« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Tout se décomposait autour de Chuuya. Ses craintes lui revenaient en pleine face, une à une, et ses blessures aussi. Rien n'allait. Tout lui filait entre les doigts. Tous ce qu'il avait réussi à tenir loin ou à empêcher s'installait de nouveau dans sa vie, brutalement. Ils enfonçaient les portes qu'il avait maintenu solidement closes. Ces portes avaient été enfoncés et ils ne pouvaient plus les refermer, constatant simplement l'effondrement de ses appuies.
Il avait suivit les ordres, presque sans réfléchir, effectuant mécaniquement des gestes de défenses. Obéis, comme un bon chien. Comme ce qu'il avait toujours été. Ses expressions l'avaient quittés. Il lui semblait vivre l'expérience d'un point de vue externe. Son corps répondait par habitude et par survie, mais son esprit se baladait loin, très loin. Manhattan, à qui il avait toujours voulu éviter de croiser un jour la mafia s'était retrouvée les deux pieds dedans, Dazai qui était parti, reprenait son rôle, sans même être revenu parmi eux. Pourquoi fallait-il que tout s'écroule maintenant, dans le pire moment ? Pourquoi ses angoisses se manifestaient-elle au même moment ? Chuuya regarde Dazai, absent. Il ne reconnaît plus vraiment les autres. Il sait juste, par habitude et inconsciemment où est sa place.
Henry se redresse à ce moment là. Bill vient de quitter son corps. Il est aussi perdu que Chuuya au même moment, mais pas pour les même raisons.
- Si Bill a retrouvé son corps, ça signifie qu'il se trouve avec Pacifica. Une partie de la faction des hommes de la mafia sont avec eux logiquement. Bill a beaucoup de pouvoir mais je ne crois pas qu'il les utilise alors que tout son plan tombe à l'eau... annonce Dazai en regardant l'eau qui, à ce moment là, dégouline sur le goudrons à cause du dégat des eaux.
Chuuya tarde à comprendre. Suit son regard, en s'appuyant sur les gestes du détective pour que l'information percute Ah oui, il fallait retrouver Pacifica. Il regarde Dazai en biais « J'aime pas quand tu laisses des " si " dans tes plans. On doit y aller. On ne peut pas le laisser être un danger potentiel. - On doit y aller alors, approuve à son tour Judith, Henry ne risque pas de faire du mal à quelqu'un ? Alors on peut aller faire quelque chose pour Pacifica. On ne sait jamais ce que peu faire Bill. Il est fou. - Laissons tout de même Henry à la police, acquiesce Dazai avant s'adresser à Henry, rien ne change concernant ta complicité dans cette affaire. Tu dois payer des conséquences de tes crimes, tu comprends ?
Henry se contente de baisser les yeux, poings serrés et se laisse faire. Rosalia, croisant les bras, profite du moment pour adresser une pique à Henry tout en le toisant : « Désolée... tu aurais mieux faire de mieux choisir ton camps ! elle se tourne vers le reste pour suivre l'opinion de la majorité, Et je suis entièrement d'accord. Il faut qu'on y aille. »
Tout le groupe prends la voiture de fonction de Judith. Elle pouvait bien griller les feux et faire des excès de vitesse (au delà de 74 en route de campagne), on ne lui dirait rien. Et puis la circonstance faisait qu'il était fort possible qu'on en ait tenu rigueur à personne. Une fois en voiture, c'est Dazai pour copilote qui explique la route à prendre : « Lorsque Pacifica a été kidnappée, j'ai fini par comprendre que ce serait auprès de Bill qu'elle se trouverait. La localiser venait à localiser le corps du démon par la même occasion et puisqu'il se trouvait avec nous, j'ai espéré qu'elle puisse nous contacter. Nous avons sa position ! - Du coup, Pacifica se trouve avec Bill toute seule. Tout va bien. On va arriver à temps. J'espère qu'il lui arrivera rien. -Concrètement elle a aussi la mafia a ses côtés si le groupe que j'ai envoyé est arrivé à temps. Je suis sûr que tout va bien.
Rosalia va rire légèrement avant d'ajouter : « Tu plaisantes ? Tu ne te rappelles déjà plus de sa dernière confrontation avec lui ? Moi je suis certaine qu'elle arrivera encore à l'avoir. »
Chuuya avait gardé un silence froid. Il ne digérait pas leur optimisme, ni que Dazai gère la mafia. Tout lui coulait dessus. Acide et immonde. C'était une vaste blague dont il était spectateur. Il avait beau avoir toute la force physique du monde, survivre à tout, il n'était plus maître de rien et errait entre lui et lui. La sensation de n'être qu'une coque qu'on balade selon le bon vouloir de son maître et qui agit parce qu'il n'a rien à perdre ni à attendre. On tirait sur sa laisse une fois à gauche, une fois à droite, puis on la laissait tombait et lui échouait à son tour sur le sol, à attendre qu'on vienne de nouveau la prendre. Il hoche la tête, sans savoir exactement quel dire il approuvait.
Judith se gare au bord de la rue en arrivant à l'endroit indiqué. Pacifica est là, entre les hommes dont Chuuya reconnaît l'uniforme. Il les regarde, froidement. Les paroles sont lointaines, irréalistes et pourtant, il les entends encore : « Chuuya. Concentre toi. » Puis Dazai il reprense à Dazai qui reprends son ancien rôle. Il n'avait qu'à changer la couleur de son manteau et c'était presque identique. L'ironie était de mauvais goût. Chuuya se met à s'en vouloir d'avoir regretter le coup porter à son ancien partenaire. C'était mérité. Il n'avait pas le droit de reprendre ce rôle qu'il avait quitté... Et la mafia n'avait pas le droit de lui obéir après cet affront. C'était injuste. Pourquoi tout le monde lui faisait semblant de lui pardonner ? Il remarque qu'il n'y a pas Bill, mais deux autres personnes qu'ils n'avaient jamais vu, à priori : un vieux et un jeune, dégueulasse de terre de haut en bas et trempées jusqu'aux os. Chuuya sort lentement de son propre tourment. Ils touchaient enfin au but ? Le plus vieux tends son arme vers le groupe de la mafia, avant de voir les détectives – un peu raté, soyons honnête, arriver. Il lance d'emblée : « Qui êtes-vous ? - Nous sommes l'équipe qui avions pour mission de vous retrouver. Vous êtes Stanford Pines et Dipper Pines ? Stanford acquiesce. Enfin, ils étaient finalement tombés dessus. - Savez-vous ce qu'il vous ait arrivé ? Questionne Judith
Chuuya les regarde tour à tour d'un air blasé. Tout ça pour deux clochards qui n'avaient pas l'air de se porter si mal : « Ah, enfin ! Félicitation pour le bordel que vous avez foutu autour de vous ! »
Stanford va arquer un sourcil : « Nous avons été enfermés par un démon nommé Bill et un allié à lui. Vous les avez arrêté ? - Nous ne l'avons pas encore arrêter mais ça ne serait pas tarder Chuuya regarde l'état de leur vêtement ! « Dans les égouts ? - Presque, dit Stanford sans prendre la remarque comme péjorative, un tunnel souterrain près de m-... Dans la forêt. Nous nous en sommes sortis de peu sinon nous aurions été noyés sous l’eau. Où est Bill ? On ne peut pas laisser ce démon seul un instant. » -On se sait pas où est Bill. Mais nous allons le retrouver., s'apprête à terminer Judith avant que Pacifica ne revienne ajouter son grain de sel. a
« Il était temps ! »
Pacifica s'avance et regarde les Pines. Elle a beau faire la diva pleine d'assurance, ses yeux gonflées la trahisse. Elle ne va pas bien, pas mieux que les autres. Certainement pas mieux que les autres. Chuuya, par empathie, aurait pu partager sa peine, mais l'absence de sensation l'en empêche. Elle s'arrête sur Dipper : - Tu ressembles encore plus à un SDF que d’habitude. Tu aurais pu mieux te présenter devant moi après tout ce qu’on a fait pour vous sauver, dit-elle en rejetant ses cheveux en arrière avec un sourire innocent. - Depuis quand la grande Northwest veut jouer aux héroïnes ? Réplique Dipper en croisant les bras, et puis il hausse simplement un sourcil, sa curiosité est piqué à vif, c’est moi où t’as pleuré ?
Judith, qui a toujours été une femme de bon sens tente de ramener la conversation à quelque chose de plus sérieux : « Pouvons nous nous concentré et vous pouvez régler vos problèmes plus tard. - T’as de la chance, continue Pacifica, sur sa lancer pour s'en prendre à Dipper, je m’ennuyais un peu alors j’ai décidé d’aider, je savais très bien que sans moi vous étiez perdus. Dommage qu’on t’ait retrouvé j’avais déjà annoncé ta mort à ta sœur... J’imagine que ça lui fera une bonne surprise. » Elle va s’essuyer les yeux et lancer un regard noir à Judith avant de reprendre. « Je suis juste allergique aux ingrats. »
Chuuya avait eu la patience d'écouter, mais il était à bout. Il avait du mal à gérer ses propres sentiments, alors supportés ceux des autres, c'était dessus de ses forces. Alors il se met à crier sur le jeune duo : - Mais fermez là ! Vos amourettes d'adolescents ça va cinq minutes ! Allez vous entretuez dans le caniveau. - Dipper n’entre pas dans son jeu, ajoute Stanford après avoir jugé Pacifica, nous n’avons pas attrapé Bill, l’agent a raison il y a des priorités pour le moment. S’il s’est échappé je n’ose pas imaginer où est-ce qu’il a pu se rendre. - Vraiment aucune idée ? Tente Chuuya, en rassemblant péniblement son restant d'attention, il a une limite dans ses pouvoirs, au moins ? - Il faut qu'on est le plus d'informations possible pour pouvoir l'arrêter - Oui, depuis son retour à Storybrooke comme nous tous... Mais son imagination elle, est imprévisible.
Comme nous tous. Chuuya le regarde lourdement. Mais personne n'aurait pu comprendre ce que cachait ce regard. Il l'avait déjà éprouvé et enterrer derrière lui. Une partie de son propre pouvoir, de son identité – et quelle était-elle ? - s'était fait la malle. Il l'avait mal vécue, et avait perdu plus qu'une partie de lui-même en perdant son pouvoir. La perte était douloureuse, encore présente et il réalisait maintenant qu'elle ne cicatriserait jamais.
« Est-ce que vous lui connaissez un point faible que l'on pourrait utiliser pour lui nuire ? Avait demandé Rosalia, sans perdre le fil.
Stanford acquiesce vivement. « Il y en a plusieurs ! Je-» il cherche dans son manteau quelque chose. « J-j’ai écrit certaines choses dans mes journaux mais je-» Réalisant qu’il n’a pas pris le sien, c’est Dazai qui sort un journal de sous sa veste et le lui tend. « Celui-ci avait été amené à l’agence par votre petite-nièce comme pièce à conviction. » Stanford l’agrippe en souriant. « Parfait ! J’ai dû coder quelques sorts utiles à l’intérieur... Voyons... »
Ces quelques jours étaient désastreux du tout au tout. Au même moment dans le ciel, quelque chose explose, mais loin. Bien loin, même au delà des frontières de Storybrook. Chuuya avait trop éprouvé, si bien qu'il réagit avec distance en levant les yeux vers le ciel. - J'espère que c'est votre démon qui vient de rendre l'âme. - Vous avez vu ? Qu’est-ce que c’était ? Demande Dipper, en cherchant vivement vers le ciel, puis il fronce les sourcils et son attention se pose à nouveau sur le reste de l’assemblé. Son regard s’attarde néanmoins sur Pacifica qu’il foudroya d’un regard noir, cette discussion n’est pas terminée. Il termine avant de s'éloigner - Judith. Demande Dazai immédiatement, des collègues à vous sont-ils en route pour aller voir et nous tenir au courant ? Il ne serait pas improbable qu'il y aie un lien... - Oui je leur envoie un message pour qu'ils me tiennent au courant. En espérant qu'ils ne leur arrivent rien. - C’est possible que je l’ai un peu énervé... En le trahissant. Encore. - Vous auriez été dans l'avion en question si ça avait été le cas...Réfléchit Ford - Qu'as-tu fait ? Tu as fait ami ami avec lui avant de lui pointer un coup dans le dos ? Glisse Judith - Moi non, mais mes parents. Je les croyais morts mais il m’a appris qu’ils étaient restés à Storybrooke. Et oui, Judith a bien résumé j’ai échangé la vie des Pines contre celle de mes parents avant de le trahir dès qu’il avait le dos tourné. Il a dit qu’il me le ferait payer avant de disparaître... Je ne veux pas que mes parents...» elle va se retourner pour que personne la voit mais on peut l’entendre ravaler ses larmes - On va tous faire pour que tes parents restent avec toi, essaye de la rassurer la policère, mais tu as fait n'importe quoi quand même. Échanger la vie de tes parents quand même. Mais bon, c'était ton choix. Tu sais où il pourrait être ? - Toujours a juger les actions des autres ! J’ai fais ça dans l’unique but de le trahir, tu sais comme quand je t’ai sauvé la vie ? Je ne sais pas où il peut être mais amusez vous bien à chercher, j’ai à faire.
A ses mots amère, Pacifica les quitte. Chuuya la regarde partir. Cette fois, la pique le touche. Il partage sa peine, une peine qu'il connait bien. Elle n'en montre rien, caché sous sa montagne de saracasme et d'aigreur, mais il en devine les dessous. Elle avait certes, beaucoup de chose à se reprocher, une platrée de mauvaise action dont elle se vantait, mais on voyait la vérité poindre sous ses allures de diva. Elle était blessée et seule. Personne ne lui avait tendu la main et maintenant, elle crachait sur toute celle qu'on lui tendait. Chuuya ne cherche pas à savoir si son ressenti et le bon ou non, il se reconnaît simplement dans cette partie d'elle qui déteste le monde entier pour ses propres souffrances.
- Bill a toujours cherché à diviser pour mieux régner, soupire Stanford, rien n'y changera, puis ils se tournent vers les détectives ratés, vous pensiez que nous avions été victime des esprits, n'est-ce pas ? On a du vous donner pas mal de problèmes, je vous remercie de l'implication que vous avez donné dans notre recherche. Les coupables sont plusieurs, vous avez arrêté le pion qui a été utilisé, je crois, pour mener à bien un plan qui est lui aussi tombé. Je crois, cependant que retrouver Bill va s'avérer... Compliqué. Il va sûrement trouver un moyen d'échapper à la justice, cela fait plusieurs années qu'il procède ainsi. Ses marchés lui sauvent bien souvent la vie.
Oh oui, il pouvait les remercier. Et s'excuser, par la même occasion. Ils venaient de passer quatre jours infernaux, avec des répercussions qu'aucun n'avait vu venir. Et pourtant, il en fallait beaucoup pour que Chuuya se sente dépassé. Mais en l'espace de si peu de temps, c'était les points les plus sensibles qui avait été ramenés sur le devant de la scène. Pour une demande du parrain et deux types qui ne reverrait probablement jamais. Il payait cher l'addition. « La justice n'est pas la solution à tout les problèmes de ce monde... surtout quand il ne joue pas sur le même tableau. - Il y a plusieurs pions alors, médite l'agent Hoops. Qui d'autre pourrait être complices... Vous avez peut être des idées ? Ou bien il faut lz prendre à son propre jeu. Je ne sais pas vraiment ce qu'il veux. Mais si on lui fait croire qu'on la. Peut être qu'il reviendra."
Stanford va regarder Dipper avant de revenir à Judith : « Il veut ce qu'il n'a pas : la ville. Le pouvoir. La conquête du monde en commençant par Storybrooke. S'il est encore en vie, alors il est forcément dans les parages." Et en réfléchissant à des pions en question... "Pacifica Northwest aurait pu en faire partie... Et si elle dit vrai et que ses parents sont ici, ils pourraient eux aussi en faire partie." Il hésite. "Attendons des nouvelles de vos collègues si vous le voulez bien ? Visiblement, Bill ou quelqu'un d'autre a tenté de s'enfuir." - Je viens d'avoir les informations de mes collègues. J'ai demandé aussi une photo. Bill est mort. C'était lui qui était dans l'avion. Mais ils n'ont pas retrouver le pilote. Sauf si c'était lui. Nous n'avons pas encore ces informations là. - Tu en es sûre ? Hésite Dazai, ça m'étonnerait qu'il se soit fait exploser pour rire, puis Il jauge Ford , N'est-ce pas ? - C'était bien lui sur la photo. Il a peut être été tué car il n'a pas réussis sa mission. - On ne se débarrasse pas d'un démon comme Bill aussi facilement, ajoute Dipper il a peut-être un autre plan derrière la tête. Il finira par revenir tôt ou tard. - Mais on ne sait pas où ni quand... Conclut Ford en fixant sombrement l'horizon, ne voyons pas les choses toutes en noires, néanmoins. Il tente un sourire puis continue, vous nous avez retrouvé et je crois savoir que celui qui semait la terreur grâce à des esprits la nuit a été arrêté ?"
Quel constat ! Chuuya ravale un rire mauvais et se contente de fixer les Pines, sans joie particulière. Certes, Dazai allait récupérer sa petite commission, sa mission a lui était remplis. Chuuya, quand à lui, aurait des explications fumeuses à sortir au boss, mais la mission était accomplis : plus de disparition de la part d'Henry. Mais pour le reste ? - Sans vouloir vous froissez, un seul ennemi neutralisé sur deux, voir plus et deux retrouvé sur au moins quatre disparus, le bilan aurait pu être plus positif. - C'est vrai, sourit Ford, vous êtes jeune, je comprends votre point de vue... Mais écoutez... J'ai passé 30 ans à chercher un moyen de vaincre Bill... Et il est toujours là. Je doute que 4 jours suffise à l'abattre et - il s'arrête, je.... Je ne pense pas que vous devriez vous en mêler plus que cela. Ne gâchez pas votre existence à en chercher une autre. »
Et voilà qu'il se la jouait philosophe. Mais il avait raison. Chuuya n'avait pas envie de s'en mêler. Ce n'était pas de son domaine, tant que le parrain ne l'exigeait pas. Il n'avait pas été placé sur cette enquête pour les sentiments et n'en développerait pas plus.
Dipper Pines*
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Alex Lawther
I will always love the time that we shared
But until we fall apart, I don't wanna stay
I can only hope that you find your way But now I just can't go on
It's always the same
| Conte : Souvenirs de Gravity Falls | Dans le monde des contes, je suis : : Dipper Pines
Hush boy, oh hush boy Don't say a word Throw on a jersey No one gets hurt Hush girl, oh hush girl Just bat your eyes Play our little game Play our little game
Vendredi 26 mars, au soir.
Voilà dès à présent une semaine qu’ils avaient trouvé cette mallette et ce journal perdu au milieu de nul part. Dipper était aux anges, pour la première fois depuis des mois il avait eu une occasion d’enquêter avec son grand-oncle Ford. Certes, les moments de complicité autour d’un jeu de société avec ce dernier existait encore, mais ils se faisaient de plus en plus rares. L’un étant pris par ses recherches, l’autre par ses études. Et c’était là que résidait toute la frustration du jeune homme, il avait l’impression d’être sur le banc de touche. Le paranormal était tout ce qui l’avait toujours intéressé mais sous couvert de quelques heures de cours, Stanford refusait de sa compagnie dans ses recherches. Pourtant, c’était lui qui était venu le chercher à Gravity Falls, c’était lui qui lui avait demandé d’être son assistant. Pourquoi avait-il soudainement changé d’avis maintenant qu’ils étaient à Storybrooke ? Pour avoir un semblant de vie normale ? Ce n’était pas juste. Les Pines n’ont jamais été une famille normale, leur vie est rythmée par des phénomènes étranges et inexplicables. Comme ce jour là où le détecteur d’anomalie de son oncle s’était affolé, Dipper ne lui avait pas laissé le choix et l’avait accompagné sur les lieux de leur découverte. S’en suivit alors d’une étrange coïncidence qui les avait mené à rencontrer Pacifica.
Un vol à l’arraché et une course-poursuite dans les bois plus tard, les deux Pines étaient finalement rentrés à l’hôtel avec ce fameux journal. Comme par le passé, à Gravity Falls, Dipper était amené à vouloir trouver la personne qui était à l’origine de ces écrits ainsi que la raison qui avait contraint l’auteur à devoir s’en débarrasser. La seule différence était que cette fois, son oncle était là pour l’épauler et l’accompagner dans ses recherches. Un travail de longue haleine les attendait mais Dipper et Ford avaient le même tempérament. Ils se ressemblaient sur beaucoup de points et leur détermination en faisait partie. Bien vite et à l’aide des maigres indices semés, les deux enquêteurs du paranormal comprirent que ce journal n’avait rien d’anodin et que c’était probablement une mise en garde, un avertissement des événements qui allait suivre. Un danger se préparait à l’horizon de Storybrooke et il se pourrait bien qu’ils soient les prochains sur la liste des victimes. Les théories quant à l’identité de celui responsable de cet incident n’étaient pas totalement claires dans l’esprit des deux Pines mais tout portait à croire qu’il s’agissait d’une personnalité -malheureusement- bien connue de la famille.
Stanford et Dipper étaient plongés dans le noir obscur, la seule source de lumière était cette lampe ultraviolette posée sur le bureau de Ford qui éclairait le journal dont les pages étaient entirèrement recouvertes de “AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAH” à l’encre invisible. Le regard des deux enquêteurs étaient rivés sur l’objet qui avait capté toute leur attention au cours de la dernière semaines.
“Tu penses toujours que c’est lui ?”
Dipper avait rompu le silence qui s’était installé dans la pièce. Son regard se posa sur son oncle qui semblait être plongé dans une intense réflexion, sans doute n’avait-il même pas entendu la question de son petit neveu à côté tant il était perdu dans ses pensées. Ford s'apprêta finalement à prendre la parole mais un vacarme assourdissant arrête soudainement leurs pensées. On tapait aux portes de l’accueil de l’hôtel, violemment, sans leur laisser la moindre seconde de répit. Une voix, bien que lointaine, leur parvenait. C’était celle d’une gamine, elle leur suppliait de les laisser entrer. Oncle et neveu échangèrent un bref regard, l’air grave. Ils avaient tout les deux compris. Ils étaient la cible des mêmes esprits responsables de la disparition de l’auteur du journal japonais.
“Il faut que nous allions au laboratoire.”
Dans la hâte et la précipitation, Dipper et Stanford s’empressèrent de plier leurs affaires tout en tentant d’ignorer -tant bien que mal- les supplications de l’esprit frappeur. Ce dernier ne s’adressait pas seulement aux Pines mais bien à l’ensemble de l’hôtel. Mieux valait, d’ailleurs, qu’Oncle Stan ne soit pas au courant de cet incident, c’était encore un coup à se prendre le bec avec son frère à cause de toute la mauvaise publicité que ce genre de phénomène pourrait engendrer.
Les coups et les voix se calmèrent au bout de longues minutes qui leur semblaient interminables pour finalement replonger l’hôtel dans un silence presque olympien. C’est le moment que choisirent le binôme pour s’éclipser de l’immense bâtiment par une issue de secours -question de prudence-. Le laboratoire dont Ford faisait mention avait été construit en plein milieu de la forêt qui annexait Storybrooke dans le but de ne pas nuire au reste de la population avec des expériences qui pouvaient représenter un quelconque danger. C’était donc le lieu idéal où se réfugier. Pourtant, quelque chose semblait contrarier Ford dont l’attention était porté sur les signaux des différents capteurs qu’il avait disséminés un peu partout aux alentours du laboratoire.
“Il y a un problème Oncle Ford ?”
"Je ne sais pas..."
Le regard toujours rivés sur les écrans, le plus vieux se mit à triturer plusieurs boutons jusqu’à obtenir une image. Cette dernière était loin d’être d’une excellente qualité, c’était d’ailleurs l’exact inverse, mais était amplement suffisante pour en deviner l’objet.
"Il semblerait que quelqu'un - ou quelque chose - a creusé à moins d'un mètre de notre bunker un tunnel souterrain. À vrai dire, il semble si près de nous que je me demande s'il ne nous a pas évité de justesse. Par chance ou volontairement... Ça je ne sais pas."
Le jeune Pines vint aux côtés de son oncle et observa à son tour les écrans.
“Un tunnel souterrain ?” répéta-t-il alors, légèrement perplexe. Beaucoup de questions se bousculaient dans sa tête et il n’était même pas sûr que son oncle en aurait les réponses. “La personne qui a été chargée de sa construction ne s’attendait peut-être pas à ce qu’il y ait un complexe souterrain sur son chemin mais… Pourquoi construire un tunnel au milieu de nul part ? Je n’ai jamais entendu parler d’un projet de la mairie comme celui-ci.”
Dipper était confus, tout ça n’avait aucun sens. Il avait du mal à croire qu’il s’agissait d’une simple coïncidence mais il avait autant de mal à croire à l’idée que ça avait un quelconque lien avec le journal. Il croisa les bras tandis que son regard ne quittait pas le moniteur des yeux, les sourcils froncés. Il réfléchissait. D’un geste machinal, Ford porta une main à son menton, signe que lui aussi était plongé dans une profonde réflexion. Il acquiesça les paroles de son petit neveu.
"Moi non plus… Si ce tunnel a effectivement un objectif, alors il n'a pas semblé assez lucratif pour en tenir informé la municipalité." Le regard de Ford s'assombrit. "Espérons que ça ne soit là que des hypothèses !"
Dipper l’espérait aussi, toute cette histoire ne présageait rien de bon. Le regard du jeune Pines se porta finalement sur son oncle lorsqu’une idée lui vint en tête.
“On devrait essayer de trouver l’entrée et d’aller voir où ça nous mène. C’est peut-être rien mais au moins on en aura le coeur net.”
Le scientifique ne prit pas la peine de lui répondre dans un premier temps, préférant bidouiller à nouveau les boutons dans l’infime espoir d’avoir une image plus nette qui leur permettrait d’en savoir un peu plus sur cet étrange tunnel. D’y détecter un signe de vie ou un quelconque indice qui leur permettrait d’en savoir sur. Voyant que ses efforts étaient vains, Ford capitula.
"D'accord, allons voir. Je vais nous trouver un équipement et une ou deux armes pour nous défendre. Nous ne sommes jamais trop prudents."
L’enquêteur en herbe se contenta de simplement hocher la tête, confirmant ainsi les dires de son aîné, puis le duo se mit en action. Chacun de leur côté, Ford et Dipper se mirent à fouiller le laboratoire de fond en comble histoire de s’équiper en conséquence, si il y avait bien une chose qu’ils avaient bien appris à leurs dépends, c’était qu’ils devaient se préparer à toute éventualité.Prudence est mère de sûreté.
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“Oncle Ford, t’es sûr qu’on est au bon endroit ?”
De nouveau à l’extérieur, le binôme avait longé la trace que Ford avait obtenue un peu plus tôt dans le laboratoire jusqu’à finalement s’arrêter à une cinquantaine de mètres près de la frontière de la ville. La lampe de torche en main, Dipper était en train d’éclairer les alentours de la forêt à la recherche de ce qui pourrait s’apparenter à une entrée mais une construction aussi mystérieuse n’était pas aussi facilement accessible, il s’en doutait et c’était pour cette raison que le jeune Pines était attentif au moindre détail de l’environnement qui l’entourait. Vraiment si attentif ? Pas tant que ça, en réalité, car une fois n’est pas coutume son pied rencontra un obstacle et il perdit l’équilibre.
"Aïe… Tout va bien, je gère.”
Qu’il rumina pour lui-même avant de se redresser pour retrouver ses esprits. Dipper passa sa main sur son front et grimaça légèrement. La douleur commençait à le lancer, il risquait d’avoir une sacrée bosse dans les jours à venir. Son regard se posa ensuite sur la lampe torche qui lui avait glissé des mains dans sa chute et, en voulant la ramasser, il vit dans le faisceau de sa lampe quelque chose qui s’apparentait à une plaque d’égout. Aussitôt, Dipper s’empressa d’écarter les feuilles mortes et… Bingo.
“Je crois que j’ai trouvé l’entrée !”
Sans hésiter, ni même attendre son oncle, le jeune Pines dégaina le pistolet magnétique et s’en servit pour déplacer la plaque métallique -si ça semblait être un véritable jeu d’enfant, ça n’a pas toujours été le cas. Le pistolet magnétique est bien plus difficile à manipuler qu’il n’y paraît-. Mais avant de s’engager en territoire inconnu, Ford veilla à se débarrasser du journal en le cachant précieusement dans le creux d’un tronc d’arbre. Les vieilles habitudes ont la dent dure.
Les deux chercheurs se trouvaient désormais dans le tunnel. La construction était plutôt sommaire mais il faisait sombre et même leur lampe de poche ne leur permettait pas de voir à plus de quelques mètres devant eux. Ils avançaient prudemment, à l'affût du moindre danger qui pourrait leur arriver. C’était digne d’un scénario de film d’horreur mais il en fallait plus pour effrayer les deux Pines. Ils avaient, après tout, connu bien pire -une apocalypse, entre autres-. Et puis des petits bruits de pas commencèrent à résonner dans le tunnel, un bruit qui se rapprochait d’eux. Une horde de rats se précipitait sur eux mais la présence des deux humains ne semblait pas les intéresser. Il y avait quelque chose de plus grave et de plus urgent qui avait effrayé ses rats. Dipper était de moins en moins rassuré mais il refusait de faire demi-tour. Ils n’avaient pas fait tout ce chemin pour rien, ils ne s’étaient pas donné autant de mal pour rebrousser chemin… Mais ils auraient dû. On dit que les animaux ont un sixième sens et qu’ils sentent le danger arriver. Quand une tempête approchait, les oiseaux disparaissait et les animaux se cachaient dans leur tanière.
Dipper se tourna alors vers son oncle. Les événements commençaient à le dépasser complètement et le jeune homme posait sous ses espoirs sur son oncle qui avait l’expérience nécessaire pour prendre une décision qui serait la meilleure pour eux et pour leur vie. Mais soudainement, une voix familière parvint aux oreilles du jeune Pines.
“Mabel ?”
Elle était lointaine mais il reconnaissait la voix de sa sœur. Elle était tremblante, presque suppliante, elle lui demandait de venir la chercher. Complètement paniqué à l’idée que la vie de sa jumelle soit en danger, Dipper était prêt à foncer.
"Dipper !" cria Stanford en l'empoignant par le bras pour qu'il ne puisse partir. Le jeune homme se retourna alors vers son oncle, pourquoi l’empêchait-il d’aller sauver sa sœur ?
“Qu’est-ce que tu fais ? Mabel est en danger, il faut aller la sauver !”
"Dipper, arrête, ce n'est pas Mabel !" Le plus vieux se plaça devant lui et le prit par les épaules. "Dipper, regarde-moi. Ta sœur n'est pas ici, tu es le seul à entendre ces voix !"
Le jeune garçon posa son regard sur son oncle, confus. Il n’était pas fou, la voix lui semblait parfaitement réelle… Alors que son petit neveu était perdu dans ses pensées, Stanford en profita pour observer les alentours à l’aide de la lampe de torche. Sans doute cherchait-il une arrivée de gaz qui serait la cause de ces bouffés d’hallucinations dont ils étaient victimes. Ne voyant rien mais dans le doute, le scientifique couvrit le visage de Dipper avec son t-shirt et il en fit de même avec le sien.
"Ce tunnel est un véritable piège pour tous ceux qui s'y aventurent, nous devrions retrouver la sortie et revenir lorsque nous serons mieux préparés. Si nous continuons, je ne sais pas dans quel état nous reviendrons..."
Son oncle avait raison et Dipper se contenta simplement d’hocher la tête silencieusement. Il était encore déboussolé par les évènements et n’était plus en mesure de réfléchir seul. Mais le chemin du retour lui sembla flou, la tête commençait à lui tourner puis ce fut le noir complet.
Samedi 27 mars, au matin.
Dipper avait mal partout et il avait l’impression que sa tête allait exploser d’une minute à l’autre. Il lui fallut plusieurs longues minutes pour retrouver ses esprits et constater qu’ils étaient encore coincés dans le tunnel. Combien de temps avaient-ils dormi ici ? Sans le moindre repère, la notion du temps s’était complètement volatilisée chez le jeune homme. Son regard se posa ensuite sur son oncle et Dipper fut soulagé de le savoir également réveillé. Le jeune homme se remit sur ses deux jambes et ramassa la lampe torche tombée au sol afin d’observer les alentours. Les murs gris et sales du tunnel ne laissaient aucun indice quant à la direction de la sortie. C’était à droite, ou à gauche ? Alors que le jeune Pines tirait mentalement à pile ou face sur la direction à prendre, l’attention de Stanford semblait se porter sur son téléphone. Dipper revint alors à ses côtés pour se pencher sur le mobile.
“Tu as du réseau ici ?” s’étonna le garçon.
"Assez pour envoyer un message..." Ford dirigea l’écran en direction de son petit-neveu "Je ne connais pas ce numéro de téléphone. Est-ce une mauvaise manipulation de ma part sans que je ne m'en sois rendu compte ? Et pourquoi aurais-je envoyé des coordonnées géographiques ?"
Dipper fronça les sourcils, l’air pensif, puis il secoua la tête.
“Je ne pense pas qu’on puisse envoyer des coordonnées à un numéro de téléphone inconnu par inadvertance à moins d’être somnambule.” Le jeune homme marqua une légère pause avant de demander. “Tu n’es pas somnambule Oncle Ford ?”
Le concerné se frotta le menton, l’air pensif. “Je l’ai été étant plus jeune mais ce n’était que le résultat des manigances de Bill lorsqu’il me possédait…” Il fixa ensuite Dipper. “Je sais ce que tu penses, Dipper, mais rappelle toi.” Il frappa son crâne dont un bruit métallique en ressortit. “Bill ne peut plus m’atteindre désormais.”
Le garçon esquissa un sourire. C’est vrai que son oncle avait eu l’idée farfelue de s’implanter une plaque en métal dans le crâne pour ne plus être victime des possession du démon. Mais ses pensées revinrent à nouveau sur ce mystérieux message.
“Dans ce cas, si ce n’est ni toi ni moi qui avons envoyé ce message… Qui c’est ? Et que signifie ces coordonnées ? C’est notre position ?” Le regard de Dipper se fixa à nouveau sur l’écran du téléphone, il venait peut-être d’avoir une idée. “Tu penses qu’on peut appeler le numéro ? Peut-être que si on arrive à joindre cette personne elle pourrait nous venir en aide ?” Il fixa à nouveau son grand-oncle. “Je sais que ce n’est pas prudent parce qu’on ne sait pas sur qui on peut tomber. Ca se trouve c’est peut-être même dans le plan de la personne qui organise tout ça mais je ne vois plus d’autres solutions.”
Ford sembla hésiter dans un premier temps mais il décida finalement de s’exécuter.
"Allô ?" Une voix lui parvint à l’autre bout du fil mais il ne comprend pas ce qu’elle dit. "Qui êtes vous ? Je m'appelle Stanford Pines pour ma part et je suis avec mon petit-neveu. Nous sommes dans un sou-" l’interlocuteur le coupa à nouveau. Le réseau semblait si misérable qu’il semblait y avoir du décalage entre deux dialogues. Un soupir s’échappa des lèvres de Ford qui reprit. "Je ne comprends pas très bien ce qu'il se passe, mais il semblerait qu'après vous avoir contacté, nous soyons coupé. Il faudrait que je puisse m'approcher d'un point..." Il marqua une pause, hésitant. "Est-ce que vous arrivez à comprendre quelque peu ce que je dis ?... Il-" Un bruit aigüe s’ajouta en plus des parasites. Ford éloigna le téléphone de son oreille avant de raccrocher. "Pour une fois que je garde mon téléphone près de moi, il m'est inutile."
Ce n’était pas dans le tempérament de Dipper de baisser les bras mais la situation lui semblait perdue d’avance, il avait l’impression que tout lui échappait. Dans un soupir, il glissa une main dans ses cheveux et se laissa tomber par terre.
“On est coincés ici, on ne sait même plus par où est la sortie et ça se trouve personne ne va nous retrouver. Mabel et Oncle Stan vont s’apercevoir de notre disparition et tout le monde pensera qu’on est morts...”
Une fois le téléphone rangé dans sa poche, Ford tendit une main à Dipper en lui adressant un sourire réconfortant.
"C'est pourquoi on ne doit pas s'arrêter."
Le regard du plus jeune se leva aux paroles de son oncle qui ajouta.
"Je suis certain qu'une sortie se trouve quelque part et nous allons finir par la trouver mais nous ne devons pas traîner tant qu'il nous reste de l'énergie."
Ces quelques phrases semblaient avoir redonné un peu de poil de la bête au garçon qui attrapa la main tendue pour se remettre sur ses deux jambes.
“Tu as raison, mais par où aller ?”
Stanford n’eut pas besoin de répondre à la question de son neveu car une douce mélodie vint caresser leurs oreilles. Dipper n’était pas très mélomane, il avait beau s’y connaître dans beaucoup de domaines, la musique n’en faisait malheureusement pas partie. D’un commun accord, le duo prit la décision de partir en direction de la musique. Après tout, ils n’avaient plus grand chose à perdre.
Après plusieurs minutes de marche, Ford et Dipper trouvèrent finalement l’origine de la mélodie qu’ils suivaient. C’était une pièce à la décoration quasi inexistante -seule une table et quelques chaises trônaient au centre de la pièce- mais qui laissait peu de doute sur l’utilité de celle-ci, elle s'apparentait à une prison. Et dans le coin de la pièce, sur une chaise était assis un homme accompagné de son instrument, un violoncelle. Il semblait plongé dans sa musique -pour ne pas dire en transe- c’était à peine s’il s’était aperçu de la présence des deux intrus. Sans l’once d’un doute, Stanford pointa son arme sur l’inconnu tandis que Dipper restait en retrait.
“Euh… Bonjour ? Qui êtes-vous ?”
L’homme ne répondit pas. Dipper poursuivit alors.
“Que faites-vous là ? C’est vous qui avez construit cet endroit ? Pourquoi ?”
Toujours aucune réponse. Les deux Pines échangèrent un regard, cet étranger était vraiment étrange. Le regard du plus jeune se porta à nouveau sur le musicien.
“Vous pouvez arrêter votre musique ?”
Surprenament, la mélodie s’arrêta et il prit enfin la parole.
“Je n’apprécie pas jouer sous terre.”
Cette phrase souleva d’autres interrogations dans leurs esprits mais une nouvelle présence se fit sentir derrière eux. La gueule du loup venait de se refermer, ils étaient pris aux pièges.
△
Lorsque Dipper et Ford se réveillèrent à nouveau, ils étaient derrière les barreaux. De l’autre côté, appuyé sur la table, Bill était aux aguets. Il semblerait qu’il n’attendait que ça, ce moment où ses deux victimes préférées reprendraient conscience.
"Il aurait été si simple pour moi de vous tuer dans votre sommeil ! Parfois je me demande comment j'ai pu autant de fois vous rater.”
Un grand sourire s’installa sur les lèvres du démon qui ne lâchait pas les deux Pines du regard.
“C'est maintenant qu'une question de temps avant que tout Storybrooke disparaisse avec vous. Un simple pion avec des pouvoirs qu'il ne comprend lui-même pas et la chute sera totale !”
C’était des paroles bien énigmatiques, à l’image de la personne qu’à toujours été Bill. Le regard de Dipper se posa sur ce dernier tandis que ses sourcils se froncèrent.
“C’est donc toi qui est à l’origine de tout ça ?” C’était une question rhétorique. En réalité, tous les soupçons des deux chercheurs s’étaient déjà portés sur lui. “Qu’est-ce que tu as exactement derrière la tête au juste ?”
"Pinetree a la mémoire couuurte on dirait !" Le démon descendit de la table pour s'approcher en portant les mains dans son dos. "Storybrooke ou Gravity Falls, une conquête reste une conquête. Qui a dit que la Bizarrapocalypse était terminé ! Personne ne décide la fin d'une partie dont ils n'ont pas les rênes."
Evidemment, tout ce que cherchait Bill c’était le pouvoir et la domination. À Storybrooke comme à Gravity Falls, ses pouvoirs étaient limités. Une nouvelle Bizarrapocalypse était son seul moyen de parvenir à ses fins. Dipper se leva alors et se rapprocha de la grille, son regard était ancré sur le démon.
“La première fois ne t’as pas servi de leçon ?” Le jeune homme croisa les bras contre son torse. “Je te croyais plus intelligent ça, pour un démon de ta trempe.” Il fit une légère moue triste puis il reprit un air sérieux. “Et comment comptes-tu t’y prendre cette fois-ci ?”
Le sourire de Bill s’élargit, il semble amusé. À son tour, il s’approcha des barreaux puis ôta ses lunettes noires pour laisser apparaître ses iris translucides. Il est aveugle mais cela ne l’empêcha pas de plonger son regard dans celui du jeune homme, une lueur jaune éclatante brillait à travers ses pupilles opaques
"Mais comme je l'ai toujours fait ! Il y aura toujours une âme plus faible pour être manipulée, tu veux peut-être être le prochain à nouveau PINETREE !"
Sans qu’il ne s’y attende, Bill passe sa tête aux travers des barreaux.
"Dipper !"
Dans un semblant de réflexe, Ford attrapa le bras de son neveu pour l’éloigner du démon. Secoué, Dipper mit plusieurs secondes avant d’être en mesure de réagir de nouveau. Son regard se posa à nouveau sur Bill qu’il toisa d’un regard noir.
“On t’a vaincu une première fois, ne va pas croire que les choses changeront à Storybrooke.”
La remarque du garçon sembla satisfaire Bill qui afficha une certaine fierté non dissimulée.
“Justement, c’est là où tu te trompes. Tout va changer à Storybrooke. N’est ce pas ?” Il se tourna ensuite vers l’homme qui semblait à peine s’intéresser à la discussion. “Mon cher nouveau partenaire ?”
Fyodor se contenta simplement d’hocher la tête nonchalamment pour simplement confirmer les paroles de Bill.
“Storybrooke s'auto-détruira d’une manière ou d’une autre.”
Dimanche 28 mars.
Coincés derrière dans leur cellule, le temps semblait être interminable. Dipper avait songé à bien des manières de s’échapper mais aucune de ses idées ne semblaient être réalisable d’une part, et d' autre part, ils étaient constamment sous surveillance. Tantôt c’était Bill, tantôt Fyodor et c’était ce dernier qui était maintenant chargé de leur surveillance. Le jeune Pines le trouvait étrange comme type, sa personnalité contrastait avec celle de Bill. Il était calme, parlait peu et il semblait même se préoccuper un minimum de ses deux prisonniers en leur faisant un brin de conversation entre deux morceaux de violoncelle. D’ailleurs, il finit par poser son instrument et vint s’asseoir sur une chaise, les jambes croisées.
"Dans mon conte, j'avais prévu d'éliminer ceux que l'on appelait couramment "les détenteurs de pouvoirs"... Ou simplement ce quelque pourcentage d'Hommes qui sur Terre étaient nés avec quelque chose de plus. Quelque chose de nocif qui empêchaient un pied d'égalité parmi l'espèce." Il sourit sagement. "Désormais toutes ces personnes sont réunies en une seule et même ville et mes hypothèses ne font que d'autant plus se vérifier... L'Homme ne peut gérer autant de puissance." Son regard se posa sur les deux captifs, toujours calme et posé. "Alors ils s'anéantiront entre eux."
Dipper écouta attentivement les paroles du musicien avant de froncer les sourcils. Il y avait quelque chose qui lui échappait dans toute cette histoire.
“Donc Bill avait raison à ce sujet, Storybrooke est voué à la destruction ?” Qu’il demanda alors calmement bien que l’idée l’effrayait. Il secoua ensuite la tête “Comment pouvez-vous en être certains ?”
Fyodor plongea son regard dans celui de Dipper avant de finalement se redresser.
“Parce que Bill Crypto est l’exemple parfait que le chaos en entraîne un autre.” il sourit à nouveau. “Le sien.”
Fyodor expliqua ensuite la suite des événements. Dans environ 24 heures, le tunnel est destiné à être inondé et les deux Pines sont amenés à mourir noyés à l’intérieur. Seulement, le musicien précisa également qu’il existait un passage secret qui allait s’ouvrir à la montée des eaux, permettant ainsi leur évacuation.
“Vous êtes connus comme des héros, ou quelque chose comme ça ? Faites ce qui est juste et voyons le résultat. Sur une échelle de 100 habitants, 60 recherchent le bien, 40 sont attirés par le mal. À votre avis qui l’emporte ?”
Alors que Dipper réfléchissait à la question, ce fut Ford qui prit la parole.
“Le bien, évidemment."
Fyodor afficha un sourire mauvais avant de répondre calmement.
“Vraiment ?”
“Dire le contraire reviendrait à se battre en partant du principe que nous allons perdre. Ce serait contradictoire.”
La réflexion du scientifique sembla faire réfléchir l’étranger.
“Peut-être oui.”
Et ce fut sur ces derniers mots que Fyodor quitta la pièce, non sans oublier de leur souhaiter bonne chance pour la suite des événements.
Lundi 29 mars.
Fyodor n’avait pas menti sur les plans de Bill. L’eau arrivait par vague, inondant progressivement le tunnel. Depuis leur discussion avec cet homme étrange, Dipper avait tenté de chercher par tous les moyens une quelconque trace de ce fameux passage, en vain. Le jeune Pines craignait le pire, mourir noyé n’était pas dans ses plans mais pourtant l’eau grimpait à vue d'œil. Elle arrivait d’abord aux chevilles, puis bientôt à la taille et maintenant, ils n’avaient même plus pied. Il n’y avait toujours aucune trace du passage et la panique commençait à les gagner tandis que l’espace avec le plafond se réduisait petit à petit. Mais du coin de l'œil, Dipper parvint finalement à voir un trou dans l’un des murs et qu’il montra à son oncle.
Parce qu’hésiter signifierait mourir, les deux enquêteurs s’engouffrèrent dans l’interstice alors qu’ils étaient pris par le courant. Une longue descente les attendait et ils finirent finalement par arriver dans un nouveau tunnel bien différent de celui dont ils provenaient. Des tas de billets verts recouvraient le sol, comme si quelqu’un -Dipper songeait à Oncle Stan- avait tenté de s’en débarrasser en les jetant à cet endroit. Le binôme continuèrent de longer le tunnel et arrivèrent finalement à la sortie… Qui les menèrent à la forêt. Retour à la case départ.
Au loin se distinguait un attroupement de plusieurs hommes habillés en noir. Les deux Pines se précipitèrent en leur direction mais, bien vite, Ford sembla sur la défensive puisqu’il dégaina son arme et menaça le reste du groupe. De fil en aiguille, les deux hommes comprirent que ledit groupe n’était pas là pour les nuire et que, mieux encore, ils étaient venus les retrouver. Enfin ça, c’est ce qu’on leur avait dit parce que la présence de Pacifica dans le lot n’augurait jamais rien de bon quand il s’agissait d’eux, en témoigna d’ailleurs la remarque qu’elle ne put s’empêcher de faire concernant sa sœur. Mais Dipper n’eut pas le temps de s’attarder sur les paroles de la jeune femme -et heureusement pour elle- car un avion explosa en plein ciel sous les yeux ébahis du petit groupe atypique. Une longue discussion s’en suivit alors dans laquelle la question du sort du démon venait à être posée. Il ne fallait pas être dupe, Bill n’était pas mort. Les Pines étaient les mieux placés pour le savoir, on ne se débarrassait pas de lui aussi facilement. Une fois entrée dans votre vie, il vous était impossible de vous en défaire.
Pacifica Northwest
« The most popular girl in town »
| Avatar : Lucy Boynton
You should take it as a compliment
That I got drunk and made fun of the way you talk
You should think about the consequence
Of your magnetic field being a little too strong
| Conte : Souvenirs de Gravity Falls | Dans le monde des contes, je suis : : Pacifica Northwest
Comme tout le monde pouvait s'en douter, il était déjà trop tard quand Dazai me dit de courir... Je ne pus pas l'emmener au poste de police, comme cela était prévu. j'aurais du me douter que c'était trop facile mais... ma fierté m'en empêchait. Fyotruc me conduit donc jusqu'à Bill, que je n'avais aucune envie de revoir... Je ne fus pas torturé, ni tué, contrairement à ce que j'imaginais. Bill avait besoin de passer des marchés pour mener ses plans à bien, il avait besoin de moi vivante. Je le savais, et je comptais bien profiter de cette notion à mon avantage. Je savais très bien que je refuserais quelconque marché qu'il me proposerait, et que tout cela était une perte de temps. Mais peut-être pourrais-je en apprendre plus sur le triangle volant ainsi que le nouvel ennemi trop nonchalant à mon goût. Bien sûr, Bill tenta de me rallier à son camp, comme je m'en doutais. Il ne comptait pas me laisser partir tant que je n'avais pas accepté son marché. J'étais un atout précieux à toute équipe, tant du côté des soit-disants héros que du côté des méchants voulant détruire le monde. Bill le savait, comme je le savais. J'étais si géniale, je ne pouvais pas lui en vouloir. Il commença à partir dans des longs monologues expliquant que j'avais changé depuis notre dernière rencontre, que autrefois j'étais bien plus coopérative. Il pensait que j'avais changé en mal, que j'étais probablement devenue trop gentille pour lui et ses standards. Mais son opinion m'intéressait autant que celui de n'importe qui d'autre : il ne m'intéressait pas. Je l'écoutais parler d'une oreille, baillant de nombreuses fois pour lui faire comprendre mon désintérêt, ce qui ne lui plaisa pas. Cependant, il n'en démorda pas. Il continua à me vanter les différentes qualités d'un monde sans les Pines et à quel point il serait profitable pour nous d'eux de ne plus les avoir. C'était ses ennemis jurés, forcément que leur disparition lui était profitable. Mais, je devais avouer que, sur certains points, il se montra plutôt convaincant. Un monde sans la stupidité de Mabel Pines et le cruel manque de goût de son frère jumeau... Quel bonheur. Cependant, je ne pouvais pas me laisser convaincre. Ils ne méritaient pas un destin aussi funeste.
-Je vous ai déjà dit que votre marché ne m'intéressait pas... Si vous voulez détruire les Pines débrouillez vous tout seul. Ou avec votre nouveau copain, je n'en sais rien, mais je ne veux rien avoir à faire là dedans.
Mais il n'abandonna pas là. Non, bien sûr que non. Sa détermination, bien qu'admirable, était surtout particulièrement ennuyante. Il vint à me poser une question sur mes parents. Étaient-ils encore en vie ? Sujet sensible et qui n'avait aucun rapport avec le marché initial. En quoi la mort de mes parents avait quelque chose à voir avec la destruction des Pines ? Je ne voyais pas où il voulait en venir... Je le regardais quelques secondes, me demandant quelle réponse il attendait et sur quel terrain il voulait m'emmener. Mais je ne n'arrivais pas à le sonder. Je détestais me jeter comme cela dans l'inconnu, en particulier sur un sujet qui me rendait aussi sensible. J'affirmais, n'ayant jamais tort, que non, les parents Northwest étaient morts. Il n'étaient jamais arrivés à Storybrooke, lorsqu'on avait du quitter la ville précipitamment, alors comment avaient-ils pu survivre ? Le rire de Bill commença à prendre possession de la pièce. Je le regardais, les sourcils froncés, ne comprenant pas ce qu'il se passait. Qu'est-ce qu'il y avait de si drôle ?
-Et tu te crois plus intelligente que les Pines ? Tu n'es même pas capable de comprendre ce qui est vraiment arrivé à tes parents ! Son rire s'adouçit alors qu'il reprit un air bien plus sérieux. Tes parents sont non seulement vivants, Pacifica, mais ils sont encore à Gravity falls. Ils ne t'ont pas suivis parce qu'ils ne t'aimaient pas, pas parce qu'ils ont subis un destin tragique ! Tu pourrais les revoir, si tu acceptais enfin de m'aider.
-Menteur ! fut ma première réaction.
-Réfléchis Pacifica, tu sais aussi bien que moi que j'ai raison.
J'avais l'impression qu'il m'avait envoyé un coup de poing, qu'il avait réussi à me mettre au sol et que jamais je ne pourrais me relever. Ils étaient vivants. Pendant des années j'avais essayé de trouver un nouveau but à ma vie après la mort de mes parents, moi qui avait passé toute mon enfance à tout faire pour qu'ils me remarquent, pour qu'ils m'aiment, pour qu'ils m'accordent l'attention dont j'avais toujours voulu. Je métais plongé dans le monde de la mode, pensant que ça me donnerait un nouveau souffle. J'étais tombée dans une spirale de vengeance contre les Pines, qui n'avait finalement mené à rien, me battant aujourd'hui pour qu'ils soient retrouvés. Ma vie n'avait eu un but que lorsque mes parents avaient été là, que j'avais cherché à combler pendant des années depuis ce moment là. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas accepter le fait que mes parents étaient vivants et qu'ils avaient seulement décidés de ne pas me suivre. Je savais que je n'avais jamais réussi à les rendre fière, mais j'avais toujours pensé, du moins espéré, qu'ils m'aimaient. J'avais toujours tout fais pour qu'ils le soient mais rien de tout cela n'avait été suffisant... Mais je savais que je pouvais reconstruire notre lien perdu, tenter une nouvelle fois de les retrouver. Il me suffisait seulement de dire oui... Les Pines contre mes parents. Le choix était tentant, attractif, et Bill le savait mieux que personne. Je savais que je ne pouvais pas lui faire confiance mais l'espoir en moi que mes parents aient survécus était plus fort. Je voulais qu'il ait raison, que ce ne soit pas une façon de me tromper. Mais il ne pouvait pas échanger quelque chose qu'il n'avait pas, le risque était trop grand. Je ne pus m'empêcher de pleurer, ne sachant pas quoi faire. J'étais déstabilisé, perdue... Je devais prendre une décision.
-C'est d'accord. Les Pines contre mes parents.
Je n'avais pas le choix. Je ne voulais pas que tous mes efforts aient été réalisés en vain... Je ne voulais pas avoir résisté aussi longtemps à détruire les Pines moi-même pour abandonner maintenant mais... je ne pouvais pas abandonner mes parents. Les Pines comprendraient... Je l'espérais. Bill, lui, sembla particulièrement satisfait de ma réponse. Il disparut, me promettant de rapidement revenir et que tout se passerait bien. J'avais comme un doute. Il s'évanouit alors, montrant qu'il venait de quitter son corps... Je ne savais pas ce qu'il avait prévu et n'était pas forcément sûre de vouloir le savoir. J'entendis soudainement mon téléphone vibrer dans ma poche... J'hésitais à regarder. Je ne voulais parler à personne... Je voulais juste mes parents... Mais ma curiosité était trop grande. je vis alors que je venais de recevoir un message de Dazai, ce qui n'était jamais bon signe.
-Je sais que tu es avec lui. Dis-moi où tu es que j’envoie des renforts.
C'était hors de question... Bill me tuerait si j'écoutais Dazai et jamais je ne reverrai mes parents. Je ne pouvais pas laisser passer cette chance.
-Je ne peux pas... Il tuera mes parents si je le trahi. Je dois l’aider, je suis désolé.
Plusieurs messages arrivèrent alors à la suite, en tant que réponse.
-Pacifica, s’il te plaît, j’ai besoin de toi.
-Si on laisse Bill faire, c’est tout le monde qui périra.
-Ou que soit tes parents, on les trouvera avant qu’il ne le fasse mais pour l’instant c’est la ville que tu dois sauver.
-Tu n’es pas comme lui.
Je déglutis. Pourquoi est-ce que ce genre de choix devait toujours reposer sur mes épaules ? Je ne pouvais pas choisir... Je ne voulais pas sauver le monde, je n'avais personne à qui je tenais ici, à quoi bon ? Tout ce que je voulais c'était mes parents rien d'autre... Pourtant, les mots de Dazai résonnaient dans ma tête, comme s'il était là pour me parler directement. Je ne voulais pas avoir toutes ces vies entre mes mains, je ne voulais pas que le plan de Bill repose sur mes épaules. Je savais que choisir mes parents était une décision égoïste. Comme d'habitude, les autres sauront me le reprocher, eux qui se montraient tant altruistes. Mais la promesse de Dazai me rassura... Je savais qu'il était capable de les retrouver, malgré toutes les critiques que j'avais pu faire sur son travail. Il était compétent... Si je me retournais contre Bill, j'en subirais les conséquences, ainsi que mes parents... Il fallait que je règle cela au plus vite. Mais en attendant... je devais contrecarrer ses plans. C'était la bonne chose à faire, j'en étais certaine.
-Tu as raison... Merci.
Je partageais ainsi ma localisation. il ne fallut que quelques longues minutes pour que la mafia arrive, suivi de l'équipe de bras cassés qui m'avait accompagné depuis le début de cette histoire. Et pour la première fois, j'étais contente de les revoir. Les Pines firent aussi leur apparition. Enfin. Ils avaient finalement décidés de sortir de leur terrier... Je ne pouvais pas croire que j'avais peut-être sacrifié la vie de mes parents pour eux. Mais, une fois que je m'étais disputé avec Dipper comme je pouvais m'y attendre, je préférais m'éclipser, n'ayant rien à faire des tenants et aboutissants de cette histoire. Les Pines étaient revenus, je n'avais pas besoin d'en savoir plus. La vie de mes parents, elle, était en grand danger et je devais m'atteler à des recherches le plus vite possible. Je saurais harceler Dazai en temps et en heure. Je pris aussi le temps de me reposer pour attaquer la journée du lendemain, peu palpitante du au fait que je du retourner au travail afin d'éviter de me faire licencier... J'aurais bien pris un jour de repos mais je savais que Monsieur Agreste ne laisserait pas passer cela... C'est en rentrant chez moi, à la fin de la journée, que j'eus l'affreuse surprise de découvrir Dipper devant ma porte. Un air grave prit place sur le visage de Dipper, il semblait être encore remonté par les événements de la veille.
-Je crois qu’on a encore des choses à se dire.
J'aurais préféré que ce soit le contraire, en réalité. Je n'avais rien de plus à lui dire que la veille et ce n'était pas en me harcelant devant ma porte d'entrée que cela allait changer. Je posais le regard sur Dipper, venant m’importuner une fois de plus après ma journée de travail. Je n’avais aucune envie de discuter avec lui, et lui fit comprendre en levant les yeux au ciel.
-Je ne crois pas non. Tu m’excuseras, j’ai à faire, j’ai perdu assez de temps à partir à ta recherche.
Il ignora mes plaintes et, à la place, s'approcha de moi. Il ne comptait pas me laisser partir une nouvelle fois. Mais s'il se croyait une seconde intimidant, il ne s'était jamais regardé dans un miroir. J'avais déjà milles et unes idées pour le faire déguerpir.
-Qu’est-ce qu’il t’a pris d’avoir dit à Mabel que j’étais mort ?
Et voilà, on en revenait à cette histoire, comme si c'était la chose la plus grave du monde ! Je n'avais pas le droit de dire simplement ce que je pensais ? Pourquoi les autres avaient-ils pris cela si mal ?
-Il fallait bien que quelqu’un la prépare au pire ! Garder espoir dans ce genre de situations ne fait que plus mal à l’arrivée.
Le jeune homme me fixa quelques secondes, silencieusement. La déception semblait avoir remplacé la colère.
Je me demande vraiment pourquoi tu as accepté de partir à ma recherche si tout ce qui t’importe est de me voir mort, finalement. Il marqua une nouvelle pause pendant laquelle il dévia son regard. J’espère que t’es pas trop déçue de savoir que je suis toujours en vie.
Mais quelle dramaqueen... Il était bien pire que moi, en réalité. je n'avais jamais dis ça, du moins pas devant lui. Si j'avais fini par aider dans les recherches c'est bien que je ne souhaitais pas le voir mort, contrairement à ce que j'essayais de me convaincre de croire. Mais il ne comprenait pas tout cela, avec sa petite cervelle de moineau. Je soupirais, n'ayant aucune envie de m'expliquer à un idiot pareil. Mais je savais très bien qu'il ne me lâcherait pas tant que tout serait mis au clair.
-Je ne pensais pas te revoir, non. Mais il fallait bien que j'aide à te retrouver, juste pour me faire bien voir, rien de plus. Je fouillais dans mon sac à main à la recherche de quelque chose et en sortit un journal, celui que j'avais acheté à la papeterie la veille. Je le tendais à Dipper. Il s'avère que j'ai brûlé ton journal. Par inadvertance... Alors tiens.
Mais ce que je ne savais pas c'était que le journal que je venais de lui donner n'était pas le journal vierge acheté la veille, mais celui dans lequel moi-même je m'étais exercé à écrire mes sentiments, sans succès... Le regard de Dipper se posa à nouveau sur la jeune femme puis sur le journal qu’il finit par saisir après hésitation.
-Merci ? Je suppose... Il ne savait pas réellement comment réagir. Il continua de fixer la couverture un instant, puis fronce les sourcils. Attends… Attends… Il sembla venir de réaliser quelque chose qui semblait le mettre soudainement mal à l’aise. Rassure moi, ne me dis pas que t’as lu mon journal.
Ah, voilà les choses qui fâchaient... Avais-je lu dans le journal de Dipper ? La réponse était bien évidemment oui, j'avais lu toutes les lignes avec grands détails, du moins celles qui me mentionnaient. Mais, je ne comptais pas assumer cela. Pas que j'en avais honte, non, je pouvais très bien avoir lu les pages du journal pour le simple besoin de l'enquête. Mais je voulais savoir s'il était capable de me dire, en face et oralement, ce qui était écrit dans le journal. Je savais d'avance que non, il était bien trop peureux pour cela, à toujours se cacher derrière ses écrits. Mais c'était l'occasion de le tester.
-Bien sûr que non enfin ! Je sais que tu penses que je suis le diable mais je ne vais tout de même pas envahir ton intimité. J'eus alors un léger sourire mesquin sur le côté. Pourquoi, tu me caches des choses ?
-La notion d’intimité n’existe plus vraiment pendant une enquête. En réponse à mon autre question, il se mit automatiquement sur la défensive, preuve qu'il mentait. Pas que j'en ai besoin... Non pas du tout ! Comportement étrange pour quelqu’un qui n’avait pourtant rien à se reprocher. Il soupira un coup et serra le carnet contre lui tandis que son regard déviait de mon visage. Il rougissait légèrement. C’est juste qu’il n’y avait rien d’intéressant à lire, t’aurais perdu ton temps.
Je haussais un sourcil, le voyant s’embarrasser tout seul. Il était beaucoup moins convaincant que moi quand il mentait.
-Tu comptes me dire la vérité ou continuer à me mentir pendant longtemps ?
-Mais je te dis la vérité !s'exclama-t-il avant de soupirer à nouveau. Même lui ne croyait pas en ce qu’il disait. Je m’en servais quand j’avais besoin de réfléchir… De mettre des mots sur certaines choses que je ressentais. Dipper secoua à nouveau la tête, le regard toujours fuyant. Je te l’ai dit : rien d’intéressant.
Je soupirais à mon tour. Connaissant la vérité contenue dans ce journal, c’était encore plus exaspérant de le voir me mentir mais je ne pouvais pas le forcer à me dire la vérité.
-Bien. Rappelle moi quand tu seras capable de vraiment me dire ce que tu ressens. À moins que tu préfères m’abandonner, comme d’habitude.
Et sans rien ajouter de plus, je m’éloignais balançant mes cheveux en arrière. C'est alors que Dipper s’empressa d’attraper mon poignet pour m’empêcher de partir.
-Attends. Son regard osa finalement se poser sur moi, l’air sérieux et sincère. Il était au pied du mur, il n’avait plus le choix que d’avouer. J’ai commencé à écrire dans ce journal le soir-même où tu me l’as donné, après notre dispute. J’écris quand j’ai besoin de faire un point sur mes sentiments, ça aussi je te l’ai dit. Dipper laissa échapper un énième soupir. Je me suis comporté comme un abruti avec toi ce jour-là, et je n’aurais jamais dû te parler ainsi. Je ne pensais pas que tu avais autant souffert parce que je n’ai pas été capable de voir ta détresse. Je n’ai pas su être là pour toi au moment où tu en avais le plus besoin et les choses se seraient peut-être passées autrement si je m’en étais rendu compte plus tôt. Dipper lâcha finalement mon poignet mais son regard ne quittait pas le mien. Tu veux la vérité ? La vérité c’est que je tiens à toi, Pacifica. Et je te présente mes excuses. Pour mes propos déplacés, pour mon comportement, pour t’avoir abandonné… Je m’excuse pour tout le mal que je t’ai fait. Il glissa sa main dans ses cheveux, gêné par tant de confession. Il ajouta finalement. Et si jamais, un jour, t’as besoin de moi... Il haussa vaguement les épaules. Tu pourras compter sur moi, quelle qu’en soit la raison. Je t’en fais la promesse.
J'étais surprise par toutes les confessions de Dipper. En bien. Je ne pensais pas qu'il aurait le courage de me dire tout ce qu'il pensait, en face. Je restais là à le regarder pendant quelques secondes, ne savant même pas comment réagir. Cela faisait des années que j'attendais qu'il s'excuse ainsi, avec autant de sincérité, qu'il me montre et me promette qu'il sera toujours là pour moi en cas de besoin. Mais maintenant que cela arrivait, je n'étais pas capable de réagir de la bonne façon. Je ne pouvais pas faire baisser les murs que j'avais passé tant d'années à construire. Mais, j'estimais qu'il avait fait un grand effort, un grand pas vers l'avant au nom d'une amitié aujourd'hui disparu. Je savais qu'avouer tout ça avait été probablement très dur pour lui... Je ne pouvais pas le laisser partir sans avoir dit ce que j'avais sur le coeur, du moins une partie. Je pris alors une grande inspiration, et me lança.
-Je- Merci. J'avais besoin d'entendre cela. Je m'approchais un peu de lui, hésitante, voulant le prendre dans mes bras, avant de me raviser. Je suis contente que tu sois en vie. J'espère qu'un jour l'on pourra retrouver l'amitié que nous avions construits à Gravity Falls... Mais je vais avoir besoin de temps. J’imagine que je devrais m'excuser à mon tour, si j'ai pu te blesser, même si le fait que je t'ai presque sauvé la vie devrait compenser... Je souris doucement, comme si la colère que j'avais ressentie pendant des années se dissipait peu à peu. Je dois me reposer, mais ne crois pas que tu te débarrasseras de moi aussi facilement, Pines.
J'aurais voulu ajouter tellement de choses, comme le fait que je tenais en réalité à lui autant qu'il tenait à moi. Mais je n'en avais pas la force. Je ne pouvais pas simplement jeter des années de déni et me confier à lui comme si rien ne s'était passé. La souffrance et la douleur restaient, malgré la sincérité de ses excuses. Comme je lui avais dis j'avais besoin de temps, mais je sentais que cela était déjà un pas dans la bonne direction.
-J’espère aussi. Un sourire illumina le visage de Dipper. Puis lorsque je mentionnais ma dernière phrase, il prit un air taquin tandis qu’il croisa les bras contre son torse. Si j’étais toi, je ne prendrais pas les paris aussi vite. Qu’il rétorqua alors avant de laisser échapper un petit rire. Repose toi bien Pacifica. Sur ces mots, Dipper fit demi-tour, prêt à retourner à l’hôtel mais il s’arrêta après quelques pas. Il se retourna une dernière fois. Merci d’être parti à ma recherche.
Je le regardais alors partir avant de me retourner à mon tour, passant la clé dans la serrure de ma porte d'entrée. Je rentrais chez moi, un grand sourire aux lèvres, et dés que la porte se ferma, je fondis en larmes... Je ne saurais dire si c'était toute la pression qui redescendait enfin, des larmes de joie, ou même de tristesse... Tout ce que je savais, c'était que ça me faisait un bien fou.
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Dazai Osamu
« The weak fear happiness itself »
| Avatar : Ji Chang Wook
There’s parts of me I cannot hide
I’ve tried and tried a million times La-da-da-de-da, la-da-da-de-da, la-da-da-de-da ~
Embracin' the madness
My devils they whisper in my ear
Deafenin' me with all my fears
Welcome to my darkside
•••
| Conte : Bungou Stray Dogs | Dans le monde des contes, je suis : : Osamu Dazai
Lorsque Dazai Osamu était sorti de la voiture et avait découvert sur le bord du trottoir un premier jeune homme et un second, plus âgé, il avait eu ce pressentiment étrange que c'était terminé... Trop tôt. Cependant, il ne pouvait rien y faire désormais. Tout s'était organisé sous ses yeux pendant la discussion. Stanford n'avait pas pointé le pistolet sur la voiture en premier mais sur le groupe de la faction amenés pour récupérer Bill Crypto auprès de Pacifica. Or, lorsqu'ils étaient arrivés, le démon n'était plus là. Il s'était donc évaporé. Pourquoi ? Le plan est un échec, il faut bien l'avouer : Pacifica l'a dénoncé malgré le marché qu'ils comptaient mettre en place, la Mafia encadrait son corps et il n'était pas immortel. Mais il aurait encore pu se retourner contre eux... Lorsqu'il a vu les Pines arriver, il a fui. Ils se sont échappés. Comment ? Si Bill et Fyodor ont fait alliance, alors les deux portés disparus n'auraient jamais du refaire surface. Mais d'un autre côté, depuis quand Fyodor faisait-il alliance avec quelqu'un sans intentions derrière ?
L'avion explosa. Quelques minutes plus tard, Bill Crypto était annoncé mort, le corps avait même pu être identifié par la policière Judith Hoops mais aussi Rosalia Prince qui l'avaient déjà vu auparavant. Dipper et Stanford Pines, quant à eux, restaient persuadés qu'il était encore en vie quelque part. Dazai ne rajouta rien.
Et comme si tout découlait en un seul et même point, une partie du groupe s'était rendu à l'hôtel où tout commença, invité par Stanford - le frère du propriétaire -. Là-bas, il expliqua en détail tout ce qui avait pu leur arriver et Dazai avait la confirmation du double-jeu de Fyodor sans qu'il n'en dise quelque chose. Pendant toute cette fin d'après-midi et début de soirée, la famille Pines avait été réuni avec l'équipe et ceux qui voulaient bien rester. Ils avaient parlé d'esprits, d'enquêtes, d'aventures - de leur aventure tout particulièrement. Mais tout cela, le détective n'y avait pas vraiment pris part. D'un grand sourire, le regard si pétillant qu'on aurait dit qu'il s'était inséré lui-même des paillettes dans les yeux, il prétexta devoir rentrer à l'agence avant que son patron ne l'embrouille pour flâner sans avoir donné son rapport - et il allait être long.
"Merci pour votre engagement à tous. Vous avez prouvé que même sans badge, vous pouvez faire de grandes choses par vous-mêmes. Le titre de détective est optionnel pour ceux qui souhaitent vraiment aider les autres."
Aider ? Mais qui avait-il aidé ? Son regard longe le groupe tandis que cette question tourne en boucle dans sa tête. Ce n'est pas aujourd'hui qu'on lui dirait qu'il a fait son boulot. Le tableau ressemble plus à des rescapés que des enquêteurs qui trinquent à leur arrestation. Une voix, cependant, dans sa tête lui répète d'aller de l'avant sans se retourner. Personne ne vit éternellement et tout le monde meurt de quelque chose. On ne peut pas sauver tout le monde, combien de fois a-t-il expliqué ça à Kunikida qui cherche toujours à ne faire aucune victime ? La protection avant l'aventure, la sécurité avant le risque. Étrangement, si son supérieur espère à tout prix qu'on l'écoute, lui ne s'écoute jamais et se met toujours en danger pour le bien d'autrui.
Le regard du détective tombe finalement au creux de celui de la policière. Il réalise sa responsabilité, son acte manqué, ouvrant légèrement la bouche avant de la clore d'un fin soupir. Ses pas l'approchèrent de la jeune fille et en toute convenance, il s'excusa.
"Je suis désolé pour ce que tu as perdu, Judith. Je t'avais promis de le récupérer... Et je suis arrivé trop tard. S'il y a un moyen de la ramener, je te p-... Son regard le trahit, il se coupe, réalisant qu'il allait promettre autre chose. Non, il ne ferait pas deux fois la même erreur.
- Tu sais, sourit finement la lapine, tu aurais pu tout faire, ça n'aurait pas ramener ma mère pour autant. Puis je pense que le corps s'habitue à ce qu'il a déjà vécu. J'ai déjà vécu le deuil, une deuxième fois ce n'est rien. Juste une épreuve de la vie. Merci en tout cas, d'avoir tout fait, pour tenir tes engagements."
Dazai ne s'est pas attendu à ce qu'elle soit aussi... Préparée. Peut-être était-ce parce que sa mère était malade, ou bien, effectivement, un deuil douloureux vaccine des suivants. Lorsqu'on a croisé la mort qui a emporté nos proches, on sait déjà qu'on la reverra - à défaut de savoir quand. Dazai se demande, d'un regard absent, ce qu'il en est le concernant. Il a l'impression d'avoir affaire à un vieil ami, mais c'est également ce vieil ami qui a emporté le seul véritable qu'il avait. Maintenant il aire, comme la mort, en attendant qu'elle l'attrape à son tour. Le détective sourit.
"Merci à toi. Je pense que nous aurons l'occasion de nous recroiser, je dois aller justifier les quelques dégâts à ton shérif demain. Il tire une légère moue déconcertée. J'espère juste qu'il ne s'emportera pas comme la dernière fois...
- Je pense aussi. S'il commence à s'emporter, tu lui diras que j'étais de la partie. Judith hausse les épaules. Sinon, je lui expliquerais, puis je pense que savoir qu'il avait un agent avec toi lui montrera que tu as fait attention aux choses."
Il est loin d'en être certain mais malgré tout, il ne peut que s'y plier.
"Je l'espère ! Soupirant longuement, le détective prend reprend néanmoins une inspiration qui le redresse et lui étire un sourire assuré vers le reste du groupe qu'il salue d'une main. Ne consommez pas trop !"
Dazai passe la porte et traverse la rue. Il salue Mousse qui le retourne un signe enjoué. Sous le ciel rosé et l'air frais d'un début de soirée, il retourne près du centre à pieds, le regard vissé sur l'horizon - peut-être pensif, songeur - et finalement il arrive au pieds d'un bâtiment dans lequel il entre. Il se rend au second étage et pénètre dans le bureau de son agence. Plus personne n'est au bureau à cette heure-ci, la journée est terminée. Cependant, Dazai s'étonne de retrouver dos à lui, appuyé contre le mobilier, une silhouette contrastée à la lumière.
"Ils sont tous rentrés chez eux ?"
Dazai sait à qui il parle, il reconnaîtrait la carrure entre mille. Dès sa question, le jeune homme répond :
"Ils sont allés boire un verre en bas. Se décrochant de la table, deux bras se croisent contre sa poitrine tandis qu'il se retourne vers son collègue. Comment s'est passée ton enquête ?
-Ooooh, tu sais, feint Dazai en haussant les épaules, le regard levé au ciel. Comme n'importe quelle autre. Des hauts et des bas.
- J'ai eu vents de quelques bas, précisément. Deux personnes ont perdu quelqu'un ces derniers jours mais personne ne le sait. Silence. Son supérieur s'approche. Dazai, on est déjà passé par là. Il semble être prêt à lui faire la morale, son regard incite à la réprimande et aux reproches mais le suicidaire sait qu'il est loin de tout ça. Finalement, une main se pose sur son épaule, et le jeune homme baisse la tête, comme retiré d'un grand poids. Merci d'avoir évité plus de victimes."
Dazai sourit, bien peu étonné de la réaction qu'on lui tend.
"Kunikida... Tu commences à voir le positif même lorsqu'il y a des pertes. Tu fais des progrès.
- Je sais qu'on ne peut pas sauver tout le monde. Ce qui est important, c'est d'en sauver le plus possible. Il souffle, le regard froncé en se décalant de son partenaire. C'est toi qui m'a appris ça.
- Et tu l'as noté dans ton carnet ? Dazai élargit un rictus amusé sous la moue que tire Kunikida qui bredouille en réponse :
- Oui, je l'ai écrit."
L'asiatique se met à rire, non pas que pour une fois, il aie donné un bon conseil à son collègue sans que ça ne soit une blague, mais plutôt que la réaction de Kunikida soit retenue par sa froideur qui fait tout son charme. Il est aussi satisfait de savoir que son supérieur puisse se concentrer sur l'avant plutôt que de souffrir des erreurs du passé. Personne ne peut être parfait.
***
Mardi 30 mars
"Shérif Brooke ! Ça fait longtemps que je ne vous avais pas vu, vous me manquiez un peu."
Prétextes encore une fois. Si ce n'est pas Dazai qui vient de lui-même, il se ferait encore plus détesté par la police et les rumeurs qui peuvent y courir. Or, sous les conseils de l'agence, il est évident que le détective ne peut pas être en froid avec leurs partenaires - ceux qui protègent officiellement Storybrooke. Le shérif l'avait déjà pris à part quant à une enquête qu'il avait, certes, mené à bien mais à sa propre manière. De bouche à oreille, son nom fait des siennes du côté de la justice mais on ne niera pas son audace de se présenter. Chris Brooke a du se douter de sa visite, il l'invite à entrer dans son bureau sans plus de manières par l'intermédiaire d'une policière. Celle-ci lui ouvre la porte et la referme sous les mots doux de l'asiatique. Son intonation mielleuse contraste à la rigidité de l'homme qui se trouvait face à lui ; derrière son bureau, le dos droit, deux mains posées à plat devant des dossiers éparpillés, il ne remonte même pas un regard sur le détective et commencer à ouvrir l'un des fichiers. Dazai, debout, une goutte perlant sur son front, a l'impression de passer devant la cour.
"Un incendie dans le Mystery Hotel, un façade du poste de police détruite, un avion qui a explosé en plein vol, deux alarmes incendies qui sonnent sans aucune raison donc deux interventions de pompiers inutiles et trois morts. Je dois avouer que toi, tu ne m'as pas manqué Dazai. Deux billes noires fusillent le concerné de plein fouet. Je peux savoir ce que tu as foutu ?!!! Ton travail ce n'était pas de trouver ceux qui s'amusaient à frapper sur les portes des habitants ?! ALORS POURQUOI LA VILLE EST DANS UN SALE ETAT MAINTENANT ?! Explique-toi et vite."
Le poste semble trembler - ou bien c'est Dazai qui tressaille - et celui qui n'a pas entendu le patron faire écho à travers les murs doit s'inquiéter de sa qualité d'écoute. Le détective, lui, crispe sa mâchoire et réalise être maintenant contre le mur. Il semble avoir fait quelques pas en arrière durant les accusations. Voyant que c'est son tour de s'exprimer, une main maladroite se porte à sa nuque et d'un sourire il se défend :
"Beaucoup de raisons pourraient justifier ces dégâts... Mais avant tout, voyez le bon côté : le principal coupable est derrière les barreaux et ne pourra plus utiliser son pouvoir contre la ville. Donc vous n'aurez plus de plaintes l'y concernant !"
Tentative vaine, le shérif n'est pas dupe et frappe le poing sur son bureau pour montrer son désaccord d'un hochement de tête négatif.
"C'est pas ce que je t'ai demandé, Dazai. Tu as toujours fait du bon boulot alors pourquoi ? Il y a eu un mort ! Je ne peux pas voir le bon côté des choses ! Je fais comment maintenant ? Je dois te traîner en justice parce que tu as commis des erreurs ? Des erreurs qu'on ne peut pas réparer ? Je n'ai pas envie de te punir de la sorte alors explique-toi. Il me faut des réponses pour que je puisse répondre aux habitants qui me posent des questions."
Dazai s'assombrie. Si peu savent, les habitants moins que n'importe qui d'autres. Même le shérif ne sait pas tous les détails de cette histoire. Même le détective doit en manquer quelques pièces et pourtant, il en devine trop. Qu'est-ce qui est le mieux ?
"Je ne suis pas responsable de l'explosion de l'avion. À part reprend-t-il : C'est peut-être la seule mort dont je ne sois pas responsable... Puis, laissant un silence, il finit par soupirer en remontant son regard sur le shérif. Vous devez leur parler de ce qui a été résolu : l'enquête menée sur la disparition de Dipper et Stanford Pines ainsi que le possesseur de pouvoirs qui terrifiait les habitations lorsque la nuit tombait. Ce qu'ils doivent retenir c'est qu'une menace a été écartée et des vies ont été sauvées."
Chris semble comprendre, il acquiesce en soupirant et doucement se lève de son fauteuil pour venir rejoindre le milieu de la pièce et s'asseoir sur le bureau qui les séparait.
"Je vais calmer la colère des habitants. Mais il faudra que tu payes les frais de ce qui a été détruit pendant ton enquête. J'en demandes pas plus de ta part. Le reste je m'en charges. Il faudra juste que tu répondes à certaines de mes questions. Suite à une pause, il demande : Tout va bien ?"
Cette question devait forcément être posée sur la table à un moment donné. Elle perd en sens plus on la pose, tant que Dazai ne sait pas quelle réponse entre oui ou non est la bonne. En général, s'il n'est pas sûr, il trouve un moyen pour esquiver. Physiquement aussi, il se décale sur un côté et vient à fixer le mur.
"Comme un détective qui viendrait de résoudre une enquête. On est satisfait que ça soit terminé... Mais en même temps nous savons que ce n'est que le début d'autre chose. Une enquête suit une précédente et on sait que ça ne sera pas la dernière, qu'il y aura toujours des plaintes, des victimes et des coupables. Ça ne s'arrête jamais alors, finalement, la satisfaction qu'on obtient à aider des personnes finit par être étouffée par le processus. Il tourne un sourire vers le policier. Mais on découvre aussi le désir d'aller plus loin."
Chris Brooke se redresse de son appui pour s'approcher du garçon. Au-delà des apparences, il semble que les deux se comprennent. Tous dans le même bateau, le soutien est important pour le shérif qui a l'habitude de gérer toute une équipe mise sous pression. Il fait de même à Dazai en posant une main rassurant sur l'épaule de ce dernier, rendant un fin sourire triste.
"Il n'y a pas qu'à Storybrooke que tu as ce sentiment. Partout je penses. Quand j'étais à l'armée c'était un peu pareille. Je gagnais la guerre mais je perdais aussi beaucoup d'homme, pas de quoi être fier. Il y aura toujours de nouvelles enquête je supposes, surtout dans cette ville. Mais comme tu l'as fait aujourd'hui, tu arrêteras encore une fois les coupables. Et si ce n'est pas toi, ce sera un autre détective. Je comprends ce que tu ressens actuellement mais la chose que tu dois retenir c'est que grâce à toi, une pourriture en moins se promène dans les rues de notre ville. Tu devrais prendre une pause, ça se voit que tu es au bout du rouleau."
Un shérif comme il y en a rarement. Rassurant et à l'écoute, les pieds sur terre, sérieux avec l'âme d'un sauveur. Chris doit lui aussi porter des idéaux mais il a appris à ne pas regarder derrière son épaule et les erreurs qu'il a pu déjà commettre. Dazai ne peut que se taire face à ses paroles - tout d'abord. Il semble surpris et finissant par sourire, il allège la conversation d'un air narquois.
"Ça signifie que vous m'offrez un voyage ?"
Chris arque un sourcil perplexe avant d'échapper un rire.
"Si ça peut te permettre de te reposer pourquoi pas. Il expira longuement. Je sais que c'est un peu bateau ce que je vais dire mais tu sais que tu n'es pas seul hm ? Ne portes pas le poids de tout ce qui vient de se passer sur tes épaules. Je suis autant responsable que toi tout comme celui qui que tu as arrêté. Alors te tracasse pas trop pour ça."
- Et c'est vous qui pensez que je porte trop de poids sur mes épaules ? Répond Dazai en clignant à plusieurs reprises des yeux, surpris de ce que doit se mettre sur les épaules le jeune homme. Si je puis à mon tour vous donnez un conseil, shérif Brooke... Il se décale quelque peu et pose à son tour sa main sur l'épaule du policier avant de tourner un regard sérieux vers lui. Faites attention à vous. Vous représentez la police et beaucoup aimeraient la voir à terre. C'est vrai que bien avant Storybrooke, il existait déjà une justice et ceux qui s'y confrontent... Mais ce n'est que depuis Storybrooke qu'on entend un avion exploser sans que ça ne fasse la une des journaux. Nous avons beau avoir été implanté dans la réalité, nous n'en ferons sûrement jamais partie. Soyez shérif pour les valeurs que le titre porte si vous voulez mais personne n'a le droit de mettre cette bombe à retardement que représente Storybrooke... Sur vos épaules.
- Comme toi, sourit légèrement Chris, j'ai décidé de faire un métier compliqué. Ou on est prêt à porter la colère des autres pour les faire se sentir mieux. Je sais bien que cette ville est spéciale ne t'en fais pas pour moi. Je ne suis pas seul, j'ai une bonne équipe avec moi et des bons partenaires. Je dois juste m'assurer que mes partenaires ne craquent pas sous la pression."
Le détective soupire, relâchant ses épaules et rangeant ses mains dans ses poches de manteau.
"Je suppose que ça doit être à peu près la même chose dans mon agence. Une équipe qui se soutient pour le meilleur et pour le pire. Sourit-il. C'est ce qui doit s'approcher le plus d'une famille de substitution. L'idée le laisse pensif un temps. Finalement, reprit par un pique d'énergie, il agite vivement sa main en s'approchant de la porte. Je vais vous laisser. Pour les dégâts, mon patron m'a dit qu'il vous contacterait pour vous aider. Après tout, Reprend-t-il assurance. C'était nous qui étions chargés de l'enquête."
"Ça marche. Le shérif laisse le détective ouvrir la porte qu'il s'apprête à prendre avant de l'arrêter à nouveau : Et Dazai ! Le concerné tourne la tête. Merci d'avoir attrapé le fautif. La prochaine fois essaye juste de moins détruire la ville et ce sera parfait."
C'est mignon de demander. À vrai dire, pour sûr que Dazai saurait y arriver, mais est-ce vraiment aussi intéressant ? Et puis, il ne s'attarde pas sur n'importe quelle enquête non plus, les moyens suivent forcément.
"J'essaierais." Il hausse les épaules pour nourrir l'espoir du policier. Malheureusement, il nourrit l'espoir de beaucoup de monde et ce n'est pas dit que celui-ci passe de rêve à réalité.
Sortant sous le regard des quelques employés qui se demandaient quel meurtre a été commis, Dazai n'y prête pas attention et redresse dès lors le regard vers le ciel. Une nouvelle journée commence...
Moses.
Liam MacCarthy
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Oliver Stark
Personnage abandonné
| Conte : Shi ki | Dans le monde des contes, je suis : : Tanaka Akira, le plus malin
On évitera de recommencer cette réponse par « dans les épisodes précédents ». Parce qu’il faut se renouveler un peu. Il ne faut pas toujours être prévisible dans la vie. Passer à autre chose. Se dire qu’on est encore en vie, et que c’est déjà ça non ? Liam observa son téléphone, silencieux depuis deux jours. Cette histoire datait d’il y a deux jours. Manhattan, Judith, Bill, tout ça datait d’il y a seulement deux jours. Dans le noir de sa chambre, il observait l’écran éteint. Il observait et attendait. Personne ne pouvait lui envoyer une bonne nouvelle ? Pour une fois, ça changerait, tiens, ça serait surprenant. Personne ne s’attend à une bonne nouvelle, ça serait imprévisible. C’était quelque chose à creuser.
Assis sur son lit, il n’avait aucune envie de se lever. Ses pieds étaient coupés. Ses jambes étaient lourdes … Il avait l’impression qu’on avait coulé du béton à l’intérieur. Qu’on avait mit une ceinture à poids contre son dos. Il ne voulait pas se lever. Il ne voulait pas affronter la réalité. Son monde était bien plus beau. Ce qu’il imagine. Il lâcha le téléphone des yeux et renvoya sa tête en arrière alors que des larmes coulèrent le long de ses joues.
Il avait l’impression de suffoquer. Il entendit Brett avant de le voir au pas de sa porte. Tout de noir vêtu, avec Liam, ils ressemblaient presque à des frères. C’était un running gag entre eux. Dans ce monde, peut être qu’ils avaient un ADN commun, vue le nombre de personne que Régina avait ramené, ça ne le surprendrait pas. Liam ne s’arrêta pas de pleurer en le voyant. Au contraire.
Brett s’assit à côté de lui alors que Liam prit sa tête dans ses mains. Il détestait les morts. Il détestait ne pas réussir à sauver quelqu’un. Il détestait se souvenir du sang de quelqu’un qui coule à travers ses doigts. Il savait que demain ça irait mieux. Demain, il penserait aux gens qu’il peut sauver. Demain, il mettrait les émotions qui l’étouffent dans une boite avec le reste. Avec la peur. Avec la haine. Il mettrait tout ça, loin. Il savait qu’un jour il y aurait un revers de bâton. Mais il n’arrivait pas à gérer ses émotions autrement.
Brett avait passé les bras sur l’épaule de son ami, et lui aussi pleurait. Scott arriva dans une discrétion qu’on ne lui connaissait pas pour se mettre de l’autre côté. Trois grands gaillards en train de pleurer dans une tranquillité étrange. Presque normal. Liam savait qu’ils étaient là pour le faire se lever. Liam savait que Brett et Scott seraient pareils qu’eux dans la même situation. C’est aussi pour ça qu’ils se mentent souvent entre eux. Pour eux, une fois que la personne est déposée à l’hôpital en vie, c’est qu’elle est en vie. Ils se persuadent de ça. Ils ne veulent pas savoir les morts. Ils veulent entendre parler que des vivants. Liam avait fait l’erreur de demander de savoir. Pour le bien de l’enquête. Pour trouver la raison. Il aurait mieux faire de rester coucher ce matin là.
- Tu sais, tu n’es pas obligé d’y aller. - Nous, on y sera.
Les deux reniflaient comme des morveux, et ça arracha un sourire à Liam. Pas de joie, mais de nostlagie. Il ne voulait pas voir les morts comme des personnes qui ont perdus la vie. Il préférait se dire que les morts étaient toujours morts. C’est aussi pour ça qu’ils peuvent parler de fantôme et de suicide aussi facilement. Un mort qui était mort, qu’est ce qu’ils en avaient à faire…. Mais la jeune femme qu’il n’avait pas pu sauver, il aurait dû la sauver c’est tout.
- J’y vais. Merci.
Ainsi câliner, il avait de l’aide pour se lever. Il observa son téléphone, et plus loin un sac dans lequel était bien caché un poignard. Les trois se regardèrent. Ils essuyèrent leur larme d’un revers de la main, et ils changèrent cela en un sourire. Quand ils sortirent de la maison, personne ne pouvait dire qu’ils avaient pleuré, ou même qu’ils se rendaient à un enterrement. Comment le pourraient-ils alors qu’ils semblaient se disputer sur un hôtel hanté ? Le père de Scott les attendait en voiture.
Lui il n’était pas dupe. Il savait. Mais il savait que Liam serait assez fort pour passer au dessus de ça. Il l’espérait en tout cas. Ils roulèrent en silence jusqu’au cimetière. Liam avait laissé son téléphone dans leur QG. Brett et Scott aussi. Pendant toute la cérémonie, ils ne dirent rien. Ils se mettaient à l’écart.
On mit la jeune femme en terre, on parla d’elle, de sa vie, de sa gentillesse, de sa manière qu’elle avait de sourire. Même si c’était une vilaine, personne n’osait le dire lors d’un enterrement. On parla de ses rêves. Elle voulait aider les enfants qui n’arrivaient pas à suivre en cours. Elle était une bonne personne. Les trois se regardèrent. C’était une bonne personne. Debout au loin dans le cimetière, les trois se tenaient la main pour se transmettre de la force. Liam ne pu s’empêcher de pleurer encore, et les deux autres restèrent immobiles, personne ne fit de commentaire alors que la cérémonie continua. A la fin, tout le monde finit par partir doucement. Liam avait prit des fleurs qu’il avait laissé plus loin et attendait que tout le monde parte pour les déposer sur la tombe.
La mère de la jeune femme cependant ne semblait pas vouloir partir. Les trois frères attendirent, toujours dans cette immobilité parfaite qui semblaient les définir en ce jour. Liam finit par se décider. Il prit les fleurs et s’approcha de la tombe alors qu’il les déposa dans un nouveau silence. Il fit une révérence à la tombe, il ne savait même pas s’il avait le droit de pleurer… Debout à côté d’une mère effondrée, il finit par parler.
- Je suis désolé…
La mère qui n’avait même pas remarqué la présence du pompier, ni même des deux autres derrière, releva les yeux sur le garçon. Elle nota tout de suite le pansement sur sa joue, et elle se souvient de sa présence à l’hôpital, toute une nuit, et de ce qu’on lui avait dit. Un homme avait fait en sorte de stopper l’hémorragie de sa fille. Mais ça n’avait pas suffit.
- Vous… vous êtes … - Liam. J’étais là.
Et alors malgré lui, les larmes reprirent même s’il n’en avait pas le droit en face de cette femme. Qui voulait qu’un homme inconnu pleure la mort de sa fille le jour même de son enterrement. Elle voulait juste sa fille.
- Je sais. Je … je ne sais pas … pourquoi … pourquoi il a fait ça ? … Henry… vous savez … Il l’aimait, mais elle elle ne le voyait que comme un vieil ami. Elle ne voulait pas lui briser le cœur pourtant … et il l’a… il l’a … tué … tué … mon bébé. Il a tué mon bébé.
La mère finit par se coucher sur le sol alors qu’elle pleurait tout ce qu’elle avait sur la tombe de sa fille. Elle criait même un peu alors que ses larmes devinrent un torrent. Liam finit au sol aussi et la prit dans ses bras alors que la mère l’attrapa comme s’il était une bouée. Elle continuait à crier, à appeler sa fille, elle demandait à Ally de revenir vers elle. Elle disait qu’elle voulait la rejoindre. Elle tapait du poing contre le torse de Liam mais il ne fit rien pour se défendre. Il la tenait juste dans ses bras. Au loin, Brett et Scott attendaient.
La mère pleura, pleura, et pleura. Que pouvait-elle faire dans ce genre de cas. Elle tapa. Elle hurla. Elle supplia des Dieux sourds à toutes les prières. Elle finit au bout d’un moment à s’effondrer de sommeil dans les bras de Liam.
- On s’en occupe Liam.
Brett et Scott étaient arrivés et pendant que l’un prenait la mère dans les bras comme si elle ne pesait rien, l’autre partit vers la voiture. Scott savait que son père n’était pas resté mais ce n’était pas grave. Il fallait amener cette femme à sa famille. Liam finit seul devant la tombe de la jeune femme. Couvert de terre retourné. Il resta assis un moment. Le temps passait. Et il n’avait aucunement envie de bouger. Il entendit les pas de Dazai s’approchait de lui. Était-il là depuis le début ? Qui pouvait le savoir ? Pas Liam en tout cas. Il se releva. Enleva le plus gros de la terre qui se retenait contre ses vêtements et se retourna. Il finit par sourire à Dazai alors même qu’il avait oublié d’essuyer ses larmes.
- Dazai ! Quel bon vent t’amène parmi nous ?
Dazai s’approche à ses côtés. Fixant la tombe d’un air songeur… Ce n’était pas le moment pour se laisser seul avec lui-même dans son esprit. Liam n’aurait pas la force de le remettre à sa place.
- Je me disais que tu te trouverais ici. Après tout, tu avais passé la nuit à ses côtés avant qu'elle ne perde la vie...
Le mec, il sait comment faire pour consoler quelqu’un … il veut peut être une médaille ou quelque chose comme ça ?
- Est-ce que ça va aller ?
Liam lui fit un nouveau sourire en relevant les deux mains en pouce pour lui offrir comme une évidence qui ne pouvait pas être discuté.
- Bien sur que je vais bien ! On a réussi à se débarrasser de l'autre tout va bien ! … Je refuse de penser à l'hypothèse qu'il soit encore là compris ?
Pas devant la tombe de sa victime. Pas à voix haute. Pas alors que le monde semblait de toute façon pleurer les pertes qui ont été causé par quelque chose de plus fort qu’eux. Liam savait n’être qu’un humain, face aux Shi ki il n’avait été qu’un humain. Un enfant qu’on avait poussé à faire partir, à qui on avait caché la fin de leur village. Sa sœur ne lui avait jamais dit ce qu’elle avait vécu quand lui se cachait comme un lâche dans une autre ville. Il n’avait pas eu plus le courage d’ouvrir les mangas pour voir comment tout avait finit. Un lâche. Et tout comme à l’époque … Il était lâche de vouloir croire que tout irait mieux sans une menace sur leur tête. Il préférait son monde à lui. Sa vision des choses. Il ne voulait pas voir le reste. Dazai garda le silence en fixant la tombe. Pas longtemps.
- Il est peut-être mieux pour vous que vous partiez du principe qu'il ne le soit plus. Bill est loin d'être le seul méchant à Storybrooke qui souhaiterait en prendre le contrôle, mais si nous commençons à nous concentrer sur toutes les menaces que la ville porte sur ses épaules, c'est nous qui ne vivrons plus… Je vous ai déjà emmené trop loin.
Ne plus vivre ? Liam savait depuis longtemps ne pas être particulièrement attaché à la vie. Pas qu’il veuille mourir, ça non, mais il n’avait pas peur de mourir. Il se disait que de toute façon, la mort n’était même plus une fin en soi. Il se disait que ça ne ferait pas un grand chamboulement, dans aucune vie. Il se disait que disparaître serait mieux que de devenir un monstre tueur. Il se demandait toujours ce qui avait poussé les Shi ki a tuer les leurs, leurs amis, leurs familles. Et si un jour, ce genre de pulsion le ferait faire quelque chose qu’il devrait regretter. Il soupira un coup, simple et rapide, en observant le « Une fille aimée » écrit en épitaphe sur la tombe.
- Tu ne m’as pas obligé. Et avec ou sans moi, elle serait morte. Je me dis juste qu'avec j'ai pu lui laisser la chance de dire au revoir à sa mère.
Même si c’était que le fait de l’avoir sentit contre elle juste après sa mort, ou l’avoir entendu à l’hôpital … ou l’avoir ressenti. Il ne savait pas. Mais il se disait que cela avait été la meilleure chose à faire.
- Vous avez beaucoup parlé à l'hôpital ? Alyson et toi ? - Non. Elle n'était pas en état, mais sa mère a pu venir dans la salle d'opération et lui tenir la main. J'aime à croire que ça a permis quelque chose. Je suis un peu con non ? Je me sens particulièrement triste alors que je ne la connais même pas.
Il chassa les nouvelles larmes qui ne demandaient qu’à couler le long de ses joues pour lier la parole à la sensation mais il détourna le regard. Non. Il avait assez pleuré. Il ne laisserait pas le monde l’abattre. Il allait réussir à sauver la prochaine personne, et celle d’après, et celle d’après. Alyson était une personne qu’il n’avait pas pu sauver. Mais son nom, son existence ne faisait que donner encore plus envie à Liam de sauver le plus de monde possible.
- Tu es la dernière personne à qui elle aie parlé, Liam. Et de vous deux, tu es le seul qui soit encore en mesure de s'en souvenir.
Dazai finit par regarder vers Liam.
- Je pense normal que tu sois triste et cela justement parce que tu ne la connaissais pas.
Liam aurait préféré ne pas la connaître du tout, ignorer sa mort… ne pas se sentir coupable de quelque dont, il savait, il n’était pas coupable. Il n’avait rien fait pour précipiter sa mort. Bon elle l’avait attaqué, et retirer le poignard de son ventre ce qui a fait l’hémorragie et il a été obligé de se défendre pour ne pas se faire poignarder … mais elle serait morte tout de même non ? Il essayait de se persuader que oui. Que rien de ce qu’il aurait pu dire ou faire ne l’aurait empêché de donner son dernier soupir. Mais son cerveau refusa tout simplement et continua à lui envoyer des « et si ». Il finit par sourire encore et lui donner une tape sur l’épaule amicale. Liam n’était pas le genre à ne pas sourire n’est ce pas ? Il fallait sourire. Il n’avait pas le choix.
- Et je ne doute pas m'en souvenir jusqu'à la fin de ma vie. Et de cette aventure aussi. Je pense que la prochaine fois que tu me demandes de l'aide, faut pas oublier de me prévenir que je me prépare et il va rire en faisant semblant que tout vas bien.
Dazai laissa Liam parler et l’observait sans un mot. Liam savait qu’avec sa dégaine actuelle on pouvait voir le mensonge et le déni comme un nez au milieu d’une figure. Il le savait mais il ne pouvait pas faire autrement. Il n’avait pas mieux à offrir. Dazai lui répondit avec une pointe de remord.
- Je ferais attention. Tu comptes parler de cette histoire sur ton blog ?
La question. Liam avait réfléchit à cela. Beaucoup. Les morts, les vieux morts, il s’en fiche d’en parler. Il en parle comme des fantômes, des idées, des données. Alyson n’était pas une donnée. Il l’avait connu, et ça changeait tout.
- Je vais parler d'Alyson une fois que j'aurais l'autorisation de sa mère, je compte parler d'elle, parler de ce qu’elle était. Celui qui lui a fait du mal mérite de mourir dans l'oublie le plus total.
Parler d’Henry (et de Bill) surtout qu’il devait ne pas parler de SB serait intéressant pour tout le monde, et certainement plus « surnaturelle » et « fou » pour les Mysterious Ways… Mais Liam n’avait aucune envie de parler des deux. Parce que ça leur donnerait de l’importance, ça leur donnerait de l’immortalité, là où Alyson ne serait que le dommage collatéral qui n’aurait pas du avoir. Dazai resta silencieux concernant Henry, il n'en donna pas son avis. Il préféra sourire.
- Très bien, tu me passeras le lien ? - si ça t'intéresse oui, avec plaisir. Cela permettra à plus de monde de se souvenir d'elle.
Dazai acquisa et tourna les talons. Son regard se posa sur Liam. Il l’incita à en faire de même. Liam le savait. Il devait partir d’ici. Revenir dans sa réalité plus simple.
- Prends soin de toi surtout. - Ne t'en fais pas pour moi.
Il partit dans le sens opposé à lui. Il avait besoin de ce coup de pied au cul mental pour avancer, pour ne pas juste rester devant la tombe. Déjà sortit du cimetière, Brett et Scott l’attendaient alors que les trois firent un sourire entendu. Brett arriva alors qu’il monta sur son nez une feuille imprimé. Elle était encore chaude.
- Alors tu es prêt ?
Dessus, il y avait une réservation pour trois dans un l’hôtel dont parler Brett et Scott au début de cette histoire. Liam se mit à rire. N’Y avait que ses amis pour trouver qu’il était bien de prendre une réservation dans l’hôtel des suicide pour lui faire passer son chagrin !
- C’est parti, alors découvrir la vérité sur ce lieu !
Rosalia A. Prince
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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"Rappelle-toi toujours de cette leçon, on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux."
"Si jamais vous l'apercevez, ne me laissez pas si triste. Ecrivez-moi vite qu'il est revenu."
| Conte : Le petit prince | Dans le monde des contes, je suis : : Le petit prince
Notre aventure arrivait donc à son terme. Peu à peu, je voyais mes partenaires disparaître les uns à la suite des autres. Même si Stanford nous avait proposé de passer à l’hôtel pour un dernier verre, je n’étais pas des plus enchantée. J’étais simplement ravie de savoir que l’établissement ne s’était pas envolé en poussière et j’espérais très profondément que les choses restent ainsi. Cela dit, si cette aventure m’avait appris une chose c’est que l’entourage des Pines n’était pas des plus reposant. Entre le démoniaque triangle qui semblait prendre un plaisir infini à leur pourrir la vie et une pyromane en herbe qui menaçait de faire partir en fumée les possessions de cette famille, cela devait leur sembler loin d’être évident. J’étais en tout cas bien heureuse de ne pas être à leur place. J’étais cependant ravie de savoir qu’ils n’avaient plus rien à craindre. Après tout nous étions parvenus à remplir notre mission. Dipper et Stanford étaient de retour et devaient être ravis à l’idée de pouvoir regagner leur domicile. Cela dit, je n’étais vraiment pas dupe. Après ce que j’avais pu constater de la puissance de Bill, je me doutais bien qu’il finirait bien par refaire surface. Cela n’était donc que partie remise et en repartant chez moi, je me demandai si nos routes auraient un jour l’occasion de se recroiser.
Est-ce que j’avais apprécié cette aventure ? Je crois que cela serait mentir que de prétendre qu’elle n’avait pas éveillé chez moi un certain goût pour l’aventure. Ce n’était pas donné à tous de pouvoir vivre ce que nous avions dû affronter. Alors certes la conclusion était des plus dramatique. Judith avait perdu quelqu’un de cher à ses yeux pour déstabiliser nos adversaires. Liam aurait sans doute de la peine à se remettre de la disparition de la jeune femme qu’il n’avait pas réussi à sauver. Mais je ne pouvais malgré tout me débarrasser de ce sentiment d’excitation, même si cela me rendait affreusement coupable.
De retour chez moi, je retrouvais ma petite renarde Roxy cachée sous le canapé du salon, son jouet favoris entre les mâchoires. Même si elle ne l’avait suivi que de l’extérieur, cette aventure l’avait beaucoup marquée elle aussi. A chaque fois qu’elle entendait un bruit suspect à la porte, elle ne pouvait s’empêcher de grogner ou de se cacher. Elle avait tellement peur de se retrouver face à cet esprit incarné dans la voix de cette petite fille en détresse. D’ailleurs, lorsqu’elle me vit elle ne tarda pas à se rapprocher de moi, manquant de peu de me faire tomber en se faufilant entre mes jambes. Je la pris alors dans mes bras, tout en la serrant très fort.
« Allez, ça va aller ma toute belle ! Tu n’as plus rien à craindre, je te le promets. Tout va aller pour le mieux. »
Tout en prononçant ces mots, je ne pouvais m’empêcher de sentir ma voix tremble légèrement. Plus que parler pour Roxy, c’était en réalité moi-même que je tentais de convaincre. Je réalisais alors subitement que cette histoire m’avait beaucoup plus chamboulée que ce que j’avais imaginé à la base. Une chance pour elle, elle n’avait pas entendu parlés des morts que nous avions laissés derrière nous ou des dégâts que ces monstres avaient provoqués en ville.
Me servant un verre de bourbon que je gardais pour les grandes occasions, je m’étais installée devant ma télévision avec Roxy qui me servait de bouillotte. Zappant sans vraiment réfléchir de chaînes en chaînes, je ne pouvais m’empêcher de remarquer un phénomène étrange. Toutes les personnes qui avaient le visage tourné dans ma direction semblaient avec cette lueur jaune si caractéristique que j’avais vu briller dans les yeux d’Henry. Bien sûr, je savais qu’il ne s’agissait que de mon imagination mais la peur que j’avais ressentie tout au long de cette aventure avait bel et bien choisi ce moyen d’expression très déstabilisant.
Je finis donc par éteindre mon poste, préférant à cette activité un autre qui me plaisait tout autant. Je passais donc le reste de ma soirée devant ma planche à dessin, terminant le magnifique coucher de soleil printanier que j’avais débuté lors de l’une de mes nombreuses promenades en forêt. Cette fois-ci, je ne percevais aucun signe inquiétant. Même Mousse et ses billets verts ne pouvaient pas mettre à mal mon projet de terminer cette toile. Je m’endormais quelques heures plus tard, l’oreille aux aguets, mais heureuse de savoir que personne ne viendrait toquer à ma porte en réclamant mon aide.
Le lendemain matin, je ne travaillais pas et profitais de ma journée de congé pour me remettre lentement de mes émotions. Roxy semblait être alors calme et détendue. La présence de sa maîtresse à ses côtés devait sans nul doute y être pour beaucoup. Profitant de cette belle occasion pour mettre à jour mon blog de voyages en postant quelques photos qui reposaient encore dans les répertoires privés de mon ordinateur, je finis par penser à Liam et à sa passion des mystères.
Nous n’avions vraiment discuté que durant quelques minutes pendant notre aventure. Ce n’était pas beaucoup mais cela avait été largement suffisant pour que nous puissions nous accorder sur un point. Premièrement, nous apprécions tous les deux énormément les mystères et deuxièmement, nous étions tous les deux prêts à collaborer sur un autre projet.
Je connaissais les plans de mon coéquipier et de sa bande. Ils avaient tous les trois un tout nouveau projet sur le feu dont ils parlaient beaucoup sur les réseaux sociaux. Il s’agissait d’un projet visant à explorer un hôtel et à essayer de comprendre la source de la multiplication inquiétante des suicides qui s’y déroulaient. Ils prévoyaient de rejoindre dans quelques jours cet établissement pour pouvoir enquêter sur place. Une aubaine pour moi que je ne laisserais certainement pas filer.
C’est pourquoi, mon petit déjeuner terminé, je passais dans l’onglet des contacts du site internet et envoyait à cette fière équipe de combattant du feu et des mystères ce petit message.
Bonjour messieurs,
Cela fait longtemps que je suis vos exploits avec intérêt. Votre curiosité et votre goût pour le mystère m’a toujours beaucoup attirée. J’en ai parlé il y a de cela quelques jours avec votre camarade Liam. J’ai en effet eu la chance d’enquêter avec lui sur une série de mystérieuses disparations qui ont eu lieu ces jours-ci dans notre bonne vieille ville de Storybrooke. Au cours d’une conversation, il m’a laissé entendre que je pourrais une nouvelle fois vous accompagner dans vos enquêtes si jamais je le souhaitais.
C’est pour cette raison que je tiens tant à vous contacter aujourd’hui. Je souhaiterais savoir si vous accepteriez une quatrième tête dans l’enquête qui vous mènera bientôt à l’hôtel des suicides ? Je suis plutôt intelligente et si vous l’accepter je m’engage volontiers à vous prêter main forte et à me faire la plus discrète possible.
Je reste à votre disposition si jamais vous souhaiteriez en savoir plus sur moi.
Avec mes meilleures salutations
Rosalia P.
J’envoyais alors sans hésiter ce message, espérant de tout cœur avoir une réponse positive de leur part. J’avais bien envie de replonger la tête la première dans le monde du surnaturel. Au fond, j’étais un peu comme la famille Pines. Toujours prête pour de nouvelles aventures extraordinaires !
L’enquête était enfin finie. Enfin en apparence. Car ce n’était pas parce que Bill n’était plus de ce monde que les choses étaient réellement finies. Mais Judith ne voulait pas penser à tout ça, là tout de suite. Non, elle se sentait plutôt vide. Vide d’énergie, d’émotions. Pourtant, elle était heureuse de tourner la page de ses derniers jours. Rien n’avait été facile, comme souvent pour les enquêtes. Elle ne voulait pas penser à tout ce qu’elle avait vécu pour le moment. Elle aurait tout le temps de se replonger dans l’enquête dans les jours à venir. Pour être sûre qu’elle n’était pas passer à côté de quelque chose. Pour être sûre de n’avoir rien oublier. Même si, cette partie était déjà faite. Elle avait oublié sa mère qui n’était plus de ce monde. Non, jusqu’à maintenant, elle l’avait imaginé, devant elle à plusieurs reprises. Elle avait imaginé lui parler. Et elle se rendit compte qu'elle lui avait adressé un dernier mot par téléphone. Elle aurait tellement aimé pouvoir le faire en personne. Lui dire à quel point elle l’aimait. Combien elle lui avait manqué pendant ses années à New-York. Combien elle était désolée d’être partie.
Judith se sentait coupable dans le fond, coupable de ne pas être rentrée à temps pour pouvoir lui dire au revoir. Coupable de ne pas avoir été là dans les moments les plus sombres. Et encore moins pour soutenir sa famille dans cette épreuve. Avait-elle fait en sorte que son corps bloque toute cette tristesse ? Sans doute. Et maintenant, qu’allait-elle faire ? Qu’allait-elle devenir sans sa mère ? La personne qui aurait dû être là à son mariage, l’aider à choisir la robe de ses rêves. La personne qui aurait dû tenir pour la première fois ces petits enfants. La personne qui ne verrait jamais ses enfants grandir et devenir de beaux adultes. Elle se sentait stupide de ne pas avoir vu la tristesse dans les yeux de ses frères et sœurs.
Pourquoi n’était-elle pas rentrée directement chez elle retrouver sa famille ? Non, à la place, elle avait suivi le petit groupe, allant boire un verre ou bien plus qu’elle l’aurait dû. Juste pour fêter… Fêter quoi ? La mort de sa mère ? La mort de Bill ? Les disparus ? Non, elle n’aurait pas dû boire autant. Pourtant, elle l’avait fait, encore et encore. Et c’est tout naturellement qu’elle avait fini par dormir dans sa voiture. Elle avait encore sa tête malgré tout. Et avoir un accident de la route était la dernière chose qu’elle voulait. Non, son père avait déjà assez de peine comme ça, elle ne voulait pas lui en donner plus. Elle ne voulait pas qu’il ait à enterrer une autre personne de sa famille qu’il aimait tant.
L'alcool l’avait beaucoup aidé à s’endormir, malgré que son sommeil avait bien plus agité qu’elle ne l’aurait pensé. Et en se réveillant au petit matin, avec les premiers rayons de soleil. Elle avait mis du temps à remettre ses idées en place. Elle avait pensé à un mauvais rêve, puis les mots d’Aron lui étaient revenus en tête. Elle ne rêvait pas. Tout était réel. Elle avait pris la route, allant dans un premier temps dans un supermarché, prendre de quoi boire, de quoi faire en sorte d’être réveillé. Puis, elle prit de nouveau la route pour se rendre chez Anil. Se garant devant chez lui, elle resta de longues secondes, peut-être de longues minutes devant. Elle ne savait pas comment elle allait lui annoncer que son père était réellement plus de ce monde. Les mains serrées sur son volant, la jointure de ces dernières blanchis. Elle aurait aimé pouvoir lui annoncer une bonne nouvelle.
Elle était descendue de la voiture, et avait traîné des pieds jusqu’à la porte. Puis, elle avait donné trois petits coups et avait attendu. Pas longtemps. Et la porte s’était ouverte sur Anil. Judith n’avait pas eu le temps de dire quoi que ce soit que l’adolescent se retrouvait dans ses bras. Il avait sans doute compris. Souvent, dans ces moments-là, il n’y avait pas besoin de parler. Non, le regard avait parlé pour elle. Elle avait tout fait pour ne pas pleurer, non, ce n’était pas très professionnel. Mais elle savait la douleur qu’il pouvait ressentir à ce moment. Elle lui avait caressé les cheveux, le laissant reprendre ses esprits avant de s’installer sur la marche. La jeune femme lui avait tout raconté. Il avait le droit de savoir pourquoi il était le seul à penser que son père était vivant. Peut-être que de savoir la vérité, l’aiderait à tourner la page, du moins, essayer.
Elle ne savait pas combien de temps, elle avait passé avec lui. Sans doute bien plus qu’elle ne le pensait. Mais elle l’avait écouté. Elle avait pris le temps d’écouter tout ce qu’il avait à dire. Elle l’écouta raconter sa vie auprès de son père. Un homme aimant qui ne méritait pas de mourir. Elle pouvait ressentir l’amour que portait Anil à son père dans ses paroles. Elle avait trouvé ça adorable, malgré la peine qu’il pouvait ressentir. Elle l’avait réconforté quand il avait pleuré. Elle apprit que c’était sa tante qu’il prenait soin de lui depuis la mort de son père. Qu’il la considérait comme sa mère. Puis, il avait été temps pour elle de partir. Elle l’avait serré dans ses bras avant de partir. Elle avait souri en montant dans sa voiture en se souvenant de sa promesse. Plus de choses illégales.
En rentrant chez elle, elle remarqua que sa famille n’était pas encore arrivée. Et dans le fond, elle fut contente, parce qu’elle ne savait pas comment elle allait réagir en voyant son père. Le pilier de la famille. Celui qui portait à bout de bras ces six enfants. La première chose qu’elle ressentie en ouvrant la porte de chez elle, ce fut le silence. Ce silence pesant, étouffant qu’il lui fit ressentir encore plus cette solitude. Pourquoi se sentait-elle aussi seule ? Elle avait toujours sa famille, famille qui l’aimait, qui était là pour elle. Elle avait ses amis, ses nouvelles rencontres qui allaient sans doute chambouler sa vie. Mais Judith se sentait seule, alors qu’elle venait de passer des jours à chercher la personne, cette personne qui venait de lui faire ressentir une nouvelle fois cette douleur. Parce qu’elle l’avait déjà ressenti, il y a quelques mois. Le monde pouvait être injuste, mais elle savait qu’ils avaient souvent des épreuves et que celle-ci la rendait bien plus forte.
Alors qu’elle s'apprêtait à fermer la porte, elle entendit la voiture de son père. Elle entendit les portes claquées et les rires. Se tournant, elle embrassa chaque membres de sa famille alors qu’ils montaient sans doute ranger leurs affaires. Puis, elle vit son père, et elle ne put faire qu’une chose. Une chose unique. Courir dans ses bras alors que les larmes coulaient sur ses joues. Les bras autour de son buste, son nez dans son cou, elle se laissa aller à sa peine. Alors que son père lui caressait les cheveux, lui chuchotant des mots doux. Elle n’avait pas besoin de parler, il comprenait. Il comprenait toujours. Alors qu’elle reculait doucement, elle sentit les pouces de la personne qui l’avait élevé passer sur ses jours, essuyant les larmes.
“Elle serait tellement fière de toi. Elle l’a toujours été. Ne t’en veux pas. Ne t’en veux jamais d’avoir fait ta vie. Elle comprenait, et respectait ton choix. Elle veillera toujours sur toi. Avec sa douceur et son amour.”
Judith replongea dans les bras de son père, laissant de nouveau ses larmes couler. Ce dernier attendit, lui caressant les cheveux de nouveau. Elle se recula avant de tout simplement l’aider à ranger les bagages. Avant de se mettre à discuter avec son père. Puis bien vite, les petits furent de la partie. Racontant leur petit week-end. Elle était contente qu’ils aient pris le temps de passer un moment en famille, loin de tout ce qu’il s’était passé en ville. Puis, elle monta en haut, elle savait ce qu’elle allait faire, juste le temps de quelques jours. Juste le temps de pouvoir se reposer et d’oublier. Préparant un sac, elle prépara aussi des couvertures et oreillers avant de descendre. Son père lui fit seulement un signe de la tête, il savait, c’était tout.
Se rendant dans la grange, elle sourit devant le van qui se trouvait devant elle. Le van de sa mère, voilà ce qu’elle allait prendre pour faire son petit voyage. Lançant tout ce qu’elle avait dans les mains à l’arrière, elle monta dedans. Elle resta un petit moment, juste à sentir l’odeur, la douce odeur que sa maman avait toujours sur elle. Avant de mettre le contact et de simplement prendre la route. Elle s’arrêta dans un premier temps dans une épicerie. Il fallait bien qu’elle ait de quoi manger, sans doute un peu trop. Avant de repartir, s’arrêtant chez un fleuriste. Elle prit un bouquet de tournesol, la fleur préférée de sa mère, avant de se rendre au cimetière. Marchant en silence dans l’allée, elle la trouva. Se mettant à genoux, elle posa les fleurs.
Et Judith resta. Elle ne savait pas combien de temps, elle était restée là. Elle avait peut-être même arrêté de respirer. Du moins, c’était l’impression qu’elle avait. Chaque nouvelle bouffée d’air était pour elle une nouvelle souffrance. Pourquoi vivre alors que celle qu’elle aimait le plus sur terre n’était plus de ce monde ? Elle ne pleura pas, non. Elle resta simplement, le regard dans le vide jusqu’à ce qu’on vienne lui tapoter sur l’épaule. Relevant les yeux, elle tomba sur un monsieur, sans doute le gardien.
“Il faut partir, il se fait tard m’dame.”
La brunette lui adressa un petit sourire, avant de se diriger vers la sortie. Remontant dans son van, elle mit le contact avant de prendre la route. Se dirigeant vers… Elle ne savait pas vraiment, elle savait juste qu’elle quitterait Storybrooke. La nuit était tombée et dans la nuit noire, elle n’aurait jamais pensé tomber sur quelqu’un en pleine forêt.Et Judith resta. Mana. Judith se demandait bien ce qu’elle pouvait faire là, avec son sac sur l’épaule. Alors, elle s’arrêta, ouvrant la fenêtre. Elle la vit approcher avant de s’appuyer dessus. La jeune femme était un peu surprise de la voir ici. Elle n’avait pas l’air forcément en forme.
"Manhattan… Que fais-tu ici ?”
“Tiens, la petite Judith… Je cherche la porte pour sortir des enfers. - Un silence s'ensuit. - Je plaisante. Je me… Promène. Et toi ?”
Judith fronça les sourcils. La porte des enfers. Mana ne devait pas être au plus haut de sa forme. Elle ne préférait rien dire. On ne pouvait pas dire qu’elles étaient de grandes amies. Mais on ne pouvait pas dire qu’elles étaient ennemies non plus. Loin de là. Elles n’avaient juste pas appris à se connaître correctement.
“Ooh.. Tu te promènes en pleine nuit ? Je.. Je ne sais pas. Je prends simplement la route."
"Les monstres sortent la nuit, chérie. - Elle fit un sourire forcé. - Enfin... Les vrais se cachent en plein jour, apparemment. Tu pars sans savoir où aller ni pendant combien de temps ? Et toute seule."
"Mhh... Il n'y a apparemment que des monstres qui sortent la nuit. - Elle va hausser les épaules. Tout à fait. Enfin, j'avais peut-être quelques idées, mais sans plus. Combien de temps ? Le temps qu'il faudra ... Je pense."
“Laisse-moi deviner : comme un besoin de partir loin, de te vider la tête et de ne plus penser à tous ceux qui te méprisent parce qu'ils ne peuvent pas comprendre les limites à ne pas dépasser ? - Elle regarda la forêt avant de revenir à Judith. - Allons-y."
"C'est presque ça.. On va dire que les récents événements et mon trou de mémoire accidentel fait que j'ai besoin de partir.. Comment ça allons-y ? "
"Eh bien, rien que ça. Si ça a à voir avec ces abrutis qui se battent en plein centre-ville, je ne veux pas savoir. - Judith la vit monter avant de s’asseoir à côté d’elle. La jeune femme ne comprenait pas et fit les gros yeux. - Allons-y. Conduis jusqu'à la prochaine ville, faisons la tournée des bars, dansons avec qui on veut, oublions tout et amusons-nous. Et ainsi de suite jusqu'à n'en plus pouvoir. T'en dis quoi ? - Elle détourna le regard. - J'ai besoin de disparaître, moi aussi."
"Alors tu n'en sauras rien. Je ne dirais rien. D'accord, j'aime bien le programme. Sans prise de tête. Juste oublier tout ce qui se passe. - Elle lui balança un guide. - Tient, choisis notre destination. Peut-être qu'une ville te tapera à l'œil. Ou bien le nom d'un bar.. Alors c'est parti."
Judith se remit en route. La situation pourrait paraître étrange, et elle l'était. Mais ne pas être seule ne dérangeait absolument pas la jeune femme. Elle aurait sans doute rouler sans but précis ou aurait fait demi-tour bien plus tôt qu'elle le voulait. Et ce n'était pas le but. Le but était qu'elle se sente le mieux possible pour pouvoir rentrer et reprendre son travail. Elle avait seulement envoyé un message à Chris en lui expliquant tout ce qu'il s'était passé. Et comme quoi elle prenait quelques jours avant de mettre son téléphone en silencieux. Elle ne voulait pas être dérangée. Mais elle pourrait toujours répondre si, son père ou un autre membre de sa famille l'appelait.
"Laissons faire le hasard, c'est bien plus drôle. - La brunette la vit ouvrir une page au pif avant de laisser tomber son doigt. - Bingo ! Midnight Sun, ça n'a pas l'air si mal. Fais... Euh... Fais gaffe, OK ? Je n'ai pas envie de finir sous un camion."
Bien, tu sais la route, du moins, celle qu’il faut suivre. Oui, je conduirais jusqu’au bout. Je n’ai pas envie de finir sous un camion non plus.”
Elle ne savait pas vraiment comment aller se passer cette nouvelle aventure. Mais peut-être que Judith était contente dans le fond, de ne pas partir seule. Elle aurait roulé sans but et aurait passé les prochains jours dans un hôtel. Puis, elle avait bien vu que Mana n’allait pas bien non plus. Autant essayer de se soutenir l’une et l’autre. Et voir où tout ça aller mené. Sans doute un trop-plein d’alcool, de personnes et de danse.