Revenir à Storybrooke lui avait pris énormément de temps. Robin avait été enlevé, tabassé et laissé pour mort dans la campagne italienne. Autant dire qu’il lui avait fallu se remettre de ses blessures puis apprendre un peu la langue avant de pouvoir expliquer – plus ou moins – qui il était et pourquoi il était là. Même s’il n’en savait trop rien, ne comprenant pas pourquoi quelqu’un s’en était ainsi pris à lui…

Quoiqu’il en soit, sa seule obsession avait été de rentrer au bercail. De petits boulots en petits boulots, plus ou moins réglos, l’ancien voleur avait réussi à économiser un voyage au black par bateau jusqu’au Mexique. Ce n’était pas sa destination prévue, et il avait même eu énormément de mal à accepter, mais Robin s’était dit que cela le mettait au moins sur le même continent que Regina et ses fils.

Une fois au Mexique, le brun avait fait route avec des gens qui rêvaient du Rêve Américain et avait réussi, difficilement, à passer la frontière. À partir de là, l’ancien voleur avait fait des petits boulots et du stop pour remonter jusque dans l’État du Maine. Retrouver Storybrooke avait été compliquée, la ville n’apparaissant sur aucune carte, mais il y était parvenu. Un véritable soulagement et bonheur l’avaient submergé quand il était entré dans la ville.

Un vieux sac à dos que le vieil italien qui l’avait recueilli lui avait donné et ses vêtements sans doute un peu sales, Robin n’avait pas attendu avant de se diriger vers la Mairie. Mais là-bas, il avait vite compris que Regina n’était plus à la tête de la municipalité. Inquiet, il avait fini par découvrir qu’elle avait démissionné pour ouvrir son propre établissement. La Maison Rose… Intrigué mais nullement découragé, l’ancien voleur se dirigea vers ce nouvel établissement.

Une fois devant, il remarqua bien évidemment l’écriteau annonçant que le lieu était fermé au public mais cela ne le gêna pas du tout. Il avait besoin de la voir. Même s’il savait que c’était suicidaire parce qu’elle n’allait sans doute pas l’accueillir à bras ouverts, Robin ne pouvait pas rester loin de Regina. Elle était sa femme, son âme sœur. Il l’avait déjà abandonné une fois, de façon volontaire et il n’avait jamais eu l’intention de recommencer. Pourtant, c’était bien arrivé et elle n’allait pas le lui pardonner facilement.

Une fois à l’intérieur du bar, Robin remarqua bien vite qu’il n’était pas dans un simple bar. Le principe reprenait un peu celui des tavernes de leur monde, avec les filles prêtes à satisfaire les clients dès que ceux-ci en montreraient le moindre signe… Il n’avait jamais imaginé Regina dans cet univers. Et pourtant, à la voir vêtue comme elle l’était, cela lui allait bien. Elle avait changé, il le remarquait sans aucun souci. Quand elle se tourna vers lui, le changement fut encore plus flagrant. Et ça n’était pas pour lui déplaire…

- En Europe, je reviens que maintenant parce que je n’avais pas prévu de partir et que j’avais pas d’argent ni mes papiers d’identités et je reviens parce que je n’ai jamais voulu partir. Répondit-il rapidement à ses trois questions. Je n’avais pas prévu de partir Regina. J’ai été enlevé. La personne qui a réussi à me mettre ko, je ne sais pas trop comment, et avait une équipe qui m’a emportée jusqu’en Italie. Le voyage ne fut pas le moins du monde agréable. Je n’avais qu’une idée en tête, revenir ici. Mais sans argent, c’était compliqué… Donc ça m’a pris autant de temps à cause de ça. Mais je n’ai jamais cessé de penser à toi et à Daniel. Je me doute que tu m’en veux…

Mais ce n’était pas de sa faute. Ceci dit, Robin n’allait pas le lui dire. Regina le savait et puis quand elle était furieuse, lui faire remarquer des choses aussi stupides n’aideraient pas. L’ancien voleur attendit donc la sentence. Il se battrait ceci dit. Il ne comptait pas la laisser le mettre hors de sa vie. Pour le moment, il valait mieux ne pas le lui révéler cela dit…

Regina était encore plus canon qu’avant ! Robin l’avait remarqué dès qu’il était entré dans cet établissement… Il l’avait toujours trouvé magnifique et sa colère la rendait très belle également, mais là, c’était encore autre chose… Son nouveau look lui allait encore mieux que l’ancien… Cependant, l’ancien voleur était assez conscient de la situation pour garder ces réflexions-là pour lui. Elle ne lui avait pas arraché la tête, ce qui était un signe encourageant, mais il n’était pas assez stupide pour croire que tout était gagné. Le brun garda le silence tant qu’elle parlait, la laissant déverser sa colère.

- Une lettre ? La ville n’existe pas pour le monde extérieur ! Quant au mail, j’aurais bien aimé, si j’avais eu un accès internet, mais cela n’a pas été le cas… Et de toute façon, si j’avais eu l’occasion de le faire, m’aurais-tu cru ? Aurais-tu accepté que j’ai été enlevé et que je ne t’avais pas abandonné de mon plein gré ? Rétorqua-t-il.

Le reste, l’ancien voleur ne releva pas. Parce qu’elle n’avait jamais été que la Méchante Reine pour lui. Robin avait su voir à travers ce masque-là, qu’elle avait porté durant trop longtemps… Cela avait fait peur à beaucoup de gens d’ailleurs quand ils avaient appris… Une femme, digne des plus grandes maisons closes de la Forêt Enchantée arriva alors et Robin apprit qu’elle travaillait pour Regina. Il suivit sa femme jusqu’au banquette et s’installa en face d’elle.

- Tu as encore des soucis avec ta magie ? S’enquit-il avant de se renfrogner. Je sais que j’ai loupé son premier anniversaire. Cela ne m’a pas empêché d’y penser.

Robin s’était montré sec, mais elle n’avait pas besoin de remuer ainsi le couteau dans la plaie. L’ancien voleur avait été plus que conscient que la date de la première année de son fils était passée durant son absence… L’homme qui l’avait recueilli lui avait donné un couteau et du bois tendre que le brun avait travaillé tout le long de son absence auprès des siens. Il sortit une figurine en bois de son sac, un petit renard qui jouait à essayer d’attraper un papillon. Cela lui avait pris du temps, quasiment toute la durée de son absence. Mais il avait fait ça pour Daniel.

- Je l’ai fait pour lui… Cela ne rattrapera jamais le temps perdu… Mais tu vois bien que j’ai pensé à vous…

Et pour autre chose que d’envoyer des mails ou une lettre qui ne serait jamais arrivée à temps. Ceci dit, Robin avait autre chose dans son sac. Il sortit une liasse de feuilles et la jeta devant Regina.

- Je savais qu’une lettre n’arriverait jamais à destination. Cela ne m’a pas empêché d’écrire. Elles sont toutes pour toi…

À elle de voir ce qu’elle voulait en faire à présent. Les lire, les jeter… Quoi qu’il en soit, Robin avait peut-être des torts, mais Regina n’allait pas pouvoir lui reprocher cette situation pendant encore bien longtemps. Il ne l’avait pas souhaité.

Robin ne savait plus trop quoi faire pour se faire pardonner… Il avait été honnête, lui avait tout raconté, notamment sur ces craintes que des lettres puissent arriver à Storybrooke mais rien n’avait l’air de satisfaire sa femme. Et l’ancien voleur ne pouvait que le comprendre… Cela ne devait pas être très simple de pardonner un second abandon, même si ça n’avait pas été volontaire. D’autant que celui-ci avait duré quasiment un an et qu’il avait loupé énormément de choses. Le brun soupira.

- Est-ce que… Je vais sans doute dire une idiotie, je n’y connais rien en magie, mais est-ce que ça pourrait être dû à un souci d’hormones ou à quelque chose comme ça ? Ou bien… Tu crois que Daniel pourrait avoir hérité d’une partie de tes pouvoirs ?

Lui ne voyait que ça pour expliquer que ça ait commencé avec sa grossesse et que cela continue depuis la naissance de leur fils. Mais bon, n’étant clairement pas expert en magie, il avait sans doute tort. Il espérait juste que Regina prendrait le temps de réfléchir à cette idée, même si elle était en colère contre lui, il l’aimait et ne voulait que son bonheur. De plus, Robin avait l’impression de voir dans ces yeux sont envie de lui pardonner… Mais quelque chose lui manquait. Peut-être que le temps pourrait arranger les choses entre eux…

- Est-ce… Est-ce que je pourrais être là ce soir quand tu lui donneras ? J’ai besoin de le voir… Mais ne t’inquiètes pas, je ne resterais pas. Je vais te laisser du temps… Lui assura-t-il.

Non qu’il en soit ravi, mais cela semblait être la seule solution pour que Regina puisse décider de lui pardonner ou non. Il ne savait pas trop où aller, peut-être que son pote Ali pourrait lui trouver une piaule, ou alors il irait dans les bois, comme au bon vieux temps… Mais il ne serait jamais loin de sa famille, ça, c’était certain. Puis Robin donna les lettres qu’il avait écrite pour sa femme, sans jamais les envoyer de crainte qu’elles ne puissent arriver dans cette ville hors du reste du monde.

- Eh… Dit-il doucement en se penchant pour poser sa main tendrement sur la joue de sa compagne. Ne t’en veux pas. Moi je ne t’en veux pas en tout cas. Tu ne pouvais pas savoir que cette fois, ça n’était pas de ma faute…

Robin fut interrompu par des coups portés sur la porte de l’établissement. Puis un mec entra, titubant et gueulant qu’il voulait des femmes. Robin fronça les sourcils. Manifestement, l’intrus était ivre et se croyait dans un simple bordel. Or il connaissait sa femme, c’était sans aucun doute un bordel, mais un avec de la classe, à l’image des anciennes maisons closes tenues à Paris et dans les autres grandes villes…

- Hé mec, tu devrais être un peu plus poli… Les filles ici ne sont pas des marchandises… Un mec qui ne leur montre pas un peu de respect n’a rien à faire ici. En plus, c’est fermé. Dit-il en se levant.

« J’veux des femmes… T’es qui toi pour m’les refuser ? »

Et sans avertissement, le mec tenta de lui coller un coup de poing. Robin ne chercha même pas à esquiver. Il attrapa tout simplement le poing du gars, à quelques centimètres de son visage. L’ancien voleur avait appris certains trucs durant son année d’exil et les types comme ça ne faisaient pas le poids. Si la carrure du brun s’était développée, ça n’était pas pour se vanter… Tordant le bras du mec, Robin le fit fléchir.

- Je t’ai dit qu’on était fermé et que les filles n’étaient pas pour toi. T’as pas compris ? Je vais te montrer la sortie.

Sur ces mots, Robin agrippa le mec par le col de sa veste et le guida jusqu’à la sortie, le faisant un peu voler au-travers de la porte pour bien lui montrer qu’il n’avait pas à revenir dans cet état. Voir même qu’il n’avait pas intérêt à revenir du tout. Puis il revint vers Regina, un peu gêné.

- Pardon. Je sais que tu aurais pu t’en occuper, mais ça a été plus fort que moi… Tu devrais engager un vigile si ça n’est pas encore fait. Lui suggéra-t-il.

Et un bon. Parce que les trous du cul, il y en aurait plein pour venir en se pensant en droit d’être malpoli ou violent, voire les deux…

Robin hocha la tête, acceptant ce que Regina lui disait. Il n’était pas magicien, la magie lui était inconnue, mais il faisait confiance à sa femme pour trouver une solution si celle-ci existait. Sinon, le plus simple serait peut-être de ne plus se servir de la magie… Mais ça, le voleur se garda bien de le dire à haute voix, pour la simple et bonne raison que sa femme utilisait sa magie pour protéger leur fils et ses autres enfants. Et que ce n’était pas quelque chose qu’il voulait qu’elle arrête.

Le voleur donna ensuite la statuette de bois qu’il avait faite pour Daniel à Regina et lui demanda s’il pouvait venir avec elle pour la donner à leur fils. Il avait besoin de le voir… Sa femme hésita et même si Robin comprenait pourquoi, cela lui fit mal. Finalement, elle accepta qu’il vienne et un sourire naquit sur les lèvres du brun.

- Vraiment ? S’étonna-t-il, mais tout en étant assez fier. J’espère juste qu’il sera plus fiable que moi sur certaines choses…

Et qu’il n’aurait pas tendance à fuir quand ça n’allait pas. Ce qui lui faisait penser qu’il allait aussi devoir renouer avec son autre fils. Il ne connaissait pas du tout Heshvan, n’ayant eu vent de son existence qu’à Storybrooke. Sa mère le lui avait caché et lui avait manifestement raconté des choses sur lui sans doute mauvaises, parce qu’il ne comprenait pas sinon que son fils aîné puisse lui en vouloir autant…

Il fut interrompu dans ses pensées par un ivrogne qui se croyait tout permis. Robin régla rapidement le problème avant de revenir vers Regina en s’excusant un peu de s’en être mêler. Ce qu’il n’avoua pas, c’était qu’il était plus que frustré par la situation et qu’il avait eu besoin de trouver un exutoire à sa colère et que cet homme était parfaitement bien tombé. Dans le même temps, il fit remarquer à Regina qu’elle ferait bien d’employer un vigile si ça n’était déjà fait. Et là, sa femme eut son sourire magnifique qu’il adorait avant de lui proposer un emploi.

- J’accepte volontiers… Dit-il avec un sourire léger. Tu as raison, mieux vaut que j’aie un autre endroit le temps que les choses s’arrangent entre nous… Et puis, comme ça, je pourrais te voir tous les jours malgré tout. Je commence quand ?

Après avoir vu son fils espérait-il. Mais bon, Robin n’allait pas trop insister, pas aujourd’hui en tout cas, c’était déjà énorme qu’elle veuille bien de lui dans le coin… Pousser sa chance plus avant aurait été une grosse erreur.

Savoir que l’un de ses fils lui ressemblait était assez agréable… Mais comme Robin l’exprima bien vite, cela lui faisait un peu peur : il n’avait pas franchement été irréprochable au cours des années avec Regina. Certes, il ne l’avait jamais trompé. Mais il l’avait abandonné et ça, ça n’était pas franchement le meilleur des comportements. D’autant que la première fois, elle avait été enceinte…

Un sourire se dessina sur les lèvres du voleur. Regina tentait encore de se faire passer pour une méchante sans foi ni loi, mais ses yeux démontraient la vérité : elle était gentille au fond. Elle s’était égarée, comme lui parfois, mais sa magicienne de femme était quelqu’un de fondamentalement bon. Même s’il était bon quelque fois de rappeler qu’elle n’était ni sans défense, ni assez gentille pour se laisser faire…

- Moi j’espère qu’il te ressemblera… Répondit-il. Parce qu’il est notre fils, j’espère vraiment qu’il tiendra de nous deux. Qu’il aura le meilleur de nous deux. Niveau beauté, je suis persuadé que c’est déjà le cas. Plaisanta-t-il.

Puis un homme ivre déboula dans l’établissement. Robin s’en occupa illico, montrant ainsi ses petits talents à sa femme, au cas où celle-ci aurait oublié. Bon, en vrai non. Il n’avait pensé à rien, simplement il avait vu un problème et l’ancien voleur avait cherché à le régler tout de suite. Rien de bien glorieux. Sauf que ce geste tout ce qu’il y avait désintéressé lui avait permis de trouver un boulot, auprès de Regina. Ce qui bien sûr, il accepta tout de suite, ravi d’avoir un boulot et surtout d’être avec sa femme.

- Je suis trop irrésistible pour que tu me fasses la tête. La taquina-t-il. Sans problème, patronne. Répondit-il.

Robin adressa un clin d’œil à Kenya quand celle-ci revint dans la salle et que Regina l’informa des dernières nouveautés. Avant de lui proposer d’aller voir leur fils, parce que oui, Robin voulait bien bosser, mais avant, il voulait voir Daniel. Voir si son fils le reconnaîtrait encore et essayer de renouer un lien avec lui.

- Avec plaisir. La marche ne m’a jamais fait peur. Acquiesça-t-il avant de la suivre.

Si elle savait combien de kilomètres il avait pu faire pour rentrer jusqu’à Storybrooke, peut-être se rendrait-elle encore plus compte à quel point il avait voulu rentrer…