« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Quand on ferme les yeux, juste quelques instants, on a la sensation que le Temps s'arrête. Nos doutes, soudainement, s'en vont. La beauté dans tout ce qu'elle est, nous apparaît. On peut voyager à travers elle, parcourir le monde, les grandes plaines ensoleillées de Titania. On peut revoir un moment passé, imaginer une époque à venir. On se sent libre, heureux, apaisé.
Chez certaines personnes, le thé est une boisson ordinaire comme une autre. Sa consommation est aussi répandue que l'eau. Pour ma part, le thé symbolise une douleur, mais aussi une promesse.
J'en buvais déjà à Titania, dans une maison en plein coeur du Bois des Oubliés, chez Mnémosyne. La Titanide avait pour habitude de ramasser elle même diverses plantes et de faire des mélanges plus étonnants les uns que les autres. On était très peu à réellement comprendre sa fascination pour ces préparations. Gaia était l'une des rares à réellement apprécier le thé préparé par notre soeur. Quant à moi, je le buvais, mais je finissais toujours par m'arrêter avant la dernière goutte. Depuis, ça m'est resté. Je ne finis jamais un thé, même quand il fait partit des meilleurs que j'ai eu la chance de pouvoir goûter.
Le thé m'aide à réfléchir. Il a ce même effet sur moi que quand je ferme les yeux. Il est aussi douloureux. Car quand l'effet s'arrête, le retour à la réalité est brutal. Mais comparé au fait de juste fermer les paupière, le thé peut aussi se partager, en silence, et conserver ses vertus. De là, on se sent moins seul. Il est comme une promesse. Celle que quelle que soit la douleur que l'on éprouve, elle peut se partager. On n'est pas obligés de l'affronter tout seul.
« Oh, cher oncle Rudy ! Quel plaisir de te voir ! »
Je sentis quelque chose de légèrement frais sur ma joue. La jeune femme, qui me sortit de me pensées, prit place juste en face de moi.
Eurus Holmes. Recherchée par des personnes qui lui veulent du mal. C'était elle dont m'avait parlé Apple à diverses reprises. Une jeune femme qui perturbait grandement l'esprit de Sinmora. Si il y avait bel et bien quelque chose que j'avais appris avec le Temps, c'était de ne jamais rien confier de trop personnel à Apple. Car elle était du genre à le garder pour elle, sauf quand elle parlait avec des gens de confiance. Ce qui faisait qu'on apprenait souvent pas mal de choses, sans même rien demander.
« Il n'y a qu'une dizaine de personnes, tout au plus, autour de nous. Une charmante serveuse, et très peu de chances que l'un de ces habitués se doutait que tu viendrais t'asseoir juste en face de moi, ma très chère nièce. » lui répondis-je avec un petit sourire.
La police serait d'une meilleure aide pour elle. Depuis quand on venait quémander l'aide d'un Titan ? Qui plus est, elle était mal tombée. Le seul d'entre eux, incapable de sentir une aura, se trouvait assis juste en face d'elle.
« Tu prendras bien quelque chose à manger, n'est ce pas ? »
Je tournais la tête vers la serveuse qui était justement sur le point de nous rejoindre. Elle nous adressa un sourire.
« Une tasse de thé pour moi. Et ma nièce va prendre une part de ce cheesecake au citron qui se trouve sous la cloche, sur le comptoir. Avec deux cuillères, s'il vous plaît. Mettez lui aussi du thé. Elle appréciera, j'en suis certains. »
La serveuse sembla ravis. Elle s'en alla en direction du comptoir du dinner où on se trouvait, afin d'annoncer notre commande. Quant à moi, j'observais Eurus Holmes. Elle semblait négligée. Non pas qu'elle n'était pas habillée comme il fallait, mais elle ne semblait pas correspondre totalement à la description que m'avait faite Apple. Je me demandais si elle était réellement pourchassée ou si il y avait une autre raison qui l'avait poussé à venir me voir.
« Je crois qu'il va neiger. J'aime beaucoup la neige. Quand les flocons dansent en se laissant glisser au gré du vent. C'est comme de la poussière. Ca n'a pas réellement de forme. Ca se dépose de partout. Froide, si fragile. » me stoppais-je. « Désolé, j'étais peut-être encore un peu trop perdu dans mes pensées. Mais je pense qu'il va neiger, et qu'il faut bien se couvrir. »
On venait de déposer le cheesecake, blanc lui aussi, enveloppé d'une légère couche de citron, au centre de la table. Deux petites cuillères reposaient de chaque côté du précieux gâteau. La serveuse nous indiqua qu'elle n'allait pas tarder à apporter notre thé. J'en profitais pour prendre la cuillère face à moi, et la plonger dans la préparation. Toutes les couches étaient venues se blottir les unes contre les autres, sur mon ustensile en métal. J'avais porté le tout à ma bouche, me délectant de ce doux parfum.
« Tu ne devrais pas attendre. Il pourrait ne plus en rester d'ici quelques instants. » lui indiquais-je. « Et tout en mangeant, tu pourrais profiter pour m'en dire un peu plus, si tu souhaites l'aide de ton oncle bien aimé. »
J'aimais ce jeu de rôle. C'était plutôt amusant. Même si je n'avais pas oublié ce qu'elle m'avait dit, comme quoi elle était en danger. Mais que risquait t'elle du moment qu'elle était assise, ici, à mes côtés ?
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Eurus J. Holmes
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Je plissais les yeux en observant l'assiette de quenelles de brochet qu'on venait de nous apporter. J'en avais déjà mangé par le passé. Il s'agissait d'une sorte de pâte moelleuse confectionnée à partir de farine, et dont la garniture à l'intérieur était du poisson. L'odeur m'arrivait jusqu'aux narines. Ca avait l'air succulent, même si on n'avait pas commandé ce plat. Ce dont on avait réellement passé commande, se trouvait au centre de la table. Une cheesecake comme j'avais appris à les aimer. Car dans mon monde, à mon époque, on n'en faisait pas. Mais ici, c'était l'une de leurs meilleures spéciales. Si bien entendu, on ne prenait pas en compte les éclairs au chocolat.
Quoi qu'il en soit, cela ne nous disait pas pourquoi une assiette de quenelle se trouvait entre nous, et étrangement plus proche d'Eurus, que de moi. D'ailleurs, on m'avait apporté une cuillère, mais pas de couteau et fourchette. Il n'y en avait que pour elle. Est-ce que la jeune femme avait passé commande sans que je m'en aperçoive ? J'hésitais à dire à la serveuse qu'elle s'était trompée, mais Eurus semblait satisfaite de ce qu'on lui avait apporté. Peut-être qu'elle avait commandé avant de me rejoindre - chose qui m'étonnait - ou à un moment où j'avais l'esprit ailleurs - ce qui était bien plus probable.
Ces derniers Temps, je vagabondais d'un endroit à un autre, sans même m'en rendre compte. Ce n'était pas physique. Je ne me déplaçais pas réellement. Mais j'avais la tête ailleurs, souvent. Trop souvent, parfois. Ce n'était pas nécessairement quelque chose de bon, car j'étais beaucoup moins concentré sur le présent. Mais ça faisait du bien de se laisser porter. J'en avais besoin depuis quelque Temps.
J'écoutais - en tentant de rester concentré - ce que me disait la jeune femme. Sur le fait qu'elle devait remonter plusieurs années en arrière afin de me faire comprendre les soucis qu'elle rencontrait, aujourd'hui. Je l'écoutais, tout en l'observant manger ses quenelles, me contentant de mon côté, de manger mon cheesecake. Pour ce qu'elle disait, je savais ce que c'était que de devoir chercher dans sa mémoire. La mienne était tellement pleine, qu'il m'arrivait de m'y perdre. Mais il y avait quelque chose qui faisait qu'on pouvait aisément faire le tri dans nos pensées, nous les Titans. Ca faisait partit des merveilles de la Nature, qui avait fait de nous des êtres évolués. Pas seulement, nous, Atlas, Thémis, et mes autres frères et soeurs, mais tous ceux qui partageaient notre esprit, et nos pensées. Eurus en faisait sans doute partit. Elle semblait intelligente et réfléchie. Car tout être pensant était capable, avec le Temps, et en le souhaitant réellement, de laisser à son esprit la possibilité d'aller au delà de ses facultés basiques.
C'était intéressant ce qu'elle me contait. Sur son don, ou plutôt sa malédiction. Elle était capable, en touchant les objets ou les personnes, de voir des flash et de deviner certaines choses. Il n'est pas possible de voir l'avenir. Mais j'ai une amie qui tient un food truck, qui pense qu'il est possible de laisser une trace de son passage sur terre. Elle communique avec les morts, ou les esprits. Ca dépend comment on voit la chose. En tout cas, elle est persuadé que nous pouvons laisser un héritage, d'une manière ou d'une autre. Et peut-être qu'il s'agit de cela, en ce qui concerne Eurus. Je me demande si elle était capable de voir quelque chose en me touchant. C'est intéressant de tester les limites des dons de chacun. Mais pour le moment, je me décidais à ne pas l'interrompre.
Elle évoquait le fait de perdre le sommeil. J'ignorais ce que cela signifiait. Il m'arrivait de me sentir fatigué, mais je ne dormais pas pour autant. A dire vrai, je me reposais. Et je me reposais en méditant. Mais mon corps et mon esprit restaient connectés en continue. J'aimerais bien un jour goûter à cette sensation de plénitude, où on laisse son corps s'en aller paisiblement, afin de le récupérer le lendemain matin. C'est l'une des richesses des humains, dont ne disposent pas les Titans. Quelque chose que je leur envie grandement. En tout cas, les rêves qui peuplent notre esprit, peuvent aussi bien parfois se transformer en cauchemars. Et ce, sans la moindre explication à cela. Je me demande à quoi ressemble ce montre étrange de l'imagination où on peut s'y perdre aisément quand on est comme eux.
Quand elle eu fini de parler, je restais quelques instants à l'observer. J'avais fini la moitié de mon gâteau. J'hésitais toujours à commander la même assiette qu'elle. Mais à dire vrai, j'avais plutôt envie de faire apparaître une fourchette afin de goûter directement dans son plat. C'était toujours bien plus intéressant de manger chez les autres, que dans sa propre assiette. D'ailleurs, juste comme ça, au cas où elle me le proposerait, j'avais fait apparaître une fourchette. Puis, je lui avais souris, et j'avais pioché un petit morceau de quenelle que j'avais porté à ma bouche. Que c'était bon ! Exactement comme je l'avais imaginé. Après avoir posé ma fourchette sur la table, j'avais légèrement poussé l'assiette du cheesecake jusqu'à elle, toujours en lui souriant.
« Je t'en ai laissé la moitié. » lui dis-je fièrement.
Je n'étais pas quelqu'un de gourmand. Enfin, ce n'était pas réellement un vice. J'aimais juste découvrir toutes les saveurs. Notamment quand il s'agissait de nourriture de toute sorte. Que ce soit les desserts, les plats, les entrées... enfin, tout.
« Bien. » ajoutais-je en posant mes mains sur la table, et en les rapprochant afin de croiser mes doigts. « A ce que j'ai compris, ces personnes ne te cherchent pas nécessairement parce que tu as un don différent du leur, mais parce que tu as le même qu'eux, c'est cela ? »
Je voulais être bien sûr. En tout cas, rien autour de nous semblait présager qu'ils étaient là. Est ce qu'ils avaient quelque chose de magique en eux ? Elle évoquait des choses qui avaient débutés quand elle était petite fille. Ce qui signifiait que ces êtres venaient de son monde et non de celui ci. Donc, il s'agissait sans doute de magie. Ca m'excitait au plus au point. Dans le sens où j'aimais découvrir de toutes nouvelles choses. Ca me sortait de la monotonie de ma vie.
« Je ne suis pas sûr d'être la personne la plus apte à t'aider, mais je ferais de mon mieux. »
C'était sans doute de cette façon que son frère prenait en main une enquête. Il acceptait le deal et tentait au mieux, de résoudre l'énigme. Dans son cas, on avait un signalement. C'était des gens qui pouvaient être n'importe où et surgir à tout moment. En tout cas, si ils voulaient s'en prendre à elle, c'était pour l'avoir vivante. Du coup, sa vie n'était pas réellement menacée. Et elle l'était encore moins tant qu'elle était à mes côtés. Mais je n'aimais pas prendre de risques. Surtout en ces périodes sombres. Du coup, par le pensée, j'avais prévenu Atlas, mon frère, que je me trouvais en présence de cette jeune personne et que je souhaitais qu'il garde un oeil sur mon aura et la sienne. Sait on jamais ce qui pourrait arriver. Ca serait très facile pour lui, de nous retrouver.
« Ce que tu ressens, ou plutôt ce que tu devines, c'est la réalité ? Il t'arrive de te tromper ? »
Je voulais déjà clarifier un point. Avait-elle réellement un don de vision ou non ? Je connaissais beaucoup d'êtres capable de voir certaines choses. Ce n'était pas un réel futur, mais ça permettait d'avoir des pistes. Là, j'avais tendance à croire que ce n'était pas le futur, mais le passé qu'elle voyait. Ce qui éliminait le fait qu'elle pouvait être une Prophétesse. De toute façon, elle ne venait pas de ce monde, du coup ça éliminait d'office cette possibilité.
« Je ne maîtrise pas tout ce qui est magique. C'est un pouvoir qui même si il est ancien par chez vous, est tout neuf pour moi, mais aussi pour Thémis et Atlas. »
Je me disais que si elle me connaissait, et si elle s'était renseignée sur moi, elle devait aussi l'avoir fait sur mon frère et ma soeur. Il était inutile qu'elle aille les voir à leur tour pour ce genre de problèmes, car ils avaient la même connaissance en la matière que moi.
« Quand j'ai créé ce que vous appelez le monde des contes, cet univers était totalement vierge. La Nature y a pris ses marques et l'a développé. »
Peu de gens savaient que je l'avais conçu, avec bien entendu l'aide des Bâtisseurs. Il n'était pas nécessaire qu'elle le sache, mais je voulais la rassurer, en lui indiquant que si quelqu'un, en y travaillant, pouvait l'aider, ça pourrait très bien être moi. J'avais posé la première pierre de l'univers d'où elle venait. Je pouvais sans doute le comprendre mieux que personne. Même si ça allait surement demander du Temps. Peut-être même beaucoup de Temps.
« Quand tu auras fini de manger, on va passer la journée ensemble. Ca serait bien que tu m'amènes là où tu penses qu'ils pourraient se trouver. Dans des lieux où tu les as déjà rencontrés. Ca ne sera peut-être pas facile, mais disons que si on s'approche d'eux, on peut en apprendre d'avantage. »
J'hésitais à lui demander aussi autre chose. Mais ça pouvait attendre. Après tout, on allait avoir beaucoup de Temps devant nous.
« Tu prends toujours ton traitement ? » lui demandais-je.
Elle avait parlé de celui que ses parents lui avaient administrés. Je voulais savoir si son pouvoir était en partit bloqué ou si il était à son maximum. Ca pouvait changer beaucoup de choses.
« Pourquoi, selon toi, ont t'ils attendus jusqu'à aujourd'hui ? » débutais-je. « Ils viennent sans doute de ton monde, et pourtant ils ont attendu tout ce temps pour tenter de t'attraper. Est-ce que d'autres personnes avaient ce don par chez toi ? Ou même ailleurs ? »
Il y avait un dernier point qui m'interpellait. Je ne savais pas comment le formuler, du coup je m'étais décidé à le faire le plus simplement possible.
« J'aimerais aussi te demander quelque chose d'important. Comment sais tu que c'est pour ton don qu'ils te traquent ? »
J'avais beau me remémorer tout ce qu'elle m'avait dit, rien le laisser présager. Avait-elle touché l'un d'entre eux ? Avait-elle vue leurs intentions ? J'étais curieux d'obtenir cette réponse. Comme toutes les autres. Notre enquête allait pouvoir débuter et j'espérais que je pourrais lui apporter toute l'aide nécessaire pour qu'elle ne soit plus jamais dérangé par eux, ni par qui que ce soit d'autre.
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Eurus J. Holmes
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| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Eurus, la soeur de Sherlock
Que ces gens, qui la traquaient, venaient ou non du monde des contes, ils n'en restait pas moins qu'ils devaient agir de la même façon que les gens d'ici. Le mode de fonctionnement de l'espèce humaine est la même à travers le Temps. Quand on traque quelqu'un, on s'assure de ses fréquentations, des lieux où il se rend d'ordinaire. Dans le cas de Eurus Holmes, il s'avère qu'il s'agit de chez elle, ou de l'hôpital.
Mais la traque se poursuit rarement dans des lieux publics où il est difficile d'obtenir ce que l'on souhaite. On choisi généralement pour passer à l'action, un moment propice durant la journée, et quand il y a le moins de témoins possible. Je n'ai jamais pratiqué la traque de qui que ce soit. Je n'en ai du moins pas le souvenir. Et puis, à mon époque, avec mes pouvoirs, cela ne se passait pas de la même manière. Mais j'ai vue de nombreux films où il est question de ce genre de choses. Mes références ne sont surement pas les meilleures. Rien vaut l'expérience du terrain. Cela dit, ça me tente bien de me prêter à ce jeu, du moment que Eurus ne risque rien. Et grâce à mon frère, on est en quelque sorte protégé. On peut aisément se laisser prendre en chasse, tout en restant sur nos gardes.
« J'aimerais comprendre ton don. Voir ce qu'ils essayent de te voler, avant de se cacher. Il n'est pas nécessaire d'aller quelque part. On peut tout simplement marcher. Que dirais tu de nous rendre au bord de l'eau ? Il y a un chemin par ici pour y arriver. Peu emprunté, et pas mal isolé. » lui proposais-je.
Elle comprendrait sans doute que mon but n'était pas de suivre ses habitudes, mais plutôt d'aller à son opposé. Là où elle avait pris la décision de venir me voir dans un lieu public, je voulais l'emmener dans un lieu inoccupé. Ses habitudes étaient de se rendre à l'hôpital. Mais elle s'y rendait seule. Si elle y venait avec quelqu'un, ses agresseurs pourraient se méfier. Il y avait le risque d'attaquer en plein jour, avec des gens autour. Qui plus est, ça pouvait mettre inutilement la vie d'autres personnes en danger. Mieux valait s'isoler et voir venir. En attendant, cela me permettrait d'en apprendre plus sur elle.
« J'ai souvent voulu me plonger dans l'oeuvre de Arthur Conan Doyle. » lui avouais-je. « Depuis que je suis ici, je lis beaucoup. A dire vrai, je pratiquais déjà la lecture auparavant, grâce à cette connaissance que m'a transmis une amie. »
C'était à mon époque que Ellie était arrivée, passionnée de lecture, et qui m'avait fait découvrir de merveilleuses histoires. J'avais vécu des aventures hors du commun, en plongeant mon esprit dans les pages de ces romans.
« C'est étrange cette similitude entre le monde de l'imaginaire et le monde réel, n'est ce pas ? J'ai depuis longtemps était fasciné par cela. »
Je regrettais de ne pas avoir lu de romans de Sherlock Holmes. Je pourrais déjà en connaître un rayon sur le détective, et sur sa famille. Même si tout ce qui est conté dans les livres ne reflète pas totalement la réalité, ils permettent d'en apprendre d'avantage sur les personnages qui y sont présent. Personnages, qui dans cette ville, prennent l'aspect de personnes réelles.
Le chemin nous menait tout doucement en direction de la plage. Le vent se faisait ressentir. Ce n'était pas un temps idéal pour marcher au dehors, mais ça ne me dérangeait pas. Je fis tout de même apparaître un châle sur les épaules de la jeune femme, lui adressant un petit sourire.
« Là où nous allons, il fera de plus en plus froid. Mais je pense que c'est nécessaire de marcher dans cette direction. »
Je le sentais bien.
« Tu fonctionnes beaucoup à l'instinct, n'est ce pas ? » lui demandais-je. « Je n'ai pas la sensation qu'en entrant dans ce diner, tu avais prévu de m'y retrouver. C'est plutôt une occasion que tu as saisis en me voyant attablé là. C'est bien ça ? »
Elle se fiait à ses sentiments, à ce qui se trouvait autour d'elle. Elle faisait avec. Ce n'était pas quelqu'un qui calculait. Elle était sans doute différente de son frère sur ce point là. Est ce que ça la rendait plus futée, ou plus dangereuse ? Je l'ignorais.
« La famille est quelque chose qui compte beaucoup pour toi. Tu ne souhaitais pas mettre ton frère en danger en te rendant avec moi chez lui, mais à l'hôpital ça ne te dérangeait pas. Cela dit, je ne te juge pas. La famille compte pour beaucoup d'entre nous. Il y a juste quelque chose qui m'interpelle. Sherlock Holmes ne serait t'il pas le plus apte à retrouver la trace de ces personnes ? Pourquoi ne pas lui avoir confié ce qui t'arrivais ? Il aurait pu t'apporter son aide, à sa manière, sans pour autant se mettre en danger. »
Elle avait préféré venir s'adresser à un Titan. Ni à son frère, ou à l'un de ses amis, mais à moi. Cela signifiait que les personnes qu'elle affrontait étaient bien plus fort que son cercle réduit d'amis et sa famille ? Je pensais qu'ils possédaient uniquement le même don qu'elle. La faculté de voir, sans pour autant posséder des pouvoirs. A moins qu'ils n'agissaient pas seuls ? Avait-elle était le témoin de quelque chose ? Avait-elle vue quelque chose dans ses visions ?
Tandis qu'une nouvelle petite rafale de vent nous vint dessus, je m'arrêtais de marcher. Je la contemplais quelques instants, me posant une foule de questions. Puis, mon regard se posa sur sa main, avant de remonter vers son visage et que nos yeux se croisent.
« Je me demande quelles sont les limites de ton don... » laissais-je échapper.
Je ne voulais pas le lui demander. Je voulais que ça vienne d'elle, si elle le souhaitait. J'avais très envie de savoir si elle pouvait voir quelque chose en prenant ma main. C'était une expérience que j'avais envie de vivre pour tenter de mieux comprendre ce qu'elle avait en elle. Et qui sait... ça pourrait nous apporter des réponses à tous les deux.
« Ce n'est peut-être pas nécessaire, après tout. » affirmais-je.
C'était peut-être plus utile pour moi que pour elle. Il n'y avait sans doute que la curiosité qui me poussait à lui tendre la main. Je ne voulais pas l'utiliser. Ce n'était pas pour moi qu'on était ici, mais pour elle.
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Nos deux mains se touchèrent. Je retins mon souffle. Elle avait la main froide. Rien se produisit. Avait-elle réellement ce don en elle ? L'Espoir qu'elle puisse voir quelque chose en moi, que je puisse partager ce don, ne serais-ce qu'un instant, me submergea. Un léger vent glacial s'abattit sur moi. Sur nous. Je la vis lever les yeux au ciel, mais je ne pu détacher les miens des siens. Quelque chose m'intriguait. Quelque chose qui émanait d'elle. Cela me poussa à tenter de voir bien au delà de ce qu'elle me laissait voir. Que j'aurai du voir.
Le parquet était sombre. La pièce toute entière était plongée dans une ambiance ténébreuse. Une planche avait été enlevée de sur le sol. Des boites reposaient à l'intérieur de la cachette. Une main s'y aventura. Puis, elle se recula. Je sentis une note légèrement sucrée. Mon regard se détacha d'Eurus, quand j'entendis une voix. La vision n'était plus là. Il n'y avait plus que cette voix. Une voix d'homme, de jeune homme. Le vent me caressa les joues une nouvelle fois. Je sentis la main de Eurus serrer d'avantage la mienne.
« L'Hôtel Bleu... » murmurais-je, comme pour entendre la jeune femme confirmer qu'on entendait bel et bien la même chose.
Ce n'était pas la première fois que j'avais entendu cette voix murmurer à mon oreille. Mais c'était la première fois que je l'avais entendu murmurer ces mots. L'Hôtel Bleu. Je n'en avais jamais entendu parler. J'ignorais de quoi il s'agissait. Je me demandais quelles autres informations la jeune femme pourrait me fournir.
Quand le lien se brisa, elle m'observa. Selon elle, d'ordinaire, elle était la seule à percevoir ces voix et ces visions. Mais d'après elle, du fait que j'étais un Titan, et que mon pouvoir dépassait sans doute le siens, je pouvais partager cette vision avec elle. Mais qu'en était-il pour celle que j'avais vue ? Avais-je eu la faculté d'entrer dans son esprit l'espace d'un instant ?
Elle s'écarta de moi, et remis une de ses mèches rebelle en arrière. Je partageais son point de vue sur le fait que cet échange c'était montré intense. Et je comprenais un peu mieux pourquoi des gens avaient envie de détenir un tel pouvoir, et le lui voler. Si bien entendu, il était possible de réaliser un tel exploit.
Eurus s'installa sur le rebord du château en bois qui se trouvait à quelque pas de nous. Elle semblait bien fatiguée. Ca devait lui demander un certain effort. Comment se faisait-il qu'un tel don se trouvait dans une personne comme elle, sans pouvoir, incapable d'encaisser un lien aussi fort avec la Nature ?
A sa question, je secouais la tête, décidant de venir m'asseoir juste à côté d'elle. Nous étions une nouvelle fois face à la mer. Elle était agitée à cause du mauvais temps. Jusqu'à présent, personne était venu nous déranger. Mais il fallait rester sur nos gardes. J'entendis un petit quelque chose dans ma tête.
« Tout est ok ? » me demanda mon frère.
A ce qu'il venait de me dire, il nous avait perdu, tous les deux, pendant un bref instant. Cela m'intriguait d'avantage. Mais tout semblait ok. Elle contrôlait ce qui arrivait. Elle avait décidé de quand la vision avait débutée, et de quand elle avait pris fin. Du coup, tout allait bien.
Une question qu'elle m'avait posé me revint à l'esprit. Qu'elle était l'origine de chaque chose ? Est ce que les écrits venaient après la réalité ? J'avais conscience d'avoir créé leur monde. La Nature avait fait le reste, développant chez eux un tout nouveau pouvoir, que l'on découvrait à peine. Peut-être qu'il faudrait se pencher d'avantage sur ce don qu'elle leur avait offert ?
« Cela fait bien longtemps que je cherche le point d'origine de chaque chose. Il se cache. Il est difficile à trouver. » lui affirmais-je. « A partir du moment où le Temps entre dans l'équation, il faut oublier tout ce que l'on connait, et se fier à son instinct pour se frayer un chemin sur la route tumultueuse que nous empruntons tous. »
Cette route avait pris un nouveau sens aujourd'hui. Elle avait fait entrer de nouvelles questions dans mon esprit. Qu'est ce que cet Hôtel Bleu ? Qu'elle était cette voix ? Et qu'avait Eurus au fond d'elle ? D'où lui venait ce don ?
« Je vois nos vies comme une route. Une très longue route où on doit apprendre à oublier la douleur des moments passés. Où on se doit d'ignorer les regrets afin de ne pas se faire ralentir, et pour ne pas dévier totalement du droit chemin. Et où on se doit de continuer à avancer, sans perdre espoir. Constamment. »
Je tournais la tête en direction de la jeune femme, l'observant quelques instants.
« L'espoir est quelque chose de très important. Il nous permet de garder en tête que tout a un sens. Chaque action, chaque sacrifice. »
Il y en avait eu des sacrifices. De bien trop nombreuses pertes. Et je savais qu'il y en aurait encore. Observant une nouvelle fois l'eau, je soupirais.
« Si la route devient compliquée, si on se décourage, si nos forces diminuent, il faut continuer. Toujours continuer. Il y a une solution à tout. »
Abandonner n'est pas une option. Je ne vois pas certains départs comme un abandon, mais disons qu'ils sont arrivés quand il n'y avait véritablement plus le choix. Ma soeur était partie. Elle avait choisie de s'élever. D'aller au delà de toute chose. De retourner auprès de notre Mère. J'en étais encore bien loin. Même si mon corps arrivait difficilement à poursuivre sa route.
« Quand nous avons pris la décision, mes frères, mes soeurs et moi, de créer un Empire qui partagerait les même valeurs que nous, on a chacun choisi deux mots pour donner un sens à notre existence. On les voyait comme une tâche à accomplir. C'était une grande période de doute, de craintes. Ces mots devaient définir les valeurs que nous défendions, tous, dans la paix et le bonheur de chaque être vivant. Ma soeur a choisi Courage et Vaillance. Elle a toujours représenté l'Espoir à mes yeux. La bravoure, le courage dont elle a fait preuve aussi bien dans la souffrance que les difficultés, m'ont toujours inspirés. Même si je n'ai pas la prétention d'être arrivé là où elle est arrivée. »
Etais-ce une bonne chose de se confier à Eurus Holmes ? Apple ne la voyait-elle pas comme une opportuniste ? Allait-elle utiliser ce que je lui confierais ? Dans quel intérêt ? Ce n'était qu'une discussion entre deux personnes qui souhaitaient partager quelque chose, ensemble. Ca finirait par se perdre dans les méandres de notre mémoire, comme ce sable qui se perdait dans cette eau qui s'avançait sans cesse vers lui.
« J'ai choisi la Connaissance et le Savoir, car sans eux, nous sommes pieds et mains liés. Il est important de toujours s'interroger sur l'inconnu. De toujours tenter de remettre toutes les pièces du puzzle à leur place. D'avoir une longueur d'avance sur les personnes qui se sont détournés de la route que la Nature leur a tracé. Mais ce sont aussi deux valeurs qui peuvent se montrer dangereuse en fonction de comment elles sont utilisées. J'ai vue beaucoup d'êtres sombrer dans la folie, d'une manière ou d'une autre, en ayant acquis un savoir qui allait au delà de ce qu'ils pouvaient encaisser. J'ai failli moi même me perdre dans certains chemins où mènent la connaissance. »
Je la regardais une nouvelle fois. On n'avait pas bougé, et elle récupérait sans doute petit à petit des forces.
« C'est un bien grand don qui a été mis en toi. J'ignore pourquoi. Je ne sais comment t'aider, ni même si tu en as besoin. Chaque chose qui nous arrivent n'est pas le fruit du hasard. Cet Hôtel Bleu. Cette voix. Tes visions. Il faut juste prendre le Temps nécessaire pour comprendre ce que cela signifie. Quoi qu'il en soit, je te remercie d'avoir partagé ce moment avec moi. De m'avoir permis de faire un pas dans ce monde qui m'est inconnu. »
Elle a besoin d'obtenir de l'aide, c'est une évidence. Personne doit s'approprier un tel don. Surtout pas des personnes mal intentionnés. Je n'ai pas la sensation qu'elle ait utilisé cette force à mauvais escient. Elle semble être quelqu'un de réfléchis, de posé. Je lui fais confiance. Mais est ce qu'on peut réellement avoir confiance en quelqu'un qu'on ne connait pas ? Il y a quelque chose qui m'intrigue chez elle. Quelque chose que je n'arrive pas à définir. Et il y a une question sur le bout de mes lèvres que je n'arrive pas à contenir. Qui sait. Elle pourrait m'aider à y voir plus clair. A savoir si oui ou non, je peux lui faire confiance.
« Qu'y a t'il sous le plancher ? » demandais-je.
J'ignorais si elle avait vue cette partie là de la vision. Ca ne m'avait pas semblé être le cas. Mais à tout bien y réfléchir, j'avais reconnu l'odeur qui m'était arrivé jusqu'aux narines. Celle d'une jeune femme que je connaissais bien. Je voulais savoir en quoi elle était liée, dans tout ça.
« J'ai vue la main de Sinmora. Je l'ai vue prendre un de ces flacons. Je n'ai juste pas compris de quoi il est question. Mais j'ai la sensation qu'il y a quelque chose de mauvais sous ce plancher. Tout était sombre autour. Ta chambre était plongée dans le noir. »
C'était surement très indiscret de demander. Je lui avais confié certaines choses. Elle m'avait certifié ne plus prendre les médicaments que ses parents l'avaient forcés à prendre, depuis bien longtemps. Or, ça ressemblait bien à un traitement. Pouvais-je réellement lui faire confiance ?
CODAGE PAR AMATIS
Eurus J. Holmes
« Good and bad are fairytales. »
| Avatar : Keira Knightley
"Ce nouveau design, c'est juste pour moi ?"
"Ne faites pas comme si vous n'aviez pas envie de regarder..."
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Eurus, la soeur de Sherlock
J'écoutais ce que Eurus Holmes me disait. Je l'écoutais attentivement. Tout comme moi, elle était atteinte d'une maladie. Un mal dont on ne guérissait pas. Elle avait une tumeur qui oppressait sa zone de l'hippocampe dans son cerveau. Il se pouvait très bien qu'un jour, elle se réveillerait en ayant oublié jusqu'à son propre nom. Ca m'était déjà arrivé de ne plus me rappeler qui j'étais. C'était arrivé à Thémis, également. J'avais passé beaucoup de Temps, dans le secret, à venir la voir, jour après jour. Je savais ce que cela faisait que d'avoir un proche qui était incapable de se souvenir de qui il était. Ou d'être soi même dans ce genre de situation. Bien que pour nous, c'était moins douloureux, car on avait la chance de réussir à oublier. Pas seulement notre nom, mais aussi notre existence, et pour ainsi dire nos problèmes.
Eurus Holmes allait finir par mourir. C'était une évidence, comme ça l'était pour toutes les personnes qui peuplaient cette Terre, ce monde, cet univers, l'ensemble des univers. Je ne pouvais pas l'aider. La Nature ne m'avait pas fait don de ce pouvoir. Je devais me contenter d'observer, de la voir et la laisser mourir. C'était inévitable, inéluctable. Même si en ce moment même, des forces loin d'ici, et ici également, faisaient tout pour que cela ne se produise plus. Mais elles allaient juste nous conduire à une mort certaine, pour tous, plus rapide et brutale que toutes celles qui auraient pu nous atteindre. Une mort sans lendemain. Non pas pour un être, ou deux, mais pour tous, à toutes les époques.
La Connaissance et le Savoir étaient inestimables à ses yeux. Ils l'étaient aussi aux miens. Et en même temps ils pouvaient se montrer si destructeurs. Je continuais à l'écouter, toujours aussi attentivement, tout en me perdant dans mes pensées. Je la regardais. Je n'avais cesse d'observer ses yeux.
Parfois, il nous arrivait de fixer une personne. De regarder ses yeux, et de s'y perdre. Avec eux, il n'y avait pas besoin de mots. On pouvait lire dans un regard de la douceur, de la passion, parfois même de l'Amour. Mais aussi de la crainte, des doutes, de la souffrance. Des sentiments qui pouvaient nous consumer de l'intérieur, nous brûler la peau. Le regard pouvait être rempli d'un feu ardent. Il était le reflet de notre âme, de nos sentiments les plus profonds. Mais il n'était pas seulement le reflet de l'autre. Il agissait aussi parfois comme un miroir. Et c'est nous qu'on y voyait au travers. Nos joies, nos malheurs, notre âme. Il nous renvoyait à des souvenirs plus lointains, enfuis en nous. Nous n'avions pas besoin de mots. Seul nos regards. Et cela était parfois bien suffisant pour nous briser.
Je sentais mes yeux devenir humides. « Je te fais confiance. Ne prend aucun risque inutile. » songeais-je.
Parfois on levait les yeux et on regardait le ciel. On pensait à une personne, et c'était ça le manque. Il y avait des larmes qui ne cessaient jamais de couler. Des vides qui ne se comblaient jamais. Des souvenirs qui ne s’effaçaient pas. Et des personnes qu'on ne remplacerait jamais. Les sourires revenaient... mais uniquement pour masquer la peine.
Je détournais mon regard de la jeune femme, fixant une nouvelle fois l'eau qui s'étendait face à nous. Je ne pouvais pas accepter sa requête. J'étais en capacité de l'aider, mais pas au point de la mettre en danger. Elle ne devait pas servir d'appât. Il n'en était pas question.
« Je ne peux pas agir de la sorte. » lui avouais-je. « C'est bien trop risqué. Ils pourraient utiliser un moyen quelconque pour te prendre sans que je puisse te suivre. Nous devons limiter les risques. »
Je glissais les mains dans mes poches. Son plan n'était pas bête du tout, mais il n'était pas réalisable. Atlas était concentré sur nos auras dans le cas où on venait à disparaître. Quant à moi, j'avais les yeux et les sens en éveils. Tout ce qui me restait, qui me permettait de protéger quelqu'un, de me protéger moi même, je le poussais à son maximum afin d'avoir une vue constante sur la jeune femme, sans pour autant avoir besoin de la fixer en continue. J'essayais de voir ce qui se trouvait autour de nous, ce qui s'approchait de nous. Je ne sentais plus les auras, mais je ne voulais plus me faire surprendre. Perdre de vue la jeune femme qui était venue me demander mon aide, c'était quelque chose d'inacceptable.
C'était fou comme la réalité pouvait vous rattraper, et ce avec un seul regard. Quand je me sentis mieux, je tournais une nouvelle fois la tête vers Eurus Holmes.
« Nous devrions tester leurs capacités, ou simplement les effrayer. Peut-être que si tu venais à Olympe, ils comprendraient le message. Comme quoi ils ne devraient jamais plus songer à t'approcher à l'avenir. »
C'était une possibilité. Les impressionner, les effrayer, leur envoyer un message clair. Voilà qui était une solution bien plus acceptable.
« Je pourrais aussi rester avec toi quelque temps, ainsi que Atlas. Ca pourrait être une solution intermédiaire. Nos ennemis n'ont pas toujours conscience de l'étendu de nos relations. Mais parfois, ils savent accepter leur défaite, avant qu'on soit obligé de le leur imposer. »
J'avais connu de nombreuses batailles, combattu de nombreux guerriers. Il m'était arrivé une seule fois durant mon existence, d'être face à des soldats qui avaient compris qu'ils avaient perdu. Je me devais d'achever leur tâche, pour mon Roi, mais je ne l'avais pas fait. Ils avaient fait ce qu'il fallait faire. J'avais jugé leur bannissement suffisant, les laissant partir, s'isoler de l'Empire, et cesser toute activité. Ils avaient sans doute avec le Temps purgé leur peine, et trouvé le repos qu'ils méritaient. Si ça se trouvait, je pouvais me retrouver une seconde fois face à ce genre de guerriers. Je gardais espoirs que ceux qui tentaient de faire du mal à Eurus Holmes, étaient des hommes comme eux. Ils pouvaient aisément laisser tomber par eux même en voyant que la jeune femme était « protégée ».
« Je suis là. » entendis-je dans mon esprit, ce qui mit fin à mes pensées.
Tournant la tête à gauche, puis à droite, je vis au loin un couple. Ils étaient emmitouflés dans leurs manteaux à cause du vent. Ils regardaient la mer au loin. Je ne voyais aucune trace d'Atlas.
« Ca fait un petit moment qu'ils marchent dans votre direction. En suivant vos pas. J'arrive. »
« Non. » le coupais-je.
Eurus venait simplement d'entendre ma réponse. Ca pouvait paraître bizarre cette discussion avec un interlocuteur qui n'était pas présent. Je fixais le couple avant de regarder Eurus Holmes.
« Ils en font partit ? » lui demandais-je.
J'ignorais si elle pouvait m'apporter une réponse. Les deux personnes tournèrent la tête d'un même geste dans notre direction. Nos regards se croisèrent. C'était étrange cette confrontation. Voyaient-ils quelque chose à cette distance ? Allaient-ils partir ? Étais-ce des gens comme ceux dont parlait la jeune femme ? Ou de parfaits inconnus qui étaient juste là en amoureux, à se promener en pleine tempête ?
« Qu'est ce qui ne va pas ? » me demanda Atlas, toujours par la pensée.
« J'essaye de visualiser si ils sont un danger potentiel ou non. » lui répondis-je.
« Je ne parle pas de ça. »
Tournant la tête, je vis Atlas à quelque pas de nous. Il me fixait. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire.
« On n'a pas toujours marché ensemble, tous les deux. Le Temps ne nous a pas épargné. Mais ça n'empêche pas que je vois quand il y a quelque chose. »
Je regardais derrière nous les deux personnes. Ils ne nous regardaient plus, mais ils étaient toujours là. Il était apparu comme ça ? Face à eux ? C'était aussi son plan de les intimider ? Je regardais Eurus, ne comprenant pas où voulait en venir mon frère. Puis, je le regardais lui.
« Je t'aime, tu sais. » me dit-il, avant de regarder Eurus et de lui faire un grand sourire. « Je pourrais t'aimer également si je te connaissais un peu mieux. Atlas. Mais tu peux m’appeler Sir Nicholas. »
Sir, quoi ?
« J'ai vue un film récemment avec un fantôme quasi sans tête. J'hésite à prendre un nom d'emprunt. C'est quelque chose de fréquent par chez vous. C'est amusant, je trouve. J'ai une tête complète, et en même temps, je donne l'impression d'avoir une tête de moins que tout le monde. Je suis par conséquent quasi sans tête. »
Il adressa un nouveau sourire à Eurus. Je ne comprenais pas à quel jeu il jouait.
« On va droit au but ? » demanda t'il à la jeune femme.
Puis, il disparu. Je jetais un oeil vers la jeune femme, avant de tourner la tête vers le couple. Atlas était apparu juste à côté d'eux.
A ce moment là, je ne pouvais pas savoir, ni anticiper ce qui allait se passer... peut être que dans un sens je l'avais sentis. Mais je n'en avais pas eu conscience... « Je n'agis pas ainsi parce que je ne crois pas en toi... Mais parce que je tiens à toi. »
Ces paroles me revenaient à l'esprit. A chaque fois que quelque chose allait se produire, et que j'avais le sentiment qu'un risque existait, elles me revenaient tel un châtiment qui ne prendrait jamais fin. Ne jamais plus prendre de risques. Ne jamais laisser plus personne atteindre les gens qu'on aimait. Ne plus jamais devoir dire au revoir à qui que ce soit.
Je fermais la main, laissant tomber quelques cendres par terre. Quelques brins de poussières, avant de disparaître avec Eurus, et d'apparaître à quelque pas du couple. Elle était à un pas derrière moi, comme je l'avais souhaité lors de la téléportation. Je fixais les deux gens. Atlas avait parlé le premier.
« Vous la connaissez ? Vous êtes là pour elle, ou votre promenade en pleine tempête est une simple coincidence ? » leur demanda t'il.