« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Je m'enfonçais dans les eaux troubles d'un étrange sommeil. J'entendais un son profond et répétitif, comme une pulsation de plus en plus espacée. Je compris qu'il s'agissait de mon coeur. Il ralentissait. Je ne pouvais rien contre la terrible fatalité qui m'attendait. Pourtant, j'accueillais ma mort prochaine comme une bénédiction. Cela faisait si longtemps que j'avais cessé d'espérer une issue...
Je ne pourrais pas remercier Neil pour ce qu'elle avait accompli. Je n'aurais pas cru qu'elle aurait été celle qui me permettrait de reposer en paix. Apparemment, les hommes en scaphandres n'intervenaient pas cette fois, sinon je serais déjà revenu au seuil de la conscience. J'aurais aimé les aider à trouver une solution. L'idée qu'ils soient tous piégés à jamais me faisait de la peine, mais le poids qui m'écrasait m'empêchait de revenir en arrière. Je me sentais de plus en plus faible.
Ma raison semblait s'effilocher. Je voyais des images, j'entendais des sons, mais j'étais incapable de les identifier. Etait-ce ma vie qui défilait ainsi ?
Une respiration. Une chaleur sur mon visage. Une autre respiration. Un nouveau souffle sur ma peau.
Puis le néant absolu.
Il respire pour la première fois. Il a ouvert les yeux sur un environnement de métal. Il ne sait pas qui il est, ni d'où il vient. L'éclat électrique lui brûle les yeux. Il sent un curieux fourmillement parcourir son corps, comme si ses atomes venaient de s'animer de concert. La buée obstrue sa vision de temps à autre. Il entend sa respiration de l'intérieur. Il est terrifié. Il ne sait pas ce qui lui arrive.
Il veut porter une main à son visage et laisse échapper un cri inarticulé en constatant qu'il a un masque. Il tapote son crâne et s'aperçoit qu'il s'agit plutôt d'un casque. Il cherche à se redresser ; il est vêtu d'une combinaison ressemblant à un scaphandre, et est à demi-allongé sur une sorte de table métallique.
Une dizaine de paires d'yeux l'observe dans la pénombre. Il sursaute, recule, chancelle.
Sa respiration est précipitée. A travers la buée de son casque, il voit une petite silhouette se détacher de l'obscurité. Elle lui évoque un fantôme car son habit est blanc.
"Vous allez mieux." déclare l'enfant en s'approchant prudemment, presque intimidée.
Il ne sait pas si elle dit vrai. Il ignore ce qui lui est arrivé. En revanche, il se souvient de qui il est et d'où il vient. Il se rappelle d'une détonation, son coeur qui explose dans sa poitrine, la douleur qui l'aveugle, la chute vers l'oubli... Puis, le néant. Il aurait dû être mort, mais il est vivant.
J'ouvris brusquement les yeux, le souffle court. Mon regard accrocha l'immensité bleue et apaisante qui se trouvait juste au-dessus de moi. Il devait s'agir de l'azur du ciel le plus pur qui soit. Ma vue se précisa et je m'aperçus que c'était un regard en réalité. Celui de Diane Moon, qui m'observait.
Mon coeur pulsait à mes tempes à un rythme soutenu. Ainsi, j'étais revenu. Je n'avais eu qu'un sursis. Ma déception était seulement ternie par la beauté que je contemplais.
"Vous vous faisiez tant de souci pour vous pencher ainsi au-dessus de moi ?" demandai-je à voix basse.
J'aurais aimé agrémenter ma réplique d'un sourire amusé mais j'étais encore trop faible pour demander un peu de gymnastique aux muscles de mon visage. La charmante sélénite elle, ne s'en priva pas, ainsi qu'un haussement de sourcil. Son sourire illumina son regard dans lequel je me perdis davantage.
"Je vois que vous n'avez pas perdu votre humour."
"S'il est une chose que j'ai en abondance, c'est bien celle-ci. On peut sortir victorieux de nombreuses situations avec un bon trait d'humour."
J'ignorais toujours si Diane était une hallucination ou pas. J'aurais souhaité en avoir le coeur net. Des yeux aussi francs n'auraient su mentir ; et pourtant, le mensonge est femme...
Tournant légèrement la tête, je me rendis compte que cette dernière reposait sur les jambes de la sélénite. J'étais étendu à même le sol, dans le couloir. Les forces me revenaient. Je voulus me redresser mais malgré tout, mon coude se déroba sous moi et je me retrouvai de nouveau allongé tout contre la jeune femme.
"Pardonnez-moi. N'y voyez là aucune tentative de rester plus longtemps auprès de vous." dis-je avec une once d'espièglerie.
Elle eut un petit rire et demanda, amusée :
"Auriez-vous besoin d'aide, par hasard ?"
"Ca ne serait pas de refus." répondis-je un peu à contrecoeur, car je n'avais pas pour habitude de demander l'assistance de quelqu'un.
Cela me rappelait les dernières années de ma vie, lorsque j'avais été contraint d'écourter mes promenades puisque je me déplaçais sur trois pattes au lieu de deux. Satanée canne. Je n'aimais pas être vu comme une personne diminuée. C'est pour cette raison que je précisai après un court silence :
"Je ne suis pas de faible constitution. D'ordinaire, je suis tout à fait capable, vous savez."
Elle leva les yeux au ciel et je fronçai les miens. Eprouvait-elle de l'exaspération ? Elle déclara en gardant son sourire en coin :
"Ce n'est pas parce que je vous propose mon aide, que j'estime pour autant que vous soyez dépourvu de toute force vous savez."
"Dans cas, je l'accepte volontiers."
J'entrepris de me redresser et pris la main que Diane me tendait. Animé par un élan fabuleux, je voulus me relever mais la tête me tourna bien trop. Il était plus prudent de rester sagement assis pour le moment. Le dos et la tête appuyés contre le mur, j'observai le couloir qui m'apparut étrangement vide et dont les parois ondulaient un peu en raison du tournis auquel j'étais sujet.
"Ça va revenir. Il faut juste patienter." m'assura Diane. "Neil vous a fait ressentir sa force divine, c'est assez lourd. Il est normal que vous ne puissiez pas de suite vous relever complètement."
J'acquiesçai, même si je n'étais pas certain de comprendre. Je détestais ne pas saisir entièrement une information. J'aimais tout connaître, tout définir, tout apprendre. Hélas, le moment était mal choisi pour demander des éclaircissements. J'avais cru mourir mais Neil m'avait "seulement" écrasé sous le poids de sa "force divine". Inutile de préciser que mon ego en était quelque peu froissé. Je pouvais concevoir qu'une femme possède de la force -je l'avais même appris à mes dépens quelques heures plus tôt- mais en avoir démesurément, cela en était presque vexant.
"Les personnes en scaphandre ne se sont pas manifestées, n'est-ce pas ?" demandai-je, même si je connaissais déjà la réponse.
Le calme n'aurait pas régné s'ils était venus. Résigné, je remarquai Robyn qui était assise un peu plus loin dans une attitude grincheuse. Quelle adorable créature... Ce que j'aimais le plus chez elle, c'était sa façon de sourire. Où diable étaient les autres ? L'inquiétude se répandit en moi plus rapidement qu'un poison. J'avais l'impression d'entendre des sanglots étouffés non loin, mais je devais rêver. Etait-ce Sally qui pleurait ? Sebastian était-il allé la consoler ?
"Non, aucune manifestation de personne en scaphandre, à la place c'est une petite fille qui est venue."
Toutes mes questions s'évanouirent de mon esprit quand j'entendis les paroles de Diane, qui résonnaient étrangement en moi. Suivant son regard, j'aperçus la fillette en question. Elle était de l'autre côté du couloir, là où je n'avais pas encore regardé. Je fus saisi par le souvenir flou qu'elle éveillait en moi. Je plissai les yeux, cherchant à me rappeler. Je savais que je l'avais déjà vue mais je ne parvenais pas à raccrocher d'image distincte... C'était à devenir fou. J'avais à la fois l'impression de la connaître et d'ignorer totalement qui elle était.
L'enfant m'observait avec une crainte mêlée de respect. Elle avança d'un pas, ses doigts s'agitant nerveusement dans les replis de sa jupe.
"Je suis heureuse que vous soyez réveillé." dit-elle, et sa voix avait un timbre si soulagé que je faillis me laisser attendrir.
"Es-tu issue de mes cauchemars, petite ?" demandai-je, méfiant.
Il était sot de poser une telle question à une potentielle hallucination, mais j'étais troublé par sa présence. La fillette posa un regard sur le couloir dans sa globalité, tourna la tête et répondit d'un ton chagrin :
"Si vous parlez de cet endroit, alors j'ai bien peur que oui. Je suis désolée."
"Tu ne fais pas partie de ma vie. Je ne te connais pas." rétorquai-je sèchement.
Je n'appréciais pas particulièrement les enfants. J'avais toujours trouvé les adolescents ou les jeunes adultes beaucoup plus captivants, car leur intellect et leur réflexion étaient plus intéressants. L'imagination s'appuyait ainsi sur du concret, du solide.
La fillette se mordit les lèvres sans cesser de me fixer, les yeux un peu humides. Si elle se mettait à pleurer, les choses allaient très mal se passer. Subitement, son regard tomba sur la poche de mon pantalon qui formait une petite bosse. Gagné par la curiosité, je sortis la petite pierre noire hexagonale aux reflets verts que j'avais trouvé au fond de l'eau. En la voyant, la petite fille ouvrit de grands yeux émerveillés.
"Tu sais ce que c'est ?" fis-je, toujours sceptique et de plus en plus intrigué.
"Il s'agit d'une pierre de mémoire." énonça-t-elle en s'approchant à petits pas, comme hypnotisée. "Elle a été caressée par le rayon vert du soleil et elle a une capacité particulière : elle peut rendre la vue des souvenirs à une personne."
J'écarquillai les yeux, soufflé par son éloquence. Puis je fronçai les sourcils et refermai ma main sur la pierre, dans le cas où elle aurait voulu me la voler. Sait-on jamais. Elle croisa mon regard et ouvrit encore plus grand les yeux.
"Ne la perdez jamais." assura-t-elle.
Comment en connaissait-elle les facultés ? Comment savait-elle que cette pierre pouvait rendre ses souvenirs à un esprit fissuré ? Comment aurait-elle pu le deviner ? Cette invention figurait dans ma dernière histoire non achevée. Nul n'avait pu la lire.
"Cette pierre, c'est de l'Espoir à l'état le plus pur." murmura-t-elle en baissant de nouveau les yeux vers le minéral. "Peut-être que tout est encore possible pour vous."
"Tout ce qui dans la limite du possible doit être et sera accompli." dis-je d'un ton déterminé, comme en écho à l'homme que j'étais autrefois.
Au son de ma propre citation, le visage de la fillette se fendit en un étrange sourire.
"J'aime quand vous parlez de cette façon, Jules."
Je tressaillis en l'entendant employer mon prénom avec une telle liberté. Désormais, j'en étais certain : je connaissais cette fillette et elle me connaissait. La brume se lèverait tôt ou tard sur les souvenirs.
J'avais l'impression de distinguer plusieurs paires d'yeux dans la pénombre, alors que je m'éveillais d'un sommeil de plomb, enfermé dans un scaphandre...
crackle bones
Robyn W. Candy
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Jennifer Lawrence.
PANIQUEZ PAS J'VIENS JUSTE CHERCHER UN TRUC DANS MA BOITE MP
(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
| Conte : Les mondes de Ralph. | Dans le monde des contes, je suis : : Vanellope Von Schweetz, ou la princesse d'un royaume de sucreries qui préfère conduire des voitures en gâteaux.
Pourquoi Neil avait le droit d'aller se balader alors que moi je devais rester ici ? Si on était logique deux minutes, j'étais son aînée. Alors j'avais pas à obéir quand elle me disait de pas bouger et de rester sage. J'aurai très bien pu me lever et me casser direct, plutôt que d'attendre qu'elle revienne, assise dans un coin, pendant que Diane et Jules se disaient des mots doux ou des trucs du même genre. Pourtant j'étais là, adossée au mur, à me faire chier. Tout ça parce qu'elle m'avait promis des oréos. Bordel. Que ce que j'avais la dalle. Dès que je m'étais posée, mon estomac s'était mis à gargouiller. Je savais pas depuis combien de temps on était là, mais j'étais sûre que ça faisait un bon bout de temps qu'on avait rien mangé. Et moi j'avais besoin de ma dose de sucre pour survivre. Après avoir fouillé les poches de ma veste et de mon pantalon, en jetant un petit coup d’œil du côté de mon soutif de sport noir, j'avais dû me faire raison. J'avais que dalle. J'avais bien retrouvé un paquet argenté dans mon blouson en cuir, mais il était ouvert et vide. Quelques miettes noires écrabouillées parsemaient le papier froissé. Et c'était tout. Le reste avait disparu quelque part, sûrement après que je me sois faîte à moitié exploser les côtes par Candy l'éléphant hallucination sauvage. Ma main s'était mise à trembler quand mes doigts s'étaient refermés sur le sachet vide des biscuits. J'avais toujours une petite réserve d'oréos avec moi, pour ne pas mourir de faim si jamais il se passait un truc à la con, comme là. Et puis en plus ça permettait de me remonter le moral, de recharger mes batteries. J'en aurai bien eu besoin, en ce moment.
- Bon enfaîte j'en ai marre d'attendre.
Avec un soupire, je me relevais avec une grimace douloureuse, les jambes engourdies. J'étais entrain de devenir une petite vieille. Bordel, je me battais une ou deux fois et j'étais déjà fatiguée. C'était le début de la fin. Alors pourquoi rester là, hein ? J'avais essayé. De pas bouger, de rester assise à ma place, la mine renfrognée, en attendant que ça passe. J'avais tenu cinq minutes. Et putain, ça avait déjà été trop long. Neil revenait toujours pas. Sally était entrain de partir en vrille, cachée dans un coin. Elle tenait beaucoup trop à Jules Verne, c'était pas une bonne idée ça. Il allait redevenir très mort à un moment de toute façon, fallait pas s'attacher.
Ses sanglots étaient chiants en tout cas. Ça servait à rien d'être aussi sensible sérieux. Elle était amoureuse ou quoi ? Je savais pas si fallait que j'aille la voir pour essayer de la consoler, ou que je m'éloigne. Le choix fut pas difficile. Sans un regard pour qui que ce soit, je m'enfonçais dans le couloir, pour me diriger vers les portes toujours closes qui entouraient celle donnant sur la cabine privée de Jules le bordélique. J'aurai pas su quoi faire pour Sally. Je savais juste qu'elle avait été une poupée, on était pas potes hein. Et puis j'avais besoin de faire quelque chose. De penser à autre chose. Mes mâchoires ne s'étaient pas desserrées depuis tout à l'heure, trahissant l'énervement qui grossissait un peu plus à chaque minute qui passait. La peur avait été totalement remplacée maintenant. J'avais plus l'habitude de ressentir autre chose que cette espèce de déprime de merde. Alors autant en profiter tant que ma bonne vieille rage insolente était encore là. C'était avec elle que j'avais fais le plus de choses. Et que je m'étais pris le plus de trucs en pleine gueule, aussi. Mais bon, c'était le revers de la médaille, ce petit plus qui jusqu'ici m'avait jamais dérangé. J'avais même plutôt aimé ça, de me battre, de frapper avant de parler. C'était vachement plus... insouciant, enfaîte.
Sans une hésitation, je poussais la première porte. Elle était pas verrouillée, c'était bon signe ça. Lucille posée sur l'épaule, j'entrais dans la pièce avec une certaine désinvolture, sans même juste passer une tête pour voir si la voie était libre. J'aurais peut être dû, enfaîte.
La pièce était en réalité une cabine plus petite et vachement moins luxueuse que celle de Jules, ce qui ne m'étonnait même pas. Y avait deux couchettes... et c'était tout, enfaîte. À part les deux petits lits, c'était vide. Ça voulait dire que personne squattait ici. Hein ? J'avais un doute, maintenant. J'avais peur de tourner la tête et de trouver une nouvelle pile de caleçons placée là juste pour me rappeler un peu plus que j'avais un sérieux problème. Déjà que maintenant tout le monde savait que je rougissais comme une bonne sœur devant des sous-vêtements même pas portés... Bonjour le malaise. Heureusement que j'étais pas tombée sur Jules à poil, je crois que je me serai arrachée les yeux à mains nues.
- Vous pouvez vous installer ici si vous le souhaitez. C'est entièrement libre.
Le ton désabusé de Jules qui s'éleva depuis le couloir me fit fermer les yeux pendant quelques secondes. Il était partout ce type, c'était pas possible ! Même quand il était pas là, bah il arrivait à être là. J'aurai pensé qu'il était trop occupé à faire ses yeux de merlan frit à Diane pour voir que j'étais entrée dans une des pièces. Bon.
Sans lui répondre, je quittais la cabine en faisant claquer la porte derrière moi. Il était hors de question que je m'installe dans ce sous-marin. J'allais pas y dormir, j'allais pas y habiter et j'allais encore moins y vivre pour l'éternité. C'était toujours prévu qu'on réussisse à sortir hein, fallait qu'il se fasse à l'idée maintenant !
Me dirigeant vers la deuxième porte, j'essayais de l'ouvrir mais elle refusa de bouger. C'était comme si elle était coincée. Je lâchais la poignée quand un espèce de bruit craquant se fit entendre à l'intérieur de la pièce. Ok. C'était spé ça. Fallait que je réussisse à l'ouvrir, obligé.
- Vous ne devriez pas ouvrir. Il y a souvent un piège derrière celle-ci.
Oh mais il devenait anxieux mister Jules dit donc ! Il avait peur de quelque chose se trouvant derrière la grande méchante porte ? Que ce qui pouvait être pire que mon propre éléphant essayant de me tuer ? Que des caleçons harceleurs ? Lily et moi, c'était déjà fini. Ma maison était déjà hantée. J'étais une anamalie qu'un personnage de jeux vidéos taré avait essayer d'anéantir. Et même le seul mec que j'avais aimé m'avait lâché. Y avait plus rien qui pouvait m'atteindre, je m'en rendais compte maintenant. C'était fini, je pouvais plus me faire avoir par ces putains d'hallucinations. Peut être qu'elles pouvaient toujours faire apparaître des gens que j'aimais, mais bon maintenant j'étais préparée à me retrouver face à eux. Donc bon.
- Souvent quand y a des pièges, ça veut dire que quelqu'un essai de protéger quelque chose. Suffit de regarder un « Indiana Jones » pour savoir. C'est très instructif comme film.
Je ne l'avais pas regardé en disant ça, trop occupée à frapper avec l'épaule la surface de la porte pour qu'elle s'ouvre. Ces films devaient absolument rien lui dire, il pouvait pas tout savoir. En plus il était écrivain, pas un archéologue pro de la survie. Moi non plus, mais au moins j'avais les trois premiers « Indiana Jones » en DVD. J'avais donc un sérieux avantage sur lui.
Après un autre coup qui me fit de grogner de douleur quand mon bras percuta une nouvelle fois la porte, celle-ci s'ouvrit enfin. Mouhahaha. J'étais sûre que j'allais y arriver. Suffisait d'utiliser un peu son corps et ses muscles. Moi j'étais pas à terre, toute faiblarde, à rien faire à part profiter tranquilou pendant que les autres se démènent pour essayer de trouver des solutions.
- Putain de...
Incapable de terminer mon injure, j'écarquillais simplement les yeux d'incompréhension devant l'espèce de machin énorme et noir qui me fonçait dessus. Il faisait juste la bonne taille pour pouvoir passer par la porte et continuer à rouler vers moi dans un rugissement qui se répercutait contre les parois comme un écho, amplifiant le son. Une ligne blanche passait au centre, entre les deux gros ronds noirs épais comme des murs. Bordel de merde. C'était quand même pas... non mais sérieux. Un oréo géant. Putain, c'était vraiment ça. Un oréo plus grand que moi, se jetant sur moi comme la foutue boule dans le premier « Indiana Jones ». Ils en avaient pas marre de leurs conneries ? Non mais sérieusement quoi !
Coincée contre un des murs du couloir, j'essayais de d'esquiver le gâteau monstrueux en me jetant sur le côté, mais je sentie un gros choc me frapper de plein fouet. J'avais merdé, et en beauté. L'oréo venait de me percuter, explosant au passage. Des miettes grosses comme des poings foncèrent sur moi, projetées comme des boulets de canons. Touchée à peu prêt partout, je fus projetée en arrière, ma tête frappant le sol. Une miette me frappa violemment la hanche, pendant qu'une autre moins grosse s'écrasait contre mes côtes. Elle était de taille réduite comparée à l'autre, mais je me retrouvais quand même pliée en deux, le souffle coupé. Bordel de merde. J'aurais jamais pensé qu'un oréo puisse faire aussi mal. Vu les coups que je m'étais pris, j'allais avoir des sacrés bleus. Je me sentais toute engourdie, encore sonnée par la violence des projections. Ça commençait à faire beaucoup d'explosions là quand même ! Y avait une promo sur les bombes et les feux d'artifices ou quoi ?
- C'est insensé d'avoir autant la bougeotte !
C'était Jules qui venait de crier ou quoi ? J'arrivais pas trop à savoir, j'étais encore à terre, le nez levé vers le plafond métallique. Et j'avais encore un peu trop de mal pour essayer de trop bouger. J'entendis par contre un bruit de mouvement, avant d'entrapercevoir l'écrivain qui marchait vers sa chambre, en chancelant sur ses jambes. Il avait l'air bourré. Ou alors c'était juste qu'il avait mal lui aussi. Il devait être parti se coucher. Chanceux. J'avais le droit à un matelas de miettes d'oréo et d'espèce de glaçage sentant très fort la vanille. Ça me donnait faim, mais c'était tout sauf confortable. Y avait un bout du biscuit dans mon dos qui formait un dôme désagréable contre mon épaule. Peut être que si je gigotais un peu ça pourrait l'effriter...
Une petite exclamation surprise m'échappa quand on m'attrapa par le bras pour me forcer à me relever. Je tremblais sur mes jambes, chancelante, en essayant de retrouver l'équilibre. Jules me tenait fermement le bras pour que je tienne debout. C'était quoi ça ? Pourquoi il était pas retourné avec Diane ? Je l'avais bien vu repasser devant moi, en zigzaguant comme si il était vraiment un alcoolo, mais j'avais même pas tiqué qu'il s'était arrêté juste à côté de moi, enfaîte.
- Que ça vous plaise ou non, nous sommes prisonniers ici pour un temps indéfini, alors soyez sage, sapristi ! Et écoutez moi quand je vous dis que quelque chose est dangereux. Je suis mieux placé que vous pour le savoir ! Maintenait vous allez rester tranquille et faire quelque chose de constructif.
Sapristi. C'était pas l'ancêtre de « bordel » ou « merde » ? Sûrement que c'était censé être super vulgaire et montrer qu'il était pas content du tout. Il me mit dans les mains un bouquin, sans que je puisse répondre quoi que ce soit. Les Nouvelles Histoires Extraordinaires, de Poe. C'était ce qu'il y avait de gravé sur la couverture.
- Ce sont des nouvelles. Cela devrait retenir votre attention pendant quelques heures.
Son ton s'était fait un peu autoritaire, alors que je le regardais, avec un air légèrement hébété. Je... J'avais pas vraiment compris tout ce qui venait de se passer. C'était moi qui délirait parce que j'avais pris un coup sur la tête, ou il voulait vraiment que je... lise ?
- Euh... merci ?
C'était ça qu'il fallait que je fasse, non ? Le remercier ? J'avais bien pensé à lui balancer à la tronche le bouquin, vu la façon dont il me parlait. Il me prenait pour une gosse ou quoi ? J'étais bientôt une trentenaire, ça se voyait peut être pas, mais quand même. Y a des limites. Si je disais rien, c'était parce que je me rendais bien compte que j'avais fais une connerie. J'avais été impulsive. Gamine. Tête brûlée. Et ça aurait pu mettre en danger tout le monde. Heureusement j'étais la seule à devoir assumer mes conneries. C'était déjà ça et surtout pour ça que j'allais pas laisser la sale gosse ouvrir sa gueule et lancer les hostilités.
- Mais ça parle de quoi, enfaîte ? J'ai pas souvent l'occasion de lire, alors Poe... Je connais pas du tout.
J'avais baissé la tête vers le livre que je venais d'ouvrir pour faire défiler rapidement les pages. J'étais une inculte, mais j'assumais plutôt bien. Je connaissais quand même quelques hauteurs, comme Victor Hugo ou Molière, et c'était déjà pas mal. Mais vu le regard que me lança Jules, nop, ça l'était pas du tout. Si j'avais été un alien, il aurait eu exactement la même tronche.
-Edgar Allan Poe est l'un des meilleurs auteurs que cette terre ait porté et une source d'inspiration indéniable. Ce sont des nouvelles fantastiques dans lesquels les protagonistes sombrent dans la folie et basculent dans la violence mentale ou physique. C'est absolument captivant... mais guère adapté à une jeune fille de votre caractère.
Le calme forcé qu'il affichait se changea en tout autre chose quand il termina de me faire le résumé de son bouquin. C'était comme si il venait de se rendre compte qu'il pouvait pas me faire lire ça. Pourquoi ? Parce qu'il me pensait trop fragile ? Que j'étais une gonzesse sensible ? Ou plutôt parce qu'il avait peur que ça me donne des idées tordues ? En tout cas, il avait l'air de vouloir récupérer l'ouvrage.
Mais dès qu'il tendit la main vers lui, je lui donnais un petit coup sur la main avec le livre. Dès qu'il recula , surpris, j'en profitais pour lever le bouquin au dessus de ma tête, le bras tendu vers l'arrière. Il était peut être vachement plus grand que moi, mais il était hors de question que je le lui rende ! J'étais prête à le retaper si il fallait. Même pas peur !
- Une jeune fille de mon caractère ? Ça veut dire quoi ça ? Que c'est pas une bonne idée de me refiler un bouquin plein d'histoires tordues parce que je suis déjà pas très bien dans ma tête ? Eh bah tu sais quoi ? Je vais le lire, et en entier même ! Je te le rendrai seulement quand j'aurai fini, alors pas touche ! Et me traite plus de jeune fille, j'aime pas ça ok ?
Je plissais les yeux pour lui lancer un regard provocateur. Je préférai encore qu'il me traite de folle furieuse ou de psychopathe que de « jeune fille ». C'était ça enfaîte, il me prenait pour une gosse ! Je faisais si jeune que ça ? Ou c'était son côté petit grand-père qui prenait le dessus ?
Papy Jules m'imita, et les yeux plissés me défia. Pour quasiment aussitôt changer d'expression, ses lèvres s'étirant en un petit sourire pendant qu'il restait silencieux, en hochant légèrement la tête. Quoi ? Il trouvait ça drôle ? On plaisantait enfaîte ? Je savais pas que j'étais devenue la comique de service. J'allais lui poser une question quand il leva la main pour épousseter mon épaule, chassant les miettes. Je me figeais aussitôt, le corps entier sur la défensive. Ça avait toujours pas changé hein. J'aimais toujours pas qu'on me touche. Même si c'était pour me retirer des miettes d'oréo. J'avais même pas remarqué que j'en avais partout. Sur les fringues, dans les cheveux... je devais même en avoir des bouts écrasés sur le visage. Je comprenais mieux pourquoi j'étais drôle.
- Je le garde pour l'instant du coup.
J'avais légèrement agité le livre, avant de tourner le dos à l'homme et de me remettre lentement en marche. Je baissais la tête, à la recherche d'un coin où pouvoir me poser pour bouquiner sans qu'il y ait des morceaux d'oréo partout. Et puis accessoirement pour fuir Jules. Il était spé ce mec. J'arrivais pas à le cerner. Et c'était franchement chiant. Robyn: 75%
Diane Moon
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Claire Holt + Mia Talerico pour Le Berceau de la vie
“I love you to the moon and back”
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Artémis la déesse de la chasse et de la lune herself (même si je viens du monde réel)
Je n'avais pas bougé de ma place, laissant mon regard se perdre dans le vide. Réfléchissant, tentant d'analyser les derniers éléments en ma possession. Mais après que Robyn soit partie, et que Jules Verne ai décidé d'aller voir ce qu'elle faisait, je ne pu pour ma part m'empêcher d'éprouver une point d'inquiétude pour Neil, en ne la voyant pas revenir. Je craignais qu'il ne lui soit arrivé quelque chose, aussi me décidais-je à me relever pour partir à sa recherche. Si mes souvenirs sont bons, elle avait pris le couloir en direction de la salle à manger. Aussi, c'est tout naturellement, que je me dirigeais par là. Et en effet, je la retrouvais dans cette dernière. Neil, était assise parterre, son regard semblait fixer le sol avec insistance, mais je voyais sur son visage qu'elle avait pleuré. Doucement, je fis un pas à l'intérieur de la salle et décidait de signaler ma présence :
- Neil ? L'appelais-je doucement
Je ne souhaitais pas la brusquer, aussi m'accroupis-je de manière à me mettre à sa hauteur. S'il y avait besoin de discuter ce serait bien mieux ainsi. Quoi qu'il en soit, je restais sans mot dire. Me contentant d'attendre, de voir si elle souhaitait engager la dite discussion ou non. Dans les deux cas, je respecterais la décision qu'elle prendra. Ma nièce, releva son regard vers moi et me fixa ainsi sans prononcer la moindre parole pendant un petit moment. Finalement, elle renifla et se passa rapidement la main sur les yeux
« Désolée »
Je secouais doucement la tête. Elle n'avait pas besoin de s'excuser. On avait tous nos faiblesses. Toute divine que nous étions, Neil ainsi que moi, étions « humaines » comme tout le monde. On avait nos forces, nos faiblesses. Et arrivé un moment, l'on finissait par craquer comme tout le monde. Personne ne nous avait demandé d'être parfaite après tout. Alors, je ne lui en voulais pas. Parce que ce genre de choses étaient normale. Cela prouvait que nous avions une âme, des sentiments. Et qu'en dépit de tout ce que l'on pouvait dire sur nous, nous n'étions pas parfaite. Ma nièce, renifla à nouveau avant de poser sa main sur la mienne. Toujours avec douceur, j'entrepris, de la lui prendre et de la lui serrer afin de la rassurer
- Tu souhaite en parler ?
Je savais que dans certains cas. Se confier était une bonne chose. Cela permettait quelque fois, de s'alléger le cœur. N'étant pas de nature à étaler mes problèmes, je savais parfaitement ce que ça faisait de tout garder pour soit. A un moment, l'on finissait par ne plus le supporter. Mais, comme j'étais justement d'une nature secrète. Je savais, qu'il ne fallait pas non plus forcer les gens à venir se confier. L'on pouvait leur proposer. Et attendre, de voir s'ils souhaitaient le faire. Des fois, sur l'instant ils refusaient. Et plus tard, ils revenaient pour finalement vous dire ce qui n'allait pas. Tout dépendait, des gens et des caractères.
« J'aurai parfois envie de te dire certaines choses... et pas qu'à toi... mais je ne peux pas. »
Je me contentais de hocher la tête. Compréhensive. Si cela concernait le futur, j'avais fait le choix de ne plus insister à ce sujet. Il y eu une légère hésitation du côté de Neil avant qu'elle ne s'approche et ne me serre dans ses bras. Doucement, je lui passais une main dans ses cheveux, pour l’apaiser. Comme je l'aurais fait pour consoler Lily ou bien Apple. J'aurais pu utiliser mon don d'apaisement. Mais dans ces cas là, je préférais le faire de manière naturelle, sans utiliser mes pouvoirs.
- On a tous nos secrets, mais si parfois tu as le coeur trop lourd. Sache que tu trouveras toujours une oreille attentive. Me contentais-je de répondre
Si cela concernait le futur. Je comprenais qu'elle ne puisse rien dire. Mais, je lui faisais comprendre par là, que si jamais pour une raison quelconque, il lui arrivait de se sentir malheureuse, elle pouvait toujours venir me trouver. Je l'écouterais sans la juger, et sans lui demander de plus amples informations sur la raison l'ayant poussé à venir. Je me contenterais comme à mon habitude, d'écouter, conseiller et rassurer. C'était un peu mon rôle dans cette famille. D'être celle qui écoute, et qui donne les conseils. Ou tout du moins qui essaye. Je me souviendrais toujours de la fois où Ellie, était venu me trouver pour me demander conseil au sujet d'un garçon -Anatole je suppose étant donné que cela c'était passé peu après notre journée à la Nouvelles Orléans- j'avais dût me creuser la tête pour l'aider, étant donné que ce n'était pas du tout mon domaine de prédilection.
Je sentis Neil hocher la tête à ma réponse. Elle se recula avant de renifler à nouveau et de me regarder
« Tu sens bon » me dit-elle
Je laissais échapper un rire, décidément c'était la journée des compliments. Je ne savais pas du tout, ce que ça venait faire dans le contexte actuel mais bon. Cela eu au moins le mérite de me faire rire. Sans doute pourrais-je taquiner Apollon, quand on sortira d'ici si on continuait à me faire des compliments lui faisant remarquer juste pour le plaisir de le voir bouder que j'en avais eu plus en une journée que lui d'une manière général. Par moment, nous étions de réels enfants avec mon frère
- Ça doit être le parfum qui fait ça plaisantais-je
Me relevant, je tendis ma main à Neil afin de l'aider à son tour à se relever
- Allons rejoindre les autres et tentons de démêler tout ça
Elle attrapa ma main, prenant une grande inspiration avant de me suivre dans le couloir où j'avais déjà commencé à m'engager. Je haussais un sourcil intrigué en voyant Jules Verne qui avait apparemment choisit de faire office de bibliothécaire et qui distribuait des livres à tout le monde. Apparemment, j'avais raté un épisode pendant que j'étais partis chercher Neil. Enfin qu'importe
"Vous allez beaucoup aimer, il y a des gravures à l'intérieur. Vous qui préférez les images aux mots." Dit-il d'ailleurs tout en tendant un ouvrage à Sebastian
Il se tourna finalement vers nous, semblant soudainement se rendre compte de notre présence
"Vous voilà de retour ! J'ai pris l'initiative d'occuper tout le monde, puisqu'il n'y a rien d'autre à faire. Un peu de poésie pour vous, Diane."
Il me tendit un ouvrage assez petit tout en me regardant et se mit à déclarer sur un ton caressant
"De tes clartés tu remplis Vallon, bois et plaine, Et mon âme, au sein des nuits, Redevient sereine. Astre pur, dans mon tourment, Ta flamme adoucie, Me semble un regard aimant Penché sur ma vie."
J'hésitais. J'avais bien envie de rire, parce que franchement la situation était réellement amusante. Mais, je me dit que ce serait mal venue. Il pourrait penser que je me moquais, ce qui n'était pas réellement mon intention. A la place, je haussais un sourcil, comme je savais si bien le faire attendant de voir comment il allait se rattraper. Cela ne tarda d'ailleurs pas puisqu'il se racla la gorge avant de déclarer sur un ton faussement innocent :
"C'est Goethe qui le dit, pas moi."
Bien sur, et moi j'étais la déesse de l'amour. En temps normal, je ne me serais sans doute contenté que d'un regard profondément glacial et de continuer dans la direction de mon choix en ignorant le livre. Mais là, honnêtement je me devais de saluer l'effort. Aussi, lui jetais-je un regard amusé
- Cela tombe bien j'aime beaucoup la poésie dis-je en attrapant l'ouvrage qu'il me tendait. Puis, passant à côté de lui, je posais mes lèvres sur sa joue Merci
Je secouais la tête toujours amusé. Manifestement il ne s'était pas attendu à une telle réaction venant de moi puisqu'il ne semblait plus trop savoir où il en était. Il avait toujours ses livres dans ses mains et se balançait d'avant en arrière augmentant mon sourire. M'éloignant afin de trouver un endroit où lire je pu tout de même l'entendre interagir avec ma nièce
"Vous savez lire, je présume ?" lui demanda-t-il d'un ton un peu sec
Certaine chose ne changeront jamais je suppose. Quoi qu'il en soit, pour ma part, je me décidais à m'asseoir de nouveau contre le mur. Ce n'était certes pas ce qu'il y avait de plus confortable, mais il m'était déjà arrivé de me retrouver sur une branche en haut d'un arbre afin de faire de même. Donc, je pense que au niveau du confort, j'avais déjà vu pire. Tranquillement, je me coupais, du reste des personnes présente afin de me plonger dans ma lecture. Au bout de quelques instants, sentant une présence non loin, je me décidais à relever les yeux du livre pour découvrir que Iota m'observait
"Il vous manque ?" Demanda-t-elle d'un ton incertain
Ma première pensée fût pour Apollon. Comme à mon habitude. Sans doute, parce que lorsque l'on m'interrogeait sur le manque d'une personne du sexe opposé, c'était généralement à mon jumeau que l'on faisait référence. Mais, Iota ne connaissait pas Apollon. Peut-être parlait-elle de Phobos. Si elle était dans ce sous marin, peut-être avait-elle su d'une manière ou d'une autre pour les noms écrits en sang, et ma peur de perdre mon fils
- Qui cela ? Demandais-je tout de même pour être sur
"Le garçon à qui vous parlez toutes les deux."
Elle me désigna Neil, me faisant comprendre qu'elle parlait bel et bien de mon frère. Cela ne m'étonnait pas qu'ils communiquent également. C'était plutôt une bonne chose en fait finalement. Communiquer avec lui, nous permettait à l'une comme à l'autre, de rester un minimum lucide.
"Celui qui n'est pas là." Reprit-elle en pivotant vers moi, finissant de me convaincre que oui, c'était bien d'Apo que l'on parlait
Je restais néanmoins surprise. Normalement, seuls Neil et moi même avions la capacité de communiquer par la pensée. Et même, personne ne pouvait normalement pouvoir « capter » nos pensées. Je ne pouvais pas capter celles qu'elle envoyait à Apollon, et inversement. Aussi, étais-je sincèrement étonné, que Iota ai réussis à intercepter nos communications. Surprise qui fit place, au silence, alors qu'un sourire affectueux étira la commissure de mes lèvres. Le même sourire, qui prenait place à chaque fois, que je mentionnais ma moitié d'âme
- Apollon, il s'appelle Apollon. C'est mon frère et oui il me manque. Même si je parle avec lui, il n'est pas pour autant présent ici avec nous. Ça nous est déjà arrivé, de nous retrouver séparé. Mais par moment, j'aimerais qu'il soit là, pour lui demander conseil
Nous étions toujours plus fort à deux. D'aussi loin, que je me souvienne cela avait toujours été ma devise. Je me souviens, encore lorsque nous parcourions le monde. Grâce à notre longévité, nous avions réussit à établir un faux arbre généalogique, pour prouver notre « noblesse » notamment à la cour de Louis XIV. Lorsqu'il avait fallût trouver la devise de notre famille, mon frère avait insisté que ça soit celle ci. Tellement représentative de nous et de notre relation. Comme à mon habitude, j'avais joué les sceptiques, avant d'accepter. Et c'est en me replongeant dans ces souvenirs, que je me rendit compte que oui il me manquait. Quelque part, c'était encore pire de pouvoir communiquer avec lui, mais de ne pas pouvoir l'avoir physiquement à mes côtés. Il faudrait que je songe à le rassurer d'ailleurs. Je, n'avais pas repris la communication depuis l'histoire des scaphandres. Je sortis de mes pensées, afin de regarder à nouveau Iota qui hocha la tête d'un air compatissant
"Apollon." Répéta-t-elle comme pour s'en souvenir
Il y eu un petit silence, mais je sentais qu'elle n'avait pas finit de parler
"Elle a parlé à quelqu'un d'autre, mais je n'ai pas pu entendre ce qu'il lui répondait."
Le regard de Iota se porta vers Neil. Elle avait apparemment contacté quelqu'un d'autres, mais elle ignorait ce qu'il lui avait répondu. Apparemment il s'agissait d'un individu de sexe masculin. Ellie était donc à exclure. Je savais de toute façon, qu'elle ne souhaitait pas la contacter, à cause de Jules. Et ce même si mon autre nièce, n'aurait pas pu se téléporter à l'intérieur du Nautilus. Il ne semblait pas localisable. Que ce soit de l'intérieur ou de l'extérieur. Sans quoi, mon frère n'aurait pas autant paniqué tout à l'heure. Je doutais que ce soit Elliot également. Alors, en dehors de mon frère je ne voyais pas qui d'autres elle bien pu contacter
- Est-ce que tu sais à qui d'autres est-ce qu'elle a parlé ? Lui demandais-je à voix basse
Elle semblait craintive à l'idée que Neil l'entende, aussi peut-être serait elle plus rassuré ainsi. J'admettais être grandement intrigué par ce qu'elle venait de me dire
"Non, juste à lui. Elle lui a dit qu'elle était terrorisée. Est-ce que je peux lire à côté de vous ?"
Je n'en apprendrais pas plus, alors inutile d'insister. De plus, elle regardait le livre que je tenais avec envie. Aussi, me décalais-je pour l'inviter à s'asseoir à mes côtés
- Il y a toujours une place pour les gens qui aiment lire à côté de moi
Elle s'installa à côté de moi, attendant que je commence la lecture. Étant donné que j'étais en plein dans le roi des Aulnes, je me décidais à reprendre depuis le début. Cela faisait bien longtemps, que je n'avais plus fait la lecture à quelqu'un. Je me rappelais qu'avant, le grand jeu d'Apollon était de me déconcentrer quand je le faisais. Je résistais vaillamment pour ne pas tout bonnement éclater de rire à ses gamineries. Quelle andouille...
Qui chevauche si tard à travers la nuit et le vent ? C'est le père avec son enfant. Il porte l'enfant dans ses bras, Il le tient ferme, il le réchauffe.
« Mon fils, pourquoi cette peur, pourquoi te cacher ainsi le visage ? Père, ne vois-tu pas le roi des Aulnes, Le roi des Aulnes, avec sa couronne et ses longs cheveux ? — Mon fils, c'est un brouillard qui traîne
— Viens, cher enfant, viens avec moi ! Nous jouerons ensemble à de si jolis jeux ! Maintes fleurs émaillées brillent sur la rive ; Ma mère a maintes robes d'or.
— Mon père, mon père, et tu n'entends pas Ce que le roi des Aulnes doucement me promet ? — Sois tranquille, reste tranquille, mon enfant : C'est le vent qui murmure dans les feuilles sèches.
Très concentrée, je m'amusais à faire les voix. Adoptant, un ton fluet lorsqu'il s'agissait de l'enfant, grave lorsqu'il s'agissait du père, mystérieux pour celle du roi des Aulnes ou encore posé pour le narrateur en début de poème. Iota, avait quand à elle posé sa tête contre le haut de mon bras
"Ça me rappelle avant." Murmura-t-elle
J'interrompis ma lecture quelques secondes, pour la regarder
- On te lisait des histoires avant ?
C'est vrai elle devait bien avoir eu un père ou une mère, des parents une famille ou que sais-je d'autres après tout. La petite ne me répondit pas mais jeta un regard nostalgique sur Jules avant de fermer les yeux attendant que je lise la suite, m'arrachant un regard attendrit. J'aurais réellement aimé faire cela pour Phobos. J'avais arrêté d'en vouloir à Elliot, mais au fond, j'avais toujours un pincement au cœur. Le fait qu'il soit déjà un jeune homme, me donnait en quelque sorte l'impression d'avoir été privé de mon rôle de mère. Laissant ces pensées de côté je repris ma lecture de manière très concentré
— Gentil enfant, veux-tu me suivre ? Mes filles auront grand soin de toi ; Mes filles mènent la danse nocturne. Elles te berceront, elles t'endormiront, à leur danse, à leur chant.
— Mon père, mon père, et ne vois-tu pas là-bas Les filles du roi des aulnes à cette place sombre ? — Mon fils, mon fils, je le vois bien : Ce sont les vieux saules qui paraissent grisâtres.
— Je t'aime, ta beauté me charme, Et, si tu ne veux pas céder, j'userai de violence. — Mon père, mon père, voilà qu'il me saisit ! Le roi des aulnes m'a fait mal ! »
Le père frémit, il presse son cheval, Il tient dans ses bras l'enfant qui gémit ; Il arrive à sa maison avec peine, avec angoisse : L'enfant dans ses bras était mort.
Je tournais la page, afin de continuer ma lecture par autre chose. Tout en réfléchissant néanmoins, à ce que Iota m'avait dit et à l'échange qu'ils avaient eu avec l'écrivain un peu plus tôt. J'avais de plus en plus l'impression que tout tournait autour de la mémoire et des souvenirs, sans parvenir à un lien quelconque entre tout cela. Ce qui était quelque part ironique. N'étais-je pas supposé être la fille de la Titanide de la mémoire après tout ?
made by pandora.
Sebastian Dust
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Eddie Redmαyne.
From Gold to Grave Who's making the Sandmandream ?
| Conte : Les 5 Légendes. | Dans le monde des contes, je suis : : Le Mαrchαnd de Sαble ϟ Archeron.
Just like every other fool here I'll keep marching on
« Because I know that I'll be coming home soon. »
Tout était allé bien vite au final, dans cet instant pourtant flottant. Sally s’en était allée d’un côté dans des sanglots déchirants, Robyn avait fuit pour s’installer plus loin, Neil s’était absentée et au final… Jules ainsi que Diane avaient fait de même pour les rejoindre. Lui ? Il était resté. Sagement debout dans le couloir, à simplement constater sans vraiment agir. Ecouter le bruit intrinsèque du Nautilus au travers de ses parois métalliques, observer les lourds tuyaux qui grimpaient jusqu’aux plafonds, se fondant dans la masse sombre des couloirs et de la nature humaine dont ils étaient décorés. L’impression d’être dans une boîte sans vraiment y être, de quoi y perdre un peu la tête. Sebastian n’aimait pas être enfermé, encore moins la sensation d’étouffement qui en résultait, mais il devait reconnaître le courage des personnes s’en accommodant sans mal. Lui n’aurait jamais pu être sous-marinier ou ce genre de choses, scaphandrier encore moins même si l’expérience avait été à la fois plaisante et déconcertante. Il revoyait le visage de cette Louise flottant dans l’éternité de sa condition… Passant une main dans ses cheveux, se tournant sur lui-même, il fini par prendre la direction empruntée par Sally précédemment.
La jeune femme semblait désemparée depuis le début de l’aventure, craignant pour sa vie plus que de raison et elle n’avait pas tort. La toute première fois où il avait rencontré des personnes comme Diane ou l’autre jeune femme – Neil – il était aussi déconcerté qu’elle. Bon, son tempérament l’avait mené à ne pas craindre mais plutôt à explorer, tandis qu’elle se refermait de peur. Pouvait-on lui en vouloir ? La vérité pouvait être effrayante quand on la recevait de plein fouet de cette manière. Apprendre qu’ils risquaient de passer tout le reste de leur existence dans un sous-marin n’avait pas de quoi les enchanter outre mesure, mais était-il pour autant permis de perdre l’espoir aussi vite ? Jamais situation ne s’était révélée irréalisable ou insoluble. Tout finirait par bouger. Par changer et par s’améliorer… Ou s’empirer, mais le point de vue subjectif de la chose ne reposait que dans l’opinion personnelle. Encore fallait-il pouvoir faire la balance entre bien et mal et, face à de tels sanglots, Sab se doutait de quel côté allait pencher Sally.
Prudemment, le gardien la rejoignit en espérant qu’elle ne le chasserait pas trop vite. C’était toujours un peu délicat de s’adresser aux adultes, on ne savait jamais par quel bout les attraper pour ne pas les vexer ; aussi se contenta-t-il de finalement s’accroupir en face d’elle, silencieux. Sab n’était pas forcément très doué pour la communication, mais réconforter les gens se révélait une seconde nature quand il y mettait du sien. Il se laissa aller à l’écouter pleurer, fixant parfois le sable qui s’approcha d’elle dans une lenteur tranquille. Paisible. Des volutes perdues dans l’air comme ils le feraient dans l’eau, se déplaçant bercés par leur propre gravité. Puis peu à peu, entourant Sally à leur manière, des grains se rassemblèrent pour former autre chose. Quelque chose. Une forme ronde, des petits ciseaux qui s’échappaient à la poursuite d’une pelote de laine et peu à peu… Une poupée. De ces petites poupées de chiffon carré qu’on les enfants, visiblement raccommodée malgré des cheveux longs tombant autour de ses yeux en boutons. Alors, ainsi, c’était ça son image ? Sa représentation ? Cela le fit sourire tendrement en constatant à nouveau l’incroyable singularité des gens. Il aurait cru à un chat ou un autre animal, mais c’était une poupée. Une mignonne petite poupée pour la représenter. Comme Louise avait les poissons ou d’autres encore des livres ou des carottes, elle serait un jouet que les enfants aimaient et chérissaient au point de la rafistoler quand elle se cassait.
Sally paru surprise par ce qu’il se dessinait autour d’elle, se redressant un peu alors que ses yeux semblaient vouloir se poser sur tout ce qui bougeait. Se mouvait. Elle renifla avant de se mettre à rire, un petit rire un peu gêné et tiraillé, mais un rire quand même. Un sourire apparu enfin tandis qu’elle s’essuyait le visage encore baigné de ses larmes, tendant la main pour toucher la poupée de sable.
« Je suis désolée. C’est juste difficile en ce moment. »
Ca l’était pour tout le monde. Pour bien des gens. Mais le Marchand de sable hocha la tête comme s’il comprenait ce qu’elle voulait dire. Evacuer le poids. Laisser passer les soupirs et admettre que les choses ne pouvaient pas toujours aller comme ils le souhaitaient. Ses jambes un peu engourdies, il préféra s’asseoir sur le sol mais ne s’approcha pas davantage, la laissant faire. Ses mains caressèrent les cheveux dorés de la poupée et un bruit étrange résonna alors dans le crâne de Sebastian, celui répétitif et mécanique de quelque chose qui fonctionne. Puis s’arrêta avant de recommencer. Entre, il y avait du silence et des bruissements de tissus, puis un soupir dont il reconnu l’auteur : la rouquine. Des images brèves se succédèrent, des étoffes de tissu coloré, des aiguilles plantées dans un demi-cercle bleu, des fils de toutes les couleurs, des vêtements… De la couture ? Faisait-elle de la couture ? Sab pencha la tête sur le côté, écoutant et observant ces morceaux d’elle que Sally lui transmettait sans s’en rendre compte. Le sable n’était pas qu’accompagnant, il lui permettait de découvrir des aspects passés sous silence, joyeux comme bien plus tristes. Aléatoires. Pour tous. Par tous. Bien souvent il se taisait, les rangeant soigneusement dans des recoins de sa mémoire ; s’il devait se souvenir de tout ce que le sable faisait pour lui, il n’aurait pas assez d’un seul esprit. Un monde entier n’était pas suffisant. Un Imaginaire en perpétuelle expansion l’effleurait du bout des doigts. Pas de limites. Juste laisser venir.
La voix, plus grave, d’un homme résonna. Suivi par un bruit de fracas et la scène s’évanouie comme elle était venue pour proposer autre chose. Des sons diffus. Du bruit de ville. Du bruit de route et de gens parlant tout autour. Le gardien passa sa langue sur sa lèvre, tiré de son observation silencieuse par le grésillement sourd de son ventre. Il baissa le nez vers son veston, se rendant compte qu’il était à peu près affamé… Tiens, l’heure du repas devait effectivement être passée depuis longtemps. En même temps, leur hôte avait mangé l’orange qu’il avait prit pour son goûter ! Tournant la tête sur le côté, il fouilla dans sa poche pour sortir le petit poisson tricoté, puis le sachet de kraft grossièrement plié. Les gâteaux n’avaient pas du résister longtemps… Pourtant il en avait pris soin ! Calant le poisson dans la poche intérieure de son manteau, il ouvrit le sachet et sorti l’une des boîtes. A l’intérieur, les sortes de cookies au chocolat n’avaient pas très bonne mine, tombant en miette à peine les effleura-t-il. Il prit un air dépité avant de regarder Sally qui gloussa devant la situation. Au moins, ça en faisait rire une… Bon, Arthur ne lui en voudrait pas s’il ne lui ramenait qu’une boîte, n’est-ce pas ? Il attrapa un des gâteaux pas trop abîmé et le tendit à la jeune femme. Elle marqua une petite hésitation puis fini par le prendre en le remerciant d’un geste du menton, continuant de tenir la poupée de sable dans sa main.
« Ca va aller. »
Les lettres étaient réapparues, trahissant non pas une question mais une affirmation.
« Tu as beaucoup de courage. »
D’être ici. D’admettre ses craintes et ses peurs. De tenir debout malgré tout. De suivre comme si c’était normal alors que ça ne l’était pas. De surmonter cette étrange mélancolie qui semblait l’habiter toute entière et dans laquelle il avait l’impression de se reconnaître. Sur les bords. Sur le fond. Une entité paisible mais qui se crispait au moindre événement… Il attendit encore, tranquillement, jusqu’à ce qu’ils ne finissent par se relever de là. Le gardien laissa les fourmis envahir ses pieds en rangeant son sac en kraft, secouant sa cheville au cas où ça les ferait partir plus vite. La poupée ensablée s’amusa à grimper sur le bras de Sally, glissant pareil à un toboggan de son épaule jusqu’à son poignet. Elle le fit plusieurs fois sur le chemin, terminant dans un dernier saut avant de disparaître en centaines de petits éclats dorés au moment où ils poussèrent la porte pour rejoindre Jules Verne et Robyn.
« Vous allez beaucoup aimer, il y a des gravures à l'intérieur. Vous qui préférez les images aux mots. »
Sebastian observa la couverture du livre que venait de lui remettre l’écrivain : Les Misérables, de Victor Hugo. Oh, il connaissait cet œuvre ! Il l’avait lu il y a plusieurs années et aimait bien la revoir parfois… Les adaptations télévisées ne lui rendaient pas honneur, sauf peut-être ce très long téléfilm français qui lui avait beaucoup plu. La version comédie musicale n’était pas mal mais un peu surréaliste. Il passa ses doigts sur la couverture, l’ouvrant sommairement pour en faire défiler les pages. Un sourire pour remercier et voilà que déjà Jules Verne se désintéressait d’eux – il avait donné un petit recueil à Sally avant lui – pour se préoccuper du retour de la déesse et de Neil.
Sebastian n’eu pas le cœur à lui dire qu’il l’avait déjà lu, préférant se contenter de tenir l’ouvrage dans ses mains comme d’un objet précieux. Laissant les envolées lyriques derrière lui, il entreprit de se trouver un endroit où être un peu tranquille pour lire. Non pas qu’il n’apprécie pas la poésie, mais les gens en train de parler perturbaient un peu sa capacité de lecture… On ne pouvait pas tous faire des dizaines de choses à la fois. Et puis, il sentait qu’il devait les laisser un peu tranquille, comme lui voulait l’être. Sally était en sécurité avec eux. Il s’éloigna donc du salon, passant devant les trois portes closes en leur adressant un regard curieux. Le gardien n’avait pas assisté à la scène entre Robyn et un Oreo, mais il se garda bien de tenter d’en ouvrir une. Ce n’était pas chez lui, il ne ferait pas la malpolitesse de s’y croire. Et chez lui, il n’y avait pas de murs pour se rapprocher et vous broyer, d’abord ! On ne savait jamais sur quoi on allait tomber ou qui on allait interrompre, c’était indécent et maladroit.
Il s’apprêtait à emprunter les escaliers lorsqu’une secousse balaya le Nautilus, faisant trembler sols et murs tout autour de lui. La violence lui fit perdre le livre des mains, constatant avec effroi les pages s’aplatir à même le sol. Pourvue qu’aucune d’elle ne soit pliée ou cornée ! Passé le premier choc, la main vissée à la rambarde de l’escalier, il attendit que plus rien ne bouge pour se précipiter à récupérer le livre, soulevant la couverture retournée pour souffler sur les pages et en chasser la poussière. Pas de saleté, pas de saleté ! Sab appuya sur l’un des coins un peu cornés des pages, sursautant lorsque la voix de Jules Verne résonna non loin de lui :
« Nous avons heurté quelque chose. »
Ses yeux gris rencontrèrent les siens, constatant qu’il lui adressait un regard perçant. L’avait-il vu faire tomber le livre ? Si c’était le cas, le gardien s’en excusa du regard en refermant l’œuvre pour la tenir contre lui. Ni vu, ni connu !
« Je n’ai pas le souvenir que cela soit déjà arrivé par le passé… » Ajouta l’homme, d’un ton plus bas.
Sebastian fronça les sourcils en voyant son air soudain inquiet, se demandant comment un engin de cette taille avait pu ne rien rencontrer depuis qu’il se trouvait à bord. Ne serait-ce que l’énorme poulpe qui leur avait tenu compagnie quelques heures plus tôt ! Lui se rappelait encore bien de l’emprise de ses tentacules sur lui… D’ailleurs, peut-être était-ce lui ? Les aurait-il suivis jusque là ? Se serait-il rendu compte de l’absence de son nouveau jouet ? A quel point les pieuvres étaient-elles intelligentes et attachées ? C’était une bonne question. Il frissonna un peu, malgré l’amusement émoustillé qui bordait ses lèvres, et se contenta d’un regard envers Jules.
« Les choses changent sans que nous nous en rendions compte. »
Après avoir fixé le plafond, constatant que le choc ne s’était pas répété, il mit deux doigts devant ses yeux puis désigna les murs avec ceux-ci. Peut-être pouvaient-ils voir quelque chose depuis les hublots ? Le grand salon en possédait deux sur les côtés, s’ils étaient ouverts ils pourraient constater de quelque chose d’anormal par rapport au bleu de l’océan… Déjà il s'y voyait. Déjà il planifiait.
« Vous faites allusion au salon ? » Demanda l’écrivain, avant de lui emboîter le pas.
La curiosité l’emporta et il n’attendit pas pour s’engager dans les escaliers pour retrouver le dit salon où ils étaient arrivés précédemment. Tenant le livre dans sa main, Sebastian passa la tête dans l’embrasure de la porte avant toute chose – savait-on jamais que le dieu des enfers ne s’y trouve toujours dans le plus simple appareil…. Mais pas de Judah à l’horizon et il entra d’un pas rapide pour se retrouver au centre de la pièce. Rien n’avait vraiment bougé, tout possédait cette atmosphère un peu trop paisible qui le caractérisait depuis le départ. L’un des hublots était ouvert sur les fonds marins, ou plutôt sur les eaux infinies qui s’étendaient à perte de vue.
Jules Verne se précipita vers le second panneau latéral, actionnant la manivelle pour l’ouvrir sur l’exact même paysage. Il sembla septique, échangeant un regard avec le Marchand de sable avant de se gratter la tête. Visiblement, la situation l’interrogeait grandement.
« J'aurais pensé que vous manquiez trop à votre nouvel ami aux tentacules, mais il semblerait que ce ne soit pas lui. » Sab sourit à l’évocation de cette même idée. « Qu'est-ce qui aurait pu causer cette secousse ? Nous ne semblons pas nous déplacer trop près du fond de l'eau, pourtant... Et les récifs sont bien plus bas. »
C’était une bonne question, encore. Une excellente. Comment se cogner à quelque chose s’il n’y avait rien ? Etait-ce invisible ? Ou bien quelque chose n’aurait pas du se trouver là et voilà qu’il la rencontrait ? Etrange. Incertain. Un couinement résonna dans la pièce, leur faisant tourner la tête vers l’origine du bruit : Diane, la chienne, se trouvait recroquevillée sous la table de bureau. Ses pattes coincées les unes dans les autres, l’animal tremblait comme si elle était effrayée par quelque chose. Cela ne rassura pas du tout le gardien, conscient du sens aiguisé des animaux pour deviner et sentir le danger. Quelque chose n’allait pas. L’inhabituel ne semblait pas la monnaie la plus courante au cœur du Nautilus.
« Que t’arrive-t-il, ma fille ? » Demanda Jules Verne en se penchant vers la chienne.
Il tendit la main pour essayer de la faire sortir de là-dessous, mais la pauvre bête jappa de plus belle en se postrant davantage. Pire, elle fit mine de le mordre quand il insista et couina à nouveau dans un bruit lancinant. Effrayant.
« Pourriez-vous m'aider ? Je ne sais pas ce qui lui arrive. Sans doute est-elle trop anxieuse. »
Probablement. Mais anxieuse de quoi ? Sab s’avança vers eux mais leur hôte secoua la tête, désabusé, en se rendant sans doute compte de sa bêtise.
« Que m'arrive-t-il donc ? Elle n'est pas réelle. Il est inutile de s'en soucier. Il faut que je cesse de m'attacher aux hallucinations. »
Cette parole tira une grimace au gardien des songes, lequel secoua la tête à son tour en arrivant à sa hauteur. Ne pas se fier à ce que l’on voyait était le propre de la rationalisation, mais c’était aussi l’ouverture à la psychose. Comment ne pas réagir aux phénomènes qui devenaient continuels, seule source de distraction pour une vie enfermé seul au fond d’un sous-marin. S’inquiéter de l’état d’une chienne qui n’était pas vraiment là trahissait quand même son attachement à cette dernière, une part d’humanité qu’il semblait vouloir cacher. Comme s’il se laissait aller à croire parfois à tout cela. A compatir. A accepter ce qui lui arrivait avant de se rebiffer quand les apparitions ne lui convenaient pas. Qui ne s’attachait pas à un animal ? Qui ne craindrait pas face à la détresse de l’autre ? On était plus enclin à paniquer lorsque le danger n’était pas encore là mais que quelqu’un le devinait par avance.
Il poussa un soupir, passant sa main dans sa nuque en les regardant tour à tour.
« Ne pas être réel ne signifie pas que vous n’avez pas le droit de vous y attacher. Ou d’y croire. »
Après tout, lui-même n’était qu’un mythe pour les deux tiers de la population… Et un compagnon de route nocturne pour les petits yeux curieux qui restaient.
Sebastian : 85%
Neil Sandman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : ➹ Elizabeth Olsen
« Le Temps n'efface pas tout. »
| Conte : ➹ Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ La fille de Dumbo & Elliot *-*
...ça m'évitera de tuer un type qui se croit drôle ! »
Tout le monde semblait trouver que lire était une bonne idée. Mais je n'avais pas envie de feuilleter un roman aujourd'hui. Le lieu où on se trouvait était déjà bien trop romanesque à mes yeux. J'avais soupiré en observant Diane et Robyn totalement sous le charme de notre hôte. Puis, la déesse avait pris Iota avec elle et elle lui avait fait la lecture après avoir échangé quelque mots. J'avais hésité, avant d'entrer discrètement dans la chambre de Jules. Pendant que tout le monde lisait, la chose qu'il me fallait à moi, c'était simplement de me changer les idées. Et on ne pouvait pas dire qu'il y avait grand chose dans cette pièce qui pourrait m'y aider.
A divers endroits se trouvaient des mégots de cigares. Voilà qui résolvait la grande énigme autour de Jules. Cet homme fumait le cigare. Me voilà comblée. Malheureusement, il n'y avait pas de restes de conserves ou autre, afin de résoudre une seconde grande énigme : qu'est ce qu'il pouvait bien manger ? Sa chambre possédait des ouvrages, un lit, un drap, des couvertures... rien de bien intéressant. Je me demandais à quoi il passait ses journées. Il n'y avait pas d'aire de jeux, pas de salle de sport, ni même de télévision. Ca voulait dire qu'il n'avait sans doute jamais vue La Vie est Belle ?
J'avais pris le premier livre qui m'était tombé dans les mains, avant de m'allonger sur le lit, une nouvelle fois. Je ne comptais pas l'avouer, mais son lit était confortable. Ca donnait envie d'y passer toute une nuit. Enfin, du moment que le fumeur de cigares ne viendrait pas partager ma couche. En feuilletant quelque pages, je m'étais arrêté sur divers passages.
« En deux mots, sa devise était : Quand même ! et l'amour de l'impossible sa " ruling passion ", suivant la belle expression de Pope. » lus-je à voix haute avant de rester quelque secondes à réfléchir sur ce que je venais de lire. « Mais ça veut rien dire du tout ! Je ne comprends même pas un mot sur deux... »
Il n'y avait rien de mieux pour se sentir bête que de lire du... C'était de qui ? J'avais regardé la couverture avant de voir indiqué en capitales : " Jules Verne ". Je l'avais immédiatement fermé et jeté à l'autre bout de la pièce.
« Et je t'interdis de revenir ! » lui hurlai-je, avant de sentir une énorme secousse. « Quoi ? » On venait de toucher quelque chose. « Quoi ? » Ou alors une chose nous avait touché. « Quoi ? »
Il ne manquait plus que Donna Noble se pointe en plein coeur de la pièce et en robe de mariée. Est ce qu'on pouvait toucher le Titanic d'ici ? Ou plutôt un iceberg ? Ca flottait ces choses, non ? Je m'étais levée d'un bond, hésitant à ramasser le livre, mais comme deux autres étaient tombés avec la secousse, il ne remarquerait pas que c'était moi. D'ailleurs, j'en avais juste fait tomber un de plus avant de quitter la cabine.
« Vous avez sentis ça aussi, vous ? » demandai-je avant de voir Jules et Sebastian quitter le couloir.
Mon regard s'était posé sur Diane. Apparemment je n'étais pas la seule à avoir senti la secousse. J'avais observé quelques instants Iota pour voir si elle avait une quelconque réaction. Elle avait agrippée le haut de sa robe, comme si elle touchait quelque chose se trouvant en dessous. J'avais plissée les yeux sans relever le truc. Puis, j'avais regardé en direction des autres passagers pour m'assurer qu'ils n'avaient rien.
« C'est plus le moment de lire, Robyn, lève toi. » lui dis-je en m'approchant d'elle et en lui tendant la main pour l'aider à se relever. « Ils sont partis où ? »
Ca aurait été bien plus intelligent de regarder par le hublot de la chambre de Jules ce qu'on avait touché, plutôt que de se séparer en deux groupes. Ils étaient partis où ceux là ? Pourquoi Diane les avait laissé faire ? Et pourquoi j'avais quitté la chambre sans regarder par le hublot ? J'avais secoué la tête devant tant d'imbécilité de ma part.
« Je crois qu'ils sont allés dans le salon. » répondit Iota. « On devrait peut-être tous aller là bas pour vérifier l'étendue des dégâts. »
Même si j'étais contre suivre l'avis de la petite fille, elle avait raison sur un point. Il fallait retrouver Sebastian et Jules, afin de ne pas les laisser seul. C'était ce qu'on avait fait, nous nous rendimes à l'étage supérieur et nous retrouvâmes ainsi dans le grand salon. Jules et Sebastian étaient en train de discuter avec la chienne de ce dernier. Je ne voulais pas savoir... Je m'étais avancée vers la vitre panoramique, afin de voir à l'extérieur. Il n'y avait rien d'autre que les profondeurs de l'océan. Une nouvelle fois j'avais secoué la tête avant de soupirer. Puis, je m'étais tourné vers Jules.
« Arrêtez de faire mumuse avec la chienne deux minutes ! » lui ordonnai-je avant de regarder Iota. « On est où ? »
« Je ne sais pas si je peux vous le montrer. De toute façon, j'ai perdu la clef. » dit-elle d'un ton incertain.
« La clef ? » demandai-je après une hésitation où j'avais totalement buggé.
« Oui, la clef. » répondit-elle d'un ton évident en hochant la tête.
« Mais la clef de quoi ? »
C'était quoi cette histoire de clef ? La solution se mettait dans une serrure ? Je pouvais lui en trouver des clefs, moi, y'avait pas de soucis.
« La clef du tableau de commandes. »
Ca voulait dire quoi ? Elle avait perdue la clef du tableau de commandes et du coup le sous marin était piégé dans les profondeurs de l'océan ? Et si elle avait perdu les clefs, c'était après notre arrivée ? Car sinon, comment on aurait pu arriver à bord ? Il n'y avait pas un petit bipeur sur son trousseau ? Elle serra les poings en fixant le sol d'un air tétanisé.
« Elle m'avait fait promettre de toujours la garder avec moi. Mais je voulais la laisser auprès de lui. »
« Auprès de qui ? » insistai-je en me dirigeant vers la petite fille. « Tu l'as laissé auprès de qui ? »
Une fois à sa hauteur, je m'étais accroupie face à elle, avant de relever son menton de ma main, afin qu'elle me regarde dans les yeux. Elle avait les yeux remplis de larmes qu'elle retenait vaillamment.
« Mon frère... »
Son menton trembla, avant que ses larmes coulent. Elle porta une nouvelle fois sa main à son cou et serra fortement le tissus de sa robe. J'avais hésité un petit instant, avant de me rendre compte de quoi il devait être question. Puis, sachant pertinemment que j'allais faire une erreur, j'avais glissée la main dans la poche arrière de mon pantalon, avant d'en sortir un objet et de le lui montrer.
« C'est à toi ? »
Elle stoppa ses larmes, buggant à son tour et fixant le dit objet que j'avais récupéré quelque heures auparavant, dans un des scaphandres.
« Vous l'avez retrouvé. » balbutia t'elle.
« C'est ça la clef ? » lui demandai-je d'un ton surpris.
« Oui. Avec ça, on va pouvoir savoir ce qu'on a heurté. »
Elle tendit la main pour prendre l'objet délicatement. Je n'étais pas convaincu qu'il fallait le lui laisser. Mais au point où on en était, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire. Je l'avais fixée quelques instants, avant d'entendre un murmure dans ma tête. Quelqu'un qui me disait de le lui donner. La fillette pencha la tête de côté en plissant légèrement les yeux, comme si elle avait perçu la voix de la personne sans vraiment l'entendre.
« Qui es-tu vraiment ? » murmurai-je à l'intention de la jeune fille, sans réellement lui poser la question.
Elle m'intriguait totalement. Est ce qu'elle pouvait entendre, ou savoir quand je parlais à quelqu'un ? En tout cas, je lui avais laissé prendre l'objet. Si il y avait une chance d'avancer, ça serait sans doute grâce à elle. Elle s’avança vers la table de bureau sous laquelle la chienne était cachée, avec le pendentif en main. Sur le rebord du bois, elle glissa le pendentif à l'horizontale, dans une fente à peine perceptible. Un flash avait jaillis de la fente et nous avait traversé, parcourant le salon d'une sorte de champs magnétique.
« C'était quoi ça ? » lui demandai-je.
Elle pivota vers nous d'un air anxieux, comme si elle redoutait notre réaction. Elle regarda plus intensément Jules.
« Je suis vraiment désolée. J'aurai aimé que vous ne voyez pas ça. »
J'avais regarde Jules, avant de reporter toute mon attention sur la petite fille. Qu'est ce qu'elle venait de faire ? De quoi parlait-elle. Je n'avais pas remarqué de suite, mais autour de nous, à travers les vitres panoramique, on ne voyait plus le fond des océans, mais quelque chose de différent.
« Qu'est ce... » murmurai-je en observant des débris de météorité entourant le vaisseau.
Robyn W. Candy
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Jennifer Lawrence.
PANIQUEZ PAS J'VIENS JUSTE CHERCHER UN TRUC DANS MA BOITE MP
(Et ouais du coup j'en profite pour faire un tour et mâter les profils, z'allez faire quoi pour m'en empêcher hein ?)
| Conte : Les mondes de Ralph. | Dans le monde des contes, je suis : : Vanellope Von Schweetz, ou la princesse d'un royaume de sucreries qui préfère conduire des voitures en gâteaux.
C'était quoi... ça ? Où étaient passés les fonds marins ? Pourquoi tout avait disparu, pour être remplacé par des espèces de cailloux flottant ? Je comprenais pas. Ou plutôt je refusais de comprendre. Ça faisait trop pour moi. Me fallait des explications, et vite. Parce que c'était pas possible que ça soit vraiment... ça. Tout ça.
- C'est quoi ce bordel ?
Incapable de garder plus longtemps mon calme, j'attrapais la gamine par le bras, en agitant d'un air menaçant Lucille sous son nez. Je cherchais pas à lui faire du mal en la tenant comme ça, je voulais juste qu'elle arrête de fuir et qu'elle me donne des réponses. C'était bien de faire une tête de chat potté à tout le monde, mais avec moi, ça prenait pas. Elle savait des choses. C'était obligé. Alors pourquoi elle disait rien, putain ?
- T'as plus le choix, maintenant tu nous dis tout ! Merde... t'as intérêt à parler cette fois. Y en a marre de tes conneries !
Je pouvais pas m'empêcher de crier, énervée. Mais putain ! Putain de bordel de merde ! Elle faisait que me regarder avec de grands yeux apeurés. Alors qu'elle avait les réponses. J'en étais sûre. C'était pas possible autrement putain !
- Robyn, arrête.
Mes yeux s'écarquillèrent, et j'adressais un regard interloqué à Neil. Elle ne me regardait même pas, trop occupée à observer l'espace à travers la vitre panoramique. L'espace... Nop. Ça pouvait pas être ça. Sérieux quoi.
- Mais... bordel Neil ! Elle sait quelque chose ! Elle sait ce qu'il se passe ! Si elle parlait, on pourrait peut être enfin se casser de là ! Sauf si t'as envie de rester pour l'éternité avec toutes ces charmantes personnes...
Sans lâcher la gamine, je jetais un coup d’œil au reste du groupe. Jules, Sally, Sebastian, Diane... Je les connaissais pas tous, pas bien, et j'avais clairement pas envie de rester ici pour savoir qui mange quoi au petit dej' et qui a eu la varicelle à dix ans. Je voulais rentrer chez moi. Retrouver mes colocataires. Cette débile de licorne. Mon éléphant. Ma pâtisserie. Ma vie. Même si je l'aimais pas, que je me demandais parfois que ce que je foutais là, c'était toujours mieux que d'être coincée ici pendant des années éternelles, avec même pas l'option « je me bute » pour essayer de s'échapper.
- C'est pas une raison pour la violenter. Elle va nous aider. Elle est déjà entrain de le faire.
Neil tourna la tête vers la gosse pour la regarder, comme si elle attendait qu'elle parle. Cette dernière nous observa tour à tour, avant de réussir à se dégager et de reculer de plusieurs pas pour partir se cacher derrière Neil, comme si je lui faisais peur. J'étais sûre qu'elle le faisait exprès pour foutre la merde entre moi et les autres ! Elle jouait les victimes, à m'observer d'un air anxieux... Mais j'étais totalement insensible.
- Je... je ne sais pas quoi vous dire.
Quand elle se mit à balbutier, je passais une main sur mon visage, en poussant un soupire exaspéré. J'en pouvais plus. De sa tête de chien battu, de ses énigmes...
- Putain mais c'est simple ! C'est quoi ça, dehors ? Que ce qui se passe ? On est où ? T'as le choix !
De frustration, je laissais échapper un petit cri de rage, en serrant les poings. J'avais envie de la choper par le col de sa robe et de la secouer pour essayer de la réveiller. Que ça lui remette les idées en place ou quelque chose du genre, pour qu'elle l'ouvre enfin et arrête de nous faire poireauter. J'avais l'impression d'être un pion, qu'elle jouait avec nous. C'était moi qui était tordue ou quoi ? Parce que j'avais l'air d'être la seule à voir les choses comme ça.
- C'est censé être logique ce qu'il y a dehors ? Je suis censée comprendre, c'est ça ? Putain Neil, si tu sais quelque chose dis le moi parce que là, c'est insupportable.
J'avais l'impression d'être désespérée. C'était ridicule, putain. Et pourtant j'avais été optimiste depuis le début. On allait rentrer, tout était bien qui fini bien. Fin. Mais là... c'était un retournement de situation que j'avais pas vu venir. Et ça remettait tout en cause.
- Tu veux que je te dise quoi ? On est dans l'espace, c'est tout ! Et ça n'explique pas pourquoi on ne peut pas se téléporter ! Si on est dans l'espace, où ils étaient avec leurs scaphandres quand ils sont allés dehors ?
Cette question là était adressée à la gamine, qui se mordit les lèvres avant de répondre. Vas-y, prends ton temps hein. On a que ça à faire, attendre que tu veuilles bien nous expliquer ce qu'il se passe dans ce merdier.
- Ils étaient eux aussi dans l'espace, mais dans le champ magnétique du vaisseau. Du coup il a créé ce que vous vouliez voir. Il a vous a créé l'Espoir.
Elle se mordit de nouveau les lèvres, en me jetant un coup d’œil à la dérobé. Mon visage se ferma un peu plus. L'espoir, hein ? Ça voulait dire que si j'étais sortie moi aussi, j'aurai vu quelque chose censé me faire espérer un peu ?
- On... on flottait dans l'espace.
Jules avait l'air d'être complètement défoncé. C'était limite flippant. Il était content ou traumatisé enfaîte ? Je secouais la tête, en agitant nerveusement Lucille dans ma main sans vraiment me rendre compte de ce que je faisais. C'était un réflexe, de quoi m'occuper pour pas juste fourrer mes mains dans mes poches ou croises les bras.
- On est dans l'espace Merveilleux. Halleluia. Maintenant on sait qu'on se balade au milieu des étoiles, mais ce que je voudrais savoir, c'est pourquoi. On est pas là pour rien, hein ? T'es un alien ou pas ?
J'avais eu une hésitation avant de poser la question. Ça, j'avais pas vraiment envie de savoir si elle en était un ou pas. J'aimais pas ces bestioles là. Surtout ceux avec la grosse tête et qui sont mortellement allergiques au Country. J'en avais déjà croisé un, et son gros cerveau m'avait éclaté à la tronche. J'avais pas des masses envie que ça m'arrive encore une fois.
- Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
Elle cligna des yeux avant de lever la tête vers Neil, comme si elle attendait une explication. La jeune femme prit une voix douce avant de lui reformuler ma question. Même si c'était pas tout à fait ça que j'avais en tête mais bon, c'était déjà pas mal.
- D'où viens-tu ?
La gamine fronça les sourcils, pendant qu'elle réfléchissait. Vu sa réponse, elle aurait pu prendre un peu moins de temps pour ça.
- De très loin.
Elle finit par se décaler de Neil, en osant faire quelques pas vers moi, tout en gardant une certaine distance entre nous. Elle avait toujours peur ou quoi ? Tant mieux en même temps. Elle chercherait peut être moins à essayer de nous arnaquer si elle avait conscience que j'hésiterai pas à me défendre au besoin.
- Vous êtes là pour lui. On vous a fait venir pour l'aider. Mais... on ne pouvait pas savoir que vous ne pourriez pas repartir. On pensait être les seuls à être bloqués ici.
Elle prit un air désolé. Sincère, en plus. Ou alors elle jouait juste bien la comédie. Mais non. J'avais l'impression que c'était vrai. Bordel. Et merde. Merde merde merde !
- On est là... à cause de lui ? De Jules ? Mais pourquoi fallait que ça tombe sur nous ? Non mais sérieux ! Je le connaissais même pas ce type ! Je savais même pas qu'il était revenu d'entre les morts !
Je m'appuyais contre un mur, la tête en arrière, avec un demi sourire désespéré étirant mes lèvres qui avait pas l'habitude de faire ce genre de grimace là. Sourire... Ah ah. Très drôle. Mais oui, c'était drôle. Fallait avoir le sens de l'humour hein ! Va donc secourir un écrivain mort et retrouve toi coincée dans la même prison au passage, tu vas voir, on s'éclate !
- Du coup... tu connais pas de moyen de partir ? Y a rien ? Que dalle ? On est vraiment condamnés à vivre pour l'éternité dans l'espace, c'est ça ?
Je refusais encore d'y croire. On allait rentrer chez nous. C'était toujours comme ça. Mais bordel, elle avait réussi à me faire douter. Et maintenant j'imaginais ce que ça serait d'être ici pour toujours. Oh non. Ça allait arriver. C'était que des conneries. C'était pas possible. Ok ?
- Peut être qu'il ne reste plus beaucoup de temps.
Son regard se fit fuyant, pendant qu'elle prenait une grande inspiration, comme si elle avait du mal à respirer. Son souffle s'était fait court. Elle avait pas l'air des masses contente qu'il reste, je cite, pas beaucoup de temps. Ça voulait dire quoi ? Pas beaucoup de temps pour quoi ? À rester ici ? À vivre ? Bordel, c'était trop dur de parler autrement qu'en énigme ? On était pas à Fort Boyard putain ! Robyn: 75%
Jules Verne
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
Où étaient les frontières de la réalité et de l'illusion ? Elles se confondaient sans cesse, si bien que j'en avais le vertige. Je n'avais prononcé un mot depuis que les profondeurs sous-marines avaient été remplacées par l'infini moucheté d'étoiles. Des débris grandioses et inquiétants flottaient autour de nous. C'était sans doute un de ces corps céleste qui avait heurté le Nautilus quelques minutes plus tôt. Je rencontrais des difficultés conséquentes à envisager que mon sous-marin se déplace à travers l'espace. Il n'était pas conçu pour une telle traversée. J'écoutais attentivement la conversation que les femmes entretenaient avec l'enfant, les yeux rivés sur la vitre panoramique, hypnotisé par les météorites qui se déplaçaient avec une lenteur molle dans l'immensité de l'espace. J'avais rêvé des étoiles, des planètes inaccessibles, des satellites à explorer... mais pour rien au monde je n'aurais souhaité être concrètement à bord d'un projectile en partance pour une destination lointaine. Cela frôlait l'hystérie, la chute vertigineuse de l'esprit ! Etions-nous tous devenus fous ? Les réserves d'oxygène s'étaient-elles appauvries, nous montrant des choses qui n'existaient pas ?
Je me senti comme happé par le vide, la profondeur noire et accablante de l'infini. Je chancelai et me retins à la vitre, mes mains moites s'attardant dessus tandis que je clignai des yeux. Neil venait de poser une question pertinente à la fillette : où avions-nous été lorsque nous croyions nous déplacer dans des ruines immergées ? La réponse ne se fit pas attendre et je balbutiai dans un état second :
"On... on flottait dans l'espace."
Je ne me targuais pas de posséder un esprit rationnel, auquel cas plus de la majorité de mes livres n'aurait jamais vu le jour, mais j'avais un certain sens logique qui me poussait à refuser toutes les explications données par l'enfant. Comment une fillette de son âge pouvait savoir autant de choses ? Ce n'était pas cohérent.
Je passai une main sur mon visage et inspirai profondément. Titubant un peu, je détachai mon regard de la vitre et me tournai vers ma table de bureau, de laquelle l'illusion s'était dissipée. Cette table sur laquelle j'avais passé tant d'heures à écrire sans me douter qu'elle abritait un monde de révélations... Tant de jours, tant d'années à griffonner des mots...
Diane était toujours recroquevillée en dessous. Désormais, je comprenais pour quelle raison elle se manifestait de cette manière. Elle était issue de mon inconscient et elle souhaitait mettre l'accent sur ce meuble en particulier. Aussi je m'en approchai d'une démarche assurée malgré le tremblement de mes membres. Une fois devant, je l'observai dans son ensemble avant de me pencher vers la fente dans laquelle l'enfant avait enfoncé le pendentif. Ce dernier brillait très légèrement. Plissant des yeux, j'avançai le doigt afin de faire pression dessus. Allais-je provoquer quelque chose ? De toutes façons, que pouvait-il arriver de pire ?
"Non !" s'écria la fillette dans mon dos.
Elle se précipita vers moi mais trop tard. Une brusque lumière m'aveugla et l'instant d'après, le décor avait changé. Nous ne nous trouvions plus à bord du Nautilus mais à l'intérieur d'une énorme boîte dont les parois étaient aussi sombres que la voûte céleste. Le sol était du même acabit, si bien que j'eus le vertige. J'avais l'impression d'être perdu au milieu du néant. Plus de meubles, plus de décorations. Le souffle me manqua et je remarquai en accrochant le regard de quelques personnes que tous semblaient dans le même état de choc que moi.
La fillette profita de ce léger battement pour appuyer vivement sur le pendentif qui revint d'un cran en arrière dans la fente du bureau. Aussitôt, le grand salon du Nautilus se matérialisa autour de nous, dévorant les parois aussi sombres que des ténèbres glacées. Je m'appuyai contre la table pour masquer ma profonde déroute.
"Que s'est-il passé ?" demandai-je abruptement en jetant un regard sévère et perdu à la fillette.
"Vous avez failli détruire l'illusion." dit-elle avec de grands yeux alertés. "Au début, avant que l'on vous connaisse, le vaisseau avait l'apparence que vous venez de voir. Il était froid et vide... Et peu à peu, il est devenu le Nautilus. Il s'est gonflé et empli d'Espoir à mesure que l'on entendait vos histoires."
"Tu insinues que le Nautilus n'est pas réel lui non plus ? Que ce que nous touchons et voyons n'existent pas ?" fis-je, perplexe et bouleversé.
J'avais pensé que les hallucinations issues de nos peurs étaient les seules choses surnaturelles de cet endroit, mais je venais d'apprendre que tout ce qui m'environnait l'était, des peintures accrochées aux murs jusqu'à la musique que j'avais crue écouter, du matelas sur lequel je dormais à la nourriture que j'avais mangée. Cela expliquait pour quelle raison rien n'avait de substance ni de goût. "Tout ce que nous voyons ou paraissons n'est qu'un rêve dans un rêve." La citation de Poe était particulièrement choisie pour souligner cet instant dramatique, mais je n'étais pas d'humeur poète.
La fillette secoua la tête en répondant :
"Rien n'existe, mais ce n'est pas pour autant que ça n'est pas réel. Ca l'est pour vous, et c'est extrêmement important. Grâce à vous, nous avons découvert tant de choses... Nous avons vécu dans un sous-marin merveilleux aux confins de l'univers. Vous avez nourri notre imaginaire, Jules. Votre bureau s'est créé autour du tableau de commandes et vous avez tout alimenté sans le savoir."
Le souffle me manqua de nouveau. Une sorte d'étourdissement me saisit mais je me rattrapai avec violence à la table de bureau. Que m'arrivait-il ? Allais-je m'évanouir ? Cela couronnerait cette fabuleuse journée... Au moins, je ne pouvais pas me plaindre de sombrer une fois de plus dans la monotonie des jours. Quelque chose était arrivé, mais tout s'enchainait avec une telle vivacité que j'en avais le vertige.
"Et moi... Suis-je réel ?" demandai-je dans un filet de voix.
Avais-je vraiment posé une telle question à une enfant ? Comment aurait-elle pu le savoir ? Pourquoi aurais-je accordé du crédit aux balivernes qui sortaient de sa bouche ? Pourtant, j'étais suspendu à ses lèvres, craignant le pire comme le meilleur. Elle se les mordit un peu et fit un pas vers moi pour poser sa petite main contre la mienne. Elle était presque brûlante ; la mienne glacée.
"Vous connaissez déjà la réponse." déclara-t-elle avec un sourire évanescent.
J'avais frôlé la mort tant de fois... Je ne savais plus ce que je devais croire. Je désirais ardemment des certitudes, non plus des suppositions. Je me sentais vivant, j'entendais le battement précipité de mon coeur à mes tempes, mais je ne voulais plus me laisser berner par les illusions. Le contact de sa main contre la mienne m'avait fait frissonner, éveillant de nouveaux souvenirs noyés dans le brouillard. Elle existait dans chacun d'entre eux, mais elle n'était pas seule... Je ne parvenais pas à discerner qui étaient les autres.
"Pourquoi as-tu pensé que j'avais besoin d'eux ?" demandai-je en chassant les réminiscences sans aucun sens de mon esprit. "Qui es-tu pour juger que j'avais besoin d'aide ?"
Je désignai du menton Diane, Neil, Sally, Robyn et Sebastian.
"C'était une erreur de vous faire venir." avoua Iota d'un air coupable. "Je suis désolée."
Je serrai les poings et éloignai ma main de la sienne. Des excuses ne changeraient rien. Elle avait détruit la vie de cinq personnes en agissant de la sorte. Je ne m'incluais pas car j'estimais avoir fait mon temps, et le siècle passé à bord m'apparaissait comme une sorte de punition, une descente aux enfers.
"Qu'entends-tu par 'il ne reste plus beaucoup de temps' ?" fis-je en me souvenant de ces paroles. "Je pensais au contraire que notre calvaire ne prendrait jamais fin."
"Quand je fermerai les yeux pour toujours, je suppose que le vaisseau cessera de fonctionner." dit-elle, ses yeux s'emplissant de larmes. "Il a été conçu pour nous. S'il n'y a plus personne, il n'aura plus de raison d'être. J'aurais vraiment voulu que vous puissiez partir. Sincèrement."
Je n'y comprenais rien. La fillette se tenait devant moi, se dandinant lentement d'un pied sur l'autre, m'observant de ses grands brillants. Elle se savait condamnée par un mal mystérieux. Elle avait des difficultés à respirer de temps à autre, je l'avais remarqué. Pourquoi l'annonce de sa mort m'emplissait-elle d'un profond chagrin ? Plus les minutes passaient et plus je me sentais proche d'elle, sans pour autant me souvenir. Toujours ces images floues dans ma tête, et des paroles... ma voix qui lisait des histoires...
"Les hommes en scaphandre viendront te guérir." lui assurai-je un peu maladroitement. "C'est ce qu'ils font lorsque quelqu'un va mal."
Elle secoua tristement la tête, se retenant de pleurer.
"Non, ils ne viendront pas pour moi." articula-t-elle et une larme roula sur sa joue.
Je ne sais ce qui me poussa à m'agenouiller pour la prendre dans mes bras. Cet attachement que j'éprouvais à son égard comme si un lien indicible nous reliait. Elle hoqueta et s'agrippa à mon cou. Je n'aimais pas les enfants, ils avaient le don de m'agacer. Cependant, celle-ci était différente. Quand je la serrais contre moi, je me sentais apaisé. Elle me semblait si fragile, tout son petit corps tremblait. Sa respiration était sifflante. Je posai une main contre sa tête et caressai ses cheveux, très légèrement.
Les souvenirs se précisaient dans ma tête. Bientôt, je le sentais, je parviendrais à les lire aussi aisément qu'un livre.
Tout était allé si vite. En un clignement de paupières, mes yeux se rouvraient sur l'espace. Cet espace vide, plongé dans une obscurité infinie. L'oxygène semblait manquer, pourtant je ne supportais plus rien que dans ma vision cet espace sans limites. C'était à la fois terriblement effrayant, et excitant. Les petits espaces confinés avaient le don de me paniquer, mais les grands espaces dont je ne pouvais remarquer le bout m'inquiétaient tout autant. Et tout dans ce Nautilus semblait vouloir causer ma mort. Si j'espérais secrètement, et certes bêtement apercevoir une étoile filer sous nos regards ébahis, mes espoirs furent rapidement balayés par la multitude de questions dont Jules se devait de connaître les réponses. Et chaque réplique me donnait du baume au coeur. Ce n'était plus de la peine, ou de la pitié envers cet enfant égaré. C'était un soulagement que de la voir désolée, regrettant ses précédents actes. Pourtant, chacun de ses mots semblaient donner raison à toutes ses décisions, et de cette logique candide et idéaliste mais des plus poétiques, je ne pouvais réprimer un timide sourire. Iota était une petite fille douce, intelligente et dont nous ne pouvions que pardonner la bêtise désespérée. Je lui pardonnais, en tout cas. En jetant un bref coup d'oeil à Robyn, je compris qu'elle et moi pensions différemment. Je craignais la douleur, elle la camouflait par des insultes ou des moqueries. Elle s'entêtait dans sa colère foncièrement puérile tandis que je tentais de me raisonner. Je n'aimais pas sa façon de voir les choses et pourtant plus nous avancions dans ce périple, plus une forte envie d'hurler comprimait mon coeur de quelques battements lourds. Je détournais la tête, Robyn n'aimait pas la mélancolique que j'étais tandis que son pessimisme démotivait le groupe. Je le savais que moi-même, par quelques sanglots je ne pouvais me permettre d'en juger, mais qu'importait. Sur le coup, je ne voulais plus qu'une chose souffler et apprécier l'instant. Ce bel instant que personne ne se sentait de briser, pas même Neil. Jules embrassant la petite fille, l'étreignait doucement dans ses bras. Comme un père. Pas comme le mien, certes. Un vrai. Une figure parentale qui me manquait, en réalité. Ce que je souhaitai être un douloureux souvenir lointain n'était toujours qu'une pensée perpétuellement en train de troubler mes esprits. Ce que je souhaitais être du passé revenait sans cesse assaillir chacune de mes remarques, si bien que dans un silence apaisant je calmais toutes ces voix qui au creux de mon oreille chuchotaient doutes et mauvais songes. Là, je ne voyais plus que cet homme, ce grand écrivain qui serrait spontanément dans ses bras la pauvre Iota en pleurs. Leur câlin conclu, je vins d'un pas calme, et incroyablement assuré rejoindre Jules et la petite brune. Je ne lui avais encore jamais parlé, trop préoccupée par mes propres craintes. Je m'en voulais un peu, maintenant que j'étais là, toute penaude face à cette gamine dont je ne connaissais que le nom.
« Nous t'aiderons, Iota. Quoiqu'il arrive. Je te le promets. Moi, c'est Sally. »
Elle hochait de la tête en silence, muette comme une tombe. Moi qui avais peur de ne pas trouver les mots fut soulagée de n'avoir pour seule réponse que cette absence de son. Je m'espaçai, reculant de quelques pas cette fois nettement moins réconfortée, et faisant volte-face je me retrouvai de nouveau face à cette vitre. Cette étendue incroyable. Ce vide. J'y plongeais mon regard, sachant pertinemment que jamais je n'oserais y mettre mon pieds de plein gré. J'avais fait beaucoup de choses contre mon gré durant cette aventure. Je me calais devant ce grand panel, impossible d'en détourner les yeux. Et, quand mes idées s'ordonnaient enfin dans ma tête, je ne pus que déclarer ces quelques mots, comme s'ils sortaient inconsciemment de mes lèvres. Une pensée trop dure qui à dire semblait toujours plus légère.
« Alors c'est tout... Nous sommes condamnés par l'Espoir. »
Je ne voulais plus que fondre. Littéralement, sur place. Disparaître de ce monde, de cet univers, ne plus être. Si la chose était triste, elle l'était davantage quand nous pensions que seul l'imaginaire d'un homme perdu nous avait mené à notre perte. Ce qui devait être un cadeau était devenu un châtiment. L'Espoir s'était retourné contre nous, et nous étions impuissants face à la plus belle force du monde. Je voulais me convaincre de cette explication, l'accepter, et commencer à me faire à l'idée que j'allais rester là pour l'éternité. Nous allions rester bloqués ici, pour toujours. Toujours, cette notion indéfinie utilisée à ce terme ne me donnait que des frissons. Je coulais un regard vers Diane, puis Neil, et enfin Sebastian. A mes propos, il penchait la tête. Il ne croyait pas un traître mot de mes propos, et s'il tentait de comprendre mon raisonnement il semblait se perdre dans toute cette intrigue. Il se mordait la lèvre inférieure. Je l'avais blessé par tant de pessimisme, lui, être toujours si joyeux. Ces mots de désespoir sonnaient pour lui comme un énième appel à l'aide. Ce n'en était pas un, je tentais de me faire à l'idée, c'était tout. C'était ce que je croyais du moins. Je penchais la tête vers lui, un peu désolée. Navrée. Mais j'étais impuissante face à la situation, et la raison ne me demandait qu'une chose: l'accepter. Mon coeur, quant à lui, s'il ne cessait de vouloir y croire, je l'en contraignais. Mes mots trahirent aussitôt mes pensées, et lâchant franc soupir, je secouai vainement la tête pour chasser mes questions:
« Tu ne penses pas que c'est vrai..? Comment peut-on s'échapper d'une illusion... - Tant qu'on sait qui on est au fond... Tout est encore possible. »
Je ne savais pas qui j'étais. Me résumer à la poupée désespérée, c'était triste et pourtant dans ce monde de brutes, je ne voyais que cela. La Sally désespérée. Tout n'était pas toujours possible. On ne pouvait ramener un être cher à la vie, qu'importe la force de notre amour. On ne pouvait forcer quelqu'un à nous aimer, ou nous comprendre. Non, décidément, le monde était rempli d'injustices et d'impossibilités qui aussi tristes soient-elles pour Sebastian ne faisaient que bercer notre quotidien. Tout n'était qu'une succession de refus, et dénis. Les seules vraies confirmations étaient les déclarations d'amour. Mais, elles n'étaient souvent vraies que pour un temps. Alors qu'il répondait, la poupée dorée réapparut sur mon épaule. Celle qui m'avait redonné le courage. Ca faisait mal d'y repenser, et un picotement au coeur m'arracha un mouvement imperceptible de secousse. Cherchant son assurance, il venait tranquillement caresser un bureau sur lequel il effleurait un autre livre. Des volutes de sable apparurent sur celui-ci, et il ne me fut pas impossible d'imaginer que c'était une preuve de son appréhension.
« L'Espoir ne sera jamais une raison valable pour abandonner. - L'Espoir n'est pas toujours une raison valable pour persévérer. Ca ne fait pas vivre. »
Lui, si. Ca le faisait vivre. Et moi aussi, durant un temps. Mais, je ne supportais plus de vivre d'espoir. D'espoir, on ne faisait que survivre. Les rêves n'étaient qu'un énième moyen d'échapper à la réalité. Pour un temps. La réalité rattrapait toujours les égarés. Faisant glisser le long de mon avant-bras, je ramenais l'illusion de sable sur ma main pour finalement la placer face à mon visage. Prête à souffler dessus, tout du moins. Mais je ne le faisais pas. Je la regardais, admirant chacun de ses grains dorés qui la constituaient. Je l'aimais bien, cette petite poupée.
« Moi aussi, j'aurais aimé y croire. »
La petite poupée me tendit ses mains qu'elle plaçait sur mon nez. La paume de sa main était chaude, et d'un naturel réconfortant. Une douce caresse qui me rappelait celle d'antan. Celle que je n'avais jamais connu, certes. Celle d'une mère aimant son enfant. Les lettres apparurent cette fois-ci devant mes prunelles illuminées.
« ... Ne faites pas ça. »
Un dernier regard attristé de Sebastian, et je me taisais. Aucun de mes arguments ne lui donneraient la moitié d'un sourire.
Neil Sandman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : ➹ Elizabeth Olsen
« Le Temps n'efface pas tout. »
| Conte : ➹ Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ La fille de Dumbo & Elliot *-*
...ça m'évitera de tuer un type qui se croit drôle ! »
Pendant que Jules faisait copinage avec la petite fille et même si ce moment était d'une grande intensité, je ne pouvais pas rester à les regarder. Je m'étais approchée de la baie vitrée, afin de tenter de percevoir quoi que ce soit qui nous indiquerait où on se trouvait. Mais il n'y avait absolument rien. Aucun détail, aucune certitude sur notre position. J'avais tellement envie de parler avec Apollon, mais le faire en cet instant ça compliquerait tout. Il sentirait que quelque chose n'allait pas et il se déciderait sans doute à venir, ce qui n'était vraiment pas une bonne chose. J'avais serrée les bras contre ma poitrine, avant de légèrement tourner la tête vers Diane qui était juste à côté de moi, en train de regarder elle aussi par la baie vitrée.
« Elle n'arrête pas de dire "nous". Je ne pense pas qu'elle soit seule ici. Tu ne sens pas d'autres présences toi non plus ? »
« Tout comme toi, je ne ressens pas d'autres présence. Et cette histoire me plait de moins en moins. »
On était deux au moins. J'avais observée Jules et la petite fille qui se serraient dans les bras. Pendant qu'on parlait avec Diane, j'avais tendue l'oreille pour écouter ce qu'ils se disaient. Les divins avaient cette faculté d'entendre plus loin, et bien mieux que la plupart des mortels. Ca nous permettait de pouvoir espionner certaines conversations. Et là c'était ce qu'il y avait de véritablement utile. J'avais tenté à plusieurs reprises d'entendre si à bord de ce vaisseau on entendait d'autres personnes parler, mais il n'y avait que nous.
« Tu sais de quoi j'aurai envie ? Un bon chocolat chaud et un bon fauteuil où se mettre relax. » lui dis-je avec un petit sourire. « Vivement que tout ça prenne fin. Et puis j'ai hâte de voir à quoi ressemble ton déguisement de vampire. »
Diane s'était mise à rire.
« Personnellement, j'avoue que j'ai très envie de retrouver mon chez moi, mon vrai chez moi. Ma maison, mon salon, ma chambre... Au final c'est pas si grave que ça qu'il n'y ai plus personne. Ça m'évitera de changer l’électro ménager toutes les trente secondes parce qu'Apollon ne sait pas le faire fonctionner. »
« Plus personne ? Enfin... Tu n'habitais pas chez Pitch à une époque ? Ou alors je... confonds... d'époque. » dis-je avec un sourire pas sûre du tout de moi. « Enfin, tout ça je ne sais pas où ça va nous mener, mais... pfff... Je suis fatiguée. » avouai-je.
J'avais jeté un coup d'oeil vers Jules. Ce dernier avait enfin lâché la petite fille. C'est fou comme il pouvait être détestable et en même temps... adorable ou un truc de ce genre. Je le détestais.
« Je crois qu'il s'est fait une pote. T'as aussi envie de le frapper parfois ? » lui demandai-je avec un air vraiment intéressée par sa réponse. « Enfin, je parle de quand tu ne lui fais pas la lecture, sa tête sur tes genoux. »
Là j'avais un véritable grand sourire qui s'affichait sur mon visage, tandis que son regard s'assombrit.
« C'est...Compliqué en ce moment avec Pitch. Disons que je me pose pas mal de questions, et que c'est mieux je pense que je retourne chez moi. Au final, je ne me sens pas trop à ma place chez lui. » Elle marqua une une pause avant de lever les yeux au ciel. « Je ne l'ai fait que parce que Iota s'inquiétait. C'était un acte purement désintéressé dicté uniquement par l'empathie. »
Diane avait le don de me faire sourire. La seule réponse que je lui avais donné était un petit clin d'oeil qui voulait tout dire. Ellie s'intéressait à Jules, Diane aussi, c'était pas quelque chose de mal. Elles avaient peut-être mauvais goût, mais c'était tout. A ce moment, j'entendis Jules parler derrière nous.
« Iota ? » demanda t'il inquiet.
J'avais tourné la tête, de même que Diane et on avait juste eu le temps de le voir retenir la petite fille qui était en train de tomber, avant qu'une secousse n'ébranle le vaisseau tout entier. Avec Diane, on s'était retrouvées contre la baie vitrée. Le Nautilus était légèrement incliné et le gros soucis, c'était que les meubles étaient en train de venir droit sur nous. J'avais levé les bras pour les retenir avec mon pouvoir, mais c'était allé bien trop vite, si bien que je ne pouvais pas tous les retenir.
Sally s'était prise une série de livres sur la tête, tandis que j'avais réussi à retenir la bibliothèque. Du côté de Sebastian, il avait eu une collection de coquillage en plein dans le bide. Je n'avais pas tentée de retenir le bureau qui fonçait droit sur Robyn, car je savais que l'armure la protégerait. A la place, j'avais retenue les tableaux qui tombaient sur Jules et Iota. C'était les seuls à ne rien avoir eu. Heureusement que Diane avait stoppée le grand sofa qui nous fonçait droit dessus. Quand à moi, j'avais réussi à stopper... des coussins... On formait une bonne équipe toutes les deux.
Le Nautilus resta incliné alors que les lampes au plafond commençaient à grésiller. On sentait des vibrations sous nos pieds. A croire que les moteurs avaient du mal à fonctionner. C'était lié à la petite fille ? J'avais jeté un oeil en direction de Jules et de Iota, qui était dans ses bras, très mal au point apparemment. Il posa une main sur le front de la petite fille.
« Elle est brûlante et elle respire avec beaucoup de difficultés. »
Il fallait remettre le vaisseau en place, mais d'ici, je ne voyais pas quoi faire. Et il fallait sauver la petite fille afin qu'elle nous sauve à son tour.
« On doit faire venir les hommes en scaphandres pour la sauver ! Je ne sais pas comment, vue que quand je meurs ça ne sert à rien ! Mais on doit trouver une solution ! » s'énerva t'il.
« Les histoires ont une grande importance pour eux... » dis-je comme si on m'avait dicté mes paroles, avant de regarder en direction de Diane sans trop comprendre pourquoi je faisais ça.
Puis, mon regard se posa sur Jules. Ce que j'entendais dans ma tête me laissait penser que tout était lié à lui, même si on le savait déjà. Mais quelque chose m'avait marquée dans ce que Jules m'avait dit précédemment. Une chose que je n'avais pas encore relevée.
« Qui leur fait la lecture ? Ils entendent des histoires, mais qui leur raconte ? C'est vous ? » demandai-je perplexe. « Tout est lié à vous ici ! Même les histoires... Tout ! Pourquoi ? C'est quoi votre lien avec la fille ? Pourquoi vous... Vous la serrez dans vos bras, vous vous inquiétez pour la personne qui vous a emprisonnée ici et condamnée à mort ? Pourquoi ? »
Il me regarda d'un air chamboulé avant de baisser les yeux sur la fillette qui était à demi consciente dans ses bras.
« Je ne sais pas pourquoi... J'aimerais comprendre. J'ai... j'ai l'impression que tout est dans ma tête, mais je n'arrive pas à me souvenir. » Je l'avais observé quelques instants sans rien dire. « Vous pensez que si nous racontons une histoire, ils viendront ? » Il resta pensif quelques secondes avant d'ajouter presque pour lui même : « Il est vrai que l'un des hommes en scaphandre sous l'eau citait des répliques du capitaine Nemo avec ma voix. »
J'avais jeté un coup d'oeil vers Diane pour qu'elle confirme ses dires. Elle était avec lui sous l'eau quand c'était arrivé. Puis, je m'étais approché de lui, en tentant de le faire du mieux que je pouvais, vue que le décors était penché. On se serait cru dans une vieille émission française. A moins qu'elle passait encore. Vous savez le truc du vendredi soir, qui est à chaque fois pareil ? Une fois à sa hauteur, je m'étais penchée et j'avais observé quelques instants la petite fille qui n'avait pas encore repris connaissance, avant de regarder Jules droit dans les yeux.
« Je pense que je peux le faire. » lui dis-je.
« Quoi donc ? »
« Réparer ce qui a été brisé. » ajoutai-je en avançant ma main vers sa tempe.
Je n'étais pas sûre de mon coup, mais mon ami me disait de le faire et qu'il m'aiderait à y arriver. La seule chose qu'il avait besoin, c'était de quelqu'un pour faire le lien. Avant de débuter, je m'étais tourné vers Diane.
« Prends Iota s'il te plaît. »
Diane Moon
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Claire Holt + Mia Talerico pour Le Berceau de la vie
“I love you to the moon and back”
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Artémis la déesse de la chasse et de la lune herself (même si je viens du monde réel)
Les souvenirs sont joies, peines parfois, mais toujours expérience
J'avais froncé les sourcils au clin d'oeil de Neil. Non mais qu'est que c'était que ces insinuations ? Je n'étais pas intéressé, ni même attiré ni même quoi que ce soit par Jules Verne. Depuis quand se montrer gentille avec quelqu'un signifiait forcément qu'on était intéressé par lui ? De plus, je n'empiète pas sur les plates bandes des autres. Même, si j'estimais qu'Anatole était un meilleur partie pour Ellie, il n'empêchait qu'elle éprouvait clairement quelque chose pour l'écrivain. Aussi, serait-ce très mal venue de ma part de faire de même. J'avais un genre de code d'honneur interne, et dans ce code d'honneur ce genre de chose figurait en tête de liste. De toute façon, la suite des événements m'occupa bien assez. Je hochais simplement, la tête à la demande de ma nièce me tournant vers Jules Verne qui tenait toujours Iota dans ses bras :
- Je vais la prendre dis-je
Il me jeta un regard méfiant, auquel je ne répondis que par un roulement d'yeux légèrement exaspéré. Bon sang je n'allais pas lui faire de mal ! Étrangement, sans que je ne sache pourquoi, je m'étais attachée à cette enfant. Sans doute mon « instinct maternel sur développé » comme s'amusait à dire Apollon. Et ça ne me laissait pas insensible, de la voir ainsi. Je ne souhaitais pas non plus qu'elle meurt. Alors, ce n'était pas le moment de commencer à faire la fine bouche et de se méfier de tout et tout le monde. Manifestement, cela eu l'air de faire son effet, puisqu'il glissa sur le sol, afin de me la confier. Ce à quoi je répondis par un simple hochement de tête, comme à mon habitude. Doucement, je me mit à la serrer dans mes bras. Comme pour la rassurer, lui montrer qu'elle n'était pas seule. Le vaisseau vibrait toujours, comme si les moteurs avaient du mal à fonctionner. Les lumières du plafond se mirent à grésiller, avant de plonger définitivement la pièce dans l'obscurité. Des hallucinations se mirent à se manifester, il y eu des traces de pas ensanglantés, très vite remplacés par un Oréo géant, une apparition d'Hadès...Tout semblait se mélanger sans aucun sens logique. Et puis de nouvelles apparitions prirent leurs places. Il y avait Jules, entouré de dizaine d'enfants sur des coussins. Tous dans le salon du Nautilus. Ils avaient l'air de s'amuser. Mais ces apparitions étaient différentes, comme si elles n'avaient pas la même « substance ». Quoi qu'il en soit, Jules ainsi que ces enfants, étaient tous transparent.
Je clignais des yeux, et le temps d'un battement de cil, cela fût remplacé par Iota, serrant une vieille femme dans ses bras. Exactement la même scène que j'avais vu lorsque je m'étais retrouvé inconsciente. Sauf que cette fois je pouvais très clairement distingué le visage de la vieille femme. Immédiatement, je sentie une boule prendre place dans ma gorge. Je la voyais serrer cette enfant dans ses bras, les yeux fermés avant de les rouvrir et de capter mon regard. Augmentant la boule dans ma gorge, ainsi que mon malaise. Et d'un seule coup, je me rendit compte que j'étais enfant, j'étais face à cette femme il y a très longtemps. Lorsque j'étais encore cette petite fille espiègle, qui n'écoutait rien et qui avait une furieuse envie de s'aventurer partout pour chasser. Si j'avais déjà commencé à me douter de qui il s'agissait, Apollon m'ayant montré sa rencontre avec elle. Je n'avais à présent plus aucun doute sur on identité
Mnémonsyne
J'avais donc, déjà rencontré ma mère par le passé ? Je n'eus pas vraiment le temps d'en savoir plus. D'autres souvenirs s’enchaînaient. Je me revoyais enfant avec Hadès, ou bien encore avec Apollon pour le départ sur la lune de Vigrid. Un battement de cil à nouveau, et le décor ainsi que les personnes changèrent. Il y avait à présent Hypérion, ainsi que Gaïa ils étaient face à face, entourés de Verdure. La Grande Vallée. Je reconnaissais parfaitement la Grande Vallée. Les souvenirs que j'avais récupéré cet été remontaient tous de cette période. J'étais là moi aussi, un peu plus loin, ma petite main serrait très fort celle d'Apollon, comme je le faisais encore aujourd'hui. Et les autres enfants étaient aussi là, tous à l'exception d'Hadès.
"Je les protégerai quoi qu'il arrive."
La voix d'Hypérion, face à Gaïa toujours avant qu'elle ne fasse apparaître un bouclier immense entre eux, les séparant. Elle l'observa d'un air triste tout en sachant que c'était le mieux à faire.
C'était des souvenirs, tout ce que je voyais c'était des souvenirs. Mes souvenirs, ceux que j'avais oubliés. Ceux qui remontaient à lorsque j'étais une enfant. J'avais parlé d'ironie il y a quelques temps avec Apollon. Je ne pouvais m'empêcher de saluer encore une fois ce fait. Au moment, où je choisis d'arrêter de chercher, où je décide de me construire sur le présent uniquement et non plus à partir des fragments éparses d'un passé oublié il fallait que le dit passé, décide de se manifester. Je me sentais perdu, je n'arrivais pas à clairement mettre un mot sur la multitude de sentiments, et d'émotions qui me traversaient. Finalement, tout s'évanouit. Je clignais des yeux, revenant subitement à la réalité. Le cœur tambourinant dans ma poitrine, comme si je venais de courir plusieurs kilomètres. Une boule serré au fond de ma gorge, et le regard perdu. Neil, se tenait tout près de moi, les mains de chaque côté de ma tempe.
Sans m'en rendre compte, j'avais doucement resserré mes bras autour de Iota, que je regardais avec un regard profondément perdu, déglutissant péniblement avant de reporter mon attention sur Neil dont le regard semblait dévasté elle attendit quelques instants avant de doucement retirer ses mains
"Je suis désolée." Murmura-t-elle
- Dit moi que ce n'est pas ce que je pense la suppliais-je
J'avais l'impression de perdre une fois de plus mes repères. Et je haïssais ce sentiment. Je détestais cette faiblesse, cette voix et ce regard suppliant. Je ne supportait pas de montrer ma douleur, mes sentiments, mes faiblesses devant les autres. J'étais celle qui protégeait, j'étais le pilier, la constante. Je devais rester forte en toute circonstance. Je n'avais pas le droit de faiblir, je n'avais pas le droit de flancher. Plus que jamais, je voulais réinstaller mon armure autour de mon cœur. Redevenir l'ancienne Artémis. Apollon, se sentait frustré de ne se souvenir de rien. Mais, c'est parce qu'il ne savait pas la chance qu'il avait d'être dans l'ignorance...