Le centre commercial avait toujours été mon terrain de jeu privilégié. Les gens étaient si nombreux là-bas que je pouvais utiliser autant que je le voulais mon pouvoir, parvenant à changer leurs humeurs en très peu de temps et sans me faire remarquer. Avec le temps, j’étais devenue très douée à ce petit jeu-là. Les passants ne se rendaient même plus compte qu’ils étaient heureux d’être là une fois que j’en avais fini avec eux… Ce qui m’amusait.

Et me servait puisqu’ainsi, je continuais mes recherches pour mon travail de psychologie. Ce n’était pas légal et ne pourrait jamais être pris en compte dans mon travail. Mais cela me permettait d’obtenir de plus en plus d’expérience. Et étant un petit prodige en matière de peur et de cauchemars, il fallait que je continue d’acquérir de l’expérience. Même si la peur et les cauchemars n’avaient pas vraiment de secret pour moi en réalité… Je ne m’appelais pas Nigthmare pour rien, il fallait bien l’avouer.

Un homme me bouscula. Comme beaucoup l’avaient fait avant lui dans ce centre commercial blindé à cause des courses de Noël… Normalement, j’aurais dû faire des courses moi aussi. Pour mon père. Mais je n’avais pas envie. Il s’était ramolli et je n’étais pas certaine qu’il méritait des cadeaux. Quoi qu’il en soit, l’homme qui m’avait bousculé, je le sondais rapidement. Et puisqu’il se tournait vers moi, je le regardais avec mépris.

- Et cela vous excuserait de bousculer tout le monde sur votre passage ? Demandais-je avec dédain. Visiblement, vous êtes un malotru… Quant à vos excuses, je n’en veux pas. Vous allez recommencer dès que vous le pourrez alors bon…

Je m’amusais, bien sûr. Mais cela me permettait de pouvoir voir ses peurs, ses phobies les plus enfouies. Tiens tiens… Un mariage en préparation. C’était beau… Une belle occasion se présentait à moi. Mais pour cela, il fallait faire rester l’homme, le temps que je puisse rassembler mon énergie pour m’amuser ensuite.

Je m’amusais comme une folle. Comme je m’y attendais, cet idiot à la tête trop longue ne mit pas longtemps avant de lui répondre d’une façon plus ou moins exaspérée. Il ne m’aimait pas et cela se voyait. C’était tant mieux de toute façon, parce que je ne l’aimais pas non plus. À dire vrai, je n’aimais personne dans ce monde. Même mon père, je commençais à en avoir assez de lui… Il n’était plus vraiment l’homme dont j’avais été si fière dans le monde des contes. Il s’était ramolli, à croire que cette planète, ce fichu monde, avait un effet désastreux sur les « méchants ».

- Pourquoi êtes-vous aussi stressé ? Demandais-je.

Je m’en fichais. Vraiment. Mais cela pourrait sans doute être le début d’un jeu qui m’amuserait encore plus. Une fois que je saurais, je pourrais m’amuser avec ses angoisses et cela faisait bien longtemps que je n’avais pas fait une telle chose ! Pauvre petit homme, tu as vraiment bousculé la mauvaise personne… Quel dommage. Pour lui bien évidemment. Parce que moi, je profitais de cette situation avec un grand plaisir !

- Vous étiez qui avant pour aimer autant aider les gens ? Le questionnais-je par la suite.

Un héros, sans aucun doute. Ce qui me donnait déjà envie de vomir… Mais il était certain que ça n’était pas cet empêcheur de tourner en rond de Jack Frost. Il était trop faiblard pour ça. Je n’aimais pas Jack, mais je devais au moins reconnaître qu’il avait du pouvoir. Dommage qu’il n’ait pas choisi de nous rejoindre…

Je me fichais pas mal de savoir pourquoi il était stressé… En vérité, la seule chose qui m’intéressait, c’était d’avoir un moyen d’atteindre plus facilement sa psyché. Et le faire parler était un moyen bien commode, je l’avais découvert au cours de mes expériences pour mon étude.

Je n’étais pas quelqu’un de très facilement à atteindre, pourquoi, cet homme parvint à me surprendre. Il allait se marier. Et il était stressé à cause ça. La grande tige que j’avais devant moi n’était pas très agréable à regarder, ni même très intéressante. Alors comment avait-il fait pour se dégoter quelqu’un prêt à l’épouser ? Un vrai mystère, mais qu’à cela ne tienne…

- Bravo. Dis-je avec peu d’entrain. Et où est l’heureuse élue ? Demandai-je.

Au pire des cas, je pourrais foutre la merde dans ce mariage à venir en embrassant le futur devant la future. Ça pourrait être drôle… Même si j’avais clairement peu d’attirance pour les contacts physiques… Parfois, il fallait faire des sacrifices, hélas…

- J’ai entendu parler de vous, mais je ne vous ai jamais lu ou vu. L’informa-t-elle. Je n’ai jamais eu le temps pour de telles bêtises. Alors, vous avez retrouvé votre village ? Demandai-je avec désinvolture.

Je savais que non. Cela le torturait, au plus profond de lui. Je m’amusais comme une folle à le traumatiser de la sorte. C’était si amusant le centre commercial !

J’eus un petit sourire lorsqu’il se crispa parce que j’avais parlé d’une femme comme future épouse et que je n’avais pas laissé trop de place pour le reste. Je n’étais pas sans savoir que de plus en plus de gens étaient homosexuels. Personnellement, je n’avais aucun avis quand on m’en parlait. Les relations, l’amour… Tout ça n’était pour moi que des conneries dont je me passais très bien.

- Est-ce que c’est un homme assez grand, brun, les cheveux en bataille ? Demandai-je, faussement songeuse. Non parce qu’il me semble avoir croisé quelqu’un de la même façon que je vous ai croisé vous et que j’avais ressenti qu’il était crispé à cause de son mariage… Mais vu que je l’ai vu rejoindre un petit blond et que la tension s’était atténuée, je m’étais dit que c’était le temps qu’il rejoigne sa moitié…

C’était faux, bien évidemment. Mais je voulais semer le doute dans son esprit. Cela m’amusait et je considérais que c’était une petite vengeance bien méritée. Astérix donc… Et visiblement, il n’avait pas retrouvé son jardin. C’était une cible facile… Mais je n’en avais pas grand-chose à faire. Qu’importe le moyen tant que je parvenais à mes fins.

- Cela fait trois ans que la Malédiction est brisée… Storybrooke n’est pas aussi grande que cela… Rappelai-je. Il faudrait peut-être vous faire une raison… Ils ne sont probablement pas là. Ou alors, ils n’ont aucune envie que vous les retrouviez… Insinuai-je.

Je sentais que mes mots le touchaient. C’était le but, bien sûr, mais le fait que ses craintes remontent de plus en plus à la surface me rendait de plus en plus puissante. J’adorais cette sensation, j’y étais sans aucun doute accro… Et c’était sans doute à cause de cela que je ne comprenais pas que mon père ait décidé d’arrêter…

Je retins de justesse le petit sourire qui s’était dessiné sur mes lèvres. Cela fonctionnait… Il avait peur, je le ressentais parfaitement ! Le fier gaulois avait beau certifié que son cher et tendre n’avait pas pu le trahir avec une femme, je pouvais sentir malgré tout le doute et la peur sous-jacente. Il avait peur que cela ne soit vrai. Peur de s’être fait avoir, d’avoir donné son cœur à la mauvaise personne… Quand je disais que l’amour était un sentiment aussi inutile que douloureux !

- Si vous le dites… Dis-je en haussant les épaules. Je ne le connais pas après tout, vous si, donc bon…

Là encore, j’essayais d’insinuer qu’il ne connaissait pas forcément son compagnon aussi bien que ce qu’il pouvait croire. Ou peut-être que si… Dans tous les cas, j’avais juste besoin qu’il ressente de la peur et inconsciemment, c’était ce qui lui arrivait. Pauvre pauvre petit Astérix… Il avait véritablement bousculé la mauvaise personne… Je m’amusais énormément en cet instant, tout en nourrissant mes pouvoirs.

- Vous ne devriez pas plutôt dire que vous « étiez » un pilier du village ? Demandais-je, faussement curieuse. Après tout, ce village n’existe plus et vous n’avez pas été lié à l’un des vôtres durant la Malédiction apparemment… On peut donc logiquement se demander si vous avez toujours la même place qu’avant…

Je me montrais d’une logique sans faille et je le savais parfaitement. D’ailleurs, cela ne semblait pas réellement faire du bien au blondinet. Dommage pour lui… Moi, tant qu’il m’amusait comme cela, je n’étais pas prête de lâcher ma victime involontaire. Surtout pas alors que c’était si divertissant de lui faire ressentir tout cela !