« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
“Ses lèvres étaient rouges, ses regards étaient effrontés, Ses cheveux étaient jaunes comme l'or”
Miss Child se sentait un peu perdue. Pour presque, Erwin aurait presque pu croire avoir à nouveau à faire avec la jeune femme dont il avait, réellement, fait la connaissance dans son étude notariale. Si la journée et l’appel avaient eu pour but de faire écho à leur première mise en relation, en définitive, jamais n’avait-il imaginé que tant de similitudes viendraient à surgir, parcheminant l’instant présent de résurgences du passé. Lorsque s’immisçait l’inconnu, il revenait tel un miroir. Ainsi, Erwin avait pu observer Alexis, tanguer entre la certitude de l’instant futur et le trouble permanent de son attitude dirigiste. Et pourtant, ce n’était en rien, si différent de l’ordinaire, lorsqu’il se prenait le plaisir de différer ou couper leurs moments et ébats… Juste une méthode différente… Qui ne faisait que poser la suite. Qui en revanche serait radicalement bien plus…novatrice que ce qui rythmaient leurs pratiques. En attendant, il s’’’attendrissait’’ presque de voir l’émoi et les sens prendre si facilement le dessus sur Alexis. Cette technique de froideur attisait avec une redoutable efficacité lorsqu’on l’additionnait à sa séduction légendaire. Si Peminger ajoutait à cela, leur abstinence forcée, oui, tout se combinait pour obtenir une fusion des plus...prometteuses, quand tout se lierait. Un sourire amusé flotta sur ses lèvres, tandis que ses pupilles crépitaient du regard perdu qu’elle lui décernait. Ce qui ne l’empêcha pas de prendre grand plaisir à cette petite balade au sein de son quartier-général. Son palace. Son palais. Ce fut, bien au contraire, avec une joie vibrante et arrogante qu’il se pris à jouer le guide et châtelain, se sentant parfaitement à propos tandis qu’ils déambulaient au gré des couloirs. De portes en portes, salles en salles, l’ivresse de son nouveau pouvoir, la richesse des lieux le paraient comme une éclatante cape qu’il exposait à la vue de la jeune femme. Preminger resplendissait du faste de sa nouvelle puissance, s’en gargarisant avec gourmandise. Toute cette déambulation au centre vivant de sa royale ascension accroissait l’imminence de ses aspirations charnelles. Chaque rappel de son autorité se distillait, courant le long de ses veines, ajoutant à son attitude et son maintien, pourtant déjà plus qu’impérieux. Ce fut, gargarisé, qu’il la reconduisit à leur point de départ, le coeur même des lieux. La vue de son bureau, après ce déluge de richesses, le charma davantage, lui rappelant, à lui qui ne l’oubliait jamais, qui les possédaient désormais. Et par conséquent, possédait un poids non négligeable sur la vie, ses habitants et la Destinée. Preminger avait invité Alexis à y pénétrer à nouveau, la laissant prendre des distances dans la pièce avant de refermer derrière elle. Simplement. Oh, bien évidement, la clef se trouvait à même la serrure. Il avait laissé la pulpe de ses doigts l’effleurer, sondant la consistance du vibrant défi qu’ils s’apprêtaient à entreprendre. Jouer avec le feu… Erwin connaissait suffisamment ses employés pour savoir qu’ils ne possédaient pas la permission d’entrer sans son autorisation orale ou téléphonique dans la pièce. Une règle qu’il avait instaurée dès l’office notarial et qu’il avait veillé à réappliquer ici et dans chaque lieu où il exerçait des fonctions. Lorsque des limites se trouvaient placées dès l’origine, alors personne ne pouvait s’émouvoir d’un subit changement de comportement et déduire par là, des événements troubles ou suspects. Parfois, prenait-il la peine de refuser un appel ou une venue, quand bien même il se trouvait seul dans le bureau. Parfois, lors d’un rendez-vous des plus anodins. C’était ce qui permettait à de telles incartades de se fondre dans la masse d’un emploi du temps, somme toute ordinaire, et de ne pas attirer l’attention. Lui connaissait les règles, les enjeux, les risques. Alexis en revanche, les ignorait. Et si elle se fiait aisément aux informations qu’il lui avait permis d’apercevoir lors de leur charmante promenade, son jugement risquait fort de se voir erroné. Notamment, par l’absence temporaire de son secrétaire qu’elle devait imaginer parti définitivement déjeuner ou à l’inverse par le risque que constituait une porte non pleinement verrouillée. Bien qu’il n’ait fait aucun commentaire à ce sujet à voix haute, Erwin devinait que les sens affûtés par le stress et l’appréhension de la jeune femme n’avaient pu que noter cette absence. L’absence lancinante et intrigante du verrou que l’on refermait derrière soit et sur ses secrets. C’était parfait. Ainsi, tout était propice à l’imagination. Il la dépassa, alors d’une vitesse tranquille, pour regagner son cher bureau.
— Approchez donc Miss Child... Venez donc plus près…
Furent ses seules paroles. Un ton poli de façade qui dissimulait une malice polissonne fourbe. Une injonction qu’elle suivit, vite, une rougeur nouvelle, prenant place sur le haut de ses pommettes. C’était charmant comme parfois, Alexis pouvait être de maturité et de fraîcheur, dans le même trait de temps. Et lorsqu’elle elle vint, s’approchant de lui, avec un contrôle qu’elle tentait de conserver, il put percevoir les effets du désir montant sur son visage au fur et à mesure de son avancée. Il notait aussi à quel point elle tentait d’en rester maître, ralentissant son pas, tâchant de le rejoindre dans une démarche assurée et tranquille. Il lui avait appris cela et devait admettre que les progrès ne pouvaient être niés. S’il ne la connaissait pas aussi bien, elle aurait pu donner le change. Mais rien n’était mieux que de lire l’envie réfrénée à même un visage… Et la savoir acquise. A lui seulement. Elle l’avait finalement rejoint. De l’autre côté du bureau. Cet angle de perspective connu par lui, entrant dans le périmètre culminant de l’incarnation de son pouvoir. C’était la raison pour laquelle il n’aurait jamais eu pour idée de la mener au sofa qui décorait le lieu. Trop commun malgré l’intérêt intrinsèque du lieu que constituait à lui seul, son bureau. Ils avaient parlé fantasmes, désirs. Dans les fantasmagories d’un individu aussi avide et rapace que Preminger, il n’y avait guère de place aux vulgaires scénarios qui excitaient le peuple. Il lui fallait du grandiose. L’apothéose d’un symbole. Un bureau, qui plus est : le sien, ne pouvait pas se voir réduit à un simple décorum. Il convenait davantage de replacer ce dernier au centre de l’ébat. Le bureau. Le pouvoir. L’ascension. La gloire. Le Maire. — Et maintenant ? Que fait-on ?
« Tu n’as pas idée... » Son sourire répondait au sien, énigmatique et pourtant détenteur de la clef. Il savait. Les scénarios envisagés par la jeune femme, ceux qu’il lui avait teasé. En avait-elle compris le sens ? La portée ? L’ambition ? Il se tut. Les mots ne servaient plus à rien. Trop en dire écornait le mystère, créant doutes, angoisses, anticipation. Il ne fallait rien d’autre que se laisser porter. Qu’elle se laisse porter… dans l’antre même de ses rêveries de gloire. Et se taisant ainsi, Erwin perdurait l’ambiance qu’il avait créée à la minute de la planification de ce rendez-vous. Il n’avança pas. Laissant un écart entre leurs deux corps, un écart trop étroit pour deux simples connaissances mais non encore inexistant pour deux amants. Un écart de façade. Si quelqu’un entrait...ce quelqu’un se douterait de l’issue de cet échange ne serait-ce que par leurs proximités, quand bien même rien n’ait été consommé par la moindre caresse. Les postures, leurs souffles, leurs regards se suffisaient. Cette idée suffit à l’enthousiasmer davantage. Ses iris flambant plongés dans ceux d’Alexis, il se saisit des deux poignets de la jeune femme, refermant sur eux ses longs doigts, tels des pièges. Il l’immobilisait, ainsi. Une première fois. Sans ébaucher le moindre mot, mais sans rompre pour autant le contact oculaire. Ses mains avaient remonté celles de la jeune femme, les guidant jusqu’à la naissance de son cou. Là alors, arrivant à hauteur du ruban qui lui seyait le cou, il avait relâché sa capture, précisant néanmoins les mots, qui veilleraient à ce que son emprise pourtant ne se rompe point :
- « Délace-donc, cela ».
Simplement. Tellement en réalité. Le résultat de ses paroles n’avait pas tardé à se faire attendre chez elle, la libérant d’un poids soudain. La malice surgissait déjà sur son visage, attisant son regard bleu. Elle se croyait en terrain connu. Balisé uniquement d’ordres et injonctions. Elle était loin de se douter… Les mains souples de la jeune délacèrent le nœud, le ruban, alors que ses yeux gardaient en eux la lueur de défi qu’il lui avait appris à conserver. La fierté de ses gestes. L’assurance de sa personne. Cette lumière fière et pourtant conquise dont ses yeux se révélaient friands… Le poids léger du ruban s’ôta bientôt de son cou… Mais lorsque la jeune femme s’empressait presque de passer à déboutonner le haut de sa chemise, toute fière de son apprentissage, toute languie de son désir, ses doigts retrouvèrent, immuablement, ses poignets, stoppant toute tentative. Il claqua, alors de la langue, pour signifier sa désapprobation, faisant résonner le son sur son palais.
— Tttt. Non. Pour le moment, cela suffit.
En aucun cas, son ton n’avait emprunté au désagréable. Mais, tout en conservant son miel caressant, une note impérieuse tintait au gré de sa voix, ne laissant aucun doute à Alexis. Ce qu’il lui demandait était sans appel. Aussi clairement que de ses mains, il interrompait ses gestes, menottant ses envies, empêchant ses initiatives. Il l’étonna puisqu’elle releva une tête curieuse, perplexe de ce refus net. Décidément, elle ne semblait avoir aucune idée du jeu auquel il jouait. Quel délice… N’était-ce pas évident, qu’il ne s’agissait que d’une interdiction en plein coeur de l’action à laquelle ils se trouvaient désireux de se livrer et non une fin de recevoir de toute initiative en ce sens ? Sa communication n’était pour autant pas mauvaise. Mais sûrement était-elle particulièrement déstabilisée de toute cette parcimonie en matière d’échauffement physique. Et ses sens se révélaient bien trop mis à l’épreuve pour rationaliser son comportement. Pour elle, c’était tout ou rien. Elle donnait entièrement ou ne donnait rien. Elle n’était guère faite comme lui, cet individu inconséquent pour qui donner n’était qu’une méthode pour obtenir. Alexis offrait sans compter. Plus qu’elle ne prenait. Ainsi était-elle cette âme noble et généreuse, dont le coeur pourtant vibrait pour le sien. Il n’infléchit pour autant pas sa méthode, face à son indécision. Son trouble notable augmentait la tension… Il le ressentait… Remarquait les souffles. Les saccades des respirations. La sienne n’était pas en reste. Preminger sentait son influence se construire. Tendant la paume de sa main vers le ciel, il intima, les yeux posés sur le ruban :
— Donne-le-moi, maintenant, Trésor...
Il aurait pu le prendre par lui-même. Elle n’y aurait opposé, il le savait, aucune résistance particulière. Après tout, l’objet était SA possession. Il était en droit de réclamer sa restitution d’une manière ou d’une autre. Mais le verbaliser mettait en lumière son importance, semait un indice quant à son usage, tout en asseyant d’ores et déjà, cette relation de domination. Qu’elle lui offre donc l’instrument qui conduirait à sa « perte ». Il avait pris un soin tout savant à l’enfiler le matin même, songeant à quelles merveilles, ce rare et charmant petit accessoire servirait en Temps utile. Et à présent, le Temps était venu. Son regard vipérin s’échappa un bref instant, des yeux de la jeune femme, se déposant sur sa robe sanglante, brûlante, anticipant le scénario. Bientôt. Il imaginait déjà l’étoffe s’ébattre sur le sol. S’enthousiasmait déjà, sentant ses sens s’affûter, tel un reptile prêt à s’enrouler autour de sa proie. Le regard d’Alexis s’était fait trouble. L’hésitation, dansante, semblait s’accroître en elle. Mais elle le ferait. Evidemment. Ce n’était que lui donner un ruban après tout. Rien de complexe. Et elle lui déposa, à l’intérieur de la main. Il aurait pu observer l’objet, il se laissa à l’inverse le Temps de bien davantage, la dévisager, se promenant impudiquement au creux de son âme troublée, la jaugeant, la jugeant aussi. Ses yeux possédaient un pouvoir ensorcelant, originaux qu’ils étaient et hypnotiques. Alexis n’avait jamais eu besoin de le verbaliser, il avait si aisément la puissance qu’il tirait de ce seul regard inquisiteur et tentateur qu’il possédait. Il en usait alors et tout particulièrement, dans ces circonstances alléchantes, la forçant à perdre la boussole de raison qu’elle possédait, pour n’écouter de les battements désordonnés de son coeur et les pulsations de son désir. Et à présent, que le lacet se trouvait en sa possession, le jeu pouvait réellement commencer… Il sentit un frisson d’excitation le parcourir, alors ses lèvres se retroussaient un peu dans un sourire carnassier. Détournant cette fois, son regard de la jeune femme, il préleva le ruban entre son index et son pouce droit en profitant pour l’observer. Ce n’était pas l’objet qu’il voyait, ordinaire bien que coûteux mais son usage futur… Alléchant. Il roula le tissus entre ses doigts fins, proférant d’une voix caressante :
— C’est un bien joli objet, n’est-ce pas ? … Such a pretty thing.
A présent, il la regardait e nouveau. Un voile de mystère le paraît un peu. Il veillait à n’en dire trop. L’inconnu éveillait l’excitation. Le sentiment de voyage dans les affres de ses fantasmes, n’était-il pas délicieux ? Sûrement… Bien évidement… Naturellement. Il y plongea, profondément.
— Sais-tu ce que j’aimerais, Trésor ? … Ce que je veux ? Je veux que tu te déshabilles.
Il savait qu’Alexis haïssait les ordres. Mais… en définitive, la réponse lui revenait… Comment refuser ? Elle pouvait toujours se parer d’outrages, il ne la forçait en rien. Se contentait de verbaliser ses désirs. Elle avait la possibilité de refuser. De tourner les talons ou de simplement dire non. Mais elle n’en ferait rien. Parce qu’elle aimait autant que lui, cette sorte de domination qui s’installait entre eux. Elle se révoltait toujours, mais en défintive cédait toujours dans leurs ébats. Peut-être était-ce la raison pour laquelle, ils trouvaient tous deux autant de plaisir dans l’acte charnel. Dans ce moment, ils relâchaient la barrière pour se montrer tels qu’ils étaient, s’acceptant pleinement. Et si elle s’obstinait à lutter contre son orgueil directionnel quotidiennement, il la vainquait en permanence dans ces moments et elle s’offrait à lui, lui rappelant que toute posture et conviction oubliées, son âme et son corps étaient siens. Alors, elle le ferait. Il n’y avait rien de plus excitant que de le faire monter le désir, n’est-ce pas ? Ou de simplement le laisser s’exprimer… N’était-ce pas cela un déshabillage, sinon l’effeuillage même de la pudeur, un exact moment où l’on se livrait à l’autre, dans les regards et le silence ? Où le simple regard émoustillait aussi pleinement que la caresse divine de mains expertes. Et son regard n’était-il pas le plus impudique et le plus lubrique qu’il était possible ? De ses yeux, il possédait déjà … Aussi il tourna les talons, un bref instant, pour mieux s’installer dans son fauteuil. Le ruban toujours entre ses doigts. Il profiterait d’un spectacle purement exclusif, n’est-ce pas ? Son unique plaisir. Sa tempête. Même si Enora n’esquissait encore aucun geste…
— Allez... déshabille-toi.
Prenant ses aises, il s’était glissé dans le confort du fauteuil dans un soupir d’aise, croisant les jambes. Attendit… Elle ne faisait rien… Pourquoi diantre ? Un spasme agacé passa sur son visage, vite chassé par l’analyse qu’il faisait de la situation… Ce n’était pas qu’elle refusait… non. Comment refuser ? C’était autre chose, de bien plus curieux et incompréhensible, mais qui se dégageait de l’entièreté de son attitude précédente… Elle ne se rebiffait pas. Elle était simplement… effrayée. Une attitude vis-à-vis de lui qu’il n’avait que rarement eu l’occasion de voir pondre sur le visage de sa maîtresse. Lorsqu’elle s’était présentée, des situations particulièrement graves se présentaient à eux. Et le spectre de sa cruauté innée avait surgit devant elle. Là… Se faisait-elle ressentir ? Ressentait-elle la noirceur de son aura rien que dans ce jeu de soumission volontaire ? Dans sa posture altière ? Dans le sourire qui déformait ses lèvres ? Il n’avait pourtant pas eu vocation à l’intimider par la peur. N’avait voulu, aucunement, qu’elle ne le craigne réellement. Juste voulu qu’elle cède à ce jeu… Qu’elle l’attise. Qu’elle lui cède. Et s’attise par la même occasion. Cette prise de conscience éteignit un peu son excitation enflammée… Mais il refusait bien de s’en dépaître…
— Détends-toi, Trésor... Cela n'a vocation qu'à être...particularly exciting. Just for teasing me... Nothing else.
Sa voix ne s’était pas départie pour autant de sa concupiscence. Parce que cela n’avait eu vocation qu’à être que cela. Un échauffement des sens. Un lâcher-prise de sa part. Si elle craignait dès à présent... Un sourire moqueur ourla son visage. « Qu’est-ce que cela serait ensuite… » Ce recul n’était pas pour autant désagréable. Cela restait une initiation. Avec les doutes que cela générait, les angoisses et les victoires brûlantes que cela apporterait. Cela lui plairait, il le sentait. C’était parfait pour elle. Pour eux. Pour lui. Cela correspondait parfait à ce qu’ils pouvaient être individuellement et ce qu’ils pouvaient être ensemble. Tordus et complémentaires. Ses paroles l’avaient rassurée et il laissa son sourire se corrompre à nouveau lorsqu’elle se détendit, un peu, relâchant progressivement ses angoisses. Elle resterait tendue, indubitablement, mais il suffisait qu’elle se lance pour que progressivement les contours du réel ne s’efface et qu’elle se prenne au jeu. En attendant, il se cala à nouveau confortablement dans le fauteuil, bien plus paresseusement que jusqu’alors, arborant une moue hautaine et rusée. Ses doigts reprirent leur jeu, torsadant le ruban, entre sa main, le faisant glisser sur sa peau au fur et à mesure qu’Alexis s’éveillait à sa demande. Il la regarda délasser la boucle de sa ceinture sans cesser de l’observer, non sans l’ouvrir. ENFIN… Préférer la laisser glisser le long de son corps, dans une nonchalance calculée, avant de s’attaquer à la robe. En définitive, il y avait si peu de tissus cachant les détails de son corps, songea-t-il avec amusement, d’où l’intérêt de rendre l’effeuillage particulièrement original. N’était-ce pas célébrer l’événement de s’offrir à nouveau, après des moins d’abstinence forcé ? Un moment où elle se livrait à lui, d’une toute autre manière. Aussi, il la regarda s’attaquer à la robe, presser de ses mains son jupon, remontant le tissu révélant les bas noirs couvrant ses mollets. Ses gestes possédaient des airs de danseuse de revue, mais d’une bien plus élévée élégance… Sa main remonta encore, découvrant ses cuisses blanches et le porte-jarretelle violine qu’Erwin reconnu directement pour l’avoir observer quelque Temps plutôt à ses côtés, lors d’une après-midi de boutiques. Il n’avait rien laissé entendre, juste laissé traîner un regard appréciateur sur l’objet, au-delà des commentaires qu’il pouvait bien penser sur ces boutiques et se voyait ravi d’avoir su se faire comprendre. Il laissa même un petit rire s’échapper de ses lèvres, tandis que son regard errait sur la dentelle. Assortie à son costume. Assortie à Lui. Ses mains tirèrent sur la cordelette, tendant le ruban à son maximum, dans un son sourd et net… Ca serait parfait… Enora se prenait au jeu, progressivement. s’il la déshabillait de son regard, il l’échauffait de la même manière… Là où se déposait ses yeux, une chaleur naissait, selon la mine satisfaite qu’il prenait à aborder, l’inspection à la limite de l’insolence, aguicheur et subtilement intrusif… Elle recula pour mieux prendre appui de ses mains sur le bureau, forçant ainsi la robe rouge à se soulever encore, révélant davantage. L’angle choisi se révélait idéal. L’indécent déjà franchi. Il devinait aisément la forme de l’ensemble qui couvrait son bas-ventre, suivait les contours lorsque la robe se soulevait alors, gravissant son corps dans une lente révélation. Exercice d’une particulière délicatesse, bien loin d’une vulgarité ostentatoire. Sobre presque, mais non moins efficace. Il y retrouvait à égal dosage sa malice et sa candeur et sentait sa curiosité s’exciter à la révélation. La robe presque s’ôtait à présent. Elle la passa par dessus sa tête, révélant, enfin, la lingerie qui seyait sa poitrine. Superbe… L’ensemble était ravissant... Sentait-elle son regard se promener sur elle avec une voracité impérieuse ? Imaginait-elle son contact sur elle, son toucher, les effleurements à même sa chair ? Son souffle sur elle ? La montée du désir. Comme soucieuse de lui offrir un nouveau point de vue, elle s’abaissa enfin pour déposer la robe au sol puis se redressa, s’essayant à une posture nouvelle, mains dans le dos, s’adossant un peu au bureau, y prenant appui pour arquer le dos, gonflant sa poitrine. L’échauffer. Lui plaire. Voilà ce qu’elle recherchait, faire naître la même sensation qu’il créait en elle… Et réussirait-il ? Il lorgna vers elle ainsi, sauvage et désirable… ses longs cheveux, leur longueur, sa position suggestive, ses jambes qui lui paraissaient ainsi, plus longues qu’à l’ordinaire soulignées par les bas, le porte-jarrette qui soulignait sa cuisse ronde et souple. Il inspira un peu plus longuement, continuant à la dévisager avec une culot cru, comme si aussi déshabillée qu’elle pouvait être, il ne la voyait déjà que nue. Il était si aisé de deviner son corps connu dans l’habillage soigné des déshabillés : ils n’avaient aucune vocation à dissimuler, bien davantage à exciter, faire deviner, souligner, appeler… Emoustiller. Leur beauté faisait même, davantage, que office d’une parure, un écrin sublime… si sensuel écrin…
— Quand tu me demande de me déshabiller... tu veux aussi que j’enlève ça ? Je peux, tu sais…
Elle avait ramené une main sur le devant faisant mine de délacer au niveau de son ventre le porte-jarretelle. Il n’avait esquissé aucun mouvement pour l’en empêcher. Elle ne le ferait pas. A quoi bon se parer d’un aussi charmant embellissement pour en ôter tous les charmes si aisément ? Il n’avait guère envie de l’avoir nue si vite. Il la voulait d’abord ainsi. Dans ses minauderies dentelles violettes qui soulignaient de manière si vive ses courbures et le galbe de cuisses. Luxueuse. Précieuse, autant que lui. Son caprice, son trésor, sa tempête, son Enora… Ils se complétaient.. Quand bien même elle ne le voyait pas encore, la vie de château lui seyait à merveille. Il voulait cela. L’ensevelir sous une pluie de dentelle ; la retrouvant pourtant bien elle-même au-delà, luxurieuse et débauchée, simple et viscérale. Complice, douce, séductrice.
— Mais ce serait dommage de ne pas en profiter plus, tu ne penses pas ? – « Le violet est bien trop exquis pour s’ôter, trésor… N’est-ce pas comme si, en permanence, je te parais de mes mains..en tout point ? Tu y penseras la prochaine fois que tu t’observeras dans le miroir...»
Un ricanement s’échappa de sa bouche, après un Temps d’arrêt, alors qu’il s’accoudait doucement, prenant un instant pour observer la scène qui lui était jouée. Une chaleur lascive venait les entourer, réchauffant leurs sens bruts. Il croisa les jambes au niveau de ses chevilles, fièrement, sachant qu’elle appréciait la vue qu’il lui offrait autant qu’il appréciait la sienne. Sa beauté perverse enflammait si aisément et puissamment les sens. De l’index, il se caressa la lèvre, pensivement, la laissant observer sa bouche charnue, sensuelle.
– « Quelle impudent spectacle, trésor, si l’on venait à nous surprendre ainsi… Pense à ce que l’on verrait de nous… De toi dans cette si outrageuse posture… »
Il pensait aux autres avec tant de mépris que même sa voix caressante n’avait pas réussi à en gommer la pointe de dédain, mais cela ne possédait aucune espèce d’importance. Il ne disait pas cela pour lui. Il disait cela pour elle. Lui rappelant par la même occasion la porte close dont le verrou n’avait pas été tourné. Causant la montée de son enfièvrement. Si bien qu’il guetta avec un délice non dissimulé les traces de ce rappel sur son corps et son visage, s’accordant un rire sardonique lorsque l’issue en fut claire, et non équivoque :
– « Que dirais-tu de pimenter encore davantage cette piquante et scandaleuse ...situation….trésor ? Aussi outrageuse soit-elle, il serait dommage que cette perspective ne soit que visuelle. Pour mieux appréhender son immoralité ne faut-il pas...la consommer ?»
Alors que son visage s’illuminait d’une lueur sardonique, d’un mouvement impérieux de pied, il rapprocha sa chaise d’elle. Son corps le frôlait presque et elle se penchait si facilement vers lui pour le rejoindre qu’il leva l’index avant le moindre mouvement de sa part :
– « Non… Ne bouge pas trésor… Tu ne me toucheras pas encore… »
Mais lui pouvait… Il entortilla le ruban le long de son index, profitant de sa proximité pour déposer ses mains sur elle , chaudes, caressantes Sans s’approcher, son visage se trouvait à proximité de la poitrine de la libraire, et ses mains de ses jambes. Il les déposa toutes deux sur le haut de ses genoux, les inscrivant doucement dans sa chair tendre, relevant la tête lentement vers elle. l’éveil des sens… Soumit ses yeux bleus au feu de son regard embrasé. Il la vit inspirer lentement, tentant de conserver sous son apparente tranquillité retrouvée, son sourire mutin dont le contour trembla un peu lorsqu’il remonta les paumes de sa main le long de ses cuisses. Ascension lente, délicate… A quoi bon se presser ? Le désir montait dans la tension, l’affleurement. Une zone si hétérogène… L’attente devenait brûlante, lancinante, intolérable pour elle. Il le voyait à sa respiration progressive, lourde, pesante... Il immobilisa son mouvement, le reprenant quelque peu pour égarer le bout de ses doigts vers l’intérieur de ses cuisses… Enfin. Son sourire s’accentua, découvrant ses dents blanches, alors que les lèvres douces de la jeune femme exhalait un soupir gracieux. Il creusa cette voie fortunée, s’amusant à titiller la chair, là où la brûlure naissait, tendre et bienvenue. Soierie crépitante… Tout en ce faisant, il avança encore, la forçant à reculer encore, monter. Presque de force sur le bureau, impérativement. Alors elle s’agrippa au meuble, ouvrant, davantage les jambes, lui accordant l’avancée bénie qu’il recherchait. Ses mains ne cessèrent pas. Bien au contraire. Elles encouragèrent l’incartade, élargissant l’interstice, continuant leurs douces et traîtresses caresses, attouchement flamboyants. Titillant les instincts flambants de la jeune femme, éveillant les siens. Douce indécence… Sa bouche nue s’y posa, alors, elle-même. Vorace. Sur la chair brûlante de ses cuisses. Scellant le premier baiser de ces retrouvailles des sens. Tendre toucher mais brûlante indécence, déclenchant un long frémissement animal et vibrant sur l’entièreté du corps ployé d’Alexis. Il en frémit d’orgueil, ouvrant la bouche pour mieux aspirer sa peau fine et la livrer à la pointe de ses dents aiguisées. Sa peau rougeoyait sous son contact, lisse comme de la soie, câline et soyeuse. Une pente glissante pour sa langue, créeée pour l’attirer, plus loin au coeur vibrant de sa sensuelle volupté. Il jouait de cette terrible balade, créant en elle, moult soupirs langoureux, exhalés et pourtant contenus. Il n’avait pourtant pas franchi la limite, se figeant alors à l’ultime progression. l’ultime barrière. Si peu à franchir encore que le bandeau de dentelle léger. c’était si peu. Si facile. Quelle tentation incitatrice… Il perçu distinctement, Alexis gonfler ses poumons. Se contenant à grand peine… Elle s’arquait presque, luttait. Dans l’expectative. Dans l’envie… Quelle délicieuse sensation que l’Attente, l’envie culminante, l’Espoir… Il n’avait qu’à venir. Combler le désir attisé qu’ils créaient de l’insolence de leurs yeux, la séduction de leurs sourires... Devant la fine barrière de dentelle, il se contenta, pourtant d’y exhaler un simple soupir, relevant les yeux sur elle pour en savoureux le trouble, un ricanement sourd figé sur son visage enflammé et pétri de frémissement. Quelle délice pour lui que de différer ce plaisir, que de la supplicier dans ces sourd vertige… A lui, maintenant !... Il recula, gorgé de cet interlude, abaissant ses mains du haut vers le bas de ses cuisses pour l’inciter à descendre du bureau… Sa voix, sourde, chuchota, dans le silence équivoque de mots tus.
– « Mets-toi à genoux... »
crackle bones
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
“Ses lèvres étaient rouges, ses regards étaient effrontés, Ses cheveux étaient jaunes comme l'or”
Une posture des plus éloquentes qui récolta un amusement mutin chez sa maîtresse. L’appel se voulait sans équivoque. Une demande pour une position qui n’outrait en rien sa royale personne. Elle ne protesta pas, bien au contraire, se laissant glisser le long de ses doigts pour toucher le sol de ses genoux. Il la laissa prendre son aise, juchée sur ses talons hauts, patiemment, lui offrant même, la « générosité » d’accompagner son geste en lui offrant sa main pour s’y appuyer. Ne lui rendit pour autant pas une fois la manœuvre effectuée, en profitant pour embrasser son poignet là où ses veines bleues dansaient, fragiles sur son poignet délicat avant de tendre ses serres affûtées :
– « Confie-moi donc l’autre »…
Elle lui avait confié, après une seconde d’hésitation tandis qu’il flattait encore, trompeusement le creux de sa peau, ses doigts de la main gauche dansant sur le haut de la dentelle violine. Il l’avait remerciée, d’un baiser prolongé, caresse sensuelle sur le haut de sa main...Précautionneusement, avec la même vigilance que s’il manipulait un objet rare, il avait joint les paumes des mains de la jeune femme, dans une prière glorieuse à sa totale magnificence. Il gloussait encore, tout en dénouant de son index et de son poignet le long lacet violet. Releva les yeux vers Alexis. Elle l’observait de ses yeux clairs voilés d’envie, la poitrine gonflée par le désir, ne comprenant pas encore son manège. Le ruban glissa autour de ses poignets. Il s’en saisit alors qu’il menottait ses yeux à ceux de la jeune femme, le souffle court. N’ajouta rien. Ne parla pas. Son regard émoustillé s’exprimait déjà. Celui d’Alexis, en revanche, manifestait une once appréhension… Il avait vu son regard rompre le contact avec le sien pour voler jusqu’au nœud qu’il traçait, avant de les relever, déglutissant:
- « Je...je crois que j’a un peu peur...je n’ai jamais fait...ça... »
Réalisait-elle ce qui l’attendait ? Suspendant son geste, il souleva les poignets joints entre ses deux paumes, les approchant de sa bouche pour les embrasser doucement :
– « Mon petit trésor… Que crois-tu qu’il puisse décemment arriver ? » interrogea-t-il une nuance goguenarde au coin de la bouche « Ce n’est qu’une manière comme une autre de t’immobiliser un temps… Tu sais de toute manière que je n’ai aucune difficulté à menotter tes mains...Et je crois me souvenir que ça ne t’avait pas déplu... »
Il était ri, faisant glisser le ruban le long de ses poignets
– « Your decision, my dearest…
Il l’avait littéralement roucoulé. Tout convainquant et corrupteur qu’il était, formé de vice et de sensualité… Et en miroir, elle lui avait sourit amusée et un peu rassurée, hochant la tête pour consentir… Il lui avait sourit en retour, d’un sourire contant son envie, son arrogance, alors que ses doigts prestes nouaient les liens, les matérialisant.
– « Je crois… je ne sais plus si je t'ai déjà dit que... j'étais claustrophobe et l'idée d'être attachée me fait un peu le même effet je crois... si jamais ça ne va pas, tu me détacheras hein ?"
Le regard de la jeune femme s’était perdu sur le nœud, concentrée à l’extrême. Il gloussa présomptueusement , la trouvant désespéramment charmante de naïveté.
– « Bien sûr que non, je te laisserai dans mon bureau pour l’éternitéééé… » répliqua-t-il avec une emphase moqueuse , relâchant un bref instant sa main pour effectuer un geste vaste et désuet de la main, avant de rajouter, plus suavement, sans néanmoins se départir de sa dérision « Ca aussi, ça peut être plaisant… Moins pour ma réputation. Evidemment.» rajouta-t-il plus sérieusement – «Evidemment »
Il lui avait souri en retour, plus délicatement. Elle avait des raisons de se méfier de lui, tout en n’ayant aucune motivation de le croire prêt à profiter d’elle d’une manière bien plus mauvaise. Il savait que chemin faisant, elle testait bien plus que sa capacité à s’inquiéter de la solidité d’un nœud… Elle mettait à l’épreuve sa confiance en Lui. Et y avait-il meilleur chemin pour l’Avenir, leur avenir et le Sien, que de l’y inciter ? Terminant son ouvrage, il en testa sa solidité, jaugeant la robustesse de l’objet et l’aisance avec laquelle, il pourrait le dénier, paracheva l’œuvre en prenant le Temps d’accrocher la broche maintenant le tout sur le ruban, sans heurter la chair de sa maîtresse.
– « Parfait… Rien que je ne sache délier… » précisa-t-il à voix haute, pour l’apaiser en partie, par arrogance de l’autre.
Il était parfaitement habile de ses doigts et si elle n’était pas ignorante de ce détail dans certaines circonstances, d’autres restaient mystérieuses pour elle. Crocheter une serrure résultait d’une formalité. Ses doigts agiles savaient à quel point agripper Reculant d’un coup de talon, il la libéra, lui laissant à présent davantage d’espace entre le bureau et sa propre chaise. Ses doigts n’avaient néanmoins pas lâché le ruban…. Ils glissèrent jusqu’à l’autre bout, l’entraînant jusqu’à la poignée d’un métal doré qui ornait le premier tiroir de droite de son bureau…Avec aisance, il fit passer le bout de tissu, le nouant avec application, alors qu’il sentait le regard quelque peu perplexe d’Alexis sur lui. Elle en resta muette, cependant. Il observa le ruban, satisfait de sa longueur. Il avait jaugé et effectué quelques vérifications pour s’assurer de la possibilité de la nouer à cette poignée en ayant le large choix de la position. Cela résultait de sa décision de commencer de la manière la plus délicate possible. Ainsi noué, ainsi attachée, ses mains n’étaient même pas tirées vers le mobilier. Elle conservait une force de mouvement sécurisante, qui ne serait pas toujours aussi conséquente, au gré de leurs charmantes futures tergiversations… Mais au moins débutait-elle avec les honneurs, une situation qui lui rappelait, que même attachée, elle restait encore libre de ses mouvements. Tout en demeurant parfaitement...dédiée au bureau. Dédiée à lui. Car elle était sienne, pleinement et entre ses griffes. Comme jamais encore.
– Maintenant… » intima-t-il…
Cessa, inspira un peu, prenant l’occasion d’observer le fruit de son récent ouvrage. Ses mains jointes, le fin ruban qui la liait au bureau, au symbole de sa réussite. Voilà qui était si profondément symbolique… Si odieusement superbe. Une manière terriblement corrompue de signifier sa réussie et ce qu’il était réellement, au-delà des masques et des sourires. Une victoire qu’Alexis avait suivi dans l’ombre, mesurant davantage qu’autrui les dangers de son accession. Elle les incarnait aussi, aujourd'hui. Elle, le si charmant trésor de l’ancien trésorier devenu maire. Elle qui deviendrait un jour la Favorite du Roi et plus que son arme, la complice de son ascension. Sa maîtresse… Non par abus, mais par choix. Parce qu’ils se complétaient, parce qu’ils se comprenaient. Parce qu’elle était un appui et davantage que bien d’autres. Leur rencontre n’était pas le fruit du hasard. Ce qu’ils construisaient ensemble, dans l’intimité possédait une saveur. Une intensité où s’étirait puissance et volupté. Se mêlait à cette excitation intellectuelle, une exaltation sensorielle non négligeable de par la vision si irrévérencieuse qu’elle offrait. Un paradoxe de liberté, d’audace et de dévouement… Libre, fière. Ployant devant lui-seul. Mais la seule grâce de son envie. Séduisant paradoxe qui plus est… Il s’était reculé encore s’offrant de l’ampleur. Ses yeux remontèrent les courbes gracieuses surlignées, attractives de dentelle, la manière dont ses cheveux bruns bouclés se propageaient soigneusement sur le haut de sa peau délicate, les mains jointes qu’elle conservait sur ses genoux telle une jeune femme priant pour l’absolution. La sienne. Il n’y n’avait pas d’autre. Une ensorceleuse pécheresse repentie ou une sujet venue l’adorer de toutes les manières dont il méritait de l’être. A sa seule merci, à son seul bon vouloir… Il siégeait tel le Roi sur son trône… A cette pensée, ses yeux miroitèrent, se percevant à travers ses yeux : impitoyable tentateur… Le chantre du vice… Alors qu’il s’accoudait, nonchalamment, ses doigts jouèrent avec la boucle de son pantalon… Il pouvait si aisément délier… S’engouffrer dans la frénésie céder à son envie. Elle ne s’échapperait pas, elle était là, attendant qu’il vienne. Mais à quoi servait-il donc de se presser ainsi ? Il préférait de loin se concentrer sur l’instant, les futiles mais si délicieux détails que cette situation faisait naître en elle. La manière dont sa respiration s’intensifiait au gré de ses mouvements, le voile troublé que l’envie créait, brouillant son visage de vice, la splendeur de son corps ainsi offert, ainsi lié… La confiance qu’elle lui offrait, s’offrant. Sa main preste desserra la ceinture, en faisant glisser la boucle. Rien n’était hâtif. Tout se savourait. Il menottait son regard à celui d’Alexis, calquant sa respiration sur le saisissement troublé de la jeune fille, ne la lâchant pas. Qu’elle le regarde. Qu’elle le voit. Sublime, splendide, dirigiste et puissant. Une souffrance exiguë d’anticipation, se transmettant par son regard braisé. Son regard la déshabillait, la toucher, la caressait longuement, sans même qu’il n’ait besoin de rompre le contact oculaire. L’expectative acroissait les sensations, l’attente les portait aux nues. Il était un spectacle. Le plus désirable, le plus captivant… Il dégrafa le reste du tissu, adroitement, s’accordant le luxe de parcourir de sa main sa masse de cheveux brunes, dans une posture altière. Accoudé lascif, superbe divinité vénéneuse dont elle scrutait les mouvements, les sens en attente… La fermeture s’était ouverte, libérant un interstice divin au supplice qui croissait de leurs jeux interdits. Bientôt… D’un coup de pieds bien plus hâtif, il avait projeté sa chaise en avant, réduisant l’espace qui la séparait de son corps…les yeux d’or en fusion s’immisçant dans ceux d’Alexis, l’acculant au bureau. Il sentait l’appel de son corps. Le sien avançait vers elle, puissant, attractif. Tirant par la même occasion de la pointe de sa chaussure sur le ruban, il impulsa une légère bascule de ses mains et de son buste vers l’avant, vers lui. La collant à son corps.
– « Approche. trésooor.. »
Son index la désigna, avant de se recroqueviller mimant le mouvement qu’il attendait d’elle, tandis qu’il écartait un peu les cuisses, encourageant son visage à s’y lover languissamment... Elle s’y avançait déjà, mutine galante, les yeux dans les siens, le souffle court, et il en perçut la caresse incendiaire au-delà de toute frontière que le tissu créait… Bientôt… Dès à présent ! Il la sentait. Le désir gonflait dans leurs yeux. Et sa vision grisante augmentait son envie, d’elle si impudiquement proche… Si elle venait… Si elle prenait… L’impression de la sensation montait en lui… Sentant sa convoitise se renforcer, s’amplifier dans le sursis, son autre main, bien plus frondeuse, s’immisça, vivement, au-delà de l’entrebâillement du pantalon, soucieuse de l’en libérer sitôt. Il réprima un frisson lascif, alors qu’il l’extrayait du vêtement, le présentant, urgemment, à la bordure de ses lèvres suaves … oh…vice. Il concevait d’avance leur forme, leur chaleur, leur texture sur lui, l’adresse de sa langue, comme si elle le parcourait déjà…
– « Que ta langue chante mes louanges, que ta bouche soit remplie d’adoration, que tes mains jouent à ma gloire, que ton corps entier me célèbre... » roucoula-t-il suavement, les yeux ensorcelants, s’humectant lentement, les lèvres, l’attisant par mimétisme du geste qu’il désirait tant.
Une vague de chaleur l’enveloppa, fondant, brûlante dans son entrejambe, alors qu’elle entrouvrit la bouche pour le recevoir entier. Alors, sentit-il ses sens s’embraser instantanément, alors que les lèvres rouges de sa maitresse se refermaient avec délice. Il la comprenait. Après tout, il ne s’appréciait pas comme une heureuse rencontre. Non, Preminger était un chef d’œuvre ! L’Art se voulait intransigeant, il n’apportait pas douceur et calme. Il ravageait, amenant dans son ombre, passion, frénésie, souffrance et plaisir au-delà de l’imaginable. Un délectable poison, aussi toxique qu’addictif. C’était ce pourquoi, ses mains si fines et délicates, calligraphiaient leur transport éveillant sa chair d’un heureux emballement … Et c’était ce pourquoi, sa bouche trouvait si aisément les moyens enchanteurs de composer à son intention la plus savoureuse des partitions. Qu’elle continue donc de jouer si élégamment ! Son bassin s’irradiait sous la tiédeur chaude des plus effrontées embrassades, générant en lui un soubresaut lascif, causé par la volupté qui naissait de ses caresses. Impétueuse, sa main gauche s’incrusta le long de sa mâchoire, flattant l’effort d’une caresse de l’index :
– « Ne cesse point de me regarder. Je veux sentir ton regard…et plus encore, je te veux entièrement»
Elle ne cessa point. Poursuivit ses gourmandes tribulations avec une ardeur si pleine, qu’il perdit presque les contours de ses ingénieuses manœuvres, tout alangui du plaisir qu’il tirait de ces exquisités. Sa langue tendre et humide s’y mêla bientôt s’invitant dans la danse suave, la gorgeant d’une saveur prodigieuse. Il gardait, néanmoins, le contrôle, chaque lapée de plaisir distillé gorgeant ses veines d’un pouvoir neuf et brûlant. Son corps célébré, son être glorifié de la plus perverse des façons le portait à l’orgueil. Il l’observait avec une fierté extatique. Elle. Ses mains liées. Elle, reliée à lui de toutes les manières possibles. Elle était à lui. Tatant sa bonté, goûtant de sa langue avide la largesse de ses bienfaits, annonçant la profondeur de sa perfection. Oh, comme il pouvait aduler sa langue enhardie lorsqu’elle l’employait à de si glorieuses paroles ! Il n’y avait rien de plus rougeoyant que les mots immoraux formulés de la pointe de sa langue, au sommet de son désir… Il ne pouvait se lasser et les plaintes qu’il émettait à leur entente n’avaient rien de réprobateur. Elles sonnaient comme une heureuse félicité. Elle même parfois, gémissait-elle de concert, gorgée de son excitation, à même la peau lorsqu’elle s’y donnait ainsi, dans une voracité urgente, trop privée qu’elle avait été des délices immuables de son corps. Elle l’appelait… Sensation grisante que de se sentir si aisément célébré… Si fièvreusement désiré. L’Instant devenait célébration et les langueurs d’aise qui s’en perpétuaient lui rappelaient, si tenté qu’il en soit nécessaire, à quel point il était une merveille. Son pouvoir irradiait de celui Qui avait visé si haut, à si juste titre ! Et qui à présent récoltait les dus de sa magnificence. L’ivresse s’éveillait en lui, vorace, avide, fondant ses iris d’or en fusion celle qui le dévisageait, captivée. Ses yeux de glace remplis d’un désir irradiant, sous son aura de flamme. Oh sa bienheureuse captive. Sa fascinante vestale vêtue de Foudre, qui titillait sa chair, éveillait et faisait croitre son ivresse au gré e ses va-et-viens… Plus que goûter à son emprise, elle l’embrassait entièrement, se vouant à la tâche dans une dévotion électrisante. Tout autant que le ruban symbolisait son acte, elle n’en n’était moins désireuse de la chose, il le savait bien. C’était la raison pour laquelle ce fantasme avait si facilement pris naissance dans l’esprit vil du notaire. Plus que son consentement, il avait son envie, complète, où elle se prêtait au jeu, un feu nouveau la nimbant issu de l’excitation supplémentaire que pimentait son expérience… Ses inspirations affamées, lourdes, achevaient de le prouver… Se soumettre restait une affaire de choix. Et lorsqu’elle prenait la décision que de lui offrir ce qu’il adorait, elle s’ouvrait à une nouvelle expérience, où chaque réussite lui accordait une raison de ne pas se défier de sa confiance en lui. Tout du moins, en ce qui la concernait personnellement. Ainsi, verrait-elle que ses intérêts étaient indissociables des siens. Aussi, osait-elle lui en confier les rênes. Lui confiant la bride sans pour autant négliger les opportunités délicieuses que ses mains pouvaient encore saisir pleinement. Et pour tout ce qu’elles ne saisissaient, sa bouche bavarde s’en mêlait, s’en chargeant habillement. Elle s’aventurait, adroite, experte, foulait de sa langue insolente chaque parcelle de chair pernicieuse concédée à son toucher, inlassablement. Et une langueur précieuse s’emparait, alors de lui, pleinement cheminant au gré des fébriles allées et venues de la bouche charnue de sa maîtresse. Elle traînait, insolente et sensuelle, montait, descendait, alternant les rythmes… Esquissait un tâtonnement pour mieux embrasser sa prise, mue par un instinct brûlant, dans une ivresse croissante, frénétique… Oh quelle sensation. Ses ongles s’étaient enfoncés, alors qu’elle s’y absorbait pleinement, s’y livrait avec l’affolement désespéré passionné d’un baiser flamboyant et profond. Savoureux saisissement… Il s’y abandonna un bref instant, presque malgré lui, rejetant un bref instant la tête en arrière, vaniteusement, tandis sa bouche exhala un mélange de soupir et de gloussement à la perspective folle qui s’offrait à sa vision. La table, le bureau, le lieu. Elle, parée de soie légère, liée, aguicheuse et si plaisamment affairée… Il se repaîtrait de cette vision autant des saveurs interdites qu’elle lui offrait de son si bienheureux savoir-faire, pétillantes, brûlantes, incendiaires. Elles ajoutaient un goût pervers à son tortueux plaisir, le décuplant d’une arrogance sans limite, avivaient aussi ses membres d’une fébrilité languissante. Sa main empoigna ses cheveux, alors qu’elle se reculait pour exhaler un soupir concupiscent, reprenant sa respiration fébrile, le laissant à vif, vide de l’admirable moiteur de ses lèvres, de la saveur prodigieuse que savait ajouter sa langue. Refusant que s’atténue bientôt cette incroyable torpeur. Il stoppa néanmoins son geste, alors qu’elle faisait mine d’y replonger, s’adonnant un bref instant, à non moins délicieuse torture du manque, laissant ses membres s’avivaient davantage au souvenir fébrile et crispant de ce qu’elle venait de lui prodiguer… Oh… Il devinait rien qu’à les fixer l’effet si connu et pourtant si efficace de ses lèvres voluptueuses, désirait ardemment le baiser impur de sa langue humide sur sa chair bouillonnante, la sensation de sa langue experte… Il inspira profondément, urgemment, s’ancrant dans le trouble entre les boucles de la jeune femme, alors que devançant ses désirs, elle replongeait, se pâmant à même-lui, entre ses cuisses musclées. Les yeux ouverts, fendus comme un serpent, luisant d’or ardant, il goûtait à l’exhibition langoureuse de son corps à son profit, autant qu’elle goûtait charnellement à ses délices. De ses regards exaltés et épris à sa position lascive et étudiée de ses courbes pour son seul plaisir. Tout était dédié à sa vile et décadente satisfaction : de la courbure admirable de ses seins voluptueusement gonflés du désir farouche qu’il impulsait en elle et parés d’une frustrante dentelle, jusqu’à la manière dont son sourire aguicheur lui permettait de ne perdre aucune miette de la volupté que sa langue lui infligeait. Tout était pour lui. Et il menait le rythme, le sens, l’intensité… alors que son corps entier cédait à l’appel, aux contacts, à la chaleur, la sensation… Sa main impérieuse avait impulsé un mouvement, reprenant les rênes qu’elle lui avait cédé. Impulsant une cadence. Oh que sa course avide ne se termine point… Il jouait avec les nuances, aux frontières de l’indescelable, l’incitant à s’immiscer encore, mieux s’absorber, plus suavement encore, plus longuement. Oh c’était délicieux… Une confiserie…
Les yeux émergèrent du flou ambiant, brutalement, alors qu’elle se retirait d’un bond, échappant presque à la vigilance de sa poigne… Il la rattrapa de justesse, soutenant l’arrière de sa tête, lui évitant par la même occasion de se heurter violemment au bureau… Qui ? Ses yeux se déposèrent promptement sur le combiné téléphonique observant l’origine de l’appel… Qui annonçait son secrétaire particulier… Un flot de scénarios divers parcourut son esprit… Tant de possibilités qui défilèrent devant ses yeux. Comme la possibilité de laisser sonner, jusqu’à ce que la patience de son appelant s’essouffle. Son secrétaire comprendrait parfaitement qu’il ne devait pas être dérangé, quand bien même il n’en comprendrait pas l’intime raison. Comment l’aurait-il pu ? Le choix le plus aisé et sûrement celui qu’Alexis espérait pleinement qu’il fasse… Il fallait se décider rapidement… Et pourtaaant… Il ramena ses yeux sur elle, à moitié effarouchée, les joues encore rosées de désir… Le sien ne s’était pas évaporé, s’était crispé dans la surprise… La situation se tendait, mais n’était-ce pas là le frisson de l’excitation ? Braver le danger, plus que cela même l’englober entier dans le coeur de ce qu’ils vivaient… Le rendre présent, n’est-ce pas pimenter davantage ? Ses yeux diaboliques croisèrent ceux d’Alexis et il sut qu’elle avait lu ce qu’il comptait sceller, sans même besoin de le préciser. La connexion s’était faite, digne d’elle, digne de lui. Tendant le bras, vers le combiné, il avait ourlé ses lèvres d’une moue satisfaite, proférant dans un ronronnement :
– « Continue donc… après tout, ils ignorent tout de ce qui se passe entre ces murs. Ils sont loin de l’imaginer, n'est-ce pas?.. »
Un test.. Un défi. Une excitation supplémentaire. Il décrocha le téléphone, le portant à son oreille, tandis que son regard doré se faisait incitatif. « Fais-le. N’est-ce pas outrageusement grisant ? » criait avec arrogance son attitude… Comment refuser ? Oui, en effet. Il inspira profondément,, incrustant ses longs doigts le long de ses boucles… Non pour encourager le mouvement : il convenait de ne pas se lancer dans une telle distraction trop vite, mais pour davantage s’ancrer dans la réalité.
– Ouii ? Pourquoi ce dérangement ? » s’exclama-t-il d’un ton aimable et contrôlé.
Il savait qu’il pouvait le faire. Il avait aisément fait pire en tout point… Il sourit à Enora, avec une perfidie exquise, se calant plus confortablement au fond de son siège, alors que sa bouche revenait, insidieuse, provoquante. Son index joua avec une boucle de la jeune femme et il s’y entortilla. Se concentrer sur la discussion. Ne pas se laisser dissoudre par les volutes de plaisir lascif qui couraient de son bas-ventre, incendiant son corps… Oh.. Quelle délicieuse expertise. :
- « Monsieur le Maire, je suis désolé de vous déranger… J’ai votre femme au téléphone, elle voudrait vous parler. »
Preminger manqua de s’esclaffer. La pauvre reine. Sûrement déçue de ne pas le voir combler la table de sa si précieuse personne et inquiète de la raison qui le poussait à ne pas rentrer… Et pourtant, lui ne s’offrait-il pas, se faisant le plus délicieux en-cas ? Une bouffée de chaleur enivrée parcouru son corps, le faisant chanceler de vertige, il crispa ses doigts, caressant la masse de cheveux de sa maîtresse
- « Mon épouuuse ? » ronronna-t-il férocement, « Et bieeen, passez-la moi ».
Alexis s’était figée de stupeur et il nota son indécision panique. Non. Il refusait que cela cesse. Urgemment, sa poigne lâcha les cheveux de cette dernière, ondoyant le long soyeux de son dos jusqu’à la courbure de ses fesses, alors qu’il professait, à mi-voix, écartant d’un geste dramatique le combiné :
– Ne m’obligez pas à sevir, Miss Child… poursuivez donc cette conversation...des plus édifiantes… » alors que le déclic se faisait entendre, il ramena l’appareil vers lui, changé :
- « Bonjouuur Georgia. Quel est le motif de ton appel ? »
Il s’agissait d’un exercice de haute voltige… dans une si idyllique situation. Il savait parfaitement à quel point la reine l’appelait avec un réel dévouement. Chose dont était loin de se douter sa charmante Enora. Ce qui signifiait qu’il convenait de jouer parfaitement la comédie, chose parfaitement faisable, en se soumettant en parallèle à de si odieuses caresses. Sa voix avait sonné, égale, sèche. La bouche d’Alexis avait repris, douce, sensuelle, terrible. La voix claire de son épouse retentit dans le téléphone. Fort heureusement, Erwin avait pris la précaution de ne pas augmenter le volume, s’assurant ainsi que personne à part lui n’entendrait cela :
– « ...Erwin, ça va ? » interrogea-t-elle surprise sûrement de son ton emprunté et la froideur de sa question « Je suis désolée d’appeler mais je me faisais un sang d’encre, tu n’es pas encore rentré… j’ai soupçonné au début un rendez-vous tardif, mais le temps s’écoulant et n’arrivant pas à te joindre au téléphone… » – « Bien évidement, je suis OCCUPE. » il avait insisté sur le dernier mot, ravalant un soupir pour ajouter d’un ton dramatique qui lui permit d’expulser sa frustration d’une toute autre manière « Je pensais que Julian t’avait précisé que je ne rentrais pas au domicile ce midi. Mange sans moi. Tel est la siiii lourde charge de la fonctiiiiion… »
Un sourire ironique flotta sur sa bouche à la vision d’Alexis… Quel libineux tableau… Quel potentiel scandale… Quel délice…
– « Je… Je me doute bien, mon chéri. Je m’inquiétais juste… – « Humhummm…. »
Il opina de la tête. Tout contenu qu’il pouvait être, il se livrait pourtant à la félicité causée par la débauche insolente des mouvements entrepris, aux inconvenantes mais si inventives caresses de ses lèvres voraces. Leur vision à même la peau, le secouait d’une suffisance embrasée, alors que son corps glissait dans les affres séduisantes de la torpeur. Il ravala néanmoins un spasme, lorsque suivant si scrupuleusement ses consignes sa bouche gourmande et moite avait usé si habilement de sa langue subtile. Oh chair… Il songeait à rire, songeait à ricaner. La cruauté de la scène lui sautait au visage avec une netteté acérée. Pourtant...loin de s’en horrifier, elle décuplait sa torpeur, l’intensité rougeoyante des sensations… Oh… Il s’humecta les lèvres, le désir et le manque s’incrustant sur son visage, faisant le faisant luire d’envie, articulant sans même chuchoter :
– Je me sustenterai d’une autre manière.
Il se mordit la lèvre, ravalant son rire sans la quitter des yeux, alors que sa main remontait, caressant avec une douceur lascive la joue de sa maîtresse. Il n’avait pas réellement suivi ce que marmonnait sa chère reine. Il percevait quelques nuances de discussion quant à la récolte de sommes d’argents qu’elle voulait lancer… Sa main préférait d’avance attiser… avant de s’enrouler traîtreusement sur le haut de sa nuque, rythmant la cadence de son galop efréné, impulsait la vitesse, retenait celle-ci, la faisait glisser avec saveur.. Tout s’accélérait, la chaleur s’amplifiait, la sensation de sa bouche, la frénésie enivrante du désir qui montait encore et encore pour culminer, alors que ses mouvements s’accentuaient, l’avivant… Bientôt, bientôt il plongerait en elle, clouant sa verve et son impertinence… Bientôt. S’il l’avait pu, il aurait pu la prendre là… Dès à présent. Elle s’était abattue même sur la dentelle qui paraît sa croupe, lui arrachant un gémissement étouffé à même sa splendide occupation...succombant à sa vision. Il suffisait pourtant qu’il l’observa, à moitié trouble et brouillée par l’excitation pour que son envie d’être en elle n’augmente. La tension s’élevait, l’air aussi. Irrespirable. Brûlante. L’excitation pure, nue, intense. Qui se gravait à même la peau. Il fallait qu’il cesse. Il fallait que cela cesse. Il fallait qu’il fasse cesser. Et pourtant plus que de respirer, il articula encore. D’un ton à la bordure du dédain bien d’une dose mielleuse avait surgit poussée par le désir
– Sur ce, je te laisse, tout endurci par le labeur que je suis, comme je te l’ai dit, je suis OCCUPE. »
Il raccrocha tout aussi brutalement… Et la recula tout aussi vite… S’accorda un instant puissant de reprise de souffle avant de murmurer, presque sadique : – tout va bien trésor ? Car nous ne faisons pour ainsi dire que commencer...
crackle bones
Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
| Avatar : Kaya Scodelario
Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Ses mains sur mon corps avaient eu le don de me faire oublier en un instant ce maudit verrou non clôturé. Il me l’avait rappelé, insidieusement, tandis qu’il observait la parure qui m’effeuillait plus qu’elle ne m’habillait. Je n’avais rien manquait de son appréciation, de cet éclat au fond de ses yeux qui signifiait au combien son imagination était vorace de l’instant. Il composait à mesure que les secondes s’égrainaient, vivait par anticipation, cette joute que nous nous apprêtions à vivre et rien que de le voir dans cet état, mon cœur avait battu plus fort. C’était une sensation grisante, celle de faire plaisir et de se sentir désirée. Car je l’étais. Il n’y avait aucun doute là-dessus. Depuis ce soir à Paris où il avait fondu sur moi, pleinement, sans l’once d’un doute ou d’un remord. Si cela m’avait gêné et effrayé au début, désormais cela me grisait. Nous étions ensemble, je l’aimais et si nos moments lui plaisaient, si JE lui plaisais, alors je ne pouvais que m’en réjouir.
Mes sourcils s’étaient levés dans un moment de surprise lorsqu’il m’avait interdit de le toucher mais mes mains étaient restées sagement sur le bureau. C’était toute la difficulté du jeu que de lui obéir. Surtout dans un moment pareil. Ses mains douces et chaudes s’étaient posées sur mes hanches et j’avais fermé les yeux lorsque de les avaient senti remonter, me parcourant pleinement. Ses mains étaient venues se poser sur mes cuisses et j’avais inspiré lentement, tentant de contrôler la vague de chaleur qui naissait en moi. Son visage était si proche de ma poitrine, ses lèvres... et ses mains, ses mais qui ne cessaient de monter. J’avais l’impression qu’il frôlait mon intimité sans pour autant y toucher. Je n’avais pu réprimer un léger gémissement en sentant ses lèvres se poser sur ma cuisse, avant de remonter lentement vers l’intérieur de celle-ci dans une urgence sourde. Aussi sourde que l’avait été ma frustration quand il s’était contenté d’un souffle déposé avant de se reculer. J’aurai presque plus le rattraper de force. C’était déjà si rare qu’il se mette dans une telle position, s’arrêter à si bon chemin était une trahison sans nom et j’avais senti mon cœur prit d’un léger tremblement que je m’étais efforcé de contrôler. Un pur tremblement de colère. Car je l’étais. En colère. Parce que je l’étais. Frustrée. Il se gaussait de dire qu’il attisait sans jamais que ce soit douloureux ou frustrant et pourtant, c’était exactement ce qu’il venait de faire. J’espérai sincèrement qu’il saurait se rattraper. Il m’avait fallu quelques secondes pour me remettre de ce moment lorsqu’il m’avait demandé de me mettre à genoux. Je savais comment il voulait que cette “conversation” se continue. De la même façon qu’il l’avait avorté pour moi. Si j’avais évité de le regarder pendant que je faisais redescendre la pression, mon regard avait fini par croiser le sien. Il avait l’air de beaucoup s’amuser, me rappelant alors que ce n’était que ça en soit, un jeu. Un jeu qu’il dirigeait plus qu’il ne l’avait jamais fait et je réalisais à présent à quel point il me semblait beaucoup plus dur d’y jouer dans ces conditions. Un petit rire s’était échappé de ma gorge nouée quand je l’avais réalisé. Un sourire mutin était alors né sur mes lèvres et j’avais fini par me mettre dans la position demandée.
Si je pensais toujours autant qu’il faudrait bien des efforts pour me mettre dans cette position, je savais aussi que lorsqu’il s’agissait de sexe, les cartes étaient rebattues. C’était pour moi moins un acte de soumission qu’une position amenant à une pratique qu’il me plaisait de faire. Parce que j’aimais faire plaisir en ce sens et j’aimais pouvoir être regardé le faire. D’une certaine façon, je trouvais que ça brouillait bien plus les cartes de la direction de l’acte que l’image le laissait définir. Pourtant, Erwin se chargea d’ajouter un peu plus de visuel qui annonçait le contraire. Je m’en étais inquiétait. Différemment qu’au début. Plus parce que j’avais l’impression d’être humilié mais parce que je me sentais prise au piège. C’était comme être enfermée, empêchée de respirer... Et je n’avais pas pu faire autrement que de le formulé. Qu’il me tienne dans une certaine position était une chose, qu’il m’attache en était une autre. Cela lui laissait bien plus de liberté de mouvement alors que j’en avais clairement moins. Certes, je pouvais imaginer utiliser mon pouvoir pour me détacher mais j’avais bien plus l’impression que les choses pouvaient mal tourner. Pourtant, bien que d’un ton moqueur, Erwin avait pris la patience de me montrer que je n’avais aucune raison de m’inquiéter. Qu’il suffisait de lui faire confiance. Que rien n’était dangereux dans cette décision et qu’il ne ferait rien sans mon accord. Ni avant, ni après avoir été attachée. Aussi effrayée par la perspective de faire une erreur qu’excitée par cette nouveauté, j’avais fini par acquiescer, d’une grande inspiration. Et pour être nouveau, c’était nouveau. Mes mains étaient parfaitement jointes, je le réalisé en tentant de les dessouder l’une de l’autre sans succès. Je l’avais laissé admirer son œuvre en prenant du recul avant qu’il ne glisse l’autre morceau du ruban sur la poignée du bureau. Après l’avoir regarder faire un court instant, ma tête s’était brusquement tournée vers lui. Le regard interrogateur, je détaillais son attitude. Son air concentré et émoustillé. Depuis combien de temps cette idée fomentait-elle dans sa tête ? Avait-il l’habitude d’agir ainsi avec ses conquêtes ? Il semblait bien aguerri à l’exercice, ayant une maîtrise parfaite de comment agir, comment nous placer l’un et l’autre. Pourtant, il semblait briller dans ses yeux une excitation particulière, celle de la nouveauté, de l’inédit, la gourmandise de l’exclusif qui me faisait penser que peut-être alors étais-je la première à finir dans une telle position, pour de telles fins.
J’ignorais si je devais m’en sentir flatter, m’exciter au contact de cette idée ou, au contraire, m’en inquiéter. Si j’étais la première, est-ce que cela signifiait qu’il ne parvenait plus à refouler ses pensées perverses qui le rendaient donc plus dangereux qu’alors ? Est-ce qu’au contraire c’était moi qui lui procurais cette envie de dominer et de contraindre, plus qu’il n’y avait pensé jusqu’alors ? Enfin si, il y avait forcément pensé pour être si organisé, mais sans pour autant avoir passé le pas. Est-ce qu’il avait pensé à cela à l’instant où il avait acheté son ruban ? Tous les matins où il l’avait noué à son cou en attendant celle à qui il le ferait subir ? Ou peut-être que je pensais trop, et que c’était simplement une marque de confiance et de complicité qu’il m’offrait. Celle de me confier ses fantasmes les plus fous, comme j’avais précisé certains des miens et qui prouvait qu’il n’aurait voulu les faire avec personne d’autres. Je pensais d’ailleurs peut-être trop pour un exercice pareil, lui se laissait plus porter. Je l’avais vu à sa façon de se reculer, d’admirer d’autant plus la scène de me voir ainsi agenouillée, les mains liées, dans l’attente et attentive. Ses cuisses s’étaient un peu écartées, comme il le faisait généralement lorsque l’excitation montait. Il avait pris le temps et il le prenait toujours. Sa main jouait avec la boucle de sa ceinture. Il savait ce qu’il voulait me faire faire et je savais également à quoi je m’attendais. Erwin jouait du Temps et de la lenteur, comme se présentant à un spectacle d’effeuillement qui était autrement plus sobre que celui auquel il m’avait demandé de me livrer. Pourtant il le faisait avec un plaisir non dissimulé, gonflé par son égo conséquent. Je le laissais faire, l’observant avec un sourire amusé, ne ratant pas un instant du moment, sachant que sa prestation importait presque autant que le fait que je puisse l’observer. Un seul regard mal affirmé pouvait sans aucun doute l’offusquer, aussi me prêtais-je au jeu qu’il me livrait.
Brusquement, sans doute gonflé par son excitation culminante, il avait donné un coup de pied puissant devant lui, avançant sa chaise de nouveau considérablement au point de réduire complètement l’espace entre nous, m’acculant au bureau, ne me laissant aucune porte de sortie, aucun recul possible. Il n’y avait que lui et ce qu’il désirait que je fasse, il n’était ni question de refuser, ni question de fuir. Comme un appui pressant de la conclusion mentale que je venais de faire, j’avais senti mon corps basculer en avant malgré moi, contre ses jambes entrouvertes qui me laissaient seulement l’espace suffisant de me faufiler en son centre. Instinctivement, j’avais tenté de résister à l’attraction faite, de relever mes poignets pour m’empêcher de m’attirer vers le bas, mais rien n’y avait fait. Je ne m’étais pas blessé, ce n’était même pas vraiment un geste défensif, juste un réflexe qui nous rappelait à l’un et à l’autre à quel point perdre le contrôle sur mon propre corps et me laisser dominer n’était pas chose aisée. Ne s’en formalisant pas, il m’invita à m’approcher d’avantage tant par les mots que les gestes et j’avais relevé vers lui un regard amusé, et un sourire en coin tout en m’approchant comme je le pouvais, dans l’espace qu’il m’offrait.
La suite n’avait pas eu besoin de grande attente. Si j’avais reposé ma joue contre sa cuisse, nonchalamment, effrontément, mes mains posées sur l’autre, il ne lui avait pas fallu longtemps pour se libérer de tout le tissu qui pouvait nous séparer. Sa demande m’avait fait glousser. Si théâtre, si mélodramatique pour une demande qui était somme toute bien de notre temps et bien plus cru que ses paroles de laisser présager. J’avais pris mon temps. Tout comme il l’avait fait. Faisant d’abord courir le bout de mes doigts sur sa peau, la tête toujours posée sur sa cuisse. Je réalisais alors à quel point je ne serais pas libre de mes mouvements et à quel points mes caresses seraient limitées à l’étau de chaleur douce qu’elles dessinaient dans cette position. Cela ne semblait pas le déranger outre mesure. Au contraire, il semblait déjà se laisser divaguer à mes caresses, tandis que je me redressais pour avoir une visibilité sur ce que je faisais, tandis que mes mains se refermaient autour. Lorsque les premiers baisers moites se succédèrent à la douceur de mes mains, il m’avait demandé de le regarder, de ne pas arrêter de le faire et je n’avais pas pu empêcher un nouveau sourire. Comme s’il ne me le demandait pas à chaque fois. Comme si je n’avais pas déjà commencé à le faire avant même qu’il le précise, sachant à quel point cette vision l’échauffer et à quel point la traduction de son plaisir qui transparaissait alors me rendait moi-même moite de plus, gourmande de voir le pouvoir que je pouvais avoir sur lui, sur ses sens, à cet instant. S'il s’était longtemps retenu de ses réactions lors de nos ébats, il prenait l’habitude depuis quelque temps d’être plus démonstratif et bruyant, n’hésitant pas à appuyer ce que je savais faire de mieux selon lui d’un gémissement appréciateur.
C’était d’ailleurs son premier grognement qui avait mis les feux aux poudres. Bien trop concentrée que je l’avais été à l’idée d’être attachée ainsi, bien trop apeurée de savoir ce qu’il nous réservait et si j’en étais capable, j’en avais presque oublié que nous n’étions pas dans l’intimité d’une ma maison, de son appartement ou d’une chambre d’hôtel mais dans un lieu semi-public duquel il n’avait même pas pris la peine de fermer la porte à clé. A quel point ces murs étaient fins ? Pouvait-on entendre la traduction de son plein plaisir dans les couloirs ? Et pourquoi brusquement, cette pensée m’avait-elle plus donné un coup de chaud qu’effrayée. A mon tour, je sentais une chaleur dévorante monter de mon bas ventre, s’installer sur mes joues qui devaient rosir de l’effort que je faisais, avec plus de puissance et d’entrain. Mes lèvres se faisaient rondes et caressantes, ma langue était frondeuse et langoureuse et je ne cessais d’alterner mon savoir-faire afin d’élargir la palette de ses sensations. Sa main avait bientôt rejoint mon crâne. Je la sentais d’abord comme un courant d’air à travers mes cheveux, puis comme une ombre silencieuse au sommet de ma tête, avant qu’elle se mue en force plus dirigiste, donnant le mouvement et la cadence à mes actions dans le seul but de lui plaire. Et cela lui plaisir. Qui mieux que lui-même pouvait juger du rythme de cette joute ? Je le voyais s’effacer, sentais ses cuisses autour de moi se crisper par moment, son regard se perdait parfois dans le vague, bien au-delà de moi. Il rompait même carrément le contact visuel, redressant impétueusement la tête quand la tension se faisait sans doute trop vive. De mon côté, je ne cessais de le regarder. Parce qu’il me l’avait demandé. Parce que cela faisait partie de notre pacte. Ne pas désobéir. Ne pas faillir à la tâche. Et je devais bien avouer que c’était une mission des plus facile puisque je n’avais aucune envie de détourner le regard, me gorgeant de l’effet que j’avais sur lui, alors qu’il semblait laisser le contrôle lui échapper petit à petit jusqu’à ce que...
DRIIIIIIIIIIIIING.
C’est à cet instant que je réalisais à quel point le contrôle m’avais échappée aussi. Exaltée par ses soupirs, enivrée par ma propre excitation et frustrée de ne pouvoir agir entièrement à bon vouloir, j’avais complétement perdu la notion du temps et de l’espace. Le téléphone m’avait brusquement ramené sur terre, me faisant sursauter si violemment que la main d’Erwin s’était posée sur le haut de mon crâne pour prévenir celui-ci de s’écraser contre le bureau. Lui aussi avait été surpris mais avait repris le contrôle plus rapidement que je ne l’avais fait. J'avais eu un léger sourire en me reculant de mon œuvre, touché par la marche d’attention qu’il avait eue envers moi, instinctivement. Il était souvent difficile de savoir si Erwin pouvait être attentif à quelqu’un d’autre que lui de manière purement désintéressée et pourtant, aujourd’hui, ça avait été le cas. Il n’avait rien à gagner à empêcher la douleur, je ne m’en serai tout de même pas fendu le crâne et pourtant, il l’avait fait, apaisant malgré lui les crevasses qui sévissaient dans mon cœur quand je doutais de son amour. Nous nous étions observé un moment en silence, tandis que le téléphone sonnait toujours. J'avais stoppé toute action, mes mains sagement posées sur mes propres cuisses, les joues encore rosies de mon action, le cœur battant de la surprise que j’avais eu. Et des surprises, je n’allais pas tarder à en avoir une deuxième.
Il me proposait de continuer. J’avais ouvert grand les yeux sans rien dire. L'appel était peut-être important, il risquait d’être déconcentré... et si c’était une urgence municipale ? Ne valait-il pas mieux tout arrêter et repousser cela peut-être à plus tard ? C’était sans doute l’option qu’Erwin avait choisie puisqu’il s'était reculé un peu, me laissant l’espace suffisant de me sortir de ma cachette, accompagnant mon mouvement en tirant sur le lien qui liait mes poignets. Respectant son choix et le trouvant même plus prudent, je m’étais docilement laissé faire, me relevant lentement en prenant garde de ne pas me blesser. Pourtant la suite me surpris davantage. Alors que je me trouvais à côté de lui, à sa gauche, il avait décroché le téléphone de la même main tout en donnant une nouvelle impulsion sur le ruban de sa main droite, m’obligeant à plonger en avant vers lui. Seul l’accoudoir de son siège offrait désormais un appui à mon ventre. Cette position était loin d’être agréable pour moi, bien qu’elle ajoutât un piment supplémentaire qui vit chauffer mes joues une fois de plus tout en me tenaillant l’estomac. De la façon dont il me tenait, je ne pouvais plus me redresser, c’était lui qui maîtrisait ce point. Mais j’étais aussi largement plus visible de toute personne qui entrait à cet instant puisque la position était pour le moins non équivoque. Elle lui donnait une vue d’ensemble sur tout mon corps, bien qu’elle le privât désormais un peu plus de me voir à l’œuvre et que de l’observer était désormais impossible. Devais-je m’en inquiéter ? Il savait ce qu’il faisait après tout.
— Ouii ? Pourquoi ce dérangement ?
Je n’avais pas pu m’empêcher de glousser en l’entendant parler ainsi, finissant de me convaincre que ce moment pouvait être des plus amusants et des plus excitants tant le jeu était absurde. Ce n’était pas la première fois que je continuais de le titiller quand il recevait un appel mais très souvent, j’étais dans le confort de la maison, c’était un appel de Midas qui devait d’autant plus se douter d’où était Erwin et l’appel était bref. Je me souvenais de la première fois où je l’avais embêté ainsi, la surprise dans ses yeux et le sourire sournois qui en découlait. C’est comme s’il doutait que je puisse faire une telle proposition mais qu’il en avait été agréablement surpris. Et comme tout ce que qu’il faisait ou presque, Erwin avait décidé de pousser ça ensemble plus loin. C’était pourtant un défi à ma hauteur, j’en étais sûre et quelque chose qui émoustillait encore plus mes sens. Tandis que ses doigts jouaient dans mes cheveux, j’avais repris mon action, plus lentement et lascivement cependant, lui laissant bien le temps de s’ancrer dans cette réalité, comprendre où nous allions, comme une préparation, un avant-goût de ce qu’il allait devoir subir. C’était une chose que de se concentrer pendant un appel avec Midas, une autre de le faire dans le cadre professionnel, surtout quand de l’autre côté du combiné, il s’agissait de... SA FEMME ?!
Non. Pouce, stop, ça ne je ne pouvais pas. Si j’avais vu sentir sa main à lui se crisper dans la chevelure à l’annonce de son interlocuteur, j’avais initié un mouvement pour relever ma tête et me dégager de son emprise. Mais aussi tendue que pouvait être sa main, elle n’avait pas abandonné sa position, me maintenant fermement dans la mienne sans rien dire, comme s’il réfléchissait. Le cœur battant, j’avais attendu qu’il comprenne alors qu’il n’y avait aucune autre alternative que de s’arrêter, j’avais même ouvert la bouche pour le lui spécifier, les mains posées sur sa cuisse dans l’attente de me relever. Mais il avait été plus rapide que moi. Il avait demandé à ce qu’on lui passe sa femme. Il comptait vraiment faire ça comme ça ?! C’était si immoral, si absurde, je me refusais de faire une chose pareille et il avait dû le sentir puisque sa main avait alors quitté ma tête. J’avais initié un mouvement pour me redressée mais loin de quitter mon corps, sa poigne s’était diffusée sur mon dos, me ramenant à ma position, jusqu’à finir sur ma croupe.
— Ne m’obligez pas à sévir, Miss Child… poursuivez donc cette conversation...des plus édifiantes…
— Erwin, je peux pas faire ç...
— Bonjouuur Georgia. Quel est le motif de ton appel ?
C’était la première fois qu’il parlait à sa femme devant moi. Du moins, de ce que j’étais capable de me souvenir. Je soupçonnais qu’il avait déjà dû à le faire quand nous étions ensemble mais qu’il s’était éloigné pour éviter tout moment gênant. Mais aujourd’hui, nous étions en plein dedans, dans ce moment gênant, mortifiant, voire humiliant. Si de son côté, il n’avait aucun problème à poursuivre, pour moi, la situation devenait véritablement difficile. Il me renvoyait à l’image de la maîtresse que je parvenais non parfois sans mal à enlever de la tête. Cette fille qu’on avait tendance à accuser de tous les mots, l’aguicheuse sans pudeur qui volait un mari innocent et brisait sans vergogne une famille, sans doute aussi par cupidité. Dans ce genre de situation, le mari était que trop peu souvent accusé, c’était toujours la faute de l’autre femme, celle qui savait et qui aurait dû se retenir si elle n’avait pas été aussi sale et dérangée. Le mari n’était qu’un pauvre agneau, innocent, incapable de se retenir face à une jolie rondeur de seins ou un postérieur plutôt bien formé. C’était dans la nature de l’homme de chasser sexuellement... pourquoi lui en vouloir ? Penchée sur lui, les yeux et le visage rivés sur son sexe, je m’étais sentie mal dans les premières secondes, à me faire rappeler ainsi qu’il avait une femme. Que je ne vivais pas seulement mon couple dans mon coin, qu’il était étroitement relié à un autre qui se composait d’une femme peut-être dans l’ignorance. Mais le début de leur conversation m’avait quelque peu rassuré. Me revenait en mémoire les discussions que j’avais eu avec Erwin à ce sujet. Si je doutais à présent plus que fortement, pour éviter de dire que je ne le croyais plus du tout, quand il me disait qu’il avait accepté la couronne la mort dans l’âme et par pure charité, je continuais à penser que cela restait un mariage de convention. Qu’est-ce qui aurait pu m’en dissuader après tout ? Il venait d’un monde où ce genre de mariage était légion, surtout dans la royauté. Et si je ne doutais plus qu’il avait sauté sur la première occasion venue pour se faire couronner roi, il me semblait logique d’imaginer que la reine voyant son pays dans la misère et ne trouvant que pour alternative cette solution n’était pas spécialement plus amoureuse ou désireuse de ce mariage pour des raisons amoureuses. Plus que par respect pour sa femme, je commençais à comprendre qu’Erwin refusait de lâcher la dernière chose qui le rattachait à sa vie d’antan et à sa couronne. Quant à sa femme, je supposais qu’elle restait dans ce mariage de convention car toute son éducation royale découlait de cela. Et les premières paroles d’Erwin m’avaient rassuré sur ce point.
Il semblait neutre, froid. Je ne parvenais pas à comprendre le reste de la conversation, la voix ou les intonations de son épouse, mais les siennes me suffisait pour comprendre que l’un et l’autre se fichaient sans doute éperdument de ce que chacun faisait de sa couche. Nous restions cachés pour les apparences, je n’en avais même jamais parlé avec elle et Erwin m’avait toujours dit qu’elle ne devait pas savoir. Sans doute par pudeur et par égo, ce que je pouvais comprendre. Amoureuse ou non, il y avait toujours quelque chose de désagréable à ne pas se savoir la seule ou potentiellement dans le risque de se faire “humilier”. Je m’imaginais parfois que Madame Dorian faisait de même de son côté, qu’elle avait peut-être un amant qu’elle aimait ou plusieurs avec lesquels elle s’amusait mais qu’elle n’en parlait jamais avec Erwin pour les mêmes raisons. En soit, ce couple dans ma tête se rapprochait beaucoup des histoires royales d’anciens siècles. Rassurée de cette pensée et sentant la main d’Erwin se resserrer sur mes fesses comme ultime sommation avant la mise à exécution, j’avais reposé mes mains avec douceur sur le centre de son désir tout en reprenant mes moites caresses de la même occasion. Comme pour m’encourager, la main d’Erwin qui tenait jusqu’alors le ruban pour que je ne change de position était venue se poser sur ma nuque, rythmant de nouveau la cadence de mon action de façon de plus en plus effrénée. J’en venais presque à me demander s’il ne comptait pas clôturer notre moment ainsi tant il y mettait une ferveur, abandonnant petit à petit la conversation téléphonique, d’abord à des onomatopées puis au silence désintéressé, au supplice d’autres ferveurs. A ma grande surprise, j’avais alors senti un coup avant même d’en entendre le claquement, pourtant net et clair. Sous l’instant, j’avais étouffé un petit cri à même mon action, sentant alors ma croupe se réchauffé de la claque cuisante que je venais de recevoir. Ça ne m’avait pas offusqué outre mesure, il n’était pas le premier à m’administrer une fessée et je devais bien avouer que je n’étais pas spécialement contre l’idée de temps en temps. Mais cela m’avait pris de court car lui ne l’avait encore jamais vraiment fait, sans compter qu’il rabattait les cartes de son jeu, le rendant incompréhensible. Déjà nous parlions de nos pratiques et de nos envies, ce qui avait amené à aujourd’hui et jamais il n’avait mentionné une telle envie. La considérait-il dans le package ? Je me souvenais vague en avoir pourtant discuté de mon côté, que cela était déjà arrivé et peut-être avait-il considéré cela comme acquis. J’avais ensuite supposé que c’était la façon dont il comptait “sévir” si je ne réalisais pas sa demande et pourtant, bien que je m’étais exécutée, je l’avais tout de même reçue. Faisais-je quelque chose de mal ? N’était-ce pas la punition à laquelle il pensait ? Tant de questions auxquels je n’avais pas le temps de répondre, bien trop prise dans l’action et la cadence qui m’empêchait de laisser mes pensées dérivées trop longuement. Il y avait mis une certaine force dans sa claque, pourtant précédée d’un spasme que j’avais senti entre mes lèvres. Je commençais alors à supposer que le geste lui avait plus échappé qu’il était venu en correction. Cette pensée me fit sourire intérieurement tandis qu’il finissait sa conversation avec sa femme sèchement, lui raccrochant sans doute au nez, après avoir parsemé ses peu de paroles de quelques doubles sens que je ne pouvais que trouver grivois. J’avais senti sa main se poser sur mon épaule, m’intimant le retrait que j’avais exécuté immédiatement, sachant à quel point il devait être sensible en cet instant. Me redressant, mon dos endolori se rappela à moi, précisant à quel point la position n’avait pas été naturelle. Un peu essoufflée de mon action, nettement moins qu’il ne le semblait lui, je l’observais avec un sourire mi-amusé, mi-attendrit, prenant appui sur le bureau, les mains toujours jointes devant moi.
— Tout va bien, Trésor ? Car nous ne faisons pour ainsi dire que commencer...
— De mon côté tout va bien oui... c’est bien que tu le précise, je pense qu’il faut bien que tu te le mettes en tête alors... tu as l’air si... essoufflé.
Je lui avais souri effrontément, mes yeux se baissant un instant au centre de ses cuisses, des spasmes le parcourant, avant de relever les yeux en direction des siens.
— Tu es sûr que tu sauras tenir la distance, mon Amour ?
Je lui avais souris plus grandement, battant des cils d’une manière forcée et effrontée, fanfaronnant complétement, fier de l’état dans lequel toute cette agitation l’avais mis. Je n’avais pas envie de revenir sur le sujet de sa femme. Pas maintenant. Je savais que je n’y gagnerai qu’une discussion sérieuse, pleine de frustration, qui mettrait fin au moment. Je comptais bien lui dire que le moment m’avais mis mal à l’aise, mais je pourrais tout à fait le faire plus tard. J’avais alors voulu m’avancé vers lui pour le toucher, constater la chaleur de sa peau, les battements de son cœur mais c’était sans compter les liens qui me tenaient toujours au bureau et qui se rappelèrent à moi. Le tiroir avait dû être fermé à clé car à peine avais-je esquissé quelques pas que mes mains s’étaient retrouvée tirées en arrière, m’empêchant d’avancer encore pour le rejoindre. Un peu surprise, mes yeux s’étaient dirigés vers le nœud avant de l’observer de nouveau, réalisant qu’un sourire narquois été né sur son visage. Aussi essoufflé qu’il fût, aussi attisé qu’il était, il avait bien pensé à se reculer suffisamment pour m’empêcher de reprendre le contrôle de la situation. Je lui lançais alors une moue faussement déçue, acceptant que je ne pourrai gagner cette partie et décidant de l’amener vers un autre terrain. Soupirant fortement, j’avais rejoint de nouveau le bureau, lui tournant le dos, pour m’y pencher quelque peu, lui présentant ma croupe, sans aucun doute rougie à un endroit par sa claque.
— Tu m’expliques ? Est-ce que je l’ai reçue parce que j’ai fait quelque chose de mal ouuu... parce que pendant un court instant... tu as perdu le contrôle ?
Si j’avais gardé la tête bien droite, devant moi, ne lui laissant que le loisir d’observer l’arrière, j’avais alors légèrement penché mon buste sur le côté et tourné la tête pour l’observer malgré ma posture, un sourire tendre sur le visage. Je jouais certes à l’effrontée mais je voulais lui montrer qu’en aucun cas je ne cherchais à l’humilier. C’était plus quelque chose qui m’avait fait plaisir, dont j’étais fière, une manière de voir aussi l’effet que je pouvais avoir sur lui. C’était également pour lui montrer que j’avais bien appris ma leçon, que j’avais écouté chacun de ses mots. Si mon travail était le lâché prise, le sien était le contrôle. Il m’avait expliqué que je devrai lui définir un champ des possibles et qu’il n’en sortirait pas. Nous ne l’avions pas encore fait réellement et je me doutais qu’il restera plus ou moins dans ce qu’il savait que j’étais capable de faire pour cette première fois. De son côté en revanche, il se devait de maîtriser le jeu et de garder le contrôle. Le contrôle passait aussi par ses ordres et ses punitions. Il m’avait expliqué qu’une punition avait un vrai intérêt de correction, pas juste quelque chose qui émoustillait d’avantage et que les représentations qu’il pouvait y avoir dans le grand public était souvent erronés. Je ne voyais pas une fessée comme une punition, il le savait, mais je pensais qu’il avait dû installer le jeu avec douceur dans un premier temps, pour ne pas m’effrayer, puisque j’avais eu une certaine appréhension lorsque je lui avais demandé ce qu’était une punition. Il ne m’avait pas donné d’exemple, me précisant que nous verrions ne temps et en heure, mais j’avais compris que cette main sur ma croupe était pour amener le sujet petit à petit. Ce que j’avais compris, c’est qu’une punition n’était jamais un plaisir et inversement. Qu’une punition ne fût donnée que lorsque c’était mauvais et qu’on ne revenait pas dessus. Qu’une punition n’était pas équivoque. Elle n’était pas une correction et un moment de plaisir ou une impulsion. Elle était juste... un châtiment. Pourtant, en me la proposant en punition dans un premier temps et en la réalisant au moment culminant de son plaisir, il avait rompu sa propre règle, lui donnant autant la dimension corrective que de plaisir. Il avait donc perdu le contrôle de ses propres règles et je voulais lui montrer que j’avais compris ce qu’il m’avait dit. Plus que de le pointer du doigt, je montrai ma connaissance, un livre emprunté dans ma librairie m’y aidant aisément. Je voulais aussi qu’il m’explique. Car peut-être n’avait-il pas perdu le contrôle ? Peut-être était-ce un test ? Peut-être aurais-je été punie si je n’avais pas su le relever ? Il n’avait pas vraiment été clair sur sa punition maintenant que j’y pensais, ce qui était aussi une erreur en soi... mais ça, je n’étais pas censée le savoir encore, je l’avais juste lu, il ne m’en avait pas parlé. Peut-être que cela deviendrait dans un deuxième temps. Mais en laissant planer le doute, peut-être que “sévir” n’aurait pas été une claque sur les fesses mais autre chose ? Mais quoi alors ? Je n’étais pas vraiment experte dans ce domaine et cette pensée fit battre mon cœur un peu plus fort, de tension et de stress. Ne supportant plus ma position de peur que la punition vienne à présent, je me m’étais retournée de nouveau vers lui, toujours en appui sur le bureau, les mains devant moi. D'un ton plus humble, je précisais alors :
— Tu m’expliques ?
Je savais que le dialogue était important dans les actes. Et qu’il permettait aussi de lier le tout... avant l’exercice suivant.
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
“Ses lèvres étaient rouges, ses regards étaient effrontés, Ses cheveux étaient jaunes comme l'or”
Preminger avait raccroché, le corps et l’esprit encore envahis par le saisissement splendide qui le dominait entièrement. Il s’extirpait de lui, émanant de son aura pour l’assombrir davantage. Alexis ne le reconnu pas. Elle ne le pouvait, n’étant pas en possession de tous les tenants et les aboutissants de toute cette royale mascarade. Si elle s’en était doutée, toute cette grandiose scénette n’aurait pu se produire et une fin bien plus maussade se serait produite… Un triste dommage. Il aurait été si regrettable de s’atténuer d’un tel moment de perversion. Alexis, évoluant hors de cette cruelle volonté, sans pour autant pouvoir s’épargner d’y jouer un rôle, faisait, à ses yeux, figure d’un ange dévoyé. Pouvait-on considérer qu’il avait abusé de sa confiance ? Sûrement. Pas plus qu’ordinaire en ce qui concernait ce sujet si sensiblement décisif. Cela faisait-il de lui, une mauvaise personne ? Sûrement. Si cela n’était que cela…
— De mon côté tout va bien oui... c’est bien que tu le précise, je pense qu’il faut bien que tu te le mettes en tête alors... tu as l’air si... essoufflé.
Elle lui avait sourit. Tâchant de paraître effrontée. Il aimait lorsqu’elle l’était. Non pas en tentant de le piquer ou de le provoquer par des petites phrases. Non, cela c’était lorsqu’elle jouait, tentait de reprendre un ascendant, de le provoquer pour tenter de le ramener à son niveau. Non pas que son attitude, à elle, soit inférieure, non elle se trouvait juste être crédible, logique. Alexis perdait le contrôle bien plus aisément que lui. Ce qui n’excluait pas Preminger d’emportement. Mais, aux yeux du ministre, sa maîtresse confondait les deux ou tentait de lui faire croire. Le moindre vacillement de sa part et elle tentait visiblement de briser cette influence. Une réaction de défense, instinctive. Son effronterie en revanche, sa vraie effronterie ne résultait pas de bravades. Non. C’était sa nature même, prompte à l’amusement, la manière qu’elle avait de lui laisser l’ascendant, par plaisir aussi. La manière dont elle souriait mutine, lorsqu’elle tâchait de l’attirer à elle, trahissant par la même occasion toute la séduction qu’il opérait en retour. Son effronterie ne faisait pas mine d’être une femme fatale, elle sortait de son essence, découlait de sa, parfois, naïveté, la ramenant seulement plus proche de lui : fraîche, complice, séduite et amusée. Il réprima néanmoins un rire acide lorsqu’il comprit le sens de son manège. Elle se pavanait, presque, satisfaite de son effet, tentant de l’aguicher davantage. Flattée. Il aurait presque pu avoir une miette de pitié pour son égo tenu dans l’ignorance. Aurait presque voulu aussi qu’elle puisse percevoir, ne serait-ce qu’un instant, le revers sombre de cette médaille, pour le partager. Mais le plafond de verre qui dissimulait la face sombre de son Soleil en aurait cédé. D’un fracas trop puissant pour que le moment ne puisse s’y prolonger agréablement… Alexis n’y aurait vu la beauté du vice, uniquement sa noirceur. Aussi nuancée qu’elle puisse être, dans la vision commune du Bien et Mal, elle ne tolérait guère la cruauté et honnissait la méchanceté. Ce qui rendait leur liaison particulièrement...complexe. Alors, Preminger se contenta de laisser ses lèvres s’arquer dans un sourire presque mystérieux, une flamme opaque dansant dans l’ambroisie liquide de ses yeux :
— « Que nenni ! Au contraire… Tout ceci m’a...pleinement ravigoté. » rétorqua-t-il avec une arrogance assumée avant de poursuivre dans un sombre murmure sensuel « C’est pour toi que je m’inquiète, mon trésor. L’Avenir risque d’être...particulièrement éprouvaaant ».
Il pensait être dans le Vrai. Il se contrôlait. Tentait tout du moins. Tout en ne pouvant nier que l’aventure l’avait profondément secoué, d’un délice plus que malsain. Pour autant, il l’avait savouré avec davantage de laisser aller, sachant qu’il pouvait y mettre fin à tout moment et qu’il en était Maître. Et combien Maître. Si bien qu’il s’apaisait progressivement, atténuant sa braise dans ce moment de répit. Alexis, en revanche, allait à présence poursuivre son initiation à des sensations nouvelles, sans réelle maîtrise sur ces dernières. Hormis ses propres limites...encore inconnues. Subir les délices sans les maîtriser devait amener à une pente terrible et tentatrice… Qu’il lui appartenait d’adoucir, au gré de ses cheminements, afin qu’elle ne s’essouffle pas trop vite. La jeune femme eut un mouvement, esquissant un geste vers lui… Sûrement muée par l’envie croissante de le toucher, enfin, sans s’en voir esquisser l’ordre, de pouvoir le sentir, l’étreindre par une simple caresse… S’en était, subitement, retrouvée empêchée par les liens de soie, qu’il avait si précautionneusement noués pour empêcher toute attendrissante tentative de ce genre. Cette fois, sa bouche altière s’était, franchement, relevée dans une mine narquoise. Où croyait-elle donc aller ? Ne se trouvait-elle pas liée et pourtant soumise à lui de la plus complète des manières ? Un rappel clair de l’individu qui détenait le pouvoir pour le cas où elle l’aurait oublié ou plutôt tenté de le combattre. Arrogamment, ses yeux d’or l’avaient contemplée, un ricanement coincé dans la gorge. Il porta un index à ses lèvres, le mordant doucement pour empêcher son rire de s’étendre...et parfaire sa posture, surtout. Un si fascinant geôlier... Qu’elle le veuille ou non, les choses étaient ainsi et la vérité était là, menottée à ses fins poignets de porcelaine. Il possédait bel et bien tout ce qu’il y avait trait à elle : ses mouvements, ses humeurs, le rythme de leurs corps à corps, les positions… Il n’appartenait qu’à lui de poursuivre ou de perdre son empire sur elle… Tandis que bien plus précieux qu’un trophée, LUI était intouchable, soustrait aux autres jusqu’à ce qu’il daigne la rejoindre. Tel un Dieu contemplant sa création liée par la destinée qu’il y avait tracée, lui accordant parfois un degré d’attention distinct. Le Soleil dont elle devait suivre les lueurs pour se réchauffer à ses rayons. Il n’ajouta rien. Le silence de son sourire arrogant suffisait à l’éloquence. Elle lui répondit dans une moue déçue qui n’en n’était que factice. Cela faisait partie de l’exercice Pour découvrir pleinement les contrées où il désirait la mener et en goûter leurs saveurs inédites au délicieux parfum d’inconnu, il convenait qu’elle accepta de jouer, pleinement, la partie. Ce qui...à ce niveau semblait encore un défi quelque peu turbulent à son propre contrôle, visiblement. Comme pour achever de l’en convaincre, Alexis se tourna subitement contre le bureau, se penchant lui présentant sa croupe. Le genre d’attitude que Preminger aurait du interrompre, sur le champ lui rappelant qu’à présent, dans le jeu initié, il dictait les règles de sa conduite. Il ne protesta pourtant pas. Le panorama se trouvait loin d’être déplaisant et elle débutait en la matière, si bien qu’il convenait de lui laisser la marge nécessaire à son impulsion, pour la rectifier ensuite. Cherchait-elle à l’inciter à plus ? A stimuler davantage son envie par sa vision, au regard de la fessée dont il l’avait gratifiée? Il attendit, curieux de voir ce qu’il en était. A l’énoncé de ses paroles, comprit, finalement, que le sujet ne résidait pas là. Plus que provocatrice ou provocante, Alexis semblait, visiblement interrogative de l’échauffement qu’il avait créé sur celles-ci. Et avide de réponse à ce sujet. Sujet dont la marque s’estompait déjà, provoquant à son souvenir un léger pli complémentaire à son sourire satisfait.
— Tu m’expliques ? Est-ce que je l’ai reçue parce que j’ai fait quelque chose de mal ouuu... parce que pendant un court instant... tu as perdu le contrôle ?
Tout aussi assouvi, Preminger avait froncé les sourcils aux paroles tenues, se demandant pourquoi elle faisait référence avec une réelle curiosité. Voyait-elle la fessée comme une simple punition du fait de son enfance ? Cela aurait pu. Il connaissait, après tout, fort peu les méthodes de Regina en matière d’éducation. Aussi, au regard de son ancien passé et ce qu’elle était devenue par la suite, il aurait pu être possible que la jeune Alexis ait pu subir quelques...désagréments. Pourtant, il savait qu’elle ne les appréhendait pas ainsi, pour en avoir déjà parlé ensemble. Alors… Il guetta son attitude, tâchant de décrypter ce pourquoi elle l’interrogeait et s’interrogeait. Non. Elle ne semblait pas perturbée. Au contraire flottait encore sur sa mine agréable, le même sentiment de fierté qu’il lui avait vu au sortir de son appel téléphonique. L’impression de l’avoir fait transgresser une règle. L’impression d’avoir pris malgré lui, l’ascendant. Cela n’était, pourtant pas le cas. Et si une part de lui regrettait de briser ses impressions, l’autre, sa vanité, se satisfaisait de pouvoir la détromper si aisément, auréolant son sourire d’une courbe sournoise. Dénuée de méchanceté, cependant. La libraire ne faisait rien d’autre qu’essayer de comprendre, d’appréhender cette situation, de la rationaliser. Une manière de s’y rassurer, assurément. Comprendre apaisait l’appréhension de l’inconnu, le rendant moins obscur, plus distinguable. Presque pouvait-on y glisser des contours familiers, se préparer à sa venue... En fouillant, se documentant, comme elle lui avouait à présent, Alexis, devinait-il, poursuivait ce dessein. Le comprendre. Comprendre, aussi, davantage les fantasmes dont il l’avait entretenue. La visualisait, sans difficulté, tâchant de se préparer à leur éventuelle mise en pratique, un « jour prochain ». Assurément, considérait-elle à présent, compte-tenu des circonstances, qu’elle avait suivi là, une impulsion fort avisée. Et, Preminger interprétait aussi cette décision comme une volonté de l’appréhender, LUI, pour mieux plonger dans ses envies. Ce qui restait grandement flatteur. Alexis répéta son interrogation, et il perçut derrière l’attitude et ses manières, toute humilité avec laquelle en requérait ses mots et son avis, confirmant son interprétation. Elle voulait simplement intégrer, mettre des mots sur des attitudes, les rattacher à ce qu’il avait pu en dire, à ce qu’elle avait pu en lire, décrypter ses attentes, ses gestes. Rejetant un peu la tête en arrière, sa poitrine se calmant progressivement de la tension récemment accumulée, il articula donc, avec une délicatesse poudrée :
— « Tu t’es documentée, n’est-ce pas ? Ca ne m’étonne pas. Such a good thing. » Il ne courait aucun jugement dans sa voix, seule une énonciation d’un simple constat tiré de son attitude. Il ne comptait pas la juger, son impulsion n’était en rien mauvaise mais tirée d’une envie sincère de bien faire. Et de se protéger, aussi. Redéposant son menton sur le poing de sa main droite, il décréta doucement «Mais… Délaisse donc les livres, my sweet and clever librairian.. JE suis ton guide , après tout, n’est-ce pas un gage de qualité ?… Non pas que je répugne à l’érudition, loin de là. Tu es si propice à la découverte, tu prends cela si à coeur que je prends ceci comme une marque d’intérêt, une volonté de bien faire. Mais, pour autant, trésor…Délaisse-le, pour le moment. Pour ce moment. Je ne veux pas que tu théorises, je veux que tu te laisse porter. Et je dis cela, pour ton biiien. »
Sa voix s’était réduite à un simple filet, un murmure suave, raffiné. Pour autant, son murmure lascif ne faisait en rien l’apologie d’un mensonge voué à l’attirer dans l’abysse de ses charmes. Ni renforcer cruellement son ascendant en rejetant l’érudition qu’elle pourrait trouver à ce sujet dans un bouquin. Il le pensait réellement. Preminger ne comptait pas appliquer des théories, il créait. Quelque chose d’aussi fondamentalement puisé dans le Plaisir ne pouvait se résumer dans un manuel. Alexis le savait aussi. Mais l’inconnu mouvait chez autrui des recherches de sécurité qui n’assuraient, a contrario, pas nécessairement le bon déroulé des choses. A trop raisonner parfois, l’Individu perdait en sensation et s’ôtait même le plaisir. Il poursuivit, dans ce même timbre, envoûtant, son attention entière et dorée rivée sur la jeune femme, bien qu’au-delà de sa vision plantureuse et séduisante. Il ne cherchait à atteindre son corps et ses promesses, bien davantage son âme et le centre de son agitation.
— « Ne pense pas à ce que nous faisons, vis le. Relâaache cette angoisse. Calme ton ardeur, apaise tes tensions. Tu es tendue… » Dans un geste, sa jambe repliée l’autre avait fendu l’air gracieusement pour lui permettre de se lever.
Preminger s’était détendu alors, sur ses deux jambes, laissant le sang affluer jusqu’à celles-ci. La discussion apaisait l’épicentre de son désir, sans pour autant l’atténuer. Il se développait différemment, dans une attente patiente, contrôlée, qui se gorgeait de la maîtrise qu’il mettait à se mouvoir, à lui parler posément, à l’appréhender… Lentement, il esquissa un pas vers elle, se mouvant dans une démarche calculée, se sachant beau, désirable, écouté :
– « Tu es une telle forte tête ! » continua-t-il ainsi, s’autorisant dans un bref instant une moue attendrie, penchant la tête avant de continuer, les yeux plongés dans les siens, la voix hypnotique « Ton esprit répugne à me laisser pleinement la barre, mais tu sais au fond de toi que tu apprécies sooo much lorsque je le fais. » Sa langue darda le long de ses lèvres, humectant sa bouche, sensuellement, la forçant délicieusement à se remémorer ses propos, l’attisant par la même occasion par cette seule vision. Une lueur diabolique scintilla dans ses yeux alors qu’il poursuivait néanmoins, plus sérieusement « Ce n’est qu’une expérience, Alexis… Que tu peux, aimer. Ou détester. Te "soumettre" ainsi ne rompt pas l’estime que je te porte. Te soumettre reste TA décision. Je ne ferais rien que tu ne veuilles pas. Je te contrôle, selon tes limites. Tant que je ne les connais pas, je ne t’imposerai rien. »
Il s’arrêta. A quelques centimètres d’un éventuel contact possible de leurs chairs. S’il avançait la main, il pourrait effleurer, sentir sous ses doigts le grain caractéristique de la peau. Alexis le pouvait aussi… Théoriquement. Le lien ne la retenait pas, au point de l’empêcher d’esquisser ne serait-ce qu’un geste auprès de lui. Mais ses yeux le lui déniaient. Sa volonté s’effectuait au-delà de ce seul symbole… et sa présence si proche d’elle avait vocation à le lui remémorer. Tout en ne lui niant pas son pouvoir de décision. Il était une chose de disposer du plein pouvoir sur autrui, une autre d’en user à des fins non approuvées. La confiance qu’elle lui accordait le liait à elle. Bien évidement, Preminger était un individu égoïste, dicté par ses passions. Cependant, tout aussi autocentré qu’il pouvait être, il ne déniait pas le libre arbitre d’autrui encore moins celui de sa maîtresse. Il préférait de loin les convaincre de lui donner ce qu’il désirait. Avec Alexis, la démarche se trouvait encore plus évidente. Il considérait la jeune femme. Outre le fait que ses envies ne pourraient que susciter de l’enthousiasme auprès d’elle puisqu’elle vibrait souvent au diapason de lui en ce qui concernait notamment le plaisir charnel, il ne désirait forcer quiconque encore moins elle. A quoi bon ? Si elle ne le percevait pas ainsi, il percevait ainsi son attitude s’il l’avait menacée dans un tel moment. Une dangereuse incitation, où le danger n’aurait rien eu de particulièrement plaisant, ni pour elle, ni pour lui.
- « C’est aussi, la raison pour laquelle, je n’ai mis aucune réelle menace dans ce dernier moment. Le plaisir était purement coupable, la situation...particulière… Tu aurais pu ne pas vouloir poursuivre, jamais je ne t’y aurais forcée ou menacée d’une punition telle que tu l’entends. » précisa-t-il sincèrement.
Il se rapprocha d’un pas, inspirant plus fortement pour gonfler sa cage thoracique presque à même la peau et le tissu qui ornaient la poitrine de sa maîtresse. Preminger n’était pas grand. Pour un homme, il rejoignait même la catégorie la plus basse. Alexis en revanche l’étant davantage, même juchée sur des talons, elle levait encore un peu le visage vers Lui. Se perdant dans son ombre, dans l’illusion de sa Lumière. Il était éblouissant, dans son attrait projeté. Fascinant était le mot. Abaissant un peu le visage vers le sien, il prit son temps, laissant ses pommettes saillir sous son sourire sirupeux, articula doucement chaque mot :
— « Aussi n’y-a-t-il jamais eu que de charmantes et alléchantes menaces pour pimenter et stimuler le moment. T’inciter et t’exciter par des mots puis des gestes. Il n’a jamais été question de perdre mon contrôle, juste te faire perdre le tien. Je me maîtrise parfaitement, quand bien même je longe parfois et franchis quelques limites. Ce sont les miennes » son sourire s’étira, long, sardonique tandis qu’une de ses mains se plaçait adroitement contre le flanc de la jeune femme « Je suis miséricordieux, je voulais que tu puisses, dans mon plaisant dédale de débauche, y trouver ton moment...et t’y perdre, délicieusement. Quel scandaleuse posture» Le pli de ses paupières narquoises n’atténuait pas la force de son regard, comme deux écus d’or ses yeux brillaient « Une... pointe de plaisir subit et dans un moment incongru d’une intense crispation et de tension… Ton instant de rupture, la brisure nette et splendide sur la vitre. N’as-tu pas…apprécié cette sensation ? Ce risque lorsque ma main ne faisait qu’effleurer ? » Sa main, à nouveau était venue flatter ses courbures, lentement, englobant dans un effleurement sa cambrure rebondie « Tourne-toi... »
Sa main l’y avait incitée et il se colla à elle, sa bouche lui chuchota à l’oreille
– « Redouter, craindre ajoutait du piment, te tendait. Cela t’a préparé d’une si merveilleuse manière, Crois-moi, en matière de torsion, je suis un expert… Tu appréhendais, puis relâchais le risque que ma main pourtant symbolisait… » Cette même main qui continuait à flatter, palpant presque sa main… S’arrêta subitement « Tu as craint autant que tu as désiré... t'es concentrée sur la sensation que t'apportait cette caresse et le risque qu'elle symbolisait... Et soudainement… » Il la retira tout à fait, la laissa a moindre distance, de sorte qu’elle puisse appréhender son éloignement, se questionner à son geste futur... « Rappelle-toi, sa soudaineté, la vibrance, la manière dont la surprise a fait place à une douleur ô combien différente, sournoise... Et combien cette sensation t’a prise.. à la volée… »
Il se tut à son tour. Laissa un instant s’écouler la laissant dans le silence lancinant de l’Attente. L’expectative. L’envie sûrement. Puis reprit :
– « Cessons cela pour l’instaaant, veux-tu.. ? »
Sa main était venue s’adoucir sur le haut de son dos, caressant son échine et la pointe de son cou, alors qu’il poursuivait, faussement indifféremment, un rictus narquois brillant sur son visage saisit de la frustration qu’il venait de créer. Pour le mieux. La discussion initiée possédait une importance qu’il ne voulait pas nier. Sa main traître, se déplia de son cou, :
– « Lorsqu’il s’agira d’un vrai ordre, tu le sentiras. » décréta-t-il avec sérieux « Lorsqu’une punition à la clef, il y aura, tu le sauras. Et tu l’accepteras d’avance. Mais pas pour le moment. Tu es en...apprentissage…» il avait fait fait traîner le mot, lui donnant une saveur particulière, bien plus appréciable « Nous en reparlerons plus tard, à moins que tu ne réclames déjà que je teste et réprimande ton obéissance ? » Son rictus s’était renforcé, ironique, alléché, sans pour autant se charger de pure moquerie, avant de poursuivre d’un ton plus solennel : « Aussi, non, je n’ai pas perdu le contrôle. Et je ne compte pas le perdre, mon trésor… En revanche, il m’était important de savoir si tout allait bien.»
Sa main remonta le long de son échine, entortillant ses cheveux le long de sa main, ramenant par la même occasion sa tête vers lui. Sans force ni agressivité. Déposant sa joue contre la sienne, effleurant sa peau, infusant son parfum sur elle par la même occasion. La première fois où la peau de leurs visages se rencontraient enfin. Une douce intervention qu’il lui accordait par simple plaisir et dans le but également de l’inciter…
– « Nous poursuivons, trésooor ? »
Cela serait tout. Pas de baiser, encore. Rien d’autre que cet avant-goût, qui, en ce qui le concernait, suffisait. Au bien évidemment, il se ravissait à l’idée de le faire...plus tard. Une attente à ses propres instincts, une manière d’envisager différemment ce qu’ils bâtissaient charnellement ensemble, dans leurs pratiques habituelles. Le baiser se mériterait. Il tenait à le soustraire pour le moment de l’expérience pour l’attiser davantage, l’aider à se précipiter dans les sensations neuves qui se créaient à son expérience. Pour autant, il n’apprécierait pas l’acte si ce dernier n’était pas partagé. Pour un être aussi égoïste qu’il se savait lui-même, cela aurait pu être surprenant. Cela ne l’était guère. Son plaisir se tirait aussi de celui qu’elle ressentait, par lui, pour lui. Et elle possédait aisément la qualité de le faire sentir la puissance de ses charmes sans pour autant nier sa personnalité. Elle suivait avec la sienne, tout simplement. De part la proximité de leur peau, elle lui avait jeté un regard en biais, cherchant à capter la direction de son regard, la trouva. Lui y lu la reddition, non par démotivation ni crainte, mais par l’acceptation de ses paroles. Elle tentait de lui faire confiance. Relâchait sa pression, redevenait maîtresse de son corps, abandonnant ses interrogations à plus tard. Se faisant, il dériva sa bouche la laissant emprunter le chemin de sa joue, promenant ses lèvres sur sa peau veloutée, sans pour autant la dispenser d’une franche embrassade. C’était un premier pas habile, une manière de ré-initier le jeu, avec une dose de tendresse supplémentaire à laquelle elle se trouvait davantage habituée, afin qu’elle puisse, néanmoins, se sentir en terrain connu. Protégée. Elle ne devait pas croître par la peur mais par l’excitation de l’Interdit. Le désir fourmillait par la soumission volontaire, la sensation et le goût de se sentir dominée, maîtrisée et non pas un quelconque climat d’angoisse et de malaise. Pour qu’elle ressente le plaisir, il devait lui faire prendre conscience qu’elle faisait plus qu’apprécier lâcher-prise à son profit mais qu’elle y trouvait une ivresse révélatrice. Il recula, saisissant des deux mains le haut de ses épaules. Il ne s’y incrusta pas, goûta néanmoins de la fraîcheur de sa peau, avant de l’inciter à pivoter vers lui, dans un mouvement preste. Bientôt, il put de nouveau, lui faire pleinement face. Comprendre ce qui se mêlait en elle. Ce qui la liait malgré tout à l’exercice. La curiosité et l’envie, malgré tout…
– « J’hésiiitee… Comment employer à présent tes ravissants charmes à leur plein potentel ? Ciel, quel choix cornélien… Oh, je sais… ! » sa bouche s’était arrondie, alors que ses yeux s’illuminaient « Jouons-le à Pile ou Face, trésor »
La mine mystérieuse et sans soustraire son regard des yeux de la jeune femme, il plongea sa main avait plongé dans la poche intérieure de son veston… En ressortit un porte-monnaie de cuir, qu’il s’empressa d’ouvrir, dans une exclamation amusée, récupérant promptement une pièce brillante et luisante qu’il pris le soin d’admirer, entre le pouce et l’index. Moins brillante que l’or, mais somptueuse. L’argent était fascinant… Il l’avança, de manière à ce qu’Alexis puisse la distinguer, la maintenant à hauteur de visage, dans une pose étudiée :
- « Spleeendide… » ronronna-t-il. Avançant la pièce, il la déposant au bord du cou de la jeune femme, la laissant glisser à la lisière de son décolleté, livrant sa peau brûlante au contact mordant du métal froid. Il observa, machiavéliquement sa peau réagir d'un frisson, se mordant les lèvres « Pile, je serais dans ton dos, Face, nous nous ferons face. Limpide, n’est-ce pas ?»
Non sans un ricanement, il cessa son manège puis lança adroitement de son ongle la pièce, suivant des yeux son ascension lumineuse. Un exercice aisé pour lui. Ouvrit la paume lorsqu’elle amorça sa descente pour mieux la récupérer et la plaquer contre le dos de son autre main. Dans une mine avide, il découvrit le résultat.
– « Piiile »… Je n’aurais pas mieux choisi...» commenta-t-il dans un ton amusé.
Avait-il trafiqué le jeu ? Elle ne le saurait pas avec certitude, mais elle savait qu’il en avait la capacité. Ou du moins, s’en doutait-elle… D’un geste, il récupéra la piécette, puis s’abaissa un peu, faisant attention à ne pas la quitter des yeux, pour défaire le nœud qu’il avait enserré sur la poignée du bureau… Remonta, alors le ruban jusqu’à ses mains, sans en ôter le lien.
— « Voilà qui t’offre suffisamment d’aisance pour la suite, ma très chère… Puisque avant toute coquine connivence, je vais te demander bien autre chose… »
Rangeant la pièce de monnaie dans le creux de sa poche, il en avait profité pour en extraire un petit paquet, lui tendant dans un sourire de connivence, altier.
– « J’ai décidé d’être paresseux, aujourd'hui… Du moins, pour les choses désuètes. Et sais comme j’aime que l’on prenne soin de moi… « Comme je le mérite ». Aussi, je te laisse me l’enfiler. Avec toute la précaution gracieuse dont tu sais faire preuve... ».
Il lui ouvrit la paume, lui glissant l’emballage dans la sienne, tel un présent mystérieux, ayant néanmoins pris la peine de l’ouvrir avec précaution préalablement, la gratifiant d’un sourire incitatif et serein. Pour autant, s’il parvenait à donner le change avec une aisance naturelle tirée de ses ordinaires manipulations, la situation l’arrangeait grandement. Pour ainsi dire, la dernière fois qu’il avait usé de préservatifs remontait à...de faux souvenirs dans son passé trafiqué à Storybrooke. Son époque d’origine n’était guère très au fait de ce genre de méthodes et les contraceptifs d’époque étaient loin de ceux d’aujourd’hui… Ces derniers il savait les manier… Ceux de cette étrange époque en revanche… Aussi avait-il été fort désappointé des désagréments d’allaitement qui poussaient Alexis a ne pouvoir reprendre la pilule, nécessitant l’usage de ces derniers. Bien évidemment, Midas avait tenu à l’aider, lui fournissant le matériel et le monde d’emploi avec, potentiellement, un peu trop d’entrain et de propositions à la démonstration...si bien qu’il avait coupé le dialogue s’indignant de l’indécence d’une telle discussion et d’une telle débaaaauche. Comme il s’agissait de son si précieux chien, Midas n’avait, certes, pas été dupe mais avait eu l’élégance et connaissance pour se retenir de toute réflexion. A présent, quand même, il le dissimulait parfaitement devant sa maîtresse, Erwin s’outrageait contre le déluge du commerce qui prospérait autour… Des parfums, des goûts… Pitoyaaable. « N’était-ce pas par trop extravagaant ? Avait-il tancé à l’encontre de son caniche. Ce qui ne l’avait pas empêché de récupérer le « king size » que Midas avait sélectionné. « Parfait pour LUI ». Oui. Il était Roi, tout de même. Il recula, laissant Alexis entreprendre son œuvre, lentement, fixant le lointain, guettant les bruits et les pas…Le bureau restait particulièrement calme et de manière stratégique...isolé. Il n’avait pas choisi cet emplacement pour ce genre de desseins, mais avait tenu non seulement à son « éventuelle » tranquillité tout comme la posture qu’un emplacement reculé annonçait de son occupant. Se détachant de cette occupation, il observa Alexis, se félicitant que le nœud occasionné qui liait ses poignets n’empêchait pour autant pas l’entièreté de ses mouvements. Peut-être conviendrait-il d’ailleurs de les resserrer à l’avenir ? Il contracta néanmoins la mâchoire lorsqu’elle entreprit de faire glisser l’étrange matière… Espérons que celui-ci ne soit pas trop étroit… Mais...non. Pas réellement. C’était étrange. Quelque peu resserré sans être...inconfortable. Ou du moins, il pouvait faire avec... Au moins, le nom tenait ses promesses. La prochaine fois, s’ils « pratiquaient » la chose de manière bien plus...simple que l’exercice auquel ils se livraient à présent, il devrait forcément admettre auprès de sa maîtresse son ignorance quant à la mise en place de ces choses… Mais pas aujourd'hui. Quoiqu’il disposait du pouvoir de le lui cacher. Sentait-on sa découverte ? Ciel ! Loin de là ! Au contraire, il lui souriait avec une tranquillité factice lorsqu’elle termina son « œuvre », gommant, par façade, toutes les incertitudes qui lui traversaient l’esprit une fois « la chose » placée. N’était-ce pas...trop frêle ? Trop serré ? Cela ne risquait-il pas de se rompre au moindre mouvement ? Cela semblait si fin… Sûrement pour faciliter l’’appréciation des sensations...mais…tout de même. Et si ? Il ne fallait pas prendre le risque d’engendrer à nouveau… De son temps, aussi disgracieux que cela pouvait être au moins, il semblait que la protection servait à quelque chose… Mais Midas s’en servait régulièrement et n’avait aucun bâtard à déclarer de ses nombreuses coucheries..ce qui...n’était pas son cas. Aussi, exceptionnellement, se rangeait-il à la confiance dans son chien. Il haussa les épaules paresseusement, comme habitué.
— « Merci mon trésor… Consacrons nous à ton cas, maintenant »
Lui prenant la main, dissimulant à merveille son léger malaise, il la conduisit à contourner le bureau d’acajou, la plaçant à l’exact contraire de sa position précédente.
– « Ici ! Voilà qui est parfaaaitement symétrique… Perfect ! » il claqua la langue, appréciateur puis intima caressant « Maintenant, mio tresoro… Place-toi donc, dos à moi. »
Reculant, il la laissa pivoter, le ventre accolé au bois. Sa main droite se posa, légère, gracieuse, sur sa colonne, remonta le long de ses omoplates, escaladant son dos souple jusqu’à joindre le haut de son cou. Chaque remontée s’accompagnait d’une impulsion. Légère douce. Une incitation, en rien, une brusquerie.. Qui l’enjoignait à se ployer.
— « Penche-toi… Encore, parfait. »
L’espace d’un instant, il s’était placé pleinement derrière elle, bien davantage qu’à leur petit jeu précédent, accompagnant son mouvement vers l’avant, visionnant avec délice par anticipation ce que cela donnerait bientôt. Il aurait presque pu lancer les hostilités dès à présent… Mais bien que liée, elle n’en demeurait pas moins libre de ses mouvements et il désirait la savoir pleinement ligotée à ses désirs. Reculant alors d’un pas guilleret, il en profita pour laisser sa main courir le long de l’épaule d’Alexis jusqu’à la ligne de soie du ruban qui limitait ses mouvements, pour mieux s’en saisir.
— « Maintenant, trésor, laisse les liens assurer ta position… »
Le ruban dans la main, il fit à nouveau le tour du bureau, un sentiment d’allégresse lascive courant dans l’entièreté de ses veines. Ainsi faisant, n’allait-il pas faire prendre forme à des envies retenues jusqu’alors ? Plus qu’une simple mise-en-bouche, il la fixerai à ses fantasmes avec une puissance inédite. Il se pencha, attira le ruban d’un bref mouvement vers l’avant, les yeux luisants, l’incitant fortement à s’abaisser, alors que sa voix précisait :
– « Tends davantage les bras, Enora. J’ai besoin de suffisamment de mou pour attacher le tout, sinon ma très chère, tu seras bien plus pressée... Excellent. Vois-tu, cette position, pour le moins...farouchement émoustillante, reste, à mon huuumble avis, celle qui sera la plus commode pour toi, pratiquement parlant. Pour débuter… Tu pourras toujours prendre appui sur tes coudes, pour plus de confort... » il s’arrêta un bref instant, jaugeant son œuvre avec une critique concentrée, avant d’opiner la tête « oui tu pourras.»
Il ne tenait pas à ce qu’elle souffre considérablement de l’expérience, la douleur ne devait venir que de lui et il n’était pas question de lui en infliger. Il prenait bien davantage grâce et excitation dans la domination que dans la souffrance. La manipulation se révélait mille fois plus agréable d’une douleur physique infligée, elle nécessitait davantage de finesse, bien plus de cruauté presque. Quoiqu’il ne s’agissait pas ici d’humilier d’aucune façon son cher trésor. Alexis était une personne de qualité, une des rares sur cette Terre qui possédait une valeur intrisèque. Aussi méritait-elle l’initiation à ses vices, afin qu’elle puisse y trouver son propre transport, taillé pour elle et...complémentaire au sien. Il recula d’un pas gracieux, jaugeant son astucieuse préparation, Alexis à présent penchée par dessus la table, les coudes adossées à celle-ci. Ployée, elle se trouvait cambrée par la force des choses, dans une révérence forcée s’il poussait la métaphore au plus loin...et bien évidement, il le fit. Comment refuser ? Elle l’observait encore et il lui rendit la pareille, laissant la force brûlante de ses yeux indécents se promener sur son œuvre. S’émoustillant à cette vision qui l’attendait, préparée… Il prit néanmoins, le Temps d’en jouir visuellement, ses yeux obscènes caressant effrontément les courbes galbées par les liens, la manière dont la dentelle enserrait sa poitrine rebondie appuyée sur la table. L’excitation gonflait sa taille, l’appui sur le bois l’exacerbait son décolleté voluptueux presque prêt à jaillir du carcan de dentelle où il se trouvait savamment enveloppé… Mais pas encore. Rasséréné par les promesses visuelles, il se déplaça enfin pour revenir, prestement, se placer dans son dos. Il avait veillé à ce que sa démarche s’affine, dans l’indécelable. Aussi, la présence de ses longues mains nichées le long de ses hanches arracha un frisson à la jeune femme, entre la surprise et l’apprécié. Rien qu’un frôlement et l’empreinte brûlante et suave de ses mains sur sa peau nue. Rien que cela, mais déjà tant… Un rattachement à lui, un fourmillement qui bientôt la conduirait à sa plus haute marche. Un toucher, la texture d’une peau, sa dextérité, sa chaleur. Ce pouvait être tant de choses… Et l’une des celles qu’elle obtiendrait de lui à l’occasion. Cela et sa voix. Le toucher et l’ouïe, puisque par sa Décision, elle se trouvait à présent privée de la vision. Bien évidement, cette privation n’était que partielle, puisque aucun bandeau ne venait tenir de son opacité le bleu de ses iris. Mais la soustraction de sa douloureuse beauté à sa vue se révélait être un calvaire...encore plus dans la durée du moment. Elle le sentirait par ses mots et son toucher, ne pourrait que le rêver à travers le plaisir et la manière dont il se matérialiserait à elle, sauf à se contorsionner un peu pour tourner la tête vers lui. En attendant, il descendit sa main jusqu’au haut de sa dentelle, examinant avec attention la charmante armature concoctée par sa maîtresse. Il espérait grandement que l’ôter ne signifiait pas nécessairement faire le deuil de cet attirail violet et émoustillant… Glissant sur le haut de ses fesses, il passa finalement la main sur le haut de ce qui constituait sa culotte, observant et soupirant d’aise lorsqu’il constata qu’elle avait été glissée par dessus la jarretelle.
– « Tu me simplifies la tâche, ma prévoyante galante... » commenta-t-il dans un pouffement narquois, creusant sa joue.
Il glissa sa seconde main vers l’avant même, la sentant ondoyer sous sa paume brûlante se déposant sur son ventre. Ses doigts longs, fins, adroits, s’enroulèrent autour de la fine lingerie, entreprenant le faire glisser le tissu protecteur. Sans hâte. A quoi bon ? Il maîtrisait le Temps… Et tout ce qui la frustrait, la faisant croître d’anticipation, augmentant son pouvoir… Il la sentait se raidir, dans l’envie presque de se relever pour se coller à lui, pour mieux s’enivrer de son odeur et de son contact. Se couler contre sa peau. Las, elle ne le pouvait…
– « Tss… Ma douce… Laisse-moi donc te délivrer de tes entraves. »
Mais il raillait. Ne parlait que de l’infime tissu violet qu’il ôtait. Et qui constituait tant une barrière insoutenable entre son désir et lui qu’une derrière muraille, bien que fine, entre sa résistance et le plein pouvoir. Il la contrôlait physiquement, mais ne la possédait pas encore pleinement en pleine force par son plaisir. Lorsqu’il insinuerait cette transe en elle, là, elle tomberait sous son plein pouvoir… Son appétence à y plonger n’était pas étrangère à ce savoir, si bien qu’il fit glisser le tissu aisément. La culotte tomba un peu plus bas et il laissa ses mains, pleines et entières la guider au-delà de ses jambes galbées. Ses mains l’incitaient à ondoyer du bassin pour mieux en permettre la chute, profitant de l’occasion pour s’avancer contre elle, laissant sa propre chair lui signifier la largesse des bienfaits qui l’attendaient, ardemment. Sensation suffisamment éloquente, alors que ses paumes remontaient du haut de ses cuisses, pour lui arracher un son étouffé d’anticipation dense. Il se tendit à son tour, se gorgeant de son effet.
– « A vrai dire, te voici quelque peu acculée...mon trésor » soupira-t-il en ajoutant à sa déclaration un mouvement de corps qui la plaqua davantage contre le mur de bois.
Cernée de sa chair et de bois. Elle ne pouvait s’enfuir, hormis en utilisant la force ou en l’en priant. Mais tant qu’elle continuait d’apprécier se livrer à ce jeu, elle se livrait entièrement à son contrôle… Et puisqu’il possédait les clefs de cette scène…. Il prit un bref instant de hauteur à jauger l’esthétique de sa position, d’un œil brûlant d’exigence. Si bien, qu’ignorant l’antre vif et brûlant que renfermaient les jambes de sa maîtresse, il replaça « sagemment » ses mains le long de la chute de ses reins, admirant sa courbure et son dos. Le violet paraît sa peau pâle avec une joliesse parfaitement exécutée. Pesant ses paumes contre sa chair, il murmura :
- « Ploie ma mie... Cambre toi...»
L’une des mains du ministre s’était infiltrée sur son ventre, perverse, lui impulsant l’envie de l’exact contraire sûrement... Pourtant, elle devait corriger sa posture. Il la voulait davantage courbée. Cela renforcerait la cambrure de ses charmes…et lui permettrait une vision pleine sur les liens qui l’attiraient en avant, ployée. Il se pencha à son tour. Accompagnant son mouvement pour mieux lui permettre de l’exécuter, le buste contre son dos nu, son entrejambe se pressant entre ses cuisses. Elle l’avait senti, entreouvrant les jambes davantage pou mieux accompagner son mouvement. Pour autant, Preminger ne lui avait pas accordé entière satisfaction. Frôler possédait un avantage de frustration bien plus savoureux qu’une simple plongée dans la concrétisation charnelle de leurs appétits. A l’inverse, là, il se trouvait partout, penché sur elle comme culminant perfide à son point le plus sensible, affûtant ses sens à chaque passage langoureux, se goinfrant des sensations de plus en plus éparses et transies qu’il faisait gémir en elle. Sans la voir pleinement, il ressentait son émoi fiévreux tressaillir, s’emparer de sa respiration, tandis que la SIMULATION s’intensifiait. N’était-ce pas cela à présent ? Une vibrante répétition qui bien plus que la titiller, déclenchait déjà les délices scandaleux de ces sensations d’enivrement charnel. Là où l’esprit se floutait, progressivement pour se dissoudre dans l’étourdissement cuisant, où chaque glissement caressant attisait l’irradiante douleur, là où les pommettes rosissaient sous la chaleur montante des sens crépitants, là où les mots s’étiolaient à même les lèvres dans une mélodie geinte plus que proférée. Les soupirs se prolongeaient, se faisaient langueur et les corps eux-même prenaient une cadence nouvelle, mués par le goût, l’envie de sentir, saisir encore la volupté décadente qui se créait sous les caressants vas-et-viens de son bas-ventre. Elle même se cambrait davantage, encouragée par ses gestes, pour mieux l’accompagner au creux de ses cuisses, prolonger la sensation qui les éveillait tous deux à un monde gorgé d’un miel plus corrompu qu’alors. Si pourtant, la châleur montait, alourdissait l’air aux alentours, il ne faisait pourtant que la caresser. L’effleurer pleinement de son entier désir, glissé insolemment à la frontière même de l’intime embrasé qui n’attendait, que son entrée. Ses frottements sur sa peau fine et moite l’agitaient de spasmes. Alors, de la bouche de la jeune femme, les inspiration s’étouffaient, rauques, dans un long murmure à son apologie et il s’y enivrait aussi, laissant la tiédeur du moment le gagner. Sa main courait, remontait sur sa poitrine renflée et la dentelle qui l’enserrait, retenant l’envie de la palper nue. Préférant se déposer là où se répercutaient, désordonnés, les battements de son coeur. Saisir, posséder.
– « Comment demeurer insensible à vos douces plaintes, mon cher trésor ? Impatiente vous êtes et ô combien luxuriante cela vous rend ! Mais… Bientôt...»
Il bougea le bassin, encore, serpentant encore pour mieux amadouer pernicieusement le coeur renflé de son désir, lui arrachant un spasme incontrôlé. Presque prête… Il la sentait. La sentait avec une telle puissance orgueilleuse ! Ciel ! Ce qu’il provoquait, la force de ses tourments cuisants, le délire somptueux qu’il créait, incitait par son seul toucher…en surface, sans même encore s’engoncer dans sa félicité. Bientôt… Il se tenait au bord de l’abysse, sentant son corps même s’apprêter au saut. Le sentait-elle ?
– « Tu as été patiente…. Si patiente. Bientôt, je viendrais. Pour se lier à ton désir, le mien l’en pénétrera… Si bien que sitôt que tu m’en auras prié, je te sonderai jusqu’à la lie. » susurra-t-il au creux de son oreille dans un ronronnement cruel.
Lui-même découvrait les sensations qui lui étaient atténuées du fait de sa « protection », se satisfaisant néanmoins que l’attirail en gomme moins qu’il n’en craignait. Preminger en aurait été fort désappointé et particulièrement irrité, le cas contraire. Là, cela demeurait, délicieusement acceptable, encourageant le vice…
– « Fort de votre profond ébranlement, ma douce amie, j’éprouverai chaque parcelle… »
Puisque cette Terre est mienne. Il ne le verbalisa pas, mais en ressentait la certitude victorieuse et exultante grandir, alors que corrélativement à sa promesse, une fois prié, il fondait en elle, déchirant la barrière du prélude, lui arrachant un cri de presque délivrance. C’était ce que cela était à ses yeux pour elle, selon lui : une délivrance de l’abstinence languissante qu’il avait fait croître dans la frustration pour mieux s’accorder les pleins pouvoirs tirés du plaisir affranchi qu’il lui offrait. A présent, elle se trouvait libre de s’abandonner à l’envie fiévreuse, aux sursauts délicieux et torrides que son corps ressentait à chaque fois qu’Il la maniait, si finement. Libre de plonger dans la volupté ardente qui culminait de ses âpres et dépravants vas-et-viens. Libre au délire suave de sa maîtrise. Libre. Et liée. Libre dans l’ardeur… Mais totalement liée à Lui. S’en rendait-elle compte ? A quel point, la sensation de liberté pouvait à la fois être réelle et fausse à la fois ? Chaque individu restait libre de ses choix...tout en ne pouvant parfois que leur donner une portée limitée. La jonction se révélait parfois indécelable. Et, c’était un choix astucieux qu’il avait emprunté en attisant son attente. Seule sa posture aggravait son pouvoir, mais toute dévouée à ses polissonnes entremises, elle l’avait oublié dans les premières et fougueuses embardées de plaisir, pour ne céder qu’à ses sensations, lui permettant de mieux appréhender l’exercice… Et à présent, il se frayait un chemin brûlant en elle, davantage que jusqu’alors.. Il maîtrisait la danse. La ployait contre le bureau, d’une main impérieuse, se redressant pour mieux avaler une gorgée d’air âpre, teinté d’impureté. Une conduite des sens qui l’enivrait, tant et si bien qu’elle se tordait davantage sous le feu de ses reins, tâchant de suivre, inciter sa cadence, sa chevauchée impromptue et torride. Parfois Preminger l’en empêchait. D’un simple claquement de langue impérieux, il stoppait toute initiative. Parfois il accentuait celle-ci, encourageant son initiative dans un soupir appréciateur. C’était délicieux. Tel un Maître d’orchestre vivant sa partition, il s’étourdissait aussi de sa vision plus que dominée, les paumes plaquées contre le bois devant elle, la nuque qu’elle tendait parfois, pour saisir ne serait-ce qu’une parcelle parfaite de son splendide visage, ses plaintes lourdes qui se mêlaient à ses frémissements intimes. Son visage s’était abaissé un peu, pour mieux croiser le sien, déguster son délire, jauger sa souffrance et son aise.
– « Tout semble aller plus que pour le mieux, mon trésor… » souffla-t-il au creux de son oreille. « Aussi inconfortable, aussi...vexant que cela peut être perçu. Il n’empêche…que cela dispose d’une saveur profondément excitante, n’est-ce pas ? » Ce qui restait une réelle question quand bien même il se doutait de la réponse « d’être à ma merci... »
Oh, il devait l’avouer,...oh ! il aimait ce qu’il faisait. Tirait un plaisir tout neuf, qui gommait la frustration de la matière fine qui couvrait ses pleines et dévorantes sensations vives, de cette manière de la posséder. Il était ô combien, satiiisfaisant que de avoir ainsi, pour son orgueil vorace. Ainsi, se ressentait-il Maître du Monde… Il créait le plaisir, retirait, offrait, dosait sa cadence. Et comme se devait être, dans son regard, fabuleusement excitant pour elle… que le sentir si pleinement. Sur elle. En elle. Comme dominée, possédée de sa merveilleuse prestance. D’y être soumise, pleinement de vivre cette soumission sans honte ni rébellion, s’y livrer au contraire nue, espiègle et vierge de faux semblants. De se donner à lui, de se remettre à son bon vouloir. Vivre et déguster son plaisir, menottée nue -ou presque- à son désir. Ployer sous son joug suave, haletante de délicieuses torpeurs … rêvant d’encore… et vivre cet encore. Il ne pouvait le désirer pour Lui – il abhorrait toute domination à son encontre- mais se savoir l’administrer, inoculer pleinement en elle sensation sur sensation, le plongeait en dévotion mégalomane et vaniteuse. Délice vénéneux… Il s’enivrait de son pouvoir, de la vision qu’elle lui offrait d’elle et de lui à travers ses yeux yeux voilés et la manière dont elle se mordait la bouche lorsqu’il venait encore et encore, sans lassitude, avec exaltation prendre possession de ses charmes offerts. Il ressentait son propre pouvoir de par ses actes et elle les lui chantait, à sa manière par la transe qu’il attisait, alors qu’il coulait ses mains sur les siennes, superposant ses paumes sur celles, blanchies par l’impulsion de la jeune femme. Preminger songea qu’il haïssait les faibles. On peut pu croire que voir sa maîtresse si menottée à ses envies la lui rendrait méprisable. Ce n’était pourtant pas ce qu’il se produisait. La voir ainsi ne la rendait pas misérable. La dominer ainsi de lui faisait perdre aucun éclat, Preminger considérait déjà sa domination sur autrui comme une situation acquise et permanente. La sentir s’y procurer tant de plaisir ne la dépréciait pas. Au contraire. Cela ne changeait rien à ce qu’elle était au dehors. Il n’y avait aucune honte à s’incliner devant lui, tant que ses genoux la portaient encore fièrement devant autrui.Cela lui rappelait, seulement, à quel point, IL possédait la force de la plier. Non contre sa volonté, mais parce qu’elle le désirait. Elle, sa fière tempête. Et qu’Elle puisse désirer si ardemment pareille chose scellait sa victoire. Le spectre formidable de son orgueil amplifiait les sensations, dangereusement. Il se savait pourvoir s’y couler aisément, à chaque exploration nouvelle, à chaque ferveur brute dispensée, à chaque gorgée de luxure qu’il incendiait en elle et en lui. Voulait, désirait plus. Tout ce qu’il pouvait obtenir. Prolonger leurs étreintes étourdies et l’incandescence qui découlait de leurs corps à corps. Il voulait s’enivrer à cette sensation, gorgée après gorgée, qu’il faisait naître, Lui, l’Instigateur de Tout. Si bien que tout lui sembla subitement trop simple. Insuffisant. Insatisfaisant. Il pouvait jouir de plus. Aussi décadente qu’était la position, l’Heure était venue de la corser davantage… Un pas de plus dans le jeu, une poussée de plus dans le vice…
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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Il me demandait de le laisser faire. Il me le proposer autrement mais c’était pourtant bien là le but de ses propos. Arrêter de réfléchir, de théoriser. Me documenter oui, mais pas tout de suite, plus tard sans doute, ne pas tout ramener aux livres, pas en cet instant. Il avait sans doute raison. De tout ce que j’avais pu lire, ce qui m’avait le plus ébranlé, c’était l’importance de la confiance dans cet instant. C’était un exercice extrêmement difficile pour moi. Bien sûr, je pouvais faire confiance, mais jamais sans raison. J’avais ce besoin d’évaluer la capacité de l’autre à prendre la barre, que sa maîtrise était suffisamment élevée pour que je puisse m’abandonner au lâcher prise. Pourtant, si Erwin semblait fortement plus instruit en la matière que je ne l’étais, je ne parvenais pas à le voir comme seul maître à bord. Peut-être à cause de ma forte tête, comme il elle disait, aussi par mon manque de connaissance. Puisque j’ignorais, je ne savais pas évaluer. Et ne pas savoir évaluer, cela revenait à me laisser convaincre par ses mots et son attitude. Et des mots et des attitudes, le maire Dorian en était plein. Il avait ce charisme politicien qui lui venait sans doute de son ancienne vie, de ses années de pratique. Il avait ce parler posé qu’il avait sans aucun doute accentué avec le métier que lui avait donné la malédiction. Il avait su me convaincre de succomber à ses charmes et convaincre toute une ville qu’il était la meilleure option pour celle-ci, même si, honteusement, il m’arrivait parfois d’en douter.
Parce que plus que me charmer, Erwin me laissait entrevoir ce qu’il était. De façon contenue, il me le semblait par moment, mais tout de même assez fortement. Il brillait dans la lueur de ses yeux une férocité de vivre et de vaincre qui aurait pu brûler n’importe qui sur sa route. Il y avait dans sa voix une rage et une violence palpable quand il était en colère. Ces lèvres pourtant si belles avaient se tordent à loisir d’un rictus malsain et sadique, presque dérangeant. Sa langue savait apaiser autant qu’elle mentait. Et s’il ne faisait que de m’embrumer ? Était il vraiment connaisseur des pratiques ou se lançait il dans un jeu qu’il semblait connaître sans en frôler ne serait-ce que du bout des doigts les règles. Me laisser aller. C’était si dur quand je savais que plus que de lui faire confiance, c’était mon bien être et parfois ma vie que je mettais dans ses mains. Il était tout de même question d’obstruction, mes poignets en témoignaient. Aucun moyen de fuir, rester à sa merci pleinement et mise et à nue. Je n’étais pas certaine que ce fût quelque chose que j’étais en mesure de lui offrir. J’ignorais encore s’il le méritait et il m’arrivait même parfois d’en douter. Et pourtant, Erwin avait avancé une idée qui était loin d’être égoïste : c’était aussi pour mon bien.
J’adorais pourtant prendre le contrôle des choses, savoir les faire pleinement avec ma fougue et mes envies. Prendre le contrôle et démontrer mon savoir-faire. Voir le feu qui brûlait dans les yeux de mon partenaire tandis que je me mouvais au rythme que JE décidais. Mais je devais avouer qu’à son contact, j’avais découvert un autre type de “bien”. Un bien être qui m’était parfaitement inconnu et que j’avais toujours observé de loin, anxieusement et avec une certaine once de dégoût. L’idée de ne rien pouvoir contrôler, à la merci d’un type qui ne pensait qu’à faire du feu avec mon entrejambe, merci bien, je n’avais pas ce temps à perdre. Erwin était différent de tout cela. Si j’observais dans mon passé, bien que la différence d’âge m’eût toujours semblé d’une certaine façon être quelque chose d’abstrait quand l’attirance était réelle, je devais bien avouer que toutes mes relations intimes avaient frôlé plus ou moins mon âge. Parfois plus jeunes, parfois plus âgés mais de seulement une poignée d’années. J’avais surtout enchaîné les conquêtes à la fin de mon adolescence, au début de ma vie de jeune adulte, ce qui ne laissait que très peu de place à l’expérience. Aussi avais-je appris que le sexe était un échange purement égoïste, défiguré par l’observation de la pornographie. Chacun concourait pour son propre plaisir ou son propre besoin. Moi je me débattais pour prendre le dessus car je savais ce qui me faisait envie plus que n’importe qui d’autre. L’autre se débattait avec cette idée stupide de la virilité, bordée de performance qui le poussait à faire les choses plus vite, plus brutalement, sans pour autant atteindre la brutalité qui me plaisait. Au final, nous devions sans doute finir tous deux déçus, persuadés que la masturbation avait sans doute plus de bien que cette mascarade. Aujourd’hui, avec Lui, je réalisais que les choses pouvaient être différentes. Erwin avait l’expérience. Je pouvais d’ailleurs m’en inquiéter à la vue de la longévité de son mariage et de ses promesses de ne l’avoir jamais trompé avant... pourtant Erwin mentait bien et je le savais. Mais en réalité, je ne parvenais pas à m’en inquiéter. Sans doute parce que je savais qu’il y avait une vie aussi avant le mariage, que je voyais cet éclair de sincérité dans les yeux quand il me le disait et parce que je savais reconnaître en lui un style de vie qui découlait de son expérience.
Erwin était un épicurien. Bien plus au sens moderne qu’au sens antique d’ailleurs. Epicure se serait retourné dans sa tombe d’un tel affront sinon. Mais je savais qu’il aimait la vie, les bonnes choses de la vie, celles qui le ravissaient. Gourmand de tout, il en avait fait sa propre religion, devenant attentif à plus de choses sur le bien être d’autrui que quiconque d’autre. Cela aurait pu paraître ironique venant de lui, il n’en était pourtant rien. Il ne le faisait pas par altruisme. Quand il prenait soin d’entendre mes plaintes et gémissements, quand il observait mon corps se mouvoir, quand il me sentait vibrer sous ses mains et ses baisers, c’est lui-même qu’il rassasiait. Il se gorgeait de l’impact certain qu’il avait sur moi, le manœuvrant de façon habile pour toujours tirer plus de plaisir de celui qu’il me donnait avant de me le retirer cruellement à son gré. En cela, son expérience nous avais unis dans cette ronde indécente qui me plaisait bien plus que je ne l’aurai cru jusqu’alors. Je ne lui faisais pas confiance... pas pour tout du moins. Mais je lui faisais confiance quand il s’agissait de me donner du plaisir. Il était allé au-delà de tous mes autres partenaires, transcendant jusqu’à mon être et mes pensées, au point que je tire un plaisir certain de l’attente et de ses directions plutôt que de mes propres découvertes aventureuses. Oui... c’était pour mon bien. Autant que le sien. C’était à cet instant que nos âmes vibraient avec le plus de clarté, dans la jouissance de nos êtres, nous étions véritablement au diapason. Était-il alors si dangereux et inconscient de délaisser mes livres un instant pour le laisser maître de cérémonie ? Même si cela devait impliquer une certaine obstruction de mon être ?
— Ton esprit répugne à me laisser pleinement la barre, mais tu sais au fond de toi que tu apprécies sooo much lorsque je le fais.
Sa langue était passée sur mes lèvres avec une sensualité qui m’avait coupé le souffle, me poussant à relever la tête un peu plus, entrouvrir d’avantage mes lèvres pour le laisser s’insinuer, l’inviter à y rester plus longtemps. Il avait raison. J’appréciais qu’il le fasse... et mon esprit répugnait de le laisser à ce point quand je voyais cette lueur diabolique passait dans ses yeux, comme à l’instant en s’éloignant de moi. Il avait dû voir mon trouble puisque très vite, il se reprenait, tentant de me rassurer. Ce n’était qu’une expérience. Que je pouvais aimer ou non. Que je décidais de vivre. Qu’il menait selon mes règles, mes limites. Il ne les romprait pas. Il ne m’imposerait rien. Déglutissant, j’avais hoché la tête à plusieurs reprises comme pour ancrer pleinement cette pensée dans ma tête et me rassurer, tout en précisant à voix basse :
— J’essaye.
Il s’était avancé vers moi, se stoppant qu’à la toute fin, lorsque l’espace qui nous séparait fut infime. Il ne me toucha pas. Dans mon élan en revanche, j’avais amorcé une mais vers son bras, comme pour lui signifier que j’étais vraiment avec lui, pour me rassurer aussi mais son regard me stoppa à l’instant. Ce n’était pas fini. Nous avions une discussion, tout comme nous pouvions en avoir lors de nos nuits blanches, avant que celles-ci ne deviennent de nouveau plus chaleureuses. Ce n’était pas pour autant que le jeu était fini. Il m’avait demandé de ne pas le toucher, aussi avais-je replacer ma main sur le bureau en l’observant. Je savais que c’était jouer contre les règles qu’il établissait de ne pas faire ce qu’il me demandait, qu’une punition serait sans doute à clé, comme celle qu’il avait déjà voulu m’infliger... et qui, je le comprenais petit à petit, n’en était pas vraiment une. Je réalisais que j’avais eu tout faux sur le sujet et je constatais avec surprise à quel point cette affirmation de sa part m’avait grandement soulagé. Non pas que la punition m’effrayait à ce point mais qu’il ait pu tenter de m’en menacer d’une dans un tel moment avait fait naître en moi une angoisse que, je le réalisais à présent, j’avais tenté de retenir et de cacher au plus profond de moi. Le moment que nous avions vécu était gênant et quelque peu humiliant pour moi. Non pas qu’il l’avait voulu ainsi mais il fallait avouer que je l’avais ressenti ainsi. Moi faisant de telles choses alors qu’il avait sa femme au téléphone. Je m’étais sentie si mauvaise personne pendant une poignée de secondes et le sentiment n’avait fait que s’accroître exponentiellement lorsque j’avais réalisé à quel point j’en tirais aussi un plaisir et une envie. De façon masochiste, j’avais autant apprécié l’idée de la punition par l’idée religieuse de la mérité que je l’avais craint par ce qu’elle représentait : m’aurait-il vraiment forcé à faire une chose pareille si je m’y étais refusé ? Je comprenais alors que ce n’était pas le cas, qu’il disait vrai d’une certaine façon lorsqu’il m’assurait me respecter. Et je réalisais alors à quel point j’avais encore tant à comprendre de cet univers.
L’attente. C’était fou comme cette chose qui me rendait folle, moi l’impatiente pouvait devenir un objet de plaisir certain. Celui de s’imaginer ce qui pouvait advenir, le craindre aussi avant de le désirer fortement. C’était seulement une façon de m’aguicher. Jamais il ne l’avait vu comme une punition. Il me l’illustra de façon assez explicite quand après une ultime caresse sur la rondeur de mes fesses qui avait tout d’un frôlement, il m’avait demandé de me tourner, m’invitant à le faire sans attendre de sa main. Je m’étais exécuté calmement mais la façon dont il s’était collé à moi m’avait coupé le souffle. Contre le bois du bureau, lui dans mon dos, je n’avais aucun moyen de me soustraire au moment. Son parfum m’avait enlevé avec tant de force en un instant qu’il m’avait un peu plus empêché de respirer. J’avais senti ses caresses tandis que le souffle sur mon oreille m’éveillait les sens. J’avais fermé les yeux en sentant sa main disparaître de ma peau, avait légèrement froncé les sourcils en la sentant s’éloigner un peu plus pour prendre de l’élan, tentant de rester sourde à la vibration étrange qui naissait dans mon bas ventre. Pourtant, avant cette vibration, il avait eu une tout autre douleur qui avait tordu mon estomac, l’espace d’un instant.
“Crois-moi, en matière de torsion, je suis un expert…”
Qu’avait-il voulu dire par là ? Insinuer ? Je savais qu’il y avait des parts d’ombre conséquentes dans la vie d’Erwin, dans ce qu’il était. Si je touchais du doigts qu’il avait pu être plus mauvais qu’il ne me l’avait dépeint, cette façon de le voir en tortionnaire me le rendait plus dérangeant et dangereux. Un sadique. Se pouvait-il qu’il assouvisse des besoins de torture qu’il ne pouvait plus réaliser par le biais de ce que nous faisions ? Et voilà que je recommençais à douter et plus fortement qu’alors. Sa main qui s’était posée dans mon dos avait le don de me faire sursauter tandis que je demeurais coincée entre lui et son bureau. Sa main s’était glissée dans mon cou et j’avais tenté une grande inspiration et une déglutition pour me libérer de mes pensées les plus obscures. Je cherchais juste un moyen de fuir, c’était forcément ça. Il parlait sans doute de son expertise dans ce domaine sexuel, cette façon qu’il avait d’attiser mon être et de se repaître de mes soupirs. Ce ne pouvait être que cela. Comme pour m’aider à exorciser ce qui me venait plus cruellement en mémoire, la main d’Erwin avait atteint mes cheveux, les enroulant dans celle-ci avant de légèrement tirer sur mes cheveux pour m’obliger à repousser ma tête en arrière, jusqu’à ce que ma joue atteigne la sienne. Aussi étrange que cela pouvait paraître, malgré la position inconfortable et l’air qui se faisait rare, ce contact m’apaisa. Il me ramena petit à petit dans notre tendresse autant que dans ce sujet brûlant, me libérant de mes chaînes mentales graduellement... pour le moment.
— Nous poursuivons, trésooor ?
— Ta pause déjeuner est si longue que ça ?
Pour toute réponse, il avait promené ses lèvres sur ma joue, s’en l’embrasser pour autant, juste y laisser une marque brûlante, me répondant par ce geste que oui, sa pause était belle était bien aussi longue puisqu’il reprenait le luxe de m’attiser tout en refusant toujours un quelconque baiser à notre échange. Ses mais s’étaient posées sur le haut de mes épaules et j’avais pivoté à son impulsion pour lui faire face. Il voulait jouer la suite à Pile ou Face. Je l’avais observé faire, un sourcil haussé dans un air moqueur. Le connaissant quelque peu sur ce point, je doutais que le hasard avait grande place dans ses projets. Soit la pièce était truquée, soit il s’arrangerait uniquement pour prioriser ses plaisirs, prenant le Pile et le Face tôt ou tard. Seul l’avenir me le dirait. En attendant, il semblait plus ou moins certains que ce nouveau jeu à armes inégales se jouerait... dans mon dos. J’avais eu un sourire, intriguée de la suite à venir tandis qu’il défaisait le nœud qui me retenait au bureau. Remontant le lien jusqu’à mes mains, il déposa dans mes mains un petit morceau de papier aluminium que j’observais un peu surprise. Il n’était pas bien étonnant de le voir me donner une capote, nous en avions déjà parler, l’objet se révélait inévitable pendant l’allaitement s’il souhaitait s’assurer que je ne tombe pas une nouvelle fois enceinte. Bien qu’il eût semblé plutôt mal à l’aise face au sujet, il n’avait pas grandement tergiversé sur l’utilité et la nécessité d’en utiliser une, plutôt même enclin à la mettre promptement. Ce n’était pas non plus le fait qu’il me propose de lui mettre qui m’étonnait, après tout, comme il le disait lui-même, il aimait qu’on s’occupe de lui. Non. La seule chose qui me stupéfiait, c’est qu’il ne semblait pas prêt à détacher mes mains pour l’exercice. J’avais pris un instant pour y réfléchir, prenant sa demande comme un défi qu’il m’imposait peut-être, une sorte de jeu avant le jeu ou une autre façon de tester mes capacités... mais après quelques instants de réflexion où j’avais tenté de légèrement bouger mes poignets pour mimer l’action, il avait fallu que je me rende à l’évidence : je n’y arriverai pas de la sorte.
— Euhm... Mon Amour, je te remercie de tous ces espoirs et convictions que tu mets en moi mais là... je crois que tu me surestimes quand même... je... je vais pas pouvoir faire grand-chose les mains attachées...
J’avais tenté de lui mimer ce que je devais faire pour lui montrer que je n’étais pas en capacité de le faire mais j’avais cru apercevoir un léger trouble dans son regard qui me prit brusquement d’un affreux doute... Savait-il seulement comment se mettait un préservatif ? Nous avions parlé du besoin de l’avoir, jamais de la pratique qu’il en avait eu. Je m’en étais d’ailleurs étonné sur le moment. Nombreux étaient les hommes qui cherchaient à s’en dispenser à grands coups d’excuses basées sur leur expérience : allergie, perte de sensation, douleur... mais lui, non. Il n’avait rien dit à ce sujet. Maintenant que j’y pensais... à quel moment aurait-il pu en mettre un ? Il venait d’un monde où je doutais que l’utilisation en soit répandue voire même que l’objet en tant que tel était inexistant. Si la malédiction l’avait directement lié à sa femme alors... il était impossible qu’il ait pu en faire l’expérience. Erwin Dorian, dans son faux passé, peut-être mais le Erwin que je connaissais, jamais. A moins que son mariage eût été bordé chaque soir de cette petite protection en latex mais j’en doutais fort. Aucun mariage n’avait tendance à en utiliser ! Ou par moment, pour des raisons particulières comme... un allaitement par exemple. Si on ajoutait à cela le fait que tous deux venaient d’un monde où le mot “préservatif” ne devait avoir aucun sens... “paresseux”... Mon œil ! J’avais eu un petit sourire amusé de ma découverte, bien que je n’en disse rien pour le moment, me contentant de montrer ses poignets à sa vue, attendant qu’il décide de quoi faire de cette information. Pour toute réponse, il eut un pouffement de rire aérien qui se voulait détendu mais qui sonnait légèrement faux comme s’il avait été pris en faute. C’était étrange, Erwin savait largement plus cacher ses émotions mais peut-être que ce sujet était plus délicat pour lui qu’un notre. Il attira mes mains vers lui pour s’occuper alors de mes poignets :
— Bien évidemment...cela va sans dire. J'attendais simplement que tu me soumettes ta requête.
J’en doutais fort. Et je ne manquais pas de le préciser d’une moue peu convaincue tandis qu’il précisait en défaisant le nœud :
— Voilà qui devrai te faciliter la tâââche.
— Mouaiiis... t’attendais que je te soumette ma requête ou aloooors... tu savais pas comment je devais faire ?
Je l’avais dit avec une grande douceur attendrie tandis que je m’approchais de lui, amusée.
— Serait-il donc possiiiiible que sa Majesté ne connaisse rien des préservatifs ? Ce n’est pas grave tu sais, ni honteux, je peux comprendre vu ton passé.
J’avais eu un petit rire touché tout en posant rapidement un baiser sur sa joue. Le regard qu’il me laissa était sans appel : j’avais désobéi. Il m’avait demandé de ne pas le toucher, ce qui inclure de ne pas l’embrasser et j’avais failli. Pire, j’étais complétement sortie du jeu. Ça et le fait que j’avais percé à jour son petit “secret”, ça ne devait pas le mettre de la meilleure des humeurs. C’était lui qui menait la danse jusqu’alors mais sur ce domaine, j’en savais plus que lui... Craignant de voir la situation s’envenimer pour une raison qui me semblait des plus stupides, je tentais de dédramatiser :
— Oooh ça va, Maître Shifu, fais pas cette tête.
J’étais pas certaine qu’il avait la réf...
— Maître Chifou?
Il avait pas la ref.
— Je sais que tu me l’avais interdit mais on peut bien sortir du jeu deux secondes, non ? C’est important ce qui se passe, je veux juste te faire comprendre que ce n’est pas un drame s’il y a une chose que tu ignores et que je ne trouve pas ça ridicule ou je sais pas ce que tu peux t’imaginer. C’est juste... mignon...
— Je suis ravi que tu trouves ça...mignon.
Il avait levé un sourcil, apparemment pas convaincu et je l’avais encouragé d’un sourire.
— Pour le reste... Il va bien falloir que je te touche pour la mettre...
— et n'éprouvant aucune vexation, nous pourrons échanger avec largesse des connaissances de mon époque en la matière avec grand plaisir...plus tard. Pour le moment, oui, il faut que tu me touches, donc...je t'invite fortement à poursuivre la tâche
Je lui avais souri, complice, sur la fin de sa phrase qu’il avait nettement plus susurrée, revenant dans le jeu du moment. Il semblait s’être détendu, même si je tenais plus cela de ma propre connaissance de son caractère de ce qu’il montrait. Si certaines de ses muscles au niveau de sa mâchoire s’étaient relâchés, il n’avait pourtant rien dit ou fait qui montrait que mes mots l’avaient apaisé voire rassurer. Mais au fond de lui-même, je savais que c’était le cas, son égo n’aurait pas supporté une moquerie de ma part sur ce sujet et c’était mal me connaître que de m’en imaginer capable.
J’avais fait glisser lentement une de mes mains sur sa chemise, réalisant alors que s’il m’avait effeuillé, lui était resté parfaitement habillé. Il était loin le moment où il craignait que je ne froisse son costume. L’idée même de rester tout un après-midi dans des habits qui aurait bientôt un réel vécu ne semblait plus le déranger. Ma main avait passé la boucle de sa ceinture dégrafée avant de frôler sa peau, laissée à nue après nos premiers échauffements. Il était certain que nos petites discussions et sans aucun doute la dernière avait l’avait légèrement fait perdre en ampleur mais j’avais refermé avec douceur ma main sur l’objet de nos tourments, l’observant toujours dans les yeux avec un petit sourire tandis que je poursuivais mes caresses. Avec lenteur, je m’étais remise à genoux devant lui, posant quelques baisers sur sa peau brûlante, de nouveau activée par le plaisir certain que mon avancée procurait. Avec lenteur, j’avais extrait le morceau de latex de son emballage et m’étais chargée de lui mettre, en silence, non sans une lenteur pédagogue, au cas où il voulait y apprendre quelque chose, sans pour autant me l’avouer. L’objet mis en place, j’avais levé les yeux vers lui avec un sourire avant de me relever et de lui tendre mes poignets tout en murmurant :
— Je pense que tout est prêt de ce côté...
Pour toute réponse, il récupéra ma main, m’invitant à contourner le bureau pour me mettre à l’exact opposé de ma première position. Un peu surprise, je le laissais faire en observant mon environnement. Mais très rapidement, tout devint largement plus limpide. Me plaçant dos à lui, je réalisais alors que s’il souhaiter de nouveau me lier au bureau sans me laisser trop de mou, il n’avait d’autre choix que de faire les choses dans cette configuration. Serrant les dents, j’appréhendais la suite de l’exercice. Ce ne serait pas simple, ni confortable d’ailleurs, sans compter que ce serait angoissant : je n’aurai aucun moyen de reculer ou d’arrêter le moment si je ne me sentais pas à l’aise. Mes talons me permettaient une hauteur plus agréable pour nous deux, mais c’était le seul confort qu’ils me permettaient... et si je perdais l’équilibre ? Comme s’il lisait dans mes pensées et cherchait à me rassurer autant qu’il prenait possession de mon corps, Erwin avait posé sa main sur mon dos, remontant lentement tout en appuyant chaque seconde un peu plus pour me forcer à me pencher, ce qu’il finit par me demander verbalement. J’avais fini par me poser entièrement à plat ventre sur le bureau et iol s’était saisi de mon lien pour l’accrocher de nouveau au bureau, à l’opposé. Je me doutais que s’il l’avait pu, il aurait préféré inverser la position mais il n’y avait jamais de tiroir du côté “visiteur” de ce type de meuble. J’avais levé les yeux vers lui, il ne semblait pas le moins du monde frustré, au contraire. Il était tout à son aise et concentré. Il me précisa que je pourrais tout de même m’appuyer sur mes coudes à loisir et je tentais instantanément, comme pour me rassurer. C’était le cas. Rien n’était trop serré... et pourtant il semblait assez évident que si je pouvais me permettre ce “luxe”, je ne pouvais désormais plus ni reculer, ni me relever. Comme prise d’une nouvelle panique, mon regard avait croisé le sien. Si mon cœur s’était mis à battre à tout rompre contre le bois du bureau au point que j’eus l’impression qu’on puisse l’entendre, de son côté, il brûlait d’envie. Il me dévorait des yeux, les laissant glisser sur ma peau comme une caresse invisible, observant la position que je lui présentais toujours, avec mon consentement, mais bien malgré moi. Sa vision s’était légèrement troublée et ses pommettes saillantes avaient gagné en couleur. Plus que d’observer la scène, il s’imaginait sans aucun doute son propre scénario dont je pouvais apercevoir les contours par la connaissance que j’avais de l’individu. Sa volonté de pouvoir en était presque inquiétante. Je ne parvenais même pas à penser que je puisse être surprise qu’il aimer ce genre de jeu, mais quand il parvenait en plus à y voir une révérence respectueuse à laquelle il aspirait depuis si longtemps... enfin... respectueuse... plus lascive que respectueuse, ce qui échauffait encore plus ses sens. Je n’avais rien osé dire, le laissant à son moment, tandis que du mien, je tentais une introspection pour appréhender ma propre position.
A ma grande surprise, je réalisais que j’étais plus à l’aise que je ne l’aurai imaginé. Certes, ma position n’était pas des plus confortables mais je réalisais que les liens assuraient véritablement ma position, m’évitant tout risque de perdre l’équilibre ou de me casser une jambe. Plus que cela, c’était de voir l’effet que ça lui provoquait et l’attente de ce qu’il ferait de cet effet qui m’attisait. Aussi stupide que ça pouvait paraître, je réalisais que même comme ça, je me sentais belle... désirable. Surtout comme ça. Par le regard qu’il avait posé sur moi, par le fait que nous savions l’un et l’autre que rien ne pourrait l’arrêter. J’étais là, dans une position des plus lascive, sans aucun moyen de marche arrière, juste offerte et il ne se ferait pas prier. Oui, j’étais belle. Désirable. Et une question me taraudait soudain. Qu’aurait-il envie de faire en premier ? Et en deuxième ? Aussi offerte que je l’étais. Je me souvenais que la porte n’était toujours pas fermée et le tableau que je devais offrir devait être des plus risible. J'imaginais son assistant débarquer tout à coup, me voir ainsi, fesses en l’air, juchée sur des talons, attachée au bureau du Maire qui aurait sans aucun doute bien du mal à expliquer cela... et à s’en dédouaner. Je me faisais une note à moi-même : j’avais parfois fantasmé le bureau. Un endroit austère et sans âme. Il n’y avait rien de mieux que d’y ajouter une touche de piment de déplacé. Et le faire ainsi avec Erwin, bien sous tous rapport, dans un endroit aussi cérémonieux que celui-ci, selon faisait exploser cette envie de fantasme en moi. Tout me revenait en mémoire. Plus que de parler de domination, nous avions parlé de l’idée de le faire au bureau. C’était moi qui lui avais soufflé cette idée, c’était un de mes fantasmes, qu’il avait couplé au sien et peut-être le bureau en était-il un à lui également. Une chose était sûre, on y était et cette pensée élargie alors soudain un sourire sur mes lèvres.
J’avais brusquement sursauté, perdant mon sourire un instant, lorsque j’avais senti mes mains agripper brusquement les hanches avant de sentir uniquement la pulpe de ses doigts sur ma peau. Retenant un gémissement, j’avais tenté de me reconcentrer, réalisant que mes pensées avaient voguées si loin que je ne l’avais même pas entendu revenir derrière mon dos. Avec un soupir d’aise, sa main était venue fricoter avec le haut de ma culotte :
— Tu me simplifies la tâche, ma prévoyante galante...
— Je me suis dit que ce serait un terrible gâchis pour toi de devoir tout enlever... tes yeux avaient l’air si attirés par l’ornement dans cette vitrine...
J’avais eu un sourire en coin, revoyant son visage le jour-là. Je l’avais dit sur un ton teinté de malice mais aussi de tendresse, montrant à quel point je faisais aussi attention à ce qu’il aimait et désirait, cherchant à lui faire plaisir. Il en avait alors profité pour retirer ce qui nous séparait encore de notre moment, sans aucune hâte, prenant sans aucun doute un malin plaisir à jouer de ma patience, moi qui ne parvenait toujours pas à en gagner dans ce domaine avec le temps. Je sentais l’une de ses mains passer sur mes fesses tandis que l’autre se glissait jusqu’à mon bas ventre. Me raidissant d’anticipation, j’avais pincé les lèvres pour n’émettre aucun son, me concentrant uniquement sur le tissu qui me quittait, sentant paradoxalement la chaleur que ça faisait naître à cet endroit.
— Tss… Ma douce… Laisse-moi donc te délivrer de tes entraves.
Je n’avais pas pu retenir le rire qui se répandit brusquement dans le bureau. Un rire franchement amusé, complice aussi, de cette énorme blague teintée d’ironie qu’il venait de faire. L’un comme l’autre, nous savions qu’il n’avait absolument aucune intention de me détacher malgré sa proposition, considérant sans aucun doute que la seule de mon entrave était ce string minuscule au tissu super fin que j’avais eu l’audace de mettre le matin même. J’en avais presque oublié qu’on pouvait m’entendre. Me le remémorant, j’avais enfui ma bouche dans mon bras pour étouffer la fin de mon rire tandis que je le sentais se relever derrière moi. Avec lenteur, une chaleur nouvelle était née au creux de mes fesses, pas de mon dû mais du sien. Il avait beau garder le ton calme et mesurer, même le préservatif ni changeait rien, il était aussi brûlant de désir que je l’étais. Je pouvais le sentir dans sa chaleur et dans sa raideur, qu’il rapprochait toujours de moi. Il s’était stoppé un instant, pour une raison que j’ignorais. Je pouvais sentir du tissu sur mes cuisses, signe qu’il était toujours habillé, renforçant ce jeu de domination entre nous. Moi, effeuillée et attachée, lui en pleine possession de ses moyens et de sa vertu.
— A vrai dire, te voici quelque peu acculée...mon trésor.
Le mouvement de bassin qu’il ajouta à sa phrase me coupa le souffle un instant. C’était violent et pourtant sans douleur, juste un à-coup pour renforcer la puissance de ses mots, la force du moment. Il n’y avait pas meilleur mot, acculée. Je ne pouvais absolument plus bouger. Le bois bloquer ma fuite en avant, son corps celle en arrière, quant aux liens, ils s’assuraient que je ne puisse pas me relever vers le haut ou me retourner. Pour la première fois, j’avais pu aussi saisir ce que nous allions faire, la sensation que j’allais en ressentir. Mes cuisses vivaient une pression plutôt dérangeante, mes genoux n’étaient pas loin de frôler le bois, quant au frottement de mon ventre sur le dessus du bureau, elle risquait de me laisser une brûlure, en fonction de la véhémence qu’il y mettrait. Et pourtant, malgré tout cela, je sentais naître en moi un feu si puissance qu’il ne réclamait que cela. Que cette violence, cette puissance, jusqu’à la jouissance. Celle-ci n’était pourtant pas prête d’arriver. Un peu désarçonnée, j’avais fait face à un silence et un immobilisme qui m’avait fait lever les yeux en direction de la fenêtre en face de moi. Je pouvais voir son reflet sur la vitre, bien que très faiblement. Il semblait scruter quelque chose, ME scruter ? Comme pour répondre à mon interrogation, sa main était venue se poser sur le bas de mon dos, appuyant sans force mais avec une fermeté certaine :
— Ploie ma mie... Cambre toi...
C’était fou... la position était encore plus douloureuse, encore moins confortable, mais d’imaginer la vision que je lui donnais alors m’émoustillait. Et je n’étais pas la seule apparemment... son parfum devint brusquement plus présent et je sentis le tissu de sa chemise, puis son torse se poser contre moi, s’allongeant d’une certaine manière sur mon corps tandis que l’une de ses mains revenait à mon bas ventre, m’offrant un spasme qui m’avait donné envie de faire le dos rond, par réflexe, mais que j’avais corrigé aussi rapidement. Il me demandait de lâcher prise et de le laisser faire mais il n’avait aucune idée d’à quel point ce qu’il était en train de me faire était difficile sur le point de vue mental. Comment lâcher prise tout en gardant une position qui n’avait rien de naturelle ni de confortable ? C’était impossible. Je ne pouvais pas me laisser aller. Au contraire, je devais me concentrer, réfléchir à chaque instant, rester bien consciente de mon corps et mon état. Celui-ci se fait d’ailleurs de plus en plus urgent, surtout lorsque je sentis alors brusquement, tandis que nos corps se superposaient, son intimité au plus proche de la mienne. Pour l’aider dans une manœuvre que le pensais prêt à faire, avide de mon côté de ce moment charnel, j’avais légèrement plus écarté les jambes, prenant soin à ce que ça ne devienne ni douloureux, ni difficile à tenir. Pourtant, Erwin ignora superbement mon aide, se contentant de prendre pleinement appui sur ma position et pleinement possession du moment. Je pouvais sentir son souffle dans mes cheveux, son parfum tout autour de moi et si je relevais les yeux, je réalisais à présent que sa position le dérobait à la faible vue que j’avais de lui jusqu’alors. J’avais alors retenue un gémissement de surprise lorsque je l’avais senti pour la première fois. Cette caresse lascive et indécente, prélude de ce qui nous attendait tous les deux tandis qu’il tournait autour du but lentement sans jamais l’atteindre. Il prenait son temps. Lui si avide d’atteindre ce que son cœur et ses envies lui dictait, il semblait pourtant s’être fait de cette règle que tout arrivait à point à celui qui savait attendre... et que cela arrivait même encore meilleur. Je me demandais s’il mettait cette même jouissance dans cette patience, s’il ne faisait pas traîner les choses pour le plaisir de les savourer encore plus, comme il le faisait en cet instant. C’était tout un jeu d’équilibre entre nous que j’avais commencé à comprendre, dans mes introspections solitaires. Il aimait me pousser à bout, atteindre cette fine bordure où je manquais de me briser à tout moment sous le poids trop lourd du désir, ce n’était qu’avant l’ultime craquement qu’il acceptait de me donner ce que je voulais, comme pour ajouter une emprise d’un dealer sur son drogué, comme pour, peut-être, se venger de la vie en me faisant ce qu’elle lui faisait.
Ses effleurements sensuels se faisaient de plus en plus répétitifs, de plus en plus pressants et oppressant. Malgré la fine couche de latex qui nous séparait, je pouvais tout sentir de sa chaleur, de sa peau... de sa raideur. Il en venait de plus en plus taquin, jouant insolemment avec les bords, m’arrachant autant de gémissements que de soupirs de frustration, que je tentais de retenir et qui m’essoufflait encore plus. Il se gorgeait de tous mes bruits, à chaque démonstration plus explicite, je sentais son cœur battre un peu plus fort sur mon dos, son souffle se saccader et se faire plus lourd, lui-même se goinfrant d’un plaisir qu’il refusait de se donner entièrement. J’avais senti sa main se frayer un chemin jusqu’à mon sein gauche, l’empoignant avec douceur par-dessus sa lingerie, m’arrachant un nouveau gémissement tandis qu’il louait ma patience dans une voix chargée de désir. Cela me rassura, il n’était pas loin de l’explosion non plus. Je réalisais alors à quel point mois poignets me faisaient mal, combien j’avais tiré sur mes liens pour tenter de m’en débarrasser et reprendre le dessus et combien ceux-ci s’étaient enfoncés dans ma chair, y laissant des marques, comme punition d’un affront que j’aurai voulu apporter à notre moment. Son coup de bassin suivant, douceur et sinueux m’arracha une plainte plus forte que je m’efforçais d’étouffer dans mon bras. On allait nous entendre, m’entendre surtout et quel spectacle ce serait alors... Mais le spectacle, il s’en fichait, il le vivait différemment, murmurant à mon oreille ses volontés, plus suavement et cruellement que jusqu’alors. Si son corps tout entier n’était pas sur moi, si ses actions ne me faisaient pas vibrer et ne m’échauffait pas fortement, j’en aurai presque réprimé un frisson. Plus que de prendre plaisir de ce que nous faisions, il se goinfrait totalement de la situation, celle de me prendre autant au piège, de “m’acculer” autant qu’il le préciser, de m’avoir à sa merci à ce point, dans une limite où la frontière entre l’envie sexuelle et une volonté de domination franche et réelle devenait de plus en plus indiscernable. Il voulait que je le prix de me pénétrer, j’y comprenais une supplication et soudain j’avais envie de fuir. Je n’avais absolument aucune envie de le supplier, parce que je n’étais plus certaine du jeu que nous jouions, s’il y en avait encore un, ou s’il se peignait dans mon dos un tableau plus effrayant. Je la voyais s’agrandir, cette ombre, tout autour de moi, au-dessus de moi et sur moi... et pourtant comme je la voulais, au plus profond de moi. Voilà que je me faisais à présent peur à moi-même, comment pouvait-on autant désirer le danger qu’il mettait entre nous ? Pourquoi toujours y voir une vérité dans des jeux pourtant qu’il précisait ? Peut-être parce que je la voyais, cette ombre, que je la savais bien réelle, bien plus qu’un monstre sous mon lit et que je refusais de la voir, pour le plaisir qu’elle m’offrait au travers la musique d’un disque rayé.
— Non... Erwin... Je peux p...Aaaah !
J’avais secoué la tête de gauche à droite pour tenter de lui faire comprendre que c’était au-dessus de mes forces, bien trop proche de l’humiliation qu’il avait promise ne pas me donner. J’avais tenté d’argumenter mais tandis que je me lançais dans mes explications, il avait impulsé un puissant coup de bassin, me délivrant de mon dilemme et de ma souffrance physique par la même occasion. Cela m’avait arraché une exclamation soufflée, tandis l’à-coup avait été soudain et inattendu, jouant de son effet de surprise, qui me spécifiait de la même occasion que mon refus n’avait pas d’importance. C’était un jeu... rien qu’un jeu. Il me le prouvait une nouvelle fois.
Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
| Avatar : Kaya Scodelario
Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Et un un instant, les derniers mois m’étaient revenus en mémoire aussi vite qu’une cassette que ‘lon rembobinait. Je n’étais plus juste une mère, l’accouchement avait disparu, la grossesse aussi. J’étais moi. J’étais une femme. Et je reprenais toutes les parcelles de mon corps en main. Avait-il attendu ce moment aussi longtemps que moi ? A n’en pas douter. Il mettait dans ses va-et-vient une vigueur nouvelle. Ce n’était pas étranger à ce que j’avais déjà connu par le passé, mais j’avais senti à l’instant où il avait entravé la dernière des barrières, à l’instant où la pénétration s’était faite, que nous avions tous deux étaient ramené en arrière. Quand étais-ce la dernière fois que nous avions fait cela ? Cela remontait à l’Orage. Ce terrible orage qui m’avait prise tout entière ou plutôt qui était sorti de moi, détruisant tout sur son passage. C’était la seule fois qu’il m’avait touché en grossesse avancée, dans la nuit du 7 au 8 Juin 2021... il y avait 5 mois de cela. 5 Mois c’était long... Nous n’en avions jamais fait mention ni l’un, ni l’autre depuis cela. J’avais respecté qu’il ne puisse pas me toucher pendant la gestation, il avait compris qu’il fallait me laisser du temps après l’accouchement. Ce n’était que maintenant que nous réalisions sans aucun doute à quel point cela nous avait coûté... et manqué. C’était comme ne fait qu’un avec celle que j’étais avant tout cela, différemment pourtant puisque j’avais changé dans mon mode de vie, mes réflexions, je le savais. Mais j’avais cette folle impression de me retrouver en tant que femme, au-delà de mon rôle de mère, de renouer avec mon corps et mes désirs, avec mes envies et ma libido. C’était si bon que mon gémissement s’était prolongé un long moment dans ma gorge tandis que je sentais qu’Erwin ressentais le même besoin vorace de se gorger de ce qui nous avait manqué pendant tout ce temps. Je ne pensais plus mes craintes précédentes, que m’importait que je perde l’équilibre, que la situation manque de confort, que le bois du bureau me coupe le souffle et me brûle le ventre, je sentais ses doigts s’ancrer au plus profond de ma chair sur mes hanches, je sentais ses ongles de planter dans ma peau avec hargne tandis qu’il avançait dans ses moments d’allégresse et de lourdes envies. J’avais juste envie qu’il continue jusqu’à ce que je n’en puisse plus, qu’il me brise sur l’autel des plaisirs tentant par moment même de l’y aider par mes mouvements et mes demandes. Si certains de mes mouvements avaient rencontrés ses demandes et qu’il m’avait laissé faire, il s’était rapidement ravisé en me sentant prendre trop de terrain. J'avais senti ses mains se crisper un peu plus, accompagné d’un claquement de langue dépréciateurs qui me dissuader de prendre un peu plus l’avantage sur le moment. Il m’arrivait de lui demander par moment de changer le rythme, d’accélérer ou de ralentir quand je sentais l’envie atteindre un point trop culminant, de modifier la force de son impulsion dans mes moments les plus flous et les plus sourds de plaisir mais il n’y répondait présent que quand ceux-ci étaient en adéquation avec ses propres volontés. Cette séance se transformait presque en torture.
S’il avait éprouvé ma patience pendant bien des séances notamment dans nos danses lascives de préliminaires, il était toujours resté plus souple sur l’acte en lui-même, me permettant d’y ajuster ma propre cadence et ma propre puissance. C’était la première fois qu’il en prenait exclusivement le contrôle et je réalisais à quelle point cette partie était difficile à supporter pour moi. Je réalisais alors à quel point j’étais attachée et soumise, incapable de jouir de mon propre plaisir sans lui et sa coopération. C’était frustrant, j’en lâchais parfois des soupirs d’impatience ou de colère légère mais je réalisais qu’il revenait toujours à ce que j’aimais, pour que cela ne devienne pas non plus quelque chose d’ennuyeux pour moi. C’était juste qu’il le différait, me laisser languir et me laissait alors comprendre que je ne dirigeais cette séance que lorsque lui le désirait.
— Tout semble aller plus que pour le mieux, mon trésor…
Il l’avait soufflé au creux de mon oreille, alors qu’il s’était penché une nouvelle fois d’avantage sur moi. Je pouvais sentir la moiteur de sa chemise, combinée de sa propre activité avec celle qui s’était déposée sur mon dos au fil des minutes. Ne répondant pas, je tentais juste de reprendre mon souffle, de calmer les vibrations de mes jambes, les spasmes de mon bas-ventre.
— Aussi inconfortable, aussi...vexant que cela peut être perçu. Il n’empêche…que cela dispose d’une saveur profondément excitante, n’est-ce pas ?
Il avait sans aucun doute entendu mes reproches silencieux, le reliant à de la vexation, ce qui l’était un peu dans ma frustration. De l’inconfort aussi, il avait raison. Est-ce que pour autant ça y retirait toute excitation ? Une fois de plus il avait raison de soupçonner que non. C’était nouveau, différent, les codes que je ne percevais pas encore facilement me faisaient plus de mal que de bien mais je devais avouer que cette nouvelle façon de jouer me faisait aussi vibrer d’une façon que je n’aurai jamais soupçonné. Aussi essoufflés que nous fussions, je me doutais que si la question avait été posée en sincérité, elle n’avait pas vocation à me laisser faire un long monologue, un “debriefing” comme je l’avais lu précédemment. Ce que je ressentais pleinement, je nous le laissais pour plus tard, il avait juste besoin de savoir pour le moment s’il pouvait continuer ou si je m’ennuyer. J’avais donc dégluti, préservant ma respiration pour juste hocher la tête d’un air entendu, lentement, lui confirmer avec douceur que c’était meilleur que je n’avais pu me l’imaginer, que je voulais poursuivre cette folie insensée... et dangereuse. Ô combien dangereuse... nous n’en avions même pas encore idée.
— D’être à ma merci...
J’avais poussé un gémissement étouffé en le sentant appuyé sa remarque d’une pénétration lente et profonde, me laissant tout le loisir de le sentir s’insinuer au plus profond de moi. Si la pose avait été bienvenue, je n’avais qu’une hâte, que nous recommencions... je n’étais clairement pas rassasiée. Pourtant, à ma grande surprise, une seconde de latence nous prit alors. Un silence lourd se mit à régner dans la pièce, seulement rythmé par nos souffles respectifs. Avec lenteur, j’avais tenté de me tourner pour l’observer. Tâche très peu confortable et aisée que j’étais parvenue à réaliser une ou deux fois auparavant, observant son visage et ses expressions dans nos efforts. Il était immobile, comme perdu dans ses pensées et je n’osais pas ouvrir la bouche. Me replaçant, j’avais levé la tête en direction de la vitre pour continuer à l’observer dans une position plus confortable. Je l’avais alors senti se retirer avec lenteur, ne prononçant toujours aucun mot. Déglutissant, j’osais enfin :
— Erwin ? Tout va bien ?
— Oui… je songeais simplement à la suite … es-tu prête ? Les choses pourraient…se corser...
J’avais eu un instant d’hésitation. Comme au début de ce moment, je sentais son corps caresser le mien, nos intimités s’entrechoquer avec douceur et tendresse, attisant un moment qui serait sans doute plus sauvage. Le moment était follement excitant, m’encourageant à accepter mais une partie de moi semblait pourtant nécessiter plus de précision. Ce que nous avions fait là était déjà difficile dans une sens et je savais à quel point il était vorace. Si je lui accordais toutes les difficultés tout de suite, qui sait où nous allions arriver. Est-ce que j’étais prête à tout assumer ? Est-ce que j’étais prête à le faire ici et maintenant ? Est-ce que j’étais prête, tout simplement ?
— Se corser ? Comment ççç...
Ma phrase était restée en suspension tandis qu’il avait répondu à ma question par les gestes. S’il m’avait titillé avec douceur un moment, j’avais senti son sexe remonter dangereusement vers un autre orifice sans pourtant se permettre quoi que ce soit, le laissant en suspension, dans l’attente d’une réaction de ma part. Il ne m’avait pas menti. Il ne ferait rien de ce que je ne voulais pas faire, surtout en ayant aucune connaissance de ce que j’acceptais ou non. Sans doute sa gloutonnerie l’avait poussé à vouloir plus tout de suite, sans doute encourager par mes réactions positives précédentes et un maintien qui avait dû le satisfaire. Cette conclusion me fit du bien. Moi qui étais si peu convaincue de ce que je faisais, de savoir qu’il me faisait confiance pour voir plus loin avait quelque chose de rassurant, de doux et de gratifiant. Nous étions sur la même longueur d’onde. S’il s’était inquiété de savoir si tout allait bien pour moi, j’en avais fait de même sans oser le formuler. Par son action, il me confirmer que notre couple avait une entente précieuse sur ce domaine. Pourtant, malgré cette pensée et la confirmation de la confiance que je pouvais lui accorder, malgré qui me prouvât qu’il n’oserait pas faire quelque chose sur lequel il ne m’avait pas consulté avant, me confirmant que les liens ne devait pas m’inquiétait, je m’étais mise à douter de ce qu’il voulait à présent. La pratique ne m’était pas étrangère. Plutôt aventureuse dans mon adolescence, j’avais assez rapidement accepté de tenter ce genre de pénétration, n’y trouvant pourtant qu‘un plaisir très relatif. De la connaissance de mon épanouissement sexuel avec Erwin, je pouvais supposer que je n’avais fait qu’effleurer une pratique qui pouvait s’avérer nettement plus intéressantes entre d’autres mains. Alors pourquoi, malgré mon ouverture d’esprit sur le sujet et ma connaissance de ses talents, ma première réaction avait était d’avancer mon bassin pour échapper à la prise. Je n’étais pas allée bien loin, car, comme il me l’avait fait remarquer de longues minutes auparavant, j’étais plutôt acculée... et il proposait de me faire désormais quelque chose qui était susceptible de rimer à la perfection... m’arrachant un léger frisson. C’était inexplicable. Pourquoi cette pratique contre laquelle je n’avais absolument rien me semblait si brusquement impossible à réaliser avec lui ? Avais-je simplement mûrit, me refusant à certaines choses ? La maternité avait-elle quelque chose à voir dedans ? J’étais pourtant sûre que non et honteusement, je réalisais qu’au fond de moi, c’était plutôt l’idée que ce soit lui qui m’accompagne dans cette pratique qui me gênait. Je n’y avais jamais rien vu de sale ou d’humiliant, et pourtant à présent s’il le faisait, je ne pouvais m’empêcher d’y voir une symbolique d’une domination monstrueuse, d’une roublardise dans nom. Il n’était pourtant pas irrespectueux avec moi, il le prouvait depuis le début alors pourquoi me mettre des images pareilles dans la tête ? Je réalisais alors que l’ombre que je voyais dans le fond de ses yeux et que j’éviter de croiser sciemment ou que je ne mettais jamais sur le tapis était en train de me bouffer de l’intérieur. A ne pas l’identifier, je la voyais partout, mais dans ce quoi elle n’était pas. Tout devenait brusquement plus noir, plus soupçonneux. Pourquoi ne m’avait-il jamais parlé de cette envie ? C’était vrai ça, de toutes les discussions que nous avions eues, jamais il ne m’avait parlé d’avoir pratiqué ce genre de chose... pourtant nous étions ouverts sur le sujet. Était-ce la première fois qui le proposait ? Alors pourquoi à moi ? Et pourquoi j’y voyais forcément une raison sombre comme “il veut te briser” ou “tu es celle qu’il encule le plus symboliquement” plutôt qu’une raison aussi belle que “tu lui donne une confiance nouvelle” ou “tu es vecteur de nouveauté pour lui aussi” ? Peut-être parce que de ce que je connaissais de lui, je n’avais pas l’impression que quelque chose de beau pouvait en ressortir.
Erwin était à la fois un être précieux et pervers. Dans sa préciosité, l’idée même qu’il puisse vouloir mettre une part de lui dans un endroit aussi sale quand il n’était pas préalablement lavé comme c’était le cas actuellement me semblait ahurissant. Dans sa perversion, je le voyais forcément se gorger de cette pratique dans une symbolique bien plus violente qu’une simple préférence. Les deux ensembles ne faisaient clairement pas un bon cocktail dans mon esprit : j’étais paralysée. Depuis combien de temps déjà, je l’ignorais mais je réalisais que malgré le portrait démoniaque que je me faisais de lui à l’instant T, il n’avait toujours pas bougé, attendant ma réponse avant de faire quoi que ce soit. Je réalisais alors à quel point ma gorge était sèche. Déglutissant, j’avais fini par lui répondre :
— Je... je suis désolée mais... je crois que je ne me sens pas prête... pas... pas tout de suite.
Un tout petit silence suivi. Observant son reflet dans la fenêtre, je constatais qu’il m’observait légèrement penché sur le côté pour voir mon expression :
— Est-ce simplement de l’appréhension ou en as-tu peur ?
— Je...
Ma bouche avait décidé de placer des mots avant même que mon cerveau ne les a décidés. Je laissais un nouveau silence retomber, réfléchissant. Je ne savais pas vraiment comment répondre à cette question sans que cela ne se transforme en grand discussion. Ce n’était pas de l’appréhension car sinon il chercherait à me rassurer pour le faire, ce que je ne voulais pas mais en même temps j’appréhendais de le faire avec lui. Ce n’était pas non plus de la peur, ce n’était pas la première fois que j’explorais cette partie de moi mais j’avais peur de lui. Prenant une inspiration, je tentais d’être au plus clair sans désamorcer toute notre relation.
— Je dirai que c’est ni l’un, ni l’autre... dans le sens où j’ai pas besoin d’être rassurée donc j’appréhende pas mais j’ai pas non plus vraiment peur de tenter ça c’est juste que... c’est peut-être un peu trop corser pour aujourd’hui... je m’y suis pas préparée parce que je pensais pas que tu me demanderai ça un jour... pas que je veux pas, hein, juste je pensais pas que c’était ton truc... Et je préfère être “prête” pour ça, je serai plus à l’aise. C’est notre première fois et l’idée de tenter avec toi, comme ça, attachée, de dos, sans te voir et voir si ça nous convient je... j’ai pas envie. J’ai envie que le jour où on fait ça, au moins la première fois, on soit libre de nous voir, de nos mouvements tous les deux et que si ça nous plaît... alors on le refera de façon un peu plus corsée... même comme ça.
J’avais levé mes mains liées pour lui faire comprendre ce qu’il y avait derrière le “ça”. Laissant un silence pour lui laisser le temps de la réflexion, je précisais ensuite :
— Ça te va ?
Un long moment de silence s’était installé entre nous deux. Est-ce qu’il était mécontent ? Est-ce qu’il réfléchissait ? Je l’ignorais. Pourtant, il finit par briser le silence d’une voix toujours aussi enjouée, tout en précisant :
— Très bien… après tout il y a maintes et maintes manières de corser les choses…
Pour toute précision, je sentis l’un de ses bras se glisser autour de mon bassin, sa main agrippant ma hanche. Instinctivement, j’eu un mouvement de panique, me raidissant instantanément tandis qu’il émettait un bruit de bouche censé m’apaiser suivi de phrases de réconfort. A sa demande, je tentais de me calmer, réalisant que sa deuxième main était venue se nichée à l’arrière de ma tête, un peu au-dessus de ma nuque. La position n’avait pas de sens, que comptait-il fait en m’enlaçant ainsi tout en me maintenant le visage sur le bois du bureau ? Je réalisais alors que j’avais tout fallu quand il me retourna brusquement d’un geste expert. Je n’étais pas bien lourde mais il était pourtant parvenu à le faire, assurant à mon bassin de ne pas claquer le bois, ni ma tête non plus. Atterrissant sur le dos en douceur, je constatais qu’il n’avait même pas eu besoin de me détacher mais que les liens s’étaient un peu plus entortillés dans l’action, réduisant un peu plus mon mou. Si mes bras étaient bien posés au-dessus de ma tête, je ne pouvais désormais plus les relever ou en faire quoi que ce soit. Je l’observais un peu surprise et soulagée que l’on ne se soit pas fait mal tandis qu’il se redressait, un sourire malin grandissant sur le visage. J’avais eu un léger rire qui traduisait clairement mon stress de l’instant précédent et qui se stoppa brusquement lorsqu’il posa ses mains sur mes cuisses avec une force certaine, les faisant claquer, sans que cela soit douloureux pour autant. Il tentait de reprendre le fil et le sérieux du moment, dissipant définitivement le petit moment que nous venions de vivre. Je réalisais alors que j’étais incapable de me redresser dans cette position, pas même d’un peu, ce qui m’empêchait de voir clairement ce qu’il faisait sur mes cuisses. Je ne pouvais que sentir ses deux mains chaudes, prenant pleinement possession de ma chair, comme les serres d’un aigle sur une branche. Après un instant, la pulpe de ses doigts se mit à effleurer ma peau tandis qu’il ramenait ses mains vers mon intimité, de façon parfaitement symétrique, sans pour autant l’atteindre. Le souffle court, mes yeux plongées dans les siens, je ne voyais que son sourire, synonyme d’une jouissance qu’il prenait à me posséder de la sorte. Le bout de ses doigts se mit à descendre le long de mes cuisses, m’arrachant un frisson tandis que je pinçais les lèvres pour tenter de rester silencieuse. Ils se stoppèrent au niveau de mes genoux, ses mains se refermant de nouveau dessus avec une possessivité certaine. Je savais ce qu’il adviendrait ensuite, je l’observais en silence, le laissant maître de sa propre découverte tandis qu’il sépara mes deux genoux lentement, écartant mes jambes aussi doucement qu’il pouvait arracher le papier d’un cadeau emballé avec soin, tandis que ses yeux avaient quittaient les miens pour mieux observer l’entièreté de mon corps, lui étant complétement offert, sans plus aucune résistance possible. Il s’assura d’ailleurs de ceci en m’ordonnant de les laisser mes jambes dans la position dans laquelle il les avait mises, dans un écartement auquel je devais remercier ma souplesse de ne pas m’avoir lâché.
J'avais alors laissé échapper un soupire de frustration quand j’avais compris que nous étions repartis pour une session de patience. Il m’avait intimé au silence par un doigt sur la bouche et je réalisais alors que j’avais peut-être été plus bruyante que je ne l’avais voulu. Je m’étais excusé du regard, spécifiant mon silence en pinçant une nouvelle fois mes lèvres l’une contre l’autre. Il s’était reculé de quelques pas pour m’observer l’entièrement avec un sourire satisfait et légèrement pervers je devais bien me l’avouer. Me souvenant de l’histoire de la pièce, je lui précisais avec un sourire :
— Au final, que ce soit pile ou face peu t’importait...
Pour toute réponse, il m’intima une nouvelle fois au silence et je compris qu’en dehors du bruit que j’avais pu faire précédemment, il me demandait de ne plus en faire du tout, autant que je le pouvais. Je devais réprimer mes paroles, mes soupirs mais également... mes gémissements... et une partie de moi me disait que ce ne serait pas chose aisée, car il ferait tout pour arracher un son de ma bouche. Etant plus éloigné de moi, je devais me forcer à relever légèrement la tête si je voulais l’observer. Il l’avait savamment fait. Il était suffisamment loin pour me forcer à cette position inconfortable mais pas assez loin pour qu’elle me pousse à l’être trop au point d’abandonner et ce qu’il fit me poussa à la tenir. C’était là son prochain vice : si je voulais récompenser mes yeux de ce que j’allais voir, je me devais de faire souffrir une autre partie de mon corps. Avec lenteur, il commença à déboutonner ma chemise, son regard gourmand se posant par moment sur mon corps plus que sur mes yeux, s’attardant parfois sur l’antre béant qu’il s’était créé, l’attendant avidement. Pouvait-il voir les spasmes qu’il me créait ? Se gorgeait-il de cet effet ? Comme s’il avait lu dans mes pensées, un léger ricanement était sorti de ses lèvres tandis qu’il parvenait au dernier bouton. Avec lenteur, il me dévoila une épaule puis la seconde, tandis que je me tortillais davantage pour observer son torse enfin nu et non dissimulé à ma vue. Avec lenteur, il s’approcha du bureau, m’observant en contre plongée tandis que je reposais la tête contre le bois, l’observant en silence comme il me l’avait demandé. Avec douceur, il posa sa chemise à côté de moi, proprement pour éviter de la froisser et insolemment. Il rangeait les habits qu’il avait gardait juste à côté de moi, me rappelant à chaque instant que ce moment cuisant était un véritable cadeau dont il aurait pu se passer, me rappelant aussi que positionnée ainsi je faisais plus que partie de ses possessions, comme si je l’attendais patiemment dans sa penderie, qu’il s’occupe de moi. La gorge sèche, j’avais dégluti tandis qu’un spasme me parcouru sur l’intimité, poussant mon envie de resserrer mes cuisses afin de le dissiper, le soulagé. Au premier mouvement de ma cuisse, la main d’Erwin claqua contre celle-ci tandis qu’il m’observait, haussant un sourcil, comme pour me spécifier sa surprise de tenter de lui désobéir. Il m’observa sévèrement un instant tandis que je déglutissais, tentant de replacer mes jambes comme il me les avait placées. Pourtant, cela ne sembla plus le satisfaire. Sa langue claqua sur son palais à plusieurs reprises d’un ton réprobateur tandis qu’il se replaçait de nouveau entre mes cuisses. Je ne pouvais ni parler, ni m’excuser, rendant la négociation difficile et il le savait. Il m’observa un instant avant de juger qu’il était peut-être finalement temps que m’initier à la punition, comme je le lui avais suggéré quelques minutes plus tôt. Je me mordis instantanément la langue, maudissant ma capacité à beaucoup trop parler, claquant ma tête sur le bois du bureau d’un geste agacé. Je n’avais pas perdu une occasion de me taire, ça c’était une certitude... et lui n’avait pas menti quand il avait précisé corser les choses.
J’avais relevé un peu la tête pour l’observer tandis qu’il était revenu entre mes cuisses, reprenant possession de mes genoux, il écarta alors d’avantage mes cuisses, plus qu’elles ne les avaient été jusqu’alors et je réalisais au moment où il me lâcha à quel point il serait plus difficile de tenir cette position. Si l’écartement précédent jouait de ma souplesse, elle la mettait cette fois-ci véritablement à l’épreuve diffusant dans mes jambes une légère douleur, totalement supportable mais sans aucun doute difficile à tenir à la longue et qui relevait sans doute de ma punition. Je commençais alors à véritablement saisir le sens de celle-ci. Il n’était pas question de fessée, comme je l’avais supposée plus tôt et qui ne visait, je le voyais à présent à m’émoustiller. Ici, je saisissais clairement le discours “si tu n’es pas capable de m’obéir quand je te demande quelque chose de simple, alors obéit moi quand ça se complexifie”. Je m’en voulais d’avoir voulu refermer mes cuisses, je rageais contre moi-même et contre ce spasme stupide qui avait tout fait capoter. Cette position était largement plus compliquée à tenir, je sentais que bientôt mes cuisses commenceraient à tétaniser et j’avais presque envie d’en pleurer d’anticipation. Je réalisais alors que je me faisais la promesse de moi-même que la prochaine fois, je lui obéirais, quoi qu’il arrive, ne tentant pas de prendre à la légère ce qu’il venait de me dire et je comprenais alors soudainement pourquoi on appelait ça une “punition”. Est-ce que j’étais alors déviante d’y ressentir... un tout nouveau plaisir ? Quelque chose de fou, d’inédit, qu’on n'avait encore jamais exploré. Je comprenais alors que moins que d’agir par pur sadisme, il avait aussi voulu poser une vraie limite dans cette initiation pour me donner un aperçu complet de ce que nous étions en train de faire, de sorte à ce que je choisisse de continuer ou de refuser dans le futur en tout état de cause. Craignant une punition supplémentaire si j’osais ouvrir la bouche, je pinçais un peu plus mes lèvres l’une contre l’autre, espérant que la douleur provoquée me ferait aussi oubliée cette de cet écartement devenu tout bonnement indécent. Son regard croisa alors brusquement le mien et plus que le sourire satisfait, je cru lire dans son regard une fierté nouvelle pour ce que j’étais, une considération, loin de l’idée dégradante que je m’en faisais. Il ne me traitait pas comme une moins que rien à la solde de ses désirs, il était fier de voir que j’entrais dans le même jeu que lui, soucieuse de bien faire. Il avait compris que j’avais saisi tout ce qu’il tentait de m’instruire, que je me prêtais au jeu et que nous ne faisions qu’un à cet instant. Cela me donnait une bouffée de soulagement qui se traduisit par un sourire que je lui lançais, sincère et touché. Ses mains quittèrent mes cuisses tandis qu’il reculait de nouveau pour se replacer au même endroit que là où il avait quitté son haut. Lentement, il retira la ceinture de son pantalon, la repliant en deux en m’observant, avant d’aller la poser sur la chemise. Il revint à sa position pour faire glisser lentement son pantalon, ne me quittant pas des yeux tandis que je l’observais avec envie, mes jambes de nouveaux saisies d’un spasme, aussi douloureux que gorgé d’une envie certaine. Je ne les bougeais pas cependant, persuadée que s’il devait une fois de plus les écartés, j’en frôlerai la déchirure musculaire. Je commençais petit à petit à comprendre ce qu’il voulait dire par le fait de me laisser aller. C’était fou comme cette douleur m’obligeait à me détendre, à me décentrer de mes propres désirs, à rester concentrer sur l’ordre et ce que je vivais, tout en ne m’autorisant pas d’en faire tout ce que je voulais. Aussi fou que ça pouvait paraître, à mesure que la douleur s’infusait dans mon corps, je me sentais fière. Fière de tenir. Et Libre. Il n’y avait rien qui m’obligeait à le faire en réalité. Les barrières étaient fictives et pourtant, je m’attelais à m’ordonner un véritable contrôle sur mon corps, une chose que je n’aurai jamais pensé réaliser. Oui. Fière et Libre j’étais et je restais, même en cet instant.
Après avoir replier son pantalon lentement, il était venu le poser à côté de ma tête, renforçant un peu plus la symbolique. Avec douceur, ses doigts se posèrent alors sur mon front, m’obligeant à reposer la tête sur le bureau et à baisser fortement les yeux pour le voir. Il n’était pas retourner sur sa place de strip tease, il était resté devant moi, entre mes cuisses, son boxer toujours en place, bien que parfaitement inutile. Il le retira alors à son tour, lentement, se penchant légèrement pour passer les jambes, ce qui le fit quitter mon champ de vision. Je ne voyais absolument plus rien mais mon imagination faisait le reste. J’imaginais que son visage ne devait pas être bien loin de mon intimité. Comme pour le confirmer, il impulsa légèrement un souffle dessus, me soulevant littéralement du bureau. L’effort pour ne pas gémir ni bouger mes cuisses avait été considérable mais j’avais tenu. Il m’en congratula d’ailleurs ce qui me fit sourire d’amusement. Comme pour y ajouter une nouvelle récompense, il distilla un instant un souffle chaud sur ma zone érogène avait de se relever, posant son boxer sur son pantalon plié à son tour. Les doigts de sa mains droites remontèrent alors mes cuisses touchant légèrement la rondeur de mes fesses qu’il pouvait atteindre quand il y parvint avant de finir par les déposer avec douceur sur mon sexe, le touchant lentement comme pour jauger de mon état de lubrification. Les retirant, il observa un instant sa main avec un sourire, me jugeant sans aucun doute suffisamment prête à la suite. Sans crier gare, il colla entièrement son intimité contre la mienne, lui diffant sa chaleur, me rappelant à son état toujours aussi présent. J’avais serré les dents pour ne pas gémir une nouvelle fois, tandis que, faisant fi cette fois de mes efforts, il se penchant vers mois, prenant appui sur ses coudes, de chaque côté de mon corps, tandis que le sien frôlait le mien dans toute son entièreté. Seul le centre de nos désirs étaient connectés, comme s’il souhaitait y ajouter une symbolique parfaitement déchiffrable. Plongeant ses yeux cruels dans les miens, il stoppa son visage à quelques centimètres du mien, nos lèvres se frôlant dangeureusement sans pour autant qu’il y instille un baiser.
— Hummm je vois que je te laisse…sans voix.
Je devais bien l’avouer, la blague était drôle. J’avais manquer de laisser échapper un rire que j’avais retenu juste à temps, non sans douleur. Mes jambes commençaient à tétaniser dans une douleur encore plus puissante.
— Pour la suite j’aimerai qu’il en reste ainsi… retiens ton souffle…pour le moment… il ne faudrai pas que tout arrive trop vite n’est-ce pas ? Tout vient à point à qui sait attendre ! Et Je sais à quel point… sommes-nous d’accord?
Il avait penché la tête avec un sourire carnassier, sondant mon regard à la recherche dans doute d’une lueur de compréhension qui scellerait notre pacte. Il voulait que je reste silencieuse, j’avais bien compris qu’il ne m’autoriserait pas à ouvrir la bouche et j’appréhendais déjà le moment du combat. Je ne compris que quelques secondes plus tard ce que le “retiens ton souffle” signifiait réellement. Tout bien à point à qui sait attendre avait-il dit... Il semblait bien qu’il parlait ici de terminer notre acte. Retenir mon souffle. Je réalisais alors ce qu’il attendait de moi. En plus de garder les jambes écartés à ce point et de rester silencieuse, il fallait que je contrôle mon orgasme jusqu’à ce qu’il en décide autrement. Ce n’était pas “corser” le jeu qu’il venait de faire, c’était le faire passer au boss final... J’en revenais presque à regretter sa proposition précédente. Une lueur de peur passa un instant dans mon regard mais je finis par hocher la tête lentement pour lui faire comprendre mon acquièscement, sans le toucher pour autant. Le sourire toujours aussi carnassier mais visiblement satisfait, il se releva alors sa main gauche se posant sur ma hanche, tandis que la droite l’aider à se frayer un chemin jusqu’au plus profond de moi.
Ce fut le début du cauchemar... et du plaisir absolu en même temps. J’avais fermé les yeux à l’instant où je l’avais senti entrer en moi, cherchant à me canalyser pour retenir toutes les règles qu’il m’avait imposé. Mais un nouveau claquement de langue réprobateur se fit entendre et tandis que j’ouvrais les yeux, il prit mon menton etre son pouce et son index, dirigeant mon regard entièrement vers lui, pour que je ne cesse de l’observer. Sa seconde main quitta alors mon visage pour trouver refuge sur ma deuxième hanche tandis qu’il recommençait ses mouvements de va-et-vient avec plus de puissance qu’il ne l’avait fait jusqu’alors. C’était le bouquet final, il le savait. Plus de raison de tergiverser, juste un moment de pur plaisir et d’intense acharnement, jusqu’à la lie, comme il aimait le dire. J’étais secouée de spasmes au creux de mon ventre, mes jambes brûlaient d’une douleur cuisantes, ma gorge sentait sur le point d’exploser tant je lui demandais de retenir mais dieu que c’était bon. Je n’étais même plus certaine que ce que nous faisions était moral ni même acceptable d’un point de vue de la bienséance sexuelle mais je m’en fichais. Mes liens l’empêchaient de me tirer à lui alors il s’enfonçait de lui-même, sauvagement, savamment, me stimulant par moment de sa main experte, mettant d’autant mon silence et mon contrôle à rude épreuve. Mon souffle se faisait de plus en plus lourd, c’était si douloureux dans le bien être que ma gorge laissait échapper de tout petits gémissements qui duraient une micro-seconde malgré moi. Il ne m’en tenait pas rigueur, se gorgeant au contraire de ce que je ne savais réprimer comme preuve suprême de son irresistible charme, de son expertise suprême. A mesure que les secondes passaient, il s’allongeait de plus en plus sur moi et je voyais son visage à lui aussi se déformer par la hargne du travail bien fait et du plaisir que cela lui procurait. Il en grimaçait, férocement, tandis que de fines goutes de sueurs perlaient sur son front, glissant jusqu’à ma pointrine où ses lèvres avaient élues domicile. Son visgae remonta alors brusquement vers le mien tandis que ses grognements contrôlés rencontrés mais soupirs silencieux et lorsque ses yeux furent dans les miens, je tentais de l’avertir silencieusement : je n’en pouvais plus. C’était beaucoup trop bon, il fallait que je cède, que je me libère, ça en devait douloureux, il fallaut que je l’exprime ou que je m’y abandonne, j’allais exploser. Tout mon être était en feu, mon corps, ma tête, jusqu’à mon âme. J’allais mourir. J’aurai pu l’en prier si j’avais eu la parole... mais il n’avait pas besoin de l’avoir pour savoir que c’était, je l’avais vu par la lueur malsaine qui avait traversé ses yeux. Sa main droite j’étais enroulée dans mes cheleux jusqu’à ma nuque, la redressant dans sa direction, jusqu’à ce que nos lèvres se touchent tandis qu’il donnaient les derniers à-coups, irréguliers, déraisonnés par la puissance du plaisir qu’il y prenait. Dans un souffle lourd, il m’autorisa :
— Viens à moi.
Je n’avais pas attention une seconde de plus pour relâcher enfin ce que je retenais depuis des secondes, des minutes ou même des heures, que sais-je, j’en avais perdu la notion du temps. A la seconde où il m’avait senti me relâcher ses lèvres avaient accrochés mes lèvres furieusement tandis que nous jouissions à l’unissons, nos langues s’entremêlant dans un baiser puissant et passioné, le premier de toute cette incartade. Lorsqu’il relâcha notre étreinte, il reposa avec douceur ma tête sur le bureau, la sienne allongée sur ma poitrine, tandis que nous reprenions toutes les deux notre souffle. Le mien était plaintif, teinté de bruit que j’étais désormais autorisé à faire, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine, au point qu’il devait sans aucun doute lui percer le tympan. Mon corps entier était parcouru de spasmes, tremblant, tandis que je resserrais enfin léègrement les cuisses pour permettre à mes muscules de se relâcher, à la douleur de se stopper.
— Mon dieu... Erwin...
Je ne savais même pas où j’allais avec ma phrase, j’avais l’impression que mon corps entier s’était vidé de mon âme et de la raison pour ne laissée qu’une enveloppe charnelle mouvante seule au grè du vent, bonne à jeter, après tant d’épuisement.
— C’était... c’est... Je...
Je déglutissais, tentant toujours de reprendre mon souffle, me demandant stupidement à quel point la pièce pouvait être chargée de nos ébats, tant par les ondes que les odeurs, tant j’avais impression que la Terre tout entière s’était ébranlée sous notre plaisir. J’étais femme à nouveau, nous étions couple à nouveau et de la plus forte façon qui se pouvait. Sa main vint alors rejoindre les liens qui me liaient toujours au bureau pour défaire mon nœud, me permettant alors de poser mes mains sur son dos brûlant pour l’embrasser, caresser ses cheveux trempés de sueur, y déposant un baiser tout en précisant dans un murume :
— J’espère que tu as encore un peu de temps, j’ai envie d’un moment à nous...
En soit, tout avait été à nous, mais c’était ma façon de lui spécifier ces moments que nous passions après la bataille, après le tumulte, le dernier câlin qui se faisaut dans la douceur et le silence, où nos corps s’apaisaient l’un contre l’autre, après s’être autant éprouvés. Et s’il était disposé à me le donner, nous étions l’un et l’autre loin de nous douter à quel point celui-ci risquait de virer au désastre.
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
“Ses lèvres étaient rouges, ses regards étaient effrontés, Ses cheveux étaient jaunes comme l'or”
Il avait promis de corser les choses et mille scénarios se dessinaient déjà, dans lesquels il suffisait de piocher à l’envie. Sulfureux sans être vulgaires, toujours à la pointe du vice mais embrassant pleinement la lubricité des actes en question. Il en avait florilège de possibilités, et pourtant, une envie lui vint, nouvelle, assez différente. Pour peu s’en serait-il presque offusqué, s’il n’admettait pas déjà la pratique… Elle n’était guère récente, même si l’époque actuelle semblait penser être bien davantage libérée que les mœurs de son époque. Pour y avoir vécu, Preminger pouvait affirmer que ce n’était qu’un leurre. Sous couvert de puritanisme, c’était omettre que son Temps avait été marqué par ce que Laclos avait mis en livre : le libertinage. Et il fallait sans dire que les mises en œuvre de cette pratique avaient dépassé les époques. Preminger avait fréquenté, sous couvert de mine désapprobatrice pour ne pas dire franchement et hostilement outrée, des libertins expertisant les vices les plus...épicés et obscènes. Il avait appris alors, au gré de quelques discussions et situations, les voies dévoyées empruntées par certains. Le Ministre n’avait guère franchi le pas. Oh ce n’était pas que l’imagerie tirée de cette pratique lui déplaisait pas. Pour ainsi dire, il y trouvait une forme d’allégorie quelque peu triviale mais guère vulgaire pour autant, plutôt jouissive dans son illustration. N’était-ce pas, après tout, exercer la métaphore de ce qu’il faisait à autrui, en permanence ? Néanmoins...l’aspect hygiénique le rebutait clairement. Il avait beau porter aux nues l’époque dont il était issu, ce point était une exception. Il ne pouvait regretter les améliorations technologiques du présent. Qui plus est, et aussi pervers qu’il avait pu être dès le commencement, il devait admettre qu’il n’avait aussi trouvé aucune partenaire pour expertiser cette pratique. Du moins, aucune à son goût. A présent… c’était différent, puisque l’idée se présentait à lui. Il paraissait que l’occasion semblait se présenter, parfaitement, pour incarner l’idée. Sans pour autant qu’il ne chercha à traîner dans la boue et la souillure sa maîtresse. Non, ce n’était qu’expérimenter avec elle, les sentiers profonds de la perversion qu’ils menaient ensemble. Puisqu’il l’entraînait, presque malgré elle, dans la métaphore…sans pour autant l’en déclarer victime. A ses yeux, elle ne l’était pas. Bien qu’inconsciente du jeu mesquin qu’il jouait, il la considérait davantage comme l’alliée, la compagne qui l’accompagnait, marchant à ses côtés sur ce chemin… Parce qu’ils étaient complémentaires. Si bien qu’il avait envie. Furieusement envie. De tenter. Par l’effet de la situation. Par l’effet de sa présence…
– « Erwin ? Tout va bien ? »
Emporté par son envie, pourtant, il avait délaissé l’intensité du moment présent l’espace d’un instant… Le son de la voix, pourtant douce, de la jeune femme l’y ramena brusquement. Ce retour à la réalité aurait pu lui faire l’effet d’une gifle, le retirer loin de cette lubie surprenante, loin de cette curieuse de tentation qui venait de conduire ses envies et fantasmes plus loin encore qu’il n’était lui-même allé… Mais, au contraire, il y vit seulement la concrétisation de ce qu’il s’apprêtait à franchir. Un appel implicite. Et une concrétisation de son envie.
– « Oui...je songeais simplement à la suite… Es-tu prête ? Les choses pourraient se corser... »
Il suivrait son impulsion. Mué par son désir de se révéler à elle, à n’en pas douter. Faute de pouvoir clairement exprimer, de relâcher ce qu’il était, ce biais n’était-il pas idéal ? Enora était celle qui le connaîssait le mieux, Midas excepté. Il n’avait personne d’autre avec qui il possédait une réelle envie de se laisser aller de cette manière. C’était une confiance, quelque chose qu’il voulait partager avec elle. Voir si emprunter ce chemin pouvait les porter davantage ou différemment. Et quand bien même, tout ceci pouvait paraître pour le moins indélicat à ses principes, après tout...ne fallait-il pas tenter ? Sans lavement ? Il hésitait… Oh non. Oh Oui… Sûrement… Il sentait son esprit et son corps s’échauffer d’une chaleur. Ses mouvements avaient repris leur cadence, délicats, doux. Ils attisaient de la lascivité de l’entrechoc de leurs corps, conservaient la maîtrise de la transe, ne pas la laisser se rompre, d’atermoiements. Rien que cette caresse intime possédait une saveur exquise…
- Se corser ? Comment ccc…
Il aurait pu répondre. Et il le fit. Après tout, le faire ne nécessitait pas nécessairement une parole. Le geste suffisait. Si bien que s’extirpant de son intimité, il se laissa remonter, doucement, lentement, jusqu’à rejoindre ce lieu encore inexploré, s’y attardant suffisamment pour qu’il n’y ait plus de doute. L’envie ne pouvait qu’être comprise. Et pourtant, il ne s’y força pas. Loin de là. Son décision avait été prise, qu’en serait-il de la sienne ? Le Temps laissé à atteindre son objectif, plus que titiller, n’avait que cette vocation. La laisser confirmer son envie ou signifier son doute. Ils n’avaient jamais parlé de ça. Elle avait pu tenter, possiblement. Elle pouvait en être désireuse. Mais la réaction presque instinctive de « recul » qu’il provoqua, lui mis un doute. Elle avait coulé, plaqué même son bassin jusqu’au bureau pour s’extraire – en vain - à son contact… à l’éventualité. Elle ne voulait pas. Ou craignait. Une appréhension que Preminger ne pouvait décrier, tout comme il respecterait le choix qu’elle émettrait. Après tout, tout ceci n’avait pour but que de se livrer à leurs propres plaisirs réciproques. La domination qu’il émettait ne causait plaisir et félicité que parce qu’elle n’était que désirée, appréciable. Il ne souhaitait rien imposer qui ne rompa ce moment de transe. Même si ceci ne pouvait être aussi qu’une demande implicite de temps d’adaptation, un échappatoire à un choix hâtif où le consentement cédait un peu à l’empressement. Aussi, ne la pressa-t-il pas, attendit patiemment son retour.
— Je... je suis désolée mais... je crois que je ne me sens pas prête... pas... pas tout de suite.
Il laissa couler un silence, pencha néanmoins la tête pour surprendre une expression, une explication. Il ne savait pas si cela l’étonnait ou non, à vrai dire, il se demandait surtout ce qu’il fallait en penser. Ce n’était pas un refus définitif, formulé ainsi. Plutôt l’expression d’une indécision. Qu’il ne pouvait pas dédaigner. Il comprenait. Voulait seulement être certain de comprendre parfaitement le cheminement de sa pensée. Après tout, la discussion portait le Moment. Une envie de différer. Par peur ou incompréhension ? Il s’entendit interroger : – « Est-ce simplement de l’appréhension ou en as-tu peur ? »
A vrai dire, il voulait le savoir. L’entendre dire. Qu’elle ne se contente pas de tenter différer le moment si l’exercice ne provoquait dans son esprit qu’un effroi voire un dégoût définitif. Si la pratique la répugnait, il ne tenterait pas de le lui reproposer plus tard. Si elle éveillait une seule crainte, il marquait ainsi, qu’il était prêt à en discuter. Il ne la jugerait pas et opinerait seulement. Si l’appréhension seule régnait, peut-être tâcherait-il de l’amoindrir.. et finirait-il par la convaincre. Qu’importait. Mais elle avait parlé. Dans un dialogue, qu’elle avait tâché de faire bref, sans y parvenir pleinement mais qui possédait l’avantage certain de la clarté. Elle évoqua une barrière et il ne put dénier ses arguments. C’était vrai. La pratique en elle-même pouvait provoquer d’instinct une sorte de recul et d’appréhension. Lui demander de dompter ses craintes dans une position obstruée n’améliorait rien. Toute à sa vision de domination, il avait oublié à quel point, hormis l’esthétique Enora flirtait en permanence avec le stress qu’un ligotage en règle pouvait générer. Effectivement. Et il ne pouvait nier que la proposition plus simple n’en demeurait pas moins audacieuse dans l’expérience. Peut-être lui-même y consentait-il aisément. D’autant que la préparation lui permettrait d’effectuer un lavement en toute connaissance de cause. Et il devait admettre que… cette perspective le charmait davantage et lui permettrait de lever toutes ses réserves. Il l’avait observée lever ses poignets pour souligner ses liens avant de s’enquérir de la manière dont il prenait l’information. Un silence s’était écoulé alors qu’il réfléchissait à la question. A vrai dire, il s’en moquait. Ce n’était que partie remise. Ce serait un autre jour et ce n’était décidément pas pour lui déplaire. Lui-même bénéficierait du Temps pour songer à cette nouveauté qu’il désirait essayer, à la préparer et s’y préparer. Oui. Avant même d’inclure celle-ci dans l’exercice de leurs jeux particuliers, autant qu’ils puissent au moins déterminer s’ils y prenaient un goût certain. Et..l’absence de liens servirait sûrement à découvrir le moment de manière plus intime. Si bien qu’il avait brisé le silence d’une voix enjouée :
— Très bien… après tout il y a maintes et maintes manières de corser les choses…
Une nouvelle idée venait de prendre forme dans son esprit. Non moins émoustillante. Même..si moins osée dans la lubricité, elle possédait sa propre nuance de perversion… Et leur réserverait, assurément, leur lot de voyages lents et sensuels. Oui. Déjà l’esprit captivé par ses projets, il replongeait pleinement dans la tension environnante, glissant l’un de ses bras sous son basse, sa main agrippant sa hanche, prêt à mettre en œuvre son ébauche. Un mouvement de panique, mué par l’interrogation, la secoua. Sa langue claqua contre son palais, réprobatrice:
— « Tss… Doucement. Laisse-toi donc aller. » soupira-t-il doucement, glissant sa seconde main à l’arrière de sa tête, ajouta « Ce n’est rien.. »
Et cela irait très vite. Promptement, d’un seul geste, il l’avait retournée d’un seul geste, laissant un sourire altier s’emparer de sa bouche lorsque son regard croisa le sien. Une moue moqueuse passa sur son visage, amusé de son inquiétude soudaine, la facilité de l’opération et la vue de son visage et son corps qu’il retrouvait avec plaisir. D’autant qu’il la retrouvait plus offerte à son regard et bien plus obstruée qu’alors, encore. En la retournant, le mou de ses liens s’étaient réduits davantage. Peut-être ne l’avait-elle pas encore remarqué ni expertisé… Cela viendrait. Prenant conscience de ce qu’il s’était contenté de faire, spontané et libérateur, un rire était venu égayer le visage délicat d’Enora. C’était charmant, certes, mais très inopportun. Dans une mimique sévère, il le fit cesser, par le jeu de ses paumes douces sur ses cuisses nues. Elles claquèrent. Et il savoura, avec bien plus d’acuité la stupeur délicieuse se marqua sur le joli minois de son amante. Le geste n’avait été en aucun cas cause d’une douleur particulière, le son était davantage impressionnant que la sensation qui persistait sur elles. Une légère chaleur électrique… Mais le pouvoir qui s’en dégageait en revanche était différent. Et il crépitait encore entre ses mains, alors qu’il les faisait glisser sur la chair plus fine de ses cuisses. Il effleurait, s’y frayait le chemin qui s’ouvrait pour lui, le sol était aussi ardent et fin que le plus doux des sables. Sans la lâcher du regard, d’un sourire entendu, il remonta sa prise, plus haut encore la laissant se gorger de l’expectative avant de s’en éloigner… Savoura son soupir muselé sur ses lèvres tandis qu’il descendait, s’éloignant de son point de rupture pour mieux venir séparer ses genoux lentement. Aucun geste brusque, une lente invitation qu’il se faisait à lui-même, une porte qu’il ouvrait seul. Mais qu’elle n’avait pas verrouillée. Il observait. Ce qui lui était donné, sans aucune retenue possible ni même voulue. Quel charmant spectacle…
– « Demeure ainsi. » décréta-t-il doucement, un sourire fin teintant son visage splendide d’une lumière supplémentaire.
Ce n’était pas un souhait mais une demande impérative. Laquelle avait donc force de loi, dans l’exercice de leur jeu. Cela augmentait l’attraction d’une pointe de tension non négligeable et la vision qui s’offrait à lui regorgeait aussi de promesses et délices. Son visage tendu, désirable l’observait mutin encore, mais son corps entier était offert et tremblait pour lui.
– « Au final, que ce soit pile ou face peu t’importait...» — « Jusqu’à nouvel ordre, scelle-moi cette gracieuse bouche, trésor... » fut sa seule et susurrée réponse.
Non pas qu’il désira nier. Bien évidemment qu’il comptait avoir gain de cause, jouer selon ses règles. La pièce n’avait jamais été là pour limiter sa marge de manœuvre, uniquement pour la faire perdre de la stabilité et l’emmener vers l’indiscernable. A présent, il était plus que Temps de s’y engoncer. Oh comme il tressaillait d’une douce mais incandescente impatience… L’amener à subir dans le silence était un défi peu évident et pourtant, il l’y condamnait avec hâte. Lorsque les courants montaient, dans la fièvre et le souffre, ballottant le désir par vagues hautes, restreindre le bruissement de son plaisir semblait une meurtrissure. Gémir âprement soulageait, tout comme le son de ses plaintes attisaient encore plus férocement la brûlure délicieuse qui scindait le corps. A vrai dire, il comptait bien l’y forcer. A rompre ses engagements et en tirer grâce bien plus douloureuse et goûteuse, après s’être gorgé de le mutisme éloquent de ses lèvres pressées et de ses yeux offerts agités de luxure. Il se recula, un peu, pour mieux se lancer dans une autre activité, non déplaisante. Pour corser l’ensemble et par nécessité, il convenait de se dévêtir. Preminger savait que ce moment lui accorderait davantage de pouvoir que jusqu’alors, puisque après tout… elle était à sa merci. Et si elle désirait voir, prendre toute le plaisir de ce moment de grâce, elle devrait se plier aux exigences physiques que sa position et ses liens exigeaient d’elle. Elle devrait le mériter. Elle se contorsionnerait pour lui, tiendrait la pose, pour ses yeux tout ne possédant d’aucun moyen pour intervenir. Et lui jouirait parallèlement du splendide panorama qui n’attendait que son entrée… Elle, elle serait liée à ses gestes, forcée de regarder et d’observer la splendeur implacable qui se dégageait de lui. Si bien qu’il en avait parfaitement joué. Ses doigts ôtèrent lentement les boutons de sa chemise, l’exercice auquel il se livrait l’emplissant d’une vigueur cruelle. Erwin se gorgea de l’effet qu’il notait sur son corps, la manière dont ses yeux se voilaient, la façon dont sa poitrine se soulevait et l’attente qu’il générait. L’envie brute. Un léger ricanement sortit de sa gorge dévoilant ses dents nacrées. Il adorait. Se sentir désiré. Forcément. Et encore plus sous la force de son regard bleu. Il était un miroir inédit mais puissant. Lentement, il découvrit ses épaules, la regardant se tortiller pour mieux profiter de la beauté de son torse nu. Oui… N’était-ce pas là une manière particulièrement grisante de rendre gloire à sa Beauté ? Ainsi, elle souffrait pour le voir. Et savourait sa beauté. Bien davantage que le simple plaisir des yeux, la beauté de cette vision prenait une consistance charnelle entre ses cuisses qui ne lui échappait pas. Elle se tendait, dans l’envie, enivrée par le spectacle, mordue de désir. Du gonflement de sa poitrine oppressée par son carcan de dentelle jusqu’à l’excitation qui contractait son sexe, sporadiquement, elle ne pouvait rien lui dissimuler. Il savait tout de son charme, de son impact. Et s’en excitait. Il sentait la puissance de son charisme irradier sa beauté et la prenant entièrement. La déviant même des objectifs qu’il lui avait adressé. Enora frissonnait encore lorsqu’il vint à elle, poser sa chemise à son côté, non sans avoir pris un temps supplémentaire pour la plier parfaitement, à proximité de sa cuisse. Faussement indifférent. Il rangeait le tout, comme indifféremment, comme si elle avait pénétré dans sa propre intimité. A l’observer de la porte de son armoire. Comme si elle n’était qu’une de ses possessions, rangée là parmi tant d’autres, vouée à attendre qu’il daigne s’occuper d’elle. Et cette perspective, n’avait rien fait de plus que faire perler une vague délicieuse sur son intimité… Il avait vu le spasme s’y presser et deviné la sensation chaude qu’elle en avait tiré… Délicieuse et insupportable à la fois… Et la première ébauche de mouvement pour s’en extraire. Sa main avait fondu une nouvelle fois, sur sa cuisse, sévèrement pour l’en dissuader. Il avait haussé un sourcil désapprobateur, claqué sa langue sur son palais, pour signifier son mécontentement. Que le monde des ordres semblait difficile à appréhender pour elle. Comme s’abandonner à lui paraissait toujours devenir long périple… Il avait apprécié la voir tenter de se redresser pour mieux reprendre sa position initiale, dans une moue presque désolée. Un bref moment… Semblable à une enfant prise en faute, le pied tâtonnant l’extérieur d’un cercle pour mieux le repositionner sagement, comme si rien ne s’était passé. Et c’était ce qu’elle faisait, volontairement ou même involontairement… Elle outrepassait les règles, puis tentait de s’y conformer à nouveau, angéliquement, jusqu’au prochain « outrage ». Ce n’était que si peu de choses, et en même temps, cela possédait une vocation considérable à la sortir de leurs activités. C’était un jeu, certes, mais cela ne justifiait pas d’en ignorer les règles, sans être sanctionné. Si bien que subitement, son attitude bien que polie et respectueuse, ne lui suffisait plus. Il convenait de la rappeler à l’ordre. De lui faire prendre conscience des règles et des engagements pris. Il lui fallait une punition. A la hauteur de la faille, bien évidemment. Déjà il s’était replacé entre ses cuisses, notant qu’ayant remarqué son attitude bien plus guindée, Alexis avait deviné ce qui allait suivre et s’en mordait déjà les doigts. Sa tête claqua légèrement sur le bureau, d’agacement, lui attirant un léger rictus. « Tant pis, très cher trésor… Il convenait d’être saaage et disciplinée. Et vous ne l’avez pas été. » Si bien qu’il l’écarta encore. Qu’elle s’ouvre donc. Sans la barrière apaisante des cuisses, la sensation sur son intimité devait être plus ondoyante, l’espace d’un instant, l’impact du plaisir révélé pleinement, pulsant à pleine vue… Mais le travail des muscles des cuisses la rendait vite paradoxalement intenable, inconfortable. Eh bien qu’elle tienne, donc. Bien plus corsé ? Oui. Mais c’était là tout le but. Et la différence qu’elle ferait aisément avec la fessée qu’elle avait pris, innocemment de la sorte. La fessée n’avait qu’une volonté de pimenter les choses. Attiser par une douleur plus agréable que source de souffrance. C’était une fausse correction à visée bien plus dominatrice que punitive. Cette position en revanche ne lui apporterait rien. Elle serait un défi bien plus conséquent, nécessiterait une souffrance plus grande, une plus forte mobilisation de ses muscles pour la conserver. Elle la dissuaderait à l’avenir d’outrepasser un ordre léger. Surtout en se rappelant qu’elle avait été, pourtant, en pleine capacité de le maintenir jusqu’à la fin et que seule sa faiblesse et l’oubli des règles l’en avait dévoyée. A présent, ce serait plus difficile. Il coula un regard vers elle, dans l’attente de sa réaction. Ici se trouvait possiblement deux chemins distincts. L’un pouvait mener à la cassure du jeu, l’autre à sa pleine compréhension. Elle pouvait rompre ses efforts, et pourtant, ce ne fut pas le chemin emprunté. Bien au contraire. Elle prenait la pleine mesure, la pleine résolution des nouvelles règles qui seraient les siennes. Il voyait sa concentration. Sa volonté. Sa ténacité, son envie de bien faire s’inscrire dans son corps et son regard décidé. Ses muscles se dessinaient sur ses cuisses,dans leur travail, lui arrachant un sourire de fierté. Il savait qu’elle en était capable. Et qu’ils le feraient. C’était un exercice parfait pour eux, forgé dans la confiance, la domination mais l’écoute de l’autre. Elle, si taillée pour lui ne pouvait qu’y briller, plus que n’importe qui. Elle seule. Et le rejoignait ainsi dans le Moment. Et après un moment, elle lui sourit. Un sourire sincère, touché. Radieux. Qui témoignait de Tout. Tant du sentiment qu’elle lui portait que le lâcher-prise et les règles qu’elle acceptait de ressentir. Il déboucla sa ceinture, vint la poser au dessus de la chemise sans la quitter du regard, puis recula, pour reprendre sa posture initiale. Surveillant la tension charmante qui naissait de son effeuillage, et celle imposée à ses muscles. Doublement tendue et pourtant doublement libérée. Les liens et la domination qu’il exerçait dans ce jeu lui donnait une manière différente de vivre pleinement sa sensualité et ses envies. Inédite, dans un contrôle qui pourtant aboutissait à un laisser aller complétement différent. C’était un saut dans le vide qu’elle craignait de faire parfois et qui pourtant la libérait. Il ressentait qu’elle en prenait conscience, notant la fierté gagner son regard bleu, sous l’attente. Bien que liée, elle gardait son indépendance et sa propre volonté, il n’y avait qu’elle pour accepter de céder à ses envies. Elle le faisait parce qu’elle le voulait. Et n’était-ce pas gratifiant pour elle de sentir y prendre tant goût ? Elle le voulait et lui possédait pourtant dans cet accord, la puissance de mettre en scène ses envies et de l’y voir s’y conformer. Il ôta son pantalon, puis resta non loin d’elle, devant elle, afin qu’elle puisse pleinement quoi que difficilement profiter de la dernière partie. Faisant glisser son sous-vêtement, il se pencha pour l’ôter pleinement, demeura néanmoins. Il s’extrayait à sa vue et pourtant, il ne faisait pas de doute que son imagination suffisait à le visualiser clairement, entre ses cuisses. Il devait être presque tentant pour elle de replier les jambes ce qui rendait la punition encore plus cruellement délicieuse de son point de vue. Elle savait où il se trouvait n’est-ce pas ? Et à quel point, ce qu’il avait offert à sa vue. Comme pour se signaler et donner corps à l’image fantasmée qui se formait en elle, il souffla sur son intimité, observant les dégâts causés. Moins importants que possible mais aussi forts qu’escomptés.
– « Very good. » commenta-t-il gracieusement, non sans lui offrir une seconde dose de cette brise légère et chose, satisfait de constater d’en constater les effets.
Puis se releva, pleinement, déposant son boxer sur la masse de vêtements pliés à sa droite, puis revint les nicher dans l’antre ajouré au creux de ses cuisses, Il lui tardait. Alors, il la caressa. Doucement, lentement. Ses longs doigts allèrent et vinrent, prenant possession de sa chair lustrée. Qu’elle était émotive à son toucher ! Comme elle irradiait sous la pulpe de ses doigts., pulsait rose et moite de désir. Il sentait la brûlure causée… et Elle tenait. Pour le moment. Avançant brutalement, il vint coller son intimité contre la sienne, le regard rivé sur le sien, savourant la vision de sa mâchoire tendue, le murmure qu’elle avait retenu entre ses dents. Il ne recula pas. Plus cette fois. Vint au contraire s’étendre sur elle, prenant appui sur ses coudes, l’enveloppant pleinement, fondant ses yeux brûlants et acérés dans les siens, alors que leurs bouches se frôlaient :
– — Hummm je vois que je te laisse…sans voix. Pour la suite j’aimerai qu’il en reste ainsi… retiens ton souffle…pour le moment… il ne faudrait pas que tout arrive trop vite n’est-ce pas ? Tout vient à point à qui sait attendre ! Et Je sais à quel point… sommes-nous d’accord?
Un sourire diabolique vint pondre sur sa bouche charnue, alors qu’elle prenait la mesure de sa demande. Oui c’était effrayant, il n’en doutait pas. Il songeait surtout à quel point tout ceci n’en devenait que plus affriolant. Bien évidemment, elle faillirait, parfois. Mais ses chutes, n’en seraient que plus douces à ses oreilles. Une douce mélopée qui le guiderait jusqu’à l’ascension. Mais elle l’attendrait. Il y veillerait. Oui, il y veillerait. Et il avait plongé en elle, cédant enfin à son appétit vorace. Pour mieux contrôler la chose, son pauvre petit trésor avait cru pouvoir en réchapper en ôtant à sa vue, sa splendide vision. Que nenni ! Elle le regarderait. D’un nouveau claquement de langue impérieux, il lui avait signifié qu’il ne tolérerait pas cet échappatoire. A quoi bon corser les choses si on ne vivait pas l’odieux danger pleinement n’est-ce pas ? Sa main était venue chercher son menton, entre l’index et son pouce, dirigeant son regard pleinement sur lui. Il n’avait montré aucune pitié au désespoir fiévreux qu’il avait trouvé en elle. Non. Aucune pitié. Seulement une vague nouvelle de puissance, qui avait allumé encore une étincelle puissance et enivrante en lui. Pressante, sa main gauche était venue rejoindre sa hanche se glissant sur elle pour renforcer l’exiguïté de son emprise. Il pesait sur elle, en elle. Venait et aller, la parcourant entièrement, la clouant à son bureau avec une puissance délicieuse. Le bout de ses ongles palpa le bois, alors qu’il glissait dans les sensations brûlantes de sa puissance. Sa bouche exhalait des soupirs à même sa joue, la sachant liée d’en faire de même, même si le bout de ses lèvres en dessinait la trace sur le haut de sa pommette dorée. C’était délicieux. Vivifiant de pouvoir à n’en pas douter. Tout était purement immoral, fondamentalement pernicieux. Charnel, certes mais ô combien vicié. Des liens qui maintenaient ses poignets, de la manière dont elle se tendait sous lui, pantelante frémissante sous ses pleins assauts, de la manière dont il la possédait là, à la presque vue de tous, sur le symbole de son pouvoir. Terrible comme tout se fondait, brûlant, comme une vision enflammée du moment, un crépitement implacable à chaque fois qu’il venait, éveillait la pointe de son désir. La collision de leurs corps possédait cette saveur interdite et venimeuse. Suavement, il pénétrait ce qu’il savait conquis, s’enfonçait, la faisant geindre, brutalement, l’espace d’une seconde interdite, avant que sa bouche ne retienne à difficulté , que ses yeux ne crient ce qu’elle ne pouvait exprimer. Il ricanait parfois, augmentait la cadence, laissant ses embardées mouvoir leurs corps dans un désir saccadé, une vague de félicité lui arrachant un soupir sensuel. Il remontait la main, jusqu’à ses poignets liés, le regard dans le sien, lui rappelant à quel point elle se trouvait être à sa splendide et rougeoyante merci, ballottée au gré de la vigueur de ses coups de bassin. Et la profondeur pleine avec laquelle il s’engonçait en elle de son membre brûlant. Chaque zone était à lui. Elle frémissait sous son pouvoir, se limait sous ses assauts. Chaque râle muet lui appartenait et venait gorger son égo et son ivresse. L’une de ses mains avides était venue titiller le haut de son intimité, augmentant des errements pernicieux de son pouce, la douleur sublime de son cruel sévice. Ne gronda pas de l’entendre gémir un peu plus longuement, un peu plus profondément, sous l’impact de son lancinant contact. S’accorda de s’essouffler à son tour de la vigueur torride qui prenait naissance dans leur ardeur. Ciel ! Il accentua sa vitesse, remontant ses mains sur ses hanches pour ancrer sa cadence. La chevauchée sauvage à laquelle il se livrait, avait fait jaillir le haut de ses seins de la dentelle de son soutien-gorge. Chaque plongée, chaque fois qu’il la pénétrait encore, la pointe de ses seins dressés, se mouvait sous le plaisir, s’offrant à son regard concupiscent, augmentant l’ardeur virulente de son bas-ventre. Chaque vague de plaisir devenait intensité, coupant le souffle, le faisant devenir rocailleux. Ils irradiaient, tous dévoués corps et âme à l’intensité du moment qui croissait entre leurs peaux, dans l’entrechoc de leurs chairs brûlantes. Il glissa, s’allongeant de plus en plus tandis que le prix de l’effort le clouait dans l’allégresse. Un regard sur elle, sema la chaleur, alors que l’ardeur montait encore et encore en lui. Et il l’avait vu sur sa face vibrante. Son point de rupture. La seconde avant la grande et sublime déchirure. Et la supplication qui s’échappait de ses yeux fiévreux. Le priant de l’en délivrer. De mettre à bas les remparts et les chaînes qu’elle plaçait depuis quelques minutes, économisant son souffle, le rendant précieux, tentant de laisser parfois ses yeux dériver. La frustration était pleine, remplie. Et une joie malsaine avait dévalé en lui, le crispant d’ardeur. Il se sentait complet, il sentait la puissance de sa domination sur elle. Il décidait. Aurait-il pitié ? L’étoufferait-il dans ses délices lui permettant d’en jouir vivement, violemment, comme l’intégralité de ses membres le désiraient. Après les avoir affûtés, tendus, éreintés ? Sa main était venue s’enrouler derrière son crâne, dans ses cheveux moites, tirant son visage jusqu’à le coller au sien. Il sentait. Son pouvoir, sa rupture, ses dernières résistances. Sa fragilité. Sa force et sa ténacité aussi. Elle était sienne, et digne de l’être. Et aussi douce soit la torture âpre de la résistance, lui permettre d’y céder possédait un attrait puissant, d’autant qu’il se gorgeait de son ascension pour atteindre lui-même son apogée.
– « Viens à moi »
Et ce fut là, dans le relâchement, le plus exquis, dans l’abandon extatique des sens et des envies, dans les remous de la félicité, qu’il laissa ses lèvres joindre les siennes. Leur premier baiser. L’ultime récompense de cette épopée. Il l’avait retrouvée.
crackle bones
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
“Ses lèvres étaient rouges, ses regards étaient effrontés, Ses cheveux étaient jaunes comme l'or”
Lorsque tout fut fini, il resta encore, figé dans la position précédente, le corps crispé et secoué de ses efforts et de souffrances délicieuses, au gré de leurs souffles profonds.
— Mon dieu... Erwin…
Ce fut tout ce qu’elle exprima, mais c’était déjà bien limpide par cette seule litanie. Oui. Limpide. Il devinait l’effet de l’effort et de l’expérience à sa respiration secouée de râles épars et déposa une main sur l’entièreté de sa joue droite, afin de lui donner la consistance qu’elle semblait avoir perdu. A trop ressentir, à trop souffrir, à trop aimer. Il la reconstituait, sa charmante petite tempête, encore sous le choc d’un ouragan violent et inédit. Lui-même secoué encore par les ravages auxquels ils s’étaient livrés, pleinement, entièrement. L’air de la pièce semblait courir, électriser sa chair à vif.
— C’était… c’est… Je…
Inexplicable. Oui. Il était de manière courante que le sexe et l’orgasme se révélaient, une fois vécus, assez difficilement descriptibles par des mots. L’expérience se vivait et déchirait bien plus qu’elle ne se racontait. Celle-ci encore plus. Il en suffoquait presque encore, tout voué à son enivrement influent, le pouvoir qu’il avait exercé et qu’il avait ressenti à un degré de possession tout à fait différent. Et pour autant, sans que cela ne changea pour le moins du monde la manière qu’il avait de la considérer avec respect. Au contraire. Elle était la clef nécessaire à l’expérience. La face inverse de la pièce. La saveur se transposait sur sa peau et son âme. Et lorsqu’il la soumettait, il n’y voyait pas l’asservissement cruel qu’il aurait destiné à tous autres, mais une continuité de sa propre personne et l’unique réceptacle à ce qui le composait. Non sans lui offrir une moue amusée, il avait défait les liens la retenant. La leçon était terminée. Parfaitement apprise et exécutée, il devait l’admettre. A peine libre, ses bras étaient venus se nouer autour de son cou, de son dos, se menottant à son corps puissant. Plaquant sa chaleur contre la sienne, volontairement, de sa propre initiative. Il avait abaissé le visage vers le sien, pour lui permettre d’embrasser le sommet de sa tête. Retrouver la chaleur de ses bras nus possédait un charme unique. L’étreinte, après l’amour, dans les effluves et la chaleur, détenait une connexion puissante. Là où ils n’avaient fait qu’un, charnellement, il semblait que leurs âmes demeuraient encore en flottement parmi l’atmosphère, les berçant d’une mélopée unique et propre. Leurs retrouvailles trouvaient tout accomplissement dans cet instant, aussi. Après la fournaise et les braises, le hâlo bienveillant d’une chaleur humaine. Il ne l’avait jamais connu auparavant. C’était propre à elle, et à eux. Et cette sensation, aussi se rappelait à son souvenir, après des mois d’abstinence.
— « J’espère que tu as encore un peu de temps, j’ai envie d’un moment à nous ». soupirait-elle
Le retour à la juste logique des choses semblait impossible. C’était le jeu, pourtant, il le savait. Le Temps ne s’était pas figé autour d’eux, ils l’avaient simplement figé. Tout ne restait qu’une question de perspective. A présent, que la réalité coulait sous un joug plus matériel à bien des égards, non loin des accointances sulfureuses auxquels ils s’étaient adonnés, sorti de la frénésie charnelle, Preminger ne pouvait que s’en apercevoir et s’en plaindre. Pour autant, il avait fort heureusement prévu la question. Non sans jeter un bref coup d’œil à l’horloge installée, non loin de là, il replaça une boucle dans les cheveux bruns de la libraire avant de se redresser. Fort heureusement, il restait encore dans son timing. Attrapant avec finesse le poignet d’Alexis, il l’attira à lui, son autre main, glissant de sa joue jusqu’au creux de ses reins, impulsant son redressement. Son corps se plaqua contre le sien, et il s’amusa à la maintenir ainsi redressée, encore entièrement repliée contre lui, les jambes croisées contre ses fesses galbées, les bras repliés contre son dos fin, sa poitrine voluptueuse moulée contre son torse. Picorant une nouvelle fois le territoire charnu de sa bouche, pressant son intimité contre la sienne, il finit par délaisser le tout à regret, l’encourageant à le suivre, une invitation mutine sur l’ensemble de son visage. Il recula, assurant sa démarche chancelante jusqu’au fauteuil, où il s’assit satisfait. La laissa prendre place sur ses genoux, enserrant son visage de ses mains, pour mieux l’observer. Lui-même établissait son bilan. De la jouissance ardente et acérée qu’il avait éprouvée. Il avait adoré l’expérience. Complètement. Il la trouvait...foudroyante. Il tirait une joie toute particulière de la possibilité si jouissance d’exercer le pouvoir. Et de le ressentir… Et subitement, une nouvelle idée vint à son esprit. Ce n’était rien. Rien de beaucoup plus considérable qu’il n’avait déjà fait. Mais après tout, terminer l’entièreté de la chose sans une pointe de rappel et de soumission n’était-ce pas trop simple ? Oui, à n’en pas douter. Il voulait qu’elle soit là, et elle le désirait aussi. Il ne souhaitait plus l’empêcher à nouveau de le toucher, non, il voulait son contact, à présent. Mais, il souhaitait encore le contrôler. Le soumettre à une toute petite expérience légère : qui revenait presque à le lui imposer. Sous son accord, bien entendu. Le tout restait un échange. Si bien que, dans l’instant passé une caresse délicate le long de sa mâchoire, il demanda, alors que ses mains joignaient une nouvelle fois ses poignets, où le nœud de soie demeurait encore :
– « Que dirais-tu si je te maintenais, non loin de moi encore une fois ? Hum ? »
N’en déplaise à la mine surprise et l’écarquillement de ses yeux, elle répondait déjà dans un murmure sensuel, proférait sur sa bouche souriante :
– « Je dirais que ta pause déjeuner est VRAIMENT longue ». – « Trèèèès » se répliqua-t-il laconique mais sensuel, en faisant passer avec attention, le nœud le long de sa chair, nouant avec aisance un nouveau lien. La tâche exécutée, il ajouta d’une voix narquoise « A quoi servirait-il d’être maire, si je ne pouvais organiser mon emploi du temps selon mes réunions...d’importance ».
Une mine entendue fleurit sur son visage, alors qu’elle se mis à rire.
– « D’importance, carrément ? Je commence à comprendre pourquoi le lampadaire de la rue principale n'est toujours pas réparé dans ce cas Monsieur le Maire.. » — "Je ne gère pas directement le problème mais cela se fera sans tarder…" rassura-t-il, se penchant sur elle, le souffle sur son cou, il gratifia sa peau douce d’un baiser traître puis soupira cruellement « "Mais préférai-tu que je t'abandonne sur l'heure pour traiter ce menu détail?"
Il minaudait clairement et elle le savait pertinemment. Il ne le ferait pas. Il ne le désirait pas. Elle saurait l’en empêcher le cas échéant. De toutes les manières possibles, notamment, à savoir l’effronterie. Ce fut cette dernière qui la poussa à répliquer d’une voix mutine, à peine plus haute qu’un murmure :
– « Alors la légende disais vrai ? Les hommes ne savent pas faire deux choses en même temps..." – "Huuum quand bien même ils ne le pourraient Moi, je le peux." rectifia-t-il crânement, avec le ton assuré de l’évidence "Mais tu m'excuseras de ne pas faire grand cas de la question de l'éclairage. Je préfère user de mes facultés pour diverses tâches plus...plaisantes." il va lever un sourcil "Il se pourrait que je t'en fasse une démonstration, qui sait..." Enora lui retournait son sourire. Ils s’amusaient. Autant l’un que l’autre. – « Hum » se borna-t-elle à répondre en chantonnant "j'attends toujours…"
Elle fanfaronnait. Mais sans aucune volonté de le prendre de haut, qui n’aurait pas manqué de le faire sortir de ses gonds. Non. Ce n’était qu’un jeu entre eux. Une sorte de séduction, d’appel. Elle sortait de son étourdissement, de son abandon. Elle redevenait revêche, sans pour autant une miette de sécheresse. Seule la volonté de demeurer maîtresse de son destin. Il ne la contrariait pas. N’était-ce pas tout le fondement de ce qu’il essayait de lui démontrer ? Qu’elle avait été et serait avant tout maîtresse de ses choix ? Et que céder à ses pratiques et y trouver un plaisir certain ne revenait pas à se dépouiller de son amour-propre ou à abandonner toute maîtrise. Cela ne l’avait pas empêché non plus de ricaner doucement en avancement le buste vers elle, pour la faire reculer un peu et mieux se cramponner autour de ses cuisses :
– « Accroche-toi bien, trésor…Tiens et je lierai nos étreintes… »
Laissant son index glisser le long du ruban, il en saisit l’extrémité, pivotant un peu de sa position, pour en trouver le bois. Puis l’attacha avec concentration au dossier de sa chaise. Dans une exclamation satisfaite, il se replaça ensuite, afin que les bras de la jeune femme se referment autour de son cou. Parfait. Ainsi, il la figeait, avec peu de mou, dans une étreinte forcée, mais non désagréable pour l’un comme pour l’autre. Corps contre corps. Envie contre envie.
— « Hum quelle plaisaaante promiscuité… » ronronna-t-il cruellement, Un mouvement de recul, léger avait suffit à informer la jeune femme qu’elle se trouvait parfaitement bloquée dans la position qu’il venait d’instaurer. Sans pour autant lui permettre une parfaite prise de possession de ses moyens. C’était le côté presque mesquin de la chose. Elle n’avait pas la liberté de le caresser de ses doigts ou de le toucher de ses mains. Mais trouvait dans sa position le refuge paisible de l’étreinte.
– « Je ne vois pas du tout de quoi tu parles... »
Quand bien même elle conservait son ton moqueur, son ton, lourd de tension, signifiait son excitation. Il avait retenu un rire entendu.
– « Est-ce...qu’on a le droit de s'embrasser maintenant ?" ajouta-t-elle après une seconde d’hésitation. – « Je pense...qu’il serait dommage de s’en priver, n’est-ce pas ? » répliqua-t-il la bouche collée à la sienne, encore suffisamment reculé pour noter le sourire qui perla sur ses lèvres : – « Je pense que tu as raison... et ironiquement pour une fois, tu ne peux pas non plus m'échapper comme ça…" Ce n’était pas faux… Il s’était lui-même placé de manière à se lier quelque peu dans cette étreinte. Mais ce n’était en aucun cas un emprisonnement puisqu’il l’avait placé ainsi, non ? — « Oh, crois-tu ? » minauda-t-il avant d’ajouter dans un sourire : « C’est oublier que je sais toujours m’extirper de situations indissolubles, voyons… »
Il le disait crânement pour tout. Visait spécifiquement sa manière de se tirer d’une situation dérangeante. Il possédait après tout une excellente maîtrise de lui-même et d’une certaine manière, manigances mis à part, tout bon politicien devait posséder cette capacité. Et c’était ce qu’il avait été et était encore. Et c’était aussi mal connaître son talent pour les liens. Il savait très bien comment nouer et dénouer des fils, elle aurait du même le savoir et l’espérer vu l’entièreté de l’activité à laquelle il venait de se livrer. Le sourire d’Alexis ne s’était pas dissipé, mais son œil l’avait observé.
– « Tu sais que j’aime pas trop quand tu dis des trucs comme ça ? » avait-elle finit par émettre.
Il l’avait jaugé un instant. Pourquoi donc ? Lui faisait-elle l’affront de douter de son intelligence à parvenir à ses fins ? Ou de sa connaissance pratique ? Mais ce n’était pas ce qu’elle avait voulu souligner. Quelque part dans tout cet instant de plénitude, une lézarde était apparue. Elle ne l’avait pas pris comme il l’avait signifié. Non. Elle l’avait pris pour elle. Non directement, mais comme une sorte de rappel presque mesquin et claqué à son visage de sa capacité à tromper son monde. Et puisqu’elle visait juste avant sa propre situation, elle n’avait pu qu’en faire le parallèle, notamment avec ce qu’ils venaient de vivre ensemble et la situation qui les liait. Pourtant il ne l’avait pas dit, spécifiquement pour elle… N’est-ce pas ? Ou malgré lui, avait-il malgré tout prononcé en partie ces mots à son encontre ? Non par une volonté de lui, signifier à elle qu’il se jouait d’elle. Mais bien davantage pour réaffirmer à quel point, jamais, il n’était à la merci de quiconque et qu’il était celui qui possédait le pouvoir sur autrui, sans jamais que quelqu’un ne puisse lui imposer quoique ce soit. Et quand bien même, si jamais on essayait de le soumettre d’une quelconque manière, il demeurait en possibilité d’en anéantir l’effet instinctivement. Une volonté de témoigner de l’autorité qui n’avait jamais pu de toute manière, lui échapper des mains. Sans songer outre mesure à la manière dont ses paroles auraient pu être perçues. C’était toujours ainsi qu’il agissait, après tout. Néanmoins… derrière le sourire, il sentait une légère souffrance percer qu’il voulu pourtant réparer, amoindrir et dissiper.
— k]]« Huuuum » [/b]émit-il en hochant la tête, restant un bref instant silencieux puis ajouta « Ne t’en fais pas, je ne comptais pas le faire. »
S’échapper. La berner… Non il ne comptait pas le faire. Son sourire s’était fait plus doux, tentant de dédramatiser l’instant. Ce n’était qu’une bataille de domination après tout, à sa vue. Il avait simplement voulu avoir le dernier mot et le pouvoir. Rien d’autre. Rien d’autre. Juste cela. Elle resta un peu en suspens, à l’observer, à le scruter, le sourire figé un peu et au bout de quelques minutes fini par dire
– "Bon on joue aux cartes ou quoi là ? ça se ramolli par ici…" avec une brusquerie moqueuse qui ne parvenait pas à cacher malgré tout, l’instant de flottement vécu.
Il décida de s’en contenter. Passer à autre chose. Après tout, elle le désirait aussi. Après tout, ce n’était qu’une petite incompréhension sans incidence, n’est-ce pas ? Après tout, ce n’était rien de particulièrement sujet à marquer les esprits. Ses baisers en revanche eux possédaient cette formidable faculté ; si bien qu’il l’en gratifia sans crier gare, s’empara de ses lèvres avec une fougue où pourtant coulait la délicatesse. Il ne volait rien, n’imposait rien, il se mouvait sur elle, déposant par le biais de cette symbolique une caresse urgente que ses mots ne disaient pas. Ils se réassemblaient ainsi. Était-ce surprenant pour un individu aussi aisé de voir les gestes et impulsions se mouvoir davantage, pour former un ressenti, là où la bouche demeurait inexpressive. Ou peut-être était-ce normal, sachant son âme et son cerveau prompts à la traîtrise, que son corps parfois exprima spontanément un rapprochement. Ses mains étaient venus se poser sur sa taille, l’une restant sur ses flancs tandis que l’autre filait au bas de sa colonne vertébrale pour plaquer davantage son ventre contre le sien. Le plaisir l’avait épuisé mais pourtant, une dose non négligeable d’instinct demeurait encore en lui. Si bien qu’ils se picoraient davantage, sa bouche glissant dans son cou, sensuelle, s’attardant sur sa chair, murmurante, la faisant frémir. Sa main de son flanc glissa bien plus bas que son ventre, dans la chaleur de son intimité, parfois, quelques soupirs prolongés se créaient de leur osmose et de l’adresse de ses mains, davantage… Ils étaient là, dans cette sorte d’étreinte charnelle et vivaient l’instant, les caresses, les attouchements et la tendresse, comme une sorte de redécouverte de l’autre, un plein retour, des retrouvailles. Peu à peu leur baiser pris une tournure nouvelle. Plus fiévreuse, rappelant presque l’ivresse dont ils venaient d’être tirés. La clameur qui régnait à l’intérieur, il ne l’entendit pas. C’était lointain et appartenait encore à la vie extérieure. Le téléphone qui sonna brusquement sur le bureau le fit sursauter. Il était trop loin pour le prendre… Et de toute manière, cela raccrocha tout aussi sec. Son secrétaire avait-il commis une erreur ? Qu’importait… Cela ne l’avait pour ainsi dire même pas tiré de son occupation. Il continuait son baiser… Non ce qui l’en tira fut deux voix bien plus proches que jusqu’alors, dont une. Qu’il ne pouvait omettre pour l’avoir entendu une bonne partie de sa vie, de ce même ton décidé. Le ton de la reine. Geneviève. Le fit ouvrir les yeux à la seconde où la voix se cristallisa dans sa mémoire et détacher les lèvres de celles de sa maîtresse.
– « J’ai bien entendu ce que vous me dites, et je comprends les consignes que Monsieur le Maire vous a laissé, mais il s’agit de mon mari. Je veux le voir. Avec tout le respect que je vous dois, je pense qu’il est plus à même que vous à m’indiquer si oui ou non, il peut me recevoir».
Un silence… Et Aussi plaisante que la situation pouvait être au téléphone, là ne lui apparu que l’horreur de la situation. Ils étaient nus. Le désordre de la pièce ne pouvait pas être dissimulé et il ne possédait pas la faculté de se cacher… Qui plu est….et non des moindres si c’était le PIRE...la porte n’était pas verrouillée. Ciel. Ciel…. Il avait retenu son glapissement d’effroi dans sa gorge, dans un effort surhumain, sentant son coeur s’ébrouer dans sa poitrine, de panique. Ses yeux furetaient déjà à la recherche d’un échappatoire, un endroit où se jeter, se cacher au besoin. Son regard rencontrat celui d’Alexis. Moins familière de la voix de son épouse, il lui avait fallu quelques instants supplémentaires pour réaliser le risque et le danger… Mais elle s’était redressée, très vite, à l’affût, dans cette tension prompte et effarouché que possédaient les animaux face à un danger imminent.
— « Putain… je crois qu’il y a ta femme »… chuchota-t-elle en tournant vers lui des yeux effarés. — « Oui. » répliqua-t-il la voix blanche.
Il l’observait, les yeux figés, sans la voir, et ne la voyant que trop bien. Il voyait tout ce qu’ils avaient fait et ce que Georgia verrait si elle franchissait ne serait-ce que le pas de la porte. Tout serait fini. Fini. Il serait fini. Enfin pas complètement, Preminger n’était jamais fini mais il faudrait TOUT recommencer. Totalement différemment. Et l’image de marque qu’il avait construit autour de lui serait réduite à néant… Tout ce qu’il avait construit serait fini… Il ne fallait pas qu’elle rentre… Mais un simple mouvement vers l’avant lui avait rappelé le pire : il ne pouvait pas se précipiter vers la porte pour la verrouiller. Les liens dans lesquels il avait entouré Alexis ne lui permettrait pas cette aisance puisqu’ils l’attachaient à elle. Comme elle l’avait si bien fait remarquer... Pour les ôter, il lui fallait de la concentration, et aussi agile pouvait-il être… le coup de massue qu’il venait de recevoir l’y ôterait de la hardiesse. Et il n’avait pas le temps… Il inspira vivement, tentant de mesurer son effroi, il ne pouvait pas se permettre de céder à la panique pure, il y avait bien trop d’enjeux. Il devait jouer juste. Prompt et juste… Un silence était tombé, seul le bruit des pas de la reine heurtait sur le carrelage. Son secrétaire émit une plainte derrière mais n’intervint pas. Il se tendit entièrement, son coeur battant à tout rompre. Refusant de pouvoir croire que tout ce qu’il avait bâti puisse se terminer ainsi. La perte de sa couronne. Georgia aurait sûrement la décence de ne pas ébruiter la scène mais il ne pouvait pas dire autant de son secrétaire. Et puis, les rumeurs allaient vite… Il ne fallait pas. Il ne pouvait pas se permettre de perdre l’opinion publique d’une manière aussi désastreusement scandaleuse. Et il ferait tout ce qui serait nécessaire. Tout. Sa vision redevint un peu plus claire, les contours moins flous, davantage précis. Tachant d’observer les risques un à un, les dangers. Il fallait les traiter dans l’ordre. En oublier un pouvait être sa perte. Enora en face de lui. Lui rappelait un autre enjeu. Il ne risquait pas de perdre uniquement sa réputation. Selon ce qu’il dirait, ferait, s’il courait après sa femme ou tentait de l’amadouer, tout ce qu’il avait pu cacher à la jeune femme se révélerait au grand jour. Et tout ce qu’il avait pu construire auprès d’elle, pouvait aussi voler en éclats. Sa première impression avait été de considérer ce qu’il partageait avec elle, comme quelque chose d’acquis. Mais cela aurait été une erreur. Une dangereuse erreur qu’un esprit tel que le sien ne pouvait se permettrait. Enora était une personne rusée et une âme honnête. Elle se méfiait déjà de lui. A de nombreuses occasions, elle ne lui avait pas tenté de dissimuler qu’elle percevait quelques choses au-delà de ses mots et paroles. Elle l’en avait même alerté. Et il avait passé outre ces « recommandations » considérant que son destin était d’apprendre qui il était, pleinement. Mais en son Temps. Et ce Temps n’était certainement un jour comme aujourd'hui et une occasion telle que celle qui se faisait… Cela n’aurait pas manqué de lui révéler l’ampleur de son mensonge et aurait pu désagréablement faire écho à leur discussion précédente en elle. Georgia et sa manière dont il gérerait la présence de sa femme était un danger pour eux. La présence d’Alexis l’était aussi. Il ne pouvait se permettre de s’éparpiller, encore pour le moment à une réflexion trop poussée, il fallait d’abord stopper le premier risque de la situation présente… Une réaction sonore d’Alexis. C’était un danger. Un danger qu’il convenait de tenter de maîtriser. Il savait à quel point face à l’appel de sa femme, la jeune femme avait, déjà, pu être choquée. Et combien la situation présente ne pouvait faire monter un degré supplémentaire de tension, de peur panique chez elle… Et pourtant, il devait feindre être seul dans la salle. Est-ce le risque a maîtriser en premier ? Oui, il devait être sûr de la maîtrise de la jeune femme lorsque la reine interviendrait. Il misait sur le fait que Georgia se contenterait d’abord de frapper à la porte. Se libérer des liens était inutile, si l’empêchait d’entrer. Mais pour pouvoir, se faire, il fallait être sûr…
– « Pas. un. mot. » murmura-t-il à son encontre d’un ton encore plus bas que jusqu’alors.
Il sentait sa tension s'exacerber. Il fallait qu'il stoppe tout. S’il voulait avoir une chance… S’il voulait réussir, le silence était capital. Son secrétaire devait supposer son rendez-vous avec Miss Child terminé. Il n’avait pas consacré énormément de temps à ce dernier dans son agenda officiel, pour éviter tout soupçon. Alors… il convenait que cela resta le cas. Il devait être seul. Et pourtant ces simples paroles d’incitation à l’apaisement furent le déclencheur de la panique qu’il avait tenté de maîtriser, elle s’était mise à tirer sur ses liens, en gesticulant :
– « Il faut que je sorte de là, Erwin je veux pas vivre ça, sors moi de là, Erwin !!" – « CHUT ! Calme-toi ! TAIS-TOI! »
Par miracle, elle chuchotait toujours mais l’état de son agitation faisait outre-passer ce détail. Déjà il tentait de maîtriser ses gestes, le coeur battant d’angoisse. Elle pouvait faire pire que tout si elle les faisait tomber au sol à trop s’agiter… Si la chaise rompait ou quoique ce soit d’autres.. Quelle allure ils auraient ! Il fallait qu’elle se calme ! Qu’elle se taise ! Si elle attirait l’attention sur eux, si Georgia entrait, tout serait su. Sa liaison en premier lieu et la réaction de sa femme à la chose entretiendrait aussi Alexis quant à la nature du mariage qu’ils avaient. Il pourrait toujours tenter de s’en défendre...mais elle savait aussi lire en lui, bien plus aisément que beaucoup… Et il n’avait pas non plus le coeur à un nouveau mensonge qui n’avait vocation un jour à se lever… Il le ferait néanmoins si cela s’avérait nécessaire…. Qu’importait, ses propres gestes étaient devenus plus prompts, plus rapides, moins soigneux, ses poignets s’étaient resserrés vivement, sur les siennes, maîtrisant avec une poigne ses mouvements. Cela ne l’empêcha pas d’entendre le coup à la porte et sa voix.
– « Erwin ? »
Fort heureusement, comme il l’avait parié. Georgia n’était pas entrée. Elle savait sa présence non attendue et bien qu’ayant outrepassé les consignes de son secrétariat, ne s’imposait pas. Il connaissait son éducation. Elle ne rentrerait pas tant qu’il ne l’y autoriserait pas ou tant qu’elle n’aurait pas entendu une validation de sa présence. FORT HEUREUSEMENT. Il lui revenait de lui insuffler l’envie de déguerpir…
— « Putain… putain...putain... » — « Taaais-toi ! » grinça-t-il dans un souffle en direction d’Alexis.
Elle n'avait que murmuré, pourtant! Mais cela suffit à lui insuffler une dose nouvelle de panique Il fallait la faire taire! Il fallait qu'elle se taise. Ou ils étaient finis et il était fini... Dans un même mouvement, sa main était venue se plaquer sur la bouche. Instinctivement. Ses yeux lançaient des éclairs et elle ne put que voir la menace à peine masquée qu’ils diffusaient. « Je t'étouffe ou t'assomme ou sais-je trésor, si j’entends le moindre son ! ». Il ne le voulait pas mais qu'importait! Il n'était pas question d'envie, mais de survie. Il n'y avait nulle volonté, seulement une nécessité. Il ne serait pas pris. Il ferait ce qu'il fallait pour s'en assurer. Une mimique outrée se peignit sur le visage de son amante. Tant pis, qu’à cela ne tienne ! Il avait fort peu de considération pour tout le manque de courtoisie de son attitude. Il y avait pire comme manquement à la bienséance. A savoir TOUT ce qu'il risquait. Ce qui se trouvait presque à la vue de son épouse et de la population. L'étalage outrancier de débauche qu'ils incarnaient... Cette pièce empestait la dépravation. Ils l'étaient. Et ça risquait de causer l’éclatement de tout: sa notoriété, son image, sa crédibilité, son mariage, et..... son couple avec elle. "Elle" ne visant pas sa femme. Perdre tout. Qu’importait les yeux d’Alexis qui le fusillaient du regard et l’inspiration violente que son souffle fit sur sa paume. Il le fallait! Il fallait qu’elle se calme. Il ferait ce qu’il faudrait pour l’y forcer. Et elle le savait. Intimement. Au-delà de son attitude. Ils n’avaient rien à gagner à ce que la porte s’ouvre. C’était dans l’intérêt de tous deux que l’épouse ignore tout l’étalage de luxure qui régnait dans l’autre pièce. C'était pour eux deux qu'il faisait ça. Même si Alexis l’ignorait, même si elle partagerait pas cette opinion sachant tout… C’était dans l’intérêt des deux à SES yeux surtout. Si Georgia n’entrait pas dans cette pièce, tout serait préservé. Il ne perdrait rien, il n’aurait pas à choisir, à sacrifier quelque chose ou quelqu’un. Il suffisait de rester maître de cette situation. Il pouvait le faire… Il pouvait. Enora avait fini par se « détendre », si tenté que le mot puisse être juste, elle s’était même totalement immobilisée, les yeux fixés sur lui. Contraire à l’immobilisme, elle n ‘avait pas d’autre possibilité que d’écouter. Ce fut à cet instant qu’il admit que tout ne se jouait pas à l’entrée de Georgia dans cette pièce. Empêcher Georgia d’entrer était une chose… Mais cela n’anéantissait pas le risque. Il pouvait perdre ce qu’il possédait avec Enora, sans même que la reine n’eut à faire un pas supplémentaire. Simplement par ses paroles. Le tout n’était pas de sauver uniquement sa réputation. Il y avait quelque chose d'autre en jeu... Chaque mot raisonnant dans la pièce s’inscrirait en Alexis. Chaque mot prononcé l’instruirait de ce qu’il en était… S’il voulait sauver sa réputation, son mariage...il suffisait d’amadouer Georgia. Il suffisait d’inventer le moindre mensonge que cette bécasse accepterait sans même tergiverser. Elle repartirait chez elle gentiment, et tout serait sauf de ce côté. Sa liaison avec la libraire volerait en éclats, cependant. Est-ce censé lui faire la moindre chose ? Cela ne lui en aurait pas fait, à quelques semaines du début de leur liaison, là où tout n’était que mensonges. Mais ce n’était plus le cas… La situation actuelle en témoignait suffisamment, même si d’apparence cela n’était pas forcément flagrant. Ce n’était pas qu’une simple coucherie et association charnelle. Et peut-être cela ne l’avait-il jamais été. Ce qu’il partageait avec la jeune femme était inédit. Quelque chose qu’il avait provoqué sans en connaître la portée mais qu’il ne regrettait pas. Il avait regretté les difficultés que cela avait causé parfois, mais ce qui les liait ? Non. Jamais. Et ne voulait pas que cela puisse prendre fin. Et pourtant… s’il retenait sa femme, s’il se montrait trop prévenant, aimable, tout ce qu’il avait construit avec Enora s’en trouverait ébranlé. Bien sûr qu’il pourrait sûrement le réparer ensuite… Mais rien ne garantissait que cela soit rapide. Rien ne lui garantissait quoique ce soit. Bien évidement, elle l’aimait il en était certain. Mais son âme était honnête et droite. Une telle révélation ébranlerait sérieusement ce qu’elle croyait de lui… Ou ce qu’elle ne croyait plus mais s’aveuglait à croire. S’il tenait à elle, pour leur bien, pour son bien… il ne pouvait pas sécuriser Georgia. Son regard passa de la porte jusqu’à la jeune femme, de la jeune femme jusqu’à la porte, son regard s’accrochant à ses yeux bleus. Il pouvait perdre énormément. Il suffisait de savoir ce qu’il pensait pouvoir. sacrifier. Et ce qu’il voulait. Ce qu’il priorisait… C’était à sa portée… Non ?
– « Que, diable fais-tu là, Georgia ? Je ne t’ai pas appelée. » claqua-t-il à voix haute, grincheux.
Il était rare qu’il employa un tel ton face à sa femme. A vrai dire, il veillait à ne jamais le faire. Alors le lui destiner, encore moins. Mais il n’avait pas d’autre choix. Il devait la stopper. La surprendre si nettement qu’elle en resterait interloquée face à la porte. Mais ne prolongerait pas le geste. Quand bien même il gomma le dédain de sa voix. En réalité, il mentait. Il y avait d’autres moyens. Mais l’autre nécessitait de risquer de perdre Enora.
– « Je… ne voulais pas te déran.... » – « C’est pourtant chose faite. » coupa-t-il promptement.
Il ne fallait pas lui donner l’occasion de renchérir ni même d’orienter la discussion, c’était le meilleur moyen également de surveiller l’information et couper tout risque de preuve. Il ne voulait pas qu’elle puisse entendre quoique ce soit venant de Georgia qui puisse venir nourrir les soupçons d’Enora. Il avait dissipé certains lors de leur précédente conversation téléphonique, il suffisait de continuer. Il prenait un risque nouveau. Celui que Georgia surprise de son ton, de son agressivité, n’ait qu’une envie : ouvrir la porte pour le questionner. C’est la raison pour laquelle, il lui fallait agir vite, déployer son intelligence différemment, se presser. La choquer. Sans pour autant qu’elle ne se sente légitime à ouvrir la porte. Cela, il n’en n’était pas question. Si bien qu’il renchérissait déjà :
- « Mais, non, ne compte pas sur moi pour te recevoir. Je suis fooooortement occupé. » – « Je… Effectivement… Julian m’a dit que tu ne vou... » – « Ce que je n’avais pas DEJA manqué de te signifier au téléphone. Visiblement, même lui, tu ne l’écoutes pas. Remarque c’est habituel… » ajouta-t-il plus bas comme entre ses dents, à destination bien davantage d’Alexis quand bien même il feignait de le maugréer, sans la regarder, s’évertuait à fixer la porte, comme si sa femme se trouvait devant lui « Je me demande bien pourqu...» – « Je t’ai apporté à manger. »
Il eut un silence. Très bref. « L’imbécile. » C’était le pire qu’elle pouvait faire. Et ça lui ressemblait. Toujours dégoulinante d’affection. Ce qu’une épouse dissociée de sa vie conjugale n’aurait jamais fait. Sauf, s’il torpillait cela pour que cela puisse paraître, autre chose aux yeux de la libraire.
– « J’ai déjà déjeuné. » répliqua-t-il vertement. «Par ailleurs, tu n’avais pas besoin de te donner cette peine, je pensé que tu l’avais deviné, je suis seul, nous ne sommes pas en représentation. » – « En… repr… Erwin. »
Là il s’aventurait en terrain miné. Alexis les écoutait toujours. Gênée. Même si elle l’avait voulu, elle ne pouvait s’extraire à cette écoute. Elle devait haïr l’entièreté de la situation, se sentait gênée, honteuse, sûrement, sa bouche encore sous sa main. Il avait desserré ses doigts un peu pour lui laisser davantage de marge de manœuvre et de respiration, sans pour autant l’ôter. Il se demanda soudainement si elle avait autant froid que lui, saisie par la situation. Il n’avait pas d’autres options que de donner quelques miettes de la situation qu’il avait dépeinte à sa maîtresse, aux oreilles d’Alexis. Mais ces paroles ne trouveraient aucun écho en son épouse, elle ne comprenait rien. Se demandait sûrement ce qui lui prenait. Avec le danger imminent que poussait par une impulsion, à nouveau, que par incompréhension, elle puisse se précipiter dans le bureau…pour comprendre son attitude. Il fallait la refroidir. La vexer. La vexer si suffisamment qu’elle ne puisse réfléchir.
– « Très aimable à toi de t’être donné la peine de me ramener ici, un plat de traiteur livré à domicile. J’ai fait la même chose, en plus rapidement, en le livrant directement ici. » assena-t-il.
Il la savait particulièrement intéressée dans l’art de la cuisine. Et particulièrement catastrophique en la matière. Elle faisait souvent recours à un traiteur, par dépit de ne pas avoir réussi son plat. Le lui asséner, alors qu’il ne lui avait jamais fait la moindre remarque là-dessus, devait permettre de la blesser d’un premier coup. Mais cela restait insuffisant. Elle devait partir. Partir. Sans souhaiter plus d’explication. Il fallait la blesser dans son ego, dans sa personnalité. Et ce fut la raison, pour laquelle, il renchérit, sèchement :
– « A moins que ce ne soit, encore, un prétexte pour penser pouvoir t’immiscer dans mon travail. Dans les deux cas, je te prie de partir Georgia. Je suis en train de résoudre des affaires urgentes qui demandent de la concentration et de la réflexion. Il ne s’agirait pas de ruiner la ville, vois-tu.. »
C’était insidieux. Mais il savait qu’il la toucherait là. Profondément. Et que si en revanche, elle ne saisissait pas la critique insidieuse quant à la culpabilité de la reine sur un événement particulièrement traumatisant pour elle, le reste de son attitude abrupte, agressive même, suffirait à la faire partir. Un silence glacial était tombé sur le bureau. Et sur la mairie, elle-même. Ne résonnait que son souffle et celui d’Alexis sur le creux de sa paume. Si bien que presque la présence de la reine pouvait paraître un mirage… Il n’en n’était rien. Elle était là. Il n’avait pas besoin de la voir, il en était sûr. Il la devinait derrière la porte, choquée, blessée. Son silence en témoignait.
– « Bien. » finit-elle par répondre, d’un ton éminemment plus protocolaire, cette forme dont elle usait peu sauf lorsqu’elle rentrait au plus profond d’elle-même pour ne redevenir qu’une enveloppe officielle « Puisque apparemment je suis susceptible de nuire à la ville ou à ta carrière ou que sais-je encore…. Je… m’en vais. Bonne journée, Julian. Excusez-moi pour le dérangement. »
La dernière phrase confirmait le soupçon du ministre, son secrétaire avait assisté à la scène. Ce qui n’avait pu que rendre l’ensemble plus humiliant que jamais pour la reine. Parfait… Il ne relâcha pourtant la pression que lorsqu’il entendit son pas s’éloigner, soupirant dans un grand soupir, tout en libérant Alexis de la poigne maintenue sur sa bouche. La femme au cours de l’échange l’avait lâché les yeux rougissante de gêne. Elle les avait fermé aux derniers mots, de soulagement. Son sang pulsait de l’entièreté de son corps si bien qu’il pouvait presque entendre chaque battement rythmer ses émotions, à l’instar de son propre coeur. Il l’avait fait. Le pire était passé…. Le pire était passé. Tout était sauf... Sans qu'elle ne le sache, il les avait protégé de ses propres mensonges. Enora, resta tout de même un instant sans parler, tout comme lui, subitement vides de mots, d’instant et démarches, puis murmura d’une voix brisée :
— « Je suis désolée... » — « Ne le sois pas… C’est moi qui le suis. Tu n’aurais jamais du être témoin de cette triste scène conjugale… C’est ma faute, c’est moi qui ai sous-estimé...son envie de se mêler de mes affaires… Je ne voulais pas t’y mêler…je ne voulais pas que tu vives, ceci. Vraiment. »
Il avait prononcé son mensonge, mélancoliquement. Réalisait pourtant, parallèlement comme tout n’avait tenu qu’à un fil. Si fin. Il n’avait même pas pris le temps d’apprécier la grande scène dramatique qu’il avait concocté, ni même savouré le mal qu’il avait instruit en cette sotte oie blanche d’épouse… Trop d’effroi avait pris le dessus. Tout avait été un combat, une lutte pour sauvegarder ce qu'il pouvait. Maintenir la face. Ce n’était qu’à présent qu’il redescendait… Le souffle encore court, l’esprit troublé. Pour autant, il l’observa. Elle ne voudrait sûrement pas continuer. Il ne pouvait lui en vouloir, lui-même se trouvait...étranger à tout ce qu’ils avaient attisé à nouveau. Trop de surprise, trop de gêne, et d’effroi s’étaient placé entre eux. Elle rechercherait sûrement la sécurité, l’oubli presque et il ne pouvait lui en vouloir… Alors, il déposa seulement sa main dans le creux de la joue de la jeune femme.