Le soleil était en train de se coucher lentement dans le ciel. Jack était adossé au mur de sa prison, son chapeau lui masquant le visage. A vrai dire, il commençait à décuver lentement le Rhum qui lui empoisonnait doucement les veines.La lumière orangée envahissait la petite pièce donnant sur le poste de Police. L’officier qui l’avait arrêté il y a quelques minutes frappa aux barreaux de sa cellule pour le réveiller. Jack grommela et s’assit en face de son interlocuteur.

« On ne t’a jamais appris à ne pas réveiller un Pirate l’ami ? »

« Bien, je viens de faire une recherche. Aucun Pirate du nom d’Hector Smith n’est répertorié dans les différents mondes magiques. »

« Mondes magiques tu dis ? Comment ça ? »

« Les mondes magiques des contes. Oh toi tu es nouveau… Bien, en attendant que nous t’ayons identifier, tu vas rester ici pour abus de bien d’autrui. Tu as le droit de demander des visiteurs. »

« Abus des truies, on me l’avait jamais faite celle là ! Les mondes magiques hmm… Donc ça veut dire que je me suis comment dire… Egaré dans un monde, des mondes parallèles, où il y a des mondes magiques, des mondes pas-magiques et des mondes horribles avec des bateaux sans voiles comme celui-ci ? »

Le Policier le regarda d’un air hébété, de toute évidence, il n’avait rien compris. En plus il avait atténué sa voix progressivement. Il avait quasiment fini par un murmure si peu audible que le garde avait du pencher la tête pour entendre. Au moment où ce dernier était assez proche, Jack se leva d’un seul coup. Vif comme l’éclair il se saisit de la chemise de son geôlier et le tira avec force vers lui. La tête de ce dernier heurta les barreaux et il s’effondra assommé.
D’un geste sec il s’accroupit pour se saisir du trousseau de clef.

« Hé voilà… Il n’y a plus que toi et ce bon vieux Jack ! »

Il fit tourner les clefs à l’envers puis ouvrit la porte de sa cellule. Ah… La liberté. Il prit bien le soin d’enfermer son geôlier à sa place, puis s’empara de ses maigres effets personnels : son épée et son pistolet à balle unique. Il s’engouffra ensuite vers l’extérieur et se mit à courir de sa célèbre démarche chaloupée. Une fois arrivé au détour d’une ruelle, il s’appuya dans un coin sombre pour réfléchir. Bien, il devait retourner chez lui. Il était visiblement coincé dans un monde parallèle. Et il savait que la seule façon de partir, pour lui, c’était l’océan. Mais il ne devait pas partir à l’aveuglette. Il lui fallait d’abord se renseigner sur l’endroit où il se trouvait et comment il pouvait quitter cet endroit maudit. Il sortit son pistolet et son épée puis commença à avancer dans les ruelles sombres. Certaines personnes étaient en train de rentrer chez elles, et il prit bien le soin de les éviter. Il observa en silence les habitations à l’architecture si différente de son monde. Il s’arrêta et pencha la tête d’un air hébété en direction du bâtiment central pour lire les mots suivants : « Bibliothèque… »
Un sourire mauvais se dessina sur le visage du Pirate. Il s’avança paisiblement comme si de rien n’était en direction de la porte, les quelques passants qui le virent se contentèrent de le regarder en le dévisageant.

« Quoi, tu n’as jamais vu un dieu vivant ? »

Il arriva enfin devant la porte. Il essaya de l’ouvrir. Fermée. Il s’acharna dessus comme un demeuré. Toujours fermée. D’un soupire il se recula et dégaina à nouveau son épée. D’un geste précis, il l’enfonça dans l’ouverture de la porte et fit levier pour faire sauter la serrure d’un geste brusque. La porte céda dans un léger fracas. Il s’engouffra rapidement à l’intérieur et se dirigea directement vers la bibliothèque. Personne. Il mit quelques temps à trouver ce qu’il cherchait. L’atlas de ce monde, ainsi qu’un vieil ouvrage sur la piraterie. Sans concession, il arracha la cartes des mers de ce monde, la plia et la plaça dans son manteau sans prendre le temps de l’observer. Puis, il commença à ouvrir l’autre ouvrage et chercha son nom pour en apprendre un peu plus sur lui. Il avait mal à la tête. Le vieux pirate qu’il était avait encore du mal à se souvenir de qui il était.

« Voyons voyons… Edward Teach…. Ce bon vieux briscard a le droit à toute une évangile… Mais où est donc ce bon vieux Jack... »

Soudain, il remarqua qu’une ombre l’observait. Sans crier garde, il sortit son pistolet, l’arma d’un seul geste et le pointa droit en direction de la tête de cette dernière. Il ferma l’ouvrage, le prit sous son autre bras et observa le nouveau venu.

« Tu te trouves entre moi et la sortie. Ne m’oblige pas à salir ce lieu merveilleusement propre… »

Jack resta un moment debout. Le visage de cette femme lui était vaguement familier. Il pencha la tête d'un air curieux dans sa direction. Qui était-elle pour l'appeler Capitaine? Cela voulait dire qu'elle le connaissait. Ici, dans cet endroit quelqu'un connaissait son existence. Il ne lâcha ni la pression de son regard, ni son pistolet. Il continua d'observer son interlocutrice tout en réfléchissant.
Il finit par déclarer d'une voix nonchalante.

" Enchanté, et à qui ai-je l'honneur? Ôh, vous savez, il y a bien longtemps que je ne tombe plus dans l'erreur de ce vieil adage qui dit ' Ne lui faites pas de mal, c'est une femme ! '. J'ai vu des femmes faire regretter à des hommes ce qu'ils sont et ce qu'ils ont pu faire, alors oui, croyez moi sans aucun doute que je suis capable de faire une mal à une femme s'il le faut! La dernière fois que j'ai eu à baisser ma garde pour pareil réflexion, la p'tite mégère m'a entaillé l'avant bras... "

Il commença à tourner autour d'elle et la dévisagea. Il avait déjà vu cette rouquine, mais où il n'en savait rien. Elle appartenait à la piraterie, il en aurait donné sa main à couper. Mais c'était impossible de se remémorer où il l'avait rencontré. Il finit par déclarer d'une voix sans timbre.

" Ton visage m'est vaguement familié, t'aurais-je déjà menacée? "

Les connexions se firent toutes seules dans le cerveau de Jack et une série d'image lui apparurent devant les yeux. Il se revoyait, lui et son équipage, accompagné du Black Pearl abordé un navire étrange mais puissant et rapide. Il se revoyait en face d'une famille de roux ainsi qu'un équipage solide. Il se revoyait, marchander sa porte de sortie Victor MacBernik... Un visage jovial se dessina, et Jack baissa sa lame en ricanant.

" Ce bon vieux Victor ! Comment va-t-il?! Oh ce n'est pas ma faute si il fait à chaque fois l'erreur d'amener sa merveilleuse et sublime femme avec lui à chacun de ses voyages ! A chaque fois c'est une précieuse monnaie d'échange! Il vous aime plus que l'or, et pour un pirate c'est une faille non négligeable à exploiter chérie... D'ailleurs cela m'étonne qu'il ne soit pas à tes côtés... "

Il releva sa lame et le chercha un peu partout dans la bibliothèque d'un oeil sincèrement méfiant. Victor MacBernik était réputé pour son extravagance, mais il était toujours intraitable, surtout quand il s'agissait de sa femme. Une fois qu'il fut certains qu'elle ne se trouvait pas dans les parages, il déclara d'un ton enjoué.

"Visiblement il n'a pas compris la leçon ! Contre quoi pourrais-je t'échanger cette fois-ci?... Oh, je sais. Dites moi où on est, en quelle année, sur quelle mer et surtout pourquoi je suis là contre mon gré depuis quelques jours? Car vous et moi on est du même monde il me semble. Alors pourquoi êtes vous là? Est ce que je suis... mort?"

Son visage s'assombrit à cette idée. Il avait une peur bleue de la mort. Et à cette idée, sa lame se redressa un peu, comme si il estimait que la Mort elle même venait de lui offrir son premier défi....

Jack l'observa un moment. Ce bon vieux Victor, perdu en mer? Laissant sa belle demoiselle seule, sans lui. Ôh, il était convaincu qu'elle pouvait se débrouiller seule. Mais ils étaient quand même très proche. Jack avait d'ailleurs un dicton, répété en amplifié par M. Gibbs à ce sujet : " Un MacBernik n'est pas bien dangereux, mais toute la famille MacBernik peut repartir avec bien plus que ton bateau!". Il ricana seul. Puis lorsqu'elle lui annonça où ils étaient, il ne put s'empêcher de sortir la carte qu'il avait dans les mains et de l'observer avec un peu plus d'attention. Elle était beaucoup plus précise que les cartes qu'il avait dans son monde. Il y avait aussi beaucoup plus de chose découverte qu'il ne l'aurait imaginé même dans ses rêves les plus fous. La carte était extrêmement bien détaillé, et il se jura de la garder avec lui. Dans son monde ce serait un bien extrêmement précieux... Il pourrait se cacher là personne n'a jamais navigué. Il serait alors le roi des sept mers...
Il sortit de sa rêverie et remarqua la date qui figurait sur la carte. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Un sourire à moitié mauvais, à moitié joueur.

" Allons allons, Madame MacBernik. Je connais votre famille, des vrais farceurs... Ne jouez pas avec moi! Je sais pertinemment que la date est fausse. Par contre la carte que je viens de dérober est bien plus déroutante que ce qui vient de sortir de votre bouche! Où sommes nous réellement? "

Cette fois-ci, Jack commençait légèrement à paniquer. La date sur la carte et le dit objet l'avait complètement déboussolé. Il semblait être dans le futur, mais avec une personne en face de lui qui faisait parti de son monde et de son époque. Et tout était bien réel. Il observa les alentours et toucha une table pour vérifié qu'il n'était pas fou. Non, réelle. Aussi réelle que lui. Mais si ça s'trouvait, c'était lui qui n'était pas réel?
Les pensées étranges de Jack fusaient dans son esprit. Il remarqua qu'à l'évocation de son mari et du départ en mer, elle avait fait la moue.

" Ne me dites pas que ce cher Victor MacBernik vous a abandonné... "

Il observa sa poitrine. C'est vrai qu'il s'agissait d'un véritable trésor! Il s'avança légèrement, mais respecta cependant la distance de sécurité. Après tout, il parlait à une femme pirate. Et dieu sait si il savait de quoi elle était capable!.
Il reprit la parole avec un sourire charmeur et une mimique typique de son personnage. Il baissa ses armes et les rangea.

" Vous n'êtes pas un objet effectivement. Vous devriez savoir que je traite les femmes en plus haut respect... Et ce n'est pas une farce, croyez moi. J'ai beaucoup de respect pour celles qui ont osé se lancer dans la piraterie. Un moyen d'affirmer que les hommes n'avaient après tout pas le monopole de la liberté... "

Il avança d'un pas. Léger, mais il avança. Son regard se fit un peu plus dur cette fois-ci lorsqu'il reprit.

" Je me suis égaré, dans l'espace et le temps. Où suis-je?"

Jack l’observait cette fois-ci de manière perplexe. Storybrooke ? Aux Etats-Unis ? Etant né en 1693, il ne connaissait pas ce mot. Il resta un moment pour arriver au début d’une théorie. Non, c’était trop complexe pour lui. On était en 2017… Cela voulait dire qu’il était dans le futur de plus de 300ans, mais elle, elle était bien réelle, bien présente. Elle était faite de chaire et d’os, et il était persuadé qu’elle était contemporaine à son époque. Elle parla de différentes choses. Du monde des contes, d’une malédiction. Il ne connaissait rien de tout ça. Absolument rien. Puis elle lui parla du Pays Imaginaire. Il s’y était égaré une fois, mais cet endroit n’avait à l’époque rien de réellement charmant. Aussi, il fit une moue étrange, indiquant qu’il était réellement perturbé. Il l’écouta poursuivre. Elle lui conta son histoire. Victor avait quitté Lucile pour la mer. Les MacBerniks avaient disparus. On vivait dans un monde de fou décidément.
Il l’observa encore un peu, puis prit son courage à deux mains pour déclarer :

« Si je comprends bien… Nous nous retrouvons dans le futur. Et dans ce futur, il y a des personnages qui sont… Disons, issus d’autres mondes que le notre. Et il existe effectivement d’autres mondes, avec d’autres personnes qui y vivent. Donc, ici, en réalité nous ne sommes pas dans le futur, mais juste pas dans notre monde. Je vois. Donc si j’ai bien compris, puisque nous sommes ici tous deux, il y a un moyen de voyager de notre monde depuis ici... »

Il avait parlé en faisant un peu les cents pas. C’était étonnant de le voir dans cette posture, sous ce sérieux étrange. Il gardait cependant sa démarche chaloupée, et son ton désinvolte. Soudain, il se rappela la remarque qu’elle lui avait faites sur ses seins, et il retrouva son sourire et son regard habituel.

« Bien sûr que je sais où sont vos yeux Lucile ! Je sais aussi où sont vos seins, donc vous pouvez comprendre ce que j’avais en tête… »

Il ricana légèrement et poursuivit.

« Non, je ne vais pas vous sauter dessus ! Je suis un gentleman… Même si j’imagine que depuis la perte de ce bon vieux Victor, fidélité et espoir ont fait de vous ce que vous êtes aujourd’hui. Cela doit manquer tout d’même, le désir charnel, l’envie d’un autre… Oh et je sais bien, mon charme et mon charisme font que vous vous demandez sûrement si ce n’est pas vous qui allez me sauter d’ssus ! Mais je ne suis pas un homme facile, et malgré vos yeux magnifiques et votre poitrine qui s’accompagne avec, je ne céderai pas à vos désirs profonds qui consistent à me voir attacher à votre lit, Lucile MacBernik ! Et sinon comment part-on d’ici ? »

Il avait dit cette dernière phrase comme un cheveux sur la soupe, on aurait dit un lapin qui venait de découvrir une carotte.