« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Nami observait la mer calme en face d’elle. Un peu comme une statue, elle n’osait pas regarder ni Elena qu’elle sentait derrière elle … ni sa sœur et James. Elle n’avait pas peur des hauteurs dans l’eau… mais sur l’air, elle avait plus de mal … et voir sa sœur dans un équilibre précaire ne l’amusait pas.
De son côté Nérina avait comprit tout ce qui n’avait pas été dit. James faisait le fier, mais il n’en menait pas large… là où son tempérament sans peur lui permettait de faire ce genre de chose avec plus d’assurance. Elle essayait de le rassurer pour prendre sa place dans ce qu’il voulait faire.
- ne t’en fais pas, tu me rembourseras l’aide une autre fois, quand je me retrouverais devant quelque chose qui me terrifie pareil.
Elle suivit ce qu’il dit doucement. Elle regarda le pavillon. Elle pensait que le pavillon aurait encore de l’impacte, mais ne préféra pas lui dire au cas où elle est tord. Le contact de le main de james sur son bras l’électrocuta. Elle observa en papillonnant des yeux. Elle avait utilisé sa magie sur lui récemment, et leur lien était encore présent lorsqu’il y avait un contact. Elle lui sourit en posant doucement une main sur la sienne.
- ne t’en fais pas, j’ai la peau dure.
Elle avait vécu assez de situation dangereuse pour ne pas mourir à cause d’hélice. Elle s’avança alors sans se faire de soucis sur les hélices, ni sur les dangers de cette entreprise. Elle écouta attentivement l’homme derrière lui qui parler. Elle avait envie de lui dire que ce n’était pas la peine de parler, mais elle se doutait que ce n’était pas pour elle qu’il parlait ainsi. Fin pas que pour elle.
- Elle t’aime toi. Sinon elle t’aurait déjà tabassé pour ce que tu dis sur elle. Je comprends cependant que savoir qu’on va mourir et ne pas vouloir vivre peu l’agacer.
Nérina n’était pas sur qu’il entendait les réponses qu’elle donnait à tout ce qu’il disait … peut être avait elle dit aussi qu’elle ne voulait pas le voir mort, que ça serait dommage, mais sa phrases préféra mourir dans l’eau. Alors qu’elle était en train de mettre le pavillon, la phrase qu’il dit arriva à son cerveau, et elle fut obligée de relever la tête rapidement. Pas aimer quoi ?
- Tu n’aimes pas l’eau parce que tu n’as pas appris à la comprendre. L'eau aussi t'aime.
Elle se reconcentra un instant sur le pavillon et le mit alors qu’elle revenait déjà vers lui avec toute la grâce d’une … sirène dans l’eau ? Elle sourit alors et reprit.
- je ne comprends pas tout ce que tu me dis, mais ce que je comprends c’est que tu es une personne capable d’aider deux sirènes dans une folle aventure, alors l’eau ne peut que ….
Alors qu’elle était en train de parler, le bateau dévia d’un coup. Nérina fini par tomber en avant… Elle releva les yeux vers Nami qui criait déjà un « désolée y avait quelque chose dans l’eau ». Nérina allait se relever avant de réaliser qu’elle était tombée … pile sur James. Si ce n’était pas cliché cette situation. Mais …. Comme quand il l’avait touché juste avant, corps contre corps, Nérina avait des informations sur l’eau. Elle lui disait clairement de le protéger.
- Désolée ....
mais elle ne bougea pas. Ses yeux avaient pris une couleur bleu clair alors qu'elle sentait la magie de l'eau qui glissait sur elle.
Plus stressé qu’un adolescent à son bal de promo, alors qu’il comptait dire à la reine du bal qu’il la trouvait très jolie, James piaillait comme une vraie pie, incapable de s’arrêter. Ses mots n’avaient pas beaucoup de sens, distribués au hasard, de manière très désordonnée, influencés par les questions qu’elle avait pu lui poser et auxquelles il n’avait jamais répondu. C’était l’occasion ou jamais, en vérité, d’en apprendre plus sur lui, sur Elena, sur leur étrange vie. Au milieu de ce stress, James arrivait, tout de même à s’inquiéter pour la sirène, à la mettre en garde. Évidemment, cela ne fonctionna pas. Nérina avait cette fierté tout à elle qui l’empêchait de voir le problème. Ou quelque chose comme cela.
James, en tout cas, nota au fer rouge, dans son esprit, qu’il lui en devait une et qu’il n’hésiterait pas à rembourser sa dette, quand l’occasion se présenterait. Elle venait, plus ou moins, de lui sauver la vie, en vérité, même si elle ne devait pas s’en douter. Il ne dit rien, mais il le pensa très fort et essaya de ne pas laisser paraître, sur son visage, ce qu’une telle promesse pouvait signifier pour sa famille. Son père le lui avait dit, déjà, plusieurs fois. Si quelqu’un te sauve la vie, alors tu lui en dois trois. Ou quelque chose dans ce genre-là. Nérina venait de lui enlever une grosse épine du pied et c’était à lui, désormais, de racheter sa dette… trois fois. C’était peut-être idiot, mais c’était comme cela.
Il ne dit rien, non plus, sur le fait qu’elle ait la peau dure. Même face à une sirène, il doutait que les hélices ne fassent pas de grosses entailles dans ses bras, son ventre, son corps tout entier. Il ne préféra pas y penser, l’imagination débordante, et se détourna des effusions de sang, dans son esprit, pour s’adonner à sa nouvelle passion : le stress et les aveux débiles. Il avoua tout, presque d’une traite, sans même y penser, trop perdu pour s’en rendre compte. La mer avait ce pouvoir étrange, sur lui, de l’inquiéter plus que de raison. Il pouvait faire le malin, sur le pont ou derrière les commandes, mais face aux remous, il n’était plus qu’un petit garçon traumatisé.
Ce qu’il ne pouvait pas faire comprendre à une sirène. Ce constat le frappa soudain, alors qu’il le lui disait lui-même. Les sirènes ne pouvaient pas se noyer. Elles ne pouvaient pas comprendre ce que c’était de se retrouver ballotté d’un côté et de l’autre, le poids que c’était, toute cette eau qui appuyait sur lui, la brûlure du sel dans tout son corps. Pour elle, c’était naturel de nager, de remuer avec les courants, de glisser vers le haut, vers le bas, où elle voulait sans s’inquiéter de couler. Pourtant, lui, il avait coulé. Encore et encore. Jusqu’au fond.
James papillonna un peu des cils face au constat qu’elle lui offrait très franchement. Elena l’aimait lui. Il eut très envie de lui assurer que la furie n’hésitait pas à le frapper, même si cela faisait longtemps que ce n’était pas arrivé. Il était prêt à parier qu’elle ne se serait pas gênée, tout à l’heure, dans son bureau, si elle avait vu le magnifique trou qu’il avait fait dans le mur, avec sa balle. Elena avait une certaine violence, en elle, qui s’écrasait contre James comme contre un mur. Il s’en fichait, au fond. En tout cas, il savait que Nérina avait raison, même si elle ne pouvait pas savoir les images que cela réveillait en lui de l’entendre dire qu’Elena « l’aimait »… Il ne valait mieux pas qu’elle sache.
– À quoi bon ? répondit-il, en haussant les épaules. Vous êtes drôles, vous toutes, mais j’aimerais bien vous y voir, à ma place. J’aurais dû faire quoi ? Avoir une petite famille, un bon travail, faire bouger les choses pour que soudain, pouf ! il n’y ait plus rien ? Pourquoi forcer quelqu’un à affronter l’inévitable en sachant pertinemment que ça arrivera ? Je préfère encore attendre que ça me tombe sur le coin du nez tout seul, dans mon coin. Au moins, il n’y aura personne pour pleurer.
Le deuil n’était pas une chose qui le mettait bien à l’aise, combiné à la proximité des vagues, il fut peut-être un peu sec, mais il pensait ce qu’il disait. Selon lui, les choses étaient bien mieux ainsi. Quoi qu’il arrive, de toute façon, il allait mourir très vite, beaucoup plus tôt que la plupart des humains. Alors pourquoi devrait-il infliger sa mort à quelqu’un ? C’était mieux si personne ne le regrettait. Elena s’en remettrait vite, elle. Déjà, parce qu’elle aurait enfin la paix, et surtout parce que la mort, elle connaissait.
– L’eau m’aime, répéta-t-il, avec un rictus moqueur.
Il n’en croyait pas un mot, mais il ne pouvait pas l’expliquer à une sirène. Elle ne comprendrait pas car, pour elle, l’amour de l’océan était inscrit dans ses gênes. Pas dans ceux de James. L’eau ne voulait pas des intrus, elle les malmenait et les recrachait mort, sur la plage. Et, au fond, il le comprenait ! Ce n’était jamais évident d’accepter un inconnu dans un monde qui n’en connaît que rarement. La mer avait, déjà, bien assez à faire avec toutes les espèces qui la peuplaient pour ne pas, en plus, avoir à supporter un humain.
James lui aurait bien répondu, ou coupé même, pour rejeter ses arguments par une simple constatation : il était un gardien, c’était ce que l’on attendait de lui. Il était là pour aider, pas pour enfoncer les gens dans leur merde. Mais il n’en eut pas le temps. Nérina fut coupée dans ses explications quand le hors-bord tangua dangereusement. La vue de l’horizon qui basculait soudain eut raison des dernières défenses du gardien, qui ne chercha pas à garder son équilibre. Il s’effondra contre les planches du pont.
Un dernier réflexe, sorti d’il ne savait trop où, lui permit de tendre les bras et de réceptionner Nérina qui, elle aussi, basculait… sur lui. Les deux adultes tombèrent à la renverse et la tête de James cogna un peu fort les planches en bois. Il grimaça, sous la douleur, mais se contenta de baisser les yeux vers la sirène, sans rien dire. Il ne pouvait rien dire, de toute façon. Le vide, sous ses pieds, le faisait basculer des années en arrière, par-dessus la rambarde du bateau, droit dans les abîmes.
Le poids de Nérina (même si elle était légère, évidemment, hm) lui rappela la pression de l’eau, tout autour de lui. Il se sentit attiré vers le fond, sans rien faire pour remonter à la surface. La brûlure du sel, dans sa gorge, lui donna envie de tousser, mais il n’en fit rien, conscient que la moindre toux aurait l’effet inverse, le forcerait à avaler l’eau au lieu de la cracher. À mesure qu’il tombait, l’obscurité l’enserrait, le froid, aussi. Il entendit les grondements de l’océan, ses sifflements stridents, le chant de tous ces animaux qui pullulaient, en dessous, et qui hurlaient devant l’intrus. Puis une ombre qui plongeait jusqu’à lui, une main qui se refermait sur son poignet et le ramenait à la surface.
James dégagea une main pour se masser le crâne, alors qu’une pointe de douleur lui piquait le cuir chevelu. Tiré de ses traumatismes, il se rendit compte qu’Elena venait de lui lancer un truc pour le réveiller un coup. Il n’eut pas la force de s’en plaindre, tandis que ses yeux bleus fixaient la sirène, au-dessus de lui. Elle avait, dans le regard, une lueur inquiétante qui, inévitablement, l’inquiéta. Sans plus de cérémonie, il posa les mains sur ses joues et tapota gentiment sa peau blanche pour essayer de la « réveiller ». Il n’avait pas besoin d’être devin pour comprendre que leur contact rapproché avait un certain pouvoir, sur elle, et qu’elle devait « voir » ce qu’il voyait aussi, d’une manière ou d’une autre.
Sauf qu’il était prêt à parier qu’aucune sirène au monde n’était prête à supporter le rejet de l’océan.
– Nérina ? Ça va ? Reviens sur terre. (Ce qui était assez étrange à dire à une sirène.) Oublie ce que tu vois ou sens, ou bref. C’est faux, ça n’arrive pas vraiment.
Il essayait de la rassurer, mais il n’était pas certain que ses mots aient un quelconque pouvoir sur elle. Alors, il fit la seule chose qui était en son pouvoir : il ferma les yeux et essaya de se concentrer sur autre chose. Mais à quoi pouvait-il penser ? Les images défilèrent dans son cerveau à une vitesse hallucinante. Il revit le trou dans le mur de son bureau, Elena qui passait la tête par la porte, il s’imagina, un instant, la seule fois où ils avaient osé s’embrasser (et plus si affinités mais il ne fallait pas le dire) quand il était encore jeune, très jeune. Il préféra, néanmoins, se détourner très vite de cette partie, une erreur qu’il n’avait pas commise deux fois, pour se concentrer sur autre chose. Il y eut, alors, la vision de Nami, échouée sur la plage. L’inquiétude pour l’enfant qui sortait de l’eau, le regard qui se détourne pudiquement de la nudité. Puis, Nérina, furie furieuse qui débarquait au milieu de son salon et lui sautait à la gorge, ou presque, pour l’embrasser.
James n’avait plus d’idée à part celle, suicidaire, de la pousser violemment sur le côté pour, qu’enfin, elle cesse d’être si près et de le toucher. Mais bon, il préféra attendre si, là, déjà, la sirène réagissait. Ensuite, il aviserait.
Axel Oswald
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Nérina avait voulu défendre son point de vue… vivre une vie que tu passes comme un mort ce n’était pas vivre. James avait passé une vie à le faire. A ne pas vouloir de futur parce que le futur il n’en avait pas … pourtant il était encore vivant en ce moment même. Il était vivant, et il pouvait parler, il aurait pu avoir une femme qui l’aime, des enfants. Passer sa vie comme un vivant. Nérina aurait voulu dire tout cela …. Mais elle ne le pu pas. Pour plein de raisons. Déjà, commencer une discussion aussi profonde à deux doigts de se faire déchiqueter par des hélices de bateau c’était pas le pied … ensuite, ça ferait revenir trop loin en arrière et ça, ça l’énerve et en plus, elle aurait besoin d’être à proximité pour lui botter le cul. Trois bonnes raisons qui firent qu’elle se tut et ne dit pas ce qu’elle pensait réellement au fond de sa tête … et cela malgré le fait qu’une grosse partie de son cerveau lui crie de le secouer comme un prunier.
Non, elle passa plutôt à la vision qu’elle était en train d’avoir… La mort. Il avait tord sur une chose (idée n°1) les sirènes pouvaient se noyer. Cela s’appelle un suicide et c’était là une des manières les plus atroces pour une sirène de mettre fin à ses jours… un peu comme se prendre un train sur la terre ferme, ou de se taillader les bras pour regarder le sang couler. Quelque chose comme ça.
Mais donc, oui. Les sirènes sentaient la noyade, et pouvaient la connaître. C’était mourir. Et Nérina ne pouvait rien faire contre celle qu’elle était en train de vivre. Elle était en train de vivre sa mort, et elle ne pouvait rien y faire. Ce n’était pas elle qui décidé de ne pas respirer. Elle n’était plus connecté dans le présent, mais dans un futur. Elle y avait déjà pensé à mourir. Et toutes ses pensées étaient en train de s’entrechoquer dans sa tête. Elle mourrait. Elle entendait la voix lointaine, mais ne voyait rien que l’eau sur sa tête.
Elle vit le baiser échangé entre James et Elena... Sentait-elle une pointe de jalousie ? Non c'état trop tôt. Quelque chose la ramena un instant sur la vision de l’homme sous elle. Elle ne bougea pas pour autant. Elle papillonna des yeux plusieurs fois. Avant de s’approcher de lui, et de l’embrasser à nouveau.
La première fois, elle lui avait tout pris. Elle avait utilisé l’eau de son corps pour savoir si l’homme était bon. Elle avait sodé son « âme » à travers l’eau. Le second contact l’avait fait se noyer. Elle était morte dans ce rêve si proche de la réalité qu’il lui avait offert. Et là, elle lui montrait. Elle lui montrait, sous l’océan. L’agréable senteur d’être à côté d’un courant marin et qui déplace les cheveux. Le fait de pouvoir nager à côté d’un dauphin, de se tenir à lui alors qu’on s’enfonce. Le fait de pouvoir nager avec un requin aussi. De pouvoir jouer avec lui à la course. Elle lui montra plein de petit bonheur, des petits bonheurs océaniques. Avant de se reculer du baiser. Ses yeux toujours d’un bleu étrange. Elle lui sourit.
- Je suis désolée James, mais maintenant je te lâcherais plus tant que tu continueras à avoir peur. Je vais tout faire pour que tu n’aie plus jamais peur.
Malgré elle, elle passa un main sous le menton de l’eau pour plonger son regard dans le sien…. Elle n’était clairement pas encore elle même. Un pied dans le souvenir de ce qu’elle venait de voir. Mais assez pour savoir qu’elle ne laisserait pas un homme bien comme lui, ni mourir, ni avoir peur de l’eau.
Se fut Nami qui arriva et prit Le Bras de Nérina pour la relever. La blonde observa l’eau et fit un sourire à nouveau à sa soeur. Puis, ses yeux redevinrent normaux. Et elle tendit sa main à James.
- Je ne pensais pas que la magie à proximité des gardiens serait aussi forte. Désolée.
James ne voulait pas imposer sa noyade à la sirène. S’il l’avait pu, il aurait tout fait pour qu’elle ne puisse pas vivre cette sensation. Le gamin qu’il avait été était traumatisé par ce souvenir. Il ne voulait pas imaginer le pouvoir d’une noyade sur une sirène, une créature habituée à vivre sous l’eau, dans l’eau, grâce à l’eau. Il ne voulait pas qu’elle souffre comme il avait souffert, incapable de résister à la puissance de l’élément qui le rejetait. Pourtant, il ne pouvait rien faire. Impuissant, il regardait les yeux de la sirène qui le fixait sans le voir, bloquée dans les sensations partagées avec le gardien. Il ne savait pas quoi faire pour l’aider et, visiblement, penser à autre chose ne l’aida pas vraiment. S’il l’avait su, il ne se serait pas laissé perturber par ses propres souvenirs.
Au-dessus de lui, la sirène sembla revenir à elle, même s’il ne fut pas certain de comprendre pourquoi. Lui-même ne savait plus à quoi penser pour qu’elle ne s’attarde pas sur les sensations qu’il avait déposées dans son esprit. Ce n’était pas sa volonté, mais il ne savait pas ce qu’il pouvait faire pour réparer son erreur. À la place, il se contenta de vérifier qu’elle allait bien, que la chute ne l’avait pas blessée. Tout semblait dans l’ordre. Il se permit même de lever la main pour indiquer à Elena que tout était bon et qu’elle pouvait retourner en cabine. Nérina était revenue sur le pont du hors-bord et personne n’était blessé. Tout était fini.
Ce fut ce qu’il crut, loin de se douter que ce n’était pas du tout le cas.
Puis James se figea, incapable de bouger, alors que Nérina se penchait sur lui pour l’embrasser. Il écarquilla les yeux, avant de sombrer dans les images qui l’assaillirent. Il essaya de comprendre l’amour de la sirène pour l’océan, mais si les images furent belles, si la joie de la sirène vint réchauffer son cœur, il eut du mal à se sentir à l’aise face aux différentes scènes. Comme bloqué sur son siège de cinéma devant un film qui l’écœurait autant qu’il lui donnait envie de rester. Il comprit, en quelques sortes, ce qu’elle essayait de lui montrer, de lui faire comprendre. Il comprit, mais il ne pouvait pas être d’accord. Quelque chose, au fond de lui, était trop ancré dans son cœur, dans son âme, pour qu’il puisse totalement se laisser aller à la joie d’être un être marin.
La sirène se recula enfin, mais James resta sur ses gardes, les yeux fixés sur ceux de Nérina qui continuaient de briller. Il mit ses mots et ses gestes sur le coup du pouvoir qui remuait en elle. C’était le mieux qu’il pouvait faire, en cet instant, pour affronter ce qu’il venait de se passer et ne pas penser à la main qu’elle glissait sous son menton pour plonger son regard dans le sien. Il préférait croire qu’elle ne pensait pas véritablement ses mots et qu’elle finirait, tôt ou tard, par laisser tomber ce qu’elle venait de lui dire. Il ne voulait pas avoir Nérina sur le dos à cause de cette histoire d’eau et Elena concernant la mort.
Il avait eu sa dose de bonnes femmes (ou chieuses) jusqu’à sa mort.
– On pourra barboter au bord de l’eau, si tu veux, mais on va éviter les baisers, d’accord ? Je suis sûr que je peux comprendre les choses comme tout le monde, avec des mots.
James ignora totalement Elena, sur le côté, qui n’était pas retournée en cabine, mais les regardait et fit non de la tête en l’entendant parler. Il n’avait pas besoin de son avis sur la question. Bien sûr que si, il pouvait comprendre avec des mots ! Il ne voulait juste pas comprendre ce qu’Elena lui disait. C’était tout à fait différent. Il n’y avait, de toute façon, rien à comprendre dans ce que pouvait lui dire sa colocataire. Parler de vivre sa vie à un condamné à mort n’avait pas le moindre sens.
Nami vint chercher Nérina et le gardien roula sur le côté pour se relever le plus loin possible des deux sirènes. Il ne faudrait pas, non plus, que la plus jeune prenne exemple sur la plus vieille ou James finirait par se jeter volontairement par-dessus bord pour échapper aux cinglées qui peuplaient les bateaux. Même si, de base, James exécrait le machisme et le sexisme, il allait peut-être finir par comprendre les marins qui refusaient de voir la moindre femme sur le pont des navires.
Il s’aida, tout de même, de la main de Nérina, par principe, et sourit à la sirène qui s’excusait… à sa manière. Ce n’était pas de sa faute, ça, il voulait bien le croire. Il doutait que la blonde ait eu envie de faire tout ceci de son plein gré. Après tout, il n’y avait pas si longtemps, elle voulait plutôt l’égorger.
– Ce n’est pas grave, assura-t-il, même s’il rêvait que ça n’arrive plus. Le mieux, ce serait peut-être de garder nos distances pour le moment, d’accord ? On fait attention de ne plus se toucher et ça devrait se calmer, non ?
Il fut presque suppliant, incapable de deviner de lui-même si les pouvoirs de la sirène finiraient par s’habituer à la proximité du gardien, ou s’ils étaient condamnés à devoir garder leurs distances. Ce qui ne le dérangeait pas tellement, en vérité, tant qu’il se gardait loin de la probabilité d’attirer les baisers intempestifs de la sirène, ça lui allait.
– Reprenons la route, nous ne devrions plus être très loin et le pavillon est accroché, désormais.
James se racla la gorge, un peu déstabilisé, et jeta un coup d’œil à Nérina, en passant à côté. Un détail venait de le frapper et risquait de le gêner dans la promesse qu’il venait de lui faire de toujours garder leurs distances. Un détail qui n’échappa pas à Elena, dans les escaliers, dont le regard indiqua clairement au gardien qu’il était un « gros idiot de première ». Un détail qui se manifesta plus évidemment que le nez au milieu de la figure, au moment où James passa près de Nami et posa la main sur son épaule pour la pousser vers le poste de conduite : le gardien avait toujours été quelqu’un de tactile.
– Tu as sûrement vu un dauphin, Nami. À ces profondeurs, ce n’est pas rare. Si nous reprenons de la vitesse, tu pourras les voir dans les remous. Mais n’oublie pas de t’accrocher correctement.
Il lui tapota l’omoplate, lui indiqua la balustrade et reprit les commandes du hors-bord. Le bateau bondit sur une vague et traversa les eaux calmes à vive allure. Très vite, ils furent rejoints dans leur voyage par des dizaines de dauphins qui vinrent sauter dans l’eau déplacée par le navire. Malgré lui, James sourit devant le spectacle. Il avait beau avoir l’habitude de les voir, cela n’en restait pas moins impressionnant.
– Je suis désolé également, lâcha-t-il à Nérina. Je n’imaginais pas que les choses iraient jusque là. Promis, la prochaine fois, j’accrocherai le pavillon avant de partir. (Il se racla à nouveau la gorge et fit mine de se concentrer sur l’océan pour ne pas regarder la sirène.) Ne pose pas de questions sur ce que tu as vu. Des erreurs, on en fait tous dans la vie.
Axel Oswald
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Nérina était incroyablement têtue et bornée … mais … pour le coup, elle était silencieuse… elle venait d’embrasser James, pour la deuxième fois. Une fois, elle le faisait rarement … elle pouvait compter sur le doigt d’une main les hommes qu’elle avait embrasser… Hommes ou tritons d’ailleurs … mais deux fois ? C’était la première fois qu’elle avait eu cette envie, nicher au fond de son esprit, d’embrasser une autre personne. Et cette violence qu’elle avait eu. Comme un besoin impérieux de changer la souffrance qu’elle avait vu en quelque chose de plus doux. Elle s’était reculé, et elle se faisait violence pour ne pas porter ses mains à ses lèvres en réfléchissant à tout ça.
Barboter au bord de l’eau n’était pas ce qu’elle voulait. Et elle remarqua qu’elle avait envie de plonger dans la mer pour oublier la vision de la noyade … tout en ne voulant pas y plonger sans James. Elle ne voulait pas qu’elle puisse penser que la mer n’était que souffrance. Elle ne voulait plus penser à sa souffrance, mais à la beauté, à la liberté que le monde de l’océan apportait.
Nérina savait qu’il avait raison… Qu’elle ne devait plus le toucher. Mais quelque chose lui donnait envie de le faire encore. Une envie très forte de lui montrer encore la beauté de la mer, et de faire oublier cette noyade de merde. Elle ne pouvait considérer l’homme que comme une personne à sauver de sa propre ignorance face à l’eau. Pas qu’elle l’obligera à aimer l’eau, elle ne le pouvait pas et le savait … mais elle ne voulait plus qu’il en ait peur.
Observant l’homme faire avec sa soeur. Elle eu un tendre sourire. Il ne pouvait pas savoir sur qui il était tombé. Sur la pire des emmerdeuses. Elle laissa couler pour le moment, observant les dauphins dans un calme olympien, mais clairement sur fait, avant de reporter ses yeux sur James.
- Je ne poserais pas de questions à voix haute alors. Mais je m’en pose un myriade qui ne demande qu’à être exprimé. Dois je préciser que quand il y en a trop ça sort des fois sans que je ne le décide ? Juste pour prévenir que ça arrivera et peut être pas au bon moment.
Elle passa sur ses excuses. C’était ses pouvoirs qui en proximité de l’homme s’amusaient à faire la fête et ne plus rien faire comme il faut, pas lui. Elle acceptait donc ses excuses sans le moindre souci, mais elle ne le dit pas. Parce que sa tête repassait la scène, sans la subir cette fois, de cette noyade. Le bateau avançait, et elle finit par se décaler pour ignorer les dauphins bondissant. Toute sa concentration sur l’homme en face d’elle.
- La prochaine fois, j’essayerais d’y penser aussi, pour le drapeau.
Elle pensa aussi que si l’homme lui avait fait confiance, il serait reparti faire ce qu’il avait a faire au lieu de la regarder … mais elle se doutait qu’il l’avait fait « pour elle » pour la protéger d’une chute éventuelle, bien qu’il n’aurait pu rien y faire. Cela lui donner une étrange d’impression… comme pour la présence de Nami ici… Elle avait fini par penser que sa famille, surtout son père, n’en avait plus rien à faire qu’elle meurt. Après tout, personne n’était jamais vu la chercher après la mort de Marina. Après leur dispute. Et cela lui donner une étrange sensation de chaleur dans le coeur pour une sirène qui a été seul tellement d’années.
HRP - Dans mon idée, l'ile serait entouré de récifs, donc si tu veux dire que d'un coup ils voient des îles "inconnues" et s'arrête on peut, comme tu veux :)
Quelque part au fond de lui, quelque chose se réveillait. Une chose qu’il ne voulait pas voir éveillée et qu’il préférait ignorer, dans un déni tout à lui qui lui permettait de se concentrer sur autre chose. Il fixait intensément les dauphins qui apparaissaient devant le bateau, bondissant par-dessus les vagues pour mieux plonger à l’eau, dans un ballet incessant d’une beauté rare. Rare pour un humain comme lui, en tout cas, alors qu’il se doutait que les sirènes, elles, devaient connaître les dauphins d’une bien meilleure manière. Dans une intimité qu’il ne pouvait même pas imaginer. Peut-être à l’image des humains et de leurs animaux domestiques. Il n’en savait rien.
Visiblement, se concentrer sur les dauphins ne changeait rien à son histoire. Au fond de lui, son cœur battit deux battements de trop dans la même seconde et l’homme dut toussoter pour passer l’étrange sensation qui le prit. Ses yeux clairs ne lâchaient pas les vagues pour ne pas retomber sur la sirène qui se tenait à ses côtés. Pour sûr, il n’avait jamais rencontré de femme comme elle. Il pouvait l’affirmer sans détour. Nérina dégageait quelque chose de sauvage, d’indomptable, une liberté qu’il ne fallait pas essayer de museler.
Ce n’était pas lui qui s’en amuserait.
James était, au fond, habitué à ce genre de tempête furieuse, de cyclone près duquel l’on ne pouvait rester sans risquer quelque chose. Quoi que ce fut. Elena voguait dans les mêmes eaux que la sirène, bien que l’une fusse typiquement terrestre. Elles étaient, au fond, aussi semblables que différentes et cela perturbait le gardien. Il aurait aimé dire qu’il s’intéressait aussi peu à l’une qu’à l’autre, qu’elles n’étaient que deux données dans sa courte vie et qu’il s’en détournerait aussitôt que l’heure serait venue de les quitter. Néanmoins, si James pouvait tromper le monde, c’était plus dur de se tromper lui-même. Au fond, il savait que ce n’était pas vrai.
Évidemment, il ne ressentait pas d’amour romantique pour la brune, Elena, qui était retournée se cacher en cabine. Il n’avait, pour elle, qu’une affection purement familiale, de l’ordre de la petite sœur que l’on a envie de protéger. Un peu comme Nami qu’il continuait de surveiller du coin de l’œil. À lui tout seul, le gardien avait beaucoup de travail, visiblement, et il n’était pas certain d’y arriver. À une autre époque de sa vie, peut-être, mais il se faisait vieux. Il savait pertinemment qu’il ne lui restait qu’un an ou deux, à peine plus. Les signes étaient là.
Pour ce qui était de Nérina… il ne préférait pas se poser trop de questions. Pour l’instant, il la considérait comme une drôle de créature, ce genre de chimère qui n’apparaît que dans les rêves pour tout perturber et repartir en laissant, derrière elle, un sommeil agité. Elle était une ombre de passage et James essayait de se persuader qu’il n’y aurait jamais rien de plus. Une fois que toute cette histoire serait terminée, que les responsables seraient mis hors d’état de nuire, les deux sirènes retourneraient dans leur monde, le Passage se refermerait sur elle, et James pourrait crever en paix. Peut-être même qu’Elena repartirait avec elles, depuis le temps qu’elle n’était pas rentrée chez elle.
Chez elle.
Cette idée lui fit un peu de mal, tout de même, alors qu’il lui avait tout donné pour que la terre soit, un tant soit peu, chez elle, même si rien de tout ce qu’il possédait ne pourrait jamais combler ses pertes.
– J’ai l’impression que je n’y échapperai pas, alors vas-y, demande ce que tu veux, j’essaierai de répondre, capitula-t-il, peu désireux de se faire agresser par des questions intempestives quand ils auraient, vraisemblablement, bien mieux à faire. Je vais essayer de te devancer, ça nous fera gagner du temps.
James détourna enfin les yeux des dauphins pour glisser ses iris si clairs sur la sirène. Il détailla son visage, s’attarda quelques secondes sur ces lèvres qui avaient osé le toucher pour la seconde fois, et remonta jusqu’à ses pupilles noires. Il se retint férocement de tendre la main pour remettre, derrière son oreille, une mèche blonde qui venait jouer avec le coin de ses cils. Il ne devait pas la toucher, se retenir le moindre geste déplacé. Même l’épaule, qu’il avait bien envie de tapoter pour la taquiner, représentait un danger, désormais. Comment ferait-il pour tenir, lui qui avait toujours eu besoin de tendre les doigts vers ses interlocuteurs ?
– C’est Elena qui m’a tiré de l’eau, le jour où je me suis noyé. Ce n’était pas loin du Passage qu’elle venait de traverser. Elle n’aime pas l’eau, non, c’est vrai, mais elle m’a sauvé la vie quand même.
Il sourit à ce souvenir. L’enfant qu’il avait été était impressionné par la crinière sombre de la créature qui avait plongé derrière lui pour le tirer des flots qui essayaient de le dévorer. Il se rappelait du contact froid de ses doigts contre son poignet, plus froids encore que la mer qui l’avalait. Puis, la ligne étrange, sur sa gorge, qu’elle cachait, désormais, sous ses foulards. Comme une balafre digne d’un vieux film fantastique.
– Elle habite chez nous depuis ce jour-là. Je dis nous, parce que ce sont mes parents qui l’ont forcée à rester. À l’époque, elle n’était pas bien, elle ne parlait même pas. (Il haussa les épaules.) Peut-être que ça aurait été mieux qu’elle se taise à jamais, oui.
Parler du passé le mettait, un peu, mal à l’aise et comme chaque fois qu’il ne se sentait pas à l’aise, James se devait d’ajouter une petite boutade. Elena était le sujet parfait pour laisser échapper quelques remarques désobligeantes qui, si elle était là, sur le pont, la feraient grincer des dents. Il préférait, au fond, la voir s’énerver contre lui, essayer de le secouer dans sa léthargie maladive, plutôt que de revoir, au fond de ses yeux noirs, la douleur qu’elle avait eue autrefois.
– Alors que veux-tu ! J’étais jeune et insouciant, et sous le même toit que le mien vivait une femme comme elle. Et elle est… jolie ? Une femme qui n’était pas de ma famille, donc ça dérangeait qui, que je tente ma chance ? (Il haussa, à nouveau, les épaules, même si son regard fuyait désormais Nérina.) Bah ! c’est la vie, hein. C’est arrivé qu’une fois, de toute façon. Elle et moi, on est juste faits pour être amis, rien de plus.
James se racla un peu la gorge, déstabilisé par ce qu’il se sentait presque obligé d’avouer à la sirène. Cette histoire, personne ne la connaissait. Même ses parents n’avaient pas été au courant. Peut-être avaient-ils soupçonné quelque chose, mais le gardien n’avait rien dit et Elena non plus. Une seule fois avait suffi pour comprendre qu’ils ne s’aimeraient jamais plus que comme des amis et qu’il ne servait à rien de forcer. Ils n’avaient plus jamais recommencé.
– Voilà, tu sais tout, finit-il, avec un sourire un peu crispé.
Cette fois, le malaise de James ne venait pas de cette histoire de baiser, que ce fut celui entre Elena et lui, ou ceux entre Nérina et lui. Non, cette fois, il était perturbé par le « prochaine fois » qui sortait de sa bouche et de celle de Nérina. Il ne lui jeta qu’un regard en coin, puis détourna directement les yeux pour s’inquiéter de la soudaine disparition des dauphins. Par précaution, il fit ralentir le hors-bord et se concentra sur la mer, devant le bateau. Au fond de lui, le gardien sentait qu’il n’y aurait pas de prochaine fois pour eux. S’il devait remonter sur un bateau, il serait seul.
– Je crois qu’on arrive enfin, je vois des récifs, il va falloir être prudent pour approcher. On n’ira pas loin, il va falloir sortir le canot.
Ce qui ne lui plaisait pas du tout. Sur le hors-bord, James se tenait loin au-dessus de l’eau, bien protégé par les bords du bateau. Dans un canot, il n’aurait plus que ses mains pour s’accrocher fort et prier pour qu’aucun rouleau n’essaie de le pousser hors du canot. Il n’était, franchement, pas à l’aise à cette idée et il était hors de question de s’arrêter si loin de l’île pour la rejoindre à la nage. Ils n’avaient pas le choix.
– La prochaine fois, on prendra l’avion, ronchonna-t-il, en arrêtant les moteurs, stressé par l’idée de monter dans le canot.
Dans la cabine, Elena les appela. James lâcha l’ancre à l’eau et se tourna vers l’île, qu’il apercevait beaucoup plus loin. C’était vraiment trop loin pour lui, mais les récifs l’empêchaient d’avancer. Il ne voyait pas où allait le hors-bord et ne voulait pas le faire échouer sur un récif. Ils n’avaient pas le choix. James se contenta, donc, de se tourner vers Nami et de lui demander de venir. Il valait, peut-être, mieux qu’ils attendent un peu ici, voir si leur présence éveillait quelque chose, sur l’île. James n’avait pas très envie de se pointer sans y être invité.
– Elena a peut-être trouvé quelque chose d’intéressant, sur son ordinateur. Allons voir. Je doute qu’elle ait très envie de rencontrer des centaures et j’ai besoin de savoir ce qu’elle a trouvé avant de débarquer.
James se décala pour se placer à côté du petit escalier qui descendait dans le hors-bord et tendit la main à Nami, en lui indiquant de faire attention aux marches riquiqui qui menaient en bas. Il ne voulait pas la voir tomber à l’intérieur. Évidemment, il aurait bien tendu la main à Nérina également. En d’autres circonstances. Alors qu’ils venaient, tous les deux, d’être victimes d’un pouvoir qui les dépassait, il se retint de justesse de le faire et se contenta de lui sourire un peu. Il n’était, de toute façon, pas certain qu’elle accepte son aide pour descendre.
– Après toi.
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Nérina observait le dos de James dans un silence presque religieux. Presque parce que les pensées de la blonde n’avait rien a voir avec une prière … quoi que … « pas poser de question. Pas poser de question. » était ce qu’elle se répétait pour ne pas submerger son cher pilote de milles et une question. Cependant, alors qu’elle se faisait violence pour ne pas laisser passer son flot de parole, c’est James qui prit la parole.
Elle attendu alors qu’il la devance et commence à lui dire que Elena l’avait tirer de l’eau. Pas une question à laquelle elle avait pensé. Que c’était prés du passage… encore une question qu’elle n’aurait pas pensé. Elle allait en apprendre plus que ce qu’elle n’aurait pu faire, mais ça ne l’a dérange pas plus que ça. Apprendre à connaître des informations était le mieux dans ce genre de situation et elle notait tout.
Alors nérina écoutait simplement l’homme en train de parler. Des parents ? Le souvenir des siens lui revient en mémoire, et elle grimaça. Les parents et leurs idées à la con des fois.
- Et tes parents sont morts ?
C’était peut être con comme question, mais les parents de nérina ne l’avait pas vu depuis des siècles. Elle savait qu’ils étaient en vie, mais sinon pas plus et ça lui suffisait largement. Elle n’avait pas envie de se prendre encore des réflexions dans la tête … alors elle se demandait si les parents de James étaient morts ou juste s’ils étaient partit en le laissant. Ce qui était une question importante, bien qu’alors il ne se targuerait pas d’être le dernier parent. Mais l’un des deux pouvait être en vie.
- je ne suis pas attiré par les femmes.
Elena ne savait même pas si les sirènes pouvaient être homosexuels. C’était quelque chose d’entendu qu’une sirène tombe amoureuse d’un triton, et d’un seul, et l’aime pour le reste de sa vie. Elle n’en avait jamais entendu parler, pas que cela changerait quelque chose en tout cas. Elle savait que les humains pouvaient aimer le même sexe qu’eux, alors elle préférait préciser. Mais elle sous entendait surtout qu’elle ne trouvait pas Elena jolie, ni attirante, ni intéressante.
- Vous n’allez pas ensemble.
Fut aussi ce qu’elle dit en soupirant. Elle ne savait pas si l’homme l’avait entendu mais s’en fichait éperdument. En réalité ses questions n’étaient pas dirigés vers Elena. Ce n’était pas les questions qu’elle avait eu envie de poser du tout même. Et que James lui parle d’elle l’agaçait. Le doigt de la jalousie commencé à gratter les bords de sa prison. Nérina ne l’avait jamais rencontré encore alors elle ne pouvait comprendre ce qu’il se passait réellement. Elle observa l’horizon et hocha la tête. La prochaine fois, on prendra l’avion … Mais oui mais oui. Nérina ne dit rien mais si elle était chiante sur terre loin de l’eau, comptait il réellement la mettre dans les airs ? Elle suivit Nami et James pour aller voir Elena… et quelque chose en elle lui demandait de ne pas y aller de … bouder ? De partir à la nage et de faire un pied de nez à l’homme pour avoir parler autant d’une autre femme après un baiser avec elle. Pourtant ça ne devrait pas la déranger. Et ce qui l’agaçait encore plus c’était que ça l’a dérange. Elle fit un long soupir en regardant l’horizon. Calculant dans sa tête le temps qui lui faudrait pour nager tout simplement.
Nérina l’observait. Il voulait qu’elle passe en premier pour éviter qu’elle ne saute ? Pouvait il avoir remarquer ? Elle se doutait que non, ou elle l’espérait pour lui. Si la connexion entre eux continuer d’être aussi forte, alors il aurait des soucis à se faire.
Elle se déplaça et s’arrêta dans l’escalier, légèrement en dessous de lui. Sans le toucher, elle releva sa tête pour plonger ses yeux dans les siens alors que la couleur bleu revient avec une force qu’elle ne comprenait même pas elle même.
- Personne ne t’a aidé ? Je veux dire, elle t’a sauvé, mais personne n’a essayer de vaincre ta peur, de te ramener à l’eau ? Pourquoi ? Tu n’as jamais voulu ne plus être dépendant de cette peur ? Pourquoi es tu venu avec moi et Nani alors ? C’était une eau sale de ce que j’ai vu, elle était avec un courant étrange, c’était le portail qui faisait ça ? Qu’est ce que tu regardais dans l’eau pour tomber ?
Voilà. Il avait répondu à des interrogations qu’elle avait en réalité eu, mais sans vouloir les exprimer… mais il en manquait des milliers… Et Nérina avec ses grands yeux ne voulaient pas que l’homme puisse se sous traitre de son regard alors qu’elle attendait de lui toute l’honnêteté possible.
James sentait qu’il s’était, tout de même, enfoncé lui-même dans les emmerdes. Et bien comme il fallait. Même s’il n’avait pas la moindre idée de la couche épaisse qui le recouvrait, désormais. Était-il condamné ? Mais condamné à quoi ? Il eut beau essayer de trouver la réponse, rien ne lui vient. James était un cas désespéré et désespérant qui ne comprenait pas réellement tout ce qui remuait autour de lui. Il était, un peu, égocentrique sur les bords, persuadé qu’il ne devait pas se mêler au monde, pour ne pas risquer que le monde se mêle à lui et qu’il ne puisse plus le quitter l’esprit tranquille. Sans personne autour de lui, James pouvait crever en paix.
C’était l’une des choses qu’Elena n’avait jamais comprises et que le gardien ne voulait pas lui expliquer.
En attendant, il sentit le piège se refermer sur lui et ne sut pas comment s’en défaire. Alors, tout comme chaque fois que James se retrouvait coincé et paniquait un peu, il se mit à parler. Beaucoup. Beaucoup trop. Sans remarquer qu’il ne donnait même pas les réponses aux questions de la sirène, mais des informations qu’elle n’aurait même pas pensé à demander. Au moins, elle savait tout, maintenant, et elle ne viendrait pas l’enquiquiner. C’était ce qu’il croyait. Ou ce dont il essayait de se convaincre. La différence était dure à piger.
Il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui pose une question tout à fait sortie de nulle part et à laquelle il ne sut pas quoi répondre. James regarda Nérina et essaya de comprendre s’il devait entendre quelque chose d’autre, dans cette étrange interrogation. Il préféra, finalement, mettre cela sur leur différence de race. Elle était une sirène et les sirènes vivaient des centaines et des centaines d’années. Alors que les gardiens n’étaient que des humains presque comme les autres. Alors, oui, ses parents étaient morts.
James se contenta d’un hochement de tête pour répondre, peu désireux de lui expliquer le pourquoi du comment. Ce qui lui évitait, aussi, qu’Elena entende une partie de la conversation et décide de s’incruster pour crier au scandale. À la place, il se concentra sur les récifs et jeta un coup d’œil à Nérina qui, soudain, décrétait qu’elle n’aimait pas les femmes. Il fronça les sourcils sur ses yeux clairs et essaya de comprendre ce qu’elle voulait lui dire. Oui, il était désespérant à ce point-là. Mais lui, il ne voyait pas le problème. Qu’elle aime les hommes ou les femmes, ce n’était pas son problème.
Il ne répondit rien, dans un dernier instinct de survie, peut-être, mais faillit bien répondre que lui non plus, ça tombait bien. Une pointe d’humour qu’il s’empêcha de faire sans comprendre lui-même pourquoi. D’habitude, il ne se gênait pas et au fond, ce n’était pas tellement un mensonge. James ne s’intéressait plus aux femmes depuis longtemps, persuadé que c’était la meilleure chose à faire. Ne pas toucher le monde, vous vous souvenez ?
La dernière remarque n’eut pas plus de sens que l’autre, à ses oreilles, et James se gratta la tempe, pensivement. Ils n’allaient pas ensemble. Il ne pouvait pas la détromper sur ce point. Ils étaient bons colocataires (quoi que…), bons collègues (quoi que…), bons amis (quoi que…), mais certainement pas bons amants ! Et pas de quoi que, cette fois ! Néanmoins, il sentait que la remarque cachait quelque chose d’autre, sans arriver à mettre le doigt dessus.
Alors, comme souvent quand il ne comprenait pas une chose qui le dépassait, il se contenta de hausser les épaules.
James n’allait pas se torturer l’esprit sur un esprit qui, de toute évidence, n’aurait jamais la même logique que le sien. Il préféra aider Nami à descendre dans le hors-bord et attendre que Nérina en fasse de même, persuadé que les questions s’étaient arrêtées là et qu’il n’aurait pas besoin de s’expliquer davantage. Sauf qu’il lui avait donné l’autorisation de poser des questions…
Et les questions fusèrent, alors que la sirène se bloquait dans l’escalier. Malgré lui, James passa une main sur son visage, excédé par le flot qui l’agressait soudain. Quand il reposa ses yeux clairs sur la blonde, il remarqua que ses yeux, une nouvelle fois, s’étaient mis à briller. Ce qui réveilla, une fois encore, cette chose que le gardien ne voulait pas sentir au fond de lui. Il tenta de détourner le regard, mais il revenait sans cesse se planter dans le sien, incapable de regarder ailleurs trop longtemps.
Il comprit enfin qu’il n’avait pas du tout répondu à ses questions et qu’il aurait mieux fait de se taire. Encore. Ce qui ne l’étonnait pas vraiment. Néanmoins, il ne pouvait pas lui donner les réponses qu’elle exigeait. Pas coincés dans l’escalier qui menait en cabine, si près des oreilles indiscrètes. Tant pis pour les deux autres qui remarqueraient, sûrement, les deux pieds, dans les escaliers, qui disparaîtraient prochainement.
Disparaître ? Oui, James tendit la main vers Nérina, au mépris total des conseils qu’il avait donnés, quelques minutes auparavant, et s’empara de son coude pour la tirer à lui. Quand elle fut revenue à son niveau, quelques degrés plus haut, il l’attira plus loin sur le pont, hors de portée des oreilles qui se cachaient en cabine. Sa main s’attarda peut-être sur son coude. Peut-être. Bon, OK, clairement, James ne lâcha pas la sirène.
– Qu’est-ce que ça change, que j’ai peur de l’eau ? On a essayé, mais on soigne pas un traumatisme d’un claquement de doigts. Tu peux croire que les humains sont fragiles, si tu veux, c’est peut-être vrai, au fond. Mais je ne peux pas retourner dans l’eau, point.
James lâcha, enfin, le bras de Nérina, mais ses yeux ne quittaient pas les siens. Il essayait de trouver les bons mots pour qu’elle comprenne et arrêter de l’emmerder sur ce sujet qui, franchement, ne lui plaisait pas du tout. Elle était peut-être une créature marine, mais pas lui. Et il ne le serait jamais de sa vie. Il eut un rictus étrange, au coin des lèvres, en pensant qu’elle aurait, sans aucun doute, préféré son père.
– Bon, OK, j’avoue que je ne t’ai pas tout dit. (Il croisa les bras sur le torse.) C’est pas parce qu’Elena est jolie que j’ai essayé de… euh… bref. Elle représente la mort et ça fait un bail que je sais que je vais mourir. Tu comprends ?
Non, pas du tout, c’était sûr et certain, mais James ne voyait pas comment expliquer ce qu’il pensait. Il aurait bien aimé ne pas avoir à mettre de mots sur ses pensées et se convaincre que les sirènes étaient télépathes. Néanmoins, maintenant qu’il savait de quelle manière les sirènes étaient capables d’accéder à ses pensées, il ferait l’effort de trouver les bons mots.
– Je n’ai plus beaucoup de temps à vivre, en vérité, confia-t-il, dans un soupir. Mais je sais, au moins, que ça ne viendra pas de l’eau. (Il pointa l’océan d’un doigt.) Parce que je m’en tiens loin. Tu vois ?
Comment ça, ça n’arrangeait rien du tout ? James s’enfonçait de plus en plus dans les phrases incompréhensibles qui, pourtant, à ses oreilles, avaient plus de sens que toute autre chose au monde. Alors, il décida d’être le plus direct possible, cette fois, persuadé que personne ne pouvait l’entendre à part Nérina.
– C’est pas vraiment la peur de l’eau, le problème, mais la peur de… mourir. Je sais quand, mais je ne sais pas comment. C’est assez perturbant.
Il se para d’un sourire un peu crispé, mais son ton eut bien du mal à dégager un semblant d’hilarité. James ne mentait pas. Au fond de lui, il savait qu’il avait peur de la mort qui lui pendait au nez. Il s’était juste persuadé qu’il ne devait pas s’en inquiéter et qu’il devait continuer de faire croire au monde que ça ne le touchait pas. Il ricana un peu, avant de répondre à la suite.
– Et j’aurais dû faire quoi ? Laisser Nami mourir sur la plage ? Vous laisser vous embarquer dans cette histoire toutes seules ? Je suis peut-être pas le meilleur des gars, mais je suis pas con à ce point-là. J’ai de quoi vous aider et je le ferai. Puis je m’assurerai que vous rentriez bien chez vous avant que le Passage ne se referme.
Ce qui était non-négociable à ce point de l’histoire. La place de Nami était dans son monde et la place de Nérina était auprès de sa sœur. Ça crevait les yeux, aussi évident que le nez au milieu de la figure. Ce qui lui permettait, surtout, d’essayer de ne pas penser aux images que les questions de Nérina faisaient naître dans son esprit. Les souvenirs de cette nuit et de la mer en furie.
– Déjà, c’était un accident, se justifia-t-il, avec une grimace. La mer était agitée, je suis tombé.
Ce qui n’était pas l’entière vérité, mais James ne pouvait pas la dire si près de la cabine. Il soupira un peu et reprit le coude de Nérina pour l’attirer près de la balustrade. Il laissa le soin à la sirène de se mettre contre, tandis que lui restait du côté du pont, juste par précaution.
– Il vaut mieux qu’on ne parle plus de ce jour-là devant Elena, s’il te plaît. (Il hésita, mais après tout, qu’avait-il à perdre ? Elena l’étranglerait quoi qu’il dise.) C’est une Dullahan. Son compagnon est mort ce jour-là. C’est lui que j’ai vu dans l’eau et crois-moi, personne n’a envie de voir ça. Personne.
Et par compagnon, James n’entendait pas un quelconque petit-ami, mais la monture d’Elena, son fidèle destrier. Qu’était une Dullahan sans son cheval ? Il savait que c’était à cause de cela, en vérité, et pas de la mort de James, qu’elle était restée ici, dans leur monde, sans jamais oser retourner dans l’autre.
– J’ai compris que tu ne l’aimais pas. (Non, il n’avait rien compris du tout, mais c’était un cas désespéré, rappelons-le.) Mais ne lui parle pas de ça, s’il te plaît. C’est pas quelqu’un de mauvais. Et si tu veux imaginer sa peine, dis-toi que ce serait comme voir Nami mourir devant tes yeux, sans pouvoir rien faire.
Une chose que même lui, alors qu’il ne la connaissait que depuis quelques heures, ne voulait pas imaginer et le fit, un peu, se crisper. Une crispation bienvenue car elle lui permit de prendre conscience d’un détail d’importance : cette fois, il avait, certes, lâché le coude la sirène, mais seulement pour que ses doigts atteignent son poignet. Était-il trop tard pour les retirer ? Il ne fit pas mine de le faire, en tout cas, ses yeux si clairs plongés dans ceux de Nérina.
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Quand Nérina avait des idées en tête, elle ne les avait pas ailleurs. Et souvent elle pouvait balancer des affirmations simplement parce qu’elle, elle savait avoir raison. Si les gens ne pouvaient pas comprendre le pourquoi du comment cette phrase venait à poser dans cette discussion, alors ce n’était plus de sa faute à elle. Cependant, elle n’avait pas envie de se priver de l’autorisation d’être curieuse, et quelque chose en elle la poussait à être curieuse bien plus que d’ordinaire.
Elle plantait son regard dans le sien, et elle tenait à tout comprendre. C’était la moindre des choses pour une sirène qui venait de se faire mentalement noyer non ? Et surtout, certains détails la turlupinent et elle avait besoin de réponse pour avancer. Nérina ne fait pas cas de l’homme qui la pousse par Le Bras. Peau contre peau, elle était plutôt en train d’essayer de bloquer les vagues de pensées qu’elle pourrait ressentir.
Cela n’arrivait jamais…Une telle ouverture de l’esprit sur un autre. Surtout quand on le connaissait depuis si peu de temps.
- On ne soigne pas un traumatisme d’un claquement de doigt, mais j’ai plus l’impression que tu as tout simplement abandonné j’ai tord ? Sinon pourquoi aurait tu encore peur alors que cela t’ai arrivé petit ?
Un claquement de doigt, c’était court, mais des années pouvaient aider à rendre un traumatisme plus doux, plus calme. Nérina avait été dans la tête de sa noyade, et elle savait que ce souvenir était aussi frais dans son esprit que si cela s’était passé hier. Or, il était vieux maintenant, il aurait dû pouvoir passer au dessus.
- Les humains savent se retourner de leur pire cauchemar. Je n’ai juste pas l’impression que tu as essayé. Les humains sont attirés par la mort ? Je ne comprends pas. Tout le monde nait en sachant qu’il va mourir un jour. C’est le propre des créatures dotées de conscience non ?
Elle l’écouta et ne comprit pas encore une fois. Il n’a pas beaucoup de temps à vivre ? Donc il avait gaspiller toute sa vie avant pour rien du tout en faite ?
- Tu as quoi 30 - 40 ans ? (Les sirènes ont du mal à mettre un âge sur une tête) tu as vécu autant de temps à attendre la mort mais tu refuses de profiter des choses magnifiques que propose la vie ? Comme le fait de mettre ses pieds dans une vague froide pendant que le sable chaud nous fait nous enfoncer dans la plage ?
Elle s’approcha de lui. Ses yeux dans les siens. On pourrait croire qu’elle allait l’embrasser à nouveau mais elle essayait surtout de comprendre. Tout le monde sait qu’il va mourir. Tout le monde. Mais personne ne sait comment. Personne. En quoi l’homme se sentait il différent à gaspiller la vie pour penser à la mort ? Alors qu’elle observait le fond de ses yeux, elle leva la main délicatement et la posa sur la tête de l’homme. La, la, pensa t elle alors qu’elle le caresser pour lui donner du courage. Elle voulait lui enlever sa peur, c’est tout.
- Je ne rentrerais pas. Tu es une bonne personne mais il y a des centaines de solution à chaque problème, il suffit d’essayer.
Elle laissa sa main continuer à caresser la tête de l’homme alors qu’elle lui fit un tendre sourire. Un vrai tendre sourire. Le genre qu’on ne fait que quand le coeur est sujet à des palpiltations qu’elle ne préfère pas définir.
- Une Dullahan ? Elle est bien plus jolie que ceux que j’ai rencontré. Comme toi, si elle veut avancer, elle doit accepter ce jour funeste et continuer de vivre. Je pense qu’elle a mieux réussi à bien des égards. Et ce n’est pas que je l’aime pas. Un jour je te présenterais quelqu’un que j’aime pas. Tu verras toute la différence.
Elle sourit alors qu’elle arrêta de toucher le crâne de l’homme. Son autre main qui se trouver emprisonner dans la main de l’homme se retourna doucement pour se mettre dans la sienne. La main dans la sienne elle lui sourit. Ses yeux bleus continuaient de dire à l’homme toute la puissance qu’elle pouvait faire peur.
- Sauvons les ainés et je t’apprendrais à nager. C'est une promesse.
Sans le moindre doute, James était beaucoup de choses, mais l’intelligence le quittait vite au profit d’une bêtise profonde qui frisait le ridicule. Quelques minutes, à peine, auparavant, il assurait à Nérina qu’elle ne devait plus le toucher, qu’ils devaient respecter certaines distances, entre eux, pour ne plus jamais rien risquer de ce qu’ils venaient de connaître, de l’affreuse expérience qu’il avait donnée à la sirène contre son gré. Ou du baiser qui, étrangement, revenait un peu trop souvent dans son esprit. Plus qu’il ne l’aurait cru, en vérité. Quelques minutes plus tard, il s’emparait de son coude sans s’inquiéter de ce que cette proximité réveillerait chez elle.
Ou chez lui.
James sentait un drôle de mal remuer en lui. Ce genre de douleur étrange qui l’avait fait tousser, quelques heures plus tôt, dans son salon, alors que Nami débarquait dans sa vie. Il pensait que tout ceci était lié au Passage qui se refermait, à sa mort qui lui pendait au nez plus sûrement qu’elle ne l’avait jamais fait jusqu’à maintenant, mais il en venait à douter. Et si son mal venait d’ailleurs ? S’il y avait une autre explication ?
Et si c’était l’inverse ?
La question tourna en boucle dans son esprit alors que le gardien se perdait dans les yeux brillants de la sirène. Les sirènes n’étaient pas connues pour hypnotiser les hommes ? les attirer dans l’eau de leur belle voix et les tuer, les noyer, les manger ? Il se demanda, soudain, si ce serait cela, sa mort. Si c’était Nérina qui le précipiterait à sa perte, à ses derniers jours, pour sceller la fermeture du Passage. Serait-elle condamnée à vivre ici ? Il ne le souhaitait pas, pour elle, persuadé que le monde, de l’autre côté, était meilleur que celui-ci. Qu’elle ne risquerait rien, en rentrant chez elle.
En attendant, les mots de la sirène le firent grimacer, un peu. Il se demanda ce qu’elle savait, véritablement, des humains. Il ne comprenait pas comment elle pouvait en arriver à une telle conclusion. Évidemment qu’il avait abandonné ! Mais il ne voyait pas le rapport avec son enfance. Il était prêt à parier que tous les traumatisés du monde pourraient le lui dire : même les années ne changent rien à un traumatisme. L’eau restera, dans son esprit, liée à la noyade et à la mort qui a précipité la monture d’Elena vers les fonds marins. Il frissonna à ce souvenir. James n’avait jamais rien vu de plus terrible que la noyade de l’étalon.
Ses questions avaient quelque chose de naïf et de puissant tout en même temps, un mélange qui arracha un petit sourire au gardien. James n’était pas insensible à ce mélange qu’il trouva intéressant. Elle prouvait tout à la fois son manque de connaissances sur le monde humain et sa force, à elle, capable d’écraser un traumatisme en tapant du pied. Lui, il ne le pouvait pas. Il n’avait pas cette force-là.
Même si elle n’avait pas tort au fond : tout le monde savait qu’il allait mourir. Sauf que personne ne savait véritablement quand, alors que James sentait sa mort approcher. Il parlait en nombre d’années, mais son cœur lui criait qu’il mentait, qu’il ne s’agissait plus que de quelques mois, qu’il ne dépasserait jamais la cinquantaine qui approchait. Il préféra, donc, ne pas répondre pour ne pas avoir à mentir à la sirène, alors que ses doigts serraient son poignet. Elle pourrait le deviner, sans doute, et il ne voulait pas avoir à se justifier.
James sourit un peu plus, à l’évocation de l’image qu’elle pensait être l’une des plus belles de la vie. À ses yeux, à lui, le fait de s’enfoncer dans le sable n’avait rien d’alléchant. Rien que d’y penser le fit frissonner. Il ne voulait pas l’imaginer, conscient que le sable pouvait décider de l’avaler et de le garder sous l’eau, incapable de se débattre pour remonter à la surface. Encore et toujours des histoires de noyades, oui, mais il n’arrivait pas à penser autrement.
Ce qu’il se força à faire, pourtant, conscient qu’il ne devait pas retomber dans son traumatisme pour ne pas l’imposer à Nérina. La main qu’elle posa sur sa tête lui fit, étrangement, plus de bien qu’elle ne pourrait s’en douter. Il sentit qu’elle essayait de lui communiquer du courage, de ne pas abandonner et il lui en fut reconnaissant, même s’il n’en avait pas tant besoin. Au sujet de leur aventure et de son envie de ramener tout le monde dans l’autre monde, James ne manquait pas de courage et de détermination. Il botterait le cul des méchants et les jolies dames s’en retourneraient dans leur pays, pour être couvertes de fleurs ou de coraux. Il ne savait pas trop ce qu’aimaient les sirènes, en vérité.
La main qui se referma sur ses doigts ramena James au présent. Il sentit, à nouveau, cette étrange douleur au fond de son cœur et comprit qu’il ne pouvait pas rester silencieux plus longtemps. Il essaya de trouver les réponses qu’il pouvait lui donner, mais aucun mot ne lui vint. Il ne put que plonger dans ces yeux bleus qui le fixaient en retour et se demander ce qui arriverait, au final, le jour où James serait enfin débarrassé de ces trois dames. Se sentirait-il seul ou enfin apaisé ? Persuadé de ne manquer à personne ? De n’attrister personne ? Qui essayait-il de tromper… ?
– Je ne suis pas sûr d’avoir très envie de rencontrer cette personne… répondit-il, avec un petit ricanement.
Il ne sut pas ce qui serait le pire : supporter une telle personne ou devoir se mettre entre les deux pour que Nérina ne lui saute pas à la gorge. En attendant, il ne préféra pas avouer qu’il savait très bien nager. Quelque chose l’en interdisait. Comme si la promesse serait, alors, caduque et que Nérina se détournerait du petit traumatisé qui ne voulait pas faire ce qu’il savait faire. Si elle pensait qu’il ne savait pas nager, alors elle resterait lui apprendre. Il se demanda, soudain, d’où lui venait un tel égoïsme… Une chose bien étrange, pour un homme qui a passé sa vie à rejeter le monde entier.
– Je ne refuse pas de profiter des choses magnifiques que propose la vie. Je refuse de laisser une trace derrière moi. De laisser, quelque part, un souvenir triste. Je ne vois rien de pire que de pleurer les morts.
Ce qui était son avis un peu étrange de la vie, influencé par ses expériences passées ou presque passées. Une chose qu’il ne précisa pas, mais qu’il garda dans un coin de son esprit, bien cachée. Pour l’heure, il était concentré sur les mots de Nérina et le besoin, soudain, de se défendre contre ce qu’elle insinuait. Et contre l’image horrible qu’elle avait mise dans son esprit. La plage et l’eau, non merci !
– Mais je profite des belles choses de la vie, je n’en profite juste pas de la même manière que toi.
James disait cela sans jugement, seulement sur le ton de la vérité. Ils étaient différents et n’aimaient pas les mêmes choses, sans le moindre doute. Elle était une créature marine et il était un homme terrestre. Il trouvait de l’apaisement dans la nature, oui, mais sur terre, pas en mer. Ce qu’il sentit, soudain, le besoin de préciser en refermant plus fort ses doigts sur ceux de la sirène. Comme elle était tout près de lui, il n’eut besoin que de lever l’autre main pour repousser, très délicatement, ses cheveux blonds derrière son oreille, comme un souffle qui aurait, au passage, frôlé sa joue.
– Je profite du vent, au matin, qui fait chanter les feuilles des arbres, baignées des couleurs orangées de l’aube. Des craquements du bois qui s’éveille, des animaux qui sortent des ombres pour profiter du calme du début de la journée.
Le gardien savait parfaitement que ses mots auraient peu d’influence sur la sirène. Il existait des images qui n’avaient de sens que pour ceux qui les avaient vécues. James passait ses matinées en forêt, dans la forêt qui longeait sa propriété, pour admirer l’aube et le réveil du monde. Pour se gorger de la paix qui le prenait, sous le couvert des arbres. Là où personne ne pouvait le voir, ni l’embêter. Là où il n’était rien et que personne n’attendait rien de lui. Il était juste… là. Posé, à ne plus bouger, comme un tronc qui prenait racines et se gorgeait de la terre pour vivre.
Conscient qu’il ne pourrait pas le lui expliquer, James glissa un doigt le long de la mâchoire de la sirène et lui releva le menton, de quelques millimètres, avant de se pencher à son tour pour l’embrasser, sans crier gare, avec une grande délicatesse. Il se concentra sur les images qu’il visualisait, de ses promenades en forêt, de la paix qui sifflait à ses oreilles, de la vie qui battait dans chaque tronc, remuait sous chaque feuille tombée à terre. D’un écosystème entier au milieu duquel il arrivait, par quelque miracle, à se tenir sans déranger. Il revit, également, les nombreux animaux qui l’approchaient, curieux, sans sentir la moindre menace émaner du gardien.
Puis il s’écarta, ses doigts s’attardant, un peu, dans les cheveux blonds de la sirène. Il ne doutait pas du pouvoir tentateur de ces créatures magnifiques, mais il ne pouvait plus vraiment mentir : son intérêt dépassait les pouvoirs de la sirène. Même s’il jurerait que personne ne pouvait résister à ces yeux brillants qui le fixaient si intensément, comme s’ils perçaient l’apparence et sondaient son âme pour en dénicher le moindre mensonge.
– Désolé, souffla-t-il, tout bas.
Mais dans sa voix, il n’y avait que le goût du mensonge. James ne regrettait pas.