« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Puisqu'on ne vivra jamais tous les deux, puisqu'on est fous Puisqu'on est seuls, puisqu'ils sont si nombreux...
Les tremblements de terre, le rugissement du Vésuve. Le combat qui avait fait rage, les soldats qui chancelaient, l'épée au poing, désemparés face à la fumée et à la colère de ce qu'ils avaient cru être une montagne...
Jamie gisait au sol, la main crispée sur son flanc ensanglanté. Je soutenais toujours Marcus qui était sorti de sa torpeur et qui avait trouvé ma main pour la serrer fortement dans la sienne. Il jetait sur la rue un regard hagard et apeuré.
Une étincelle étrange attira mon attention. Alors que tout semblait perdu, une ouverture lumineuse se créa dans le chaos général, nous incitant à passer. Jamie ne semblait plus capable de bouger, mais Héra le rejoignit en vitesse pour le forcer à se redresser. Ensemble, ils traversèrent le portail et disparurent.
Marcus laissa échapper une exclamation incrédule. Un tremblement de terre plus violent manqua de nous faire perdre l'équilibre. Des gens hurlaient autour de nous, en proie à une peur panique sans précédent. Je me mordis les lèvres : en l'espace de quelques heures, cet endroit tout entier allait être ravagé par la lave et les cendres. Tous les mortels présents allaient mourir. Je me doutais que Zeus était déjà loin. Mes interrogations étaient multiples à son sujet mais je n'avais pas le temps de me pencher dessus. Comment pouvait-il savoir qu'il était actuellement prisonnier sur Olympe, avec une puce l'empêchant de nuire ?
"Tu... dois... fuir..."
La voix de Marcus n'était qu'un souffle contre mon oreille. Je jetai un coup d'oeil vers le portail avant de pivoter vers lui. Vaillamment, il se redressa pour m'envelopper d'un regard tendre et dévasté. Un instant, je réfléchis à l'éventualité de lui faire passer le portail mais cela risquait de changer tout le futur. Je ne pouvais me permettre de me montrer aussi égoïste. Sauver une vie pour en sacrifier peut-être mille autres, voire davantage. Marcus gardait ma main serrée dans la sienne tandis qu'il tremblait légèrement. Cependant, il eut un sourire un peu grimaçant, comme pour m'assurer que je ne devais pas m'inquiéter pour lui. Il acceptait son sort. C'était peut-être ce qui était le plus terrible dans toute cette histoire. Tournant le dos au portail, je fis un pas vers lui et me réfugiai dans la chaleur de ses bras. Je ne l'aimais que davantage en comprenant qu'il avait décidé de ne pas lutter. Il avait connu l'amour le plus pur et cela lui permettait d'accueillir la mort avec calme. Une larme roula sur ma joue alors que j'inspirais son odeur pour la dernière fois. Je ne voulais pas le quitter, mais je n'avais pas d'autre choix...
Je l'étreignis davantage et n'obéissant qu'à mes sentiments, je nous téléportai ailleurs. Je refusais qu'il meure. J'avais décidé que cela ne serait pas aujourd'hui. Peut-être commettais-je une terrible faute mais je ne pouvais agir autrement.
Marcus tituba et se redressa, ouvrant de grands yeux perplexes. Nous nous tenions au sommet d'une colline surplombant Pompéi. La ville s'étalait au loin, hors de portée, alors que le volcan grondait toujours, dispensant une fumée noire et oppressante qui ne nous atteignait pas. Nous étions hors de danger.
"Pourquoi ?" demanda-t-il, suffoqué.
"Parce que je t'aime."
Cela me parut la réponse la plus évidente et authentique. C'était peut-être cruel, mais je me moquais de tous les autres mortels qui allaient bientôt se tordre de douleur ou pleurer en attendant la mort, serrés les uns contre les autres. Seul Marcus comptait. Il était la seule exception. Le seul pour qui commettre une faute était envisageable.
Il combla le mince écart entre nous pour m'embrasser passionnément, plaçant ses mains sur mes joues.
"Reste avec moi." murmura-t-il, nos souffles se mélangeant.
"Je ne peux pas." dis-je en baissant les yeux. "Je ne t'ai pas tout dit... Là d'où je viens, j'ai des enfants. Et ils ont besoin de moi. Je ne peux pas les laisser."
Je m'écartai légèrement de lui, prenant ses mains pour les serrer doucement, avant de plonger mon regard dans le sien, si tendre et dévoué.
"Promets-moi d'avoir une belle vie et d'aimer ta future femme autant que moi."
Il était sauf. C'était tout ce qui comptait à mes yeux.
"On se reverra ?" demanda-t-il, presque timidement.
"Un jour, peut-être."
"Je t'attendrai, alors."
Cela sonnait comme une promesse. Il ne fallait surtout pas qu'il la tienne. Je secouai la tête en me mordant les lèvres.
"Si l'on se revoit, je... je ne pense pas que ça sera dans cette vie. S'il te plaît, ne m'attends pas."
Ma gorge se serra. Je lui faisais espérer quelque chose qui n'arriverait jamais, mais il devait comprendre qu'il ne fallait pas m'attendre. Son regard resta focalisé sur moi un moment, avant de dériver pour observer quelque chose derrière moi. Je me retournai et découvris Hadès, vêtu d'une longue toge noire. Il nous fixait avec intensité. Je tressaillis et lâchai les mains de Marcus. Il s'agissait du dieu des enfers de cette époque-là, pas de mon Hadès. Je me composai une expression décontractée.
"Hadès, tu arrives pile à l'heure pour le spectacle. J'allais partir." déclarai-je d'un ton naturel tout en restant devant Marcus.
Le dieu fit quelques pas tout en toisant le jeune homme d'un air menaçant et sceptique. Puis, il se stoppa, croisa les bras et me regarda fixement.
"C'est étrange. Tu as la même aura qu'elle, mais je l'ai quittée il y a quelques minutes sur Olympe."
"Je suis Aphrodite." assurai-je en soutenant son regard incendiaire. "Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Laisse-moi partir. J'en ai fini ici."
"Mais je ne doute pas une seule seconde que tu sois Aphrodite." susurra-t-il. "La véritable question c'est : pourquoi lui n'en semble pas impressionné, ni par toi, ni par Olympe, encore moins par moi ?"
Il était mécontent. Son ego était meurtri, cela se sentait. Hadès était un éternel enfant gâté : quand on ne l'appréciait pas à sa juste valeur, il le prenait très mal. Je jetai un bref coup d'oeil à Marcus qui semblait à la fois désemparé et blessé de découvrir un tel rival. Je me mordis les lèvres.
"Ne t'occupe pas de lui. C'est une affaire privée."
Il s'approcha de moi avec lenteur.
"Privée à quel point ?" demanda-t-il tout en glissant une main très bas sur ma hanche tout en cherchant à m'embrasser.
"Privée, c'est tout." fis-je en détournant la tête.
"Depuis quand me repousses-tu ?" s'étonna-t-il, de plus en plus blessé dans son orgueil.
Je ne répondis rien. Du coin de l'oeil, je voyais que Marcus était à la fois dérouté et résigné. Ca me faisait mal qu'il ait vu ça. Cela n'aurait pas dû se dérouler ainsi.
"Viens avec moi sur Olympe. Maintenant." ordonna Hadès tout en plantant son regard brûlant dans le mien.
Je commençais à percevoir les auras des autres dieux, très légèrement, de par le monde. Il fallait que je parte. Rester plus longtemps risquait de causer des dommages irréparables.
"Laisse-moi partir, Hadès. S'il te plaît." l'implorai-je presque.
Je jouais sur le fait qu'il m'aimait. Il ne pouvait rien me refuser. J'espérais qu'il accepte, même si cela me semblait trop facile. Le dieu toucha nerveusement la bague passée à son doigt.
"Donne-moi une seule bonne raison de le faire."
Je réfléchis tout en le regardant intensément.
"Tout ce qu'on a été, tout ce qu'on sera." déclarai-je avec conviction.
Je faisais appel à tous nos souvenirs communs, mais également à notre avenir, à ce qu'il ne connaissait pas encore. Profitant de son indécision, je m'approchai de lui, le pris dans mes bras et murmurai à son oreille :
"Je t'ai toujours aimé."
Marcus n'avait pu l'entendre, j'avais à peine chuchoté. Je me reculai, constatant que Hadès était troublé. Il tourna la tête vers le jeune homme pour déclarer d'un ton autoritaire :
"Personne ne doit savoir ce qui s'est dit ici, ou il n'y aura pas que toi qui mourra."
A cet instant, Marcus eut un mouvement de recul, comme s'il ressentait une sorte d'agression en lui. Sans doute que Hadès avait usé de ses pouvoirs pour le menacer. Le dieu prit ensuite le parti de rester. Cela se voyait qu'il attendait mon départ. Il n'allait pas nous laisser en tête à tête.
Je pivotai vers Marcus et posai une main sur sa joue pour la caresser. Des traces de sang séché la maculaient. Il était toujours mal en point mais qu'importe, il respirait, alors qu'en contrebas des cris de désespoir nous parvenaient.
"Aie une belle vie." lui fis-je promettre d'un ton tremblant.
Une larme roula sur sa joue, que j'essuyai avec mon doigt, puis j'éloignai ma main. Nos regards s'accrochèrent une dernière fois avant que je disparaisse.
Je retournai jusqu'à l'endroit où le portail s'était manifesté, le coeur serré. Les filaments bleutés étaient toujours là, comme s'ils m'attendaient. Autour de moi, des colonnes s'écroulaient, des gens hurlaient. Le tremblement de terre s'accentuait, la fumée noire fondait sur la ville...
Sans un regard en arrière, je passai le portail.
***
Quelques heures plus tard, en 2017.
La nuit commençait à tomber alors que je rentrais chez moi. Cette aventure sonnait comme un échec à de nombreux niveaux : la bibliothèque de Diane avait été dévastée et Socrate avait trouvé la mort. Je n'avais jamais apprécié ce fichu matou mais sa perte semblait annonciatrice de jours encore plus sombres.
En pénétrant dans ma demeure, j'entendis aussitôt des cris et des bruits de pas précipités. Cela provenait du salon. Je m'y rendis aussitôt pour y découvrir Colère occupé à se "battre" contre Jaspeur. Chacun d'entre eux était caché derrière un canapé placé l'un en face de l'autre, et l'homme court sur pattes lançait des coussins à son acolyte qui était recroquevillé derrière un sofa en faisant une prière.
"JE SUIS PAS DEGARNI !" hurla Colère en devenant rouge. "J'AI JUSTE PAS BEAUCOUP DE CHEVEUX OK ? DIS-LE ! DIS-LE OU JE TE FAIS BOUFFER LA LAMPE !"
Joignant le geste à la parole, il attrapa une lampe art déco qui était posée sur une petite table juste à côté du canapé.
"Je... je te donnerai les miens si tu veux ! Pitié, pas la lampe ! Je n'arriverai jamais à la digérer ! Tu ne veux pas plutôt me faire manger les piles de la télécommande ? Ca me paraîtrait plus facile, quoique je risque d'avoir un trou dans l'estomac et on devra m'emmener aux urgences pour une opération critique !"
Jaspeur se mit à se mordiller les ongles, au comble de la nervosité et Colère poussa un nouveau grognement avant de prendre son élan et de sauter par-dessus le canapé pour faire un plaquage au sol à son collègue.
Je pivotai sur mes talons et décidai de les laisser s'amuser. De toutes façons, même s'ils cassaient quelque chose, ça n'était pas grave. Il faut laisser les garçons chahuter, c'est bon pour eux.
Je me rendis jusqu'à ma chambre dont je fermai la porte, afin d'être au calme. Je m'étendis ensuite sur mon lit et baissai les yeux sur la toge que je portais et qui était déchirée ou sale à maints endroits. Pour autant, je ne me sentais pas encore la force de la quitter. Elle était la dernière chose qui me rattachait à Marcus.
Alors que je redressai légèrement la tête, je remarquai un parchemin posé sur la coiffeuse. Fronçant les sourcils, je me levai et le pris en main. Il était roulé sur lui-même. Je sentis alors l'aura de Hadès non loin. Sans me retourner, je demandai d'un ton faussement amusé :
"Tu m'écris des mots doux maintenant ? C'est nouveau, ça."
Je pivotai enfin sur mes sandales pour le découvrir, les bras croisés sur une chaise, les yeux perdus dans le vide. Désormais, il avait son apparence plus âgée.
"C'est étrange quand des souvenirs nous reviennent comme ça." dit-il d'un ton pensif.
Il se leva, s'approcha en gardant toujours le regard perdu dans le vide. Puis, il décroisa les bras et tourna sa bague autour de son doigt, comme il venait de le faire, deux mille ans plus tôt. Je perçus très nettement son coeur s'accélérer.
"Tu as l'air encore plus bizarre que d'habitude. Que t'arrive-t-il ?" fis-je en m'efforçant de paraître amusée, même si j'aurais préféré rester seule.
Sa présence ne m'incommodait pas, mais étant donné les circonstances, j'aurais aimé avoir un peu de temps seule afin de me recueillir.
Les yeux baissés, il continua de tourner et de retourner sa bague.
"J'ai entendu une prière une fois. Un mourant. Généralement, je ne prête pas attention à leurs appels, mais lui insistait. Et il parlait de choses que je ne pouvais pas savoir. Il était très convaincant."
Il me regarda fixement. Mon coeur rata un battement alors que je baissai les yeux sur le parchemin entre mes doigts. Je venais de comprendre qui en était l'auteur. Je me mordis les lèvres pour réprimer un sanglot de joie et de chagrin mêlés.
"Il voulait absolument que je te remette quelque chose, le jour où je te reverrai. J'ai longtemps hésité à le brûler. Pendant près de deux mille ans, je me suis posé la question. Si je devais te le donner ou pas."
Je déglutis avec peine et tournai le parchemin roulé dans mes mains, précautionneusement. Je considérais cet objet comme un trésor.
"Merci." articulai-je, émue.
Hadès eut un petit rictus qui se figea en grimace. Puis, il prit une grande inspiration agacée.
"Je n'ai jamais croqué dans la moindre pomme. Je veux que ça soit clair. Entre toi et moi. Jamais !"
Il me pointa du doigt alors que je fronçai les sourcils. Pourquoi remettait-il cette histoire sur le tapis ? Où était le rapport ?
"Tu avais des enfants, c'est ce qu'il a dit. Il supposait que j'en étais le père. Je l'ai compris il y a seulement une vingtaine d'années. C'est bizarre ! Tu viens juste d'y aller et je me souviens de choses ! C'est surréaliste !"
Il esquissa de grands gestes avec ses mains, complètement indécis. Je voyais qu'il enrageait de ne pas tout comprendre. Il manquait des pièces au puzzle et je n'allais certainement pas les lui donner. Certaines choses doivent demeurer dans mon jardin secret.
"Une lettre du passé, un souvenir du passé. Et pourtant, c'est bien réel aujourd'hui ! Et ça a toujours été là !"
Il tapota du doigt contre sa tempe, ce qui me rappela le geste de Zeus juste avant que tout ne s'enchaine dans le chaos. Je tressaillis, songeant qu'il faudrait que j'en parle à Apollon. Nos problèmes étaient loin d'être résolus.
"Et tu m'as menti. Le coup de "on s'aimera toujours"... juste pour me manipuler à l'époque. Il y a deux mille ans, il y a vingt ans... Je serai éternellement manipulé avec toi. C'est pour ça que je t'ai remplacée par Merida. Je l'aime pas, y a rien entre nous. C'est juste qu'il fallait que je te remplace. Voilà. Et tu peux aller le raconter à ton amie !"
C'était le souci avec Hadès : quand on ne l'interrompait pas, il partait dans des monologues interminables.
"Je t'ai dit que je t'ai toujours aimé, pas que je t'aimerais toujours." précisai-je d'un ton entendu. "Ce n'est pas pareil."
Il plissa des yeux et me montra du doigt une nouvelle fois.
"Manipulatrice ! On est toujours fâché tous les deux."
En guise de réplique, j'attrapai son index pour le serrer brièvement, tout en disant avec sincérité :
"Merci, pour tout."
Puis je le lâchai. Il resta immobile quelques secondes, l'air ahuri et l'index en l'air, avant de le secouer légèrement.
"Fais gaffe à toi. Un jour, ça te jouera un tour."
Je me contentai de lui sourire, ce qui l'agaça davantage. Il disparut et je me retrouvai seule, hésitant à dérouler le parchemin. Etais-je vraiment prête à découvrir le message que me laissait Marcus ? Ou voulais-je le garder dans ma mémoire tel que je l'avais connu ?
Je résistai à la tentation quelques secondes avant de dérouler le parchemin. Je retins mon souffle et lus :
"Chère Aphrodite,
Tu es belle.
Cordialement, Marcus le mourant."
Je fixai le papier, médusée avant qu'une rage sourde ne m'envahisse et que je le froisse. Une fourche avait été dessinée en bas du parchemin, laissant entrevoir le véritable auteur de cette sombre idiotie. Hadès se complaisait dans ma douleur. N'avait-il pas remarqué à quel point je souffrais ? Ou s'en moquait-il ?
Je devais me rendre à l'évidence : il n'y avait aucune lettre, aucun vestige de Marcus. Il était mort depuis longtemps et ne vivrait plus que dans mon souvenir.
Je chiffonnai pour de bon le parchemin et le jetai dans la poubelle juste à côté de la coiffeuse, d'un geste empreint de colère.
Puis, j'allai m'asseoir au bord du lit et enfouis le visage dans mes mains. J'inspirai profondément pour me calmer durant plusieurs minutes, avant de finalement entrevoir une autre possibilité : Hadès détenait bel et bien une lettre de Marcus, mais il attendait que je lui offre autre chose en échange pour me la délivrer. Il fonctionnait ainsi depuis des temps immémoriaux. De plus, il m'avait qualifiée de manipulatrice, il n'allait donc pas me servir sur un plateau ce que je demandais.
Je me laissai tomber en arrière sur le matelas, les mains posées contre mon coeur en morceaux. Un vague sourire passa sur mes lèvres à la perspective que Marcus m'avait laissée un message. Un jour, je pourrais le lire.
Sacré Hadès... Il saurait toujours comment me provoquer.
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...mais nous pouvons décider comment aller à sa rencontre.
« Qu'est-ce donc que le Temps ? » avais-je demandé par le passé à Aeon, quand il m'avait décrit les nouvelles Forces qui régissaient nos mondes.
« C'est un grand maître et un puissant ennemi. » m'avait-il répondu.
Je n'avais pas compris de suite ce qu'il voulait dire. Le Temps n'était pas une notion que je saisissai. Il me semblait être quelque chose d'inaccessible, toujours à s'éloigner davantage de moi. Peut-être qu'il était simplement trop rapide pour moi, car je le craignais. Mais si je restai là à l'attendre, surement qu'il se présenterait à moi.
J'avais patienté sur ma lune jusqu'à ce qu'il me rejoigne. J'avais tellement de choses à apprendre de lui. Mais ses leçons ne furent pas celles que j'avais escompté.
Je comparai le Temps à un flocon de neige qui tombait sur la montagne d'Ouréa où j'aimais passer du temps quand le moral n'était pas au rendez-vous. On avait une vue d'ensemble sur une grande partie de là où je vivais. C'était magnifique. Le Temps était comme l'un de ces flocons de neige. Pendant qu'on se demandait ce qu'on allait en faire, il fondait.
J'avais appris avec le Temps qu'il pouvait se montrer très long quand on pleurait et très court quand on se réjouissait. Une fois qu'on le laissait entrer dans nos vies, il n'en partait plus. Il était toujours là, tapis dans l'ombre et se montrait quand on s'y attendait le moins. Certaines personnes pouvaient le contempler pour l'éternité, tandis que d'autres devaient saisir le moment où il était présent, car il passait aussi vite pour eux, qu'il était arrivé. Le Temps qu'on perdait, on ne pouvait jamais le rattraper.
Petit à petit, je l'avais considéré comme un voleur. Il prenait toujours plus qu'il ne laissait. Le Temps d'hier, qu'on ait pu en profiter ou non, était partit pour toujours. Celui de demain ne viendrait peut-être jamais. Il nous laissait avec juste celui d'aujourd'hui, qui lui nous appartenait, mais on n'avait pas toujours le Temps de décider ce qu'on en ferait. Beaucoup de gens étaient devenu fou à cause du Temps. Le Temps lui même devait l'être.
Le Temps était un grand maître, Aeon avait raison. Mais le Temps tuais ses élèves. Alors à quoi bon continuer à vivre avec lui ?
J'étais debout, devant le canapé et la table basse, à observer le sol, quand Robyn était entrée dans la maison. Je venais de revenir de la Rome antique et plusieurs heures s'étaient écoulés. Des heures où j'avais tué le Temps comme je le pouvais, perdu dans mes pensées. Quand la jeune femme était arrivé dans la pièce, j'avais levé mes yeux embrumé dans sa direction. De combien de Temps disposait t'elle avant qu'il ne soit trop tard ?
« J'ai peur de ne plus avoir la force de le suivre. »
Robyn se figea. Elle portait dans ses mains une grosse boîte. En silence, elle la déposa sur la table basse, avant de s'asseoir sur le canapé et de soulever le couvercle de la fameuse boîte dans laquelle était posé un gros gâteaux.
« C'est un cheesscake aux Kinders. T'en veux une part ? »
Je ne pu m'empêcher de sourire, tout en secouant la tête de gauche à droite. Elle avait le don pour faire d'une situation catastrophique, quelque chose d'ordinaire. Elle prenait la vie comme elle venait et avec elle, vous n'aviez pas le sentiment que quelque chose d'horrible venait de vous arriver. Elle serait l'amie parfaite en cas d'apocalypse.
« T'es la personne la plus forte que je connaisse. Qui ou quoi a réussi à te faire douter comme ça ? C'est qui ce "le" ? »
Je m'étais mordu les lèvres en me demandant si c'était une bonne chose de tout déballer. Mais parfois, ça faisait du bien.
« Elliot... » murmurai-je avant de la regarder avec un air sceptique.
Est-ce qu'elle savait aussi ?
« Il est Surt. Celui qui a détruit mon monde et tué toutes les personnes qui m'étaient chers. » Qui se résumaient à l'époque, à seulement une personne : Aeon. « Tu étais au courant... pour Elliot ? » me risquai-je à lui demander.
« Quoi ? »
Robyn semblait réellement choquée par cette révélation. Cela voulait dire qu'elle l'ignorait et que j'aurai peut-être dû m'abstenir de lui en parler ? Elle était restée bouché bée.
« Nora. T'es sérieuse là ? Elliot c'est... Surt ? » me demanda t'elle.
Elle avait fixée le vide, comme si quelque chose lui revenait. Puis, elle avait écarquillée les yeux.
« Putain. J'ai rencontré un Dark Elliot une fois. Ca devait être Surt, en fait. Oh putain. »
La jeune femme, mon amie, s'était levée du canapé pour se précipiter vers moi. Elle s'était arrêtée net, à quelque pas, n'osant sans doute pas s'approcher davantage.
« Je te jure que je savais pas. Que j'avais pas compris. Personne m'a jamais rien dis ! Comment t'as sû ? Qu'est ce qui s'est passé ? »
« C'est compliqué. » lui dis-je en tentant de chasser ces pensées de ma tête.
Je m'y étais mal pris avec Robyn à lui dire tout ça. Comment lui expliquer que ce n'était pas si grave ? Bien que si, ça l'était, mais Aphrodite l'avait dit et j'acceptai sa vision des choses. Elliot n'était pas encore responsable de tout ça. On pouvait encore l'éviter. Il pouvait sauver mon passé ramener mon Aeon. Il fallait juste être à ses côtés et l'aider. Mais j'étais pas sûre d'en avoir suffisamment la force.
« Il a besoin de toi. Il a besoin de moi. Je crois que tout peut encore changer, qu'il peut ne pas devenir ce... dark Elliot. »
C'était bizarre de l'appeller ainsi, mais ça faisait moins mal que de prononcer le nom de Surt. Aphrodite m'avait dit de regarder tout ce qui faisait de lui quelqu'un de bien. Il y avait tellement de choses aujourd'hui. Tout pouvait encore s'arranger. Un jour je retournerai sur ma Lune, grâce à Elliot et tout serait différent.
« Je crois que... » dis-je en me sentant déjà beaucoup mieux à l'idée de ce qui allait surement arriver. « Je crois que j'aimerai bien une part de gâteau. » ajoutai-je avec un petit sourire.
Je savais que Robyn n'hésiterai pas une seule seconde à m'en amener une. Mais il y avait autre chose dont j'avais envie, dont j'avais besoin. Je ne savais juste pas comme le lui demander... Peut-être qu'en faisant un pas vers elle... En baissant la tête, puis en la regardant dans les yeux. Peut-être qu'en agissant ainsi, elle comprendrait que c'était un câlin dont j'avais besoin ? Celui d'une amie...
« Je vais te donner une énorme part même. Mais avant, je veux que tu me dises si tu vas bien. Personne t'as fait du mal hein ? »
Elle s'était approchée un peu plus près de moi et avait posée ses mains sur mes épaules, l'air féroce. Ca eu pour effet de me faire frémir.
« Parce que sinon je vais chercher Lucille ou un couteau de cuisine et je vais lui défoncer la gueule, divin ou pas ! »
Je comprenais pourquoi elle avait pris cet air féroce. Je laissai échapper un nouveau petit sourire, avant de soupirer.
« Tu m'as vachement manqué. »
Puis, après une hésitation, elle me prit dans ses bras pour me faire un câlin. J'en avais tellement besoin que je me laissais faire sans réagir. Tout en serrant Robyn, un autre soucis me revins. Quelque chose qu'avait dit cet Augure. Il avait vue en moi que j'étais un enfant non désiré. Un enfant abandonné sur une lune, sur ma lune, vouée à disparaître. Cette lune que j'aimais tant, où j'avais passé le plus clair de mon existence. Il avait aussi ajouté que Des yeux étaient rivés sur moi, fille de Titan.
J'avais serré un peu plus fort Robyn contre moi. Je savais qu'elle n'était pas friande de câlins, mais je n'arrivais pas à me séparer de son contact. Louise avait entendue une voix quand elle était en contact avec l'Augure. Elle avait entendue quelqu'un prononcer mon nom, Sinmora. Je me souvenais de pourquoi je me faisais appeler Nora. Ca remontait à loin, quand il y avait encore Aéon.
« On va jouer un jeu, tu es d'accord ? »
Ca remontait à tellement loin que j'étais encore qu'une petite enfant. Lui était déjà une Sentinelle, mais pas encore le commandant qu'il était devenu.
« Tu vas te trouver un autre nom. Quelque chose de différent, et tu garderas Sinmora rien que pour toi. Tu ne l'utiliseras plus, jusqu'au moment venu. »
« Et quand est-ce que ce sera ? »
« Tu t'en rendras compte par toi même. Un jour lointain. Si tu réussi à garder le secret sur ton nom jusqu'à ce jour là, je resterai avec toi pour toujours. »
J'étais si jeune à cette époque. Mais j'avais conservé mon nom secret jusqu'à la venue de leur groupe. L'Oracle m'avait dit plusieurs années après que je reconnaitrai la personne qu'il faudrait lui amener. Je ne savais pas comment je pourrai le reconnaître, mais Apollon avait prononcé mon nom. Mon véritable nom. Celui que j'avais conservé secret durant des années. Je savais que c'était lui dont l'Oracle parlait, mais je savais aussi que Aeon ne serait plus là pour tenir sa promesse.
Sinmora.
Quelqu'un m'avait donné ce nom le jour de ma naissance et Aeon m'avait demandée de le garder ce nom secret. Ca voulait dire qu'il savait ? Il savait qui était réellement mon père ? Qui était ma mère ? Il savait ce que signifiait ce "fille de Titan" ? Il avait gardé ce secret, l'emportant avec lui. Je me demandais si Louise avait raison. Si c'était bel et bien pour me protéger que ça avait été fait ainsi. J'avais une dernière fois serrée Robyn dans mes bras, tandis que je vis au loin Anatole apparaître dans l’embrasure de la porte. Il était là depuis quand ? Ses yeux me fixaient, et je lui avais adressé un petit signe de la tête tout en me détachant de Robyn. Sans doute que lui aussi venait prendre des nouvelles. Mais j'allais bien. J'allais mieux. Mes amis étaient à mes côtés.
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Elle regardait l’horizon, son verre à la main. Tout ce qu’elle avait vécu durant cette folle aventure lui revenait en mémoire. Elle qui n’avait jamais eu l’occasion de sortir de sa tour d’ivoire en avait vu plus qu’elle n’aurait pu l’imaginait et nombres de choses qu’elles pensaient c’était affirmées tandis que son esprit avait parfois pris des chemins de Traverse sur d’autres sujets… Parfois, en refermant les yeux, elle voyait certains regards, certaines expressions qui l’avaient marqué. La peur dans les yeux de Jaimie, le regard déterminé de Louise, la rage de vaincre dans ceux de Nora. Elle avait redécouvert Artemis et Aphrodite et redécouvert son mari, ou, tout du moins, découvert une partie de lui qu’elle ne connaissait pas encore ou si peu… Celle de sa présence dans le monde des humains.
Elle but une longue gorgée tout en tournant et retournant la broche dans ses mains. Elle avait failli perdre Argus. La situation n’était même pas envisageable. Et ils avaient perdus Socrate… Il n’était pas un ami, il était une présence, un compagnon de route qui la suivait depuis de nombreuses années et qui lui laissait un vide incommensurable. Chaque jour un peu plus, elle disait adieu à son ancienne vie et ce petit chat était le véritable symbole d’un renouveau, d’un commencement, d’une nouvelle aube. Elle avait passé de longues minutes silencieuses seule dans la bibliothèque, s’imprégnant de son absence. Elle avait aussi passé du temps avec Athéna. Elle sentait encore ses mains sur ses bras, sa voix et la douceur lui annoncer la mort du chat, tandis qu’elle-même faisait un garot à un Jaimie en passe de trouver la Mort.
L’éternité, l’intemporalité ne pesait plus sur elle. Il y avait désormais un débat, un commencement, une fin. Elle n’était plus emprisonnée, en dehors de toute vie, en dehors de tout cycle. Elle était morte et était revenue à l’intérieur même de la roue du Destin, entre la vie et la mort, ses fins et ses commencements. Ils étaient à l’aube de tellement de choses, de tellement de compréhension, de batailles, de défaites et de victoires… et cette fois-ci, elle n’attendrait pas sagement sur le bas côté qu’on vienne la prendre dans les bras, comme on brandit le trophée de la Victoire. Non. Elle était maîtresse de son destin. Elle choisissait de sa vie. De sa mort. De ses choix.
Un sourire s’était dessiné sur ses lèvres tandis qu’elle ressassait cette pensée en boucle. Sa broche était de nouveau accrochée à sa robe, bien visible. Elle tenait dans sa main un verre de vin et traversaient les longs couloirs de l’Olympe. Un nouveau jour se levait, fait de secousses, d’explosion, de lave, de cris, de poussière, de sens et de bruits de lames et d’effondrement. Le chaos à l’état pur. Ils étaient au début du chaos. Le chaos était une échelle. Qu’elle comptait bien gravir, pour elle, pour ceux qu’elle aimait, mais surtout pour sa propre volonté. Personne ne l’arrêterait. Ils étaient dans l’arène. Elle était Gladiateur.
La lourde porte grinça allégrement tandis qu’elle entrait dans cette pièce à demi éclairée. Elle referma la porte sur elle-même et toisa la masse silencieuse devant elle.
- Bonjour, mon chéri. Excuse-moi de ce retard… J’aurais peut-être dû venir te voir plutôt mais après tout… toi aussi tu en as mis du temps avant de venir me voir, n’est-ce pas ?
Elle s’assit en face de Zeus et déglutit. Le monstre et son créateur face à face. Il était pour le moment si difficile de décider les traits de chacun. Elle but une longue gorgée de vin en l’observant en silence. Il avait eu tellement raison. Nul n’était capable de décider du jour de sa mort, mais ils pouvaient tous décider de comment aller à son encontre.
crackle bones
Louise Hollen
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He had beautiful eyes. The kind you could get lost in.. and I guess I did.
| Conte : Les douze fréres / Les cygnes sauvages | Dans le monde des contes, je suis : : Elisa : la soeur
« Merci » dit elle au garde Olympien qui l'avait raccompagner sur terre. « Passez une bonne soirée... une tasse de thé peut etre ? »
Il sembla perplexe un moment avant de répondre a son sourire et de disparaître, la laissant seule au milieu de la ville. Pendant de longues secondes, elle resta immobile, tenant son sac a main d'une main, et son téléphone de l'autre. Elle avait réussis a remettre la main dessus, couverts de cendres des bouquins... Son regard dévia vers le ciel quelques instants, avant qu'elle ne se décide a reprendre la route de sa maison.
Il c'était passé beaucoup de choses. Beaucoup de nouvelles, d'informations a assimiler... Elle se mordit la lèvre un instant. Peut être devrait elle parler au autres de ce qu'elle avait appris de Phobos ? Oui, certainement.. pourtant, quelque chose l'en empêchait. Elle sentait comme une gène, comme un... manque de confiance. Certes elle avait coupé les liens avec les divins depuis longtemps, mais pour la première fois elle se rendait compte que la confiance qu'elle avait en eux c'était un peu.. effilochée. Pour la première fois, elle n'avait pas envie de parler de tout ce qu'elle savait avec Diane. Louise soupira et se dirigea vers une petite supérette dans laquelle elle acheta un paquet de arlequins, avant d'en manger directement. Voilà, elle se sentait déjà beaucoup mieux. Et puis il y avait cette histoire de « femme perdue », de « femme d'un songe » et tout.. Évidemment ca se rapportait a Sebastian mais quoi. Que pouvait elle leur dire ? Leur confirmer qu'elle allait mourir ? Ces mots semblaient tellement immuables... Presque déprimants. Non, ce n'était pas la peine. Comme Nora, elle estimait avoir le droit de garder un « jardin secret ». Après tout, ils l'avaient fait, non ?
La jeune femme rentra chez elle et fut rapidement accueillis par les aboiements joyeux de Sherlock, qui bondit a sa rencontre. Elle s'accroupit et lui gratta les oreilles avec vigueur, ravie de sentir que on retour n'avait, au final, pas été vain et que même si il s'agissait de son chien, son départ l'avait inquiété. Trois coups. La femme perdue...
Elle baissa la tête, enfouissant son visage dans le poil soyeux de l'animal. Non, elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas mourir et être séparé de Sab. Plus les jours s'écoulaient et plus elle se rendait compte de l'importance qu'il avait dans sa vie. C'était.. fou de penser autant a une personne, d'être heureux a ce point en sachant qu'ailleurs, il respirait simplement. Elle ne voulait pas le perdre. Elle ne voulait pas... disparaître, ne plus voir le soleil, ne plus sentir la douceur du vent. Pourtant.. il le fallait non ? Ou plus tot, quoi qu'il arrive, ce serait le cas.
Elle parlerait a Apollon. Lui expliquerai ce qui c'était passé avec Galan, ce qui c'était passé avec Phobos et cette histoire de coups, ca et seulement ca, et a lui. Une sonnerie retentis, lui faisant lever la tête et lâcher le chiot qui partit en courant jouer dans la maison. Lentement, elle attrapa son téléphone et ouvrit le sms qu'elle venait de recevoir. From :Sebastian Je peux mettre le liquide vaisselle à la pomme dans le lave vaisselle ? Tu penses que ca marche ? Il n'y a plus de pastilles... From : Louise NE. FAIS. PAS. CA.
Elle avait répondue rapidement, les yeux ronds a la simple idée de ce qui ce serait passé si elle avait reçue le message pendant son absence. La jeune femme se releva et se dirigea vers la cuisine, ou, après avoir fouiller dans son frigo, elle se fit un sandwich. Toujours pas de réponses... From :Louise … Tu l'as fait, pas vrai ? From : Sebastian Ca mousse.
Attablée, elle resta quelques secondes immobile, la bouche ouverte prete a mordre dans son pain... Sans pour autant faire un geste pour continuer. Elle eut un sourire, qui rapidement se changea en un petit rire qui lui fit baisser le bras peu a peu, les épaules secouées. Quelle idiot. Non mais quel idiot ! Elle l'imaginait parfaitement, planté au milieu de la cuisine sans savoir comment réagir, partagé entre l'envie de rire et la consternation. From :Louise J'arrive, attends moi.
Elle se leva, abandonna son sandwich – contre l'avis de son ventre – pour se précipiter vers sa chambre, attraper un jean et un t-shirt qu'elle mit rapidement a la place de sa toge. Elle avait crue mourir. Elle avait crue qu'elle ne le reverrai jamais, et ca lui avait fait peur. Très peur. Elle lui avait dit qu'elle ne voulait pas qu'ils aillent trop vite ? Elle se sentit a présent poussée par un sentiment d'urgence un peu diffus. Elle grimpa dans sa voiture et roula jusqu'à sa maison, un peu a l'écart. Louise descendit, pénétra dans la grande maison sans même penser a frapper pour se rendre doit dans la cuisine ou elle le trouva, comme prévue. Les manches de sa chemises étaient retroussées pour évité d'être mouillées alors qu'a quatre pattes, armé d'un torchon beaucoup trop petit pour contenir le tsunami de mousse qui se propageait, il tentait de limiter les dégâts.
Il leva la tête a son approche, un air étonné sur le visage, comme si il ne s'attendait pas a la voir, alors qu'elle restait plantée la, dans l'embrasure de la porte. Le souffle court, les yeux brillants et le cœur prêt a exploser.
« Je t'aime. » lacha elle comme une bombe alors qu'il levait la main pour la saluer, se stoppant net dans son geste, la bouche a semis ouverte formant un « o » surpris. « Je t'aime pas juste « bien », je t'aime vraiment. A chaque fois que tu es loin, j'ai mal au cœur, a chaque fois que tu me souris ou que tu remet en place une mèche de mes cheveux, j'ai l'impression que je vais mourir de bonheur. J'entends ta voix dans tous les bruits du monde, et... et j'ai tellement de choses a te dire que j'aimerai que tu puisse lire dans ma tête pour toutes les entendre ! »
Elle s'arreta pour reprendre sa respiration, avant de planter son regard dans celui du gardien.
« Je vais divorcer Sab, et je veux être avec toi. »
Phoebus Light
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When you love someone but it goes to waste
what could it be worse ?
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Apollon, dieu de la divination, des arts, de la lumière.
Il avait patienté pendant un long moment, lorsque son lien avec Artémis s'était coupé, se demandant dans quel pétrin elle s'était encore fourré, encore plus en réalisant que ses trois autres sœurs étaient également absentes. Il avait fait le tour d'Olympe en attendant leur retour. Peut-être pas, comme, techniquement, la cité pouvait être agrandie comme il le souhaitait… Il avait beaucoup marché pour se détendre, ça n'avait pas marché, voilà. Mais lorsqu'ils étaient tous rentrés… Il n'avait ressenti aucun soulagement.
Il n'était pas arrivé à temps à la bibliothèque, pour un dernier au revoir à Socrate. Mais il avait vu les regards de chacun et avait comprit. Il avait été prendre Diane dans ses bras, ne réalisant pas tout ce qui c'était passé pendant leur voyage. Il en avait fait de même avec Athéna, Aphrodite, puis Louise. Il avait un air peiné, un air plein d'interrogation, en ayant conscience que le moment n'était pas aux questions. C'était comme un poids qui soudain s'était écrasé contre son cœur.
Chacun était parti se réfugier, pour oublier, sans doute. Il avait répété à Artémis qu'il n'était pas nécessaire qu'elle lui dise tout maintenant, elle devait se reposer. Elle avait l'air si fatiguée, si chamboulée… Il avait toujours ce pincement en la voyant ainsi, incapable de pouvoir la soulager. Il l'avait prié d'aller dormir, restant avec elle jusqu'à ce qu'elle cède. Puis il s'était réfugié dans la salle du trône, se maudissant de ne pas avoir été là, de n'avoir rien pu faire.
C'est le lendemain qu'Aphrodite était venue le voir. Elle lui avait parlé de Zeus. Son visage s'était décompensé et elle lui avait exposé son avis sur la question. Il avait hoché la tête. Il l'avait remercié de sa confiance. Puis il avait contacté Artémis. Il était surprit par la nouvelle, indécis, incapable de réfléchir correctement. Ils avaient discuté, avec Diane, afin de savoir si il devait en avertir tout le monde. C'était presque une évidence. Si il savait déjà quelle était sa propre décision, il ne pouvait pas se permettre de la prendre seul. Il avait prévenu Athéna. Il avait demandé à Neil de venir. Il en avait fait de même avec Arès, puis avec Hera. Il avait exposé la situation à Hadès sans s'attendre à une réponse, se promettant d'aller le voir sous peu.
Et ils s'étaient tous regroupés, là, exposant leurs arguments, cherchant à prendre la bonne décision.
« Je ne peux pas t'aider, c'est… en quelque sorte inédit pour moi. Je n'ai pas connu ça. Et je suis comme toi, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de le libérer, mais... » Apollon et Neil s'étaient écartés du reste du groupe, leur décision étant fatalement déjà prise. Ils ne cherchaient plus que des raisons de les conforter dans leurs choix. Il ne pouvait de toute manière pas en être autrement. « Il y a peut-être quelqu'un qui pourrait nous aider à y voir plus clair… nous donner son point de vue… si tu en as besoin. » Il voyait de qui elle voulait parler, sachant pertinement que peu importe ce qu'il avancerait comme choix, la majorité d'entre eux s'était déjà exprimée, sans négociation possible. Lui compris. « On a un lien fort tous les deux. Si je lui dis que tu as besoin de lui parler, il fera sans doute le déplacement. »
Il hésita un instant avec d’acquiescer. Cela ne pourrait pas lui faire de mal et permettrait au moins de mettre les choses au clair. Il soupira, retournant vers le petit groupe qui s'était formé sur Olympe, les laissant discuter à leur guise, avant de se racler timidement la gorge. Si il était d'ordinaire très à l'aise, cette situation lui déplaisait grandement. Il ne supportait pas choisir entre la souffrance d'un être qui certes n'était pas le plus apprécié d'entre eux et celui d'un possible carnage sur la planète entière. Disons que c'était pour le bien du plus grand nombre… Même si cela ne suffisait pas pour l'aider à se sentir mieux.
« Je pense qu'il ne sert plus à rien de débattre à ce sujet. A la majorité... Zeus ne sera pas libéré. »
Plus tard, dans la soirée...
Apollon s'était réfugié dans sa pièce à lui, alors qu'Artémis préparait une cérémonie en l'honneur de Socrate, attendant l'arrivée du Titan. Il ne patienta pas très longtemps avant que Hyperion n'arrive, s'asseyant dans un coin, ne le regardant pas directement, comme s'il l'évitait. Il avait cette manie nerveuse de serrer ses mains l'une contre l'autre, jouant avec ses doigts. Il ne lui semblait pas l'avoir déjà vu dans cet état.
« Nous avons… » Il se stoppa, incertain. « Nous avons bien fait ? » « C'est l'un des vôtres. Il n'a pas à être traité de la sorte ! »
L'expression du dieu se décomposa. Il sentait une telle colère. Sa gorge se serra et il baissa les yeux. La culpabilité se lisait aisément sur ses traits. Il savait que Zeus devait vivre un enfer, avec cette puce l'empêchant de se régénérer. Mais il ne pouvait la lui retirer. Si… Si il avait un choix à faire, un choix crucial, si on lui avait proposé cette alternative… Il aurait préféré le tuer que de lui infliger cela, parce qu'il ne supportait pas la torture et ses conséquences.
Il alla s'asseoir à côté du Titan, serrant ses poings contre ses genoux.
« Je suis désolé. » dit-il simplement d'une voix cassée.
Il ne trouvait rien d'autre à dire, si ce n'était qu'il avait conscience de ce qu'impliquait sa décision, qu'il savait que ce n'était pas « bien », dans le sens propre du terme. Il ne pouvait juste pas en être autrement.
« Tu n'as pas à l'être. Mes erreurs ne doivent pas t'être imputées. »
Cela ne le soulagea pas pour autant, même si le titan c'était détendu. Il ressentit juste une certaine compassion pour Hyperion. Et il avait horriblement mal pour lui. Depuis combien de temps exactement veillait-il sur eux, les petits dieux ? C'était une lourde responsabilité. Et malgré les pertes, malgré les erreurs qu'ils faisaient toujours, malgré les soucis qu'ils rencontraient… Il était toujours là, prêt à les protéger. Combien aurait abandonné ? Il ne pouvait pas se blâmer des actions des divinités, il ne les contrôlait pas, c'était même tout le contraire.
« Il a quelque chose de différent. » Zeus ? Oui, certainement, sa folie ? « Je ne lui ai pas confié votre protection. Vous deviez vous aider les uns les autres à votre arrivée ici. Ça ne s'est pas passé comme prévu. » De nouveau, il montrait des signes de nervosité. « Tout s'est enchaîné très vite. Heimdall était chargé de s'occuper de vous, de vous guider. Je ne savais pas que Zeus avait conservé ses souvenirs. Je ne savais pas qu'il savait pour Ouranos et qu'il utiliserait cela à son avantage. » Hyperion se leva, laissant Apollon dans l'incertitude. Que voulait-il dire ? « Il est le fils du Titan Roi. Je pense que cela explique que la Cité lui ait répondu et que Heimdall n'a pas pu aller contre sa volonté. »
Il eut l'impression qu'un poids s'écrasait sur sa tête. Sa bouche s'ouvrit sous l'étonnement et il mit du temps à comprendre ce qui venait d'être dit. Fils du… Fils du Titan Roi ? Et il en avait profité ? Il avait fait d'eux des petits pantins alors qu'il savait tout de leur existence, de leur vie d'enfant, pour avoir le pouvoir total ? Apollon eut presque un rire nerveux qu'il retint de justesse. Cela expliquait son comportement de dictateur et… Il avait raison. Il avait sans aucun doute des informations qu'eux n'avaient pas, des choses à leur apprendre, mais si il avait été capable une fois de les faire s'agenouiller sous prétexte qu'il était le plus puissant, le plus connaisseur, qui leur disait qu'il ne reproduirait pas le même schéma ?
« Raison de plus pour ne pas le libérer. » Il s'était reprit vite, secouant la tête. Il allait vouloir récupérer son trône, remettre en place ses règles, il n'avait que la soif du pouvoir et de la supériorité. « Je ne peux pas me permettre de le laisser se balader comme il le souhaite sur Olympe ou ailleurs. Il est trop dangereux. Ce que vous venez de me dire ne fait que le confirmer. Tout ce qu'il a fait, la façon dont il en a profité… Mais c'est lui qui a choisit d'agir de la sorte. » dit-il en soupirant. « Vous n'y êtes pour rien. »
Sans trop comprendre pourquoi, Apollon ne souhaitait pas que le titan s'en veuille pour quoi que ce soit. Ni pour ce qu'ils avaient décidé en train, leur décision n'était pas la sienne.
« Je ne peux pas m'occuper de lui pour le moment. Nous allons devoir faire avec. » Un petit rictus s'afficha sur le visage d'Hyperion. « Ça n'est jamais facile de diriger un groupe, de savoir si on prend ou non les bonnes décisions. Mais tu t'en sors très bien, Apollon. »
Le sourire qu'il lui offrit fut léger, puisque la situation ne prêtait pas à sourire. Le dieu faillit presque en rougir, à la fois gêné et touché par ces paroles. Il avait pourtant l'impression qu'il faisait tout de travers, mais savoir ce qu'en pensait leur oncle, ça avait quelque chose de rassurant.
« De grandes choses sont en marche. De bonnes choses, mais aussi des mauvaises. J'espère que tu comprends que je ne peux pas toujours être là avec vous, mais je garde un œil sur chacun d'entre vous. Vous ne devez pas attendre sur moi, ni supposer que je serai toujours là. Il arrivera des moments où vous serez seul. Vous devez rester souder, unis, comme quand vous étiez petits. »
Le souvenir de cette période si lointaine devait raviver quelque chose chez le titan, dont le regard se fit plus doux, bien que peiné. Il avait du mal à se figurer à quel point ils étaient liés à cette époque, il ne pouvait que l'imaginer.
« On fera de notre mieux. »
C'était une promesse qu'il faisait. Pour lui. Pour eux. Il ne pouvait parler pour les autres qui n'étaient pas présents mais lui en tout cas était prêt à faire son possible pour se rapprocher de ses sœurs, de ses frères. Il ne demandait pas à Hyperion d'être toujours derrière eux, sur ses gardes, à surveiller leur moindre faits et gestes. Ils étaient grands, maintenant, ils devaient bien se débrouiller seuls de temps en temps.
« Phobos est une réelle menace. Surtout maintenant… Son pouvoir grandit et il combine celui des cavaliers avec celui de Chronos. Chronos lui-même n'est pas allé aussi loin. Une telle puissance ne peut pas se trouver en un seul homme. Et j'ai peur des réactions que pourrait avoir Diane face à lui. » Il marqua une pause. « La prochaine fois que nos routes se croiseront, je ne suis pas sûr que j'arriverai à le sauver. »
Diane lui en avait parlé. Ils se doutaient que ça ne se termineraient pas comme un conte de fée. Ils n'y pouvaient rien, ni lui, ni Artémis, ni Hyperion. Lui-même ne savait pas ce qu'il pourrait faire face à Phobos, ne l'ayant jamais vu, ne connaissant de lui que ce que sa jumelle lui en avait dit et c'était déjà bien suffisant. Peut-être qu'il serait simplement incapable de lui faire du mal, tout comme Diane.
« J'en ai conscience. » Il hocha la tête, comme résigné. « Je serai là pour Diane, quoi qu'il arrive. Si… Elle ne sera pas seule. »
C'était tout ce qui compterait.
Un moment passa sans que ni l'un ni l'autre ne reprenne la parole. Apollon se redressa, passant une main dans ses cheveux, légèrement tremblante lorsqu'il la posa sur un des tableaux les plus proches, face cachée.
« J'ai fais ça pour lui. » Il le retourna, l’œuvre montrant en toute simplicité un félin au pelage noir, allongé paisiblement dans un décor de bibliothèque. Il y avait passé plusieurs heures depuis la veille. « Je ne sais même pas si il l'aurait aimé. »
Il avait du mal à en parler, les mots restant comme bloqués dans sa gorge. Le regard qu'il portait sur le tableau était marqué d'une infinie tristesse, avec un brin de regret, presque déçue par sa peintre qu'il trouvait presque trop banal, ne reflétant pas assez qui était Socrate. C'était certainement la première d'une longue lignée. Hyperion lui offrit un sourire, un vrai sourire, cette fois, avant de lâcher un soupir.
« Je dois voir Jules aussi. Les Gardiens sont un peu… particuliers. Et ils en font souvent qu'à leurs têtes. » C'était vrai, la clé était revenue à cet écrivain. Il ne s'était pas attardé là-dessus. « Je pense que Jules ne sera pas très content de connaître les causes de sa nouvelle profession... » Il eut un autre sourire. Jules devait certainement s'attendre au pire… Cela voulait dire qu'il devenait… Gardien ? Il aurait tout le temps de s'interroger plus tard. « En tout cas Socrate aurait beaucoup aimé cette peinture. »
Apollon lâcha un sourire sans joie, poussant un nouveau soupir, comme pour canaliser ses émotions.
« Il ne s'en souvent pas, mais c'est moi qui lui ai donné la vie. Tout le monde n'est pas fan des Capra. Certains préfèrent les chats. Pourtant, ce sont de très nobles et agréables créatures à observer. En tout cas, c'est un chat que je lui ai crée. Le reste s'est fait comme ça… et je ne regrette pas. Il a été bien au-delà de toutes mes espérances. Je crois qu'il méritait son titre de Gardien. Et qu'il mérite également ce tableau. »
Socrate était donc une création d'Hyperion ? Faites pour quelqu'un d'autre ? Peut-être était-ce mieux qu'il ait oublié être un cadeau. Le titan s'était rapproché de lui.
« Prends soin de toi, Apollon. » La main d'Hyperion sur son épaule, Apollon n'hésita pas à répondre à son sourire, qui se transforma en léger rire. « Tu es un peu trop grand maintenant pour que je te fasse faire le ptérodactyle. » « C'est bien dommage, ça me manque un peu. »
Il ne s'attendait à rien d'autre… Mais le titan le prit dans ses bras. Une étreinte brève, à laquelle il répondit, surpris mais non mécontent de ce geste. Il se sentait soudainement un peu mieux, comme rassuré. C'était difficile à expliquer mais… C'était un câlin de son oncle et c'était beaucoup.
« Je suis très heureux pour vous. » murmura-t-il alors simplement avant de disparaître, laissant le dieu seul dans cette grande salle.
Un bref sourire se dessina sur les lèvres d'Apollon, qui après un instant à rester sans bouger, sortit une nouvelle toile blanche.
Jamie Skyrunner
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| Avatar : Garrett Hedlund
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- Bon les gars ... Vous arrêtez maintenant avec vos histoires de mariage avec Ava ! Vous allez lui faire peur ...
- Okay okay Jayjay ! *se tourne vers Axel* Lançons l'opération les ninjas de l'amour !
- Maiiiis moi je veux être votre témoin !
✮
- Et là ... l'autre kassos ... qui veut me caser avec ma cliente ! Non mais c'est comme cette manie de prôner l'amour à tout va !
- Hahah toi aussi tu as eu affaire aux ninjas de l'amour ?
| Conte : La Planète au Trésor | Dans le monde des contes, je suis : : Jim Hawkins
Le noir autour de lui avait quelque chose d’étrange. Pas d’angoissant, non, mais d’étrange. Comme une réminiscence. Comme le souvenir d’une chose lointaine, oubliée, éloignée. Etrange et diffus à la fois, mais connu. Presque rassurant, dans un étrange sens. Presque. Parce que rien n’était jamais vraiment rassurant lorsqu’il dormait.
Lorsqu’il ouvrit les yeux, Jamie mit quelques secondes à se rappeler ce qui était arrivé. Pas à lui, mais ce qui était arrivé dans l’ensemble. Il n’avait aucune idée d’où il se trouvait. C’était à peine si il reconnu le plafond grisâtre qu’il avait pourtant cotoyer de nombreuses années, en tant qu’agent d’entretient. L’hôpital. Génial. Comment était-il passé de Pompéi à… En songeant à la fournaise, Jamie eue une sorte de sursaut, involontaire. Les souvenirs lui revinrent, ceux de la course dans les dédales de la ville, le tremblement du sol, l’homme aux bras d’Aphrodite, les soldats. Le couteau. La plaie. La douleur et l’impossibilité de passer ce portail. L’aide d’Héra. Et puis…
-Ah ça y est, t'es réveillé?
Le son agréable qu’il avait entendu jusque là cessa un peu, et quand il finit par baisser les yeux, Jamie comprit qu’il s’agissait de cordes frottées avec douceur. Presque en silence, calmement. Ce qui était en totale contradiction avec l’allure générale de Loki. Ses jambes tendues et appuyées au rebord du lit, elle mimait une indifférence totale à son égard, pourtant sa voix la trahissait. Ses sourcils aussi. Froncés par instant. Lisses à d’autre. Comme si elle contrôlait à outrance le moindre mouvement de son visage. Malgré lui, Jamie se sentit aussitôt mal à l’aise. Quelque chose n’allait clairement pas pour que Loki vienne le voir à l’hôpital….
-Je suis là depuis combien de tem... commença-t-il, avant de se crisper, ressentant une étrange sensation de tension au niveau de son flanc. Putain, la vache...
Dès que l’insulte franchie ses lèvres, Jamie se retrouva nez à nez avec le manche de la guitare que Loki tenait à la main. Ce qui le fit loucher, pathétiquement.
-T-t-t, tu bouges pas, ça fait 24h que t'es dans le coma.
Cette fois, sa voix n’avait plus rien de froid, ou de distant, mais une sourde inquiétude et une pointe de colère y perçait. Son regard belliqueux attendant une sorte d’acquiescement de sa part, que Jamie finit vraisemblablement par avoir, puisqu’elle finit par reprendre sa guitare sur ses jambes, avant de brusquement pianoter sur le bois du corps. Patiemment. Calmement. De façon absolument calculée.
-Je peux savoir ce qui t'es arrivé? Demanda-t-elle, avec un semblant de politesse, faisant claquer sa langue contre son palet.
-J'étais à Pompéi, soupira-t-il, se rallongeant en grimaçant, une main sur le flanc. Quand le volcan a explos... fit-il, avant de brusquement se redresser. Louise va bien?!
A nouveau, il se retrouva nez à manche avec la guitare, se calant aussitôt au plus profond de son lit d’hôpital.
-Je te jure que si tu bouge encore, je t'assomme ! Gronda-t-elle, menaçante.
-Est-ce que tout le monde va bien? insista-t-il, malgré tout. Louise, Hér... Victoire? Aryana?
Elle eue un autre claquement de langue, finissant par reprendre sa menace à corde vers elle.
-Je ne sais absolument pas de quoi tu parle, mais je suppose que oui. Tu as pris quoi au fait ? Ajouta-t-elle, fixant ses ongles avec une théâtralité affichée. Comme drogue je veux dire.
Malgré lui, Jamie leva les yeux au ciel, se rallongeant, sa main contre son flanc venant masser l’étrange tension de ses muscles.
-Laisse c'est... Un truc avec les Divins. J'ai bien cru que j'allais y passer cette fois...
Les souvenirs de cette… Escapade divine étaient encore presque frais, c’était à peine si Jamie pouvait encore sentir la fournaise sous ses pieds, mais brusquement, Jamie se figea, sentant sous ses doigts la forme presque connue qu’il découvrit d’un geste sec, relevant son t-shirt.
-Oh putain! s’exclama-t-il, à la vision des points de sutures sur sa peau, relevant des yeux paniqués vers Loki.
Qu’est-ce que c’était que ça ?! Pour… Pourquoi est-ce qu’il avait besoin de points de sutures lui ?! C’était… Ce n’était pas normal ! C’était même tout sauf normal ! Il était censé cicatrisé, il était même censé pouvoir se régénéré ! C’était quoi ce plan encore ?!
-C'est bien, fit doucement Loki, en battant doucement des cils, comme subjugué de douceur à la vue de sa panique profonde, tu fais des progrès ! PARCE QUE TU AS VRAIMENT FAILLIT Y PASSER !!! JE PEUX SAVOIR CE QUI T'AS PRIS SÉRIEUX ? QUAND EST CE QUE TU VAS ARRÊTER DE JOUER LES SUICIDAIRES HEIN ?
Ses cris résonnèrent dans la chambre, rebondissant contre les murs et le plexiglas, le faisant sursauter.
-J'ai rien prit, je te dis que j'étais à Pompéi! s’exclama-t-il, blessé -non mais sérieux, c’était quoi ce manque total de confiance en lui là ? C'est ces foutus dieux qui ont encore merdé, je sais pas ce qu'ils ont foutus ni pourquoi on s'est retrouvé là bas! Je sais même pas ce qui s'est passé mais le gosse... Il a fait un truc. ça a affecté Famine. Je... Je sais pas mais...
Il eue une sorte d’hésitation, baissant à nouveau les yeux avant de presque timidement passer ses doigts contre les fils.
-Je cicatrise plus...?
Elle ouvrit grand la bouche, avant de brusquement s’interrompre, le fixant d’un regard mi-inquiet, mi-profondément atterré.
-Attends... tu me dis que tu t'es fait battre par un gosse ?
Elle secoua la tête, ses longues mèches oscillant sur ses épaules, avant de se pencher, reposant la guitare sur le sol, avant de tendre la main pour lui tapoter un peu brusquement le crâne.
-Mais c'est bien, tu t'es rendue compte que tu es un humain normal, bravo Jamie…
-Non c'est pas...
Il eue un soupir, un peu frustré. Loki n’avait aucune conscience de qui -ou plutôt de ce qu’il était. Depuis son retour d’Europe, Jamie avait pu constater qu’elle… N’avait pas conscience de ce qu’était Storybrooke. Ou plutôt ses habitants. Les Dieux étaient des entités, pas des personnes à ses yeux. Ce qui rendait son explication un poil plus compliquée que prévue.
-Je t'ai déjà dis que j'ai été contaminé par un truc à cause des Dieux. Genre le truc qui nous a permit de nous échapper de Neverland. Mais là... C'est différent. Je.... Sais pas ce qu'il a fait mais... Famine, mon Cavalier... C'est différent. Je... Je cicatrise plus. Je devrais cicatriser. Mais...
Mais ce n’était plus le cas. Loin de là même, au vu des quatre points qui parsemaient sa peau comme des rafistolages sur une poupée de chiffon usée. De nouveau, il passa ses doigts sur sa peau, avant de relever les yeux vers Loki… Qui appuyait allégrement sur le bouton d’appel de soin.
-Mais qu’est-ce que tu f...
-Bonjour, le coupa-t-elle aussitôt, se levant pour accueillir l’infirmière aux allures vieillottes qui se dirigea vers lui, je crois qu'il a besoin de nouveaux... calmants ou je sais pas ce que vous lui avez donner. Un truc, n'importe quoi en fait, il nous fait un bad trip je crois…
-Mais arrête! Non, ajouta-t-il à l’intention de l’infirmière, qui les fixa tour à tour avec de grands yeux, c'est rien, laissez, je vais bien.
- Jay Jay ? COUCHE ! s’écria-t-elle, se tournant brusquement vers lui.
-Ma-Aoutch ! gronda-t-il, se courbant en deux d’avoir voulu reculer trop vite.
-J'ai dit couché ! Voila ! C'est le karma, bien fait ! Fit-elle, en le désignant à l’infirmière du menton, comme pour la presser d’agir.
-Je vais bien et je n'hallucine pas ! Alors tu arrête d'appel... Mais qu'est-ce que tu m'as fait?!
Son visage se crispa d’effroi, tendant les doigts devant lui en se décomposant littéralement.
-Je m'ennuyais ! Tu crois que c'est facile d'attendre pendant des jours que la belle au bois dormant se réveille ? Fit-elle, croisant les bras sur sa poitrine. Et puis c'est sympa je trouve, ça rends bien.
L’argumentation la plus creuse du monde, tous sujets confondus. Jamie la fixa avec un regard halluciné, avant d’à nouveau fixer ses ongles. Du bleu, du jaune, du orange, du bleu à paillettes, et même du…
-Non mais t’es sérieuse ?! Du rose ?! ROSE ?! fit-il, secouant son pouce sous ses yeux lanceur d’éclairs.
-QUOI ? QU'EST CE QUE TU AS CONTRE LE ROSE HEIN ? RACISTE DU VERNIS !
-J'ai rien contre le rose! Ça a été la seule couleur rassurante pendant un moment… ajouta-t-il, baissant d’un ton en songeant brusquement à Morph, sans raison, avant de secouer la tête. Mais d'où tu m'as peins les ongles?! T'es dingue!
Elle eue un froncement de sourcils, avant de le jauger avec une forme de dédain.
-Je suis parfaitement saine d'esprit, merci. Et je passais le temps. J'ai même fait les pieds, regarde !
D’un geste brusque, elle tira sur la couverture, dévoilant une magnifique nouvelle gamme de dix couleurs, toutes plus flashy les unes que les autres. Aussitôt, Jamie blêmit, relevant des yeux meurtris vers elle, on ne pouvait plus fière de son méfait. Non mais… C’était quoi cette fille ?!
-Oh putain... lâcha-t-il, baissant à nouveau les yeux, avant de pencher sur le côté, passant ses jambes à l’extérieur du lit, ce qui eue le don non négligeable de faire réagir l’infirmière, qui s’approcha aussitôt. Mais laissez moi! Je vais bi… Je veux rentrer chez moi! reprit-il, une fois son souffle retrouvé.
-J'ai DIT : COU-CHE ! Hurla-t-elle, sans pitié, se joignant à l’infirmière pour le repousser vers le lit. Tu rentrera quand les médecins seront d'accord pas avant ! Et si il faut t'attacher, menaça-t-elle, détachant sa ceinture d’un geste, avant de la tendre devant elle, sous son nez, j'hésiterai pas !
-Mais... T'es dingue?!
-Son état est stable, fit soudain l’infirmière, d’une voix douce, bien que ferme, se tournant vers Loki, je pense que si Monsieur Skyrunner décide de quitter l'hôpital...
-Tu vois ?! Alors lâche moi! s’écria-t-il, tirant sur son poignet, malgré la douleur sourde de son torse.
-Vous y mettez pas ! s’écria-t-elle, se tournant vers l’infirmière. Il reste c'est tout ! Et toi, ajouta-t-elle, en le pointant de l’index, j'ai Mandy en otage. Alors tu te calme.
Aussitôt, Jamie perdit un peu plus de couleur -à croire que les ornements de ses ongles aspiraient les siennes, la fixant avec effarement.
-Tu me rends mes clefs ! Tout de suite !
- Même pas en rêve.
-Mais tu veux quoi?! Qu'un médecin te donne son sésame! Vous, vous pouvez pas en chercher un? lança-t-il à l’intention de l’infirmière, qui se mordilla la lèvre.
Elle eue une sorte d’hésitation, avant de tourner les talons, sous le regard presque noir de Loki, qui recroisa ses bras sur sa poitrine. C’était tout bête, mais l’idée qu’elle ai pu emprunter Mandy pour venir jusqu’ici inquiétait grandement Jamie. Pas parce qu’il craignait pour sa moto, bien qu’il l’adore. Après tout Loki devait avoir le permis, non ? Il… Voulait le penser. Mais ce qui l’inquiétait, c’était surtout comment elle se l’était procurer. Aux dernières nouvelles, c’était chez Wilson que sa moto demeurait -trop de risque entre Jez et sa soif de vitesse, Callio et ses soirées arrosées et Maria qui n’y connaissait rien au monde moderne…. Alors si elle avait les clefs…. Malgré lui, Jamie leva les yeux au ciel, la voyant aussitôt se renfrogner, et même lui tirer à demi la langue, alors qu’il fronçait les sourcils. Vérifier ne prendrait qu’une seconde.
Du moins, c’était la théorie. Parce que la pratique s’avéra beaucoup moins évidente.
Là où d’ordinaire, Jamie entendant le bourdonnement sourd et électronique des pensées de Wilson, il tomba sur un immense silence. Aussitôt, Jamie se figea, ses mains se crispant sur le rebord du lit. Rien. Jamie n’entendait rien. Aucun bourdonnement. Aucun chuchotis. Aucune lumière, aucune image.
Rien.
-Voilà ! Railla-t-elle, s’approchant de lui, pour venir se planter en face de lui. Tu repasse en mode cachet d'aspirine ! J'ai raison donc tu reste au pieu.
-ça... balbutia-t-il, tendant ses mains devant lui, comme par crainte de ne plus les voir attachées à son corps. ça… Ne marche pas.
C’était incompréhensible, impossible ! Il pouvait encore le sentir, Famine faisait toujours parti de lui ! Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il ne cicatrisait plus, pourquoi ne parvenait-il plus à trouver ni Wilson ni Eve dans le courant de ses pensées ?! Pourquoi était-il redevenu si normal alors même que la pois noirâtre du Cavalier était toujours dans ses veines ? C’était incompréhensible, impossible ! Il ne pouvait pas être et ne pas être Famine. C’était… Ce n’était pas… il avait chercher un remède tant de temps, alors pourquoi… ? Comment ? A nouveau, Jamie fronça les sourcils, contractant les muscles de ses poumons, visualisant l’autre bout de la pièce… Avant d’être prit d’un violent vertige, tomba à demi en avant.
-Wow, wow, wow, Jay ! Fit Loki, le rattrapant à demi. Et après vous le disiez "sortable" hein ?!
Jamie n’ouvrit pas les yeux, une nausée de stupeur lui enserrant les tripes, ses doigts s’agrippant juste au pan de son gilet, comme tétanisé soudain. Même la téléportation ne fonctionnait plus..
-Nous ne pouvons pas gérer les chutes de tensions de nos patients, surtout si ceux-ci sont si promptes à l'indiscipline Mademoiselle.
-J… Je vais bien. Je vais... Bien, marmonna-t-il, comme pour lui même, ou pour un autre.
Son souffle prit quelques secondes, avant de redevenir régulier. Dans des gestes très lents, il se redressa, relâchant le tissu, pour se rasseoir, enserrant le matelas de façon aléatoire, comme perdu dans ses pensées.
-Tu peux me passer ton téléphone? demanda-t-il après un long moment, d’une voix sourde.
-J'en ai pas.
Son ton blasé le fit relever la tête, perplexe soudain.
-Comment ça t'en a p... Laisse tomber. Tu peux me chercher le mien? S'il te plait.
-Non, souffla-t-il, pour lui même, fixant le sol en lino. Avant que.... ça merde compléta-t-il avec un geste inabouti. S'il te plait, Loki, c'est important, ajouta-t-il, appuyant sa phrase d’un regard grave, qui sembla presque la désarçonner un instant.
-Ok Ok ! Finit-elle par abdiquer, haussant les épaules. J'y vais... de toute façon faut que je me prenne un sandwich, ajouta-t-elle, presque pour se justifier, mais Jamie n’y fit presque pas attention. Et vous, dépêchez vous de lui filer un truc, siffla-t-elle, juste assez fort pour qu’il l’entende lui aussi.
L’infirmière eue un regard pour elle, puis pour lui, avant de hausser les épaules à son tour, sortant à son tour de la pièce, laissant Jamie seul. Terriblement seul. Soudain, c’était comme si le Vésuve faisait à nouveau trembler le sol et ébranlait son esprit. Tout ce qu’il pensait savoir de son mal-être venait de voler en éclats, avec une violence de shrapnel. C’était… Angoissant. Terriblement angoissant. Il… N’avait pas la moindre idée de ce qui lui était arrivé dans l’arène. Ni de ce qui l’avait empêcher -tenter du moins- de revenir ici. Et aucune idée d’à qui demander des réponses à ses questions. Mais une chose était sûre.
Les choses avaient changés. Le problème étant qu’il ignorait totalement dans quelle direction elles se dirigeaient à présent...
Jules Verne
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
« L'avenir est une porte, le passé en est la clé. »
Nous sommes ombres et poussière.
Quelques jours plus tard...
Ce jour-là, j'avais demandé à Elliot de m'emmener à la bibliothèque d'Olympe. D'ordinaire, je sollicitais Ellie car elle en profitait pour lire quelques ouvrages ou ranger en ma compagnie, mais cette fois-ci, elle était occupée ailleurs. Mon ami s'était aussitôt proposé.
"Je vais jamais là-bas, ça me donnera l'occasion d'y jeter un oeil. En fait, je traîne jamais trop longtemps dans les bibliothèques, j'ai trop peur que ça réveille mes vieilles allergies." me confia-t-il d'un ton sérieux. "Quand j'étais petit, je faisais des crises d'asthme dès que j'étais dans un endroit trop poussiéreux."
"Oh, ça devait être problématique." dis-je, sincèrement compatissant.
"Bof. Je pense que c'est pour ça que j'ai développé une fascination pour les comics. Je les achetais neufs." fit-il en haussant les épaules.
Les comics étaient d'étranges livres souples remplis d'images et dont les dialogues étaient inscrits dans des bulles. J'en avais parcouru certains avant de m'en désintéresser. Rien ne valait un bon roman.
"Alors, voici ton territoire." déclara Elliot alors que nous venions d'apparaître au coeur même de la bibliothèque. "C'est grand, pleins d'histoires, intemporel... Ca te ressemble."
Il m'adressa un sourire, puis il enveloppa les lieux d'un regard impressionné avant de pousser un petit sifflement. Il s'approcha ensuite de moi pour me glisser à l'oreille :
"Un vrai piège à nanas."
Il s'écarta en haussant les sourcils. J'esquissai une moue contrariée tout en plaçant les mains dans mon dos, faussement appliqué.
"Voyons, la tache qui m'a été confiée est on ne peut plus sérieuse. Ce serait purement malvenu de ma part d'en profiter pour obtenir des faveurs de la gente féminine."
"Ouais, ouais, c'est ça." fit Elliot en me donnant un léger coup dans l'épaule, un sourire complice aux lèvres. "Je te laisse quand même de quoi détendre l'atmosphère au cas où."
Sous mes yeux médusés, un mini bar apparut non loin, juste à côté d'une table ronde.
"Il est réfrigéré. Y a tout ce qu'il faut à l'intérieur : whisky, vodka, jus de framboise, sucre de canne et d'autres trucs pour faire des cocktails. Tu pourrais même organiser une grande fête ici, ça serait trop cool ! On pourrait dire à Apple de venir chanter et..."
"Merci, je vais y réfléchir. Pour l'instant, je dois me mettre au travail."
Mon ami sembla déçu de ma réponse, aussi j'ajoutai car l'idée me plaisait bien :
"Le mois prochain serait parfait pour la fête. Costumée, il va de soi."
Nous nous renvoyâmes un grand sourire de connivence, puis Elliot se détourna pour partir. Brusquement, il passa une main dans ses cheveux comme s'il était embarrassé, et demanda sans en avoir l'air :
"Tu... tu as toujours le petit machin que je t'ai offert à Noël ?"
Je fronçai les sourcils avant d'émettre une légère exclamation et de sortir la petite pochette carrée en aluminium de la poche intérieure de mon veston.
"Toujours avec moi, comme tu me l'as conseillé." déclarai-je sur le ton du bon élève.
"Cool." fit-il tandis que sa main glissait dans sa nuque. "N'oublie pas de t'en servir quand... enfin quand voilà. Ca serait bête d'avoir un petit Verne non désiré sur les bras."
Je hochai la tête, bien que l'utilisation de cet objet me semble totalement inutile et compliquée. Il faudrait que je demande davantage de précisions à mon ami un jour prochain.
"Robyn m'a assuré que cet objet était important. Vous les gens du XXIème, vous rendez fastidieux un acte simple et naturel."
"Qu'est-ce que tu as été parlé de ça avec Robyn ?" fit-il, effaré. "Ah, c'est parce qu'elle ressemble à un mec ? Tu t'es cru en confiance ? T'as eu de la chance qu'elle t'ait pas castré."
Je fronçai de nouveau les sourcils, mécontent de cette façon dont mon ami parlait de la demoiselle. Il était grand temps qu'il prenne congé. Je rangeai le carré de papier aluminium dans mon veston, à sa juste place, tandis qu'Elliot éternuait.
"Tu vois ? Les allergies reviennent !" s'écria-t-il en reniflant avec un air angoissé. "Je me casse, mec ! Eclate-toi bien !"
Il disparut dans un nouvel éternuement. Vraiment curieux, cet homme. Il possédait des capacités gigantesques et s'effrayait pour un petit rhume. J'esquissai un léger sourire avant de pivoter sur mes pieds pour considérer la bibliothèque, les mains sur les hanches.
Quelques heures plus tard...
"Pourquoi Socrate m'a-t-il confié cette tache ? Certes, c'est un immense honneur mais je m'interroge sur ce qui a motivé sa décision."
Pensif, je fixais les rayonnages qui s'étendaient à l'infini devant mes yeux fascinés. Il faudrait plus d'une vie pour lire tous les ouvrages. Je ne me sentais pas à la hauteur de la responsabilité qui m'incombait.
"Je n'en connais pas la réponse." dit le dénommé Heimdall d'un ton neutre.
Le Gardien était une personne des plus serviables. Je lui avais demandé son aide afin de ranger les rayonnages avec davantage de rapidité. Sans lâcher son bâton, ce dernier s'était exécuté avec une efficacité prodigieuse. Il était capable de porter une pile d'une dizaine de livres d'une seule main tout en continuant de converser avec un calme olympien. C'était d'ailleurs ce qu'il faisait présentement. Son dévouement me permettait de superviser plus que de transpirer. Il m'était d'une aide inestimable.
Une heure plus tôt, Iota était venue nous tenir compagnie. Depuis que la bibliothèque lunaire n'était plus qu'un champ de ruines, la fillette avait élu domicile dans celle d'Olympe. Elle m'avait expliqué sa présence en disant qu'elle m'avait simplement suivi. Je n'avais rien répondu mais un tressaillement avait parcouru mon échine. Je me souvenais très bien de ses paroles lors de notre aventure dans le néant :
"Je ne suis plus vraiment là. Un jour il faudra que tu clôtures l'histoire."
Elle m'accompagnait tel un gentil fantôme. Souffrait-elle de sa condition ? Je n'osais lui poser la question car je redoutais sa réponse plus que tout. Quelle qu'elle soit, elle m'obligerait à mettre un point final à son histoire. Je n'étais pas prêt. Le serais-je seulement un jour ?
Elle était restée effacée à nous observer en plein rangement, avant de s'éloigner. Je la soupçonnais de vouloir creuser un écart entre nous afin de faciliter notre séparation prochaine.
Un courant d'air me fit sortir de mes pensées. Surpris, je relevai la tête et la tournai vers Heimdall.
"Que se passe-t-il ?" lui demandai-je.
Sentir une légère brise dans un lieu dépourvu de fenêtres, c'était absurde. Et étant donné nos récentes péripéties, c'était surtout inquiétant.
Sans répondre, le Gardien se détourna pour ranger sa pile de livres dans une autre allée.
Brusquement, je sentis une lourdeur autour de mon cou. Intrigué, je plongeai la main sous ma chemise et en sortis la clé confiée par Socrate. Lorsque je l'avais passée autour de ma nuque, elle avait disparu, mais voilà qu'elle se manifestait de nouveau. Qu'ouvrait donc cette clé ? La bibliothèque olympienne ne disposait d'aucune serrure.
Tandis que j'observais le petit objet dans ma main, je remarquai que le courant d'air semblait émaner de celui-ci. Pivotant sur mes pieds, je m'aperçus qu'il était plus fluide ou intense selon la direction que je prenais. La clé cherchait à me montrer le chemin.
Anxieux, je relevai la tête. Heimdall s'était volatilisé. J'allais donc devoir entreprendre le chemin seul face à l'inconnu. Je serrai les dents et avançai vers la voie indiquée subtilement par la clé. J'étais un Gardien, désormais. Je devais taire ma peur. C'était beaucoup plus facile à dire qu'à faire.
Je m'enfonçai un moment dans les différentes allées, constatant une fois encore que la bibliothèque était immense. La clé me conduisit jusqu'à un rayonnage d'apparence ordinaire. Je parcourus quelques tranches de livres au hasard, et l'un d'entre eux attira mon attention : il s'agissait de La Mare au Diable, de George Sand, l'une de mes contemporains. Je doutais que cela soit une coïncidence. Intrigué, je voulus m'en saisir. Alors que je le faisais basculer vers moi, un déclic se fit entendre. L'étagère se scinda en deux et les moitiés glissèrent chacune d'un côté, révélant une paroi sur laquelle une porte minuscule se découpait. Elle était juste assez grande pour... laisser passer un chat.
Je réprimai un morne sourire. Tout mon entrain venait de retomber comme un soufflé trop rapidement sorti du four. En jetant un coup d'oeil vers la gauche, j'aperçus Heimdall.
"Savez-vous ce qui se trouve de l'autre côté ?"
"Je ne suis pas le Gardien de ces lieux." répondit-il de sa voix grave.
Décidément, il ne savait pas grand-chose. Cela devait se rapporter au fait qu'il représentait la minorité ethnique de cette histoire. On ne confiait jamais les grandes réponses à ces personnes-là.
Je me mis à quatre pattes et introduisis la clé dans la serrure, qui y entra sans résister. Peu à peu, la porte s'agrandit en silence, si bien que j'enlevai la clé avant que la corde passée autour ne m'étrangle. Je me relevai d'un bond, perplexe, tandis que la porte arborait désormais une dimension parfaite pour ma personne. Elle devait s'adapter au Gardien qui possédait la clé. C'était fabuleux !
Avec un grand sourire, je pivotai vers Heimdall qui resta de marbre. J'esquissai une moue désenchantée ; j'aurais aimé partager ce moment avec quelqu'un d'autre.
Ne me laissant pas démonter par son manque d'enthousiasme, j'abaissai la poignée. La porte s'ouvrit lentement, révélant un... mur lisse sans grand intérêt. Sans attendre, je m'avançai et pivotai sur la gauche. Heimdall resta immobile, mais je n'en avais cure car je voyais désormais un couloir éclairé agrémenté de portes innombrables. Le corridor ne semblait pas avoir de fin, et les portes se poursuivaient à perte de vue. Une sensation de vertige me saisit. Je serrai la clé dans ma main, posée contre mon torse, comme pour me rassurer. Puis je pivotai vers la droite. Un couloir identique s'imposa à ma vue, avec tout autant de portes fermées.
Je me retournai une nouvelle fois et sursautai en apercevant une silhouette qui n'était pas là une seconde plus tôt. Puis, je me décrispai en reconnaissant Ellie. Elle était vêtue d'une curieuse façon, presque comme un garçon, et sa coiffure était négligée. Son regard était saisissant d'intensité, bien que la nuance en soit particulière. Les traits de son visage étaient tirés et son teint extrêmement pâle. Elle avait une mine affreuse.
"Ellie ? Que fais-tu ici ?" m'étonnai-je.
Sans répondre, elle me détailla lentement, comme si elle me voyait pour la première fois. Quelque chose passa dans ses pupilles couleur de jade. Elle avait changé.
"Tu es différente."
Elle parut se détendre quelque peu.
"Tu l'es aussi." dit-elle d'un ton mélancolique.
Elle resta encore un moment à m'observer avant de se ressaisir.
"Je suis désolée pour ce qui est arrivé. Ca n'était pas prévu. En venant ici tu as créé une sorte de paradoxe. Tu es hors du temps, Jules. Je n'aurais pas dû venir te chercher."
Je sentais qu'elle regrettait, aussi je déclarai d'un ton assuré :
"Je t'ai déjà pardonnée pour cela. Tu n'as plus besoin de t'excuser."
Elle évita mon regard, peinée malgré tout.
"Tu n'as pas idée de ce cela impliquera pour toi." dit-elle à mi-voix.
Comme il était étrange de la voir si forte et fragile à la fois. Je m'avançai de quelques pas vers elle, cherchant à la rassurer par une étreinte, mais elle eut un mouvement de recul. Surpris, je me stoppai. Je ne m'attendais pas à une telle réaction de sa part. Que lui arrivait-il ?
"Tu n'es vraiment pas la même." dis-je, dérouté.
"Parce que tu ne me connais pas encore."
Nos regards se croisèrent. Soudain, je compris. Cette nuance infiniment différente dans ses yeux, ses traits fatigués, son expression plus lointaine... Elle n'était pas mon Ellie. Cette jeune femme venait du futur. Je me sentis heureux de constater qu'elle était toujours en vie.
"Tu embellis avec le temps." déclarai-je, sincère, car malgré l'épuisement qui rendait son visage blafard, il émanait toujours d'elle une certaine majesté.
La jeune femme rougit très légèrement, le regard fuyant. Certaines choses ne changeraient jamais. Un sourire naquit à la commissure de mes lèvres, qui s'effaça bien vite quand je remarquai une larme rouler sur sa joue ; elle s'évapora de suite. Elle était bouleversée.
"Je suis trop âgée pour ce genre de choses." dit-elle, la gorge serrée.
On n'est jamais trop vieux pour plaire, songeai-je résolument. Mais au lieu de partager ma pensée avec elle, je décidai de lui poser une question plus pertinente :
"Quel âge as-tu donc ?"
"Monsieur Verne ! C'est très impoli de demander son âge à une dame." fit-elle, faussement indignée.
"Je te prie de m'excuser. J'ai bien peur que mes manières ne se modernisent beaucoup trop." rétorquai-je avec un sourire contrit.
Un instant, il sembla que les années se soient envolées, que plus aucun écart temporel ne nous séparait. Elle eut l'ombre d'un sourire avant de redevenir sérieuse. Son visage se ferma, scellant tous les beaux souvenirs.
"Toutes ces portes sont des passages." expliqua-t-elle en observant le couloir dans lequel nous étions. "Elles s'ouvrent sur d'autres bibliothèques. Je n'ai jamais eu le temps de toutes les visiter. Ca s'étend à l'infini, du moins je le crois. Mère Gaïa nous a offerts un cadeau inestimable dont il faut prendre grand soin. Seul le Gardien a accès à cet endroit. Une porte s'ouvrira pour toi. On en a tous une. N'y entre pas tout de suite. Attends d'être prêt."
J'eus l'impression qu'un poids immense tombait sur mes épaules. Socrate m'avait fait un cadeau empoisonné : je ne pouvais accomplir une telle tache. Il s'était trompé en me confiant la clé. Après tout, je n'étais qu'un homme !
"Et si tu tombes sur la mienne, n'y entre pas s'il te plaît." précisa-t-elle dans un souffle.
"Comment suis-je censé savoir qu'il s'agit de ta porte ? Ton nom est-il écrit dessus ?" demandai-je pour éviter de penser à mon fardeau.
"Quand tu la verras, tu le sauras. Comme pour la tienne."
Je laissai passer un silence, réfléchissant à toutes ces informations. Je me mordis les lèvres, hésitant à révéler ce qui me taraudait. Elle était Ellie. Elle ne me jugerait pas.
"Je n'y arriverai pas seul." avouai-je dans un filet de voix, les yeux rivés sur mes chaussures, car il était difficile de l'admettre.
"Tu ne le seras pas."
Indécis, je relevai la tête. Elle la baissa avec un air pensif et un léger sourire.
"C'est quand on se sent le plus seul, qu'on perd tout espoir, qu'on se rend compte qu'on a toujours des yeux rivés sur nous. Je veillerai sur toi, Jules. Et si un jour je ne peux plus, quelqu'un d'autre le fera. Tu es entouré d'amis. On l'est tous."
Je hochai la tête, incertain malgré tout. Même si ses paroles étaient encourageantes, elles étaient difficiles à croire étant donné à quel point l'avenir semblait terrible. Ellie paraissait si épuisée et triste...
"Que t'est-il arrivé ?" m'enquis-je, soucieux.
Ses yeux plongèrent dans les miens avant de se poser dans le vide.
"On a beaucoup perdu. Bien plus qu'on ne peut le supporter."
Je voulus esquisser un pas vers elle mais me souvenant qu'elle ne le souhaitait pas, je me ravisai. Nous restâmes face à face.
"Puis-je faire quelque chose pour alléger ta peine ?"
"Promets-moi de rester toi-même, mon ami." dit-elle tout en me regardant de nouveau, confiante.
"Je ferai de mon mieux." répliquai-je, quelque peu flatté.
Elle s'abîma un instant dans le silence, les yeux de nouveau dans le vide. Il se passait tant de choses dans son regard... A quoi pensait-elle ? J'aurais aimé faire davantage, mais elle ne réclamait pas mon aide.
"Il va se passer quelque chose, bientôt, très bientôt." déclara-t-elle tout en réfléchissant en même temps. "Certains auront du mal à l'accepter. J'aurais du mal..."
Elle avait prononcé la dernière phrase dans un murmure, tout en penchant la tête. La relevant, elle reprit d'un ton neutre :
"Il aura besoin de toi pour ne pas être seul. Fais ça pour moi. Ne l'abandonne jamais."
"De qui parles-tu ?" fis-je, intrigué.
"Tu le sauras bien assez tôt."
Un bruit sourd provenant de la porte ouverte me fit tourner la tête. Quand je regardai de nouveau vers Ellie, elle avait disparu.
Ses paroles étaient des plus nébuleuses. Etait-il question d'Elliot ? Perdu dans mes pensées, je retournai dans la bibliothèque olympienne. La porte se referma derrière moi et les étagères coulissèrent de nouveau afin de la cacher.
J'aperçus alors quatre livres qui gisaient par terre. En tombant ils avaient sans doute provoqué le bruit que j'avais entendu.
"Oh, Heimdall..." soupirai-je.
Avait-il profité de mon absence pour s'accorder une pause ? Quoi qu'il en soit, cela n'excusait pas le mauvais traitement infligé à ces ouvrages. Me penchant pour les ramasser, je me stoppai net en voyant l'un des livres remuer légèrement.
"Quoi ?" fis-je, perplexe.
Sous mes yeux ébahis, un chaton au pelage d'un noir de jais s'extirpa de dessous l'épais volume avant de pousser un faible miaulement.
"Quoi ?" répétai-je, de plus en plus déconcerté.
Le minuscule félin se releva maladroitement, s'étira en dévoilant sa rangée de petites dents pointues, avant de trottiner dans l'allée. S'agissait-il d'un... frère de Socrate ? Ou d'un de ses fils cachés ?
Je ne savais si je devais me montrer content ou méfiant. Quelque chose m'incitait à la prudence. Détaillant davantage les livres sur le sol, j'en lus les titres : "Lasagnes et Pasta", "Un jardin en lasagnes","Les lasagnes pour les nuls" et "Etre intérimaire en bibliothèque divine".
A cet instant, un coup de bâton résonna dans la bibliothèque.
"Quoi ?!" laissai-je échapper une troisième fois, indigné.
Socrate était-il de retour ? Les chats possédaient neuf vies... J'aurais dû me douter que le Gardien ne pouvait disparaître aussi "facilement". Je me redressai, arborant une expression pincée. Désormais, j'étais le Gardien. Il m'avait confié la clé. Il ne pouvait revenir en arrière. Iota l'avait assuré.
Malgré tout, un frisson désagréable parcourut ma nuque. Que signifiait le mot "intérimaire" ?