« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Me tenant debout devant le lavabo de la salle de bain, les cheveux décoiffés et la respiration encore saccadée, j’essayais d’essuyer le sang qui se trouvait sur mes mains. Blessées, elles portaient encore des ecchymoses dues aux trop nombreux coups de poings que j’avais dû donner au suspect que je venais de maltraiter, avec la bénédiction de la sacro-sainte agence du Vent du Nord. Pour être francs, je détestais ça ! En venir aux mains était une solution que je n’utilisais plus qu’en cas de dernier recours. C’est vrai que c’était une chose que je maîtrisais particulièrement bien. La force brute était une arme qui m’avait à de nombreuses reprises permettre mes ennemis hors d’état de nuire. Mais tabasser des types sur le terrain où torturer les gens que nous souhaitions faire parler, ce n’était pas du tout la même chose.
Je m’étais assagi au cours des années mais après tout il n’y avait rien de si étonnant à cela. Après tout, il était de notoriété publique que la guerre pouvait changer totalement la nature d’un homme. Même si j’adorais l’odeur de la poudre et l’adrénaline incomparable que l’on pouvait ressentir à risques sa vie à chaque instant, j’avais pris conscience de mes démons intérieurs et je cherchais à présent à les fuir autant que possible dans la vie civile. Pourtant ils étaient toujours là qui rôdaient prêts à s’emparer de moi dès que je montrerais un instant de faiblesse. J’en avais parfaitement conscience et j’avais tenté d’en parler à ce sal Sac à Puce dès que j’avais négocié mon retour au travail à l’agence. Il ne m’avait pas écouté lorsque je lui avais recommandé de ne pas me charger des interrogatoires. Mais il ne m’avait pas écouté et aujourd’hui il devait s’en mordre les pattes de voir dans quel état leur étaient rendus la majeure partie des suspects que je lui rendais en pièce détachées. Nous n’en parlions jamais mais de toutes manières qu’aurait-il pu bien me dire ? J’avais été le premier à le mettre en garde contre la violence extrême dont je pouvais faire preuve dans ce genre de cas. Et il avait beau m’avoir confié un coéquipier pour éviter les dégâts, il n’avait pas été capable de comprendre que la seule véritable personne qui pouvait m’empêcher de faire des conneries dans ce genre de situations c’était Kowalski.
Sac à puce n’était véritablement qu’un crétin doublé d’un vieillard à moitié sénile. Je ne pensais pas que je verrais venir le jour où travailler pour Julian finirait à me manquer. Certes il n’était certainement pas moins bête ni moins arrogant que l’autre grand manitou, mais il avait au moins le mérite d’essayer de m’écouter lorsque j’avais des remarques justes et pertinentes à lui faire. Qu’il en tienne compte ou non après c’était une toute autre histoire mais au moins l’intention était là. Mais au fond moi je savais bien ce que je voulais au plus profonde de moi. Je voulais redevenir un mercenaire indépendant, pouvoir diriger mes frères d’arme de manière autonome pour que nous n’ayons plus de comptes à rendre à personne. Lorsque nous étions dans le Monde des Contes, notre unité marchait à merveille et c’était en grande partie parce que nous avions la possibilité d’agir comme bon nous semblait. Mais aujourd’hui, il me faudrait patienter un moment pour que ce rêve puisse enfin devenir une réalité. La seule chose qui me permettait de tenir debout et qui me poussait à avancer c’étaient mes hommes. Sans eux, ça ferait bien longtemps que j’aurais plié bagages.
« Quel boulot de merde ! »
J’avais lancé cette phrase à voix haute, ne prenant pas garde à d’éventuels collègues qui se trouvaient autour de moi. Après tout, la seule opinion qui comptait en cet instant c’était la mienne. Je me foutais de leur approbation autant que de mon plumage de poussin. Je jetais d’un geste brusque le papier plein de sang avec lequel je m’étais essuyé et j’étais sortis de cette pièce en claquant la porte. Une fois dehors, je profitais de la quiétude de l’instant pour me griller une cigarette. C’était une sale habitude que j’avais acquise lorsque je m’étais retrouvé ici avec un nouveau corps d’humain. J’avais besoin de cette petite dose de nicotine pour me détendre dans les moments les plus stressants de ma journée. Bien sûr, je ne le faisais jamais lorsque j’étais en présence de mes frères pour ne pas leur donner le mauvais exemple. Après tout, un chef se doit de montrer l’exemple et d’avoir une conduite absolument irréprochable.
Cependant, je compris rapidement que ce soir il me faudrait bien plus fort que cela pour me permettre de me détendre. Il me fallait de la douceur et une bonne dose de sucre. C’est pourquoi mes pas qui me ramenaient chez moi me détournèrent de ma route pour m’entraîner au Fantasia, le pays de la gourmandise où tout nos rêves de gourmandise devenaient réalité. C’était également là que travaillait la blondinette au visage d’ange, ma Gaby adorée. Je ne sais pas comment elle y parvenait, mais elle avait toujours eu le don de panser mes blessures et me faire sourire lorsque tout semblait noir autour de moi. Il y a-t-il quoique ce soit d’autre qui aurait pu me faire plus plaisir que cela ?
Lorsque je pénétrais dans la boutique, un large sourire éclaira mon visage lorsque j’aperçus Gaby derrière le comptoir.
« Hello Spicy Cake ! »
J’avais toujours adoré donner des surnoms aux personnes qui m’entouraient. C’était généralement une marque de respect de ma part, la preuve que je considérais les uns et les autres comme faisant partie de mon cercle d’intimes. Et question intimité, je ne pouvais pas réellement en faire plus avec elle. Parmi les nombreux moments que nous avions passés ensemble, ils y en avaient eu qui s’étaient déroulés sous les couvertures. C’était il y a une vie maintenant mais on ne chassait jamais vraiment ce genre de souvenirs de sa mémoire, d’autant moins lorsque ces derniers s’étaient révélés très satisfaisants. A peine avais-je eu le temps de prononcer un mot de plus que la mignonnette se précipita vers moi, inquiète.
"Oh par Mavis ! Skylar ! Tu n'as rien ? Tu as mal ? Il faut que je te soigne ! Viens viens avec moi."
Jetant un œil en direction de mes mains, je constatais qu’elle avait raison. Le sang sur ces dernières était bien plus visible que ce que j’avais imaginé. De toutes manières les hématomes qui y restaient ne partiraient certainement pas facilement au lavage.
« Je te promets que ce n’est rien… ce sont les risques du métier !"
J’avais beau tenter de la rassurer mais cela ne servait à rien, elle m’entraîna malgré tout dans l'arrière-boutique afin de me soigner. Comprenant que je ne pourrais pas lui faire changer d’avis je lui souris tendrement.
« Eh bien si tu insistes, mais je pense qu’un peu de glace, apporté avec amour avec un de tes petits sourires si charmant, serait le meilleur des remèdes qui soient. »
Très professionnelle, elle s’approcha de moi avec une lingette désinfectante à la main. Vérifiant que mes dires étaient bien exacts, elle plaça ses mains sur hanches avec un petit sourire moralisateur.
"Oh ... tu y es allé encore trop fort ? Tss ce n'est pas bien ça ! Je suis persuadée qu'avec de la douceur ça serait aussi passé.... mais si tu as réussi à les faire parler tant mieux !"
Alors qu’elle s’éloignait en direction du frigo, je ne pus m’empêcher de sourire malicieusement. C’est vrai qu’elle avait raison. J’aurais sans doute pu le faire si je n’avais pas choisi une carrière d’agent secret. C’était un univers qui était loin d’être rose tous les jours.
"J'aurais peut-être dû faire comme toi. C'est pas toujours évident de réfréner ses envies de violence. Ca aurait été certainement plus simple si je m'étais contenté d'ouvrir une poissonnerie."
"Ce serait génial, j'adore le poisson frais !"
J’avais été surpris par sa remarque avant de partager son petit rire lorsqu’elle avait compris qu’elle m’avait pris beaucoup trop au sérieux sans trop de raison. Je repris alors sur un ton plus grave.
"Mais c'est malheureusement pas le genre de questions qu'on a le loisir de se poser lorsque on a entre les mains les vie d'une dizaines de personnes et une pourriture qui refuse de parler".
Gaby revient alors dans ma direction avec un petite glace à la noix de coco, mon parfum préféré.
"Je ne sais pas si tu l'as mérité vraiment'
Je me contentais alors de hausser les épaules comme un enfant qui ne savait pas réellement comment réagir devant un parent qui le grondait avec affection. C’est que les codes sociaux que l’on appliquait n’étaient pas les mêmes que ceux de la majeure partie de la population.
"Je ne saurais pas te dire si je la mérite mais on pourra toujours régler les comptes par après... après tout c'est le seul mérite de mon job ! Avoir un salaire décent... si j'en crois ce que dit Kowalski"
C’est vrai qu’à chaque fois que lançais le sujet sur le tapis, mon propre lieutenant soutenait nos geôliers en prétendant qu’il n’y avait qu’avec eux qu’on pourrait se sortir de nos problèmes financiers. A la base, il n’avait pas tort, mais il y avait des centaines d’autres métiers qui ne consistaient pas à devoir faire de la lèche à des agents secrets de bas étages.
Toute mignonne, Spicy Cake se dirigea vers moi et me tapota amicalement l’épaule avant de me faire un câlin. D’ordinaire, je n’étais pas très friand de ce genre de manifestation d’affection mais elle était tellement adorable que je me laissais faire.
"Je rigolais Skylar ! Bien entendu que tu le mérites ! Tu es essentiel à cette société et même si l'idée de savoir que tu m'aurais fourni en poissons, je préfère savoir qu'il y a des gens comme toi pour veiller sur des intérêts plus gros de nos nations."
Elle me donna alors un baiser tout tendre et affectueux sur la joue avant de reprendre.
"Et il n'a pas tort, c'est vrai que pour le coup, c'est plus lucratif que poissonnier."
Elle rigola alors avant de reprendre sur un air plus sérieux.
"Tu protèges tout le monde Skylar ! Tu connais notre devise à Fairy Tail. L'union fait la force !"
"Tu as bien raison, de toutes manières il était hors de question que je laisse tomber mes hommes ! Le credo des pingouins c'est ne jamais nager tout seul !"
Une nouvelle fois, je me rappelais que la raison numéro un pour laquelle je me trouvais à l’agence, c’était pour l’amour et l’affection indéfectible que je portais à mes frères. Je laissais de côté cette pensée qui fit naître un sourire sur mes lèvres pour me concentrer sur la vie trépidante de mon amie.
"Mais je ne parle que de moi depuis que je suis arrivé. Et toi alors comment vas-tu ? Quelles sont les nouvelles ?"
"Oh ... et bien j'ai dû aller sauver l'un de mes meilleurs amis aux griffes du plus grand mage noir de l'histoire ... et une partie de notre ancien monde au passage. Je n'en suis clairement pas sortie indemne, et je ne parle pas que physiquement."
L’écoutant attentivement, je ne pouvais m’empêcher de lui adresser une petite moue désolée. Je m’en voulais de ne pas avoir été près d’elle plus tôt pour l’aider à traverser ça. Je le regrettais d’avantage lorsque je vis ses yeux se teinter d’une couleur étrange, passant du bleu au violet. Son sourire jovial disparut alors pour laisser place à une expression beaucoup plus sadique. Elle semblait alors en prise à un combat interne et avait de la peine à reprendre le contrôle d’elle-même.
"J'ai ... un nouvel hum ... habitant en moi ..."
Elle se pencha alors vers moi et murmura comme si elle mon confiait alors son secret le plus intime.
"Sitri s'est réveillé ... et il n'est clairement pas content d'être emprisonné de cette manière. J'ai du mal à le contrôler ... j'ai .. hum ... détruit un immeuble des quartiers pauvres la semaine dernière ... tu sais la fameuse explosion de gaz ..."
Je haussais alors un sourcil de surprise. Bien évidemment que j’avais été au courant de cette histoire. C’était après tout mon d’être informé de ce genre d’évènement. Je n’étais pas au courant de la source mais j’étais de me douter qu’il s’agissait de ma chère Spicy Cake.
« Alors c’était… c’était toi ? Je n’aurais jamais cru possible »
Cependant, je n’exprimais aucune peur d’aucune sorte. Je connaissais des tourments assez proches d’elle et mes hommes avaient tous un petit grain qui pouvaient les faire dérailler et commettre des atrocités à tout moment. Seul Private semblait encore être relativement épargné mais il était encore si jeune et la case pétage de plombs n’avait pas vraiment encore été enclenchée dans son esprit. Saisissant alors les mains de Gaby, je proposais alors mes services en qualité d’amis et d’habitué de la gestion des cas difficiles.
« Est-ce qu’il a quelque chose que tu peux faire ? Je veux dire pour l’empêcher de causer plus de dégâts ? Ou contrôler cette puissance de manière plus… positive ? Est-ce que je peux faire quelque chose ? »
Relâchant mon emprise, je vie Gaby se gratter la tête avant de les placer au-devant de son tablier.
"Oui. Je le contrôle mieux déjà. Il a compris qu'il ne pouvait plus rien faire de toute façon sans mon accord. J'ai juste ... des sauts d'humeurs mais ça j'ai l'habitude."
Elle gloussa alors avant d’ajouter.
"C'est très gentil à toi Skylar mais tu ne peux rien faire ... enfin ... à part venir à la salle de sport te battre avec moi !"
Me plaçant alors en garde à vous, la mine très sérieuse et faisant tout pour qu’elle comprenne que mes prochaines paroles étaient très sérieuses.
« Je te promets que je ferais mon possible pour trouver du temps de libre pour toi. C’est vrai que nos séances de Krav Maga me manquent horriblement et ce serait d’autant plus un plaisir pour moi. Après tout, c’est la moindre des choses que je puisse faire après tous ces moments précieux que nous avons partagés ensemble. »
Elle me serra alors dans ses bras et reprit.
"Tu m'appelles quand tu veux qu'on aille à la salle ensemble !"
« Très bien, je te préviendrais dès que j’aurais un moment de libre ! »
Remarquant que le temps commençait à se faire long et que je me devais d’être à la maison pour accueillir mon adorable Private, je changeais alors de sujet.
« Je suis désolé mais j’ai encore beaucoup de choses à faire. Est-ce que tu accepterais de servir ton client favori ? J’ai une grande envie de sucre. »
"Oui oui tu as raison ! Je ne veux pas te retenir plus longtemps."
Elle m’adressa alors un clin d’œil et quelques minutes plus tard, nous nous retrouvions dans la pâtisserie.
"Alors qu'est ce qu'il te ferait plaisir pour aujourd'hui ?"
« C’est toujours tellement compliqué à choisir… vos articles sont tellement parfait ! Je prendrais un muffin au double chocolat noir et blanc, un donut fourré à la crème de mûre, une gaufre à la fraise et une brioche à la cannelle. » Il va alors sortir son porte-monnaie « Combien je te dois avec tout ça ? »
Alors que j’énumérais les différentes pièces que je désirais, Gaby les plaçait délicatement dans les cartons. Elle saisit alors sa calculatrice et calcula le tout.
"18 dollars s'il te plait !"
"Et voilà ! Tu peux garder la monnaie."
Je saisis alors les cartons en équilibre sur mon bras et m’adressais une dernière fois à mon amie.
"Je te promets que je reviendrais très bientôt. Et n'oublie que si tu as le moindre problème, je serais toujours là pour te donner un petit coup de nageoire !"
"Oui ! Il faut vraiment qu'on s'organise une petite soirée tous ensemble !"
Elle se pencha alors par-dessus le comptoir pour me faire une petite bise.
"Régalez-vous bien avec ces petites douceurs ... et pensez aussi un peu à vous !"
Un dernier sourire partagé et je quittais alors la boutique, mes bras toujours chargés de victuailles.
Je rentrais dans mon appartement en début de soirée et invitais mes soldats à venir festoyer comme il se devait avec moi. Rico et Private avaient répondu à l’appel avec plaisir et s’étaient régalés des pâtisseries du Fantasia. Kowalski quant à lui n’avait pas pu nous rejoindre. Cela ne m’étonnait pas vraiment. Je savais que lorsque mon lieutenant travaillait sur un projet scientifique il pouvait y passer des heures et gare à nous si nous venions à le déranger. Cela avait bien évidemment été plus difficile depuis qu’il travaillait à l’agence mais ses collègues avaient fini par s’y habituer. De mon côté, après avoir mis au repos mes fourrier et ma plus jeune recrue, je m’étais tranquillement mis à mon aise sur mon canapé devant ma PS4. Vous me connaissez, j’adore tout ce qui se rapporte au monde militaire. Je pouvais donc passer des heures à jouer au dernier jeu vidéo Call of Duty que j’avais reçu comme cadeau de Noël. C’était un peu ma drogue à moi et tant qu’aucune urgence ne se préparait, je resté planté devant ma télévision durant toute la soirée.
Mais ce soir-là tout ne se passa pas comme prévu. Après une heure de jeu, j’entendis le bruit caractéristique d’un message envoyé dans les canalisations. Ce système avait été mis en place par Kowalski et il était si fier de son bébé qu’il avait tendance à l’utiliser pour un peu tout et n’importe quoi. Me relevant pour savoir quel problème justifiait cette action de ma fidèle nageoire droite, j’eus un sursaut en découvrant le message. Il y était écrit le mot urgence tellement de fois que je compris que cette invitation était loin d’être banale. Et si cette chère Tête d’œuf avait besoin d’aide pour une mission autonome de l’agence d’importance ? N’hésitant pas une seconde, je me dirigeais vers ma chambre pour m’emparer de mon arme de service, un pistolet très ingénieux à balle chercheuse qui atteignaient toujours leur cible. Je la chargeais et la glissais dans mon étui avec deux recharges au cas où les choses se corsaient. Je m’équipais également d’une baïonnette et d’un poing américain. Songeant que mes recrues ne manqueraient pas de répondre à l’appel, je me précipitais en direction du parking tout chargé que j’étais.
Ce n’est qu’une fois sur place que je compris ce que j’avais pris pour une urgence n’en était pas réellement une. Au moment où Kowalski m’expliqua ce qui se passait, je soupirais presque de découragement.
« C’est pas vrai Kowalski, combien de fois il faudra que je t’explique ! N’utilise le système de tuyauterie que si c’est réellement important ? J’étais enfin en train de mettre la main sur le scientifique du camps ennemi qui avait créée l’arme bactériologique ! »
Je soupirais encore une fois lorsqu’il me tendit sa tablette. Je comprenais alors que Kowalski ne me lâcherait pas d’une semelle de rangers. Il irait avec ou sans moi et comme la perspective de laisser mon lieutenant partir seul sur une planète inconnue ne me réjouissais pas vraiment. Ça sentait l’arnaque à plein nez cette histoire et je n’aimais pas beaucoup les rumeurs qui circulaient à leur sujet. Il fallait que j’en aie le cœur net.
« Bon très bien ! Je t’accompagne… mais attends une minute que je revienne. Si j’arrive armer comme ça à Slife TV on est bon pour passer la nuit en tôle et tu pourras pas le faire ton voyage de rêve. »
Je remontais donc dans mon appartement et rangeais mes armes. Je conservais cependant sur moi un couteau à cran d’arrêt parce qu’il ne fallait quand même pas déconner. Puis, je redescendis et grimpais dans la voiture de Kowalski. Au fond, même en dehors de notre mission d’infiltration qui nous attendait, j’étais très heureux de faire ce voyage en compagnie de mon meilleur ami. Depuis toujours, je savais que de notre entente dépendait la survie même de mon commando. Il était donc crucial que nous trouvions un moyen pour demeurer aussi unis que possible et un petit voyage entre frères d’arme ne pouvait servir qu’à nous rapprocher davantage.
Enfin ça c’était dans la théorie. Dans la pratique, il nous arrivait également très souvent de nous disputer et de nous prendre le bec pour des bêtises. En l’occurrence, ce fut son appel à Sac à Puce qui eut le don de me faire bouillir intérieurement. Je ne manquais d’ailleurs pas de marmonner tout du long qu’avait durer leurs discussions. Une fureur que je ne pouvais éternellement garder pour moi.
« Mais qu’est-ce que ça peut lui foutre de ce qu’on fait de notre temps libre franchement ! On fait ce qu’on veut… on est grands, majeurs et vaccinés… enfin pas moi mais toi tu l’es ! Je crois pas qu’on soit obligé de l’avertir quand on a dix minutes de retard. Je te jure que s’il se permet de nous faire la moindre remarque je lui rentre dans le lard ! »
Je fermais les yeux et comptais jusqu’à 3 pour retrouver mon calme. C’était une technique que m’avait enseignée l’ancien manchot qui se trouvait à mes côtés. Je devais bien admettre que c’était plutôt efficace. Je poussais finalement un grand soupir.
« J’ai envie de retrouver mon indépendance, Kowalski ! J’ai envie d’avoir le sentiment de pouvoir partir en mission à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, qu’on puisse partir même à l’autre bout du monde, sans qu’on ait à rendre de comptes à personne. Notre ancienne vie me manque tellement. »
Puis finalement je souris à l’adresse de mon lieutenant. Après tout Kowalski était si enthousiaste, je ne voulais gâcher la soirée en broyant du noir. Je le suivais simplement, le laissant régler les derniers détails techniques avant que nous puissions enfin embarquer pour ce nouveau monde qui nous était encore inconnu. Le voyage de passa à merveille et nous fûmes accueillis comme des V.I.P. une fois arrivée à Magrathéa. Cependant, dès les premières minutes, je compris que quelque chose était terriblement louche. Ces magrathéens semblaient nous connaître sur le bout des nageoires alors que nous n’avions jamais été en contact avec eux. Est-ce que leurs satellites avaient pu filmer ce que nous faisions sur Terre ? Et si tel était le cas quels sombres secrets avaient-il bien pu déterrer sur nous ?
Suivant avec attention tout ce qui se passait devant mes yeux, je fus un tantinet surpris lorsque l’alien du nom de Spitiney nous tira par le poignet pour nous traîner jusqu’à une vue magnifique de cette planète. Elle nous lança alors un message officiel de bienvenue et je me crus obligé de lui répondre.
« Eh bien euh… merci ! Nous sommes très heureux d’être ici et nous somme impatients de connaître toutes les merveilles que vous pourrez nous présenter. »
Elle se tourna vers nous toute souriante, sautillant comme un cabri tant elle était ravie de présenter sa planète à des personnages que visiblement ils idolâtraient.
« Alors vous voulez commencer par quoi ? Notre centre de bien-être ? Notre discothèque ? Notre cinéma ? »
« Ah moins que vous ne préfériez visiter notre musée relatant l’histoires des technologies de notre planète ? Vous devriez venir le voir Kowalski, je suis certain que vous l’adoreriez ! »
« Allons Rockwell, ne les ennuie pas avec ça ! Ils sont ici pour s’amuser et se détendre. »
Après la proposition de Rockwell, je ne pouvais m’empêcher de réprimer un sourire de satisfaction.
« Oooh non bien au contraire. Nous serions ravis d’y faire une petite visite, n’est-ce pas Kowalski ? »
Je lui adressais discrètement un petit clin d’œil. Si nous voulions en savoir plus sur ce qui se passait ici, c’était une excellente porte d’entrée. Je savais qu’en plus Kowalski ne pourrait qu’accepter leur offre. Il n’avait pas arrêté de me chauffer les oreilles avec ses histoires de science durant tout notre voyage. Soudainement, j’entendis mon ventre gargouiller. Apparemment, le muffin du Fantasia ne m’avait pas suffisamment rempli l’estomac. En plus, j’étais persuadé que mon lieutenant non plus n’avait pas eu l’occasion de manger grand-chose. Je me tournais avec vers notre guide féminin.
« Mais je vous avoue qu’un petit encas ne serait pas de refus. »
« Bien sûr je comprends. Dans ce cas suivez-nous, nous allons vous mener au restaurant le plus en vogue de toute la planète. Je suis certaine que vous apprécierez les mets qu’ils ont à proposer »
« Ils ont même fait en sorte de concocter des plats selon leur connaissances de la vie sur Terre. Ainsi vous ne serez pas dépaysés par la nourriture. »
« Allez suivez la guide ! »
Ils nous embarquèrent alors à bond d’un petit chariot à air propulsé qui traversait tout le complexe. Cela nous donnait l’occasion d’admirer toutes les merveilles de cette nouvelle galaxie. Inutile de préciser que Kowalski avait des yeux éboulis par l’excitation que cette vue lui procurait. Une fois débarquer, nous arrivions devant un restaurant branché qui portait le joli nom de « Moon Cat ». Pouffant de rire, je donnais un coup de coude à mon second.
« Tu te rappelles Kowalski le jour où nous pensions avoir atterri sur la lune ? Nous avions fait la connaissance du chat Max que je surnommais « le chat lunaire ». Plutôt marrant comme coïncidence, non ? Je me demande ce qu'il devient.»
Sur ces quelques mots, nous franchissions la porte du restaurant pour découvrir un cadre futuriste et plutôt sympathique. Des clients aliens étaient déjà installés autour des tables et une musique entrainante animait les lieux. Nous nous installions alors tous autour d’une grande table où d’autres clients mangeaient déjà. Le serveur nous apporta alors le menu. Assez curieusement, la carte était également écrite en anglais pour faire face à la demande de la clientèle étrangère. Je me rendais alors compte que Rockwell n’avait pas menti. Dans le menu on pouvait trouver des plats à base de viande et de poissons ainsi que des hamburgers et des pizzas. La carte des boissons était également assez grande. Mais là où on aurait pu habituellement s’attendre à un bon Coca-Cola ou a de l’eau plate, on ne pouvait trouver que des cocktails… aux noms terriblement évocateurs. On avait ainsi le « Sex on the Earth », le « Pop my Mars » ou encore le « La fesse cachée de la lune ». A ce moment, je ne fus pas surpris outre mesure. C’étais assez commun sur Terre également. Ça faisait jeune et sexy après tout.
« Comme vous pouvez le constater, il y a énormément de choix dans les plats et dans les boissons. Les portions sont généralement très petites donc vous pouvez tester pleins de choses. »
« Euh attendez, comment est-ce que c’est possible d’avoir de la viande de bœuf ou de porcs sur cette planète ? Vous en faite des élevages par ici ? »
« Vous verrez, la réponse à cette question va vous épatez. En ce qui concernent les cocktails, je vous recommande vivement la surprise du chef. Elle a des effets assez surprenant vous allez voir. »
Rockwell nous adressa alors un petit clin d’œil et nous suivions ses recommandations. Nous avions principalement choisi des mets à base de poisson comme des sushis ou des salades de fruits de mer. Nos guides quant à eux se laissèrent tenter par des Cheeseburgers et des mini pizzas au fromage ou au jambon. Après quelques minutes d’attente les plats arrivèrent enfin. J’étais ravi à l’idée de pouvoir enfin manger jusqu’à ce que je voie l’aspect de la nourriture. En lieu et place d’un hamburger avec pain et garniture, il n’y avait qu’un petit cube de couleur rouge et gélatineux. Il en allait de même avec tout ce qui était sur la table. La seule chose qui les permettait de les différencier étaient les codes couleurs.
« Qu’est-ce que c’est que ce truc ? »
« Oh ça, ce n’est rien d’autre que la dernière technologie en matière d’alimentation. Je sais que cela n’a l’air de rien vu comme ça mais vous verrez une fois que vous les mettrez en bouche vous en sentirez toutes les saveurs »
Après quelques instants d’hésitation, je le portais à ma bouche et découvris qu’il n’avait pas menti. En effet, malgré leurs aspects ordinaires nous pouvions en sentir chaque saveur dans notre bouche. C’était tout bonnement fabuleux mais également très bon.
« Mmmh c’est vraiment pas mal du tout ! »
« Vous voyez. Qu’est-ce que nous vous avions dit ? Et ceci est juste un petit aperçu ».
Ils nous poussèrent alors à regarder les serveurs arriver avec dans leur main les boissons que nous avions commandées. Je compris très vite que nous avions à craindre le pire. Si les aliments ressemblaient à ça, à quoi pouvaient bien ressembler leurs cocktails ? Craignant le pire, je vis déposé devant moi un liquide à la couleur vert océan.
« Le Icy Coconut de monsieur est servi ! »
« Vous avez dit quoi ? »
Bien sûr, il ne répéta pas le nom. Il avait sans doute beaucoup trop de choses à faire et des clients qui l’attendaient par centaine. Ça ne devait pas être facile de satisfaire les demandes de tout le monde. Je commençais alors à observer son contenu. Une petite pique avec des fruits ornaient le sommet. Il y avait un morceau de mangue, d’ananas ainsi qu’un litchi. Je fronçais les sourcils en observant la petite tige de plastique qui servait habituellement à brasser et écraser les formules. Je fronçais alors légèrement les sourcils en constatant que cette dernière avait la forme d’un lémurien. Décidemment, il n’y avait jamais moyen de se débarrasser d’eux que ça soit sur Terre où ailleurs. Je l’enlevais alors de ma boisson pour que la paille ne continue pas de le souiller et jetais un œil vers les glaçon bleus et lumineux qui se trouvait dans le verre. Il ressemblait étrangement à un manchot et pas n’importe lequel. Ce manchot n’était rien d’autre que moi à l’époque du monde des contes.
Quelque peu surpris, je décidais de prendre dans ma bouche la petite paille de couleur dorée et bus une gorgée. L’expérience fut vraiment très étrange. Le goût de rhum coco n’était qu’un détail à côté de ce qui se passait autour de moi. A chaque fois que le liquide atteignait ma bouche, j’avais l’impression d’entendre une musique derrière moi, différente de celle qui créait l’harmonie des lieux. C’était une musique aux basses puissantes, plus dignes d’une soirée disco qu’un repas au restaurant. Il me fallut quand même plusieurs minutes pour comprendre que cette musique venait vraiment de la boisson. D’ailleurs, il n’y avait pas que la musique qui était perturbante. Derrière le rythme endiablé, je pouvais entendre l’écho du rire de Julian. Est-ce que je devenais complètement fou ? D’ailleurs, il n’y avait pas que mon ouïe qui me trompait, ma vue n’en était pas non plus en reste. A chaque gorgée, la luminosité de la pièce s’abaissait et de petite lumière de toutes les couleurs brillaient autour de nous. Quant à mon odorat, je pouvais sentir l’odeur de la noix de coco mais également celle d’une centaine de fruits tropicaux que je ne connaissais même pas.
Je compris alors que j’étais victime d’une hallucination, le goût, la vue, l’odorat, l’ouïe. Il ne manquait plus que… le toucher ? C’est alors que je sentis deux bras long et légèrement musclé m’enlacer sur mon ventre pour venir me coller contre son torse. Je ne pouvais pas voir tout ça, je me contentais seulement de les sentir. Ce corps était invisible tout comme la caresse d’une fourrure sur ma joue. Je fermais un instant les yeux profitant du moment présent. Juste un instant éphémère, futile... avant de reprendre mes esprits. Je le fis au moment ou j’entendis une voix chuchoter mon prénom dans un doux murmure. Tout était devenu si réel, trop réel ! Là c’en était trop ! Ni une, ni deux je balançais un monstre coup de poing dans la direction d’où provenait cette voix tellement agaçante !
« Ne me touche pas, espèce de maboule ! »
C’est alors que l’hallucination prit fin et que je vis que le type qui était à côté de moi avait chuté de son tabouret et allait probablement avoir un œil au beurre noir très prochainement. L’attention de tous les clients se tourna alors vers moi. De mon côté, je n’avais plus qu’à rougir de confusion et de honte.
« Non mais t’es pas bien, toi. Qu’est-ce qui t’a pris de me frapper ? »
« Je suis vraiment désolé, c’est pas vous que je… enfin je voulais pas vous faire de mal ! »
« Ouais la belle excuse, tu crois que je vais te laisser t’en tirer comme ça ? »
A ce moment-là, Spitiney s’interposa pour essayer de calmer le jeu.
« Je vous en prie, monsieur, ne le grondez pas ! C’est la première fois qu’il tente la surprise du chef et apparemment il y a réagi beaucoup trop fortement. S’il y a quelque chose que je puisse faire… »
« Non ça va aller. Continuez à encourager les terriens à venir sur notre planète et voyez ce que vous récoltez ! Pfff… allez viens chérie on s’en va ! »
Rester à l’écart, je me tournais dans la direction de Rockwell absolument furibond !
« En fait c’est vrai c’est votre faute ! C’est vous qui avez essayez de nous empoisonner avec vos cocktails diaboliques. »
Je renversais alors le verre de Kowalski pour lui éviter de vivre la même expérience que moi.
« Kowalski ne boit pas ça… je t’assure que ça n’en vaut vraiment pas le coup ! »
« Je vous assure que je ne m’attendais pas à ce que l’effet soit aussi puissant. C’est rare que cela se produise…. Il ne fait que raviver les désirs les plus refoulés de la tête des gens. Il faut croire que le vôtre était particulièrement puissant. C’était… c’était quoi qui a pu vous mettre dans un tel était ? »
Demeurant interdit quelques secondes, je me ressaisis et pris ma veste. Il fallait que je sorte au plus vite pour prendre l’air et oublier ce qui venait de se passer.
« Continuez seulement à manger, moi je vais vous attendre dehors. »
D’un pas rapide mais agacé je franchis la porte du restaurant, bien content de quitte cette échoppe de gros tarés.
acidbrain
E. M. Kowalski
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
Après la violente hallucination que je venais de vivre, j’avais décidé de sortir un peu du restaurant afin de prendre une bonne bouffée d’air frais. Je tremblais encore d’horreur en repensant à ce que j’avais vu et ressenti. Il me semblait encore sentir les vilaines pattes de lémurien se poser sur moi et j’entendais encore clairement la musique du Moite Club dans mon esprit. Mais quelle sorte d’esprit malade avait bien pu créer une pareille horreur ? Comment pouvait-on avoir la volonté de faire subir de tels cauchemars à des personnes innocentes ? Cherchaient-ils réellement à nous déstabiliser ? A nous détourner de notre objectif et de notre mission ? Bon, il fallait bien que je reconnaisse et que je l’assume. J’avais moi-même compromis la mission infiltration en donnant un violent coup de poings à mon voisin. Mais je ne m’attendais certainement pas à ce que notre première rencontre avec des êtres venus d’ailleurs se passe de cette manière.
J’en venais presque à regretter les pieuvres de l’espace, au moins elles on pouvait leur taper dessus sans que cela ne dérange personne. Au contraire, les gens venaient réclamer à grand cri le commando des pingouins pour qu’ils les aident à s’en débarrasser. Mais là, oser frapper un habitant de cette planète était un vrai scandale. Pourtant, j’aurais rêvé de frapper les têtes de Rockwell et Spitiney l'une contre l'autre pour leur mettre ne serait-ce qu’un peu de plomb dans la cervelle. Mais non, je devais rester calme et distingué devant nos hôtes. Premièrement, parce qu’ils étaient la porte d’entrée de notre mission et deuxièmement parce que je sentais déjà le regard désapprobateur de Kowalski se poser sur moi.
Kowalski… en réalité c’était pour lui que j’étais venu ici et c’était également pour lui que j’étais prêt à supporter tout ça. Je souriais à chaque fois que je le regardais poser des yeux d’enfants sur toutes ces nouvelles choses qu'il découvrait. Il avait les yeux pétillants de bonheur et pour moi c’était un plaisir de le voir aussi réjouis et amusé. Mais le pauvre malheureux ne se rendait pas encore compte que tout ce qui nous étaient présenté n’étaient que l’illusion du paradis. Il n’avait certainement pas goûter à ce cocktail pour pouvoir avoir les idées suffisamment claires. Avait-il eu le temps de tester durant le temps ou moi-même je m’y essayais ? Et si c’était le cas qu’avait-il vu exactement ? La réponse à cette question, je n’allais pas tarder à l’obtenir.
A peine quelques secondes après que je sois sortis mon frère en fit de même. Cela ne me surprenait pas. Kowalski avait toujours été attaché à moi et il prenait son rôle de lieutenant très au sérieux. Je savais depuis toujours que je pouvais compter sur lui à chaque occasion. C’est ce qui me plaisait tant chez lui. Je n’avais jamais connu ça auparavant, et surtout pas aux côtés de Hans qui était passé maître dans l’art de planter des couteaux dans les dos de ses amis. Bien évidemment, ma fidèle nageoire droite s’interrogea sur les raisons qui m’avaient poussées à me montrer aussi violent. Je souris malicieusement songeant à la réaction qui aurait été la sienne si je lui avais dit que la seule raison pour laquelle j’avais frappé mon voisin c’était uniquement parce que Julian n’était pas présent dans la salle. Je préférais garder le silence, tirant sur la cigarette que mon frère m’avait si chaleureusement offerte. Céder à cette petite addiction me faisait un bien fou et me permettait de retrouver un tant soit peu mon calme. Je me contentais alors d’un frisson de dégoût avant de regarder Kowalski le plus sérieusement du monde.
« Kowalski faisons nous une promesse. Quoiqu’il se passe ici cela restera strictement entre nous. Cette planète est mauvaise et je suis sûre que malgré leur sourire de carte postale, nos deux guides intergalactiques sont en réalité des génies du mal prêts à corrompre l’esprit de n’importe quel visiteur terrien. Bien que je n’arrive toujours pas à savoir pourquoi mais il faut rester très prudent. Donc comme on le dit dans l’armée « Don’t ask, don’t tell ». D’accord ? »
J’étais plutôt fier de mon trait d’esprit. Cette expression faisait partie des jalons de l’armée américaine depuis le jour où les dirigeants avaient pris le parti de protéger leurs hommes face à des discrimination homophobes et autres orientations sexuelles prêtant à la moquerie. Elle tombait donc fort bien à propos en ce qui me concernait. Bon autant être clair, je n’avais jamais fait partie des personnes qui reniaient leur homosexualité. Cela n’était un secret pour personne que j’avais eu pratiquement autant d’amants que de maîtresses. Le problème avec Julian ne provenait donc pas de cela. Je n’arrivais simplement pas à comprendre pour quelle raison je pourrais ressentir une quelconque attirance pour ce cas social, cette véritable erreur de la nature !
Honnêtement, si j’avais dû avoir une quelconque hallucination liée à un fantasme je me serais d’avantage attendu à Marjolène. Je l’aimais bien cette petite loutre que j’avais rencontrée au zoo et je m’étais beaucoup rapproché d’elle ces derniers mois. D’ailleurs, cela faisait déjà quelques temps que j’hésitais à me relancer dans une relation plus sérieuse avec elle et arrêter de papillonner à droite et à gauche. Pour quelle raison alors n’avait-elle pas été l’objet principal de mon fantasme ? Cela devait forcément être une erreur. Cette pensée se confirma au moment où Kowalski me confia avoir vu ce sale clebs de Cain dans ses hallucinations. Oui c’était cela, il ne pouvait s’agir que d’un odieux mensonge élaboré par les habitants de cette planète. J’approuvais alors les dires de mon lieutenant dans un mouvement de tête.
« Ouais c’est ça, tu as raison. C’était une réaction allergique, fin du débat. Tout ce qu’ils nous feront tester ici est toxique, j’en suis plus que certain. »
Cette phrase je ne cesserais de me la répéter aussi souvent qu’il le faudrait pour ne pas complètement perdre la boule. Je poussais un gros soupir lorsque Kowalski tenta de me convaincre de rentrer à nouveau dans ce maudit restaurant. Fermant un instant les yeux, je me convainquais qu’aussi dure seraient les tortures psychologiques qu’il nous feraient endurés il faudrait que je reste fort. Il fallait que je pense mission avant tout !
Je suivais donc péniblement Kowalski et eut beaucoup de peine à reprendre contact avec les autochtones. Afin de ne pas dire quelque chose de blessant, je laissais Kowalski mener les débats durant tout le dîner. Je refusais alors de boire un autre cocktail et leur préférais de loin la bouteille de vin. Les explications de Kowalski ne me passionnaient vraiment pas mais j’étais content de boire quelque chose qui ne remette pas cet insupportable lémurien dans mon esprit.
A vrai dire, je ne souriais vraiment qu’au moment où Kowalski s’éloigna de table pour venir voir les goodies de nos version humaine et animal. Bien sûr, contrairement à Kowalski, je demeurais sur la défensive. Je pris la mienne admirant discrètement le beau gosse que je voyais. Il était certain que la Nature et la malédiction m’avaient toutes deux énormément gâtées. J’adoptais cependant une aptitude hébétée lorsque je constatais la précision de cette dernière, même le tatouage discret de manchot que je portais derrière l’oreille avait été dessiné. C’était vraiment dingue.
« Kowalski à ton avis comment est-ce qu’ils arrivent à reproduire des figurines aussi exactes ? Le moindre détail est reproduit à la perfection ! Regarde mon tatouages… c’est à se demander si nous ne leur servons pas de cobayes audiovisuels et jusqu’à quel point ils nous observent. Peut-être que se sont des êtres omniscients qui savent absolument tout de nous ? Rien de ce que nous faisons ou disons ne leur échappe. Pourquoi font-ils tout cela à ton avis ? Tout ça ne me dit rien qui vaille ! »
Toujours aussi fasciné par ses découvertes, Kowalski finit par me présenter la figurine de Julian que je saisis dans ma main en poussant une grimace totalement dégoûtée. Je m’amusais même à lui filer une gifle discrètement comme ça pour le plaisir.
« Je rêvais de lui faire ça depuis tout à l’heure. Kowalski est-ce que tu… »
Je sentis mon visage pâlir tout d’un coup. Avais-je vraiment dit ce que je venais de dire ? J’étais passé aux aveux tout seul sans que Kowalski ne m’y pousse ? Non mais c’était quoi ce manque de professionnalisme ? Secouant la tête pour chasser cette idée de mon esprit je repris sur le ton de la rigolade.
« Allez prend-le, ça me fera un punching ball portatif pour m’amuser à la maison ! »
En vrai, l’idée de placer la figurine à côté de la mienne me faisait grimacer d’horreur. Avais-je réellement envie de faire subir cette cohabitation à ma pauvre poupée alors que je n’arrivais même pas à le supporter moi-même ? Puis regardant les différentes poupées sorties tout droit de notre univers, je souris en découvrant celle de la belle Marjolène. Je souris alors à mon compagnon de toujours et plaçait la figurine de ma potentielle future petite amie entre la mienne et celle de Julian.
« Voilà qui est beaucoup mieux ! Je n’allais quand même pas repartir sans emporter la plus belle avec nous ! »
En plus j’étais persuadée qu’elle serait véritablement ravie de ce cadeau. Du coup, j’achetais également une deuxième figurine de Julian me promettant de lui offrir la deuxième dès que l’occasion se présenterait. N’allez pas vous imaginer des trucs, c’était uniquement pour le plaisir de voir si son seul neurone grillerait si jamais je le lui donnerais.
Lorsque nous revenions à la table, les deux maboules nous proposèrent alors de participer à une expérience créer par le scientifique du couple.
« Euh ouais, ça peut être marrant. J’espère simplement pour vous qu’il aura pas le même effet que le cocktail ! »
Mais bien sûr, nos deux psychopathes préférés ne nous écoutèrent pas. D’ailleurs, ils ne firent que confirmer mes craintes lorsqu’ils affirmèrent que le casque branché sur nos têtes allait projeter sur l’écran nos fantasmes les plus enfouis. Je déglutis alors difficilement. Et si… et si c’étai à nouveau Julian qui venait s’imposer à mon esprit ? Non pas possible, je me refusais de le croire ! Même si, en fin de compte, je savais que ces illusions étaient empoisonnées et ne nous montraient aucunement la réalité. Je ne voulais tout simplement pas le voir !
Lançant un regard noir à Kowalski au moment où ce dernier osa me proposer comme premier cobaye. Serrant les dents très fortement pour tenter de ne pas riposter, je pris place sur le fauteuil de ces malades. Comment Kowalski pouvait-il à ce point leur faire confiance ? Lire dans les pensées des autres était l’arme la plus dangereuse dont les armées ennemies pouvaient disposer. Qui est-ce qui pouvait me certifier que pendant qu’ils testeraient leurs jeux macabres et stupides, ils n’en profiteraient pas également pour nous subtiliser des informations de très grande importance situées dans notre boîte crânienne ?
M’asseyant très peu convaincu sur la chaise qu’il me présentait je ne cessais de gigoter au moment où le casque fut posé sur ma tête. Entendre les ricanements incessants de mon savant fou préféré me plongea dans une colère noire et je vociférais à son encontre.
« Ouais c’est ça marre toi ! On verra bien si tu rigoleras autant lorsque ce sera ton tour d’y passer, Kowalski ! »
Lorsque l’expérience débuta je tentais de maîtriser l’appareil. Il demeura troublé quelques instants entre les images de Marj’ que Kowalski m’avait insufflées, celle des instants privilégiés que j’avais passés avec Gaby ou encore de mes expériences sexuelles peu concluantes avec un type ressemblant étrangement à Hans. Cela dit, malgré mes pensées qui allaient dans tous les sens un film commença à s’imposer comme l’élément majeur de mon expérience.
La scène se déroulait de nuit aux abords du Moite Club dans une ruelle sombre. Cela me fit d’ailleurs lever les yeux au ciel car parler de ce nightclub signifiait également que j’aurais droit à une scène avec sa sacro-sainte majesté des lémuriens. Bien évidemment, ils avaient flairé le filon alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Je relativisais alors en me disant que ce n’était qu’un film et que je pouvais le regarder comme ce qu’il était à mes yeux, une pure fiction ! Bref, dès la première scène je vis Julian apparaître à l’écran. La soirée semblait alors bien avancée et le lémurien semblait simplement vouloir rentrer chez lui. Au milieu de la ruelle, ils se fit aborder par six types malveillants qui le guettait à droite et gauche de la ruelle. J’avais beau ne pas réellement le porter dans mon cœur, c’était dur d’imaginer que la première scène où je verrais Julian était une scène de bagarre dont il serait la victime. Je déglutis alors légèrement, songeant que mon fantasme ne pouvait pas être ça. Je ne pouvais pas me montrer aussi sadique.
Suivant le déroulement des faits, je voyais le plus grand et costaud d’entre eux s’avancer vers sa victime. Il tenait un couteau aiguisé à la main.
"Alors ta majesté, j'ai cru comprendre que les affaires se portaient plutôt bien !"
Julian qui n’avait, comme à son habitude, pas l’air de comprendre grand-chose à se qui se passait se dressa fier comme un paon.
"Plus que bien oui !"
Un homme qui marchait aux côtés de son chef cracha alors vers le sol de dégoût.
"Ouais c'est bien connu, de toutes manières vous les riches vous êtes que des pourris !"
Le lémurien fronça alors les sourcils qu’il accompagna d’un geste dédaigneux de la main.
"Pourris ? Moi pourris ? Non mais vous m'avez bien regardé ? Vous pensez vraiment que Julian est pourri ? Pff c'est le plus frais des fruits que ta mère te donne ! Un peu de respect voyons."
Un troisième homme s’avança alors de l’autre côté de la ruelle. Pour bien faire comprendre à Julian la gravité de la situation, il sortit deux poings américains dont l’acier brillait dans le noir.
"Le temps est peut-être venu de rééquilibrer les inégalités entre les riches et les pauvres"
Mais cela ne suffit bien évidemment pas à Julian occupé à regarder ses ongles sans faire attention. Il haussa alors un sourcil.
*Je le disais à Momo la dernière fois ! Je crois que le petit peuple a trop lu ce ... comment il s'appelle dèja, le gars qui a un nom de barre chocolaté ! Ah oui Mars ...Karl Mars ! Comment oublié qu'il s'appelle Karl vu qu'un ancien ennemi craignos à moi s'appellait comme ça !"
Le deuxième agresseur regarda son chef avec surprise, comme s’il ne s’imaginait pas que le roi des lémuriens pouvait réellement être aussi stupide. Cette réaction me fit d’ailleurs pouffer de rire et je suis certain que j’aurais pu tenir un discours similaire à celui du chef.
« Ouais je vous avais prévenu que c'était vraiment pas une lumière ! Ca sera d'autant plus facile de le détrousser comme ça. »
Soudainement un des membres du gang sortant de nulle part, pointa sous couteau sous la gorge de Julian.
"Plutôt que de nous donner un cours de politique, ta majesté, tu préfèrerais pas nous donner directement ton fric. "
« Ouais parce qu'au fond l'accès de ton coffre-fort c'est la seule chose qui nous intéresse ! »
Julian se raidit alors comprenant enfin qu’il se faisait agresser par des types qui étaient capables de commettre le pire sans hésitation.
"C'est bête pour vous mais vous savez qu'en 2020 y a des endroits qui s'appellent la banque ? Non parce que même à l'époque Morty avait crée la banque ce petit enfoiré ... d'ailleurs MOOOOORTYYYYYYYYYYYYY"
Le cri déchirant de Julian raisonna dans toute la rue ce qui fit boucher les oreilles de tout le gang. Le chef se précipita alors vers lui et lui envoya une droite en plein dans la tronche. Je sentis alors mon cœur manquer un battement. C’était réellement injuste ! D’ailleurs le lémurien ne se laissa pas décontenancer et malgré le sang qui s’écoulait de sa bouche déclarait avec courage.
"Non ! Je connais mes droits ! Parce que j'ai tous les droits !"
Un troisième larron s’approcha alors de lui avec une attitude presque séductrice.
« En fait, il y a encore autre chose qui pourrait m'intéresser personnellement. Hein mon mignon ? »
"Comment osez-vous me toucher avec vos sales mains ! On ne vous a jamais appris à vous laver non ? Vu l'odeur ça m'étonne pas ..."
Faisant fi de ses paroles, le porteur du rasoir resserra encore sa poigne sur la main de Julian qui se débattait pourtant comme un beau diable, mais sans succès.
« Tu sais si tu ne veux pas aller à la banque, on pourra s'y rendra pour toi ! Tu dois être complètement crevé après d'être déhanché sur le dancefloor tout le nuit, non ? »
Se découvrant soudainement un attrait irrésistible pour le lémurien, il se pencha davantage sur lui pour respirer son parfum. Comment vous dire que malgré le fait que je faisais tout pour le cacher, je me sentais profondément mal à l’aise. Cela était-il réellement dû à la peur ou est-ce qu’un autre sentiment naissait en moi… une sorte de jalousie morbide ?
« Ne me touchez pas ! Vous ne pouvez pas faire ça ! Et je ne suis jamais crevé ! J'ai battu le record du monde de danse pendant plus de 150h ! »
C’est alors que le joli-cœur de la bande, s’approcha encore du lémurien pour lui caresser la joue.
« En attendant on peut se servir directement sur toi. Je me porte garant pour la fouille corporelle. »
A ces mots, deux des hommes lui retirèrent sans manteau et commençaient à fouiller à l’intérieur alors que le séducteur lui arracha ses bijoux avant de s’en prendre à sa chemise dans un geste brusque. Torse nu et totalement à leur merci, ils le plaquèrent alors au mur tandis que Julian continuait à se débattre.
« MAIS NON MA CHEMISE BURBERRY BANDE DE MOCHES VOUS SAVEZ COMBIEN ÇA COUTE UNE CHEMISE PAREILLE ? VOUS ALLEZ DEVOIR PAYER CHER ET »
Un des agresseurs fatigués par son discours, plaqua une main sur sa bouche que Julian mordit avec toute la force de sa mâchoire. Je ne pouvais alors m’empêcher de me sentir fier de lui alors que le malabar furieux, lui balança une claque dont l’écho puissant raisonna dans toute la salle de projection. Le courageux lémurien donnait des coups de pieds autant qu’il le pouvait mais cela ne suffisait pas à les faire reculer.
« Julian… »
J’avais prononcé ses mots dans un murmure désespéré sans vraiment m’en rendre compte, oubliant presque que ce film n’était qu’une projection de mon esprit.
« LES DIEUX DU CIEL VOUS PUNIRONT POUR OSER PROFANER LE CORPS SACRE DU ROI »
« C'est bien bête pour tes dieux du ciel, je suis agnostique ! », ricana le cinglé au rasoir.
« Et maintenant, hein ? Qui va bien pouvoir venir te sauver, bouffon ? »
C’était une très bonne question parce que le film avait beau être une projection de mon esprit, je sentais une boule de rage se former dans mon ventre alors que je me demandais ce que moi je pouvais être en train de faire pendant que mon ami se faisait démolir le portrait et risquait de finir par être la victime à la fois d’une vola mais également d’un viol collectif.
Bordel Skylar, mais qu’est-ce que tu attends pour agir au juste ?
Pour bien enfoncer le couteau dans la plaie, le joli cœur s’approcha encore de lui et tenta de l’embrasser.
« Ce qui veut dire que maintenant on peut faire ce qu'on veut de toi, mon chou ! »
Puis soudainement comme une libération un hurlement raisonna derrière eux. Ils se retournèrent alors tous d’un bond et purent apercevoir l’un des membres de leur équipe avec un couteau planté dans la jambe.
« Ooooh putain, ce que ça fait mal ! »
Plus loin, une ombre se dressait dans la nuit, je compris qu’enfin j’avais décidé de bouger mon croupion pour sauver la vie du roi des lémuriens en détresse. Accroupi en cet instant, je relevais un sourire malicieux et victorieux à l’adresse du chef de ces salopards.
« Mais c'est quoi ce truc ? »
« Ce truc bouffon c'est la réponse des dieux du ciel ! Je suis votre pire cauchemar »
Julian poussa alors un grand cri impossible à identifier, entre la peur et le soulagement, et donna un bon coup de pieds dans les couilles de l’homme qui le maintenait encore à la gorge. Il put enfin se libérer et courir dans un coin de la rue sans pouvoir beaucoup progresser. Un des hommes pris le relai de l’homme au rasoir en immobilisant mon lémurien. Pourtant cela ne le freina pas dans sa détermination et il m’encouragea à distance.
« ALLEEEEEEZ TU VAS LES DEFONCER PETIT PINGOUIN MILITAIRE ! C'EST TOUUUAAAH LE PLUS FORT ! HAHAHA JE VOUS L'AVAIS DIS, LES DIEUX DU CIEL N'AIMENT PAS TROP VRAIMENT QUE L'ON S'EN PRENNE A L'ELUUUUU. ALORS LES DIEUX DU CIEL VOUS ENVOIE LEUR DEUXIEME PORTE PAROLE, parce qu'on sait tous que le premier c'est moi !"
Je levais alors les yeux au ciel et soupirais en même temps que l' ex-pingouin que je voyais à l’écran. Décidément, il n’y avait jamais rien à faire. Il était toujours aussi insupportable quelle que soit la situation. Profitant du discours de Julian pour me relever je décidais de reprendre la parole.
« Alors les gars, chaud pour un premier round ? Personnellement je suis un adepte des sauteries à deux mais un plan à 6 ça doit vraiment être l'éclate ! »
Le chef m’adressa alors un sourire carnassier et donna ses instructions à ses hommes.
« Attaquez-le et finissez-en rapidement. Moi pour le moment je vais aller m'amuser un peu. »
Il lança alors un air coquin à l’adresse du lémurien avant de sa rapprocher de lui me faisant bouillonner de rage. Je lançais alors en même temps que mon alter-ego sur l’écran.
« Je vous interdit de le toucher ! »
Une nouvelle fois en un geste synchronisé, nous fermions tous les deux les yeux. Moi parce que je venais de réaliser que ces mots je les avais prononcés à voix haute, lui parce qu’il essayait de se concentrer sur l’objectif le plus important du moment.
« Très bien messieurs, c'est parti pour notre première danse ! »
Dans une avalanche de coups de pieds et de coups de poings, le grand commandant les envoya tous au tapis. Puis, je me précipitais bien vite en direction du chef avant même qu’il n’ait eu le temps de poser sa main sur Julian. Je lui explosais alors le bras pour lui faire bien comprendre mon point de vue.
« Comme je viens de te le dire, tu ne toucheras pas à un poil de sa queue de lémurien. Maintenant file où je termine ce que j'ai commencé. »
Par crainte de représailles, je vis alors le chef filer à toute jambes avec ceux de ses hommes qui arrivaient encore à tenir debout. Quant à moi, je me dirigeais en direction de Julian tout heureux d’avoir pu le secourir à temps.
« Décidemment, tu es vraiment doué pour t’attirer des ennuis ! »
"Que veux tu ! Je suis le roi j'attire toujours tout à moi ! Même les ennuis !"
Puis sur un ton plus sérieux, je le regardais avec un regard rempli d’une sincère compassion.
« Comment tu te sens, Queue Rayée ? »
« Hé bien j'ai mal au dos ... et à la mâchoire ... et puis ma chemise ! Tu te rends compte ? Aucune notion de valeur et de mode ... des sauvages !"
Saisissant alors son visage entre mes mains, je regardais sa blessure avec une certaine inquiétude dans le regard.
« C'est vrai qu'ils t'ont bien amochés. Ne t'inquiète pas, je suis certains que le docteur Snake te rafistolera ça en moins de deux. »
Plongeant alors mon regard dans ses magnifiques yeux vert émeraude, je rougis un peu avant de reculer en me rendant compte que nous n'étions qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Je reculais alors de quelques pas avant d’aller ramasser son manteau que je plaçais sur ses épaules pour éviter qu’il ait trop froid. Il avait en revanche raison, la chemise ne servait absolument plus à rien.
« En attendant, je vais te raccompagner. Tu seras sûrement plus rassuré avec une escorte à tes côtés. »
Les deux acteurs principaux de la scène sortirent alors de la ruelle et Julian finit par se tourner dans ma direction, légèrement anxieux. Il déglutit alors.
« Hum ... pour ... pour remercier les dieux du ciel qui t'on fait venir là ... que dirais tu d'une surprise ? »
« Eeeuuhhh d'accord... c'est quoi ta surprise ? Parce que s'il s'agit d'un sacrifice, il y a 4 abrutis allongés dans cette rue qui feraient très bien ton affaire ! »
"Oh non non pas de sacrifice je te le jure ! Mais je pense ... que tu vas être très content."
Se penchant vers moi, il m’adressa avec un air beaucoup plus taquin qu’auparavant.
« C'était pour ton anniversaire ... mais comme j'ai oublié la date, je me suis dis que pourrait te l'offrir à Noël. Mais Noël c'est dans bien trop longtemps. Maurice m'a dit de trouver une occasion et voila t'y pas que occasion arrive, comme ça, tranquillement, sans qu'on ne l'ait appelé ?"
Je ne manquais alors pas de sourire pendant que je marchais à ses côtés. Julian avait toujours ce petit côté innocent et candide dans ses paroles qui me plaisait beaucoup. Je savais qu’il pouvait être extrêmement généreux mais je me demandais quelle sorte de cadeaux il avait bien pu me faire pour qu’il soit aussi précis dans le choix de la date. Me laissant porté jusqu’à la marina, j’aperçus alors un immense yacht, le genre que je n’avais encore vu que dans mes rêves. Tout heureux Julian sauta sur le ponton devant le bateau.
"TADAAAAA BON ANNIVERSAIRE NOEL JOURS DE L'AN THANKSGIVING HANOUKA PÂQUES SAUVETAGE GARDE DU CORPS PASTEQUE !"
Finalement, le film me convenait tel qu’il était. Un joli sauvetage à la Skipper pour secourir son ami Queue Rayée et tout ça finissant devant la surprise de recevoir un immense bateau ? Que pouvais-je rêver de mieux ? Il valait mieux que je fasse arrêter ce rêve avant que le moindre truc coquin n’arrive à l’écran.
« Bon c'est mignon tout ça ! Le héros sauve la demoiselle en détresse qui lui offre un bateau. Je suis certains que la ménagère moyenne va adorer ! Bon on peut arrêter ? Il est où le mot fin ? »
Spitiney se tournant vers moi terriblement amusée et suspecte me répondit alors qu’elle était en train de manger du pop corn.
"Mais c'est pas finiiiii attend le meilleur arrive normalement !"
Est-ce que cela ne devenait pas de la cruauté mentale à force ? Pourquoi est-ce que le créateur du film ne pouvait pas en choisir lui-même la fin ? N’ayant pas vraiment le choix, je décidais de tourne mon attention vers le film… après tout, je n’avais plus le choix.
Je retrouvais alors un Skylar la bouche tellement ouverte qu’elle en aurait touché le sol et les yeux totalement exorbités.
« Mais... mais... Queue Rayée tu es encore plus frappadingue que je le pensais ! C'est... c'est vraiment beaucoup trop ! Il est absolument magnifique ! »
Je fis alors quelque chose de complètement fou, ce qui prouvait que ce type à l’écran était clairement un autre que moi. Jamais je n’aurais adopté une telle attitude, et surtout pas avec lui. Saisissant sa main je le ramenais vers moi en le faisant virevolter avant d’assurer sa réception dans ses mes bras protecteurs.
« Si je m'écoutais je pourrais t'embrasser. »
Julian en rigola et finit par toucher le bout de mon nez en déclarant
"Alors qu'est-ce que tu attends grand fou ?"
A cet instant-là, pris d’un semblant de bon sens, je rougis jusqu’aux oreilles en me rendant compte de la portée de mes paroles. Par fierté, je le repoussais alors et détournait la tête en croisant les bras sur mon torse.
« Mais comme il me reste un minimum d'amour propre je vais peut-être éviter. »
"C'est quand même vraiment dommage que tu écoutes plus ce fameux amour propre que ton roi ...", déclara Julian en levant les yeux au ciel et en croisant les bras.
Cela dit, ce n’était peut-être pas très juste de ma part de réagir ainsi. C’est vrai, après tout Julian venait de m’offrir un trop joli cadeau pour ne pas savoir me montrer reconnaissant. Même le vrai moi assis sur son fauteuil secoua la tête. Il devait bien y avoir un autre moyen de lui exprimer ma reconnaissance, non ? A cette pensée, je me tournais dans sa direction un sourire reconnaissant aux lèvres.
« Je t'avoue que j'ai vraiment envie de l'explorer. Tu voudrais bien me faire une petite visite guidée ? »
J’avais alors saisi sa main, non pas comme un amant pouvait prendre la main de son compagnon mais plutôt comme un enfant tirant sur la main de sa mère pour qu’elle l’emmène voir quelque chose qui lui tenait très à cœur. Sans ajouter un mot, Julian m’entraîna alors sur le bateau pour accomplir sa mission de guide. Nous montions sur le premier pont et Julian débuta ses commentaires.
"Voici l'Océano le tout dernier modèle de yacht surpuissant, construit en fibre de verre. Tu liras la notice."
Nous passions à côté d’une piscine et d’un bar qui firent pétiller mes yeux jusqu’à grimper sur les autres ponts. Le bateau était véritablement impressionnant. Même dans mes rêves les plus fous je n’avais jamais vu un tel luxe. Partout s’étalait du marbre et du bois de très bonne qualité. Pendant toute notre visite, je n’avais pas arrêté de vouloir toucher à tout. Ouvrant tous les placards et touchant à tous les boutons, je ne cessais d’inonder le navire de compliment bien sentis. C’était tout bonnement magnifique. Nous arrivions alors devant la cabine du commandant et Julian me tendis les clés du navire. J’étais tellement ému que j’en avais presque les larmes aux yeux.
"Tiens. Pour toi. Commandant !"
« Je n'y crois toujours pas, c'est... c'est comme un rêve qui se réalise ! Julian comment je pourrais jamais te remercier... tu es beaucoup trop généreux ! »
En réalité je me disais la même chose devant mon écran. Si Julian m’avait fait un tel cadeau dans la réalité, je l’aurais sans doute regardé avec de gros yeux, me doutant que cela cachait forcément quelque chose. Bien sûr, je ne l’aurais pas accepté par fierté et j’aurais sans doute eu quelques réticences à l’idée qu’il me traite comme un vulgaire gigolo qu’il se verrait obligé de payer pour en faire son amant. Mais l’idiot que je voyais sur l’écran était bien trop admiratif pour avoir un minimum de sens pratique. Tout ce qui comptait pour lui en cet instant, c’était son nouveau jouet et le plaisir qu’il avait à le partager avec ma majesté, roi des lémuriens. Non mais quel crétin ! De son côté, Julian fit un geste de la main comme si le prix du bateau était une bagatelle pour lui.
Puis, nous entrions dans la cabine qui était sans doute la pièce la plus confortable et luxueuse du bateau. Je vis alors un sourire coquin apparaître sur mes lèvres au moment où je jetais un œil sur le lit King Size. Et je me sentis trembler de plaisir au moment où Julian me lança sur un ton malicieux.
" Il est équipé de tout un tas de trucs militaires aussi. En fait, il est juste fait sur mesure pour le meilleur des chefs pingouins !"
« Tu me connais tellement bien... c'est juste la perfection ! »
"Normal que la perfection, donne la perfection."
Nous étions deux alors à lever les yeux au ciel, tant l’arrogance du lémurien avait tendance à nous taper sur le système. Réfléchissant toujours à un moyen de récompenser la bonne action de Julian comme il se devait, je me tournais dans sa direction avec un grand sourire et déclarait.
« Tu sais quoi, j'ai une idée ! Pourquoi ne pas en profiter pour aller faire un tour demain, rien que toi et moi ? On se prendrais une journée pour naviguer jusqu'aux confins de l'océan, découvrir toutes les merveilles que ce monde a à nous offrir et croquer la vie à pleine dent ? »
Mon futur compagnon d’aventure me dévisagea alors de la tête au pied en finissant par hocher la tête avec un grand sourire.
"C'est une très bonne idée ... et moi je dirais même qu'on peut commencer maintenant ... à moins que tu n'aies autre chose de prévu ...."
Autant ne pas le cacher, je le voyais venir à des kilomètres. La raison pour laquelle j’avais parlé d’un départ à l’aube, c’était parce que j’avais bien prévu de passer la nuit avec lui sur ce bateau auparavant. De mon fauteuil je sentis un frisson m’envahir à cette idée et j’aurais certainement était plus à mon aise de me savoir rougir si Kowalski n’était pas à mes côtés en train de pouffer bêtement devant les images qu’il voyait surgir directement de mon subconscient. Je regardais passif Julian se rapprocher de moi avec un petit sourire taquin et passé un doigt sur mon torse.
"Après tout ...le grand roi que je ne suis ne t'a pas vraiment remercié de ton acte SI héroïque SI courageux ! Vu que je comptais tout de même t'offrir ce jouet."
Cette fois-ci, n’ayant plus la force et l’envie de le repousser, je plaçais seulement une main sur chaque côté de son visage et mes yeux se plongèrent alors amoureusement dans son regard vert océan avant de glisser en direction de ses lèvres.
« Et après tout... pourquoi pas ? Il faut bien commencer quelque part, non ? »
Passant une main derrière sa taille, je le rapprochais de moi et lui offris le premier baiser que nous échangions de notre vie, ce qui me poussa inconsciemment à me mordre la lèvre. Ce baiser je l’avais attendu depuis toujours et comme pour me débarrasser d’une envie bien trop longtemps contenue, ce dernier fut passionné, fougueux et dura bien quelques secondes. Lorsque je m’écartais enfin de lui tout en le maintenant dans mes bras. Je lui offris alors une jolie déclaration d’une sincérité troublante.
« En plus je t'avoue que je ne connaîtrais pas de réveil plus doux que de voir le Soleil se lever de l'immense baie vitrée de cette cabine en te tenant lové dans mes bras. »
Julian poussa alors un profond soupir, reconnaissant à quel point cette phrase pouvait lui semblait d’un romantisme fou.
"Je comprends, voire la perfection incarnée ne peut qu'égayer ta journée ! Je me demande bien comment tu fais en temps normal."
« Tais-toi, espèce de grand idiot ! »
Les baisers reprirent alors et tandis que ma langue ne cessait de jouer avec la sienne, je le débarrassais de son manteau et caressais doucement les muscles finement dessinés de son torse qui m’avaient toujours fait tant envie. Je me donnais le droit de lui faire tout ce dont j’avais toujours rêvé et c’était dingue ce que j’aimais cette sensation de libération. Reculant de quelques pas, je le poussais alors sur le lit dans un rire partagé et retirant déjà mon pull, je me plaçais au-dessus de Julian qui avait reculé un peu pour m’en laisser la place.
« Maintenant il ne reste plus qu'à me prouver que ton jouet ne sert pas à compenser tes piètres aptitudes dans d'autres domaines. Montre-moi ce que tu es capable de faire, Oeil de braise. »
Il plaça alors ses mains par-dessus ma tête pour m’approcher de lui et m'offrit le plus langoureux des baisers. Sa longue queue toute douce de lémurien me caressait alors le dos et son bassin se rapprocha du mien dans un petit mouvement.
"Si tu avais répondu à mes avances, il a bien longtemps que tu aurais regretté de ne pas avoir connu mes prouesses divines avant !"
Il parsema alors mon menton de petits baisers en remontant à mon oreille qu’il suçota alors que je poussais un petit soupir de délice.
"Je pourrais dire aussi la même chose que toi ... Aurais tu repousser mes avances par peur de quelques choses ? D'une forme d'impuissance ... que tu essayes de compenser en te faisant passer pour un commandant ...?"
Si j’avais peur de quelque chose ? Bien évidemment que c’était le cas. Je craignais cette envie coupable qui me prenait à chaque fois que mes yeux se posait sur lui. Je haïssais les battements traitres de mon cœur qui frappaient si fortement dans ma poitrine que j’avais parfois l’impression qu’elle allait exploser. Mais par-dessus tout, je ne supportais pas l’idée qu’il puisse à ce point-là occuper une part importante dans chacun de mes fantasmes nocturnes. Pourtant, j’étais tétanisé par ses images, je n’avais pas le courage de l’arrêter. D’autant moins que ça, c’était ce que j’avais toujours voulu. Je me voyais allongé au-dessus de lui, embrassant chacune des parties de son visage et laissant ma bouche déborder sur sa gorge et ses épaules.
« Si tu penses ça c’est que tu n’as aucune idée de toutes ces envies que tu peux m’inspirer. Je me ferais un plaisir de te faire ravaler tes paroles et te punir pour ton impertinence. »
Dans un rire je me relevais et arrêtais un instant mes gâteries pour plonger un regard amoureux dans le sien. Je caressais alors ses cheveux et son front alors et prenait le temps de l’observer avant de passer aux aveux.
« Je t’aime, Julian. »
Je déposais alors un baiser tendre sur ses lèvres avant de m’arrêter à moitié et de reprendre mon discours.
« Je suis complètement dingue de vous, mon roi ! »
Ca suffit ! Ca suffit !
Je n’en pouvais plus d’avoir à supporter ce tissu de mensonge sur écran. Je ne comprenais même pas pourquoi j’étais resté aussi passif devant cette horreur alors que tout ce que je souhaitais c’était que ça s’arrête. Je me mis alors à hurler pour que Spitiney qui mangeait encore son satané pop corn et son savant fou de mari arrêtent cette expérience.
« Par pitié arrêtez-moi ce cauchemar ! Kowalski arrache-moi ces électrodes tout de suite ! Je m'en fous de savoir si ça me fera exploser le crâne... enlevez ces images répugnantes de mon cerveau et viiiite »
C’est alors que l’autre cruche débarqua devant moi la bouche en cœur, pleine de pop corn et me regarda très étonnée.
"Vous n'aimez pas ? C'est bizarre ça ! Vous êtes sûr de pas vouloir voir la suite ? Pourtant ... ça vient de votre esprit"
« Oui j’en suis sûr. J’en peux plus de votre ramassis de conneries ! Votre machine doit être complètement déréglée c’est tout ! »
Rockwell arrêta alors la machine et analysa la prétendue activité de mon cerveau.
"C'est vraiment étrange ... parce que toutes les constances sont bonnes ... toutes les bonnes zones du cerveau ont été allumés ... je ne comprends vraiment pas qu'est-ce qui ne marche pas"
« J’en sais rien. Vous êtes peut-être un scientifique complètement raté ? J’ai besoin d’un deuxième avis… donnez la machine à Kowalski qu’il nous analyse tout ça par lui-même. Il vous dira bien que votre machine ne marche pas ! »
Je flinguais alors littéralement Kowalski du regard et espérais du fond du cœur qu’il me prouverait que ce que je disais n’était que la plus pure des vérités. Tout ceci n’était qu’un ignoble mensonge !
acidbrain
E. M. Kowalski
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
Après la vision de cette espèce de cauchemar ambulant, j’étais demeuré longtemps assis dans mon fauteuil, les bras croisés sur mon torse comme un enfant boudeur. Décidemment, venir ici avait été la pire idée du siècle surgie du génial esprit de mon lieutenant. Depuis le moment où j’avais posé mon pied sur cette planète, j’avais été matraqué par un seul et unique message… le plus grand fantasme de mon esprit était Julian. C’était était absolument risible. Au nom de quoi je me serais senti ne serait-ce qu’un minimum attiré par cette erreur de la nature ? Personne n’avait le don de m’exaspérer autant que lui. Tous les moments que je passais à ses côtés se terminaient forcément par une bagarre. Est-ce que c’était sa la vision que l’univers avait d’une histoire d’amour parfaite ? Quelle belle connerie ! Julian et moi non n’étions pas fait pour vivre quoi que ce soit ensemble… même si ce quelque chose était purement sexuel. A quoi bon prendre des risques aussi inconscients avec un homme pour lequel mes seuls soupirs consistaient en une indignation tenace ?
Dans un coin de ma tête, j’entendais en continu les commentaires de Kowalski y résonner. Bien sûr que non mon plus grand fantasme ne reposait pas sur le fait de voir souffrir Julian. Bien que nos relations aient toujours été en dents de scie, j’avais tout de même plus de respect pour lui que ça. Il était d’une idiotie presque inégalable mais n’était pas méchant pour deux sous. A vrai dire, je me serais bien plus amusé à voir Hans dans cette situation. Ce puffin n’avait pas un soupçon d’humanité et d’honneur en lui. Il mentait comme il respirait et rien ne semblait lui faire plus plaisir que d’admirer une lueur de déception dans le regard de la personne qu’il avait trahi d’une main de maître. Lui méritait que toutes les tortures du monde lui soient infligées, mais pas Julian ! Je lui aurais souhaité au contraire tout le bonheur du monde. Et dans le cas présent de rencontrer un homme ou une femme qui puisse réellement le rendre heureux et le faire planer éternellement sur un petit nuage. Et de toutes évidences, ce quelqu’un n’était pas moi. Curieusement je sentis mon cœur quelque peu se serrer à cette idée.
Je ne retenais pas la petite remarque évoquant les pratiques sexuelles auxquelles je pouvais m’adonner. Après tout, je considérais que cette question relevait vraiment du domaine de l’intime. Je n’étais pas un expert dans cette pratique même si j’avais pu l’essayer avec quelques-uns de mes partenaires. C’était un jeu que je ne pratiquais qu’avec un très petit nombre de mes amants. Mentalité de soldat oblige, je ne m’étais jamais livré à ces rituels avec des femmes que je considérais comme bien trop fragiles pour le supporter. Mais ça ne faisait pas partie de mes préliminaires habituels. En revanche, le fantasme du sauveur était en effet bien plus dans mes cordes. Bien sûr, je ne pouvais m’empêcher de rougir lorsque je l’entendis évoqué par Kowalski. Bien que pour être parfaitement honnête, cela ne devait naturellement pas le surprendre. Après tout, il savait que j’étais particulièrement fier de pouvoir sauver d’autres animaux. Cela faisait partie de la mission de base de mon commando qui faisait ma plus grande fierté. De plus, personne ne le savait aussi bien que Julian étant donné que cet abruti arrivait toujours à tomber dans tous les pièges qui lui tendaient ses ennemis.
Je zappais naturellement la suite de ses commentaires. Contrairement à ce que certains esprits tordus pourraient penser, ce n’était pas parce que j’étais hypnotisé par ce qui se passait à l’écran. Bien évidemment que non ! J’étais simplement estomaqué à l’idée de me livrer à une expérience aussi poussée avec mon lieutenant à mes côtés. Pour finir par mettre fin à cette abomination j’avais hurlé à plein poumons pour qu’on arrête enfin ce film de malheur. Bien évidemment fierté oblige, Rockwell avait était obligé de justifier que sa machine fonctionnait parfaitement. Je ne pouvais le laisser poursuivre les idiotes idées qui se bousculaient dans son cerveau malade.
« Et moi je vous dis que votre machine est complètement cassée. Si elle devait effectivement faire apparaître sur cet écran mon plus grand fantasme, ça aurait été une femme toute craquante avec un magnifique visage rond et des yeux bleus pétillants de malice. Pas cette espèce d’énergumène au physique aussi douteux que son style vestimentaire. »
Je ne savais pas si Kowalski comprenait que je faisais illusion à Marjolène, après tout à cet instant même ce n’était pas très important. Je me sentais un peu ridicule également à l’idée d’avoir traité Julian avec tant d’irrespect mais après tout c’est eux qui m’avaient cherché. D’ailleurs pour ne rien arranger, Kowalski en ajouta une couche en prétendant que tout fonctionnait normalement dans mon cerveau. Cette fois-ci je m’emportais d’avantage et décroisa enfin les bras pour tourner mon attention vers ma nageoire droite.
« Ca t’étonne vraiment que je puisse ressentir de l’horreur et de l’angoisse ? Je viens de me voir culbuter Queue Rayée sur un yacht de luxe. Tu me connais, non ? tu sais à quel point je le déteste. Tu crois sérieusement que tu peux apporter ne serait-ce que de la crédibilité à une affirmation aussi grotesque ? Rockwell a certainement dû truquer les résultats pour faire son malin. »
Bien évidemment, je ne prêtais pas attention à tout le jargon scientifique que Kowalski débitait. D’abord parce que soyons honnête, je n’y avais jamais compris grand-chose. Et puis surtout parce que quelles que soient ses cogitations, je savais parfaitement ce qui se tramait dans mon esprit. Je me connaissais par cœur et il était hors de question que je porte le moindre crédit à ces mensonges. En réalité je n’avais qu’une hâte… qu’ils puissent enfin tester leur engin du diable sur Kowalski. Là au moins nous serions enfin fixés.
Les fantasmes de Kowalski apparurent les uns après les autres. Je retins à peine un rire lorsque j’aperçue Gabrielle à l’écran. Apparemment, je n’avais pas été le seul à fantasmer sur la jolie pâtissière. Au lieu de chercher à nous émoustiller avec des fantasmes sans queue ni tête, c’était peut-être sur elle qu’ils auraient dû miser pour nous satisfaire tous les deux. Mais pour être tout à fait honnête, je me serais assez mal vu expliquer cela à notre amie commune dans créer un gros malaise entre nous. Quoiqu’étant donné que nous avions entretenu une relation assez frivole, elle devait bien s’en douter. Je soutenais malgré tout qu’elle aurait été un meilleur choix que celui qui s’installa juste après elle. Lorsque je vus Cain apparaître à l’écran, je ne pus m’empêcher de serrer les dents. Décidemment, entre Julian et lui il y avait vraiment une conspiration pour me faire retrouver toutes les personnes qui avaient le don de me faire sortir de mes gongs. Je déglutis légèrement en me demandant l’espace d’un instant si le fantasme de Kowalski était réellement de la fiction. Serait-il possible qu’il rêve d’entretenir une liaison avec lui ? Que mon propre lieutenant se permette de me planter un couteau dans le dos me faisait littéralement horreur. Pourtant, je préférais me convaincre que ma théorie à moi était la bonne. Je me tournais alors en direction de nos deux hôtes.
« Vous voyez ? Qu’est-ce que je vous disais ? Ta machine doit avoir un sacré dysfonctionnement, Rockwell. »
Un tantinet nerveux, je pris tout de même le parti de suivre ce film aussi stupide et irréel pouvait-il être. Je souris gentiment lorsque Sac à Puce évoqua le prix Nobel gagné par Kowalski. Même si ce n’était qu’un rêve, je ne pouvais nier que j’étais drôlement fier de mon petit frère. Même si très honnêtement, si jamais Kowalski venait à gagner un tel prix dans la réalité, c’était à moi de l’annoncer et non pas à cette parodie d’agent secret !
« Pourquoi ça ne m’étonne pas de toi ? Voilà au moins une chose que je suis persuadé tu pourras réaliser un jour. »
Contrairement à ce fantasme débile où j’avais fini par m’envoyer en l’air avec le type le plus répugnant de toute la planète Terre. Le film se poursuivit alors et lorsque j’entendis Médor parlé dans le même jargon scientifique que Kowalski. Ne pouvant plus me retenir, je finis par éclater joyeusement de rire sans pouvoir m’en empêcher.
« Décidemment, il y a vraiment que dans tes rêves que Sac à Puce pourrait sembler avoir ne serait-ce qu’un brin d’intelligence. »
Le reste de la séquence me fit rapidement ravaler ma salive. Ne pouvant donner un coup de pied dans le pot de popcorn qui se trouvait beaucoup trop loin de moi, je me contentais dès lors de pousser un soupir à couvrir l’ambiance sonore et visuelle qui se tenait devant nous. Je préférais alors fermer les yeux et priais de toutes mes forces pour que cette torture s’arrête bientôt. Je dus alors me mordre la lèvre pour ne pas intervenir. J’espérais du fond du cœur que cette initiative serait prise pas mon lieutenant en personne. Puis lorsqu’enfin le film prit fin, je me tournais vers Kowalski avec un regard aussi noir qu’avait pu l’être notre plumage dans le monde des contes. J’écoutais alors ses excuses et décidais de prendre son parti. Me tournant vers l’autre savant fou timbré, je laissais apparaître sur mon visage un sourire terriblement ironique.
« Est-ce que t’as vraiment besoin d’une preuve supplémentaire, Rockwell ? A mon avis tu ferais mieux de mettre fin à ta carrière scientifique et envisager une dans l’industrie du film X. C’est certain que tu ferais un carton avec tes scénarios plus irréalistes et fantasques les uns que les autres. »
Je me tournais alors vers Spinitey et avec la même cruauté dans mes propos, je repris.
« Combien je te parie que c’est pas sur toi que ton mari fantasme le plus ? Non parce qu’avec des idées pareilles, je suis sûre qu’il préfère la jolie serveuse du bar à cocktail. Tu te sentirais comment si c’était exposé au grand jour, hein ? »
Je n’attendais pas réellement de réponse à cette question. Si ça trouvait ils adoraient ce genre d’amusements idiots et leur plus grand fantasme était un part house à six aliens. Rockwell nous proposa alors de nous amener dans un centre aquatique. Je devais bien reconnaître qu’à ce moment-là un sourire apparut sur mes lèvres. Je ne manquais d’ailleurs pas de marquer le coup en m’adressant à notre guide. Si je reconnaissant volontiers que ce voyage jusqu’ici avait été un véritable désastre, il aurait injuste de ma part de ne pas soulever les points positifs.
« Aaaah ben là tu vois qu’on commence enfin à se comprendre. Ce sera avec le plus grand des plaisir Rockwell. Tant que vos trempettes ne ressemblent pas à des orgies sans fin, je suis tout à fait pour ! »
Pour montrer que je n’avais aucune rancune envers lui, j’aidais Kowalski à se remettre sur pied. Jamais il ne se permettrait de me faire aussi mal. La loyauté de ma nageoire droite était absolument sans faille et je le savais. Je n’avais donc aucune crainte à l’imaginer entretenir une liaison avec un type aussi insupportable que ce sale clébard. Cela ne se produirait tout simplement jamais. Tout comme il était inconcevable de m’imaginer tomber entre les sales pattes de ce lémurien complètement taré. J’avais écouté ensuite la suite de son discours et avait même fini par poser une main sur son épaule. Je lui avais alors souris sincèrement, tant ses mots pour tenter de relativiser les choses m’avaient profondément touché.
« Tu sais quoi Kowalski ? Tu as parfaitement raison. Après tout ce n’est qu’une fiction… nous n’avons absolument aucune obligation de les respecter en quoi que se soit. Mais juste pour être sûr, dès mon retour sur Terre, je ferais tout pour que ce crétin ne pose aucune de ses mains dégoûtantes sur moi. Si jamais il se permet de toucher ne serait qu’à une seule de mes plumes, je lui pèterais le bras. On n’est jamais trop prudent après tout. Je sais que je peux te faire confiance pour observer la même réserve de ton côté. Après tout, tu sais que tu ne ferais jamais quelque chose qui pourrait me décevoir. »
Je souris davantage en voyant enfin se profiler devant nous le centre aquatique. C’était véritablement une merveille et je me réjouis à l’idée de pouvoir plonger tête la première dans une eau qui, compte tenu des fantasmes qu’ils tenaient à réaliser, serait probablement maintenu à une température ambiante des plus reposantes.
Une des nouvelles qui me plut également énormément était de savoir que durant une heure de temps, nous ne serions plus obligés de supporter la présence de nos guides. Voilà qui était une excellente occasion pour lancer nos recherches sur cette île. Cela dit, pour ne pas éveiller les soupçons, je consentis à prendre également un maillot de bain. Le mien était un short avec des motifs de camouflage militaire et j’eus même droit à une serviette assortie. Elle était si jolie que je me demandais si j’aurais le droit de la prendre en repartant. Après tout, il fallait bien que ce voyage puisse avoir son lot de points positifs, non ? Au moment où le rendez-vous devrait être fixé, j’approuvais dans un mouvement de tête.
« Eh bien je pense que deux heures serait un temps parfait. Cela nous laissera plus de temps pour exp… que je veux dire pour profiter de tout ce merveilleux parc aquatique. »
Lors que je voyais les deux zigotos partir de leur côté, je retenais un instant Kowalski et murmurait à son oreille.
« Si jamais tu vois quelque chose de bizarre, n’hésite surtout pas à me prévenir. J’arriverais aussi vite que possible. Je vais me faire faire un bon massage en attendant. »
Je pointais du doigt la salle de massage que je venais d’apercevoir et quittais Kowalski tout content. Pour une fois, je savais que je pourrais profiter de l’ambiance du lieu en toute quiétude. S’il y a bien quelque chose que j’aimais faire pour me détendre c’était bien un bon massage. Il n’y avait rien de meilleur lorsque l’on vivait une vis trépidante où l’on mettait son corps à très rude épreuve. Il méritait bien lui aussi d’être soigner et bien relaxer pour ensuite repartir à l’aventure. Une fois rentré, une charmante jeune femme m’accueillit et me proposa différentes sortes de soins. Il y avait un choix gigantesque de soins qui n’étaient pas même pratiqué sur Terre. Après quelques explications de base, j’optais pour un massage californien. Assez curieusement, même si j’étais un soldat jusqu’au plus profond de mes tripes, j’aimais que l’on s’occupe de moi avec toute la douceur du monde. C’était un joli contraste avec le monde que je côtoyais et cela me permettait de véritablement me détendre. Après avoir emporté avec moi un peignoir et une serviette de bain, j’entrais en confiance dans la cabine où ma masseuse devait me rejoindre. C’était une demande que j’avais expressément demandée. Je ne voulais pas qu’un homme s’occupe de moi, surtout après toutes les horreurs que je venais de vivre. Cela ne ferait que raviver les quelques braises qui crépitaient encore au fond de moi sans que je ne puisse les éteindre. Une partie de moi espérait que cette séance me permettrait d’évacuer toute cette horrible tension.
Une fois arrivé dans la salle, je retirais mon peignoir et m’enveloppait de ma serviette de bain. Je pris alors mes aises, me laissant bercer par la musique hawaïenne toute douce au ukulélé qui régnait dans ce lieu. J’avais toujours aimé ce style musical, notamment parce qu’elle me rappelait de très bons souvenirs passés aux côtés de mon ex-épouse. Je me rappelais encore l’avoir vu danser durant des heures pour mon bon plaisir après une mission particulièrement délicate. Oh ce que je pouvais aimer cette petite touche d’exotisme qui parsemait ma vie de moments à la fois tendres et aventureux. Il n’y avait pas à dire, l’amour interculturel était une des choses qui m’excitait le plus. J’aimais tellement découvrir les traditions et les pratiques d’un monde qui m’échappait totalement. Les surprises ne cessaient jamais d’être au rendez-vous. Il n’y avait rien de plus doux à mes yeux que de sortir de la monotonie de mon quotidien. Cette pensée traversait toujours mon esprit lorsque je sentis les mains appliquées et douces de ma masseuse. Je fermais alors les yeux, me laissant porté par la volupté de l’instant. En réalité, il n’y a qu’au moment où cette personne s’adressa enfin à moi que je sortis totalement de mon état de trance.
« Décidemment Skipper, tu es toujours aussi nerveux. »
Je trouvais la situation des plus étranges. Premièrement, les personnes qui m’appelait par ce nom encore aujourd’hui étaient excessivement rares. Deuxièmement, le ton de cette voix si caractéristique me ramenait des années en arrières, alors que perdais encore mon regard dans les magnifique yeux marrons de mon hawaïenne. Intrigué, je tâchais d’en savoir plus sur la personne qui se chargeait de moi.
« Vous… euh comment ça se fait que vous connaissiez mon nom ? »
Elle rit alors gentiment, amusée par une évidence qui m’échappait alors totalement.
« Allons bon, tu as fini par oublier ta fleur des îles, mon pingouin ? Je sais que cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus mais tout de même. »
« Mais ça ne peut pas être toi… »
Retournant alors ma tête dans sa direction, je laissais apparaître un large sourire sur mes lèvres. La rencontrer ici était bien la dernière chose à laquelle je m’attendais. Je me relevais alors définitivement, demeurant tranquillement assis devant elle.
« C’est toi, Dodelinette ? Tu… tu es encore plus belle que dans mes souvenirs. »
« Vile flatteur… décidemment il y a certaines choses qui ne changeront jamais chez toi. Alors que d’autres… »
Elle me dévisagea alors de la tête aux pieds avec des yeux brillants d’envie et d’excitation. Elle plaça alors une main sur mon visage et j’appréciais le geste en fermant les yeux un instant. J’aimais le contact de sa peau sur ma joue, elle était tellement douce.
« Le passage du monde des contes à la ville de Storybrooke t’aura vraiment réussi. Tu es tellement beau. »
Je ris alors gentiment en plaçant mes mains sur ses hanches. Elle portait toujours les mêmes vêtements. Sa jupe de paille tellement atypique et son petit haut d’un rouge écarlate la rendant toujours aussi sexy. Je me mis alors à rire malicieusement.
« Et c’est moi que tu accuses de jouer les charmeurs ? »
Puis s’écartant légèrement de moi, elle me regardera d’un air un peu plus professionnel.
« Bien alors dis-moi tout, de quoi aurais-tu besoin pour te détendre ? »
Je me mis alors sur mes pieds et la saisis délicatement par la taille tandis qu’elle me tournait le dos. Je n’hésitais alors pas à l’embrasser délicatement dans son cou.
« Tu sais très bien ce qu’il me faudrait… tu m’as tellement manqué. »
Elle se tourna alors dans ma direction et plaçait ses bras autour de mon cou. Elle déposa alors un baiser charmant sur mes lèvres et ajoutait d’un ton malicieux.
« Tu te rends compte que cela va te coûter beaucoup plus cher que ce que tu avais prévu ? »
« Pour passer encore un instant entre tes bras, je serais prête à te payer ce qu’il faudra. »
Glissant sa main dans la mienne, elle m’entraîna avec elle hors de la salle de massage. Nous passion une petite demi-heure dans un charmants alcôve aux allures de plage. Un transat dissimulé derrière un paravent de feuillage où les couples pouvaient s’isoler un moment pour s’adonner à la passion. C’était aussi doux, tendre et parfait que dans mon souvenir et je me réjouis à l’idée de pouvoir enfin soulager ces envies qui m’avaient prises dès l’instant où j’avais trempé mes lèvres dans ce maudit cocktail.
Une fois l’affaire terminée, je l’embrassais une dernière fois et m’asseyais pour regarder la piscine et profiter de cet air maritime. Mais à peine avais-je eu le temps de profiter du paysage que je sentis le corps de ma maitresse qui me prenait tendrement dans ses bras dans mon dos pour se serrer contre moi.
« Eh bien, le moins que l’on puisse dire c’est que tu étais particulièrement inspiré cette fois-ci. Je voudrais bien me venter d’avoir été la seule mais je sais que ça n’est pas le cas. »
« Ah bon et qu’est-ce que tu fais croire ça ? »
Elle se pencha alors malicieusement à mon oreille comme pour me faire part d’un secret des plus intimes.
« C’est pas mon nom que je t’ai entendu crier tout à l’heure. »
Je rougis alors jusqu’aux oreilles et me tournais vers elle. J’étais alors incapable de prononcer le moindre mot. Ce fut au contraire elle qui finit par briser ce silence de mort qui s’était installer entre nous.
« Tu crois que je ne te connais pas assez bien comme ça ? Je savais parfaitement pourquoi ou plutôt pour qui tu m’as quittée à l’époque. »
Elle avait prononcé ces paroles sans la moindre jalousie dans la voix. Je n’entendais à vraie dire qu’une réelle complicité qui s’installait entre nous. Comme de vieux amants qui n’avaient aucune honte à se parler de leurs secrets les plus intimes.
« Qu’est-il donc arrivé à ton beau roi lémurien ? »
Je plongeais alors dans mes pensées, me rappelant cette terrible période où le jeune pingouin que j’étais avait vu s’envoler tous ses rêves et ses espoirs en un claquement d’aile. Il m’avait fallut mon mariage avec ma jeune hawaïenne pour me rendre compte à quel point j’étais attaché au roi timbré que j’avais rencontré à Madagascar. J’avais alors quitté Dodelinette d’un commun accord pour rejoindre le lémurien dont j’étais tombé follement amoureux. Mon cœur s’était alors brisé en mille morceaux lorsque je l’avais retrouvé en couple. Il ne m’avait même pas attendu et je lui en avais longtemps voulu pour ça. Cela expliquait même une partie de la rancune que je nourrissais contre lui dans cette ville. Haussant alors les épaules, j’avais répondu avec autant d’honnêteté que possible.
« Il a décidé de partir avec une autre… je ne devais pas être assez bien pour lui. Ca n’est plus très important maintenant. On s’est revu depuis et je sais qu’il est célibataire. Mais je m’en fiche, c’est de l’histoire ancienne. »
« Tu en es vraiment sûr ? Ou tu refuses simplement d’y penser par fierté… »
« Mais qu’est-ce que tu racontes ? Ça n’a pas de sens. Je crois que le rhum te monte un peu trop à la tête. »
Elle ramena alors mon visage contre le sien dans un style plus impératif et engageant.
« Skipper, si tu l’aimes dis-le lui tout simplement. Ça ne t’engage à rien… et après tout qui sait ? Tu n’auras plus besoin de vivre tes fantasmes à distance. »
« Pourquoi est-ce que cette histoire te touche à ce point-là ? »
« Parce que je n’ai pas envie que l’homme que j’aimais m’ait quitté pour un homme qu’il ne tiendra jamais sans ses bras uniquement parce qu’il a peur de ses sentiments. »
Assez incompréhensiblement, l’image se flouta et ma Dodelinette disparut de ma vue au moment où je reprise contact avec la réalité. Je me rendis alors compte que je m’étais tout simplement endormis. D’ailleurs, une voix m’appelait au loin et j’aperçus alors le visage de ma masseuse.
« Navré commandant, mais vous vous étiez endormi. »
« C’est pas vrai ? Je… je suis vraiment confus excusez-moi. »
« Ca n’est rien. Ca veut dire que je fais vraiment bien mon travail. Vous pouvez à présent repartir. En cas de besoin, vous trouverez des boissons énergisantes à l’entrée pour vous donner un bon coup de fouet. »
« Je vous remercie. »
Me réveillant difficilement, je finis par quitter les locaux non sans avoir remercier chaleureusement ma masseuse. C’est vrai que de toutes les expériences que j’avais vécu sur cette planète, elle était de loin la meilleure de toutes. Parfaitement détendu, je me rendis vers les toboggans aquatiques en espérant que je pourrais y retrouver Kowalski.
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Magrathéa c'est comme Végas. Ce qui se passe là bas, reste là bas ! } feat Skylar T. Macmillian