« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Depuis deux décennies passées, on voyait sa tête sur tous les écrans de télévision. La chaîne locale avait trouvé une véritable poule aux oeufs d’or depuis le début et ne l’a jamais lâché. Sans même se rendre compte que le Robert qui continuait d’amuser les enfants chaque soir n’était plus le même. La Malédiction, le Sort Noir aurait pu être moins clément avec Bob Razowski quand il s’est rendu compte de la supercherie. Puis finalement, le Monstre a apprit à aimer sa vie et surtout, s’est trouvée un voie finalement pas si différente de celle qu’il avait à Monstropolis. Juste qu’il n’y avait plus de portes à passer pour faire rire les enfants. Juste, passer à la télé. Son rêve ! Et cette fois, sans le cacher. Si c’est pas magnifique. Les caméras l’adorent, ce n’est pas de sa faute. Un tantinet narcissique ? Si peu enfin ! D’ailleurs ça fait toujours lever les yeux au ciel de Sully. D’un monde à l’autre rien ne changera. Ou presque.
Animer l’émission « Dr Koski and Friends » prend une grande partie de son emploi du temps. Sans compter les réunions pour le marketing, la création de nouveaux contenus, bref… la partie la moins fun. L’autre consiste à rendre visite aux enfants de l’hôpital de Storybrooke comme Robert l’a toujours fait. C’est d’ailleurs là qu’il a commencé. Enfin… C’est ce qu’il croyait. Qu’importe ! Bobby ne s’est jamais posé la question d’arrêter de vouloir donner le sourire aux petits patients même si avec le temps, certains sont partis. Un véritable arrache-coeur pour le Monstre, il s’est découvert la Kryptonite à son enthousiasme habituelle. Celia et Sully doivent faire des efforts colossaux pour lui redonner son entrain. Ah… encore heureux qu’ils sont là tout de même. La toute petite partie qui reste dans cet emploi du temps de ministre concerne cet astre sombre qui brille de sa lumière glaciale au dessus de leur tête. De jour comme de nuit. Une véritable énigme qui ne manque pas de titiller chez Bobby, la fibre de l’aventure.
C’est d’ailleurs dans ce contexte que Bobby remontait l’artère principale de la ville pour se rendre vers le Poste de Police où travaille Sully, son ami de toujours. Celui-là aussi a tiré le gros lot en se retrouvant dans la peau d’un flic. Ça lui va plutôt pas mal d’ailleurs. Un petit coup d’oeil vers sa montre, bien ! Il a encore un peu de temps avant d’aller déjeuner avec Célia. La Méduse déteste quand il est en retard mais elle sait aussi, comme le Monstre peut être imprévisible parfois et c’est ça qu’elle aime finalement. Du moins il l’espère. Marchant d’un bon pas, on le reconnait aisément en ville après tout ce temps à voir sa tête à la télé. Robert n’est jamais contre discuter un peu avec des parents, des enfants qui d’une génération à l’autre ont vu son show. La célébrité ? Bah ! Il s’en fiche, il a gardé les pieds sur terre.
Le Commissariat se dessine au bout de la rue tandis que son oeil est attiré par un chatoiement de couleur dans une vitrine. Bob s’arrête net, fait trois pas en arrière et avise alors une superbe robe de couturier au tissu bariolé avec des motifs en ananas, des feuilles exotiques. Une sorte de… robe hawaïenne à défaut d’être une chemise. A coup sûr, Célia allait l’adorer elle qui est aussi décalé que lui dans ses goûts vestimentaires. Sully attendra deux minutes encore, c’est l’heure du shopping !
Rien n'était trop beau pour sa bouille d'amour. Il pouvait dépenser sans compter pour lui faire plaisir et pourtant, c'est loin d'être un panier percé notre ami Wazowski. Ah si, peut-être les belles autos. Aah, il venait d'en acheter une toute neuve avant que ne frappe le Sort Noir. Toutes options ! Avec tellement d'option même qu'il a faillit rester bloqué dedans avec Sully. Même pas le temps d'en profiter. Quel malheur ! Bref revenons-en à la robe de couturier qu'il est sur le point d'acheter. L'animateur allait entrer dans le magasin quand une voix douce et féminine attire son attention. Une personne publique telle que lui doit s'attendre à être reconnu dans la rue même si elle reste discrète et somme toute simple. Le genre de petit moment avec les « admirateurs » que Robert ne manquerait sous aucun prétexte. Sa version humaine a su rester un peu plus humble que sa version Monstre, il fallait au moins quelque chose de bien dans toute cette histoire de dingue !
Une demoiselle et son frère se tenaient là. L'homme se montre souriant et délaisse la robe pour reporter toute son attention sur les deux jeunes gens. Puis il serre la main du jeune homme sans rechigner, au contraire. Il est même chaleureux.
— Wow ! Je suis hyper heureux aussi ! Et c'est là que je me rend compte que je viens de prendre un sérieux coup de vieux.
Dit-il, plein d'auto-dérision, alors qu'il avise le grand gaillard. Enfonçant les mains dans les poches, Bob délaisse la robe avec son fabuleux imprimé pour se tourner pleinement vers ses interlocuteurs. Le jeune homme ne tarit pas d'éloge quant à l'émission que notre ami animait depuis des années maintenant, ce qui attire un sourire à la fois timide mais aussi, satisfait. Lui donnant même un autographe de bonne grâce et avec un plaisir certain avant de se focaliser sur une grande sœur le sourire toujours aux lèvres.
— Je suppose que vous faites partie de ces grands frères et grandes sœurs à qui l'on a imposé mes aventures ?
Bob sourit. Après tout, il faut rester humble. On ne peut pas plaire à tout le monde. Une discussion somme toute simple s'amorçait là, dans la rue.
La répartie du jeune homme ne manque pas de faire rire de bon coeur le présentateur d’émission pour enfant. Et pendant que ce dernier s’occupe de poster sa trouvaille sur les réseaux sociaux, Robert se concentre alors sur la grande soeur. Notre ami a toujours été plus ou moins ouvert à la discussion. Sulli dirait même que c’est une vraie pipelette en somme. Et ce n’est pas tout à fait faux. Cet art du baratinage les aura sauvé tous les deux dans leurs différentes aventures. Mais c’était un autre monde. Une autre époque. Qu’il regrette parfois, beaucoup même. Bien sûr il a eu des années à se faire à cette nouvelle vie en tant que Humain mais… Ce n’était pas sa vie. Son monde. Son univers. Et on ne peut pas changer ça même avec toute la bonne volonté du monde. En son for intérieur, Robert donnerai tout pour revoir un jour Monstropolis et sa faune bigarrée de monstres en tous genres.
— A son âge, il continue encore de regarder l’émission ? Alors ça c’est vraiment beau. Comme quoi, il n’y pas d’âme pour s’émerveiller et rêver dans ce monde. Ça me fait plaisir à entendre.
Dit il la main sur le coeur. Son interlocutrice finit à son tour par le faire sourire quant à leur petit compromis entre frère et soeur. La nouvelle qu’elle lui annonce lui fait hausser un sourcil.
— Sur sa page insta-quoi ?
Il se fait curieux et s’approche d’Erika et de l’écran de son portable.
— Oh je vois ! Un réseau social. Je suis un peu de la vieille école, je n’y comprend rien à tout ça. J’ai trop vécu entouré de marionnettes en carton-pâte.
Chuchote t’il sur le ton de la confidence comme si il révélait qu’en fait le Père Noël n’existait pas - et pourtant ! - Puis il se redresse et reporte son regard sur la robe dans la vitrine, avec son imprimé multicolore qui avait attiré son attention quelques minutes plus tôt.