Princesse perdue récolte ce qu'elle sème

« Dominique, avez-vous Regina ? » « Non Sire Henry, la princesse a disparue ? » « Rocinante est dans son box ? » « Non Sire, Monsieur Albert l’a sans doute sorti pour laver le box. » « Ou bien la princesse est partie galoper. » Sire Henry espérait vraiment que sa fille alors âgée de douze ans était simplement partie galoper et qu’elle n’était pas disparue car il ne souhaitait aucunement connaître les foudres de son épouse, Cora. Depuis quelques temps, Cora ne souhaitait qu’une seule chose, faire de Regina une bonne dame mais Henry commençait à voir que sa fille souhaitait juste profiter de son enfance et peut-être qu’il lui laissait un peu trop de libertés mais pour le coup, il voulait qu’elle profite de la vie, sauf dans des instants comme celui-là quand elle ne revenait pas et surtout quand elle ne prévenait pas qu’elle était partie. Sire Henry quitta le domaine familial avant de se rendre aux écuries et de comprendre que sa fille était bien partie en forêt, sa cape n’était plus là. Il espérait qu’elle n’avait pas de soucis, il devait tout faire pour que son épouse ne soit pas au courant de l’escapade de sa fille, sinon, la petite risquait les foudres de sa mère et il ne souhaitait aucunement ça pour elle. Il retourna à l’intérieur et chercha finalement son épouse pour lui dire que Regina était partie au village avec Lucia sa meilleure amie, devenue depuis peu sa demoiselle de compagnie.

Dans la forêt.

« Plus vite Rocinante, galope ! Galope ! » C’était la fin d’après-midi et Regina de ses douze ans âgée ne voulait pas encore passé une après-midi enfermée au château. Elle aimait galoper et ce n’est pas parce que sa mère souhaitait faire d’elle une bonne dame qu’elle n’avait pas le droit de prendre un peu de libertés et puis elle savait pertinemment que son père ne l’a laisserait pas tomber. Elle avait conscience de son statue de princesse, elle savait qu’elle n’était pas libre de beaucoup de choses mais elle souhaitait malgré tout être heureuse et galoper dans la forêt, c’est ce qu’elle aimait par dessus tout. Souvent, elle partait en forêt avec Lucia mais elle avait eu vent par la grande soeur de cette dernière qu’elle n’était pas au meilleur de sa forme alors elle était partie seule. Cependant, dans la forêt en cet fin d’après midi, le soleil n’était pas au beau fixe et la lune commençait à montrer le bout de son nez. Elle avait cependant besoin de s’arrêter un peu. Elle était assez loin du château et elle savait que Rocinante avait besoin de se désaltérer un peu.

Aussi, arrivée près du lac non loin du domaine, elle descendit de son étalon et le laissa se désaltérer alors qu’elle s’asseyait sur un rocher pour s’étirer un peu et retirer sa capuche, dévoilant sa longue chevelure, qui avait plus tendance à virer vers le brun en grandissant et elle commençait un peu à regretter sa chevelure châtain clair lumineuse mais bon, peut être qu’elle la récupérerait quand elle serait adulte, elle en doutait mais bon. Alors qu’elle buvait un petit peu, elle oublia qu’elle n’avait pas attaché Rocinante et ce dernier parti au galop après avoir eu peur. De quoi ? Regina n’en avait aucune idée. « Rocinante ! Attends ! » Mais il était déjà trop tard. Elle était trop jeune, trop petite pour rejoindre un étalon qui courrait à grande vitesse. Il commençait à faire même froid et elle était loin du domaine, elle commença à paniquer. Elle voulait appeler sa mère, elle savait qu’elle pourrait la retrouver mais elle décida de suivre le sentier qu’elle avait pris au galop, peut-être qu’elle arriverait à retourner au domaine. Elle savait en tout cas que sa mère risquait de ne pas être très contente en la voyant revenir. Elle remonta sa capuche sur sa tête, cachant sa couronne sans doute de peur d’être vue par des passants et enlever parce qu’elle était une princesse.

Regina n’avait pas compté depuis combien de temps elle marchait mais ses pieds commençaient à lui faire mal et en plus, elle commençait à avoir faim et surtout, elle avait froid. Son petit corps frissonnait sous sa robe. Sa cape lui permettait de se protéger du vent qui commençait à se lever mais elle savait qu’elle ne tiendrait plus longtemps sans manger quelque chose. Tout ce qu’elle avait se trouvait sur la scelle et elle ignorait même où était Rocinante. Etait-il de retour au domaine ? Mais dans ce cas là, pourquoi sa mère n’était pas là ? Ce n’est que trop tard qu’elle se rendit compte qu’elle était perdue en pleine forêt, elle avait dû prendre le mauvais sentier. Paniquée, elle heurta quelqu’un et s’excusa aussi poliment qu’elle le pu « Veuillez m’excuser, je n’ai pas fait attention. Je ne vous avais pas vu. » Par malheur, enfin c’est ainsi qu’elle le pensait, la capuche de sa cape était tombée et fit voir au grand jour sa couronne, et ses yeux chocolat légèrement humide.

Surprising Spring Way

Lorsque Merlin arriva au lac, la nuit tombait. Il était surprenant de voir, deux fois par an (une fois dans un sens, la seconde dans l'autre), un homme marcher sur une longue distance, à travers pays et continents, faisant un rapide voyage miraculeusement, alors qu'il n'avait ni cheval ni tout autre moyen de locomotion que ses propres pieds. Un homme plus vieux que la plupart des choses, avec une étonnante histoire dont il préférait pourtant étouffer certains aspects dont il n'était pas fier, voir effrayé. Cet homme quittait Camelot, où il était connu comme Merlin l'Enchanteur, pour rejoindre Naantalie. La raison ? L'hiver. Et lorsque l'hiver arrivera à Naantalie, il reviendrait à Camelot, protecteur de ce royaume enchanté. La différence entre chacun de ses voyages, c'est qu'il n'arborait pas la même apparence. Pour être Merlin, il se métamorphosait pour prendre une apparence plus âgée. Et lorsqu'il partait, il reprenait son vrai visage, puisqu'il se trouvait alors dans des contrées assez loin pour qu'on ne lui rappelle pas ses origines de Joueur de Flute.

Le royaume dans lequel il venait d'arriver se trouvait à mi-chemin sur son trajet. Il passait par les bois cependant, ne rencontrant personne, habituellement, qui vivait ici, mais savait qu'il entrait dans les limites continentales où se montrer avec son vrai visage ne posait aucun risque. Alors, lorsqu'il arriva au lac, il se posa un instant près de l'eau pour regarder son reflet, abandonnant son apparence âgée et de nouveau voir ses propres traits. Il s'observa un instant dans ce miroir naturel. En tant qu'immortel, il ne vieillissait pas, mais son corps grandissait tout de même pour atteindre une apparence adulte. Cela fait déjà quelques années que son visage est celui d'un homme mature, mais il n'était pas encore habitué à ne pas avoir des traits plus jeunes.

Il ne comptait pas s'attarder ici, quand il prenait une pause, c'était toujours pour quelques minutes, l'immortel enchanté n'ayant pas besoin de réel repos. Mais sa faculté à comprendre la terre et les animaux l'alarma de quelque chose. Les bois et l'eau essayaient de lui dire quelque chose.. non ! Ils essayaient de lui demander quelque chose. De l'aide, pour une petite fille. Intrigué, Merlin se releva pour regarder aux alentours. La fine herbe qui se trouvait sous ses pieds, brillant sous la lumière de la lune grâce aux perles d'eau qui s'y trouvaient, chuchotait le passage d'un animal effrayé. Un cheval noble s'était tenu ici avant de fuir. Le scénario ne fut pas très dur à reconstruire. Une fille était venue ici à cheval (seule ? à une heure pareille ? étrange) et son cheval a pris la fuite sans elle. Ce qui voulait dire que d'un côté de la forêt se trouvait l'animal, et de l'autre la jeune fille.

N'ayez crainte, je vais l'aider. C'est noble de votre part, que de s'inquiéter pour elle, s'adressa-t-il aux arbres et au lac eux-même pour leur répondre.

Il se dirigea alors là où ses sens d'enchanteurs le guidaient pour suivre toutes les traces qu'avait laissé le cheval dans sa fuite. Sabots discrètement dessinés dans la boue ou la terre sèche ou encore les brindilles d'arbre cassées, que Merlin prit toujours le temps de régénérer. Et c'est enfin dans une petite clairière que le sorcier trouva le noble étalon brin. D'ordinaire, un cheval effrayé, même dressé, aurait pris la fuite devant la présence de quelqu'un, qui n'était pas son propriétaire, lui étant alors capable de l'apaiser. Mais il n'en fut rien, puisque l'enchanteur avait une aura qui appelait la nature à lui, lui montrait qu'il était son ami, et qu'il aurait toujours du temps pour l'aider. Après tout, son voyage précipité lui avait donné de l'avance sur l'hiver, et il avait bien quelques instants à donner pour un cheval en détresse et une petite fille en danger.

Bonjour Rocinante, lui dit-il sur une voix douce avant de s'approcher pour poser une main apaisante sur son flanc. C'était le cheval qui lui avait donné son nom, ne le connaissant bien sûr pas de lui-même. C'est un autre détail qui attira son attention et sa surprise. Les couleurs de son harnachement étaient royales. Était-ce un cheval de la garde ? Non, même si Merlin ne connaissait pas les couleurs officielles du royaume, il savait que cela ne ressemblait pas à celles d'un protocole de garde. Ce cheval avait l'équipement d'un membre de la famille royale. Qui était donc cette petite fille imprudente qui a prit le risque de s'égarer dans la forêt ?

Lorsque Merlin commença donc à marcher, Rocinante le suivit. Il n'eut pas à tirer l'animal, ou encore à monter dessus. Si ce cheval était d'appartenance royale, il n'était pas de son ressort de monter dessus. Certes, l'enchanteur faisait partie de l'ordre royal de Camelot, mais n'avait pas sa place dans aucun autre gouvernement. Et même du roi Pendragon, il n'était que le conseiller.

Il leva alors la main devant lui, usant de sa magie pour tisser un fil de lumière dans les airs, qui les dirigerait vers la petite fille. Le chemin ne prit donc que quelques instants avant qu'un enfant maladroit ne le percuta dans sa course fatiguée. La fille que les arbres voulaient aider. Ne vous excusez pas, les hiboux voient beaucoup mieux que les enfants durant la nuit. Ce n'est pas de votre faute.

Lorsque l'enchanteur remarqua le bijou royal, ses soupçons étaient donc finalement fondés : c'était bien la princesse du royaume, encore toute jeune, qui avait pris la fuite avant d'égarer son cheval, puis son propre chemin. Le visage du sorcier se voulait rassurant, sa présence l'étant d'ailleurs généralement. Mais dites moi, que fait la princesse Regina loin de son château ? S'approchant de Rocinante pour la confier de nouveau à sa propriétaire, il reprit ensuite. Je n'ai pas deviné votre nom, c'est votre cheval qui me l'a confié. Il avait hâte de vous retrouver.

Il sortit finalement deux pommes et une gourde remplie d'eau de son sac. Il donna la première pomme à Rocinante, pour donner la deuxième et la gourde à la princesse, qui en avait de toute évidence besoin. Savez-vous que tous les arbres de cette forêt se sont inquiétés pour vous ? Voulez-vous de l'aide pour retourner au royaume ?

C'était une vraie question qui en cachait une seconde : voulait-elle retourner au royaume ? Car lorsque Rocinante lui a communiqué le nom de la princesse, Merlin savait de qui il s'agissait, et comprit devant quel royaume il se trouvait. On en parlait jusqu'à très loin dans ce continent. Un prince qui épousa une femme du peuple, un signe avant-gardiste que l'enchanteur appréciait beaucoup ! Mais hélas, cette femme assoiffée de pouvoir finit, avec le temps, par dominer son mari puis le royaume d'une sinistre main magique. Une reine crainte dans le pays, peu appréciée dans son royaume. Était-ce elle que sa fille fuyait ?

Princesse perdue récolte ce qu'elle sème

Regina avait envie de pleurer. Elle avait perdu Rocinante. Il était parti au galop tout seul et elle n’avait pas compris ce qui lui avait fait peur mais il était certain que si sa mère s’apercevait de cela, elle allait en entendre parler et oui, la princesse craignait énormément sa maman. Habituellement, une enfant ne devrait pas craindre celle qui lui a donné la vie mais tout le monde le sait, Cora n’est pas une femme ordinaire. Elle utilisait sa magie pour faire sa loi et l’utilisait souvent sur Regina pour la punir dès qu’elle faisait une bêtise. C’est pour cela qu’elle l’a craignait et qu’elle avait fait très attention à Rocinante mais elle ne savait pas où il était. Elle avait marché pendant un long moment, essayant de se guider aux son que faisait le vent à travers les feuillages.

Elle essayait de se souvenir des cours de botanique qu’elle avait eu avec sa dame de compagnie mais elle n’arrivait pas à tout se souvenir. Elle commençait véritablement à s’inquiéter, tellement qu’elle ne remarqua pas l’homme sur le chemin et lui rentra dedans avant de s’excuser avec politesse. La capuche de sa cape étant tombée, sa couronne fut dévoilée et son ascendance royale également en même temps. Le coeur de la jeune princesse battait à lui en rompre la poitrine mais elle n’y faisait outre, elle ne quittait pas des yeux l’homme en face d’elle et un sourire naquit sur son visage lorsqu’elle vit Rocinante « Rocinante ! » hurla t’elle de bonheur en prenant le museau de son cheval dans ses bras, ravit de l’avoir à nouveau à ses côtés « Merci de me l’avoir ramenée. » dit-elle avec douceur.

« Comment savez-vous que… » dit-elle avant de relever sa capuche, meme si à présent, c’était trop tard. Un nouveau sourire éclaira le visage de la jeune Mills alors que l’homme lui annonçait que c’était son cheval qui lui avait dit, impatient de la retrouver. Regina ne dit rien mais attrapa la pomme et la gourde avant de faire un sourire et bu beaucoup d’eau, elle en avait bien besoin. Croquant dans la pomme avec grâce, telle la princesse qu’elle était. Elle pris le temps de mâcher et avaler avant de lever le regard vers le sorcier qui l’avait aidé « Je ne savais pas que les arbres pouvaient ressentir des choses, j’ai appris beaucoup de choses avec mes instructeurs mais pas cela. » avoua t’elle avant de reprendre « Je... » elle eu du mal à avaler « Je ne veux pas…pas tout de suite. Mère est toujours au domaine et même si papa me protège, elle me fait peur. » avoua-t’elle. Elle s’asseya sur un rocher qui n’était pas loin d’eux et respira longuement « je sais que vous êtes un sorcier, ma maman est une très puissante sorcière mais ça me fait peur, elle utilise sa magie pour me punir dès fois. » avoua la princesse.

Surprising Spring Way

Le sorcier eut un sourire devant la surprise de la jeune princesse lorsqu'elle apprit que les arbres étaient doués de sentiments. Plutôt pédagogue, et surtout depuis qu'il était de la cour de Camelot, dans laquelle il avait à apprendre auprès d'apprenti, Merlin était un homme qui appréciait beaucoup enseigner et faire découvrir des choses. D'ailleurs, le cœur de la nature était imperceptible par presque tout le monde, alors, montrer qu'elle en avait un, faisait parti des choses qui lui faisaient le plus plaisir.

Il est difficile de le voir, en effet, parce que les plantes, ou les animaux, ne peuvent pas s'exprimer comme nous le faisons. Mais ils s'expriment à celui qui sait écouter, et je peux vous dire que leurs sentiments peuvent être aussi forts, et parfois plus encore, que celui des Hommes. Et c'est le cas pour ton cheval aussi, qui t'apprécie énormément !

Son visage se fit sérieux devant ce qu'elle lui dit ensuite. Il avait bien pensé, la princesse avait l'air terrifiée de rentrer, bien plus effrayée à cette idée qu'à celle de s'être perdue en essayant de fuir sa maison, et sa mère. Il pouvait comprendre bien sûr, et si Merlin était tout à fait disposé à l'aider et à veiller sur elle, il était entre deux chaises : c'était la Princesse, elle devait rentrer chez elle, et pourtant, c'était chez elle qu'elle se sentait menacée. Alors, pour le moment, il respecta le temps qu'elle demanda. Elle ne souhaitait pas rentrer tout de suite, et lui pouvait tout à fait rester près d'elle jusqu'à ce qu'elle regagne sa chambre. C'était d'ailleurs tout à fait un temps pour au moins lui rassurer sur les jours à venir.

Pour commencer, sache que tu peux boire dans ma gourde autant que tu veux. Je saurai retrouver de l'eau pour la suite de mon voyage, tu en as besoin plus que moi.

Alors que Regina s'était assise sur un rocher, lui fit quelques pas un peu plus loin, levant les yeux vers les arbres et le ciel, et émit un léger sifflement particulier. Il n'attendit que quelques instants avant qu'une colombe immaculée, dont la blancheur rayonnait dans l'obscurité de la nuit, ne se pose sur son doigt. Merlin s'approcha alors de nouveau de l'enfant, et lui présenta l'animal.

Je l'ai chargé de venir te voir lorsque tu en as besoin. Cette colombe est magique. Siffle lorsque tu es terrifiée, et elle viendra t'apaiser. Tu pourras faire face à tes peurs sans souffrir.

Bien sûr, il ne savait pas que lui apprendre à ne plus avoir peur contribuerait, plus tard, à l'endurcir et faire d'elle la terrible reine qu'elle deviendrait. Pour l'instant, elle n'était qu'une pauvre enfant terrifiée qui méritait juste un peu d'attention.

Princesse perdue récolte ce qu'elle sème

Rocinante était revenu, il avait été accompagné par un sorcier, un sorcier bienveillant, Regina le sentait. Elle avait tellement l’habitude de la magie de sa mère qu’elle sentait quand un sorcier était doté de magie blanche ou non et cette magie était bien différente de celle de sa mère et dans un sens, ça la rassurerait. Elle écoutait avec attention ce que lui disait cet homme étranger à son royaume. Elle était là, caressant la tête de Rocinante d’une main, ne quittant pas des yeux son sauveur. Oui c’est ainsi qu’elle le voyait, comme son sauveur, que serait-elle devenue s’il n’avait pas retrouvé son cheval ? Un vent frais parcouru la chevelure de la princesse, la faisant virevolter dans l’air avant de la laisser retomber sur ses épaules.

« C’est mon père qui m’a offert Rocinante quand j’ai eu l’âge de monter seule à cheval, il est mon meilleur ami. C’est le seul qui me comprend. » avoua Regina.

Rocinante lui mit un petit coup de museau attendrissant pour la rassurer, sans doute lui faire comprendre qu’il serait toujours là pour veiller sur elle, à sa manière. Regina attrapa la pomme avec envie et croqua une seconde fois dedans. Prenant le temps de mâcher et d’avaler parce que ce n’était pas polie de parler la bouche pleine, elle prit une nouvelle gorgée d’eau avant de lever le regard vers le sorcier.

« Vous êtes gentil. Vous êtes le premier sorcier gentil que je rencontre. » déclara t’elle.

Elle n’avait jamais beaucoup la possibilité de sortir du domaine et elle en était triste. Elle aimait découvrir de nouvelles choses, la jeune Mills avait toujours un esprit voyageur, avide de découverte et de fantaisie mais pour sa mère, elle devait avant tout devenir Reine et être digne de cela. Elle n’avait pas énormément de droit avec elle mais dès qu’elle le pouvait, elle fuyait ce monde auquel elle n’aimait pas appartenir. Elle partait galoper parce qu’elle savait que Rocinante la ramènerait toujours à la maison. Elle redonna la gourde au sorcier.

« Merci, j’ai pu me restaurer. Je sais où trouver de l’eau, il y a une source à environ deux kilomètres à cheval mais je ne sais pas à combien à pas d’hommes. » avoua-t’elle.

Oui, la jeune princesse n’avait jamais été très douée en calcul, elle n’aimait pas vraiment cela de toute manière et elle ne voyait pas vraiment l’intérêt de savoir de si difficile chose de tête. Elle était une aventurière, pas une calculatrice. Un sourire naquit sur le visage de la jeune fille lorsque Merlin revint avec une belle colombe aux plumes blanches comme la neige. Regina ignorait que ce cadeau la mènerait à ne plus craindre la peur et à devenir un jour la méchante reine, crainte de tous et qu’elle en viendrait à lancer une terrible malédiction. Elle sourit à Merlin alors que la colombe se pose sur sa propre main.

« Elle est si belle et elle a l’air si gentille. » commença t’elle.

La colombe semblait la comprendre. Voyant sans doute qu’elle n’avait pas besoin d’elle pour l’instant, la colombe s’envola dans un beau petit sifflement d’ailes. Regina tourna le regard vers Merlin.

« Vous connaissez ma maman ? » demanda t’elle finalement.

Surprising Spring Way

Je ne connais pas ta mère personnellement, répondit Merlin lorsqu'elle demanda. Doucement, comme un vieil ami, il prit place à ses côtés pour s'asseoir sous le regard des étoiles et de la lune qui éclairaient leurs yeux et leurs pensées. Mais je la connais, en effet. C'est une reine qui a réussi parfaitement l'objectif d'étendre sa réputation au dehors de ses frontières. Au delà d'une rencontre publique où elle s'est montrée, je n'ai jamais eu l'honneur de la rencontrer directement.

Le regard de Merlin vagabonda un peu entre les arbres plus loin, ainsi que sur le cheval paisible à leurs côtés, tandis qu'un papillon de nuit s'était posé sur son doigt. Le sujet de Cora était comme sa réputation... compliquée. Et le sorcier n'avait pas l'envie de parler d'elle négativement par simple plaisir, que ce soit devant sa fille ou non - même si ce détail demandait encore plus de délicatesse. Merlin parlait toujours avec sagesse, quelque soit le sujet. Perdre sa sagesse compromettait les actes que la parole entraînait.

Ta mère est un symbole d'espoir pour beaucoup de gens, je pense que tu le sais ? Il marqua une pause, en la regardant avec sourire sage. Elle a réussi à sortir de la pauvreté qui l'affamait chaque jour. Certains disent qu'elle est le symbole qui prouve que le sang noble et royal peut se trouver en tout le monde. Si je ne suis pas contre ce fait, je dirais tout de même plutôt qu'elle prouve que tout le monde a une chance dans le monde si compliqué qui nous héberge.

Il eut un nouveau sourire. C'est un beau message ! Et moi plus que jamais suis content qu'elle l'ait montré au monde.

Mais le sorcier poussa un nouveau soupir. Mais hélas... ça ne veut pas dire qu'elle prend de bonnes décisions. Ou qu'elle ait choisi le meilleur chemin, en terme de magie ou de conscience.

Il se redressa un peu pour être plus confortable dans sa position, tout en se décalant un peu pour mieux faire face à la jeune Regina. Il ne voulait pas lui faire peur, alors son expression restait rassurante et bienveillante. Tu es quelqu'un de bien, mon enfant. Et toutes les certitudes que je tiens de la magie et de la nature me disent que tu trouveras toujours le bon chemin. Un nouveau sourire, plus grand. J'ai confiance en toi.

Princesse perdue récolte ce qu'elle sème

Au fond, je savais que c’était normal qu’il ne connaisse pas ma maman personnellement. Elle ne se montrait jamais beaucoup, mise à part aux rencontres publiques. Elle m’avait toujours dit qu’elle n’appréciait pas les rencontres publiques, que les personnes différentes de nous ne devaient aucunement nous côtoyer mais moi, je ne voyais pas les choses comme elle, je voulais que tout le monde puisse se connaître, qu’on puisse vivre tous ensembles, je n’aimais pas être une princesse, il y avait beaucoup trop de choses qui m’étaient demandées pour mon jeune âge. Le seul moment où j’étais bien, c’est quand je montais à cheval ou quand j’allais voir Daniel, le fils de notre homme d’écurie qui avait deux ans de plus que moi. Je lève le regard vers Merlin.

« Elle m’a expliqué que quand elle a rencontrée mon papa, elle était une simple fille de meunier et qu’elle a pu épouser mon père grâce à de l’obstination. Mais elle me fait peur. Et je crois bien que je ne suis pas la seule. Elle fait peur à beaucoup de gens du royaume. » avouais-je. Oui, elle faisait peur à beaucoup de monde. C’était très triste parce que je savais qu’au fond d’elle, elle était gentille. Il faudrait que je comprenne ce qui l’avait changée comme ça. Peut être que papa le savait. Il fallait que je trouve un moyen de lui demander sans que maman le sache. La colombe s’envole avant que je ne tourne à nouveau le regard vers Merlin avec un léger sourire « ma maman est quelqu’un de particulier. » avouais-je à ce dernier.

Mon sourire disparu bien vite à sa nouvelle affirmation alors que je respirais profondément avant de baisser la manche de ma tenue pour lui montrer un énorme bleu à l’épaule « parfois quand elle utilise sa magie contre moi, elle ne se rend pas compte qu’elle me fait mal. Elle utilise la magie comme punition quand je ne fais pas ce qu’elle souhaite, c’est pour cela que j’ai peur de rentrer au domaine. » expliquais-je au sorcier avant de relever ma manche. Au fond de moi, une plus grosse crainte naissait. Rocinante vint vers moi avant de me mettre un petit coup de museau pour avoir une caresse. Je lui souris avant de le caresser tout en levant les yeux à nouveau vers Merlin « J’ai peur…j’ai peur que si un jour, je peux faire de la magie, j’ai peur de devenir comme elle. » avouais-je à Merlin « en plus, il y a une chose qu’elle ne sait pas, c’est que je suis amoureuse. Je sais, je suis encore une enfant mais Daniel est très gentil. Il travaille au domaine avec son papa et il est très gentil, il part en balade avec moi dès fois. Je l’aime beaucoup mais c’est un roturier et si maman l’apprend, elle ne va pas être contente et… » commençais-je avant de reprendre « je ne sais pas comment elle a pu devenir méchante comme ça. » terminais-je.

Je me perdais dans mes mots…

Surprising Spring Way

Les paroles de l'enfant rendait le sorcier bien triste. Pouvait-il vraiment faire quelque chose pour empêcher sa mère d'user sa magie à des fins aussi dures ? Il en doutait, n'étant pas son père, et ne voulant pas faire croire à Cora qu'il voulait lui déclarer une quelconque guerre, ce qu'elle pourrait estimer en étant une sorcière de sa trempe. Theseus voulait aider, c'était vrai, et chaque parent avait une échelle de dureté différente dans l'éducation d'un enfant... mais il était vrai que celle de Cora était bien trop haute. Mais ce que le sorcier retenait avant tout des quelques aveux de Regina qui lui ouvrait son cœur, c'était sa peur que l'éducation magique et douloureuse de sa mère dans la magie ne lui fasse prendre des chemins tout aussi sombre, voire pire.

Theseus était sûr que sa détermination à garder son âme aussi pure serait une guide fidèle pour ne prendre aucun, ou peu, de mauvais choix. Grandir changeait une âme, c'est vrai, et le mal ne naissait pas mais se fabriquait, mais Merlin avait un pressentiment pour les bonnes personnes et les moins bonnes, et si Regina faisait de mauvais choix à l'avenir, elle saurait se rattraper, il en était certain.

Mais... être certain d'une chose qui viendrait à l'avenir ne suffisait pas pour laisser le présent. Regina gardait ses peurs, et surtout, elle restait une enfant tourmentée. Oh, Merlin était bien placé pour savoir qu'une âme tourmentée pouvait passer de la bonté à de mauvais chemins juste à cause de la peur... Regina ne méritait pas ça.

Vois-tu... ta mère s'est perdue, dans son chemin, commença-t-il alors. ]Elle a eu une des vies les plus dures qu'il ne soit dans notre royaume, dans la peine et l'ingratitude, et lorsque finalement elle a eu ce qu'elle voulait, elle s'est oubliée, et en est devenue avide.

Alors qu'il regardait devant lui, tantôt les arbres, tantôt le cheval, tantôt les étoiles, Merlin tourna de nouveau son regard vers elle pour continuer ses paroles. Quand tu grandiras, il te suffira de ne jamais oublier d'où tu viens. Et de ne jamais oublier le grand coeur que tu possèdes aujourd'hui, et sa valeur. Alors tu sauras toujours ce qu'il faudra faire de mieux, avec ou sans magie.

Il lui laissa un moment, pour réfléchir à ce qu'il lui disait. Saurais-tu en être capable ? Ce n'était pas une chose facile, ce qu'il lui demandait là. Mais il avait confiance en elle.

Princesse perdue récolte ce qu'elle sème

Etrangement, je me sentais rassurée en la présence de Merlin, il m’apaisait et je crois bien que je n’étais clairement pas la seule dans ce cas. Rocinante semblait aller bien aussi et c’était ça qui était important. Je savais pertinemment que mon père me cherchait, j’espérais juste que ma mère ne savait pas que j’avais fui. Elle serait vraiment en colère sinon. J’espérais que mon père saurait m’aider pour ce coup là. Mon regard plongé dans celui du mage, j’écoutais attentivement ce qu’il me disait sur ma mère. Alors elle s’était simplement perdue ?

« Peut être que je pourrais l’aider à retrouver son chemin ? » demandais-je à ce dernier.

Je suis une petite fille qui a de l’espoir en elle et peut être que je pourrais venir en aide à ma mère ? Je n’en savais trop rien mais on ne peut jamais savoir si on n’essaie pas n’est-ce-pas ? Je me mords la lèvre inférieure, regardant finalement mes mains avant de reprendre la parole.

« Elle m’a expliquée qu’elle était fille de meunier et qu’elle voulait le meilleur pour moi, que c’est pour ça qu’elle me punissait de cette manière mais moi, je veux pas devenir reine plus tard, je veux être libre de faire mes propres choix mais je ne sais pas comment lui faire comprendre. J’ai envie de voir le monde, j’ai envie d’être heureuse, c’est tout. »

Et ça, il est clair que ma mère ne pouvait clairement pas le comprendre et au fond, ça se comprenait. Elle avait toujours chercher le meilleur pour moi. Elle avait lutté pour être au rang où elle en est aujourd’hui et il est clair que je la comprenais mais je voulais être libre de vivre ma propre vie. Je voulais pouvoir être une petite fille ordinaire. C’est tout ce que je demandais. Un léger sourire naquit sur mes lèvres alors qu’il reprenait, son regard posé sur moi. Je lui fis un signe positif de la tête.

« D’accord, j’essaierais de faire du mieux que je peux. Je vous le promet, je n’oublierais jamais qui je suis et ce que je souhaite plus que tout au monde. » ajoutais-je avec un nouveau sourire « merci de m’écouter, je me sens à l’écoute et rassurée avec vous et ça fait bien longtemps que je ne me suis pas sentie ainsi. » avouais-je.

J’ignorais cependant que mon avenir était déjà tout tracé dans le regard de Rumplestiltskin et que dans quelques années, je deviendrais celle que tout le monde nommerait « La Méchante Reine ».