« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Mieux vaut tard que jamais... Ft. Anastasia & Dimitri
Parfois, un petit rien permettait d’accéder à beaucoup de choses. Ne pas s’indigner ou s’énerver – surtout quand du sang russe coule dans vos veines et que vous êtes, par essence même, impulsif – face à un évènement qui pourtant à de quoi vous mettre en rogne était pour moi un petit exploit. Je n’étais pas très doué pour jouer les hypocrites, mais j’avais glissé mes remarques de telle manière qu’elle ne s’était pas non plus énervée. Nous nous emportions souvent, pour un tout ou pour un rien. Nous étions deux caractères flamboyants et brûlants. Mais heureusement, nous trouvions toujours le moyen de finir par nous reparler normalement. Comme si les nuisances pouvaient être chassées par quelques mots hors-sujet qui menaient notre esprit à des lieux de notre agacement précédent. Anya avait bien compris que ça fonctionnait sur moi, elle sembla donc en profiter pleinement ; rares étaient ceux qui me déstabilisaient, je me pensais assez fort pour résister à quasiment tout, mais elle y était parvenue dans le simple fait de venir me rejoindre.
« Tout à fait. Têtue un jour, têtue toujours ! Pour le coup, on fait la paire ! » Je souris de l’entendre dire ça. En revanche, mon sourire s’effaça au reste de sa tirade. Emma Swan ? Et … Un dieu ? Mais quel dieu ? De quoi diable parlait-elle ! Il n’y avait pas de dieux ici… Enfin, il y en avait qui se prenaient pour Bambi ou des fées, des dragons aussi visiblement, mais alors des dieux ; l’idée était bien trop forte et mon esprit la rejeta de toute sa vigueur. Et à la voir hurler de rire, je ne sus si c’était pour l’ânerie qu’elle avait osé me répondre, ou si c’était parce que rien dans sa phrase n’était vraie, y compris l’existence du dieu. « … » Je restai assez interdit, lui laissant la parole. « En vrai il n'y a rien. A part Regina et Daven je suis assez seule. Comme en Russie, en fait. Je passe ma vie à travailler pour des clients des fois étranges et sinon j'écris quand j'ai le temps, ce qui se fait rare » - « Nos vies ne sont pas si différentes, au fond. Sauf pour… Régina et Daven. » Je sortais peu, mes amis proches étaient un psychiatre psychopathe et une rédactrice en chef sauvage, et je vivais avec une dizaine de chiens dans une maison isolée. Je passais mon temps à lire ou écrire des articles, faire des recherches, des études, entrer dans la têtes des violeurs ou des assassins. Si je n’avais pas été journaliste, j’aurais sans doute eut parfaitement ma place dans les forces de police ; mais j’étais bien trop déficient au niveau de ma raison – et trop intolérant à la hiérarchie – pour que cela ne soit même qu’envisageable. J’avais choisi la presse. Balancer au monde entier les petits secrets de notre ville.
Non je ne niais pas être parfois un homme indigne. Si j’avais été un véritable gentleman, Anya ne dormirait pas dans cette maison trop impersonnelle mais dans un appartement cosy et joliment meublé. Elle ne porterait pas un vieux peignoir mais une robe de chambre propre et repassée. Elle ne serait pas en train de manger des biscottes mais aurait été servie de viennoiseries en dégustant un bon chocolat liégeois. Puis elle aurait pu revêtir un vêtement digne de son rang et sortir au bras d’un millionnaire qui roulait en Mercedes. Mais je n’étais pas ce type, très loin de là. Anya était ma princesse, à sa manière, et c’était peut-être l’une des choses les plus précieuses que je possédais. Si ce n’était la seule. Alors elle avait accepté le lit un peu étroit où dormir, de porter des affaires qui ne respiraient pas le luxe et de me suivre jusqu’à la chambre pour nous adonner à des activités qui feraient rougir les bonnes mœurs. Après tout, nous étions des adultes responsables, non ?
Je frissonnai contre elle, embrassant sa peau, embrasant sa chair ; me brûlant de cette chaleur partagée qui envahissait tout mon être à m’en faire perdre la raison. Mais une excellente, raison. Je serrai sa main avec force, m’accrochant à elle tandis que nos corps s’entremêlaient sur le lit défait. Je caressai ses flancs, ses hanches délicieuses qui ondulaient contre moi, ses cuisses claires que je pouvais saisir sans m’en voir l’accès refusé. J’embrassai sa gorge tendue, écoutai les soupirs qu’elle poussait auxquels se joignaient les miens, descendais dévorer ses épaules avant de glisser vers ses seins. J’avais envie de tout toucher, de tout caresser, de tout frôler et saisir. De parcourir chaque centimètre de sa peau pour être sûr de n’en oublier aucun. Elle était toute à moi, après tout, non ? J’étais un être indigne et je le savais parfaitement. Mais c’était cet être indigne qui faisait l’amour à Anya, et non pas un autre prince charmant bien sous tous rapports ; qui se permettait l’indécence de la prendre nue et de se noyer de sensations contre elle.
Elle était délicieuse. Tellement belle dans son plus simple appareil, je ne me lassais pas de la regarder et de savourer le contact de ses bras comme du reste. Je n’avais plus vraiment de pensées, juste des sons, des sensations et des soupirs tendres. Les muscles tendus, je reprenais ce qui m’avait longtemps appartenu avant de disparaître. Appuyant mon coude sur le matelas, je revins enfin embrasser cette bouche si sensuelle, promesse de bien des plaisirs tenus. Je la fis mienne, et je fus à elle, pendant un long moment. Aussi longtemps que nos vingt-neuf ans sans nous voir avaient pu nous l’accorder. Me laissant guider par les instincts que nous partagions, je ne m’arrêtai qu’une fois l’un et l’autre pleinement satisfaits. L’odeur de notre étreinte avait enveloppée la pièce d’une douce ambiance, et c’était son contact que je revenais chercher en l’enlaçant une fois que nous nous étions séparés. Je caressais, songeur, sa hanche marquée en la parcourant du bout des doigts. Observais son visage et sa chevelure flamboyante qui entourait son visage aux yeux perçants.
J’aurais voulu ne jamais la voir se relever de ce lit. Et rester là à embrasser son épaule nue.
Quand on ne peut pas avoir quelque chose dans la vraie vie, autant le faire à fond dans la vie des personnages. Courage à toi ! Fais chaud par ici, non ?
Anastasia Romanov
« Men are such babies »
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| Conte : Anastasia | Dans le monde des contes, je suis : : Anastasia Romanov
Dimitri resta interdit devant l'énormité d'Anastasia. Pourtant, elle avait vu son visage se décomposer, ce qui avait aussi joué un rôle dans son éclat de rire. Jamais elle n'aurait cru pouvoir le déstabiliser à ce point, surtout avec une connerie aussi grande. Comme quoi, même après tout ce temps il pouvait encore la surprendre. Anya ne demandait que ça. Elle poursuivit alors son récit, rétablissant la vérité, si monotone fut-elle. C'était bien inutile de s'inventer une ancienne vie parfaite devant lui. A elle-même, oui, elle pouvait se mentir. Mais pas à lui. Dimitri avoua que sa vie était un peu pareil, sur quoi Anya fit une moue désolée. Il gagnait tellement à être connu qu'elle aurait aimé le savoir coqueluche de toute la ville... même si cela aurait fait de lui un parti très convoité. - Tu travailles au journal, commenta t-elle avec un hochement de tête. Ca ne me surprend pas qu'on écrive tous les deux. Mais aujourd'hui, apparemment, il ne travaillait pas et c'était tant mieux. La profession d'Anya lui permettait de ne pas avoir d'horaires fixes pourvu qu'elle honore les contrats auxquels elle était liée. Celui pour le profession Layton attendrait donc qu'elle en est assez de Dimitri, ce qui ne semblait pas près d'arriver, loin de là, pas d'après ces soupirs qu'il parvenait si facilement à lui arracher. Anya avait oublié que tout un monde gravitait autour d'eux. Elle avait même oublié jusqu'à la couleur des murs de la chambre où ils se trouvaient. Seul Dimitri comptait. Il occupait tout son esprit - et plus encore. Instinctivement, Anastasia l'avait entouré de ses deux petits bras, comme pour le retenir, encore et encore. La Terre aurait pu s'écrouler, du moment qu'ils étaient tous les deux plus rien n'avait d'importance. Grisée par tant de sensations qu'elle n'avait plus éprouvées depuis si longtemps, Anya avait l'impression de perdre le nord, ne s'agrippant que plus à son garçon indigne. Tantôt, elle attrapait son visage pour l'embrasser à pleine bouche et tantôt ses petits doigts d'ordinaire si frêles semblaient se cramponnaient à son bassin. Les deux êtres ne se séparèrent que longtemps plus tard, pour mieux se retrouver dans une étreinte non pas passionnée mais tendre. Car derrière ses grands airs, Dimitri était aussi un homme tendre. Il s'agissait seulement d'une facette de sa personne qu'il n'avait apparemment choisi de révéler qu'à Anastasia qui ne rêvait à présent que d'une chose: que cet instant dur à tout jamais. Qu'il reste ainsi à lui dévorer l'épaule de la façon la plus indigne qui soit. Cessant cependant de rêvasser, Anya s'en alla chercher le regard de Dimitri pour y planter ses grands yeux amoureux tandis qu'une de ses mains partaient caresser sa joue. - Tu t'es vraiment comporté d'une façon indigne, susurra t-elle. Tu t'y connais en indignités... Corrompre une personnalité de haut rang comme moi... Tu devrais avoir honte, pouffa t-elle en se serrant contre lui. Ou alors je devrais avoir honte, poursuivit-elle une fois enfouie contre son torse. Peu importe, il n'y jamais eu que toi, princesse or not.
Mieux vaut tard que jamais... Ft. Anastasia & Dimitri
S’inventer une vie parfaite ? Elle aurait pu. Nous lui avions tant fait miroiter monts et merveilles pendant notre cavalcade que les rêves étaient toujours les bienvenus. Néanmoins j’appréciais qu’elle ne cherche pas à dissimuler la vérité ; Anya était une orpheline et pendant une grande partie de sa vie elle avait appris la valeur d’un mensonge face à celui de certitudes. Elle s’était aussi rendu compte de la douleur que pouvait provoquer une tromperie et de l’agréable surprise de valider la véracité de ses origines face à sa grand-mère. Aussi ne pus-je que hocher la tête en appréciant qu’elle ne cherche pas vraiment à se cacher de tout et encore moins de moi. Serais-je digne de son honnêteté ? Même moi je l’ignorais.
Je ne travaillais pas aujourd’hui, et ma demoiselle semblait pouvoir jouer les filles de l’air auprès de ses commanditaires. On peut dire que ce détail m’avait grandement arrangé, surtout quand je n’avais pas vraiment prévu de céder à la tentation aussi rapidement. Nous nous étions peu vu ces derniers mois, malgré nos désirs respectifs de nous retrouver et je ne songeais pas vraiment à sauter le pas si vite. Si tôt. Ou pas. J’avais envie d’elle et d’être avec elle, qu’y avait-il de mal à la côtoyer au-delà de la simple amitié ? C’était la femme de ma vie, du moins j’en étais persuadé, alors je la voulais avec moi. Tout le temps. Pour tout. Retrouver son rire et ses airs boudeurs. Connaître ses nouvelles expressions et ses goûts. Savourer son agacement et rire à ses blagues parfois idiotes, parfois sérieuses. J’avais envie de la connaître, celle qui qui permettait à mon monde de tourner un peu plus rond que l’ordinaire.
Je l’enlaçais, la gardant contre moi presque jalousement. J’avais fermé la porte pour ne pas être dérangé – les chiens sont agréables mais ils peuvent être de vrais pots de colle quand ils veulent – et être à l’abri des regards indiscrets. La lumière n’était pas des plus fortes ici, à cause notamment des volets encore tirés, mais c’était suffisant pour la voir. L’admirer. Couvrir tout son corps du regard à défaut d’avoir un drap à lui passer dessus. Je résistai d’ailleurs un moment avant de céder en la voyant frissonner – je ne mettais jamais le chauffage, puisque je me réveillais très souvent trempé de sueur. Mes doigts parcouraient son grain de peau si singulier, essayant de se souvenir de chaque sensation, de chaque recoin où se nicher pour ne pas oublier ces détails croustillants.
Voilà qu’elle me regardait, de son regard bleu et perçant. Elle savait ce qu’elle voulait, elle savait parfaitement ce qu’elle voulait dire et ce que je devais savoir. Néanmoins je lui souris : Anya pouvait être la personne la plus adorable au monde quand elle baissait ses barrières téméraires. J’affrontai ses yeux bleus sans sourciller, quoique baissant un peu les miens pour retrouver la courbe de sa nuque et venir l’y embrasser. Elle se tourna vers moi, m’agrippant de ses bras fins qui m’avaient tant retenu les minutes précédentes et venant enfouir son visage contre moi. Elle me privait de la saveur de son épaule, mais mes mains se vengèrent pour moi. L’une d’elle s’installa sur l’un de ses seins, presque possessive, en caressant du pouce sa chair à nouveau fraîche. Elle me gratifia de faux reproches, que je chassai en levant les yeux au ciel.
« Il ne fallait pas choisir d’épouser ce genre d’homme. » Lui reprochai-je à mon tour, même si c’était un sourire qu’affichait mon visage, et non une moue sévère. « Tu devrais avoir honte, je suis bien d’accord. Se mettre dans un tel accoutrement devant un garçon de cuisine ! » Je me redressai un peu sur le coude pour être un peu plus haut qu’elle. Mon visage près du sien, j’embrassai son front puis ses pommettes avec patience et minutie. Ma main glissant de sa poitrine vers le creux entre ses omoplates, où j’appuyai pour la presser contre moi. « Vous êtes indécente, votre majesté. » Un peu qu’elle l’était, j’étais moi-même brûlé par sa chaleur. « Mais ça me plait bien. Restez comme vous êtes. » J’embrassai ses lèvres avec plus de tendresse que de passion, savourant simplement ce moment retrouvé et partagé. « Enfin, pas trop… Où je risque de ne pas vous laisser quitter cette chambre de sitôt. » Un rire moqueur alors que je m’emmêlais dans les draps en sa compagnie. Cherchant à la chatouiller autant qu’à embrasser ses lèvres chaudes.
Elle me faisait décidément oublier tous mes devoirs. Mais aussi tous mes démons.
Anya était bien et c'était assez. Non, elle n'était pas couverte de pierreries. Non, elle ne vivait pas dans un palais. Non, elle ne portait pas des parures couleur du soleil. Actuellement, elle ne portait rien, en fait, ce qui réglait la question, d'une certaine façon, d'autant qu'elle n'avait que faire de la richesse matérielle. Ce qu'elle voulait, et c'était assez simple à comprendre, c'était Dimitri. Juste Dimitri et rien de plus, mariage ou pas. Certes, maintenant qu'il s'était engagé à l'épouser, il devrait aller jusqu'au bout... Mais du moment qu'ils restaient ensemble, le reste importait peu. Bien sur, il fallait aussi le redécouvrir, d'une certaine façon. Et raviver ce qu'ils avaient un jour partagé. Retrouver ces attitudes, ces habitudes, ces manies et tout le reste, tout ce qui donnait de la saveur à leur histoire. Anya avait tellement hâte de se réhabituer à ces choses si délicieuses! La jeune femme se laissa emprisonner dans ses bras, pile l'endroit où elle avait envie d'être. Blottie contre son corps tout chaud, elle ne frémissait presque plus. Jusqu'à ce qu'un frisson, justement, la trahisse avant qu'il ne place le drap sur elle. Un vrai gentlemen... Pas mal pour un homme indigne, ne put-elle s'empêcher de penser. A vrai dire, elle adorait quand il osait dévoiler ce jour plus tendre. Il ne le faisait pas souvent, ce qui rendait ces moments encore plus précieux aux yeux de la jeune femme. Mais bien vite, il redevenait lui même, retrouvant toutes ses mimiques habituelles et plus particulièrement ces yeux levés vers le ciel d'un air faussement désespéré. A son tour, il la gratifia d'un faux reproche, puisque c'était leur truc. - Fallait pas demander! répliqua t-elle du tac au tac, comme si elle avait secrètement attendu de pouvoir placer cette réplique. Puis ce fut à son tour de lever les yeux tandis qu'elle répétait mentalement les inepties qu'il s'était décidé à sortir. "Tu devrais avoir honte, je suis bien d’accord. Se mettre dans un tel accoutrement devant un garçon de cuisine!". Bon, mieux vaut entendre ça qu'être sourd, songea t-elle, amusée, il est vrai. Car ce qu'Anya aimait dans son couple, c'était justement ce côté improbable de leur romance. Les princesses n'épousent pas les domestiques, c'est bien connu. Mais Anastasia était têtue et préférait faire selon ses envies. De toute façon, elle ne vivait plus dans le monde des contes depuis un bon moment. Et par bonheur, ce nouveau monde était un peu plus libéré à certains sujets, épousant au mieux les convictions de la jeune femme. Raison de plus de sauter le pas, non? Tandis qu'il se relevait un peu, Anya l'écoutait, suivant le moindre de ses gestes sur son corps indécent du regard. Finalement, il se glissa aussi sous les draps après lui avoir fait ce qui avait tout l'air d'un compliment! Déguisé, certes, mais l'intention était là. - Je ne comptais de toute façon pas partir, répondit-elle alors en prenant à son tour de la hauteur. M'essayer c'est m'adopter! déclara t-elle d'un air sérieux. Je commence à vraiment bien aimer ton chez toi. C'est plus grand que chez moi, déjà, et puis tu y es, dans ton chez toi. Argument indigne de poids! Non?
Mieux vaut tard que jamais... Ft. Anastasia & Dimitri
Ah ça, pour s’être engagé, je l’étais ! La demande avait été un désastre, je comptais bien me rattraper par la suite. Ou bien pas totalement, comme cette bague déposée sur une table de cuisine sans même avoir le courage de la lui donner en face. Heureusement qu’Anya était compréhensible, ou j’aurais passé un mauvais quart d’heure. Il aurait suffit que je tombe sur une princesse qui voulait se les jouer romantique et me réclame une manière plus chevaleresque et… protocolaire. Pas pour moi. Si je savais les apprendre aux autres, je n’étais pas le premier à les appliquer directement. En revanche, reprendre ou commenter les manières désastreuses de certains était un passe-temps tout à fiat tolérable et abordable. Même si, en temps et en heure actuels, je ne risquais pas d’ne vouloir à Anya de ne pas respecter son rang. Nous étions tous semblable une fois en tenue d’ève et d’adam, non ? Et je ne me lassais pas de la regarder nue.
La tendresse… Je n’étais pas très familier de cette partie de moi-même. Certe j’étais tendre et agréable envers mes chiens, mais auprès des autres humaines le contraire était de mise. Peu tactile mais entreprenant. Téméraire mais sans vraiment leur laisser de répit. Je ne prenais pas soin des autres, puisque je n’arrivais déjà pas à prendre soin de moi. Pourtant, j’avais envie de m’occuper d’elle. De caresser sa peau. De la couvrir de baisers et d’attentions. De la garder dans une petite bulle unique où rien ne viendrait la perturber. C’était à la fois amoureux et cruel, comme ce que l’on fait d’un bel oiseau en l’enfermant dans une cage. Etais-je la cage qui la retiendrait ? Ce si bel oiseau libre.
« Fallait pas demander ! » - « Fallait pas me tenter. » De vrais gamins. Nous étions des gosses mais au moins nous l’assumions. Et quand elle prenait cet air agacé à mes paroles, je la trouvais aussi irritante qu’adorable. J’avais le sang chaud à l’occasion, Anya était la spécialiste pour me faire sortir de mes gonds, et la moindre de ses expressions pouvait faire pencher la balance. J’allais répliquer, mais elle me devança avec des propos assez étranges. « Je ne comptais de toute façon pas partir. M'essayer c'est m'adopter ! » Mais encore ? Je me redressais un peu plus pour continuer d’être à sa hauteur, supportant son regard. « Je commence à vraiment bien aimer ton chez toi. C'est plus grand que chez moi, déjà, et puis tu y es, dans ton chez toi.» Je haussai un sourcil. Où voulait-elle en… Non en fait, j’avais très bien compris où elle voulait en venir. Et je n’étais pas sûr d’être bien d’accord avec ça. Enfin, je devais réfléchir. Et pas qu’un peu.
« … Oui, c’est parce que c’est chez moi que j’y suis. » Somme toute, c’était assez logique. Mais je cherchais clairement à gagner un peu de temps pour permettre à mes pensées de s’ordonner. « Mais je n’ai jamais vu ton appartement. » Effectivement, mais là n’était pas la question. Le sujet se trouvait bien ailleurs, ça se lisait dans son regard. Elle n’était pas en train de me proposer de s’installer ici, n’est-ce pas ? Enfin c'est ce que j'en comprenais. Et là, mon esprit se mit à réfléchir on ne peut plus rapidement à toutes les possibilités et les hypothèses qui s'y trouvaient liées. Vivre avec quelqu'un ? Moi ? Nous ? Mais comment... « … Anya, où tu veux en venir ? » Autant mettre les pieds dans le plat directement, non ? Demander directement était statistiquement plus efficace que de garder des manières détournées, j'en avais fait l'amer expériences d'autres fois.
Dimitri ne cessait de la dévorer des yeux. Nous étions au sommet de l'indécence, à mille lieues de ce dont rêvent généralement les princesses. Mais c'était toujours le cas avec lui. La demande en mariage avait été une surprise totale sans le genou à terre, puis il avait simplement posé la bague quatre mois plus tard sur la table, sans mettre le genou à terre de nouveau. Ca faisait son charme... Dimitri n'était pas le prince charmant et Anastasia le savait. C'était pour cette raison qu'elle l'avait choisi, d'ailleurs. Oui, elle aurait pu avoir tous les princes de la Terre à ses pieds sans trop de souci. Après tout, n'était-elle pas la princesse disparue dont il fallait reconquérir le royaume? Beaucoup d'hommes auraient sans nul doute adoré le faire pour elle, lui promettre monts et merveilles... et faire d'elle, au final, un objet de valeur dans une collection. Très peu pour elle. Au moins Dimitri n'était pas là pour ça. Plus là pour ça, en fait, pour être tout à fait correct. De toute façon, elle n'avait pas énormément d'argent dans ce monde-ci. Anya laissait les mains du jeune homme la parcourir, parcourant de temps à autre son corps à lui, qu'elle aurait dévoré de baisers si elle ne s'était pas déjà perdue dans ses yeux. La jeune femme avait la sensation qu'elle pourrait rester ainsi des heures voire des jours. Ou toute la vie, carrément, mais celle-ci serait surement courte s'ils ne mangeaient plus. La réplique suivante de Dimitri amusa Anya. Rien n'avait changé entre eux deux, malgré la longue absence. Ils se comportaient toujours comme des gosses persuadés d'avoir raison. Enfin... ça c'était Dimitri parce qu'Anya avait raison tout le temps même s'il ne voulait pas l'admettre. L'un dans l'autre, elle était ravie d'être sa tentation. Mais la réponse d'Anya changea un peu cette atmosphère bon enfant. Elle le remarqua tout de suite quand il se redressa un peu. Elle avait alors toute l'attention du jeune homme, elle le savait. Il était intrigué et peut être aussi effrayé, voire sceptique. En tout cas il avait saisi l'allusion, en dépit de son sourcil arqué qui prétendait le contraire. Pour un homme, il était franchement futé, par moments! D'ailleurs sa réponse si logique était presque tordante. Anya le sentait décontenancé comme jamais. C'était intéressant de voir à quel point elle pouvait avoir de l'effet, d'une façon ou d'une autre sur lui. Parce qu'Anya avait un véritable don pour le rendre fou et il le savait aussi. Puis il éluda en parlant de son appartement, à elle... Totalement hors de propos, songea la jeune femme. - Tu ne manques pas grand chose, plaisanta Anastasia. C'est un studio dans un immeuble, tout ce qu'il y a de plus banal. Une petite cuisine, une chambre, une salle de bains quasi inexistante et le reste me sert de salon, salle à manger et bureau. Mais il est bien entretenu, lumineux et presque pratique, conclut Anya d'un air satisfait. Ce qui ne résolvait en rien le problème que posait sa petite allusion qui trahissait cependant une réelle envie. Un début d'envie, du moins. Mais Dimitri, alors qu'il avait bien compris de quoi il retournait et sauta à pieds joints dans le plat au lieu d'éluder. Pour le coup c'était appréciable, même si le sujet était aussi épineux du côté d'Anya. - Je disais simplement que j'aime être avec toi, que je suis mieux avec toi que toute seule, commença t-elle en s'asseyant dans le lit. Dimitri, on a été séparés pendant presque trente ans. Tu n'imagines pas le choc que j'ai eu en retrouvant une fois de plus mes souvenirs. Perde la mémoire deux fois dans la même vie c'est... abominable, même si la première fois m'a conduit à toi. Je ne demande pas grand chose tu sais. Je ne suis qu'une princesse sur le papier. En pratique, je veux simplement passer ma vie avec toi. Alors non, rassure toi, je ne vais pas débarquer demain avec mes valises et te mettre devant le fait accompli, mais j'ai envie qu'on soit deux, avec tout ce que ça implique. Et j'attendrai que tu te sentes prêt, conclut-elle en souriant, n'osant pas ressortir sa réplique toute faite.
Mon amour!!:
Il était parfait ton rp! Je me fiche de la longueur, j'attends chacun de tes posts avec une impatience de folie! tout me va puisque c'est mon Dimitri
Mieux vaut tard que jamais... Ft. Anastasia & Dimitri
L’indécence… Cette donnée toute nouvelle et relative qui sied à merveille au couple que nous formions. Indécence de classes, entre la princesse héritière et le garçon de cuisine sans véritable nom de famille. Indécence de manières, avec cette orpheline rustique et mon côté élégant dans toute ma pédance. Indécence d’allure, alors qu’elle se trouvait entièrement nue contre moi, portant encore l’odeur de mon corps au-dessus du sien et les marques de mes lèvres le long de son cou. Ma barbe naissante avait même laissé quelques traces rouges qui faisaient ressortir ses clavicules fines et délicates. Indécence de parole, quand nous nous parlions comme des adolescents de bas étage. Indécence de tout, mais surtout de réalité. La chambre était une bulle, et nous nous y trouvions à l’abri. Du moins le pensais-je.
Anya était en quelque sorte mon objet de collection, bien malgré elle. Le rappel éternel de notre différence et de la chance que nous avions eu de nous rencontrer dans cette autre vie. Pas sûr que dans celle-ci, en ignorant tout de nos souvenirs communs, j’aurais eu l’audace de la rechercher et de refaire les mêmes jeux et pièges. Je n’étais sûr de rien ici, quand auparavant j’étais un homme affirmé aux grands rêves. Mais Emma Swan avait brisé le sort noir, la mémoire nous était revenue et nous en étions là aujourd’hui. A partager un moment de tendresse, entres rires et sérieux, à l’abri des regards indiscrets. Que fallait-il de plus pour mieux démarrer cette journée encore ? Enfin, continuer. Il était sans doute déjà bien tard pour parler de matinée.
Futé était l’un de mes points les plus forts lorsque je voulais m’y mettre. Je n’étais pas journaliste pour rien, et encore moins le meilleur de la section criminelle malgré mon âge, sans avoir un sérieux sens de la déduction qui se couplait à une certaine forme d’intelligence sélective. Je n’étais pas un génie, mais j’étais loin d’être bête. Et quand je fermais les yeux, je m’efforçais de retrouver chaque petit souvenir rangé dans chaque petit case… quand la pièce qui me servait d’esprit n’était pas mise en bazar par je ne savais quelle tempête ravageuse. La tendance se trouvait pourtant d’avantage aux moussons tropicales qu’au calme plat, et mes tiroirs en désordre commençaient à s’imprégner les uns dans les autres.
Mais j’étais attentif. Intrigué et curieux par les propos soudain de la princesse en face de moi. Si, princesse. J’y tenais, car malgré ses manières et son caractère, elle possédait un port de tête altier naturel et une assurance dans le regard qui ne laissait aucun doute. C’était d’ailleurs ce même regard qui m’avait fait pencher la balance dans sa direction la toute première fois… et qui faisait que je ne baissais pas les yeux face à ses revendications ou ses idées. Elle me rendait dingue parfois, encore plus que je ne l’étais, et ne pas parvenir à voir où elle voulait en venir provoquait chez moi un agacement certain. Bien loin des sentiments que j’éprouvais à peine quelques minutes auparavant. Ces fluctuations n’avaient rien de très agréable, même si elles restaient surprenantes et bien digne de l’héritière du tsar de Russie. . « Tu ne manques pas grand-chose. C'est un studio dans un immeuble, tout ce qu'il y a de plus banal. Une petite cuisine, une chambre, une salle de bains quasi inexistante et le reste me sert de salon, salle à manger et bureau. Mais il est bien entretenu, lumineux et presque pratique. » Au moins elle avait répondu à ma remarque. Mais elle comme moi savions que ce n’était qu’un aparté dans la véritable quête de réponse qu’elle semblait s’être mise en tête de faire. J’imaginais sans mal son appartement, la voyais taper à l’ordinateur avec le nez un peu froncé quand quelque chose ne lui plaisait pas, ses cheveux relevés en un chignon négligé maintenu par un stylo. J’aurais adoré voir cette facette de sa vie. Et à la fois, j’avais peur de la découvrir de cette manière. Elle était spontanée et naturelle, tout ce qui me plaisait d’ordinaire. Et pourtant, rien que de penser que je puisse retrouver ces attitudes chez moi… cela me provoquait une certaine sécheresse dans la gorge. Je craignais. Mais je craignais quoi, au fond ?
« Je disais simplement que j'aime être avec toi, que je suis mieux avec toi que toute seule. » Elle s’installa assise. Je me rallongeai sur le dos, adossé à l’un de mes coussins, pour la regarder. « Dimitri, on a été séparés pendant presque trente ans. Tu n'imagines pas le choc que j'ai eu en retrouvant une fois de plus mes souvenirs. Perde la mémoire deux fois dans la même vie c'est... abominable, même si la première fois m'a conduit à toi. » Elle n’avait pas tort de me le rappeler, comme si je pouvais oublier que nous avions eu presque trente ans sans nous voir… et pourtant nous avions tous deux l’air si jeunes. Trop peut-être ? « La seconde aussi, visiblement, puisque tu es ici. » Fis-je remarquer à son attention. Quand je voyais mes ressentis face à la perte de nos souvenirs, je n’osais imaginer si j’en perdais à nouveau. Je deviendrai réellement fou à lier sans doute. Comment faisait-elle pour tout prendre d’une si bonne manière et d’en rester optimiste, par-dessus le marché ?
« Je ne demande pas grand-chose tu sais. Je ne suis qu'une princesse sur le papier. En pratique, je veux simplement passer ma vie avec toi. » A voir mon regard s’agrandir, elle s’empressa de rajouter : « Alors non, rassure toi, je ne vais pas débarquer demain avec mes valises et te mettre devant le fait accompli, mais j'ai envie qu'on soit deux, avec tout ce que ça implique. Et j'attendrai que tu te sentes prêt. » Je restai dubitatif face à celle que j’aimais. Pesant chacun de ses mots en l’observant d’un air neutre, songeur, presque pensif si elle n’arrivait pas à me détourner de mes pensées à cause de son affolante chute de rein. Je devais me concentrer. Ses paroles étaient loin d’être anodine ou sans intérêt. Elle parlait de vivre ensemble, étape tout à fait logique quand on demande une personne en mariage. Mais étions-nous aussi prêt que ce qu’elle semblait penser ? « On sera au moins douze. » Dis-je remarquer, en désignant les ombres sous la porte des chiens qui patientaient dans le reste de la maison. Ma main se leva pour aller caresser pensivement sa hanche, juste à l’angle formé avec sa cuisse, remontant un peu vers son nombril pour y poser ma paume à plat. Un soupir m’échappa. « … Tu te sens capable de vivre ici, avec moi, et… « Tout ce que ça implique » ? » Demandai-je, incertain qu’elle sache où elle mettait les pieds. « … Ca ne sera pas exactement comme ton appartement bien rangé. » Mais nul doute qu’elle mettrait de la vie dans cet endroit bien terne.
Tandis qu'Anya s'essayait, comme pour donner de la hauteur à ses propos, Dimitri se rallongeait, ne la quittant pourtant pas des yeux. Il n'envisageait certainement pas de dormir! Son regard n'était pas celui d'un homme fatigué mais plutôt celui d'un homme qui s'interroge. Ce sérieux laissait apparaitre une veine charmante au milieu de son front et lui donnait un air absolument adorable. Sérieux, voire préoccupé, mais adorable. Anya craquait. Mais d'un autre côté, elle savait que ce sérieux était du à la bombe qu'elle avait en quelque sorte lancé. Et qui devait être lancé, d'ailleurs, parce qu'il ne pouvait pas la demander en mariage, acheter la bague et espérer que les choses n'iraient pas plus loin. Alors oui, elle n'avait pas besoin d'un château, mais elle avait besoin de lui! Et vivre avec lui semblait un bon moyen de pallier ce besoin grandissant. Mais bien sur, elle avait affaire à un homme, elle savait donc qu'elle devait lui laisser du temps et ne pas trop rouler des yeux devant la terreur que cette idée semblait provoquer chez lui. Etre patiente et compréhensible, en somme, et ce, même si la patience n'était pas toujours son fort. Sauf avec ses clients, le professeur Layton en tête. Dimitri marqua un petit point au sujet de la mémoire perdue puis retrouvée. Anastasia se surprit même à sourire, oubliant pendant un moment qu'il lui avait fallu des mois et des mois pour le retrouver, en dépit de ses souvenirs si clairs, cette fois-ci. Elle ne fit cependant aucun commentaire et poursuivit sa requête. A la phrase suivante, Dimitri ouvrit de grands yeux, paniqués, pour le coup. Laisse moi finir et panique après, songea t-elle en poursuivant, lui donnant la porte de secours qu'il attendait très certainement: du temps. Pas trente années, mais suffisamment pour qu'il se fasse à l'idée doucement. Tout était une question de psychologie masculine, après tout. Anya se tut finalement, le dévisageant, ce qu'il faisait aussi. Il ne parlait pas, ou pas encore, analysant très certainement ce qu'elle venait de dire. La veine sur son front battait à tout rompre et la jeune femme ne doutait pas qu'il bouillonnait intérieurement et que son cerveau tournait à plein régime. Il parla finalement de ses chiens... Curieuse idée de les envisager à ce moment de la conversation, mais pourquoi pas, après tout. Dimitri avait presque assez de chiens pour monter une équipe de foot canine, donc oui, ça avait un poids dans la décision. - Je peux m'habituer aux chiens, assura la jeune femme non sans être totalement déterminée. Il était d'ailleurs probable qu'il puisse lire toute cette détermination dans son regard. - La question est: peux-tu t'habituer à moi et à voir cet endroit rangé? Tu sais, je ne suis plus la gamine naive que tu croyais pouvoir berner. Je sais ce que ça veut dire, vivre à deux. C'est un très grand pas en avant mais n'est ce pas le but de la vie? Avancer? On a littéralement stagner pendant trente ans alors maintenant que nous sommes réunis je veux vivre, avancer, avec toi et tes angoisses typiquement masculines. Et ton chenil.
Mieux vaut tard que jamais... Ft. Anastasia & Dimitri
Je ne comptais pas dormir, pas le moins du monde. Si la grande majorité des hommes s’endorment après l’acte, je n’étais pas de ce genre-là. Déjà que trouver le sommeil était une tâche ardue à obtenir, je n’allais pas en plus y sombrer dans ce genre de moments qui méritait une attention toute particulière. Pour une bombe, s’en était une sacrément impressionnante. Vivre ici, avec moi ? Elle n’avait pas idée dans quoi elle s’embarquait. Je n’arrivais déjà pas à me supporter moi-même, alors s’il fallait qu’elle le fasse à son tour, pas sûr qu’elle y survive. Je la connaissais téméraire et bornée, mais toute personne têtue à ses propres limites à la fin, non ? J’étais peut-être un homme un peu stupide avec un temps de réflexion plus long que la moyenne, mais c’était clairement pour son bien que j’exprimais – malgré moi – des réserves sur la faisabilité de la chose. Je l’avais pourtant demandé en mariage, ça ne devrait pas me poser de problème ! Oui, mais entre la théorie et la pratique, il y a un grand gouffre dans lequel je n’étais pas encore prêt à me jeter.
« Je peux m'habituer aux chiens. » Pour le coup elle marquait un point, et validait sans grandes difficultés l’un des énormes bémols que contenait l’hypothèse de vivre dans cette maison. Elle serait peut-être la seule femme, mais aussi la seule étrangère. Non pas que nous n’accueillions pas régulièrement des chiens perdus, mais Anya n’avait rien d’un chien. C’était une très belle femme, la nuance était toute autre. Vivre dans mon monde typiquement masculin avait quelque chose de bouleversant dans mes habitudes de vie. Presque j’imaginais très bien la salle de bain, où elle laisserait trainer ses affaires : brosse à dent, shampoing, crème pour le corps, bain moussant, serviettes colorées, matériel mensuel ou ce genre de trucs qui n’avaient pas pour habitude d’y être. Rien que l’idée de voir ses vêtements à côté des miens dans le placard avait le don de me faire légèrement paniquer. Cet espace vital était la dernière chose que je maitrisais au moins un peu…
Pourtant Anastasia était mon raccord récent à la réalité. Je dormais. Je ne faisais pas vraiment de cauchemars. J’avais conscience des jours et des minutes qui s’écoulaient en sa présence. Je pouvais être tranquille et paisible pour une fois. Je pouvais partager avec elle des plaisirs charnels que je n’avais pas vraiment eut l’occasion d’expérimenter avec d’autres. Si elle venait, peut-être toute cette noirceur partirait-elle par la grande porte ? J’avais peur au fond. Peur de perdre mes cauchemars et ma mémoire. Peur de perdre ce que j’étais. Même si ce n’était « que » de venir aménager avec moi, ce qui se ferait forcément à un moment ou un autre. Les relations à distance n’avaient rien de bon ou de logique.
« La question est: peux-tu t'habituer à moi et à voir cet endroit rangé ? » - « C’est rangé ! » Me défendis-je brièvement, avant de la laisser continuer sur sa lancée. « Tu sais, je ne suis plus la gamine naïve que tu croyais pouvoir berner. Je sais ce que ça veut dire, vivre à deux. C'est un très grand pas en avant mais n'est-ce pas le but de la vie ? Avancer ? On a littéralement stagné pendant trente ans alors maintenant que nous sommes réunis je veux vivre, avancer, avec toi et tes angoisses typiquement masculines. Et ton chenil. » Je grimaçai dans un demi sourire à sa plaisanterie finale, mais gardait mon sérieux quant au contenu de ses propos. Trente ans, atrocement long comme séparation. Nous retrouver nous avait paru d’une évidence même. Mais pouvions nous relancer la machine de la vie comme si de rien était ? Je n’en étais moi-même pas sûr, et j’avais horreur de me retrouver confronté à des choses que je ne maitrisais absolument pas.
Ma main toujours posée sur son ventre, je bougeai un peu pour l’attirer vers moi. Faire glisser son joli corps sur le matelas pour que son dos touche mon flanc. Que mon bras puisse passer autour de ses hanches sans que je n’aie à bouger. Sa peau était terriblement douce, et son air si sérieux… Anya attendait visiblement beaucoup de notre relation. Mais je n’étais pas certain que nous avions des objectifs communs sur tous les plans. Je focalisai mon attention sur son flanc puis sur le galbe de son sein qui apparaissait derrière son bras. Vraiment adorable. « Je crois que tu as déjà pris ta décision, non ? » Fis-je remarquer à son attention. Et quand Anya voulait quelque chose… « Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée… Mais comme tu dis, on a déjà laissé trente ans s’écouler. Et j’ai quand même envie de me réveiller le matin avec une aussi jolie vue qu’actuellement. » Je n’arrivai pas vraiment à exprimer un accord, alors je faisais à ma manière. En sous-entendus. « Le service nature est compris dans le prix de la location de la maison ? » J’étais incorrigible. Je me voilais surtout monstrueusement la face : j’avais besoin d’elle.
Anya avait que la question des chiens, même s'ils étaient nombreux, serait vite réglée. Aussi ne s'y attarda t-elle pas trop, sachant pertinemment que le noeud du problème était ailleurs. Les chiens était un détail, en quelque sorte, voire une excuse. Bonne, certes, mais quand même. Néanmoins, Anastasia comprenait son cheminement, du moins, le croyait-elle. Car pour son plus grand bonheur - ou malheur - elle n'était pas dans sa tête. Elle ne savait donc pas qu'une véritable lutte s'y jouait à chaque seconde. En fait, elle ne voyait de l'âme de Dimitri que ce qu'il daignait bien montrer, c'est à dire peu de choses. Pour le moment, du moins. Car avec cette histoire de mariage, il allait vite comprendre qu'ils formaient à présent un tout! Elle enchaina cependant d'abord avec une plaisanterie - qui ne manqua pas son effet, comme à chaque fois. Dimitri sembla presque prendre la mouche, ce dont elle se délectait toujours. Ca, c'est rangé? Oui, peut être du point de vue d'un homme, songea t-elle en balayant la pièce d'un regard dubitatif. Puis elle sourit, reportant son attention sur lui qui donnait tout son intérêt à la pièce, qu'elle fut, ou non, rangée. - On va dire que ce n'est pas la question du moment, se contenta t-elle de répondre avec un air entendu. Elle reprit donc son laïus sérieux, y casant une petite plaisanterie finale pour le détendre un peu. Il sourit d'ailleurs, même si cela aurait tout aussi bien pu être une grimace. Anya choisit de ne pas relever, le laissant l'attirer contre lui puisqu'il semblait visiblement en avoir envie. La jeune femme tomba donc délicatement contre son flanc chaud, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Enfin tandis qu'elle finissait se se serrer contre lui, il sembla comprendre: oui elle avait pris sa décision, en effet. Et elle était butée, probablement plus que lui, même s'il n'était pas mal, dans son genre. Cela ne l'empêchait cependant pas d'agir typiquement en homme en arguant que ce n'était sans doute pas une bonne idée. Anya manqua de soupirer mais se ravisa, attendant le reste de sa réponse, qui fut à la hauteur de ses espérances. Du moins, à la hauteur de ce qu'elle pouvait espérer d'un homme qui avait demandé sa copine en mariage alors qu'il était réticent à s'engager. Paradoxe total, mais soit. Pour faire bonne figure, il conclut avec une blague outrageusement pleine de sous-entendus qui ne manqua pas d'amuser la princesse. Celle-ci se retourna alors pour lui faire face et conclure le débat puisqu'il acceptait. A demis mots, certes, mais quand même: - Je vais traduire histoire que les choses soient claires, commença t-elle plus confiante que jamais. Vous avez besoin de moi, cher monsieur et il se trouve que je me comporte en faible femme énamourée et que j'ai aussi besoin de vous. Au réveil et le reste de la journée aussi, dans la mesure du possible et du supportable. Je suis même disposée à payer en nature, même si la proposition est, une fois de plus, totalement indigne pour une personne de mon rang. Bref, je prends ça pour un oui, parce que dieu veut ce que femme veut et que voilà, conclut-elle d'un air enfantin qui, et elle le savait, lui plaisait bien.