C'est... particulier.

Combattre dans le noir n'était pas ma tasse de thé. Combattre dans le noir, nu, avec un corps défectueux de la tête au pied, et sans mon épée, ne m'arrangeait donc en rien. Je m'estimais donc heureux de ne pas être seul.

J'espérais que ce roi gravement atteint mentalement payait bien. Car avec tout cette épopée pour chercher un gland, il avait plutôt intérêt à payer l'équivalent d'un trésor. Car retrouver son trésor en échange de retrait du tatouage grotesque, c'était un chantage plus qu'autre chose. Un vrai marché nécessitait un paiement en retour. Et je comptais bien le lui faire comprendre. Après la torture que je lui réservais pour lui faire comprendre son erreur en m'ayant dérobé mon épée.

Mon épée, justement, pour la suite du plan, aurait pu m'être bien plus utile. Mais je m'estimais heureux, sans autre choix de toute façon, lorsque Aster me confia un silex pour ce qu'il prévoyait. Je compris vite ce qu'il attendait de moi : ce qu'il faisait était sans doute la meilleure chose à faire puisque les moyens physiques qu'ils avaient semblaient impossible à réaliser. Moi aussi, j'aurai opté pour la ruse. La diversion semblait de toute façon la seule façon de vaincre cette chose.

Entendant le cri d'Aster un peu plus loin pour détourner l'attention du monde, je tentais de m'approcher dans le noir vers la source du bruit, lorsque... je n'entendis plus rien d'autres qu'un bruit étouffé.

Aster ? Avais-je doucement tenté dans un murmure pour m'assurer de son état. Mais, étant à l'aveugle et donc totalement handicapé, je ne pus aller bien loin. Sans nouvelles d'Aster, c'est finalement lui (et donc, la plante) qui me trouva en première, lorsque, à mon tour, je m'étais retrouvé dans l'estomac de la plante en compagnie de l'ex-lapin qui s'était fait prendre aussi.

J'aurai bien aimé sortir quelque chose pour une telle situation, mais la plante ne cessa pas de bouger, nous faisant remuer dans tous les sens, avec violence. Je me heurtai à mon compagnon de voyage plusieurs fois, et nos têtes ne cessèrent de tourner encore et encore... Jusqu'à ce que la plante vienne appuyer sur mon visage pour percuter celui d'Aster.

Excusez moi ! M'empressai-je de lui dire en éloignant mon visage du sien, m'excusant de l'avoir malencontreusement... embrassé. Oh oui, le roi des glands allait devoir en trouver des façons de se racheter pour tout ça !

Ca suffit, je ne vais pas passer les prochaines heures ici. Je regardais autour de moi, à l'affut du moindre point faible à cette maudite fleur, jusqu'à trouver, au fond, une petite lueur verte qui éclairait deux fils, un rouge, et un bleu. C'était un passage cliché certainement, pour beaucoup. Mais Ulysse n'était pas vraiment familier avec le fonctionnement des bombes. Ainsi, voyant là un point faible, il décida de trancher les deux fils sans hésitation.

Bien évidemment, ce fut la mauvaise chose à faire, ce qui me fit grincer les dents si fort que je m'en faisais mal à la mâchoire. Il y eut un grand silence, et je savais que cette absence de bruit n'annonçait rien de bon. Et alors, d'un coup, la plante se remplit d'un liquide verdâtre qui, comme le silence juste avant, ne semblait également être un mauvais signe. La nature de ce bain semblait évidente : ce liquide aussi épais que de la lave semblait être le suc digestif. Notre monstre commençait à nous manger ?

A partir de là, une seule solution s'imposait à nous. Je pris ma pierre taillée, en tentant de taillader les paroies de la plante, mais, encore à l'absence de surprise générale, l'opération ne me menait pas loin : la plante n'aidait pas puisqu'elle tournait toujours, nous donnant encore envie de tout sortir en vomissant tant je commençais à m'étourdir sérieusement.

Puis... dans un bruit qui ressemblait étonnement à celle d'une chasse d'eau, l'eau s'écoula d'elle même, toujours en tournant, en tournant, pour petit s'échapper par le queue de la plante. Je levais un sourcil étonné. Le réseau des eaux usagées était étonnement opérationnel dans l'âge de glace ! C'était presque fascinant de constater tous les anachronismes de cet univers. Hélas, j'avais autre chose à faire. Car bien entendu, nous n'avions aucun appui, aucune retenue, et nos corps se faisaient lamentablement entraîné par le liquide.
Mon corps, bien plus grand que le trou par lequel l'eau nous entrainé, se débattit quelques instants. Sauf que le liquide rentrait le défi beaucoup moins pratique et beaucoup plus handicapant.

Je soupirais, voyant que la situation était désespérée. J'étais déjà bien tombé, et il nous semblait impossible de nous extirer de là. Alors je m'étais laissé tombé, accélérant donc la chute d'Aster.
La suite était très étonnante : nous étions passé à vive allure dans un réseau gigantesque de racines sous terre, qui semblait vraiment à une tuyauterie. Ce monde était définitivement surprenant.

Et c'est comme si l'instant d'après... j'avais touché la neige. Pas juste après, mais ça s'était passé si vite ! Mes pieds avaient heurté un sol tremblant fragile. J'avais haussé les sourcils ayant pensé au centre de la terre au premier abord. Ce qui n'était peut être pas impossible. Une violente pression me fit faire en toute vitesse le chemin averse pour retourner vers la surface... et bien plus ! En un temps records, nous étions parvenus à rejoindre notre objectif final : échapper à la jungle et retrouver la neige de l'extérieur.
Mon corps était très endolori par la douleur, mais nous n'avions pas de temps à perdre. Pas pour éviter de prendre un rhume au vue de mon sérieux manque d'acoutrement (puisque avec tout ça j'avais depuis longtemps perdu la peau de vache), mais surtout parce que nous étions seul et que...

Il y a une tempête. Très près en fait. Ca ne me faisait pas peur, j'en avais traversé des centaines sur mer. Mais cela n'empêchait pas que cela pouvait représenter un danger et qu'il fallait à tout prix avancer. J'étais certains que les autres avaient réussi à continuer, qu'ils avaient eux aussi retrouvé la surface : une boite en plastique vide, mais donc quelques traces de sauces restaient, près d'un lac, semblait le prouver.

Dépêchons nous, ils ne sont pas loins, indiquais-je à Aster. Mais façon de parler, j'avais toujours beaucoup mal à la marche. Cette situation m'agaçait d'ailleurs. S'handicaper était beaucoup trop insupportable.

Heureusement, nous avions rapidement trouvé des traces pas, mais alors il fallait vraiment aller vite : le vent était grand, la pluie commençait déjà à s'abattre, nous devions avancer avant que ça ne s'aggrave et efface totalement les traces de pas sur le sol.
Et nous l'avions fait, nous sommes parvenus à une grotte, où ils étaient tous.
Un sourire assez soulagé se dessina sur mon visage.

D'accord... maintenant je vais peut être me reposer.

La quête du gland.. et des emmerdes.

Il faisait un froid si polaire, sans mauvais jeu de mot, que même les ours de ces contrées devaient se terrer à des dizaines de kilomètres sous terre pour espérer ne pas le ressentir. Adam avait l’impression d’être un de ces colons qui découvre de nouvelles terres dans l’espoir de fonder une seconde Amérique… Et qui finalement ne sont pris qu’à leur propre jeu par la Nature. Cette dernière savait être cruelle et malmener les importuns qui osaient se perdre dans des endroits où elle ne souhaitait pas être dérangée. Peut-être était-ce un de ces paradis inviolables ? Après mûre réflexion, il décida que non. Jamais un paradis naturel ne pourrait être gouverné par quelqu’un au nom aussi stupide que « Roi des glands », ou simplement valider l’existence du paresseux puant pour qui Figue s’était prise d’affection. Sincèrement cette gamine avait des cases en moins dans son esprit… Ou en trop. Elle ne semblait pas toujours toute seule là-haut.

La nuit s’était installée et, même s’il avait voulu sortir de là, la bête n’aurait pas pu. La tempête faisait rage avec tant de violence que de la neige ne tarda pas à s’amonceler devant l’entrée, les forçant à s’éloigner de quelques mètres pour être enfin à l’abri du vent et de ses méfaits. Un feu était allumé, maigre consolation mais tout de même salvatrice quand on les voyait se mettre à grelotter les uns après les autres. Adam ne fut pas mécontent que Figue l’oublie et et parte jeter son dévolu sur quelqu’un d’autre, remarquant au passage que les deux hommes du début les avaient retrouvés. Cet endroit ne devait vraiment pas être très grand pour qu’ils parviennent à se croiser aussi souvent. Au moins aucun n’était mort de froid dans un coin, ou pas encore.

Un silence plutôt religieux s’installa alors, la plupart étant soit trop fatigué pour parler soit trop frigorifié. Il entendit plusieurs fois des chuchotements mais, fort heureusement, aucun commentaire sur son changement d’apparence que ces gens semblaient prendre de manière toute à fait naturelle… Ils remontaient un peu dans son estime, même s’il ne pouvait s’empêcher de penser qu’ils tenaient leur langue par pure politesse. Il tripotait le coin de sa chemise, s’étant calé contre la paroi un peu à l’écart du feu, lorsqu’il remarqua que la sorcière de cette troupe se trouvait non loin de lui : Morrigan. Il l’avait rencontré un an plus tôt, pas dans les meilleures conditions et elle ne lui avait pas laissé un souvenir si positif que cela. Il s’attendait presque à ce qu’elle déchaine sa magie à tout instant mais il n’en semblait rien. Au contraire, elle se contentait de le fixer avec un air un peu curieux.

« C'est un coup du Roi des Glands ou vous venez juste de reprendre votre forme véritable ? » Demanda-t-elle, contre toute attente.

Il la toisa des pieds à la tête, ne sachant pas si elle venait là de se moquer ou bien de lui poser une vraie question. Dans le doute, la Bête lui adressa un regard sombre avant de détourner le regard pour fixer le feu. De quoi est-ce qu’elle se mêlait ?!

« Allez-y, moquez-vous. Il est vrai que nous n’avons que ça à faire ici. »

« Ma foi, il faut bien s'occuper en attendant la fin de la tempête. » C’était certain, moquons-nous donc du monstre qu’il était devenu pour faire passer le temps ! En voilà une activité des plus ludiques… « A moins que vous n'ayez une idée à proposer ? »

Que croyait-il qu’il allait faire ? Extraire une table de billard de ses poches ou bien faire des tours de passe-passe avec des cartes pour les impressionner ? Il n’avait rien de la sorte sous sa cape et encore moins la motivation de quoi que ce soit. Et puis, c’était elle, la magicienne. Pas lui.

« Ne cachez vous rien dans vos manches pour nous distraire ? Je crois me rappeler que vous dissimulez bien votre jeu. »

« Peut-être avant, quand je n'étais pas affublée de ce costume ridicule... Mais là, vous avouerez qu'il est compliqué de cacher quoi que ce soit. »

Morrigan désigna la tenue de chat qu’elle portait encore. Il était vrai qu’elle n’avait pas eu de grandes chances dans ce choix, même si ce n’était pas pire que la rouquine qui s’était vu offrir une pilosité digne de King Kong. Avec plus de malchance elle aurait pu finir avec une queue de poisson ou une tête de sanglier, ce qui était encore moins pratique pour garder son sérieux et sa dignité. Après il préféra ne pas y penser trop vite, quelque chose lui soufflait qu’ils n’étaient pas au bout de leurs surprises.

« Cette quête est tout bonnement ridicule. » Déclara Adam d’un ton las, ne pouvant qu’acquiescer à sa remarque. Cette quête, cet endroit et cette magie qui semblait se moquer d’eux à tout instant. « Quelqu’un se joue de nous et se complait à nous avilir. N’avez vous aucune idée de qui cela pourrait être ? »

Après tout, peut-être avait-elle des contacts hauts placés dans le domaine de la bêtise ou de la sorcellerie pour en avoir une petite idée ? Il espérait à la fois qu’elle lui réponde par la positive pour se sentir un peu mieux aiguillé, mais aussi par la négation car connaître ce Roi des Glands ne semblait pas être idéal pour avoir une vie saine et sereine. Il n’y avait qu’à voir le vendeur dans la boutique qui n’était pas capable d’aligner trois phrases cohérentes ! Dès qu’il revenait il l’arrêtait. Il ne savait pas encore pour quelle raison mais sa simple existence justifiait qu’il soit placé en garde à vue pendant les vingt-quatre prochaines heures ; au pire le shérif Wright interviendrait pour le rappeler à l’ordre.

Il n’était plus à ça près, après la tenue d’officier disparue pour quelque chose en cuir désagréable, son faciès de Bête en pleine nuit – où on ne pouvait plus discerner le gland sur son front grâce à ses poils – plus rien ne pourrait vraiment l’attendre sur sa fierté. Ou presque.

Morrigan reprit la parole en secourant la tête, apportant la réponse avant les paroles.

« Malheureusement non... Sinon croyez bien que je lui aurais déjà fait passer l'envie de continuer à nous prendre pour des marionnettes. »

Ils étaient au moins deux, pensa Adam. Il laissa planer un long silence après avoir poussé un soupir, bougeant légèrement pour retirer le caillou qui lui appuyait au creux des reins et l’empêchait de trouver une position confortable – si on pouvait espérer avoir une notion de confort dans cet endroit. En parlant de cela, son regard ne manqua pas le bleuté qui se dessinait autour des lèvres de la sorcière et ses tremblements réguliers.

« Vous n’avez pas froid ? » Osa-t-il demander.

« Si, pourquoi ? »

Elle avait un ton suspicieux auquel il décida de ne pas donner suite, bougeant une patte pour détacher la lourde cape bordeaux de ses épaules et la passa par-dessus sa tête. Elle était encore un peu humide mais à proximité des flammes elle sècherait rapidement… Et il la lui tendit, simplement.

« Tenez. Je n’ai pas froid. »

Avec tous ces poils… Il devait reconnaître que cette forme avait des avantages indéniables. Contre toute attente, Morrigan parue surprise et marqua un temps d’hésitation avant de la prendre. Quoi ? Il n’allait ni l’empoisonner, ni la nimber d’arsenic ni lui filer des puces, promis. Il n’avait pas de puces de toute manière.

« Merci… »

« De rien. » Renâcla Adam, détournant la tête en refusant d’accepter la marque de sympathie. « N’allez pas croire quoi que ce soit. »

« Que vous êtes plus boule de poils que monstre sans cœur ? Pourquoi irais-je croire une chose pareille ? »

Son ton ironique l’agaça au point de grogner et de gronder, se tournant sur le côté pour ne plus la regarder. Décidément, il avait vraiment du mal à accepter d’être sympathique. Il allait devoir reprendre du poil… de la Bête.

Bref.

La quête du gland

Après un bon bain glacé, Morrigan et Lucile réussirent à rentrer dans la grotte où les autres s'étaient réfugiés. Malgré le feu et le fait qu'ils étaient à l'abri de la tempête, la sorcière grelottait. Mais elle était trop curieuse par le changement d'Adam. Ainsi donc il s'était transformé avec la nuit. C'était franchement étrange de voir ça... Et la brune était trop curieuse de nature pour ne pas se demander si c'était un coup du Glandu Suprême ou si c'était quelque chose d'autre.

Après une discussion avec lui, Morrigan se retrouva avec sa cape. Elle était très surprise qu'il ait eu ce geste, surtout pour elle. Il ne cachait pas son aversion pour elle et pourtant, il avait eu ce geste. La sorcière ne savait pas comment le prendre en vrai. Aussi l'avait-elle remercié puis s'était-elle installée près de Figue, puisqu'Adam faisait la tête. Elle enroula la cape sur le chaton qui se mit à ronronner.

- Ça va Chaton ? Demanda-t-elle doucement.

« Mmmhouiii.. » Dit-elle en se blottissant contre Morrigan pour capter la chaleur et sans cesser de ronronner.

Morrigan ne put s'empêcher de sourire en caressant la tête de la brunette. Décidément, elle avait un sacré faible pour cet ancien félin... En relevant la tête, la sorcière remarqua la Mémé non loin.

- Toujours en vie l'ancêtre ? Z'avez réussi à survivre comment ? Demanda-t-elle.

Pour toute réponse, elle se prit un méchant coup de canne dans le dos. Bordel. C'était une sacrée vieille ! On aurait pas dit comme ça, mais elle avait de la force la poussière sur pattes !

« Respecte tes aînés, toi aussi t’es pas loin de devenir un vieux crouton. » Répliqua-t-elle avant de lui lancer un petit sourire en coin « Je suis bien plus débrouillarde que vous, bande de bras cassés ! »

- Tant que je deviens pas décrépie comme vous, ça ira... Répondit Morrigan en la fusillant du regard. Et comment vous pouvez savoir mon âge au fait ? Demanda-t-elle un peu étonnée. Ouais, en gros, y a quelqu'un qui a fait le boulot pour vous pas vrai ?

« Oh mais tu deviendras bien pire, regarde cette poitrine qui tombe, ces rides sur ton front, et cette peau flasque. C’est le début » Mémé haussa les épaules en attrapant un nouvel poisson grillé. « Prend les, utilise les, et jette les, voilà comment ça marche. Si vous preniez seulement ce dont vous avez besoin, vous n’auriez pas l’air d’un bande d’hanneton unijambiste. »

- J'aime cette philosophie. Je le fais aussi. Répondit-elle après avoir levé les yeux au ciel. Et si vous nous aidiez au lieu de grommeler dans votre barbe ?

« Vous aider ? Et pourquoi ? »

- Pour qu'on reparte plus vite et qu'on vous fiche la paix. Répondit-elle de façon tout à fait logique.

« Vous voulez mon aide ? Sortez donc dans la tempête en faisant la danse du soleil, ça marchera peut être. »

- Passez devant, je vous suis.

Quelle vieille peau franchement... Et pourtant, Morrigan ne pouvait s'empêcher d'apprécier la vieille. C'était cool cette façon d'agir.

« Je dois vous aider et vous accompagner ? Y’a pas marqué grouillou sur mon front ! »

- Ah oui ? J'avais cru pourtant...

Mémé leva les yeux au ciel en lui jetant le squelette du poisson au pied : « Croyez ce que vous voulez, c’est pas mon problème »

Morrigan ne répondit même pas. Elle se contenta de lever les yeux au ciel et de s'adosser par la suite contre le mur tout en continuant de partager sa cape avec Figue.

C'est... particulier.

J'avais souris à Figue, la laissant se rendormir, en dépit de ce qu'elle disait, retournant au fond de la grotte, afin d'avoir une vue d'ensemble. Elle était étonnement très attachante, cette petite.
Je m'étais assis en croisant les jambes, mes bras allongés sur celles-ci, travaillant sur ma respiration pour méditer quelques instants, lorsque je fus distrait par quelqu'un qui bougeait, ayant du mal à trouver le sommeil.

Je vois qu'on a du mal à s'endormir ? dit-il doucement
Hum... Fit-elle en se redressant légèrement, forçant un sourire à mon égard lorsqu'elle me regarda. Oui c'est vrai, je suis inquiète.

Elle avait eu du mal à terminer sa phrase, sa voix s'étend brisée en une multitude de larmes qu'elle semblait retenir.

Depuis notre dernière conversation, les événements ne vous ont pas motivée à suivre mes conseils, n'est-ce pas ? Fis-je d'une voix compatissante, tentant de la faire parler afin qu'elle se vide du poids qu'elle semblait porter. Vous faites une erreur. Se retenir est ce qui cause les pires souffrances. Si l'envie de pleurer vous vient, alors pleurez.

Lucile se releva pour se rapprocher dur mur avant de rapprocher ses jambes de sa poitrine.
Effectivement, les choses ne vont pas en s'arrangeant. Elle poussa un long soupir, alors qu'elle me levais des yeux pleins de larmes. Je...Je n'en peux plus. Elle finit ainsi par suivre mon conseil, ne retenant plus ses larmes. Je veux retrouver mon apparence mais je veux surtout rentrer à Storybrooke pour revoir mon petit bébé, elle n'a jamais été séparée de moi si longtemps.

Je n'avais pas hésité à me rapprocher d'elle, pour m'asseoir à côté, le regard posé sur les flammes. Permettez-moi de vous raconter une histoire. Puis-je ?

Intriguée, elle posa son regard sur moi, avant de regarder le feu avec attention. Je suis toute à votre écoute.

La vie m'a appris une chose : nous ne sommes pas heureux lorsque nous sommes coincés là où nous ne sommes pas destinés à être. Mais une chose est sure, on finit toujours par trouver ce que l'on cherche. Mon destin n'était pas rattaché à quelqu'un, mais à quelque chose. Découvrir les contrées au-delà de l'horizon. Partir à l'aventure. Ce jour là, où je m'élançais dans ce voyage, j'appris enfin la signification de mon nom si exotique dans mon pays natal : Ulysse veut dire explorateur. Le destin est une force si fascinante, qui ne rate jamais son oeuvre. Je me suis depuis lors intéressé à cela. Les prénoms. Ils sont si fort, alors qu'on ne le soupçonne même pas. Ils sont bien souvent le reflet de notre destinée. Lucile... Lucile est un ancien prénom que l'on retrouve dans beaucoup d'ouvrage. Il veut dire "Lumière". C'est ce à quoi le livre de votre existence vous a rattaché. Savez-vous pourquoi c'est si beau ? Car la lumière est présente partout, et là où elle n'est pas encore, elle est toujours capable de naître, d'une façon ou d'une autre. Les étoiles ont la capacité merveilleuse de rayonner à travers le temps et l'étendue de l'univers. Votre destin vous l'a écrit : qu'importe où vous êtes, vous trouverez toujours le chemin du retour, ou du chapitre suivant, quelque soit votre désir.


Je... Un sourire, sincère cette fois, revint illustrer son visage. Puis elle essuya ses larmes du revers de sa main. Vous avez raison Ulysse.
Elle fut silencieuse pendant un petit instant, observant le ballet des flammes, avant de reporter son attention vers moi.
Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ?
Oui, fis-je en souriant à mon tour. Ca n'a pas été simple et j'ai longtemps été guidé sur le mauvais chemin. J'avais regardé la tête de mort tatouée sur mon poignet, avant de reprendre. Mais oui, j'ai trouvé ce que je cherchais. Je l'ai perdu avec le sort noir, mais j'ai réussi à retrouver mon chemin. Voyez : quel que soit votre chemin, vous le trouverez toujours.
Vous ne pouvez pas savoir à quel point je l'espère de tout mon coeur Ulysse. Maintenant, je vais essayer de dormir un peu, après tout, plus je dormirais vite, plus vite je retrouverais ma fille.

Elle me sourit, ce que je fis également, ravi d'avoir pu l'aider, avant qu'on ne se lève tous deux pour regagner nos places respectives.

La nuit s'est révélée être la douce et éternelle amie des âmes en peine, en quête de temps, qu'elles le désirent plus long ou plus court. Dormez-bien, Lucille.

La quête du gland.. et des emmerdes.

Adama avait souvent une raison (ou plusieurs) de râler. Que ce soit pour le temps extérieur quand il pointait le nez dehors, ou bien pour le bruit à l’intérieur du château au réveil des différents protagonistes qui l’habitait, ou encore parce qu’il ne trouvait pas de vêtements convenables ou… Simplement parce qu’il était de mauvais poil. C’était souvent le cas le matin, quand il se réveillait dans ce lit à l’état misérable mais désormais prompt à supporter le poids de sa véritable forme, ou… Comme ici, au cœur d’une grotte dans un pays glaciaire et plus rien à se mettre sur le corps pour ne pas finir congelé ! Heureusement (ou pas) pour lui, il se réveilla en premier dans un sursaut tel qu’il manqua de trébucher sur le sol.

La transformation aux premières lueurs de l’aube l’avait tiré d’un sommeil mitigé et sans rêve, le faisant trembler de la tête aux pieds lorsqu’il s’était retrouvé nu comme un ver au milieu du groupe endormi. Serrant les dents pour ne pas pousser un juron qui attirerait l’attention, il avait jeté des regards autour de lui à la recherche de quelque chose à se mettre sur le dos… Son pantalon traînait là, fort heureusement – il fallait croire que Figue ne s’en était pas débarrassé en chutant dans le lac ? – et il l’enfila en se crispant sous la fraicheur glacée dont il était fait. N’avait-il rien prit du feu qui s’était éteint pendant la nuit ? Passant une main dans ses cheveux tout aussi froid, Adam chercha à tâtons autre chose à enfiler et sembla réveiller un monstre endormi : la brune se mit à hurler lorsqu’elle le vit à proximité d’elle, comme si elle avait vu un monstre.

C’était impressionnant à quel point elle pouvait crier quand il était en humain, et pas du tout sous sa forme atroce… Elle n’avait pas les yeux en face des trous. En tout cas, ce hurlement servit de réveil matin à la totalité des protagonistes et le roi ne chercha même pas à justifier que, non, il ne cherchait pas à violer Figue dans son sommeil en étant torse nu non loin d’elle. Cette fille avait un sacré pet au casque, voir un trou béant. Il n’y avait pas des psychologues pour régler ce genre de cas ? En revenant il faudrait qu’il vérifie si elle ne s’était pas enfuie d’un établissement pour les personnes un peu dérangées… Encore heureux qu’elle n’était pas méchante où ils auraient du soucis à se faire.

En parlant de souci, la grand-mère paresseux avait de nouveau disparue et il n’y avait pas trente-six solutions pour la suite de l’aventure : sortir de la grotte. A l’extérieur un grand soleil avait chassé la tempête nocturne et il s’étalait de la neige sur des mètres, des kilomètres et… De partout en fait. En plissant le regard, Adam reconnu les formes du parc d’attraction qu’ils avaient croisés la veille avant de manquer de mourir noyés. Il se retourna pour observer la falaise un peu plus loin, le lac, et de nouveau le parc d’attraction. Levant son index pour essayer de se retracer le cheminement de l’aventure, il ne parvint pas vraiment à comprendre comment ils avait pu arriver ici de nouveau sans être passés par la même route… Sur le plan ça ne semblait pas très clair non plus.

Une Figue qui part en furie détourna son attention, rangeant la carte mentale qu’il venait de se faire avec des petits chemins en pointillés et des croix pour les obstacles pour constater qu’elle s’élançait en direction du parc d’attractions. Étonnant.

« Hier elle était mourante et aujourd’hui… » La Bête leva les yeux au ciel devant un tel changement de comportement. A moins que ce ne soit un signe de bonne santé ? Il demanderait à un vétérinaire la prochaine fois. « On n’est pas censés chercher un gland au lieu de jouer ? »

Il ne s’attendant pas vraiment à ce qu’elle réponse mais elle sembla prendre le temps de le faire.

« Je suis MOURANTE ! Mais je suis pas une chercheuse de gland je suis une joueuse alors allez cherchez votre fruit totem vous ! »

« … Ce n’est pas un fruit. »

Même lui le savait. N’avait-elle rien retenue de ses sorties en forêt ou même de ses professeurs ? Bon, on pouvait accorder que la biologie ne soit pas à la portée de tout le monde – la preuve, un peuple baptisé « les portugais » faisaient bien de la confiture de carotte. Confiture. De. Carotte. Mais quelle idée. Bref.

« On te laisse là alors ? »

« Non ceux qui m'aiment me suivent ! »

Et la brune déguerpit sans demander son reste, tirant sa grande robe pour éviter de se mélanger dans la neige en laissant une grande trace derrière elle. Adam jeta un coup d’œil autour de lui pour constater de qui allait réellement la suivre ou pas. Rien n’était logique dans cet univers alors c’était tout à fait possible que les autres veuillent se rendre dans la même direction qu’elle ! Laissant un instant de flottement, Adam fini par reprendre le sac sur son épaule en voyant l’un des garçons avancer à son tour. Jetant un regard méfiant à la neige, il fut surpris que Morrigan lui tende la cape qu’il lui avait prêté la veille. N’avait-elle pas disparu avec le reste ? Il la remercia du bout des lèvres et s’enveloppa dedans, acceptant d’affronter la fraicheur extérieure en se justifiant d’un :

« Elle serait capable de se coller la langue à un pic de glace et d’y mourir. »

C’est ainsi que le petit groupe ne tarda pas à rejoindre le chaton complètement fou qui s’amusait dans des sortes de voitures sur une grande piste de glace, la guidant en glissant dans tous les sens pour aller percuter les autres véhicules. Etait-ce un jeu sensé être amusant ? Adam haussa un sourcil en les observant faire, se décalant de plusieurs mètres lorsque Figue essaya de lui foncer dessus et prétexta un dérapage mal contrôlé ! Bien sûr, et ses fesses c’était du poulet peut-être ? Mieux valait ne pas lui dire ce genre de phrases, elle serait capable de mordre dedans pour vérifier.

Tout l’endroit ressemblait à une fête foraine mais… En glace. Les tons bleutés se reflétaient au soleil et il pouvait même apercevoir de grandes structures qui s’animaient par il ne savait quel miracle. La brune poussa des hurlements dans une montagne russe, sauta d’un stand à l’autre en entraînant leurs compatriotes pour une aventure ou une autre, s’infiltra dans une sorte de grotte hantée aux sculptures aussi gelées qu’effrayantes – est-ce que c’était un paresseux zombie juste à l’entrée ? – sous le regard désabusé d’Adam qui ne parvenait pas à saisir l’intérêt d’un tel endroit. Il passa plus de temps à attendre et regarder autour de lui qu’à participer, n’ayant aucun attrait pour ce genre d’endroits. Mais à défaut de faire quelque chose de constructif autant laisser ceux capables de s’amuser en profiter. Lui avait faim mais se garda bien d’en parler, prenant son mal en patience.

« Venez ! Ca nous donnera une bonne vue sur les environs ! » S’exclama Figue, hochant vivement la tête d’un air prodigieusement sûr d’elle en désignant la grande roue.

Ca n’était pas une bonne idée. De toute manière, qu’est-ce qui était une bonne idée ici ? Et qu’est-ce qui le poussait à la suivre dans l’une des nacelles, ainsi que les autres ? Peut-être se disait-il qu’il en fallait au moins un ou deux de mauvaise humeur pour contrebalancer la joie indicible de la gamine ? Mystère. En tout cas, comme si quelqu’un avait entendu ses médisances, la Grande Roue émit un craquement sourd lorsqu’ils commencèrent à prendre de la hauteur. Ca, c’était pas bon signe. Au deuxième, il plaqua ses mains sur le rebord de la nacelle pour essayer de descendre. Pas de chance, il y avait au moins vingt mètres de vide sous leurs pieds.

Au troisième, la grande roue se détacha brutalement de son socle et se mit à rouler à tambours battants dans la neige.
Avec eux dedans, sinon ce n’était pas drôle.