« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Under the sea, Under the sea. Darling it's better, Down where it's wetter take it from me
Je commençais doucement et réellement à en avoir marre. Les disputes incessantes, de Neil et Jules Verne me portaient sur les nerfs. Ne voulaient-ils donc pas tous les deux cesser de se comporter comme des enfants ? Sally et Sebastian n'en menaient pas large, quand à Robyn, je pouvais bien ressentir un certain trouble dans ses émotions. Je pense que cette histoire avec l'illusion de l'éléphant ne l'avait pas laissé indifférente. Je pouvais parfaitement la comprendre. Neil, n'avait pas vraiment l'air de savoir s'y prendre avec les animaux. Et à vrai dire, plus nous passions du temps ensemble dans ce sous marin et moins j'avais envie d'en apprendre plus sur ma « nièce ». Je l'avais laissé faire son petit numéro, avant de rouler des yeux franchement agacé, et de me diriger à nouveau vers l'intérieur de la pièce. Ou plutôt le sas. Je n'avais aucune envie de manger du pop corn, en pariant sur la potentielle mort de quelqu'un. Même si j'avais quelques grief envers ce quelqu'un. Aussi, me décidais-je à aller le rejoindre. De toute façon, cela valait mieux que de rester ici. Entre Robyn qui était partis, Neil qui commençait doucement à m’insupporter, Sally et Sebastian, que j'ignorais comment rassurait. Je serais bien plus utile dans l'eau. Sans compter, que tout ceci commençait à éveiller ma curiosité. Je n'étais pas la sœur de mon frère pour rien. La curiosité, c'était un trait de caractère que nous avions en commun
"Non... Non je n'ai pas de nouvelles. Athé me tiendra informée en temps voulu."
Quand on parlait du loup....Le voilà qui se manifestait. J'émis un léger soupire agacé à cette nouvelle. Mais pourquoi personne ne pensait donc jamais à prévenir Olympe ? Apollon, n'était pas là uniquement pour faire jolie. Même, si j'admettais que des fois je me posais la question.
Arrivé prêt du sas, je tentais de partir sans scaphandre. Après tout, je pouvais parfaitement respirer sous l'eau. Malheureusement, je dût me rendre bien vite à l'évidence. Ces combinaisons, semblaient être le seule et unique moyen de sortir. Pas très emballé par l'idée, mais tout de même résigné, je me dirigeais vers la sixième, celle où Neil avait trouvé un arbre argenté. Après tout, c'était un arbre, et j'étais la déesse de la chasse. Sans parler du fait, qu'il s'agissait d'une breloque, cela me fit penser à mon bracelet, toujours dissimulé sous ma manche de chemisier. En clair, cela me donnait une impression de familiarité. Avec méfiance, parce que malgré tout, je trouvais étrange de trouver une breloque argentée dans une combinaison, j'entrepris de commencer à l'enfiler. Mon regard se porta vers l'extérieur, afin de garder un œil sur Monsieur Verne, qui semblait avancer aussi bien qu'une combinaison de la sorte le permettait dans les ruines. A priori, tout semblait se passer sans encombre, jusqu'à ce que le sable ne semble se dérober sous ses pieds, et ce avant qu'il ne disparaisse totalement.
- Manquait plus que ça pestais-je
Je tentais de le contacter par la pensée, pour m'assurer qu'on ne l'avait pas perdu pour de bon. Néanmoins, je n'entendais rien pendant un moment, ce qui n'était en aucun ça rassurant avant de finalement recevoir une réponse
"Je... je ne sais pas où je suis."
Allons bon, ça c'est embêtant. Néanmoins, je me devais de rester parfaitement calme et maîtresse de la situation. Aussi, après avoir rapidement réfléchit à ce que j'allais dire, le recontactais-je mentalement sans me départir de mon calme
Il y a-t-il des éléments visuels vous permettant de vous faire une idée ?
"J'imagine qu'ils sont tous en sécurité. Je suis avec Hera."
Je clignais des yeux, quelques instants, devant la réponse qui n'avait de une rien à voir, et de deux ne provenait nullement de l'écrivain. j'avais presque oublié que je discutais avec Apollon. Je me mordit la lèvre, ce n'était pas très gentil pour lui qui devait se faire du soucis. D'ailleurs, il semblait perturbé. J'ignorais à cause de quoi, mais il ne pouvait pas me cacher ses états d'âmes. Pas plus que moi les miens
"Non... je ne vois rien. Les parois sont trop friables. Je ne peux pas remonter."
"Tu n'es pas en danger ? Ça va aller ?"
- Tu sais quoi ? Dis-je à l'adresse de mon frère pour tenter de détendre l'atmosphère tandis-que je finissais d'enfiler la combinaison j'aime bien l'idée du vampire au final. On a qu'à se faire ça en duo. Je dois avoir une robe victorienne d'inspiration gothique dans une de mes malles. Elle est rouge et noir, je pense que tu n'auras aucun mal à la trouver. Un peu de maquillage, et de teinture pour les cheveux, et je suis sur que je peux arriver à reproduire le même effet sur mon physique que lorsque j'entre en contact avec la lumière de la lune. Il suffirait de lentille de contact rouge et de faux crocs pour compléter le tout. De ton côté, il suffirait que tu te fasse légèrement pousser les cheveux et de te trouver une tenue assortie à ma robe. Ça t'allait bien à l'époque quand ils étaient mi long. En tout cas bien mieux que la coupe Viking. Et ton physique serait bien plus mit en valeur, qu'en Tarzan.
J'essayais de noyer le poisson, mais je ne souhaitais pas qu'il s'inquiète outre mesure. Et avec tout ça, j'étais en train d'essayer de localiser Jules Verne, avant de brusquement me rappeler que c'était impossible. Bon une chose à la fois Artémis. D'abord ton frère, et après Jules Verne
Est-ce que tu sens que je suis en danger ? Lui demandais-je doucement Parce que moi pas. Alors c'est que je vais bien. Mon heure n'est pas encore venu. Tu vas me retrouver vivante, et en pleine forme pour ta fête. Sur-ce je te rappelle, j'ai un écrivain à aller chercher
Je lui transmis néanmoins une vague d'apaisement via notre lien, avant de couper la communication. Je laissais le lien activé, au cas où Apollon aurait besoin d'un peu plus que des paroles pour être rassuré et m'adressait cette fois-ci à Jules Verne
Je vais tenter de venir vous chercher. Restez calme d'accord ?
"Je suis suspendu à vos...pensées" me répondit-il
J'esquissais l'ombre d'un sourire, avant de faire littéralement le grand saut et de me retrouver dans l'eau. Étrangement, le scaphandre n'était pas aussi lourd que je l'aurais imaginé. Je pouvais donc avancer en faisait des bonds. C'était...Amusant. En fait, je commençais à imaginer ce qu'avaient dût ressentir les Astronautes en arrivant sur la lune. Enfin, là n'était pas le sujet. J'étais là pour retrouver Monsieur Verne, aussi me dirigeais-je vers les ruines là où il avait disparu. Je remarquais un trou assez large, à l'intérieur duquel flottait du sable. C'est un peu comme s'il venait tout juste d'être remué. Intrigué, je me penchais pour y voir les formes d'un scaphandre au travers.
Je suis juste au dessus d'un trou est-ce que vous m’apercevez demandais-je ?
Je pense que l'identité de la personne ne faisait aucun doute, mais je préférais m'en assurer "Oui si c'est bien vous dans le scaphandre ! Pouvez vous m'aider à sortir ? Je crains que mes pieds ne soient en train de s'enfoncer dans ce qui me semble des sables mouvants"
D'accord...Des sables, mouvants, un écrivain en train de s'enfoncer. Surtout ne pas paniquer Artémis. Tu avais déjà vu pire n'est-ce pas ? Ça c'était rien, c'était bénin. Du moins, c'était ce que je me disais pour tenter de me rassurer. Inspirant un bon coup, je me penchais et tendis mes avant bras pour tenter de l'atteindre - Essayez, de vous accrocher, je vais tenter de vous remonter
Bien vite, je dût me rendre compte que cette technique ne marcherait pas, il était en train de s'enfoncer, et de manière plutôt rapide. Essayant, de réfléchir à une autre solution, je regardais autour de moi, voir s'il n'y avait pas autre chose qui pourrait m'être utile. Je doutais que les algues fassent l'affaire. De plus le sable sur lequel j'étais penchais commençait à s’effriter. J'allais tomber si je continuais ainsi
"Madame...Permettez moi d'émettre une suggestion : Pourriez vous faire apparaître une corde ou quelque chose susceptible d'être utile ? Je suis enfoncé jusqu'aux genoux et je ne me sens pas très à l'aise..."
Je ne voulais pas en savoir plus. Me reculant, je me décidais sur la corde en me fustigeant mentalement pour ne pas y avoir pensé plus tôt. Décidément, me concentrer sur deux affaires à la fois, ça ne me réussissait pas. J'allais donc, garder mon inquiétude pour celle-ci et laisser mon frère gérer les demi dieux. Néanmoins, le courant magnétique qui avait parcourut mon bras au moment au moment de la faire apparaître n'était pas passé inaperçus. C'était comme si mon pouvoir créait un court circuit avec le scaphandre. Quoi qu'il en soit, je l'avais bien en main, et la lançait droit dans le trou
"Je l'ai ! Vous pouvez me remonter !" Me dit Jules Verne
J'admets avoir eu une légère crainte au moment de le remonter, mais ma force n'avait pas diminué. Aussi réussis-je à le ramener saint et sauf hors du faussé où il était tombé "Merci. Sans vous, je ferais probablement partie de la flore à l'heure qu'il est". Me remercia-t-il essoufflé
Je me contentais d'un simple hochement de tête. Pas de quoi. Je n'étais pas réellement du genre à laisser des gens mourir. Ça ne faisait pas partie de ma nature. Mais trêve de politesse, le sol se mit à trembler de nouveau. Il ne fallait pas rester là. Me levant rapidement je lui tendis la main pour l'aider à se relever :
Ne restons pas là. Plus vite nous, nous éloignerons et mieux ce sera
Il attrapa ma main, avant de nous élancer tous deux vers les ruines. D'ailleurs cela provoqua de nouvelles interrogations chez moi. Elles semblaient avoir changé de style. Bien que toujours anciennes, il semblait maintenant y avoir les reliefs d'une cathédrale en ruines. Était-ce une illusion de plus ? Après tout, c'était quelque part pour cela que je m'étais décidé à quitter le Nautilus. Pour vérifier de mes propres yeux s'il s'agissait bel et bien d'une illusion de plus ou non.
le requiem des oubliés Je suis montée trop haut, allée trop loin, je ne peux plus retourner d'où je viens
Robyn ne m'aime décidément pas. Elle n'aime pas mon anxiété, ma peur, mon inquiétude. Elle n'aime pas la grimace qui figure sur mon visage paniqué. C'est normal. Les gens effrayés sont souvent les plus effrayants. La peur est un parfum que, quand on renifle longuement, on apprécie. On s'y habitue, tout du moins. J'ai trop longtemps eu peur, alors maintenant elle me colle à la peau. Logique, non? Comme une punition. Et cette fois, encore j'ai peur. Mais le regard peiné qu'elle me lance ne m'effraie point. Plus, en tout cas. J'ai des raisons. Des raisons à ma peur, une justification à ce teint pâle, à cette voix qui tremblote. Et je suis désolée d'infliger ma misère à des gens déjà assez malheureux. Je me tais, encore une fois. Pour la énième fois. Et si quelqu'un pouvait entendre le timbre de mes pensées, on saurait y déceler toute la peur des heures à venir. Des minutes et des secondes qui battant de mon coeur me rappellent que le supplice du Nautilus m'est imposé pour l'éternité. Ou presque. Peut-être. Peut-être que je mourrais là, ou peut-être demain sur le pare-brise d'un bus. Je ne suis pas rassurée, mais chaque moment qui passe est un moment de plus. Que ce soit dans les flots, ou sur la terre, c'est un moment qui doucement me ravage. Respire. J'aimerais respirer à pleins poumons, mais j'ai peur. Diane a disparu dans les méandres de la mer, sauver courageusement le cher auteur héroïque, et me voilà perdue avec une brune bien trop excitée, une blonde des plus irritées, et un Sebastian tout aussi perdu. A vrai, je ne pourrais affirmer qu'il est perdu. Il n'est pas à l'aise, c'est ce qui est certain et contrairement à Neil, il reste silencieux. Il le restera pour toujours et quand j'y pense l'étau de mon coeur se resserre encore. Mais il semble heureux, et ce bonheur éclabousse mes lèvres qui esquissent un sourire. Je dois lui parler. Au moins, essayer. Je ne veux plus rester là, à attendre que le bonheur vienne. Le bonheur n'est plus à venir, je dois le chercher. Me tournant vers la seule silhouette masculine encore à bord, je lui demande sur un ton qui se veut enjoué:
« Je crois qu'on devrait les rejoindre. Après tout, c'est notre seule chance de sortir, non? Qu'en penses-tu? -Tu penses que c'est une bonne idée..?, il hoche la tête. Il n'est pas emballé. L'idée ne l'anime pas passionnément, et sous ces lettres ensablées dessinées dans les airs, je perçois une certaine part d'appréhension. Je souris. - Je ne sais pas. Je-j... J'ai passé ma vie à attendre un miracle. Je n'attendrais pas une nouvelle éternité. Je pense que c'est la meilleure chose à faire, oui. »
Je me donne un air décidé, je le suis un peu. Je ne vais pas attendre, je veux agir. Il inscrit alors avec aisance des mots dorés qui soulageront tout mes doutes.
« Alors... Allons-y! »
Il approuve. Et cet enthousiasme de ce charmant personnage dont je ne connais que le nom réussit à me faire sourire. C'était parti. Tant pis pour Neil et Robyn. Entendre râler n'était pas ma vocation, et chacun de leurs mots agressifs trouaient encore davantage mon petit coeur abîmé. Petit, peut-être pas, mais abîmé très sûrement. Nous saisissons les scaphandres en prenant bien soin d'en retirer les cendres. L'idée de mourir d'un surplus de chaleur ne m'effraie pas. Pour une fois, que quelque chose ne m'effraie pas en même temps... Disons que, cette combinaison me donne simplement l'impression d'être invincible. Un peu plus lourde certes, et notamment moins sexy, fallait-il déjà que je le sois, mais invincible. Et ce sentiment est des plus attachants. Je saisis le premier scaphandre vide et aide maladroitement Sebastian à s'y glisser. Voir ses jolies mèches blondes se fondre sous ce casque est assez frustrant. Même totalement. Je l'aide néanmoins, en m'apprêtant à subir le même traitement. Je me demande bien ce à quoi il pense en voyant cette folle de rousse paniquée dans cette combinaison loufoque. Je dois être ridicule, vraiment. Mais qu'importe. C'est maladroit, mais c'est doux. S'approchant de l'eau, Sebastian effectue malgré tout une légère moue d'hésitation. Nul doute que l'idée d'être vingt-mille lieux sous les mers lui déplaît fortement. Il n'est pas le seul. L'eau, ça fait peur. Je n'ai jamais appris à nager, alors plonger là dedans. J'en ai des frissons. Mais je me dis que c'est le mieux, après tout. J'essaie de m'en convaincre, il faut me projet... Whoh. C'est quoi ce bruit? Je relève brusquement la tête en tentant de trouver d'où provient ce puissant grognement. Mon prénom s'ensuit. Une fois, deux fois, puis des centaines fois. J'entends la voix. La voix que je redoute le plus aujourd'hui, celle qui causera ma mort, celle qui a causé ma vie. Papa. Je ferme les yeux spontanément, je ne veux pas voir sa tête. Je ne veux pas le voir, lui et ses manies. Je ne veux pas voir son poing qui se resserre, son sourire arrogant, son regard prétentieux. Je ne veux pas. Je ne peux pas. Et au fur et à mesure que mon prénom retentit dans la pièce, les larmes coulent et de violents sanglots font trembler mes frêles épaules. Je secoue la tête de droite à gauche, en chassant l'image de mon père qui arrive. Je l'imagine déjà malgré mes paupières closes. Les gouttes perlent jusqu'à mon menton, et je ne veux plus rien voir. Je ne peux pas. Vraiment pas. Dans cette obscurité absolue et sous les menaces de mon père, je sens un bras qui me saisie. Sebastian m'interpelle, et alors que je garde désespérément les yeux fermés, ses gestes finissent par me convaincre de le regarder. Je le sais bien, mes yeux sont rouges et sous les perles de tristesse, ma vision se brouille. Pourtant, je vois très bien. Ses lèvres se remuent. Brièvement mais je sens l'impératif. Saute. Il me dit de sauter. Et son regard insiste. Il ne rit pas. C'est urgent, et si les grognements ne le marquaient pas déjà, c'est désormais évident. On doit bouger. J'aimerais le faire oui, mais je reste stoïque. Tétanisée. Je sens déjà des mains qui ne sont cependant pas là s'en prendre à mes hanches ou à mes côtes. J'ai peur de ce moment où ses doigts toucheront mon visage. Mais ce moment ne viendra pas. Sebastian m'a poussé. Je suis dans l'eau. Sauvée, ou pas du tout. Sebastian n'est plus là, mais je suis là. Je suis là, vivante.
Ouf.
Je flotte. Enfin, je marche et je flotte. Sebastian est encore à l'intérieur, mais étant évacuée, ma peur doit s'être dissipée. Je l'espère fortement car laisser mon sauver se sacrifier pour la pauvre inconnue que je suis serait un acte lâche. Mais l'urgence est désormais ailleurs. Diane et Jules se sont approchés des ruines, il s'agissait d'une cité. Les vestiges d'une cathédrale et une tour engloutie dans le sable et à l'horloge cassée attirent rapidement mon intention. Les ruines ont différents styles de maisons et de décors, aucun ne m'est familier. Tant mieux, tout ce qui m'est familier m'est souvent aussi nocif. J'essaie de balayer le précédent événement de ma mémoire, mais rien n'y fait. J'entends encore cette voix, cette voix qui hantera mes nuits jusqu'à la fin de ma triste vie. Quelque chose attire mon attention, un mouvement particulier. Une ombre vient de se faufiler au dessus de ma tête. Assez rapidement pour que, quand je relève les yeux, je ne vois que les profondeurs de l'eau dans laquelle nous sommes plongés.
"Je suis fier de vous mademoiselle. Vous faites preuve d'un grand courage."
Une voix. Encore. Mais, cette fois, elle est douce et fond dans mes oreilles comme une mélodie ou une tirade ébranlée. C'est agréable, et je reconnais la tendre sensation qui s'empare de mon esprit. Jules Verne. Moi qui gardais bêtement les yeux tournés vers le ciel, je ne l'avais point vu s'approcher. Il s'approche au point de voir encore les larmes que je n'ai pu sécher d'un revers de main. Foutu scaphandre. Ai-je déjà dit que les aspects de jeune fille en détresse me donnaient l'impression d'être idiote? Oui, mais je tiens à le répéter. Je me sens bête. Là, maintenant, lui avec son beau regard encourageant et moi avec mon nez rouge et reniflant. Si je pouvais, j'aimerais me cacher dans un tas d'algues pour l'éternité. Je suis des plus honteuses, et la couleur de mes joues ne fait que le prouver. Il veut me rassurer, je le vois à son air contrit et empathique.
"Vous rendez vous compte de ce que nous entreprenons? Nous prenons en main notre destinée!"
Il vient alors poser, non sans un charmant sourire, sa main sur mon épaule qu'il tapote maladroitement. Si le scaphandre n'étouffait pas mes mouvements, j'aurais certainement fondu dans les bras de Jules, y trouver du réconfort. Du moins, c'est ce que j'aurais aimé mais par décence et timidité, j'aurais sûrement gardé cela pour moi. Comme pour tout, je le préservais dans l'âme. Un silence apaisant s'installe. Je le regarde, il me regarde. On sourit. Tout va bien, les grognements ont cessé de me perturber. J'entends encore une fois la voix de Jules, sans que sa bouche ne remue. Mais cette fois, il n'en semble pas le maître, et semble tout autant surpris de la phrase qui suivit:
"Elle est vraiment ravissante avec ses grands yeux dévastés. Ils me rappellent un ciel après la pluie."
Mon dieu. Jules Verne venait de me complimenter, indirectement. Ce qui rendait le compliment que plus sincère et attachant. Intérieurement, j'explose de joie à l'idée qu'il me trouve ravissante. Extérieurement, j'esquisse un sourire béat. Comme si en un instant, Jules vient d'être éclairé par une lueur attachante. Il cligne des yeux, abasourdi par l'ampleur de ses pensées. Et je jugerais le voir embarrassé. Adorable. Cela ne fait qu'élargir mon sourire, et en battant modestement des cils, je ne peux m'empêcher de lui répondre d'un ton qui se veut flatté et flatteur.
« Merci. »
Je dois avoir l'air débile avec ce sourire idiot. Je l'affiche malgré tout. Tout les cris qui envahissaient ma tête sont chassés par de douces pensées envers l'auteur. En espérant bien que celui-ci n'ait pas la chance d'en entendre un extrait. Je roule des yeux, pour me tourner vers le Nautilus dont j'espère voir vite s'extirper la silhouette de Sebastian. Saines, sauves, et même complimentées, les océans semblent des plus bénéfiques pour nos troupes désordonnées et ce malgré cette ombre dont je guette un probable retour.
« Maybe i am a mess. Maybe i’m crazy. Maybe I’m out of my mind. »
C’était une situation pour le moins… Dérangeante. Le fossé en train de se creuser entre les deux camps ne cessait de grandir et Sebastian ne savait pas exactement de quel côté se mettre ; mieux, il n’aimait pas avoir à prendre partie de cette manière. Il ne connaissait pas bien Jules Verne mais pour le moment cet auteur ne lui avait pas voulu le moindre mal – à part lui voler son orange – et Neil ne semblait absolument pas hostile à sa présence. En même temps, une jeune femme qui apparaissait dans les rêves de Lily ne pouvait pas être quelqu’un de méchant. De ce fait, le gardien des songes ne parvenait pas à comprendre pourquoi tout le monde se séparait au point de voir Robyn s’échapper dans une direction alors que Diane et Jules s’enfuyaient faire trempette dans les fonds marins. Il n’était pas forcément pour rester groupé, son expérience lui avait enseigné qu’il ne faisait pas toujours bon de former un bloc, mais cela l’attristait d’en arriver là… D’un côté la possibilité d’une exploration sous-marine et de l’autre les recherches à l’intérieur d’un bâtiment de plusieurs siècles. Dans les deux cas il fallait se retrouver enfermé dans quelque chose, détail ô combien important, et ça ne l’emballait pas plus que cela.
Pourtant, quand Sally lui proposa de plonger à leur tour, il ne put se résoudre à la laisser dans ses doutes ou ses interrogations. Sab fonctionnait à la motivation, aux élans d’imprévisibilité et à la curiosité ; une telle idée saugrenue ne pouvait que lui plaire. Bien qu’il se montre bien moins certain quand il fallu rentrer dans l’une des combinaisons après en avoir retiré la cendre… Etrangement, le scaphandre s’adapta à sa morphologie et il n’eut pas besoin de plier les genoux ou de courber l’échine pour s’y sentir à l’aise. Relativement à l’aise. Tout était relatif quand il s’agissait d’aller dans l’eau alors qu’on ne savait pas nager, lui qui fuyait les piscines et autres plages pour éviter d’avoir à s’y retrouver empêtré. Cependant, il du sacrifier son manteau turquoise qui ne rentrait véritablement pas à l’intérieur, ayant un pincement au cœur quand il le déposa sur l’une des tables, passant sa main dessus avec regret. Promis, il reviendrait le chercher ! Ils comptaient de toute façon revenir dans le sous-marin, n’est-ce pas ?
Il s’apprêtait à en faire la réflexion à la petite rousse qui s’habillait lorsqu’il la vit devenir livide, réalisant à son tour des voix en train de grossir, grandir, puis d’envahir tout l’espace autour d’eux. Qui était-ce ? Pourquoi est-ce qu’elle… Ses yeux se posèrent sur la jeune femme, réalisant qu’elle venait de se recroqueviller sur elle-même en s’enfermant derrière ses paupières. Ah non. Non, non et non. Sebastian n’aimait pas voir les gens pleurer ou s’effrayer, c’était bien au dessus de ses forces ; il ne pouvait rester de marbre face à la terreur, son sable s’agitant autour de lui alors qu’il posait ses mains sur les bras de Sally pour essayer de la ramener. De l’interpeller. Il la secoua même un peu avant qu’elle ne se décide enfin à le regarder, les yeux baignés de larmes alors que la voix continuait de parler autour d’eux. Ses lèvres s’ouvrirent pour épeler un mot, un ordre et une injonction à son attention : saute. Qu’elle s’échappe de ce mauvais rêve. Qu’elle s’enfuit et se soustrait à la torpeur. Et comme elle semblait incapable de bouger, paralysée, le gardien consenti à la pousser lui-même vers le sas.
Elle y bascula et les voix cessèrent immédiatement, s’amenuisant au rythme où elle disparaissait dans les bulles d’air remontant jusqu’à la surface. Puis plus rien. Il n’y eu plus rien d’autres que les bruits du Nautilus, une sorte de silence un peu pesant. Reprenant un souffle moins rapide, l’adrénaline quittant ses veines, Sab marqua une hésitation évidente entre sauter à la suite ou rester ici. Robyn était partie et personne ne l’avait suivie pour le moment, devait-il rester et accompagner Neil à sa recherche ? Ou bien aller s’assurer que les autres allaient bien à l’extérieur ? S’il n’y avait pas eu toute cette eau…
Croisant son regard, Neil pris un air désabusé.
« Il faut bien que quelqu'un reste pour quand il faudra aller les sauver. »
Cette remarque lui valu un sourire, hochant la tête en réalisant qu’elle ne partirait pas d’ici. Il attrapa le casque du scaphandre qu’il portait, le faisant tourner entre ses mains, puis sembla se décider et s’avança vers l’ouverture.
« Vous semblez être de ceux qui sauvent. Je vais tâcher d’être celui qui protège en vous attendant. »
Histoire de ne quand même perdre personne au milieu de toute cette aventure ! Il souleva le haut du scaphandre et passa le casque sur sa tête, entendant alors une voix résonner autour de lui :
… Entreprenons ? Nous prenons en main notre...
Il tourna les yeux vers Neil, retirant le masque. Etait-ce elle qui venait de lui parler ? Pourtant, à son expression et sa bouche close, il déduisit que non. Et puis cette voix ressemblait bien plus à Jules Verne qu’à la jeune femme brune. Mais comment se faisait-il qu’il l’ai entendu alors que ? Haussant les épaules, il remit son accoutrement et verrouilla le casque au niveau du cou.
Merci.
Ca, c’était Sally. Mais elle ne devait pas s’adresser à lui… Déglutissant une dernière fois, il avança les pieds lestés de plomb près du bord. Sauter. Il fallait sauter et espérer que… Sab retint son souffle après une grande inspiration, fermant les yeux avant de se laisser tomber dans l’eau comme une masse.
Il attendit.
Attendit comme s’il s’apprêtait à mourir foudroyé ou que quelque chose ne le percute. Rien ne vint. Rien ne se passa d’autre que le flottement dans les fonds marins quand il ouvrit les yeux, découvrant alors une ambiance qu’il n’avait pas souvent rencontrée : celle du silence à l’état matériel. Une myriade de couleurs, comme si le soleil pouvait atteindre de tels endroits, et des centaines de poissons voguant à toute allure dans un sens, puis dans l’autre, passent et repassent sans jamais s’arrêter. D’instinct il songea au poisson tricoté par Louise, bien au chaud dans sa poche intérieure, et cela l’amusa. Chaque personne possédait un petit quelque chose qui la caractérisait, comme les éléphants pour Lily ou les papillons pour Maxine ; alors rencontrer les créatures qui lui rappelaient son amie lui donna du baume au cœur. Un petit poisson clown trop curieux s’approcha même pour zigzaguer entre les doigts de sa combinaison, ce qui lui tira un léger rire.
Portant ses yeux tout autour de lui, Sebastian s’aida de son sable pour se remettre un peu d’aplomb et constata un étrange court-circuit parcourir son scaphandre quand il le fit. Tient ? C’était nouveau ça. Parvenant néanmoins à se remettre droit sur ses jambes, il remarqua les silhouettes plus loin vers d’immenses ruines se décrochant du paysage. C’était comme si une lumière diffuse parcourait les pierres, obligeant l’attention à se focaliser sur elles plutôt que sur le reste de l’environnement. Une ombre passa au dessus de son crâne mais quand il chercha à la voir, elle avait disparue. Après quelques secondes, le gardien s’engagea à leur suite pour rejoindre les prémices de cette ville ensevelie sous les eaux.
Plus il s’approchait et plus il parvenait à distinguer des bâtiments, semblant tout droits sortis d’époques différentes et éloignées mais rassemblés au même endroit… Des maisons enchevêtrées, des décors placés les uns derrière les autres sans qu’il ne semble y avoir d’ordre ou de priorité. Une ambiance spectrale où chaque pan de mur était recouvert d’une mousse océanique, des créatures colorées s’échappant d’un trou ou d’un autre au fil de l’eau. Sab remarqua les restes imposants d’une immense cathédrale aux vitraux brisés, semblant marquer l’emplacement dans toute sa splendeur perdue. A côté d’elle, une tour était couchée à même le sable, effondrée, brisée comme l’horloge qu’elle portait et qui sortait littéralement de son cadran. Les aiguilles ne tournaient plus, figées dans une éternité dérangeante qu’il effleura du bout des doigts en se retrouvant à proximité. Le temps avait été arrêté, tout comme semblait l’être le Nautilus ou les différentes bâtisses ici présentes. Un mélange incertain de tout et n’importe quoi. Perdu. Immortel. Comme eux, capables de respirer sans aucune aide ou comme Jules Verne qui disait être âgé de plus d’une centaine d’années… Etaient-ils coincés dans un endroit hors du temps et de l’espace ? Perdus dans les abîmes loin de tout ? Loin de Storybrooke ?... L’écrivain n’avait pas vieilli malgré son âge et eux respiraient alors qu’ils auraient du mourir d’asphyxie en à peine quelques secondes. Soit c’était un songe, soit quelque chose clochait fermement.
Ses yeux clairs se posèrent sur une rue étrangement familière qui se dessinait à côté de la tour : elle ressemblait à la rue commerçante dans laquelle se trouvait la poste où il s’était rendu le matin même. A ce souvenir, il dégluti en espérant qu’elle serait bien moins peuplée qu’en ville ! Certains bâtiments étaient différents, ne correspondant pas du tout à ceux qui devraient s’y trouver, pourtant l’impression de familiarité ne le quittait pas. Sab avait l’impression d’être dans ce genre de rêve anachronique, où on sait pertinemment où on est même si les lieux ne sont pas exactement les mêmes ; ici, il se serait cru à Storybrooke. L’ambiance lourde des profondeurs en sus. Sauf qu’il n’y avait pas de Cathédrale dans la bourgade d’où ils étaient issus…
Le gardien tourna la tête pour essayer de voir où étaient les autres, rassuré de les distinguer à une distance respectable, avant de se décider à s’engager dans la rue. Les rêves ne l’avaient jamais trompés jusque là, tendant alors à suivre les familiarités qu’il retrouvait ça et là en avançant au milieu des rares poissons et autres ruines. C’était fou à quel point l’être humain aimait se raccrocher à ses semblables, cherchait sans cesse à trouver des similitudes comme si la ressemblance apaisait toutes les craintes ; c’était sans doute sur ce principe que Sebastian fini par s’arrêter devant une maison qu’il connaissait plus que bien : la sienne. Sous l’épaisse couche de lichen et d’autres coraux, il reconnu sans mal les murs recouverts de bois blancs et les fenêtres aux volets tirés. Presque pouvait-il discerner les rideaux derrière les vitres… Le perron, haut de quelques marches et surplombé d’une avancée en triangle pour protéger de la pluie. La petite terrasse où les deux chaises ordinaires brillaient pas leur absence. Et même… Ses yeux gravirent la façade pour s’arrêter sur l’œil de bœuf qui régnait au deuxième étage : son grenier. Se pouvait-il que… ?
Le gardien s’avança jusqu’à sa maison, observant la hauteur des murs. Il flottait un peu malgré le plomb de ses pieds, décidant alors de s’aider de cette semi-pesanteur pour se hisser jusqu’au toit, prenant appuie sur les fenêtres et sur son élan pour sauter d’un mètre à l’autre jusqu’au sommet. Une fois sur les tuiles en ardoise, il remarqua le velux ouvert et se glissa à l’intérieur pour atterrir dans le grenier. Ce dernier était… Plongé dans une obscurité semi teintée. Les rares rayons de lumières provenaient de la fenêtre au-dessus de sa tête et de l’œil de bœuf à sa droite. Des objets y flottaient, il reconnu sans mal les touches éparpillées d’un piano voguant tranquillement, une lampe en cuivre ailleurs, quelques livres dont il savait les pages sur le point de s’effriter s’il s’en approchait. Il manquait quelque chose à cet endroit, une chose cruciale qui s’y trouvait d’ordinaire : du sable doré. L’endroit, à Storybrooke, était continuellement baigné par le flux de son pouvoir envahissant l’espace, révélant une myriade de scénettes et des créations en mouvement perpétuel. L’inspiration. L’imagination. Des rêves des enfants, des idées issues de son crâne, des hypothèses, des souvenirs, de tout. Absolument tout qui pouvait être constaté sur la terre ferme. Absent. Silencieux. Vide.
Un nouveau poisson clown le frôla, provoquant un sursaut tandis qu’il l’observait filer tout droit. C’est à ce moment là qu’il remarqua le corps flottant un peu plus haut, de longs cheveux ondulant autour de sa tête et les bras ouverts, bougeant parfois au rythme du faible courant. Sebastian plissa les yeux en s’approchant d’un pas, attendant que le visage n’apparaisse à la lumière pour se figer. Une des joues de la jeune femme était creusée, par où le petit poisson se faufila pour s’enfuir, et ses orbites semblaient vides depuis bien longtemps. La peau possédait un teint irisé, macabre et cadavérique, et les vêtements amples avaient déteints sous l’effet du sel de mer. Pourtant, quand il fut juste à côté, il reconnu parfaitement Louise. Figée. Perdue. Morte, vraisemblablement.
Sa gorge se serra tout comme son cœur dans sa poitrine face à un tel spectacle. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Il était pourtant sûr de l’avoir laissé à Storybrooke et qu’elle allait bien. Parfaitement bien. Ce ne pouvait pas être une réalité. Malgré le grain de peau qu’il voyait sans mal. Malgré la proximité avec laquelle il l’attrapa pour doucement la descendre à sa hauteur. Ça lui faisait mal de la voir dans cet état. Mal de se rendre compte qu’elle pouvait mourir et que quelqu’un était capable d’utiliser ça contre lui. Il en eut un haut le cœur mais resta droit, debout, en face de ce corps qu’il connaissait bien. Parce que ce n’était pas la vérité. Parce que ce n’était pas Louise. Et parce qu’il n’était pas dupe, pas sur ça. Les illusions se bousculaient depuis leur arrivée ici, Sab s’en était rendu compte, et il décida de mettre celle-ci sur le même plan. Le gardien de rêves refusa d’être dupé davantage par cette illusion destinée à le faire souffrir.
Il tendit pourtant la main pour la poser sur la joue indemne de Louise. Dans une lente douceur, sa paume caressa le corps endormi pour l’éternité. De longues secondes. Infiniment longues, comme s’il s’imprégnait de cette image pour ne jamais l’oublier. Même au fond des mers elle était fidèle à elle-même… Puis il releva la main et apposa ses doigts sur ses yeux pour tendrement clore ses paupières. Ainsi, elle avait juste l’air endormie. Assoupie. Paisible. Une forme de respect qu’il lui devait alors qu’il lâchait son corps, lequel se remit à flotter et grimpa de quelques centimètres au cœur de la pièce. Sebastian resta encore un peu à la regarder, essayant de lutter contre l’irrépressible envie de la serrer contre lui ; il s’excuserait plus tard de l’avoir vu dans un tel état. En attendant, il fini par faire demi tour pour ouvrir la porte qui donnait sur l’intérieur, la refermant derrière lui pour que personne d’autre ne vienne perturber cet endroit. Sa maison. Son grenier. Sa… Louise.
Marchant d’un pas un peu plus rapide qu’à l’arrivée, Sab s’engagea dans les escaliers et parvins presque à rejoindre l’entrée lorsque sa jambe passa brutalement au travers de l’une des marches dans un craquement sourd. Les sons étaient atténués par l’eau et son casque, mais il l’entendit pourtant distinctement. Grimaçant sous la vive douleur qui le parcouru de tout son être, il lui fallu plusieurs secondes pour retrouver son souffle désorganisé. Serrant la mâchoire, le gardien tenta de s’extraire de ce piège et se rendit bien vite compte qu’il était… Coincé. En effet, les lambeaux de bois menaçaient de déchirer la combinaison et le poids de ses chaussures ne lui permettait pas de sortir de là sans trop de risque.
Le voilà donc piégé. Chouette perspective.
Etait-ce lui ou bien les murs se rapprochaient dangereusement à nouveau ? Il déglutit à cette constatation, regardant tout autour de lui à la recherche de quelque chose sur lequel s’appuyer. Il ne pouvait pas rester ici ! Cette fois, il n’y avait pas Neil pour arrêter la course des parois. Il était seul. Seul avec le scaphandre en bas des marches, en train de tranquillement l’observer en silence.
Un scaphandre ?!
Sebastian le toisa, les sens en alerte et son niveau de stress remontant en flèche face à la situation. Il n’était pas dans la meilleure des positions pour le coup, mieux valait ne pas rester ici trop longtemps ! Avalant sa salive avec difficulté, il essaya une nouvelle fois de se libérer sans grand effet bénéfique. Non, il était bel et bien coincé. Reportant son attention sur l’étranger quelques mètres plus bas que lui, il prit le parti d’entrer en contact avec lui :
« Pourriez-vous m’aider ? »
Les lettres apparurent en même temps que sa pensée tenta de traverser le casque, remarquant à nouveau les éclairs qui parcoururent sa combinaison. Un petit choc réceptionna l’utilisation de ses pouvoirs, le faisant vaciller sur le côté au point de s’appuyer sur le mur en mouvement. Le sable doré prit forme avant de se mettre à glisser et à s’effacer plus rapidement que s’ils avaient été à l’air libre ; forcément, l’eau le rendait lourd. Malléable. L’inconnu en tout cas sembla réagir à l’apparition des arabesques, penchant la tête sur le côté comme s’il était intrigué. Difficile d’en savoir plus avec ce casque qui dissimulait son visage de toute façon… Puis ce dernier reporta son attention sur Sab et secoua la tête lentement.
Il n’allait rien faire ? Même pas lui répondre ?! Le gardien dégluti en tentant de faire abstraction des murs toujours en traind e bouger, luttant contre le sentiment d’oppression qui l’enveloppait de plus en plus.
« S’il vous plaît ? »
Pour un peu qu’il soit à cheval sur la politesse, on ne savait jamais ! Sa jambe le faisait souffrir dès qu’il essayait de la bouger, craignant de déchirer sa combinaison et de devoir subir l’eau s’y engouffrant pour l’étouffer. Il tenait un minimum à la vie tout de même ! Sa paume posée contre le mur à sa gauche pouvait sentir les vibration d’approche de ce dernier, comptant malgré lui les secondes qu’il perdait à attendre que l’apparition lui réponde. Ne voyait-elle pas que le temps pressait et qu’ils allaient tous les deux finir comme des crêpes ? C’était effectivement très bon les crêpes, idéal à la chandeleur, mais le sujet n’était pas là.
Poussant un soupir désespéré, le gardien essaya de se concentrer pour envoyer une bouteille à la mer à l’attention de Diane, Jules Verne et Sally.
Est-ce que quelqu’un m’entend ?
Peut-être qu’eux parviendraient à l’aider à sortir de là ? Peu sûr, mais il avait toujours l’espoir que les choses finissaient par s’améliorer. Le scaphandre en bas des marches s’anima alors, se tournant vers la sortie de la maison comme pour la constater. Oui, la porte d’entrée, c’était ça. Retenant son souffle, Sebastian le vit ensuite regarder de nouveau dans sa direction et lever la main à son attention. C’est alors qu’une onde de choc le percuta de plein fouet, pulvérisant l’escalier et projetant le gardien plusieurs mètres en arrière. Il sentit plusieurs morceaux de décombre entrer en collision avec son corps, levant les bras devant lui pour essayer de se protéger alors qu’il traversait littéralement le mur arrière de la maison en ruines.
Le silence.
Puis un sifflement.
C’était tout ce qu’il parvenait à entendre en rouvrant les yeux, le souffle court et douloureux alors qu’il constatait qu’il était, aussi étrange que cela puisse paraître, en vie. Le sifflement qui vrillait ses oreilles. Le sifflement qui l’empêchait de penser correctement. Le sifflement qui le fit grimacer, au même titre que sa combinaison qui lui assénait des décharges régulières. Il tenta de se redresser, le corps endoloris par l’explosion qu’il venait de subir remarquant qu’il reposait contre son propre sable. Ce dernier s’était activé d’instinct, créant un bouclier derrière lui pour amortir sa chute et l’englober pour éviter qu’il ne se blesse plus qu’il ne l’était déjà. Les grains dorés étaient d’ores et déjà en train de s’effriter pour disparaître, provoquant par la même occasion la fin des court-circuits désagréables.
Sonné, le cœur battant et le souffle erratique, Sab vit des morceaux de bois flotter tout autour de lui. Plus d’escalier. Plus de murs qui bougeaient puisqu’il se trouvait désormais à l’extérieur, un trou béant face à lui en témoignage de son passage, rendant la maison encore plus fragile. Plus de jambe coincée. Plus rien.
Et plus de scaphandre inconnu à l’horizon.
Sebastian : 90%
Robyn W. Candy
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(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
| Conte : Les mondes de Ralph. | Dans le monde des contes, je suis : : Vanellope Von Schweetz, ou la princesse d'un royaume de sucreries qui préfère conduire des voitures en gâteaux.
C'est entrain de devenir pire que chez le psy cette mission !
Le dos pressé contre la parois du couloir, les genoux repliés, le regard perdu dans le vide, j'avais arrêté de brailler, de hurler, de gueuler, de me jeter contre les murs, le souffle court et le corps endolori. Putain. Rien qu'agiter les doigts, ça faisait mal. Je pouvais à peine les bouger. Ils étaient posés sur mes genoux, tendus pour essayer de calmer la douleur. Les jointures étaient en sang, la chair à vif, la peau ouverte. J'avais une traînée rouge sur le front, parce que quand j'avais fini par arrêter de frapper la parois en métal, j'avais d'une main tremblante repoussé une mèche brune qui était tombée devant mes yeux, en frôlant la peau au passage. Si j'avais pas eu autant l'impression que mes doigts étaient entrain de vibrer, j'aurai frotté avec la manche du blouson mon visage, histoire de me nettoyer un peu. Je sentais le sang encore chaud sur ma peau, dégueulasse, poisseux. Mais je pouvais plus bouger. J'arrivais pas. Les barrissements et les pleurs avaient fini par se taire à un moment, et dans ma rage je m'en étais même pas rendue compte. J'avais continué à fracasser mes poings serrés, comme une conne, en hurlant, jusqu'à ce que la douleur explose et que je me laisse tomber au sol. Et depuis, j'avais pas bougé.
Même quand Neil arriva dans le couloir, pour s'adosser au mur, je restais à ma place, en fixant un point quelconque devant moi . Je m'étais demandé si quelqu'un viendrait. J'étais partie du principe que non. Je les avais envoyé balader avant de me barrer, j'attendais pas de leur part qu'ils fassent des efforts. Surtout pas Neil.
- Tu m'en veux ?
Et pourtant, bah elle était là. Elle avait fini par venir me voir. Comme quoi, j'avais été qu'une mauvaise langue. Elle était déjà moins conne que moi. Je restais silencieuse pendant une dizaine de secondes, sans tourner la tête vers elle.
- Un peu.
Ma gorge me faisait mal. Elle était toute serrée et ma voix était rauque. J'avais pleuré, beaucoup, et ça s'entendait. Ça aurait très bien pu être parce que j'avais gueulé comme une malade pour dire à l'hallucination de la fermer, mais je devais avoir les yeux gonflés comme des éponges trempées. Et merde. Fait chier.
-Mais t'avais raison. J'aurai pas dû faire la conne et me barrer.
Pourquoi est-ce que je faisais toujours ça ? Agir avant de réfléchir ? Si j'étais restée là bas, y aurait pas eu tout ça. C'était fait maintenant, fallait faire avec. Mais j'allais avoir des regrets. Des putains de regrets juste parce que j'étais une tête brûlée qui s'emportait pour que dalle.
- Montre moi ça.
Neil s'était laissée glisser à mes côtés, le regard rivé sur mes mains ensanglantées. Elle sortit un mouchoir en tissus de sa poche et je fronçais les sourcils. Ça existait encore ce genre de mouchoirs ? Ils étaient pas censés être tous jetables depuis ?
- C'est Anatole. Il trouve qu'on doit toujours avoir un vrai mouchoir sur soit. Sur ce coup, il n'a pas tord.
Délicatement, en prenant mes mains pour les essuyer. Le petit sourire qui avait étiré mes lèvres à l'évocation d'Anatole se transforma en grimace douloureuse quand le tissus passa sur mes plaies. Putain que c'était moche. J'avais les doigts totalement explosés. Serrer les poings allait être un pur plaisir. Ça risquait d'être la merde pour pouvoir tenir Lucille du coup. D'ailleurs mon arme était par terre, elle avait roulé un peu plus loin. J'avais dû donner un coup de pied dedans quand je m'étais agité et que je m'étais jetée contre les parois. Ça faisait quand même deux fois que je la laissais tomber. Ça commençait à faire beaucoup. J'étais pas assez vigilante, parce qu'en général, elle ne quittait pas ma main.
- Il a des habitudes de vieux, c'est flippant parfois. Ton mouchoir va être dégueu par contre, le sang c'est carrément une saloperie impossible à nettoyer. T'as pas l'option « retirer des tâches difficiles » intégré dans tes super-pouvoirs ?
Je savais qu'elle était douée pour pleins de trucs, mais le côté machine à laver c'était peut être pas son truc. Vu que les divins étaient capable de faire apparaître des fringues, sûrement qu'ils pouvaient aussi faire disparaître des taches de sang. Après vu que Neil était pas une déesse, j'étais pas sûre qu'elle sache faire ça aussi. Pareil pour les fringues en général, en faîte.
- À qui le dis-tu. Je ne crois pas, mais je demanderai à papa d'acheter cette option pour ma prochaine mise à jour..
Je répondis à son sourire avec une grimace cette fois mi-amusée, mi-dégoûtée. C'était carrément spé de se dire que Elliot était son père. Carrément dégueulasse même. Elle avait de la chance, elle avait pas hérité de lui. Quoi qu'elle avait pas l'air de tenir non plus beaucoup de sa mère. Heureusement qu'elle était du genre débrouillarde avec une famille aussi... originale.
- Tu sais qu'on est amies, n'est-ce pas ? Elle marqua une pause, une expression sérieuse sur le visage. Que ce qui va pas ?
Je baissais la tête pour regarder mes mains rougies, fuyant au passage le regard de Neil. Que ce qui va pas. Ça faisait longtemps qu'on m'avait pas posé cette question. Et j'étais même pas sûre d'avoir une réponse.
- Sincèrement ? J'en sais rien. J'arrive pas à savoir ce qui va pas. Je me demande parfois si on est vraiment des amies. Peut être qu'on se fait des films et qu'en faîte tu penses être mon amie alors que t'es juste habituée à me voir depuis que t'es... petite. Si on peut dire ça, vu que t'es un cas particulier.
Je pris une inspiration, en penchant la tête vers l'arrière, les yeux fermés. J'aurai peut être pas dû lui dire ça. C'était carrément con. Mais maintenant c'était dis, c'était sorti tout seul, et je pouvais pas tout effacer. Je tournais la tête vers elle, hésitante, avant de finalement l'ouvrir de nouveau et dire pour une fois ce que je pensais vraiment.
- Je sais pas. Je sais plus. Rien n'est plus comme avant, et je suis perdue.
Pour toute réponse, il y eu un silence. Il me paraissait vachement long, pendant que Neil semblait réfléchir, ne pas oser me dire quelque chose, les yeux rivés au sol. Y avait vraiment un truc qui allait pas, dans cet endroit. C'était pire que de se retrouver chez un psy.
- En réalité... on est pas amies... Elle avait dit ça sans me regarder, toujours trop occupée à admirer le sol. Je n'ai pas vraiment eu le temps de connaître ma mère, ni les gens qui comptaient pour elle. J'ai... j'ai pas été là très longtemps. J'ai vu beaucoup de photos de toi avec maman. Tout un album qu'elle précieusement dans ses affaires. Des moments où elle était véritablement heureuse. Des photos avec nous, quand j'étais petite. Je n'ai pas beaucoup de réels souvenirs de cette époque. J'étais trop petite et j'arrive pas à me... rappeler. Mais je sais qu'elle a été heureuse quand tu étais là.
Avec un air triste, sa main se posa doucement sur la mienne qui tremblait encore, à un endroit où ça me faisait le moins mal. Je la serrais autant que je pouvais entre mes doigts douloureux, en me mordant la lèvre.
- J'ai très envie qu'on se construise quelque chose de solide toutes les deux. J'ai envie de me créer des nouveaux souvenirs avec toi. Rien n'est plus comme avant... mais tout est encore à écrire.
Ok. ça commençait à faire trop pour moi. Je devais renifler et cligner de plus en plus souvent des yeux pour éviter de me mettre à chialer comme une gamine. Peut être que comme j'étais entrain de vieillir, ça me rendait beaucoup plus sensible. Ou alors j'étais entrain de me transformer en guimauve bien dégoulinante incapable de se contrôler. Dans tout les cas, c'était juste horrible.
- Pardon, je suis méga sensible depuis quelques temps, je crois que j'ai un problème.
Je secouais la tête, en reniflant plusieurs fois et en prenant de grandes inspirations, soufflant pour tenter de me calmer. Ma gorge recommençait à se bloquer et ça me piquait les yeux. Putain. J'étais censée être quasi sans cœur hein. Ma réputation était carrément morte là.
- Putain... je sais que c'est con, mais à la base je t'aimais bien parce que t'es la fille de Lily. Vu que tu tiens un peu d'elle. Je suis désolée pour ça. J'ai envie...qu'on soit amies. Genre qu'on apprenne à se connaître vraiment. Et que tout soit pas juste lié à ta mère. Je sais que je suis sacrément conne la plupart du temps, mais je te laisserai jamais tomber.
Et j'étais sincère. C'était fini avec Lily, mais parce qu'elle était trop toxique pour moi. On avait une espèce de relation qui me détruisait à petit feu. Je pouvais pas continuer comme ça. Mais si elle avait besoin de quoi que ce soit, j'irai la sauver direct. Même pour n'importe quoi. C'était pareil avec ma coloc. Je préférerai encore clamser que de laisser quelqu'un faire du mal à Nora, par exemple.
- Tu sais quoi ?
Elle renifla à son tour, avant de se relever rapidement et de me tendre la main, avec l'air de prendre sur elle aussi.
- On va aller sauver ces boulets en trouvant une solution toutes seules comme des grandes. Salle des machines. Ou des commandes., comme tu veux. On va aller dedans foutre la raclée à l'idiot qui nous fait ça et partir avec tout le monde.
Ça, c'était une putain de bonne idée. Fracasser quelqu'un, c'était dans mes capacités. Et si on pouvait se casser au passage, ça serait parfait. Avec un regard féroce qui remplaça les larmes, j'attrapais sa main tendue et me relevais, sans réagir à la douleur qui me résonnait encore dans mes doigts. Ça faisait mal, mais putain, pour me casser de là, j'étais prête à souffrir encore plus.
- On va aller faire un tour dans la salle des commandes pour voir si y a pas quelque chose d'intéressant. Et après on s'occupera de faire remonter tout ces crétins avant qu'ils se fassent bouffer par un requin. Ça te va ?
Je m'étais peut être barrée toute seule alors que je savais très bien qu'il y avait un danger, mais au moins, j'étais restée à l'intérieur. Alors que eux ils étaient au fond de l'océan, à parler avec mes poiscailles, sans même se demander si il y a un truc encore pire dehors. Comme quoi, j'étais peut être pas la pire !
- Pourquoi les avez vous laissé sortir ?
Après avoir récupéré Lucille, on allait quitter le couloir, quand une silhouette était apparue. Je me figeais à la vue de la gamine brune qui nous fixait avec l'air d'être très inquiète. Elle était habillée d'une sorte de chemise de nuit blanche, décorée d'un ruban vert clair noué autour de sa taille, ses cheveux cascadant dans son dos et sur ses épaules. Ses yeux bleus étaient écarquillés, comme si elle avait peur. Pour les crétins hors du Nautilus ?
- Je te laisse gérer la gamine hallucination, j'aime pas les gosses.
J'avais tourné la tête vers Neil, en lui pointant du doigt la fillette. Je m'étais déjà fais du mal à cause d'un éléphant qui était qu'une simple illusion. En plus elle avait l'air de se foutre de tout depuis le début. Y avait que dalle qui la faisait flipper. Donc valait mieux qu'elle s'en occupe, pour qu'on puisse après aller tranquilou suivre notre nouveau plan.
Jules Verne
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Les profondeurs inexplorées. Le silence entrecoupé de pensées. Quelquefois les miennes, parfois celles des autres. J'avais passé des mois plongé dans l'écriture de Vingt Mille lieues sous les mers et pourtant, je n'avais pas su retranscrire toute la poésie et la majesté des splendeurs sous-marines. Jamais je n'aurais imaginé de telles merveilles. Les ruines en particulier étaient à la fois magnifiques et terrifiantes, dressant leurs pics acérés vers la surface inaccessible. D'ailleurs, j'avais levé plusieurs fois la tête afin de voir l'onde, mais il me semblait que nous étions si profonds que la surface n'apparaissait pas. Par quel prodige n'étions-nous pas broyés sous la pression de l'eau ? Nous ne ressentions aucune gêne respiratoire ni fonctionnelle. Les mouvements étaient souples, quoique ralentis par la masse ou quelque courant capricieux. Ces scaphandres autonomes étaient un prodige d'invention. Ils m'avaient tant effrayé pendant plus d'une centaine d'années... A présent que j'étais à l'intérieur de l'un d'eux, je m'apercevais des prouesses de cette combinaison, et mes craintes étaient envolées. Ils n'étaient que des objets que d'autres avaient enfilé. Leurs créateurs étaient nettement plus inquiétants. Un frisson parcourut mon échine en songeant à eux et je préférais me focaliser sur les merveilles de la faune et de la flore aquatique.
Mademoiselle Pumpkin nous avait rejoints, vite suivie par Sebastian. Je saluai leur courage avec un grand sourire, très satisfait que la terrible Neil soit restée à bord. Elle aurait été un frein certain au bon déroulement de notre exploration. Quant à la jeune femme et sa batte de base-ball, je l'aurais cru plus téméraire.
Je m'étais vite détourné de mademoiselle Sally après qu'elle ait malencontreusement entendue l'une de mes pensées un peu trop audacieuses. Il était pratique de pouvoir converser par l'esprit dans un sens, mais de l'autre la chose pouvait très vite devenir embarrassante. Comment freiner ses propres pensées ? Comment empêcher les autres de les entendre ? Le fait de s'éloigner ne permettait pas de distance mentale, apparemment.
Je vis Sebastian s'éloigner vers une rue adjacente. Pour ma part, j'étais très intrigué par la cathédrale aux vitraux brisés. De petits poissons passaient au travers des ouvertures qui m'évoquaient d'énormes orbites vides. Sur les trois portails qui avaient existé, un seul demeurait debout, la porte entrebâillée invitant à entrer. Je posai une main contre l'une des statues qui avait composé le décor des portails. Il devait s'agir d'un saint mais son visage avait été mangé par le sel de la mer. Il y en avait des centaines d'autres dont les yeux bienveillants nous observaient, dans le clair-obscur apaisant des profondeurs.
Notre-Dame d'Amiens, songeai-je pour moi-même, tout en sachant que tous m'entendraient.
La cathédrale de la ville dans laquelle j'avais habitée n'était qu'une illusion de plus mais étrangement, cette apparition m'emplit d'une nostalgie douce-amère. Pour la première fois depuis des temps reculés, une hallucination m'apportait un peu de chaleur au lieu d'une peur paralysante. La voir délabrée était un spectacle désolant, mais elle me rappelait ma vie passée. Les bals costumés que j'avais organisés, mes activités au sein du conseil municipal, mes promenades le long du chemin de fer, ma chère maison...
J'avais posé une main sur la roche sédimentaire du monument gothique, ou plutôt de ce qu'il en restait. J'étais comme cette cathédrale. Brisé, perdu au milieu de nulle part. Je n'allais pas entrer à l'intérieur. Je ne voulais pas y pénétrer et découvrir quelque horreur supplémentaire. Avec le temps, j'avais compris comment fonctionnaient les idées-cauchemars. Inutile de les provoquer. Et puis, quel intérêt d'adresser une prière pour le salut de mon âme ? Qui m'entendrait ? Une déesse se tenait à mes côtés. Je me serais senti bien trop ridicule.
Soudain, je remarquai quelque chose briller faiblement sous un petit bloc de craie blanche, parmi les décombres de la cathédrale. Je m'en approchai en quelques bonds maladroits et entrepris de bouger la pierre. Cette dernière roula sur elle-même lentement, faisant s'envoler le sable. Je me penchai et ramassai la petite pierre noire hexagonale aux reflets verts aussi brillants que l'émeraude. Je la retournai entre mes mains gantées, abasourdi. C'est une pierre que j'ai inventée. expliquai-je à mademoiselle Sally et Diane Moon. Elle possède une faculté extraordinaire. C'est le rayon vert du soleil qui lui donne ce reflet émeraude. Je ne comprends pas par quel prodige elle peut se retrouver ici... D'abord l'énigme sur la porte et maintenant ceci ! J'ai comme l'impression que quelqu'un ait lu mon roman inachevé afin de... de nous laisser des indices ! Dans quel but ?
Mon esprit était presque fiévreux tant les questions s'y massaient. Mon impatience et mon agacement à ne pas comprendre devaient se lire sur mon visage crispé.
Est-ce que quelqu’un m’entend ?
Sebastian. Le ton de sa "voix" était anxieux. Sans doute rencontrait-il des problèmes. Il n'aurait pas dû s'éloigner. Gardant la pierre noire dans mon poing, je m'engageai dans la rue par laquelle je l'avais vu partir. J'espérais qu'il ne se soit pas égaré à l'intérieur d'une bâtisse car je risquais de ne pas le trouver à temps. Au bout de quelques mètres, j'entendis une sorte de détonation étouffée par l'onde. L'instant d'après, Sebastian apparaissait à travers un amas de décombres flottants. Je me dirigeai vers lui à grands pas, aussi vite que me le permettait le scaphandre et posai ma main libre sur son épaule. Il eut un sursaut alors qu'il flottait toujours à demi.
Vous avez appelé à l'aide ? demandai-je, sur le qui-vive.
Le jeune homme leva les yeux vers moi avant de regarder vers le trou béant dans la maison face à lui.
... je crois... que c'est bon... répondit-il, perturbé.
Je n'étais pas dupe. Il arborait peut-être constamment une expression angoissée, mais je savais reconnaître la véritable peur.
Auriez-vous fait une... mauvaise rencontre ? insistai-je en regardant la demeure décrépite.
Sebastian prit le temps de se remettre en position verticale en faisant de petits moulinets avec les bras, sortant peu à peu de sa torpeur.
Je ne saurais dire... Vous l'avez vu ?
Je fronçai les sourcils, à la fois tendu et intrigué.
Qui donc ?
Je me rapprochai de lui afin de l'observer attentivement. Peu à peu, l'anxiété crispa les traits de mon visage.
L'un d'entre eux s'est manifesté, n'est-ce pas ? Je le lis dans votre regard.
Sebastian avait croisé le chemin d'un homme en scaphandre. S'ils se manifestaient, c'était sûrement que nous avions pénétré en un lieu interdit, ou en un endroit qu'ils ne souhaitaient pas que l'on découvre. Vous êtes en vie, c'est tout ce qui compte. Vous avez eu de la chance, mon garçon. pensai-je tout en coulant un nouveau regard préoccupé en direction de la maison.
Je craignais que l'un d'entre eux ne surgisse inopinément. Que ferions-nous, alors ? Nous n'avions rien pour nous défendre. De toutes façons, ils étaient bien trop forts...
Il m'a plutôt donné l'impression... de m'aider.
La pensée de Sebastian me fit cligner des yeux et me laissa perplexe. Il fronçait les sourcils, comme si lui-même doutait, ou s'interrogeait.
Mais j'ai dû me tromper.
Il esquissa un sourire un peu forcé avant d'ajouter :
Merci d'être venu. Mais où sont... Diane et Sally ?
A sa première pensée, une seconde s'y superposa, si rapidement qu'il en parut un peu perdu. Il ne semblait pas habitué à être compris si facilement.
Vous avez déjà eu affaire à lui ?
Il mentionnait de nouveau l'homme en scaphandre. Ils étaient quatre. Quatre créatures de cauchemar à l'état le plus primal. Je serrai fortement la petite pierre noire dans ma main, talisman ridicule que j'avais inventé contre eux. Je n'étais pas naïf au point de croire que cela allait fonctionner. Eludant sa dernière question, je répondis à l'autre de façon un peu mécanique :
Les dames sont un peu plus loin. Je ne voulais pas risquer qu'elles soient blessées si combat il y avait eu. Même si j'imagine que Diane Moon soit tout à fait capable de se défendre de par ses fonctions prédominantes.
J'avais songé aux derniers mots de façon un peu réticente car je savais que la blonde sélénite pouvait m'entendre, et je préférais éviter un esclandre. J'avais cru comprendre que les femmes du XXIème siècle avaient la fâcheuse tendance à s'énerver facilement pour de futiles raisons.
Rejoignons-les, proposai-je à Sebastian.
Joignant le geste à la pensée, je rebroussai chemin en direction de la cathédrale en ruines. Je souhaitai mettre le plus de distance possible avec un éventuel ennemi. Après quelques pas, je glissai à l'intention du jeune homme, afin de poursuivre sur une note plus légère :
Vous avez une voix mentale des plus agréables. Etes-vous muet de naissance ou est-ce une façon de charmer les demoiselles en vous donnant un côté mystérieux ?
Sebastian se stoppa net et me fixa. A mesure qu'il me regardait, je remarquai ses joues se teinter de rouge à travers le casque. Je réprimai un sourire amusé.
A quoi servent les mots quand une image en vaut mille ?
Nous étions face à une divergence d'opinion. Je ne pouvais résolument pas me ranger à son avis, car j'avais gagné ma vie en couchant des histoires extraordinaires sur papier. Je lui adressai un clin d'oeil en répliquant :
Les mots sont les passerelles vers l'imaginaire. Sans eux, je ne serais rien.
Le jeune homme esquissa un léger sourire.
Je veux bien vous croire. Je crois qu'Ellie aime beaucoup ce que vous avez écrit.
A l'évocation de ce prénom, une ombre passa dans mon regard et mon visage se ferma. Je repris la "marche" faite de bonds et de légers mouvements de jambe. Ce n'était guère pratique d'avoir une conversation à plusieurs milliers de lieues sous les mers. Je restai silencieux quelques secondes et répondis évasivement :
Beaucoup de gens aiment ce que j'ai écrit.
D'autres pensées plus chaotiques et désordonnées surgirent hors de ma tête avant que je puisse les contenir :
Je lui ai fait tant de mal... sans le vouloir... mais elle se venge si bien depuis...
Je me mordis les lèvres et tentai d'accélérer l'allure, sans réel succès. Heureusement, nous étions de retour auprès des dames. Je sentais que Sebastian aurait aimé en savoir davantage mais je ne lui laissai pas le loisir de m'interroger.
Avez-vous découvert des choses intéressantes, mesdames ? leur demandai-je avec un entrain quelque peu forcé.
Je baissai brièvement la tête et levai légèrement la main afin d'observer les éclats verts irisés de la pierre anthracite à travers le casque imposant de mon scaphandre. Puis je fermai de nouveau la main dessus.
Combien de temps aurions-nous de l'oxygène ? C'était une question qu'il faudrait bientôt se poser. Je jetai un coup d'oeil en direction du Nautilus qui nous attendait sagement, balayant toujours les fonds marins de son éclat électrique.
crackle bones
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« Pourquoi les avez vous laissé sortir ? » demanda la petite fille qui se tenait devant nous.
Après avoir récupéré Lucille, on allait quitter le couloir avec Robyn, mais une petite fille était apparue face à nous. Elle portait une chemise de nuit blanche décorée d'un ruban vert clair noué autour de la taille. Elle avait de longs cheveux et elle nous regardait avec un air paniqué. Robyn avait décidé de me laisser gérer, mais je ne savais pas ce qu'il y avait à gérer. Si elle n'était qu'une hallucination, pourquoi dégageait-elle une aura humaine ?
« Pourquoi avez vous laissé faire ça ? » répéta t'elle en me regardant avec un regard larmoyant.
J'avais tournée la tête en direction de Robyn, afin de voir si elle avait la moindre réaction. Tout semblait normal, dans le sens où la petite fille ne tentait pas détourner mon attention, pendant qu'elle aurait possédée ou autre Robyn. Il n'y avait rien à craindre de ce côté là. Est ce qu'il s'agissait d'un réel appel au secours ? J'avais du mal à le croire.
« Qu'est ce qu'ils risquent au dehors ? » demandai-je en ne laissant paraître aucune émotion.
« Beaucoup... » répondit-elle en se mordant les lèvres, tandis que je secouai la tête de gauche à droite.
« D'accord... » murmurai-je. « Et nous ? »
Cette fois ci je lui adressais un franc sourire. Ben oui, autant savoir ce que nous on risquait à l'intérieur. Car c'était bien beau de parler des gens qui n'étaient pas présent, histoire de nous alarmer. Mais si elle pouvait apparaître quand elle le souhaitait, elle aurait pu venir quelque minutes auparavant et éviter que les autres sortent. Avoir quelqu'un de mon avis à ce moment là, ça n'aurait pas fait de mal. J'attendais sa réponse. La petite tourna la tête en direction de la paroi entrabaillé.
« La porte n'aurait pas dû s'ouvrir. Quelque chose n'est pas normal... »
J'avais croisée les bras, l'observant de bas en haut. Elle était petite, ce qui devrait nous attendrir, mais souvent le mal prenait la forme de quelqu'un en qui on pouvait largement avoir confiance. Comme un certain Phileas Fogg ?
« Faut dire que quand on veut qu'une porte reste fermée, mieux vaut ne pas mettre une énigme facile à résoudre. Il faut raisonner avec un esprit d'adulte. » précisai-je avant de m'avancer vers la petite fille d'une démarche détendue... « Alors voyons... Dehors c'est dangereux et ici, c'est... tranquille, n'est ce pas ? On est à l'abri quand on reste stupidement dans le Nautilus, vue qu'apparemment, tu mets en garde ceux qui sortent mais pas ceux qui hantent les couloirs. Juste une question... C'est uniquement parce qu'on souhaite se rendre dans la salle des commandes que tu es apparue ou tu serais de toute façon venue nous tenir compagnie ? »
Elle me regarda d'un air grave.
« Personne est à l'abri ici. Ni vous, ni moi. »
J'eu un petit rictus. Peut-être qu'elle n'était pas responsable de notre venue ici et qu'elle y avait été amenée elle aussi. C'était une éventualité dont il fallait tenir compte. En tout cas, chapeau... pour une petite fille, elle ne semblait pas du tout effrayée par mon franc parler, ce qui eut pour effet de me faire sourire. Elle se fichait de nous, c'était magistral.
« C'est quoi ? Un méchant clown ? Un croque mitaine ? Un fantôme ? Celui des Noël passés, présents ou futurs ? »
« Je ne comprends pas le sens de vos paroles. » répondit-elle d'un ton incertain.
« Ca suffit maintenant ! » ordonnai-je sans trop élever la voix. « Et si on arrêtait de jouer ? Soit tu nous accompagnes dans la salle des commandes et on peut continuer cette discussion en marchant, soit tu vas effrayer quelqu'un d'autre. Tu préfères quoi ? »
« Qu'est ce que j'ai d'effrayant ? » dit-elle en penchant la tête intriguée.
Elle ne semblait réellement ne pas comprendre ce que je voulais dire par là. Ce qui la rendait encore plus étrange. Surtout qu'elle louchait un peu.. J'avais décroisé les bras, avant de me passer une main dans les cheveux, oubliant que j'avais une natte comme Anna. Ca n'avait rien de pratique. Comment je pouvais me ramener les cheveux en arrière si ils étaient attachés ? Ca perturbait toute mon habituelle façon de faire.
« Où est ta maman ? »
J'aurai dû commencer par ça...
« Je ne comprends pas le sens de votre question. » répéta t'elle.
« Je ne comprends pas le sens de votre réponse. » marmonnai-je pour la singer. « Tu as bien une mère, un père, des parents ? Tu n'es pas ici toute seule. Il y a quelqu'un d'autre qui vit dans ce vaisseau avec toi ? A part l'autre imbécile de Jules Verne ? »
« Oui, il y a quelqu'un d'autre. » me dit-elle en se tournant pour rejoindre la porte ouverte.
Cette dernière se referma devant elle. Elle eu un air surprise avant de regarder dans ma direction, sans comprendre ce qui venait de se passer.
« Je peux jouer moi aussi. Il n'y a pas de raisons qu'on soit juste des pions. » dis-je en regardant autour de moi, pour sentir une autre présence. « Faisons le point. On est piégé dans un sous marin où on n'a pas demandé de venir. On n'a même pas eu d'invitation. J'aime bien être invité, surtout quand c'est de manière originale, comme Apollon, hier, pour le bal de ce soir. D'ailleurs, je le prendrais très mal si on me retenait prisonnière dans un lieu où je verrais le bal me passer sous le nez. C'est un moment important pour moi. Bref... »
« Je suis désolée. » me coupa t'elle en pencha la tête.
« Je n'ai pas fini. » précisai-je sèchement. « Je disais donc qu'on est ici contre notre volonté. Mais la chose que la personne qui nous a amené ici n'a pas songé, c'est qu'on est pas des sorciers. On n'est pas de simple habitants de cette planète. On est des divins. Des êtres avec des pouvoirs. Une capacité plus développée que les autres personnes en matière de puissance. Et on a vue des choses que vous ne pouvez même pas imaginer. Je viens du futur et c'est pas un petit sous marin de poche qui est sortit de l'imaginaire d'un auteur sans cervelle, qui va me faire flipper. Et ce n'est pas non plus en nous mettant une petite fille sous les yeux qu'on va se laisser avoir en tombant dans son piège. Alors Robyn et moi on va être très clair. Tout le monde est hors du vaisseau ? Et si le compte est bon, il reste un scaphandre dans la salle. »
Je m'étais tourné vers Robyn et je lui avais tendue la main.
« Tu as confiance en moi ? » lui demandai-je avant de regarder à nouveau autour de nous. « Je m'occupe d'elle et les autres sont à l'abri. On n'a pas besoin de ce vaisseau pour survivre, ni de jouer à votre jeu jusqu'au bout. Du coup... On va voir comment vous réagissez quand la situation vous échappe et que quelqu'un joue et gagne une partie de bataille navale face à vous. »
J'avais tournée la tête en direction de la petite fille, qui avait posée sa main sur la paroi et l'avait ouverte, avant de rejoindre la salle. Elle fuyait ou elle se fichait simplement de ce que je disais ? Sans public ça avait un moindre effet. En tout cas elle ne pouvait pas nier que si elle avait voulu nous rejoindre plus tôt elle aurait pu. Et en plus elle savait comment résoudre l'énigme et ouvrir la porte. C'était du blabla tout ce qu'elle disait.
« Tu en penses quoi ? Une explosion dans la salle des commandes, ou une simple fissure dans la paroi ? » dis-je en avançant un doigt vers la dite paroi.
On allait voir à quel point elle était résistante. Au niveau de mon doigt, ça commençait à chauffer autour, comme si le métal était en train de se tordre sous une chaleur intense. La coque était solide, mais ma puissance pouvait être encore plus grande. Il suffisait de le vouloir et ça ne me demandait pas le moindre effort. Tout allait pour le mieux, quand soudain une vibration passa dans ma main.
« Qu'est ce que... » m'étonnai-je. « C'est une plaisanterie ? Ce n'est qu'un simple sous marin ridicule ! »
Vue que ça ne semblait pas fonctionner comme je le souhaitais, j'avais reculée ma main. J'étais bien plus fûté qu'eux. Ce qui passait dans cette paroi, ne passerait pas en moi. J'avais fait apparaître une boule d'énergie dans ma main, prête à la lancer contre la paroi, quand je m'étais rendu compte, que je n'arrivai pas à contrôler la boule qui s'était formée, vue que j'étais incapable de stopper les tremblements de ma main.
« Merde... ! » laissai-je échapper en ayant une pensée pour François. « Ecarte toi Robyn ! » lui ordonai-je.
On ne savait pas ce que tout ça allait entraîner, mieux valait qu'elle soit à l'abri au cas où. J'avais réfléchi une fraction de seconde avant de faire apparaître mon armure en or. Mieux valait limiter les dégâts au cas où. Mais Robyn n'était pas si loin que ça. Et si j'avais opté pour la mauvaise solution ? J'étais partagée entre l'envie de lancer la boule d'énergie et de subir les dégâts au cas où, et celui de ne pas mettre inutilement la vie de Robyn en danger.
« Bien joué. » dis-je à l'intention de personne, vue qu'on avait aucune idée de qui faisait ça. « Ok. Pas de clown, pas de fantômes, mais quelque chose de plutôt impressionnant. C'est dommage d'utiliser ces pouvoirs pour se faire des ennemis au lieu d'amis ! »
J'avais regardée en direction de Robyn, puis de ma main qui tremblait toujours. Au lieu de diminuer ma boule d'énergie, elle avait grandi. J'avais posée mon autre main sur mon armure, avant de faire un geste rapide, afin qu'elle disparaisse de sur moi pour aller sur Robyn. J'étais incertaine de ce qui allait arriver, et plus ma boule grossissait, plus j'avais la sensation que les tremblements augmentaient et gagnaient jusqu'à mon épaule. C'était juste pour m'impressionner, c'était tout... De toute façon il était trop tard. Trop tard pour eux.
« Ca va aller. » dis-je à Robyn avec un air confiant tandis que la boule d'énergie disparaissait et que de mon autre main valide, j'en avais fait rapidement apparaître une autre que je pouvais bien plus facilement contrôler et qui était allée s'exploser contre la paroi d'où la fille était partie.
Mon plan était très simple. La petite fille était là pour détourner notre attention. On devait se montrer plus rusées qu'elle. En détournant leur attention à eux, et en faisant exploser cette porte, toute leur énergie serait concentrée sur cette paroi uniquement, pour contrer mon attaque. Ca nous laisserait le temps de filer vers la salle des commandes et prendre le contrôle du vaisseau. Ca ne pouvait que marcher.
Quand la première boule avait disparue, les tremblements ne s'étaient pas stoppés le long de mon bras, mais je sentais que ça finirait par diminuer. Quand à la véritable boule, lancée par mon autre main, elle avait été envoyée droit sur la paroi d'où était partie la petite fille. J'avais fait volte face pour me tourner vers Robyn et lui dire de courir vers la salle des commandes avec moi. Ce que je n'avais pas anticipée, c'était que une fois la boule lancée contre la porte, cette dernière avait en partie explosée et l'autre avait ricochée dans notre direction.
« Bordel... » murmurai-je tandis qu'une grande partie de l'énergie envoyée contre la porte, nous revenait par derrière.
Mon armure était sur Robyn, elle ne risquait pas grand chose et l'espace d'un instant, j'avais hésité à la récupérer. Mais c'était moi qui avait provoqué ça, c'était à moi d'encaisser. J'avais tendu les mains en avant pour tenter de limiter les dégâts. De toute façon il était trop tard et je sentais mon corps être éjecté en arrière, tout comme celui de Robyn. Les deux s'étaient crashé plusieurs mètres plus loin, le long du couloir. Saloperie de couloir...
« Aïe... » laissai-je échapper.
J'espérais que Apollon avait opté pour un déguisement d'infirmier ou de médecin, car je risquais d'en avoir grandement besoin.
Robyn : -15% Neil : -45%
Diane Moon
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“I love you to the moon and back”
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Under the sea, Under the sea. Darling it's better, Down where it's wetter take it from me
J'avais écouté attentivement, les paroles de Monsieur Verne, au sujet de la pierre alors que Sally et Sebastian venaient de nous rejoindre. De même, lorsque j'entendis la conversation qu'il eu avec Sebastian. Nous n'en savions pas assez au sujet de ces hommes scaphandres pour que je puisse réellement formuler une interrogations. Néanmoins, je gardais cette information dans un coin de ma tête, avec toute celles les concernant. J'ignorais qui ils étaient, et ce qu'ils faisaient. Mais, je comptais bien le découvrir. Mais nous verrons cela plus tard. Ce qui m'intriguait le plus c'était cette pierre. Elle était sensé capter le rayon vert du soleil. Hors, je connaissais cet astre aussi bien que le mien étant donné qu'il était celui d'Apollon, et donc par extension, le jumeau de la lune que je représentais. - Comment se fait-il que la pierre continue de briller sous l'eau ? Si elle capte le rayon vert du soleil, cela devrait être impossible ici. Il n'apparaît généralement que lors du coucher ou du levé du soleil, donc à la surface. De plus, nous sommes l'après midi. Je veux bien admettre qu'il se couche plus tôt en hiver, mais tout de même. Nous étions loin de la fin d'après midi.
Peut-être devrais-je contacter l'expert en la matière. Non. Apollon semblait préoccupé tout à l'heure. Et je ne voulais pas le distraire. Il avait ses propres soucis, tout comme j'avais les miens. Pas la peine de lui en rajouter encore plus. Mais c'était un automatisme de fonctionner en duo avec lui. Dès que nous étions face à un problème, ou bien à ce qui semblait être une énigme, nous avions pour habitude de nous concerter. "Cette pierre vous intrigue, comme je pouvais m'y attendre venant de quelqu'un comme vous. Cette pierre a la capacité d'emmagasiner le rayon vert du soleil. Elle le gardera à jamais en elle. Ce qui la rend si spéciale."
Ceci expliquait cela effectivement. Je restais songeuses pendant quelques secondes. Réfléchissant à tout ça. Elle m'avait l'air bien réel, un peu trop pour qu'elle soit une illusion. Tout comme ces ruines. Elles ne me disaient rien parce qu'elles avaient l'air avant toute chose de lui être destiné. Ce qui m'échappait en revanche, c'était la raison derrière tout cela. Je sentais à nouveau les rouages de mon cerveau se mettre en route. Je détestais ne pas comprendre, c'était affreusement frustrant. Tout comme je détestais quand la situation m'échappait. Mais cette dernière chose était plus ou moins commune à tous les membres de ma famille.
- J'ai l'impression d'être face à un puzzle dis-je finalement. Ces ruines, cette pierre. Tout a l'air aussi réel que le Nautilus. Cela n'a pas l'air d'être à nouveau une illusion. Mais ce qui m'échappe c'est le sens de ce qui me semble être une chasse aux indices
Entre l'énigme permettant d'ouvrir la pièce avec les combinaison, ces ruines et maintenant cette pierre. J'avais réellement l'impression que quelqu'un nous laissait des indices. Mais le sens de tout cela m'échappait. Je ne voyais pas qui pouvait faire tout cela, ni même quel intérêt avait-il à nous aider ainsi. "Je suis aussi perplexe que vous. En tous les cas, si vous pensez comme moi que cette pierre est aussi réelle que le Nautilus, alors peut-être avons nous un moyen de nous défendre contre les hommes scaphandres."
Nouvel hochement de tête de ma part. Je pouvais sentir, avec l'empathie qu'il n'était pas sûr de ce qu'il avançait. Mais il essayait de se raccrocher à cette possibilité, tout comme je me raccrochais à celle qu'il y avait forcément un moyen de regagner la surface. Alors, je voulais y croire moi aussi. Que cela nous donnait un avantage face à ces hommes étranges. Remarquant une ombre au dessus de ma tête, je me décidais à la lever pour voir de quoi il s'agissait. Grossière erreur. Un corps sans vie flottait, mais pas n'importe quel corps. Comme pour faire echo, à ce qu'il s'était passé tout à l'heure, dans le salon du Nautilus, après l'intime conviction, que Phobos allait mourir par ma faute, c'était maintenant le corps d'Alexis que je voyais.
- Reste calme Artémis, me répétais-je et tant pis si les autres m'entendaient. Alexis est à Storybrooke, elle vie avec Anatole maintenant. S'il lui était arrivé quoi que ce soit, il nous aurait contacter. Tu l'aurais su.
Malheureusement, cela n'aida en rien. J'avais toujours eu un gros soucis, avec mon don d'empathie. C'était qu'il était à double tranchant. Ressentir les émotions des autres, faisait que mes propres émotions, étaient exacerbé. J'avais toujours tout ressentis de manière bien plus forte que le reste de ma fratrie. Que ce soit la joie, la colère, l'agacement, ou encore l'angoisse et la peur à l'heure actuel. Aussi, restais-je totalement tétanisé face à la scène. Le pire, était que non seulement, l'une de mes pires craintes étaient en train de se réaliser. Mais qu'en plus une sorte de requin, semblait se diriger droit vers elle. Mon cœur, s'emballa, et cogna de toute ses forces contre ma cage thoracique. Ma respiration, s'accéléra, et des picotements se firent ressentir dans tout mon corps. J'étais non seulement terrorisée, mais également en proie à une véritable panique
"Vous pensez qu'il s'agit d'une hallucination cette fois ?"
Cela eu au moins, le mérite de me ramener un peu sur terre. Aussi, pris-je sur moi. Et tentais de me contrôler. Je savais filtrer les émotions des autres quand je les ressentais. Alors, je pouvais bien le faire pour les miennes pas vrai ? Je tentais de prendre quelques petites bouffés d'air avant de maîtriser mon timbre de voix avec plus ou moins de succès
- Je l'ignore, mais dans le doute l'attaque est la meilleur défense.
Je détestais laisser, filtrer mes émotions. Et je détestais ce timbre de voix tremblotant. J'avais appris à porter un masque pendant tellement de siècle. Que j'avais finit, par le voir comme un moyen de protection. Une sorte de barrière entre les gens et moi. Et, je me rendais compte, que je l'avais déjà beaucoup trop abaissé. Trop de personne, s'étaient liés à moi. Trop de personne, qui risquaient de mourir, et que je ne pouvais pas prendre le risque de perdre. Peut-être, allais-je devoir imposer une distance, et très clairement faire comprendre que je partais, et qu'il était inutile de me retenir. Mais avec qui ? Louise, ne me laisserait jamais m'éloigner je le savais. Elle était encore plus têtue que moi sur ces choses là. Quand aux autres, difficile à dire.
Mais il était temps de me reprendre. Aussi, décidais-je de faire apparaître mon arc ainsi qu'une flèche. Mais au moment, où je le faisais, je ressentis soudainement une violente décharge le long des bras. Crispant la mâchoire, j'encaissais sans broncher, même si ça ne faisait vraiment pas du bien. Sans me laisser aucun répit, pour récupérer de l'énergie. Je bandais mon arc, et mit le plus de force possible, dans l'envoie de la flèche. Malheureusement elle manqua sa cible, me faisant pâlir. Je ne manquais jamais ma cible. Sauf bien sur, si on comptait la fois où quand nous étions petit Apollon, m'avait déconcentré. Tiens d'ailleurs, je ne lui avait pas encore mit de claque à l'arrière du crâne pour cette fois là maintenant que j'y repensais. Et pourtant, il l'aurait bien mérité.
Ma piètre tentative, de penser à autre chose pour me détendre, échoua lorsque le requin se fit une joie, de faire du cadavre son festin. Prise d'un haut le cœur, je me courbais en deux, le sang martelant mes tempes. Et l'estomac noué, comme jamais en voyant un filet de sang se mélanger à l'eau. Par pitié que cela cesse. Je n'arrivais pas à me dire que ce n'était qu'une illusion. C'était trop réel, trop horrible. On l'avait toujours su avec Apollon, même si l'on n'en avait jamais réellement parlé. Mais j'avais toujours été un peu plus fragile que lui. Notamment face à ce genre de choses. L'empathie y était pour beaucoup. Sans doute, que si je n'avais pas eu ce don, j'aurais été bien moins sujette à l'émotivité. Aussi détournais-je le regard, lorsque le requin recracha le corps. Je refusais d'en voir plus. Pour l'amour de Gaïa il fallait que je me ressaisisse ! Ce n'est pas en restant là, tremblante comme une feuille, et encore plus pâle qu'un cachet d'aspirine que les choses se régleraient !
"Les requins, n'aiment pas la viande humaine. Ils nous confondent avec des poissons quand....Ils nous attaquent."
Je savais tout cela, la faune peu importe qu'elle soit aquatique ou bien terrestre n'avait aucun secret pour moi. La chasse ne s'arrêtait pas à la terre ferme. Mais lorsqu'on a peur. Lorsqu'on est terrorisé, l'on n'arrive plus à rester rationnel, cohérent. L'on a tendance à se laisser submerger par ses émotions. Ce qui était mon cas en ce moment même. Et ce malgré le fait que je ne cessais de me hurler mentalement, de me ressaisir. Que j'étais plus forte que cela. J'adressais tout de même un regard reconnaissant à Jules Verne, lorsqu'il me prit la main. Apollon, faisait tout le temps cela quand j'étais dans ce genre d'état. Je fit néanmoins, en sorte de minimiser ma force au maximum, en serrant celle de l'écrivain. Ils n'avaient pas vraiment la même force avec mon frère. Là où je pouvais y aller aussi fort que je le souhaitais, sans avoir peur de lui broyer les os avec ce dernier, je me devais de faire attention, avec un mortel.
Je tentais avec un peu plus de succès, que tout à l'heure, de reprendre mes esprits quand je sentis que Monsieur Verne secouait ma main. Le requin arrivait droit vers nous. Il fallait faire quelque chose. Je songeais à faire réapparaître mon arme, mais me rendit bien compte que ce n'était pas ça le pire. Il y avait un homme scaphandres. Il venait d’apparaître à quelques mètres et nous observait. Doucement, je dégageais ma main de celle de Jules Verne. Et décidait cette fois-ci de faire réapparaître une flèche. Et à nouveau une douleur dans les bras. Il allait sûrement, falloir que je songe à cesser d'utiliser mes pouvoirs. A chaque fois que je le faisais, je ressentais cette décharge, et cela commençait à sérieusement m'élancer.
Bandant à nouveau mon arc, je tirais droit en direction du scaphandre. Ce dernier se contenta de lever sa main, et la flèche me fût retourné, pour se planter droit dans mon épaule. Je serrais les dents, refusant de laisser filtrer ne serait-ce que la moindre petite émotion en relation avec la douleur. Hors de question, de laisser ce plaisir à un « ennemi » et puis quoi encore ? Alors, je pris sur moi, affichant un visage de marbre, et ce malgré la douleur, ainsi que les décharges. J'avais l'impression qu'il y avait un soucis avec la combinaison. Mais j'aurais le loisir d'y réfléchir plus tard. Jules Verne, tentait de m’entraîner vers le Nautilus. Aussi, l'en empêchais-je doucement - Vous en faites pas, je suis plus solide que j'en ai l'air dis-je sur le ton de la plaisanterie
Nous, ne nous connaissions pas vraiment. Aussi, préférais-je faire preuve de tact. Là, où j'aurais sans doute envoyé boulé sans aucune délicatesse, quelqu'un comme mon frère qui ne risquerait pas de se vexer. Je préférais prendre des pincettes avec l'écrivain. Et de toute façon, nous avions plus important à régler que mon état de santé. Le requin arrivait toujours droit sur nous, et l'homme Scaphandres nous observait toujours. J'estimais que ces deux choses là, étaient prioritaire sur tout le reste. Sans compter, qu'il commençait à faire de plus en plus chaud à l'intérieur du scaphandre, et que je ne souhaitais nullement le montrer.
le requiem des oubliés Et maintenant qu'il faut partir on a cent milles choses à dire qui tiennent trop à coeur pour si peu de temps
Si nous pouvions flotter, nous rêvions de partir. Si nous pouvions marcher, nous rêvions de tout fuir. Nous pouvions nous entendre penser, nous rêvions d'une silencieuse paix. Nous étions là, tous hébétés dans ce vaste océan comme un grain de poussière perdu dans l'éclat des étoiles. Et nous étions perdus, tous confrontés à nos peurs les plus profondes. Et, si je ne pouvais nager, l'eau dans laquelle j'étais plongée semblait si claire. Si claire face à l'obscurité des jours à venir. Un avenir qui ne nous laissait pour l'instant qu'une option, celle de se laisser plonger. Celle de laisser son corps dépérir en quelques cendres à effriter de nos scaphandres, celle de laisser le Nautilus gagner pour l'éternité. Mais cette fois, je ne pouvais me résigner à abandonner. Pas pour ma peur de l'avenir, pas pour ma peur du passé, mais par mon courage présent. Tout simplement sans penser à demain, qui vient toujours un peu trop vite, je devais y arriver. Diane, une flèche plantée dans l'épaule, semblait néanmoins se tenir droite et digne. La jeune femme n'acceptait certainement pas donner raison à ce scaphandrier mystérieux. Aucun de nous ne voulions lui donner raison. Et pourtant, nous le faisions en restant si loin que je peinais même à discerner sa silhouette. Nous devions avancer. En savoir plus. Enfin. Non. Je devais avancer. Oublier pendant un instant les grognements qui hantaient toujours mon corps fébrile. Mimer un sourire rassuré, j'y étais habituée. Mais cette fois, même moi, j'y croyais en ce rictus affirmé. Je devais y croire, car plonger avec Sebastian, Diane ou encore le cher auteur dans cet océan inquiétant pour l'éternité était un acte que je ne pourrais me pardonner. Il fallait agir, et je devais faire mes preuves. Surtout, après ma triste prestation devant le charmant muet qui, à mon plus grand plaisir, ne s'était guère moqué de mes sanglots puérils. Oui, ils étaient puérils. Face à toutes ces peurs, j'avais bien été la seule idiote à paniquer autant. Mais, plus je restais en compagnie de ce groupe étrange, plus je pensais que ma peur n'était un crime. Ce n'était qu'une perte de temps. Observant chaque recoin des profondeurs aquatiques dans lesquelles nous nous étions, presque tous, engouffrés, je jetai un dernier bref coup d'oeil à la jeune femme au calme toujours impressionnant. Comme si il s'agissait d'une façade. Peut-être que c'était ça le truc. Rester silencieux, sourire, et prétendre ne pas avoir peur. Mais, quoiqu'on pusse en dire, nier l'existence de ma peur ne l'avait toujours qu'accentuer. Brassant gauchement mes bras, et mes jambes dans l'eau, je comptais m'approcher du scaphandrier. Je devais m'approcher du scaphandrier. Du moins, j'y étais décidée avant qu'une étreinte se resserre au niveau de mon coude, je reconnus alors bien le visage de Jules, outré. Grimaçant à ce qui semblait être de l'audace, il pensa aussitôt:
"Que diable faites-vous, malheureuse ? - Vous préférez retourner au Nautilus pour l'éternité, monsieur Verne? J'en doute. Je dois comprendre ce qu'il se passe. Je vous en prie, lâchez moi."
Je ne pus m'empêcher d'exprimer un air contrit, désolée d'une telle franchise, mais curieuse de ce personnage mystique qu'était l'homme dans ce scaphandre. Le coupe soufflé par cette répartie dont je faisais tout nouvellement preuve, et dont j'en étais à vrai dire, pourtant presque fière. Pensant trop vite pour contraindre sa pensée au silence, il reprit de plus belle:
"Mais... mais... vous avez perdu l'esprit...? - Je ne vous permets pas."
Si j'avais pu, j'aurais gloussé pour bien prouver que je n'éprouvais aucune rancoeur à son égard. Jules était bien trop mignon pour que je ne lui en veuille. Après tout, c'était vrai. Je devais bien avoir perdu la tête. Lâchant à contre-coeur mon avant bras, je ne pus réprimer un sourire, laissant doucement mes doigts caresser les siens. Un dernier réconfort avant de partir rejoindre le monstre qui avait blessé la pauvre Diane. Je lui offrais un regard compatissant, puis esquissai un encore plus large sourire à l'égard de Sebastian. Désobéissant délibérément aux recommandations de monsieur Verne, je coulai vers lui un dernier regard:
"Ils n'ont aucune pitié. Aucune.?"
Dans sa paume de main, il serrait fortement la pierre noire. Il hésitait à me la donner. L'idée de porter cette responsabilité ne me réjouit guère, et à mon plus grand soulagement, il la garda fermement cloîtrée dans ses doigts. J'étais désormais élancée vers ce scaphandrier muet, qui face à mon brusque mouvement se redressa brusquement. Surpris, en quelque sorte. Toisant mon arrivée avec suffisance, je devais avouer que je regrettai bientôt ma décision. Fanfaronner n'était pas chose dont j'étais habituée, et si Neil aurait avancé en dégainant une stupide blague, je restai muette et, un peu, inquiète. Mais je taisais la panique et flottais en m'approchant davantage de cet inconnu. Relevant les yeux vers la surface dont on ne voyait pourtant pas les limites, le requin se fondait toujours vers nous. Un faisceau électrique du Nautilus vint alors subitement l'éclairer jusqu'à l'aveugler. Pour un instant, nous étions invisibles. Un instant parfait pour rejoindre l'homme du scaphandre. Lorsque je fus enfin à sa hauteur, il leva la main sur la défensive. Comme si, moi, Sally, la petite rousse en pleurs cinq minutes précédemment, allait lui sauter à la gorge. La scène, bien que épique, était surréaliste. J'optais finalement pour un premier interrogatoire dans le respect et la passivité. La bagarre, c'était pas mon truc. Je préférais les mots, et c'était bien la seule chose qu'on avait pas vraiment tenté.
"Vous m'entendez? Vous me comprenez? Qui êtes-vous..?"
Son casque était opaque, et bien que seuls quelques centimètres nous séparaient encore, il m'était impossible de voir le visage qui s'y cachait. Qui était là dessous? Il ne s'apprêtait certainement pas à répondre, comme le prouva son geste. Magique. Un courant, doux parcourut mes épaules puis mon corps tout entier, comme si celui-ci était projeté par la main qu'il tendait vers moi. Et ce courant magnétique m'apporta des fourmis dans tout le corps, désagréable mais indolore. J'empêchai mon visage de formuler une grimace, de peur de vexer mon interlocuteur. Un silence s'installa. Pendant quelques instants qui parurent durer une éternité. Il réfléchissait sûrement à une réponse énigmatique à nous donner. J'aimais les mots, pas les énigmes. J'aimais la vérité, pas les sous entendus. Pourquoi fallait-il toujours tout alléger? Si la réalité était brutale, elle l'était. Point. Que ça m'agaçait. Les euphémismes étaient horripilants mais alors, de la part d'un scaphandrier... Si j'en avais eu la force, je l'aurais vraiment réduit en miettes. Après un long moment de silence où je me forçais à taire mes pensées négatives, il daigna répondre.
"Il ne faut jamais juger les hommes à la légère."
Cette voix, je la connaissais. Mielleuse, charnelle, masculine, charmeuse, Jules Verne. Jules Verne tout craché. Le timbre exactement similaire me laissa perplexe, pensant qu'il s'agissait tout d'abord de lui-même, je me retournai pour constater son même ébahissement. Abasourdi, il semblait que lui aussi entendait pour la première fois le scaphandre s'exprimer. Comme quoi, si j'étais folle, j'étais au moins utile.
- Vous ne répondez pas à ma question.", lâchais-je entre ma mâchoire crispée, et mes lèvres pincées. "Ah! monsieur, vivez, vivez au sein des mers. Là seulement est l'indépendance! Là, je ne reconnais pas de maîtres; là, je suis libre!"
J'avais bien lu quelques romans de ce cher Jules Verne expliquant évidemment tout l'émerveillement que je portais pour ce personnage aux allures pourtant des plus misogynes. Et cette réplique ne m'était pas inconnue. Vingt-milles lieux sous les mers, capitaine Nemo. Et si..? Et si, ce scaphandre cachait le célèbre personnage de son roman? Je me retournai vers Jules, pour penser à son attention:
"Mais... C'est le capitaine Nemo..? - Je... je ne sais..."
L'auteur perdu balbutiait timidement, incapable de formuler une réelle pensée claire et précise. Je préférais l'ignorer, en haussant un sourcil, intriguée. Même Jules n'était apte à trouver de réponse à toute cette suite illogique. Je venais alors approcher ma main de celle du, prétendu, capitaine Nemo. Peut-être sa consistance me permettrait-elle d'en déduire davantage..? Il me repoussa. Sans même me toucher. Un mouvement de recul, et en une légère onde de choc il m'avait propulsé quelques mètres plus loin. Il ne voulait pas de contact, d'accord.
"Pourquoi? Qu'attendez-vous de nous après tout? - Ce ne sont pas de nouveaux continents qu'il faut à la terre, mais de nouveaux hommes."
Toujours une citation du même roman, et du même personnage. C'était le capitaine Nemo. Je n'en doutais presque plus. Il se contentait de me regarder, et la main toujours levée en cas d'une de mes tentatives de toucher, il se murait dans le silence, et je restais bouche bée. Après avoir rencontré le créateur, je rencontrais la création. J'étais fascinée.
L'élément liquide devenait de plus en plus inhospitalier. Sebastian avait fait une mauvaise rencontre dans les ruines et à présent que nous étions tous réunis, il avait fallu essuyer l'attaque d'un requin suivie par l'apparition d'un homme en scaphandre. Diane Moon décocha l'une de ses flèches mais cette dernière se retourna contre elle, se plantant dans son épaule. Curieusement, aucun filet de sang ne s'échappa de la plaie, et la combinaison resta hermétique, ce qui était pour le moins stupéfiant. En tous les cas, la douleur marquait le visage de la sélénite, bien qu'elle restât courageuse. Je voulus l'entraîner vers le Nautilus, car je craignais que sa blessure ne s'aggrave, mais elle me repoussa avec une politesse qui me surprit, surtout en de telles circonstances. Comptait-elle vraiment rester sous l'eau alors qu'elle était incapable de bander son arc désormais ? Le requin nous menaçait toujours ; quant à l'homme en scaphandre, il semblait décidé à nous regarder mourir. Cela ne changerait en rien à leur fichue habitude...
Je serrai davantage la pierre noire au creux de ma main gantée, si fort que je sentis les reliefs à l'intérieur de ma paume. Elle ne serait peut-être d'aucune utilité le moment venu, mais je voulais y croire malgré tout. Que nous restait-il, en somme, hormis l'espoir ?
Fort heureusement, le requin fut aveuglé par un faisceau électrique du Nautilus et se désintéressa de nous. Je me doutais que ce répit n'allait pas durer, surtout que l'homme en scaphandre était toujours là. Ce fut à cet instant que Sally décida de s'en approcher. Mon seul réflexe fut de la retenir par le bras, mais elle me désarçonna par son audace et sa folie. Je la lâchai à contrecoeur, redoutant la suite. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait. Pauvre douce ingénue...
"Ils n'ont aucune pitié. Aucune." pensai-je alors que la pierre tremblait dans mon poing.
J'eus un regard vers cette dernière, hésitant à la lui donner, mais ce n'était pas un bouclier, encore moins une arme. Il s'agissait d'un moyen de se défendre contre ce qui arriverait ensuite. Une possibilité de parvenir à comprendre. Il était inutile de lui confier présentement.
L'homme en scaphandre leva la main vers mademoiselle Pumpkin tandis qu'elle avançait vers lui, lentement. Elle posa des questions et je secouai la tête, sachant très bien qu'elle demandait en vain. Jamais ils ne parlaient.
"Il ne faut jamais juger les hommes à la légère."
Je tiquai. Ces mots éveillaient quelque chose en moi. Mais plus encore, cette voix me semblait familière. Je frémis, ayant cru la reconnaître. Non pourtant, c'était impossible...
Sally posa une autre question que j'écoutais à peine. L'homme au scaphandre parla de nouveau, avec ma propre voix :
"Ah! monsieur, vivez, vivez au sein des mers. Là seulement est l'indépendance! Là, je ne reconnais pas de maîtres; là, je suis libre!"
Comment pouvait-il s'exprimer avec ma voix ? Pour quelle raison ? Que se cachait-il sous ce casque opaque ? Plus que jamais, je redoutais de savoir.
"C'est, c'est le capitaine Nemo..?"
L'interrogation de la demoiselle aurait pu m'arracher un sourire en d'autres circonstances, mais pas cette fois. J'étais abasourdi. Complètement dérouté, je balbutiai :
"Je... je ne sais..."
J'avais l'impression de manquer d'air. Je clignai des yeux, hagard et accrochai le regard de Diane qui luttait toujours contre la douleur.
Brusquement, alors que Sally essayait de toucher la main levée de l'homme en scaphandre, une onde de choc la projeta plusieurs mètres en arrière, la faisant rouler doucement dans l'onde. Elle revint vers nous alors que le courant nous faisait remuer quelque peu.
Une autre question de la demoiselle, une autre réplique issue de Vingt Mille Lieues sous les Mers de la part de l'homme en scaphandre :
"Ce ne sont pas de nouveaux continents qu'il faut à la terre, mais de nouveaux hommes!"
"ASSEZ !"criai-je en pensée.
L'homme en scaphandre tourna la tête vers moi. Ainsi donc, il nous entendait. Il ne disait pas des phrases au hasard à Sally. Il se moquait simplement de nous. Ces hommes me terrifiaient depuis plus d'un siècle, mais plus que la peur, ma frustration atteignait des sommets. J'avais enduré leurs tourments plus qu'il ne fallait. Qu'avais-je gagné à ne pas leur résister ? La présence de Diane, Sebastian et Sally, leur folie communicative me donna l'audace de faire un pas vers l'homme en scaphandre.
"Qui êtes-vous ? Pourquoi nous gardez-vous prisonniers ? Sommes-nous condamnés à errer en ces eaux pour l'éternité ?"
La main toujours levée de l'homme en scaphandre eut une sorte de sursaut. Ses doigts remuèrent légèrement dans l'onde, comme s'il hésitait à m'agresser.
"Oui." répondit-il avec ma propre voix.
Surpris par une réponse aussi cruellement franche, j'eus un haut-le-coeur. Tout espoir était donc risible. Toute résistance était inutile.
"Oui, la mer est tout." poursuivit l'homme en scaphandre. "Je l'aime! Elle couvre les sept dixièmes du globe terrestre. Son souffle est pur et sain. C'est l'immense désert où l'homme n'est jamais seul, car il sent frémir la vie à ses côtés."
Un éclair de rage embrasa mes pupilles. Il venait à nouveau de citer le capitaine Nemo, se moquant une fois encore de nos âmes en peine. Jamais nous n'aurions de réponse. "Vous n'avez aucun droit de citer mon oeuvre !"m'enflammai-je. "Absolument aucun !"
La température à l'intérieur du scaphandre me paraissait augmenter, mais je m'en rendais à peine compte tant j'étais à la fois furieux et indigné. Pourtant, il régna bientôt une chaleur aussi intense que si j'avais été placé dans un four.
"Pourquoi avez-vous ma voix ?" repris-je, fulminant. "Qui êtes-vous ?"
"Jules Verne." "Non, c'est moi Jules Verne ! JE SUIS JULES VERNE !"m'écriai-je si fort que ma voix mentale fit vibrer l'intérieur du casque.
"Jules Verne." répéta l'homme en scaphandre posément.
"Je sais pertinemment qui je suis, espèce de carcasse rouillée !"
Il avait baissé sa main pendant notre échange, mais il la releva subitement en pivotant vers quelqu'un qui se tenait derrière moi. Je me retournai et vis Diane qui semblait rencontrer des difficultés à rester debout. Son scaphandre vibrait ou tremblait à mesure que son agresseur le manipulait à distance. "Arrêtez !" ordonnai-je."Laissez-la tranquille !"
J'étais à seulement deux ou trois mètres de l'homme en scaphandre, mais je ne pouvais tenter une attaque de front. Ses pouvoirs étaient sans limite. Je n'avais aucune arme à ma disposition.
Brusquement, il y eut une sorte de grésillement étrange, assourdi par l'eau mais sonore malgré tout, avant que Diane Moon ne disparaisse. Elle s'était évaporée. Il ne restait rien d'elle.
L'homme en scaphandre baissa lentement la main, ayant achevé son oeuvre. Je me souvenais des paroles de Neil qui avait dit que malgré leurs capacités exceptionnelles, la sélénite et elle étaient incapables de se téléporter. Le mot m'était inconnu mais en séparant les racines latines, j'en saisissais le sens principal. Etre porté ailleurs. Elles ne pouvaient pas déplacer leurs corps d'un endroit à un autre alors qu'habituellement, cela leur était d'une facilité enfantine. Diane ne s'était donc pas téléportée. Elle avait cessé d'exister. "Qu'avez-vous fait ?" balbutiai-je en me tournant vers l'homme en scaphandre. "Pourquoi...?"
L'avait-il pulvérisée ? En tous les cas, ma décision était prise. Nous ne serions plus leurs pantins. Autant mourir avec honneur et dignité, en vengeant la blonde sélénite. Je pris mon élan et bondis en avant pour frapper l'homme en scaphandre. Mon intention était de lui arracher son casque afin de découvrir qui se cachait en dessous. Sa voix qui était la mienne... Un frisson de terreur parcourut mon échine alors que sans même lever la main, il me repoussait à l'aide d'une onde de choc plus conséquente que les précédentes. Le courant me fit rouler plusieurs mètres en arrière, ainsi que mes compagnons d'infortune, nous entraînant contre notre gré vers le Nautilus. "Il nous faut la venger !" pensai-je, révolté et chaviré par cette terrible perte.
J'étais à demi aveuglé par la chaleur qui semblait faire bouillonner mon corps, mais je n'en avais cure. Mon envie dévorante de comprendre surpassait de loin ma crainte de mourir. De toutes façons, cela faisait plus d'un siècle que j'avais un pied dans la tombe.
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Sebastian Dust
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From Gold to Grave Who's making the Sandmandream ?
| Conte : Les 5 Légendes. | Dans le monde des contes, je suis : : Le Mαrchαnd de Sαble ϟ Archeron.
La voix de Jules Verne tremblait presque de rage et de colère vengeresse, résonnant dans le crâne des deux survivants à l’aventure comme le martellement d’un poids contre de la roche. Sebastian grimaça sous l’injonction, ses yeux passant très rapidement de leur hôte au scaphandre désormais éloigné d’eux. Diane avait disparue dans l’air. Volatilisée comme les dieux semblaient si bien le faire, même si d’ordinaire ils tombaient en cendre avant de réapparaître saints et saufs ; sauf que là, la déesse n’était pas revenue. Pas encore. Pas tout à fait. Une chose était sûre pourtant, le gardien refusait l’idée qu’elle puisse être morte définitivement. Inconcevable. Irrecevable. Ils n’étaient pas dans un mauvais rêve où les bons mourraient et les mauvais gagnaient à la fin, en tant que gardien il n’aurait absolument pas toléré une chose pareille.
Aussi attrapa-t-il fermement le bras de Jules Verne pour l’empêcher de se jeter à nouveau sur le scaphandre, glissant dans l’eau avec lui quand il se débattit. Poussé par la colère, l’écrivain ne parvenait pas à réfléchir correctement, c’était évident. Aussi insista-t-il fermement, tirant à contre sens pour le retenir malgré les accès furieux qui lui donnaient du fil à retordre. Recommencer la même erreur. Perpétrer un cercle vicieux qui risquait de les entraîner par le fond plutôt que de les sauver. Il comprenait parfaitement ses raisons et sa volonté, mais ce n’était nullement la bonne solution. Pas comme ça. Pas de cette manière. Pas sans réfléchir.
Ce sont… Des démons… Balbutia-t-il dans leurs esprits. … Des démons…
Sebastian attendit qu’il ne le regarde à nouveau pour lui répondre, rencontrant le visage d’un homme dépassé par ses propres émotions et les évènements. Il ne devait pas avoir l’habitude de voir mourir des gens… Le gardien non plus et Sally encore moins, mais la ferveur avec laquelle il voulait venger Diane était presque chevaleresque. Un autre âge ô combien respectable. Mais insensé, tellement insensé.
Peut-être sont-ils vos démons. Pas les nôtres.
Son regard croisa celui de la jeune fille rousse, alerte dans sa combinaison, avant de se reporter sur l’homme qu’il tenait toujours.
Des peurs se matérialisent pour chacun d’entre nous, sauf pour vous. Vous dites qu’ils étaient là depuis votre arrivée ? Ils n’incarnent pas mes peurs. Jules fut catégorique. Ils ne symbolisent absolument rien pour moi. Pendant plus d'un siècle j'ai combattu ou ignoré mes pires craintes ; eux sont toujours restés. Quoi que je fasse. Ils apparaissent de temps à autre quand... quand je suis sur le point de mourir. Ce sont des messagers de mauvais augure.
La mort, encore. La fin et le recommencement. L’ombre et la lumière. Le grand voyage symbolisé par des gardiens qui menaient jusqu’à elle afin de s’offrir sa dernière danse. Un dernier voyage. Une dernière tentative…
Et vous ne leur avez jamais parlé. Je leur ai parlé à de nombreuses reprises mais ils n'ont jamais daigné me répondre.
Encore faudrait-il pour cela être en état d’écouter lesdites réponses… Le marchand de sable se mordit l’intérieur de la joue pour s’empêcher de le penser trop fort. Juger les gens n’était pas de son ressort. Progressivement, Sebastian lâcha son vis-à-vis en remarquant que son courroux semblait s’amenuiser. Il était toujours crispé, les traits de son visage trahissaient le combat intérieur qu’il semblait mener, mais il ne tenta pas d’attaquer à nouveau l’étrange homme en scaphandre. C’était déjà une bonne chose de gagnée.
Le « capitaine Nemo » ne symbolise vraiment rien pour vous ?
N’importe quel néophyte connaissait au moins ce nom et le lien qu’il possédait avec Jules Verne ; mais il ne lui ferait pas l’insulte de l’affirmer. Pas son genre. Pas ses manières. Quant à aller fouiller son esprit, il préférait faire confiance à la vérité que de découvrir des secrets dont il ne voulait rien savoir jusqu’à l’existence même. Tout un chacun possédait son jardin secret, les adultes d’autant plus, et se retrouver perdu dans des esprits complexes et pudiques n’était pas son sport favori. Il était fait pour la simplicité et l’évidence, pas pour les chemins détournés et la tromperie. Le mensonge. La manipulation… Tant de mots étrangers et audacieux, irrévérencieux jusque dans leur consonance à ses oreilles.
Un autre son étrange était celui de sa propre voix, légèrement rauque et étouffée même dans son esprit. Sebastian n’avait nullement l’habitude de s’exprimer par des mots et cela s’en ressentait tant il faisait des efforts pour formuler correctement ses phrases. Il craignait toujours d’être mal interprété et parvenait de justesse à mettre de l’intonation, son visage toujours aussi expressif ne manquant pas de grimacer quand il constata qu’il lui fallait encore continuer. Jusqu’à retirer ces combinaisons, du moins… Mais peut-être pas en plein milieu de l’eau là tout de suite. Le gardien déglutit, prenant une grande inspiration pour se concentrer à nouveau sur le visage courroucé de Jules. Qu’il aurait été mille fois plus simple de faire apparaître une image pour illustrer tout cela… Les mots bridaient décidément l’imagination à une simple évidence implacable et irremplaçable.
Le Nautilus ? Ces ruines ?
Plus il insistait, plus il voyait l’écrivain s’agacer à nouveau.
Ce qui me perturbe, c'est que cet homme en scaphandre parle avec ma voix. Vous n'y voyez peut-être rien de personnel mais moi si ! J'aimerais en comprendre la raison !
Son regard coula sur l’honnêteté de cette détresse qu’il percevait sans mal dans sa tête. La voix. Cette voix que tout le monde souhaitait unique au point d’être déboussolé quand autre chose la proposait ; il était insupportable pour l’oreille humaine de s’entendre copier, voler, une parcelle si intime de l’individualité. C’était comme arracher un morceau de son âme et la partager avec quelqu’un d’autre, une générosité concevable chez un enfant mais extrêmement jalousée une fois l’âge adulte atteint. Quand on comprenait que l’autre pouvait être dangereux et préjudiciable, plus rien ne devenait pareil ; on s’éloignait, s’écartait et la méfiance s’emparait de toute l’innocence qui restait au fond du cœur. Ce moment là, cette adolescence programmée, Sab la craignait autant qu’il la détestait. Elle l’attristait. C’était comme cesser de rêver pour se concentrer sur la morne réalité… Refuser de se laisser aller à l’honnêteté primaire. Spontanée.
Un enfant aurait sans doute compris cette ressemblance, mais Jules préférait attaquer la similarité sans même se demander pourquoi les choses étaient ainsi. Le capitaine Nemo était son personnage… Presque était-il logique qu’il porte sa voix. Humanisé, réel, illusionné ou simplement imaginé ; la création pouvait-elle rendre meilleur hommage que de rappeler une parcelle de son créateur ? Il lui dira sans doute plus tard. Un peu plus tard.
… Vous énervez ne sert à rien. Aujourd’hui, il répond. Vous appelez ca des réponses? Il ne dit strictement rien d'intéressant !
Tout comme cette conversation en train de tourner en rond. Dieu que les adultes étaient compliqués ! Pour simple réponse, Sab lui décrocha un regard agacé avant qu’un mouvement plus loin n’attire son attention : le requin était revenu. Ondulant dans les eaux transparentes, il passa rapidement autour du scaphandre resté immobile dans le faisceau de lumière sans pour autant y prêter attention. A croire que trois proies mouvantes étaient plus appétissantes qu’une seule qui ne bougeait pas… Au cas où ce serait un rocher, c’est sûr. Tournant la tête en direction de Sally, à quelques pas d’eux, il constata bien rapidement qu’aucun de ses co-équipiers n’avait de quoi se défendre face au squale. Ce dernier nageait à toute allure à leur rencontre, commençant à ouvrir sa gueule pour leur signifier ses intentions et accélérant même les battements de sa queue afin de les atteindre plus rapidement. Mais pourquoi est-ce qu’il persistait à vouloir les attaquer ? Goûter à un corps flottant ne lui avait pas suffit ? Pas vraiment le temps de lui poser la question.
Le gardien n’hésita pas plus longtemps : il tendit le bras dans un arc de cercle, laissant le sable doré former un bouclier autour d’eux que le requin vint percuter de plein fouet.
La douleur fulgurante des décharges ene tarda pas à se faire ressentir dans tout son bras, se propageant jusqu’à son torse et l’obligeant à courber l’échine pour lutter. Résister le temps que le bouclier ne s’égraine alors au fil de l’eau, abîmant davantage la combinaison que portait le marchand de sable. Lorsque le dernier grain doré eut disparu, le requin sonné secouait la tête et le Capitaine Nemo… Les observait toujours. Ou presque, puisqu’une nouvelle onde de choc les atteignit de plein fouet, propulsant le petit groupe en arrière et leur permettant de se rapprocher du Nautilus. Sebastian, la mâchoire serrée, vit alors le scaphandre disparaître de son emplacement. Comme si son temps était désormais terminé pour cette fois.
Visiblement, on ne veut pas de nous au dehors… C’était une constatation plus qu’une question, une hypothèse.
En général, plus on le repoussait plus Sab avait tendance à insister. La dernière fois, cela lui avait permis de rencontrer Archeron mais aussi de se retrouver face à quatre titans – ou leurs images – peu enclins à le laisser continuer. Il avait découvert une forme de futur, son propre visage bien plus vieilli que l’ordinaire, mais aucune réponse ne lui avait été donné. Il savait juste qu’un jour, il se retrouverait à cette place. A cette endroit. Dans le palais des songes de l’autre monde… Et que quelqu’un viendrait le détruire. Mais pour cette fois, il essayait plutôt de comprendre comment tout ceci fonctionnait : le scaphandre avait par trois fois essayé de les expulser hors des ruines. Lorsque Diane ou Jules Verne s’en était pris à lui, la déesse avait été blessée puis… « désintégrée ». Pourquoi les pousser vers le Nautilus ? Pourquoi ne pas les détruire eux-aussi s’ils voulaient leur mort ?
Votre mort… Et… Une illusion ?
Ses pensées se superposaient dans sa tête, à toute allure, au point qu’il avait du mal à les contenir toutes à la fois. Pourquoi le requin n’avait-il pas réagi au Capitaine Nemo mais les avait vu, eux, ainsi que le corps d’Alexis ? Et comment se faisait-il que l’écrivain ai parlé de sa propre mort et des présages que pouvaient apporter le scaphandrier ? Quelque chose clochait. Quelque chose qu’il ne comprenait pas ; après tout, il n’était pas Louise. Déceler ou détecter n’était pas son fort, surtout pour un gardien de la vérité et de l’honnêteté. Enfin, ces attributs n’étaient pas à lui mais il les comprenait tout aussi bien que le reste…
Le requin. Il ne... voit pas ce que nous voyons. Pourtant avec son sonar il devrait détecter Le nautilus. En être étourdi... Ses yeux passèrent du sous-marin à Sally, puis à Jules Verne. Vous êtes déjà mort. Où avez-vous atterri ?
L’homme le regarda sans comprendre.
Comment cela où ai-je atterri ? Vous disiez…
Mais il fut interrompu quand son vis-à-vis sembla remarquer quelque chose derrière lui, ajoutant :
Nous pourrions peut être avoir cette discussion à l'intérieur? J'ai comme l'impression que notre gros poisson a appelé des compagnons.
Effectivement, des ombres dans les profondeurs se détachèrent dans la clarté ambiante, ressemblant à deux autres squales. Mieux valait ne pas traîner trop longtemps ici… Sebastian secoua la tête pour essayer d’organiser ses pensées de manière plus cohérente ; ce que c’était perturbant de devoir choisir quoi penser ou non pour éviter que tout ne s’entende ou ne s’emmêle. En homme de secrets et de silence, être ainsi mis à nu le rendait très mal à l’aise. Il hocha cependant la tête, résolu.
Après vous.
Laissant passer les deux protagonistes avant lui, Sab resta un instant à observer les ruines avant de se décider à les suivre. Adressant un sourire doux à Sally quand ils parvinrent jusqu’au sas, il s’arrêta en la laissant monter la première – galanterie oblige. Si seulement cette dernière permettait de faire revenir Diane… Le marchand de sable déglutit, se dépêchant de chasser des idées sombres qui pourraient naître dans son esprit ; la déesse allait revenir. Par un moyen ou un autre, elle serait de retour. Ce n’était pas possible de disparaître de cette manière. De mourir ainsi, en un claquement de doigt. Il croyait bien trop en leurs capacités pour ça. Et puis, il avait appris à apprécier Artémis. Qu’elle soit sous sa forme enfant – sa préférée – que sous son apparence adulte, plus réservée. Louise serait triste si Diane disparaissait sans avoir pu lui dire au revoir…
Les nouveaux requins s’avançaient tranquillement dans leur direction lorsque, brusquement, ils bifurquèrent et se séparèrent. Haussant un sourcil surpris, Sab le fut encore plus lorsqu’une ombre bien plus grande s’abattit sur eux à en faire trembler le Nautilus. Rentrant d’instinct la tête dans ses épaules, il remarqua une, deux, trois… jusqu’à sept tentacules gigantesques qui passèrent tout près de leur position. Se penchant un peu en avant, le gardien découvrit alors un immense calamar qui recouvrait une bonne moitié du submersible. Sacré calibre.
Evidemment… Soupira la voix de Jules Verne, mi-anxieux, mi-exaspéré. Après le capitaine Nemo, il faut que nous ayons un poulpe. Il n'a pas l'air de nous avoir remarqué. Dépêchons-nous de remonter a bord !
Ecarquillant les yeux devant la créature, Sebastian était habité d’un mélange d’émerveillement et de surprise. Une créature marine absolument gigantesque… Il en avait vu parfois dans les rêves, dans les songes des endormis, mais en vrai absolument jamais. Sortait-il réellement de l’imagination de l’homme à côté de lui ? Il devait bien le reconnaître, l’esprit adulte pouvait parfois se révéler riche et passionnant. Un sourire naquit sur ses lèvres, malgré lui, avant qu’il n’hoche la tête et n’aide leur hôte à passer par le sas pour se retrouver à l’intérieur. Avec de l’élan, c’était possible de se débrouiller seul mais un peu d’aide face aux lestes des pieds n’était pas de refus.
Puis, posant sa main sur le rebord, Sab s’apprêta à grimper à son tour lorsqu’il sentit un tentacule s’enrouler autour de sa cheville et le projeter en arrière. Balancé à la lumière, secoué dans tous les sens par l’immense animal, il eu l’impression de se retrouver dans une tempête de Jack ; de celles qui vous mettaient la tête à l’envers et vous retournait le cerveau pour mieux vous amuser. Sauf que la neige ne menaçait pas vraiment de vous dévorer, le poulpe en revanche… Il se rendit compte qu’il avait arrêté de respirer lorsque son corps se retrouva la tête en bas, sa jambe toujours prisonnière, prenant alors une grande inspiration en se retrouvant nez à nez avec le monstre marin.
Bon… Restait à trouver quoi faire.
Son premier réflexe fut de se calmer, malgré les secousses, aussi bien les battements entêtant de son cœur que ses neurones tournant dans tous les sens. Se poser. Se calmer. Réfléchir. Doucement. Calmement. L’attaque n’était jamais la meilleure solution, pas quand votre adversaire faisait au moins dix fois votre taille. Seul un fou se serait lancé à corps perdu dans la bataille et, s’il était idiot, il n’était pas complètement suicidaire… Ou presque. Fermant la bouche pour canaliser sa respiration, il tendit doucement les bras devant lui en signe de paix et d’innocence. Peut-être que si le calamar voyait qu’il n’avait pas d’arme, il ne le prendrait pas pour un ennemi à abattre ? Puis il se pencha et tapota le tentacule pour l’inciter à le lâcher. Toujours commencer par là : à geste simple, réponse simple.
Cela eu le mérite de faire s’immobiliser le poulpe, comme surpris par ce geste. Il lui lança un regard de ses grands yeux jaunes puis… recommença à le secouer de plus bel. Bon, mauvaise réponse ! Quoique, son mollet fut soudain libéré et, pendant quelques secondes, son corps commença à retomber vers le sol ensablé. Ouf ? Non. Le tentacule décida de s’enrouler autour de ses deux jambes pour le ramener en hauteur, immobile cette fois. Tant mieux, sa tête commençait légèrement à lui tourner ; et pourtant, il avait l’habitude de voler !
Courage, mon garçon ! Résonna la voix de Jules dans sa tête. Il n’avait pas enlevé son casque ? Essayez... Ah vous n'avez pas de harpon... Il faudrait quelque chose de pointu ! Nous n'avons rien ici susceptible de vous aider !
Comme s’il avait entendu, l’animal resserra sa prise sur lui, faisant crisser le scaphandre sous sa force. Sebastian lança un regard outré au Nautilus, levant ensuite les yeux au ciel face à une telle proposition.
Nous ne sommes pas dans Moby Dick, Monsieur Verne.
Son propre ton était resté calme et doux, comme à son habitude. Il savait que l’écrivain ne cherchait qu’à l’encourager depuis sa place, nullement à lui nuire. L’ennui était que le gardien était incapable de faire du mal ou de blesser une créature de ce genre. Il avait encore en tête ce qu’il s’était passé pour Diane et ne souhaitait pas tenter l’expérience à son tour : s’il se ratait, c’était la mort assurée. Et la princesse arlequin allait lui en vouloir de ne pas revenir à temps pour s’occuper d’Arthur… Poussant un soupir, Sab recommença à tapoter la surface écaillée du bras poupleux avant de poser sa paume dessus, essayant de calmer un peu la créature qui le maintenait prisonnier.
Il eu la très nette impression de sentir un frémissement parcourir le tentacule, lequel se mit légèrement à trembler avant de se ressaisir. Un peu comme s’il était… Chatouilleux ? Haussant un sourcil intrigué, Sébastian recommença son geste et constata de nouveau le frémissement. Mieux, le calamar ramena son bras vers sa tête et planta le gardien droit entre ses deux grands yeux jaunes, intrigué. Curieux. Absolument pas offensif comme on aurait pu s’y attendre ! Prit d’un élan de sûreté, il apposa alors sa paume contre la peau du poulpe et se mit à le gratouiller comme on le ferait d’un animal de compagnie. C’était quitte ou double de toute manière, mais il ne ressentait absolument aucune animosité à son égard. Plutôt de la curiosité. De l’étonnement.
Le calamar poussa un couinement assourdissant à son contact, fermant les yeux en secouant sa tête et agitant ses tentacules comme d’un chien qui ferait la fête à son maître. L’ennui avec ces grosses bestioles c’était que, vu leur corpulence, le moindre mouvement devenait rapidement énorme ! Sab le comprit en se retrouvant projeté contre la tôle du Nautilus, un craquement résonnant à l’intérieur de son scaphandre lorsque la paroi de son casque commença à se fendiller. Il était l’heure de rentrer. Vraiment… Quelques tremblements le parcoururent quand il se redressa tant bien que mal, constatant que le monstre marin soulevait ses bras uns à uns en semblant chercher quelque chose : lui. Un nouveau couinement, un peu plus déchirant, résonna dans le fond marin. De quoi vous faire culpabiliser un marchand de sable ! Mais ce dernier n’avait plus vraiment le temps de subir un nouvel assaut : sa combinaison devenait de plus en plus fragile et il craignait qu’un autre choc ne la brise complètement.
Il se glissa donc en direction du sas, jetant quand même un regard en arrière et agitant la main comme pour lui dire au revoir. N’attendant pas qu’il le remarque, Sebastian se hissa enfin à l’intérieur. Il attrapa volontiers la main que Jules Verne lui tendit pour l’aider, se laissant tomber sur le sol métallique dans une gerbe d’eau de mer. Le souffle court, pesant, le gardien attrapa le casque pour s’en débarrasser rapidement et enfin respirer un peu plus d’air ! Et après, on se demandait pourquoi il n’aimait pas nager… Assis à même le sol, ses yeux rencontrèrent le regard doux mais affolé de Sally et il ne put s’empêcher de lui adresser un sourire rassurant. Encourageant.
« Vous n'avez rien ? » S’inquiéta leur hôte.
La tête d’un côté, la tête de l’autre… Non, ça avait l’air d’aller. Il secoua la tête pour lui répondre, satisfait que plus personne ne puisse entendre ses pensées et lui celles des autres. Se hissant sur ses jambes endolories d’avoir été maltraitées, il perdit un peu l’équilibre et se rattrapa à l’une des tables où reposait précédemment les combinaisons. Tiens, n’y avait-il pas des cendres entassées dessus auparavant ?