« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Soreth avait bien fait de me préciser de ne pas répondre. Sa ressemblance avec une vache ? Ça se discutait. Mais je ne m'étonnais pas du désintérêt qu'il portait au pinceau. Si cette tête brûlée ne cessait pas de plonger les personnes alentours dans des histoires étranges, c'est qu'il y avait quelque chose de caché que je ne comprenais pas. Et ça me frustrait, mais il n'était pas nécessaire de gaspiller de la salive pour lui lui expliquer.
En revanche, j'avais tiqué sur "Des choses bien plus intéressantes et amusantes. ". Il n'y avait pas de suspense sur ce à quoi il faisait allusion. Pourquoi ça me dérangeait ? Aucune idée. Et j'avais de toute façon de quoi faire pour ne pas y penser. Ou du moins, je profitais de la situation pour ne pas me lancer dans des étranges réflexions qui n'ont pas l'air de me plaire.
Si je ne reconnais pas que tu es le plus fort, c'est que tu ne l'es pas, me concentrai-je sur ce qu'il se passait. Certes, la réflexion n'était pas très mature, mais il l'avait eu en premier. Hors de question de passer pour plus faible que lui. C'était étrange, néanmoins, puisqu'il n'y avait qu'en sa compagnie que j'étais comme ça. Il était sans doute si agaçant qu'il en détraquait le monde.
Miss Tick et son retour de force ne nous laissait de toute façon pas le temps de s'attarder sur de quelconque réflexions. Et si le point culminant de la magie du pinceau ne fonctionnait pas, il n'y avait plus qu'à regarder chez Harry. Je levais le ciel, alors que Soreth remettait encore en question mon plan avec son étroitesse d'esprit, pour courir vers mon objectif sans demander mon reste.
A moins que tu aies une meilleure idée, on ira traverser les murs de sa maison pour fouiller les secrets de papa, on a pas d'autre plan, vas-tu cesser de remettre en question ce que je dis et venir avec moi ? Lui fis-je simplement lorsque j'étais arrivé vers lui avec la voiture-toon.
Te flatter est le cadet de mes soucis, monte et grouille-toi.
Je fus presque surpris que le trajet se passa sans encombre. Peu confortable, rapide et précipité, mais sans problème. Sans conflit non plus, l’intérêt numéro ayant soudainement grandit assez pour passer devant les chamailleries d'ordinaire incessante que nous avions. C'est donc étonné d'être encore en vie que je descendis du véhicule.
Tu songes à adopter une voiture ? Tu n'as pas peur ? Un animal de compagnie avec toi a de fortes chances de mourir dès la première semaine.
Ah bah si, les voilà qui reprirent, les querelles inutiles. Avant d'entrer, Soreth me fit part de ses réflexions à propos d'une idée qu'il tenait. C'est là que je vis toute la difficulté à faire équipe avec lui : admettre que ses idées étaient bonnes pour les appliquer ensuite.
Les Animaniacs faisaient parfois apparaitre un crayon géant pour dessiner des eclumes au dessus de leurs opposants. Si on se sert de ça pour écrire à Harry, peut être que ça peut marcher.
Pour répondre à sa seconde question, je me contentais de traverser le mur pour vérifier par moi-même, pour voir le groupe avec lequel j'étais réunis autour de manuscrits de papa, débattant sur les possibilités. Ouaip, il est là, fis-je à Soreth une fois qu'il m'avait rejoint.
Dehors, l'orage grondait soudainement plus violemment. Tick approche. Il faut l'éloigner de la maison. Laisser le message à Harry, et distraire la sorcière. Faudra trouver comment s'armer face à elle, elle est beaucoup plus commode ici que la vraie à l'époque.
Je regardais Soreth dans les yeux. Ok. On doit faire équipe ? Alors finissons-en.
Je jetais un dernier coup d'oeil à la fenêtre, voyant la sorcière approcher de plus en plus. On va lui régler son compte. Toi et moi.
Sa mauvaise habitude de toujours remettre en question les indications qu'on lui donnait semblait être un tantinet agaçante pour l'ancien lapin, puisque ce dernier prit la peine de lui réexpliquer - plus ou moins posément d'ailleurs - son plan, pour ensuite lui demander s'il allait daigner l'écouter et arrêter de douter de lui. La tentation de lui répondre était grande, mais il s'en abstint et se contenta d'aborder un sourire, l’accompagnant de cette mimique pour le rendre énervant. Si Storybrooke ne risquait pas grand chose des suites des attaques répétées de personnages cartoonesques, eux semblaient légèrement plus fragiles et réactifs face à ces événements, et il ne tenait pas à mourir dans ce fichu univers bancal, aux côtés d'un "partenaire" tout aussi bancal et ennuyant. Franchement, si c'était ça que comptait lui réserver l'avenir, il regrettait de ne pas avoir passé l'arme à gauche plus tôt. Il en avait sa claque de ce fichu karma - ou il ne savait quoi encore - qui semblait prendre un malin plaisir à le malmener de toutes les façons possibles et imaginables. Qu'avait-il fait dans sa vie pour mériter ça ? Aux dernières nouvelles, il n'avait pas tué des portées de chatons, rien dans son comportement ne pouvait justifier un tel acharnement cosmique à ses yeux. Vraiment, il ne voyait pas de quelle façon ça pouvait s'expliquer, mais il espérait sincèrement que l’Univers finirait par s’apercevoir de ses bourdes répétées, et qu’il trouverait un moyen de se faire pardonner - et de façon sublime et agréable, si possible. Il le mériterait s’il parvenait à supporter Dyson suffisamment longtemps pour se sortir de là sans le tuer. Mais pour l’instant le meurtre n’était pas au menu…
Un trajet on ne peut plus expéditif plus tard, les deux compères d’infortune se retrouvèrent devant la demeure démesurée d’Harry. Comme son regard critique s’étant arrêté un peu trop longtemps sur leur curieux taxi, Dyson trouva encore l’occasion de la ramener, perçant presque ses pensées à jour au point que ça en deviendrait effrayant. Pendant un temps, seul un claquement de langue agacé constitua sa réponse, mais il songea que la chose devait être trop subtil pour parvenir aux oreilles de ce crétin.
▬ Avec tout ce à quoi tu pouvais penser, tu n’as rien trouvé de mieux ? … Il y a du relâchement dans l’air. Renouvelle toi ou tu seras très vite dépassé, mon vieux. Après un dernier regard vers la voiture, il leva les yeux au ciel.Et je te ferai remarqué qu’être à tes côtés ne ressemble en aucun cas à une sinécure… Au point que c’en serait presque plus dangereux que mes mauvaises habitudes.
Pas une fois, pendant tout le temps où il lui adressa la parole, il ne fit l’effort de le regarder, préférant observer ses ongles qui semblaient avoir un petit je-ne-sais-quoi de très intéressant dans l’immédiat. … Et leur petit jeu fut suffisant pour raviver la colère du taxi qui se trouvait derrière eux : sans mise en garde, son moteur se remit à vrombir furieusement, attirant sans mal l’attention de l’ancienne souris… Qui constata que ses yeux animés semblaient devenir fous.
(... Je n’y crois pas. Ce monde de détraqués tient vraiment à notre bonne entente.)
Un soupir lui échappa tandis qu’il s’efforçait de calmer le véhicule à l’aide de gestes apaisants… Et, enfin, d’un regard coulé vers Dyson.
▬ Il n’y a aucune raison de se fâcher… Vraiment. Il ne s’agit que de chamailleries innocentes, comme au bon vieux temps...Bon sang, que ces niaiseries l’horripilaient.On ne compte pas se déchirer de si tôt. Il y a encore quelques petits détails à régler, on l’on ne sera pas trop de deux pour y parvenir...
Si les mots lui venaient aisément - embrigader autrui pour le piéger dans sa toile faisait parti de ses talents en tant que journaliste - cela ne signifiait pas qu’il y avait la moindre trace de croyance dans ce qu’il racontait. Non, pour ne pas changer, il cherchait simplement à servir ses propres intérêts - qui se trouvaient être communs à son de son pseudo “frère” pour le coup - et aussi à éviter de se faire broyer par une voiture déchaînée. Forte heureusement pour eux, cette dernière semblait avoir recouvré son calme et abordait de nouveau son air béat.
En guise de sa bonne foi, il poursuivit sa réflexion pour parvenir lui aussi à proposer l’ébauche d’un plan qui… À sa grande surprise, fut presque aussitôt approuvé par l’autre toon. Qui se hâta de disparaître au travers d’un mur, à croire que lui donner raison était une véritable épreuve. Et ce comportement puéril - qui, pourtant, se retrouvait chez l’un comme chez l’autre - lui donna l’envie de soupirer, mais il s’en abstint : il ne voulait pas réduire à néant tout le travail qu’il venait de faire auprès de ce maudit taxi… Et qui pouvait traverser les murs sans mal, tout comme eux. Génial, vraiment.
Leurs recherches ne furent pas bien longues : Harry - et les autres - ne cherchant pas particulièrement à se dissimuler, ils le retrouvèrent dans un bureau. Pièce fort agréable puisqu’elle avait le bon goût de posséder une réserve non négligeable de papier. Ne leur restait qu’à imiter ces maudits Animaniacs pour lui laisser un message l’informant de leur situation. Dyson, qui semblait déjà bien trop tourné vers l’avenir, parlait déjà de leur affrontement à venir contre Miss Tick et de la meilleure façon de s’armer pour lui faire face. Lui, il se contenta d’hausser un sourcil, l’air intrigué.
▬ Parce que toutes les choses que nous pouvons faire apparaître ou invoquer comme bon nous semble ne te suffisent pas ? Que voudrais-tu emmener de plus ? Il resta silencieux une demi-seconde.Et nous n’aurons peut-être pas besoin de tout ça : si ce maudit pinceau se rend enfin compte de notre capacité hors-norme à faire équipe, il constituera sûrement notre arme la plus efficace contre elle...
Mais encore fallait-il parvenir à l’en convaincre, ce qui n’était pas une chose aisée. Ce maudit bout de bois semblait bien plus revêche que le taxi…
Les propos de son coéquipier du moment lui tirèrent un sourire narquois.
▬ De toute façon, avons-nous vraiment d’autres choix ? ...
Il était persuadé que cette simple remarque réussirait à l’exaspéré, et cela l’amusait. C’était le principal. Mais ils durent bien vite passer aux choses sérieuses puisque les éclairs semblaient se démultiplier, et se rapprocher bien trop vite. Dès lors, ils se concentrèrent pour faire apparaître un crayon… Qui faisait la moitié de sa taille et qui manqua de l’assommer.
▬ Hey ! Son ton possédait une intonation outrée.Je te ferai signaler qu’on est censé travailler en équipe. Ce n’est pas en m’écartant de l’équation que ça va fonctionner...
Après cette mésentente, ils se remirent au boulot et parvinrent à laisser un mot relativement convenable. Malheureusement, l’opération leur avait pris davantage de temps que celui qu’ils avaient initialement prévu - et Harry & Cie venait seulement d’apercevoir ledit mot - et, lorsque l’ancienne souris jeta un oeil par la fenêtre, ce fut pour constater que la sorcière ne se trouvait plus qu’à un pâté de maison d’eux.
▬ ... Génial. Des idées, très cher ? Ou nous nous apprêtons à finir nos jours lamentablement dans la tempête créée par une magicienne ratée ? ...