« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
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(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
| Conte : Les mondes de Ralph. | Dans le monde des contes, je suis : : Vanellope Von Schweetz, ou la princesse d'un royaume de sucreries qui préfère conduire des voitures en gâteaux.
Mouais. Cette histoire d'Oracle me plaisait pas des masses. Jusqu'ici, tous les gentils s'étaient révélés être des ordures ou des tarés pas fréquentables. Non, je ne visais pas du tout un certain Elliot ou un soit disant loup aimant pratiquer le lancé de Robyn et de couteau.
N'empêche qu'il m'avait fait sacrément mal, ce chien à la con. La blessure à mon bras me piquait et mon dos suppliait à grand renfort de lamentation qu'on s'arrête un peu de marcher et surtout de combattre des créatures chelous et trop violentes. Et je le soutenais à fond sur ce point là. Si on croisait de nouveau une titanide peu bavarde et coincée, je comptais bien cette fois lui demander toute les trente secondes avec une voix horripilante de sale gosse qui trépigne d'impatience en voiture quand est-ce qu'on allait enfin rentrer chez nous.
En attendant, la question était de savoir si c'était vraiment une bonne idée de rentrer dans cette caverne. Enfin plutôt de s'y enfoncer encore plus. Apollon était drôlement sûr de lui, mais c'était pas une raison valable pour se sentir rassurée. Dans le doute, et histoire d'être moins réticente à l'idée de rencontrer cet Oracle, j'allais voir l'Ewok qui mangeait tranquillement l'oréo que je lui avais passé, assis par terre à l'entrée de la caverne. J'avais oublié combien ils étaient mignons. C'était moi qui gagatisait complètement ou il avait des faux airs de Micho ? Dans le sens qu'il avait une bouille de peluche. Et le même genre de trogne. Non ?
- Je peux ? M'asseoir, je veux dire. Genre pour discuter.
Illustrant ma demande, je lui montrais d'un mouvement de la main l'espace à côté de lui. J'avais un peu peur que la communication soit difficile entre nous. Vu qu'on parlait pas la même langue, tout ça tout ça. Et puis si ça se trouvait, ces ewoks là avaient jamais vu d'humaine comme moi dans cette vie.
- Alors ? Tu trouves ça bon ? C'est quand même vachement meilleur que les bouillies de chenilles !
Ça pouvait que l'être. Cette mixture ignoble hantait encore mes nuits, rendant mes cauchemars encore plus traumatisants qu'à l'acoutumé. Et pourtant la version lambda était déjà pas mal gratinée.
Le petit ours brailla quelque chose d'incompréhensible pour mes oreilles non-équipées de traducteur du langage ewok mais je partie du principe qu'il était d'accord avec tout ce que je venais de dire. Son cri sonnait plutôt joyeux. Et puis sa façon de gigoter donnait l'impression qu'il était content. Si il avait été en train de m'envoyer balader, probablement qu'il aurait essayé de me bouffer un doigt.
- On est d'accord que tu comprends ce que je dis ?
Je le questionnais tout en m'asseyant à ses côtés. Ce qui permit de me rendre compte au passage que je posais beaucoup trop de questions. Alors que j'étais même pas sûre à 100% qu'il comprenne les mots sortant de ma bouche pour le harceler.
- Je pense pas qu'on se connaisse. Mais faut que tu saches que je vous trouve super cool. Et que vous m'avez manqué, aussi. Même si vous pouvez pas en avoir conscience.
C'était sincère. Et un peu triste. J'avais espéré les revoir un jour. Mais au final, ce n'était même pas vraiment eux. J'étais juste une inconnue à guider dans un dédale de caverne, rien de plus. Dire qu'avec son clan, on avait carrément combattus des loups et un Surt...
L'ewok ne répondit rien, se contentant de terminer de machouiller son biscuit sans faire attention à ma personne. J'étais supposée le prendre comment ?
Une fois sa pause goûter finie, il se releva et se dandina jusqu'à sa lance, qu'il avait laissé posé contre une des parois de la caverne, pour la récupérer. Une fois sa grosse patte pelucheuse tenant fermement son arme, il se mit à faire de grands signes pour m'inviter à le suivre à l'intérieur. Je vis alors ses petits yeux marrons scurtés avec attention les poches de mon blouson. Là où se trouvaient le reste de ma réserve d'oréos. Il voulait quand même pas que...
- Ah bah non. Les oréos sont réservés à mes potes ewoks. Et puis t'en as déjà eu un alors que tu méritais même pas. Donc tu peux toujours rêver avant d'en avoir un autre.
Déjà que j'avais fait l'effort de me lever alors qu'il m'avait cruellement ignoré en plein discours exprimant une partie de l'affection que j'avais pour son espèce... Son manque d'intérêt flagrant m'avait fait mal au coeur. Alors pourquoi je lui offrirai un deuxième gâteau que je méritais plus que lui ?
Pour toute réponse, j'eus le droit à un grognement, tandis qu'il me passait devant, l'air mécontent. Pfff. Bien fait pour lui. Je le suivi à l'intérieur de la grotte, avec une moue renfrognée et les pieds presque traînants. Peut être que j'aurai du prendre les choses moins à la légère et arrêter de me focaliser sur ce désamour de la part de l'ewok. Ce dernier s'enfonçait dans un grand couloir serpentant dans les profondeurs peu rassurants de la caverne, sa lance pointée vers l'avant, comme si il était prêt à embrocher le premier monstre qui apparaîtrait au détour d'un carrefour.
Une lueur apparue soudain au loin. Plus on s'approchait, plus la petite silhouette d'un ewok se précisait. L'ourson qui vint à notre rencontre était un peu différent de l'autre. Son pelage avait une teinte beaucoup plus clair et il n'était pas armé. Quand les deux arrivèrent à la même hauteur, ils se mirent à brailler en choeur, avant de se prendre dans les bras affectueusement. C'était normal d'être un peu jalouse ?
Le premier ramena l'autre jusqu'à nous, l'air tout content. Il l'arrêta juste devant moi et se mit à m'indiquer au petit clair en criant quelque chose. Le nouveau me fixa longuement, avant de s'approcher un peu plus. Mon regard croisa le sien, j'essayais d'établir une connexion entre nous et...
- Eh ! Pas touche, petit... pervers !
Je donnais une petite tape sur la patte qui essayait de fouiller les poches de mon pantalon et de mon blouson. L'autre lui avait quand même pas dit que je me trimbalais avec des oréos ? C'était quoi ce comportement dégueulasse consistant à voler les gâteaux des gens au détour d'un couloir ?
- Continuez comme ça tous les deux et je bouffe tous les oréos qui me restent juste devant vous !
C'était sérieux. Ça n'avait rien avoir avec une menace en l'air. Le défi s'entendait dans ma voix et faisait briller mes yeux, tandis que mes doigts étaient agités non loin de la poche où se trouvaient mes biscuits, comme si j'étais sur le point de dégainer un flingue façon cow-girl.
Les deux ewoks me regardèrent avec un drôle d'air. Ou plutôt avec aucun air du tout. Ils avaient l'air comme figés. Même une statue aurait eu l'air plus vivante qu'eux, en fait. Ils ne clignaient plus des yeux et leur ventre duveteux ne se soulevaient plus au rythme de leur respiration. Merde. Je pouvais quand même pas les avoir tué à cause de gâteaux confisqués !
L'arrivée d'un nouveau congénère ne les fit pas réagir non plus. L'ourson qui apparu avait l'air... vieux. Très vieux. Vraiment très très vieux. Son pelage était quasiment uniquement gris et il devait s'appuyer sur une canne en bois tordue pour avancer. J'avais un peu peur qu'il s'effondre devant nous, vu son état, mais il réussit à encore tenir bon.
Lui aussi, il nous regarda et nous fit signe de le suivre. Mais lui au moins, il essaya pas de me peloter pour kidnapper mes oréos. Il avait l'air trop zen pour ça, de toute façon. C'était le premier que je rencontrais qui ne braillait pas comme un âne pour un rien.
D'ailleurs, le papy se rendit compte que les deux autres étaient dans un drôle d'état. Son regard presque blasé se posa sur eux, et il alla leur tapoter le dos tout en grognant quelque chose. L'effet fut immédiat. Les deux ours se remirent en marche et recommencèrent à beugler en suivant joyeusement leur aîné.
Notre petit groupe de gens sans trop de poils leur emboîta le pas, jusqu'à dans une grande salle creusée naturellement dans la roche de la grotte. Au dessus de nos têtes, des stalactites descendaient du plafond de manière pas du tout rassurante. Ça me rappelait un peu le mélange Coca Light et Mentos du volcan où j'avais longuement vécu quand j'étais Vanellope. Si y avait un tremblement de terre, on était tous morts.
Un peu partout étaient posés des vieux parchemins à l'aspect jaunis par le temps, des objets non identifiés ou qui me disaient rien et de la bouffe blanchâtre ressemblant à du chocolat blanc mais qui ne devait pas en être, entourée d'une feuille verte faisant emballage naturel. Dans un coin se trouvait un lit. Et c'était tout. Il manquait juste l'Oracle, en fait.
- Je suppose que tu parles pas non plus, mais c'est bien ici qu'on est censé trouver un oracle plutôt selon les dires du grand juste là ?
Vu que la situation n'était pas très clair, pour ne pas changer, je m'étais permise d'adresser la parole au vieil ewok, après un toussotement pas vraiment discret pour lui faire comprendre que oui, j'allais l'embêter. Pour qu'il comprenne un peu de qui je parlais, malgré la barrière de la langue, je lui pointais du doigt le grand blond qu'était Apollon.
- C'est pas que j'ai pas confiance en lui, mais c'est tout comme.
Quoi que non, ce n'était pas vraiment un manque de confiance. J'avais juste peur parce que les normes des divins n'étaient pas du tout les même que pour des humaines plus ou moins lambdas.
Le vieux me regarda de son air sage et plus intelligent que les autres, avant de s'approcher encore plus près en s'aidant de sa canne. Une fois arrivé à ma hauteur, il me fit un signe de la patte pour que je me penche. Ce que je fis. Mais ça n'avait pas l'air de de le satisfaire. Il continuait à agiter son bras, en gardant son expression de gentil pépère. Il cessa uniquement quand je me retrouvais pliée en deux, les cheveux me tombant dans la figure et le dos hurlant à la mort.
Et tout ça même pas pour avoir le droit à une super explication. Non. Il se contenta simplement de me toucher les cheveux. Comme si c'était le moment pour jouer au coiffeur. Les dents serrées, je le laissais faire un peu mumuse, passer ses espèces de doigts dans ma tignasse blonde et observer avec fascination mes ondulations.
Une fois son délire terminé, il me laissa me relever et observa avec intérêt les cheveux d'Apollon. Ah bah là c'était logique, qu'il soit intrigué. Le dieu ressemblait à un bichon sortant tout juste de chez le toiletteur.
Mais au lieu d'aller le forcer à se plier en quatre pour admirer sa coiffure et lui faire d'autres couettes, l'ewok nous indiqua... le lit. D'accord. Ouais. Pourquoi pas hein. On était plus à une bizarrerie prêt de tout façon.
- J'ai... rien compris. Faut qu'on aille au lit ?
J'échangais un regard plein d'incompréhension aux autres, avant de revenir sur Papy Ewok. Son petit air éternellement satisfait donnait quand même vachement l'impression qu'il se foutait de nous.
- Ou alors faut qu'on dorme pour se connecter à l'Oracle ou un truc du genre.
À moins qu'il soit juste dur de la feuille, en fait. Dans le doute, je me penchais de nouveau vers lui, les mains sur les genoux, pour répéter calmement mais plus fort.
- On comprend pas ce que tu veux ! Nous on est pas fatigués, on veut juste voir l'Oracle !
Le petit vieux posa une patte sur mon épaule. Son regard se perdit dans le mien et ouvrit sa gueule grisâtre.
- Ce n'est pas l'Oracle que vous êtes venu voir.
J'en restais bouche bée. Il parlait ! Il pouvait parler ! Donc en fait il me comprenait forcément depuis le début ! Enh ! L'arnaqueur ! J'avais pas capté par contre que c'était une femelle. Physiquement, c'était difficile de connaître son genre. Mais quand il commençait à faire entendre sa voix, y avait aucun doute.
Un froissement léger me fit me retourner, sur mes gardes et très légèrement parano. Je faillis faire un arrêt cardiaque en découvrant derrière nous, dans un coin de la salle, une femme cachée sous une longue cape. Ses yeux bleus clairs nous scrutaient avec attention, illuminant son visage parfaitement lisse et plutôt chanceux côté génétique. Si j'avais pas été trop occupée à essayer de calmer les battements affolés de mon coeur, la main plaquée sur la poitrine, je lui aurai demandé si elle utilisait une crème ou un rituel beauté particulier.
- Bordel, vous auriez pas pu apparaître de manière moins discrète ?
En plus elle m'avait donné de faux espoirs. J'avais vraiment pensé que l'ewok était doué de parole. Merci d'avoir tout gâché.
- Si on est pas là pour l'Oracle, alors que ce qu'on fait ici ? C'est vous devait rencontrer ?
Mon regard se fit implorant, me donnant des airs de chien abandonné dans une boîte sous la pluie.
- Pitié, répondez pour de vrai. J'en peux plus des réponses qui en sont pas vraiment. C'est trop dur de faire des phrases complètes qui révèlent pleins de choses ou quoi ?
Je lui posais une question simple là, par exemple. Il lui suffisait de répondre par oui ou par non, et de développer un. Et c'était tout. Je demandais que ça.
La nouvelle venue me fixa, perplexe. Enfin je partais du principe qu'elle l'était. Son visage n'exprimait rien. Que dalle. Zéro expression. Un peu comme quand les ewoks avaient buggés.
- Nous vous avons fait venir ici.
Avec espoir, j'attendis la suite. Parce que sa réponse ne pouvait pas être complète. Il manquait des explications. De véritables réponses faisant intriguer l'intrigue plutôt que de la rendre encore moins compréhensible.
Mais non. Son regard bleu se posa sur Apollon. Suivi de Vaiana. Pour retourner sur moi. Et elle attendit.
Un hoquet de désespoir m'échappa. Une sorte de glapissement étranglé accompagné de deux yeux débordant de larmes. J'avais tellement de questions. Toutes avaient besoin de réponses qui ne venaient jamais. J'en pouvais plus.
- Pourquoi ?
Ce n'était qu'un filet de voix qui avait posé cette ultime question. Je ne pouvais pas résister. Je voulais y croire. Quelqu'un allait apporter les dernières pièces du puzzle qui révélèrent toute cette vérité qui nous échappait. Et j'avais toujours l'espoir que cette femme était là pour ça.
- C'était le seul moyen de nous adresser à vous.
Elle lâcha comme si c'était logique et que j'étais stupide. C'était peut être le cas. Mais le désespoir me tomba dessus, de manière tellement violente que je dû me jeter dans les bras d'Apollon pour ne pas m'effondrer, à genoux, en hurlant vers le plafond hérissé un "pourquoiiiii" brisé.
- Je les hais... je les hais tous...
Les larmes coulaient rageusement sur mes joues, mouillant au passage le haut du dieu contre lequel j'avais enfouie mon visage et que je serrais de mes bras comme si le monde était en train de s'effondrer. Ce qui était presque le cas. Nora avait encore disparue. De même que Jules. Et Diane. Sans oublier cette histoire de loup, de guerre, de titans, de temps, de Surt...
- On est tous passés par là, on s'y habitue.
Je relevais la tête vers le visage trop haut du grand blond qui m'avait prit dans ses bras en retour, les yeux brouillés par les larmes. J'avais envie de rire à sa remarque. Lui aussi il s'était accroché à un autre divin comme un mollusque à son rocher pour pleurer parce qu'on répondait jamais à ses questions ?
Je vais vous conduire.
Hein ? C'était bien la gonzesse à la cape qui venait de dire ça ? Je m'écartais d'Apollon en essuyant mon visage avec le bas de mon t-shirt pour l'observer. Elle était sérieuse ? Ou alors peut être que c'était pas elle qui avait parlé. Fallait vraiment que je me fasse une pause oréo dans pas longtemps, parce que mon cerveau manquait sérieusement de sucre et commençait à très mal fonctionner.
Avant de faire un effort, elle s'essaya au strip-tease. Retirant sa cape, un haut aux manches courtes dévoilèrent ses bras pâles et ses cheveux tressés ondulèrent sur ses épaules et dans son dos. J'avais aucune idée de qui elle était.
Déposant sa cape à plat, sur le sol face à elle, elle se pencha pour ramasser un peu de terre avant de se redresser.
- Tu iras, tu reviendras, tu ne mourras pas.
À chaque partie de la phrase prononcée, elle fit tomber un peu de terre. Et elle me mit très mal à l'aise. Le "tu ne mourras pas" était peut être censé être rassurant, non ? Si c'était le cas, alors c'était loupé.
Quand le dernier grain de terre retourna sur le sol, sa cape... changea. Elle eut l'air d'un reflet dans l'eau, ondulant sur l'ouverte vers quelque part d'autre, j'avais l'impression. Est-ce que c'était un portail ?
- Passez le premier.
La femme avait relevé la tête vers Apollon. Avant de l'incliner légèrement et de nous regarder, moi et Vaiana, avec qui j'échangeais un regard peu rassuré. Hum... comment dire... Je le sentais pas du tout. Le fiasco Elliot me revenait méchamment de plein fouet. Celui là et puis aussi celui avec Grand Méchant Loup et Surt. On avait eu une mini victoire depuis qu'on était arrivé sur Méter ?
- Mais t'es con ou quoi ?
Ça m'avait échappé. Et ça venait du coeur. J'avais essayé de rattraper Apollon par le bras mais, allez savoir pourquoi, il avait posé son pied sur la cape. Ou le passage. Ou un truc du même genre. Et bam ! Il avait disparu. Comme si c'était pas du tout prévisible. Avec horreur, je vis la cape redevenir normale. Une cape lambda, donc.
Comme si il ne s'était rien passé, la potentielle psychopathe se pencha, la récupéra et nous adressa tranquillement la parole avec alors que j'avais toujours la machoîre décrochée par le choc.
- Nous pouvons continuer.
Non mais... elle se foutait de notre gueule. C'était pas possible autrement. Qu'on nous rende tout de suite notre grand blond !
Phoebus Light
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| Avatar : Alexander Skarsgård
When you love someone but it goes to waste
what could it be worse ?
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Apollon, dieu de la divination, des arts, de la lumière.
Et merde. Pourquoi avait-il laissé les filles derrière ? Cette pensée fut la première et même l'unique à le frapper, une fois de « l'autre côté ». Une cape qui n'est plus une cape et qui devient un portail douteux... Il aurait mieux fait de se méfier. Apollon était un aventurier. Un grand curieux. Un idiot, pour beaucoup. Il était d'accord avec cette dernière affirmation, pour le coup.
Tout était noir. Ce n'était pas parce qu'il n'y avait aucune lumière (bien qu'il n'y en avait pas, à vrai dire). Il ne faisait pas sombre, il y voyait très bien. Il voyait bien que tout était noir. Ses yeux mirent un instant à s'habituer à cet étrange décor. Il n'arrivait pas à définir ce dont il s'agissait : une pièce particulière ? Un couloir s'étendant sur des kilomètres ? Le... vide ? Il tourna plusieurs fois sur lui-même sans rien percevoir de plus. Il n'y avait aucun son, aucun souffle, aucune indication. Tout était vide, d'une manière loin d'être apaisante. Cela l'angoissait profondément.
Incertain, il se pinça les lèvres avant de commencer à marcher. Il n'avait rien d'autre à faire. Utiliser son pouvoir pour tout éclairer ne servirait à rien, il était seul ici.
« Imprudent. »
Oh.... Pas tant que ça apparemment. Le bond qu'il fit en entendant cette voix s'élever de partout et nul part à la fois dû être magistral. Sa main s'était portée à son torse, comme un réflexe, alors qu'il croyait être sur le point de faire un arrêt cardiaque. C'était peut-être ça, d'ailleurs. Peut-être qu'il était déjà mort. Ce n'était pas en passant à travers un passage ouvert par une drôle de dame qu'il s'imaginait périr. Pas assez spectaculaire, à son goût.
« Qui est là ? » finit-il par lâcher, posant ses yeux tout autour de lui, sans que la moindre nouveauté ne soit apparue.
Une moue vexée prit lentement place sur ses traits, alors qu'il avait arrêté d'avancer. Il ignorait ce qui se trouvait caché dans les recoins de ce lieu, prêt à lui sauter dessus.
« C'est trop facile de juger sans se montrer... »
Il avait croisé les bras. Se permettre d'émettre ce genre de constatation sans prendre la peine de dire bonjour était également mal élevé, à son goût.
« Je ne juge pas. Je vois. Je constate. »
Il retint le frisson sur le point de la parcourir. Il s'était attendu à croiser Emin, ce n'était pas le cas. Il n'y avait que cette voix qu'il ne connaissait pas.
« Imprudent tu as été. »
Il allait finir par le comprendre, si cette chose qui parlait continuait de le répéter sans cesse.
« Elles t'ont ouvert un passage. Tu iras, tu reviendras, tu ne mourras pas. »
Il n'avait pas vraiment réfléchit à ce que ça impliquait, pour être totalement honnête. Ce côté impulsif qui le caractérisait avait pas mal de désavantages. Il s'était jeté dans ce chemin sans savoir ce qu'il y trouverait.
« Tu ne mourras pas. Ca signifie qu'un risque ici tu encours. »
Ou si il arriverait à en sortir. Ses sourcils se froncèrent, sa perplexité étant plus que lisible sur ses traits.
« Imprudent. » rajouta l'inconnu(e) sans en dire plus.
Alors il voulait bien qu'on s'acharne sur lui, ça ne lui posait pas de problème, mais varier les adjectifs ça pouvait être intéressant aussi. Là, ça faisait redondant, on aurait dit Jules en train de le réprimander. Ou Diane. C'était bien leur genre. S'il s'agissait d'une blague de leur part, elle n'était pas drôle.
« Euh... »
Pertinent. Bravo Monsieur le Gardien d'Olympe Qui-Trouve-Toujours-Quelque-Chose-A-Redire. Il n'osait plus bouger, réfléchissant à ce qui se passait sans que ça ne l'aide à comprendre. Il rêvait ou celui/celle qui lui faisait la conversation... le prenait un peu pour un gros débile, du coup ?
« Je pensais que ça voulait dire que j'allais pas mourir, justement. »
Et à partir de là, si sa vie n'était pas mise en danger au point qu'il ne puisse espérer s'en sortir, il pouvait prendre les risques nécessaires à faire... ce qu'il devait faire. Parce qu'à ce sujet là, il était dans le flou. Comme sur tout le reste.
« On est où "ici" en fait ? »
« Tu es chez moi. »
Ah ! Evidemment ! Comment n'avait-il pas pu le deviner avant ? Bien sûr que c'était chez lui ! ... Chez lui, qui ?
« Mais ne t'inquiète pas. Tu ne mourra pas, jeune Oracle. Celle qui t'a ouvert le passage, m'a déjà confié sa vie en compensation de la tienne. »
Première chose : l'inquiétude lui passait bien au-dessus de la tête à cet instant. Deuxième chose : il aimait bien ce nom de 'jeune Oracle', ça lui allait parfaitement. Troisième chose... comment ça, elle avait confié sa vie ? Le regard du dieu s'était perdu dans le vide face à lui, indécis. Il y avait un prix pour venir là ? Pour venir dans cet endroit où il ne se passait rien mais où seulement une voix s'adressait à vous ? Il fallait mourir ? Elle avait... Cette femme se sacrifiait pour qu'il y soit présent à cet instant. Elle... Elle était aussi stupide que lui !
« Je... »
Sa bouche se referma. Les mots se bloquaient dans sa gorge alors qu'il n'arrivait pas à voir le but de cette démarche. Il n'arrivait pas à déterminer pourquoi une femme serait prête à perdre sa vie pour que Lui, Lui le plus stupide des dieux, puisse discuter avec cette...
« Qui êtes vous ? »
Ce serait plus simple ainsi. Il fallait bien qu'il le sache, à un moment. Qu'on l'éclaire un minimum.
« Je suis l'Ombre. Je suis la Poussière. Je suis tout et je suis rien à la fois. »
Le dieu releva la tête, comme si soudainement quelque chose aurait pu apparaître face à lui. Toujours rien. Ce n'était que des sons, qu'il percevait si clairement que c'en était déboussolant. Est-ce que c'était ce qu'il attendait, comme réponse ? Non. Il n'attendait rien. Il espérait, plutôt, que les révélations se fassent subitement dans son esprit.
« Enchanté... Ombre et Poussière. »
Qu'était-il supposé répondre à ça ? Qu'était-il supposé faire ? Il eut un rire, bref, passant sa main sur son visage. Il comprenait pourquoi Robyn avait craqué, il aurait aimé pouvoir lui faire un autre câlin pour qu'elle le soutienne aussi. Il aurait aimé qu'ils soient tous là. Même Verne. C'est pour dire.
« C'est spécial comme identité. Ca doit pas être tous les jours facile. »
Il savait qu'il recommençait à parler pour ne rien dire, à faire de l'humour qui n'avait pas sa place ici, à tenter de se détendre comme si de simples mots pouvaient suffire à tout arranger.
« Qu'est-ce que je viens faire chez vous ? » soupira-t-il finalement. « C'est pas que je vous aime pas, quoi que je sais pas trop. C'est juste que... je ne comprends pas l'intérêt de ma présence. »
Il n'aimait pas l'admettre. Il n'en avait pas le choix, c'était le cas. Il ignorait jusqu'à son rôle, la preuve que les êtres divins étaient quand même doués pour ne pas se faciliter la tâche. Il aurait dû s'interroger, avant de venir, ça aurait pu être intéressant. En tout cas, cela eut le mérite d'arracher un léger rire à cette voix inconnue.
« Les Ombres de Poussière hurlent dans le Silence. Elles cognent le Ciel en feu. Elles serpentent au Soleil. Elles ne connaissent pas le repos. Elles sont écorchées. Et à la dernière lueur du jour, elles t'envoient à moi pour que je te révèle la véritable Nature du Chaos. »
Ce n'était pas bon. Il ne voulait pas le savoir. Il n'était pas certain que ça lui plaise. Et il se questionnait toujours profondément sur la raison pour laquelle c'était lui, qui était envoyé là.
« Il n'y en a pas. »
Ne pas avoir d'interlocuteur à dévisager avait quelque chose d'horriblement frustrant. Il l'aurait fait volontiers à l'instant.
« Chaos n'existe pas. La Nature a péris. Il ne demeure que le Silence. Mais il a été brisé. »
On retrouvait là les paroles mystérieuses et difficiles à comprendre qui lui avaient tant manqué. Il hésita à pouffer, ou à pleurer, ou à s'asseoir par terre pour se mettre en position latérale de sécurité et maudire leur existence à tous.
« Son sacrifice a été vain. » acheva la voix d'un ton trop défaitiste à son goût.
« Non. »
C'était venu si naturellement qu'il pencha un instant la tête sur le côté, se demandant si il était bien celui à avoir prononcé ce mot si simple. Il n'acceptait pas les certitudes que lui lançaient l'Ombre et la Poussière au visage. Peu importe le sacrifice dont il parlait, peu importait de quoi il s'agissait, il n'allait pas...
« Je ne me contenterai pas de ça. »
Il secoua la tête, se redressant, recommençant à marcher, tournant plutôt en rond, pour se donner une contenance.
« Pourquoi la Nature a péri ? Par quoi le Silence a été brisé ? Vous voyez, y'a plein de réponses que vous pouvez encore me donner. »
Et bon sang, il n'attendait que ça. Qu'on leur parle. Pas comme si ils n'étaient que des messagers se contentant de passer le mot d'un côté à un autre. Pas comme si ils étaient encore les gosses qu'ils avaient lâchement abandonnés, pour les protéger d'une menace qu'il n'arrivait toujours pas à discerner. Il pouvait l'encaisser.
« Faites en sorte que j'ai quelque chose de concret à leur raconter quand je vais les retrouver. Faites en sorte que ce soit pas inutile, tout ça. »
Il ne parlait pas que de ses "elles" qui l'avait fait venir. Il parlait de tout le monde. Il parlait de Diane. Il parlait de Nora. Il parlait de tous ceux dont l'existence était flou à cause de ses histoires qu'on ne leur racontait qu'à moitié.
« S'il vous plaît. »
Il connaissait la véritable nature du Chaos, c'était pour ça qu'il était là. Mais il n'avait pas envie de connaître que ça. Il ne s'en satisfaisait pas.
« As tu la moindre idée de ce que cela implique de venir chez moi ? »
« Aucune, c'est ça le problème. » répondit-il immédiatement, d'un air las.
Le grand blond ne s'embêterait pas à faire le paumé, si c'était le cas.
« On peut y venir qu'une seule fois. Et on peut y envoyer qu'une seule personne. »
Comment ça, une seule ? Il était bien seul, là, oui. Il l'avait comprit. Mais ça signifiait qu'elles l'avaient désigné comme était... LE seul qui pourrait venir ? Jamais, à n'importe quelle autre époque, ce moment ne pourrait se répéter ? Il était encore plus embrouillé.
« Tu ne comprends donc pas ? »
Il comprenait que ce n'était pas simple. C'était déjà beaucoup.
« Ce que tu as fait ici, par ta seule présence, est bien plus important que ce que tu peux imaginer. Le Silence est ce qui demeure à la fin. Et tu l'as brisé. »
Cette phrase eut l'effet de faire stopper les battements automatiques de ce coeur qui ne lui servait pas à vivre. Là, il n'y eut vraiment plus que le Silence. Plus de respiration, plus de pouls. Juste... cette annonce qui tournait dans sa tête, incessante. Diane serait contente de l'apprendre, elle pourrait lui répéter que c'était bien son rôle de le faire en tant que plus bavard d'entre eux.
« C'est mon sacrifice qui a été vain. Me sortir de ma torpeur ne changera rien à ce qui est déjà en cours. »
Parfait. Vraiment, tout était parfait. Il était chez l'Ombre, la Poussière, le Silence, le Tout, le Rien. Il était chez cette entité étrange aux nombreuses facettes qui lui annonçait que... rien ne changerait.
Le dieu se mordit les lèvres, commençant à passer une main dans ses cheveux, stoppant son geste en sentant comme une présence. Face à lui, il y avait comme... quelque chose de plus sombre encore que le noir en train de se mouver. Comme une Ombre. Il pouvait la distinguer, aussi difforme soit-elle.
« Toute chose prend fin. Il n'y aura plus d'Aube. La dernière lueur du jour a débuté. La dernière âme a été créée. Elle ne pourra être brisé. Arctos sera la fin. Qu'importe que vous ayez sacrifié le Silence, seule la souffrance survivra. »
On était en train de lui annoncer la Fin du Monde inévitable ? A quoi bon être présent ici, si c'était pour qu'on lui dise qu'ils étaient sur le point de tous souffrir ?
« La dernière âme ? »
De nouveau, il secoua la tête. Quelle importance. Il lâcha un soupir. Il ne savait même plus si il était effondré, si il était triste, si il était déçu ou juste... si il ne ressentait rien.
« Alors... Je rajoute Arctos sur la liste de ceux qui veulent tous nous détruire, c'est ça ? En plus de Chronos, de Surt, de je sais plus qui. Très bien. On doit simplement attendre de mourir, c'est parfait. »
Son rire était fade, plat, sans expression particulière.
« Si la fin est déjà écrite, pourquoi est-ce qu'on se donne tant de mal à essayer de l'éviter ? »
Il se répétait inlassablement, depuis tellement d'années, des milliers, des millions, si ce n'était plus, que rien n'était écrit. Rien n'était impossible. Que le futur pouvait être changé. Ils en avaient déjà réécrit des lignes, simplement en existant. On était en train de lui dire, clairement, que peu importait ce qui se faisait... la Fin, elle, resterait identique. Il voulait bien faire des efforts, pour gagner du Temps, juste pour profiter des derniers instants, mais cette manière de voir les choses ne lui convenait pas.
« La lueur. » murmura-t-il alors. « L'unique lueur d'espoir. Elle réside en une âme. »
Ses yeux se remirent à briller. Pourquoi ne pas commencer par là, plutôt que de s'imaginer que tout était déjà terminé ?
« Ce n'est pas aussi simple. » reprit-il fataliste, comme si l'engouement retrouvé d'Apollon se ressentait au point qu'il jugeait nécessaire de le calmer. « Arctos, Chronos, Surt... ce ne sont que des noms. En eux tous bouillonne la même idée, la même lueur. Aucun d'entre eux changera l'autre. Leur espoir réside en une possibilité qui implique un bien trop grand sacrifice. »
L'Ombre face à lui se remit à bouger, se faisant plus net, les contours d'un corps se formant peu à peu.
« Désormais ils savent. La même vision pour tous. Celle que le murmure du Silence n'aura servi à rien. »
Un paysage s'imposa à son esprit à cet instant précis. Un champ de feu aux limites indéfinissables, ravageant tout ce qui se trouvait sur son passage. La végétation en étant détruire. Tout ce qui faisait que la Nature était si belle. Il La voyait périr, comme il l'avait dit.
Puis plus rien. Et de nouveau, encore, des images.
Il avait l'habitude. Ce n'était pas nouveau. C'était comme des picotements à l'arrière de la tête, cela s'imposait de manière inattendu mais toujours agréable. Sauf quand ce qu'il voyait lui faisait du mal.
Un homme tenait un bébé. Il reconnaissait l'Homme, pas l'enfant. Le Titan Roi Ouranos. Il posait ce petit être sur une pierre. Tout s'enchaînait, alors que sa vision se faisait plus globale sur la scène. Il y avait plusieurs énormes rochers en hauteur, formant un cercle. C'était au milieu de ce cercle que se trouvait le Titan. Au moment où le bébé fut posé, le ciel se mit à gronder. Un orage violent. Même Ouranos était effrayé, se reculant. Mais ce n'était pas le seul. Ils étaient tous là. Il ne savait pas de qui il s'agissait, mais ils étaient plusieurs, à tenir un enfant dans les bras, attendant. Il y en eu une, dont il n'eut aucun mal à se remémorer l'identité : Mnémosyne. Elle s'approchait avec cet enfant dans les bras, terrifiée elle aussi.
Des femmes vêtues de cape, à l'image de celle qu'il avait vu avec Robyn et Vaiana, étaient présentes également. Que signifiait ce rassemblement ? L'une d'elle tomba au sol, que le Titan Roi fixa, sa peur semblant grandir et... Le ciel continuait de rugir. Encore plus fort. Puis plus rien.
Son souffle était court alors que face à lui, il pouvait voir l'Ombre, ayant prit la forme d'un homme de sa taille. Mais toujours sombre, toujours sans visage à qui l'identifier. Toujours... tout et rien à la fois. Il respirait, du moins, c'est ce qu'il avait l'impression de ressentir.
« Ils ont tentés. Mais je n'ai pu accéder à leur requête. »
Que voulait-il dire ? Qu'ont-ils demandé ? Qu'ont-ils proposé en échange ? Il le devinait, au fond. Ils s'étaient servis des enfants comme échange, d'une manière ou d'une autre, pourquoi une telle cérémonie autrement ? Cela ne faisait que l'énerver davantage. Alors, même à leur naissance, ils servaient déjà pour tenter d'arrêter ce qui allait se produire sans en avoir la moindre envie.
« Certains ont acquis un savoir qu'ils n'auraient pas du. Des visions d'un autre Temps. »
Apollon n'eut même pas envie de sourire. Il savait de qui il parlait. De lui, entre autre. De ceux qui voyaient des choses.
« Une partie de moi demeure en chacun d'entre eux. En chacun d'entre elles. C'est pour cela qu'elles t'ont envoyés. Qu'elles t'ont fait rompre le Silence. »
Il se rendait compte maintenant, de qui il s'agissait. De qui l'avait amené à être là. L'Ombre se rapprochait encore davantage, avant de laisser échapper dans un murmure :
« Prophétesses. »
Une sorte de courant froid le traversa à cet instant. Ce n'était même pas froid. C'était gelé. Glacial. Il perdit l'équilibre, quelques secondes, bien que la notion du Temps lui paraisse abstraite.
Il n'était plus dans le noir. Il se trouvait dans un palais. Gigantesque et majestueux. Et il n'était pas seul. Six jeunes femmes, vêtues de leurs capes, l'entouraient. Elles étaient là.
« Content de vous voir, Mesdemoiselles. »
L'une d'elle le fixait avec un peu trop de... comment dire... elle avait un problème avec ses cheveux ? Constatant le soucis après quelques secondes, Apollon fit disparaître les élastiques sur sa tête. Voilà.
« Beaucoup plus classe comme ça. »
Un grand sourire pour faire comme si il se sentait parfaitement bien et le tour était joué.
« Ça t'allait bien cette petite touche originale. »
La voix qui s'était élevée lui fit tourner la tête. La jeune femme était vêtue de rouge, un petit sourire sur les lèvres qu'il sentait comme lui étant destiné à lui seul. La surprise laissa place à la joie, puis à l'étonnement à nouveau et à... l'incompréhension. Mais il s'en fichait. Tout ce qu'il voyait, c'est qu'elle était là.
« Neil. »
Ce n'était peut-être pas la sienne, il n'en savait rien. Il savait juste... Elle était là. Et il ne put s'empêcher d'aller la prendre dans ses bras.
black pumpkin
Jules Verne
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
Il m'éclaire, il m'échauffe, il est l'âme de mes appareils mécaniques. Cet agent, c'est l'électricité.
Nora était ce qu'on appelle communément une "tête brûlée". Elle était une fière combattante qui agissait par instinct au détriment de la réflexion, tout le contraire de moi. Je ne fus donc qu'à moitié étonné de la voir quitter le sentier. C'était prévisible, en quelque sorte. Depuis que nous étions arrivés, Gaïa ne cessait d'insister sur le fait qu'il fallait rester sur le chemin. Nora avait pris la résolution de ne pas suivre les directives et s'en était allée, disparaissant aussitôt. Avait-elle désobéi uniquement par orgueil ou s'agissait-il d'assouvir sa curiosité ?
Alors que Diane s'entretenait avec la titanide, je demeurais un peu en retrait, observant la clairière d'un oeil accru. Nora se trouvait-elle encore à côté de nous, invisible, ou s'en était-elle allée ailleurs ? Tout ceci m'intriguait beaucoup trop. Sans compter le fait que je me faisais du souci pour elle. Estimant que Diane était en sûreté avec Gaïa -contrairement à la jeune intrépide qui nous avait faussés compagnie- je profitai de leur discussion pour quitter le sentier à mon tour. Je pris une grande inspiration, levai le pied et le posai dans l'herbe.
L'instant d'après, je réalisai que je me trouvais toujours au même endroit, mais la déesse et la titanide avait disparu. Nora se tenait quelques mètres plus loin dans la clairière, l'air déterminé et égaré à la fois. Elle croisa mon regard et parut surprise.
"Je ne viens pas te gronder, détrompe-toi." dis-je tout en m'approchant d'elle. "Je trouve simplement ta conversation plus intéressante que la leur."
Je risquai un sourire un peu espiègle, très vite terni par l'expression soucieuse qui se peignit sur mon visage.
"Mais qu'est-ce que tu fais là ? C'est pas parce que j'ai agi stupidement que tu es obligé de me suivre aveuglément." dit la jeune femme, excédée.
"Je suis venu te chercher." précisai-je avec une moue, déçu d'être accueilli de cette façon. "J'espérais davantage d'enthousiasme."
Je baissai brièvement les yeux sur l'herbe entre nous, avant de les relever et de déclarer d'un ton presque farouche :
"Je ne laisse jamais mes amis se perdre seuls."
"Je ne suis pas perdue. Je sais précisément où je suis."
Roulant des yeux, je demandai sur le ton d'un professeur qui sait très bien que son éléve va répondre une bêtise :
"Et où sommes-nous ?"
Après quelques secondes de silence, Nora répondit :
"Je ne l'ai pas encore décidé."
Elle esquissa un petit sourire amusé. Une voix enfantine s'éleva alors :
"Tu as déjà oublié ?"
Tournant la tête, j'aperçus une fillette brune. Elle me rappelait quelqu'un mais je n'arrivais pas à me souvenir de qui il s'agissait. Quand on a eu plusieurs vies, il est parfois difficile d'organiser correctement son esprit.
Je m'agenouillai devant elle pour me mettre à sa hauteur et déclarai d'un ton sympathique :
"Bonjour, petite. Je suis Jules Verne et voici Nora."
Depuis mon séjour de plus d'un siècle à bord du Nautilus, j'étais parfaitement capable d'établir un dialogue avec un enfant.
"Es-tu perdue, toi aussi ?" demandai-je, soucieux.
"Non, non, je sais où je suis, moi !" répliqua-t-elle d'un ton assuré.
"Elle s'appelle Lily." intervint Nora d'un air entendu.
"Oh." fis-je, étonné, avant de détailler davantage l'enfant. "Lily... Lily ?"
C'était sans nul doute la question la plus courte et stupide que je n'avais jamais posé. La fillette hocha la tête plusieurs fois pour confirmer.
"A l'époque, j'étais un éléphant. Et je savais voler." précisa-t-elle fièrement.
"C'est bien notre Lily." conclus-je, profondément perplexe mais ravi de la trouver en un tel endroit.
En entendant mes paroles, la fillette se dandina un peu tout en riant, puis elle désigna quelque chose du doigt.
"C'est par-là bas." dit-elle d'un air important.
"Qu'y a-t-il, là-bas ?" fis-je sur le ton de la confidence, entrant dans son jeu d'enfant.
"C'est le chemin."
Je me relevai, guère satisfait de cette réponse, mais il était inutile d'en espérer davantage d'un bambin.
"Dis monsieur, tu me prends dans tes bras pour marcher ?"
"Est-ce que tu as été suffisamment sage ?" demandai-je, tout en l'observant d'un oeil faussement grave, qui était amplifié par ma grande taille.
Elle parut hésiter et se mordit les lèvres en tapotant son doigt dessus. Elle resta muette quelques secondes avant de s'écrier :
"Quand je me mouche, ça fait un bruit de trompette !"
Je clignai des yeux alors qu'elle souriait de toutes ses dents, persuadée que cet exploit allait lui ouvrir les portes de mes bras. Je lançai un regard en coin à Nora avant de me pencher vers la fillette.
"Je peux même faire mieux que de te prendre dans mes bras : je peux te porter sur mes épaules. Ainsi, tu verras tous les environs. Cela te plairait-il ?"
Sa bouche et ses yeux s'ouvrirent tout grands dans un ralenti parfait.
"J'aurais l'impression de voler !" dit-elle, émerveillée.
Son sourire se figea brusquement alors qu'elle ajoutait, pensive :
"Oh, je me souviens !"
Puis, elle tendit les bras dans ma direction. Je la soulevai du sol et la plaçai sur mes épaules. Elle n'était pas très lourde, pour un petit éléphant. Intrigué, je demandai, les sourcils froncés :
"De quoi te souviens-tu ?"
"De qui tu es." répondit-elle en tapotant doucement ma tête de ses petites mains.
J'esquissai un sourire, plutôt flatté sans en comprendre vraiment la raison.
"Accroche-toi bien, là-haut." lui recommandai-je. "La compagnie Jules Verne vous souhaite un bon vol !"
Je plaçai mes mains autour de ses mollets afin de la maintenir et je m'élançai vers la direction qu'elle avait indiquée, à grands pas rapides.
"Nora a été distancée !" fis-je remarquer d'un ton supérieur alors que Lily riait aux éclats en criant : "Plus vite, plus vite !". Cependant, je n'osais me mettre à courir, de peur de faire une mauvaise chute et de l'entraîner avec moi.
La jeune femme nous rattrapa, une lueur surprise dans le regard. Que pensait-elle donc ? J'étais tout à fait capable de faire de l'exercice de temps à autre. Tout en gardant un bon rythme, je commençai à réfléchir.
"C'est étrange de trouver Lily ici. Comment cela se fait-il ?" m'interrogeai-je à haute voix.
Je remarquai le regard fuyant de Nora. Il n'en fallut pas davantage pour que j'en arrive à la conclusion suivante :
"Tu sais quelque chose que j'ignore."
C'était évident. Je connaissais bien Nora et les différentes expressions qui la caractérisaient. On apprend beaucoup de quelqu'un en étudiant son visage pendant qu'il lit. Dans ces moments-là, il n'existe plus aucun masque. L'âme se met à nu devant les pages. Nora était venue trop souvent à la Bibliothèque pour que je me laisse convaincre par le regard qu'elle m'offrait. J'allais insister quand elle parut remarquer quelque chose, qu'elle désigna bientôt.
"C'est quoi, ça ?"
Suivant son doigt, j'aperçus une boule bleutée qui flottait à quelques mètres de nous, dans la clairière. Qu'était-ce donc ?
"Pourquoi on s'arrête ?" demanda Lily, indécise.
Je ne répondis pas à cette question, trop fasciné par le halo bleuté qui flottait dans l'air.
"Je suppose qu'il ne faut pas s'en approcher, mais étant donné que tu ne vas pas écouter, autant aller voir de suite de quoi il retourne." soupirai-je à l'adresse de Nora.
Nous nous dirigeâmes donc vers l'étrange apparition qui resta immobile. En s'en approchant, je me rendis compte qu'elle laissait échapper de légers murmures indistincts.
"Est-ce que tu sais ce que c'est ?" demanda Nora à Lily.
"Il y en a quelques uns. Ils apparaissent de temps en temps." chuchota la fillette en se penchant vers nous, même si elle ne pouvait pas trop le faire sans risquer de basculer et de tomber.
"Et c'est quoi ?" s'enquit la jeune femme à voix basse, l'imitant.
"Je sais pas. Mais ils montrent des choses." assura-t-elle, mystérieuse.
"Quel genre de choses ?" l'interrogeai-je, méfiant.
Elle s'agita quelque peu sur mes épaules, me faisant comprendre qu'elle voulait descendre. Je la posai donc au sol et elle se tourna de suite vers la sphère bleuté, confiante.
"C'est sans danger, n'est-ce pas ?"
Ma question était légitime : je m'inquiétais à la fois pour elle et pour nous. Le regard de l'enfant ne me rassura pas vraiment, car elle ne semblait pas certaine. Malgré tout, elle posa la main sur la boule flottante. Après quelques secondes, elle déclara, un peu perturbée :
"Vous voyez ?"
Je promenai un regard sur la clairière, mais rien ne paraissait avoir changé. J'observai ensuite Nora qui me renvoya la même expression indécise.
"Oh, il faut que vous posiez la main aussi alors." réalisa Lily.
Merveilleux... En me levant le matin même, je n'imaginais pas que le point culminant de ma journée serait de flatter les rondeurs d'une boule surnaturelle aux effets inconnus. Après tout, si une fillette pouvait le faire, j'en étais capable aussi ! Aussi je rassemblai mon courage et m'en approchai. Je levai la main, inspirai profondément, et ma paume rencontra la surface glacée et vaporeuse de la sphère. C'est alors que je me rendis compte, dans mon immense angoisse, que Nora n'avait pas touché la sphère ! Elle nous observait d'un air raisonnable et contemplatif.
"Qu'attends-tu pour le faire ?" la questionnai-je, en modérant le mieux possible mon anxiété.
"Est-ce vraiment prudent ?" fit-elle, dubitative.
"C'est toi qui demandes ça ?" lançai-je, abasourdi.
Avec une moue embêtée, elle consentit enfin à poser sa main contre la sphère. A la bonne heure ! Après tout, j'avais quitté le sentier pour elle, elle pouvait bien en retour mettre ses doigts sur n'importe quoi.
Je ressentis soudain un petit picotement dans ma paume. Etait-ce normal ? Je jetai un coup d'oeil vers Lily qui semblait attendre quelque chose, nullement nerveuse.
"Combien de temps doit-on attendre ?"
"Chuut." me coupa Nora.
Fronçant les sourcils, je la regardai avec réprobation. C'était très grossier ! Elle paraissait attentive. Etais-je le seul à m'impatienter ?
"Tu n'entends rien ?" s'étonna la jeune femme au bout de quelques secondes.
"Non. D'ailleurs, je croyais que nous devions voir des choses, et non pas les entendre !" fis-je remarquer, à la fois déstabilisé et déçu. "Je pense que cette sphère ne m'apprécie pas : elle me picote les doigts."
"Y a comme un bruit de fond. Tend l'oreille."
Sans trop y croire, je me pliai à ses exigences et me concentrai afin d'écouter. Bientôt, au vent léger se superposa un discret grincement continu. Tout d'abord, il ne m'évoqua rien. Puis, à mesure que je l'écoutais, il se fit plus présent. Oppressant. Le bruit du métal pressurisé au fond de l'océan étoilé. J'entendis des voix, dont la mienne. Il s'agissait d'une histoire que j'avais écrite à bord du Nautilus et que j'avais racontée à Iota, ainsi qu'à ses frères et soeurs... Ils étaient tous là, assis en cercle, sur des coussins ou directement sur le tapis, dans le salon du submersible, tandis que je leur lisais l'aventure que j'avais rédigée pour eux. Il s'agissait juste d'un souvenir, mais la sphère lui donnait davantage de substance, le rendait presque visible, comme s'il s'agissait d'un film projeté depuis les abysses de mon esprit.
"C'est quelque chose qui ne bouge pas." déclara Lily tout en me fixant de ses grands yeux fascinés et interrogateurs. "Ca se répète tout le temps. Je l'avais pas encore vu, lui."
"Que vois-tu, d'habitude ?" lui demandai-je, essayant de me détacher de cette réminiscence douloureuse.
"Ca dépend. Parfois je vois les gens que j'aime bien. Parfois des gens que je ne connais pas. Et j'ai... euh..."
Elle se tut, hésitante.
"Tu t'es déjà vue ?" intervint Nora.
Lily eut un drôle de regard et hocha la tête tout en esquissant une moue attristée.
"Qu'est-ce que ça signifie, tout ça ?" demanda la jeune femme tout en me fixant.
Avais-je une tête à avoir la science infuse ? En d'autres circonstances, j'aurais été ravi d'être considéré comme l'homme de la situation, mais dans ce cas précis, je me sentais totalement perdu.
"Je suis Gardien de la Bibliothèque." dis-je, navré, en haussant les épaules. "Il n'y a pas de livre pour décrypter tout ceci."
A cet instant, les deux demoiselles enlevèrent leurs mains de la sphère. Je remarquai que Lily m'observait d'un air étonné et intrigué.
"Jules ?" fit Nora, indécise, tout me jetant un coup d'oeil de bas en haut.
"Qu'y a-t-il ?"
Je m'enquis aussitôt de mon état en baissant les yeux, mais tout était normal. Je reposai donc mon regard sur la jeune femme qui s'approcha, me toucha le bras avant d'éloigner la main en la secouant comme si elle s'était brûlée. Que se passait-il, sacrebleu ? Je m'aperçus soudain que de discrets filaments bleutés, identiques à ceux de la sphère, parcouraient ma peau et survolaient mes vêtements.
"Très bien. Ne paniquons pas." dis-je tout en levant les mains pour les observer, tendu à l'extrême.
Mes palpitations cardiaques dépassaient l'entendement. Peut-être était-ce l'électricité véhiculée qui provoquait ce chambardement dans la mécanique de mon corps ? Ma réflexion laissa peu à peu place à la panique. Pourquoi avais-je touché cette satanée sphère ? La curiosité finirait par me perdre, se complaisait à répéter mon père lorsque j'étais enfant ; et bien, c'était aujourd'hui que cela arrivait.
Soudain, je remarquai quelqu'un à quelques mètres, vêtu de noir. Ses habits étaient imposants sans être d'allure noble pour autant. Il tenait un bâton dans sa main droite. J'avais la désagréable impression qu'il me fixait. Son visage semblait comme marqué par diverses épreuves, bien qu'il ne semblait pas très âgé.
"Etes-vous médecin ?" demandai-je avec l'énergie du désespoir.
Etant donné mon état critique, j'étais prêt à m'en remettre à n'importe quel saltimbanque de passage. Le regard de Nora faisait des va-et-vients entre lui et moi, suspicieuse. Elle prit la main de Lily comme pour la rassurer.
"Je suis Morphée, Gardien du Palais des Songes." déclara-t-il.
Je hochai la tête, déçu et encore plus angoissé.
"J'aurais vraiment préféré un docteur..." murmurai-je, plaquant une main contre mon coeur.
Nora suivit mon geste, anxieuse, et je baissai les yeux : les filaments bleutés venaient de passer au rouge. J'écartai aussitôt ma main mais les lueurs vermeilles continuèrent de folâtrer à l'emplacement de mon coeur, tandis qu'elles serpentaient le long de mes doigts et sur mon bras. Alarmé, je secouai la main en tous sens dans l'espoir ridicule de m'en débarrasser. Ce qui ne fonctionna pas, bien entendu.
"Qu'est-ce qui t'arrive ?" fit Nora, agacée et paniquée.
"Si je le savais !" répliquai-je d'une voix blanche.
"Elle ne peut en faire passer qu'un." annonça le dénommé Morphée tout en posant ses deux mains autour de son bâton.
Il resta immobile, bien droit, alors qu'un immense courant d'air passait derrière lui et s'abattait sur nous. Les rafales étaient si violentes que Lily s'agrippa à la main de Nora tout en essayant de se cacher derrière elle, et cette dernière peinait à rester sur ses jambes. Quant à moi, je me sentais étrangement porté, et non emporté, par le vent. Les filaments rouges étaient-ils à l'origine de cet étrange phénomène, tel un bouclier, qui me protégeait des rafales ?
"Ne t'inquiète pas pour moi, ça va aller." assura Nora, même si elle était incertaine.
Elle me fixait avec angoisse et je devais sans doute lui rendre le même regard. J'avais peur. Je ne voulais pas la laisser. Je tournai la tête vers Morphée qui demeurait imperturbable.
"Qui cherche à me faire passer ? Qui est-elle ?" criai-je par-dessus le vent.
A cet instant, je sentis une violente décharge au niveau de mon fessier, comme si toute l'électricité s'était condensée à cet endroit. J'eus un mouvement en avant, et mon regard se focalisa sur ma paume parcourue de filaments rouges. Peu à peu, tout le puzzle s'assemblait. Le dernier indice en était la pièce maîtresse. Se pouvait-il que...?
"Bonté divine !" dis-je, songeant à une jeune femme que je n'appréciais pas spécialement et qui faisait une fixation évidente sur mon postérieur.
Ce fut ma toute dernière pensée avant que je sente mon corps fourmiller dans son ensemble en raison du courant électrique étranger. L'instant d'après, j'étais changé en cendres et me dispersai aux quatre vents. Tout du moins, c'est ce que je me figurais puisque je n'étais plus en mesure de faire quoi que ce soit d'autre.
crackle bones
Diane Moon
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“I love you to the moon and back”
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Artémis la déesse de la chasse et de la lune herself (même si je viens du monde réel)
Je devrais songer à arrêter de souhaiter des choses. En me retournant, j’avais nettement pu constater l’absence de Jules. Déjà, que toutes ces histoires, et la dispute avec Nora, avaient largement dépassé mon seuil de patience et tolérance -pourtant très élevé- mais là, j’oscillais entre la franche envie de m’énerver et de hurler dans le vide, et celle d’envoyer promener tout le monde, m’asseoir et ne plus bouger. Aucune des deux ne seraient concluantes, néanmoins la première aurait au moins pour mérite de me défouler. A la place, je me retrouvais à ignorer le mal de tête que tout ceci me donnait, et à suivre Gaïa dont le pas se faisait plus pressent à mesure que nous avancions :
- Comment va-t-on pouvoir les aider ?
C’était bien beau de se rendre au palais, mais encore fallait-il que nous puissions y trouver un réel moyen de venir en aide à Jules et Nora. D’accord, j’étais un peu en colère entre eux. Mais c’était de la colère inquiète. J’éprouvais le même genre de sentiments pour Apollon, lorsqu’il faisait quelque chose d’incroyablement stupide le mettant en danger. Généralement, je le traitais de crétin, je le serrais dans mes bras et tout allait beaucoup mieux. Là, chaque minute qui passaient me donnaient l’impression d’augmenter un peu plus le nœud que j’avais dans l’estomac
« Nous devons parler au gardien des lieux. Lui seul peut se rendre de l’autre côté »
Gaïa ne semblait pas tranquille, elle marchait toujours très rapidement. Ressentant sûrement tout comme moi l’urgence de la situation. Pour autant, loin de me rassurer et m’apaiser, la nouvelle me rendit méfiante. L’expérience m’avait apprise que généralement, les personnes sensées nous aider, avaient tendance à ne pas le faire justement.
- Qui nous dit qu’il nous aidera ?
« On n’a pas d’autres options. Il nous aidera à trouver une solution »
Malgré toute la foi que la titanide semblait avoir en ce gardien, ma méfiance n’avait nullement cessé. Pour autant, je devais reconnaitre qu’il ne semblait pas y avoir d’autres solution pour démêler ce souci. C’était réellement frustrant. Suivre bêtement, et avoir une confiance aveugle en une personne que je ne connaissais nullement n’était pas dans mes habitudes. Moi, je préférais me méfier et être sûr que nous avions bien explorer toutes les options possibles. Malheureusement, excepté jouer les disparues comme les deux autres je n’en voyais aucune autre. Et celle-ci, ne servirait à rien si ce n’est augmenter encore plus le problème.
- Je suppose que c’est la meilleure solution soupirais-je
J’accélérais immédiatement le pas. Plus vite nous y serions, plus vite nous pourrions ramener Jules et Nora. En tout cas, c’est à cette idée fixe que je m’accrochais pour garder les derniers lambeaux de raisons qui semblaient me rester. A croire que l’on devrait en plus d’avoir un entraineur et un cuisinier, songer à créer un psy pour Olympe. Généralement, c’était moi qui remplissait cette fonction. Malheureusement, je craignais qu’à force de sauter à pieds joints dans les diverses embrouilles liés à notre code génétique je ne finisse immanquablement par avoir plus de névroses que de bon sens. Secouant la tête afin de chasser cette idée absurde. Je relevais mon regard, afin de découvrir un peu plus l’endroit où nous étions. Devant nous, se profilait un immense et majestueux de palais dont l’entrée était marquée par une porte en bois. Gaïa, regardait frénétiquement les alentours semblant chercher quelque chose ou quelqu’un du regard :
« Le gardien devrait être ici. »
Certes. Néanmoins, là, force était de constater qu’il n’y était pas. Et j’ignorais pour elle mais pour ma part, je n’avais nullement envie de jouer à « où est le gardien ? ». Alors, plutôt que de me mettre moi aussi à regarder aux alentours. J’optais pour une autre techniquement de mon point de vu bien plus efficace. Mettant mes deux mains en porte-voix, afin que cela couvre plus d’espace je me décidais finalement à crier :
- Est-ce qu’il y a quelqu’un ?
Aucune réponse, juste le regard surpris de Gaïa. Eh bien quoi ? J’essayais d’aider et de faire avancer les choses. J’ignorais à quoi est-ce que ce gardien ressemblait et ce qu’il fallait faire pour qu’il daigne revenir à son poste. Alors, crier pour l’appeler m’avait semblé être la meilleure solution. Même si elle était du niveau d’Apollon je le reconnaissais.
« Ce n’est pas de cette manière qu’on invoque un gardien ! » fit remarqué la titanide d’un ton indigné, m’arrachant un léger roulement d’yeux exaspéré. Nous n’avions pas le temps pour les formules de politesse. Les « s’il vous plait » et les « merci » viendrons une fois que nous aurions enfin la solution pour ramener les deux autres membres du groupe. Et c’est n’est sûrement qu’à ce moment-là également que je retrouvais une humeur un tant soit peu plus agréable et de la patience. Gaïa sembla hésiter un instant « Ma foi… » Dit-elle finalement.
Oui, donc en fait elle approuvait ma méthode. J’avais raison elle était bien plus rapide. Contente que nous soyons plus ou moins d’accord cette fois-ci. Ressentant une présence derrière moi, je me retournais afin de faire face à un homme :
- Vous êtes le fameux gardien ? En toute franchise cela m’arrangerait que la réponse soit « oui »
D’ordinaire, je me serais sentie intimidée, et n’aurait pas osé ouvrir la bouche, laissant Gaïa s’en charger à ma place. Néanmoins, la situation était trop pressante pour me permettre de n’être que simple spectatrice.
« Nos compagnons de route ont jugés utile de quitter le chemin ! »
L’homme eu un léger signe de tête envers la titanide, tandis-que je restais en retrait frémissant d’impatience, espérant qu’enfin il nous dise comment faire pour les retrouver
« Je les ai vu emprunter une autre voie. Il n’est jamais très prudent de quitter le chemin. »
Apparemment l’un comme l’autre semblaient avoir complètement oublié ma présence. Et je n’étais toujours pas disposées à l’attente et l’échange de phrase nébuleuses. J’avais besoin de quelque chose de concret. D’une réponse tangible. Je détestais rester inactive et simplement attendre que les choses se fassent aussi me raclais-je légèrement la gorge afin de signaler que j’étais toujours là :
- Loin de moi l’idée d’interrompre cet échange mais il y a-t-il oui ou non un moyen de les ramener sur le droit chemin ?
Gaïa regarda Morphée tandis-que je me renfrognais. Je vous en prie, faites donc comme si j’étais transparente. Je crois que je commence à prendre l’habitude a force :
« Pour le gardien c’est déjà en cours. Quant à la jeune femme qui est-elle ? » Demanda-t-il sceptique.
Longue histoire, et croyez-moi vous n’avez aucune envie de vous plonger dans le long rattrapage des feux de l’Olympe. Trop compliqué, trop dramatique et j’en passe. Mieux vous en savez à ce sujet, et mieux vous vous en porterez. Cela vous garantira au moins une santé mentale stable :
« Est-ce que vous pouvez la ramener ? » Questionna Gaïa éludant par la même occasion la question
« Non. Je ne peux pas lui venir en aide »
Mes muscles, qui s’étaient légèrement détendus en apprenant pour Jules, se raidirent à nouveau brusquement suite à cette nouvelle. Etait-il en train de se moquer de nous ? Avions nous fait tout ce chemin dans l’unique de but d’entendre cela ? Je refusais de le croire. Tout comme je refusais d’abandonner. Et je jetais ma patience, et mes bonnes résolutions aux orties n’étant plus qu’une boule de rage et de frustration :
- Pardon ? Explosais-je vous êtes en train de nous dire que l’on doit la laisser là sans rien faire ? C’est hors de question ! Il y a forcément une solution pour lui en venir en aide. Il n’est pas question de l’abandonner.
Gaïa semblait réfléchir, quant à moi je pouvais sentir chacun de mes muscles se tendre encore un peu plus, maudissant intérieurement les titans et leurs « bonnes » idées. Ne pouvaient-ils pas nous laisser en paix ? Nous n’étions pas des objets, dont ils pouvaient disposer à leur guise. Chacun de nous avait grandi sans parents. Sans aucune idée de sa véritable nature et avait appris à faire avec. Nous n’étions pas à leur service. Et avions le droit d’avoir la paix loin de toutes ces histoires qui nous dépassaient tous largement. A quoi cela servait-il d’avoir des enfants si c’était pour les abandonner, et espérer pouvoir les rappeler une fois qu’ils sont adultes afin d’accomplir une tâche dont ils n’arrivent pas à saisir tous les tenant et aboutissant ?
« Parfois le chemin est long pour en voir le bout »
Si depuis le temps, je n’avais pas appris qu’il s’agissait là de la manière de communiquer des personnes à cette époque, je me serais demandé s’il n’était pas en train de me provoquer. Ce n’était pas de phrases philosophiques dont j’avais besoin par toutes les lunes de Vigrid ! Mais de vraies réponses aux questions que je posais :
- Merci maitre Yoda rétorquais-je sarcastique me fichant bien de paraitre isolante ou irrespectueuse C’est vrai que c’est typiquement des phrases mystérieuses que j’ai besoin d’entendre
Il me regarda imperturbable et si je n’étais pas aussi énervée. J’aurais certainement eu une petite pensée pour toutes les personnes ayant déjà dût à subir cela avec moi dans le rôle de la personne qui ne se départit pas de son calme. Malheureusement, j’étais bien trop sur les nerfs en cet instant pour penser clairement à tout cela. Je me contentais d’attendre pour ne pas changer
« D’autres de vos amis sont en route » dit-il à l’adresse de la titanide cette fois-ci
Gaïa hocha simplement la tête, rien de plus
« Pourriez-vous, vous rendre sur place ? Ou m’y faire rentrer ? »
« Ce n’est pas prudent »
La titanide hésita, tandis-que je sentais mon cœur battre furieusement contre ma cage thoracique. Je craignais de comprendre ce qui était en train de se passer. Tout comme je craignais que cela ne me plaise pas beaucoup. Ils voulaient tout simplement que je fasse ce pourquoi l’on m’avait venir. De continuer ma route comme cela. Comme si nous n’avions toujours aucun moyen de faire revenir Nora parmi nous.
« Accompagnez Artémis jusqu’au lieu d’arrivée du restant du groupe »
Je secouais la tête. J’étais peut-être têtue et extrêmement bornée par moment. Mais j’avais l’impression de me battre contre des moulins à vents. Que personne ne semblait prendre cette situation réellement au sérieux :
- Pas sans Nora. Je ne laisse jamais personne derrière. Pas question, de commencer à faire une exception. D’accord nous ne sommes pas très proche. Mais si je me présente devant les autres sans elle, je ne pourrais pas les regarder en face ! Parce que j’étais là, et je n’aurais rien fait
Je me sentais complètement vidée de toute énergie. Ne restais qu’une profonde lassitude, et l’impression de répéter sans arrêt la même chose sans être écouté
« C’est bien trop risqué. J’ai déjà laissé deux personnes m’échapper. Je ne ferais pas de même avec toi » Je m’apprêtais à vivement protester mais elle ne m’en laissa pas l’occasion étouffant la tentative dans l’œuf après avoir regardé le gardien « Ils auront besoin d’être rassuré. Tu dois les rejoindre »
Je pinçais les lèvres. L’idée me déplaisait fortement, inutile de chercher à le cacher. De plus, l’on me demandait de rassurer des personnes alors qu’il s’agissait d’un domaine dans lequel de profondes lacunes persistaient. Par moment, j’étais bien trop brusque alors qu’il aurait fallu plus de douceur. Je demeurais légèrement en décalé dans tout ce qui concernait le sociale. Disons que j’apprenais encore. Les liens que j’avais tissé depuis mon arrivée à Storybrooke, n’avaient jamais été aussi fort. Certainement parce qu’il s’agissait de la seconde fois, où j’avais songé à réellement poser mes bagages et non pas constamment changer d’endroit en fonction de l’évolution de l’humanité. Que pour la première fois, je me laissais aller à fréquenter des gens en leur révélant qui j’étais vraiment et sans avoir besoin de me cacher.
- Sauf votre respect ma tante, je crains que rassurer les gens ne soit pas la tâche dans laquelle j’excelle le mieux. Mais comme il semblerait que je n’ai pas d’autres choix. Soit
Ne restait plus qu’à se résigner de toute façon. C’était un combat perdu d’avance. J’aurais beau m’énerver encore plus, cela ne servirait strictement à rien. Nous resterions l’une autant que l’autre campés sur nos positions. La situation n’avancerait pas, et cela nous ferait perdre des minutes précieuses alors qu’elles auraient pu être dispensées de manière plus intelligente. Comme pour retrouver Nora par exemple. Je décidais en revanche de passer outre l’expression surprise qu’arborait Gaïa. Allaient-ils tous être surpris lorsque je les appelais « monsieur » « madame » voire « ma tante » ou « mon oncle ». Je remerciais intérieurement Hypérion le seule à avoir eu une réaction normale lorsque j’avais décidé de l’appeler ainsi.
« Je ne préfère pas prendre de risques inutiles. On t’en as déjà beaucoup demandé. Il est temps que d’autres prennent le relais. »
Le gardien m’indiqua la grande porte en bois qui venait de s’ouvrir tandis-que la titanide elle me regardait d’un air qui se voulait rassurant
« Je les ramènerais tous les deux. Maintenant va. »
J’inspirais un bon coup pour me donner du courage, et également afin d’essayer de modérer mes émotions négatives :
- C’est une promesse alors. Dis-je simplement avant de m’avancer en direction de la grande porte.
Une fois à l’intérieur, je constatais avec un soupire que l’entrée venait de se refermer sur mon passage. Quant au décor l’on pouvait difficilement faire plus sobre. Tout était très grand, mais également très blanc et très vide. Pas de statue pour décorer, pas même de meubles. Rien, hormis un grand escalier et des couloirs à perte de vue. J’avais l’impression d’être de retour dans le Tartare. Tout se ressemblait. Et je n’arrivais pas à prendre de repères visuels pour m’orienter. Le mieux, était encore de se diriger vers l’escalier que j’empruntais prudemment toujours sur mes gardes, comme si quelqu’un allait subitement sortir d’un couloir pour m’attaquer. Une fois arrivée au bout, toujours rien si ce n’est les mêmes grandes salles toujours aussi vide qu’avant. Néanmoins, quelque chose d’étrange attira mon attention, j’eus l’impression de sentir une goutte s’écraser contre le haut de ma tête, suivit d’une autre…Le palais tout entier semblait s’assombrir tandis qu’il continuait à goutter :
- Vous n’auriez pas des éclairs ? Histoire d’aller jusqu’au bout du cliché de la journée bien pourrit demandais-je sarcastique
Clairement cela n’allait pas arranger mon humeur. J’avais une furieuse envie de sortir mon arc, et de tirer quelques flèches au hasard pour me défouler. Quel dommage qu’il n’y ai pas de mobilier pour servir de cible…
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Vaiana De Motunui*
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Me regarde pas comme ça, un peu de sport ne te ferais pas de mal. Ca te réussis pas franchement de fricoter avec une pâtissière, enfin... Je dis ça, je dis rien...
Don't let little stupid things break your happiness
| Conte : Vaiana, la légende du bout du monde | Dans le monde des contes, je suis : : Vaiana
« Laisse le temps au temps, si tu veux entrevoir l'opportunité de grandir »
Plus nous avancions, moins j’étais sûre de moi. Nous avions semé ce malade, certes, mais voilà que nous retombions déjà sur une autre énergumène qui ne me plaisait pas du tout. Elle avait fait disparaître Apollon, le seul ayant un tant soi peu de pouvoir entre Robyn et moi. Est-ce qu’on nous poussait vers une mort certaine ? Ca en avait tout l’air. Mais après tout, n’était-ce pas le cas depuis le début de cette aventure ? Décontenancée et inquiète par la disparition d’Apollon, je la regardais, méfiante.
- Qu’est-ce que ça veut dire ?
Qu’est-ce qu’elle nous veut ? Pourquoi nous garder seulement nous ? Après tout, nous étions les éléments indésirables et en plus nous n’étions pas très dangereuse, niveau puissance. Même si à coup de bâton ou de batte, nous serions certainement légèrement coriace.
La femme attrapa une torche à l’entrée d’un couloir de la grotte. Elle ne s’arrêta pas, continuant son chemin vers cet endroit lugubre et sombre dont nous ne voyons pas la fin. Seule la faible lumière du feu éclairait nos pas.
- Le jeune oracle a rejoint sa destinée. Apprêtez vous à en faire de même, jeune exploratrice.
Jeune exploratrice ? Comment était-elle au courant ? Et Apollon... Elle parlait bien d’Apollon en le mentionnant oracle ? Il avait oublié de m’en parler pendant notre soirée coiffure, ou elle délirait complètement ?
- Le jeune oracle ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Et comment nous connaissez-vous ?
Ne pus-je m’empêcher de demander, en suivant le pas et en jetant un coup d’œil légèrement inquiet à Robyn. Pourquoi tout le monde nous connaissait, sans que cette connaissance soit réciproque ? C’était un calvaire.
- Cessez donc de poser des questions.
Lâcha-t-elle exaspérée par mes interrogations. T’es pas sortie de l’auberge, ma grande. Si tu crois que je vais bien sagement suivre sans rien te demander, tu te fourres le doigt dans l’œil. Et bien profondément.
- La route n’est pas très longue.
Merci pour la précision, je vais accélérer le rythme des questions alors, ce serait bête que je rate des informations. C’est vrai, on en a tellement depuis le début que je risquerais de m’y perdre. Piquée à vif, je soufflais en lui répliquant :
- A quoi vous vous attendiez en ne nous donnait jamais de réponse ? Que nous suivrions bien sagement en silence ?
Est-ce que cela ne me paraissait absurde qu’à moi ? Aller vers une mort certaine, où vous n’êtes qu’à moitié désiré et où personne n’accepte de répondre ne serait-ce qu’à une question. A ce rythme là, même si je demandais comment allait la personne, ils laisseraient le mystère planer.
- Avez-vous une autre possibilité ?
Merde. Un petit souffle exaspéré s’échappa de mes lèvres alors que je murmurais, vaincue :
- Un point pour vous..
On attend quelque chose de nous, on nous demande un service, et finalement, nous n’avons rien à dire, juste à suivre le mouvement. Les divins devaient sérieusement revoir leur courtoisie et leur demande d’aide.
- Je vous conduis jusqu’au palais. Là bas, nos chemins se sépareront.
Une lueur d’espoir. Le palais ? Elle parlait bien de Titania ? Je supposais qu’il n’y avait pas non plus cinquante palais de ce type. Là bas, nous connaissions déjà plus de monde. Une grande amie, Thémis, et surtout un allié. Pan. C’était presque une bonne nouvelle, si on oubliait une des morues. Néanmoins, je ne comprenais pas l’intérêt de revenir à mon point de départ. Je fronçais donc les sourcils.
- A Titania ?
Pourquoi, aurait été une question plus juste. Qui nous attendait ? La femme continuait de marcher alors que j’accélérais le pas pour arriver à sa hauteur et la regarder.
- Bien sur que non. On ne doit pas savoir que vous vous trouvez là. C’est au palais des songes que nous nous rendons. C’est là que vont les âmes une fois qu’elles ont trépassé.
Je vous passe la désillusion totale pour passer directement à la fin de la phrase. Nous allons dans un palais de la mort, en d’autres termes ? Mais quelle gentillesse, franchement, ce voyage serait plein de belles rencontres. Tant de gens voulant notre mort, c’est presque émouvant.
- Génial, on va au pays des morts. On visite avant de s’y établir dans un futur proche, je suppose ?
Raillais-je en soufflant une nouvelle fois. Finalement, je troquerais bien mon palais de la mort contre Titania et Thémis. Quitte à choisir, je préfère avoir un dernier espoir de vivre. La femme ne parut pas comprendre mes paroles, ce qui ne m’étonnait guère. L’humour ne semblait pas faire parti des prérequis des divins. Enfin surtout de nos dernières rencontres.
- On ne peut pas y rester. Le palais des songes n’est qu’un passage vers les autres palais.
Ah parce que vous avez plusieurs palais du style ? Sympa, y’en a qui s’embête pas dans la vie.
- Pressons-nous.
Oui, c’est ça, dépêchons nous d’aller chez les morts, nous sommes si impatients. Le reste de la route ne fut pas longue. Rapidement, la torche éclaira un magnifique cul de sac. Le GPS divin ne marche pas aussi bien qu’à l’époque, on dirait. Elle posa la torche dans un endroit prévu à cet effet, contre le mur avant de désigner le cul de sac.
- Le passage est ici.
- Dans le mur ?
Lui demandais-je stupéfaite. Tu peux avouer que tu t’es perdue en chemin, on ne t’en voudra pas. Mais si cette femme était sérieuse, hors de question que je passe en première. J’avais bien vu les soi-disant sorciers s’écraser contre la voie neuf trois quarts en tentant de s’y rendre, parce que le passage était fermé. J’avais déjà assez ruiné mon image pour continuer.
- Je vous en prie, après vous. Je ne voudrais pas rater ce spectacle.
Raillais-je en l’observant les bras croisés. Pour une fois, je ne voulais pas être celle qui me prendrait la porte. Ou le mur, en l’occurrence.
- Je ne peux pas vous suivre. J’ai accepté d’offrir mon âme en échange de la sienne.
Bah voyons, comme par hasard, elle ne peut pas nous suivre. Est-ce que vous sentez aussi que ça commence à puer sévère ? Son excuse était assez pathétique d’ailleurs. Je la regardais, un sourcil haussé, largement méfiante de son mensonge.
- Hein ?
- Votre ami a rejoint le palais de la nuit. Aucune âme qui s’y rend ne peut en revenir.
Encore un palais. Ils sont vraiment dans leur tripe, décidément. Mais la fin de sa phrase, tendit mon corps, alors que j’avançais d’un pas vers elle. Si elle était agacée par mon incompréhension, j’étais bien plus furieuse par sa révélation.
- Vous l’avez condamné en l’envoyant là bas ?!
Ce genre de femme n’est pas à tenir sa parole. Comment pouvons-nous nous assurer qu’elle va bien donner son âme, comme elle le prétend. En attendant, il était pour l’instant voué à une mort certaine.
- Non. Sa vie a plus d’importance que la mienne. Il quittera le palais si je prend sa place. Maintenant, allez-y.
Faisons le point. Je n’avais aucun moyen de m’assurer qu’elle honorerait sa promesse. Nous étions coincé ici, avec un homme psychopathe qui menaçait de réapparaître à tout moment, possiblement. Il n’était clairement pas judicieux de rester ici. Nous devions avancer. Incertaine de ma décision, je demandais, en regardant le fameux mur.
- Je... Fonce dedans ?
- Bien sur que non !
Il faut le préciser alors ! Heureusement que j’ai posé la question et que je ne me suis pas exécuté. Vive le moment de solitude, sinon. Elle s’approcha en posant ses deux mains à plat sur le mur.
- Faites comme ceci.
- Ah bien sur, c’est tellement évident.
Sifflais-je en l’imitant, et en posant mes mains sur le mur. J’étais légèrement anxieuse, voir carrément inquiète de ce qui allait nous arriver. Malheureusement, malgré nos postures sensiblement identiques à celle de la femme, rien ne se passait.
- Il aura besoin de vous.
Lança-t-elle. Sa remarque me fit froncer les sourcils. Apollon ? Pourquoi ? Dans quel état allions-nous le retrouver ? Je m’apprêtais à l’assener de nouveau de question lorsque mes mains entrèrent petit à petit dans le mur, comme dans un sable mouvement. J’eu un moment de panique, mais je me fis violence pour ne pas bouger. Une fois les bras passé, le reste du corps y entra aussi, toujours progressivement. Je fermais les yeux, par réflexes, priant pour ne pas avoir pris la mauvaise décision.
Une fois que l’absorption fut complète, un souffle nous projeta en avant. J’attéris, dans un léger sursaut, dans un large cercle de pierre. Mon corps s’emballa en entendant le tonnerre gronder au loin. Michoko, l’animal de Robyn lâcha un cri suraigu avant de tenter de se blottir contre Hei hei, qui était à côté de lui. Le coq lui picora un instant la tête, avant de faire marcher vers l’orage. Michoko se rua vers Robyn, comprenant visiblement que le coq n’était pas un bon allié. Je l’attrapais de justesse par le cou, avant qu’il ne s’engage vers une mort certaine.
- Ne bouge pas si tu ne veux pas finir en poulet grillé. Ca ferait trop plaisir à certains.
L’endroit était lugubre et sombre. Finalement, on restait dans la même thématique que la grotte et son couloir de la mort. Alors que je levais les yeux, pour regarder un peu plus le paysage, je vis un homme, le regard dans le vide.
- C’était le seul moyen. Il n’aurait pas été jusqu’au bout.
Robyn W. Candy
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PANIQUEZ PAS J'VIENS JUSTE CHERCHER UN TRUC DANS MA BOITE MP
(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
| Conte : Les mondes de Ralph. | Dans le monde des contes, je suis : : Vanellope Von Schweetz, ou la princesse d'un royaume de sucreries qui préfère conduire des voitures en gâteaux.
Et c'était reparti pour un tour... Le type devant nous me disait vaguement quelque chose. Je l'avais déjà croisé quelque part, non ? Mon cerveau était comme changé en purée de framboise, mes pensées avaient du mal à se réorganiser de manière cohérente et à mettre un nom sur ce visage sévère. Bon. Tant pis. Le plus important, là tout de suite maintenant, c'était de savoir si lui aussi comptait essayer de nous tuer. En fait, non. D'abord, je devais connaître sa capacité à répondre de manière clair et précise à des questions posées par une Robyn frustrée et désespérée. Avec un peu de chance, lui au moins n'avait pas des tendances à se la jouer Père Fouras le mystérieux.
- Ça vaut le coup que je pose des questions ou vous prendrez même pas la peine de me répondre ?
C'était juste pour être sûre, avant de le harceler jusqu'à ce que j'obtienne enfin les résolutions de toutes ces énigmes qui me prennaient la tête depuis trop longtemps. Si il comptait lui aussi faire comme si il n'avait rien entendu, autant que je le sache tout de suite et que je ne ma fatigue pas à espérer des réponses.
L'homme posa les yeux sur moi et me regarda longuement. C'était déjà pas mal, il ne m'ignorait pas. Même si je n'étais pas vraiment fan de la lueur qui brillait dans son regard. J'étais certaine que ça n'allait pas être un bisounours dont le souhait le plus précieux était de faire pleuvoir sur l'humanité amour, paix et bonheur.
- Qu'importe les questions ? Les réponses décoivent toujours.
Vu qu'Apollon n'était toujours pas revenu, je pouvais aller pleurer dans les bras de Vaiana ?
- Bah pour en être certaine, faudrait que j'en ai, des réponses. Tiens par exemple: vous êtes qui ? Il faut vous craindre ? Ou pouvez être rangé dans la catégorie des gens sympas ?
Je pouvais toujours espérer, ça ne faisait pas de mal. Quoi que peut être si, un peu. Surtout si il se révélait être aussi taré qu'un loup ou un Surt.
- Vous avez pris l'habitude de m'appeler Chronos.
Il se secoua légèrement la tête de gauche à droite, avec l'air de quelqu'un à qui ça fait chier de répondre. OK. Message reçu cinq sur cinq. Encore un qui allait me trouver conne parce que j'étais curieuse et qu'accessoirement j'avais très envie de conseils pour pouvoir m'en sortir vivante en compagnie de mon petit groupe de potes.
- Ça sonne familier mais là je vois pas. Vous avez pas un autre indice en stock pour qu'on y voit plus clair ?
Chronos... ça me disait vraiment quelque chose. C'était un titan, ça j'en étais sûre. Mais lequel... J'étais vraiment à côté de la plaque. Probablement que j'avais pris trop de coups sur la tête depuis le réveil et que mes neurones en avaient soufferts.
Le titan ne répondit rien. Il ne m'adressa même pas un regard. Apparemment, je l'intéressais plus. Sympa. À moins que ça n'ait rien à voir avec moi et que ça soit juste parce que Diane venait d'apparaître. Seule, mais au moins maintenant on savait qu'elle était toujours en vie. Je pouvais arrêter de m'inquiéter pour une personne déjà, c'était ça de pris. Maintenant, si Nora, Jules et Apollon pouvaient apparaître aussi, ça serait encore mieux.
- Eh !
Sans me démonter, je m'approchais de Chronos en gardant quand même une distance de sécurité entre lui et moi pour claquer des doigts, afin d'attirer son attention. Ou plutôt essayer.
- C'est vous qui avez ramené Diane ici ? Pourquoi ?
L'énervement était parfaitement perceptible dans ma voix. Y en avait marre d'être sympa, d'essayer de faire des efforts. Il me manquait de respect, me traitait comme si j'étais un asticot sans intérêt ? Alors j'allais faire de même. Si il appréciait pas, alors tant mieux. Il verrait comme ça ce que ça faisait.
- Et vous avez intérêt à répondre. Y en a marre d'être polie pour qu'au final la personne en face se comporte comme un con !
Je le pointais du doigt, menaçante et malpolie au possible. Il avait cherché. J'avais des témoins.
Quelque chose m'écrasa soudain. Une force invisible et immense qui me compressait le corps et empêchait mes poumons de se remplir d'air. Un peu comme Elliot l'avait fait avant de nous téléporter dans les chambres des enfants dieux, mais en bien plus puissant. Je suffoquais, incapable de reprendre ma respiration. La sensation me donnait l'impression d'être minuscule et insignifiante. Elle resta même quand le titan me libéra de son emprise.
Chronos prit le temps de poser son lourd regard sur chacun. Même Hei Hei et Machin y eurent le droit. Il finit par revenir sur moi, qui tentait tant bien que mal de calmer les tremblements qui secouaient mes mains et mes bras épuisés par la force du titan.
- Tu n'as jamais été polie, Robyn. Tu t'es toujours montrée effrontée face au danger ou à ce que tu ne comprends pas. C'est ta façon de te protéger.
Parce que maintenant il s'improvisait psychologue ? Il s'amusait à lire en moi pour me déstabiliser ?
- Vaiana. Diane.
En prononçant le prénom de la déesse, il grinca des dents. Il ne semblait pas la porter dans son coeur. Les divinités n'avaient pas l'air d'être très aimées par les habitants de Méter.
- Je vous ai fait venir ici. Même si ces titanides étaient persuadées que l'idée venait d'elles. Mnemosyne... incapable de rattraper ses erreurs. Epiméthée... qui n'est plus une grande guerrière. Et Thémis... Thémis...
Une expression écœurée apparue sur son visage. Apparemment, il n'était pas fan non plus des titans au féminin. Est-ce qu'il y avait au moins une personne qu'il appréciait, en fait ? Ou il se croyait vraiment supérieur à tout le monde ? Je me trompais peut être, mais c'était comme ça que je le ressentais.
- J'avais besoin de vous pour ce moment. Celui où grace à vous je pourrai aller au bout de mon ascension.
- Et si on refuse de vous aider ?
Effrontement, je soutins son regard. Mes mains avaient cessés de trembler mais la peur me rongeait l'estomac. Il avait raison sur un point: face au danger, je me la jouais grande gueule. C'était un très bon bouclier.
- Bah ouais. C'est parce que vous nous avez fait venir ici qu'on est obligées de dire amen à tout. En plus vous avez l'air sacrément puissant, je vois pas pourquoi vous avez besoin d'un trio composé de femmes plutôt lambdas comme nous.
Je venais de le flatter, histoire d'enrober un peu le tout. Mais dans le doute, je cachais quand même discrètement Machin derrière moi. Comme ça, si il voulait désintégrer quelqu'un, il devrait plutôt s'en prendre à moi. Ou Hei Hei, idéalement.
Vous avez déjà fait tout ce qu'il fallait. Vous êtes rassemblées ici uniquement dans le but de survivre à ce qui va se produire.
- Et traduit, ça veut dire quoi ?
Je ne parlais pas le titan énigmatique et psychopathe. Si il pouvait ajouter les sous-titres en grand et en gras, ça serait génial.
- Pourquoi t'as-t-il fait venir ? Tu n'es pas un souvenir du passé mais une erreur... Tu n'as aucun intérêt.
Les petites pattes velues de Machin s'aggripèrent à jambe, comme pour me faire un câlin réconfortant. Mais je n'avais pas besoin de ça. Parce que j'approuvais le titan. Après tout, j'étais une anomalie. Une erreur, donc. Sur ce point là, il avait tout bon.
- Je me pose la question tout le temps, merci bien.
Un soupire m'échappa, plus agacé qu'autre chose. Si il voulait essayer de me faire du mal en disant ça, c'était loupé.
- Qui est ce "il" déjà ?
On en avait déjà parlé avant ? J'avais un doute. Depuis le début, il y avait eu trop de "il", trop de "elle" et trop de gens jamais véritablement nommés.
- Quand elles ont fait venir leur groupe, les autres ont jugés utile d'en faire venir d'autres pour les empêchés d'agir. Mais ils ont sous estimé ma puissance. Jamais je ne me serais fait duper aussi facilement. Pan a fait venir l'exploratrice. Le Lycan a voulu défier l'ignoble tueur de loup ! Et... le guerrier... le voyageur... il a eu tellement de noms... t'a fait venir toi.
Chronos prit un air dégoûté, le nez froncé, en m'observant comme si il ne comprenait pas pourquoi son guerrier m'avait choisi. J'aurai aimé lui apporter une réponse, mais j'étais trop sous le choc pour ça. Ma machoîre s'était décrochée à l'évocation du Guerrier. Il était quand même pas en train de me dire que...
- Le guerrier... Surt ? Je veux dire... le type avec un masque, un visage d'ado prépubère avec une cicatrice et une coupe de cheveux qui laisse à désirer ?
J'étais pas certaine que le comparer à un girafon lui parle, il n'aurait probablement pas eu la référence.
- Vous êtes sûr que c'est lui qui m'a fait venir ? Parce qu'à moi, ça paraît peu crédible.
Vu le comportement qu'il avait eu avec moi depuis le début, j'en doutais. Il avait plus l'air de vouloir me tuer que faire de moi son champion attitré dans l'arène.
Le titan m'adressa un regard de pur mépris. Ah. Apparemment, la description ne lui plaisait pas vraiment. J'aurai peut être lui demander si il parlait bien du grand, très grand, guerrier Surt avec son costume absoluement pas ridicule et ses magnifiques pouvoirs.
- À cette époque, il croyait encore en toi. Maintenant, il sait quel rôle tu as joué dans tout ça...
- Mais... j'ai joué aucun rôle ! Surt n'a pas confiance en moi ni rien. On... on peut pas se voir en peinture, il a tué ma Nora et en plus de ça, il s'est amusé à me raconter n'importe quoi. C'est tout !
Je refusais de croire à ce qu'il venait de dévoiler. Comme il avait dit un tout petit peu plus tôt, j'étais une erreur de parcous. Rien de plus. Je n'avais pas de réel rôle à jouer dans quoi que ce soit. C'était impossible.
- Les ravages du temps.
Ah. Je connaissais les ravages de la drogue, mais cette variante ne me disait rien.
- Tu as croisé plusieurs versions d'Elliot au fil du temps. Tu es sans doute tombée sur la version la plus amicale si il n'a tué que ton amie.
C'était pas possible. Il se foutait de ma gueule. Il se serait mit à rire en me disant que c'était une blague que ça m'aurait moins choqué.
- Vous déconnez ? C'était un psychopathe ! Et en plus il m'a posé des espèces d'ultimatum. Je trouve pas que ça soit un comportement super sympa, personnellement. Enfin chacun interprète ça de manière différente, je suppose.
- Tu es autant responsable que ces monstres...
Il pointa du doigt Diane pour illustrer ses propos.
- ... de la mort tragique de la plus importante à ses yeux.
De nouveau, sa force me tomba dessus. En moins puissante, mais avec assez de puissance pour que j'ai du mal à respirer pendant quelques secondes bien longues.
- La seule qu'il a toujours aimé et qu'il continuera à aimer quelle que soit l'époque. Quitte à tout sacrifier pour la retrouver. Alors oui. Oui. Il s'est montré sympa avec toi.
J'en restais bouche bée. Encore. C'était impossible. Il mentait. Ou alors il avait une mauvaise version de l'histoire. Mais tout ça... c'était des conneries.
- C'est faux ! Non mais n'importe quoi ! Je n'ai rien à voir avec la mort de Lily ! C'est mon amie ! Et je l'aimais aussi ! Jamais je n'aurai pu faire quoi que ce soit qui causerait sa mort, c'est impossible !
Je me sentais mal. J'avais trop de réponses, d'un coup. Et toutes me frappaient en plein coeur. Si seulement il pouvait se taire...
Ils disent tout ça... et pourtant ils sont tous responsables... mais ça n'a plus d'importance aujourd'hui. Ce qui compte c'...
Chronos cessa de parler, le regard perdu dans le vide. Merci, Seigneur des Oréos. Peu importe la raison, son silence me fit du bien. Même si il était perturbé par les battements furieux qui semblaient pulser dans mes tympans, perturbés par des révélations qui changeaient tout.
- Vos amis sont stupides.
Son murmure se perdit dans le vent, accompagné d'une peur vicieuse qui me fit fermer les yeux. Que ce qu'il leur était arrivé pour que le titan réagisse ainsi ?
Jules Verne
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
« La plus belle phrase d'amour est dite dans le silence d'un regard. »
Il m'éclaire, il m'échauffe, il est l'âme de mes appareils mécaniques. Cet agent, c'est l'électricité.
Mes yeux s'ouvrirent sur un palais majestueux. Je clignai des paupières plusieurs fois, quelque peu déstabilisé par ce nouvel endroit. Après tout, je venais de quitter une plaine verdoyante pour me retrouver dans un lieu d'une imposante majesté. Il allait de soit qu'il fallait que je m'habitue. Je vérifiai mais comme je m'y attendais, ni Nora ni la petite Lily ne m'avait suivies. Encore moins Morphée. Ce qui n'était guère étonnant étant donné sa fonction ; ce Gardien ne devait pas quitter son palais des songes bien souvent pour un autre.
Prudemment, je commençai à marcher à travers la salle vide et dépourvue du moindre ornement. Il était étrange d'éprouver une telle impression de grandeur et d'excellence dans un endroit qui ne comportait aucun mobilier ou trésor particulier. Il s'agissait sans doute d'un lieu saint. Seuls mes pas résonnaient dans la pièce haute de plafond, provoquant un écho dérangeant.
Je finis par me retourner, à la recherche d'âme qui vive, et eus un mouvement de recul machinal en apercevant Neil derrière moi, qui m'observait, les bras croisés, avec un petit sourire en coin. Elle était vêtue d'une façon beaucoup moins suggestive qu'à l'accoutumée : un pantalon noir, un corset rouge surmonté d'une longue veste écarlate, et des gants sombres.
De toutes les personnes que j'aurais souhaitées voir, elle figurait en bas de liste, mais étant donné les circonstances, j'étais presque heureux de la retrouver. De toutes les façons, je me doutais qu'elle finirait par croiser mon chemin. Mon postérieur gardait encore la marque douloureuse de son électricité rouge.
"Vous m'avez fait mander." déclarai-je d'un ton entendu. "Vous manquais-je trop ? Apollon en serait très désappointé s'il l'apprenait..."
J'esquissai une moue faussement ennuyée. Après tout, notre querelle de Gardiens était une activité à laquelle je m'adonnais avec plaisir ; sans nul doute l'une de mes préférées.
La jeune femme haussa un sourcil blasé sans se départir de son sourire.
"Vous croyez que vous avez une plus grande place dans mon coeur que lui, Jules ?" demanda-t-elle, provocante.
Entrant dans son petit jeu, je m'avançai vers elle d'un pas tranquille mais déterminé, et me stoppai à un mètre d'elle. Gardons des limites convenables. Cette femme était bien trop imprévisible pour tenter une trop grande proximité.
"Je n'ai pas la prétention de connaître les ravines secrètes de votre coeur." répliquai-je d'un ton espiègle, tout en l'observant sans ciller.
Elle se mordit les lèvres, son sourire s'accentuant. Ce fut à mon tour de hausser un sourcil, agréablement surpris par son comportement. Elle était inexplicablement plus plaisante que d'habitude.
"J'ai peur que la raison de votre présence, ainsi que la mienne, ne corresponde pas à vos attentes." dit-elle avec une petite moue triste. "Mais ce n'est que partie remise, n'est ce pas ?"
De nouveau cette provocation dans sa voix. Assurément, quelque chose m'échappait.
"Certainement." répondis-je d'un ton que je voulais assuré. "Quelles sont mes attentes, d'après vous ?"
Je me montrais sans doute trop curieux, mais elle était bien trop différente et énigmatique pour que je ne me laisse pas tenter par le fond de sa pensée. Neil ne put s'empêcher de rire à ma question, puis décroisa les bras et approcha. A seulement quelques pas de moi, elle s'arrêta et m'observa de bas en haut tout en laissant flotter un sourire sur ses lèvres. Elle porta ensuite une main à sa bouche, réfléchissant.
"Vu mes capacités, je dirais que vous attendez absolument... tout." déclara-t-elle finalement d'un air aguicheur. "Et rien à la fois."
Son sourire s'élargit et elle reprit d'un ton plus sérieux :
"C'est vraiment très curieux cette conversation. Je comprends aisément à quel point ça peut l'amuser."
Elle m'observa avec attention. Son expression était décidément différente.
"Vous êtes amusant. Ce n'est pas votre seule qualité, mais c'en est une fort appréciable."
Je mis le temps qu'elle parlait à profit pour rassembler mes idées. Jamais Neil ne me parlait de cette façon. Nous venions de flirter. D'ordinaire, nous nous contentions de nous injurier poliment -de mon côté du moins. Ce brusque changement ne pouvait signifier qu'une seule chose, qu'elle venait de confirmer sans le vouloir, peut-être.
"Vous n'êtes pas elle. La Neil que je connais n'a pas cette verve ni cette élégance dans son maintien. Vous êtes elle, et en même temps, vous êtes une autre."
Je plongeai mon regard dans le sien, plissant des yeux afin d'essayer de comprendre ce qui m'échappait encore. Elle ne pouvait être plus âgée puisqu'elle aurait dû me connaître, le cas échéant. Ces dernières paroles prouvaient qu'elle savait qui j'étais tout en ignorant notre passé commun. Etait-elle capable de communier avec son double qui vivait à Storybrooke ? Tout ceci était bien trop confus.
Je remarquai qu'elle semblait fière de la façon dont je l'avais dépeinte. Elle pouvait ; je n'avais pas pour habitude de la complimenter. C'était sûrement l'exception de toute une vie.
"Je m'appelle Cassandre. Cassandre Sandman. Mais vous avez raison sur un point. Je ne suis pas votre Cassandre." répondit-elle.
Je fronçai les sourcils en entendant "« votre » Cassandre". L'appellation avait une connotation énigmatique. Je voulus demander un éclaircissement mais elle eut comme une absence, regardant de côté, la tête légèrement inclinée vers le plafond. Quelque chose se passait dans son esprit, mais j'ignorais quoi. Puis, un léger sourire au coin des lèvres, elle reporta son attention sur moi.
"Il vient d'arriver. Nous allons pouvoir le rejoindre. Et si ça ne vous dérange pas, je passe la première."
Elle hésita et ajouta :
"Hum... c'est normal les élastiques dans les cheveux ?"
Elle disparut à cet instant, avant même que je puisse ouvrir la bouche. Des élastiques dans...? Indécis, je passai une main dans mes propres cheveux, mais ils semblaient parfaitement normaux.
"Comment puis-je vous suivre si vous n'êtes plus là ?" demandai-je, irrité.
Seul mon écho me répondit. J'avais parlé trop vite : Neil restait la même, quel que soit l'endroit et l'époque. Elle venait de me fausser compagnie. Irrité, je fis quelques pas, espérant par ce biais attirer de nouveau son attention sur moi. Cependant, il était évident qu'elle n'était plus là du tout. Je tirai ma montre de son gousset pour vérifier l'heure et attendis. Attendis encore. Il s'écoula une minute entière avant que le décor ne change autour de moi.
Je me trouvais toujours dans une salle d'un palais -le même ?- mais désormais, six jeunes femmes vêtues de capes s'y trouvaient, ainsi qu'un couple étroitement enlacé. L'homme serrant Neil contre lui me faisait face ; il releva la tête et croisa mon regard.
"J'aurais dû m'en douter..." soupirai-je à mi-voix.
Puis, j'observai les jeunes femmes qui étaient plutôt avenantes dans leurs atours, et ajoutai avec un sourire crispé :
"Vous êtes bien entouré."
Non, je n'étais pas jaloux. En aucune façon. Je trouvais simplement injuste que ce soit toujours les mêmes qui bénéficient d'un traitement de faveur. Pendant qu'Apollon se prélassait en charmante compagnie, j'avais eu droit de discuter avec une titanide âgée -mais sympathique malgré tout.
Le dieu des arts m'observa quelques secondes, silencieux, puis s'écarta de Neil pour répliquer avec un petit sourire :
"Je le suis un peu moins maintenant que tu es là."
J'accueillis cette remarque avec un sourire faussement enjoué. Du coin de l'oeil, je remarquai que Neil croisait les bras et haussait un sourcil avec une expression entendue et exaspérée.
Brusquement, Apollon me dévisagea d'un oeil suspicieux, et déclara :
"Attends si t'es là c'est pas parce que tu m'as caché un pouvoir de devin ou quoi que ce soit ?"
Je rangeai ma montre dans son gousset et me désignai, indécis, avant de porter la main à mon front avec une expression lointaine.
"Je pensais ne pas avoir à vous le dire mais... je vois... je vois..."
Ma voix était nébuleuse, incertaine, comme si j'étais traversé par une vision d'un autre temps.
"... un imbécile juste devant moi." achevai-je d'un ton sec.
Je souris de plus belle, satisfait de mon petit effet. Certes, il était un dieu, mais j'étais un Gardien, ordonné par le titan Hypérion. De ce fait, il ne pouvait m'atteindre. Le petit rire de Neil ajouta à mon panache et je redressai fièrement la tête.
"Cela serait plutôt à votre dulcinée de vous expliquer ma présence." repris-je avec orgueil. "Il semblerait qu'elle ne puisse se passer de moi."
Je posai mon regard sur Neil, attendant qu'elle confirme. Elle me fixa quelques secondes et tourna ensuite la tête vers Apollon. Elle arbora une expression embarrassée mais pourtant, son explication fut d'une toute autre nature :
"Il a jugé utile de poser un pied dans un endroit interdit, du coup j'ai dû utiliser beaucoup de mon énergie pour aller le repêcher. C'est pour ça que je suppose que Cassandre passe autant de temps avec lui. Il n'est pas comme toi : il n'est pas débrouillard."
Elle posa de nouveau les yeux sur moi, coinçant sa langue entre ses lèvres d'un air réjoui. Je me renfrognais, maugréant des paroles inaudibles.
Le regard d'Apollon alla de la jeune femme à moi, et vice-versa puis il lui demanda :
"Mais pourquoi avoir fait ça ?"
Il me dévisagea de nouveau.
"Il fallait le laisser là-bas."
Il croisa ensuite les bras. J'écarquillai les yeux, perplexe. Il boudait ! Le grand dieu des arts boudait parce que sa petite amie m'avait sauvé ! C'était tellement puéril que j'en laissai échapper un petit soupir, sans parvenir à cacher mon sourire victorieux. Il secoua la tête et soupira à son tour :
"Enfin, c'est mieux que tu sois pas mort, je suppose. Ce serait... ennuyeux que ça arrive."
"Vous avez l'air de superbement bien vous entendre tous les deux. C'est toujours le grand amour ou j'assiste à un moment exceptionnel ?" intervint Neil, ironique.
"J'ai quitté le sentier pour venir en aide à Nora. Je ne me serais pas mis en danger inutilement." dis-je d'un ton acide à l'adresse de la jeune femme, ignorant sa réplique.
Cette dernière secoua la tête, commisérée. Elle reprit d'un ton plus sérieux :
"Au cas où vous vous poseriez la question, nos amis vont bien. Vous les rejoindrez très vite."
Que croyait-elle, que je ne songeais pas aux autres ? Au contraire, j'y pensais à chaque seconde, mais rester dans l'expectative me rendait nerveux, et la présence du dieu des imbéciles n'aidait en rien. Penaud malgré tout à cause de la remarque de Neil, je croisai le regard d'Apollon et constatai qu'il était identique au mien.
"Je..." il se tut aussitôt avant d'ajouter, très sûr de lui : "J'allais justement le demander !"
Je levai les yeux au ciel. Toujours à faire son intéressant...
"Et pourquoi... Pourquoi on est ici et pas eux, alors ?"
"Oui, pourquoi ?" renchéris-je en croisant les bras à mon tour.
Nous pivotâmes de concert vers Neil, attendant la réponse à cette grande question. La jeune femme nous observa et lança :
"C'est sérieux, là ?"
"On ne peut plus sérieux." assurai-je sans détour.
"Vous n'auriez pas dû vous trouver ici." expliqua-t-elle avec un air plus réfléchi. "Vous n'auriez pas dû vivre tout ça."
"Cela, je le conçois aisément." dis-je abruptement. "Mais si l'on va en cette voie, je n'aurais rien dû vivre de tout ceci puisque je suis censé être mort depuis des lustres !"
Elle sembla écouter mais ne répondis rien à mes paroles. A la place, elle déclara :
"Elles ont vu ce qui était en train d'arriver."
Parlait-elle des demoiselles silencieuses qui se tenaient dans la pièce ?
"La première d'entre nous, celle que vous connaissez sous le nom de la titanide Gaïa, tente de réparer du mieux qu'elle peut les erreurs commises par ses soeurs."
"Sont-elles des Gardiennes elles aussi ?" demandai-je, indécis.
"Ce sont des Prophétesses. Nous le sommes toutes."
Elle marqua une petite pause puis reprit :
"J'aurais pu vous conduire jusqu'à nos amis comme elle me l'a demandé, mais il y a une chose qui doit être faite avant."
Elle jeta un coup d'oeil à Apollon avant de se focaliser de nouveau sur moi. Etait-ce une impression ou me regardait-elle beaucoup plus que le dieu depuis le début ? C'était étrange et déstabilisant.
"Allons-y dans ce cas !" dis-je avec un enthousiasme modéré, car je me doutais que la tâche serait longue et fastidieuse, comme d'habitude.
"Calme ta joie, Jules." déclara Apollon en levant les yeux au ciel, amusé malgré tout.
Il se tourna ensuite vers Neil avec un énorme sourire :
"On fera tout ce que tu veux. Je ferai tout ce que tu veux. Comme toujours."
A mon tour de rouler des yeux. La jeune femme s'approcha du dieu et prit sa main puis le regarda droit dans les yeux, intensément, et déclara :
"Il y a une personne qui a besoin de te parler."
Elle lui indiqua une entrée au loin.
"Je suis obligée de rester dans ce cercle. C'est pour ça qu'elles sont là." précisa-t-elle, parlant des Prophétesses.
Je remarquai qu'elle pressait un peu plus sa main avant de la lâcher.
"C'est difficile de maintenir un lien aussi fort entre deux époques."
Elle marqua une courte pause.
"J'ai apprécié ce moment." ajouta-telle d'un ton curieusement faible.
Elle retourna vers moi et adressa un sourire vers Apollon, qui s'approcha d'elle pour passer une main sur sa joue et l'embrasser ensuite sur le front. Je me détournai afin de leur laisser un peu d'intimité.
Au bout de quelques secondes, le dieu pivota vers moi en marmonnant :
"Fais attention à elle. Et à toi, aussi."
Je hochai la tête. Il pouvait compter sur moi pour prendre soin d'elle. Même si j'avais quelques divergences d'opinion avec la jeune femme, je n'étais pas un rustre. Il finit par s'éloigner et quitter la salle. Du coin de l'oeil, je remarquai que Neil le fixa avec insistance jusqu'à ce qu'il disparaisse. Elle semblait attristée.
"Vous vous reverrez, tous les deux." l'encourageai-je, confiant.
Son humeur chagrine ne la quitta pas tandis qu'elle posait les yeux sur moi. Je compris seulement à cet instant que la jeune femme était peut-être vouée à ne plus jamais croiser sa route. Je restai silencieux quelques instants, me tournant vers l'ouverture par laquelle Apollon était parti, puis déclarai finalement d'une voix douce :
"C'est difficile de devoir se séparer de quelqu'un qu'on aime. J'ai subi cette douloureuse expérience, autrefois. J'imagine aisément ce que vous devez ressentir."
Une ride soucieuse barra mon front alors que je pivotai de nouveau vers elle. Quand on a le privilège de vivre plusieurs vies en une seule, il faut payer le prix de perdre certaines personnes très chères.
Neil me regarda, toujours aussi accablée. Elle pencha la tête, eut une respiration légèrement tremblante et après une hésitation, glissa sa main dans la mienne. Je tressaillis mais restai impassible, me contentant de l'observer. La jeune femme redressa la tête pour me regarder, et dit d'un ton étrangement tendre :
"Ne laissez pas passer une journée. Ne perdez pas un seul instant avec elle. Chaque minute est précieuse, Jules."
Je déglutis, acquiesçant, puis baissai la tête vers nos mains liées. Je la serrai avec chaleur.
"Je ne le sais que trop bien." articulai-je d'un ton rauque.
Laissant échapper un soupir las, je me redressai.
crackle bones
Phoebus Light
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Alexander Skarsgård
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what could it be worse ?
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Apollon, dieu de la divination, des arts, de la lumière.
But there's things about her that you just don't know.
Il n'avait pas envie de s'en aller. Il ne voulait pas les laisser seuls. Ce n'était pas parce qu'il s'inquiétait qu'il se passe quoi que ce soit, loin de lui cette idée, pour une fois. Sa jalousie passait au second plan, si ce n'était au troisième. A vrai dire, elle était presque inexistante à cet instant. C'était davantage un de ces moments où son instinct lui criait si fort qu'il n'était pas prêt qu'il aurait presque senti son cœur se retourner pendant qu'il était en train de battre. Il n'avait pas aimé cette façon qu'elle avait eu de s'exprimer avant qu'il ne parte.
Apollon avait pénétré dans cette pièce entièrement blanche avec un niveau d'inquiétude atteignant des sommets. Il se remettait à peine de ce qu'il avait déjà apprit. L'endroit était semblable à celui qu'il venait de quitter, mais aucune Prophétesse ne se trouvait là pour l'accueillir. Il n'y avait qu'une jeune femme qui lui tournait le dos, qu'il ne prit pas la peine de détailler davantage avant de l'interpeler :
« Bonjour ? Il paraît que vous avez besoin de me parler ? »
Belle entrée en matière, vraiment, quel charme, quelle classe. Il aurait pu se foutre une claque pour se féliciter de ce manque de cette façon de faire des plus discutables, mais il n'en eut pas le temps. Les épaules de celle qu'il lui semblait connaître se soulevèrent légèrement et elle eut l'air de lever ses mains vers son visage, avant de se tourner dans sa direction.
Elle le regardait dans les yeux, le fixant de cette façon si particulière. Sa gorge se serra brièvement. Pourquoi est-ce qu'elle donnait l'impression d'avoir pleuré ?
« Il y avait une demande de câlin aussi je crois. »
Il venait de la quitter, mais elle était bien là, pourtant. Celle qu'il avait croisé il y a un instant n'était pas celle de son époque, il l'avait sentit, au fond, c'était différent. En s'approchant, faisant abstraction de sa déroute, et en allant prendre cette Cassandre dans ses bras, il le devina clairement. C'était elle. La sienne.
« Pas besoin de demande spéciale pour ça. » murmura-t-il alors simplement.
Il y avait comme cette vague de soulagement le renversant, mêlée à cette tristesse de la voir ainsi. Elle le serrait si fort, sa tête posée contre son torse. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait simplement pas ce qui était en train de se produire. Que faisait-elle là ? Cette question resta bloquée, il était incapable de la poser.
« Je t'aimerai toujours, tu le sais... »
Il hocha simplement la tête, n'ayant pas besoin de le confirmer. Elle n'avait pas à douter de ça. Surtout pas. Ce n'était pas pour cette raison qu'elle voulait lui parler, n'est-ce pas ? Elle s'écarta légèrement, prenant sa main pour compenser le fait de briser l'étreinte. Ça ne lui suffisait pas. Il voulait juste la garder dans ses bras. La persuader que tout irait bien. Elle le lâcha, le laissant indécis, incertain.
« J'ai quelque chose à te dire. »
Elle reprenait sa respiration comme si les mots ne pouvaient pas passer sa bouche.
« Ça fait déjà un petit moment. Je ne sais pas combien de temps je pourrais rester là... »
Il s'en fichait. Elle pouvait lui dire, elle pouvait ne pas lui dire, ça n'importait pas. Ce n'était pas ce qui comptait. Il le savait, depuis longtemps maintenant, qu'il y avait des non-dits qu'elle n'arrivait pas à exprimer. Et il n'insistait pas, jamais, lui à la curiosité pourtant si débordante.
« Tu as peur ? »
Ce chuchotement préoccupé lui échappa malgré lui.
« Tu peux tout me dire. Ça ne changera rien. »
Est-ce que c'était ce qui la rendait si nerveuse ? Est-ce qu'elle craignait qu'il ne l'abandonne ? Il ne voyait rien, absolument rien, capable de bousculer ses sentiments à ce point.
« Je t'aimerai toujours aussi, tu le sais, non ? »
Son sourire se voulait encourageant. Rassurant. Elle le lui rendit de manière plus angoissée, ce qui ne lui permit pas de définir plus clairement ce qu'elle traversait intérieurement. Il détestait la voir comme ça.
« Il y a quelque chose sur moi que tu ignores. Quelque chose que je ne vous ai pas dit. Ni à eux, ni à toi. »
Ses yeux à elle se posèrent de nouveau dans les siens.
« Non, je ne suis pas une troisième version d'Hyperion. »
Ses lèvres se pincèrent de manière amusée, alors qu'elle souriait gênée. Cette tentative pour faire descendre la tension ambiante était honorable et quelque peu réussie, même si le sentiment qu'elle n'allait pas bien persistant lui faisait toujours autant de peine.
« Je me doutais que ce n'était pas ça. » répliqua-t-il d'un ton assuré. « Tu es beaucoup plus sexy que lui. »
Si elle osa un faible rire à cette remarque, il n'eut pas la sensation d'un grand effet malgré tout. Distraitement, il chercha à attraper sa main, qu'il sentit froide contre la sienne. Il ne savait quoi faire pour l'aider. Ce contact était sa seule façon de lui montrer qu'il était là.
« J'ignore pourquoi Anatole est venu avec moi. » finit-elle par admettre dans un murmure, après un instant de réflexion. « J'ai peur que ce soit pour tuer mon père... »
Cet aveu lui fit ouvrir de grands yeux. Il ne voyait pas d'intérêt à ce que le Titan agisse de la sorte, alors qu'il en interdisait l'acte à sa création qui était faite pour ça. Ce serait un comble que d'agir lui-même de la sorte.
« On n'en parle jamais lui et moi. C'est compliqué, parce que j'ai totalement confiance en lui et je crois que c'est réciproque, mais... j'ai peur que le moment venu, il se rende compte que certaines choses ne changeront pas, et qu'il fasse ce que je suis incapable de faire. »
Elle était sur le point de pleurer. Il le ressentait. Elle se retenait, mais ça le frappait d'une telle façon, cette expression sur son visage, cette voix qu'elle avait. Il n'avait pas envie de la voir pleurer.
« Les gens peuvent changer, n'est-ce pas ? Tout est encore possible... il n'est jamais trop tard. »
La respiration du dieu était plus faible. Il n'en avait pas besoin, ce n'était qu'un simple réflexe. Et comme pour calmer son agitation intérieure, il tentait de contrôler cette simple action pour garder contenance. Qu'essayait-elle de lui faire comprendre ?
Un faible sourire étira ses lèvres, alors qu'il ne cessait de la fixer, aussi intrigué qu'angoissé. Il ne pouvait s'empêcher de s'interroger, de s'imaginer le pire.
« Je suis le premier à le penser. »
Rien n'est écrit. Nous pouvons survivre.
« Tout est possible. Regarde nous. »
Doucement, sa main libre était venu se poser sur son visage, caressant sa joue d'un geste tendre. N'étaient-ils pas la preuve même que le futur pouvait être changé ? Ce n'était pas supposé se passer ainsi entre eux, pas comme ça du moins.
« Qu'est-ce qui se passe, Cassandre ? »
Si il cherchait à se montrer confiant, il n'était pas réellement capable de de dissimuler cette peine qu'il ressentait à la voir dans cet état. Elle n'osait pas le lui dire. Il se devait de l'y pousser. Tant qu'elle gardait ce poids pour elle, elle serait toujours ainsi. Elle le cachait habilement depuis un moment. Il n'aimait pas agir de la sorte, en l'incitant à se confier, mais il lui semblait nécessaire de lui montrer qu'il... Non, il n'était toujours pas prêt, n'est-ce pas ?
Le simple fait de la regarder l'aidait à se sentir mieux. Il ne craignait rien, à ses côtés. Il en était intimement persuadé. Peu importait finalement ce qu'elle était sur le point de lui annoncer. Ce n'était rien. Rien par rapport à ce qui le liait à elle.
« Maman est morte quand j'avais huit ans. »
Il avait serré sa main, alors qu'elle commençait à parler.
« J'ai été emportée dans une faille temporelle lors de la grande guerre. J'ai disparu pendant une quinzaine d'années. De mes années, car pour eux, seulement trois ans s'étaient écoulés. »
Il savait qu'elle avait vécu énormément de choses avant de croiser sa route, après cette aventure près de Poséidon. Il le savait et pourtant, qu'elle conte ainsi ses évidences, en prenant le temps de respirer entre chaque confidence, lui paraissait être un des moments les plus importants de son existence.
« Papa n'a pas supporté de perdre maman. J'avais attendu tellement longtemps pour le retrouver que je pensais que cela changerait tout pour moi et sans doute pour lui. Qu'on pourrait surmonter cela ensemble et rattraper le temps perdu. Mais à dire vrai, je crois qu'il aurait préféré que ce soit moi qui meurt. Je lui étais totalement indifférente. »
Cassandre n'était pas à l'aise, il n'avait aucune difficulté à s'en rendre compte. Etait-ce parce qu'elle avouait ce qu'elle ressentait ? Parce qu'elle le lui disait à lui ? Comment avait-elle fait pour le garder pour elle si longtemps ? Il lui semblait qu'ils avaient déjà partagé une éternité ensemble. En même temps, il avait l'impression qu'ils ne se connaissaient que depuis hier. Le Temps passé à ses côtés était compliqué à quantifier. Impossible, même.
« Il ne se faisait pas à l'idée de vivre sans elle. D'accepter le fait que c'était ainsi, aussi douloureux que ça l'était pour nous tous. C'était compliqué, car il ne devait pas simplement accepter qu'elle ne soit plus là, mais aussi qu'il en soit responsable. »
Elle se mordit les lèvres, comme coupable d'admettre cette vérité. Il se questionnait sur la manière exacte dont Lily partirait. Il ne le dit pas. Il le garda pour lui. Ce n'était pas le moment, il n'avait pas envie de l'interroger. Il ne le ferait sans doute jamais. Pour lui, Lily était encore en vie.
« Tout s'est enchaîné tellement vite. Il a trouvé un moyen de voyager à travers le Temps, de venir ici, à Titania. Il a fait la rencontre des Titans. Il s'est lié d'amitié avec certains, dont le Titan Roi. Ils l'ont accueillis comme un allié. Il est devenu un de leurs plus puissants Guerriers. Il était toujours à la recherche de nouveaux savoirs, de nouvelles forces. Il pensait qu'ici se trouvait un pouvoir suffisamment grand et ancien pour la ramener. Il espérait, mais en vain. »
Lentement, les étapes de la vie d'Elliot se mettaient en place dans son esprit. Il comprenait, il liait les événements. Il tenait un peu fort plus la main de la jeune femme alors qu'elle reprenait son souffle.
« Ça lui a prit des années, des dizaines, des centaines d'années sans obtenir la moindre réponse convenable. Jusqu'au jour où il a trouvé cet endroit. Le Bois des Oubliés. Un endroit oublié par les gens, redouté par les Titans. Il renfermait une force sans égale. Quand il est revenu d'ici, il était différent. Il était persuadé d'avoir trouvé la solution, mais ça ne marchait pas. Il n'y arrivait pas. »
Elle sera davantage sa prise à son tour. Il avait cette sensation que tout autour s'était arrêté. Qu'il n'existait plus qu'eux, dans l'univers entier. Ses mots le heurtaient d'une façon particulière, à la fois salvatrices et douloureuses. Il n'arrivait pas à en définir la raison. C'était comme si tout devenait limpide, tout en étant plus flou, imposant une opposition difficile à maintenir pour son esprit.
« Il a réveillé quelque chose qui aurait dû rester tapis dans le noir. Les Titans ont lutés contre ce nouvel ennemi jusqu'à leur quasi extinction. Surt était déjà né. Il a combattu à leurs côtés. Mais son cœur était brisé. Il sentait le poids des années, la souffrance engendré par l'absence de maman et sa quête impossible à réaliser. Et qui plus est, il commençait à l'oublier, à ne plus se souvenir de tous les détails. Le Temps lui était compté. Il devait faire vite. Mais on ne revient pas en arrière. On ne peut pas ramener une âme qui a été brisée. »
Sa main le lâcha après une énième pression, lui faisait cligner des yeux. Il ne voulait pas la lâcher. Elle s'était mise à faire quelques pas. Elle avait déjà tant dit, sans que ce ne soit assez. Déglutissant avec peine, le dieu la suivait du regard. Il ne prononça toujours pas le moindre mot. Il n'en avait pas besoin. Il attendait simplement, avec cette patience lui étant si peu commune. Elle était aussi perdue que lui.
« Je sais que tu ne devrais pas te trouver ici, avec moi. »
C'est faux. réussit-il à se retenir de prononcer. Apollon avait la conviction que c'était le seul endroit où il aurait pu se trouver à cet instant précis.
« Que je ne devrais pas avoir cette conversation avec toi. »
Il secoua la tête, retenant son souffle. Il n'y avait pas de règles. Ce n'était pas supposé se passer comme ceci ou comme cela. Tout ce qui comptait, c'était ce qu'elle voulait.
« Je devrais m'arrêter là. Mais j'ai besoin de continuer. J'ai besoin de partager ça avec toi. Je ne peux pas continuer à faire comme si de rien était, comme si ça n'avait aucune importance. Ça en a une grande pour moi. Surtout à ce moment-là de notre vie... ça peut changer beaucoup de choses entre nous. »
Son cœur aurait pu le lâcher, ne laissant qu'un tas de cendres derrière lui. Elle ne l'effrayait pas, ce n'était pas ça. Elle était revenue vers lui, le tenant en haleine, lui faisant perdre pieds. Il était habitué à ressentir ce genre de choses à ses côtés. Elle le tourmentait de toutes les façons possibles. Si habituellement c'était de la manière la plus agréable possible, il devait admettre ne pas savoir quoi penser cette fois.
Ses yeux perdus dans les siens étaient la seule ancre à laquelle il pouvait encore se raccrocher.
« Je sais que tu m'as vraiment aimé. Que tu éprouves vraiment tous ces sentiments pour moi. Quoi qu'il arrive... tu sais que je t'ai toujours aimé. Et je continuerai à t'aimer éternellement, Apollon. Mais je comprendrais si tu n'arrivais pas à aimer celle qui est en face de toi. Celle que je suis réellement et dont je n'ai jamais trouvé le courage de te l'avouer. »
L'instant qu'elle passa à ne rien dire lui parut durer des siècles. Elle semblait ne pas être certaine de vouloir maintenir son regard, mais elle ne le détourna pas pour autant. Il avait tant envie de la prendre dans ses bras.
« Ce que tu dois savoir sur moi, c'est que... »
. . .
Elle avait disparu, s'évaporant telle une illusion. Tout ça avait été réel, pourtant. Tout ce qu'elle avait dit. Ses pensées se bousculaient, tempétueuses, le déstabilisant plus qu'il ne se l'avouait à lui-même. Sa main passa rapidement sur ses yeux encore humides, alors qu'un bref rire sortait de sa bouche. Comment faisait-elle pour lui faire ressentir tant de choses à la fois ? Etait-ce plus que ce qu'il était capable d'encaisser ? Etait-il capable de faire comme si il n'avait rien entendu ? Il n'avait pas le Temps de se poser de telles questions.
Il passa de nouveau la porte, rejoignant la pièce où se trouvaient les Prophétesses. Où se trouvait Jules. Où se trouvait Cassandre. Il la fixa un moment, avant d'oser avancer davantage. Il avait remarqué qu'à peine apparu, son regard s'était fixé sur lui. Elle n'avait pas le moindre sourire, pas la moindre trace d'un quelconque engouement ou de la moindre peine.
Le dieu soupira simplement. La pression qu'il avait emmagasiné ne pouvait être évacuée maintenant. Son air bouleversé s'effaça au profit d'un léger sourire à son égard, avant qu'il ne se mette à observer Jules. Depuis combien de Temps était-il parti ? Voir le Gardien lui renvoyait avec violence tout ce qu'ils étaient en train de vivre. Il aurait presque pu l'oublier. Une expression étonnée passa brièvement sur son visage, avant qu'il n'affiche une moue faussement soucieuse.
Il se rapproche d'un pas plus confiant, du moins c'était ce qu'il cherchait à faire penser. Il était encore trop fébrile à son goût. Il avait passé son bras autour des épaules de Cassandre, nonchalamment, y portant peut-être une pression un peu plus forte, pour tenter de lui faire comprendre que tout allait bien. Que tout irait bien.
« Alors ? Qu'est-ce que j'ai raté ? » lâcha-t-il aussi enjoué que ce dont il était capable. C'était peu, comparé à ses habitudes. « T'as pas trop embêté ma future femme j'espère, Jules ? »
Il n'avait pas trouvé de meilleur moyen pour qu'aucune question ne lui soit posées que d'enchaîner sur un sujet de conversation totalement inapproprié à la situation. Normalement, cette simple insinuation lui permettrait de s'en sortir sans subir d'interrogatoire.
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que de savoir d'où on vient et qui on est réellement...
« Une âme est l'Ombre d'une personne vivante. Arrivé ici, elle ne ressent plus aucune émotion et n'a plus aucune force. Elle ne fait que suivre le mouvement des Ombres qui marchent vers leur jugement. » affirma Morphée en m'observant tandis que je venais de voir Jules tomber en cendres.
« Je suis désolé, vraiment. Je vous respecte. Vous êtes un Gardien. Mais j'ai pas la tête à ça. Pas maintenant. » avouais-je en me sentant coupable.
Il pensait surement me changer les idées en m'en disant plus sur ce lieu, mais je venais de voir Jules s'évaporer sous mes yeux. Je savais qu'il allait bien, ou du moins je m'en doutais. Parce qu'on avait réussi à le faire partir d'ici. Je regrettais toujours d'avoir quitté le chemin et j'attendais que mon heure vienne. Celle où on viendrait me chercher à mon tour. J'étais censé être une guerrière. J'avais proposé à Elliot d'être son homme. Mais aujourd'hui je comprenais pourquoi ça ne l'avait pas intéressé. J'avais agis comme une gamine qui faisait un caprice. Tout ça parce qu'elle n'osait pas affronter sa propre mère.
Non...
Non, non... je n'attendais pas mon heure. J'attendais notre heure. J'avais promis à petite Lily de la faire rentrer avec moi. Comment je pouvais d'un seul coup l'ignorer et faire comme si elle n'était plus ici, à côté de moi ? J'avais tourné la tête dans sa direction et surpris son regard. Elle m'observait sans rien dire, tentant sans doute de voir si j'allais me souvenir qu'elle était là. Je m'étais approché d'elle et je lui avais tendu la main, affichant un petit sourire se voulant rassurant. Elle m'avait répondu avec un grand sourire, avant de me prendre la main, toute contente. Puis, j'avais tourné la tête en direction de Morphée.
« Vous n'y arriverez pas. » lui affirmais-je, tandis qu'il m'adressait un regard étonné. « Je ne sais pas comment vous faites. Si vous entrez dans mon esprit ou quoi que ce soit d'autre. Mais vous ne me ferez pas oublier qu'elle est là. »
Quand Jules était tombé en cendres, j'étais concentré sur lui. J'avais totalement oublié que Lily était là elle aussi. Comme s'il m'avait fait croire que les deux étaient partis. Mais comment je pourrais oublier une enfant ici ?
« J'ai vécu toute ma vie à l'écart des autres. Je sais ce que c'est d'être abandonnée. D'être oubliée. Je ne peux pas faire la même chose à qui que ce soit. Vous comprenez ça ? Je ne la laisserais pas ici. Pas toute seule. »
Je sentis la main de Lily me serrer d'avantage. Il m'avait dit que les âmes dans ce lieu ne ressentaient plus la moindre émotion. Dans ce cas là c'était quoi cet échange ? Pourquoi perdait-il son temps à baratiner des choses insensées ? Lily était une explosion de bonheur. Elle ressentait les émotions. Mais peut-être qu'il ne pouvait pas comprendre ça. Car les secondes qui passèrent, il s'était contenté de m'observer, en plissant de temps en temps les yeux, comme si il m'analysait. C'était un sentiment de gêne, de malaise et aussi d'incompréhension qui s'était emparé de moi. Alors oui, moi aussi je ressentais des émotions, mais lui sans doute pas, vue qu'il ne comprenait pas que de regarder quelqu'un ainsi, ça pouvait être vraiment très dérangeant !
« Il y a quelque chose qui bouillonne en toi. Tapis au plus profond de ton être. » dit-il en continuant à m'observer.
Il pencha ensuite la tête sur le côté afin d'observer un espace derrière moi, à proximité sans doute, vue que son regard ne portait pas loin. J'avais regardé où ses yeux menaient, sans pour autant détacher totalement mon regard de lui. Il n'y avait rien. Absolument rien derrière moi. Quand je l'avais fixé une nouvelle fois, il me regardait avec le même regard surpris.
« Comment cela est-il possible ? » demanda t'il avant de tourner la tête sur le côté.
Il ne s'était pas adressé à moi. Il parlait à une petite femme qui venait d'apparaître. Non... pourquoi fallait que ce soit elle qui réponde ? J'avais passé ces dernières minutes à prier dans ma tête tous les dieux possibles que je connaissais. Apollon n'avait pas répondu, sans doute parce qu'il ne pouvait pas m'entendre de là où il était. Une prière était partie à l'attention de Diane, mais pareil, elle n'y avait pas répondu. Je pensais me retrouver ici toute seule, avec Lily main dans la main. Je perdais tout doucement espoir qu'on vienne me retrouver. Mais si c'était à choisir, j'aurais voulu que ce soit n'importe qui d'autre, qu'elle. Je ne l'avais pas regardé, préférant continuer à fixer le Gardien. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. Je n'avais pas envie de comprendre. Encore un mystère de plus. A chaque fois qu'on nous révélait le sens de l'un d'entre eux, c'était pour mieux nous décevoir. J'avais été assez déçue pour aujourd'hui.
« L'Ephémère et le Papillon ne font qu'un, Gardien. » répondit-elle avant de m'adresser un regard, puis de pencher la tête vers Lily.
« Si tu es là c'est que c'est le grand jour, c'est ça ? » demanda la petite demoiselle avec un grand sourire.
« Quel grand jour ? » l'interrogeais-je.
« Elle a dit qu'elle allait revenir et qu'elle resterait avec moi cette fois ci ! » s'exclama t'elle.
J'avais adressé un regard en direction de Gaia qui semblait surprise par les dires de Lily. Morphée nous observait sans exprimer la moindre émotion.
« J'ai dit ça ? » s’enquit Gaia, tandis que petite Lily hochait la tête à plusieurs reprises, sûre d'elle. « Ca expliquerait certaines choses. » affirma t'elle avec un faible sourire.
« Qu'attendez vous de moi, Mère ? » demanda le Gardien sans que j'en sois le moins du monde étonné.
Tout le monde l'appelait mère. Ce mot n'avait plus aucun sens. Sur notre lune, on la considérait comme notre mère à tous. Anatole m'avait confié qu'elle était ma mère et que j'étais son seul enfant. Mais tout ça, ça perdait tout son sens de toute façon. Qu'elle importance d'être la fille de quelqu'un qui s'en souciait guère, vue la foule de gens qui la considéraient comme leur mère ? Non, je n'étais pas jalouse d'eux. Absolument pas !
Tandis que Gaia allait répondre, Morphée tourna une nouvelle fois la tête. Cette fois ci c'était en direction d'un tout autre homme dont j'avais déjà croisé la route. J'allais me saisir de mon bâton avant de me rappeler qu'il n'était plus là. Bon sang, c'est vrai ! J'avais oublié ce détail. Pourquoi je pensais à ça maintenant ? Face à nous se tenait la Bête. Car c'est ainsi que je le surnommais. Il s'était transformé en un horrible monstre sous mes yeux et ceux d'Apollon. Cet homme n'avait rien d'humain en lui ! Morphée s’avança vers lui.
« Votre place n'est pas ici. Partez ! » dit-il catégorique en défiant l'homme du regard.
Quelque chose avait du se passer, car un courant d'air était passé sur nous tous. Est ce que Morphée avait utilisé son pouvoir pour chasser le monstre ? Si tel était le cas, ça n'avait pas marché.
« Pourquoi tant de violence ? Surtout avec un pouvoir aussi faible que le tiens, Morphée ? » dit-il sous les yeux ébahis du Gardien. « Il a partagé son pouvoir avec moi. Il a fait de moi un être supérieur. Supérieur à vous. Il veut détruire cet endroit. »
« C'est insensé ! Il ne ferait jamais ça ! » le coupa Gaia en jetant un oeil vers Lily avant de fixer une nouvelle fois la Bête.
J'étais un peu soulagé de ne pas être la seule à m'inquiéter pour la petite fille qui me tenait la main.
« Il sait que la situation lui échappe. Le Temps n'a pas de secrets pour lui. Ses Cavaliers sont tombés. Le pouvoir des déesses magiques a été brisé. Vous avez créé un nouveau pouvoir pensant que ça empêcherait le Ragnarok d'arriver. Vous n'avez fait que changer quelques détails du Temps, sans pour autant l'écarter de sa ligne directive. »
« Gardez votre langue de serpent à l'intérieur de votre bouche ! Vos paroles n'ont pas d'impacts sur moi ! Je n'attends pas de vous que vous comprenez quoi que ce soit aux agissements de forces qui vous dépassent. De vos maîtres, Lycan ! Vous n'êtes qu'un Lycan. Banni de l'Empire par mon frère. Qu'elle importance voulez-vous que je donne à vos paroles ? Vous n'avez rien à faire ici. »
Punaise. Elle était sèche.
« Des graines de hautes vertus. Trois. » dit-il sans que j'en comprenne le sens.
Quant à Gaia, elle semblait être prise de court, ne s'attendant sans doute pas à une réponse de sa part. Et surement pas celle là.
« Vous êtes allé jusqu'à l'Arbre Monde et vous y avez vue la Mère Prophétesse. Elle ne répond jamais aux questions des entités inférieures. »
« Elle a répondu aux miennes. » dit-elle fièrement.
« Bien entendu. Comme elle a répondu aux siennes. » ajouta t'il, ce qui la surpris une nouvelle fois. « Aucune force dans tout l'Univers ose le défier. Il est bien supérieur à tous les autres. Il vous surpasse en tout point. » affirma t'il. « Si, si. Je vous l'assure ! Le Titan Roi lui même avait peur de lui. Certains vous ont mis en garde. Mais vous l'avez laissé faire et laissé vous surpasser ! Vous êtes ridicules ! » dit-il en émettant un grand sourire et en rigolant. « Les enfants dieux, les armes divines, les déesses magiques et maintenant les Racines. Mais qu'elle perte de Temps. »
Racine. J'avais déjà entendu ce nom. Je me souvenais du mot que m'avait écrit Louise la dernière fois qu'on s'était croisé. M'expliquant qu'une force était présente en trois personnes. Une dont la magie était présente en elle. Une autre dont c'était la force divine. Et une dernière, composée d'Amour. C'était ridicule. Je n'avais pas tenu compte de tout ça. Je n'en comprenais ni le sens, ni l'utilité. Mais ça remontait à plus loin que je l'imaginais. Peut-être que c'était l'unique moment que j'aurais de poser la question.
« Pourquoi Racines ? De quoi ça provient ? » lui demandais-je.
Je sentais que Gaia ne voulait pas entendre la réponse. Mais le Loup s’empressa d'y répondre.
« C'est typique des Titans. On vous donne quelque chose et on ne vous explique pas comment vous en servir. Mais c'est tellement évident ! Ce sont les Racines de l'Arbre Monde. Une force contenue dans trois graines de hautes vertus, dont la vieille dame présente ici, pensait que ça permettait de contrer le nouveau Titan Roi. »
Ouranos n'était plus le Titan Roi ? Pensais-je pour moi même. Qu'était-il arrivé à nos mondes ? Je ne connaissais que le sort de ma lune.
« C'était nul ! » s'exclama t'il une nouvelle fois en souriant, avant de poser une main sur son front et de soupirer comme si il était blasé par tout ça. « Le divin n'est qu'un dérivé du Titanesque. Il lui est largement inférieur. Quant à la magie, c'est une force nouvelle. Ils sont encore ignorants de toute la puissance qui peut s'en dégager. Et même si ils la maîtrisent, elle serait encore plus inférieure que la force divine. Et les deux réunis ne feraient pas le poids. Et l'Amour... L'Amour... » répéta t'il en me regardant avec dégoût.
Je me sentais vraiment mal là.
« C'est une force insignifiante. Inutile. Sans le moindre intérêt. C'est qu'une idée. Une petite et infime idée qui germe dans la tête des gens et les rend malheureux et pathétiques. »
« Pourquoi vous n'allez pas lui dire à votre maître ? » le coupa t'elle avec toute l'arrogance dont elle savait faire preuve.
Le loup se passa la langue sur les lèvres. Il semblait embêté par sa phrase. Comme si ça faisait tomber tout son monologue à l'eau.
« Il a batis son existence sur cette force insignifiante. » précisa t'elle en insistant bien sur le dernier mot.
De qui on parlait ? Du nouveau Titan Roi ? Celui qui avait remplacé Ouranos ? Il contrôlait l'Amour ? Est ce que j'avais quelque chose à voir dans tout ça ? Est ce qu'il était mon père ? Non, c'était insensé. Voilà que je me cherchais un second parent vue que le premier se moquait de moi. J'avais ôté cette idée de ma tête, me concentrant sur ce qui se disait et serrant toujours la main de Lily. La pauvre. Déjà que je ne comprenais pas grand chose, ça devait être pire pour elle. L'homme laissa échapper un petit rire nerveux. N'était-il plus sur de ce qu'il disait ?
« Elle n'est qu'une part de lui. Un objectif à atteindre. Mais c'est dans le Temps qu'il puise sa force. Une force que lui seul contrôle. Et là, on parle de quelque chose de bien plus fort que vos trois pitoyables puissances titanesques, divines et... Amour. »
« Ca suffit. » dit-elle catégorique en levant la main en direction du loup.
Ce dernier émis un râle, tandis qu'une trainée de sang maculait sa joue. Elle l'avait blessé à distance ? Il ne semblait pas content. Qui l'aurait été. J'espérais qu'elle était vraiment capable de venir à bout de ce monstre, car le mettre en rogne n'était pas une bonne idée. On gagnait du temps jusqu'à présent. J'en aurais bien gagné davantage, jusqu'à ce qu'une solution miracle se présente à nous.
« Je ne suis pas venu ici pour me battre. » affirma t'il en passant une main sur sa joue et en portant le sang qui coulait, jusqu'à ses lèvres.
C'était écoeurant, mais lui semblait adorer.
« Le Palais des Songes va être détruit et tous leurs espoirs prendront fin. Car votre précieux ami n'aura plus de raisons d'ignorer tous les bienfaits du Ragnarok. »
J'avais la sensation qu'il parlait d'Elliot. Surt, ce qu'il allait devenir, était un Guerrier Légendaire. Il était puissant, fort et si tout porte à croire qu'ils avaient besoin de lui, le priver de ce lieu reviendrait à le priver de Lily. Est ce qu'ils voulaient la détruire elle, afin de l'atteindre lui ? Pourquoi ? En quoi les aiderait-il si ils lui retiraient la personne la plus précieuse à ses yeux ? C'était insensé.
« Reste près de moi. » murmurais-je à Lily, tandis que le Loup m'adressa un petit sourire.
« Que c'est mignon. » dit-il tandis qu'à côté de moi Morphée venait de tomber genou à terre.
Gaia lui adressa un regard.
« Oh... oui bien sûr. Ca déjà commencé. Comment expliquer... » marmona t'il. « Ce lieu est lié à Morphée. Il ressent le poids de toutes les âmes. Un poids parfois trop... écrasant ? »
« C'est insensé ! Aucune âme ne peut avoir un tel impact sur lui ! »
« Sauf si en venant ici, il m'a permis de déposer la toute dernière âme a avoir vue le jour ? »
« Quoi ? » laissais-je échapper.
Ca voulait quoi ça ? Tandis que Morphée était un genou à terre et qu'il ne bougeait plus, sentant sans doute cette âme (?) écrasante sur lui, Gaia adressa un regard paniqué aussi bien au Loup, qu'au Gardien. Qu'est ce qu'il avait voulu dire par ça ? Un peu plus loin une boule d'énergie comme celle qu'on avait touché avec Jules et Lily était apparue. Ce fut à ce moment précis que la main de Lily glissa dans la mienne et que la petite fille tomba par terre, tandis que le Loup souriait toujours.
« Lily ? » dis-je en me penchant pour tenter de la réveiller. Elle gisait par terre.
J'avais redressé sa tête et l'avait posé sur mon genou. Elle ne pouvait pas rester ainsi par terre. Qu'est ce qu'il lui faisait ?
« Il suffit d'un moment précis où cette âme a le plus souffert. Celle où toute la colère de l'Univers tout entier s'est déversé en elle. Le jour où l'Amour a péris. Un point fixe qu'on ne peut briser, qui se déverse ici, dans ce monde des Ombres, et finira par anéantir ces Enfers. »
Gaia ne réagissait pas. Bon sang, mais pourquoi on nous impliquait toujours dans des trucs pareils ?!
« Il se meurt sous le poids de la dernière âme. » murmura t'il à l'intention de Morphée.
Je ne savais pas quoi faire. J'avais une Lily évanouie dans mes bras. Un Gardien à terre. Et une Titanide qui restait là sans rien faire, sentant surement que tout était fini. Que rien ni personne nous sauverait. Comment pouvait-elle baisser les bras ? Comment pouvait-elle me faire ça maintenant ? J'avais une petite fille évanouie dans les bras !
« Bon sang, mais tu vas réagir ?? » hurlais-je à la Titanide, les larmes aux yeux.
Elle tourna la tête dans ma direction et m'adressa un regard totalement perdu. Pourquoi elle ne l'attaquait pas ? Elle pouvait tenter n'importe quoi au lieu de rester là à perdre tout espoir ! Je ne pouvais pas faire grand chose de mon côté, si ce n'était de la supplier d'agir. Elle était une Titanide. Elle devait bien avoir plus d'un tour dans son sac. Pourquoi on la vénérait sinon ? Je passais une main dans les cheveux de Lily. Je ne voulais pas la perdre. Je ne voulais pas rentrer et dire à Elliot que je n'avais pas réussi. Je ne voulais pas que tout ça se produise ! Il y avait un moment où il allait bien falloir qu'on arrête de perdre les gens qu'on aime. Qu'ils nous aient désirés ou non.
« S'il te plait. » murmurais-je dans un sanglot à ma mère. « Ne le laisse pas lui faire du mal. »
Diane Moon
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“I love you to the moon and back”
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Artémis la déesse de la chasse et de la lune herself (même si je viens du monde réel)
Nous venions indéniablement de décrocher le gros lot. Chronos en personne rien que cela. L’ennemi publique numéro un. Celui grâce à qui, nous nous retrouvions tous à œuvrer pour tenter de changer un futur des plus noirs. Très franchement, j’aurais souhaité ardemment que jamais nos chemins ne se croisent. De tous les titans pouvant exister, il était bien celui dont je me méfiais le plus. Japet en comparaison, me paraissait être une promenade de santé. Je n’avais pas décroché un mot. Si le soulagement s’était fait ressentir en retrouvant Robyn, et Vaiana il ne fût de courte durée en apprenant que nous, n’étions manifestement que toutes les trois et que les autres ne semblaient pas nous rejoindre. J’étais inquiète, et les muscles de mon corps, ne s’étaient pas détendus depuis tout à l’heure :
« En quoi sont-ils stupides ? » Demanda Vaiana, son inquiétude faisant écho à la mienne. Elle avait été plus prompte à réagir et silencieusement je l’en remerciais. Je n’étais pas certaine de réussir à formuler une phrase correctement. Pas avec cette boule dans la gorge
« Ils se créent leurs propres ennemis. » Répondit le titan
Cela me fit froncer les sourcils. De quoi diable parlait-il ? J’espérais sincèrement qu’Apollon, Jules et Nora n’aient rien fait d’imprudent. Je voulais me raccrocher à cet infime espoir de les voir revenir tous les trois saints et saufs afin de rentrer le plus rapidement possible chez nous afin de digérer du mieux que l’on pouvait cette histoire. Inutile de se leurrer, elle laisserait des séquelles. Comme tout ce que nous affrontions.
« Et en quoi pourrions-nous vous aider à quoi que ce soit ? Encore Diane je peux peut-être comprendre mais nous n'avons aucun pouvoir avec Robyn » ajouta-t-elle
- Tout n'est pas qu'une question de puissance. Si c'était le cas, je n'aurais pas plus d'utilité que vous dis-je en secouant la tête
Parce que face à Chronos, je ne me faisais aucune illusion. Un grand faussé nous séparait. Quoi qu’il advienne, je restais toujours moins puissante qu’un titan. De plus, étant donné sa manière de me considérer, cela se voyait bien que je n’avais pas beaucoup plus d’utilité qu’elles. Mais Vaiana haussa un sourcil sceptique :
« Un chouilla quand même »
Dans d’autres circonstances, peut-être aurais-je rit, et me serais lancé dans une explication sur mes capacités que ce soient celles commune avec les autres dieux, ou bien celles qui m’étaient propres. Mais les circonstances, ne s’y prêtaient hélas pas le moins du monde. Chronos, lui ne répondit pas. De toute façon, il l’avait déjà dit à Robyn que nous n’avions pas une quelconque utilité à ses yeux. Nous étions, simplement là pour rester en vie, rien de plus. En revanche, je n’aimais pas sa manière de me fixer et d’avancer vers moi. S’il voulait me parler il pouvait tout aussi bien rester à sa place cela ne m’aurait aucunement dérangé bien au contraire :
« Tout est qu'une question de puissance. Car sans elle, on n'est rien. On n’obtient rien. » Autant dire que nous ne partagions pas du tout le même point de vu. Je n’avais jamais compris, ni même adhéré à ce mode de pensé. Et n’avait contrairement à la plupart de mes « frères » et « sœurs » jamais chercher à en acquérir plus toujours plus. Certainement, parce que je craignais que cela ne finisse par me rendre à moitié folle. Nous avions déjà Zeus dans ce cas de figure, inutile de rajouter des personnes en plus. Néanmoins, ceci était ma manière de penser. Les gens avaient chacun un avis différent sur la question je suppose « Je n'ai pas besoin de votre présence ici à toutes les trois. Vous pouvez mourir, ça m'importe peu. Mais il y a une chose dont on doit bien faire attention quand on voyage dans le Temps. C'est qu'une de vos versions avancées ne tue pas accidentellement quelqu'un qu'il a déjà tué. Vous supprimeriez un point fixe de votre propre existence et cela aurait des conséquences. »
Si je rentrais saine et sauve avec tout le monde j’aurais au moins acquit une certitude : je n’aimais définitivement pas ce titan. Avec sa manière de nous prendre de haut, de nous montrer à quel point il nous était supérieur, d’agir comme si nous n’étions que de vulgaires insectes. Il regroupait absolument tout ce que je haïssais chez une personne. Néanmoins, ce fût plus fort que moi. Je ne pouvais pas rester muette. Pas devant ces paroles. Parce qu’encore une fois, je n’étais nullement d’accord avec ce qu’il disait :
- Je ne partage pas cette pensée dis-je très calmement La puissance seule, ne fait pas tout. Il y a des choses bien plus importantes que l'on perd à trop vouloir l'acquérir et la conserver. Quant à cette histoire de point fixe, bien que je comprenne de quoi il s'agisse, je ne vois pas qui à cette époque nous aurions déjà bien pu tuer.
En résumé, nous garder ici était inutile. Autant nous laisser retrouver le restant de notre groupe le plus vite possible. Tout sauf rester une minute de plus ici, dans cette atmosphère tendue à débattre sur la puissance. Comme cela me venait souvent, c’était Zeus la comparaison. Afin de rester le derrière vissé sur son trône à tous nous tyranniser il avait commis des actes tous plus atroces les uns que les autres. J’estimais pour ma part que des valeurs telles que la solidarité, l’amitié, la loyauté ou bien encore l’amour. Avaient bien plus de poids que la puissance justement. Et c’était à des valeurs comme celles-ci que je m’accrochais afin d’avancer.
« Qui a dit que je parlais de vous ? » Rétorqua-t-il avec un air de défi
Inutile de se donner cette peine, personne ne l’avait croisé lors des dernières « escapades » à Titania c’était qu’il devait bien y avoir une raison non ? Nous, n’avions pas besoin d’une baby sitter. D’ailleurs quitte à en avoir une, quelqu’un de meilleure compagnie n’aurait pas été de refus. Tous les titans étaient occupés et il ne restait plus que lui ? Gardant mon cynisme pour moi, je me contentais de le regarder s’éloigner pour retourner à sa place originelle sans pour autant me départir de mon calme. Mon inquiétude n’avait pas cessé pour autant. Mais, dans ce genre de situations j’avais toujours tendance à vouloir rationnaliser les choses. Et garder mon calme, m’aidait à ne pas me laisser entièrement consumer par cette dernière.
« Sans puissance, il n'y a rien. »
Il serra les points, avant de revenir vers moi très calmement. A croire que ce serait à celui qui perdrait son sang froid en premier. Et à l’observer j’aurais plutôt tendance à dire que ce serait lui. Du moins, jusqu’à ce que je ne voie Vaiana, ainsi que Robyn s’évanouir. Mon cœur tambourina dans ma poitrine, alors que le petit animal de la jeune femme tentait de la réveiller comme il le pouvait. Alors c’était cela ? Il voulait me prouver à quel point il était puissant à quel point nous n’étions rien. Je serrais les dents. Avant de sentir une force colossale me submerger, si bien qu’il me fût impossible d’esquisser le moindre mouvement. Seuls les battements effrénés de mon cœur me raccrochaient encore à la réalité
« La puissance seule, ne fait pas tout. Mais elle est la base de toute chose. Sans elle, on n'est rien, on ne peut rien faire, on n'a aucunement la faculté de sauver les gens qu'on aime. »
Il jeta un coup d’œil vers mes deux amies toujours inconscientes comme pour me faire comprendre que leur vie ne tenait qu’à un fil et que cela ne dépendait pas de ma volonté mais uniquement de la sienne
« La puissance est tout. Absolument tout. Tu peux espérer obtenir quelque chose qu'en ayant d'abord la puissance nécessaire pour imposer ta volonté, Diane. »
Deux choses. La première il allait arrêter de m’appeler ainsi. Nous n’avions pas chassé le minotaure ensemble que je sache. Et qu’il ne vienne pas me dire qu’il ignore comment je m’appelle réellement. Ce n’est pas parce que Robyn et Vaiana m’appellent « Diane » que lui peu se le permettre. C’était quoi, encore une preuve qu’avec la puissance il pouvait faire ce qu’il voulait même m’appeler par mon nom d’emprunt ? Et puisque nous parlions de cela justement, la seconde chose était que ce n’était pas parce que l’on était puissant que l’on pouvait pour autant se permettre de mépriser à ce point les autres. A le voir ainsi agir avec les deux autres membres du groupe, cela me rendait furieuse :
- Artémis. C'est mon nom de naissance. Diane, c'est un surnom que mes proches, ma famille, mes amis utilisent. Sauf votre respect, c'est un autre titan qui m'appelle ainsi. Vous, ne m'appréciez pas. Je reconnais être un peu naïve, sur certaines choses mais je sais reconnaitre quand une personne n'a que peu de considération pour moi. Et à quoi sert donc la puissance si l'on en vient à mépriser la vie d’autrui ?
N'était-ce pas après tout ce qu’il était en train de démontrer en s’en prenant ainsi aux filles ? Qu’il méprisait totalement la vie d’autrui ? Parce que pour moi cela y ressemblait vraiment. Et c’était la preuve que son pouvoir lui était monté à la tête. Mais, c’était toujours le cas avec ce genre d’individu. Ils finissaient par se croire supérieur aux autres, et à ne plus les voir que comme des pions, facilement remplaçable. Petit à petit la puissance qui me maintenait immobile s’atténua. Si bien que je pu à nouveau bouger. Pour autant, Chronos ne détacha pas son regard du mien. Là aussi, cela allait être à celui qui détournerait le regard en premier ?
« Je ne t'ai pas toujours méprisé. » lâcha-t-il « J'ai cru en chacun d'entre vous. Je vous ai à tous donné votre chance ! Mais vous n'avez été que déception... »
Vraiment ? Permettez-moi d’être sceptique sur ce point. Quoi qu’il en soit mon attention fût rapidement attiré par Robyn et Vaiana qui retrouvaient petit à petit connaissance. Voilà déjà un poids en moins. Il leur faudrait un peu de temps pour reprendre totalement leurs esprits, mais elles semblaient libérer et aller bien -ou tout du moins aussi bien que pouvait l’exiger la situation actuelle- à bien y réfléchir, ce n’était pas la première fois que j’assistais à quelque chose comme cela. Mais, c’était dans d’autres circonstances, avec une autre personne et pas dans le but de montrer qui était le plus fort -même si Jules n’avait pas apprécié l’action de Neil ce que je pouvais concevoir-
« Je ne méprise pas la vie. Au contraire. Je lui redonne vie. » Je haussais un sourcil à nouveau sceptique tandis qu’il poursuivait « Crois-tu que je cherche à détruire l'Univers ? Que sais-tu réellement de moi ? Le Titan fou ? C'est ce qu'on a pu t'en dire. Mais ce n'est pas la vérité. Je les effraye. Ils ont peur. Peur de découvrir que j'avais raison. » Il marqua une pause avant de reprendre son discours « Les Titans n'aiment pas le changement. Ils ont peur de l'inconnu. Ils aiment tout contrôler. Je suis là pour leur montrer la voie à suivre. Celle du renouveau. »
D’accord, il avait complètement perdue la raison. Seul un illuminé pouvait parler ainsi. Et c’était clairement l’effet qu’il me faisait. Les filles quant à elles s’étaient relevées, comme totalement reboosté par un sentiment de bien être totale que je pouvais également ressentir. Cela me rappelait la manière qu’avait Hypérion de nous apaiser. Mais, j’admets que venant de Chronos je m’en serais volontiers passé pour ma part.
« Trop d'erreurs ont été commises, par bien trop de personnes. Je peux réparer toutes ces erreurs. Mon Ragnarök redonnera vie à chaque chose, à chaque être, à chaque parcelle de vie. Une renaissance où tous ceux qui m'auront aidé y trouveront leur place. Un nouvel Univers. Bien plus grand, bien plus beau, bien plus juste. »
Je mourrais d’envie de faire tournoyer mon indexe à côté de ma tempe mais préférait m’en abstenir. J’aurais pu utiliser tous les verbes du champ lexical de la folie, mais aucun ne me semblait suffisamment pertinent pour exprimer mon ressentis face à ses mots. Je n’appréciais pas non plus, sa manière de me fixer, comme s’il pouvait lire en moi. Les quelques secondes où il avait regardé autour de lui, après que les filles n’aient retrouvées leurs forces et où il semblait visualiser ce qu’il disait n’étaient pas plus rassurante, mais je crois que je les préférais :
« N'as-tu jamais rêvé d'un avenir meilleur ? N'as-tu jamais eu le moindre regret ? Et si tu pouvais revenir en arrière ? Si tu pouvais les faire revenir ? » Je me tendis immédiatement suite à sa question, alors que des voix retentissaient dans ma tête, des éclats de rire vestiges du passé venant des cinq chasseresses que j’avais perdue lors de la guerre divine « Un Univers où tu ne pleureras ni ton fils... » Cette fois-ci, ce fut la voix de Phobos qui retenti sans que je n’arrive à discerner ce qu’il disait « Ni ton frère. » Comme pour les précédentes personnes, ce fût au tour de celle d’Apollon de résonner dans ma tête « Ne le souhaites tu pas ? Cette paix éternelle ? » Conclu-t-il
Par-dessus tout, s’il y avait une chose que je haïssais, c’était que l’on entre dans mon esprit, et que l’on joue avec mes sentiments. Particulièrement, quand cela concernait les personnes que j’avais perdu. A son avis ? Il n’y avait pas un jour sans que je n’aie des regrets, sans que je ne me dise que les choses auraient pu être autrement. Mais s’amuser avec les fragments brisés de mon cœur, n’allait faire que me braquer. Je n’aimais pas que l’on s’introduise ainsi dans ce que j’estimais appartenir au domaine du privée. Comme Beth, qui s’était amusée de mes conflits avec Poséidon en Octobre dernier.
- Qui n'a jamais eu de regrets ? Qui n'a jamais pensé que les choses auraient pu tourner autrement ? Bien sûr, que j'en ai. Bien sûr que j'aurais aimé ne jamais les perdre. Pour autant, si je pouvais leur parler maintenant que me diraient-ils ? Qu'est que mes chasseresses et Phobos me diraient ? De les ramener quel qu'en soit le prix ? Ou bien de les laisser ? Quant à Apollon, nous savons tous les deux que ce n'est pas moi qui aurait à subir son absence. Et je m'en veux, terriblement de devoir lui faire subir cela. Mais, je sais pertinemment que lui si les rôles devaient être inversés ne voudrait pas, que je me montre à ce point égoïste. Et pire encore que de le perdre, c'est lire la déception dans ses yeux qui me briserait.
Il eu un sourire supérieur. Toujours cette manie de prendre les gens de haut…
« Tu as appris à vivre avec ça ? Tu l'as habitué également ? Mais penses-tu que tout est écrit à l'avance ? » S’il savait…Je n’ai pas habitué mon frère à vivre avec cette idée bien au contraire. Lui qui ne cessait de répéter que le futur n’était pas écrit, que les choses pouvaient encore changer, je le poussais toujours plus à y croire même si je n’en étais pas moi-même convaincu. De plus, si j’avais remarqué cette ombre dans le regard de Neil quand elle me regardait, ce n’était pas moi qui avait apporté la nouvelle en premier mais lui. Silencieusement, je regardais Chronos secouer légèrement la tête « Le Temps n'est pas une donnée fixe. Certains points le sont pour qu'il puisse exister, mais pas tous. Il ondule au fil des époques, au fil des saisons. Il se ressent. Je le comprends comme personne. Il est la moitié de moi et je suis la moitié de lui. Et je peux t'affirmer que dans l'état actuel des choses, non, Diane, tu ne mourras pas la première. Mais pourra tu vivres avec son absence ? »
Voulait-il bien arrêter de m’appeler ainsi ? Nous n’étions pas amis, et clairement pas en train de le devenir. Alors, s’il pouvait arrêter de m’appeler Diane j’en serais ravis. De plus, pour monsieur je me crois supérieur à tout le monde, me nommer Artémis lui donnerait l’air de me mépriser encore plus. Alors qu’il ne se gêne pas pour le faire. Refoulant, mon agacement quant à mon prénom je fermais les yeux quelques instants. Afin d’essayer d’ignorer l’étau qui me comprimait la poitrine. N’y avait-il donc aucune issus ? L’un de nous était-il fatalement obligé de mourir ? Je ne voulais pas y croire. Les choses avaient changé pas vrai ? Alors, elles pouvaient encore le faire. Nous pouvions, encore espérer ne pas être séparé. J’avais vécu sans lui, pendant vingt et un ans, et pendant une année de plus enfermée au Cocyte. A chaque fois, la séparation avait été douloureuse. C’était comme s’il manquait une partie de moi-même. Je savais que ce serait bien pire, s’il venait à disparaître à jamais. Et pourtant, malgré toute la douleur que je ressentirais, malgré le fait que je finirais immanquablement par ne plus être que l’ombre de moi-même, une coquille vide. Je ne pouvais me résoudre à envisager les choses comme Chronos. Parce qu’Apollon refuserait que je le ramène de cette manière. A quoi bon, l’avoir bien en vie devant moi si c’est pour me rendre compte que je l’avais déçu ? Cela casserait à tout jamais quelque chose entre nous. Et je sais, que cela je ne pourrais pas le supporter car ce serait bien pire que sa mort.
- Ce n'est pas vivre, c'est survivre. Comment peut-on vivre lorsque l'on est plus qu'une moitié de personne ? Pour autant, tout comme j'aurais voulu qu'il tienne jusqu'au bout et qu'il continue de se battre pour ses convictions je sais qu'il voudrait que je fasse de même. Faire l'inverse reviendrait à le trahir. Et s'il y a bien une chose que je sais. C'est que jamais, je ne pourrais trahir Apollon ni même aller contre sa volonté. Il est l'autre partie de moi-même. Pour toujours et à jamais
Je croisais le regard anxieux de Vaiana, à qui j’adressais un léger signe de tête pour la rassurer. J’étais loin de me sentir aussi vaillante que je voulais bien le montrer. Mais pour mes amies qui étaient tout aussi inquiète que moi, je me devais d’en avoir au moins l’air.
« Mais s’il n'y a ni combat, ni mort à la fin. Comment ferais-tu pour vivre sans... »
Il se stoppa, à son visage il était aisé de deviner qu’il avait les traits tirés. Sans doute avait-il beaucoup vécu, beaucoup de combats, beaucoup de souffrances…Probablement aurais-je eu de l’empathie pour lui si les choses avaient été différentes. Mais il osait me parler d’Apollon, alors que c’était l’un de ses cavaliers qui l’avait fait sortir de la boucle temporelle et ce dans l’unique but de le tuer. Probablement avait-il perdu quelqu’un et son immortalité l’empêchait de retrouver la personne en question. Mais, encore une fois je n’arrivais pas à me sentir désolée pour lui. J’aurais voulu l’être mais j’avais beau essayer rien n’y faisait.
« Ses convictions. Il doit se battre pour ses convictions. C'est ce que tu souhaites pour lui. C'est ce que je fais. Je me bats jour après jour pour mes convictions parce que je sais que tôt ou tard, je pourrais leur prouver à tous que j'avais raison. Que je peux ramener n'importe qui, de n'importe où. »
Il soupira, et pencha sa tête sur le côté. Comme si quelqu’un que nous ne pouvions pas entendre s’adressait à lui, puis à nouveau son regard se porta sur nous.
« Peut-être que vous saurez plus tôt que vous le pensez, ce que c'est de perdre une personne qui vous est chers. Et peut-être que vous pourrez me prouver ce que vous me reprochez. C'est qu'on peut s'habituer à l'absence d'un être aussi exceptionnel. A l'absence de notre moitié. »
Mon sang ne fit qu’un tour. Tandis-que les connexions se faisaient. Les autres étaient en danger, c’était une certitude, tout comme celle de ne pas rester là. Qu’il aille au diable, je refusais de rester là les bras croisés à attendre :
« Vous vous foutez de notre gueule ? S’il leur arrive quoi que ce soit je dirai bien que je vous tuerais mais je pense pas avoir une chance alors disons que j'essaierais » S’emporta Robyn, serrant les poings malgré sa peur
« Aidez-les ! Ou laissez-nous les aider au moins ! Amenez les ici en sécurité ! » Rajouta Vaiana
Mâchoires crispées, si je n’ajoutais rien je n’en pensais pas moins. Cela l’amusait-il donc ? Qu’espérait-il ? Enrôler de nouvelles personnes pour sa cause ?
« Je ne peux pas me rendre où ils sont. » dit-il en laissant passer quelques secondes sans rien ajouter « Mais ne vous en faites pas... votre amie vous l'a dit... on peut s'habituer à une absence. »
C’est sans doute son ironie qui me fit oublier toute prudence, et ce fût à mon tour d’encrer mon regard dans le sien. L’on pouvait lire tout le mépris qu’il m’inspirait. Qu’il sache que ce sentiment était réciproque de mon côté :
- C'est facile de déformer les propos des gens en les sortant de leur contexte et en leur donnant l'interprétation que l'on souhaite dis-je cassante
Parce que je n’avais jamais ne serait-ce que sous-entendu que l’on s’habituait à une absence. Mes chasseresses, mon fils…Ce serait pour toujours des blessures qui ne se refermerons pas. Elles cicatriseraient tout juste. Mais, le simple sourire de l’une d’entre elles sur de vieilles photographies ou bien le portrait de lui qu’Apollon m’avait offert à Noël me rappelait que je les avaient aimés, et que je les avaient perdus. Pour autant… Sa solution ne m’apparaissait pas comme la meilleure qui soit. Déclencher un Ragnarök, détruire toutes les personnes se trouvant sur son passage… Il était tellement persuadé que cela marcherait. Et si cela ne marchait pas ? Si cela n’apportait comme nous le pensions tous que chaos, mort et destruction ?