J’écoute patiemment Amelia qui ne sait pas trop non plus comment répondre à ce genre de situation. Et heureusement d’ailleurs. Mais bon, elle m’écoute déjà, ce qui es plutôt pas mal pour quelqu’un qu’elle ne connait ni d’Adam ni d’Eve. Toujours est-il que j’aime plutôt la réponse qu’elle a donné à mes inquiétudes. Je ne sais pas, Raiponce prends place et se sent rassurée, du coup moi aussi. Et le fait que je me plait, je peux en tirer profit apparemment. Oui, il faudrait vraiment que j’en discute mieux avec Raiponce pour qu’on s’assume parce que je pense qu’on en a pour un bout de temps. Et que les petiots ne vont pas être cryogénisés pour ne pas grandir. Il faudrait surtout un maximum de moyen. Bref, je crois que je vais en profiter avec Amelia pour connaitre… Le secret des femmes.

“Tu veux dire quoi par “secret” ?” Oui, il faut que l’on m’explique les bases. C’est mieux je crois pour que l’on me dise quels secret en particulier. Ca montre que je suis bien curieux non ? Je dois avouer une chose, il y a bien des événements que j’aurais voulu vivre dans ma vie. Avant de rencontrer Raiponce, c’était les richesses, le luxe. Bon, je l’ai eu finalement en épousant Raip mais ça compte pas. Mais après bah… Il y a des choses que j’aurais bien voulu découvrir chez ma femme. J’ai peut-être oublié un peu tout ça à force de paniquer comme un fou. La faute aussi à Raiponce et sa personnalité. Je crois.

“Je veux dire, il y a vraiment plein de secret détenu par les femmes ? Parce que… Si ça me permettrait de mieux comprendre Raip, je suis partant.” J’ai souris. Pour la première fois de manière sincère. Et je ne sais pas pourquoi, ça me fait du bien. Je pense que ce n’était qu’un mauvais moment à passer. Je l’espère.

Eugène était curieux, mine de rien. Peut-être plus que Raiponce. Bien entendu, Amelia et sa curiosité maladive n'allaient pas l'en blâmer. Mais l'ancienne lionne n'allait certainement pas lui livrer les secrets féminins sur un plateau d'argent ! Puisqu'Eugène était devenue une femme - temporairement ou définitivement, elle n'en savait rien - c'était à lui de lever le voile sur le beau sexe. Sinon ce n'est pas drôle, après tout !
Le gratifiant d'un sourire énigmatique, la jeune femme suggéra alors :
- Et si tu les découvrais toi-même ? Ce serait sûrement plus intéressant, non ? Je veux dire, tu es biologiquement devenu une femme, il doit bien y avoir certaines choses que tu as remarquées. Peut-être même que par moments tu te sens femme ! Ou mère ! ça je peux pas le savoir à ta place, tu sais.
En revanche, ce qu'Amelia savait c'était qu'elle se sentait femme et mère, et même lionne, parfois. Moins depuis qu'elle avait ce corps et ces faux souvenirs, mais tout de même. Certains instincts étaient revenus et d'autres avaient été compris depuis la fin du sort noir. En tête de liste, la fin de la malédiction lui avait permis de comprendre pourquoi son odorat fonctionnait aussi bien et ne la trompait jamais sur la présence d'un aliment. C'était sans nul doute un reste de ses instincts de chasseuse - piètre, certes, mais quand même.
- Encore une chose : tu n'as toujours pas compris Raiponce alors que tu es dans son corps et dans sa tête c'est que tu ne cherches pas à la comprendre. Moi je ne suis pas dans sa tête, alors je ne peux pas voir comment elle pense. Toi si. Arrête de faire le timide et deviens une femme ! Tu verras, c'est beaucoup plus intéressant que d'être un homme. Puisqu'il faut bien commencer quelque part, commence par t'assoir comme une femme et cesse de t'avachir de la sorte. Marche gracieusement et évite peut-être les talons si Raiponce ne t'as pas expliqué comment on marche avec.

J’aurais du me douter que ce ne serait pas aussi facilement que ça de lui demander plus de détails. Mais le mieux dans tout ça, ce sont ses réactions. Certaines ou certains n’auraient pas su quoi dire mais elle, elle tente vraiment de me faire sentir bien dans ma peau. Je souris finalement à l’idée qu'elle tenait à tout prix que je.découvre.tout tout seul. Mais au moins, je me sens mieux. Il y a une personne qui connaît notre état et par le plus grand des hasards, il s’agit d’une des amies de Raip. Elle va me tuer en apprenant ce qu’il s’est passé dans la boutique mais elle pourra comprendre je pense. Je crois même qu’elle devrait en parler et discuter avec Pascal de la situation. Ne serait-ce pour comprendre ce que c’est d’être un homme. L’expérience pourrait être intéressante finalement.

“Et bien, maintenant que tu le dit, mon premier réflexe quand je suis passé dans le.corps de Raiponce, c’est de m’inquiéter pour les petits. Un vrai parano ! Enfin une parano.” J’en viens finalement à rire. Surtout quand je repense au moment où j’en suis venu à c omet les petits avec une berceuse. La chanson. Une spécialité de Raiponce. Elle m’en avait fait profiter avant et après nôtre mariage. Et maintenant je reprenais le flambeau.

Lorsqu'Amelia me fit.comprendre que j’avais beaucoup de choses à apprendre de ma.femme et de mieux me tenir, comme un soldat avec son capitaine, je me suis redressé tout en me demandant ce qu’elle voulait dire par une marche gracieuse. Je fut donc droit sur ma chaise. Effectivement, j’avais moins l’air ridicule . Ca me plait. "Qu'est-ce que tu veux dire par marche gracieuse ?”

J’entendis du bruit au fond. Dans un élan maternel, je suis allé vérifier si les enfants allaient bien. Quel ne fut pas mon soulagement en constatant qu’il s’agissait juste de Konrad en train de.ronfler légèrement. Son nez était un peu bouché à cause d’un rhume. Je me.suis laissé attendrir par la.scène avant de retourner aux côtés d’Amelia. Pile à ce moment là, la talon de ma.chaussure se cas sa de plus belle. Je me.suis presque étalé par terre. Et comme un problème n’arrive jamais seul, j’ai constaté que ma poitrine à failli s’exposer aux yeux de tous. Je n’y arrivais avec les soutien-gorges et du coup, j’étais obligé de gérer ce nouvel élément de mon anatomie quand je courais ou quand je me penchais. J’enlève ma chaussure puis je me rassois tant bien que mal et rajoute : “Ne pas s’énerver, je vais sûrement m’y habituer.”

Eugène semblait à l'aise et riait, une musique bien agréable aux oreilles d'Amelia. Maternelle qu'elle était, l'ancienne lionne était aussi ravie de voir que ce changement inopiné l'avait aidé à développer son instinct parental. Ceci étant dit, son raisonnement était un peu étroit car il n'y avait nul besoin de posséder certains organes pour éprouver un amour infini et un instinct de protection envers ses enfants. D'ailleurs, certaines femmes étaient totalement dénues d'instinct maternel. Bien sûr, les choses étaient un peu différentes dans le règne animal. Mais jusqu'à preuve du contraire, Eugène n'était pas (encore) concerné par cet aspect là de la création. Aussi, il n'était pas Tama. Les analogies avec les fauves auraient donc été une perte de temps.
- Oh tu sais, certains pères aussi s'inquiètent pour leurs enfants, le réprimanda t-elle gentiment. On vit dans une société moderne, plus besoin de s'accrocher aux stéréotypes ! Cela dit, c'est une bonne chose pour tes enfants si tu éprouves le besoin de faire passer leurs besoins avant les tiens et de les dorloter. Des enfants ont besoin de leurs deux parents. Bien sûr, la situation est assez compliquée en ce qui vous concerne et... Oh, je me demande s'ils sentent le changement ! Ils sont trop jeunes pour l'analyser, mais le sentir ? Passionnant et vaste sujet, oui, mais je ne suis pas pédopsy et puis, on est là pour affirmer ta féminité, pas pour le reste ! décréta Amelia.
Ils passèrent ensuite aux choses sérieuses, ainsi qu'elle venait de l'énoncer. La posture et la démarche, déjà, parce que c'était quelque chose qui avait immédiatement frappé Amelia. Et Eugène comprit rapidement car il cessa presque instantanément de se tenir comme un bossu. On progresse, songea l'ancienne lionne qui allait commencer sa leçon quand Eugène se leva subitement sans mot dire pour contourner le comptoir et aller voir ses bébés.
Un peu surprise mais attendrie, Amelia le suivit du regard.
Eugène revint finalement, ayant sans doute constater que ses bébés n'avaient besoin de rien. Rassuré, il allait sans doute pouvoir se concentrer sur la leçon du jour... Ou peut-être pas, songea la jeune femme en voyant l'un de ses talons se fendre en deux, déséquilibrant le reste du corps. Cependant, Eugène parvint à se rattraper à l'un des coins du comptoir et à retrouver sa contenance sans trop de peine.
Lui adressant un sourire compatissant, Amelia se leva et déclara :
- Déjà, tu aurais mieux fait de ne pas mettre de talons. Déjà que tu as une démarche de bourrin, c'est pas étonnant ce qui t'arrive. C'est même surprenant que ça n'arrive que maintenant. Les talons, on en met si on sait marcher avec. Ou si on fait des activités qui le permettent. Regarde mes pieds : je cours toute la journée, alors je suis en ballerines. Tu devrais faire comme moi, ça t'irait mieux. D'autant que tu as bousillé une très jolie paire qui a probablement coûté une centaine de dollars. Enfin... bouge pas.
Amelia disparut dans l'arrière boutique pour en ressortir une minute plus tard avec une autre paire de ballerines à la main :
- Mets ça. Ce sont de vieilles chaussures à moi que je garde ici en cas d'incidents culinaires majeurs. Et elles sont plates, ça sera plus simple pour toi. Une chance que Raiponce et moi ayons sensiblement le même gabarit, commenta Amelia en inspectant la silhouette blonde de la tête aux pieds. Et pour l'amour du ciel, ne marche pas comme si tu étais un éléphant ou un guerrier sur le champ de bataille ! Ca ne va pas du tout au corps de ta femme !

"Oh tu sais, certains pères aussi s'inquiètent pour leurs enfants. On vit dans une société moderne, plus besoin de s'accrocher aux stéréotypes !" Quoi ? Je me suis mal exprimé ? Je penche ma tête sur le côté avant de mieux comprendre. "Non non, ce n'est pas ce que je voulais dire Amelia. C'est juste que Raiponce a un caractère très différent du mien. Je ne sais pas si elle te l'a dit, mais quelqu'un l'avait enlevée quand elle était bébé et se faisait passer pour sa mère. Elle a très peur qu'elle revienne faire la même chose aux enfants. Ainsi, elle est très protectrice envers eux, alors que je suis plutôt du genre à aborder ce sujet de manière sereine. C'est en cela que je me trouvais plus paranoïaque." Oui, jusqu'à il y a quelques mois, je pouvais penser de manière rationnelle à propos de Gothel. Mais maintenant, le sort des enfants m'inquiète plus que tout. Je veux leur bonheur et les préserver de Gothel, cette femme horrible qui avait faillit me tuer. En moi, des sentiments m'envahissaient en songeant à tout ceci. Mais le bonheur d'avoir nos triplés avec nous prend le dessus tant et si bien que je me laisse porter par cet élan d'optimisme.

Lorsque les choses sérieuses commencent pour moi, je m'aperçois qu'il y a un tas de bonnes choses à découvrir, et je pense qu'Amelia me sera d'une grande aide. Par exemple, le fait de porter des ballerines. En bon Eugène, je n'y avais pas pensé, mais quel ne fut pas mon soulagement en les essayant. J'écoute Amelia tout en me sentant plus... maitre de mon corps. Même si ces ballerines sont vieilles, elles me plaisent. Je laisse Raiponce s'exprimer à ma place et je me sens beaucoup mieux. Le seul moment où je me suis véritablement exprimé, c'est quand les souvenirs du prix des talons me vint."119,99 $ ?" J'ai failli m'étouffer mais heureusement, je me suis reprit. Je ris quand j'entends Amelia parler de ma démarche d'éléphant. Je suppose que ceci va de pair avec la posture lorsque l'on est assise. "Je suis policier normalement." dis-je avec moquerie envers moi-même. Je laisse Raiponce s'exprimer, et finalement, des réflexes me viennent un peu plus naturellement. J'agis au lieu d'essayer de comprendre ce qu'il m'arrive. Et étrangement, ça marche. "Tu sais, je pense que tu pourrais me donner des pistes à explorer. Puis ensuite, je pourrais... essayer d'en discuter. Si tu me le permet bien sûr !" Je ne tiens pas à la gêner. J'enchaine ainsi mes questions, me disant qu'à force, sans m'en apercevoir, tout me deviendra naturel.

Eugène avait penché la tête, sceptique ou interloqué, avant de raconter un pan surprenant du passé de Raiponce, quelque chose dont Amelia n'avait strictement aucun idée et qui l'avait laissée coïte et un peu triste. Mais c'est horrible ! avait-elle songé en apprenant que sa jeune amie avait jadis été enlevée dans la première année de sa vie et qu'elle avait été captive assez longtemps pour que la coupable se fasse passer pour sa mère. Sans doute des années, donc. Amelia n'avait sûrement pas à demander et peut-être même que Raiponce n'aurait pas aimé qu'elle soit au courant. Non pas pour la préserver, pour une fois, parce que c'était souvent la volonté de Faith et April, mais simplement par pudeur - et accessoirement parce que ça ne regardait pas non plus la Terre entière.
- Non, je ne savais pas, avait simplement répondu la jeune femme, toujours un peu troublée. Je comprends mieux, ça ne doit pas être facile pour elle d'être sereine. Heureusement elle t'a toi, avait ajouté la jeune femme pour faire repartir la conversation sur une note plus joyeuse.
Bien sûr, Amelia ne pouvait pas prétendre connaitre Eugène. Néanmoins, il lui faisait bonne impression, d'autant plus que devenir femme l'avait rendu encore plus maladroit que l'ancienne lionne. Aussi, elle était touchée par l'affection qu'il portait clairement à Raiponce et leurs enfants. Amelia était donc rassurée : après avoir entendu parler d'Eugène elle l'avait rencontré, certes pas sous sa forme conventionnelle, et était à présent certaine que Raiponce avait toutes les cartes en main pour être heureuse.
Enfin, elle n'avait pas son propre corps mais les choses allaient sans doute d'arranger, non ?
Pour l'heure, Egène portait de vieilles ballerines qui somme toute allaient bien au corps de sa femme.
- Tu peux les garder, ajouta t-elle avec un regard en direction des chaussures. Raiponce pourra toujours me les rendre quand elle aura récupéré son corps. En attendant, flic en talons, ce n'est vraiment pas l'idée du siècle ! Enfin... si tu es toujours dans la police depuis que tu habites Raiponce, bien sûr, nuança la jeune femme.
Eugène demanda ensuite d'avantage de conseils, arguant qu'ils auraient ensuite de quoi discuter. Pour un peu Amy aurait cru qu'il s'agissait là d'une tentative un peu maladroite de se faire une nouvelle amie ce à quoi elle n'était pas réticente.
- Tu devrais faire des trucs de filles. Commencer par les stéréotypes puisqu'il faut bien commencer quelque part et que ça rend les choses plus simples pour te donner des idées. Donc par exemple tu pourrais aller t'acheter des vêtements pour apprivoiser mieux ton corps, en demandant conseil à la vendeuse, par exemple. Enchaine par une séance en institut pour peaufiner l'apprivoisement de ton corps. Essayez de regarder les films préférés de Raiponce et de comprendre ce que la femme qu'elle est y aime. Peut-être essayer de rencontrer des jeunes mamans pour voir comment elles vivent tout ça et échanger sur vos problèmes. Moi tu sais, mes enfants sont un peu trop vieux pour qu'on ait les mêmes soucis en tant que mère. Discuter avec des collègues féminines peut-être. Et naturellement tu peux repasser me parler quand tu auras fait tes devoirs de nouvelle femme ! conclut gaiement Amelia.

Je t'ai amorcé une ellipse, comme ça tu peux dire que tu reviens me voir le mois suivant, ou une semaine plus tard ou quand bon te semble :)

Vendredi 4 décembre 2015
Ah ! Il n'y a pas à dire, je me sens vraiment bien avec cette robe ! Très confortable, et en plus très mignonne à porter, vraiment, la vendeuse m'a très bien conseillée en plus des ballerines. Cette robe beige, avec quelques motifs de fleurs très discrets mais épousant bien les courbes de mon corps. Je me regarde dans le miroir, souriante. La vendeuse me précise que je fais une bonne affaire étant donné que le produit est vendu à moitié prix. Radieux, je réponds à l'affirmative puis me rends à l'accueil du magasin. Ah ! Vraiment, les conseils d'Amelia se sont révélés payants jusqu'au bout. Et je ne regrette nullement de prendre mon temps. Non seulement Raiponce apprécie la manière dont j'utilise mon nouveau corps, mais en plus, elle se fait de l'effet, ce qui a un effet comique très appréciable. Je suis passée de temps en temps voir Amelia après notre première rencontre. Je venais lui donner des nouvelles des petits, voire même je les emmène dans son magasin pour égayer un peu la boutique. C'est un régal de la rencontrer aussi régulièrement ! Elle reste patiente, souriante, et elle m'écoute.

Depuis peu, je me suis lancé dans le visionnage de films à l'eau de rose tel que "Orgueil et Préjugés". Je n'avais pas osé le voir au début, mais il faut dire que l'acteur à un petit charme qui n'est pas désagréable. Loin de moi l'idée de changer de mari, non ! Je comprends juste pourquoi cette histoire plait tant à Raiponce. Bien sûr, il n'y avait pas que l'acteur, l'histoire comptait beaucoup. Néanmoins, je commençais de mieux en mieux à comprendre Raiponce. Ce qui est une bonne chose depuis le voyage aux Bermudes.

En plus de ça, discuter avec d'autres mamans des problèmes qu'elles rencontrent m'a aussi largement aidé à bien agir dans certaines situations avec les petits. A essayer de moins paniquer, et de garder mon calme. Ce n'est pas parce que mes enfants pleurent que je suis obligatoirement une mauvaise mère. Surtout en ce qui concerne Amalia, lorsqu'elle fut plus proche de moi au début, et que maintenant, les rôles sont inversés. Je n'ai pas à me sentir coupable de quoi que ce soit. Je peux par contre leur assurer tout mon amour.

Aujourd'hui, je suis en Week-end, mais je sais qu'Amélia sera dans sa boutique. Je suis donc rentré chez moi pour me changer, après toute une matinée à l'animalerie puis j'ai mit avec beaucoup plus de facilité qu'auparavant la robe, les ballerines et les collants que j'avais acheté. Je me sentais belle. Ce que Raiponce se donna la peine de me dire. Toutefois, il manquait encore une petite touche de maquillage. Voilà ! Parfait ! Maintenant, je peux vraiment sortir la voir. Je met mon manteau noir et long pour avoir bien chaud, puis je sors de la maison. L'air froid me saisit et je le respire à plein poumons. Quel plaisir de sortir ! Connaissant le chemin par cœur, je continue ma route, sereine. En peu de temps, je fus devant la boutique d'Amelia. J'attendis qu'il y ait moins de clients pour passer la voir. "Bonjour Amelia ! Tu vas bien ?" m'exclamé-je avec un grand sourire. Je me souviens maintenant de sa réaction quand je lui ai parlé du passé de Raiponce. J'avais eu l'impression d'avoir l'approbation de ma belle-mère. C'est dire à quel point Raiponce doit être chère à Amelia.

Eugène était souvent revenu à la boutique, tout comme Raiponce avant lui. Et puisqu'Eugène habitait le corps de Raiponce, cela modifiait à peine les habitudes d'Amelia - si on omettait le fait qu'elle s'adressait en fait à un homme emprisonné dans le corps de sa chère et tendre qui, elle même, habitait le corps de son mari. Amy préférait ne pas trop se pencher sur la question au risque d'avoir la migraine tant la situation était étrange. A titre personnel, elle n'aurait pas du tout apprécié se retrouver dans le corps d'un homme, se sentant bien trop femme pour être à l'aise de l'autre côté. Elle n'avait bien entendu pas directement abordé la question avec Eugène - ou Raiponce, qu'elle n'avait pas croisé sous la forme de son mari - mais elle ne pouvait s'empêcher de les trouver bien courageux de vivre aussi "normalement" cette aventure atypique.
D'une certaine façon, cela lui avait même permis de devenir amie avec Eugène... car ils étaient bien amis, non ? Amelia n'avait pas non plus posé la question à son apprentie femme mais aimait à croire que c'était le cas et que cela le resterait quand il aurait retrouvé son aspect premier. Car elle aimait à croire qu'il allait le retrouver, sinon la situation était horrible, non ? ... A bien y penser, Amelia calquait probablement trop ses réactions sur la situation du jeune couple de parents. Mais de tout de même : qui voudrait indéfiniment habiter le corps d'un autre ? Dans les faits, c'était un peu ce que faisait Diku depuis qu'elle était devenue Amelia, mais la jeune femme refusait de comparer les deux situations - alors qu'elles étaient tout à fait comparables. Amy était en quelque sorte bourrée de paradoxes et probablement plus butée qu'elle ne voulait bien l'admettre quant à ses idées. Mais toujours est-il qu'elle avait un don certain en cuisine et pâtisserie et largement de quoi faire pour occuper son vendredi après-midi et ne plus y penser !
Le vendredi après-midi comptait parmi les moments de la semaine les plus chargés, même si les weekends l'étaient encore plus. Amelia avait donc rarement un minute pour elle, ce qu'elle adorait, se grisant de tout ce grouillement de personnes. Aussi, elle ne fit pas immédiatement attention à la jolie blonde qui attendait patiemment dans un coin de la boutique, continuant de servir et encaisser les autres clients. Puis le rush s'apaisait un instant et la blonde s'avança : Eugène dans le corps de Raiponce. A moins que ce ne soit l'inverse ? Amelia espérait secrètement qu'un jour la bonne personne avec le bon corps viendrait la voir.
Et c'était bien difficile de se faire une idée avec un simple bonjour et un ça va. Alors, plissant, les yeux, Amelia étudia soigneusement la jolie blonde avant de déclarer :
- Tu commences vraiment à bien tenir le rôle. Cette robe est ravissante et je dois dire que mes ballerines te vont bien. Tu es très beau, Eugène, en femme quand tu te donnes la peine. Je suis contente de te revoir ! Ca allait déjà avant mais maintenant je sens que ça va être fun et aller encore mieux ! Bouge pas, je cherche du chocolat et tu pourras tout me raconter sur ta vie de femme ! décréta Amelia en se dirigeant vers un présentoir.

Je me sens vraiment bien. Et le fait qu’Amelia approuve la tenue que je porte me donne encore plus envie d’essayer d’autres choses. Mais ce que j’ai déjà fait était déjà assez enrichissant. Je m’assois en face d’elle, dégustant un morceau de chocolat. Dieu que j’aime ses chocolats, ils sont vraiment des plus exquis. Je lui explique alors toutes mes escapades au centre commercial à me laisser conseiller par des vendeuses qui ont de site comprit que je n’étais pas assez compétente pour juger moi-même des vêtements adéquats pour mon corps. J’ai prétendu que je n’avais jamais eu l’occasion de vraiment m’intéresser à ma tenue depuis toujours et que je voulais m’y mettre. Ainsi, elles m’ont conseillé et donner vraiment envie de peu à peu tout faire par moi-même.Puis, j’ai tenté de me laisser porter par mes sentiments de mère tant et si bien que j’avais réussi à faire illusion avec les petits qui n’ont nullement été troublés. Mais étant donné qu’un stress immense s’empare de moi les concernant, j’ai décidé de rendre visite à d’autres jeunes mamans et… je dois avouer que je suis un peu plus rassuré. Le fait de parler et de discuter de ses expériences est une bonne chose. Je raconte tout ceci à Amelia qui m’écoute avec patience, comme à son habitude.

“J’aime vraiment appliquer tes conseils. Comme je te l’ai dit, tu avais raison. C’est vraiment cool d’être une femme !” Je souris et déguste un autre morceau de chocolat. Vraiment, ces moments me permettent de respirer un peu, et d’être comprit par l’une des seules personnes à connaitre ma situation. Quenotte n’avait pas réussi à l’accepter tout de suite, mais… La situation s’est arrangée. 00]]“J’ai revu une fée avec qui j’ai sympathisée il y a quelques mois. Et elle n’avait pas comprit tout de suite. Intérieurement, j’étais plutôt amusée mais d’un autre côté, j’étais… compatissante. C’est vrai quoi, il y a beaucoup de chose étranges dans tout Storybrooke, et il faut du temps pour s’y habituer.”

[i]Je lui montre fièrement des photos prise de moi dans différentes tenues pour vérifier si tout va bien pour le moment. Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas, certes, mais j’ai comprit depuis longtemps que ce ne sont pas toutes les tenues qui peuvent aller à une femme. Il n’y a qu’à voir la façon dont j’ai déchiré une robe un jour car elle ne m’allait pas du tout. Trop serrée et en plus de ça, ma démarche n’allait pas du tout. Je n’ai pas manqué de le préciser à Amélia d’ailleurs, avec humour car cela fait longtemps que ce genre d’accident ne m’arrive plus.

- Et j'aime vraiment que les gens appliquent mes conseils parce qu'ils sont bons, répondit Amelia du tac au tac en coupant pourtant la parole d'Eugène.
Parfois, c'était plus fort qu'elle, tout simplement. Bien qu'humble la plupart du temps, Amelia pouvait rapidement s'emballer quand on lui reconnaissait quelque talent. C'était sans doute du à cet incroyablement manque de confiance qui l'avait longuement habitée avant qu'elle ne trouve sa voix. Se calmant, cependant, elle se tut à nouveau pour laisser à Eugène l'occasion de conter la fin de ses aventures en tant que femme.
Car il en avait des choses à dire ! D'ordinaire, c'était Amelia qui parlait le plus, mais pas cette fois. C'en était presque déroutant, quoique très intéressant. On pourrait donc dire ce qu'on voudrait, Amy était aussi capable d'écouter les autres !
Cependant, ce n'était pas parce qu'elle restait aussi muette que possible qu'aucun signe ne trahissait le ressenti d'Amelia. Particulièrement quand, poursuivant sa conclusion, Eugène fit remarquer qu'elle avait raison. Pour un peu, l'ancienne lionne en aurait bombé le torse de fierté mais elle se contenta d'un large sourire. Qu'il était bon d'entendre la vérité ! Bien sûr qu'elle avait raison ! Amelia avait toujours raison, surtout quand il s'agissait de psychologie ou de pâtisserie.
Eugène parla ensuite d'une amie fée qui avait apparemment eu du mal avec sa situation. Ce qui était compréhensible, comme il en convenait. Mais là n'était pas la véritable question : il avait une copine qui était une fée, ça, c'était carrément plus passionnant que la façon dont elle avait pris les choses !
- J'en étais sûre ! Je savais que les fées existent ! s'exclama la jeune femme en tapant du poing sur le comptoir en signe de victoire. Mais tu as raison, il se passe suffisamment de trucs étranges ici que même une fée peut se sentir perdue, je pense, ajouta Amelia pour quand même signifier qu'elle l'avait écouté et qu'elle comprenait le souci.
Eugène ne sembla pas lui tenir rigueur de cet écart et commença à lui montrer différentes photos de ses tenues en tant que femme. Il fallait avouer que le résultat était plutôt satisfaisant, d'ailleurs.
- Un vrai défilé de mode que voilà ! commenta Amelia après avoir examiné la dernière photo. Tu fais vraiment une jolie fille quand tu y mets du tien... Et la vraie Raiponce, dans tout ça ? Comment est ce qu'elle vit votre situation ?