Je passais une main dans mes cheveux mouillés après la douche pour les rabattre en arrière, avant de boutonner ma chemise et de mettre les lunettes de soleil avant de sortir de la salle de bain. Avec le short en lin blanc, et les tongs de plage, on pourrait croire que l'été était déjà là, et à défaut d'être vrai, c'était tout de même agréable d'être dans une tenue aussi confortable.
Je sortais de chez moi avec un simple sac en bandoulière où il y avait ce que j'avais besoin malgré tout, avant de me retourner vers Lisa, dans sa robe légère blanche et sa capeline qui faisait de l'ombre à son visage et ses lunettes de soleil également, alors qu'elle finissait de mettre ses spartiates, assise sur le siège de mon pick-up. Elle releva alors la tête vers moi, souriant en retirant ses lunettes.
T'es pas mal comme ça. J'ai hâte de voir Chris, il doit être canon, commenta-t-elle avant de prendre son téléphone.
Quelqu'un a laissé des avis sur les bars de Magrathéa ? Quitte à se faire passer pour un groupe de jeunes en vacances, autant le faire jusqu'au bout. Elle s'arrêta un instant pour réfléchir.
Sauf si les mecs de Magrathéa sont tout aussi lourds là-bas qu'ici. Mouais, laisse tomber on se fera un resto au pire.J'eus un sourire amusé.
Je pense que s'il y a des mecs lourds, c'est à eux de se faire du soucis, lui dis-je alors que je rentrais au volant du véhicule, et que Lisa fermait sa portière.
Depuis le temps que je veux de vraies vacances, je pensais pas que la seule fois où j'ai des congés dans tous mes boulots différents, ça soit pour des fausses vacances sous couverture.Lisa haussa les épaules.
Presque tous les deux mois, on se retrouve ailleurs, souvent dans un autre monde, on est plus en vacances que n'importe qui.Je fis une petite moue.
Sauver un monde n'est pas ma définition de vacances. La dernière fois que j'en ai eu c'était... quand on était encore maudit, je crois. Et ça ressemblait surtout à du chômage... Seigneur, Lisa, je n'ai jamais eu de vacances de ma vie.Elle me sourit en tournant le regard vers moi, tournant ses lunettes de soleil dans ses doigts.
Et bien t'as qu'à faire cette mission de la même façon que je vis mes missions : tu t'amuse. Et puisqu'on se fait passer pour des potes en vacances - on a de quoi faire jalouser les jeunes du monde entier qui ne peuvent pas passer des vacances chez des aliens - c'est l'occasion idéale.Avant d'aller au point de rendez-vous pour les navettes, je tournais d'abord dans les rues des quartiers résidentiels, pour me diriger vers l'adresse de Chris.
J'aimerais quand même qu'on remplisse notre mission rapidement : on vérifie que la télé magraathéenne ne possède pas les secrets de la ligue, et on pourra faire profiter du reste de notre séjour.C'est au tour de Lisa de faire la moue.
Dommage, déjà qu'il est pas bien long le séjour qu'on a.J'arrêtais enfin la voiture devant chez Chris, alors que Lisa ouvrit la fenêtre de sa portière pour y passer la tête et l'appeler, en faisant au passage un coucou, que je partageais, à James à la fenêtre. Mais Lisa perdit son sourire, et j'en fus encore plus amusé, en voyant Chris sortir. Elle fronça les sourcils.
Quoi ? Mais t'es habillé comme d'habitude, ça n'a rien de vacances ça, on dirait juste le shérif dans un jour normal. T'es pas drôle ! Tu sais que tu peux être canon en tenue de plage et t'en profite même pas, faut vraiment que je te coache, mon grand.Bonjour Chris, bienvenue dans le train des supers-vacances, l’accueilli-je avec plus d'entrain alors que Lisa lui faisait de la place à côté d'elle.
Si on va dans un bar, à combien de verre à peu près tu commence à être ivre ? Demanda Lisa à Chris en reprenant son air taquin.
Parce que faut vraiment le tenter.Je rigolais un instant alors qu'on avait repris la route. Je ne savais pas de quel côté de me mettre sur qui gagnerai ce débat : Chris, qui ne boirait certainement pas jusqu'à l'ivresse, ou Lisa, qui arrivait TOUJOURS à obtenir ce qu'elle voulait, quoique ce soit. Le temps de les laisser en débattre dans un dialogue qui n'allait nul part parce qu'ils étaient tous les deux maîtres dans l'art de défendre leur point de vue sur ce sujet, nous étions arrivés à la navette qui allait nous emmener, et quelques autres habitants qui avaient hâte, pour leur part, de partir pour de vraies vacances.
Je me consolais en me disant qu'on ne partait pas non plus pour une mission trop compliquée ou trop longue. C'était juste histoire de se rassurer, ou au pire, de supprimer un ou deux fichiers en secret, rien de trop long, et plutôt léger par rapport à la folie de nos vies habituellement. On était loin du Ragnarök et de la pression mentale qu'était Chronos comme prochain ennemi, après tout. Lisa disait même que si ça se trouve, voir la Lune Noire depuis Magrathéa, serait peut-être encore plus joli (ce que je doutais puisqu'elle était toujours pareil quelque soit le temps ou l'endroit.
Les fichiers qui nous inquiétaient, étaient ceux que Magrathéa regardait sur nos vies. Apprendre que des aliens regardaient toutes nos vies était déjà un peu malsain... mais étant donné que nous avions des secrets à garder dans la ligue, à savoir nos identités et les fichiers d'OMEGA et de la conception de nos costumes, qui pourraient exposer nos points faibles si ils étaient diffusés.
Bon. D'accord.
J'avais peuuut-être aussi une autre raison d'avoir demandé à Chris de venir. Ce n'était pas UNIQUEMENT parce qu'il était un allié précieux dans la ligue, un ami encore plus précieux, et qu'à trois, notre couverture était plus crédible. C'était aussi... parce que je suis un petit diable excessivement curieux avec mes amis.
Alooooors, mon Chris, fis-je en me rapprochant innocemment de lui durant le trajet spatial vers Magrathéa.
Tu vas bien ? La famille, la santé, les amours, le travail. N'hésite pas à répondre pour une seule de ces catégories, je pense savoir pour les trois autres mais je ne veux pas influencer ta réponse.Bien sûr. On y croit tous.Je tapais Lisa d'un coup de coude, ceux à quoi elle me fusillait du regard.
Chris, utilise tu ce que tu as entre tes jambes avec quelqu'un ? Demanda-t-elle en relevant le regard vers Chris avec son grand sourire. Je fis les gros yeux.
Lisa ! Je voulais poser la question sans être aussi sale, tu vois ? Elle haussa les épaules.
Quoiii ? Vous avez tous les deux couchés ensemble, vous gardez encore des secrets sur vos anatomies respectives ? C'est triste. D'autant plus que tout le hangar avait entendu vos ébats quand c'est arrivé.J'adorais Lisa. Mais elle avait l'art de tout gacher quand elle le voulait. La délicatesse n'était pas vraiment son fort, manifestement. A vrai dire, de tout le temps qu'on passait ensemble, c'était généralement pour le travail de la ligue, et que les temps passés en tant qu'amis... c'était toujours comme ça.
Je sais pas pourquoi mais je savais que ce n'était qu'une question de temps avant que tu me poses ce genre de question, répondit Chris avec un petit rire.
La famille tout va très bien. La santé aussi. Le travail parfaitement même si Hades fait des siennes. Et les amours et bien ... On fait aller?J'haussais les sourcils. Lisa eut un grand sourire. Moi ensuite.
Bon, d'accord, parler de pénis marche moins bien que parler d'amour, un point pour toi.On fait aller ? TU VOIS QUELQU'UN ? C'EST GENIAL ! Hum. Je m'éclaircissais la gorge en me rendant compte que je venais de parler un peu trop fort sous le coup de l'excitation.
C'est qui ?!Lisa sortit un bloc-note.
Je veux tout savoir, nom, âge, adresse, situation familiale et réseau social. On savait tous ce que ça voulait dire : Flic Lisa allait faire peur au pauvre prétendant de Chris pour s'assurer qu'il ne lui fasse pas de mal. Menacer des gens de mort, c'était sa façon à elle de nous dire qu'elle nous aime.
Chris lâcha un petit rire nerveux avant de mettre ses mains devant son visage en guise d'innocence.
C'est pas ce que j'ai dis ! Je ne sors avec personne calmez-vous. Je suis juste intéressé par quelqu'un.Mon visage s'illumina d'un O, et celui de Lisa d'un D renversé.
Sache que ce genre de phrase c'est comme mettre des pilles dans deux jouets qui courent partout.C'est vraiii ? C'est qui ? Un policier ? Quelqu'un que je connais ? Il est beau ? Ou belle... Non c'est des yeux amoureux d'un homme que tu as là. Il s'appelle comment ? Tu l'as rencontré où ?Lisa, bien plus calme mais tout aussi excitée par la nouvelle, se contenta de dire :
Je veux bien attendre quelques temps avant d'entamer les menaces.Chris afficha un grand sourire, avant de secouer négativement la tête.
Je vous en parlerai si notre relation avance. D'accord ? En attendant concentration sur notre mission !Avec une moue déçue, je tournais cependant la tête vers Lisa qui partagea mon air complice.
Pas besoin de me dire quoique ce soit, le plan est déjà établi, je m'occupe d'organiser leur rencard, tu t'occupe de rassembler les informations sur lui, et sur eux deux. Voilà pourquoi j'adorais Lisa. Même si le rencard qu'elle organiserait commencerait forcément par des menaces de mort envers le futur copain.
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Magrathéa était assez... magnifique. Étonnante. Remarquable. Il y avait plein de mots qui nous passaient par la tête lorsqu'on y arrivait pour la première fois. C'était à couper le souffle, et tout le sens du mot empire prenait son sens en regardant toute son étendue.
A destination, on était un peu perdu. Il y avait une foule immense, dans des villes immenses, c'était fascinant, et un peu à en prendre la tête, aussi. La diversité de la foule, et toutes ses espèces différentes, était également assez admirable.
Ce truc a l'air vraiment dégueulasse, indiqua Lisa en pointant l'étalage d'un restaurant qui vendaient des produits d'animaux étranges à l'allure vraiment perturbante. Lisa s'en approcha en levant ses lunettes de soleil, et passa son air écœuré sur un sourire amusé.
Faut vraiment que j'y goûte.Je ricanais, j'étais sûr que cette phrase allait se finir comme ça. La laissant s'approcher des choses étranges qu'elle voulait gouter, je m'approchais, moi, d'un stand qui me fit froncer les sourcils. Il exposait quelques photos surprenantes, d'humains de Storybrooke dans des situations embarrassantes avec des populations locales. C'est une photo en particulier qui attira mon attention.
Ce truc a un gout bien meilleur que ce que je pensais, fit Lisa, bâtonnet à la main, en croquant dedans.
Du coup c'est vraiment pas amusant. T'as trouvé quoi ?Le type sur ces trois photos, c'est Neil, un ami à moi, fis-je troublé.
Lorsque Lisa et Chris s'approchèrent pour regarder ces photos, ils comprirent bien pourquoi j'étais perturbé, et Lisa en rigola.
Et ton ami se déguise souvent en danseur espagnol pour faire les yeux doux avec des personnes qui ne sont pas de son espèce ?Euh... pas à ma connaissance. Mais ces photos sont prises sur trois jours différents, sauf que si il est venu ici, il a pas pu rester aussi longtemps, les navettes repartent bien plus tôt.Lisa prit son téléphone, gardant son affreuse tentacule entre ses dents pour pianoter dessus. Quelques secondes lui suffirent :
J'ai piraté les fiches de Slife, ce sont eux qui financent les trajets vers Magrathéa. Neil Aldrin était bien l'un des voyageurs il y a trois jours, et il est recherché depuis.J'haussai les sourcils.
Recherché ?!Il n'a pas pris sa navette retour. Ça doit fonctionner comme un visa ce genre de voyages. Il aurait du repartir avec sa navette donc il est pas censé être là, j'imagine. Encore moins à danser devant un appareil photo.C'est pas logique, je connais Neil, il est pas comme ça, c'est comme si on avait rebooté son cerveau pour le mettre sur mode... Alors que je parlais, une ampoule s'allumait sur ma tête.
... espagnol. Buzz L'éclair. Mode espagnole. Magrathéa et son monde étrange aux coutumes étranges... Les pièces s'assemblaient toutes seules.
Je connais ce regard. Ça veut dire que notre mission vient de changer pour un problème plus grand que notre problème de base. Notre quotidien est vraiment incroyable, dit-elle sur un ton sans aucune surprise sur la force de l'habitude.