L'autre monde

Rani & Robyn & Lily & Teddy & Jay

La prochaine fois, Moro pousserait Rani à prendre son katana avec elle. Un long sabre fin et extrêmement maniable, qui passait pour un héritage familiale dans les faux souvenirs de la jeune fille. Dans un corps humain, sans les centaines de kilos de muscles, ni les crocs acérés, ni les griffes mortelles, un katana se révélait d'une grande utilité. Même quand on traverse un mur par une petite porte habillé en pyjama panda, toujours prendre un katana avec soi.
La cave était sombre, aussi sombre que l'on pouvait s'attendre dans les souterrains d'une maison. Rani aurait eu du mal à croire que quelqu'un puisse vivre confortablement là-dessous, mais pour Moro, ça lui rappelait surtout une tanière de loup un peu mieux meublée et pleine de bonbons poussiéreux. Elle respira un grand coup, cherchant parmi ces effluves les vestiges de sa vie passée dans le monde des contes ; car la nostalgie pouvait même atteindre le coeur d'une créature aussi dangereuse que la louve. Son regard se posa sur l'affiche géante représentant deux femmes, et Moro se contenta d'une moue blasée en réponse à la grimace de Lily, se disant que les humains n'avaient pas beaucoup changé entre l'époque médiévale qu'elle connaissait et l'époque moderne dans laquelle elle vivait désormais. C'était peut-être un rituel nuptial chez les humains, qui sait ? Déjà qu'elle n'appréciait pas beaucoup le concept de vêtements… après tout, cela ne faisait qu'un an que Moro s'était éveillée dans le corps de Rani, elle apprenait encore à découvrir la vie humaine et les coutumes leur appartenant. Ou plutôt, elle se forçait, pour sa fille.
Jetant un regard sévère à l'équipe qui la suivait de près, elle eut comme un sentiment de réjouissance en voyant que la plupart paraissait effrayée. Moro n'appréciait pas le moins du monde les individus trop zélés ; si l'un de ceux-là tentaient d'asseoir son autorité sur le groupe, la louve lui aurait probablement fait tâter de ses crocs, mais ils semblaient surtout concentrés sur le mobilier étrange qui remplissait les pièces. Moro fut presque tentée de redonner conscience à Rani, mais tant que cette aventure n'était pas finie, rien ne garantissait la sécurité de sa fille, pas même l'unique garçon du groupe, qui dégageait la même aura de chevalier servant que le jeune guerrier que la louve avait croisé un jour. Oh, comme elle aurait aimé le dévorer, celui-là…
Alors qu'elle promenait ses doigts sur une étrange sculpture de bois, l'air pensif, Moro sentit tous ses muscles se tendre lorsqu'un monstrueux vacarme résonna dans l'appartement, causé par un miroir qui venait d'exploser devant Jamie. Le rejoignant aussitôt, la louve se contenta de lui jeter un regard mi-condescendant, mi-réprobateur, alors qu'il balbutiait en essayant de se justifier.

« Au moins, les habitants sont maintenant au courant qu'ils ont des visiteurs. »

Le sarcasme ! Quelque chose de très nouveau pour une créature aussi terre à terre que Moro ; mais à vrai dire, elle aimait beaucoup ce petit jeu de langage, surtout dans un contexte aussi… enfantin. Oui, tout cet endroit était un énorme piège à enfants. Il était tout naturel de penser que Rani n'était pas la seule grande enfant du groupe… et le sarcasme passait souvent mieux qu'un sermon avec ce genre de personnes, surtout depuis que la louve ne faisait plus deux mètres de haut.
Lily se dirigea sans prévenir vers une grande porte, l'ouvrant aussitôt. Une salle de théâtre se présenta sous les yeux ébahis des convives, et Moro examina rapidement la pièce à l'aide de tous ses sens réunis, cherchant à découvrir si la présence du groupe avait été détectée.
Gagné.
Du plafond tombèrent soudainement une nuée de créatures dotées d'ailes de chauve-souris, brisant le silence qui se faisait pesant dans des grands bruits ressemblant à des glapissements de louveteau. Drôles de louveteaux, d'ailleurs !
Mais Moro n'eut pas le temps de les détailler plus longtemps, car ils avaient déjà entrepris d'attaquer certains membres du groupe, visant Lily et Teddy, avant que l'un d'eux ne se sépare de la meute pour se diriger droit sur Moro. Surprise, celle-ci se recula aussitôt tout en se mettant sur le qui-vive, prête à l'attaque. La chauve-souris passa à l'offensive de front, faisant claquer ses ailes tout près de la tête de sa cible, l'empêchant de se concentrer sur les sons et obstruant son champ de vision par la même occasion. Rendue confuse par l'attaque, Moro sentit des coups de griffe lui lacérer les bras, alors qu'elle les avait levé comme barrière de protection. L'adrénaline grimpait en flèche, et bientôt, la louve serra les dents, avant de lancer d'une voix menaçante :

« Tu ne sais pas à qui tu t'attaques, maléfique créature ! »

Et se disant, Moro, rapide comme l'éclair, perça une ouverture dans l'acharnement de son ennemi, le saisissant à la gorge. Puis, d'un geste qui dégageait une force impressionnante, elle le lança contre le mur en face d'elle, et « BOOM » fut le dernier son que cette créature fut capable de produire alors qu'elle s'écrasait.

Teddy se faisait attaquer de toutes parts par les horribles créatures. Eet pendant ce temps là et bien les adultes aussi tentaient vainement de tuer les trucs qui volaient... Parce qu'il n'y avait pas de mots exacts pour les définir... Mais passons. Parce que Robyn venait d'avoir l'idée la plus géniale de toute sa vie.

En effet, elle venait d'allumer la lumière, ce qui eut pour effet de... Et bien de faire se transformer les créatures en grain de sable. Et maintenant, la gamine était donc pleine de sable, comme tous les autres. Elle passa donc sa main dans ses cheveux, tentant d'enlever le maximum de sable qu'elle pouvait, rassurée d'être enfin débarrasser des trucs volants, avant que Robyn ne reparle du fantôme...

-C'est pas vrai ! Là j'ai rien entendu du tout !

En revanche, elle voyait très bien le gros bonbons rose sur la scène. Elle monta donc sur la fameuse scène, avant de remarquer un trou au milieu du bonbon. Elle lança donc un regard aux adultes, avant de plonger sa main dans le fameux trou, à quatre pattes sur la scène. Et elle poussa un cri strident, espérant bien faire peur aux petit groupe :

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Elle leva donc les yeux au ciel en voyant la tête que tiraient ses amis, avant de se mettre à rire, amusée, en lâchant alors :

-Regardez ce que j'ai trouvé !

Et alors qu'elle remontait la main pour faire voir sa trouvaille au petite groupe et bien... Lorsque sa main sortie du trou, déchirant le paquet du bonbon, Teddy poussa un vrai cri apeuré cette fois ci, alors que le truc qui était accroché à sa main criait aussi :

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! ENLEVEZ MOI C'TRUC !
-VOLEUSE VOLEUSE VOLEUSE VOLEUSE VOLEUSE VOLEUSE !

Et alors que Teddy était en train d'essayer d'enlever les deux minis dames verte et rose, qui avaient un seul bras entrelacé, et qui continuait de grimper le long de son bras en la traitant de voleuse, elle paniqua de plus en plus. Et c'est ainsi qu'elle balança son bras de droite à gauche de plus en plus fort, envoyant les deux mini madames, contre le mur en face, violemment. Le mini monstre devint une statue de sable, comme les autres créatures volantes, qui finit par s'effriter au pied de Jamie, qui se trouvait non loin. Et la gamine, elle, descendait de la scène, en annonçant alors, sur un ton supérieur :

-J'ai même pas eu peur !

Elle retourna donc auprès de Jamie, exposant le bouton à tout le monde, en disant, fière d'elle :

-Et un oeil en plus !

Maintenant, ne restait plus qu'à aller vers le grenier !

Les choses s'étaient un peu emballées. En l'espace de quelques secondes, il était passé de tenter d'expliquer la chose absolument paranormal qu'il venait de vivre à se protéger le visage d'une volée de... Chiens volants. D'accord, ça n'aurait pas du tant l'étonner que cela mais mine de rien, cela fiche un coup de se retrouver face à des aberrations de la nature. Des chiens genre vieux chiens anglais dotés d'une paire d'ailes. Faudrait qu'il en parle à Théodore, rajouter des ailes à des bestioles ce n'est pas toujours une idée brillante. La pièce où ils se trouvaient était immense, mais c'était à croire que ces choses étaient partout. Visage, bras, torse. Il sentait les poils rêches de ces bestioles le griffer, leurs baves se coller sur sa peau. Des yeux, il chercha aussitôt Teddy, par réflexe mais alors qu'il s'apprêtait à la trouver dans cette nuée, il sentit qu'on le tirait en avant, et il tituba un instant, avant de battre l'air de son bras pour dégager son champs de vision. Il manqua de faire un arrêt cardiaque lorsqu'il vit les deux immenses rubis qui le fixait à quelques centimètres de son visage, mais il parvint de justesse à se camper sur ses talons pour maintenir son équilibre. Le chien se mit à grogner, bouche à moiti ouverte, et ce ne fût qu'à cet instant que Jamie réalisa qu'il tenait dans sa mâchoire l'étrange pierre ternie qui avait apparut sous son t-shirt quelques secondes auparavant. Du poing, Jamie le fit recracher le pendentif, qu'il ramena aussitôt contre lui. Peu importait comment on la lui avait donner, ou même qui lui avait donner. Peu importait aussi que les filles le croient. Si ces choses voulaient la récupérer, c'était plus que probable qu'il s'agisse d'un objet important. Et puis à bien y réfléchir, personne ne se serait prit la peine de la lui donner si ça n'avait pas de valeur. Pas en passant par le biais d'un miroir...
Le coup de pied qu'il décocha à la bestiole la fit couiner mais il sentit presque aussitôt une douleur dans son avant bras, alors qu'une nouvelle bestiole le mordait, comme pour le faire relâcher la pierre, et Jamie se mit à jurer comme un docker, avant de frapper le chien-démon du revers du poing. Des yeux, il tenta de retrouver les filles du groupe, déterminant à quel point ils étaient en sous-nombres quand soudain, la lumière fût. Et les bestioles disparurent. Enfin pas vraiment, étant donner qu'une sorte de pluie de sable le recouvra à moitié, le faisant tousser comme un lendemain de clopage intensif. Passant sa main dans ses cheveux pour en enlever le surplus, il se redressa, vérifiant malgré lui que personne n'était blessé. Tout ce qu'il vit, ce fût l'air profondément satisfait de Robyn, qui venait apparemment de leur sauver la vie, avec un peu d'aide fantômesque. Et maintenant, il devait avouer qu'elle ne lui paraissait pas si cinglée que ça. Ok, une fille en t-shirt au cheveux recouverts de sables qui vous annonce qu'un fantôme de petite fille l'a aidé à tuer les chiens-chauves-souris qui vous attaquait, y a clairement plus crédible. Mais à cet instant, ça ne paraissait pas si dingue. Ou alors lui même devenait barge. Et ça, ça restait à débattre.
Époussetant son t-shirt, il jeta un coup d'oeil à Rani, qui avait une mine renfrognée, ainsi qu'à Lily qui elle semblait osciller entre la fascination et la moue déçue, quand il avisa Teddy qui s'approchait du bonbon géant que Robyn avait désigner. Aussitôt, il sentit ses abdos se contracter. Il ne s'expliquait pas la raison d'une telle méfiance, mais ses sens de Chevalier Servant et son radar de grand frère protecteur s'étaient emballés, avec raison. Avant qu'il ai pu faire le moindre mouvement, Teddy se mit à crier et une nouvelle aberration s'était agrippée à son bras, en la traitant de voleuse. L'entendre crier de peur lui fendit le coeur, et malgré lui, il se précipita en avant, prêt à défendre la petite fille qui se débrouilla très bien sans lui. Fracassant le monstre-jouet-vivant contre le mur, elle avait même trouvé le second bouton-oeil de l'autre psychopathe. Les poings que Jamie ne se souvenait pas avoir serré se détendirent aussitôt.
-Bravo ma grande! la complimenta-t-il avec un sourire, tout en passant sa main dans les cheveux de la petite, faisant tomber le peu de sable qui restait sur son nez.
Elle eut un rire, et Jamie se détendit un peu. Il avait beau ne pas connaitre cette petite depuis plus de quelques heures, il n'avait jamais pu gérer ses réflexes protecteurs quand ça concernait les enfants. Traumatisme profond lié à l'enfance il parait. Allez savoir.
Relevant les yeux, il réalisa que si Robyn le dévisageait, Rani était déjà partie vers la porte qui menait à l'appartement. Visiblement, l'expédition était repartie. Il ignorait qui cette Moro était en 'vrai' mais visiblement, elle était une chef de meute. Il ne voyait pas grand chose à redire cependant, aussi il fit un signe de tête à Teddy, la laissant passer devant lui, fermant à nouveau la marche. Il ne put s'empêcher de tousser une fois de retour dans l'appartement rempli de vêtements sentant le parfum, mais ils finirent par sortir à l'air libre. Le grenier donc.
L'escalier menant au grenier était assez... Eh bien en fait, il avait l'air profondément dangereux. Bancale comme pas permit, les rambardes avaient l'air d'avoir subit une guerre et de ne pas avoir été réparées depuis et les marches fragiles comme du bois d'hiver. ça avait l'air de tout, sauf d'une bonne idée. Mais est-ce qu'ils avaient le choix? S'appuyant contre le mur de la maison plutôt que sur la rambarde, Jamie grimaça soudain. Le chien l'avait mordu plus profondément qu'il ne l'avait soupçonné. Superbe. Du revers de la main, il effaça la bavure de sang, levant les yeux au ciel. Il avait déjà une cicatrice à ce bras, ça lui suffisait amplement... Serrant les dents, il sentit son estomac s'emplir de froid. Pas le moment.
Finalement, ils parvinrent sur une sorte de minuscule terrasse, faisant office de perron pour le grenier. Jamie considéra la porte avec suspicion. ça avait l'air extrêmement... Pentue. A fleur du toit. Les rideaux tirés ne laissait pas voir grand chose de l'intérieur, si bien qu'il interrogea silencieusement Lily des yeux, qui secoua la tête. Rani s'approcha de la fenêtre la plus proche, comme pour tenter de regarder à l'intérieur, tandis que Robyn croisait les bras sur sa poitrine, affichant clairement son envie proche de zéro d'entrer. Teddy leva les yeux vers lui, et Jamie afficha un sourire se voulant rassurant.
-T'as toujours le bouton? lui demanda-t-il alors qu'elle hochait la tête. C'est bien.
Sans s'en rendre compte, il se mit à triturer la pierre noircie du bout des doigts, avant de finalement s'approcher de la porte, sous le regard attentif des femmes l'entourant. La main sur la poignée, il se retourna, feignant un sourire.
-Sauf si quelqu'un veut entrer en premier?
Ce n'était pas de la bravoure aveugle, mais Jamie n'aurait jamais été capable d'imposer à qui que ce soit d'entrer dans ce qui pouvait aussi bien être un piège mortel qu'un simple appartement.

Sexy Lilyn Hot !!!

Je crois que personne aurait eu envie de rentrer dans ce fichu grenier. On avait quasiment récupéré tous les objets, mais il fallait encore risquer notre vie. Notre héros était passé le premier, ce qui ne me rassurait pas plus que ça. Car si quelque chose se jetais sur lui pour l'attaquer, on perdrait non seulement un sexy garçon, mais aussi notre seul protecteur. Je me sentais plus en sécurité entouré de garçons que de filles, mais bon, fallait faire avec. Bien que Robyn avait un côté badass quand elle ne faisait pas flipper à parler à des fantomettes qui n'étaient pas là.

"On te suit..." avais-je dit à Jamie tout en m'approchant de lui et en posant une main sur son dos pour le faire avancer. Je ne voulais pas le précipiter vers la mort, mais je voulais lui montrer qu'on était là, juste derrière lui et qu'on allait mettre une bonne raclée à cette fichue autre mère, récupérer Petit Bébé et rentrer à la maison sans encombres.

Une fois dedans, ça ne ressemblait pas véritablement à un grenier ordinaire. D'un côté, fallait s'en douter. J'avais retiré ma main de sur le dos de Jamie et j'avais observée la scène qui se jouait devant moi. Il y avait un décors de cirque?

"On dirait que c'est plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur."

On se serait cru dans cette série télé britanique où le type qui entre dans sa cabine bleue en ressort avec une autre tête. Bref, ici c'était un chapiteau qui se tenait au loin. o_O Un véritable chapiteau de cirque. En plus, on entendait même de la musique. Il y avait aussi des éléphants ? Je ne savais pas si ça me rendait encore plus anxieuse ou si ça avait pour effet de m'apaiser que de penser qu'il y aurait peut-être des éléphants. Le cirque ça me rappelait beaucoup de là où je venais, mais c'était la dernière chose que j'aurai pensée trouver dans ce grenier.

"Dites, vous voyez pareil ou c'est que moi? On est devant un cirque?"

J'avais passée mes mains sur mon corps et touché mon nez. J'étais toujours une jeune femme. Je n'avais pas récupérée ma trompe et je n'avais pas non plus retrouvé mes grandes oreilles. Donc ce n'était pas dans le but de nous transformer tous en animaux. Fallait entrer sous le chapiteau ? J'avais porté mon doigt sur mes lèvres pour faire mine de réfléchir. Ca me rappelait Elliot quand il réfléchissait, il faisait toujours ce geste. Un petit tic hyper mignon qu'il avait. J'avais tourné la tête vers Robyn en souriant avant de secouer la tête et de retirer ce sourire bête. Elle m'énervait ! Même quand elle ne faisait rien, elle me prenait la tête !

"Ok ok, on va entrer dans la chapiteau et je passe la première cette fois ci." avant que Jamie réponde quoi que ce soit, j'avais posée ma main tout contre lui.

"Je passe la première ! Tu en as déjà assez fait et si c'est comme quand on est rentré dans le grenier, je risque rien du tout."

J'étais catégorique et je lui avais fait mon plus beau des sourires avant de retirer ma main. Puis, j'avais regardée vers Teddy et Raini.

"Peut-être qu'on pourrait entrer toutes les trois ensemble...? Enfin non, c'est pas la peine, j'y vais."

J'hésitais vraiment à rentrer la première, mais bon... Fallait se lancer dedans ! J'avais franchis l'entrée et une fois dedans, on s'était fait attaquer par une armée de soldats invisibles, avec des lances, des dents pointues et... En fait, non... Rien... J'avais ouvert les yeux, car oui j'étais entrée sous le chapiteau les yeux fermées. C'était pas la meilleure technique de défense qui existait, mais bon... On faisait avec les moyens de bords.

Il y avait tout autour de nous des affiches de spectacles. La musique raisonnait toujours autant. Dedans le chapiteau était très grand, autant que le grenier. C'était encore une fois plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur. Y'avait-il une fin à tout ça ? Et au centre du chapiteau, il y avait... Ah non...

"Ils sont sérieux là?"

Il y avait un autre chapiteau. Plus petit cette fois ci. o_O Minuscule même. Et quand j'avais tournée la tête pour faire face au groupe, je l'avais vue au loin... C'était... Magique !

"Bon sang, Robyn, regarde ça !" avais-je dit en gardant la bouche entre ouverte. Il y avait une sorte de petit train, enfin la locomotive avec pleins de néants qui clignotaient dessus et c'était noté en grand "Candy". Pleins de friandises, du pop corn et sans doute des cacahuèttes !! J'avais limite sautée sur place en voyant ça.

"On y va ??? On y va ?? Y'a rien à craindre ici, c'est le pays des bisounours. D'ailleurs les filles, faites donc le tour pour voir si vous ne voyez pas des éléphants ! Et toi viens avec !" avais-je dit en prenant Robyn par le bras. J'avais mis Jamie dans le groupe des filles ? o_O Enfin il avait dû comprendre que je ne le traitais pas de filles. Quoi qu'il en soit, j'avais amenée Robyn avec moi devant le stand de friandises et j'avais attrapé un paquet de cachuètes que j'avais déchiré de suite pour en manger quelques unes.

"Hum... Oh... Oh mon dieu... C'est bon..."

C'était tellement orgamisque de manger ça ! Ca avait un goût vraiment à part. J'en avais tendu un peu à Robyn avant de fouiller un peu partout pour voir ce qu'il y avait d'autre et de pousser un petit CRI !!!

"AIE !!!!"

Je m'étais reculée d'un bond, voyant une souris courir à vive allure vers le minuscule chapiteau. Elle était folle ? Elle m'avait fait mal ! J'avais regardée ma jambe, elle m'avait mordue. Elle m'avait mordue ! Les souris m'amaient bien d'habitude.

"Tiens moi ça." avais-je dit en tendant le paquet de cacahuète à Robyn et en retirant ma chaussure, tout en sautillant sur une jambe, pour voir si je pouvais faire passer la douleur. Puis on avait entendu du bruit... du grabuge et pas qu'un peu, provenant du minuscule chapiteau. Quelque chose de gros arrivait. De très très gros, vue le bruit. Et au bout de quelques secondes, on l'avait vue ! De grosses souris, très grosses souris, voir même des rats !! Ils étaient hideux et j'en comptais au moins 5 ! Des rats géants sortaient du petit chapiteau et ils étaient en train de foncer sur nous. J'avais pas d'arme en main à part ma chaussure ! Je l'avais lancée sans hésiter et elle était allée droit dans l'oeil de l'animal. o_O Mais comme j'étais toujours une jambe en l'air, je n'avais pas réussi à me retenir et j'étais tombée sur le côté, directement sur Robyn. o_O

L'autre monde

Rani & Robyn & Lily & Teddy & Jay

Moro sentait une veine battre un peu plus fort du côté de sa tempe tant la résolution du problème était une énorme blague à côté de la menace que représentait les chiens volants. Allumer la lumière. Si seulement Dame Eboshi avait pu crever de la même manière, on allume une lampe et hop ! Plus de Dame Eboshi…
La Louve se perdit un instant dans le souvenir de sa forêt, se demandant si cette Dame avait été elle aussi emmenée à Storybrooke ou si l'absence de Moro pour protéger la forêt avec signé sa victoire. Elle sera quelque peu les dents, se persuadant du contraire. C'était hors de question que sa forêt soit détruite à cause de cette sorcière. Hors de question.
Recouverte de sable, Moro se tourna vers Robyn, lui jetant un regard sans équivoque qui voulait probablement dire « essaie un peu de rire, et tu finiras la gorge tranchée ». L'heure n'était pas à la rigolade. Même si Moro prenait très au sérieux cette histoire de fantôme ; après tout, n'était-elle pas elle-même un Esprit ?

« Vous êtes sérieux ? C'est vraiment le moment de manger des bonbons ? »

Moro croisa les bras, observant la fillette qui les accompagnait se diriger sur scène, passablement indifférente à son sort. La seule fillette humaine pour qui Moro avait eu la moindre compassion était San, alias Rani, et vu l'histoire tragique qui avait amenée celle-ci à rejoindre la meute de Moro… la Louve ne pouvait que compatir. Mais Teddy était d'un autre ressort, qui parlait et gigotait beaucoup trop. Lorsqu'elle hurla la première fois, Moro se mit aussitôt sur le qui-vive, avant de soupirer lorsque la petite fille avoua qu'elle plaisantait.

« Et c'est aussi le moment de faire des blagues pareilles apparemment... »

Teddy hurla une deuxième fois, mais cette fois, Moro se contenta de la fixer d'un air impassible, bien qu'elle déglutit lorsque les deux femmes sortirent de nulle part avant de subir le même sort que les chiens mutants. Pas de quoi fouetter un chat. Quoiqu'avec un fouet sous la main, Moro aurait bien fouetté le chat noir de tout à l'heure… saleté de félin énigmatique.

« Tout le monde va bien ? La réponse ne m'intéresse pas, sachez-le, c'est surtout pour savoir si on peut continuer. Nous devrions poursuivre cette chasse au trésor et sortir rapidement au lieu de jouer aux apprentis touristes. »

Inconscient. C'était le mot qui qualifiait le mieux le petit groupe. Moro se dirigea aussitôt vers la porte, guidant le groupe jusqu'au grenier, où elle chercha automatiquement à voir ce qu'il y avait à l'intérieur, soucieuse d'anticiper les dangers. Malheureusement, la poussière était si épaisse qu'elle n'y voyait pas grande chose ; alors elle se contenta de laisser le Chevalier de la Petite Fille entrer en premier, poussé par Lily qui le suivit ensuite. Un petit sourire apparut sur les lèvres de Moro, amusée par le comportement de Lily. Ça lui rappelait un peu les jeux de ses deux fils, quand ils n'étaient encore que des louveteaux. Toujours à pousser l'autre au devant des pires dangers…
Tout le monde était rentré, Teddy s'accrochant à Jamie, Lily derrière ceux-ci. Il ne restait plus que Robyn, qui n'avait pas l'air convaincue, et regardait Moro d'un air agressif, perplexe face à ce que la petite Rani de tout à l'heure était devenue. Cet air farouche lui faisait un peu penser à la San du monde des contes, celle qui était sans peur, et dotée d'un sale caractère des plus plaisants.

« Je ne suis pas ton ennemie, tu sais. Je ne suis là que pour protéger San -enfin, Rani, ici. Alors au lieu de me regarder avec un air aussi hostile, tu devrais te concentrer sur la vraie menace. Les humains ont toujours eu un curieux sens des priorités... »

Haussant les épaules, la Louve pénétra dans l'appartement à son tour, jetant un œil aux alentours, peut-être un poil subjuguée par le mélange des couleurs et la présence du chapiteau en plein milieu. Tout était plus grand que ce qu'il en avait l'air ; c'en était fascinant. Lily proposa de rentrer en même temps que Moro et Teddy, avant de se raviser et d'entre aussitôt. Son côté incertain allait potentiellement causer leur perte, à celle-là. La Louve nota cette information dans un coin de son esprit. Ne pas laisser Lily prendre les décisions. Elle suivit ensuite la jeune femme, remarquant à son tour le petit train plein de friandises qui ne lui disait rien qui vaille. Elle préférait la viande de loin, de toute manière, ce n'était pas un peu de barbe à papa qui allait lui mettre l'eau à la bouche…

« C'est peut-être un piège. Évitez d'en man… »

Fantastique. Lily venait de croquer à pleine dent dans un paquet de cacahuètes, faisant visiblement une fixette sur les éléphants. Moro n'avait vu que des images de ces animaux énormes, à travers la mémoire de Rani ; mais elle aurait adoré en rencontrer des vrais, sous sa vraie forme de Louve, histoire de comparer leur taille et leur puissance avec la sienne… et pour voir si la viande d'éléphant, c'était aussi bon que les proies de la Forêt de Moro.
Ou que cette petite souris qui venait de passer à toute vitesse. Ça c'était appétissant !

« Elle est pour moi ! »

Bah quoi ? Les autres avaient droit à des bonbons, et Moro avait envie de se dégourdir un peu les jambes, pourquoi pas une souris ?
Mais alors qu'elle voulut s'élancer derrière la petite bête, cinq de ses sœurs s'extirpèrent du minuscule chapiteau… cinq souris d'une taille phénoménale, faisant aussitôt reculer la louve. Lily parvint à en aveugler une à moitié en balançant sa chaussure, mais les quatre autres continuaient de foncer sur eux…
Aussitôt, Moro grogna, montrant les dents. Avant de réaliser que sous forme humaine, ça ne servait pas à grand-chose. Elle était même certaine que l'une de ces satanés souris avait ricané de la voir ainsi, dans son pyjama panda et ses dents minuscules…

« Rira bien qui rira le dernier ! »

Moro saisit une quille (O_o) qui trainait un peu plus loin, confirmant que tout ce bazar était digne d'un cirque improbable. Puis, la tenant comme une batte de baseball, elle attendit l'attaque de la souris, avant de la frapper de toutes ses forces. Le rat, n'anticipant pas la force surhumaine dont était dotée Moro, se vit valdinguer trois mètres plus loin, passant juste devant le nez de Jamie, s'écrasant comme une loque sur un tas d'accessoires de jonglage. Malgré elle, Moro laissa échapper un rire victorieux, se prenant au jeu avec une avidité surprenante.

« Je t'avais prévenu ! »

Teddy suivait les adultes jusqu'au grenier. Mais elle n'avait plus tellement peur en réalité. Parce que plus rien ne pouvait lui arriver après les chiens volants et les deux femmes qui avaient tenté de lui manger la main, non ? Rien de pire ne pouvait arriver n'est ce pas ?

Les compagnons arrivèrent donc ensuite dans une énorme tente... Un chapiteau de cirque en réalité. Et c'était une chose qu'adorait la petite gamine normalement. Mais là... Et bien elle présentait déjà que quelque chose de très gros allait arriver... Et elle n'avait pas tord en vérité... Parce qu'un rat venait de passer juste en dessous de ses pieds et Rani voulu poursuivre...

-Beurk... Je préfère le saumon, moi ! Pourquoi ils font jamais de spectacle de saumon dans les cirques ?

Elle allait donc vérifier qu'il n'y avait pas un élevage de saumon dans les environs lorsque... Une bête énorme arriva droit sur eux ! Une dizaine d'énorme rats arrivaient sur eux. La gamine recula alors, en cherchant du regard quelque chose qui pourrait les tuer. Et c'est du côté des cracheurs de feu que la gamine trouva son bonheur... Ave le liquide inflammable et le briquet qui traînait dans le coin. Elle fit donc face au rat le plus proche, l'aspergeant de liquide inflammable, avant d'essayer de mettre le feu. Mais... Et bien elle n'était pas vraiment douée avec le briquet et le rat en profita pour l'attaquer, la mordant sauvagement au bras. Et c'est à ce moment qu'elle finit par mettre le feu !

Le rat partit donc littéralement en fumée, alors que Teddy allait vers Jamie pour lui porter secours, en criant, en se retenant de sauter de joie partout :

-C'est qui le patrooooooooooooooooon ?

Etrangement, ils s'en sortaient bien. Enfin, vu la situation, ils s'en sortaient tous plutôt sans encombre. Alors certes, ils étaient attaqués par des rats géants tout droit sortis d'un mauvais film de série B mais chacun se défendaient avec les moyens du bord et pour le moment, c'était efficace. Jamie dû faire quelques pas de côtés pour éviter l'une ou l'autre des bestioles, envoyés ça et là par ses compagnes d'infortunes. Le plus impressionnant, et effrayant, dans un sens, fût la facilité avec laquelle Teddy passa de petite fille terrifiée à dératiseuse pétant le feu. Jamie n'en revenait pas. Bouché bée, il la regarda venir vers elle, arme au poing, ravie et amusée comme il ne l'avait pas encore vu être. Alors d'accord, sa génération c'était la génération des Call of Duty, mais quand même...
Du coin de l'oeil, Jamie vérifia comment s'en sortait les autres. Moro n'avait visiblement besoin d'aucune aide, étant déjà en train de courir après une autre souris, l'une de celle que Lily avait manqué avec sa chaussure. En parlant de ça, Jamie du se déplacer un peu pour apercevoir où Lily avait disparue, contournant le chariot à cacahuètes.... Pour se retrouver face à l'une des scènes les plus bizarre de son existence, tout droit sortie d'un film interdit au mineur, mais la version nullissime. Celui où il y a une pyjama party qui dérape en... Jamie redressa un sourcil mais déjà Robyn se redressait avec vigueur, sèchement, ses sourcils déjà froncés avant de tourner le regard, en voyant Jamie. Il faut dire que pour le coup, il était en plein beug, mais pour une fois, ça n'avait rien à voir avec une crise de panique. Ce n'était cependant pas du tout un beug de beaufitude. En réalité, il était plutôt en train de se demander si il n'interrompait pas quelque chose. Il allait ouvrir la bouche, voir proposé son aide à Lily, tout en se demandant si il n'aurait pas du tout simplement les laisser se débrouiller seules quand un couinement attira son attention. Dire qu'il se détourna avec soulagement serait probablement trop fort mais il le fit promptement.
Teddy et Rani avaient décimer les rats restant, n'en laissant qu'un seul, acculé dans l'un des coins de la pièce, et fixé du regard par une Rani au sourire féroce. ça faisait tiquer Jamie. Il n'aurait su dire si c'était le fait que ce regard soit si différent de celui timide qu'elle lui avait adressé avant de devenir blonde ou si c'était plutôt le fait qu'il ne colle pas du tout avec le pyjama panda dont elle était affublée. Mais ça le faisait tiquer. Cela dit, si Rani-Moro était une chasseuse, alors peut-être qu'ils s'en sortiraient à bon compte avec cette "épreuve", peut-être même rapidement. ça c'était du moins ce que Jamie était en train de penser quand les choses se corsèrent un tout petit peu. En réalité, il n'eut même pas le temps de finir sa pensée, quand un grondement enfla dans le plafond, si bien qu'au moment où chacun leva les yeux, une averse de rats furieux se déversa sur eux. C'était tout à la fois. Doux, parce que les poils des rats étaient presque agréables; violents, parce que la chute donnait plus de force à leurs impacts; douloureux, parce que les rats avaient des dents dont ils comptaient bien se servir...
Jamie ne parvint pas à identifier qui cria en premier, mais il la rejoint bien vite. Les rats le mordaient partout où sa peau était à nue, s'acharnant sur la plaie que la morsure du chien-volant avait creusé dans sa peau, lui arrachant un cri de douleur. C'était une invasion, si bien que même en secouant les bras et en donnant des coups de pieds à tout va, si il parvenait à arracher deux rats de ses avants-bras, trois autres revenaient aussitôt prendre leurs places. Et les autres ne semblaient pas en meilleure posture que lui, à en croire les cris qui s'élevaient autour de lui, dans la nuée grouillante.
"Regardez à travers la pierre, monsieur..."
La voix était chevrotante, si bien que Jamie se demanda un instant si l'une de ces bestioles ne lui avait pas refilé quelque chose qui lui aurait refiler des hallucinations. Puis il pensa qu'il s'agissait de Teddy, et il la chercha aussitôt des yeux, mais les rats continuant de tombés du plafond, il ne put se résoudre à enlever ses bras de devant son visage. Une morsure dans la nuque lui donna une idée et il se jeta dos au mur, écartant un instant une partie des rats qui avaient décidé de devenir goûteur du sang centaurien. Le souffle coupé, il se précipita sur l'une des petites boîtes en bois qui se trouvait non loin de lui, se mettant en hauteur, du moins, autant que possible. Les filles étaient dans de sales draps. Et entendre Teddy, Robyn, Lily et Rani crier suffit à le convaincre qu'ils étaient probablement finit. L'Autre Mère les avait piéger dans ce grenier et à cet instant, Jamie se demanda réellement si ils avaient une chance de sortir de ce cirque vivant. Le sol grouillait de vermines, il y en avait trop pour pouvoir espérer... Au moment où la véritable peur de peut-être finir ici lui enserra le coeur, une chaleur intense lui pinça le torse, si bien que Jamie crut que l'un des rats avait grimpé sous son t-shirt, mais il n'en retira que la pierre ternie que la personne du miroir lui avait donné. La fixant un instant, il releva la tête en entendant un cri aigüe. Qu'est-ce qu'avait dit la voix? Regarder à travers...
Secouant son pied pour faire tomber l'une des bestioles, il leva la pierre pour la mettre comme un monocle devant son oeil, prêt à désespéré quand il eut un hoquet. Merde ça faisait quelque chose! Ok, rien de véritablement mirobolant mais quand même, c'était magique visiblement! Enfin, ça lui faisait voir le monde en gris. Il y avait plus explosif comme magie. Jamie faillit lever les yeux au ciel, se demandant si franchement, c'était très utile comme pouvoir, quand soudain, il crût apercevoir une lueur, près de l'ouverture par laquelle les premier rats étaient entrés. Plus qu'une lueur, c'était une tâche rouge. Brillante. Pulsante. Et merde...
Reprimant un juron en Centaurien, Jamie sauta sur le sol, écrasant un ou deux rats au passage, avant de se précipiter dans la marée, plongeant dans le chapiteau avec un cri à la limite du guerrier. Si la pierre, la fille, la chose, la personne! qui voulait les aidé lui avait permit de voir cette chose rougeoyante, c'était forcément important. De toute façon, c'était ça, ou la fin pour tout le monde. Or à cet instant, Jamie n'avait pas tellement envie de finir sur un Game Over. Au contraire. Même si, franchement, c'était atrocement douloureux. La sensation incessante de pincement à ces chevilles s'accentua à mesure qu'il s'approchait de ce qui se confirma être une sorte de porte. Minuscule. Encore. Tapant du pied pour s'arracher au gros des rats, Jamie réalisa qu'il allait probablement devoir rampé pour parvenir à trouver la chose qui se trouvait dans ce minuscule chapiteau. Et l'espace d'une seconde, Jamie faillit se dire que, finalement, non.
-Brurah! crâcha-t-il avant de poser son genoux au sol.
Aussitôt, une multitude de rats virent se glisser sous son t-shirt, le mordant, griffant, erraflant de toutes parts. Le plus désagréable restait de sentir ce mouvement incessant, ce flux de pattes, de queues, de poils partout en même temps, et Jamie dût se mordre les lèvres pour trouver la motivation de ramper sous le chapiteau taille enfant de sept ans. Les cris des filles aidèrent aussi. Et après un moment qui parut éternel à Jamie...
À l'instant où ses doigts enserrèrent le métal froid, le mouvement cessa partout autour de lui. Nez au sol, yeux fermés, il du se fier à ce que son ouïe lui confirma, quand les filles cessèrent de crier. Sur sa nuque et sous son t-shirt, il crut sentir le poids de petites statues compactes et il attrapa la chose métallique avec plus de force, l'abattant sur le sol avec la conviction de la fin de course. Et aussitôt, il fût recouvert de sable. Du sable. De nouveau. Partout. Dans ses cheveux, dans son nez, dans son t-shirt.
-Génial, marmonna-t-il, sans bouger.
Relevant la tête, il observa le bac à sable qui l'entourait, de même que sa peau rougit de toutes parts par les morsures des rats disparus. Au moins, c'était finit. ça faisait encore mal, ça tiraillait, mais c'était finit. Jamie soupira, avant de froncer les sourcils. Deux yeux et une main, c'était bien le contrat, non? La chose qu'il tenait entre ses doigts n'avait rien d'une main. Mais des boutons ne sont pas non plus des yeux, pas vrai?

Quand il avait récupéré la dernière pièce du puzzle, je l'avais ressentie. Un frisson parcouru mon corps tordu, remplis d'excitation et de joie. Ils avaient réussis. J'allais enfin retrouver ma main, mes yeux... et pouvoir m'y remettre. Oh oui. Ça me manquait tellement.

Quand ils rentrèrent dans la cuisine, par la porte qui donnait sur le jardin, je les y attendais, Cassandre dans les bras. Cette enfant était extraordinaire. Je l'avais entendue me dire des choses... tellement de choses... Quel dommage que je ne puisse pas convaincre sa mère de la garder. Elle était tout ce qu'il me fallait pourtant. Il y avait tout de même d'autres moyens de l'avoir prêt de moi pour toujours. Mais ça ne serait pas du jeu.

- Putain, vous vous êtes pris un camion ou quoi ?

Robyn avait fait une grimace, son visage recouvert en partie de sable lui donnant l'air d'une statue vivante. Sa voix commençait à devenir un véritable supplice. Mais elle avait raison d'être perturbée par mon apparence. L'illusion que j'avais utilisé se dissipait de plus en plus, et mon corps commençait à se déformer. J'étais de plus en plus maigre, bien plus grande, et mes doigts s'étaient allongés eux aussi. Je sentais parfois la peau de mon visage se mettre à craquer, comme si ce n'était que de la porcelaine qui éclatait.

- Vous m'avez fait attendre, je n'ai pas pu garder mon physique humanoïde intact. Alors ? Vous les avez ?

Je ne voulais pas parler. Je voulais ce qu'il me manquait. Si j'attendais encore, j'allais devenir aveugle, et je ne pourrais pas faire ce que je désirais.

- Passe-nous le bébé, et on te rend des jouets.

Elle avait l'air prête à en découdre. Tout ça pour un enfant... elle n'avait pas l'air maternelle à ce point là. Je fis un sourire à Cassandre, toujours dans mes bras. Elle n'avait pas l'air si perturbée. Elle serait tellement mieux avec moi...

- Allez, on a pas cent sept ans !

Je lui jetai un regard noir, accentué par les traces de sang qui continuaient à courir le long de mes joues. Elle était si agaçante. Il valait peut être mieux au final que je ne la garde pas, du moins pas elle.

Je m'approchais de Lily et lui tendis son enfant, qu'elle pris avec une expression de soulagement immense peint sur son visage. Elle n'avait qu'à pas laisser sa fille. Il fallait être une bien mauvaise mère pour faire ça... Je me tournais vers les autres, le visage sale et la peau rougit, sûrement par des attaques d'étranges petites bêtes. Ils avaient fait la connaissance des habitants de l'Autre Monde, et ils avaient gagnés. Déjouer les pièges étaient difficile, mais j'étais ravis qu'ils aient réussis.

- J'ai rendu Cassandre à sa mère. Je veux ce qui me revient en retour.

Je tendis une main vers eux, sans me départir de mon sourire. Ils se consultèrent du regard, comme si ils hésitaient à me donner ceux qu'ils tenaient. Je fis un claquement de langue agacé, et enfin ils me les remirent. Mes yeux... ma main... enfin.

- Merci à vous, les enfants. Un marché est un marché. Vous m'avez rendu ce que j'avais perdu, en retour je vous donne la solution pour sortir. Attendez-moi donc ici, tandis que je vais chercher la clé. Je la garde en sûreté, sous savez...

Je m'enfonçais dans les profondeurs de la maison, les laissant dans le salon, tandis que mon sourire se faisait bien plus grand.

L'autre monde

Rani & Robyn & Lily & Teddy & Jay

Moro était déchaînée. Elle prenait un malin plaisir à courser les rats qui lui passaient sous le nez, indifférente au fait que la plupart avait la même taille qu'elle. Les jetant dans tous les coins, les mordant de temps à autres, les griffant autant que possible, elle les taillait un à un en pièces avec un amusement presque malsain pour des êtres humains comme ceux qui étaient réunis. Même avec l'arrivée de leurs confrères minuscules en surnombre, malgré les cris et la douleur, Moro se laissait emporter par la rage de la chasseuse qu'elle était autrefois, guidée par ses seuls instincts guerriers. Que cela faisait un bien fou ! Elle qui sortait si rarement de l'esprit de Rani, se défouler de la sorte était un véritable don du ciel.
Les choses se calmèrent au bout d'un moment, laissant une Moro essoufflée mais satisfaite observer Jamie, qui tenait dans ses mains un drôle d'objet métallique en forme de… bah de main. Tout le monde était à nouveau couvert du sable des rats évaporés, mais tous les objets requis étaient en leur possession.
Aussitôt, Rani prit les devants, faisant signe aux autres de la suivre avec son air autoritaire habituel, gardant une quille en main au cas où. Personne ne protesta et la suivit en silence, se demandant probablement si c'était réellement la fin de l'aventure et que l'Autre Mère allait les laisser partir pour de vrai. Mais dans l'esprit de Moro, quelque chose d'autre se passait ; elle allait se retrouver face à face avec cette fameuse Dame Eboshi 2.0., et elle hésitait entre lui arracher la gorge avec les dents ou la balancer toute entière contre la porte du salon pour la défoncer, à défaut d'avoir une clé sous la main…

« Putain, vous vous êtes pris un camion ou quoi ? »

« Vous m'avez fait attendre, je n'ai pas pu garder mon physique humanoïde intact. Alors ? Vous les avez ? »

Arrivés dans la cuisine, ce fut Robyn qui s'exprima la première, avec son charmant langage habituel, tandis que l'Autre Mère balaya sa remarque d'un revers de mots. Moro se retint de lui répondre du tac au tac, mais elle avait les dents tellement serrées que si elle parlait, ses envies de la tuer aussi sec risquait de devenir réalité. Il valait mieux qu'elle se retienne pour le moment.
Surtout à cause de ces petites voix.
L'Autre Mère était sortie chercher la clé, et pourtant, des petites voix retentissaient dans la pièce, faibles, incompréhensibles, impossible à situer. Du moins pour les oreilles si peu sensibles des autres humains. Pour Moro, c'était une autre paire de manche. Elle avait beau ne pas comprendre toutes ces paroles qui se mélangeaient, elle avait l'impression que quelque chose la guidait -l'un des fantômes croisés durant l'aventure, ou son instinct naturel, elle n'était pas sûre. Quoiqu'il en fut, elle se tourna vers les autres.

« Restez ici, et ne faîtes rien qui puisse compromettre notre retour par la petite porte. »

Elle avait déjà détourné le regard pour le diriger vers un petit couloir sombre, mais le ton de sa voix était sans appel, impossible à contester. S'éloignant des autres, Moro s'avança dans le couloir, remettant en place l'une de ses mèches blondes, réalisant soudainement qu'elle était échevelée et en sueur. Les pyjamas pandas n'étaient décidément pas pratique pour deux sous…
Il n'y avait pas de porte, pas de fenêtre. Seulement des murs noirs et usés par le temps, qui menaient jusqu'à un cul de sac où trônait un grand miroir. Les voix s'étaient légèrement amplifiées, confirmant que Moro approchait du but.
Sauf que quelque chose d'autre la détourna de son objectif. Son reflet. Il n'y avait pas une jeune fille blonde dans le miroir. Ce qu'elle voyait devant ses yeux n'était ni Rani brune, ni Rani blonde ; il n'y avait qu'une louve, une louve immense, les crocs montrés et les yeux féroces, qui dévisageait la vraie Moro d'un air rempli de reproche. Était cela son reflet ? Elle était tombée sur le miroir du Riséd ou quoi ?
Lentement, l'illusion s'estompa, faisant disparaître la louve majestueuse pour laisser sa place à Rani blonde, son visage rond et angélique et son pyjama panda. Et pendant un instant, Moro se sentit profondément en colère, sans savoir si tout cela n'avait été que son imagination ou si quelqu'un jouait avec son esprit. De rage, elle cria et lança la quille qu'elle tenait toujours contre le miroir, qui éclata en des dizaines de morceaux dans un grand bruit de verre brisé… laissant apparaître une petite pièce dérobée, plongée dans le noir. Trois fantômes flottaient au-dessus d'un lit en mauvais état, et Moro comprit que c'était d'ici que venaient les voix.
Mais les fantômes n'étaient pas seuls. Assise sur le lit, une jeune femme à l'air épuisé et aux cernes très creusées leva lentement les yeux vers Rani blonde, qui la dévisagea, bouche bée. Une prisonnière de l'Autre Mère ? Les humains étaient d'une telle cruauté entre eux…
Non sans conserver un visage fermé, Moro fit quelques pas dans la pièce, attentive aux moindres gestes de l'inconnue. Si elle attaquait, la louve était préparée ; mais vu son état, elle avait l'air d'avoir besoin d'aide, surtout.

« Je m'appelle Moro, je ne suis pas là pour te faire du mal. Il semblerait que j'ai brisé ta cage, tu es désormais un oiseau libre. »

Et sans un mot de plus, Moro resta interdite, debout devant la jeune femme. Elle n'avait ni envie de retourner vers les autres, ni envie de rester ici pour jouer les nounous...