« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
J’avais ouvert les yeux sur la place vide à côté de moi. Erwin était déjà parti. Il avait cette faculté, quand il en avait envie, de se glisser hors du lit sans que je ne le remarque. Craignait-il que je ne le retienne si j’étais éveillée pour agir de la sorte ? Cette pensée m’avait fait sourire malicieusement avant de me retourner dans les draps pour me rendormir. Nous étions dimanche, il avait sans doute rejoint sa femme, j’avais tout mon temps. J’aimais de plus en plus son “appartement de célibataire”, le voyant moins désormais comme son lieu de vie que comme notre Havre de paix, notre refuge caché aux yeux du monde. Sa literie était bien meilleure que la mienne, m’évitant d’avoir droit à ses remarques désagréables à ce sujet et il fallait bien avouer que le lieu de vie était plus luxueux, plus grand aussi, plus chaleureux. Après quelques minutes de sommeil supplémentaire, j’avais fini par me lever, récupérant au passage une robe de chambre pour sortir de me faire un petit déjeuner. Le lieu était désert, calme, empli de son odeur. Il me manquait déjà. Mais c’était un prix à payer que j’acceptais volontairement. J’avais regardé les oranges avec une hésitation avant de grimacer, me touchant le ventre par reflexes. Depuis quelques jours, je ressentais quelques acidités au levé qui se terminaient généralement sur des nausées qui ne me semblaient pas être des plus agréables. Je devais sans doute couver quelque chose, une grippe, une gastro, un truc du genre. Après tout, on était en janvier, tout le monde était plus fatigué en janvier...
J’avais donc renoncé au jus d’orange, me prenant plutôt un morceau de pain avec de la confiture tandis que je me faisais chauffer de l’eau pour mon thé. J’avais tout mon temps, il n’était pas prévu qu’Erwin repasse par ici et comme à mon habitude, je prenais toujours mon petit déjeuner et une douche avant de rentrer chez moi. Après mon repas, je m’étais dirigée vers la salle de bain qui devait bien faire le double de la mienne et je m’étais engouffrée dans la cabine avant d’observer surprise ce qui se trouvait à mes pieds. C’était une espèce de petit truc rond en caoutchouc qui ressemblait à un joint de moteur. Je connaissais la passion d’Erwin pour ses voitures mais de là à l’imaginer poser un truc pareil dans le bac de sa douche, ça me semblait plutôt particulier. Perplexe, je m’étais alors baissée pour le récupérer et j’avais instantanément senti une drôle de sensation au creux de mon estomac. Le décor avait changé autour de moi, comme si j’avais voyagé à travers l’espace et le temps avec une force incontrôlée. Le voyage m’avait d’ailleurs donné envie de vomir mais j’avais tenu bon, la main toujours agrippée sur la pièce. Soudain, j’avais entendu un brouhaha m’envahir les oreilles, comme si des milliers de voix et de pas raisonnaient étrangement. D’instinct, je m’étais entre plus refermée sur moi-même pour cacher ma peau nue mais je m’étais brusquement rendue compte que je n’étais plus du tout nue. Non, au contraire, j’étais désormais vêtues d’étranges vêtement d’un violet sombre.
- Vous avez perdu quelque chose, mademoiselle ?
J’avais relevé la tête vers un monsieur assez âgé qui m’observait avec un sourire sympathique, la bonhommie de l’homme qui ne ferait sans doute pas de mal à une mouche. Lui aussi était habillé étrangement. Vêtu d’une robe de sorcier d’un vert émeraude, il semblait tout droit sorti du monde d’Harry Potter. Clignant les yeux en sa direction, j’avais tenté de me relever en gardant le joint de moteur dans les mains :
- Euh... non, ça va merci, j’ai juste fait tomber... - Votre portoloin ? Je comprends, ça arrive souvent quand ils sont si petits. Vous avez l’air de faire partir de la maison, pourquoi ne pas avoir empêtré la voie de service ?
Il semblait un peu perplexe. Il me fallait une raison et vite. Il avait bien parlé de “Portoloin” ?! Je n’avais pas rêvé ?? J’avais rapidement regardé sa tenue plus en détail. Il portait un badge avec son nom et semblait être un réceptionniste du Ministère de la Magie, si je reconnaissais bien le logo au-dessus de son badge. Maintenant que j’étais debout, je remarquais que sur son comptoir était posé un carton avec le mot “Portoloin” écrit dessus et que plusieurs personnes passaient en déposant toute sorte d’objet comme une sonnette de bicyclette ou une batte de baseball. Avec un sourire aimable, j’avais décidé de déposer mon joint de moteur à l’intérieur de la boîte en précisant :
- Pour une affaire. Bonne journée !
Sans demander mon reste, je m’étais détournée de l’homme pour suivre le mouvement qui se dirigeait d’un seul homme vers un immense hall bordé de cheminés d’où d’autres sorciers apparaissaient. Au loin s’étendait un statut gigantesque sur une fontaine où l’on pouvait voir un sorcier, une sorcière, un centaure, un gobelin et un elfe de maison. Plus de doute possible... j’étais forcément au Ministère de la Magie. Un sentiment bizarre m’avait alors envahie. Tout d’abord, une excitation puissante qui m’avait presque donné envie d’hurler et de trépigner sur place. Harry Potter avait bercé toute mon enfance, j’avais rêvé de faire partie de ses aventures pendant si longtemps qu’il m’arrivait encore parfois d’y penser. L’idée de m’y retrouver enfin, véritablement, faisait de moi la fille la plus heureuse du monde. D'un autre côté, j’avais aucune idée de comment je m’étais retrouvée jusqu’ici et encore moins comment j’allais réussir à en repartir et un stress perceptible venait de m’envahir. Si j’étais seule dans cette situation, qui viendrait me chercher ? J’avais tenté de garder mon sang froid en avançant sans but, me répétant qu’il y avait toujours une porte de sortie. Après tout, y’en avait eu une au fond de l’Atlantique le soir du naufrage du Titanic, pourquoi n’y en aurait-il pas eu une là ? J'avais alors plongé mes mains dans ma robe de sorcier violette, aux couleurs du Ministère, pour tenter d’y trouver quelque chose de correcte. Mes mains s’étaient d’abord refermées sur un bout de bois qui devait être ma baguette et que je rêvais d’observer. Je me fis pourtant violence de ne pas la sortir là, une sorcière du Ministère qui observait sa baguette d’un œil curieux et amoureux au milieu du hall risquait de ne pas passer inaperçu. Ma main s’était ensuite arrêtée sur un morceau de parchemin et avec un froncement de sourcil je l’avais sorti de ma poche pour le lire :
BIENVENUE DANS LE MONDE DES SORCIERS ALEXIS ENORA CHILD ! Dans un premier temps, retrouvez votre partenaire au Département de la Justice Magique !
Le cœur battant, je me semblais brusquement plus confiante : je n’étais pas seule. Pas seule parce que quelqu’un m’avait envoyé là, comme pour une simulation mais aussi parce que j’avais un partenaire. Il me manquait plus qu’à rejoindre le Département de la Justice Magique. Du coin de l’œil, j’avais fini par voir le tableau annonçant les étages et je m’étais dirigée vers celui-ci mais je m’étais senti brusquement attirée en arrière, agrippée par le bras :
- Child ! Ma Bouffone d’or préférée ! Où est-ce que tu vas par-là ? T’as oublié où étaient nos bureaux ?
Je m’étais retournée pour observer un jeune homme brun au sourire goguenard qui devait avoir mon âge. Aucun badge ne me permettait de savoir son nom mais il portait la même tenue que moi. Sur lui, je pouvais un peu mieux voir comment nous étions habillés. On portait tous les deux un pantalon proche d’un pantalon de cavalier d’un violet sombre, qui disparaissait derrière des grandes bottes de cuir. Nous portions tout deux un blaser avec une chemise dessous d’un violet plus soutenu et notre robe de sorcier parfaisait le tout. Il portait un petit pin’s en argent sur le col de sa robe de sorcier qui dessinait un “A” avec deux baguettes entremêlées... Nous étions des Aurors... Aurors... est-ce que cette journée pouvait être encore plus cool qu’elle ne l’était déjà ?! Un peu mal à l’aise j’avais dégluti :
- Salut ! - Ça va pas ? T’en tire une de ces têtes ! T’as avalé t’as baguette ou quoi ? - Non... je m’attendais juste pas à te voir là... enfin je veux dire, je pensais qu’on se retrouvait directement au bureau quoi !
Il m’observa un instant perplexe avant d’éclater de rire et de nous emmener vers les ascenseurs, son bras autour de mes épaules. Le cœur battant j’essayais de trouver le moyen de comprendre qui il était. Nous étions apparemment collègue, on avait l’air d’avoir une relation plutôt sympathique l’un envers l’autre, j’avais apparemment fait mes études à Gryffondor en même temps que lui vu son âge mais sans doute pas dans la même maison pour qu’il me traite de la sorte. Vu l’arrogance, je pariai sur un Serpentard ? Une chose était sûre, il avait l’air d’avoir laissé l’inimitié des deux maisons derrière lui en récupérant son boulot. Il nous avait emmené jusqu’aux quartiers des Aurors que je n’avais jusqu’alors jamais vu ou lu. C’était un endroit place au niveau 2 du Ministère qui devait ressembler un peu au FBI. Il y avait un standard puis plusieurs bureaux en box dans un open-space. J’avais vite compris que le jeune homme devait être de manière générale mon coéquipier dans la mesure où son bureau et le mien étaient côtés à côtés. Avec soulagement, j’avais alors pu lire une plaque posée sur le sien, inscrivant en lettre noires sur de l’or “Nicholas Flint”. En entrant dans mon box, j’avais découvert diverses coupures de presse accrochées sur les murs et des photos de sorcier que je ne connaissais pas. La Gazette du Sorcier m’attendait sur mon bureau et un coup d’oeil rapide m’avait permis de découvrir la date du jour : 1er Août 1997. Les gros titres annonçaient plusieurs attaques de Mangemorts et précisaient que Ollivander restait introuvable tandis que les disparitions se multipliaient. J’avais dégluti, réalisant alors à l’aube de quelle aire nous nous trouvions : Harry Potter entâmait sa 7e année et Voldemort prenait de plus en plus de pouvoir... De toutes les périodes dans lesquels j’avais pu tomber, je n’avais sans aucun doute pas choisi la meilleure... Je n’avais pas eu le temps de m’attarder qu’une voix m’avait fait sursauter :
- Child, Flint ! Le chef veut vous voir...
Nous avions échangé un regard perplexe et je l’avais laissé me guider jusqu’au bureau du Chef des Aurors. Si mes souvenirs étaient bons, Rufus Scrimgeour venait de passer ministre de la Magie et un nouveau sorcier avait pris sa place. Il semblait d’ailleurs tout aussi avenant que pouvait l’être de vieux lion et il nous toisa par-dessus sa Gazette tout en nous grommelant de fermer la porte. Il nous avait alors lancé deux dossiers en nous intimant de nous asseoir.
- On nous a demandé d’un peu plus spécifier les dossiers de nos Aurors, comme si on avait que ça à faire par les temps qui courent... Lisez moi ça vite, valider celui de l’autre et je vous donne vos affectations de la journée.
Nous avions échangé un nouveau regard tandis que j’ouvrais mon propre dossier. Je me voyais bouger sur une photo officielle. J'avais l’air plutôt solennel bien qu’avenant et je me tournais assez souvent pour me mettre de profil, comme pour une photographie d’identité. J’avais rapidement lu ma fiche qui m’informait de ce que je savais déjà : mon nom, ma date de naissance (dont l’année avait été modifiée pour concorder avec 1997), ma taille, mon poids, mon âge. Je découvris en revanche que j’étais apparemment une Sang-Mêlée et je constatais que cette donnée avait été ajoutée récemment, ce qui ne m’étonnait pas vraiment. Il y avait le métier et le nom de mes parents ainsi que ma maison à Poudlard : Gryffondor et mes notes. Ma baguette aussi : bois d’ébène, 27,2cm, flexible avec un cœur de ventricule de dragon. Plutôt satisfaite, j’avais évité de paraître trop heureuse de la nouvelle. J’avais validé mon dossier d’un signe de tête avant de le donner à Nicholas et de lire le sien. Nicholas Flint était un Sang-Pur en revanche et sa maison à Poudlard était bien Serpentard. Il semblait être le fils d’un éminent membre du Ministère. Il était le frère de Marcus Flint aussi... et apparemment on s’entendait bien... irréel mais plutôt sympathique. J’avais alors validé son dossier et il avait validé le mien avant qu’on nous donne nos affectations.
- Vous serez séparé aujourd’hui, on manque cruellement d’effectifs et il nous a été demandé de renforcer la sécurité au Ministère... - Une attaque se prépare ? - Possible... soyez sur vos gardes, des informations nous sont parvenus comme quoi le sortilège d’Imperium aurait été utilisé sur certains de nos plus éminents membres... Flint vous irez à la coopération magique internationale, notamment pour la protection du Chef de Département. Child, vous irez à la Justice Magique, idem pour le Chef du Département. - Bien monsieur.
J’avais hoché la tête d’un air entendu, bien trop heureuse de pouvoir ENFIN me rendre au point de rencontre. Nous étions sortis du bureau pour nous diriger vers les ascenseurs mais Nicholas m’avait montré une porte qui semblait être des toilettes :
- T’es sûre que tu veux pas te revérifier une dernière fois avant de monter ? Dorian est chiant sur l’apparence des Aurors qui s’occupent de sa protection, tu le sais bien...
Je m’étais contenté d’éclater de rire, comprenant enfin QUI était mon partenaire. Ma réaction avait eu le don de faire apparaître un sourire en coin sur les lèvres de Nicholas, comme persuadée que je me moquais du “Dorian” en question avec lui. J’avais hoché la tête :
- Ouais, je vais vérifier ça, ça m’embêterai d’être de mauvaise humeur dès le matin !
Je lui avais fait un clin d’oeil tandis qu’il me lançait avec un sourire complice :
- Je t’attends là, Bouffone !
En entrant dans les toilettes, j’avais enfin pu observer mon apparence et ma tenue plus correctement. Les mèches qui me tombaient généralement devant les yeux avaient étaient tirées vers l’arrière et nouées grâce à ce qui semblait être une sorte de dragon en argent qui servait de pince. Le reste de mes cheveux étaient lâchés, donnant cette impression d’attaché/détaché plutôt joli à observer. J’en avais aussi profité pour admirer ma baguette aussi noire que l’était de base l’ébène avec un sourire impressionné. Vérifiant rapidement en me penchant vers les bas de portes que j’étais seule dans les latrines, j’avais alors pointé ma baguette vers la poubelle avant de chuchoter :
- Wingardium Leviosa.
Celle-ci s’était élevée instantanément dans les airs et j’avais rompu le sors avec un petit ricanement surexcité :
- C’est beaucoup trop cool.
Je m’étais ensuite dirigé vers Nicholas et nous avions fini par nous quitter entre deux étages. Je m’étais alors avancé dans le couloir du Département de la Justice magique jusqu’à y trouver la porte de son responsable. J’avais frappé trois fois à la porte du bureau avant de rentrer lorsqu’on m’y avait invité. La vision du visage d’Erwin avait eu le don de me faire ricaner instantanément avant que je ne referme la porte derrière moi. M’appuyant sur celle-ci, je l’avais observé de loin avec un sourire moqueur, plutôt amusée de le voir en tenu de sorcier :
- Classe la tenue...
J’avais ensuite soupiré en l’observant toujours avant un sourire plus attendri pourtant :
- Tu m’explique POURQUOI il faut toujours que ce soit avec toi que je finisse dans des situations pareilles ?
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
Ainsi terminait une journée ordinaire… Non sans s’être satisfait d’une soirée mouvementée, il avait fini par quitter un lit pour en rejoindre un autre aussi aisément qu’un simple changement d’apparence. Après tout, un sommier en valait un autre, enfin...seulement lorsqu’ils lui appartenaient. Georgia dormait déjà, d’un sommeil qu’elle avait toujours eu très lourd et il n’avait pas tardé à la rejoindre dans le sommeil, voguant pour de glorieux rêves remplis de sa royauté. Et ainsi démarrerait une journée ordinaire. Seul le chant des oiseaux l’avait tiré de son repos quelques heures plus tard, éveillant également son épouse qui remua à ses côtés, doucement, comme étourdie.
- « Quelle heure est-il ? »énonça sa voix ensommeillée, de dessous les couvertures, presque étouffée encore. - « Toujours bien trop tôt… Je déteeeeeeste ces stupides rossignols... » maugréa-t-il d’un timbre éteint, s’attirant un rire cristallin de son épouse là où, pourtant, il ne plaisantait pas. Il HAÏSSAIT se faire tirer du sommeil si vite, de manière si violente. Ces petits cris stridents, agressifs qui bêtement pensaient annoncer la levée du soleil .. Sots… Georgia s’était tournée vers lui, froissant les draps et posant une main douce sur sa poitrine.
- « C’est beau, c’est romantique… Tu dis ça parce que tu t’es couché tard hier soir. » - « Je t’ai réveillée en me couchant ? » se contenta-t-il d’interroger, d’un ton indifférent, placide, insoupçonnable. Le timbre posé presque moqueur de sa femme rassurait, s’il le fallait, son âme déjà vide de toute inquiétude et de tout remords. De toute manière, pourquoi diable aurait-elle eu des soupçons ? Depuis des années de leur mariage, avait-il pris l’habitude fréquente de tarder voir de découcher pour « affaires », sans qu’elle n’y trouve à redire ni même n’émette un soupçon. Alors, il n’y avait guère de raison que cela ne devienne différent même si les « affaires » avaient pris des tournants variés. Pourquoi donc en prendrait-elle ombrage, pourquoi donc se méfierait-elle ?
- « Non… Mais je le sais. Lorsque tu étudies avec Jérémie, tu donnes tout ton temps. » - « Je ne fais pas que travailler » compléta-t-il un sourire goguenard se formant sur ses lèvres pleines. - « Je le sais. Et crois-moi, ça me rassure. Je ne voudrais pas que mon mari soit un tel assidu du travail incapable d’apprécier une soirée entre amis. »
Il avait moqué sa naïveté en pensé tandis qu’elle souriait sûrement en se blottissant un peu contre lui, un instant. Il n’émit aucune caresse, demeurant froid, distant, comme il le faisait toujours dans leur intimité. Pourquoi donc se serait-il prêté à d’autres choses ? L’anneau d’or qui seyait son annulaire lui rappelait quelle était sa place mais cela ne resterait jamais qu’un titre honorifique, le lien d’alliance qui le rattachait à son trône, le faisait Roi. Elle lui avait conféré son titre et pour cela il lui prêtait vie… Pour le reste. Pour le reste, elle n’était qu’insignifiance, sottise, inconstance. Elle ne méritait pas un battement de cils de son attention, elle avait joué son rôle, ne lui restait qu’à le poursuivre. Si cela pouvait s’effectuer sans vague et sans émotions geignardes, cela serait encore plus satisfaisant. Et non à tourner autour. Oh, c’était bien satisfaisant que de se savoir désiré, aimé, adulé… Mais venant d’elle. Qu’importe. Sans paraître pour le moins troublée par son manque de réaction, elle se redressa un instant, s’asseyant dans le lit, pour l’observer. Les yeux à moitié ouverts, il devinait sa posture, son visage fin et ses cheveux mi-longs le scruter, avec une attention toute bienveillante. En dix ans, il n’avait pu que connaître parfaitement ses expressions au point qu’il les devançait avec une parfaite clairvoyance, sondant aisément son âme.
- « Je vais préparer le petit déjeuner. Tu viens ? Ou préfères-tu que je te l’apporte, si tu es fatigué ? Proposa-t-elle - « Hum….Tentant… » il songeait déjà à la perspective de se prélasser encore « Mais non, je vais venir. Je préfère que l’on ne perde pas de temps, si on veut suivre notre programme. Sinon tout ceci sera des plus serrés, mon ange. »
Il s’était étiré, observant les yeux à moitié fermés les cheveux blonds de sa femme s’éloigner aériens. Comme un courant d’air. Et pourtant, nulle métaphore ne se trouvait plus éloignée d’elle que celle-ci. Geneviève se rapprochait davantage d’un roc, d’une colline amicale, un rocher ferme et ancré, ancestral. De ces pierres qui appartenaient à la terre, aux valeurs qu’elles prônaient, pour toujours entièrement, possédant un esprit paisible mais immuable en tout Temps. Loin de son esprit volage et fantasque, qui voguait au gré de ses envies. Preminger lui ne possédait pas ces attaches, ces liens indicibles envers ces valeurs, ces traditions, il n’appartenait qu’à lui-même, se contentant de poser le pied à terre, en s’arrogeant Maître de tout. Même si certaines choses semblaient pourtant incorruptibles. Attrapant son peignoir de soie, il le noua à sa taille, s’arrêta un bref instant, contemplant son reflet figé dans le miroir. Il lui semblait différent… Où alors peut-être était-ce le fait qu’il n’y avait jamais réellement prêté attention jusqu’à ce jour encore ? Plus ensorcelé par son propre reflet, il y glissa le doigt, pensant contempler son propre visage lorsque.. la pièce tangua un bref instant. Son estomac se tordit. Ses mains s’étaient raccrochées, dans un sursaut de panique au cadre qui entourait l’objet précieux, par protection. Un tremblement de terre ? Tout avait cessé si vite que la sensation semblait ne jamais avoir existé… Presque avait-elle..quelque chose...de familier. Il relevait la tête, lorsque ce qui lui apparu le fit pousser un cri de stupeur, l’en faisant oublier l’étrange sensation. Ce ne fut même pas le décor subitement changé qui en fut la cause, malgré la pénombre relative de l’endroit où il se trouvait, non… Loin de là… C’était autre chose de bien plus important que le décorum. Là, devant lui, figé dans la même expression apeurée renvoyée par la glace, son reflet l’observait… Revêtu d’une large robe violette… Il cligna des yeux. Une robe ? Violette ? Une. Robe. Quelle était cette plaisanterie douteuse ? Où se trouvait donc son peignoir ? Sa main tira son col, en parfaite incompréhension… Visiblement, embaumé d’un parfum encore à l’état fantomatique l’instant précédent, il arborait un petit complet de couleur prune sombre dessous qui transparaissait un peu sous l’espèce d’étrange robe cape dont il était affublé… Heureusement que la couleur était ravissante… Quoique NON ! Non pas d’ »heureusement » ! Qu’à cela ne tienne, il devait l’ôter ! Il tentait de retirer la chose, lorsqu’il prêta attention au décor qui se reflétait sur son miroir. Visiblement...Il n’était plus dans sa chambre. Il était été… Téléporté ! Voilà ! Voilà à quoi lui faisait penser cette sensation dans le corps lorsqu’il avait touché l’objet. Voilà pourquoi il ne l’avait pas reconnu. Il était été téléporté…. Comme quelques mots plus tôt, avec l’espèce de minotaure. Mais où ? Mais pourquoi ? Il ôta brièvement ses mains pour les apposer à nouveau sur la vitre. Las. Son reflet demeura perplexe et l’environnement identique. Clairement, cela ne fonctionnait que dans un sens… Biiiiiiiiien ! De plus en plus enchanteur ! Un enlèvement magique… Devait-il soupçonner Hera ?? Elle et ses pouvoirs était sa première adversaire qui pouvait intriguer à sa disparition. Mais dans ce cas pourquoi diantre se trouverait-il si ?...si libre ? Si seulement il parvenait à ôter ce maudit tissu…
Un petit cri perçant s’était échappé de ses lèvres et il s’était retourné d’un bond, devant un PETIT INDIVIDU qui l’observait d’un air perplexe, une moue stressée greffée à son visage, comme dans une maîtrise peu sûre de ses nerfs. Certes, il se trouvait dans une sorte de pièce annexe à un grand couloir où le passage devait être fréquent mais tout de même ! Etait-ce une raison pour pousser la porte de cette espèce de débarras pour subitement s’intéresser à son cas ? Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire s’il souhaitait se changer ? Néanmoins….ce n’était pas dénué d’intérêt. Preminger inspira, tâchant d’ignorer l’attitude du petit bonhomme qui lorgnait sur ses bras. Que c’était d’être parfois désagréable d’être si adulé. Boooon.. Visiblement… Cet individu qu’il n’avait jamais vu… Quoiqu’il ne prenait pas la peine de retenir la myriade de visages insignifiants qu’il croisait chaque jour et jouissait LUI en revanche d’une popularité à la limite de l’indécence…semblait LUI le connaître. Jusqu’à quel point ? Tâchant de reprendre contenance, il releva le menton, tentant de réfléchir rapidement. Soit ce petit nabot jouait un rôle taillé pour lui et auquel cas il n’aurait pas à attendre longtemps avant de le confondre soit….ça avait recommencé. Encore… Cet envoi improbable dans un monde inconnu où tout le monde agissait subitement comme si vous lui apparteniez depuis toujours. Pourtant il n’avait été en contact avec aucun ballon,.. Ni ne s’était prêté à aucune simulation particulière... Il scruta l’absence de sourire sur le visage de l’individu comme un présage rassurant ce qui adviendrait alors. Loin d’être détendu, l’homme semblait davantage perturbé, voir stressé. Il attendait aussi toujours sa réponse, les yeux scrutés sur sa main encore refermée sur le tissu. Alors toujours sous couvert d’un ton habituel et snob, Erwin articula :
- « Ce n’est rien… J’avais...une tâche sur...mon...ma ... »
Qu’était d’ailleurs le nom adéquat pour désigner ça? Un uniforme? Une sorte de robe de cérémonie de prêtre ou de secte ? Il frotta le revers, commne nettoyant une tâche imaginaire, en fronçant les sourcils.
En moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, l’individu avait brandi un bout de bois en sa direction, duquel une petite pointe d’étincelles avait jailli et avant même que le ministre n’ait eu le temps de défaillir ou de crier à l’assassin, la robe s’était mise à luire d’un éclat plus vif. Preminger l’avait observé d’un air stupéfait avant de relever la même mine interloquée vers le petit individu qui s’était tortillé en redressant ses lunettes, se méprenant visiblement sur l’origine de sa stupeur :
- « Je vous demande pardons, M’sieur Dorian, j’ai pris une initiative… C’était peut-être un peu trop d’initiative… Je..Avec tout ce qui se passe.... » - « Peut-être Rappelez-moi votre nom déjà ? » avait-il reniflé avec hauteur, dissimulant derrière son arrogance la stupeur qui secouait son esprit, tâchant de se redresser, redisposant au mieux l’habit qui le couvrait. - « C’est… Bill...Odgen…Msieur Dorian…Je suis…à la... Enfin ! Vous ne me ferez pas croire que…. » - « C’est bon, cessez cet esclandre ! Une plaisanterie non saisie, comme ordinaire, je sais parfaitement qui vous êtes. » - « Je me disais aussi. » L’homme avait fixé le sol avec une intensité toute nouvelle puis avait désigné le carrelage d’un air insistant « Je crois que vous avez fait tomber quelque chose...en tentant d’enlever votre robe... »
Toujours figé et glacial, rempart à sa stupeur effrayée, le notaire avait fait tant bien que mal descendre son attention loin du bois de bout que l’homme tenait en main, pour observer le document glissé à ses pieds. Il avait du tomber des poches de sa robe lorsqu’il avait tenté de l’extraire, songea-t-il en se baissant pour le ramasser, non sans couler un dernier regard vers son assaillant. Fort heureusement, celui-ci ne semblait guère souhaiter le prendre en traître… Aussi, prit-il le temps de déplier le document, le portant à son attention.
« BIENVENUE DANS LE MONDE DES SORCIERS ERWIN DORIAN PREMINGER ! Dans un premier temps, retrouvez votre partenaire au Département de la Justice Magique ! »
Le Monde des...Sorciers… Une fois l’information donnée, évidement… Il se rappelait maintenant de l’espèce de séries de films dont Georgia appréciait l’aventure et qui mettait en scène un petit sorcier dans une sorte de château pour y apprendre les sorts… « Pourquoi n’est-ce pas elle qui se retrouve dans ces ridicules petites escapades forcées ? » songea-t-il rageusement… « Où peut-être était-elle la cause de tout ceci... ». Oui, cela se pouvait. Le document n’évoquait-il pas un partenaire ? Dans ce cas qu’était cet homme au physique atypique ? Un complice de cette mascarade ou un participant involontaire à son intrusion dans ce monde ? Il penchait pour la seconde hypothèse, restait à la confirmer. Ce qui risquait de ne pas être si délicat à effectuer compte-tenu de la crainte qu’il inspirait à ce sorcier….même si ce dernier possédait un...une baguette. Une BAGUETTE. Aussi ridicule que cela puisse paraître.
- « Biiiiien… » il rangea le morceau de papier dans la poche de sa robe, son coeur bondissant tandis que ses doigts rencontrèrent le toucher froid d’un...morceau de bois. Visiblement, il était aussi pourvu d’une...baguette. Bon à savoir. Le petit homme l’observait encore, s’étonnant sûrement de son immobilisme et il donna un bref de coup de tête vers la porte : - « Nous y allons ? Je vous fais attendre, peut-être ? » - « Non..Non pas du tout Msieur Dorian. Je suis passé dans votre bureau et vous n’y étiez plus… J’ai failli alerter tout le service mais j’ai pensé que vous seriez peut-être… m’enfin… Disons que...vu ce qui...se passe..je serais plus rassuré pour vous..lorsque votre protection sera arrivée. Avec tout ce qui se passe. - « Cessez de dire « ce qui se passe » nommez les choses ! » s’exclama-t-il en feignant un agacement prompt, poursuivant son sifflement d’un regard au plafond, tout en avançant vers la porte,
Sous couvert d’un agacement logique, peut-être obtiendrait-il enfin des miettes d’informations… Ils étaient sortis dans le couloir et Preminger s’aperçut que les environs étaient étonnamment vides pour ce qui semblait desservir quelques bureaux. Solennels mais vides et sa voix se répercuta sur les murs l’amplifiant, menaçant de recroqueviller davantage le petit sorcier :
- « Les...Mangemorts » il avait baissé la voix et frissonné en sortant le nom « N’importe qui pourrait être un ennemi….Avec les sortilèges, les apparences…»
Les petites informations débitées de la voix fluette de l’individu n’arrangeait pour ainsi dire pas les affaires d’Erwin…Tout aussi important qu’il devait être, il était visiblement aussi une cible… Une cible pour une sorte de pseudo groupuscule doté d’un nom aussi bizarrement stupide que « Mange-morts » … Cela dit, l’existence de ces petits agitateurs tombait à point nommée. Le sorcier n’avait-il pas dit qu’il allait obtenir une protection ? Avec un peu de chance, ladite protection serait la seconde personne catapultée de Storybrooke. Ou un autre personnage collant dont il serait difficile de se débarrasser… Même si le rôle semblait être déjà attribué. Le petit individu s’arrêta devant une porte, puis tendit la main pour désigner l’emplacement. Un écriteau annonçait « Justice Magique » et ils franchirent la porte pour y suivre un couloir quelque peu plus animé. Quelques sorciers en robe marchaient affairés et leur vision et finalement leur vision fit regretter à Preminger la solitude des précédents couloirs. Tous ces individus étranges lui causaient un sentiment de profonde perplexité et de nervosité prudente. Il n’y connaissait rien. A ce monde, à ces coutumes… Comment parviendrait-il à s’y fondre ? Oh il était le roi des déguisements, le prince de la manipulation certes…. Mais la magie ? Il… avait tant rêvé posséder des pouvoirs similaires aux dieux… Mais… Pas ainsi, pas projeté dans un monde où celle-ci semblait être la règle. Il pénétra dans un bureau qui semblait être le sien, cherchant maladroitement un interrupteur imaginaire, puis feignit de se contenter de la lumière du jour sous le regard confus de son employé qui trifouilla ses lunettes, perplexe. Comme faisant mine de n’en prendre note, Preminger s’assit à son bureau, n’autorisant pas son regard à voguer sur les lieux :
- « Comme vous l’avez dit… N’importe qui pouvait me trouver dans ce couloir. Dont vous. Vous l’avez dit… N’importe qui pourrait-être n’importe qui…Et vous l’avez dit...Vous avez été très hardi de...me…utiliser votre baguette sur moi. Alors..Faisons une petite simulation très cher. Juste une petite vérification » - « Oh je sais bien que c’est vous, Msieur Dorian…Plus j’y réfléchis plus je me dis qu’e… Ben Y a que vous pour...ben...aller voir le vieux Miroir Porteloin dans la vieille réserve... » - « Moi en ce qui vous concerne, j’émets une réserve...toute prudente, évidemment. Prouvez-moi que vous me connaissez… »
Pour appuyer son propos, il avait pressé sa main amorçant un mouvement vers sa poche, là où résidait le bout de bois. L’employé avait pâli et avait rapidement déblatéré
- « Bah en dehors du coup du miroir….Je me souviens de l’information secrète que vous avez choisie pour vos proches collaborateurs...mais…bon » il inspira un grand coup puis déclara tout de go « Vous êtes frustré de vous avoir fait voler votre titre lorsque Gilderoy Lockhart a décroché le prix du sourire le plus charmeur pour la cinquième fois consécutive. Désolé. »
Il ne connaissait pas Gilderoy Lockhart mais détesta immédiatement le personnage. Qui donc pouvait ainsi le détrôner ? Sûrement un imbécile qui avait payé le média. Son visage avait du changer car le petit personnage passa dans son dos et déclama :
- « Ah Msieur Dorian ! Msieur Dorian ! Vous changerez jamais…Personnellement, j’aurais voté pour vous. Sur ce, je m’en retourne… Oh voici Msieur Mullan… Bonjour Msieur Mullan. Je vous laisse... »
Le dénommé Ogden eut une inclination de tête puis quitta la pièce, laissant la place à un individu blond et froid, d’une taille considérable qui le faisait passer pour un colosse blond. Il avait eu un sourire jusqu’à ce que le petit individu quitte la pièce puis suivi sa silhouette du regard avant de se tourner vers Preminger:
- « Toujours à rôder… Vous pensez qu’il se doute Dorian ? - « Oh non, il est bien trop occupé à veiller à me prévenir...des...des….Peu importe » le mot venait pas, il préféra changer de sujet, effectuant un geste vaste de la main, « Vous vouliez me voir, Mullan ? »
L’individu ne partageait visiblement pas le même rapport avec lui que le précédent. Si l’autre le traitait avec une déférence qui frôlait l’adoration – qu’il méritait complètement, celui-ci lui parlait...comme un allié. Voir même un égal qui n’était pas. Cela le porta naturellement sur la défensive. Cette partie là serait plus ardue à jouer et elle nécessitait pourtant d’être meilleur. Fort heureusement pour lui, il l’était. Le dénommé Muller semblait altier, un air fier transparaissait derrière ses deux mèches blondes qui encadraient son visage, et sa manière de se mouvoir, de se manier témoignait d’une envie implicite d’asseoir une certaine aura. Ce qui était peine perdue face à lui mais pouvait-on lui reprocher d’essayer ? Non. Même si cela l’incita à sourire davantage, tâchant de tirer profit de tout ce fouillis. Preminger possédait une excellente capacité d’adaptation… Il était temps de voir à quel point. Feignant de classer quelques papiers, il s’assit à son bureau, puis releva la tête vers son interlocuteur tranquillement. Ce dernier lui accorda un sourire du bout des lèvres, comme forcé :
- « Je serais toujours admiratif de votre aplomb, Dorian… C’est un de vos points forts, à SES yeux je présume. » finit-il par affirmer avant de jouer avec sa manche gauche, son sourire devenant arrogant « IL m’a appelé ce matin. »
Il marqua un silence, comme fier de souligner ce que cela signifiait. « Pas vous » hurlaient ses yeux. Selon toute vraisemblance, ils travaillaient donc pour quelqu’un… D’un poids important et considérable. Gardant bien garde à ne manifester aucune incrédulité, Erwin se contenta de hocher la tête, comme si tout ceci se trouvait être parfaitement naturel et Mullan enchaîna, presque déçu de ne pas lire dans les yeux du notaire une miette de jalousie :
- « IL attend énormément de nous…. Aujourd’hui sera le jour. J’ai vu que vous aviez dispersé les Aurors dans le Ministère… Thicknesse sera à portée. J’ai aussi rempli ma part. IL… . Cette opération est décisive. - « J’en suis parfaitement conscient. Et je suis prêt. Je pense qu’IL sait que je n’ai nul besoin d’un rappel quelconque» ajouta-t-il piquant au vif l’individu
C’était risqué mais cela lui avait néanmoins paru la meilleure chose à faire. Il ne pouvait pas réagir sans marquer sa position de force, cela aurait été vu comme un aveu de faiblesse et il ne pouvait pas l’être. Les menaces sous-jacentes mêlées aux phrases arrogantes suffisaient à démontrer le climat régnant. Visiblement, ils...se trouvaient dans une sorte de compétition. Pour une place au Ministère ? Non. Cela ne collait pas. Quelque chose ne collait pas. Visiblement, s’il scrutait son bureau, il se trouvait DEJA éminemment bien placé au Ministère. Et tout le petit discours auquel il assistait tenait en revanche du complot… Mais s’il y avait complot, pourquoi donc travaillait-il pour le bon vouloir d’un autre ? Remis de son petit courroux, Muller poursuivait, d’une voix plus froide encore :
- « Vous êtes de votre état un expert en sortilèges…Moi aussi. Avec nos forces, celui qui en aura l’occasion lancera l’IMPERIO. Ensuite, le Maître reconnaîtra ses fidèles.»
Muller avait déclamé le tout dans un ton monocorde, latent, proche d’un scorpion dardant sa queue pleine de venin. Leurs sourires se mesurèrent et son interlocuteur recula d’un pas, rompant un bref instant leur contact oculaire. Puis son attitude reprit une allure posée, moins revancharde, proche de celle arborée à l’entrée de son bureau :
- « Je vous plains Dorian, vous avez récolté une petite Sang-Mêlée, aujourd'hui...Avec un peu de chance, vous aurez l’occasion de faire deux pierres de coup » - « Qui sait... » fut sa seule réponse avant que le dénommé Mullan ne quitta les yeux, de sa démarche nordique.
Sa disparition ne causa pourtant pas plus de repos à Preminger qu’il aurait pu l’espérer. Ses méninges s’activaient, tentant d’acheminer chaque information pour leur donner un sens, tournant machinalement l’unique chevalière portant le sceau d’un phénix dont il restait affublé. Même ça.. Ils n’avaient même pas eu la décence de lui garder ses bagues… Profitant d’un moment de tranquillité, il repoussa les quelques papiers disposés dans son bureau, scrutant soudainement un dossier de recensement, le feuilleta rapidement pour s’arrêter à son nom. Erwin Dorian… Sang Pur, indiquait la mention. Sûrement son sang « royal »… Un descriptif de sa baguette suivait… « Bois d’If, flexible, 31,8cm, crin de sombral… ». Après un instant d’hésitation, il plongea la main dans la poche de sa robe violette pour déposer devant ses yeux ce que ses yeux avides avaient souhaité depuis longtemps contempler… Pourvait-on trouver un vulgaire bout de bois beau ? Et pourtant… Cela lui sembla soudainement représenter une forme de pouvoir qu’il n’avait jamais atteint ni même étreint… Crispant sa main droite autour du manche, il se mis à réfléchir, pointant un miroir disposé non loin de son porte plume. « Faire disparaître cette poussière…. » songea-t-il. Mais rien ne se produisit… Fallait-il ? Le dire à voix haute ? Il le fit alors, se mordant la lèvre de dépit lorsque les étincelles promises n’apparurent pas. Peut-être l’objet était-il cassé ? Défectueux ? Il tapota de l’index l’objet, dépité et soudainement inquiet. S’il n’y arrivait pas, comment se fondrait-il dans le décor ? Comment se former ? A qui pouvait-il suffisamment se fier ? Personne qui ne l’aurait reconnu comme fou ou pire comme usurpateur… Et où était-on donc ce partenaire promis ? Etait-ce cet individu ? Mullan ? Il délaissa la baguette, pour parcourir le registre où il n’y découvrit rien d’autre que la ligne de « Sang Pur », « Ordre de Merlin 2ème classe, un descriptif de la baguette et de l’arrivée récente de ce dernier dans le service.. Le vide absolu… « Mais il s’attend à ce que je fasse quelque chose… Quelque chose de GRAND aujourd'hui ». Il fallait qu’il quitte les lieux au plus vite… Si ce miroir, cet...Emporteloin comme l’avait appelé Ogden fonctionnait, peut-être pouvait-il le faire réparer ? Dans un monde de sorciers pourquoi diantre le voyage dans différents univers aurait-il paru utopique… ? Mais il aurait pu le paraître quand tout le monde pensait le connaître depuis…dix années de travail. Il reposa la baguette pour mieux se masser les tempes lorsque l’on frappa subitement à la porte de son bureau ENCORE. Peut-être était-ce Ogden qui revenait…. Ou Mullan. Des deux il ignorait lequel il préférait voir paraître… Mais ce ne fut ni l’un ni l’autre que révéla la porte. De par dessus le bois apparu bientôt le visage connu d’Alexis et une bouffée de soulagement envahit le notaire. Enfin ! Au moins n’était-il plus seul dans cet imbroglio ! Elle referma la porte, rapidement, un sourire moqueur sur la bouche, et il nota qu’elle était également revêtue d’une tenue des plus folkloriques...pour son monde, et qu’un badge étincelait à son buste.
- « Tu m’explique POURQUOI il faut toujours que ce soit avec toi que je finisse dans des situations pareilles ? » - « Je pourrais te retourner la même question et j’y serais bien plus en droit. Avant de te rencontrer, j’ai eu très peu d’expériences...surnaturelles de la sorte… Tu en es peut-être la cause » répliqua-t-il sur le même ton amusé, un sourire sarcastique sur les lèvres, il se leva d’un bond, la main néanmoins renfermée sur sa baguette, contournant le bureau pour la rejoindre, déclamant d’une voix théâtrale « Alexis…mon trééééééésoooor, je suis ra-vi ! Enfin une épaule, enfin une personne sur qui compter ! » il embrassa sa bouche rapidement puis poussa un long soupir « ! Mon petit trésor comme je suis content de te voir ! Tu as bien dormi d’ailleurs ? » interrogea-t-il en fronçant les sourcils avant de déclamer : « Aaaah moi divinement bien avant que je ne me réveille pour nager en plein cauchemar ici ! Tu ne devineras JAMAIS dans quelle position délicate me voilà maintenant placé ! » il s’arrêta un instant, s’agaçant de voir que sa baguette s’était emmêlée dans les cheveux de la jeune fille, puis la retira assez aisément pour poursuivre dans un ton dramatique, secouant sa baguette devant le nez effronté de la jeune fille, puis poursuivit « Tu vois ? Elle ne fonctionne pas ! Et ce n’est pas tout ! Il me semble que j’occupe un poste important dans...ce..cet endroit. Ce n’est pas difficile à comprendre et à croire mais là n’est pas le problème… Figure-toi, trésor, qu’on vient de m’avertir qu’un espèce de petit gang de…. Avales-Morts, c’est ça ! Ce petit gang veut ma peau.. ! Sûrement du fait de mon métier important. Et le fait que je sois un Expert en Sortilèges, mais cette baguette est cassée, elle ne fonctionne pas ! Et rajoutons à cela que je ne connais pas un traître mot de ce monde de fous et qu’une centaine de personnes vient de défiler ici en me demandant de prendre part à d’importants projets où tous comptent sur MOI. Ciel ! Quelle matinée ».
Il recula d’un pas, massant du bout des doigts un crâne douloureux puis riva une attention toute aiguë sur la jeune femme, sa tenue, son allure, d’un œil expert :
- « Cette coiffure est à retenir. Définitivement, c’est des plus esthétiques… Et le violet te va si bien… » Bien que moi qu’à lui. Mais cela était suffisamment évident pour ne pas être énoncé. Le Temps du drame étant terminé, il gagna une mine bien plus déterminée que jusqu’alors « Bien, As-tu une idée pour nous permettre de sortir de cet endroit ? Je dois absolument être chez moi, je passe la journée chez un riche client après invitation, le décommander m’occasionnerait des pertes financières… Donc, je n’ai pas tellement de temps à perdre avec des petites fantaisies magiques...Et comme j’ai cru comprendre que tu étais mon escorte pour la journée. » Un sourire mesquin passa sur ses lèvres, illuminant ses yeux « Et quand bien même, je ne doute pas de l’ampleur de tes capacités, je souhaiterai que mon escorte s’emploie d’abord à m’extraire de cet endroit, en un seul morceau et de manière crédible. De toute manière, tu dois être un peu familière de cet univers n’est-ce pas ? Toute cette situation fantasque vient de ce monde humain... »
Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
| Avatar : Kaya Scodelario
Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Erwin était surexcité. Je l’avais observé réagir à ma pique avec le même humour et je n’avais pas pu m’empêcher de lui répondre, effrontée :
- Alors remercie moi. C’est signe que vous étiez en train de vous empâter Maître Dorian, un peu d’aventure ne vous fait pas de mal...
Sauf si ça fini sur notre mort certaine mais ça, je préférai, pour le moment, le garder pour moi. Lorsqu’il s’était relevé de son bureau j’avais pu comprendre ses réactions et sa façon si enthousiaste de réagir à tout ce qu’il se passait. Mes yeux s’étaient posés sur la main qui refermait sa baguette et sa façon de la tenir ne me semblait pas des plus adéquates. Il n’avait pas l’air à l’aise. L'idée que l’univers d’Harry Potter ne soit pas dans son domaine de prédilection ne m’étonnait pas. Il avait été roi, avait vécu une malédiction dans un rôle qui lui semblait bien plus ancré dans la réalité que dans la magie. Ce qui était d’autant plus inquiétant à la vue des informations que j’avais récupéré. Pourtant, je décidais de ne pas me laisser aller à l’inquiétude, pas tout de suite en revanche. J’étais dans un de mes univers de roman préféré, on avait survécu à bien pire, j’étais certaine que nous étions capables de revenir intact de cette histoire, même si son lancement était toujours des plus étranges. Je l’avais laissé parler avec patience, tentant de noter toutes les choses qu’il était en train de me dire. Je n’avais pas eu le temps de répondre sur mon sommeil, il avait été bien trop content de me parler du sien mais je devais avouer que je ne lui en tenais pas rigueur. C’était de loin le moment le plus important de cette étrange matinée. J'avais éclaté de rire en revanche en sentant sa baguette se coincer dans mes cheveux et je l’avais laissé la retirer tout en écoutant la suite de ses doléances et plaintes. Ma main était venue se poser sur poignet avec douceur tandis que je déviais la trajectoire de sa baguette qu’il m’agitait sous le nez. Juste par mesure de précaution. Je souris à son compliment le remerciant d’un signe de tête avant d’aviser sa tenue à lui avec un sourire :
- Tu n’es pas mal non plus...
Mes yeux avaient croisé les siens, disant plus que mes mots. C’était étrange de le voir dans cette tenue mais je devais avouer qu’elle lui allait plutôt bien. La robe de sorcier lui saillait et lui donnait une autre élégance, réhaussée par le violet qu’il affectionnait tout particulièrement. J'avais répondu à son sous-entendu légèrement grivois par un sourire amusé. Une “Escorte” était un mot qui avait bien des sens différents et j’avais parfaitement compris où il voulait en venir. J’aurai pu m’en sentir vexé, mais nous nous connaissions désormais trop pour qu’il ne rattache cette pensée plus à l’affinité que nous partagions avec un certain désir charnel que le véritable métier que cela pouvait représentait. Il ne me payait pas, jamais, d’aucune façon. Les seuls cadeaux qu’il m’avait jusqu’alors offerts étaient liés à une occasion particulière, pour ce qui était du reste, je m’en tenais à mon indépendance, à cette envie de vivre par moi-même. Erwin avait de l’argent, je l’avais toujours su, mais je n’y avais jamais montré grand intérêt et je savais que ces derniers mois avaient prouvés que je n’étais ni emprunte d’une certaine cupidité ou vulgarité qui pouvait lui faire envisager la situation sérieusement. J’avais fini par lui passer devant pour contourner son bureau afin de m’asseoir sur son fauteuil. Avec un sourire amusé, j’avais accueilli son regard outré avant de préciser.
- Ne fais pas cette tête, je t’en prie, prends place.
Je lui avais montré de la main un des deux sièges devant son bureau, retenant un fou rire naissant à la commissure de mes lèvres. J’allais sans doute payer cet affront et l’idée m’amusait d’autant plus. Pourtant tout en ouvrant les tiroirs, je lui avais précisé :
- Comme tu l’as bien supposé, je suis assez familière de l’univers et j’ai besoin de récupérer quelques informations supplémentaires. Il ne faut pas perdre de temps. Ce que tu me dis est plutôt inquiétant et corrobore ce que j’ai entendu chez les Aurors. C’est là où je travaille apparemment, c’est en quelque sorte la CIA du monde des sorciers.
Je le lui avais précisé en relevant la tête dans sa direction. J’avais récupéré le dossier qu’il avait sur son bureau et qui se trouvait être le sien.
- Bon... on va commencer avec les choses les plus simples. Ta baguette.
J’avais lancé un signe de tête en direction de l’objet.
- Elle ne fonctionne que si tu prononces la bonne formule magique accompagné du bon geste de la main.
Pour illustrer mon propos, j’avais poussé un verre en cristal sans doute destiné à du whisky qui trainait sur le haut du bureau. Ce dernier s’écrasa au sol dans un tintement sinistre. Je sortis alors ma baguette de ma robe avant de la pointer vers les débris et de prononcer :
- Reparo.
En un instant, le verre se reforma. Je le fis ensuite léviter en prononçant la formule magique jusqu’à sa position initiale.
- Tu vois ? Je pense que ça va pas être simple de te faire un cours de rattrapage de magie mais tu peux au moins déjà t’entrainer sur celui-ci, histoire de prouver que tu es un sorcier... j’y viens juste après.
J’avais alors poussé le verre dans sa direction pour qu’il s’écrase une nouvelle fois au sol et lui donner un peu de matière à s’entraîner. Avec un regard appuyé et un sourire encourageant, j’avais attendu qu’il essaie. Le moins que j’aurai pu en dire, c’est ce que c’était loin d’être glorieux. Il avait agité sa baguette un peu n’importe comment en prononçant le mot d’une façon peu convaincue mais impérieuse. J’avais observé les débris de verre restés immobiles avec une légère grimace que j’avais changé en sourire encourageant lorsque mon regard avait croisé le mien.
- C’était pas mal mais... essaye plutôt avec un mouvement du poignet, comme ça. Et... il faut que t’y crois un minimum pour que ça fonctionne...
Il avait réessayé à plusieurs reprises sans bien plus de succès et si j’avais trouvé ça drôle à première vue, j’avais vite réagi qu’un membre éminent du Ministère qui ne connaissait pas un sort aussi élémentaire qu’un Reparo risquait de nous mettre à mal. Avec la même patience, je l’avais observé faire encore et encore jusqu’à ce que ça tasse ressemble à un truc à moitié complet et biscornu. On aurait pas mieux... je commençais à le penser. Pourtant, j’ajoutais d’un ton enjoué.
- Super ! Tu vois, ça vient ! Bon pour ce qui est potentiellement des autres sorts, je te propose de les effectuer pour toi, ça te permettra au moins de voir comment je fais et d’avoir les incantations. Il te suffira de reproduire quand ça sera nécessaire. N’oublie pas d’y croire surtout, d’accord ?
Je l’avais observé avec un sourire encourageant mais voyant l’éclair qui était passé dans ses yeux, j’avais préféré changer de sujet. La réparant rapidement à mon tour, j’avais poursuivi mon explication :
- Parfait ! Leçon numéro deux : n’agite jamais ta baguette devant le nez de quelqu’un comme ça, ça fait mauvais genre, on pourrait croire que tu tentes de l’attaquer et un accident est si vite arrivé. Leçon numéro trois... un peu de situation “politique” si j’ose dire. Dans le monde des sorciers, il y a trois types de sang : le sang dit “Pur” pour parler d’une personne issue d’une lignée essentiellement de sorciers ce... qui est ton cas apparemment d’après ton dossier. Les “Sang-mêlés” sont des personnes issues autant de sorciers que de “Moldus”, les personnes sans pouvoirs magiques. Et tu as les “Né-moldus” mais à mon avis tu vas plutôt entendre parler de “Sang-de-Bourbe", ce sont les personnes qui sont nées sorcières de parents Moldus. Après y’a aussi les Cracmols mais on va s’arrêter là.
J’avais soupiré, le souffle court de tout ce que je venais de lui dire. Il y avait beaucoup trop de choses à rattraper et j’étais pas certaine qu’il avait retenu un traitre mot de ce que j’avais expliqué. Mon ton était venu soudainement plus sérieux, mon regard plus grave quand j’avais terminé sur la leçon sans doute la plus importante de tout cet évènement :
- Bon... maintenant, les Mangemorts. Il existe un groupe de personnes, dirigé vers un mage noir qu’on appelle généralement “Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom" ou “Seigneur des ténèbres” par ceux qui lui sont fidèles qui pensent que la pureté du sang est primordiale pour le monde des sorciers, vital. Les Sang-purs dominent, les Sang-mêlés sont tolérés et les Né-Moldus doivent être chassés, persécutés et assassinés. Les partisans de Tu-Sais-Désormais-Qui se nomment les “Mangemorts”. Généralement ils portent la “Marque des Ténèbres” sur leur avant bras gauche, c’est une sorte de tatouage avec un crane et un serpent qui lui sort de la bouche. Si un Mangemort appuie dessus, il peut appeler soit son Maître, soit des alliés... Et à la période où nous sommes, ils sont en train d’infiltrer le Ministère. Je sais pas quand cela doit se passer mais sous peu, les Mangemorts vont lancer l’assaut... le Ministre de la Magie va tomber, remplacé par un pantin à la solde de Tu-Sais-Qui... Chez les Aurors (j’avais pointé un doigt sur ma poitrine pour lui rappeler ce qu’était un Auror), on commence à s’activer et à préparer la potentielle offensive... Je pense qu’ils essayent de protéger tous les chefs de départements... dont toi. Mais dans les livres, ils échouent... ceux qui doivent mourir sont tués et le Ministère est foutu... En gros...
J’avais inspiré longuement avant de soupirer :
- Je suis désolée de te décevoir mais plus que te sortir d’ici pour ton rendez-vous, on va déjà tenter de rester en vie... Et si je savais comment partir d’ici, je le ferai... Mais j’ai pas eu plus d’informations que “rejoins ton partenaire au département de la Justice Magique”.
Je l’avais observé d’un air désolé avant de soudain m’illuminer :
- Attends... toi aussi t’es arrivé par Portoloin ? C’est... c’est généralement un objet ordinaire que tu touches et qui te téléporte dans un autre endroit... C’est comme ça que je suis arrivée ici, peut-être que si on en trouve un, on arrivera le programmer sur “retour” et rentrer chez nous non ?
Je m’étais levé d’un bond en récupérant ma baguette. On ne devait pas tarder ici, si un Mangemort le cherchait, c’est sans aucun doute le premier endroit où il viendrait le chercher. Je m’étais tournée vers lui pour l’observer et l’inviter à me suivre avant de me souvenir ce qu’il venait de me dire. Il avait parlé de “centaines” de personnes qui étaient venues dans son bureau. Erwin était le professionnel de l’exagération, je me doutais que le nombre ne devait même pas dépasser la dizaine mais cela signifiait que forcément au moins deux sorciers étaient venus lui parler. Il s’en était peut-être sorti, je ne doutais pas de ses capacités à se sortir de mauvais pas rien qu’à sa verve, ni de sa capacité à camper des rôles mais peut-être avait-il fait une erreur dans sa mauvaise connaissance de l’univers. Si tel n’était pas le cas, il avait forcément au moins récupéré des informations qui pouvaient nous aider. Fronçant les sourcils je lui avais alors demander :
- C’était qui ? Les personnes qui sont venu dans ton bureau ? Tu as un nom ? Un physique ? Elles t’ont dit quoi ? Le moindre indice pourrait peut-être nous aider à sortir là de façon plus sécure...
J’avais récupéré dans l’un des tiroirs une sorte de pochette contenant des dossiers importants de couleur verte, relié d’un ruban brillant noir. Je lui avais tendu sans appel tout en précisant et en refermant les tiroirs que j’avais ouvert.
- Pour qu’on bouge d’ici de façon crédible comme tu le dis, il faut encore que tu puisses te balader de façon crédible. Un dossier à discuter avec d’autres chefs du département ou un truc comme ça... Tu passes devant moi, je te suis juste derrière, comme l’escorte que je dois être, d’accord ? On va sortir et se diriger vers la droite. Au bout du couloir, il y aura un ascenseur, on va le prendre pour aller au rez-de-chaussée. De là, on récupérera un Portoloin dans le Hall, je vois pas ce qu’il pourrait nous arriver de pi...
La porte s’était brusquement ouverte et je m’étais remerciée d’avoir pris le temps de contourner de nouveau le bureau pour lui faire face lorsque la personne arriva dans le bureau. Au moins, on ne pourrait pas me reprocher d’être placer du mauvais côté de la barrière. J’avais fait volte-face en voyant un petit homme débarquer dans le bureau. Il semblait chercher Erwin des yeux et je m’étais retiré de son champ de vision d’un air solennel, les mains derrière le dos pour observer la scène comme l’Auror que je devais être.
- Msieur Dorian... Oh, bonjour, vous devez être l’Auror que nous avons dépêché pour Monsieur Dorian ? - Tout à fait.
J'avais hoché la tête avec une rigidité que je voulais académique. L’homme eu un sourire timide en hochant à son tour la tête avant de se retourner une nouvelle fois vers Erwin :
- Msieur Dorian, je viens de recevoir une dépêche pour vous...
Il tenait dans un main un papier violet que je reconnaissais comme étant l’une des missives magiques dont le Ministère se servait pour communiquer interservices. Avec un froncement de sourcil léger, j’avais dégluti. S’il était invité à rejoindre une autre personne, on était pas prêts de sortir de cet enfer.
- … Vous êtes apparemment attendu dans le bureau de Madame Lufkin avec Pius Tickenesse... Il l’a convaincu de revoir sa copie avec votre réunion avec le Premier Ministre. Elle vous attend dans son bureau. - Qui est ?
L’homme s’était tourné vers moi avec un regard abasourdi. Il coula un regard sceptique à Erwin mais j’avançais d’un pas en sa direction :
- Non non, regardez-moi, je suis là. Bureau qui est donc ? - Et bien...
Je n’avais aucune idée de qui était Lufkin et donc encore moins où nous devions aller. J’étais pas sûre que d’aller à ce rendez-vous était la meilleure des solutions dans la mesure où le nom de Tickenesse avait été prononcé mais il me fallait au moins savoir où on nous attendait avant de décider si nous devions nous y diriger. La question était sans aucun doute maladroite dans la mesure où c’était quelque chose que j’étais censé savoir mais dans la mesure où je représentais désormais l’autorité, ça me donnait aussi un avantage considérable pour avancer dans cette espèce de labyrinthe. Le visage toujours fermé et sévère j’avais précisé :
- On m’a chargé de la sécurité de Monsieur Dorian. Cela implique toute personne liée à son entourage de travail. Je dois m’assurer que nous n’avons affaire à aucun imposteur. Intercepter une note de service, la lire et en inventer le contenu est donné à tout sombre idiot qui oserait détourner une personne de son but... alors je vous repose la question pour la dernière fois... qui est ?
J’avais pointé ma baguette dans la direction de l’homme. Si on apparence était ferme et décidée, j’étais complètement paniquée à l’idée qu’il sorte aussi sa baguette, qu’il appelle à l’aide ou pire, qu’il soit effectivement un ennemi. Pourtant, il se contenta d’observer le bout de ma baguette avec un air inquiet en se tortillant les mains avant de préciser :
- Au 5e étage. - Bien. Merci.
D’un air satisfait, j’avais rangé ma baguette dans la poche de ma veste avant de faire un pas en arrière pour l’inviter à poursuivre sa discussion. Mais pour toute réponse, le petit homme eu un soupir de soulagement si important que j’avais eu l’impression qu’il était à deux doigts de trembler. Il avait posé avec douceur la missive sur le bureau d’Erwin avant de ressortir dans demander son reste en fermant la porte. Soulagée, j’avais soufflé avant de demander avec un signe du pouce :
- Et c’est qui lui ? Bon on va voir ce qui se trouve au 5e étage et on avise ensuite... Flash info, Pius Tickenesse est une marionnette déjà au Service du mauvais camp. On lui a jeté un Imperio, un sort qui t’oblige à faire tous les désirs de celui qui te l’a lancé. Il est fort à parié que ta réunion est un piège... faut vraiment pas qu’on tarde à sortir d’ici...
J’avais récupéré d’un geste brusque la note d’étage avant de lui faire un signe de tête en direction de la porte pour l’inviter à sortir en premier. Il avait suivi mes instructions et quelques secondes après, nous nous étions trouvés devant les ascenseurs avec un panneau doré aux lettres gravé qui précisait que le “Département de la Coopération magique” se trouvait au cinquième étage. Le cœur battant je m’étais rapidement approché d’Erwin pour lui préciser :
- On s’en va... ça commence à devenir beaucoup trop inquié... - Ah... Dorian... Vous êtes déjà là. Je suppose que vous montez aussi dans le bureau de Lufkin ? Je viens d’être ajouté à la réunion...
Son regard était lourd de sens et ne m’avait pas du tout mise en confiance. J’avais dégluti, désormais piégée et convaincue que nous allions devoir monter avec cet homme. Il était plutôt bien bâti, imposant, grand, aux épaules carrées. Il avait le cheveu blond et le regard d’acier. Son regard se posa alors sur moi et je du réprimer un frisson tant j’eus l’impression qu’il pouvait alors me transpercer. Sa bouche s’était tordue en un léger signe de dégoût tandis que ses yeux brillaient d’un éclat malsain. J’avais l’impression que le type était loin d’être un allier et son regard de connivence avec Erwin m’avait d’autant plus perturbé. Pourtant, ce dernier avait joué sa partition comme il le devait et j’étais entrée à mon tour dans l’ascenseur, me collant au panneau tout en évitant soigneusement le regard du blond. Sentant la cage s’élancer vers les hauteurs, j’eus brusquement pourtant l’impression que mon estomac m’était descendu dans les talons, comme s’il avait voulu rester au 2e étage, là où nous étions finalement bien plus en sécurité.
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
On pouvait louer à Preminger son exceptionnelle capacité d’adaptation, l’un de ses nombreux talents dont la Nature l’avait doté et qui lui permettait de se fondre dans tous les décors possibles assez aisément. Néanmoins, tout aussi talentueux qu’il pouvait être, se retrouver dans un environnement communément magique demeurait une épreuve peu évidente. Surtout lorsqu’on prenait en compte que les paysans qui peuplaient ce petit monde fantasque attendaient beaucoup de ses supposés talents pour la magie. Oh il ne doutait pas pouvoir en acquérir très rapidement mais il y avait un monde entre le génie et l’omniscience et Preminger ne disposait pas de la seconde. Aussi explosa-t-il diversement lorsque Alexis pointa, heureusement, le bout de son nez, se révélant une alliée opportune pour vaincre cette épreuve. Bien évidement qu’elle connaissait davantage que lui ce petit décor ridicule dans lequel il se trouvait forcé de se fondre. Elle n’avait pu qu’être biberonnée à ces élucubrations pitoyables qui enthousiasmaient la foule avec une allégresse gaspillée.. Mais au moins, cela possédait son intérêt dans le temps présent. Et tempérait un peu la joie peu protocolaire et familière avec laquelle la jeune fille s’enflammait, ayant l’outrecuidance de lui ravir son propre siège et de l’inviter à s’asseoir dans le misérable petit fauteuil destiné aux visiteurs. Il n’était pas un visiteur dans son propre bureau – tout aussi fraîchement sien qu’il pouvait l’être. Et quand bien même il savait parfaitement qu’aucun désir de soumission ne guidait la jeune femme, il décida de ne pas lui donner satisfaction, préférant se poster aimablement contre le siège sans pour autant s’y asseoir. De toute manière, pourquoi diable perdre du temps à se prélasser ? Autant demeurer aux aguets et debout. D’un signe de tête, il l’invita à poursuivre, concentré néanmoins à son petit dialogue. Pour le peu qu’il le faille, alors il apprendrait les règles de cet univers. Il espérait seulement qu’elles lui permettent une réussite rapide et ne nécessitent pas le fruit d’une concentration trop excessive, il n’avait pas que cela à penser non plus. Il écouta donc Alexis déclarer fièrement appartenir à l’équivalent d’une CIA magique. Amusant comme dans un monde où l’on aurait pu croire que la magie résoudrait tout, le maintien de l’ordre s’avérait nécessaire pour freiner les ardeurs noirs de l’âme humaine…
- « Je suppose que cela se veut effrayant mais la mentalité décadente de cet endroit se révèle rien qu’à leur manière de nommer les choses. « Horreurs » ? Sérieusement, qui peut donc approuver un nom aussi ridicule ! » commenta-t-il en réprimant un rire, l’invitant d’un geste obséquieux à poursuivre.
Après tout, il ne se trouvait pas là de gaieté de coeur et tout aussi délicieusement critiquable que ne manquerait pas de se révéler les lieux, il ne devait pas perdre de temps en palabres inutiles s’il désirait pouvoir rentrer au dîner prévu de longue date. Il fallait qu’il y soit, s’il y parvenait il mettrait la main sur de magnifiques trésors peinturlurés se chiffrant en millions, cela serait dommage de décaler une telle acquisition. Mais les informations distillées par Alexis eurent tôt fait de ternir l’ensemble de son humeur, tandis qu’il baissait la main pour contempler l’immaculé bout de bois reposant au creux de sa main.
- « La bonne formule ? » répéta-t-il hagard en agitant d’un petit geste l’objet avec dépit « La BONNE formule ? Et c’est CELA le plus simple selon toi ? Comment DIANTRE pourrais-je les connaître ? Faut-il rimer ? S’il s’agit de cela, se devrait être effectivement pour moi, je te l’accorde, un jeu d’enfants. Oui...Je comprends pourquoi je suis le meilleur dans mon domaine. »
Mais elle ternit ce soudain sentiment de plénitude qui ne fit, alors, que l’effleurer, filant pour laisser place à l’angoisse. « Reparo ». Juste cela. Aucune rime, rien d’autre que ce mot. Oh certes, il connaissait le latin assez aisément du fait des longues études que la malédiction lui avait accordé et son passé d’ambassadeur mais…. Un frisson avait parcouru sa colonne le glaçant. Un monde séparait les sorciers des humains dans cet endroit. Pour pratiquer la magie, du génie ne suffisait pas...il fallait connaître les sorts opportuns. Et.. il ne les connaissait pas. Comment donc aurait-il pu les apprendre ?
- « Le plus simple ? Le plus simple est de faire fonctionner ma baguette avec la BONNE FORMULE ? Et comment, suis-je censé les connaître ? Quand bien même disposerais-tu d’un annuaire les groupant, crois-tu que je puisse enfin surtout que je dispose du temps nécessaire pour ingurgiter tout ce savoir en moins d’une heure ? Mais Trésor cela demande un minimum de temps, de concentration et d’envie au-delà du Talent ! »
Il devenait rageur ayant à peine prêté attention à la manière dont elle s’y était prise, presque vexé de la voir couronnée de succès à sa première tentative. Petit monde enfantin que voici… ! Vide de sens. Néanmoins, le verre recomposé se retrouvait là et il lévita même devant ses yeux, manquant de lui donner envie de le chasser d’un coup de baguette, agacé. Pathétique. Pathétique que toute cette farce. Néanmoins, puisqu’elle y arrivait si facilement par sa simple connaissance de l’univers, c’est que ça se trouvait à la portée de n’importe quel individu quelque peu familier. Et puisqu’il était l’élite de la société, cela serait un jeu d’enfant que de reconstituer ce verre. Pourquoi diantre d’ailleurs l’inciter à ce simulacre de sort ? A quoi servirait-il si on venait à l’attaquer ? Pourquoi perdrait-il du temps à reconstituer des objets ? Un sort d’attaque voilà ce qui aurait été bien plus éloquent. Ca...Peuh ! Son regard tomba dédaigneusement sur le coin du bureau où reposait l’objet de verre, ça c’était insignifiant. Il hocha la tête, avec dégoût et l’observa impulser la chute de l’objet qui se brisa une nouvelle fois sur le sol dans le même petit fracas que la première fois. Alors, prit-il la peine d’avancer, lentement vers l’objet, le considérant de toute sa hauteur. Puis, dans un long geste méprisant , du bout des doigts, déclama-t-il sans grande conviction mais sans se départir de l’arrogance qui le constituer parfaitement :
- « Reeeeparo ! »
Les débris restèrent bêtement immobiles, causant un pli désagréable sur la bouche de l’ancien ministre. Pourquoi cette chose stupide n’avait-elle pas daigné faire ce qu’il lui avait ordonné ? Presque aurait-il jeté ce désagréable et misérable petit morceau de bois mais le sourire encourageant d’Alexis l’en avait déconseillé. Si elle persistait à l’encourager, ce n’était nullement par sinistre plaisir à s’amuser de sa défaite, non. Elle devait être elle-même profondément dépitée de constater que rien ne souriait à sa magnificence. Elle croyait en lui, comme tout un peuple et sûrement celui-ci aussi. C’était...simplement qu’il ne s’y était pas pris de la bonne manière. Il leva la tête, chassa une mèche de cheveux précautionneusement comme s’il venait de faire tomber une feuille. Une mauvaise manipulation sûrement. Il observa les mouvements qu’elle lui montrait, dans une moue altière, tâchant de prendre ces gesticulations lamentables et de leur accorder une considération supplémentaire.
- « Fort bien…. Voyons cela doooonc »
Il se remis en position, ess ayant vainement tant bien que mal resserrant un peu plus chaque fois la prise sur le bois, au point où ses jointures devinrent blanches, décréta plus hautainement qu’initialement, essai après essai infructueux
- « Reeeeparooooooooo ! »
Mais las, la tasse s’obstinait à demeurer brisée, si bien qu’il se contenait de ne pas piétiner avec plus de hargne les morceaux qui en tapissaient le sort, conservant sa rage derrière un sourire crispé qui se muait inlassablement en grimace vexée. Peste soit cette formule ! Il en venait presque à s’interroger sur la véracité de l’information transmise par Alexis. Et si cette dernière s’amusait à lui faire une farce ridicule et que la manière de jeter un sort ne dépendait pas de l’incantation ? Si elle osait lui jouer ce tour, il saurait lui rendre la pareille au centuple. Il continua pourtant, finisssant par ne sembler plus voir que les morceaux de verre éparpillés au sol, pointant une nouvelle énième fois sa baguette sur ceux-ci. Combien était-ce ? La huitaine la dixième tentative ? Quelque chose se produisit soudain lui arrachant un petit glapissement d’effroi mêlé d’excitation tandis que la tasse se reformait soudainement sous ses yeux, s’assemblant progressivement Ca y était.. Elle se trouvait à présent en un seul morceau, déposée au sol et il se baissa pour la ramasser, la désignant à sa maîtresse :
- « Ca y est ! Mon pouvoir s’est enfin manifesté !!! Regarde Trésor n’est-ce pas magnifique ? »
Certes l’objet n’était qu’à moitié complet mais cela donnait un style art déco à l’ensemble, sûrement une manifestation de son raffinement et de son amour de l’art à travers la magie… Quand bien même il exécrait d’ordinaire ledit art déco, OUI cela lui sembla une explication des plus cohérentes. Alexis reprit un ton enjoué pour reprendre son explication sur les sorts lui proposant de servir de modèle ou de prototype – le mot était bien plus adéquat – afin de les lui apprendre. Sa petite plaisanterie conclusive lui arracha néanmoins un éclair courroucé piqué au vif. Oh après tout, maintenant que son pouvoir vivait en lui, tout serait plus simple n’est-il pas ? C’était noté sur sa fiche, il possédait une prédisposition aux sortilèges. Et cela n’était rien d’autre que de la manipulation de l’esprit, tout comme il orchestrait les autres dans son quotidien. Il suffisait là d’ordonner aux objets. Et il l’avait fait.. Son regard tomba émerveillé sur la tasse, quittant un peu les explications qu’égrainaient la jeune femme. Tout ce monde mit à part, bien considéré...c’était...une sensation étrange. Différente. Tout aussi orgueilleux qu’il pouvait être, son cerveau peinait à assimiler cette subite faculté.. Il avait reformé une tasse. Cette tasse ! Comme sentant qu’elle le perdait peut-être, un faisceau était sorti de la b aguette d’Alexis finissant de transformer l’objet dans le creux de ses mains, en tasse quelconque, ordinaire.
- « Je ne vois guère pourquoi tu t’es donné cette peine. Elle n’était pas ébréchée... » soupira-t-il en levant le menton tandis qu’il abandonnait la porcelaine sur le bureau, dans un geste dédaigneux. « Mais soit… Tu disais ? »
Il abandonna l’objet, se concentrant sur la suite. Étonnamment, ce que lui appris Aleixis revêti un réel intérêt chez l’ancien ministre. Visiblement, une hiérarchisation du sang existait dans ce monde… Voilà qui expliquait l’étrange annotation « sang-pur » à côté de son identité. Il descendait ici de deux lignées directes de sorcier… Evidemment. L’attention soudainement vissée à la bouche de la libraire, son esprit se remémora, brutalement les propos tenus par Mullan quelques minutes auparavant dans ce même lieu et leur conséquence. Alexis était une Sang-Mêlée. Elle était « la sang-mêlée qu’on lui avait malheureusement affecté... » Ce qui visiblement ici n’était guère apprécié ni du collègue, ni de lui-même. Evidemment, vu qu’il était un sang pur. Et il se sentait prêt à parier que Mullan aussi. Qu’avaient été ses mots, d’ailleurs… ? « Avec un peu de chance vous aurez l’occasion de faire deux pierres deux coups » . Preminger ne pouvait l’affirmer avec certitude mais il sentait que la tâche que Mullan attendait de lui n’avait rien de bénéfique… Le sourire sinistre qui avait accompagné ses propos ne possédait rien de bienveillant. Au contraire même. La hiérarchisation de la lignée du sang semblait faire naître plus que des conflits, des haines aussi. La magie se voulait sélective… Ce monde se serait outré qu’un « sang-pur » comme lui reçoive des cours d’une petite sang-mêlé comme elle… Bien que cela laissait présager qu’intérieurement, il devait posséder dans ce monde suffisamment de puissance magique en lui pour en terrasser grand nombre, non ? Il rangea dans un coin de sa tête l’expression « Sang-de-Bourbe » qu’elle utilisa, sentant que compte-tenu du contexte il était fort possible qu’elle soit réutilisée devant lui. Et s’il devait jouer son personnage, autant qu’il se familiarise avec les expressions locales, si cela pouvait lui permettre de sauver sa peau… Il se sentit subitement blêmir lorsqu’elle évoqua la bande de petits fauteurs de trouble qui se révélait être une vraie menace tâchant de tempérer son stress. Pourquoi paniquer ? Ne venait-elle pas de dire que l’objectif de ce groupe apparemment sinistre visait à la domination des personnes nées « comme lui », des « sangs-purs » ? Pourquoi donc s’en serait-il trouvé inquiété ? Tandis qu’il passait une main sur sa manche, nerveusement, il se remémora une nouvelle fois les paroles si intéressantes, et finalement bien moins nébuleuses qu’en apparence, de ce cher Mullan. Il se souvenait parfaitement de l’air supérieur que son collègue affichait en entrant dans son bureau, de ses propos, de ses manières….De ce fameux « Il » dont il parlait avec tant de crainte et de déférence… Se pouvait-il ? Il tâcha de rien n’en laisser paraître mais la quasi certitude de se voir muni de ce fameux « tatouage » entrait dans son esprit. Evidemment… Les Mangemorts allaient lancer. Pas n’importe qui, non. Mullan serait dans leurs rangs. Et il attendait que LUI y soit également. Son teint se ravigotait mais une inquiétude nouvelle prenait possession de son esprit, culminant son envie de s’extraire rapidement de cette situation. Sûrement cette bande d’individus redoutables comptait sur lui. C’était flagrant. Il était un excellent sorcier dans cette réalité alternative… Il était donc l’homme de la situation, cela sur qui tous comptait pour mener à bien cette infiltration. S’il n’y parvenait pas… « Le Maître reconnaîtra ses fidèles »… Serait-il considéré comme traître ? Il aurait du ouvrir la bouche mais cloua les lèvres davantage tandis que les informations s’accumulaient. Tant qu’il ne pouvait en être sûr…valait mieux ne rien dire. Il aviserait ensuite. D’une certaine manière ce probable statut, bien que non vérifié, lui conférait une sécurité face aux éventuelles attaques contre lesquelles ils auraient pu être confrontés. Il ne subirait aucune menace, il ETAIT la menace. Et il avait tout à gagner en intervenant le moins possible. Alexis quant à elle, ne devait veiller qu’à sa sécurité. S’il se trouvait en sécurité, elle ne risquait donc rien. Son ombre protégerait sa lumière. Il balaya, alors ses excuses d’un revers de manche, assez satisfait de son effet et contourna le bureau, déposant sa main sur la sienne doucement. Elle leva les yeux jusqu’aux siens et y resta :
- « Je ne sais pas ce que je suis ici… Il y a fort à penser que je puis être un traître. Mais quelle importance ? Puisque nous devons à tout prix suivre, tous les deux… Je veux que tu me promettes une chose, dans ce cas, Trésor. » lâchant son poignet, il glissa son index sur son menton, l’impulsant vers le sien, tandis qu’il abaissait le front « Je veux que tu assures spécifiquement MA sécurité. Et la tienne évidement. Aucune considération éthique pour qui que ce soit d’autre. Tu n’es pas Auror, tu es mon trésor. Et nous n’appartenons pas à ce monde. Les enjeux politiques, magiques, sociaux n’ont pas à nous impacter. Lorsque le Titanic sombrait, nous n’avions aucunement le temps de nous soucier de ce que nous faisions aux yeux d’autrui, seule comptait notre survie. Le contexte est différent mais le but, identique, ici.Tant que je ne suis pas personnellement en danger, je te demande de ne pas intervenir. Peux-tu faire cela ? » Il embrassa ses lèvres avec délicatesse puis glissa sa main sur sa joue doucement « Tout ce que je désire c’est que nous soyons sains et saufs. Et rentrer au plus, vite quelque soit le moyen.. Le plus rapide et le plus sûr sera le mieux… »
Il hocha la tête cependant lorsqu’elle l’interrogea sur sa venue, oui il avait utilisé ce biais étrange, aussi soudain qu’imprévu. Cette sournoiserie enchanteresse qui l’avait conduit et condamné à errer dans ce monde curieux.
- « Nous avons reçu la même « invitation », ma chère… Et le même moyen de transport. Le mien n’est pas si loin que cela. Dans l’hypothèse où je sache retrouver le chemin de ce miroir. Il est dans une pièce désaffectée. Apparemment si j’en crois Ogden, un étrange petit bonhomme que celui-là, j’y vais régulièrement… Ca ne choquerait personne si on y retournait donc. Mais j’ai essayé de le toucher à nouveau, il est resté particulièrement commun. Immobile. Ce n’était d’ailleurs pas celui que je possède dans ma chambre, il est moins beau, moins riche… C’est en partie ce qui a attiré mon attention d’ailleurs. Vois-tu je me mirais matinalement comme les autres jours et je me suis retrouvé ici… »
Le moyen d’arrivé restait leur seule piste potentielle pour leur départ souhaité. Alors, lorsqu’elle se leva, prête à partir, il suivit son mouvement. Puis eut un geste désuet de la main lorsqu’elle évoqua ses rencontres, répondant évasivement:
- « Oh et bien le premier était ce petit individu dont je viens à l’instant de t’entretenir. Ogden, se nomme-t-il. Un étrange petit bonhomme tout mielleux. Mullan dit qu’il est fouineur. C’est un collègue. Blond, grand, quelconque… Il doit à mon sens gérer l’un des pôles placé sous ma direction. Nous avons discuté « hiérarchie »un petit moment, il m’envie, c’est flagrant, après je ne me peux pas lui en vouloir….Ca va de pair avec l’admiration. Si tu le croise néanmoins, fais profil bas et laisse-moi gérer cette situation, je crois que...toute cette idée de surveillance organisée lui déplaît un peu, notamment ce qui gravite autour de moi. Saisis-tu ? Dis-moi, tu connais un certain Gilderoy Lockhart ? Comment est-il ? » ajouta-t-il subitement.
Il y aurait bien un autre moment où il pourrait déterminer si la confidence totale était de mise, il n’était pas certain que les environs soient surs, et encore moins maintenant qu’il avait la conviction profonde qu’il n’appartenait pas au même camp qu’Alexis. Si elle agissait différemment que ce que son rôle lui imposait, elle risquait bien plus. Et il ne comptait pas se débarrasser d’elle. Pas lorsqu’il s’agissait d’écrire Son Futur. Récupérant le petit dossier vert relié qu’elle lui tendait, il ouvrait néanmoins la bouche lorsque Ogden rentrant une nouvelle fois à l’improviste. « Cela deviendrait bientôt une habitude ! » pesta-t-il comprenant le ressentiment de Mullan à l’égard de l’homme. Il avait vraisemblablement le don d’apparaître dans les moments les plus inopportuns…. ! Soupçonneusement, il toisa l’individu, se départissant un peu de l’attitude agréable qu’il avait maintenu à son égard précédemment. Visiblement, cet individu là, tout inoffensif qu’il paraissait être, surgissait toujours contre ses intérêts. Comme l’épiant. Quel était son métier d’ailleurs ? Il avança un peu pour tendre la main vers la missive détenue par l’individu.
- « Fort bien… Voilà qui est heureux. Une prodigieuse efficacité... » commenta-t-il d’un ton si neutre qu’il était impossible de déterminer s’il déclamait cela dans une ironie pure ou à l’inverse une satisfaction contenue.
En réalité, il l’ignorait totalement. Il n’avait, semblait-il, eu le privilège d’être présenté à ce Pius Tickenesse ni à cette Madame Lufkin, aussi…. Alexis trouva bon ton de se lancer dans un manège périlleux et il se contenta d’observer la scène d’un regard morne et blasé, comme si cela ne faisait que respecter une procédure dont il avait lui-même ordonné la mise en place. L’esprit néanmoins corrigeait quelque point, la posture aurait du être plus assurée, les épaules plus droites, le ton sec et ferme était en revanche réussi, l’ensemble suffisant pour berner ou, du moins, convaincre ce Ogden de répondre à son interrogation dans son éternel ton d’excuse insupportable. Presque ne prit-il pas la peine de lui remettre en mains propres, préférant déposer ledit document sur le bureau, le forçant en se pencher pour le récupérer. Se faisant, Erwin soupira d’un air indifférent, glissant la lettre dans son manteau, sans pour autant se donner la peine de la déplier :
- « Tu viens de faire connaissance avec le fameux Ogden… Ne t’en avais-je pas fait un portrait frappant ? Sérieusement, cet individu est l’insipidité curieuse incarnée. Je n’arrive pas à comprendre comment je pourrais supporter un individu pareil quotidiennement dans cette sorte de réalité… Mais enfin… Fort heureusement, je ne serais pas forcé de subir encore longtemps sa compagnie des plus déplaisantes…»
Il conclua la réflexion d’un nouveau long soupir agacé, terminant de contourner le bureau. Il allait être des plus difficiles de sortir d’ici surtout possédant un poste aussi important que le sien. Une figure aussi notable qu’il devait l’être jumelée à son superbe physique ne passait pas inaperçu. Surtout lorsqu’on le convoquait ailleurs… Avec une marionnette de l’autre camp. Un mot éveillait son attention « Imperio », confirmant ses craintes sans qu’il n’ait besoin de soulever le moindre bout de tissu réveillant son anatomie. Imperio… Mullan avait évoqué ce terme. Qu’avait-il ajouté ensuite ? Que l’un d’entre eux le lancerait… Quand ? Sûrement là… Là ? Lorsque l’ascension terminerait s’ouvrirait une autre étape.
- « Pourquoi donc monterions-nous ? Si nous envisageons un piège nous devrions tout autant suivre notre plan initial et nous extraire de ce monde au plus vite ! » rétorqua-t-il en ressortant d’un mouvement le courrier laissé par Ogden. « Pourquoi ne ferions pas mine d’emprunter ce trajet pour nous conformer au plan initial ? Descendre ? »
Alexis s’en était saisie et il ne l’en avait guère empêchée. Cela donnerait un peu plus de poids à sa présence s’il la laissait porter ce bout de papier… Il était sorti en tête, marchant avec l’arrogance étudiée qui le caractérisait, dévisageant de haut les rares passants croisés qui le saluaient respectueusement et s’arrêta devant les portes closes de l’ascenseur. Il suffisait d’appuyer sur un bouton différent, comme il s’apprêtait à le signaler à Alexis, lorsqu’une voix connue retentit derrière lui.
- « Ah... Dorian... Vous êtes déjà là. Je suppose que vous montez aussi dans le bureau de Lufkin ? Je viens d’être ajouté à la réunion... »
Le regard d’acier s’était mué en dégoût notable lorsque ce dernier avait coulé brièvement vers Alexis. La libraire n’avait pu que le noter. Profitant de ce que celle-ci se trouvait totalement soustraire aux yeux de Mullan, il déposa sa main gauche le long de la colonne de la jeune femme, la rassurant un peu, tournant en parallèle le regard vers son « allié » :
- « Mais quelle perspicacité, mon cher Mullan ! On ne peut décider rien vous cacher ! » il gloussa, parfaitement détendu, pressant le bouton d’appel de l’ascenseur qui s’ouvrit bientôt devant eux « Après vous, mon cher… »
Il s’était installé tranquillement face à Mullan, feignant d’ignorer Alexis qui s’était croupie plus en retrait contre la paroi, tandis qu’il préférait couler son regard vers la vitre lui renvoyant son image. Il semblait...différent. La robe de sorcier violette ne l’enlaidissait cependant pas, c’était impossible, mais lui donnait un style plus...curieux. Malgré tout, il gardait une prestance inégalée… Une beauté superbe… Il se concentra néanmoins, offrant un sourire des plus agréables à son cher « collègue», son cerveau réfléchissant à la situation. Maintenant, plus moyen de faire machine arrière devant Mullan sans paraître suspect. Valait mieux jouer sa partition. Avec un peu de chance, s’il offrait à ce Mangemort toute la réussite qu’il désirait sans entrer en compétition avec lui, cela leur permettrait peut-être de s’éclipser dans le chaos général ? Scrutant sa silhouette taillée et costaude, évaluant sa force, derrière une apparente tranquillité, il demanda :
- « Mais d’ailleurs, Mullan… Où est votre Auror ? Vous oubliez que nous devons expressément être équipés de protection pour chaque déplacement. Vous prenez des risques inconsidérés » constata-t-il en levant les yeux vers son « collègue ».
Cela eut l’effet de faire ciller, décontenancé son interlocuteur. S’humectant les lèvres froidement avant de les presser l’une contre l’autre, Mullan s’adossa davantage contre le mur, machinalement, dans un geste presque de défense :
- « Comme je vous l’ai dit Dorian, j’ai été ajouté à la réunion au pied levé. J’ai senti l’urgence. Je ne pouvais pas prendre le risque que mon Auror me retarde...vous savez quelle affaire impérieuse se joue là-haut… Je suis persuadé qu’il ne s’en plaindra pas. Je déteste qu’on me bride…. » son regard s’était une nouvelle fois dérobé au sien pour s’attarder un bref instant sur Alexis dans une plaisanterie non équivoque.
A vrai dire… Preminger ne comprenait que trop bien le sous-entendu… Il se demanda soudainement ce qu’était devenu l’Auror…Enfin...ce qu’il en avait fait. Avait-il laissé son corps dans le bureau à la vue de tous ? Cela possédait-il encore un sens particulier vu que tout devait apparemment se jouer aujourd'hui ? Lui offrant un sourire entendu, Erwin relâcha sa tête contre le mur, en « confiance ». L’ascenseur les y menait déjà, ouvrant ses portes sur eux, desservant un couloir bien plus somptueusement décoré encore. L’élite du Ministère de la Magie sûrement…
- « Et bien nous y voici, très cher... » déclama-t-il plus pour donner l’impression que par parfaite envie de faire la conversation.
Cela dit, la supposée « naïveté » d’Alexis l’arrangeait bien. Ainsi, Mullan ne pouvait pas encore partir dans de grands sous-entendus trop complexes pour le contexte qui lui échappait totalement, quoiqu’à présent, quelques pans de l’histoire s’éclairait progressivement.
- « Veillons à ce que l’affaire soit vite expédiée... »
Le sourire que le blond lui lança n’appelait qu’aucune interprétation et Preminger aurait pu jurer l’avoir vu refermer la main sur un pan de sa robe, là où se dissimulait sûrement sa baguette. Dans un réflexe protecteur, il fit de même, se sentant pâlir sous le poids des risques. Il était trop tard, trop tard pour reculer, trop tard pour agir différemment. L’ombre menaçante s’était refermée sur eux à la minute où l’individu les avait rejoint et rien qu’il ne dirait à présent ne ferait plus que ajouter des soupçons inutiles sur ses épaules. L’homme, aussi menaçant qu’il pouvait être, se révélait être un allié du sorcier qu’il était censé être. Pas celui d’Alexis mais le sien au moins. Indirectement donc, tant qu’il maintenait l’illusion, il veillait la jeune femme. Esquissant un pas de côté, son épaule frôlant celle d’Alexis, pour la dépasser, il ajouta calmement, maîtrisant son ton :
- « Dans ce cas, vous me laisserez m’occuper des…. menus détails... »
Il se stoppa à la porte en bois où patientait déjà un homme maigre d’une apparence rigide, aux joues si creuses qu’Erwin lui trouva un air décharné et désincarné ; « La marionnette » réalisa-t-il. Mais s’il ne s’agissait là que d’un pantin… Qui donc tirait les ficelles ? Etait-ce… Mullan ? Qui d’autre ? Qui donc aurait pu inciter leur présence à cet instant précis ? Plus que leurs présences...SA présence. Il s’était ajouté à la réunion. Les saluant d’un bref signe de tête sentencieux, l’individu frappa à la porte et l’ouvrit, révélant une petite sorcière replète aux cheveux courts et blonds, engoncée dans une robe violette. Levant le nez de ses dossiers, elle agita une petite main dodue vers eux, les invitant à avancer et ils pénètrent dans la pièce à l’odeur d’encens et aux multiples petits pots de plantes. Une odeur de terreau embaumait l’air ambiant, se mêlant à celle des parchemins. Vissant une paire de lunettes noires sur son nez, elle brandit un document d’un air ennuyé sous leurs yeux, son attention s’attardant sur son visage rond et aimable. Alors qu’il plissait les yeux pour lire, il nota le petit écriteau en dessous qui la désignait visiblement comme la secrétaire principale du Ministre de la Magie :
- « Tickenesse m’a fourni un nouveau document, Dorian. Il a énoncé des arguments convaincants quant au raffermissement des contrôles et informations sur chaque employé.. mais il a sollicité votre présence afin de les parcourir avec vous… Avant de les exposer au Ministre lors de son discours. Il a également pensé que...la présence de Monsieur Mullan pourrait être pertinente, je crois qu’il a travaillé avec vous sur le dossier… » - « C’est exact... » corrobora-t-il froidement « Mullan m’a été d’une aide précieuse. Les pensées inscrites sur ce parchemin sont majoritairement siennes. »
Il sentit Mullan se rengorger malgré lui, malgré l’incompréhension qui devait régir l’ensemble de ses pensées. S’il vivait dans ce monde comme dans le sien, jamais ne se serait-il donner la peine d’encenser un rival direct. La sorcière qui lui faisait face marmonna un instant, observant son visage un long moment, sans mot dire, puis riva son attention sur la note une nouvelle fois.
- « A vrai dire… » le regard brillant de la sorcière s’attarda sur Alexis, subitement, comme la cherchant du regard « Je...Je trouve ces pensées pour le moins brutales. Et vous n’êtes guère un individu dénué d’apparats… J’ai senti directement que vous ne teniez pas la plume. Néanmoins...je trouve excessive certaines décisions. Et je m’étonne que plus que les cautionner, vous les encouragiez.. » - « Oh vraiment ? » - « J’ai eu une missive me signalant votre comportement erratique par le chef de la Brigade de police magique ce matin…Aussi je préférais vous recevoir en présence d’un individu aussi honorable et rigoureux que Tickeness pour me faire une opinion… »
Elle avait fait le tour de son bureau lentement et Preminger nota avec angoisse que sa main bien que détendue tenait fermement en main sa baguette. Les pensées tourbillonnaient dans son esprit, perplexes. Le chef de la Brigade de police magique ? A quel moment avait-il donc eu un comportement des plus curieux ? Son sourire était demeuré incertain, tandis que la sorcière tournait la tête vers la marionnette :
- « Pensez-vous qu’il souffre de l’Imperium, Tickeness ? Et vous Auror ? » Ses yeux perçants avaient dépassé son épaule interrogeant Alexis. « Vous êtes censé veiller à sa sécurité, pensez-vous qu’il ait pu être attaqué d’une quelconque manière - « Il faudrait peut-être nous en assurer... » commenta tranquillement ladite marionnette.Un bref et vif mouvement de tissu avait suffi pour que jaillisse sa baguette en main. Il la dirigea vers lui et Erwin se sentit pâlir, soudainement, tandis que les environs dansaient « Ce n’est qu’une mise en scène… Une mise en scène » soufflait son esprit. Une improvisation due au signalement qu’on avait fait de lui, voilà tout… Il résista à l’envie de chercher Alexis du regard pour solliciter son intervention. Il ne le fallait pas. Il ne devait pas. Il suffisait de croire en son instinct. Et supposer que dans le cas contraire la jeune femme dispose de suffisamment de prédisposition magique pour le sauver. Après tout, elle contrôlait déjà la Foudre non ? Lentement, mécaniquement pourtant, dans le pan de sa robe, ses doigts s’enroulèrent autour de sa baguette, avec le ridicule petit espoir de parvenir à contrer une quelconque attaque avec… avec quoi ? Un Reparo ? Face à quoi ? Il sentait presque le bout de celle de Tickenesse jeter des étincelles, ressentant la concentration du ministre…
- « IMPERO »
D’un seul homme, subitement, prenant défaut la conseillère, Mullan et Tickenesse s’étaient retourné contre elle dirigeant leur sort qui était venu la frapper en plein coeur. Elle avait eu un bref sort de défense, non formulé, à la hâte et dans un mouvement de peur.. Mais il n’avait pas le temps de s’en préoccuper. Un Auror était censé défendre le Bien. Chaque seconde où Alexis ne réagissait pas, chaque seconde où elle ne prenait pas part au combat pour sauver la conseillère les placerait dans une situation précaire ! Il ne pouvait le permettre. Aussi pivota-t-il pour faire face à sa maîtresse, tournant le dos à ses acolytes. Croisa son regard bleuté. L’effroi. La peur. L’hésitation. Lui n’hésita pas, où du moins en apparence, pointant sa baguette vers elle, et dans un fugace sourire nerveux incanta hargneusement :
- « Impero »
Dans un souffle admiratif, il vit le rayon lumineux se projeter fusant vers la jeune femme ! Elle s’était tendue subitement, tandis que derrière eux, la lutte magique continuait. Le rayon dépassa l’ épaule de la brune, comme escompté et il lui sourit, ravi de son effet avant de se retourna vivement constatant que tout à leur combat, ses comparses n’avaient en rien assisté à la scène. Porta son index sur ses lèvres charnues. Si elle jouait le jeu, il se sauvait tous les deux.
- « Endoloris ! Dorian ! » Muller le hélait, jetant un coup d’oeil par dessus son épaule et il se hâta de franchir l’espace qui le séparait de lui, retrouvant la sorcière subitement à terre. Ses lunettes s’étaient brisés sous sa chute et elle se tordait de douleur parmi les débris, sans que pourtant rien ne sembla causer sa souffrance. Constatant sa présence, le blond lui désigna sa victime d’un mouvement sinistre « A-t-elle eu son compte ou voulez-vous prendre part aux réjouissances ? »
Preminger observa la silhouette qui hurlait silencieusement au sol. Visiblement, on l’avait affublé d’un sort assourdissant ses cris et d’un autre qui provoquait cette douleur luisant dans ses yeux suppliants et pourtant téméraires… Ainsi tel était le pouvoir de la magie...Causer souffrance par une seule volonté ? Par cette seule formule. ? Endoloris… Ce devait être grisant oui, il le comprenait sans mal. Détenir au bout des doigts la faculté de rompre autrui par la douleur, de le soumettre, de le plier, de le convaincre… Un tel pouvoir… Mullan s’adressait à lui comme s’il en était friand et à vrai dire...il pouvait percevoir pourquoi. Il ne pouvait dénier être tenté.. De sentir la pleine puissance magique s’exercer, la domination totale…Comprendre ce que vivait pleinement les personnes comme Hera. Mais… S’il s’y prêtait et que rien ne se produisait ? Serait-il soumis au même sort ? La perspective d’une telle souffrance muette et mentale l’horrifia et il déclara alors :
- « Non… Laissons-la dans un état convenable si nous devons au moins faire illusion »…Pointa sa baguette sur le sol, il déclama « Reparo » et les morceaux formèrent une lunette convenable, bien qu’un verre subisse encore un léger impact…et effilages. Ne remarquant rien, Mullan avait préféré se tourner vers derrière son dos, là où se trouvait encore Alexis, le visage franchement revêche : - « Pourquoi lancer l’Impero sur cette sale Sang-Mêlée ? » souffla-t-il avec dégoût « A part gaspiller du temps... » - « Renforcer notre couverture. » tança-t-il promptement en levant le menton bien que plus petit que son « rival », dessinant un sourire mesquin sur ses lèvres « Vous comptiez vous présenter devant le Ministre de la Magie avec cette chère Lufkin, moi-même, ce cher Tickeness….et c’est tout ? Piètre délégation que voilà…Sans nos protections rapprochées malgré nos statuts ? C’était déjà une erreur que de venir jusqu’ici sans la vôtre, Mullan. Cet insigne les rassurera… Ils seront une brève seconde en confiance… » - « Et ensuite ? » - « Ensuite ? Vous oubliez que les Aurors forment d’excellents combattants.. Plus obtus à soumettre qu’une conseillère… Pourquoi diantre me priverai-je d’une arme ? Ensuite...Ensuite, si elle résiste aux combats, je compte bien m’en amuser... »
Il dodelina de la tête sous un sourire torve, glissant son regard jusqu’au sol où Miss Lufkin se trouvait encore. L’image mentale qu’il désirait créer fonctionna et sembla plaire à Mullan car le grand blond ricana bientôt, secouant ses larges épaules dans un sifflement glacial. La conseillère à présent sous l’Imperio, babillait une envie soudaine de les présenter rapidement au Ministre de la Magie, comme si toute la scène précédente n’avait jamais eu lieu. Elle devisait calmement avec Tickenesse devant eux et Preminger emboîta le pas à Mullan. Il regrettait de ne posséder en la circonstance son miroir de poche, exceptionnellement aurait-il pu s’en servir pour échanger ne serait-ce qu’un regard avec Alexis. Elle était forte, elle résisterait, il le savait. Il lui suffisait de feindre la normalité. Il lui suffisait de ne pas réagir. Il suppliait en revanche pour que l’affrontement qui se profilait leur permette de fuir aisément… Mais rien n’était gagné… Si des batailles tombaient… Il regretta subitement de n’avoir pu s’entraîner lorsque Mullan le lui avait suggéré et s’évertua à passer en revue les divers sorts mis à sa connaissance… Reparo… Qui n’avait eu aucune utilité particulière, sinon prétendre à sa magie devant deux Attrapemorts. Imperio qui permettait le contrôle d’autrui. Endoloris qui procurait la souffrance… Reparo. Imperio. Endoloris. Reparo. Imperio. Endoloris… Il se les répétait à tue-tête, les mots presque sur les lèvres dans qu’ils pénétraient dans une grande pièce où un groupe d’une vingtaine de personnes discutaient, habillés de robes aussi violettes que celle qui les recouvrait. Leur entrée subite décrocha soudainement une attention concentrée dans la pièce, plongea le brouhaha ambiant dans un silence lourd. L’ambiance semblait agitée. Visiblement, en cheminant ainsi Tickeness outrepassait Preminger nota qu’une partie des sorciers non loin d’eux crispaient leurs mains sur leurs baguettes. Ils attendaient quelque chose. Ils les attendaient, comprit-il. Des espions, des marionnettes, des traîtres. Tous prêts à agir. La porte s’était refermée brutalement par un sort lancé par Mullan.
- « Le conseil n’est pas encore terminé. Vous êtes en avance Tickeness » grommela une voix à l’autre bout de la pièce.
Elle appartenait à un sorcier affublé d’une crinière châtaine un peu hisurte qui lui donnait l’air d’un vieux lion… Les yeux crépitants, il s’était relevé de son siège tandis que Tickeness répliquait amorphe :
- « Non…En réalité, il est Grand Temps. »
Comme précédemment, tout s’était passé d’un bond. Il avait vu une nouvelle fois Tickeness sortir sa baguette magique. Les éclairs avaient fusé et un capharnaum explosa dans la salle. Loin de faciliter leur fuite… La situation l’aggravait. Des sorts enveloppaient les environs dans une nuée lumineuse, au gré de cris, d’insultes, de courses.. La tâche s’avérerait plus ardue… Ceux qui ne s’étaient pas ralliés dégainaient promptement, ripostant sorts sur sorts. Il vit une sorcière aux cheveux grisonnants terrasser d’un éclair de lumière verte un homme brun et fier, sous le hurlement d’une autre. Une tête heurta le sol non loin de ses pieds et Preminger constata qu’il était demeuré là. Au milieu du chaos. Au milieu de tout, sans esquisser le moindre mouvement autre que celui de se tourner vers Alexis. Il saisit son poignet, agitant la tête autour de la bataille qui semblait les envelopper sans cependant les toucher.
- « VITE ! Vite ! » dans une course subite, il l’avait entraînée derrière lui, courant vers les longues colonnes de marbres qui garnissaient la salle, non loin des fenêtres. Y atteignant une, il y apposa la main, ramenant la jeune femme jusqu’à lui dans un glapissement sec :
- « Trésor Nous devons partir...Le plus vite possible… Aaah » Il se projeta contre le marbre, attirant la jeune femme dans sa panique, évitant un jet lumineux qui avait fusé dans sa direction. Son dos heurta le mur, provoquant un grincement de douleur et de panique. Il ne désirait rien d’autre que disparaître, devenir invisible, saisi d’effroi à l’idée d’être traversé par l’un de ces éclairs verts mortifères. « Sors moi de là…Sors moi de là » marmonna-t-il…
Il tâchait de résister à la panique qui impulsait ses jambes à partir à la volonté en direction des portes qu’il devinait closes… Les fenêtres… Non, il ne fallait pas y penser, il se trouvait au 5ème étage… La moindre chute et ça serait… Cela serait… Alexis… Son bras gauche s’était refermé sur elle, la plaquant contre lui, rempart et muraille. Sa survie. S’ils les surprenaient.. Mais pourtant, il ne la lâcha pas pour autant, préférant porter le regard sur les environs. Il y vit Mullan s’adonner en combat singulier contre un individu doté d’une barbe noire et longue, tandis que renonçant à prendre part au combat, un individu fuyait son acolyte pour se rapprocher d’eux… Les surprenant du regard, déjà, l’individu levait sa baguette…Agrippant Alexis de sa main gauche, Preminger visa l’adversaire en hurlant :
- « Endoloriiiiiiiiiiiiiiis »
Un jet léger s’échappa de sa baguette frappant l’homme en pleine face, le projetant au sol, arrachant un cri de joie à son auteur. Il ignorait ce qu’il fallait faire, ne pensait qu’à y parvenir, à maintenir le lien, à prolonger la douleur, le pouvoir qui lui arrachait un ennemi. Il avança maintenant encore la brune contre lui pour avancer vers sa victime. Un cri l’en tira néanmoins :
- « Venez ! Il est à nous, Dorian ! »
Sentant le regard de Mullan parcourant la salle, il lâcha la « Sang-Mêlé, rompant son sort, pour tourner la tête vers l’endroit où provenait le son. Tout à son ton arrogant, son « allié » ne semblait pourtant pas en si merveilleuse posture. Le Ministre de la Magie ripostait vertement et il comprit ce qu’attendait Mullan de lui. Qu’il vienne… Qu’il lance l’Impero avec lui… Qu’il s’engage en duel… Il sembla que ses genoux se dérobaient sous lui… Quoiqu’il fasse...il signerait potentiellement son arrêt de mort… BAM ! Les portes pourtant closes venaient de valser sous un sort, révélant deux silhouettes. Non revêtus d’une tenue violette, délaissant la couleur pour des habits noirs et sobres, un homme et une femme se tenaient là. Un murmure haineux avait parcouru ses rangs à leurs apparitions…
- « Hestia...Jones... » avait murmuré Mullan dans un rictus colérique. Il envoya un sort valser contre le sort de protection que la femme avait activé devant elle, pestant de son échec. « Mais comment ? » - « Yaxley… Ca faisait longtemps...Pas assez à mon goût... » commenta-t-elle froidement « Stupéfix ! »
Mullan… Yaxley… Visiblement le premier nom était un faux… Malgré le moment de flottement provoqué par leur apparition, les combats avaient repris de plus bel aux alentours, Tickerness combattant notamment le Ministre l’acculant contre le mur. Pendant ce temps, le sort de la nouvelle venue s’était à son tour vu déjoué par le grand blond, dans un cri subitement transformé en rire agressif qui secoua bientôt la poitrine de Mullan. - « Ca ne fera que deux trophées de plus ajoutés à notre tableau de chasse, pas vrai, Dorian ? » - « Oh compte-tenu du fait qu’il nous appelé, je crois que non...Oh vous n’étiez pas au courant Yaxley ? Votre ami appartient à l’Ordre ! » - « Sale TRAITRE !!!! »
Il fallait dire qu’à cette instant précis...Preminger ne comprenait plus rien. L’Ordre ? Traître ? Qui ? Lui ? Traître à son camp ? Comment ? Il n’avait rien trahi du tout… Enfin si mais… Mais pas pour le camp du bien ! Il ouvrait déjà la bouche paniqué : - « Mais voyons Mull..Yaxley vous n’y pensez pas !...Elle ment c’est évident. » - « Le Maître reconnaît ses fidèles, Dorian… Et lui ai promis que je lui offrirais Scrimgeour vivant...et la tête du traître. »
Déjà brusquement Yaxley avait relevé sa manche révélant son tatouage, parant d’un mouvement le sort de la sorcière, et d’un geste subitt….appliqua ses doigts sur la marque noire.
Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
| Avatar : Kaya Scodelario
Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Le voyage en ascenseur m’avait semblé interminable. Je m’étais contenté de regarder vers le sol, bien loin du regard du blond qui me terrifiait toujours autant. Erwin avait supposé pouvoir être un traître, j’espérai juste qu’il ne soit pas un Mangemort. Il y avait “traître” et “traître”. Ceux qui complotait pour avoir une meilleure place n’avait rien à voir avec des terroristes extrémistes de la pureté du sang. Pourtant, il n’avait pas semblé réagir plus que cela à ce que je lui avais des alliés du “Seigneur des Ténèbres” ni à la marque qu’il devait porter sur l’avant-bras. J'avais donc supposé qu’il cherchait ici juste à s’immiscer vers de nouvelles sphères de pouvoir, pensée qui me ramena en un frisson aux paroles du Clown au milieu de l’Atlantique. Mais ce qu’était Erwin avait bien tôt fait de disparaître de mes pensées en entenant ce “Mullan”. Qu’avait-il fait de son Auror ? Il semblait en parler sans s’en soucier, avec une certaine froideur et cruauté qui laissait transparaître une possibilité de s’en être définitivement libéré. Quant au ton de confidence qu’il employait avec Erwin... mes pensées revenaient alors sur lui, sur sa place à jouer dans tout ça. S’il en était un, la situation me semblait presque insoluble. On devait rester ensemble alors que j’étais une Auror et une Sang-mêlée, il était évident que son camp chercherait à me tuer. Et que lui arriverait-il à LUI lorsque les Mangemorts verraient que sa plus grande spécialité magique était la “Tasse art déco” ?! Il m’avait pourtant demandé de le laisser gérer, de lui faire confiance en somme. C'était inédit pour moi, jamais jusqu’alors je m’étais autant reposé sur lui. Nous avions toujours travaillé en équipe. Le laisser faire me demandait beaucoup de contrôle et d’énergie. J’étais une boule de nerfs, je me devais d’agir quand je m’en sentais l’opportunité et le laisser gérer dans un monde où il ne connaissait rien me semblait suicidaire. Mais il m’avait demandé en quelque sorte de lui faire confiance et je lui faisais confiance. On s’était sorti de situations toutes aussi périlleuses, ce n’était pas pour s’arrêter en si bon chemin. J’avais la sensation qu’Erwin tenait en la vie plus que n’importe qui d’autre et cette pensée m’avait autant bercé que la main qu’il avait posé dans mon dos quand nous avions croisé “Mullan” devant l’ascenseur.
Mais la suite n’avait pas été de tout repos. Tout s’était enchaîné si vite que j’avais dégluti en sentant l’épaule d’Erwin frôler la mienne, dégluti quand nous avions fini par entrer dans le bureau. On était deux contre deux... Lufkin et moi contre Tickenesse et Mullan... je laissais délibérer Erwin hors de tout comptage de par ses “prouesses” magiques mais en réalité je me voulais la face : ils étaient plus nombreux parce que j’avais une faiblesse de taille : le ministre que je devais protéger. Sans compter que je ne savais pas jusqu’où ma magie était capable de me porter. Sans trop d’insistance, j’avais laissé mon regard vagabonder dans la pièce à la recherche de mon coéquipier. Il était censé protéger Lufkin et bien que j’avais accepté d’un hochement de tête la demande d’Erwin de ne pas me soucier des autres que nous, je m’inquiétais quand même de son sort. Il avait l’air gentil. Un sang-pur, Serpentard de surcroît qui n’était pas du mauvais côté par les temps qui couraient, c’était rare. Il lui était soit arrivé quelque chose, soit il faisait partie de cette vaste mascarade. Je refusais d’y croire. Il m’avait touché, il semblait sincèrement m’apprécier... il était soit un très grand acteur, soit il était en danger...
J'avais reporté mon attention sur Lufkin lorsqu’elle m’avait parlé, papillonnant des yeux. Je n’avais plus vraiment suivi la conversation, perdue dans mes pensées, comme sur pilote automatique. J’avais passé ma langue sur mes lèvres pour les humidifier, gagnant du temps pour me permettre de me souvenir de ce qui venait de se dire. Erwin était grillé, elle le soupçonnait. Elle me demandait mon avis, ah oui, c’était ça ! Pourtant, avant que j’eu le temps d’ouvrir la bouche, tout s’était enchaîné. La femme s’était faite maîtriser et j’avais vu l’homme que j’aimais se tourner vers moi avec un air si déterminé qu’il m’avait effrayé instantanément. Croisant son regard, je m’étais rigidifié à la seconde où je l’avais entendu prononcer la formule. J'avais hésité. Au moment où il s’était tourné, j’avais hésité, un instant de trop, à sortir ma baguette. C’était ce qui expliquait qu’il avait désormais l’ascendant sur moi, incapable de lancer un Protego pour me défendre. Je ne l’avais pas quitté des yeux, mon air devenant glacial tandis que le sort fusait vers moi. Il ignorait tout de ce monde, il ignorait que c’était un sortilège impardonnable mais je refusais de le prendre pour plus bête qu’il ne l’était. Il avait largement eu le temps de comprendre ce que ce sortilège me ferait et pourtant... et pourtant rien. J’avais senti le sort caresser une mèche de cheveux avant de partir s’écraser plus loin en silence. Mes yeux avaient vrillé une fraction de seconde vers sa baguette pour voir enfin ce que je n’avais pas vu jusqu’alors... il avait volontairement dévié le sort. Il avait sans aucun doute dû voir un éclat de soulagement dans mes yeux tandis que ses deux prunelles dorées avaient brillé avec une telle intensité, me ramenant à la promesse que je lui avais faite : le laisser gérer, lui faire confiance. J'avais alors expiré lentement l’air de mes poumons tendant de détendre tous les muscles de mon corps afin de faire le vide et simuler le sort. Mes yeux avaient dévié de leur trajectoire, se posant sur le mur en face de moi, juste au-dessus de l’épaule d’Erwin pour me donner cet air de pantin envoûté qu’avaient chaque personne sous l’emprise de l’Impero.
Le plus dur était pourtant à venir. C’était si dur de ne pas bouger, de ne pas réagir à ce qui se passait sous mes yeux. J’entendais la pauvre chef du département hurler de tout son saoul sous la torture, jusqu’à en perdre connaissance. Mon rythme cardiaque s’était accéléré, je sentais ma gorge se serait et l’envie de sauter à la gorge de Mullan devenait de plus en plus prenante. Comment Erwin faisait –il pour garder son calme et observer la scène comme si de rien n’était ?! J’avais réprimé un soupir de soulagement lorsqu’il avait décliné l’offre de son complice de la torturer à son tour mais je n’avais pu m’empêcher de déglutir discrètement en l’entendant lui demander pourquoi l’Impero était si utile sur ma personne. Ma baguette était toujours placée dans ma poche, faire un geste vers elle était beaucoup trop risqué mais je devais admettre qu’il se débrouillait bien avec ses excuses, même si j’avais senti mes poils se hérisser et une goutte de sueur froide glisser le long de ma colonne lorsqu’il lui avait sous-entendu qu’il pourrait s’amuser à ma torture si je me sortais de ces combats. Je savais que c’était faux, que c’était juste un masque pour le spectacle, mais le ton était si convaincant. Il ne faiblissait pas, il n’y avait aucun doute dans le son de sa voix, aucun tremblement. Il semblait presque véritablement déterminé à me faire du mal et à en tirer un plaisir malsain. C’était comme si brusquement, je voyais l’ombre qui menaçait dans ses yeux éclater au grand jour. J'avais envie de bouger, de hurler sans pourtant le pouvoir, comme prise au piège dans une paralysie du sommeil.
Je n’avais pu échanger aucun regard avec Erwin et j’avais mon possible pour ne pas l’essayer, de peur de nous griller l’un et l’autre. Je m’étais contenté d’avancer calmement à sa suite, tentant d’avoir l’air aussi apaisé que les deux autres qui nous ouvraient la marche. J’avais alors enfin sorti ma baguette de ma poche, comme si Erwin me l’avait demandé, marchant jusqu’à la porte qui nous menait vers une mort certaine. En moins de temps qu’il n’en avait fallu pour le dire, nous avions fini à l’intérieur et j’avais pu voir Mullan coller la porte derrière nous. C’était fini. On était foutu. Je tentais de me souvenir de tous les sorts qui me seraient utile, priant le ciel pour que je sois aussi bonne en duel que je pouvais l’espérer l’être. Ça ne devait pas être plus compliqué qu’un combat à l’épée, je tentais de m’en convaincre tandis que les premières explosions éclatèrent autour de nous, dans un bruit étouffé. J'avais baissé les yeux vers mon poignet lorsque j’avais senti Erwin s’en emparer, m’entraînant à sa suite. Il n’était apparemment plus question de jouer à la soumise mais bien de s’en sortir coûte que coûte. Je m’étais alors mise à courir, hurlant en sentant un sort verdâtre me barrer la route, tandis qu’Erwin me ramenait à lui, dos au mur. Un morceau de colonne explosa jusqu’à côté de nous :
- Protego !
J’avais lancé le sors en direction des gravats qui nous arrivaient dessus, un bouclier bleu se dressant devant nos deux corps pour nous protéger.
- Sors moi de là…Sors moi de là... - Je fais ce que je peux !
Je l’avais balancé entre mes dents, sans doute aussi paniquée que lui. Du coup de l’œil, un mangemort s’était jeté vers nous, baguette en avant et j’avais réagis à l’instinct :
- Stupéfix !
Le sort s’était dirigé directement sur sa poitrine et l’homme s’était retrouvé projeté en arrière avant de s’écraser contre le mur, inanimé. Prenant la main d’Erwin dans la mienne, je lui avais hurler :
- Baisse la tête, faut qu’on rejoigne la porte ! Protego !
Un nouveau sort nous était arrivé dessus et j’avais tenté de nous en protéger avec succès. Je n’avais aucune idée de ce que nous devions faire. Même si nous parvenions à sortir de cette salle vivants, ça ne me disait pas pourtant comment on allait réussir à sortir du monde des sorciers et le chaos ambiant n’était absolument pas propice à la réflexion. Il y avait un brouhaha ambiant assourdissant, mélange de sorts hurlés, d’insultes crachées, de cris de terreurs. La salle s’était emplie de plusieurs couleurs tandis que les sorts fusaient dans tous les sens et il devenait de plus en plus difficile d’avancer à mesure que la poussière se soulevée, due aux explosions en tout genre autour de nous. Au loin, j’avais aperçu Scrimgeour qui semblait se battre avec une hargne impressionnante. Il avait une dextérité qui m’impressionnait et je pouvais voir qu’il était accompagné de plusieurs Aurors qui luttaient sans faiblir. Pourtant, je connaissais déjà l’issue de ce combat, aussi héroïque était-il.
- Endoloriiiiiiiiiiiiiiis - Erwin, non !
Ma plainte s’était évanouie dans l’explosion d’une autre colonne de marbre. Je m’étais senti attirée contre son corps, ce dernier me maintenant fermement contre lui. Terrorisée, j’observais sa victime hurler sur le sol, abasourdi. Ce n’était pas un sort que l’on laissait à la légère. Si j’avais pu imaginer qu’il n’avait que tenté de le reproduire par mimétisme, sa prononciation revenant souvent autour de nous, j’étais sidérée de voir qu’il était parvenu à en faire un, et plutôt solide de surcroît, tu premier coup. Nous ne nous dirigions plus vers la porte, je le sentais tandis qu’il me maintenait toujours contre lui, nous avancions vers sa victime. Il n’avait pas relâché le sort, pire, il voulait le maintenir.
- MAIS QU’EST-CE QUE TU FAIS ?! - Venez ! Il est à nous, Dorian !
Ma voix s’était mêlée à celle de Mullan et il avait semblé bien plus réceptif à son appel qu’au mien. Me lâchant au passage, sans doute pour maintenir sa couverture. Tout se passa une nouvelle fois beaucoup trop vite pour mon cerveau, la proposition sur le ministre, l’explosion des portes qui m’emplit brusquement de joie, me précisant que je n’aurai pas à le faire et enfin Hestia Jones et son acolyte. On était sauvé... mais ça n’avait aucun sens... c’était pas censé se finir comme ça. Je n’avais plus de souvenir de si l’Ordre avait participé à cette bataille et si Hestia devait y mourir mais je n’avais pas vraiment le temps d’y penser que la suite me cloua sur place. Erwin ?! Membre de l’Ordre ?! C’était plutôt une bonne nouvelle d’un coup, moi qui commençais à me méfier sincèrement de cette noirceur que la magie révélait. Mais la joie laissa bien vite place à l’effroi lorsque je vis Yaxley relever sa main pour appliquer ses doigts sur sa marque :
- INCARCEREM !
Des cordes jaillirent de ma baguette pour se diriger droit vers le Mangemort mais elles ne l’atteignirent que trop tard, le faisant basculer après que l’appel fut donné.
- MERDE ! PUTAIN !
J’avais pesté les deux gros mots avec une telle violence qu’une sorcière cachée derrière un bureau depuis déjà plusieurs minutes m’observa outrée, comme si elle avait totalement oublié le combat qui faisait rage. Sans aucune douceur, j’avais agrippé la robe de sorcier d’Erwin au niveau de sa poitrine, l’attirant en avant pour le forcer à se remettre à courir :
- ON SE TIRE ! VI...
Je n’avais pas eu le temps de finir ma phrase. Je n’avais pas senti d’où était venu le sort mais en une fraction de seconde, ma main avait lâché la robe d’Erwin et je m’étais senti projetée contre le mur le plus proche. Je n’avais ressenti aucune douleur quand l’impact avait eu lieu parce que la douleur qui parcourait alors mon corps était au centuple. C’était insupportable. J’avais l’impression que tout mon corps se disloquait, mon être se dissolvait, tout en moi brûlait avec une telle hargne que seul le hurlement surpuissant que je poussais en continue parvenait à apaiser le bourdonnement horrible qui se jouait dans ma tête. Jamais je n’avais ressenti une telle douleur, je voulais juste que ça se finisse, que tout se finisse, que mon corps lâche et que je meurs, tout plutôt que de vivre ça encore une fraction de secondes.
Et puis la douleur s'était brusquement stoppée. Les yeux humides, les larmes roulant sur mes joues, le souffle court, j’avais tenté de chercher de mon regard brouiller ce que je savais déjà. Je ne pouvais m’estimer heureuse que d’une seule chose, que c’était un endoloris qui m’avait frappé plutôt qu’un sortilège de mort. A l’autre bout de la pièce, Lord Voldemort me toisait, la baguette toujours en l’air, avant de terrasser en un geste trois inconscient qui s’étaient risquer au combat. Les autres hurlaient, fuyaient autant qu’ils ne pouvaient par les portes grandes ouvertes. Mon corps tremblait tellement que je ne parvenais même pas à me relever ni même à ramper vers un abri. Il fallait que je me calme, que je me recentre. Gémissant malgré moi, hoquetant sous la douleur, j’avais glissé les yeux vers Erwin tandis que s’élevait la voix cruelle.
- Approche Dorian.
Petit à petit, le décor me semblait de nouveau plus visible et je constatais avec effroi que tout était désormais très silencieux. Il y avait beaucoup de cadavres autour de moi, les autres avaient fui ou s’étaient inclinés face au Seigneur des Ténèbres, seul Erwin restait encore debout, sans doute surpris par ce qui venait de se passer. Voldemort était brusquement sorti de mon champ de vision et j’en avais profité pour rampant avec lenteur, grimaçant à chaque douleur que cela me provoquait. Si Yaxley parlait, Erwin était fini et il était hors de question que cela arrive. Je l’avais vu s’approcher lentement, et quelques bruits me permirent de devenir que le Mangemort avait été libéré de son cordage et s’inclinait à son tour :
- Maître. Comme je vous l’avais promis. Le ministre, le ministère et le traître.
Le dernier mot avait été craché avec une telle violence que j’avais entendu un cracha non loin de moi, sans doute d’un Mangemort ou d’un allié encore agenouillé. A travers le meuble à moitié défoncé, je parvenais enfin à voir Erwin, lui aussi s’était agenouillé, sans doute sentant qu’il devait le faire, pour au moins tenter de garder un peu de crédit aux yeux de Voldemort. Mais je savais que ce ne serait pas suffisant. D’une voix glaciale et veloutée, la plus terrible de toute ses menaces, il avait demandé :
- D’après Yaxley ici présent, tu serais donc le traître tant recherché. Pourtant... jusqu’alors, tu m’avais juré une fidélité sans faille, n’est-ce pas Dorian ?
Le cœur battant, j’avais continué à ramper aussi vite que je pouvais pour avoir un meilleur point de vue sans risquer de me faire repérer. J'avais fini par me faufiler entre un bureau et une chaise renversée, légèrement cachée par une colonne de marbre. Dans un coin de la pièce, je pouvais voir le ministre tenu en respect, des Aurors morts autour de lui. Voldemort n’avait pas encore daigné l’observé, ses yeux rouge planté sur le dos d’Erwin, toujours agenouillé au sol. Non loin de moi, il y avait un Mangemort lui aussi en respect face à son maître. J’avais pointé ma baguette vers lui chuchotant pour éviter d’éveiller des soupçons :
- Petrificus Totalus.
J’avais remercié le ciel en voyant qu’il s’était pétrifié dans sa position, ne tombant pas sous le choc du sort. Personne ne pouvait alors voir qu’il était incapable de répondre de ses mouvements, me laissant un peu plus de champ libre. Il fallait que j’agisse vite, Erwin pouvait raconter tout ce qu’il voulait, j’étais prête à parier que le Legilimens qu’était le Seigneur des Ténèbres cherchait déjà ses réponses par lui-même, se délectant de la torture mentale qu’il lui infligé, l’obligeant à se débattre contre lui-même, dans ses excuses, comme un insecte se noyant dans de la mélasse. Erwin avait relevé la tête en direction de la tête de serpent, les yeux légèrement écarquillés sous la surprise et le stress ce qui ne l’empêcha pas de répondre d’un ton emprunté :
- Bien évidemment... Et je n’ai qu’une parole... Maître....
Il se stoppa un instant, pinçant les lèvres en offrant un regard à son dénonciateur avant d’ajouter :
- Yaxley, avec tout le respect que je lui dois surinterprète tout simplement mal les événements, il...a surréagit trop excessivement... - Il MENT ! Il a prévenu l’Ordre ! Hestia Jones a...
Voldemort avait levé une main, intimant le silence de Yaxley immédiatement tandis que ses yeux rouges flamboyaient d’une fureur toujours maîtrisée.
- Ainsi donc, tu aurais prévenu nos petits amis de l’Ordre du Phénix ? Voit comme ils sont heureux de s’être joints à nous Dorian !
Il avait montré d’un geste du bras le corps d’Hestia et son acolyte autant tenu en soumission que l’était le Scrimgeour.
- Mais tu n’aurais jamais eu la bêtise de me trahir, n’est-ce pas Dorian ? Ni même de me mentir en ce moment-même ? Je m’interroge... qu’aurait pu donc pousser Yaxley a... “surréagir trop excessivement” au point d’inventer apparemment le fait que Jones t’aurai annoncé dans leur camp ? Ne me mens pas Dorian, Lord Voldemort sait toujours lorsqu’on lui ment... Aies le courage de la petite sang-mêlé... elle l’aurait eu elle... bien qu’elle le paiera de sa vie...
J'avais vu un sourire malsain et cruel se dessiner sur son visage tandis que certains mangemorts ricanaient entre deux, faisant raisonner leur gloussement en écho dans la pièce silencieuse. de son côté, Erwin avait blêmit à vu d'œil face aux corps d'Hestia :
- J’ai dit qu’il surinterprèterait pas qu’il mentait! Je ne suis pas dénué de...maladresse dans cette affaire. En vérité...en vérité...
Il avait levé les yeux aux ciel en se mordant la lèvre comme s'il priait et tentait le tout pour le tout :
- En vérité j’ai effectivement prévenu l’Ordre. Ils nous soupçonnaient... me soupçonnait Alors j’ai menti! Je ne pouvais pas prendre le risque d’être arrêté. Ou tué avant de..pouvoir ...vous servir. Alors je leur ai effectivement donné des informations. Mais très surfaites. Preuve en est...ils ne sont que deux! Ils seraient venus en nombre sinon. Et Nous en sommes venus parfaitement à bout... deux de vos ennemis hors d’état de nuire, Maitre! Je suppose que j’ai fait ça pour sauver ma vie.. et j’espérais...
En une fraction de seconde la baguette de Voldemort avait fendu l’air et le hurlement surpuissant d’Erwin avait raisonné dans toute la pièce dans un fracas assourdissant. C’était presque pire que de le subir soi-même. Il n’y avait rien de pire que d’entendre l’être aimé dans une telle détresser. La fureur montant en moi, j’avais pointé ma baguette, droit vers le sol devant Voldemort avant d’hurler :
- BOMBARDA MAXIMA !
La détonation avait été si puissante qu’elle avait soufflé le Seigneur des Ténèbres et tout ce qui se trouvait à côté pour derrière lui, faisant s’écrouler au passage une bonne partie du sol entre lui et le corps d’Erwin, toujours prit de convulsion.
- Levicorpus !
Je m’étais levée brusquement, ramenant ma baguette vers moi. Le corps d’Erwin fila dans les airs dans ma direction et je n’avais pas attendu une seconde de plus pour me diriger au dehors avec lui, courant comme une dératée à la recherche d’un ascenseur, soudainement prise de sanglot face à la peur qui me submergeait. J’avais poussé un hurlement en voyant Yaxley transplané devant nous, bien décidé à nous ramener vers son Maître qui avait dut s’intéresser entre temps au cas du ministre.
- Avada Kedavra ! - Stupéfix !
Nous avions envoyé nos sorts simultanément mais si mon sort avait atteint sa cible, l’envoyant valser plus loin, assomé, le sien n’avait pas abouti... pour la simple et bonne raison qu’une masse noire avait surgit droit devant moi pour faire bouclier. Le corps était alors tombé au sol, lourdement et j’avais pu voir la vie brusquement quitter le visage de Nicholas.
- Ooooh... Non... Non non !
Complétement bouleversée, je m’étais agenouillée à côté de lui, les mains tremblantes pour toucher son visage aussi froid et dur que le marbre. Il n’y avait rien à faire contre le sortilège de mort, il était inévitable et impossible à inverser. Je n’avais même pas eu le temps de voir par où mon ami Auror avait surgit mais il l’avait fait, pour me sauver la vie, pour nous sauver la vie. Bouleversée de cette nouvelle, j’avais étouffé un sanglot mais un craquement sonore m’avait stoppé net. J’avais alors vu un elfe de maison s’approcher de nous en trottinant, visiblement ravi de nous voir. A côté de moi, Erwin, libéré de son levicorpus commençait à reprendre possession de son corps :
- Oh, Alexis Enora Child ! C'est un honneur de vous rencontrer, mademoiselle ! Je m'appelle Poarchy on m'a envoyé pour vous ramener à la maison ! Vous, et Monsieur Dorian bien évidemment ! - ILS SONT LA !
J’avais entendu des bruits de pas précipités avancer vers nous mais l’elfe de maison semblait sûr de lui. Avec un sourire malicieux, il claqua brusquement des doigts et le décor changea brusquement.
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
Le froid, la peur, la souffrance. La Mort. Longtemps, ces dangers avaient été des spectres lointains, fantomatiques glissants sur la vie des autres sans jamais s’arrêter sur sa vie inaltérable.. Seulement, jadis en avait-il éprouvé les peurs vite chassées par la lueur brillante que l’astre solaire portait sur son existence. Puis, les jours n’avaient été qu’une joyeuse succession de succès tous plus beaux et superbes, s’élevant dans les strates et les sphères du pouvoir jusqu’à le surplomber. Même Storybrooke l’avait épargné, lui offrant le meilleur, le protégeant du malheur. Le Destin l’avait conduit alors, guidant ses pas jusqu’à des sentiers glorieux… Tout… Tout jusqu’à cette misérable aventure d’il y a quelques mois à peine, cette traversée morbide jusqu’au ventre glacé de l’Océan. Cette fois-là et cette seule fois encore, Preminger avait craint pour sa vie, paniqué à l’idée qu’un coup du sort puisse l’extirper injustement de ce qui lui revenait de droit. Mais là… Face au spectre blanc de craie, face aux yeux rouges sanglants, il avait ressenti à nouveau cette crainte lui tenailler le ventre. La cause venait d’elle-même, elle n’émanait pas de son ennemi, de son « Maître » lui-même… La magie. Il n’avait jamais autant haït en être dépourvu ou si faiblement. Parce qu’elle l’avait cloué face contre terre, stoppant ses invectives, ses mensonges et ses déductions. Et il n’était sorti de ses lèvres, qu’un premier cri tandis que le mal s’infiltrait dans son cerveau. Heurter le sol violemment lui avait causé un impact dont il n’avait même pas eu conscience, sous l’effet de l’implacable souffrance que résonnait en lui. Son corps s’était tendu dans une crispation horrifiée tandis que des langues de feu s’enroulaient autour de chaque membre, le mordant à sang. Et pourtant… Et pourtant.. Endoloris ne faisait que simuler la brûlure mais chaque parcelle suppliciée la vivait pourtant, comme mille braises s’enfonçaient dans la chair meurtrie, la meurtrissant… Plus que dans la douleur physique, il lui semblait se voir ancrer en lui-même la perspective d’une mort possible qui brisait alors l’ensemble de ses projets. De son avenir. Jamais son esprit n’avait envisagé l’échec ni même le risque, chaque déconvenue venait comme une surprise, un obstacle mais non un blocage infranchissable. Et là, alors que son corps extirpait des sons de souffrance jamais encore imaginés, son esprit ne parvenait plus à réfléchir. La douleur, la panique aussi voilaient sa lucidité… Ne restait que la douleur, la peur… Que cela cesse ! Et pour que cela cesse, il aurait donné n’importe quoi. Préserver sa vie. Mais il ne pouvait même pas formuler « grâce », sa chair meurtrie n’émettait que des plaintes, faisant perdre à son esprit, sa conscience presque. Jusqu’à ce que tout cesse, brusquement. Sans diminuer pourtant les convulsions profondes qui agitaient son être… Il ne ressentait rien. Rien qu’une souffrance abominable qui bien que ne s’infiltrant plus en lui, avait tout de même encore pris possession de l’entièreté de son être. Floutant ses repères, sa vision, ses sens. Il lui semblait s’élever dans les airs…. Le Ciel terminait-il son calvaire ? Les Anges venaient-ils le sauver en nuée, pour lui offrir la Gloire ? Il entendait jaillir dans l’air des paroles latines, dont il ne percevait pas le sens. Et toujours cette étrange sensation de flottement… Comme en suspension. Il flottait….mais ne s’élevait pas… Et la douleur...La douleur fusait dans son corps comme s’en évaporant lentement, s’extrayant de sa personne comme une nuée de poussière dense… Derrière cette souffrance marquée, son mental s’ébrouait encore. Lui qui avait tant et tant lutté, exigé, attendu, luttait encore. Et il bougea un peu, comme s’éveillant, l’esprit vague, distinguant une nuée de couleurs rapide, effrénée, danser sous ses yeux, soulevant son coeur jusqu’à la nausée. Ses pieds heurtèrent le sol et il lui sembla un peu distinguer au milieu des étincelles, la silhouette familière d’Alexis. Rêvait-il ? La dernière fois qu’il avait aperçu la jeune femme, elle avait lâché le pan de sa tenue pour heurter le sol, en proie à des hurlements. Il s’était retourné, sous l’impact de sa chute, pour observer tétanisé la jeune femme hurler au sol. Avait hésité pêle-mêle dans le feu de l’action, effrayé à l’idée de creuser sa chute s’il tentait de la secourir et tétanisé pourtant. Puis, tout était arrivé si vite. Dans l’effet général, il avait perdu le contrôle du reste de la situation, des choses, lorsque l’effrayant fantôme blanc avait empli son champ de vision. A présent… Etait-elle morte ? Avaient-ils été tués tous deux, chacun à leur tour ? Ou secourus ensemble ? Il l’ignorait et son esprit forçait pour le comprendre. Et il semblait…. Qu’ils étaient en vie. Une bouffée de soulagement aurait pu le secouer si son corps ne s’était pas trouvé si faible…Et son esprit si hagard. Aussi, restait-il là, au bord de l’évanouissement, les jambes flageolantes, les veines douloureuses. Comme revenant de l’Enfer. Sûrement l’endroit ressemblait-il à cela… Il frissonna sporadiquement, tandis que sa vue s’éclaircissait un peu, s’élargissant en plus d’Alexis, et il risqua un pas vers elle, pour mieux agripper sa manche, maladroitement. Elle constituerait un appui jusqu’à son prompt total recouvrement. Son être presque se regroupait dans cette étreinte… Ce qui n’empêcha pas sa bouche d’exhaler un presque cri, pourtant dénué de son, lorsqu’un petit être très laid, très sale et mal vêtu apparu devant eux. Un serviteur de l’horrible fantôme, sûrement. Il manquait de reculer, tentant d’emporter sans force Alexis, dans sa réaction, lorsque l’être claqua des doigts. Et le décor changea brusquement… Le notaire recula une nouvelle fois et il pâlit à nouveau, après la valse dérangeante que la téléportation avait provoqué superposée aux effets récents de sa torture…. Ses yeux se posèrent néanmoins sur un tableau incrusté au mur. Son mur. Le mur de l’appartement dans lequel, il recevait parfois sa maîtresse. Celui-là même qu’il avait quitté au creux de la nuit alors qu’elle dormait encore. Il cligna des yeux, pestant contre sa vue chancelante, encore incertaine, pris d’une peur d’un piège. Fermant les paupières, il chercha des bras le poids qui se pressait contre sa poitrine, y reconnaissant l’odeur, la chaleur d’Alexis. Elle était réelle, il en était certain. Et elle se pressait contre lui non par effroi mais par soulagement, posant les premiers jalons de « détente » dans le cœur de l’ancien ministre. Plus encore que son corps pressé contre le sien, il sentit bientôt ses baisers, ses pleurs, ses tremblements qui jumelaient les siens. Elle avait vu de près la mort, elle aussi. Et plus qu’elle ne pouvait le supporter : l’attaque contre lui. Sûrement, sa survie venait son œuvre.. Il ignorait comment… Qu’importait. Il vivait et c’était le principal. Par réflexe, sa main droite était remontée jusqu’aux cheveux bruns et bouclés de la jeune femme, y suivant les boucles impromptues et irrégulières de la jeune femme, dont il appréciait les contours sauvages et désordonnés, y trouvant alors un repère rassurant. Son autre main trouva son dos, s’y glissant lentement, loin de toute étreinte charnelle, il n’y cherchait qu’un point d’ancrage, loin de l’horreur vivace encore. Seulement alors, ses lèvres s’entrouvrirent, murmurant des questions décalées, posant son menton sur le sommet de sa tête.
- « Où sommes-nous »
Il le savait. Ou plutôt l’espérait. Une confirmation plus qu’être de mise, devenait nécessaire. Et plus encore, l’envie intrinsèque de se savoir en sécurité. De se savoir en vie. Aussi sain et sauf que possible…
- « Ton appartement. On est dans ton appartement. C’est fini »
Qu’était-il arrivé ? Que faisait-il là ? Par quel miracle ou sorcellerie ? Comment expliquerait-il cette disparition à son épouse ? Serait-il en retard à son rendez-vous ? Toutes ces interrogations lui passèrent cependant par dessus la tête, vides d’importance encore. Face à l’importance de sa survie et de sa santé. Elle semblait le penser. Soulagée. Sans, ne serait-ce qu’une pointe d’horreur liée à sa personne dirigée à son encontre. Effrayée, soulagée, oui, terrifiée par les récents événements aussi. Mais horrifié des séquelles non… Cela le rassura… Un peu.
- « Nous sommes revenus…sains et saufs... » proféra-t-il lentement, comme pour laisser l’information et la conviction s’inscrire dans son esprit. Il revenait à lui, tremblant encore nerveusement sous l’effet de la douleur. Comme sortant d’une violente léthargie forcée. Grimaçant à l’idée de la douleur éprouvée il y a peu, il émergea un peu la tête de la chevelure de sa maîtresse non sans inspirer une nouvelle fois son odeur dans les cheveux de cette dernière. C’était fini…. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il semblait que la souffrance n’avait été que mentale… Comme celle qu’il avait infligée à ce petit individu quelques minutes auparavant sous l’oeil choqué d’Alexis. Ce qui signifiait… Il trouva le courage de ramener sa main à sa préoccupation principale… Son propre visage, prenant le temps de palper les contours, les trouvant vierges de défauts, vierges des brûlures sinueuses que la torture avait suggéré. Au contraire ne rencontra-t-il que sa peau lisse, parfaite, douce. Elle l’aurait vu, aurait pleuré sur sa beauté encore… Mais elle était inaltérable.
- « Nous sommes…..sains et saufs » il l’avait articulé avec un son de surprise peu près à s’évaporer, mais avec une joie réelle. « C’est fini…. C’est. Fini. »
Sa main quitta son visage, pour venir se loger contre l’autre, entourant le corps de la jeune femme. Il descendit alors son front pour le coller au sien de la jeune femme, les paupières toujours closes sur le monde, songeur… Le reste ne comptait pas.
- « Nous avons survécu, Trésor »…
Et c’était l’essentiel. Et une évidence. Ils devaient vivre. Lui, parce que tel était sa Destinée. Elle, parce qu’elle était débrouillarde. Bien que les événements soient restés particulièrement flous dans son esprit, il devinait qu’elle devait être à l’origine de son sauvetage. Il n’en n’attendait pas moins d’elle, n’importe qui l’aurait fait pour lui, mais peu y serait parvenu. Elle possédait l’astuce suffisante et la ressource pour puiser au fond d’elle-même la force de l’accomplir. Il ouvrit les yeux lentement observer ceux, fermés de sa compagne. Les traces humides ravageaient ses joues, par la peur de le perdre sûrement et la sincérité de son effroi se révélait touchante. Comme sentant son regard, elle ouvrit les yeux avec douceur pour le retrouver. L’intensité des événements, l’effroi encore palpable, le soulagement ensuite se transférait dans ses iris jusqu’aux siens… Et elle finit par interroger à mi-mot :
- « Tu vas bien ? Tu...n’as plus mal ? J’ai cru qu’il t’avait tué…. »
Elle avait arraché la dernière phrase à sa propre bouche, se forçant à le formuler, chassant par ailleurs la vision atroce qui l’accompagnait, luttant contre les larmes qui se créaient dans ses yeux. D’ordinaire, il s’en serait délecté. Se serait ravi de ressentir à ce point toute l’importance évidente qu’il représentait à ses yeux. D’ordinaire, il aurait pu mettre en scène cet instant pour mieux le ressentir, s’en satisfaire, le vivre. Non par seule cruauté mais par délice de se voir si précieusement choyé. Et pourtant à présent, il ne parvenait même pas à s’en satisfaire. Un goût amer ternissait cette célébration, cette démonstration. Cela ne venait pas d’elle, au contraire… Elle avait joué son rôle à la perfection notamment dans ces moments dramatiques et il s’en trouvait fier. Fier de son habileté, fier de ce qu’il lui avait inculqué… Mais… La situation en elle-même… Il ouvrit la bouche, pour lui répondre sentant sa voix mourir au fond de sa gorge sans franchir ses lèvres. Hagard, il porta son regard très au loin, songeant à la perspective de la mort, au frémissement qu’il ressentait encore secouer son corps, à la peur viscérale qui devait se percevoir encore sur son visage… Il devait parler, il le devait. Allait-il bien ?
- « Non….J’ai l’impression que l’intégralité de mon corps vient d’être...irradié...disloqué, il m’échappe encore.. »
Sa voix blanche trahissait l’horreur qu’il avait vécu et qu’il vivait encore…. Il ferma les yeux vivement, paniqué. Qu’est-ce qui lui prenait ? Pourquoi se trouvait-il, pire, se montrait-il si vulnérable… Si effrayé ? Retourner dans les ténèbres, s’éloigner de la réalité, des yeux de sa maîtresse et de l’univers qui dansait tout autour… Il inspira lentement chassant le stress qui secoua sa poitrine. Pire qu’effrayé, il avait été terrorisé. Terrorisé qu’on ait pu ne serait-ce qu’oser porter atteinte à sa personne. Comment était-ce seulement possible ? Comment avait-on pu oser l’effrayer ? Pire le torturer ? Le TORTURER. Le mot avait enfin été pensé, provoquant un long spasme dans son organisme… Lui. Preminger… On avait osé le torturer. Le plier au sol, lui faire subir tourments, souffrances, cruauté… Lui faire envisager la perspective de la mort… Comment avait-on pu ne serait-ce qu’oser brandir contre lui cette arme cruelle ? Comment avait-on pu ne serait-ce que se permettre d’y songer ? Il trembla encore, mais ses sentiments changeaient… Plus que l’horreur à présent, une fureur nouvelle le secouait rageuse. C’était l’autre. Ce petit fantôme laid et sinistre. Lui qui avait osé viser sa beauté, sa perfection, porter atteinte à Tout ce qu’il représentait… Ce misérable petit cafard, cet être évanescent. Lui qui avait eu l’audace absurde de s’imaginer au dessus de LUI ? A cause de quoi ? De la magie ? Toute une tension pulsait à présent dans son être, furieuse, colérique. Il voulait, il réclamait vengeance. Il voulait que la Mort trouvât à l’instant ce cloporte. Qu’il puisse le piétiner avec dédain sous sa semelle avec insignifiance. Ou que la torture qui l’attende soit infiniment plus lente… Personne ne porterait la main sur lui. Personne ne le brutaliserait sans en subir les conséquences. La vengeance qu’il aurait…. N’adviendrait jamais. Il ne pourrait jamais retourner dans ce monde…. Ou alors…. Il prit néanmoins conscience de son manque de réaction totale et ouvrit les yeux, toujours secoué d’une fureur haineuse. La contrôla, glaçant sa rage dans une froide certitude :
- « Mais c’est fini à présent… » Ses yeux glissèrent jusqu’à elle, avec une retenue indifférente.
Il voyait à présent la scène comme hors de lui, comme un spectateur distant et tout lui sembla soudain désuet. Absurde. Hormis la certitude de sa supériorité. Un sourire s’était dessiné sur ses lèvres, dédaigneux, sombre.
- « Il ne m’a pas tué… N’est pas né celui qui aura ma vie…. » On ne le tuerait pas. On ne le tuerait jamais. Il accomplirait avant son Destin inéluctable. Sa main était remontée mécaniquement jusqu’à la joue d’Alexis, frôlant presque la peur matérielle incarnée par ses larmes. Le dédain tourna un peu en une compassion aigre. Pourquoi pleurait-elle ? Ne comprenait-elle donc pas qu’il était immortel ? Inatteignable ? et qu’elle avait été l’instrument le démontrant ? Remontant le long de sa joue, il décolla deux mèches de ses joues, essuyant lentement ses larmes « La mort ne m’arrachera pas à toi ».
Il voulait lui faire comprendre cette vérité simple. Un grand Destin l’attendait. Si elle pouvait s’effrayer, cette vérité, cette certitude possédait le pouvoir de sécher toute larme pour rejoindre l’allégresse de la victoire. Qu’elle ne doute plus de lui. Qu’elle ne craigne plus pour lui. Même si l’attention et le bouleversement prouvaient son attachement, ils lui rappelaient inlassablement l’orage colérique qu’il tentait de retenir et maintenir en lui tant qu’elle se trouverait à sa portée. Il ne souhaitait pas mettre bas le masque. Mais n’espérait presque qu’elle sorte pour pouvoir faire éclater sa rage franchement.
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
Alexis pour sa part avait écouté le début avec attention, l’appréhension teintant ses yeux d’une nuance inquiète. Mais alors qu’il l’observait alors lointainement, il nota la raideur presque subite de la surprise que dénotait son changement de comportement. Elle avait eut un recul instinctif lorsque ses doigts avaient frôlé sa peau… L’inquiétude avait changé de sens, remarqua-t-il, comme si la menace à peine voilée destinée à son tortionnaire l’avait heurtée de plein fouet. Si bien que ses yeux se retrouvaient accrochés au sien, comme le premier jour. Celui où la jeune libraire avait sondé son regard, sa confiance affiché, son sourire enjôleur, creusant, y cherchant avec méfiance l’ombre d’un risque… Effrayée, sous le choc. Elle ne s’était pas reculée pourtant et d’ailleurs, ne l’aurait pas pu. Son bras restant fermement posé sur le bas de sa taille, empêchant tout mouvement brusque. Elle ne se déroberait pas. Il ignorait quelle théorie étrange son cerveau éveillé formulait silencieusement sous son regard inquisiteur.
- « Je vais bien aussi d’ailleurs… Je te remercie de t’en inquiéter »… finit-elle par dire froidement. Le son de sa voix rauque ne lui arracha même pas une mimique cajoleuse. Il s’était attendu à beaucoup. Des soupçons, des critiques aussi. Mais ça ? Non. A une plainte quant à son intérêt personnel ? Grand dieu non ! Elle n’avait jamais autant ressemblé à la jeune femme qu’il avait rencontré dans son cabinet des mois auparavant. Celle dont il s’était amusé de sa méfiance, celle dont il s’était délecté de manipuler. Seulement voilà… Les circonstances avaient changé. L’eau avait coulé sous les ponts. Preminger là, ne ressentait nul besoin de feindre, ni de minauder. La moue instinctive qui s’était formée sur ses lèvres s’était agrandie, vite remplacée par un grincement transformé en pouffement dédaigneux. Osait-elle se plaindre sous son nez ? Amusant. Dans d’autres circonstances, cela l’aurait hautement distrait. Là il n’y voyait que l’actionnement dangereux d’un levier portant sur son humeur qu’il tentait pourtant de maîtriser à grands efforts. Il ne souhaitait guère exploser devant elle. Il ne possédait aucune envie de briser ne serait-ce que tout ce qu’il tentait de construire autour d’elle. Ni même la complicité qu’ils avaient. Mais….à cet instant précis, il ne parvenait pas à s’en soucier.
- « Pourquoi? Je ne m’en inquiète pas, Trésor ? »
Il l’avait déclamé avec une froideur désincarnée, vide. Bien loin du ton jovial qu’il pouvait adopter. Bien loin de la fantaisie étudiée et précieuse qui demeurait sa marque de fabrique. Là, dénuée, dépouillée de tout artifice, sa nature réelle ressortait bien plus. Elle n’avait pas semblé le remarquer. Elle n’avait pas tressailli autant qu’à la menace, préférant lui opposer d’un ton égal :
- « A première vue, je dirais plus que tu es agacé à l’idée de t’en soucier que de véritablement t’en soucier. J’ai subi la même chose que toi...enfin bref laisse tomber, je suis contente que ça aille »…
La première phrase était d’une vérité telle qu’il faillit en hausser les épaules avec indifférence. La seconde manqua de le faire ricaner. Subir la même chose que LUI ? Comment pouvait-elle dire de pareilles sornettes ? Oh il savait très bien ce qu’elle désirait...de la considération. Comme s’il ne lui en donnait pas déjà suffisamment ! De quoi pouvait-elle se plaindre ? N’était-elle pas déjà élevée ? Choyée ? Ne possédait-elle pas une place enviable ? Elle avait été torturée, certes… Mais PIRE : lui aussi. LUI. Le futur souverain du monde ! Comment ne pouvait-elle pas comprendre l’immense distance qui séparait le fait de se permettre de la torturer ELLE – certes sa maîtresse ce qui consistait déjà un acte qu’il ne comptait pas laisser passer – et LUI l’Homme a qui le Monde était destiné ? L’offense était d’une toute autre nature. Ne pas le comprendre effectuait une gifle à son endroit. Comment pouvait-elle comparer sa souffrance à la SIENNE ? Comment pouvait-elle ne serait-ce que se comparer à LUI ? Côtoyer le Soleil lui causait-il des lésions qu’elle songeait naïvement en voler des rayons ? Oh elle possédait son importance et elle valait bien mieux que nombre ici bas mais la considération s’arrêtait là. Là où sa propre personne entrait en jeu. Il aurait pu passer cette ignorance, ordinairement par un simple sourire altier… Mais...la fureur, la blessure provoquée par Voldemort était bien trop profonde pour l’égo du Roi. Le ton placide d’Alexis exacerba cette colère, s’installant comme indifférent à l’outrage violent que le sorcier avait commis sur sa personne :
- « Que ça AILLE ? » grinça-t-il avec humeur, à la fois interloqué et vexé. « Ca ne va pas. » ses yeux s’étaient rétractés, hostiles, et son ton s’était pincé. Il avait senti ses mains s’agiter plus nerveusement, tandis que l’une demeurait non loin de la joue de la jeune femme, il la lâcha presque, la toisant avec hauteur « C’est évident, non ? Je viens de me faire torturer par ce misérable sale petit fantôme blanchâtre » il l’avait craché avec un dégoût tourbillonnant de rage contenue pour se hâter de préciser, maîtrisant sa colère « « Nous » venons d’échapper à cet univers malsain et MOI de peu à la mort, je suis en train de récupérer ma conscience et mon corps….ET….. »
« Tu voudrais que ça AILLE !? » hurlait son subconscient. Mais il s’était arrêté net, conscient de sa voix montante et acérée, pour soupirer lentement. « Calme-toi… Calme-toi…. ». Il devait se calmer. S’il ne le faisait pas, tout était susceptible d’exploser et il ne le désirait pas. Ou du moins, il le regretterait. Surtout que les efforts à ajouter ensuite seraient des plus ennuyants… Rompant le contact oculaire avec Alexis, ses yeux se figèrent dans le canapé, avec une envie nouvelle de s’y laisser plonger, de sommeiller quelques instants pour reprendre pleinement conscience et maîtrise… Pour pouvoir regagner pleinement la maîtrise de théâtre. Et chasser sa rageuse quête vengeresse.
- « Je…. Je vais m’asseoir je crois. Tu devrais le faire aussi. »
N’était-il pas encore parfaitement bon pour lui proposer encore de demeurer en sa compagnie malgré les fantaisies ridicules qu’elle venait d’énumérer ? Parfois, il le pensait… Il la lâcha tout à fait, pour s’y diriger, pressé de s’y allonger. Et il y fut bien vite… Savourant le moelleux du canapé, la tendresse agréable de son velours et s’y étendit dans un soupir d’aise, laissant reposer une main sur son front fatiguée. Sa peau n’était pas froide mais la tiédeur de sa main suffisait à se sentir rafraîchissante. Bientôt se massa-t-il les tempes, s’étendant complètement sur le divan, laissant échapper un soupir d’aise mêlé à l’agacement. Alexis n’ayant pas suivi son mouvement, il aurait été des plus ridicules que de lui conserver une place là où il pouvait à l’inverse se prélasser. Et puis, il n’avait pas attendu. Presque aurait-il pu ressurgir dans ce silence si elle n’avait pas décidé de faire briser en éclat la quiétude de la pièce.
- « NOUS » avait-elle fini par articuler avec un certain calme mêlé de colère qui le força à tourner la tête vers elle. Nous ? Que voulait-elle dire par là ?
-« Nous nous sommes fait torturer par ce misérable sale petit fantôme blanchâtre, comme tu dis...T’en es-tu seulement rendu compte? »
Elle avait soufflé la dernière question, avec une certaine douleur choquée, qui manqua de lui arracher un soupir exaspéré. Bien évidement qu’il s’en était rendu compte qu’elle avait été torturé ! Pour qui le prenait-elle ? Un imbécile ? Il n’était pas aveugle. Il avait saisi à l’instant même où elle s’était arrachée à lui pour hurler au sol, non sans un geste de recul horrifié, terrorisé à l’idée que son mal ne soit contagieux. Malgré tout, la douleur qu’elle avait affiché avec tempéré ses ardeurs, ravivant en lui l’individu maîtrisé et calculateur, diminuant sa colère. Alors, il ouvrit la bouche pour la rassurer un peu. Mais elle le précéda, après un bref instant d’hésitation pour lui asséner, une grimace de dégoût se formant sur ses lèvres :
- « Au moins tu sais ce que ça fait...ce que tu as fait subir à ce pauvre homme ».
Il eut un geste de recul, instinctif. De ceux des animaux sauvages avant l’attaque ultime. Se crispant entièrement dans un mouvement convulsif. Puis, brusquement, comme des digues sautant l’une après l’autre, un rictus gagna sa bouche, l’emportant dans un rire sonore et glacial. C’était une de ses folles hilarités. Celle où pointait à la fois l’amusement vicié et la méchanceté déguisée. Et la situation s’y prêtait incroyablement. A se secouer de rire … La valse des convictions, de la moralité de sa maîtresse. Elle ne le pensait pas. Pas une seconde. Jamais aurait-elle pu lui souhaiter un seul sort aussi misérable. Après tout, ne l’en avait-elle pas tiré ? Mais ce que le dépit, la colère, la rancune faisait naître, ça c’était savoureux. Cette part d’ombre qui muait en elle. Celle qui l’éloignait du profil si doux de l’image qu’elle pouvait renvoyer de prime abord. Sa position actuelle dans le fauteuil lui renvoyait une image un peu penchée de cette dernière et existait-il plus réelle métaphore ? Sans daigner se relever, il se contenta de s’accouder davantage au divan, déclarant suavement, indolent de sa perspective :
- « Tu te félicites de ce que j’ai subi ?? Ca t’amuse ? Tu préfères plaindre ce… « pauuuuuuvre homme » ? » Sa bouche s’était arquée, ironique. La moralité ou la vengeance. Les deux à la fois. Alors ajouta-t-il poursuivant sur le même ton « Celui-là même qui levait sa baguette pour t’attaquer ? Tu es…. Amusante. Nous n’avons pas la même définition de personne à plaindre. »
Le pli sournois de sa bouche cessa totalement, et il renifla avec hauteur. Il ne cherchait pas spécialement à appuyer ses contradictions initialement mais… Malgré tout. La rage ressentie au châtiment de Voldemort s’effaçait, et il sentait sa nature profonde reprendre ses droits. Pourtant, la rage avait laissé dans le ministre dans un état proche du naturel. Etait-ce Alexis ? L’intimité qui se créait nécessairement entre eux, le poussa à ne pas s’aventurer dans des sillages habituels des minauderies attendues, préférant et n’envisageant qu’à agir selon sa vraie nature.
- « Jusqu’à présent, je pensais que nous ne faisions que respecter les règles que nous nous étions fixés : nous en sortir au détriment du reste. C’est ce que j’ai fait, tu devrais en être reconnaissante. J’ai réussi à lancer ce sort pour contrer son attaque avant qu’elle ne frappe. Je t’ai évité cette souffrance et j’ai du en infliger une, bien moindre que celle qu’il mérité et que...NOUS avons subi ensuite. C’était lui ou « NOUS ». Alors, oui, j’ai lancé ce sort. Tout ce que je désirais en le faisant était qu’il cesse de nous nuire… Et qu’il se repente d’avoir seulement essayé de le faire…
Un sourire naissait sur ses lèvres, alors qu’il regardait dans le vague, plus lointainement qu’elle encore. Il ne mentait pas vraiment. Il omettait beaucoup. Son envie de tester la torture, le plaisir de se voir y réussir si facilement, l’étonnante satisfaction que procurait ce sentiment de toute puissance. Oui. Il avait voulu la souffrance de l’individu. Pour s’être jeté sur son chemin, quelque ait été son intention. Il avait été un obstacle et Preminger terrassait les obstacles avec une indifférence froide. L’homme aurait tout aussi bien pu se jeter dans le vide que ça n’aurait guère ébranlé l’esprit de l’ancien ministre. Son intérêt primait toujours. Il savait qu’Alexis n’était pas encore prête à l’entendre. Un jour peut-être, il saurait la faire devenir suffisamment forte pour partager son point de vue. Mais ce n’était pas un simple espoir jeté dans le vide mais une évidence. Elle le deviendrait, il l’avait vu. Elle avait embrasé totalement sa cause dans l’Avenir, pour la faire sienne, ralliant sa vision, œuvrant à sa concrétisation. C’était en elle. Elle se cramponnait seulement à ses idéaux, à ses valeurs initiales encore pour l’admettre pleinement. Pour l’y mener, il fallait toujours la rattacher à la notion qu’elle vénérait ..et qu’il méprisait : l’Amour.
- « Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour nous protéger et nous sauver. Te protéger et te sauver, aussi ! Mais visiblement tu préfères t’outrer sur le fait que je ne m’enquiers pas de ton état avant de te féliciter de ma souffrance »….
Il avait terminé son mélo dans un nouveau sourire, cynique, croisant son regard sidéré, dans un haussement d’épaule. Il n’était pas le plus à blâmer et quand bien même ? Il ne s’excuserait pas de penser à lui avant tout, cela faisait partie de son être. Sa vie avait de la valeur à ses yeux, une valeur différente d’autres, mais elle ne valait pas un millième de la sienne. Le lui asséner directement aurait été faire preuve de trop peu de tact et le moment n’était pas idéalement choisi pour aller au bout de la franchise. Le reste des individus devenait subitement des plus outrés lorsqu’on leur exposait clairement un fait qu’ils n’étaient pourtant pas sans ignorer. Elle ne fit pas exception à la règle, émettant un ricanement féroce à la fin de sa tirade :
- « Je rêve où tu es en train de retourner la situation…. Pitié, dis-moi que je rêve... »
Non, elle ne rêvait pas. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir de prendre comme un uppercut inattendu une part plus sombre de sa personnalité dont elle ne soupçonnait pas, ou plutôt ne voulait pas voir l’existence. Il ne s’en excuserait pourtant pas et elle pouvait bien prendre les airs dégoûtés qu’elle voulait, comme elle le faisait à présent, cela n’y changerait rien. Il ne l’interrompit pas, pourtant, curieux, observant sa réaction, la laissant aller jusqu’au bout de sa surprise, de son presque rejet :
- « Tu sais TRES BIEN que je ne me réjouis pas de ta souffrance, jusqu’à preuve du contraire, j’ai eu au moins la décence de te demander comment tu allais, ce que tu n’as pas songé à faire une seule seconde alors, le seul qui mérite des reproches ici, c’est TOI »
En méritait-il ? Si on observait les conventions de ce monde, sûrement. Il avait effectivement omis et occulté toutes les souffrances qu’elle avait pu subir…par le simple fait qu’elle n’était pas lui. Regrettait-il pour autant ? Non. Ciel non. Elle s’était détournée de lui comme pour dompter une impatience grandissante, l’empêchant d’exploser… La rage avait changé de camp, visiblement et ce n’était pas pour lui déplaire. A vrai dire, il avait rarement eu l’occasion de la voir en colère. Ou si peu. Mais jamais de son fait. Cela ne l’agaçait pourtant pas. C’était instructif et étonnamment sain. Une étape nécessaire… Tandis qu’il l’observait encore, sans esquisser le moindre geste, elle s’était retournée subitement, continuant d’une voix posée où pointait l’énervement :
- « Jusqu’à preuve du contraire, je t’ai sauvé, aussi. Mais je ne me souviens pas d’avoir utilisé un Doloris. Tu ne te rends même pas compte de ce que ça veut dire...c’est un sortilège impardonnable. Un des plus cruels de tous. Et il n’est pas à la portée de n’importe qui. Mais TOI, toi qui ne sait même pas réparer une tasse correctement tu l’as réussi du premier coup… Parce que tu as fait exactement ce qu’il fallait : vouloir sa souffrance au-delà de tout...pire que de la vouloir...tu t’en est délecté. Et on revient là..et tu ne penses qu’à toi, à tes rêves de grandeur... » elle s’était interrompu un instant pour reprendre d’une voix plus grave, l’imitant « N’est pas né celui qui aura ma vie, Trésor...Aussi la mort ne m’arrachera pas à toi » Tu ne t’es même pas posé la question de si la mort m’aurait moi arrachée à toi… ou de comment je vivais tout ça... »
« Oh pauvre chérie.. La désillusion est parfois si grande »… Mais il se retint de l’ajouter. Il ne souhaitait guère perdre cette liaison sur une tournure de phrase inopportune ou pour le moins trop brusque encore. Elle n’était pas prête à le comprendre encore. Toute cette perfection qui justifiait ses agissements. Elle n’était pas prête encore à ne pas s’en émouvoir. Midas l’aurait fait. Parce que Midas avait admis sa supériorité face au Monde, son orgueil et l’Amour qu’il se portait à lui-même. Pas elle. Elle l’aimait comme aimait les autres, égoïstement. Attenant de lui une réciproque identique, un dévouement qu’il ne pouvait lui accorder. Parce que sa préférence allait toujours à lui-même. Si bien qu’il n’avait pas songé une seule seconde à la perspective de sa mort. Elle ne pouvait pas mourir, elle faisait partie de l’Équation. Et il ne pensait effectivement qu’à lui. Ou du moins… IL était la finalité de Tout. Pour autant, toute colère l’avait définitivement quitté au fur et à mesure qu’elle s’amplifiait chez elle. La souffrance qu’elle témoignait prouvait son attachement. Elle prouvait aussi l’impact et le conflit que subissait sa moralité et ses convictions. Le travail se faisait… Si bien qu’il exhalé un soupir profond, la main toujours posé sur son front :
- « Non ma très chère. Je ne retourne pas la situation. Je remets juste les choses...dans leur contexte. » sans décoller sa main, il lui avait coulé un regard en biais, plus vif, plus intensément, visant le creux de sa pupille : « Demander mon état n’appelait pas à la « décence » comme tu le dis si bien mais à l’intérêt. Si tu t’intéresse à mon état plus que par politesse, abstiens-toi de presque te « féliciter de mes instructives souffrances » par la suite ».
Il n’y avait pas songé une seule seconde. N’avait pas envisagé ne serait-ce qu’une minute qu’elle puisse s’en féliciter mais la tournure de la phrase, son envie de le faire regretter ses actes méritait un peu d’insistance. Lancé à une autre personne, cette dernière aurait vraiment pu s’en offusquer… Appuyant sur sa jambe droite, il s’en servit pour se redresser du divan, posant ladite jambe au sol. Pour autant, il ne se leva pas, préférant rester ainsi encore, quelques secondes, posté comme un empereur romain, dispensant sa science :
- « Oh, je sais, MOI je ne l’ai pas fait. C’est la raison de tout ceci. C’est ce qui te torture tant d’ailleurs : je ne me suis pas enquis de ton état » asséna-t-il froidement avant d’ajouter « Mais parce que c’était inutile. Je savais parfaitement comment tu allais. Ce que tu as ressenti. Ce que j’AI ressenti, parce que je l’ai vécu après toi et dont j’ai, actuellement encore, du mal à me remettre. Je n’avais pas envie de verbaliser cette expérience. Que ça soit la mienne ou la tienne. Je n’avais pas envie d’en parler ». Pour cela, il ne mentait pas. Il avait sciemment évité le sujet, éviter de raviver, d’exciter la colère qui dormait encore en lui, l’orgueil qui criait vengeance au fond de son âme « Toi, toi tu voulais verbaliser les deux. SOIT. Je peux l’entendre…. » il marqua un silence « C’est la raison pour laquelle j’ai répondu à ta question. Pour te rassurer. Pour TE et ME rappeler que personne me m’abat. Je voulais écourter le sujet. Parce que ne serait-ce qu’y penser me fait bouillir. Savoir qu’on s’est permis de…………………………………..nous...torturer...me plonge dans un état... ».
Un nouveau frisson était venu le titiller, mais il l’avait envoyé paître, préférant se lever pour avancer vers elle, notant comme sa colère blessée l’avait poussée à se rapprocher de la porte. Pour fuir où ? Ils savaient tous deux que c’était inutile. Pour autant, il ne la rejoignit pas, souhaitant ne pas froisser ses nerfs, respectant son espace. Il s’arrêta à une légère distance, croisant les jambes sur place pour décréter, son regard doré plongeant dans celui de la jeune femme :
- « Et ça n’a rien d’équivalent à une réaction de défense face à un adversaire paré à l’attaque. Même si pour cela, je ne m’excuserai pas d’avoir jeté un sort inconnu sur cet assaillant. » Il s’arrêta un instant pour mieux poursuivre « Cela dit, pour être tout à fait honnête, la différence entre toi et moi commence ici. Je me moque éperdument de ce que tu as fait pour me sauver. Et peu importe ce que tu aurais pu faire, je ne t’aurais aucunement jugée. Je m’en moque. Etant proche du pouvoir, j’ai pu appréhender son exercice, ma chère. Et je sais que les choix à faire ne pas nécessairement moraux, ils sont à faire. Point. »
Oh, évidement, il se garda bien d’expliciter. Ni même d’ajouter que la morale ne possédait nulle emprise sur lui. Preminger agissait toujours à sa guise, au détriment des « qu’en dira-t-on ? », sans boussole, sans aucun remords, sans aucune limite. Mais, il existait des situations où l’exercice du pouvoir même pour un héros nécessitait des sacrifices. Sûrement. Pour sa part, il avait cessé de voir quiconque comme des sacrifices de taille, ils étaient tous interchangeables quelque soit le degré de proximité qu’il pouvait avoir avec eux. La morale n’existait pas, elle n’était qu’une barrière réfrénant l’Homme. Par lâcheté, par peur, par infériorité, manque de confiance ou d’ambition, ils s’y arrêtaient tous. Pas lui. Il n’estimait rien qui ne puisât pas s’incliner devant la haute opinion qu’il possédait de lui-même. Mais, sa route, sa présentation possédait-elle au moins le bénéfice de présenter à Alexis une voie qu’elle pouvait assimiler, comprendre et admettre sans culpabiliser pleinement. Il croisa les bras, relevant la tête :
- En l’occurrence, oui. Oui, je désirais que ce sort marche. Je désirais qu’il paye. Je désirais que nous nous en sortions. Je désirais vivre et je désirais ne pas être blessé. Je désirais que tu vives et que tu ne sois pas blessée. Alors, épargne-moi cette succession d’élucubrations blessantes sur mon éventuel désintérêt sur ta personne, Trésor. Si j’étais totalement désintéressé de ton cas, je disposais de maintes occasions de le démontrer. Mais jusqu’à preuve du contraire, j’ai tout fait pour me protéger et te protéger AUSSI»
Et là, encore, ce n’était pas un mensonge. Ce n’était pas parce qu’il était fondamentalement individualiste, égoïste qu’il n’avait pas pour autant tenté d’assurer leur survie. Il agissait parfois en collaboration. En l’espèce, cela avait été le cas, aussi se sentait-il vexé de se voir reproché un comportement qui n’avait en rien été purement désintéressé de son sort. Jusqu’à ce que sa vie soit profondément impactée, AVANT que le Danger ne se présente face à lui, il avait raisonné pour deux, ne souhaitant en aucun cas que la mort ne vienne trouver sa maîtresse, ne l’envisageant que comme une éventualité et non un dessein. Après tout, n’avait-il pas attaqué l’individu pour leur garantir une chance de retour ? N’avait-il pas feint l’Imperium pour la protéger de la mort potentielle qu’aurait pu lui réserver Mullan… ?
- « Lorsque nous sommes rentrés alors que tu pleurais en t’inquiétant pour MOI du fait que J’AI frôlé la mort, je t’ai rassurée. Je ne voulais que te rappeler à quel point je tiens à la vie et à quel point je ne me laisserai jamais abattre. D’une certaine manière, je te l’ai dit, je voulais te rassurer avec cette vérité. » il marqua une pause, chassant un souci froid sur ses lèvres pincées « Mais tu préfères t’indigner naïvement sur le fait que je n’ai pas parlé de toi...t’amuser de mes propos en t’aventurant sur des analyses des qui sous-entendraient que parce que je n’ai pas dit l’inverse, je me désintéresserai de ta mort… Mais n’est-ce pas un peu excessif, Trésor ? » Fixant un sourire sur ses lèvres, il déclama sur un ton faussement enjoué « « La mort ne t’arrachera pas à moi, non plus », si c’est ce que tu voulais entendre. Mais c’était évident pour moi. » Son sourire devint cynique, tandis qu’il se massait une nouvelle fois les tempes, dans un mouvement d’humeur, peiné : « Maiiiis tu n’as pas compris. PEU IMPORTE. Etait-ce maladroit ? Probablement… Sûrement, vu le malentendu colossal que voilà. Je me serais abstenu si j’avais su que ça te blesserait autant. La suite est blessante pour moi. Après...je ne t’en veux pas. Je ne te reproche rien. Tu es seulement déboussolée. Et tu surréagis comme moi. Nous avons trop d’émotions, je suppose…. » il haussa les épaules une nouvelle fois, un air contrarié sur le visage « Somme toute… Tu es blessée, je suis blessé. La belle affaire. Que faisons-nous ? Tu veux toujours partir ou veux-tu un verre de vin ? »
A quoi bon se prendre l’esprit pour des broutilles ? De toute manière, elle n’avait pas envie de partir. Elle avait besoin de le comprendre. Saisir sa version, l’entendre, l’assimiler et l’accepter. Une nouvelle fois, il n’avait pas menti ou si peu, il avait insisté, mis l’accent sur leur emportement, leur stress, leur bouleversement mutuel, différent mais réel. Il comprenait que tout ceci soit difficilement assimilable pour une personne lambda. Alexis, si on excluait le fait que ses fréquentations étaient des plus...hétéroclites et curieuses, avait été peu exposée à une personnalité aussi renversante et clivante que la sienne. Bien que n’étant pas un personnage de conte et possédant alors une âme plus contrastée que ceux qui évoluaient ordinairement dans son monde elle se rapprochait néanmoins de leurs valeurs. Une autre approche du monde s’avérait toujours difficile à appréhender. Il fallait le vouloir. Mais elle l’avait fait. Le regardant longuement, elle avait écouté tout son long monologue le visage obtus. Si son visage ne se détendait pas, elle n’avait pas pour autant tenter de l’interrompre, de le couper ou même de fuir. Elle écoutait seulement. Elle s’apaisait. Assimilait. Réfléchissait. Elle était capable de comprendre… Même si la compréhension ne faisait pas forcément l’approbation, encore…
- « Je ne suis pas d’accord. C’est pas parce que tu as appris au contact du pouvoir que la fin justifie les moyens que c’est forcément la meilleure des choses à faire. On est là. Et je n’ai pas utilisé une once de barbarie pour y arriver…. » ses yeux bleus avaient croisé les siens un instant et un soupir s’était échappé de ses lèvres. Par faiblesse.
Et elle avait rompu le contact oculaire, comme par désaveu. Le constat qu’elle semblait lire dans ses yeux la décevait. Et pourtant… Ils n’étaient pas si éloignés sur cette conception des choses…. Il aurait pu le lui dire. Mais décida d’attendre qu’elle aille au bout de son introspection, au fond des choses, laissant planer ce silence tranquille sur leurs non-dits. Elle finit par relever la tête une nouvelle fois vers lui, plongeant ses yeux honnêtes dans les siens.
- « Il n’est plus si pressant ce déjeuner avec ta femme ? »
Bien que sa voix ait été posée, cela lui arracha un minuscule sourire à peine effleuré. Elle résidait là, cette minuscule, cette brève entaille. Il n’était plus question de partir pour elle. Cette envie l’avait définitivement quittée. Alors seulement se permit-il de préciser, d’un bref mouvement de menton :
- « La fin justifie les moyens. Mais nous restons maîtres de ceux que nous choisissons d’employer, nous sommes d’accord. Pour ma part, j’exècre la violence et le sang… Je préfère de bien loin….disons la diplomatie et l’intelligence... » il marqua un silence, sans pour autant avancer vers elle. En réalité, ce n’était pas totalement la réalité. Il haïssait la violence, se sachant particulièrement, suprêmement intelligent. Si bien qu’il n’y avait rien qu’il ne trouvât plus délectable et cruel qu’une manipulation mentale. Il ne choisissait pas cette voie par rejet de la violence mais pas la jouissance qu’il tirait de son machiavélisme, de la perdition de ses victimes, de la difficulté qu’il s’ajoutait par simple plaisir du challenge, se sachant d’avance victorieux. Cela était le réel pouvoir. Prenant garde à masquer tout subit emballement, il se contenta de pencher la tête, répondant à la dernière interrogation de la brune, celle qui revêtait le plus d’importance : « Ca dépend de toi. »
La surprise gagna instantanément le visage régulier de sa maîtresse, tandis qu’elle le jaugeait alors, le toisant un sourcil levé à la recherche d’une plaisanterie cruelle ou incompréhensible. Puis se mit à réfléchir sans qu’il n’ajoute rien. C’était le but… Qu’elle réfléchisse, pèse le pour et le contre. Ce faisant il la laissait maîtresse de ses choix. N’était-elle pas suffisamment intelligente pour assumer ses désirs et ses convictions ? Il ne la forçait en rien, suggérait seulement… L’intriguait aussi. A vrai dire, l’envie de se rendre au déjeuner s’était ternie… Il n’annulerait pas pour autant, l’occasion était trop belle, la victime à point. Il la travaillait depuis des mois pour gaspiller encore du temps en palabre ! Pour autant… Il souhaitait qu’elle resta un instant. Qu’elle le rattache encore un instant à cette part de lui qu’il dissimulait bien trop sous un masque affable. Et pourtant… Elle ne connaissait pas encore son vrai visage…. Tremblait encore lorsque paraissait ne serait-ce qu’une infime partie de ses actions. Se rebellait lorsqu’un simple « dommage collatéral » à ses yeux s’effectuait… Elle avait pourtant soupiré :
- D’accord » dans un lot de hochements de tête, comme prise à regret, à défaut.
Trop tard. Elle avait fait son choix. Et cela la surprenait un peu. Cela la chagrinait un peu. Mais elle n’avait pu s’y extirper, pour autant. Preminger se doutait pour autant que son conflit interne. A vrai dire, il n’en n’était qu’au presque commencement. Une lueur amusée dans les yeux, il l’avait observée prendre place dans le canapé, lentement :
- « T’as pas une infusion plutôt ? » interrogea-t-elle en se passant la main sur l’estomac.
Il avait froncé les sourcils. Si elle ne se jetait pas sur l’alcool, elle ne refusait jamais pourtant de s’y laisser séduire… Il était rare qu’elle refusa surtout dans des horaires aussi propices, comme lui indiquait sa montre. Mais visiblement, la discussion l’avait tracassée plus qu’elle ne souhaitait en dire. Ou alors était-ce tout simplement la frayeur de l’ensemble des récents événements, là où à l’inverse son organisme réclamait de se trouver ravigoté. Si elle préférait une infusion, qu’à cela ne tienne ! Dans un geste ample, il avait alors désigné de l’index la localisation de la cuisine, pointant un peu le menton, tout en traversant les lieux pour s’arrêter face à un placard qu’il ouvrit dans attendre:
- « Si évidement. Il y a...violette, cassis, fruits rouges, cerise… Quel parfum veux-tu ? »
En attendant sa réponse, il sortit un verre en pied qu’il disposa sur le plan de travail, se penchant pour récupérer une bouteille de vin rouge, avec une pointe de satisfaction. Un grand cru indubitablement… De quoi saliver d’avance, elle ne savait pas ce qu’elle perdait… Disposant la bouteille à côté du verre, il tourna la tête pour l’observer, toujours juchée sur le canapé, un peu ailleurs, un peu évanescente… Perdue.
- « Violette s’il te plait…. » marmonna-t-elle pourtant et il opina d’un sourire entendu saisissant la boite. - « Quel excellent choix… Mon favori ! » commenta-t-il gaiement en préparant la boisson, dans un sourire altier.
Elle n’ajouta rien et il ne poursuivit pas. L’essentiel avait été dit.. Pour l’heure, il la laissait émerger, tranquillement tandis qu’il préparait tranquillement le thé, l’esprit en éveil. A présent qu’il se savait sain et sauf, possédait-il un moyen efficace de se venger définitivement ? Retourner dans ce monde pour punir l’opportun, oui mais comment s’en assurer sans risquer d’y perdre réellement la vie faute d’une maîtrise parfaite de la magie ? Et puis, il n’avait pas de temps à perdre avec ces absurdités. Pourquoi donc en faire une telle guerilla ? Il avait des objectifs bien plus concrets en vue. La conquête du Monde. Une fois celle-ci réalisée il disposerait selon son bon vouloir de l’ensemble des vies de ses sujets… Celle du petit fantôme y comprit. Ce n’était pas l’important. A quoi bon courir après une sotte volonté de vengeance ? Sa Couronne l’appelait. Il y pensait sans cesse, depuis son retour… A Elle, son futur, son palais, sa puissance… Ses désagréments bruyants aussi. Fort heureusement, ces risques là pouvaient être prévenus…et anéantis. Il veillait précisément à ce qu’Alexis ne commette aucun impair, lui permettant aussi de considérer son mal d’estomac avec une tranquillité certaine. Il aurait ce futur sans les désagréments. Plus que le rendre réel, il l’améliorerait ! Il se servit son verre de vin et rapporta dans l’autre main la tasse fumante à sa maîtresse. Celle-ci le remercia pour mieux s’en saisir. Tandis qu’il s’installait à l’autre bout du canapé, il observa la posture de la jeune femme, ses chaussures ôtées sur le parquet ciré et ses genoux repliés contre elle. La parfaite posture de la réflexion incertaine, nota-t-il avec indulgence. Quelles sortes de petites pensées saugrenues avait-elle pu nourrir en si peu de temps ? Feignant de ne pas s’en brusquer, il s’étendit un peu, prenant l’espace qu’il désirait alors, buvant une gorgée de son breuvage rouge, savourant le nectar couler jusqu’au fond de sa gorge.
- « Alors… ? Qu’as-tu au programme aujourd'hui ? »
Posant sa main libre contre le cuir du meuble, il fit un signe incitatif de la tête, doublé d’un sourire, dans sa direction, l’invitant à le rejoindre. Comment refuser ? Et pourtant, il avait senti son hésitation attentive, la lutte en elle-même, vite vaincue dans un soupir d’abdication. Puis elle était venue, se posant à côté de lui, dans l’espace creux créé pour elle par son bras, collant son corps contre le sien. Il n’avait pas esquissé un geste supplémentaire et elle avait contemplé le liquide chaud de sa tasse silencieusement encore avant de déclarer :
- « Je ne sais pas. On est dimanche. Je vais peut-être aller au cinéma et voir quelques amis. »
Le notaire s’interrogea sur l’identité de ces derniers. Le Futur Chronos faisait-il partie du lot ? Sûrement. Parfait. Après tout, elle savait bien s’entourer… Il préféra ne rien lui demander maintenant, elle lui dirait tout plus tard, lorsque la tension serait passée… Tout, le film, l’analyse, les amis… Lentement, il glissa sa tête contre la sienne, observant la cuisine au loin, songeant à qu’à ce moment précis, sûrement Georgia s’inquiétait de ne pas le voir arriver chez leur convive et ce dernier peut-être s’angoissait de perdre son intérêt économique… La journée s’annoncerait productive, bien loin de ce que pouvait imaginer la jeune femme… Elle n’avait retenu que la présence de sa femme, cette charmante enfant, mais c’était bien plus que cela, fort heureusement, sinon il n’aurait guère déployé une impatience accrue à s’y rendre lors de son arrivée dans le monde des sorciers.
- « Moi, tu sais, plus que déjeuner avec ma femme, ça reste un déjeuner d’affaire. » énonça-t-il, décidant subitement de la gratifier de l’explication « Je vais voir un client. Nous parlerons sûrement investissement autour d’une activité quelconque. Son partenariat serait intéressant. Cela risque de me prendre la journée… » Alexis avait hoché la tête lentement, précisant doucement : - « De toute façon c’est dimanche. » - « Mais nous pouvons déjeuner ensemble demain si tu veux ! Ici ou ailleurs. Au restaurant peut-être non ? » Elle avait failli se redresser pour l’observer. Avait abandonné pour coller à nouveau contre lui, un peu plus proche qu’auparavant. - « Oui au restaurant, ce serait parfait. » Il l’avait surprise, il le sentit. Peut-être le comprit-elle comme un moyen de se faire « pardonner ». Elle l’y incitait. Si elle le croyait, ça l’arrangeait après tout… Etait-ce, pour autant cela ? Non. Assurément non. Tout d’abord, il avait une envie furieuse de restaurant et de luxe, regrettant presque de ne pas pouvoir concrétiser son désir tout de suite. Mais demain, oui, demain c’était envisageable et suffisamment proche pour le contenter.. Et puis, il avait tout simplement envie de passer un moment agréable, un moment coupé du monde. Lentement, il avait embrassé le sommet de son front :
- « Très bien, faisons cela, alors. Je connais un restaurant haute gastronomie. Je suis sûr que tu vas adooooorer » Un petit rire jovial – son premier - avait accueillit sa réponse spontané : - « J’en suis sûre, je te fais confiance ! »
Les mots étaient morts dans sa gorge, arrachant un sourire amusé au notaire. Si futée, si innocente, parfois. Il se garda bien de ricaner à voix haute, laissant la main de la libraire monter jusqu’à sa joue, caressante. Il se laissa faire, enjôleur. Sans rien ajouter d’avantage. Alors, tourna-t-elle la tête vers lui, se redressant pour mieux le regarder dans les yeux. Qu’y cherchait-elle sinon une réponse ? La solution à ses angoisses, la clef de ses mystères. Elle n’y verrait rien. Ou pourtant Tant et si Peu. Ce qu’il acceptait qu’elle voit, ce qu’il révélait petit à petit. Et elle continuait encore, la jeune femme curieuse, fouineuse à creuser l’enquête, persévérant encore.. Voulait-elle réellement trouver ? Elle n’était pas prête à découvrir ce qu’elle pensait chercher. Pas encore… Et pourtant, il avait penché la tête encore, nichant sa joue contre sa paume, appréciant l’instant. Doux et sournois à la fois. Quelques minutes s’écoulèrent et il resta ainsi, les paupières à peine rétractées, un sourire léger aérien sur le visage. Jusqu’à ce qu’elle en rompisse la tranquille rigidité en déposant un rapide baiser sur ses lèvres :
- « Je vais y aller, je ne voudrais pas que tu sois en retard…. »
Il avait hoché la tête lentement, reposant le verre de vin sur la table basse à son tour :
- « Je vais y aller aussi. »
Elle lançait un mouvement, lorsqu’il posa soudain la main sur son bras stoppant son départ, plongeant son regard dans le sien :
- « Avant que tu ne partes. Que dirais-tu...d’un autre restaurant avec mon associé ? Pas nécessairement demain… Mais prochainement. »
Il l’avait déclamé trouvant soudain l’instant propice. Il y avait songé depuis son retour du Futur bien plus qu’à l’accoutumée. Elle devait rencontrer Midas et cela indépendamment des demandes répétées de son ancien caniche. Le lui demander maintenant était idéal… Et conséquent. Elle l’avait saisi, sa bouche laissant échapper un petit rire dans lequel perçait encore le stress :
- « Euh...Ton associé ? Oui. Pourquoi pas… mais pourquoi ? Si tu cherches à le caser, je suis déjà prise, malheureusement... »
Elle tentait l’humour désespéré visiblement… Et sa maladresse angoissée le fit rire. Et pourtant, elle était tellement loin de l’enjeu que cela sous-entendait ! Sûrement y voyait-elle une prise de position officielle, une concrétisation, un risque de sa part. Pourtant, il avait beaucoup moins à perdre qu’elle. La loyauté de Midas ne faisait aucun doute, il vivait pour lui, pleinement et avec une joie complète. En échange, Preminger vouait à son chien un réel attachement conséquent. Cette rencontre était un test, une étape… Feignant de ne pas voir son angoisse, il avait souri d’un air entendu lorsqu’elle avait souligné adroitement leur situation pour mieux déclamer posément :
- « Tu m’en vois ravi… car il est grand séducteur » il avait levé le sourcil pourtant, lui signifiant pourtant qu’il n’y craignait rien et pencha la tête faisant mine de réfléchir à la raison de cette rencontre fortuite : « Pourquoi ? Oh et bien, tu l’as rencontré dans le futur, je pense qu’il serait peut-être temps que tu le rencontres réellement. Si tu te sens prête à le faire, seulement, il n’y a pas d’obligation. » il lui sourit à nouveau plus tendrement et ajouta « Rassure-toi, Trésor, il ne moooord pas…. » il pinça les lèvres réprimant ainsi le rire furieux qui menaçait de s’échapper de lui-même il ajouta dans un nouveau sourire délicieux « C’est un homme charmant… Mais ne te mets pas de pression. C’est seulement si tu le souhaites. »
Elle accepterait. Il le savait bien. Mais il aurait pu attendre si cela n’avait pas été le cas. Le champ était libre, la liberté complète. Mais elle accepterait.. Il le voyait en contemplant son visage surpris, la manière dont ses paupières avaient papillonné, la façon dont son regard s’était détourné du sien gênée, surprise, choquée. De sa main libre, elle replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille, puis déclara retournant au creux de ses yeux :
- « Non, ça me va...j’ai pas peur, je suis sûre que je mords plus fort que lui de toute façon ». Elle avait eu un sourire en coin, pour se donner contenance si bien qu’il avait pouffé à nouveau… avant de préciser « Quand vous voulez...Prévenez moi juste avant, histoire que je sois libre... »
Mais ses yeux s’étaient illuminés lorsqu’elle lui avait sourit, sincèrement touchée. Du bout de son index, il avait tapoté le sommet de sa joue puis avait déposé, à son tour, un baiser sur ses lèvres avant d’opiner :
- « Tu as ma parole… Oh... » son attention s’était écartée de ses yeux pour observer une mèche de sa chevelure. Dégagée suite à son précédent geste, elle s’enroulait dans une boucle savamment effectuée...mais ce n’était pas ça qui avait attiré l’attention du notaire.. S’en emparant un instant pour l’observer, il eut un sourire appréciateur, la relevant pour la désigner à Alexis « C’est on ne peut plus charmant... »
Elle était intégralement violette. Par magie. L’ultime héritage de cette aventure passée… Peut-être provoqué par l’exact moment où il avait dévié sa magie, écartant l’Impero de la jeune femme, effleurant son épaule. Oui, ce devait être là. L’ultime héritage. L’ultime souvenir… Sans le lâcher, il déposa un second baiser un peu plus appuyé, un peu plus survolté sur la bouche d’Alexis puis exhala à regret :
- « Bien… Allons nous en à présent. »
Il récupérait les verres pour quitter les lieux lorsqu’elle l’appela dans la salle de bain où elle s’attendait à trouver le reste de ses affaires. Alors il l’y rejoignit, tombant alors sur deux objets. Le premier était familier. Le second minuscule. Le premier avait permis son aventure, le second celle d’Alexis et soudainement il craignit ne devoir la poursuivre… Mais, ces objets avaient repris leur caractère ordinaire… Si ce n’est qu’ils comportaient à présent deux rubans rouges. Avec appréhension, il déplia celui figurant sur le miroir. Et y lut ceci :
« Merci cher Erwin Dorian Preminger d'avoir fait confiance au JAHR. Nous espérons que votre expérience dans ce nouveau jeu interactif vous a plu ! Ci-joint un petit formulaire de satisfaction client à remplir si vous le désirez. Notre seule ambition : vous apporter des divertissements de qualité ! »
Un formulaire suivait, auquel Erwin donna mentalement les réponses suivantes :
« Etes-vous satisfait de votre immersion ? NON Voudriez-vous recommencer dans un autre univers dans un avenir proche ? NON Etes-vous célibataire ? NON Avez-vous des allergies ? Lesquelles ?...
Merci d'affranchir le formulaire au tarif lettre et de l'envoyer à l'adresse suivante : JAHR : Jeux A Haut Risque
Puis il froissa la feuille, la jetant dans la corbeille de la salle de bain, se promettant d’enquêter sur ces fameux jeux, de jeter le joint de moteur et de conserver tout de même le miroir. Après tout… Le plus beau reflet se reflétait dedans.