Jack était au milieu du port lorsqu’il entendit la voix de Lucile MacBernik dans son dos. Tournant les talons, il se figea face à elle, la carte sous le bras. L’observant d’un air malicieux, il déclara d’un ton neutre :

« Hé bien, moi qui croyait que cette nouvelle tenue somptueuse t’avais enlevé tout ton caractère de Pirate, je crois que j’me suis trompé ! Allons ma jolie, tu comptes faire quoi d’moi ? J’n’ai pas beaucoup d’temps tu sais. Si tu veux passé du bon temps avec ce bon vieux Jack, il va falloir faire vite, et te contenter d’un des p’tits rafiots de ce port ? »

Avec un sourire coquin, il désigna le port dans un léger arc de cercle. Puis s’avança vers elle, il plia avec soin la carte si précieuse au fur et à mesure qu’il avançait. S’arrêtant à quelques pas d’elle, il poursuivit d’un ton enjoué, son visage à quelques centimètres du siens.

« J’ne sais pas ce que tu fais MacBernik, mais je crois que tu es perdu… Et tu connais ma théorie sur les femmes… C’est encore plus tendre quand l’animal est blessé… Si tu cherches à te venger de Victor en voulant m’faire des calins, je trouve pas ça très gentil d’ta part… Même si je dois quand même avouer… Que… Le fruit reste exquis. »

Et sans prévenir, il s’avança d’un pas pour l’embrasser avec fougue.

Jack se réveilla au milieu de la cabine du Capitaine du vaisseau de Lucile. Nu comme un ver, il ouvrit les yeux, sentant que le Rhum ne faisait absolument plus effet. Sa tête se tourna sur le côté… Lucile MacBernik. Il en avait fantasmé pendant des mois quand il était en mer, et il y était enfin parvenu… Et que dire de mieux que… Quel coup !
Se levant doucement, il tira les draps avec précaution afin de ne surtout pas la réveiller. Il valait mieux qu’il ne soit plus dans les parages quand ce moment arriverait. Il connaissait la suite : « Mais qu’est ce que j’ai fait ? » « Comment faire ça à Victor ? » « Je suis vraiment un monstre ! » Ex caetera Ex caetera…
Avec la souplesse d’un félin, surprenant d’ailleurs pour un homme de son âge, il se baissa pour ramasser ses affaires. Toujours nu, il commença à s’avancer dans le noir… Le rythme de sa respiration pouvait se faire entendre… Il devait partir, elle allait se réveiller d’un moment à l’autre. C’est en tournant doucement la poignée, et en entre ouvrant la porte, qu’il entendit le vase arrivé. Se baissant, ce dernier se fracassa contre la porte de la cabine. Jack Sparrow lâcha alors ses affaires, levant les mains en l’air comme un innocent et déclara de sa célèbre voix nonchalante :

« Allons chérie, chérie chérie…. Tu n’espérais pas mieux de ce sac à purin ambulant de Jack Sparrow ?... »

Voyant que ses parties intimes étaient encore visible, il baissa promptement les mains pour les cacher.

« Attention aux bijoux d’famille. »

Jack Sparrow regarda les morceaux de vase brisés au sol et il fut plutôt content d’observer que sa tête était encore entière. Enfilant ses habits rapidement, ce qui mit du temps au vu de sa véritable panoplie, il termina par son tricorne, masquant ainsi ses yeux. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Se dirigeant vers un coffre où il savait que Victor y cachait autrefois ses bouteilles, il en prit une de Rhum, la déboucha avec les dents puis but alors plusieurs gorgées. Visiblement, elle n’avait pas l’habitude de le tromper ! Combien de discussion avait-il eut avec des femmes qui trompaient leurs maris ? De nombreuses. Mais même si il pouvait passer pour un forban sans âme et sans coeur, il avait tout de même réfléchis à la question. Et il en était venu à la solution suivante : l’homme et la femme ne sont pas fait pour être monogame. C’est la religion qui a entraîné la monogamie. Autrefois, les Anciens se souciaient que peu de ce genre de chose. Mais comme elle venait de le dire avec Victor, l’homme d’aujourd’hui voulait garder le contrôle. Qu’on ne touche pas sa propre femme qu’il considère comme possession… Alors qu’en réalité, il ne fait que la privé de sa liberté.
S’asseyant sur un tabouret, il croisa les pieds sur la table et l’observa d’un air étrange.

« Sache que je ne t’ai forcé en rien ma belle. C’est toi qui m’a entraîné là d’dans. Je ne suis pas prêt pour une relation vois-tu, j’aime ma liberté. Et la liberté, c’est souvent vivre seul malheureusement… Même si le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé. Seulement voilà, je suis comme ça. Je soumets mes besoins physiques, mais j’peux pas rester enchaîné à qui que ce soit. »

Souriant, il continua à boire plusieurs gorgées et répliqua :

« Si tu étais le Trésor de Victor, il ne serait jamais parti.Il faut te faire à l’évidence, MacBernik. Reconstruit ta vie, va de l’avant. Mais ne stagne pas dans l’passé. Le passé, c’est douloureux… Oui, le passé, c’est douloureux... »

Puis son regard se perdit dans les yeux de Lucile, un air mélancolique parcourut son visage.

Jack l’écouta parler sans l’interrompre. Et il avait donc raison ! Il avait toujours raison en fait… Elle était encore amoureuse de Victor. Mais ce bon vieux bougre ne l’avait pas abandonné, il était parti chercher le petit… Intéressant. C’était pour ce genre de chose qu’il avait toujours détester se projeter dans un couple pour avoir des enfants. Ca vous prenez tout. Même votre couple. Et la preuve en était sous ses yeux. La laissant faire lorsqu’elle replaça la bouteille de Rhum, il enleva son tricorne dans une révérence faussement ridicule.

« Oh, je vois, et pourquoi tu ne l’as donc pas suivi ? Puisque tu es si précieuse à ses yeux, je ne vois pas pourquoi tu ne l’as pas accompagné… »

C’était certainement une vérité douloureuse, mais Jack disait toujours ce qu’il pensait. Prenant les cartes roulées sous son bras, il se leva et se dirigea vers la porte. Au dernier moment, elle lui demanda pourquoi il cherchait son passé. Ses yeux s’assombrirent et il se contenta alors de répondre :

« Vois-tu, il se pourrait bien que je ne sache ni pourquoi ni comment je me suis retrouvé ici. Je cherche cette réponse car elle m’obsède. Mais ce n’est pas réellement ton soucis puisque tu me détestes ! Et tu as bien raison de me détester, qui aimerait un Pirate sans foi, sans loi et sans coeur hein ? »

Lui faisant un clin d’oeil, il posa la main sur la poignée de la porte et déclara :

« Un des meilleurs coups que je n’ai jamais eu, Lucile MacBernik. Mais n’est donc pas de regrets ! Si Victor t’aime, il comprendra non ? »

Jack réouvrit la porte. Visiblement elle ne comprenait pas qu’il n’avait plus aucun intérêt à rester ici. Le brise-coeur avait encore frapper. Mais il s’en moquait, Jack Sparrow ne servait que ses propres intérêts. Toujours la main sur la poignée, il fit une moue étrange quand elle lui annonça cela  et répondit en ricanant :

« Oh… Pas très galant… Mais saches que si tu es enceinte de moi, je serai parti avant que tu ne saches que tu sois enceinte… C’est mathématique, et au moins ça m’évitera d’avoir une bouche à nourrir ! »

L’observant d’un œil attristé, il ne bougea pas d’un centimètre de plus. C’est vrai, c’était triste cette histoire de Viktor qui s’en va en mer, laissant sa femme derrière lui. Mais Jack Sparrow n’était pas un sentimental, et ce genre de chose lui avait toujours échappé. Aussi, faisant tourner ses doigts devant lui comme il le faisait d’habitude avec ces mimiques, il déclara :

« MacBernik voulait déjà me tuer de toute manière, et ça ne sera qu’un de plus sur ma superbe liste ! Qui plus est, tu es autant responsable que moi je te signale ! Je n’ai jamais forcé une femme ! Et ne t’inquiète pas pour moi, dés que j’aurai retrouvé mon compas et mon Navire, je pourrai quitter cette ville de malheur. Tu ferais d’ailleurs bien de venir avec moi jusqu’à ce que je te dépose à Tortuga. Tu y trouveras surement Viktor ! »

C’était maladroit, mais c’était aussi typique de Jack Sparrow.