et cette fois-ci, le fils en était témoin. Adrien comprenait encore moins la situation mais remarquait très bien qu'on lui cachait quelque chose. Cette simple idée l'incita à s'écarter tout d'abord de son père... Avant de prendre distance avec ses deux parents. Comment croire qu'ils puissent être réunis à nouveau ?
"C'est quoi toute cette histoire ? Qui est ce Undertaker ? Puis comment cela pourrait être de la faute de père ? Vous êtes morte mère.."
Émilie baissa la tête. Gabriel se contenta de la fixer, totalement muet vis à vis des problèmes qu'il avait causé. Dans un silence, il ne prit le temps que de réfléchir à l'ampleur des choses. C'était d'un pas lent qu'il souhaitait se justifier.
"Émilie, je te promets que si j'avais su...
-Ce n'est pas la question ! Craqua la jeune femme aux bords des larmes. Est-ce que tu te rends compte de tout ce que tu as fait depuis mon départ ?
-J'ai pris du temps à accepter ta mort...
-Mais il fallait que tu l'acceptes ! Il le fallait. J'avais fait une erreur et je l'ai payé... C'était le sort qui m'était réservé -
-JE N'ÉTAIS PAS D'ACCORD ! Gabriel s'arrêta. Reprit, plus doucement. Ce n'était pas juste. Tu n'aurais pas du mourir... Je-... Comment voulais-tu que je vive sans toi ? Que j'éduque notre fils sans toi ? Émilie..."
Elle ne souhaita rien entendre, hochant vivement la tête de droite à gauche pour le contredire.
"Tu aurais du l'accepter, Gabriel. Pendant que tu pensais à moi, Adrien avait besoin de toi. Elle essuya ses larmes dans quelques sanglots. Tu n'as pas été là pour notre fils et moi... Moi je devais vous observer vous déchirer sans ne pouvoir rien y faire...
-Je suis désolé... Il tentait de s'approcher de la jeune femme mais se stoppait toujours dans ses mouvements, par peur de ne pas le mériter. Je suis tellement désolé..."
Les choix qu'avaient fait Gabriel par le passé s'étaient avérés, après prise de recul, être les mauvais. Mais, aveuglé par les sentiments, ils n'avaient pas su différencier le vrai du faux, le bien du mal. Il souhaitait la justice à sa manière et il s'en mordait les doigts aujourd'hui. Et il regrettait amèrement. Heureusement, Émilie n'avait étrangement pas le temps de débattre sur ce sujet-là. Elle semblait beaucoup plus préoccupée de leur situation actuelle.
"Ce qui est fait est fait. Un sourire se redressa vers Adrien. Notre fils a grandi et est devenu un merveilleux jeune homme. Je suis très fier de lui.
-Moi aussi... Admet Gabriel.
-Vous êtes en grand danger, ici. Il faut que vous trouviez un moyen de partir et que vous ne vous laissiez absolument pas entrer dans le jeu. Gabriel, n'écoute rien de ce qu'il pourrait te dire. Il n'est pas possible pour moi de revenir parmi vous... Il a essayé, mais ça n'a pas marché...
-Il... Il a vraiment essayé ?"
Elle acquiesça. Adrien écoutait leur conversation sans dire un mot. Que pouvait-il dire de toute façon ? Il ne comprenait rien. Il demeurait à l'écart jusqu'à cet instant, avant de s'attraper le bras tout en secouant négativement la tête.
"Je peux savoir ce qu'il se passe ? Pourquoi mère est enfer ?! Demanda Adrien à son père tout en haussant la voix. Pourquoi je comprends rien de ce que vous dites ... Cette fois sa voix se brisa légèrement.
Émilie redressa son regard vers Gabriel. Ils se mettaient tous les deux d'accord sur le fait qu'Adrien méritait de savoir mais le père lâcha prise plus vite, serrant les poings avec réticence.
"Il doit savoir...
"Je... Son regard s'accrocha à Adrien mais il ne le tint pas longtemps. Je ne sais pas si... -
-Il comprendra. J'en suis sûre. Dis-lui avant qu'Undertaker ne le fasse."
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Opaline M. Santos
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Today's laughs are tomorrow's tears,my deer
| Conte : Hazbin Hotel | Dans le monde des contes, je suis : : le plus beau des anges :)
« Life is a masquerade. Everywhere you look are people hiding behind masks. »
Opaline avait déjà eu l'occasion de se réveiller de nombreuses fois en dehors de son lit, mais jamais le sommier sur lequel elle avait atterrit n'avait été aussi dur que celui sur lequel elle reposait à présent. Elle ouvrit les yeux, étendue sur l'asphalte, et saisit alors l'origine de son léger mal de crâne. Seulement, elle n'eut pas le temps de s'attarder davantage sur son état de santé, que le paysage la frappa. Un ciel rouge s'étendait au-dessus d'elle, marqué d'un immense pentagramme brillant. Elle se releva en se frottant le crâne, afin de balayer les alentours du regard, puis esquissa un large sourire:
« Comme on se retrouve... »
L'Enfer en général rappelait de doux souvenirs à sa mémoire, mais les meilleurs avaient été créés à Pentagram City. Elle inspira un grand bol d'air ardent, puis expira en fermant les yeux, comme pour mieux savourer le moment. Le petit soupir satisfait qu'elle laissa échapper, ne fit que souligner encore plus son contentement. Elle avait longuement rêvé de son retour au Paradis, mais cette descente en Enfer lui procurait un sentiment presque aussi agréable. Elle entama donc une longue balade à travers la ville, trépignant d'impatience à l'idée de supprimer quelques démons. Mais sa joie se terni doucement, quand au fil de son chemin, elle ne vit pas la moindre trace démoniaque. Les mots de Shakespeare prenaient alors tout leur sens, l'Enfer était vide, tous les démons étaient sur Terre... Les hôtels, immeubles et autres bâtiments se succédaient, avec le point commun d'être déserts. Les vitres étaient sales, le mobilier poussiéreux. On sentait que les lieux avaient été abandonnés précipitamment, comme à l'approche d'une bombe ou d'une météorite. Dans le cas présent, le danger était l'épais brouillard violet qui s'était faufilé dans chaque recoin de Pentagram City.
Une question lui traversa alors l'esprit: comment avait-elle atterrit en Enfer ? Elle se rappelait avoir été sur une île, et s'être évanouie en s'observant dans l'eau d'une rivière. La réponse qu'elle cherchait ne se trouvait sûrement pas là... Alors, elle réfléchit un peu plus, remonta un peu plus loin dans sa mémoire, et se souvint du combat qui l'avait opposée à Sebastian. Elle sortait de l'hôpital, quand elle l'avait aperçut, planté devant la vitre comme un prédateur guettant l'arrivée de sa proie. Elle sortit immédiatement, les sourcils froncés pour demander:
« Que fais-tu là, sale démon ? »
Elle n'avait plus aucune considération pour sa vile personne -si tenté qu'elle en ait déjà eu,- et le trouva répugnant quand il esquissa un sourire simple et très fin. Il disparût rapidement derrière une nouvelle question, qui ne répondait pas à celle d'Opaline:
« Tu es au courant, n'est ce pas ? »
Poursuivant ce dialogue de sourd, la jeune femme demanda:
« Tu es là pour Ash ? » « Non. Cette réponse lui convenait. Sebastian glissa alors un oeil vers l'intérieur de l'hôpital, avant de demander: Comment va-t'il ? »
Qu'en avait-il à faire ? Sur la défensive, son interlocutrice cracha:
« Très bien. Tu crois vraiment qu'un pitoyable être humain pourrait anéantir un ange ? » « C'est vrai, les anges sont difficiles à atteindre. Avait-il concédé en souriant. Puis, il avait replacé son gant immaculé sur sa main. C'est un défi que beaucoup de démons sont prêts à relever »
Opaline vit le regard du démon rougir, n'augurant rien de bon. Elle le jaugea de haut, sur ses gardes, et dit entre ses dents:
« Ne joue pas à ce petit jeu avec moi, Sebastian, tu n'es pas de taille. » « Il n'y a qu'une manière de le savoir. »
L'instant qui suivit sembla durer une éternité. En deux secondes, la tension grimpa de façon fulgurante, atteignant son apogée lorsque le démon se jeta sur Opaline. Elle déploya ses ailes en une fraction de seconde et lui échappa d'un battement d'aile, avant de revenir sur le sol avec un large sourire. Elle ne comptait pas se défendre. Pour le moment... Sebastian rit légèrement, puis replaça ses cheveux en arrière, dos à elle. Il soupira:
« J'aurais dû m’occuper de toi dès l'instant où tu es arrivée dans l'esprit du jeune maître. »
Voilà un démon qui nourrissait de grandes ambitions, ou qui faisait de beaux rêves. Il retira ses gants, qu'il glissa dans ses poches comme cela pouvait être attendu de la part d'un majordome, puis laisse pousser des griffes noires, longues et épaisses. Opaline ne réfréna pas le rictus dégouté qui secoua tout son être, l'accompagnant même d'un commentaire:
« C'est répugnant. »
Il se retourna et tenta une nouvelle fois de l'atteindre, parvenant seulement à lui arracher quelques plumes. Il réitéra l'opération à plusieurs reprises, sachant pourtant pertinemment que cela pourrait l'épuiser. De son côté, Opaline conservait son énergie, se contentant de reculer par petits bons sans se soucier de ses plumes qui volaient dans tous les sens. Elle voulait que la force de son adversaire arrive à son zénith, qu'il parvienne à lui donner envie de se battre. Il tentait toujours d'être plus rapide, plus avenant, et parvint même à deviner quelques fois la position d'Opaline. Il parvint à l'atteindre à l'épaule, puis à la hanche, attaques durant lesquelles elle ne se priva pas de répondre à ses piques:
« Tu aurais peut-être dû essayer oui... Pour ma part, tu n'as jamais été assez intéressant pour que je veuille te détruire. »
Ce n'était que la vérité, et il ne l'était toujours pas. Il bondit sur le bâtiment pour prendre et hauteur, puis fondit sur l'ange comme un rapace aux serres acérées. Opaline se décala légèrement, et appuya sur le dos de Sebastian pour le projeter au sol. Sa force, couplée à celle que le démon avait mise dans son saut, pouvait faire de gros dégâts. Elle bailla en mettant une main devant sa bouche, puis ajouta en se tenant devant lui:
« Je m'ennuie. »
Elle l'observa se redresser difficilement, comme une vermine rampante, le coude éraflé.
« Ta réputation est à la hauteur de ta force... Je n'en attendais pas moins de toi. »
Opaline rit un peu à cette idée, de son côté, elle n'avait aucune attente. Mieux valait ne pas en avoir, au risque d'être rapidement déçue...
« Ash avait été beaucoup plus simple à éliminer par le passé lorsqu'il a voulu s'en prendre à l'esprit du comte. Je ne te laisserai pas l'approcher, Opaline... Tu ne devrais pas être ici. »
Il se retourna vers elle, plantant son regard rouge sang dans celui de l'ange, qui ricana. Sans baisser sa garde, elle remit en cause les propos du démon d'un air presque insolent:
« Tu insinues que mon jeune dramaturge a mal écrit sa pièce ? Où devrais-je être d'après toi ? » « En Enfer, là où est ta place... Le comte n'a pas choisi les rôles de ses personnages, ça lui était égal tant qu'ils venaient de Storybrooke. En tant normal, je ne devrais pas interférer dans ses affaires... Mais je ferai peut-être une exception cette fois-ci en t'éliminant. Pose-toi des questions, je veux dire... Tu es tout de même la seule à être ravie de te savoir conduite dans un jeu sordide dont tu ne connais pas l'aboutissement. C'est qu'il y a peut-être un problème chez toi... Je me permets de le résoudre. »
Ce démon avait visiblement mal appris ses leçon. Les anges vivaient au Paradis, et les démons en Enfer. Il s'inclina légèrement, une main portée à sa poitrine. Son petit numéro n'amusait plus Opaline, qui s'approcha de lui tout en parlant:
« Comme c'est aimable de ta part, digne d'un majordome de la famille Phantomhive, n'est ce pas ? Seulement, je n'ai pas de problème, Sebastian. Ce que je préfère dans la vie, c'est le danger. Alors vas-y. » Arrivée à sa hauteur, elle lui chuchota à l'oreille: « Élimine moi. »
Sebasitan sembla déchanter, détestant les anges qu'il trouvait visiblement écœurants. Comment pouvait-on se dégouter de la perfection ? Opaline ne nota pas ce comportement, attendant qu'il réplique. Il n'avait pas bougé pendant qu'elle parlait, bien que cette proximité ne lui plaise guère.
« Si c'est demandé si gentiment. »
Il attrapa la jeune femme par le col de sa robe, sachant pertinemment qu'elle esquiverait son cou s'il ne le faisait pas. Prise de court, Opaline observa les ongles entrer dans sa chaire. Sebastian la tira alors en reculant de quelques pas, avant de l'envoyer violemment valser contre un arbre, quelques mètres plus loin. Ne lui laissant aucun répit, il se rua vers elle pour attraper son aile droite avant qu'elle ne puisse prendre son envol. Elle détestait qu'on l'empêche de bouger, et commença doucement à paniquer. Il la tira vers lui, et d'un coup de pied, lui fractura l'aile. Puis, il attrapa fermement son bras avant de sauter de branche en branche pour s'éloigner de l'hôpital. Malmenée par les feuilles qui lui griffaient le visage, l'ange ne se débattait pourtant pas, elle attendait la fenêtre d'action idéale pour agir. Il la jeta au sol et atterrit au-dessus d'elle.
« Ce serait embêtant que les médecins viennent te sauver comme ils sont en train de le faire avec ton ami. Tu permets ? »
Il redressa sa main sertie de longues griffes, avec l'ambition de la poignarder et de laisser son cadavre pourrir sur le sol de Londres. Opaline n'attendait pas la mort avec impatience, mais il lui fallait une motivation assez grande pour accepter de se battre contre un piètre démon. Elle eut une pensée pour Ash, sachant que Sebastian se rendrait immédiatement dans sa chambre s'il parvenait à se débarrasser d'elle. Cette idée la motiva assez pour qu'elle accepte de prendre part au combat. Elle esquissa un large sourire, prenant Sebastian de haut bien qu'elle soit étendue sur le sol.
« Sache que les anges se posent toujours au sommet. Même quand ils semblent chuter, ils volent vers les cieux. »
A ces mots, elle tira son aile blessée devant elle à l'aide de sa main, afin de parer le coup de griffe de Sebastian. Puis, elle poussa sur ses jambes afin de se projeter vers lui et de le poignarder à travers son aile. Il ne vit pas le coup venir, et le prit donc de plein fouet. Lorsqu'elle retira son aile, Opaline put l'observer regarder sa blessure dont le sang s'écoulait abondamment. Il passa une main dessus et esquissa un large sourire, s'appliquant toujours à renvoyer ses piques à l'ange:
« On ne doit pas avoir la même vision des cieux. Quand tu tombes, ma chère Opaline, c'est en bas. Et toi... Tu chutes dans les bas-fonds. Il enfonça ses griffes dans les plumes, les transperçant dans l'espoir d'atteindre son cou. De son autre main, il maintenant l'un des bras de la jeune femme au sol, serrant de toutes ses forces afin qu'elle ne puisse pas se dégager. « Tu ferais mieux de te rendre... Le maître est lié à moi et à moi seul. Tu n'es pas la bienvenue dans l'esprit complexe de cette âme. »
Tandis que Sebastian luttait pour rapprocher ses griffes du cou d'Opaline, elle poussait de l'autre côté avec son bras libre, répliquant malgré sa mâchoire serrée:
« Le démon croit connaître les cieux mieux que l'ange, c'est exactement comme si l'anglais croyait connaître l'Espagne mieux que l'espagnole. »
Elle se servit de ses jambes pour se dégager de l'emprise de Sebastian, et repousser son assaut. Lorsqu'elle parvint enfin à se relever, elle faisait peine à voir, même si elle ne l'aurait jamais admis. L'une de ses ailes trainait au sol, sa robe était rougie par le sang. Seuls ses cheveux étaient encore dignes d'un bal. Elle commençait à être essoufflée, ce qui la fit sourire. Elle s'élança vers Sebastian, plaçant son aile valide devant elle pour qu'il ne sache pas par où les coups pleuvraient. Comme attendu, il ne put le parer, déstabilisé par la présence de ces longues plumes blanches, et le reçut en plein ventre. Tout en le frappant à main nue, sûre de sa force, Opaline glissa en même temps:
« Un lien, ça se brise. »
Il serra la mâchoire face à la douleur, mais attrapa tout de même le poignet de l'ange avant qu'elle ne le retire.
« Des ailes aussi. »
Il la frappa à son tour dans le ventre, grâce à un coup de pied, tout en la tirant vers lui. Lorsqu'il parvint enfin à atteindre son cou, il serra une main autour de ce dernier.
« Finissons-en. »
Il plaça sa jambe derrière celles d'Opaline, et la poussa au sol afin qu'elle perde l'équilibre. Ainsi immobilisée, elle était incapable de se défendre, elle s'agita, essayant de se dégager mais rien n'y fit. Le démon resserra alors sa poigne autour de son cou, et cette fois, elle vit la Mort arriver, vêtue de son long manteau noir et accompagnée de sa longue faux.
« Vas-tu mourir à la fin... ? »
Même aux portes du décès, Opaline refusait de lui laisser avoir le dernier mot. Elle chercha un peu d'air, assez pour qu'elle puisse prononcer une ultime phrase, habillée d'une pointe d'insolence et d'un regard lubrique :
« Manque de chance, j'adore la strangulation. »
C'était à cet instant qu'elle avait ressentit une forte douleur à l’œil, avant de s'évanouir. Mais s'était-elle véritablement évanouie ? Ou alors, Sebastian était-il parvenu à l'arracher à la vie ? Quoi qu'il en soit, elle ne comprenait pas les raisons qui l'avaient amenée à finir en Enfer.
Après avoir déambulé un bon moment à travers la ville dépeuplée, l'espoir d'Opaline s'était envolé. Sans ses démons à torturer et exterminer, la métropole n'était rien de plus qu'un assemblage de quartiers comme les autres. Et alors qu'un long soupir empli de déception glissait entre ses lèvres, elle aperçut une silhouette plantée devant un distributeur. Sa tenue extravagante, et les longues cornes torsadées qu'il portait sur la tête lui indiquèrent immédiatement qu'elle avait affaire à un démon. Elle sautilla sur place, incapable de calmer sa joie comme une gamine la veille de Noël. En s'approchant, elle l'entendit chatonner alors qu'il attendait que la drogue tombe dans la trappe du distributeur. Sa main glissa le long de sa cuisse pour aller cueillir un poignard en argent, elle caressait déjà l'idée d'égorger l'individu, frémissant en songeant à l'émotion que cela lui procurerait. Mais soudainement, une petite voix la rappela à l'ordre et elle se ravisa. Hors de question qu'elle demeure dans un Enfer vide, et ce démon était la première personne qu'elle rencontrait depuis qu'elle était arrivée. S'il pouvait lui donner des réponses, ça ne pourrait que lui être utile, et si ce n'était pas le cas, alors elle se ferait une joie de le supprimer sans plus de considération. Elle arriva à sa hauteur et demanda:
« Qu'est ce que tu fais encore ici ? »
Tous ceux de son espèce gambadaient joyeusement sur Terre à présent, alors pourquoi était-il demeuré en Enfer ? L'hideux se retourna pour dévoiler son visage au teint terne, son grand sourire denté et ses larges iris jaunes. Opaline remua les lèvres, retenant un rictus dégoûté. D'autant plus quand il sautilla de joie, visiblement ravie que quelqu'un lui accorde son attention.
« Oh ! Noooon, me dis pas que je rêve ! Une amiiie ! Enfin, bordel, je commençais à crever d'ennui ! »
Il n'avait pas répondu à la question. Un démon inutile, donc, en plus d'être répugnant. Elle ne rit pas à sa petite blague, notant qu'il le faisait bien assez pour eux deux. Sans prévenir, il s'approcha de l'ange et essaya de lui prendre le bras, mais passa immédiatement à travers. C'est alors qu'il fronça les sourcils avant de s'éloigner d'un pas.
« Oh mais attends... T'es pas d'ici, toi. T'es... Oooooh putain ! Ils sont déjà là ! »
Elle ignorait qui l'individu désignait par "ils", était-ce les anges ? Ou les membres du groupe qui avait atterrit à Londres ? Quoi qu'il en soit, Opaline devait forcément faire partie du lot. Elle tenta de le toucher du bout des doigts, mais déchanta complètement lorsqu'ils traversèrent le corps de son interlocuteur. Quel était le plaisir d'être en Enfer, s'il y avait si peu de démons, et qu'elle ne pouvait pas jouer à les torturer du bout de ses poignards ? Il poussa la trappe du distributeur pour attraper son sachet de drogue, et l'ouvrit pour plonger ses grandes narines au fond du sachet. La poudre blanche s'y engouffra lorsqu'il prit une grande inspiration, les cils papillonnant. Sans se soucier du comportement plus que déplacé du cornu, elle demanda:
« Comment ça ? Vous saviez que je viendrais ? »
Il hocha nonchalamment la tête, en essuyant son nez blanchit par la poudre qu'il venait d'y fourrer:
« Ouais. Il rangea le reste du sachet dans sa poche, puis ajouta: On m'avait dit qu'il y aurait des touristes pour le bal, eheh ~ Alors Storybrooke ? Toujours pas d'apocalypse en vue ? J'ai pas tenu deux ans là-bas, j'étais vraiment trop con, je regrette trop ! Y a pas un chat ici, ça craint. Aucune aventure, je me suis jeté de l'immeuble 14 fois mais rien y fait. J'attends juste que les choses se bougent un peu... » « Ne t'en fais pas, tes petits camarades te rejoindront bientôt. Et les choses pourront rentrer dans l'ordre... »
L'ange essayait de récolter les informations que le démon lui donnait, entre deux anecdotes dont elle n'avait que faire. Un bal ? Elle s'apprêtait à le questionner à ce sujet, quand un prénom piqua son intérêt.
« Ash ? Mec, ça fait 50 ans que je t'attends, grouille-toi. »
Ash. Le regard d'Opaline glissa vers une porte indiquant les toilettes, que le démon observait, mais aucune réponse ne vint faire écho à ses propos.
« Ash ? Comme Ash Landers ? »
Le démon haussa les épaules. Son ami était-il mort, ou un phénomène étrange l'avait-il -lui aussi- amené en Enfer ?
« J'en sais que dalle. Il vient de débarquer en ville, j'ai voulu l'aider en lui montrant les booons côtés de l'Enfer, mais il s'est fermé comme une huître. »
Montrer à un ange les bons côtés de l'Enfer ? Quelle idée... L'individu frappa deux ou trois fois à la porte des toilettes, avant de soupirer et de la briser en deux d'un coup de pied. Opaline ne sursauta pas, elle avait toujours été habituée à la violence. Même si un démon semblait calme et sympathique aux premiers abords, il fallait toujours se méfier. Après avoir jeté un coup d'oeil à l'intérieur, il soupira:
« Ouais, c'est bien ce que je pensais, il s'est tiré. Il rit. Quand je vais le retrouver je vais lui faire sa fête. Quel abruti, je lui offre mon amitié il se casse, le mec. Crève. »
Opaline s'approcha des toilettes pour chercher un signe qui lui indiquerait la direction prise par Ash, ignorant totalement le démon. Si elle en avait eu la possibilité, elle se serait débarrassée de lui, mais sachant qu'elle n'était pas en mesure de le toucher, et donc de lui faire le moindre mal, elle resta calme. La fenêtre était ouverte, indiquant qu'Ash était passé par là. Seulement, la rue sur laquelle elle donnait était absolument identique à toutes les autres: sombre et autrefois mal fréquentée. Impossible de savoir où il s'était rendu ensuite.
« Bon, on se casse ? »
Opaline pivota pour faire à nouveau face au démon, mais elle garda le silence durant un instant d'intense réflexion. La question qui lui trottait dans l'esprit était: Qu'est ce que ce démon pouvait bien lui apporter ? Elle le jaugea longuement du regard, agissant majoritairement par intérêt, puis finit par demander:
« Pour aller où ? » « Bah ! Au bal ! C'est l'événement du siècle en Enfer depuis la malédiction. Le seul qu'il y ait eu d'ailleurs... A moins que tu préfères chercher ton copain. Il rit. Mes condoléances ! »
Opaline plongea à nouveau dans une longue phase de réflexion, puis en vint à la conclusion qu'Ash se serait peut-être rendu au bal après sa rencontre avec le démon. En plus de cela, l'événement serait peut-être un moyen d'échapper à cet Enfer dépeuplé. Elle observa son reflet dans le distributeur, découvrant une robe bien différente de celle qu'elle avait revêtue en début de soirée. Elle avait été rendue plus courte d'un côté par le Prince du Crime, qui utilisait sûrement encore le morceau de tissu arraché pour masquer son hideux visage. Le tissu blanc immaculé dans lequel elle avait été découpée ne l'était plus, salit par le sang d'Ash, le sien et la fumée de l'incendie. Elle posa à nouveau ses yeux sur le démon qui l'accompagnait et dit:
« Nous ne pouvons pas manquer ça, mais... Je n'ai rien à me mettre pour l'occasion... »
Elle sentit le regard de son interlocuteur glisser sur tout son être, avant de déclarer avec un grand sourire:
« Cette tenue est totalement adéquate au bal des Enfers ! T'es parfaite comme ça, chérie, crois-moi ! Personne ne rivalisera ! De toute manière, j'suis même pas sûr qu'il y aura grand monde. Dydy nous promet monts et merveilles mais il en fait toujours trop. Tu vas voir, il y aura 30 démons à tout casser ! Avec vous en invités, évidemment. La plupart des morts, ici, se réunissent dans l'épicentre du pentagramme pour ne pas se sentir trop seuls. On est vraiment peu depuis la malédiction. On est passés d'une surpopulation ultra-avancée de sorte à ce que des anges venaient ici pour faire le tri- tu vois l'genre ? - à... Plus personne. Pouf ! »
Pour faire partie de ces fameux anges, Opaline voyait très bien, mais elle préféra taire cette information. Au lieu de s'étendre sur ses origines et sa nature, elle hocha simplement la tête puis détourna la conversation.
« C'est donc ce Dydy qui organise ? Il hocha grandement la tête. Eh bien, allons-y ! Je te laisse me guider jusqu'aux festivités ! » « Allons-y ! »
Durant le trajet, le démon -qui se nommait Signör,- trouva approprié de bavarder de tous les sujets possibles. Il disserta à propos de la ville, de comment c'était avant, de sa vie en Enfer, puis sur Terre, puis à nouveau en Enfer. Il expliqua ce qu'il faisait, parla de l'endroit où il vivait à Storybrooke, et en vint même à avouer qu'il était bêtement mort dans une bagarre. Son monologue se résumait finalement facilement, ce démon n'avait rien fait de son vivant, comme de sa mort. Il ne manquerait sûrement à personne, et même si c'était le cas, ces gens devaient être aussi inutiles que lui. Bien que n'étant pas humaine, Opaline comprenait très bien comment fonctionnait la société des hommes, puisqu'elle l'avait étudié à l’École des Anges. Ce démon était bon à jeter. Elle sentit soudainement un regard posé sur elle, qui la coupa dans ses médisances, mais elle eut beau observer les alentours, elle ne vit personne.
Les deux camarades d'infortune arrivèrent enfin à l'épicentre du pentagramme, provocant le soulagement de l'ange qui ne supportait plus les bavardages incessants de Signör. Ils firent bientôt face au manoir, sa façade était très terne, mais de grandes lumières fusaient de l'intérieur. Pourtant, un silence de mort régnait. Elle vit le démon qui l'accompagnait regarder sa montre avec impatience, tout en demandant:
« Ça devait pas déjà être commencé ? »
Opaline, qui ne pouvait pas apporter de réponse à cette question, demeura muette. Elle observa un à un les démons qui convergeaient vers le manoir, puis se plantaient devant les grandes portes closes. Tous n'attendaient qu'une seule chose: qu'elles s'ouvrent. Au bout d'un certain temps, une fenêtre explosa au-dessus de leurs têtes, attirant tous les regards. Puis, les battants de la porte pivotèrent sans que personne ne soit derrière pour faire l'accueil. L'ange pénétra dans l'endroit, extrêmement suspicieuse. Une fois à l'intérieur, elle pu découvrir une grande salle qui s'ouvrait à elle, très lumineuse et richement décorée. Elle lui rappela immédiatement le manoir du comte, avec son grand lustre qui pendait du plafond, tout aussi somptueux que le reste de la pièce. Elle se tourna à nouveau vers Signör pour ordonner:
« Présente moi l'hôte des lieux. » « T'as vu quelqu'un dans les parages ? Lança-t'il sarcastiquement en montrant vaguement les alentours. Il est pas encore là ! Tu le sauras quand il est là, t'inquiète, il passe pas inaperçu. Il rit. Puis vous êtes ses guests, il se présentera forcément à vous. Un peu de patiiiience et éclate-toi ! T'es toute coincée depuis tout à l'heure ! »
Opaline était curieuse de savoir à quoi pouvait bien ressembler ce démon, même si la présence de tous les autres représentant de cette espèce l'irritait au plus haut point. Comme son interlocuteur, elle remarqua l'idiot qui essayait d'atteindre le lustre, et ne put s'empêcher de faire le parallèle avec le premier bal auquel elle avait assisté dans la soirée. Les démons ne savaient vraiment pas se tenir, c'était pitoyable... Elle sentait Signör trépigner à côté d'elle, et soupira lorsqu'il lança:
« Attendez-moi, je veux essayer ! »
Il faussa compagnie à Opaline, qui ne s'en porterait pas plus mal, pour courir jusqu'aux démons du lustre. Elle alla s'installer un peu plus loin en soupirant devant la bêtise du peuple infernal, et s'appliqua à chercher des visages plus ou moins familiers. Après avoir observé chaque participant, elle se rendit compte qu'il y avait quelques démons qu'elle avait elle même renvoyés en Enfer présents dans la foule. Cette vision l'amusa.