willy ∞ morri

- Tu es le premier robot que je rencontre, et la première chose qui saute aux yeux, à part ton air de chien battu, c'est tes émotions. Tu en as bien plus que certains humains que j'ai pu rencontrer. Ne te laisse jamais faire par ces idiots de mortels sans intérêt. Tu n'en ai pas vraiment, au final. Et tu dois en faire une force. Affirme toi, et n'obéis plus jamais à cette bande de bons à rien. Je sais de quoi je parle.

Wilson ne put que lui adresser un sourire, sans savoir quoi ajouter. Elle était si gentille avec lui... Il ne comprenait pas pourquoi. Il l'avait laissé se battre contre un ours, l'avait blessé avec un poignard et l'avait traîné sous une cascade alors que ses blessures étaient encore sensibles, ce n'était pas très délicat de sa part, tout ça. Pourtant elle avait l'air de comprendre où il voulait en venir et même, de compatir. Bon, faut pas pousser, c'est vrai. Seulement, c'était déjà l'une des rares personnes à qui il avait parlé de ce qu'il était avant, c'était rassurant de savoir qu'elle ne le prenait pas pour quelqu'un cherchant de l'attention et se prenant injustement pour une victime. Il ne se voyait pas non plus comme tel, après tout c'était son rôle d'avant, de servir, ça avait finit par s'ancrer dans son caractère à présent.

- Allez, reposes toi un peu. Moi, il faut que je me concentre pour refermer plus vite ces blessures. Si il se passe quoi que ce soit, dis mon nom.

Il ne se voyait pas refuser cette offre. Will était passé par tellement d'émotions en si peu de temps qu'un peu de repos ne pouvait pas lui faire de mal. Il ne pensait pas être en danger, ici, avec elle, ils pouvaient tout deux en profiter pour récupérer. Puis, étrangement, lui désobéir n'était pas vraiment dans ses projets... Elle lui proposait quelque chose, il suivait. C'est tout.

Lorsqu'il ferma les yeux, l'épuisement reprit le dessus. Sa tête était lourde, son corps engourdi, il se sentait vide et trop plein à la fois. Il ne combattu pas longtemps le sommeil mais c'était loin d'être aussi réparateur qu'il se l'était imaginé... Il revoyait l'ours, le duel contre Morrigan et comment elle avait réussi à le sauver in extremis. Son invulnérabilité qui faisait que même hors de combat, alors que maladroitement l'arme blanche s'enfonçait dans son estomac, cela ne sembla pas la déranger... Elle ne pouvait pas mourir. C'était dérangeant, ça le mettait soudainement mal à l'aise. Il se tortilla dans tous les sens sur le sol rocailleux de la grotte, tentant de retrouver son calme. Pourquoi, d'un coup, avait-il l'impression que plus rien n'allait bien ?

Il se redressa subitement lorsque la voix de la déesse s'éleva à ses côtés. Elle non plus n'avait pas l'air sereine, plutôt agitée, à vrai dire. Elle avait changé et malgré son état, elle arriva à se mettre debout, le dominant sans qu'il s'y attend. Sa gorge se serra lorsqu'elle lui dit qu'il n'était pas mieux que les autres. Lui, qui essayait sans cesse de faire des efforts, qui pensait à autrui avant de se soucier de son propre bien être, qui avait voué toute une existence à sauver la planète. Lui était terrible ?
Il n'arrivait pas à se dire qu'elle pouvait sincèrement le penser... Mais son état de fatigue, le fait que la situation actuelle soit plus qu'inhabituelle, le faisait douter. Tout ça, les bêtes, le sable, la grotte... Morrigan. Tout ça était anormal.

- Allez avoues... tu m'as fais venir sur cette île, t'es fais passé pour un gentil petit naïf, mais en réalité tu as un plan depuis le début. Tu veux faire revenir Eris hein ! Cette espèce de salope ! C'est quoi ? Tu lui as juré obéissance ? Tu as couché avec ? Ça ne m'étonnerais même pas... Mais je ne laisserais pas cette garce revenir ! Jamais !

Ses yeux s'exorbitèrent sous cette avalanche de reproches. Pourquoi s'en prenait-elle à lui soudainement ? En quoi aurait-il intérêt à se mettre à dos une déesse qu'il ne pourrait jamais battre, qui le trouverait toujours où qu'il aille ? Il était sa première compagnie agréable depuis longtemps, à ce qu'il avait comprit, elle pouvait se montrer un minimum reconnaissante !
Wilson fronça les yeux, perdu. Des doutes s'infiltrèrent dans son esprit, des hypothèses commencèrent à se former... Il dut prendre sa tête entre ses mains pour qu'elle arrête de le faire souffrir autant. Il avait l'impression qu'à n'importe quel moment, il allait exploser.
Lorsqu'il reposa son regard sur elle, la fixant sans reculer, son air de "chien battu", comme elle le disait, avait disparu.

- Tu ne vaux peut-être pas mieux qu'eux non plus... Pour qui te prends-tu ? Tu me fais croire que tu m'apprécies et tu m'accuses ensuite de vouloir faire revenir je-ne-sais-qui de je-ne-sais-où ? Apparemment pas quelqu'un de sympa, en plus ! Et j'aurai couché avec ? Tu ne me connais même pas. Pourquoi est-ce que je voudrai faire quelque chose comme ça ?

Il murmurait presque, à voix basse, ne voulant pas hausser le ton. Il avait tellement mal à l'intérieur, il se sentait trahi par ses paroles.

- C'est toi. C'est toi qui a crée cet endroit. Tu es peut-être toujours dans tes enfers, en train de souffrir sans vouloir te l'avouer et tu as eu envie d'y échapper, le temps d'une illusion. Et tu avais besoin de quelqu'un qui ne te voudrait pas de mal, pour te permettre de te changer les idées sans rien risquer. Alors voilà comment je me suis retrouvé à tes côtés, sur une île paradisiaque... Où tu as pu mettre en oeuvre tes talents de guerrière et profiter d'un peu de distractions... Tu es une déesse, je pense que tout est possible maintenant !

Il soupira lourdement avant de se relever à son tour, s'adossant à une paroi de la grotte, légèrement courbé. Tout s'enchaînait sans qu'il ne comprenne comment et cela restait encore très flou.

- Je ne t'en veux pas de m'avoir amené ici... Tu n'as pas choisi qui te servirait de compagnon je suppose. Seulement, ne m'agresse pas sans raisons... Tu m'as dis de m'affirmer, non ? Alors voilà. Je ne suis pas un jouet. Je suis réel, j'existe, j'ai une conscience... Comme toi. Ça nous fait au moins un point commun ! lâcha-t-il finalement avec un sourire, beaucoup moins joyeux que les précédents, mais ça restait un sourire.

willy ∞ morri

Étonné. C'était bien le mot qui décrivait au mieux l'état d'esprit dans lequel se trouvait Wilson à présent. Elle ne l'avait pas frappé, lui qui s'attendait à s'en prendre une à cause de la manière dont il lui avait parlé. Elle semblait reprendre un peu ses esprits... si seulement elle était saine à la base. Le doute était plus présent que jamais et il ignorait s'il pouvait lui faire confiance. Certes, elle l'avait aidé, l'avait sauvé d'une mort certaine, mais pour autant, il ignorait si quoi que ce soit lui arrivant en ces lieux aurait un impact sur lui... réellement. Peut-être que s'il mourrait, il se réveillerait juste chez lui, en sueur, se demandant si tout cela avait été le fruit de son imagination ou s'il avait vraiment été psychiquement transporté dans l'aire de jeu d'une déesse... Rien de tout cela n'avait de sens. Il ressentait chaque instant, chaque parole résonnait, chaque sentiment qui le prenait était cuisant. C'était impossible, qu'il ne soit pas physiquement présent.

Il ne partageait plus aucune de ses paroles, obéissant sagement aux ordres de Morrigan – s'était tellement frustrant, d'ailleurs, mais il se sentait incapable d'aller à l'encontre de ce qu'elle disait. C'était compréhensible, d'un côté, de par son caractère et du charisme... divin qu'elle dégageait. Sans doute la seule chose à laquelle il trouvait une explication logique ici.

- Est-ce que tu entends ces voix ? Elles viennent de me dire que c'est de ta faute que je suis là. Il haussa les sourcils, perdu dans ce qu'elle disait. Des voix ? Il n'entendait rien de tout cela... mais que ce soit son cas à elle, ça ne le rassurait pas vraiment. Cette grotte n'est pas normale. Il faut qu'on en sorte. Je sais que ce que je viens de dire était cruel. Et tu n'es pas objet, non. C'est bien que tu t'affirmes. Mais j'espère quand même que tu ne connais pas Eris.

Il était plutôt d'accord, sur ces points. Bien qu'au sujet d'Eris, il n'en avait strictement aucune idée. C'est pas comme s'il avait l'habitude de traîner avec des dieux, en fait, plutôt même loin de là. Il n'avait déjà pas prévu d'en rencontrer qu'une... S'il pouvait éviter de tous se les farcir, ce serait pas plus mal. Si Morrigan ne l'aimait pas, il devait bien y avoir une raison, mais quelque chose lui disait qu'il fallait mieux ne pas s'en préoccuper.

Elle avait beau lui affirmer qu'il n'était pas là pour son plaisir personnel, Wilson ne pouvait s'empêcher de garder en tête n'importe quelle explication, rationnelle ou non, capables d'expliquer leur présence commune en ces lieux. Dans cette grotte précise, à cet instant précis, avec ses idées précises germant dans chacune de leurs têtes. Si quelqu'un de plus puissant qu'une déesse était en train de les faire tourner en rond pour se distraire, ce n'était franchement pas drôle... Plutôt flippant, même, de se dire que n'importe quoi peut vous tomber sur la tête simplement pour faire rire un mec caché dans le ciel en train de manger des popcorns.

- Je crois que cette grotte donne sur autre chose. Je vais y aller, et je suis sûre qu'on va trouver des réponses au fond. Reste ici, si tu veux. Ou viens avec moi. Montre donc que tu es un homme. Et que tu n'y es pour rien dans cette histoire.[i]

Le jeune homme déglutit avec peine, sachant pourtant qu'elle avait raison. La grotte était plus profonde qu'il ne le pensait, plus sombre également, moins accueillante tout d'un coup. Finalement, ils auraient peut-être dû rester sur le sable quitte à se faire attaquer par des lapins géants... Ce qui se cachait dans le noir ne devait pas être plus gentil. [i]« Montre donc que tu es un homme. » Elle voulait toucher son ego, c'est ça ? Bien joué. De toute manière, au point où ils en étaient, il ne l'aurait pas laissé partir toute seule. Non pour la protéger, parce qu'il s'était rendu compte qu'il ne servait pas à grand chose sur ce point, mais simplement pour être sur qu'elle ne lui cachait rien. Il voulait être observateur de ses moindres faits et gestes, entendre tout ce qui pourrait sortir de sa bouche... Pour se rassurer, au moins. Pour être certain qu'elle n'avait rien à voir avec tout cela. Ils partageaient tous deux l'envie d'innocenter l'autre, c'était déjà un bon point commun.

Will observa dans l'ombre à ce qui se passait, ne cherchant même plus à comprendre comment des armes pouvaient apparaître aussi soudainement... Le poignard, puis une épée, puis un autre poignard. Comme par hasard, elle avait ça qui lui venait dans la main ! C'est la déesse de la guerre aussi... C'est peut-être instinctif quand elle en a besoin... Première arme, un ours destructeur. Si cette fois, elle en avait deux, plus puissantes, dont une lui étant destinée, à quoi allaient-ils donc faire face ?

Il prit l'arme, un peu confus, mais la remerciant d'un signe de tête. Elle ne le laissait pas sans défense au moins. Promis, il ne jouerait pas avec cette fois ! Il risquait de se foutre un coup sans faire exprès.
Plusieurs minutes, une éternité, s'écoulèrent avant qu'il puisse avoir la certitude qu'il la suivait bien. Qui sait, peut-être que plusieurs couloirs s'enchevêtraient dans cette grotte... Ne pas l'avoir perdue, si ce n'est de vue mais au moins de voix, le rassurait légèrement. Il eut le réflexe de hocher la tête de haut en bas avant de se rendre compte que c'était stupide puisqu'on n'y voyait rien. Il voulut lui répondre au moment où un horrible cri lui parvint aux oreilles, le forçant à plaquer ses mains dessus pour ne pas trop souffrir.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? Peu importe la discrétion, il devait savoir si c'était elle qui avait frappé, si elle avait frappé quelque chose, dans ce cas de quoi il s'agissait... Merde à un moment !

Il sentit un mouvement au niveau de ses jambes, comme si on tentait de s'attraper à lui et il du secouer violemment son pied pour s'en extirper. Son mouvement de recul le projeta contre une paroi... ou contre une chose. C'était plutôt à température agréable, assez doux mais... étrangement désagréable. Il passa son bras dans son dos pour essayer de l'identifier mais celui-ci se retrouva enroulé, serré par... un serpent ? Non sérieux me dites pas que Méduse est là elle aussi... Il s'attendait tellement à tout qu'il s'imaginait tout de suite le pire, histoire de ne pas être trop effrayé.

Il prit une grande inspiration, ferma les yeux et de sa main libre tenant le poignard, l'enfonça au niveau de l'endroit où le serpent commençait à le serrer. L'arme s'enfonça assez profondément, enclenchant un second cri. Il se blessa dans le même temps, certes, mais cela fit lâcher l'animal et il se dégagea le plus rapidement possible.
Il tenta de rester en mouvement, tenant de sa main valide son bras qu'il venait quand même de mutiler – c'était pour la bonne cause. Il heurta... quelqu'un, c'était quelqu'un, ce n'était pas un mur il en était sûr, et il espérait que Morrigan n'aurait pas l'idée de trancher quoi que ce soit lui passant à côté sinon il allait bel et bien décéder.

- C'est moi, c'est rien que moi ! Il parlait en chuchotant, pour ne pas attirer l'attention de qui que ce soit.. ou quoi que ce soit. - Je sais pas ce que c'est, mais j'ai senti des reptiles et si jamais c'est une gorgogne je crois que je vais faire un malaise ! Au moins dans le noir, y'a pas de risque que je crève en la fixant... Y'a pas de risque, n'est-ce pas ?

Pas le temps de recevoir la moindre réponse, il entendait déjà des sifflements se rapprocher dangereusement, la question était de savoir de quel côté exactement de cet endroit plus noir que le noir...

willy ∞ morri

Il était rassuré, que ce ne soit pas une de ses femmes avec des cheveux en serpents et un regard pétrifiant... littéralement. Cependant, Will restait quand même sur ses gardes, stressé, tendu, à l'écoute du moindre bruit suspect. Ne rien voir le mettait hors de lui, il ne le supportait pas... Impossible de savoir où allait Morrigan, si seulement elle bougeait, encore moins de savoir si l'une de ces choses qui habitaient cette grotte s'apprêtait à les attaquer. Ils avaient beau être armé, l'effet de surprise leur donnait l'avantage.

- Tu es blessé ? J'espère que tu pourras quand même combattre. Sinon reste derrière moi et on fait comme pour l'ours. Sauf que cette fois, je ne me ferais pas avoir de nouveau.

Il savait bien qu'elle ne pouvait pas le voir, seulement il ne put s'empêcher de sourire. Son esprit de guerrière semblait reprendre les devants et il faut avouer que ça lui allait bien. Sa blessure, quant à elle, n'était que superficielle. La lame s'était bien enfoncée mais ça ne l'empêchait pas d'utiliser son arme. Il ne s'agissait pas de sa main directrice, simplement de son bras gauche. Il le remua légèrement pour s'assurer de ne pas être trop engourdi, serra les dents lorsque la douleur remonta dans son épaule, mais ne se laissa pas aller pour autant.
En tant que Wilson, il n'avait pas eu l'occasion de se couper de cette manière très souvent... C'était étrange, comme sensation. De sentir que le liquide déviait de sa route habituelle et que l'endroit de son corps subissant cette perte de sang perdait de sa vigueur. Le corps humain était trop fragile.

Très vite, il sortit de sa réflexion, entendant un bruit sourd non loin de ses pieds. Que venait-il de se passer ? Morrigan ou l'un des ennemis ? Où devait-il frapper ? Le souffle court, il savait très bien qu'attendre une réponse ne lui servirait à rien, puisqu'il n'avait même pas prononcé sa question à haute voix. Imbécile, bouge toi. Il tenta de s'appuyer à la paroi la plus proche, pour ne pas s'avancer dans un grand espace sans repère. Ce serait incroyablement idiot de se rendre au centre, sans savoir ce qui s'y trouvait.

- Wilson, si tu es toujours vivant et entier , il va falloir que tu évites de me regarder trop longtemps s'il te plaît ! Sauf si tu veux devenir aveugle !


Au moins, il savait qu'elle pouvait encore parler, bien qu'il ignorait où elle se trouvait. Elle n'était plus si près, ça il l'entendait. Il ne comprit pas tout de suite ce qu'elle voulait dire par « évites de me regarder trop longtemps » puisqu'il n'avait en face de lui que de l'obscurité, alors bon, ne pas la regarder n'était pas si compliqué !
Ce n'est que quelques secondes plus tard qu'il se dit que les dons divins étaient bien impressionnants. Une chevelure brillante se distingua sur le sol, semblant se propager sur une plus grande surface... Ah, c'est pour ça. Au lieu de la fixer directement, comme elle lui avait conseillé de ne pas le faire, il décida de poser son regard autour de lui. Enfin, il put mettre un visage sur ceux qui tentaient de mettre fin à leur existence... Morrigan ne risquait rien, mais pour lui c'était une toute autre histoire.
Les écailles venaient de leur queue, imposantes. Leur bras, leur jambes, rien n'était réellement proportionné mais ils avaient sans aucun doute une source humaine... avec des griffes effrayantes et des crocs acérés. Mais une source humaine. Tous s'écartaient de la source de lumière que venait de devenir la déesse, se logeant en hauteur, à distance. Seul celui qu'il supposait être son agresseur, l'ayant traîné de toute évidence sur une bonne distance avant qu'elle ne mette en avant ses pouvoirs, était dorénavant condamné.
Il se concentra sur la bête qu'il vit rapidement s'écraser, son corps séparé de sa tête. Ce n'était pas très joli à voir, seulement si ça pouvait tenir les autres à l'écart le temps qu'ils sortent d'ici, il se fichait bien de la propreté de cette grotte. Ils étaient agressifs, dangereux d'après lui et même si facile à tuer, une troupe entière pouvait leur tomber dessus à tout moment...

- Joli. Je parle de la décapitation autant que... de la lumière. Je savais bien que tu me cachais encore des choses ! Autant essayer de détendre un peu l'atmosphère. Non, c'est rien du tout. Ca va pas m'empêcher de courir s'il le faut!

Il se rapprocha d'elle tant qu'il savait encore où elle se trouvait, levant de temps en temps la tête pour vérifier que les bestioles restaient bien à leur place.

- Je suis beaucoup plus rési... Oui?

On venait de l'appeler. Wilson était poli, il répondait. Il ne pouvait pas avoir rêvé, la voix était bien trop... réel, pour être dans sa tête. Il ne devenait pas fou, on venait bel et bien de l'appeler. Wilson Wallander! Non, ce n'était pas le même type de voix que Morrigan avait pu entendre lorsqu'elle s'était énervée sur sa pauvre petite personne... On disait simplement son nom. Ce qui ne le rassurait pas vraiment.

- Wilson L. Wallander ! Je suis très heureux de faire votre connaissance. Vous n'avez pas idée depuis quand je vous attends.

Euh... De même? Non en fait il n'y comprenait rien, il se tourna un instant vers la déesse en espérant qu'elle l'éclaire mais elle ne semblait pas plus réceptive, d'ailleurs l'étranger ne lui prêta pas la moindre attention. Il ne venait que pour lui. Pourquoi ? Comment ? Il s'était téléporté ? Il avait une machine pour voyager dans l'espace ? Et qui était-il ?
Il portait un arc, qu'il lui tendait. Même si tout ça était bien étrange, Wilson rangea son poignard à sa ceinture et prit l'autre arme en main, la trouvant incroyablement confortable à porter, puis plutôt jolie – ce qui n'avait pas grande importance dans de telles conditions.

- Je vous en fait cadeau. Vous le méritez plus que personne et vous allez en avoir grandement besoin si vous souhaitez revoir celle que votre coeur cherche.

Un cadeau ? Ce n'était pourtant pas son anniversaire, ni Noël. Si c'était par pure gentillesse il devrait le remercier d'une quelconque manière... il faudra qu'il y réfléchisse. Ce n'était pas vraiment cette partie de phrase qui avait fait « tilt » dans sa tête. Eve ? C'est vrai que depuis son arrivée, la robot était restée au fond de son esprit, il n'y avait pas repensé... Seulement, si cet arc lui offrait la solution pour la rejoindre, cela voulait dire qu'ils pouvaient rentrer à Storybrooke. Morrigan n'en venait pas mais elle pourrait voir à quel point cette ville était sympathique et remplie de pleins d'autres personnes aux histoires tirées par les cheveux !

- La couronne ne se prend pas, elle se mérite.

Il comprenait où l'homme venait en venir. Sans doute ne devrait-il pas lui faire confiance et simplement lui cracher dessus... mais ce n'était pas le ressenti de Wilson. Il pensait pouvoir le croire. Peu importe si c'était fondé ou non, mieux valait essayer... Il n'avait plus grand chose à perdre, si ce n'est la vie. Et en restant ici, il risquait d'y rester de toute façon.

- Le temps n'est pas encore venu, mais votre temps est toujours prêt... Ils viendront vers vous et vous les guiderez jusqu'aux portes du salut...

Il devrait tuer. Les tuer, ces bêtes affreuses et seules dans cette grotte, abandonnées par ceux qui les avaient crée. C'était tragique, triste et... il n'avait pas pensé devoir faire ça un jour. Avait-il le choix ? Il était avec Morrigan, il pensait y échapper. Il était temps de prendre le taureau par les cornes, de se mettre en avant et de reprendre l'histoire où ils s'étaient arrêtés. La lumière disparaissait au fur et à mesure, l'obscurité reprenait ses droits et l'homme se fondit dans le décor, ne laissant pas une trace de son passage.

Tout sembla s’accélérer autour. Les bruits de pas... de rampements des créatures s'accéléraient tout autour. Il n'avait pas le temps de réfléchir, pas le temps de se remettre en question, pas le temps de s'en vouloir pour ce qu'il allait faire. Il n'avait pas le choix, fuir n'était plus une option. Il était au milieu d'une arène. Et... tuer ou mourir, il avait déjà prit sa décision.

Wilson inspira un grand coup, sans même pensé à son bras blessé qu'il devait utiliser pour bander l'arc. Peu importe. La douleur, il s'y ferrait... Mais il avait pas de flèches. Pendant un instant, un millième de seconde, la panique l'envahit et il eut envie de traiter de tous les noms ce mec qui venait de lui offrir le pire cadeau de tout le temps... Jusqu'à ce que, alors que la corde se raidissait, il sentit entre ses doigts la douce sensation d'une tige... C'était franchement pas prévu mais ça l'arrangeait bien, à cet instant. Sous le choc de cette apparition soudaine, il pensa néanmoins à tirer, sans rien viser de particulier. Il faisait noir, moins qu'avant puisqu'une lueur subsistait mais ça ne lui suffisait pas pour observer chacun de leurs adversaires. Heureusement, ils n'étaient pas très nombreux, mais seuls les plus proches étaient visibles.
Il se fia à son ouïe, principalement. Chaque mouvement, il tentait de le percevoir avec le plus de précision possible. Puisqu'il n'avait pas à encocher, ce qui était un gros avantage quant à sa rapidité, il enchaîna les coups. Il avait vu la plupart des bêtes encore en train de descendre des parois lorsque l'homme avait disparu, c'est donc à cet endroit qu'il concentra ses attaques, sans ciller. Alors qu'il devait seulement rester trois survivants en train de s'approcher à grande vitesse du duo de voyageurs, il tira sur la jambe du premier et l'estomac du second se vidait de son sang après qu'une flèche l'ait touché. Seulement, il rata la tête du dernier qui s'apprêtait à lui sauter dessus. Parant la première attaque de son bras blessé, Wilson grinça des dents, donnant un coup de coude au niveau de la gorge de la bête qui s'écrasa au sol. La maintenant de son pied, il tira l'ultime flèche – précédemment loupée – dans le front de sa victime. Le noir fut alors complet.


Wilson respirait vite, ne se rendant pas vraiment compte de ce qui venait de se dérouler, cherchant à retrouver son calme et surtout sa sérénité. Il savait que ce n'était pas des hommes qu'il venait d'abattre seulement... Il avait envie de vomir. De prendre une douche. De dormir pendant une semaine entière en essayant d'oublier.

Le décor réapparaissait peu à peu autour d'eux et il reconnut immédiatement la tour de l'horloge, tellement réputée ici. Au fond, il était rassuré, même si le fait de savoir qu'il était 7h06 le faisait douter quant à la véracité de ce qu'il venait de vivre... Il venait peut-être de se réveiller, somnambule, en plein milieu de la ville ? En baisant les yeux, il se rendit compte que l'arc était toujours entre ses mains, intact et tout de suite, le poids des événements se fit ressentir à nouveau. Tout était réel.
Lorsqu'il tourna la tête et fit face à Morrigan, plus aucun doute n'était possible. Il ne voulait pas la laisser seule ici alors qu'elle ne savait même pas où elle se trouvait. La moindre des choses, après avoir vécu tout ça ensemble, c'était de lui offrir un chocolat chaud, au moins. De plus, il savait que s'il n'avait pas envie de parler de ce qui venait de se passer immédiatement, elle respecterait ce choix, mais il ne voulait pas être seul pour autant.

- Tu vois que je sais me débrouiller de temps en temps ! Un petit sourire orna ses lèvres mais toute la joie et la bonne humeur qui pouvait y être lisible auparavant n'était plus là. J'ai des paires de chaussettes toutes propres chez moi, si tu veux.