« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
L'animal continuait de sautiller sur place, visiblement très pressé de rentrer à l'asile. Remarquez, c'est bien, mine de rien, un chien qui s'aperçoit de lui-même qu'il a un problème mental et cherche de l'aide pour le soigner. Certains humains feraient mieux de prendre exemple. Alors par bonté d'âme, j'appuyais sur l'interphone à gauche de la grille, parce qu'il faut prendre soin des malades. Et aussi parce que plus vite Pile électrique et à poils aurait ce qu'il voulait, plus vite je pourrais me barrer, accessoirement. - Asile psychiatrique de Storybrooke, bonjour ? entendis-je finalement une voix d'homme de l'autre côté de l'interphone. - Deborah Gust, cheffe du cabinet de la mairie, ceci est une visite officielle, décrétai-je avec sérieux parce que ça ne pouvait pas être fondamentalement faux. Evidemment un Poil agaçant continuait de s'exciter pendant que je parlais, sans doute parce qu'il n'était pas spécialement futé. Je coulai un regard mauvais en sa direction, même s'il était trop occupée à aboyer en direction de la bâtisse pour le voir. Pour le principe, c'était bien aussi. Et de l'autre côté de l'interphone, l'homme de continuer : - Euuuuh oui... un instant s'il vous plaît… Mais bien sûr, un instant par ci, un instant par là. Elle a que ça à faire Deborah ! Je poireautai cependant, tapant du pied d'un air agacé. Pour la forme, je dis au chien : - C'est de ta faute, tout ça. Le chien m'observa, haletant, la langue pendue, la tête tournée sur sa gauche. Il n'avait aucun remord, j'en étais presque certaine. Enfin, la voix de l'interphone revint et je me dis que peut-être on allait avancer : - Madame Gust, vous êtes toujours là ? Je vous ouvre. A l'entrée, ce sera directement sur votre gauche, précisa-t-il avant que les grilles ne s'ouvrent. Ca n'avait pas l'air compliqué et j'aurais pu le remercier mais j'étais pas d'humeur et avais, en plus, détesté la musique d'attente proposée. Tandis que Pile électrique courait tout droit en direction de la porte, je marchai - déjà parce que j'avais pas les bonnes chaussures mais aussi parce que j'aime pas courir. Suivant les indications d'interphonman, je tournai à gauche une fois l'entrée passée et me retrouvai devant l'accueil, face au préposé à l'interphone et à une femme médecin blonde, grande et carrée, des lunettes à la coiffure. Elle était stricte mais pas laide. Je serrai la main rigide qu'elle me tendit. - Docteur Dawson, je suis en charge d'une bonne partie de cet asile, si vous voulez bien me suivre, je serai votre guide lors de cette visite. Je vous avoue que j'avais pas prévu de visiter mais bon comme de toute façon je savais pas ce que Sac à poils cherchait, autant accepter. J'opinai donc et lui emboîtai le pas. Et il lui fallut quelques mètres pour remarquer le chien et se tourner vers moi à ce propos : - En revanche les chiens sont interdis dans l'établissement... je suis désolée. Oh bah si ça tenait qu'à moi non seulement le chien serait pas là mais moi non plus. Evidemment, je ne pouvais pas le lui dire. Quant à Pile d'ennuis, il avait visiblement compris de quoi il retournait et m'observer d'un air suppliant. On aurait dit Tristesse en plus poilue. Evidemment, il valait mieux le garder auprès de moi étant donné que c'était LUI qui m'avait conduite ici. On pouvait s'imaginer que c'était pas pour des prunes - Je comprends. Bien sûr, ça ne va pas faire plaisir au nouveau programme caritatif de la mairie #bonheur, #lesmaladessontnosamis. Le maire était tellement content de lancer 30 Millions d'Amis des Malades Mentaux. Je lui ai dit, hein, que le nom était à revoir, mais sur le fond, il a été prouvé que la présence des animaux en milieu hospitalier et connexes aidait à guérir. Tant pis. Le règlement c'est le règlement. Par chance aucun patient n'a été prévenu de cette opération coup de cœur - imaginez un peu la déception ! Je levai mes yeux au ciel, faussement dépitée, pour appuyer mon propos. Je voudrais pas me vanter mais sachant à quel point ce clébard m'insupporte, je pense que je mérite un Oscar. Et Boule de poils de continuer à grogner. Alors la médecin hésita avant de reprendre : - Bon... Il peut venir mais faîtes attention à le garder bien auprès de vous, je ne voudrais pas qu'il dégrade l'état de mes patients par un comportement inapproprié… - Oh il sait qu'il doit se tenir à carreau, répondis-je en lançant un regard lourd de sous-entendu vers l'animal. Nous reprîmes notre route avec Miss Rigidité Cadavérique qui badgea et nous fit entrer. Pile de poils reniflait attentivement les lieux pendant nous marchions. A un croisement où le docteur Dawson avait visiblement décidé qu'on irait par la droite, il nous fit bruyamment comprendre qu'il voulait aller à gauche - sans doute parce qu'il avait senti quelque chose. - Docteur Dawson, l'interpellai-je d'une voix mielleuse. Je m'aperçois que j'ai omis un détail significatif. Voyez vous ce chien n'est pas n'importe quel chien. Pour commencer, il est vraiment très pénible et me gâche la journée pour dieu sait quelle mission, songeai-je en retenant pourtant ces propos ô combien vrais. - Il a été entrainé par 30 Millions d'Amis des Malades Mentaux pour sentir quels patients avaient le plus besoin d'eux. Et manifestement c'est plutôt à gauche. J'ai peur qu'il ne dérange toute cette aile s'il est contrarié dans l'exercice de ses fonctions, déplorai-je tout en jetant un regard encore plus noir au chien. Le professeur Dawson parut interloquée et resta silencieuse avant d'expliquer : - Nous avons un patient dans cette aile qui ne se sent pas au meilleur de sa forme depuis hier soir... je crains que la visite de ce chien ne pose problème, nous avons même tâché d'évacuer certains des patients les plus proches... On parie combien que c'est pile celui-là que Pile de problèmes voulait voir ? Il me fallait développer des trésors de patience pour ne pas tout laisser en plan et repartir - sans le chien. Mais comme je suis vraiment une gentille, je dis plutôt : - Oh c'est affreux. Est-ce que vous avez le droit de m'en dire plus ? Je veux dire, j'ai conscience du secret médical, évidemment, c'est juste que… Voyez-vous je ne me suis pas portée volontaire par hasard pour cette mission canine et médicale. J'ai trois amis proches mentalement atteints alors je sais que parfois c'est difficile. Mais je sais aussi que c'est parfois avec les cas les plus désespérants qu'une boule de poils si trognonne - ce mot m'arrachait presque les lèvres tant je ne le pensais pas - fait le plus de miracles, ajoutai-je en battant des cils. Peur, Colère et Tristesse n'auraient sans doute jamais vent de ces allégations et de toute façon y avait un fond de vérité dedans. Quant à moi je me rapprochais vraiment de l'Oscar. Docteur Carrée hésita mais j'étais tellement bonne actrice qu'elle parla : - Voilà... nous avons un patient atteint d'une maladie inexplicable depuis un très grand nombre d'années. Nous soupçonnons à présent avec le recul qu'il n'a jamais perdu la mémoire contrairement à nous autres durant la malédiction. Bien entendu, son histoire de jouet ne tenait pas debout à l'époque et nous avons conclu que son internement était pour le mieux mais il ne cessait chaque jour de se battre notamment en précisant qu'il était un garçon de 8 ans enfermé dans le corps d'un monsieur de 74 ans... Nous avons tenté plusieurs méthodes pour le faire revenir à la raison mais... nous avons plutôt échoué sur ce sujet. J'opinai, pensive. Il fallait évidemment que ce soit un enfant. Je déteste les enfants, hein, que ce soit bien clair. Mais j'aimais Riley et j'aimais pas du tout l'idée que le sort noir l'ait tuée. Que la malédiction ait potentiellement pu faire pareil avec un autre enfant ne me plaisait donc pas du tout. - Et maintenant que le sort noir est levé et que toute cette ville est peuplée de princesses et dieu sait quoi d'autre encore, que pensez-vous de tout ça ? demandai-je, réellement curieuse pour la première fois. Elle se racla la gorge : - Comme je vous l'ai dit, nous avons commencé à penser qu'il n'était peut-être en définitive pas si fou... - Mais vous n'avez rien tenté de concret, je me trompe ? Même pas une lettre de mécontentement à l'attention de Regina Mills ? Elle l'aurait pas volé, précisai-je. Elle secoua la tête d'un air tellement rigide que je me demandais si elle n'allait pas dévissé ses cervicales. - Mais une lettre n'aurait rien arrangé à l'état déplorable du patient. - Non mais ça peut faire du bien de lui dire qu'on l'aime pas. Vous permettez que je tente un truc un avec ce... comment vous avez dit qu'il s'appelait ? demandai-je sachant bien qu'elle ne l'avait jamais dit. Elle soupira encore car elle soupirait trop. - Andy... Andy James et je pense que lui parler va être difficile. Comme je vous l'ai dit, son traitement durant des années n'a pas été sans conséquences. En parlant elle badgea pourtant de nouveau dans cette direction pour s'arrêter devant une porte qu'elle ouvrit. Elle donnait sur une petite pièce avec un bureau et des télés de surveillances mais elle nous dirigea plutôt vers une vitre teintée qui, pour le moment ne montrait rien. Le professeur Dawson s'approcha de l'interrupteur et dit : - Avant même que la malédiction ne se termine, Andy était devenu un légume. Elle alluma alors la vitre pour révéler un vieil homme couché sur un lit et branché à toutes sortes de machines. C'était pas glamour, on va pas se mentir. - Je voulais pas lui parler, en fait, juste amener le chien et observer. Pile Poil, ça vous dit quelque chose ? Elle m'observa comme si son cerveau buguait (ce qui m'aurait pas étonnée). - Oui... il en parlait souvent... il nous disait qu'il fallait qu'il retrouve Pile-Poil, que c'était un cheval au pelage marron. De son côté l'intéressé avait posé les pattes sur la vitre et observait le patient en gémissant. - Si un petit garçon peut prendre six décennies dans la tronche à cause d'un nuage violet, vous trouverez ça aberrant si je vous dis que Pile Poil c'est maintenant un chien ? - CE chien ? demanda-t-elle en le désignant (bien que comme y en avat pas 36 j'avais deviné duquel on parlait). Vous n'aviez aucune visite ni programme 30 millions d'amis de prévu, je me trompe ? - Oh vous savez, je suis plus à ça près. On peut aller voir tous les autres malades avec le chien. Mais après Andy. C'est pas une mauvaise idée, 30 Millions d'Amis des Malades Mentaux, non ? Docteur Dawson haussa les épaules : - Il faudrait peut-être approfondir le sujet… Sans. Déconner. Comme si j'avais réellement envie de monter une association.
Décidément, on perdait pas les bonnes habitudes une fois revenus à Storybrooke : même pas une heure qu’on était là, en chair et en os, et voilà qu’on passait par la case téléportation ! Bon c’était pas la même chose qu’avec Luci mais ça avait quand même le don de foutre un peu l’estomac en vrac et l’esprit sur le départ… Grognant dans ma barbe, je fouillai les poches de ma veste sommaire attrapée au réveil et poussai un soupir satisfait en trouvant mon graal : mes clopes ! J’en saisis une rapidement, l’allumait sans même demander l’avis de quelqu’un et exaltait alors un peu de cette nicotine salvatrice. Ah putain, enfin un peu de détente ! Non parce qu’être de la pâte à modeler ça pouvait porter à confusion sur l’état de tension interne…
Relevant la tête pour m’assurer que personne n’était mort entre temps – savait-on jamais, les miracles pouvaient exister – j’aperçu Jessie appuyer comme une tarée sur l’interphone devant lequel nous étions stationnés. Encore. Et encore. Une autre fois, savait-on jamais.
« Continue, sait-on jamais qu’ils aient pas entendu les quarante premières fois ? » Lâchai-je, sarcastique.
Concentrée, Jessie releva son index pour l’aplatir sur l’interphone.
« Ouais, t’as raison ! »
Hein ? De quoi ? Non mais… Attendez ?! Ecarquillant les yeux, je m’avançai finalement pour lui saisir le poignet et la faire cesser ce petit manège qui commençait moi aussi à me niquer les oreilles.
« Non mais ça suffit ! Tu vois bien que personne ne répond ! » Fallait pas afficher un statut indisponible sur messenger face à elle… Heureusement que les wizz n’existaient plus. « Ils sont peut-être occupés. C’est pas une crèche là-dedans. »
Jessie s’immobilisa et releva les yeux dans ma direction, le souffle court comme si elle venait de courir un marathon.
« Il FAUT qu’on entre… La vie de tous en dépends… »
Pas la mienne en tout cas mais, si ça lui faisait plaisir de le croire… Enin, non, ça n’avait pas franchement l’air de lui faire plaisir vu la tête qu’elle tirait : rien à voir avec la poupée en plastique aux cheveux rouges, la Jessie de Storybrooke avait l’air paniquée, triste et tout un tas d’autres trucs sous couvert d’une détermination impressionnante qui faisait briller son regard. Ça faisait quand même très bizarre de la voir en vrai, maintenant que j’y pensais. Et… y’avait un truc qui me chiffonnait. Je savais pas encore trop quoi, j’avais la tête embrumée dans le gaz de la transformation mais…
« Asile de Storybrooke, bonjour ? »
La voix de l’interphone nous fit sursauter ! Bordel ! Et avant que Jessie ne se mette à hurler – je sais, je l’ai vu ouvrir la bouche en prenant une inspiration – je plaquai ma paume sur sa bouche et la prenait de vitesse.
« Bonjour, on vient rendre visite à… »
Merde, c’était quoi déjà le nom du gosse ? Ou du vieux, dans le cas présent. Je coulai une question muette vers la cowgirl et, résigné, je retirai ma main lentement jusqu’à ce qu’elle ne la pousse et se rue en avant.
« ANDY JAMES !! » Hurla-t-elle.
Si le type était pas encore sourd, c’était sans doute chose faite.
« Voilà, Andy James. Désolée, c'est sa nièce et elle l'a pas vu depuis longtemps donc elle est un peu... surexcitée. »
Je fronçai les sourcils à son attention et Jessie me gratifia d’une mine désolée. Nous entendîmes une espèce de soupir dans l’interphone – le genre de truc qui signifie que vous êtes clairement en train de casser les pompes de quelqu’un qui a clairement mieux à faire – avant que la voix ne reprenne :
« Décidément… Un instant… »
Et nous attendîmes. Attendîmes. Et attendîmes encore sans que rien ne se passe. C’est sûr que poireauter devenait une priorité nationale dans nos existences, hein, au cas où on aurait rien de mieux à foutre. J’épuisai une seconde cigarette avant de me mettre à triturer le pan de ma veste, essayant de me rappeler pourquoi Jessie me paraissait familière désormais. Et ce n’était pas uniquement parce qu’on l’avait vu en jouet, ça c’était certain… Mais alors où ? Et comment ? Bordel, j’avais une bonne mémoire des visages – j’étais un caméléon, la base quoi – mais le sien pas possible de me rappeler où je l’avais vu. Je vis le tatouage de mon poignet s’agiter sur ma peau, comme si mon corps tentait de me filer un indice sans que je n’en comprenne le sens. Frustré, je tirai sur la manche pour le couvrir et m’adossai à la grille qui restait résolument close.
Ou pas.
Car un bruit sourd retentit et un claquement significatif nous fit savoir que la serrure venait de se déverrouiller ! Pas trop tôt !! Il existait une boucle spatio-temporelle dans les asiles pour que un instant se transforme en vingt minutes ou quoi ?
« Putain, sont pas presses dans cette ville… EH NE COURS PAS ! »
La rouquine venait de piquer un sprint en direction de la porte et s’était mise à tambouriner dessus avec toute l’impatience dont elle faisait preuve depuis le départ ! Y’avait rien qui permettait de la débrancher ? Je la rattrapai en quelques enjambées pour l’empêcher de traverser la porte et lui faisait faire volte-face, prêt à lui dégainer une réplique cinglante…
Lorsque j’eu l’esquisse d’un souvenir. Et ça bloquait soudain tout le contenu de ma gorge pour le remplacer par un faible :
« … Tu… »
« Quoi “tu” ? » S’exclama Jessie.
Je laissai un flottement involontaire, l’air sérieux tandis que je cherchai à mettre en forme les images brèves que mon esprit avait eu envie de faire sortir des tiroirs. Mais devant mon incapacité à les assembler et le moment fort mal choisi, je fini par secouer la tête.
« … Rien, c’est pas important. »
La rousse me fixa attentivement pendant de longues secondes, puis releva la main… Mais la porte s’ouvrit avant. Un grand type à l’air peu aimable se présenta dans l’encadrement, blasé de tomber nez à nez avec six personnes sans doute.
« Inutile de vous énerver sur la porte mademoiselle James, je suis là ! »
Grogna-t-il, faisant fi de l’air surpris de Jessie.
« Vous connaissez mon nom ??! »
« … Vous êtes bien la niece de Monsieur James, non ? »
Jessie pris une mine gênée un instant… Avant de se rebiffer, fière.
« Oui, ben j’aurais pu être sa niece du cîté de ma mère. »
« Et bien disons que j’avais une chance sur deux. »
Il nous désigna l’intérieur où nous attendait visiblement quelqu’un, portant une blouse pour faire scientifique. Les yeux bleus et les cheveux poivre et sel, il avait l’air aussi fatigué que l’ambiance générale du lien mais nous tendit quand même la main amicalement. Enfin, je sais pas si c’est bon signe d’être amical dans un asile psychiatrique…
« Docteur Perkins, je suis en charge de monsieur James. »
Super, génial. Bon, on avait le toubib, on avait le patient, la boucle était bouclée non ? C’était l’heure de rentrer chez nous et de reprendre le cours de nos vies respectives ! Merci messieurs-dames et bonsoir !
« Super. Bon, on l’a retrouvé. Jessie, tu y vas ? »
« Ben, tu viens pas avec ? »
Son petit ton désappointé me fit me retourner alors que j’étais presque arrivé à la porte de sortie. Enfin, celle d’entrée qui permettait aussi de sortir. J’avais une notion assez floue des labyrinthes mais si je savais bien une chose, c’était qu’il fallait toujours s’assurer de savoir par où repartir ! Penchant la tête sur le côté, je sentis un petit pincement douloureux sur le côté. Ca devait sans doute être Marcy mais je préférai l’ignorer et faire mine que ça ne m’affectait pas des masses. On était là pour quelque chose mais c’étaient pas nos vies en jeux, non ?
« Ah ? » Un peu pris au dépourvu, j’avoue. « … On peut aller le voir à combine ? »
Qu’il me dise que deux ça suffisait, que je puisse me tirer ! Mais Perkins poussa un soupir résigné.
« Il y a déjà une dame et un chien là-bas, à mon avis nous ne sommes plus à ça près. »
« Un chien ?? Un berger belge ? C’est mon chien !!! »
Eh merde. Il venait pas de mettre des piles là, il venait de foutre toute la batterie chargée à bloc. Bien obligé de suivre le mouvement, je m’engageai à la suite lorsque le médecin badgea pour accéder à un long couloir et nous entraîner vers ce fameux Andy James. L’ambiance était telle que vous pouviez l’imaginer, évidemment.
Je m’approchai de la cowgirl.
« T'es sûre que c'est bien sécure ? Je veux dire, on est quand même dans un asile pour chercher Andy là... C'est en train de devenir un préquel de film d'horreur cette histoire. »
Jessie m’adressa un sourire déterminé.
« Tu crois vraiment qu’on en est au préquel ? Je te rappelle tout ce qu’on a vécu jusqu’ici? Mais au final tu verras qu’on en gardera un bon souvenir, on se dira quand on se sera bien amusé quand les gentils auront gagnés ! Et on va gagner ! »
C’était mignon d’y croire avec tant de vigueur… Complètement stupide aussi mais, soit, l’espoir fait vivre.
« Vous faites peut-être bien de le voir à plusieurs... il n’en a plus pour très longtemps... » Déclara le Dr Perkins en continuant d’avancer.
« QUoi ??? Mais comment ça ?! »
« Il était dans un état végétatif depuis plusieurs années et inexplicablement hier soir, il a commencé à s’activer plus fortement, il a eu un rire qu’on a eu du mal à stopper... il a précisé qu’il avait gagné et après cela il est tombé dans un état étrange : ses yeux ne clignaient plus, il fixait le plafond sans interruption et des variables se sont mises à s’affoler. Il a eu de la fièvre, une tension beaucoup trop élevé et son corps s’est terriblement fatigué. Depuis il a fermé les yeux mais son état ne s’améliore pas... »
Okay, c’était quand même genre… Méga flippant ce truc. J’étais pas super fan des hôpitaux et tout et là, ça ne faisait que confirmer le truc. Vous voulez vraiment pas qu’on fasse demi-tour et qu’on considère qu’Andy est un bambin de douze ans quelque part ? Non ça serait quand même plus chouette… Je me mordis l’intérieur de la joue en voyant Jessie devenir de plus en plus pâle et serrer contre elle la petite poupée de Woody qu’elle se trimballait.
Et aller, on repassait en mode panique. Mine de rien, la voir soudain toute triste me plut pas vraiment… Je crois que je commençai à m’habituer au fait qu’elle soit toujours débordante d’énergie, là c’était clairement autre chose. Levant les yeux au ciel, je lui donnai un léger coup de coude dans les côtes pour la sortir de ses pensées douloureuses et l’observai calmement. Elle était presque mignonne à triturer sa poupée en plastique et tissu, comme les mômes. Poupée. Oui, c’était ça, une poupée. C’était… Jessie était une poupée. Une vieille poupée. Un truc dans un coffre à jouets et puis sur une étagère. Un vieux bibelot qui trainait au-dessus de mon lit et de…
Mon lit ? Hein ?
Nous arrivâmes rapidement dans un nouveau couloir sans saveur pour rencontrer une femme à l’allure austère et rigide, le mode balai-dans-le-derrière.com qui portait une blouse comme celle de Perkins. A côté d’elle, une rousse qu’il me semblait avoir déjà vu une fois ou deux à la tv et sans doute de l’âge d’être ma mère. La seule chose plus sympa de l’endroit, ce fut le chien qui en nous voyant, redressa les oreilles et se précipita en direction de Jessie pour lui bondir dessus !
« Pile Poil !!! J’ai eu tellement peur qu’il t’arrive quelque chose mais t’es le plus futé de tous les chiens !! »
L’animal agita joyeusement la queue, reniflant celle qui semblait être sa maîtresse ainsi que la poupée Woody. La cowgirl releva son attention vers la nouvelle rouquine et s’approcha d’elle pour la prendre dans ses bras ! O.o
« C’est vous qui vous êtes occupée de mon chien ? Merci pour tout ! »
Tant d’amour… Ça me donnait envie de me pendre. Me râclant la gorge pour recentrer l’attention sur l’objet de notre visite, j’enfonçai mes mains dans mes poches en fixant les divers protagonistes.
« Et sinon… Andy James ? Non pas qu’il soit déjà mort, mais on nous a sorti qu’il était quand même bien blesse. »
Jessie s’assombrit de nouveau et je m’en voulu presque (j’ai dis, presque) de la rappeler à l’ordre. Mais comme une évidence, la femme à la blouse (Dr Dawson, de ce que je lisais dessus) s’adressa à elle d’un ton plutôt concerné :
« Vous devriez peut-être y aller seule pour le moment mademoiselle... avec votre chien. »
Bin tiens ! C’est vrai que nous on a fait tout le chemin pour s’assurer qu’aucune gargouille ne lui saute dessus au détour d’un couloir… Parfois je me demandai pourquoi on se déplaçait, sérieux. Rengainant une réflexion salée, je vis Jessie hocher fébrilement la tête et s’approcher de la porte que les médecins lui désignaient. Juste avant d’abaisser la poignée, elle nous jeta un dernier regard comme si elle cherchait quelque chose. Je pouvais bien lui sortir deux cent raisons au moins de prendre ses jambes à son cou, mais j’étais pas certain que c’était exactement la chose à faire. En même temps, comment tu veux encourager quelqu’un a aller voir un taré enfermé dans un asile depuis des années et lui dire qu’il craignait rien ? Même moi j’y croyais pas.
Mais bon, mentir un peu de temps en temps, ça faisait de mal à personne.
« Ça va aller. Au pire s’il se réveille pas, dis au chien de le mordre, ça marche souvent. Pour vérifier. »
Jessie eu une espèce de sourire en coin avant de finalement avancer et de nous laisser tous dans le couloir.
« Vous pouvez suivre l’interaction avec nous si vous le désirez... suivez-moi. » Déclara le Dr Dawson.
Hein ? Genre on pouvait jouer les espions et tout ? Ou bien c’était une caméra cachée et on accédait enfin aux backstage ? c’était quoi le délire glauque là ? … Dans le doute je les suivis, arrivant alors juste dans une petite pièce avec une vitre donnant sur la chambre, à travers de laquelle je pus apercevoir Jessie s’approcher doucement d’un lit où semblait dormir un vieux machin. Si ça c’était pas mort, on allait pas tarder à se faire le remake de Dracula. Ou de Frankenstein…
Fébrile, elle tendit la main pour frôler la sienne. … Et il ouvrit brusquement les yeux.
Angelika B. Beresford
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"Donc on est bloquée dans un monde que tu ne maîtrise pas ? On va bien se marrer."
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Nous étions donc tous rassemblés devant la vitre, en train d’assister aux touchantes retrouvailles entre la poupée de chiffon et l’enfant vieillissant auquel elle tenait tant. Au moment où ce dernier ouvrit les yeux, Jessie en fut la première étonnée. Poussant un petit cri de surprise elle sursauta légèrement. Le vieillard quant à lui souriant faiblement à la rouquine leva la main dans sa direction avec une grande difficulté. Le docteur Dawson quant à lui semblait estomaqué par la scène qui s’offrait à lui.
« Incroyable… », lança-t-il à cet instant.
« Il y avait-il une chance pour que cela se produise ? »
"il était à l'état végétatif, il ne parvenait même plus à bouger un membre...".
Est-ce que la présence de Jessie y avait été pour quelque chose ? J’avais tant de fois, cru voir réagir des personnes dans le coma au contact de leurs proches. C’était une réaction bien étrange que la médecine n’arrivait pas toujours à expliquer. Nous ne pouvions qu’accepter cet état de fait et en l’occurrence observer leurs retrouvailles touchantes.
Alors que la rouquine s’assit au bord du lit, Andy relava sa main pour caresser sa joue.
"Tu ressembles toujours à une poupée..."
C’était assez incroyable de songer qu’il était capable de l’identifier avec tant de facilités.
"Je suis tellement désolée Andy, je t'ai trahie... je...", déclara Jessie entre deux sanglots.
"Tu n'y es pour rien... tu avais oublié, comme tous les autres... Mais moi je ne vous ai jamais oublié..."
En entendant ses paroles, Jessie ne put s’empêcher de pleurer, laissant couler de grosses larmes sur ses joues.
"J'ai dit un jour à Woody qu'on oubliait jamais des enfants comme Emily ou Andy mais que eux nous oubliaient... et voilà que nous avons fait le contraire..."
"Disons que je sais maintenant ce que ressens un jouet...", ria-t-il faiblement
Sur ses mots, elle sortit Woody toute contente de pouvoir enfin rassembler les deux grands amis de toujours. Elle en profita également pour sortir les accessoires.
"Regarde ! Il est là ! Avec nous ! Il a veilli, tout comme toi, je ne sais pas pourquoi, mais c'est lui, avec son chapeau et ses bottes"
Andy posa alors sa main sur la poupée et la saisit alors que Jessie l’aida à poser le jouet sur lui.
"Il est mon meilleur ami... Je me suis toujours senti lié à lui, surtout maintenant que je savais que lui aussi pouvait penser à moi, m'aimer, comme un humain... Je pense que j'ai partagé ma malédiction avec lui... ce qu'il fait qu'il était..."
« Immortel », souffla alors la cowgirl.
Le chien présent dans la pièce glapit et vint poser sa tête sur la main du vieil homme qui le regarda très surpris.
"C'est... ?"
"Oui ! C'est Pil Poil !", déclara Jessie en secouant la tête.
"Incroyable", ria faiblement Andy
Andy tenta alors de faire un câlin à ces vieux jouets et s’adressa à Jessie.
"Merci Jessie... et maintenant... sauve-les tous ! C'est ton rôle, ta mission. Jessie n'abandonne jamais. Jessie trouve la solution. Il faut que tu les fasses revenir, tous. Promets-le moi !"
"Je te le promets Andy !", jura-t-elle en sanglotant.
"J'aurai tellement voulu voir ça..."
"Quoi ?"
Soudainement, son état se dégrada dangereusement et les machines commencèrent à s’emballer. Commençant à paniquer, Jessie hurla.
"QUELQU'UN !!! DE L'AIDE !!! ANGELIKAAAA !!!"
Bien sûr, je ne me serais jamais permise de procéder moi-même à l’intervention. Après tout, je ne me trouvais pas dans mon service de pédiatrie ! C’est pourquoi je choisis de me tourner vers le docteur Dawson.
"C'est votre patient après tout. Faites tout votre possible pour ne pas le perdre !"
Les médecins entrèrent alors dans la salle, accompagnés de deux infirmières. Ils se mirent immédiatement au travail alors que j’entrais pour aider Jessie. Il ne fallait pas qu’elle interfère dans leur travail d’une quelconque manière que ce soit. Pourtant Jessie était collée au mur, la poupée de Woody dans ses mains. Elle semblait alors terrorisée !
"Il faut que tu leur laisses faire leur travail Jessie, sors de cette chambre !", dis-je simplement en la saisissant par les épaules.
"Quoi ? Non, je peux pas le laisser seul, il faut l'aider..."
"Ne t'inquiète pas, ils feront tout leur possible... et si cela peut te rassurer, je tenterais de les aider ! Mais tu ne pourras faire que les ralentir... rejoins les autres, tu verras tout ce qui se passe !"
Fort heureusement, mes propos finirent par la convaincre. Elle acquiesça donc et consentit à sortir. En vérité, j’étais restée avant tout dans l’espoir que cela calmerait les craintes de Jessie. Je ne m’imaginais pas prendre part au sauvetage. Pourtant, maintenant que je me trouvais dans cette chambre, il était hors de questions que je m’en aille sans rien tenter. Ma réputation était en jeu !
"Pardonnez-moi mais je suis médecin ! Est-ce qu'il y a quoique ce soit que je puisse faire pour vous aider ? Ou souhaitez-vous que je sorte également ?"
Le docteur affairé ne put répondre immédiatement à ma demande. Il était occupé à demander aux infirmières de placer le corps du vieillard sur un brancard. Il finit cependant par se tourner vers moi.
« Une main supplémentaire ne sera pas de trop !"
"Je vous remercie, docteur !"
J’aidais donc les infirmières à transporter le brancard jusqu’à la salle d’intervention. Là-bas nous faisions tous les efforts pour l’aider à s’en sortir et à faire repartir son cœur. Cependant aucun de nos efforts ne fut couronner de succès ! Ce pauvre Andy était bel et bien mort…
"C'est fini...", déclara le docteur Dawson
"C'est que nous ne pouvions plus rien faire... son heure était venue !", tentais-je de relativiser avec désolation. "Est-ce que vous pouvez me laisser aller leur annoncer la nouvelle ? Je pense que ce sera plus facile si cela vient de moi !"
Je sortis alors de la salle d’opération, avec le plus de dignité possible malgré la grande tristesse que je ressentais pour la rouquine. Apprendre une telle nouvelle allait forcément la détruire ! Pourtant j’espérais que je saurais mieux gérer ses réactions que mes confrères médecin. En m’approchant de notre groupe, je trouvais mes compagnons d’aventure réunis autour de Jessie. La pauvre fille était en train de se ronger les ongles alors qu’elle tenait loyalement la poupée de Woody entre ses bras. Soupirant légèrement, je déclarais alors.
"Je suis navrée Jessie, ils ont fait tout ce qu'ils ont pu pour le sauver mais c'était déjà trop tard !"
"QUOI ?! NON !! C'EST PAS POSSIBLE C'EST MOOOOON ENFANT !! JE VEUX LE VOIR !!"
La cowgirl ayant littéralement explosé de colère et de tristesse tentait de dégager les autres pour retrouver son enfant perdu. Elle essaya également de passer par-dessus les bras des infirmiers qui l’entouraient. Mais rien n’y faisait, elle ne parvenait pas à se calmer. C’est pourquoi, me dirigeant vers elle, je saisis son visage en larmes entre mes deux mains.
"Tu le verras je te le promets mais calme-toi d'abord !"
La voir si effondrée me brisait littéralement le cœur. M’étant attachée à elle au cours de notre aventure, je ne supportais pas de la voir aussi triste. Des larmes apparurent à mon tour sur mon visage tandis que je serrais dans mes bras la pauvre rouquine en larmes.
"Je suis vraiment navrée... je sais à quel point tu tenais à lui ! Console-toi en te disant qu'à présent il est apaisé !"
Continuant à pleurer, elle demeura ainsi dans mes bras et je me promis de l’amener vers Andy dès qu’elle serait calmée.
acidbrain
Jessie James
« Jessie never gives up, Jessie finds a way! »
Elle va être sympa cette mairie, j'le sens bien... On va s'entendre copains comme cochons...
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Toy Story | Dans le monde des contes, je suis : : Jessie, l'écuyère
Sherlock avait regardé de loin toute la suite des événements. Jessie, Angelika, Viktor, Marcy, Zach… Chacun avait eu droit au même et bref regard. Aucune compassion. Tout simplement parce que hormis Angelika, il ne connaissait personne réellement. Dans l’hôpital psychiatrique, son mal-être s’agrandit un peu plus. C’était un lieu… Horrible pour lui. Il y avait passé beaucoup d’années. Aussi, le dernier regard fut pour Andy. Et dans ce dernier, cette fois-ci, on put y lire une profonde et véritable compassion. Chose rare. Quand Jessie entra en crise, Sherlock s’effaça immédiatement. Elle n’avait nullement besoin de lui. Aucun Holmes n’était fort pour réconforter qui que ce soit. Prenant immédiatement le chemin inverse, ses pensées toujours tournées vers cette aventure, il se décida à rentrer à Baker Street à pied. Baissant le regard, comme il le faisait d’habitude pour éviter de se faire déconcentrer, il songea beaucoup au mécanisme de cette Malédiction. Même si à l’origine, elle était d’ordre magique, tout ce qui avait derrière avait un certains sens humain. La transposition de leurs mondes d’origines à celui ci était particulière pour chacun, et semblait avoir une raison valable pour tous. Ses pensées allèrent immédiatement à John Watson. Comme Woody, ou comme Andy, il n’avait pas choisi le court standard des transpositions. Et si il avait quitté la ville ? Peut être avait-il voulu profiter de cette nouvelle chance, pour s’offrir une nouvelle vie, bien loin d’ici et de ce qu’elle représentait. Après tout, Watson était un aventurier. Toujours dans ses songes, il remarqua à peine être arrivé. Grimpant les escaliers qui menaient à son antre, il ne s’arrêta même pas devant la porte de Martha. Il avait besoin de solitude, ou de tout autre chose que de continuer à réfléchir. Bien décidé à rejoindre Kida, afin de parler de tout autre chose, il avança vers sa porte, de sa démarche fine et élancée. C’était bien mieux que de prendre de l’héroïne. Passant le seuil de la porte, quelque chose attira aussitôt son attention. L’absence des chaussures de Kida, et la présence d’un parapluie de haute marque, posé contre le porte manteau. Ne se donnant pas la peine de poser le siens, il entra chez lui. Assis, jambes croisés, une montre à gousset dans une main et un journal dans l’autre, Mycroft brillait par son élégance naturelle et son charme atypique. Ne daignant pas la peine de lever les yeux du journal et de la montre, Sherlock s’installa en face, dans le fauteuil de John. Son frère avait décidé de prendre le siens. « Elle est sortie. »
Sherlock s’appuya sur son fauteuil, les mains sur son accoudoir et ne répondit pas. De toutes les personnes avec qui il avait envie de ne pas parler, son frère était dans le top 3. « Amusante, cette manière que tu as de vivre des petites aventures croquignolesques, qui te sorte de ton quotidien. C’était amusant ? »
Sherlock ne répondit pas, se contentant simplement d’ouvrir la table basse, d’en sortir un paquet de cigarette et de s’en allumer une. Son frère le regarda avec envie et il lui jeta le paquet. Avec une lenteur extrême, Mycroft s’alluma la sienne et tira lui aussi plusieurs bouffées. L’appartement ressembla rapidement aux anciens fumoirs des années Victoriennes, quand fumer était encore recommander pour la santé. « C’était une journée étrange. Une de plus dans ce monde que j’ai du mal à saisir. »
Mycroft leva les yeux vers lui pour la première fois. Ils brillaient d’intelligence. Déposant enfin le journal et rangeant sa montre à gousset, il croisa les doigts pour se moquer de lui et de sa manière d’écouter ses clients. « Intéressant, le grand Sherlock Holmes encore une fois battu par des forces qui lui échappent… Ca doit être rageant non, Sherlock ? »
Sherlock ne répondit pas. Fumant encore plusieurs bouffées, il s’amusa à dessiner plusieurs ronds de fumée avec ses lèvres. Ce fut Mycroft qui se décida à briser le silence. « N’essaie pas de les comprendre, chacun à son histoire, chacun à son monde. Ici, tout n’est que chaos et intrigues mélangées. Tu ferais bien de me rejoindre hors de cette ville, avec des gens normaux. »
Sherlock, toujours silencieux, posant une main sur son front et le fixa tout en réfléchissant. Il marquait un point. Qu’avait-il à faire ici ? La vie était bien trop différente de celle de Londres. De son Londres. « Je doute que la C.I.A. accepte deux Holmes au sein de leurs bureaux. De plus, tu connais mon avis sur la bureaucratie... »
Mycroft ricana, termina sa cigarette, et l’éteignit dans le cendrier en forme de poumon métastasé en grimaçant de dégoût. Prenant son journal, il se leva et commença à se diriger vers la sortie. « Effectivement. Cependant, tu admettras au moins que la place est plutôt bonne. Bien, je ne reste pas plus longtemps, je passais juste te saluer. Oh, et si. Sache que Maman a hâte de rencontrer ta nouvelle petite amie pour Noël ! Je lui en ai dit le plus grand bien. Et, bien sûr, tu ne seras pas surpris si je te dis qu’Eurus est introuvable. Tu n’aurais pas une ou deux informations sur le sujet ? »
La tête penchée, Sherlock ricana. Son frère avait l’art et la manière de récolter des informations. « Elle doit certainement être en train de promener son satané cabot. Il me fait penser à toi. Digne, noble, distingué, et avec la manie de toujours levé la patte arrière quand il ne faut pas... »
Son ricanement se transforma en rire profond quand il vit la tête de Mycroft médusé. Tournant la poignée un peu sèchement, et saisissant un parapluie, il passa le pas de la porte, et finalement se retourna aux trois quarts avec un léger sourire. « Oh ! J’oubliais ! Tu devrais consulter ce fameux Docteur que j’ai rencontré à New York. Un garçon charmant, urgentiste, qui m’a reboité l’épaule alors que je me l’étais démise en portant un classeur trop lourd pour moi. C’est un excellent docteur, tu devrais y penser. Mes amitiés à ta chère et tendre Sherlock... »
Se levant doucement, Sherlock se saisit de la petite carte que Mycroft avait laissé sur la table basse. Fronçant les sourcils, Sherlock fixa la carte, et son coeur s’arrêta un léger instant.
Jonas Watford, Urgentiste, Président de l’Association des Vétérans de Guerre 451 C Clinton Street, New York City, Manhattan.
Serrant l’adresse, Sherlock fit immédiatement demi-tour, mais son frère était déjà parti depuis très longtemps. Le papier toujours dans ses doigts, il resta, là, sur la pas de la porte, complètement perdu à son tour. Jusqu’où était allé cette fichue Malédiction ?
Deborah Gust
« Sarcasm: punching people with words. »
| Avatar : Catherine Tate
- Youhou Deborah, regarde ce que je sais faire !
- C'est bon, je démissionne, j'en ai marre des débiles.
| Conte : Inside Out | Dans le monde des contes, je suis : : Disgust
Tout ceci me rappelait le pire jour de ma vie, sans que mon enfant avait encore une tête d'enfant et que j'ai jamais été un jouet vu qu'un jouet c'est moins cool qu'une émotion. C'était dans ces moments que je comprenais pourquoi Jaspeur n'aimait pas les hôpitaux. J'étais pas réellement triste, parce que je ne suis pas réellement programmée pour l'être, mais je comprenais mieux que personne la perte de Jessie. La bonne nouvelle, cela dit, c'était que j'étais enfin débarrassée de Pile Poil. Comme quoi, on pourra pas dire que je fais que râler. Je pouvais partir, on avait clairement plus besoin de moi (et je ne sais pas si on avait jamais réellement eu besoin de moi, à part pour ouvrir les portes). Mais je ne partis pas. Pas tout de suite, du moins. Me postant à côté de Jessie, je regardai dans la même direction qu'elle quand je lui dis : - Ca fera toujours mal. J'pense pas que tu vas réellement t'en remettre un jour. Mais ça ira mieux. Là, ta plaie est à vif, un jour ça picotera juste quand t'y penseras. Sauf si t'es une pleureuse congénitale, auquel cas, j'peux rien pour toi. Je lui pressai l'épaule en signe d'encouragement (et parce que j'aime pas les câlins) et reculai, prête à partir. Jessie tourna le regard vers moi un quart de seconde puis continua de fixer un point devant elle quand elle dit : - Merci beaucoup pour avoir gardé mon chien. Oh bah tu penses bien, j'ai adoré, songeai-je en répondant simplement : - Ouais bah justement, en parlant de lui, déjà je te le rends, il est plutôt casse-pied, et avant il était plutôt presque mort parce que laisser les animaux - même relous - dans une voiture en plein soleil, c'est pas tip top. Bref, je paierai pas pour la vitre. Mais si tu veux parler de tout ça - Andy, pas le chien - je laisse ma carte ici. Eux, ils savent pas ce que c'est. Je parlai bien sûr des autres dont je connaissais pas la moitié mais qui n'étaient certainement pas une émotion. Puis je tournai réellement les talons. Mais comme il faut toujours que les gens que je ne veux pas voir se trouvent sur ma route, je croisai le détective le moins compétent du pays : Sherlock Holmes. - Ah, Sherlock. Vous rencontrer me procure toujours le même déplaisir. Comme quoi, y a des choses qui changent pas. Il arqua un sourcil, à peine troublé : - Cela doit être réciproque. Car je ne me souviens même pas de vous. - Vous mentez mal, rétorquai-je en passant devant lui pour saluer Angelika qui, contrairement à son espèce d'associé, n'avait pas une tête d'alien. Eh bien, eh bien, je découvre enfin ton âme d'aventurière ! On se croirait presque dans Dr Quinn, femme médecin. Elle aussi arqua un sourcil - apparemment c'est à la mode. - Tu pensais vraiment que je n'étais qu'une greluche tout juste bonne à habiller et à coiffer comme une vulgaire poupée Barbie, Debbie ? Je papillonnai des yeux. Des fois je comprends pas comment fonctionnent les gens, ils se vexent pour rien. Heureusement, elle poursuivit d'un ton plus posé : - Cependant je regrette de ne pas avoir eu l'occasion de te démontrer l'étendue de mes talents... l'aventure aurait semblé bien plus agréable passée à tes côtés ! - Toutes les aventures sont plus agréables à mes côtés, susurrai-je avec un sourire en coin. Mais t'es une grande fille, je suis sûre que tu as été très utile. Tout en étant visuellement agréable aussi, pourquoi se contenter de cocher la moitié des cases quand on peut toutes les cocher ? Elle m'adressa un sourire charmeur avant de s'éclaircir la voix : - Je... je te remercie pour le compliment. Cependant, j'aurais souhaité me montrer un peu plus utile pour Jessie... même si Andy était condamné d'avance ! C'est vrai qu'on ne pouvait pas dire que la mission était réussie. Après un autre sourire, elle reprit : - Et tu n'as pas été en reste d'après ce que je vois... tu as choisis de te tourner vers une autre vocation ? C'est une nouvelle passion la gardiennage d'animaux ? - Le sauvetage, corrigeai-je. Il serait mort cuit au soleil sans moi et ensuite il a insisté pour que je le suive. Oh tu sais, moi quand je peux aider sans contrepartie, je fonce. Tant de qualités pour une seule personne. Sœur Sourire continuait de faire ce qu'elle savait le mieux faire : sourire. Et après ça voulait pas être comparé à une Barbie… - Notre héroïne du jour ! J'espère que tu as reçu une récompense à la hauteur de ta bravoure. C'est vrai... qui pourrait prétendre t'arriver à la cheville, ma très chère Debbie ! demanda-t-elle en riant gentiment. - Je me pose la question tous les jours et j'ai jamais trouvé personne qui en était capable. Surtout pas Sherlock, en tout cas. C'était gratuit mais comme je l'ai dit plus tôt je suis vraiment d'une immense gentillesse. Mais faut pas déconner non plus je comptais pas m'attarder 102 ans ici.
***
Le lendemain, quand Michel-Ange daigna arriver à la mairie pour faire semblant de travailler, j'entrai dans son bureau sans frapper et déclarai sans préambule en déposant un dossier devant lui : - Hier j'ai visité l'asile de la ville - c'est pas si mal, pensez-y pour les prochaines vacances, ça pourrait vous convenir et je me suis rendue compte que vous ne faisiez rien pour les malades mentaux. Or, dieu sait combien y en a dans la ville, déjà vu le résultat des élections, année après année… Donc, j'ai eu une idée pour que vous vous fassiez bien voir par cette population - même si elle ne vote probablement pas. Ca s'appelle 30 Millions d'Amis des Malades Mentaux et on peut même rajouter les tortues si ça vous fait plaisir. Même si je vous cache pas que les gens préfèrent les chats, les chiens ou les lapins. Il tomba de sa chaise, ce qui personnellement ne me surprend pas puisque je suis renversante. Mais il aurait pu tomber avec plus de grâce. Sauf que quand on a les pieds croisés sur la table et qu'on regarde dehors, déjà, on fait clairement pas son travail, mais on risque pas d'avoir l'air intelligent si on perd l'équilibre. Michel-Ange se releva, ne me laissant voir que sa tête derrière le bureau : - Euh.... Voilà, c'était le discours très inspiré du maire, à vous les studios. Je plaisante à moitié. Il se releva totalement et trouva quand même quelque chose de constructif à répondre : - Oui oui pourquoi pas. Après ils sont un peu bizarres là-bas... Mais pourquoi pas. Vous pouvez vous inscrire la bas. Enfin sur le projet. Je lui jetai un regard noir mais continuai comme s'il n'avait dit que des choses intelligentes : - Parce que vous pensez vraiment que vous êtes pas bizarre… Et non, hors de question que je gère ça, vous mettez juste "copyright Deborah" quelque part et ça sera bon. Lisez le dossier, j'ai inscrit Dyson en chef de projet. Après tout, c'est lui l'adjoint, moi je suis seulement votre conseillère pour bien vous faire voir. Sans compter que, entre nous, c'est le mieux placé, si vous voyez ce que je veux dire. Breef je vous laisse signer tout ça et cet après-midi vous allez à la maison de retraite : ils inaugurent leur nouvelle salle de jeu. C'est tournoi de bingo, je crois, pour l'occasion. Vous allez a-do-rer. Sur ce, j'ai du travail concret. Michel-Ange ne prit pas la peine de lire et signa en marmonnant : - That's a bingo.... Il soupira, le récupérai le dossier, puis il demanda nonchalamment : - Et faites en une photocopie ! J'étais prête à repartir mais face à telle remarque je ne pouvais pas rester silencieuse : - Depuis quand j'ai une tête de secrétaire ? demandai-je en désignant mon parfait visage. - Ahah.... C'était une blague.... une blague...., répondit le maire en se faisant tout petit. Y avait intérêt. Je n'ajoutai rien et parti pour de bon. Dieu merci, j'étais là pour le faire un peu bosser, celui-là.
Ted et Marcy Mazzini
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Finn Cole & Kat Dennings
- Non mais tu ne te rends pas compte du risque que je t'ai fais encourir ... tu aurais pu mourir ! J'aurais pu ... j'aurais pu te vider de ton sang !
- C'est pas le cas ! Tu vois je suis en pleine forme ! Et puis tu t'es rattrapé sur autre chose niveau videment !
- Ce mot n'existe pas JB ... mais c'est bon j'ai compris le message ...
☾
Bah quoi Rémi ? Tu penses quand même pas que je suis une Sainte ? Même les nonnes se masturbent !
| Conte : L'étrange Noël de Mr Jack & Adventure Time | Dans le monde des contes, je suis : : La peluche Vampire & La Reine des Vampires
"Quand votre quotidien devient trop effrayant, il y a toujours un dernier espoir !"
Tout était fini ! Notre aventure venait de se conclure et de manière si tragique qu’il m’était difficile de m’en réjouir. J’étais restée un long moment auprès de Jessie dans l’espoir de pouvoir lui apporter un semblant de réconfort. Maintenant qu’Andy était mort, c’était ce que je pouvais faire de mieux pour elle ! Puis, j’avais fini par m’en aller et m’effacer, me préoccupant d’avantages de mes affaires personnelles… car c’est ainsi que se passe tragiquement notre existence autocentrée ! Je ne manquais cependant de lui promettre que si elle avait besoin d’aide dans sa quête, elle pourrait à coup sûr compter sur moi !
Après avoir quitter l’hôpital, je me rendis d’un pas décidé vers Baker Street car je devais y récupérer ma fille que j’avais laissée la veille aux bons soins de Madame Hudson. Franchir le pas de cette porte, après tout ces mois d’absence, me serrait toujours un peu le cœur. J’avais laissé dans cet endroit tellement de souvenirs, de bons et de mauvais moments qu’il m’était difficile de ne pas dissimuler une certaine nostalgie mêlée d’amertume. D’ailleurs, avant même de frapper à la porte de mon ancienne logeuse, je n’avais pu m’empêcher de lever un regard songeur en direction du 221B, l’appartement occupé par Sherlock. Le connaissant, il devait déjà s’y trouver ! Il était très certainement revenu dès la fin de notre aventure pour s’y ressourcer.
« Vous devriez allez lui parler, Angelika ! »
Je sursautais légèrement avant de tourner mon visage en direction de Madame Hudson qui était brutalement sortie de son appartement. Lui souriant légèrement, j’haussais simplement les épaules.
« C’était bien mon intention, madame Hudson ! Je crois que je lui dois bien quelques éléments de réponses après ce que nous avons traversés cette fois-ci ! »
« Est-ce que cela veut dire que vous vous êtes enfin rabibocher tous les deux ? »
« « Se rabibocher » est peut-être une expression forte étant donné les circonstances. Mais je… je crois que je suis disposée à faire un pas vers lui si c’est vraiment ce qu’il souhaite ! »
« Je l’espère pour vous… cette maison semble bien vide depuis que Katelyn et vous en êtes parties. J’ai bien sûr pris grand soin de votre appartement en votre absence. Ainsi il sera fin prêt à votre retour ! »
« Je vous remercie, Madame Hudson ! Je vous suis très reconnaissante ! »
« Avez-vous une idée de quand cela se fera ? », demanda-t-elle hésitante.
« Je n’en sais rien… dès que j’aurais pu régler mes problèmes. », j’ajoutais alors dans un murmure « Dès que mon passé me laissera enfin en paix ! »
Je commençais alors à gravir les marches me menant à l’appartement lorsque je fis interrompue dans ma course par la logeuse.
« En fait ma chère si vous le trouvez un peu trop grognon, ne le prenez pas pour vous ! Mycroft vient de lui rendre visite ! »
« Mycroft est à Storybrooke ? », lui demandais-je en me tournant vers elle.
« Eh bien oui… pourquoi ça a l’air de vous surprendre ? »
« C’est… c’est que… non laissez faire, ce n’est pas très important ! Bon je ferais bien d’aller voir Sherlock ! »
Je ne pris pas même la peine de lui expliquer la raison de mon embarras et grimpant avec lenteur les marches me conduisant jusqu’à Sherlock.
Poussant un soupir devant la porte mi-close de l’appartement, j’attendais quelques secondes avant d’entrer. Il faut dire que je craignais depuis des mois d’entrer dans cette pièce, sachant tous les souvenirs que j’y trouverais et qui ne manqueraient pas de m’assaillir au moment où je l’ouvrirais. L’endroit ne me semblait guère avoir bouger depuis la dernière fois que je l’avais visité. J’y rejoignis rapidement mon ex-associé assis fidèlement dans son fauteuil. Je m’approchais de lui tout en conservant le silence sur le fait que le dossier qu’il tenait dans ses mains était vide. Après tout, ce genre d’affaires ne me concernaient plus. Je préférais encore me soucier des évènements de ce soir.
"C'était une aventure plutôt pénible ! Tu te sens comment ?"
C’était idiot comme question ! Il suffisait de voir à sa figure qu’il semblait morose et avait mauvaise mine. Cela devait probablement avoir un lien avec ce fameux dossier sur lequel je ne pouvais guère l’interroger. Réellement inquiète pour lui cependant, je pris le risque de relancer ma question.
"Tu es sûr que ça va ? Tu n'en as pas l'air pourtant !"
Un nouveau silence s’installa entre nous et, comprenant que je n’obtiendrais rien de plus, je changeais simplement de sujet !
"Ecoute je... je sais que tu voulais qu'on parle tous les deux et comme on en n’a pas vraiment eu l'occasion, je suis là pour ça ! Après tout c'est bien le moins que je puisse faire pour toi après que tu m'aies tiré des griffes d'une vilaine souris mangeuse de jouets !"
J’avais lancé cette petite remarque en un sourire engageant. Imaginée être sauvée par Sherlock m’avait réellement surprise et il vrai que c’était une des raisons qui m’avaient poussée à revenir le voir.
"Qu'est-ce que tu veux savoir exactement ?"
" Rien. Je ne veux rien savoir en particulier. ", déclara Sherlock en fermant le dossier sèchement.
"Bon très bien ! Dans ce cas, je... je veux juste que tu saches que c'était une solution temporaire... le temps que je puisse régler mes problèmes ! Je ne suis pas partie bien loin !"
A vrai dire, j’ignorais si cette remarque était réellement pertinente. Y attachait-il ne serait-ce qu’une réelle importance ? Après tout, j’avais quitté l’appartement cinq mois auparavant et il ne semblait pas même s’en être aperçu avant aujourd’hui. Ma présence n’était peut-être qu’une perte de temps.
" Cette aventure était trop irréelle pour être appréciable."
"C'est vrai que ce domaine d'investigation n'était pas vraiment dans tes habitudes... j'espère pour toi que vous aurez bientôt affaire à un criminel bien de ce monde très prochainement pour compenser ta frustration."
Tenant à en avoir réellement le cœur net, je me permis d’ajouter une dernière remarque.
"Ah moins que cela ne soit déjà le cas !", lançais-je songeuse.
Laissant un nouveau flottement s’installer dans l’air, il me fixa quelques instants sans rien dire. Je lui adressais alors un petit rictus en retour. Je m’étais trompée sur bien des choses concernant l’homme qui se tenait devant moi mais son silence prouvait que j’avais réussis à cerner quelque peu le détective.
"Je ne me trompais pas alors... mais tu as raison, ça ne me concerne plus !"
J’ajoutais en un sourire pour lui faire comprendre que je comprenais parfaitement son point de vue. Je ne pouvais guère plus être dans la confidence professionnelle puisque j’avais cédé ma place à Nyx Hartwin.
" C'est vrai ce n'est pas dans mes habitudes. Tu mènes ta vie comme tu le sens. "
En mon fort intérieur, j’avouais que je me sentais un peu déçue. J’aurais voulu que notre entrevue prenne une autre tournure. J’aurais voulu le voir jouer au détective amateur ou s’énerver devant mes silences et mon absence. Tout plutôt que de le voir adopter cette froide indifférence qu’il semblait avoir à mon égard ! Une mine un peu déçue, je compris qu’il était temps de prendre congé.
"Cela dit, je suis contente d'avoir pu t'assister sur cette affaire ! Je crois qu'on peut considérer comme classée... même si je ne sais toujours comment je pourrais te rembourser ma dette envers toi !"
Je m’approchais alors de quelques pas de lui et lui souris à défaut d’un quelconque geste d’affection qui lui sembler compte tenu de nos rapports actuels difficiles.
"Je vais te laisser. ! Quelle que soit l'affaire qui te préoccupe en ce moment, j'espère que tu la résoudras rapidement ! Prends bien soin de toi Sherlock et surtout occupe-toi bien de Nyx ! Tache de ne pas trop la faire souffrir parce que je t'assure que c'est très dur de s'en remettre !"
Certes, il y avait des manières bien plus adroites de lui adresser mes adieux que de lui faire un reproche, mais c’était plus fort que moi ! Cette blessure ne se refermerait sans doute jamais. Retenant une larme et affichant un sourire triste, je me dirigeais vers la porte en lui adressant une toute dernière remarque.
"J'embrasserais Katelyn de ta part, à bientôt Sherlock !"
"Attends."
Sherlock m’avait adressé cette remarque sur un ton assez autoritaire et sans appel. J’avais refermé les yeux espérant au plus profond de moi que je m’étais trompée, qu’enfin j’avais le droit à un minimum d’attention de la part de mon vieil ami. Je finis alors par me retourner.
« Tu penses réellement que ce masque fonctionne avec moi, Angelika? "
Il me fixa alors avec des yeux perçants tandis que je levais des sourcils surpris et interrogateur.
"De quoi est-ce que tu parles ? Quel masque ? "
"Ne fais pas l'idiote. Tout traumatisme entraîne une réponse. Et avec toi, elle n'est pas venue. Ce qui prouve que tu caches quelque chose. Après ce que tu as vécue, tu ne peux pas vivre comme avant. Tu fais semblant."
Faire semblant de quoi au juste ? Je ne pouvais plus donner le change et il suffisait de me regarder pour savoir que je me trouvais au bord du précipice. Je ne voyais même plus l’intérêt de le cacher. J’écartais alors les bras tout en m’offrant à l’œil aigu de mon ex-associé.
"Tu m'as bien observée Sherlock, vraiment ? En quoi est-ce que l'espèce de fantôme moribond qui se tient devant toi à quelque chose à voir avec la femme que tu as connue ? Quel genre de masque je pourrais bien porter ? "
Se relevant enfin de son fauteuil, mon ami se dirigea vers moi et se plaça à quelques centimètres de moi. Il me surpassait alors de toute sa longueur, me fixant comme un rapace prêt à foncé sur sa proie.
"Tu as le profil d'un assassin qui va passer à l'acte. Tu le sais ça ?", il se tut avant d’ajouter. "Si ce n'est pas déjà fait."
Je pâlis alors légèrement, faire face à ce genre de déclaration devant un homme comme Sherlock Holmes avait de quoi en déstabiliser plus d’un.
"Alors c'est ça ton explication ? Tu penses que j'ai pu changer au point de passer de la gentille petite souris à une tueuse sanguinaire ?"
Je plongeais alors un regard pénétrant dans le sien, comme si je voulais que les mots que j’allais prononcés restent à jamais ancrés dans son esprit.
"Je n'ai tué personne, Sherlock ! Et je n'ai aucune intention de le faire. D'ailleurs qui pourrais-je avoir envie de tuer ?"
Sherlock demeura alors planté devant moi, un sourire mauvais finit par apparaître sur ses lèvres. Il finit alors par baisser la voix.
"Tout n'est pas tout blanc, ou tout noir. Tu le sais. Et pour ta dernière question, la réponse me semble assez évidente. Mais soit. Si tu n'en as pas l'intention, alors considère que je suis désolé de me méprendre à ce point-là."
Il saisit alors affectueusement mon poignet, sans que je ne puisse réprimer un brusque dégoût. Ce dernier n’était pas inspiré par le geste en lui-même mais par le fait que je ne pouvais plus non plus lui cacher ce que la souffrance et la dépression m’avait fait commettre. Je sentis une larme couler sur ma joue tandis que je lui lançais ironiquement.
"D'après toi est-ce que ça peut compter comme un assassinat ?"
Au fond, je ne valais pas mieux que ça ! Je passais mon temps à passer outre les crimes que d’autres perpétrer par d’autres en me punissant moi-même plutôt que de me venger des véritables responsables de mes malheurs. Puis lorsqu’il écarta finalement sa main, je repris contenance et lança.
"C'est dommage... moi qui croyais que tu avais enfin résolu l'affaire du nouveau-né du cimetière !"
" L'affaire du Nouveau-Né Cimetière. C'est marrant comme mes assistants trouvent toujours des noms punchy."
« Je te rappelle qu’il n’y a pas si longtemps que cela, ta bloggeuse c’était moi ! », dis-je en poursuivant sa réflexion.
"Soit quand même prudente, la ligne est toujours fine entre nos envies et notre passage à l'acte."
Alors qu’il s’écartait de moi, je me mordis la lèvre pour éviter de dire une ânerie avant de choisir de lui répondre le plus honnêtement du monde. Après tout, si le manque de franchise avait détruit notre amitié ce n’est pas en cultivant le secret que l’on pourrait améliorer notre relation.
« En fait, tu n’as pas tout à faire tort ! C’est vrai que j’ai planifié le meurtre d’Edgar Sullivan, j’avais une envie folle de passer à l’acte, seulement je n’ai pas pu aller jusqu’au bout ! »
Je soupirais pour reprendre un tant soit peu contenance mais ma voix était étranglée et j’avais de la peine à retenir mes larmes.
« Je n’ai pas pu parce qu’au derniers moment j’ai pensé à Katelyn, à toi… à toutes ces personnes pour lesquelles j’ai pu compter au moins un jour ! J’ai passé tant de temps à vouloir vous guider sur le droit chemin que je ne voulais pas vous faire subir ça… et oui je ne suis qu’une idiote mais c’est pas vraiment nouveau ! »
Je lui adressais un dernier sourire et m’approchais de la porte. Puis je me tournais plus taquine cette fois.
« En revanche, si tu veux savoir ce que j'en ai fait ! Il te suffira de chercher un type balafré correspondant à son signalement dans les environs de la ville de Boston... même si maintenant il ne ressemble certainement plus à grand-chose ! Bonne journée Sherlock !"
Je descendis alors à l’étage inférieur pour récupérer ma fille. Après avoir remercier chaleureusement Madame Hudson et lui avoir promis de lui donner très prochainement de nos nouvelles, je quittais Baker Street ainsi que ses habitants, pensant qu’il s’écroulerait des mois avant que je n’aie plus de contact avec eux. Cela dit, prétendre que je pouvais me priver totalement de contact avec les personnes qui faisaient partie de mon ancienne vie aurait été un ignoble mensonge, puisqu’après avoir accompagné Katelyn jusqu’à l’école, je composait rapidement un texto.
« J’ai du nouveau dans l’affaire qui me préoccupe. Me serait-il possible de voir pendant que vous êtes en ville ? »
Message que j'envoyais à nul autre que Mycroft Holmes ! Les vieux réflexes réapparaissant toujours, il me sans doute à jamais difficile de me priver de l’aile protectrice des Holmes… surtout que cette nouvelle affaire à laquelle j’étais mêlée s’annonçait pour le moins épineuse.
Pff… C’était vraiment une journée super bizarre qui venait de s’écouler. En général j’étais pas super fan des endroits comme les hôpitaux, alors s’offrir le combo asile psychiatrique + mort sur le brancard… On touchait le haut du panier des cauchemars ambulants. Ou le fond des emmerdes, allez savoir. En tout cas, je n’attendis pas non plus dix ans une fois toute cette histoire terminée et je me tirai plutôt rapidement de l’endroit ; j’étais pas forcément doué pour remonter le moral aux gens quand il y avait un décès, surtout quand c’était pas de ma faute, et j’avais pas franchement envie de jouer les mères Thérésa éplorées qui comprennent la situation. Je la percutais pas des masses pour dire – la situation, pas la bonne sœur – et dès que l’occasion se présenta, je filais à l’anglaise sans un mot ou un au-revoir.
J’étais pas le dernier des lâches, c’était pas un truc dont j’étais fier ; mais entre attendre comme une andouille de savoir une date d’enterrement ou disparaître pour laisser Jessie gérer sa peine et ses affaires, j’avais fait mon choix. Elle était de retour chez elle, elle venait de perdre « son enfant » - un vieux type de quatre-vingts balais mais passons, on était à Storybrooke tout était possible – et elle aurait sans doute bien mieux à faire que de se coltiner ma présence une minute de plus. Non pas qu’elle ait été désagréable ou quoi, finalement elle m’avait bien tenu réveillé cette aventure, mais… J’avais d’autres choses dans le viseur. Comme de reprendre le quotidien de ma vie avant que tout mon corps ne décide de se transformer encore en pâte à modeler !
M’extirpant de l’ambiance morose, je décidai de fouiller les poches de ma veste à la recherche d’un bien que la plupart des gens n’oubliaient pas… Mon téléphone. Parcourant distraitement les nombreuses notifications et appels manqués – Luci, Luci, Luci, Katya mais sans doute Luci derrière un autre numéro, ma mère… - je m’arrêtai sur un nom que je ne pensais pas voir avant belle lurette. Fronçant les sourcils après m’être arrêté au milieu de la route, je revérifiai une seconde fois histoire d’être bien sûr : pourquoi diable est-ce que mon frère jumeau m’avait appelé ? Il le faisait jamais ! Moins il y avait de contact entre nous et mieux il se portait, c’était son mantra depuis que nous avions été séparés. Alors pourquoi aujourd’hui, pile quand j’étais pas disponible, il s’était mis en tête de composer mon numéro ? Ca devait être une erreur. C’était toujours une erreur.
Je laissais cogiter ça dans un coin et pris le parti de me rendre à La Cour des Miracles, la boîte de Raja, pour piquer un somme dans une des chambres de l’étage. Contrairement au commun des mortels, je n’avais pas fermé l’œil cette nuit et une espèce de chape de plomb venait de me tomber en travers des épaules… Me faufilant par l’arrière, je saluai de loin Latrice et me dépêchai de grimper les marches quatre à quatre pour ne croiser personne d’autre. Trouvant une pièce libre, je la verrouillai et me laissait tomber sur le lit bien fait. Je sombrai plutôt rapidement et ne vit pas les heures continuer à défiler sans moi. Encore.
Alors que la soirée approchait, je faussai compagnie à la boîte qui n’allait pas tarder à ouvrir et me retrouvai dans la fraîcheur de la rue. Le vent s’était levé et je resserrai simplement les pans de mon perfecto pour m’en abriter. J’aurais dû prendre un putain de pull ce matin… En train d’allumer une cigarette, je sentis à nouveau mon portable vibrer et levai l’écran devant mes yeux.
Pris de court, je me surpris moi-même à appuyer sur le bouton de réponse et portai l’appareil à mon oreille. La voix si peu familière de mon frère résonna alors, après un léger silence malaisant.
« Pas trop tôt, t’es plutôt difficile à joindre. »
« J’étais occupé. »
« Ça m’étonnes pas. »
Je poussai un soupir. Trois phrases et je sentais déjà à quelle point c’était une corvée pour lui de m’avoir au téléphone. Imaginez si on avait du se retrouver face à face… Visage identique mais rien à voir niveau caractère. Il était un peu trop BCBG pour moi.
« Qu’est-ce que tu voulais ? »
« Mme Trudman m’a téléphoné. Elle veut nous voir après-demain, apparemment on a des papiers à signer. J’ai pu me libérer pour neuf heures, tu penses pouvoir être à l’heure ? »
Je grimaçai en repensant au visage bouffie de cette grosse mais pas si méchante dame. Assistante sociale, même. Je ne l’aimais pas, elle me gavait avec ses yeux de merlants frits qui donnaient l’impression de comprendre toute la misère du monde… C’était elle qui nous avait annoncé, à huit ans, qu’on allait rejoindre deux familles d’accueil différentes ; elle avait présenté la chose sous tous les angles possibles mais j’avais juste trouvé ça aussi cruel que stupide. Elijah s’était fait à l’idée et habitué depuis. Moi je l’avais toujours en travers de la gorge. Et pourtant ça faisait plus de dix ans, déjà… Le début de la fin.
On revenait jamais en arrière.
« Ca devrait. Pourquoi elle veut nous voir ? »
« Par rapport à ta liberté conditionnelle apparemment. Comme je suis ton seul parent en vie et qu’il y a mon nom sur les papiers, je dois être présent. »
« Pourquoi c’est elle qui gère ça ? Elle peut pas nous foutre la paix, après tout ce qu’elle a fait ? »
Je m’agaçai et Elijah poussa un soupir au telephone.
« Justement. Si elle n’avait pas été là, tu serais en cellule gros malin. Alors soit à l’heure, je ne tiens pas à recevoir une ordonnance du tribunal me demandant de venir assister à une audience sur toi ! »
« C’est vrai que ça te ferait de la mauvaise publicité. Pauvre Eli, obligé de supporter un délinquant dans sa famille ! C’est un coup à te priver de retourner à Yale le trimestre prochain ça, non ? »
« Harvard. »
« C’est putain de pareil. »
J’étais presque étonné qu’il n’ait pas encore raccroché. Notre dernier échange avait été largement plus court que ça.
« … Zach. » Finit-il par reprendre, après un énième silence.
« Présent, votre honneur. »
« Je suis pas ton ennemi. »
Je le savais. Mais est-ce que lui, le savait ?
« Ecoute, on se voit après-demain. Je vais te laisser, t’as l’air d’être énervé et je dois réviser. Passe le bonjour à ta mère, elle va bien ? »
J’avalai de travers, sentant une espèce de colère me monter au travers du torse et perforer ma gorge. Ma mère ? La femme qui m’élevait avec la fratrie associée ?! On était des jumeaux, bordel, des jumeaux ! Notre mère s’était tirée et était morte, et lui il osait me sortir de passer le bonjour à ma mère ?! Il considérait qu’on était plus que des étrangers obligés de se côtoyer, comme des cousins germains qui se seraient jamais connus ?! Ou pire ?! Bordel, mais quel…
« Espèce de gros con. »
Et je raccrochai sans plus de retenue, le souffle erratique et la sensation de mes doigts en train de fourmiller. Bordel, comment on avait fait pour être des frères ?! Il me connaissait même pas, je le connaissais plus ! On avait grandit ensemble et maintenant c’était pire que de parler à une porte de prison ! Manquant de jeter mon téléphone sur le sol sous la rage qui m’envahit soudain, je shootait dans une putain de canette jetée là et l’éclatait contre une roue de voiture de l’autre côté de la route. Monde de merde !
Les doigts fébriles, j’extirpai une dernière bouffée de ma cigarette et me mit à chercher un autre objet à défoncer… Lorsque j’aperçu les pattes d’un chien accompagnés de santiagues qui m’étais familières. Relevant les yeux vers leur propriétaire, j’eu la surprise de découvrir Jessie assise à la portière ouverte d’un pick-up ! Qu’est-ce qu’elle foutait là ? Elle était pas allée réglé les papiers pour ensuite rentrer chez elle ?! Si les gens avaient un endroit où aller, pourquoi ils en profitaient pas ?
Elle me remarqua et son visage un peu triste sembla soudain s’éclairer d’un petit sourire rassurant. Loupé, j’avais vu l’expression d’avant… M’immobilisant à un mètre d’elle, sur la route, j’écrasai mon mégot sous ma chaussure et gardai le pied dessus pour éviter que le chien ne vienne le manger.
« Tu comptes aller où, maintenant ? » demandai-je.
« J’en sais rien… »
Avoua-t-elle, à ma grande surprise. De plus près, je remarquai qu’elle avait les yeux rouges et bouffis par des larmes. De nouveau, le pincement.
« Je pense que je vais rester ici… Me trouver un job… c’est ici ma place maintenant et… J’ai une mission… »
Sa paume passa sur son visage quelques secondes, avant qu’elle ne prenne une mine faussement enjouée :
« Et toi ? Tu es content d’être revenue ! Merci pour tout ce que tu as fait et… t’étais cool aussi en pâte à modeler ! Je peux t’en piquer une ? »
Elle me désigna la cigarette écrasée. Ouais, c’était bien ce que je me disais : elle faisait celle qui gérait tout mais en fait, elle était super mal. Pas étonnant quand ce pour quoi tu te bats fini par crever sous tes yeux… J’avais de la chance de connaître Raiponce dans ce monde aussi et de savoir qu’elle allait bien, sinon je serais sans doute dans le même état à l’heure actuelle.
Fouillant dans la poche intérieure de ma veste, j’extirpai deux cigarettes et lui en tendit une.
« J’savais pas que tu fumais. »
J’allumai ma clope et, après un instant, le lui proposait pour qu’elle fasse de même.
« Je suis bien nulle part, ici ou là-bas… C’est pareil. Sans le côté pâte à modeler. T’as un endroit où dormir cette nuit ? »
A nouveau, un faible sourire de sa part.
« Et oui. Une habitude que j’ai pris au ranch quand je suis partie de Storybrooke… » Okay, y’en avait des trucs à apprendre. Mais elle secoua la tête avant que je ne puisse creuser un peu. « Non… Disons que j’ai mon pick-up ! J’ai l’habitude, ça va aller ! »
Okay, Jessie comptait me faire gober cette méga couleuvre ? Je savais très bien ce que c’était de ne pas avoir d’endroit où rentrer le soir, de foyer à retrouver, de proche à saluer… Je ne pus retenir un léger sourire sarcastique toutefois.
« Putain, tu plairais vraiment à mes demi-frères… ! » Surtout à Pilib. Ou Aaron, Pilib préférait les mecs. « T’es sûre ? Sinon… J’ai un pote qui habite pas très loin. Ca te ferait un endroit où dormir au moins pour la nuit. »
Devant son air intrigué, je m’empressai de me justifier rapidement.
« J’aime pas laisser les gens dehors. Quand je dormais dans la rue, je faisais le fier mais au fond je détestais ça. On devrait tous avoir un endroit rassurant où dormir, qui qu’on soit. »
La rouquine parue hésitante.
« Dans ton endroit, on aime les chiens ? Je laisse pas Pile Poil seul… Oh ! »
Elle ouvrit la bouche comme pour poser mille questions mais je l’en empêchai en hochant la tête.
« Oui. Il en a un d’ailleurs, un Labrador qui s’appelle Sherlock. Il a aussi une tortue et une espèce d’ornithorynque qu’il appelle Niffleur… Il vit pas loin d’ici, il sera ravi de t’héberger. Par contre, t’étonnes pas, il parle pas beaucoup. Il est gentil et un peu stupide mais c’est un type bien. Tu devrais t’entendre avec lui… Il aime les trucs de gosses aussi. »
Je me levai et elle proposa de s’y rendre en voiture, ce que j’acceptai. C’était plus pratique que de marcher les deux trois kilomètres qui nous séparaient de la maison de Sebastian… Nous nous garâmes dans l’allée juste devant la baraque et, après quelques minutes d’explications, j’abandonnai Jessie sur le porche de ce grand monsieur maladroit qui ne lui ferait pas de mal. C’était pas une si mauvaise idée de la faire dormir là-bas, Sab était un peu trop niais pour moi mais pour elle ça devrait rouler !
Je chassai juste le petit caméléon doré qui m’avait suivi sur l’épaule et observai le sable se dilater dans l’air jusqu’à disparaître… Un petit sourire naquis sur mon visage cependant. Saisissant mon portable, je rédigeai rapidement un message :
Tu te rappelles la poupée cowboy que j’avais ?
Je n’eus pas le temps de chercher un autre ocntact que ma mère me répondait illico :
Évidemment ! Elle est au grenier avec tes vieilles affaires. Je la trouvais très jolie et tu ne voulais pas la lâcher ! Pourquoi ?
Je ne répondit pas, mais j’esquissai une espèce de sourire soulagé. J’étais pas fou. Pas complètement. Me promettant de passer chez elle à l’occasion, j’inspirai longuement pour affronter ma dernière épreuve de la journée… Deux sonneries plus tard et voilà que le souffle court de Luci répondait à mon appel.
« Tiens, tiens, mais qui voilà ! »
« … Salut. » Dis-je, incertain de devoir m’excuser de ne pas avoir répondu à tous ses messages depuis la veille. « Tu m’as écris ? »
Euphémisme.
« Non, non, c’est le Saint Esprit qui demandait simplement quand tu pouvais venir te faire baptiser… »
« Oh ? Tu l’as rencontré ? Pourtant il avait la bouche bien occupée ces derniers temps… »
« Justement, il m’a demandé de tes Nouvelles pendant que je le… »
Luci et son langage fleuri. Ça me fit sourire, tout de même. Allez savoir pourquoi.
« Mais étant donné que tu ne captais pas là ou tu étais, je n'ai pu lui donner réponse satisfaisante à sa question....mais heureusement que je l'ai satisfait d'une autre manière. »
« J’te manque pas tant alors si tu trouves du bon temps ailleurs ! » Attaquai-je, en traître.
« Hum ... il me semble que c'est toi qui était ailleurs la nuit dernière, alors que justement ... j'avais cherché à te joindre pour que tu passes du bon temps avec moi. »
Touché.
« J’étais… C’est une longue histoire. Mais je suis là maintenant. »
« Oh ? Tu sais que j'adore les longues .... histoires ! » Il émit un rire avant de se reprendre : « Il est l'heure de dîner. Tu ...ne voudrais pas venir discuter de ta longue histoire dans mon bureau ... tout en mangeant des sushis que Katya nous fait livrer ?I »
Je ricanai. A mon avis, les sushis, j’allais en voir à peine la couleur. Mais j’appréciai l’attention, malgré moi, sentant mon corps se détendre un peu de l’état dans lequel je me trouvais. J’avais pas souvenir de m’être autant contracté.
« Tu vas réellement me laisser manger ? »
« Même si en général je n'apprécie pas qu'on parle la bouche pleine, il me serait dommage de te priver de te substanter correctement. Surtout si tu as une longue histoire à me raconter ... »
Longue histoire, oui. Mais plutôt mourir que de lui avouer que j’étais devenu une pâte à modeler verte dans un monde de jouets psychopathes ! J’escomptais sur le silence de Viktor et de Marcy, mais quelque chose me disais que Luci finirait par le savoir un jour… En attendant, je laissai un faible silence avant d’oser murmurer :
« … Tu viens me chercher ? »
« J’arrive. » Répondit-il, sans aucune hesitation. « Tu me payeras en nature pour la contrepartie ! »
Il se mit à ricaner et je n’eu même pas le temps de raccrocher que, déjà, il apparaissait juste devant moi. Grand. Guindé. Un costume sur-mesure hors de prix et un sourire sardonnique sur le visage. Luci était un connard mais… Mine de rien, je fus bien content de le voir. Ce fut comme si un poids se retirait de mes épaules lorsqu’il s’approcha, chaque centimètre allégeant quelque chose en mois, et lorsqu’il fut à portée de bras je n’hésitai pas : posant mes paumes sur ses joues, j’attirai son visage au mien pour m’emparer de sa bouche dans un baiser à la fois passionné et désespéré.
Il me répondit de sa férocité singulière. Et puis, plus rien ne compta d’autre que lui.
Jessie James
« Jessie never gives up, Jessie finds a way! »
Elle va être sympa cette mairie, j'le sens bien... On va s'entendre copains comme cochons...
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Toy Story | Dans le monde des contes, je suis : : Jessie, l'écuyère