« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
J’étais morte de honte face à la réaction de Pétunia. Elle était pas cool sérieux. Déjà elle se laissait pas babysitter mais en plus de ça, elle n’arrêtait pas de grogner sur le notaire. Il essayait juste d’être gentil, mais madame ne tolérait apparemment pas un seul écart lorsqu’il s’agissait de parler de son poids. Je rougissais tellement que mes joues étaient devenues aussi chaudes qu’un moule à gaufre et j’avais profité du fait de devoir la maintenir au sol pour éviter de regarder l’homme qui restait courtois en tout circonstance. Je n’avais pas pu m’empêcher d’éclater de rire en revanche lorsqu’il avait parlé du courroux légendaire de ma licorne, un rire que j’avais tenté de contenir à la seconde où il avait échappé à mes lèvres. J’avais alors lancé un sourire complice au notaire avant de placer une nouvelle mèche de cheveux derrière mes oreilles.
On était assez vite passé sur quelque chose de bien plus sérieux, centré sur l’attaque et sur mes potentielles capacités de combat. J'avais répondu avec honnêteté bien qu’avec gène. Il avait semblé plutôt surpris par mes entraînements prodigués par Athéna. Il ne la connaissait pas. Elle était cool mais c’était une véritable tortionnaire quand elle s’y mettait. J’avais en revanche pas pu m’empêcher d’éclater de rire en l’entendant me demander si j’étais apparenté à Zeus. C’était pas un rire long, plutôt un rire de surprise, ce qui soulignait le caractère improbable de la supposition. Il avait été fort, franc mais s’était presque arrêté aussi vite. J'avais d’ailleurs posé ma main sur ma bouche pour cacher ce sourire qui persistait. J'étais apparenté à bien des monstres et des personnes étranges mais Zeus fallait peut-être pas déconner non plus. Hera n’avait pas voulu m’en dire grand-chose, elle ne parlait que rarement de son ancienne vie et apparemment pas encore moi. Mais l’amertume qu’elle avait dans la voix, la dureté de ses yeux lorsqu’elle me remémorait quelques bribes de souvenirs me donnait plutôt à dire qu’il n’était pas recommandable. J'en avais entendu parlé par d’autres biais, je savais que les dieux avaient longtemps eu peur de lui et avec toutes ces informations, j’avais plutôt ressenti de la honte à l’idée d’hériter d’un pouvoir aussi proche du sien.
- Pardonnez mon impolitesse. Je ne voulais pas me moquer. C’est plutôt le fait de m’imaginer parente avec lui qui était cocasse... Non, je n’ai aucun lien avec Zeus. Enfin... pas à ma connaissance en tout cas. De base, je ne suis qu’une fille de ce monde, une humaine qui a trouvé la porte de la ville à l’âge de 4 ans et qui a été adopté par la mairesse de l’époque. Ce pouvoir m’est venu bien plus tard et j’ignore encore pourquoi ou comment pour tout avouer...
La piste des déesses magiques n’avait servi qu’un temps. A présent, elles n’étaient plus. Et pourtant j’avais tout de même retrouvé ces éclairs au bout des doigts. Ces éclairs qui m’avaient attiré vers quelque chose d’autre, vers quelqu’un dont j’ignorais encore l’identité. Cette pensée m’avait hérissé le poil. Cela m’obsédait depuis plusieurs mois maintenant et j’avais peur de ce que je découvrirai... si cette personne était un ami ou un ennemi, s’il m’était lié d’une façon ou d’une autre... Ce truc que j’avais ressenti à Titania semblait tellement plus fort que moi. J'avais peur de me faire engloutir totalement. Mais il ne suffisait pas d’attendre éclair-man pour me mettre dans la mouise apparemment puisqu’en attendant, j’avais un problème non moins important de mafia, de notaire, de tribunal et d’appartement volé. J'avais cligné des yeux pour chasser toutes ces mauvaises pensées avant de reprendre un sourire de contenance et me concentrer sur l’homme en face de moi.
- Oh, vous n’avez pas à vous excuser. Moi aussi je suis curieuse... peut-être trop parfois...
J’avais coulé un regard vers la droite avec un sourire gêné tout en me massant le bras droit. Il le savait ça, que j’étais curieuse. Enfin... lui peut-être pas, ou peut-être que si, je ne suivais plus très bien. Une chose était certaine, c’était qu’au moins ce Willy Crafty le savait que j’étais trop curieuse sinon je n’aurai sans doute pas fini devant Maître Preminger en cet instant.
- En tout cas, si je n’ai pas envie de répondre à vos questions, je vous le ferai savoir, il n’y pas de mal à vouloir tenter de les poser.
D’ailleurs, ma curiosité avait repris le dessus quand nous avions parlé plus précisément de mon pouvoir. Ma menace à peine voilée avait glissé sur lui comme s’il ne s’en sentait pas concerné. Soit il était hors du coup et ne l’avait donc pas pris pour lui, soit il était si confiant et si habile de ses mensonges que rien n’avait pu ressortir de cette conversation. C’était soit très bon, soit pas bon du tout. Avec moi c’était toujours tout ou rien de toute façon : un innocent ou une crapule dangereuse. Pitié, pour une fois, se pouvait-il que la pièce tombe du côté chance ? J'avais retenu un frisson lorsqu’il avait parlé de la possibilité de dommage que lui apporterai mon pouvoir. Il se présentait surtout comme un maladroit mais je devais dire que dans les deux cas, cela m’apeurait. S’il était vraiment la pure des crapules, il était évident que cette force de frappe lui aurait permis bien des choses, après tout, Zeus était tout de même devenu roi de l’Olympe... D’un autre côté, s’il était juste maladroit, cela me rappelait mes débuts, ma torpeur. J'avais fait tellement de mal, tellement de dégâts, tout cela parce que je ne contrôlais rien. J'avais appris à les contrôler. Et il avait fallu tout recommencer lorsque je les avais récupérés. Maintenant qu’ils étaient boostés, je devais être encore plus vigilante et j’oubliais parfois de l’être... ces mafieux pouvaient en témoigner. Détruire, tuer, c’était tellement de responsabilité et de pouvoir, c’était tellement pas moi aussi. Je préférais passer des heures avec la fenêtre ouverte à courir derrière une mouche pour la faire sortir plutôt que de l’écraser avec une tapette ou un journal bien dodu. Quoi qu’il en soit, toute cette discussion m’intriguait et bien sûr, comme le je disais, ma curiosité avait repris le dessus lorsqu’il m’avait parlé de l’autre monde :
- Vous étiez qui d’ailleurs dans cet autre monde, si je peux me permettre ? J’adore découvrir le passé des gens de cette ville. J'ai vécu une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence à lire et voir bien des choses sur les gens de cette ville... Je sais que tout n’est pas toujours réellement comme j’ai pu le lire ou l’observer mais c’est toujours un moment génial de vous découvrir en chair et en os... Votre nom me rappelle “Le portrait de Dorian Gray”, d’Oscar Wilde. C’est un de mes auteurs préférés... je me demandais si... c’était vous ? Je sais que Regina a généralement offert aux gens de cette ville des noms qui sont de véritables indices sur leur ancienne vie...
Et voilà que je parlais, je parlais... j’étais lancée en soit. J'avais juste complément zappé que le notaire était un notaire et pas mon meilleur ami, qu’on était là pour une affaire sérieuse et pas pour se taper la discute. Mais le journal qui avait été relégué rageusement par le maître de cérémonie à l’autre bout de son bureau m’avait rapidement remis dans le bain. Il avait alors tenté de calmer mes doutes, sur son possible attrait pour la contrebande, sur le fait que personne n’avait été blessé lors de l’attaque de Willy Crafty. Il m’avait fait quand même garder dans un coin de ma tête cette histoire d’enchère. Décidément, il aimait les belles choses et il avait l’air d’être assez friand des enchères et même s’il faisait tout pour me rassurer, il n’en restait pas moins que cette transaction pouvait aussi être possible pour lui. Enfin bref, il avait tout de même bien géré sa barque jusqu’à ce que l’ouragan Héra apparaisse dans le bureau.
Ce n’était pas de ma faute, ok ? Bon d’accord, je l’avais peut-être un tout petit peu souhaité, juste un quart de seconde, rien de plus, une seule pensée, une seule envie fugace d’avoir un peu d’aide. Je ne pensais pas qu’elle serait aussi prompte à réagir. Quand j’avais entendu l’assistante hurler, je m’étais instinctivement vautré sur mon fauteuil, le dos bien calé au dossier, les genoux relevés vers ma poitrine, sans pour autant poser mes chaussures sur l’assise, ce n’était pas poli. N’osant pas vraiment bouger pendant les premières secondes, je n’avais donc pas eu de meilleure idée que de fixer la personne devant moi à savoir, mon notaire. Enfin... “mon” notaire... c’était vite dit. Il semblait aussi perplexe que moi, j’avais même cru percevoir un peu de panique dans ses yeux, sans doute avait-il imaginé comme moi qu’il s’agissait de l’infâme Willy Crafty. Et puis Victoire avait fait son entrée, je m’étais tournée pour la voir arrivé, un peu bouche bée. Je ne m’y attendais pas. Je ne pouvais pas m’y attendre, j’étais presque sûre que ce n’était même pas le quart de la moitié d’un vœu que j’avais souhaité. Elle semblait en plus bien décidée à en finir, ce qui n’était jamais bon. Elle avait cette raideur et ce côté très radical qui me faisait parfois un peu peur. Dorian avait semblé tout aussi crispé en la voyant arriver mais il lui avait poliment serré la main, toujours aussi courtois que je l’avais vu jusqu’à présent. Les yeux ronds, je regardais toujours Victoire qui semblait à présent prendre ses aises tout en lui expliquant qu’elle était mon avocate. Mes yeux s’agrandirent d’autant plus. Elle ? Mon avocate ? Première nouvelle... J’essayais alors de reprendre contenance en m’asseyant convenablement tandis que Maître Dorian reprenait la parole.
- Oh je me doute que personne ne m’attendait, je pense qu’il n’était pas spécialement prévenu que je vienne. Quant à votre assistante, nous vous inquiétez pas, je lui ai donné un verre d’eau, elle s’en remettra. Il faut juste qu’elle s’habitue à la téléportation soudaine de certaines personnes. Le plaisir est tout à fait partagé.
Elle lui avait souri aimablement. J'avais juste envie de m’enterrer. Elle était passé en mode “rapace”, elle allait pas le lâcher. C’était une mauvaise idée, une TRES mauvaise idée. Je m’étais ratatinée sur mon siège, le visage contrit lorsqu’il avait constaté mon avocate. Je sentais qu’il était blessé, un peu déçu et je ne pouvais que le comprendre. Il m’avait assuré qu’on n’aurait pas à en arriver là, qu’il se chargerait de tout et je lui avais dit lui faire confiance ou du moins je l’avais montré... avant que mon avocat débarque. Même si je n’y étais pour rien, ça pouvait passer comme une trahison à ses yeux. Il fallait que j’intervienne.
- Euuhm Maître Dorian ? Est-ce qu’il serait possible que je parle à mon avocate quelques secondes, s’il vous plaît ? Seule à seule ?
Une fois seule, je m’étais tournée vers Victoire, scandalisée :
- Tu me fais quoi là ?! - Et bien je te sauve la mise, très chère. Il me semble que tu m’as demandé, non ? Est-ce que c’est devenu une mode de devenir ingrat dans cette ville ? Tu es la deuxième en quelques temps à me demander pour ensuite me cracher au visage... - Non... pardon, c’est pas ce que je voulais mais... je ne voulais pas que tu viennes non plus... ne le prends pas mal... j’ai juste un peu... “paniqué”... mais je maîtrisais la situation... - Tu es SÛRE ?
Elle avait arqué un sourcil avec un air goguenard qui signifiait clairement qu’elle savait que je maîtrisait rien du tout. Sa franchise désarmante m’énervait toujours au plus haut point. C’était pas ses affaires d’abord, de quoi elle se mêlait ? Hormis le fait que je l’avais appelé...
- Bon OK je maîtrisais pas tout. Mais j’allais m’en sortir... C’est juste que ça fait beaucoup en ce moment mais Maître Dorian essaye de m’aider... enfin je crois... et j’ai besoin de voir où ça ira... - Tu as juste eu peur que ça aille là où tu ne voulais pas que ça aille et que tu finisses dans une situation inextricable, c’est ça ? - Ouais... voilà... - Bon... alors si tu veux reprendre en main cette situation je ne m’y opposerai pas, je te proposerai mon aide que si cela tourne vraiment mal, qu’en dis-tu ? - Ouais... ça c’est bien ! - Parfait, alors marché conclu. Maintenant si tu m’expliquais ce que je ne sais pas encore ?
Je lui avais fait un rapide topo de toute la situation : la balade dans la nuit, le trafic, les éclairs, le tribunal, l’appel, l’affaire notarial, le notaire, Willy Crafty. Bref, un condensé spécial en 5 minutes. Nous avions repris ensuite la conversation et comme je l’avais précisé juste avant de lui demander un peu de temps, Erwin Dorian avait accepté d’appeler le monstre de l’histoire. Pendant qu’il composait le numéro, j’avais coulé un regard vers Victoire qui semblait s’amuser follement de cette situation. Y’en avait au moins une qui passait une bonne journée. Lorsque le répondeur se fit entendre, elle eût même un pouffement de rire méprisant tandis que je descendais le reste de ma tasse à thé d’une traite. Complètement stressée, je m’étais mise à frotter les paumes moites de mes mains sur mes cuisses tandis que le notaire se lancer dans la composition du numéro une nouvelle fois. Lorsque le type décrocha, ma mâchoire se serra immédiatement de peur. Il semblait aussi brutal que Maître Dorian ne me l’avait dépeint. De son côté, Victoire haussa les sourcils avant de papillonner des cils, apparemment irritée par le ton du “malotru”. Lorsqu’il proféra sa menace, la déesse tourna la tête vers moi, le regard interrogateur. Elle voulait apparemment voir si je voulais intervenir ou pas avant de se lancer elle-même. Je déglutis avant de soupirer et de m’avancer un peu sur ma chaise pour me pencher vers le téléphone.
- Monsieur Crafty ? C’est Alexis Child au téléphone...
Mon cœur battait si vite que j’avais un peu du mal à me concentrer mais je tentais de me rappeler qu’après tout, c’était moi qui avais voulu qu’on l’appelle alors autant aller au bout du manège à présent.
- Maître Dorian m’a bien contacté et m’a bien fait part de... de vos doléances. Je sais que j’ai plus à perdre que vous. Et je pense aussi que ce n’est pas exactement ce que vous voulez. Alors je vous demande simplement de me dire ce que vous voulez et je trouverai un arrangement ça vous va ?
J'avais comme l’impression que ça n’allait pas suffire...
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
« Looking at me through the window. You've reached the end, I'm the winner."
La rébellion du petit animal à la crinière arc-en-ciel avait profondément gênée sa propriétaire s’il en croyait le rouge cuisant de ses joues qu’elle tentait de dissimuler. Ce qui était...bon signe. Tant qu’elle la tenait. Parce que la contrition était une chose, la sécurité une autre. Et il ne tenait absolument pas à se retrouver la proie d’un animal agressif. Est-ce qu’une fléchette de sédatif suffirait à l’endormir dans l’hypothèse d’une capture ? Hum… son regard glissa sur la licorne, dubitatif, Avec une si grosse enveloppe charnelle comment connaître la limite de l’endormissement parfait ? Dans le doute, il ne se risquerait à aucune appropriation pour le moment...d’ailleurs qui achèterait une licorne aussi obèse ? Certains enchérisseurs crieraient « remboursé ! » à la seule vue de la marchandise et lui...hésitait à s’en encombrer le temps de lui administrer le régime nécessaire. Après tout, s’il le faisait ce serait par simple caprice alors autant s’assurer que l’animal procure bien longévité, beauté et perfection avant de se lancer dans un si lourd périple… Ou peut-être trouverait-il une licorne plus « vendeuse » sur le marché. En attendant de se décider, il fit bonne figure et plaisanta délicatement Un rire partagé faisait naître une impression de complicité plongeant leurs auteurs dans une impression de confort, les rendant ainsi bien plus proches et atteignables. Cela faisait partie des raisons qui poussaient le notaire à ne pas se conformer purement au sujet qui amenait la jeune libraire dans son bureau. Il laissait les sujets divergents fleurir, s’épanouir aussi librement que possible, les appréciant pour les informations qu’ils lui apportaient. Parfois, les nouvelles acquises ne comportaient pas de réel intérêt mais le notaire savait se satisfaire du moindre grain de personnalité révélé à la lumière de la plus anodine remarque. Connaître un individu ne se limitait pas à connaître sa vie et la compréhension de son entière personnalité se révélait parfois bien plus utile, que des bribes de connaissance sans la psyché de leur sujet. Alexis ne composait peut-être pas avec la personnalité la plus insolite de la ville mais elle possédait quelques nuances appréciables qui en faisait un sujet d’analyse avec suffisamment de matière pour ne pas attirer un ennui immédiat. Ne serait-ce que par son apparenté avec les « divinités », son lien avec l’organisatrice du Sort Noir, ses pouvoirs et sa possession de licorne. Peu de personnes pouvaient se targuer de se balader en ville avec un attirail aussi hétéroclite… Sans raison justifiable, si le lien du sang était à écarter, elle avait construit autour d’elle un réseau puissant qu’il n’avait pas envisagé. « Tu aurais mieux fait de la balancer d’un pont... » Mais non, en réalité, il n’avait pas bien fait, il avait excessivement bien fait. Au contraire. Si son stratagème fonctionnait, s’il parvenait à gagner sa confiance, il gagnerait une brèche vers un faisceau de personnalités puissantes qu’il n’avait encore jamais eu l’occasion de côtoyer. Pour l’homme qui se rêvait roi, voilà qui s’annonçait prometteur. Presque se trouvait-il déçu d’entendre qu’il ne s’adressait pas à la fille illégitime – ou légitime de Zeus, Roi des Dieux… Tant pis. Quoique peut-être les légendes qui couraient à son sujet ne possédaient pas un fondement de vérité et Zeus se trouvait être un bouffon parmi les dieux et avait par conséquent, indirectement insulté sa cliente, au regard du rire qui l’avait secouée à sa proposition. Il leva les mains, dans un geste d’excuse :
- « Oh...J’espère ne pas vous avoir...insultée ? J’avoue mettre borné à faire le lien de la forme de vos pouvoirs avec ceux que l’on prête à Zeus. Sans le connaître davantage que le portrait débridé et presque libertin qu’en font toutes nos légendes… Je n’ai pas voulu forcer une comparaison quelconque à ce sujet d’ailleurs, je m’en garderai bien… Disons que je trouvais cela flatteur et admirable à l’idée d’être peut-être en présence d’une parente de celui que l’on nommait Dieu des Dieux ».
Il s’interrompit un instant prenant la mesure des révélations qu’elle lui faisait, puis sourit finement : - «Une « simple humaine » dites-vous ? Il n’y a aucune honte à l’être. L’humain est capable de choses aussi extraordinaires que ceux dotés d’un passé magique, s’il s’en donne les moyens. Regardez-donc votre propre expérience, votre vécu… Peut-être que la magie se présente à ceux qu’elle juge digne ou...que Storybrooke a révélé un lien qui existait déjà en vous mais ne pouvait s’exprimer dans un monde sans magie ».
Pour sa part, il se définissait comme simple humain et n’aurait pas voulu paraître autre chose. Si ce n’est Dieu mais dans ce cas seul. Pourquoi s’entourer de pâles sosies sans élégance ni puissance ? Pour le reste, il se jugeait de valeur supérieure à n’importe quel individu, magique ou non qui foulait les rues de Storybrooke. Pourquoi donc, au prétexte qu’il ne disposait d’aucune magie aurait-il du s’agenouiller devant autrui lorsqu’on disposait qu’une intelligence aussi spectaculaire ? Que nenni ! Il ne le ferait jamais. Reportant son attention sur la jeune femme, il regarda ses mains, pensivement. Des deux propositions qu’il avait formulé à voix haute, la seconde lui paraissait bien plus probable. La première signifiait que la magie aurait, consciemment, considéré la jeune femme plus digne que lui de posséder de réels pouvoirs et cela était inconcevable. Et puis une source magique ne pouvait être consciente, non. La solution expliquait plus logiquement certaines choses comme l’ignorance de la jeune femme de la source de ses pouvoirs. Dans l’hypothèse où cette dernière s’exprimait franchement. Mais il était plutôt disposé à le croire. Pourquoi donc aurait-elle menti ? Rien ne la forçait à lui indiquer tout cela. Et au regard de l’introspection qu’elle semblait mener devant lui, elle ne mentait pas. Et là où il y avait déjà des doutes, des angoisses, un terrain propice à l’effroi se présentait pour qui voulait le cultiver… Parfait. Pendant ce temps, elle avait sourit à son aveu, s’auto désignant à son tour comme curieuse, pour le déculpabiliser sûrement. Par honnêteté aussi. Il ne pouvait pas l’en dédire. Sa maudite curiosité ne l’avait-elle pas poussée jusqu’à épier des affaires qui ne la regardaient pas ? Si elle avait su taire son instinct, elle ne serait pas si apeurée à présent. Un petit faux pas si plein de conséquences… Pouvait-on avoir pitié de ceux qui se retrouvaient incapables de dominer leur nature ? Beaucoup oui, pas Preminger. Pour l’acte et la cause, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même.
- « On prête parfois à la curiosité des airs de vilains défauts mais il s’agit aussi du plus prompt chemin menant à la connaissance... Bien évidement, la question est ensuite de savoir si la connaissance en question vaut le risque ou l’intérêt » soupira-t-il sournoisement après un instant de silence. « En définitive, tout reste une question de pondération. »
Il le pensait. L’Homme qui souhaitait s’élever, devait savoir se contenir. Cela faisait son propre succès en ce moment même, lui permettant de contenir ses réels enjeux et intérêts, d’effacer ses ruses, de gommer ses malices sous un visage affable, l’individu non enclin à l’intelligence en étant incapable.
- « Je vous promets que je ne suis généralement pas indiscret, plus curieux qu’autre chose. Aussi, n’ayez aucune honte à ne pas vouloir répondre à mes questions, si la situation se présente »
Mais bien évidement que la situation ne se présenterait pas ! Qui aurait refusé d’y répondre lorsque l’individu qui les posait était si séduisant et si poli ? Son allure ne pouvait jouer qu’à l’avantage des informations qu’il voulait obtenir, l’apparence comptait peu importait le nombre de philosophes qui affirmaient que la vraie beauté était intérieures, les gens ne s’en préoccupaient pas. Même celle qui le « détestait » tant finissait par laisser échapper des informations malgré elle, n’en réchappant pas. Cela faisait partie de son aura naturelle. S’il avait possédé un pouvoir aussi puissant que celui de sa cliente, force aurait été de constater qu’il aurait sûrement fait plier le cosmos à ses rêves de grandeur, oui. Comment refuser ? Et certains et certaines se seraient sûrement retrouvé foudroyés sur le champ… Voilà une perspective réjouissante… bien qu’il n’y laissa rien paraître, il n’avait pas pu s’empêcher de le souligner, sous couvert d’une candeur maladroite. Même s’il fallait l’admettre, Preminger n’aurait pas fait grand cas des éventuelles victimes de ses pouvoirs magiques. Déjà parce que la question du contrôle de ces derniers ne frôlait même pas son esprit à cet instant précis. Il n’imaginait même pas ne pas arriver à les contrôler, instinctivement. Il était intelligent, que diable, bien évidement qu’il saurait s’en servir ! Et s’il y avait des ratés et bien...ce serait pour la postérité ! Il n’allait pas pleurer pour des manants, le monde en était bien remplit ! Avoir justifié la curiosité avait ouvert le passage à la jeune femme et étant demeurée silencieuse sur sa précédente observation, elle l’interrogea subitement sur son ancienne identité. Doutait-elle encore ? Ou était-ce simplement l’aveu de la curiosité qui traversait tout à chacun face à un être aussi cultivé que lui ? Il réfléchissait à la réponse adéquate à lui fournir lorsqu’elle souleva la similitude de son nom de famille avec « Dorian Gray », provoquant la naissance spontanée d’un immense sourire orgueilleux et sincère pour une fois à son encontre. Dorian Gray. Voilà un rapprochement littéraire des plus flatteurs possible ! Le jeune homme n’était-il pas connu pour sa somptueuse beauté ?
- « Dorian Gray ? La splendeur physique incarnée ? » répéta-t-il pour le simple plaisir de se l’entendre dire à voix haute, « Oh je suis positivement flatté par votre déduction. Ne pensez-vous pas, que cela est faire trop d’honneur à mon physique Mademoiselle Child ? » minauda-t-il en penchant un peu la tête de manière à offrir son visage sous toutes les coutures sous couvert de gêne.
Il n’avait pas eu le cœur à l’affirmation, avait préféré l’interroger dans l’espoir qu’elle l’en détrompe. Bien évidement que ce n’était pas faire trop d’honneur à son physique, c’était au contraire une déduction logique et il ne doutait pas que Regina lui ait accordé ce nom par hommage. Sûrement. Sûrement même l’auteur avait-il pensé à lui en écrivant son ouvrage, pas à lui bien sûr mais à une image de perfection qui portait ses traits. Délicieuse idée. Il ramena son attention sur Alexis Child et lui sourit davantage. Dorian Gray… Quelle charmante enfant. Au moins avait-elle d’excellentes lectures et un tout aussi bon goût. A croire que son précédent métier n’avait été qu’une incartade curieuse..
- « Je prends cela comme un excellent compliment involontaire. Enfin… Si on calfeutre bien évidement dans un coin sombre le portrait de son âme » ajouta-t-il dans un sourire mesquin avant de hocher la tête négativement « Mais non, je ne suis pas Dorian Gray. » Il posa la tête sur son poing et déclama fort « modestement » : « En réalité, n’étant pas un héros littéraire, je vais décevoir la libraire en vous, ma chère. Je ne suis qu’un simple humain d’un monde différent, sans pouvoir ni magie. Mais là d’où je viens, j’étais roi lorsque le sort m’a emporté ici. » Ce qui consistait à énormément résumer l’histoire et à n’en garder que la plus ou moins fin en n’en gardant que les côtés agréables. Parce qu’il n’était qu’en train de se marier quand la malédiction était venue l’arracher à son trône. Il n’avait même pas régné une minute. Mais cela suffisait non ? Il n’entra pas dans les détails, préférant voir si elle lui en demanderait. Par simple plaisir d’attiser le mystère et d’observer sa réaction avant de repartir sur des sujets bien moins tendres. Tout aussi agréable que pouvait être l’art de la discussion, le notaire ne perdait pas de vue ce qui consistait la raison de la jeune femme dans son bureau. Le procès… Et il était hors de question qu’il permette à cette jeune femme qui quitter son bureau sans obtenir son silence. A défaut, il devrait poursuivre par des mesures plus...punitives. Gâchis. Sauf à décider d’en finir promptement. Il se félicitait cependant d’avoir conclu cette entrevue quelque en soit l’issue, ainsi voyait-il plus distinctement à qui il avait affaire et quelles précautions à prendre devraient entrer dans la balance pour qu’aucun lien ne soit fait Il enchaînait les informations, préparait ce qui devait consister le début de l’apothéose en décrochant le combiné jusqu’à ce que Victoire Adler survienne subitement. Maître Victoire Adler pour les rares pauvres esprits qui pouvaient être convaincus par cette pantomime…. A croire que tout ce rendez-vous était une surenchère d’imprévus tous plus étranges et improbables les uns après les autres. Alors bon une déesse… Au moins avait-il vu le haut du panier. Même s’il ne faisait certainement pas partie de ceux qui tomberaient à genoux devant ce genre d’individus. Une déesse invoquée par sa cliente involontairement au regard de l’attitude instinctivement sur ses gardes, à la limite de l’apeurement empruntée par sa cliente à l’entente du cri qui avait manifesté l’apparition de la femme. Visiblement elle n’avait pas désiré tant que cela sa présence et cela il comptait l’utiliser à ses propres fins pour reprendre l’avantage qu’on avait tenté de lui dérober. Prenant garde à ne manifester aucune appréhension excessive, il sourit à l’apparition, refusant néanmoins de lui réserver un accueil des plus extatiques. Peut-être en fut-elle un peu vexée car elle prit soin de souligner sa « téléportation » encore avec ce ton légèrement rogue qui transparaissait de son apparence.
- « Je suis rassuré, alors. Erika est une jeune femme prometteuse, je ne voudrais pas qu’une crise cardiaque l’emporte trop tôt. Croyez-le ou non mais nous ne sommes pas habitués à des démonstrations magiques… La totalité de nos clients empruntent toujours la porte d’entrée quelque soit leurs antécédents ou leurs rangs. » ajouta-t-il même dans un léger sourire ironique avant d’incliner la tête pour répondre à son compliment.
Plaisir partagé. Oh il n’était pas mécontent de poser les yeux sur l’une des membres d’entre eux… Les Maîtres de l’Olympe. Les Immortels surtout. Mais tout aussi satisfaite que soit sa curiosité, il s’attacha à n’en rien montrer, reportant son attention et ses attentes sur la fille adoptive de Regina Mills, prêtant à « l’avocate » une attention polie mais néanmoins moindre. Trop s’y centrer aurait attiré l’attention. Là il restait...juste professionnel et c’était exactement la bonne attitude à adopter en cette circonstance. En jouant légèrement sur la culpabilité de la jeune femme, avec suffisamment d’adresse pour ne pas s’attirer le soupçon mais suffisamment d’efficacité pour obtenir ce qu’il recherchait… Aussi lui céda-t-il galamment la place, dans une docilité factice.
- « Mais bien évidement. Je vais dans le bureau de mon associé, juste en face, vous n’aurez qu’à frapper une fois que ma présence sera requise. Prenez-le temps qu’il vous faudra, l’incident est un peu complexe » il contourna son bureau et déclama également en se retournant rapidement : « Oh… n’hésitez pas à manger un peu ces chocolats même en mon absence. Vous aussi...Maître Adler. »
Il avait quitté la pièce du pas tranquille du vainqueur, sans même se préoccuper des conséquences et « complots » qui pouvaient se tramer dans la pièce. De toute manière, il n’avait rien de compromettant à la portée et en plus, toute aussi « divine » qu’elle pouvait être, « l’avocate » n’avait pas exigé que la jeune femme sorte de son bureau immédiatement ce qui signifiait qu’elle ne savait rien de plus qu’une personne lambda. Ouvrant la porte sur son associé, il tira ce dernier d’une relecture visiblement peu passionnante, si on notait la tasse de café qu’il sirotait tranquillement.
- « Tu as déjà fini ? Elle est partie ? » s’étonna Jérémie en relevant vers lui un regard surpris, posant sa tasse fumante à proximité de ses feuillets. Portant un doigt à sa bouche pour l’inciter à la prudence, Preminger s’assit en face de son collègue, nonchalamment et déclara tranquillement :
- « Non. Elle est avec son avocate » - « Son avo… » - « Parle plus bas. » reprit-il d’un ton sévère en fronçant les sourcils avant de témpérer d’un ton léger « Ne t’inquiète pas, j’ai la situation parfaitement sous contrôle. Ooooh sais-tu qui elle pensait que j'étais dans le monde des contes? Dorian Gray ! » Il sourit de tous ses dents, se pavanant sans honte à la simple ré-évocation de cette "méprise". Flatteur oui. Oui. C'était plaisant, il ne pouvait pas le nier. Et puis c'était un raisonnement logique, flatteur mais logique. Au moins, tout le monde ne perdait pas toute notion de la perfection dans ce monde. Ce que se fit un plaisir de confirmer Midas. A vrai dire, Preminger bouillait d’envie de lui faire un compte-rendu intégral des événements passés et qui se déroulaient encore mais la prudence le retenait. Avec une juriste dotée de pouvoirs qu’est-ce qui l’assurait qu’elle ne pouvait pas épier leur conversation à l’heure actuelle d’une manière ou d’une autre ? Rien. On était jamais trop prudent quand bien même menait-on sa barque aussi sûrement qu’il le faisait. Midas avait suivi le mouvement, comprenant un enjeu qui lui échappait et s’était alors mis à converser sur le dossier qu’il traitait le plus naturellement du monde, une fois qu’Erwin l’ait enjoint à le faire. Cela dura à peine cinq minutes et il fallait avouer que le cerveau de Preminger se trouvait bien plus occupé à songer aux discussions qui pouvaient se tramer dans son propre bureau. Tout aussi décidée et gênée à son égard que puisse l’être sa cliente, il doutait qu’elle puisse imposer à Maître Adler son départ. L’avocate semblait imposer une certaine autorité et une estime d’elle-même qui annonçait clairement qu’elle refuserait de partir sans crier garde de manière aussi brutale qu’elle était venue. Cela l’aurait ridiculisé et elle ne semblait pas être femme à l’accepter. Aussi se garda-t-il bien tout autre commentaire lorsqu'elles l’appelèrent pour l’avertir que les mises au point ayant été faites, on sollicitait à présent sa présence. Et bien ? Peu importait. De toute manière, il possédait les cartes suffisantes pour conclure et gagner. N’y avait-il pas un acteur même au bout du fil ruminant et hurlant des insultes à son égard et celle de sa cliente, avec suffisamment de convictions pour le disculper ? Bien qu’il haïssait se faire manquer de respect de manière aussi éhontée, il fallait admettre que cela parachevait son trait de génie, comme à l’ordinaire. Il s’apprêtait à conclure lorsque la jeune femme s’avança de son siège pour se pencher vers le combiné. Intéressant. Il avait pris garde à ne pas mentionner sa présence au téléphone et pourtant elle semblait déterminée à se mettre face à ses responsabilités, elle-même, sans nécessairement se réfugier derrière lui. Amusant. Il l’écouta curieux déblatérer d’un ton assez mesuré, s’amusant de son manque de prudence. Ce qui était preuve d’assurance après tout et une qualité relative...sauf face à lui, attendant avec une réelle impatience à la réaction de l’individu. Après un silence au bout du combiné, qui fit néanmoins craindre Preminger que l’individu ait une panne d’inspiration, Crafty eut un rire grave et gras :
- « Comme quoi, vous mentiez Dorian, vous l’avez bien contactée ! Ah les faibles restent auprès des faibles..jusqu’à renier aux autres leur droits. »
Erwin pianota dans un simulacre d’agacement sur son bureau réprimant un rire acéré et l’envie secondaire de répliquer. Il avait beau savoir qu’il s’agissait de son propre plan, il avait en horreur le fait qu’on puisse ne serait-ce que lui manquer de respect et se retenait de tancer bien méchamment l’individu. Il n’était pas faible. Mais cela le démontrait à la perfection alors il s’arma de patience, se contentant de lever les yeux au ciel, préférant concentrer son attention sur la suite. Il avait été des plus précis sur la direction à prendre et attendait, posant parfois un regard faussement inquiet vers sa cliente.
- « Mes doléances » joli mot, Mademoiselle pour dire "mes droits"... » ricana la voix aux accents durs « Effectivement vous avez beaucoup à perdre. Dommage...Un appartement, un fonds de commerce, un logement rempli de locataire, pas rien tout ça. Avec une valeur sentimentale en plus hein ? Vous êtes une fille de ce genre, hein ? Qui veut pas en démordre. La langue bien pendue hein ? Je suppose que les yeux sont tout aussi fouineurs… »
Il trouva pertinent d'intervenir à cet instant précis, bien que connaissant d'avance le déroulé du monologue, par simple plaisir de présenter à cet instant une véritable preuve de son investissement du côté "des faibles". Pitoyable.
- « Monsieur nul besoin d’être offensant...Mademoiselle est » - « La ferme, Dorian, vous parlez trop et pour rien dire. Votre spécialité. Mademoiselle Child sait très bien que je ne suis pas « offensant ». Alors ma petite, vous voulez votre appartement ? Tenez votre langue, ratinez-vous dans un coin et faites-vous oublier. Je suppose que vous comprenez. Sinon lisez la presse, ça vous instruira. J’ai fait livrer chez votre notaire, un petit journal instructif, je suppose que cet imbécile n’y a pas prêté attention, il l’a peut-être jeté. La prochaine fois, je l’expédierai directement chez vous, Mademoiselle Child… Alors réfléchissez bien à votre futur comportement ».
Ce qui revenait progressivement à un condensé de ses instructions avec un lot d’insultes gratuites à son égard...qui achevaient de le blanchir après tout. Pourquoi s’en serait-il plaint ? Tant qu’il conservait cette mimique permanente outrée, cela était parfait. 10.000,00 dollars pour l’individu...et il trouverait bien de quoi lui ôter 5.000,00 dollars pour les insultes… Tout de même. William Crafty avait raccroché un instant après, laissant la ligne vide, soulignant le silence de la pièce. Après un instant de réflexion, il adressa une mine peinée à la jeune femme, puis se racla la gorge :
- « Bon...Il semblerait qu’au moins les choses soient claires... »
Code by Fremione.
Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
J’étais restée perplexe quand il s’était excusé à propos de sa supposition sur Zeus et moi. Si j’avais dans un premier temps sourit en secouant la tête de gauche à droite pour lui signifier que ce n’était pas bien grave, la suite de ses paroles m’avait un peu bloquée dans le mouvement. Pourquoi il lui avait semblé utile de préciser qu’il n’avait pas voulu “forcer de comparaison” entre moi et l’attrait libertin que notre monde donnait à Zeus ? On ne se connaissait pas, ça aurait pu être à la limite une boutade entre amis mais venant d’un notaire, la remarque était plutôt étrange. Surtout qu’il ne parlait pas juste de faire la comparaison mais de la “forcer”. Il me prenait pour quoi ? Une machine de sexe ? Rien qu’à cette pensée, la lumière s’alluma dans mon cerveau. Faisait-il allusion à mon passé chez Hadès ? Si c’était le cas, comment pouvait-il le savoir ? Je n’avais pas souvenir de lui avoir servi un quelconque verre dans ce bar à l’époque... à moins qu’on ait une... “connaissance” en commun ? Quoi qu’il en fût, ça m’avait un peu refroidi sur le moment, je m’étais contenté de déglutir en observant mes ongles. Ce n’était pas que je n’assumais pas mon passé, loin de là. J’étais plutôt à l’aise avec ma sexualité et la sexualité de manière générale. Sinon, je n’aurai sans doute pas choisi de faire enrager Regina dans ce genre de lieu. J’aurai plutôt choisi un tatouage ou la drogue... Mais c’était la façon dont cela était venu sur le tapis. C’était étrange. Il était mon notaire non de dieu, c’était quand même pas le genre de chose à laquelle on faisait allusion dans une conversation normale... si ?
Je m’étais alors contenté de passer outre ce petit moment et de continuer à répondre à ses questions. C’était peut-être pas non plus le moment de paraître susceptible après tout. Dans une autre posture, peut-être aurait-ce était différent mais là, pas question de me mettre à dos mon unique allié. Il m’avait “rassuré” sur ma simple humanité et aussi con que ça puisse paraître, pour la première fois, je l’avais vraiment pris comme un soulagement. Pourtant c’était loin d’être la première fois que j’entendais ce discours... mais généralement ceux qui me le tenaient étaient soit ma mère qui était quand même la sorcière la plus puissante de la ville ou des dieux, des magiciens, des … des je-sais-même-pas-quoi divins, bref des gens de dingue à qui j’avais la plupart du temps envie de répondre “c’est facile pour toi de dire ça”. Mais lui semblait vraiment simple, sans pouvoir. Juste lui. Comme moi. C’était vrai quoi, la malédiction avait été brisée depuis 8 ans et il était toujours notaire, c’est que franchement, il ne devait rien avoir de plus dingue dans sa vie... sans aucune méchanceté dans ce que je pensais à ce moment-là. D’ailleurs j’allais vite en savoir plus (ou presque...) puisque la conversation avait dévié sur sa propre identité. Je lui avais quand même imaginé un truc cool, Dorian Gray était un super personnage fictif et il en semblait tout autant ravi à première vue. Tellement ravi qu’il m’avait carrément pris à partie sur sa beauté. J'avais ecarquillé les yeux de surprise en rougissant.
- Euh... ben...
C’était pas qu’il n’était pas beau. Loin de là même, je le trouvais plutôt séduisant, charismatique et il avait des yeux qui n’étaient pas... possible physiquement d’avoir. Enfin naturellement. Personne ne pouvait être né avec des yeux comme ça... mais bon c’était ni le lieu, ni le moment de parler de ce genre de truc, si ? J’avais vraiment mon notaire qui était en train de me demander si je le trouvais beau ? J’aurai su comment réagir si on avait été au Rabbit Hole, des types qui voulait savoir si la serveuse sexy les trouvait irrésistible, il y en avait tous les jours. Et des biens moins charmants que lui d’ailleurs. Donc si j’arrivais leur mentir à eux, j’étais normalement capable de dire lui dire la vérité. Mais le fait qu’il y ai cette distance hiérarchique et de situation me bloquait profondément. Je m’étais pas laissé démonter pour autant, j’avais dégluti avant de reprendre un sourire contenu et le ton badin de la conversation que nous étions censé avoir et non pas celle qu’on aurait pu avoir dans un endroit plus tamisé :
- Non, je pense que vous auriez pu avoir le rôle puisque ça ne m’a pas choqué lorsque je vous l’ai demandé. Mais c’est vrai que je n’avais pas envisagé un point important de l’histoire, je suis désolée si je vous ai offensé ou...
Il avait presque prit la pause pour se montrer sous toutes les coutures. C’était plutôt... particulier venant d’un homme que j’avais trouvé plutôt mesuré jusqu’alors. Il prenait ça pour un compliment, aucune offense apparemment dans ce que je venais de faire, bien au contraire. Il fallait que je calme le jeu tout de suite, en douceur... Enfin... dans ce qui pouvait être “douceur” venant de moi... Et comme il venait de parler de ce foutu portrait qui détenait son âme, il me tendait la perche pour ma porte de sortie. Avec un sourire gêné, je précisais avec un hochement d’épaules léger :
- Vous auriez dû être plus jeune si vous étiez Monsieur Gray...
Et BAM. Un point pour la prostituée, zéro pour le papi. J’avais dit que je devais pas m’énerver ou me sentir insulté mais c’était de bonne guerre. J’avais la désagréable impression maintenant qu’il l’avait envisagé qu’il ne m’avait pris que pour une “fille de joie” depuis le début. Je remettais tout en cause, était-ce pour cela finalement qu’il était si sympathique et si aidant ? Était-ce de la condescendance ? C’était stupide, il fallait que je me calme, j’allais beaucoup trop loin. Après tout il avait justement précisé qu’il ne voulait pas faire cet amalgame donc même si ça restait dans un coin de sa tête apparemment, il n’avait pas spécialement envie de me lier juste à ça. Et puis encore une fois, je n’avais pas à en rougir. Et enfin, il ne fallait pas que je tombe dans mes travers habituels. Quand je me sentais agressée, je me retournais contre tout le monde. Il était là pour m’aider, même si je doutais, c’était pas lui qui devait prendre mon stress en pleine figure. Et en parlant de stress... Victoire décida d’augmenter encore le curseur en déboulant dans le bureau comme elle savait le faire. J'avais à peine eu le temps de retenir ce qu’il venait de me dire : pas un héros, sans pouvoir et sans magie, certes mais un roi quand même... Il y avait plus dégueu comme poste, il fallait bien l’avouer, donc il n’avait peut-être pas “des” pouvoirs mais il avait eu “le” pouvoir...
Si ça pouvait m’impressionner, ça n’impressionnait en revanche pas du tout Héra. J’aurais bien eu envie de me taper le front à l’aide de ma main et la voyant en discussion avec Maître Dorian. Mais j’avais préféré me ratatiner sur mon siège pour observer leur joute verbale. J’arrivais pas à le définir, mais la tension était palpable. Comme si une espèce de courant électrique malsain se déversait de leurs deux corps et ce genre de chose, ça me connaissait... peut-être était-ce la raison de ma sensibilité. Il était resté clément mais je pouvais presque voir dans ses yeux qu’il ne l’aimait pas. Il était beaucoup plus rigide que lorsque nous étions seuls. Le regard qu’il m’avait lancé aussi ne m’avait pas trompé. Quant à elle... elle sortait les crocs et elle avait l’air de pas vouloir le lâcher jusque mort s’en suive. C’était pas lui la cible Victoire... pitié...
- Elle est robuste cette petite, tout ira bien.
Elle lui avait lancé un sourire presque condescendant. Et la suite des paroles du notaire n’avait qu’accentué son sourire.
- Je veux bien vous croire. Les gens de mon espèce ont rarement besoin d’un notaire pour les accompagner, il est donc normal qu’ils n’entrent pas... ici.
Elle avait baladé ses yeux sur la pièce comme si elle la prenait pour une curiosité locale avant de reprendre avec la même courtoisie tintée d’agressivité que lui.
- Oh ne vous en faîtes pas, je comprends bien. De mon côté j’ai rarement l’habitude de prendre les portes quel que soit mon rang ou mes antécédents.
Je devais calmer le jeu. J'en avait profité pour demander une entrevue avec mon “avocate” et il avait eu la gentillesse de nous laisser son bureau. J’avais souri un peu gêner lorsqu’il avait parlé des chocolats et Victoire s’était contenté d’un grand sourire mondain qui signifiait sans doute au fond d’elle “tu peux te brosser mon gars” ou “je n’ai de toute façon pas besoin de ta permission” ou... juste un sourire. J'arrivais jamais à savoir avec elle... et après elle se demandait pourquoi elle me faisait peur. Et en parlant de peur... il y en avait un autre qui venait de rentrer dans mon top 5... Dès les premières secondes au téléphone, j’avais senti que rien n’allait se passer au mieux. Je m’étais contenté de garder les yeux rivés sur le téléphone après ma présentation parce que sa violence envers le notaire m’angoissait. Je n’avais ni envie de voir l’agacement qu’il pouvait provoquer sur Dorian ni voir les yeux de Victoire qui devaient sans aucun doute lancer des éclairs dignes de ceux de son défunt mari en cet instant. Ça me déconcentrerait bien trop.
J’avais serré les poings sur mes cuisses et déglutit plusieurs fois durant le temps où il débitait ses paroles dures. J'avais l’impression qu’à chacune de ses phrases, un coup de poing finissait droit dans mon ventre. Il me passait à tabac sans me toucher et sans me voir. J’avais mais un bond sur ma chaise quand j’avais senti une main se poser sur mon genou. C’était Victoire. J’avais brusquement tourné la tête vers elle tandis que Maître Dorian tentait d’intervenir. Elle me lança un clin d’œil avec un sourire encourageant qui eut le don de me rassurer directement. Il n’y avait pas à dire, c’était dans ses moments-là que je comprenais pourquoi elle était la déesse des mères et des enfants, entre autres. Je lui avais souri faiblement en reposant mon attention sur le combiné. J’avais l’impression qu’il m’avait roué de coup, j’étais anesthésiée. Tout tiltait dans ma tête et plus rien n’était cohérent. Il parlait de valeur sentimentale. Comment pouvait-il le savoir ? C’était quand même pas marqué sur le bail de Wilson qu’il était mon ami. Bien sûr que je ne voulais pas en démordre. C’était grave ? J’étais une personne immonde ? Il voulait me faire taire. C’était lui. C’était son business. Dorian avait raison depuis le début. C’était fou, j’en étais persuadée depuis déjà un bout de temps mais d’avoir la vérité si brutalement annoncée et si crûment m’en faisait perdre tous mes moyens. Comme si je le découvrais pour la première fois et que cela était parfaitement étonnant. J'avais l’impression d’être tombée dans un puit sans fond, avec cette sensation de chute sans aucune fin inexorable. J’avais le cœur au fond de la gorge, les larmes au bord des yeux. Je respirais difficilement. Je devais me taire. Il n’y avait pas le choix. Mais si je me taisais, les deux autres sortiraient de prison. Le trafic continuerait... Est-ce qu’il valait mieux que je sauve un appartement et 2 personnes ou une ville d’une mafia apparemment dangereuse ? J’avais ouvert la bouche pour lui répondre et...
Duuuuuuuu
Avant que je n’ai pu faire quoi que ce soit, l’homme avait raccroché. La phrase du notaire raisonna dans ma tête sans que je ne puisse y répondre. J’avais à peine entendu le rire lointain de Victoire :
- Presque clair, oui.
Et en un instant... elle avait disparu. Me laissant sous le choc à observer Maître Dorian, sans doute tout aussi surpris, droit dans les yeux. Ses yeux verts si étonnants.
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
En un instant, elle s’était retrouvée dans la plaque miteuse du malfrat, droit devant lui, assis apparemment à son bureau, si on pouvait appeler ça comme ça. Il avait l’air très content de lui quelques secondes avant qu’il ne rende compte qu’il avait de la visite. Il avait fait un bond assez conséquent sur son siège, ce qui n’avait pas manqué de la faire sourire. Elle ne s’en lasserait jamais. Encore moins avec ce genre de mâle supposément Alpha qui voulait se bercer de l’illusion qu’il maîtrisait tout et tout le monde dans sa vie.
- C’est qui, celle-là ? - “Celle-là” monsieur Crafty est une... disons “amie” d’Alexis Child. Son avocate si vous préférez un terme plus officiel...
Il se contenta de ricaner tout en appuyant sur un bouton aussi répugnant que le reste de sa piole et deux hommes firent irruptions dans le bureau. Les chiens de garde sans aucun doute, armés pour les deux et prêt à dégainer. La déesse ne le prêta aucune attention, ne se retournant même pas à leur arrivée, se contentant de fermer les yeux et de ricaner. Nous étions dans le cliché jusqu’au bout alors. Et bien soit.
- Je vous conseillerai d’éviter de faire cela, très cher. - Désolé ma jolie mais je reçois pas de visite. J'ai été assez clair par téléphone, à la gamine de fermer sa bouche et maintenant sortez ou je vous colle une balle entre les deux yeux. - Je pense que nous allons poursuivre cette discussion quand même car si la “gamine” a eu sa dose, ce n’est sans aucun doute pas mon cas.
Pour toute réponse une balle fusa pour se loger dans sa jambe. Elle perdit légèrement l’équilibre sur le coup et se pencha en avant pour porter la main à son mollet.
- Je t’avais prévenu. - Et moi aussi...
Elle retira la balle de sa jambe avant de se relever vivement et de récupérer l’arme des mains de celui qui lui avait tirer dessus. Sans une once d’hésitation, elle lui tira droit dans la tête avant de tourner la tête vers le second qui semblait en proie du plus grand des dilemmes : prendre la fuite ou tirer à son tour.
- Encore une fois, je ne vous conseille pas de faire cela. Vous pouvez toujours essayez mais vous ne me tuerez pas, je peux vous l’assurer. En revanche, pour ce qui est du fait que je puisse vous tuer...
Les sourcils levés et la tête légèrement inclinée sur la droite, elle lui fit une grimace qui signifiait clairement que la situation était critique, tout en regardant le glock qu’elle avait dans les mains puis le cadavre au sol. Le chien de garde sembla hésité et lança un regard implorant vers son chef. Celui-ci semblait plus en proie à la surprise et à l’hésitation. Patiemment, Victoire attendit qu’il tranche dans un sens qui lui serait sans doute favorable : celui de renvoyer son deuxième chien d’où il venait en refermant la porte derrière lui. Le sourire aimable mais carnassier, elle s’approcha de Crafty :
- J’étais sûre que vous étiez un gentleman. Bien... mon cher. Non non, je ne veux pas vous entendre.
Elle avait levé la main pour lui intimer le silence car il avait déjà ouvert la bouche, soit pour tout lui avouer, soit au contraire pour lui préciser qu’il ne parlerait jamais. Elle n’en avait que faire, elle n’avait pas besoin de ses aveux.
- Je veux juste que vous vous m’entendiez. Vous allez lâcher l’affaire. Tout de suite. Sinon je reviendrai. Encore et encore. Et si votre petite tête est capable d’enregistrer une information, vous savez déjà que vous ne me détruirez pas. En revanche moi, je PEUX vous détruire et je n’hésiterai pas, d’accord ? Comme vous m’avez l’air d’un homme un tantinet limité, je vais vous aider.
Elle claqua des doigts et un papier apparut dans sa main. Un dossier pour être plus précis. Le dossier qui stipulait qu’il avait été locataire des lieux. Elle le posa sur le bureau et le contourna pour venir juste à côté de Crafty, s'asseyant un peu sur le meuble, très proche de lui.
- Vous voyez ce papier ? C’est le papier authentique de l’acte de propriété. Maître Dorian en a bien sûr des copies et croyez bien qu’elles ressemblent désormais toutes à cela. Un acte VIERGE. Comme si le bâtiment n’avait jusqu’alors jamais existé. D’accord ? Vous n’avez plus de preuve. Aucune. Tout a été modifié en conséquence par mes soins. C’est une marque de sympathie à votre égard, trésor, rien de plus. Juste une aide car je sens que si ça ne se fait pas ainsi, vous allez finir par de nouveau vouloir la faire chanter et je serai obligé de revenir dans ce trou crasseux et croyez-moi, ni mes yeux, ni mes narines ne m’en seraient reconnaissants. Alors pour m’éviter de tuer encore l’un des vôtres et éviter que vous ne fassiez une grosse bêtise, je vous facilite la tâche : il n’y a plus RIEN. C’était la partie facile. C’est MAINTENANT que j’ai besoin de vous.
En même temps qu’elle avait prononcé le mot “maintenant”, elle avait violemment frappé la poitrine de l‘homme d’un air enjoué, comme pour badiner. Mais l’homme n’avait pas tendance à avoir la respiration coupée quand on badinait. Elle attendit qu’il reprenne son souffle pour reprendre :
- Je veux que nous ne cherchiez rien d’autre, d’accord ? Rien du tout. Vous laissez tomber. Vous vous asseyez sur les deux hommes que vous allez perdre à ce procès en plus de celui que vous avez bêtement perdu ce jour par votre faute.
Elle n’avait pas levé le ton une seule fois. Tout avait été dit dans le plus grand des calmes, avec une voix égale et doucereuse. Elle le fixait droit dans les yeux, dominant l’homme par sa posture. Il semblait brusquement moins fier, moins prompt à écraser de sa grosse patte de mâle Alpha une jeune fille qui s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Après un moment, il hocha la tête vigoureusement et elle lui tapota la joue de sa main.
- C’est bien. Vous voyez, je ne vous en demande pas plus. Je sais que vous n’êtes pas tout en haut de cette chaîne alimentaire que vous tentez de construire à Storybrooke et que vous allez sans aucun doute devoir rendre des comptes à vos... supérieurs ? Mais je vous rassure, personne ne vous demandera plus de déranger miss Child. Alors il n’en tient qu’à vous de suivre la même voie. D’accord ? Merci. Je vous laisse vous occupez du cadavre, j’ai toujours eu horreur du ménage.
Sans un mot de plus, elle se téléporta une nouvelle fois dans le bureau du notaire. Alexis se retourna vivement sur son fauteuil, visiblement angoissée.
- T’étais où ? - Ça n’a plus aucune importance. - Victoire... t’as fait quoi ? - Je n’ai rien fait. J'ai discuté, c’est tout. Je te promets qu’il est encore en vie. Tu veux qu’on l’appelle ?
La jeune fille sembla hésiter et la déesse lui sourit, attendrie. Elle était toujours aussi méfiante, sur ses gardes. Elle avait raison d’agir comme cela. Mais ce qui la rendait touchante, c’est qu’elle avait malheureusement toujours la manie de ne pas se méfier des bonnes choses... ou des bonnes personnes. Victoire se rassit en soupirant tout en se tournant vers le notaire.
- Maître Dorian, auriez-vous l’amabilité de rouvrir le dossier en reprenant l’acte immobilier, je vous prie ?
Lorsqu’il lui sortit, elle le récupéra de ses mains pour le montrer à Alexis :
- Voilà ce que j’ai fait. J’ai juste fait en sorte que cette histoire soit un lointain souvenir. - T’as falsifié des papiers officiels ?! - J’ai modifié des papiers officiels. Monsieur Crafty était d’accord sur le fait qu’il n’aurait finalement jamais vécu à cet endroit. Alors j’ai mis les papiers à jour. Il ne viendra jamais plus t’embêter sur ce sujet. Tu es la seule et unique propriétaire, il n’y a jamais eu de locataire avant toi. Ou du moins, plus rien ne l’indiquer.
Elle ne lui répondait rien. La jeune fille avait les yeux rivés sur l’acte, les sourcils froncés et il était évidant qu’elle était en train de se mordre l’intérieur de la bouche. Victoire soupira :
- Pour l’amour des dieux, Alexis ! C’était un malfrat, d’accord ? Nous ne faisons rien de mal, il n’en avait pas besoin, il te faisait juste chanter. De temps en temps, les malfrats aussi méritent d’avoir un coup qui leur revient d’hors des sentiers battus, pas vrai ? Surtout quand ça ne fait de mal à personne.
Presque personne. Mais ça, elle n’était pas non plus obligée de lui dire. Au bout d’un moment, la brunette sembla se détendre, acceptant l’idée que tout était derrière elle et que c’était pour le mieux. La déesse tenta de l’apaiser également en lui caressant le dos pour accélérer le processus et lorsqu’elle fut suffisamment calme et confiance, elle lui précisa avec douceur.
- Rentre chez toi, Alexis. - Quoi ?! - Tu peux rentrer, c’est fini. Tout est fini, d’accord ? Va prendre un bon bain, je viendrais te rejoindre un peu plus tard, je dois encore finaliser les choses avec Maître Dorian. C’est juste de l’administratif et je préfère que tu n’y sois pas mêlé, c’est ton avocate qui te l’ordonne.
Elle lui lança un sourire en coin avec un clin d’œil. La jeune fille hésita avant de sourire à son tour et hocher la tête d’un air entendu. Pendant que la jeune fille ramassait ses affaires, Victoire lança un regard à l’homme qui lui précisait sans doute que l’histoire n’était pas finie. Il dut en paraître curieux puisqu’il ne s’opposa pas à ce qu’Alexis s’en aille. Pourquoi l’aurait-il fait ? Il aurait tout au plus risqué de vendre sa couverture. Très aimablement, il salua la jeune fille tout en lui offrant les chocolats qu’elle n’avait pas mangé. L’enfant s’élança dans un flot de remerciement soulagée à l’encontre du notaire et Victoire dut faire tous les efforts du monde pour éviter de lever les yeux au ciel et se contenter de sourire aimablement. Ce type ne méritait rien pour attendre... mais pas ce soir. Elle attendit qu’Alexis soit sortie du bureau et que la porte soit close, qu’Erwin se rasseye à son bureau pour enfin parler. Enfin... pas de suite. Elle le toisa d’abord quelques secondes en silence, le sourire en coin. Au bout d’un moment, elle lâcha enfin :
- Vous êtes plutôt doué.
Elle laissa un silence avant d’ajouter :
- Intelligent aussi. Très intelligent, c’est tout à votre honneur. C’est une qualité sur laquelle je compte beaucoup. Vous l’êtes suffisamment pour miss Child. Sans doute un peu moins pour moi mais vous me tenez tout de même la dragée haute, c’est admirable.
Elle croisa les jambes et posa ses mains sur son genou avant de lui préciser :
- Je ne viens pas pour me battre. Je viens plutôt... vous accompagner.
Crafty avait accepté ses doléances sur le coup du choc. Mais il serait très vite d’aplomb, surtout si Dorian lui demandait d’agir, il fallait donc tuer cette situation dans l’œuf au plus vite et revenir à la source. Elle reprit la parole avant qu’il ne tente quoi que ce soit :
- Non. Vous alliez me mentir. Non.
Elle le regarda durement. Elle lui autorisait toute la joute verbale qu’il voulait mais il était hors de question qu’il lui mente sur ses intentions à cet instant. Elle retourna la main paume en l’air. Une petite bobine apparut dans sa main.
- Vous savez ce que c’est ça, Maître Dorian ? C’est l’enregistrement de la conversation téléphonique que nous avons eu présentement. Et malheureusement pour vous, monsieur Crafty est un peu trop bavard. Enfin... malheureusement... cela pourrait être une bénédiction si vous savez tirer parti des opportunités... et je suis presque certaine que vous l’êtes. Dans cet enregistrement, il avoue TOUT en somme... qu’il essaye d’intimider une jeune fille sans défense car elle a vu ce qu’elle ne devait pas voir, qu’il vous a envoyé le journal, qu’il risque d’aller plus loin dans ses démarches et depuis peu, grâce à moi...
Elle posa sa main gauche sur sa poitrine dans un geste théâtrale avec un sourire mauvais :
- Il ose fait preuve de faux et usage de faux dans la mesure où ces documents n’ont jamais existé. Dans cette version, ce qui est fâcheux voyez-vous, c’est qu’au mieux, vous êtes un bien piètre notaire pour ne pas faire la différence entre un vrai et un faux papier et au pire... vous êtes le complice de cet homme. Enfin... son complice... ou pire ? Et dois-je préciser que durant touuuute cet entretien à glacer le sang, vous n’avez même pas daigné vous rendre compte du danger que risquait Alexis ? Toute personne normale ou... innocente n’aurait pas cherché à ce qu’il modère son ton... elle aurait plutôt appelé la police devant des menaces si EVIDENTES. Alexis était bien trop sous le choc pour le comprendre... pas moi. Je vous l’ai dit. Vous êtes suffisamment intelligent pour elle mais il vous reste encore quelques marches à franchir pour moi. Ne vous en voulez pas, je ne tire que profit de ma loooongue agonie dans cet univers depuis son existence. C’est ce qu’on appelle l’expérience.
Elle fit disparaître la petite bobine qu’elle avait encore dans sa main avant de faire apparaître un verre de vin. Elle en but une gorgée avant de le poser et de poser une main sur le bureau d’un geste sec.
- Voilà ce que nous allons donc faire. Alexis va témoigner au tribunal. Elle veut le faire et je ne l’en empêcherais pas. Ce n’est pas mon problème si vous perdez des hommes, vous aviez qu’à être plus prudent après tout. Mais je vais sauver votre peau. Parce que vous allez faire ce que vous auriez dû faire. Vous allez témoigner à votre tour. Avec la bobine de l’enregistrement et l’explication de tous les faits. Vous préciserez que vous aviez des doutes sur les papiers mais que vous aviez besoin de plus de preuves. Vous vous innocenterez tout en vendant Crafty. Ce n’est pas une bien grande perte, il est bête comme du foin. Quand vous aurez fait ça, je partirai comme je suis venue. Je vous laisse même continuer à jouer avec la gamine si ça vous chante, vous avez l’air de beaucoup vous amusez à la torturer mentalement. Je crois comprendre aussi que... certaines de ses aptitudes pourrait vous intéresser. Elle parle beaucoup, n’est-ce pas ? Et vous, quand il s’agit de gagner en puissance, vous avez les oreilles grandes ouvertes, je le vois bien. Mon mari était pareil. Paix à son âme. Si vous trouvez un jeu moins dangereux et qui n’implique pas sa stricte sécurité, je n’ai rien contre le fait que vous continuiez.
Elle lui lança un nouveau sourire en coin.
- Il est inutile de gaspiller votre salive en me demandant pourquoi, disons que j’ai mes raisons.
Oui. Alexis était toujours méfiante, sur ses gardes. Elle avait raison d’agir comme cela. Mais ce qui la rendait touchante, c’est qu’elle avait malheureusement toujours la manie de ne pas se méfier des bonnes choses... ou des bonnes personnes. Et pourtant, elle sentait sa peur quand elle lui rendait visite. Ce qui ne l’empêchait pas de lui faire confiance. Mais Victoire travaillait à d’autres dessins. D’autres buts. Et la jeune fille avait aussi besoin d’apprendre de ses propres erreurs, apprendre que la confiance pouvait être extrêmement douloureuse quand elle était donnée aux mauvaises personnes. Quel dommage qu’elle l’avait accordé tant à elle qu’à Dorian.
- Alors nous sommes d’accord ?
Il était bien plus gagnant que perdant dans ce scénario après tout. Alors comment refuser ?
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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
« Looking at me through the window. You've reached the end, I'm the winner."
Effectivement, ricaner sur les « mœurs légères » de certaines personnes notamment de ses clients n’était pas quelque chose à conseiller pour une bonne image professionnelle. Mais Preminger était au dessus de tout cela, vu qu’il ricanait sur tout de manière permanente. Au moins avait-il le bon ton, pensait-il, de le faire si subtilement que les autres n’y voyaient goutte. Quand bien même...était-il de bon ton d’ironiser sur le passé de strip-teaseuse de Mademoiselle Child ? Oui, c’était tellement amusant de souligner sans sembler le faire, au pire des cas qu’aurait-elle donc pu dire ? Il s’excusait de « toute potentiel amalgame » entre son ancienne profession et la liberté des mœurs de Zeus. Tout en n’en pensant pas moins. De toute manière, c’était bien ce qu’elle avait été non ? Alors qu’elle prenne le métier avec tous les sous-entendus que cela impliquait. Cela ne restait qu’une profession faite pour les dépravés sociaux et sentimentaux. Ce qui ne correspondait pas avec l’image qu’elle véhiculait à présent cependant ce qui signifiait que cela n’avait dû être qu’une « erreur de parcours ». Ou peut-être était-elle tombée dans une sorte de trafic malgré elle ce qui pouvait expliquer sa méfiance tout en atténuant donc la qualité d’instinct qu’il lui prêtait. Mais….et alors ? Il n’allait pas pleurer sur tous les cas de la société non plus, il les gouvernait, c’était déjà bien assez. Cette dernière n’ayant pas trouvé bon de s’expliciter davantage sur le sort et la place de Zeus dans la hiérarchie des Dieux, il n’insista pas. De toute manière, ce genre d’informations finiraient par se trouver d’une manière ou d’une autre, même si le bavardage innocent de sa cliente constituait une mine d’or sur un pan de la ville encore trop secret à son goût pour lui et qu’il était plaisant de découvrir d’une rencontre dont il n’attendait rien que celle-ci pouvait s’avérer enrichissante pour ses ambitions personnelles. Qui l’aurait cru ? Autant en tirer tout ce qu’il pouvait en tirer sans avoir l’air d’insister et ainsi consigner au plus vite ces informations d’une manière ou d’une autre. Et puis quand bien même la jeune femme semblait fréquenter les individus les plus insaisissables de la ville, elle paraissait remarquer et ainsi faire la preuve – si preuve était utile- qu’il était un individu unique et doté d’une plus grande aura que ces derniers. Bien que le fait qu’elle soit éblouie par son charisme ne soit guère étonnant, il fallait avouer que le compliment involontaire qu’elle lui avait fait, l’avait enchanté. Non pas par réelle émotion mais par une réelle vanité subitement largement abreuvée. Si bien que son égo, pourtant finement muselé derrière un masque de modestie n’avait pu s’empêcher de faire brusquement tressaillir subrepticement le masque. Il l’avait gênée par pur plaisir d’y voir une ode à sa perfection et l’avait interrogée plus instinctivement que consciemment pour profiter encore de compliments mérités. Si bien qu’il souriait encore, à la perspective de la réponse qu’elle formulerait. « - Vous auriez dû être plus jeune si vous étiez Monsieur Gray... » Si bien qu’il n’eut aucune réaction à la seconde. Si ce n’est de battre des cils comme pour assimiler la phrase entendue. Même s’il n’était pas sûr de parfaitement la comprendre. Même si elle revenait ironiquement parfaitement dans son esprit choqué. Plus jeune. Plus jeune ? Comment ça plus jeune ? Il… n’était absolument pas vieux ! Il...on devait lui donner au tout plus trente ans ! Avait-il...attrapé des cheveux blancs ? Non c’était parfaitement ridicule vu qu’il n’avait jamais été aussi beau que lorsque ses cheveux l’avaient été… ! « Plus jeune.. » S’il s’était retrouvé à siroté une boisson quelconque, il se serait étranglé. Fort heureusement, là avait-il eu la présence d’esprit de ne pas réagir ! (En réalité, il avait blêmi si instinctivement qu’il ne pouvait pas le remarquer) Ses mâchoires se crispèrent pour empêcher ses pensées d’exhaler la première remarque qui lui venait à l’esprit… Contrôle. Contrôle. Mais il n’était pas vieux. Il n’en n’avait même pas l’air ! Comment osait-elle seulement proférer de telles absurdités ! Pour qui se prenait-elle ? Aurait-il du répliquer qu’à la différence d’elle, il n’attirait pas que le ramassis fétide de la société. Non non non non ! Il ne pouvait pas se permettre d’être odieux avec elle. A la seconde où il le serait, cela briserait la « relation de confiance » qu’il tentait d’instaurer en ravivant ses soupçons. Il lui donnerait d’une certaine manière raison. Sa main droite posée s’était tendus, replie dans un geste méthodique autour de son stylo, geste qu’elle ne manquerait pas de remarquer s’il tardait à se détendre. Et sortir son miroir pour se « rassurer » n’était pas non plus une option envisageable. Même s’il en avait subitement très très très envie. Ni même se ventiler avec l’acte de propriété n’était pas une alternative. Ne restait que feindre l’indifférence, ce qu’il parvenait à faire assez facilement d’ordinaire. Il suffisait de songer que… c’était un mensonge. Ca ne pouvait que l’être. Et...elle ne pouvait que le savoir car sinon pourquoi aurait-elle eu ce rapprochement en bouche ? Surtout qu’il était beau. Le plus bel homme qui fut. Il n’y avait que peu pour le nier et encore il s’agissait d’un mensonge. Tout aussi méfiante que soit sa cliente, il n’y avait aucune raison pour qu’elle se mette à le dénigrer, elle ne semblait...pas de ce genre, contrairement à lui. Ce qui signifiait…. Il releva les yeux vers elle et sourit. Mais bien sûr… « je suis désolée si je vous ai offensé ou... ». Et lui qui avait trouvé son silence étonnant sur le moment commençait à comprendre ce qu’elle avait voulu faire. Ce qui signifiait qu’elle avait soit noté sa moquerie sous couvert d’excuses soit qu’elle avait emprunté un mauvais chemin de raisonnement quant à ses intentions. Il penchait pour la seconde solution. Pourtant, elle n’avait aucun souci à se faire, c’était son orgueil purement autocentré, sans aucune considération particulière qui l’avait conduit à l’inciter à développer ses compliments, pas du tout un intérêt manifesté à son égard. Comme quoi, la petite libraire pouvait mordre. Amusant. Et maintenant que ce constat lui semblait limpide, la critique glissait sur lui, son malaise disparaissant aussi progressivement qu’il était venu. A l’inverse, il lui adressa un nouveau sourire:
- « Je ne suis pas sûr qu’on évoque quelque part son âge, mais vous avez sûrement raison, il doit être un adolescent de notre époque. C’est d’ailleurs un peu jeune encore pour parler de séduction, d’ailleurs, non ? Mais cessons les intermèdes littéraires, vous n’êtes pas venue pour ça. »
Il escomptait rapidement la terroriser pour l’enjoindre à ne pas témoigner à la barre du tribunal et surtout à ne pas alerter les autorités sur l’existence d’un quelconque chef. Néanmoins, le rendez-vous avec cette dernière avait eu pour effet de révéler qu’elle aurait été bien incapable de poser un nom sur le troisième individu qui se trouvait à la réception des œuvres d’art ce soir là...Et la piste de Crafty semblait la contenter. Ce qui signifiait que la méfiance manifestée à son égard au début de dialogue ne se justifiait que par le léger doute qu’il puisse être complice et non décideur. A la différence d’Alexis, Maître Adler semblait d’emblée sur la défensive, presque perspicace sur sa prétendue amabilité si bien qu’il n’avait pas spécialement pris la peine de lui servir sur un plateau un quelconque cérémonial à sa vue. Avec ses airs et cette espèce d’importance qu’elle tentait d’imposer, il lui répondait par une simple politesse. Si elle voulait mériter un minimum son respect, il ne suffisait pas d’apparaître en se téléportant dans son étude. Il sourit néanmoins, lorsque celle-ci tiqua sur sa grande invitation à emprunter la porte d’entrée ; ayant deviné à l’avance qu’elle saurait saisir la pique.
- « Étonnant. Pourtant croyez-le, nous recevons toute personne de Storybrooke quelque soit son origine magique, nos clients n’usent, juste, pas de leurs pouvoirs dans nos locaux, ils savent tout simplement qu’ici seule est affaire de droit, mais vous devez le savoir, de toute manière, Maître, je suppose que ce doit être identique à votre cabinet. »
Cabinet où elle n’avait probablement jamais mis les pieds vu l’imposture flagrante. Mais cela dit, cela avait le mérite d’être divertissant. Tout comme l’appel téléphonique de Willy Crafty consistait en le moment le plus délectable de cette journée. Que pouvait-il y avoir de plus plaisant au monde que de pouvoir assister en premier spectateur aux stratagèmes qui se déroulaient ici tout en étant également l’auteur ? Peu de choses. Tout aussi simple que puisse être la partie, il ne s’ennuyait jamais de découvrir les visages de ses victimes lors de leur chute. Alexis Enora Child paraîssait si blême, si perdue, qu’il s’interrogea sur l’éventualité d’un malaise. Oh voilà qui aurait été des plus palpitants ! Comme un acteur, il avait joué sa propre partition, intervenant par fausse bravade, puis avait anticipé les réflexions internes de sa cliente. Sûrement tournait-elle en boucle des différentes voies d’accès, les différents chemins… Sa moralité en prenait certainement un coup, quel dommage qu’elle n’ait pas la réelle opportunité de l’exprimer réellement. Crafty raccrochant, il savourait sa victoire, en jeu, set et match et sans difficulté. Étonnamment, la licorne n’avait pas réagit en se jetant sur le combiné et son complice avait ainsi pu aller au bout de son petit discours sans prendre le risque de se retrouver coupé , lui. Il ne le connaissait pas mais il méritait sa paye, tout homme médiocre qu’il était. Aussi se recula-t-il de stupeur lorsque Victoire Adler disparut de son champ de vision tout aussi subitement qu’en l’espace d’une seconde. Comme si elle n’avait jamais existé.
- « Je...Où est-elle passée ? » marmonna-t-il plus par réflexe que réelle interrogation.
Il ne s’interrogeait pas vraiment sur son lieu de localisation. Il ne le devinait que trop aisément. Se pouvait-il ?… Déjà l’avant-goût de victoire se ternissait grandement. Que pouvait-elle faire ? Qu’était en mesure de faire une déesse ? D’ailleurs de laquelle s’agissait-il ? Il ne pouvait le dire mais l’étendue de ses capacités et de sa moralité dépendaient de son identité. Il ne pouvait pas cependant pas se permettre d’être trop ennuyé au risque de se vendre ; pour le moment autant rester sur sa position de surprise. Alexis Child avait plongé ses yeux dans les siens, dans une recherche muette de soutien et de compréhension. Il ne devait pas oublier qu’elle venait d’être insultée ou menacée quand bien même ses pensées se trouvaient en réalité tournées vers les agissements actuels de l’« avocate ».
- « Voulez-vous un verre d’eau ? Je vais vous en chercher un »
Sauf à ce que la divinité possède le pouvoir de stopper le temps, ce qui ne semblait pas être le cas, il avait largement la possibilité de feindre être aux petits soins pour sa cliente. Aussi se leva-t-il sans attendre son approbation avec la satisfaction de pouvoir faire quelques pas en direction de la porte, afin de se dégourdir les jambes et l’esprit. Une fois dans le couloir, il héla Erika pour qu’elle remplisse le verre – il n’allait tout de même pas réellement se donner la peine de le faire- et attendit dans le couloir le dos collé à la porte en réfléchissant. La porte de Midas étant close et consultant sa montre, il déduisit que ce dernier devait être entré en rendez-vous. Tant pis. De toute manière il n’avait pas besoin d’échanger, il suffisait qu’il se concentre. Voyons. Crafty ne le connaissait pas et il était d’un naturel résistant à la torture. Du genre fier aussi, ce qui lui plaisait dans son profil. Pas une sorte de balance mais un individu fiable...autant que pouvait l’être un voyou de son espèce. Il désirait tant monter les échelons qu’il saurait tenir sa langue et de toute manière, il ignorait son implication, de ce fait, il ne pouvait pas être directement relié à tout ça. D’une certaine manière, il était hors de danger. Erika lui tendant le verre d’eau, il la remercia d’un bref signe de tête puis rentra dans son bureau. Un rapide coup d’oeil à la chaise vide lui confirma que « Maître Adler » n’était pas revenue. Il posa le verre devant sa cliente puis s’assit dans son fauteuil, pinçant les lèvres.
- « Je suis...désolé de…. » il eut un geste vague « de toute cette horrible...cette horrible scène. Si j’avais su, je ne vous aurais jamais proposé d’appeler cet ignoble personnage, c’était un très mauvais moment pour vous » soupira-t-il dans une mine contrite, en se passant une main sur le visage ; il laissa s’écouler un blanc puis ajouta « néanmoins, c’était nécessaire. Il vaut mieux avoir le cœur net sur les volontés de cet homme que de rester dans l’expectative. Au moins, nous pouvons réfléchir posément à un plan d’attaque . Ou plutôt de résistance» proposa-t-il dans un sourire.
Comme Alexis buvait machinalement son verre en le regardant, il se questionna sur la source de ses pensées. S’inquiétait-elle encore autant pour Crafty ou elle aussi se demandait-elle ce qu’était en train de faire Adler à l’heure actuelle ? Un peu des deux. Il l’observa un long moment, volontairement dans le silence, afin de laisser croître en elle toutes sortes de scénarios et pensées puis tandis que son cerveau organisait son vrai plan, sa bouche parla avec une sincérité parfaite :
- « Vous savez...des menaces comme celles-ci ne peuvent pas être ignorées. Non » coupa-t-il en leva la main pour interrompre toute tentative d’opposition de la brune « Non, vous ne devez pas céder à la peur. L’individu a de la ressource juridique mais sans vouloir me vanter » en réalité il le voulait, il ne pouvait pas perdre la face « j’en ai tout autant, sinon plus. Et nous avons votre avocate aussi. Enfin avions... » son regard retomba sur l’emplacement vide et une pensée de Crafty mort lui traversa l’esprit lui arrachant un frisson. Pas pour la vie de Crafty, il n’en n’avait cure, c’était un bon pion mais un pion tout même...Mais pour lui. Mais non. Absurde. Preminger gagnait toujours. Et il n’avait juste qu’à adapter sa stratégie en conséquence des nouveaux événements. Adler risquait de tuer « l’ennemi » qu’il avait créé. Soit. De toute manière, s’il n’avait qu’un quart de ce qu’il voulait, il avait eu le principal et de nouvelles opportunités encore. Aussi, il suffisait de redisposer ses cartes en connaissance de cause. Comme l’allié qu’il simulait être.
- « Etrange personnage que cette femme. Enfin bref. Il y a eu des menaces flagrantes. L’individu est dangereux. Sérieusement dangereux. Mais nous devrions tenter de le coincer une fois pour toute. Je pense… » il s’arrêta un instant pour river ses yeux dans ceux de la jeune femme et décréter sérieusement « je pense que vous devriez porter plainte. » Ce qui revenait à une volte-face complète de son plan initial mais tant pis. Si Crafty était mort, il était idiot de prendre des risques insensés en lui conseillant des choses qui lui sembleraient suspectes après coup.
POUF
Il sursauta moins qu’à la précédente apparition lorsque la déesse se téléporta une nouvelle fois dans le bureau avec le même précédent détachement qu’auparavant, la même sorte de dédain affiché complété d’un petit air enjoué qui donna subitement envie au notaire de la voir étendue sur le parquet une balle dans le coeur. Imbécile. Alexis formula à voix haute la question à laquelle il n’avait pas réellement envie d’avoir de réponse. Quoique. Ca dépendait de si Crafty avait craché quoique ce soit. Et cela n’avait pas pu être le cas. Donc au final, peu importait. Il se laissa convaincre d’ouvrir l’acte notarié lorsqu’elle le requit de s’exécuter, comme un faux pantin naïf dépassé par les événements, le cerveau néanmoins soupçonneux. Crafty vivant d’après ce qu’elle déclarait ne signifiait pas forcément du positif pour autant et si elle souhaitait voir l’acte… Elle lui arracha d’ailleurs ledit acte des mains pour mieux le brandir dans un pa-thé-ti-que triomphe qui le glaça tout à fait. Il n’avait pas besoin de détailler l’acte pour comprendre ce qu’elle avait fait. Une HERESIE tant au regard du juridique que pour lui. Une bouffée de haine avait monté rapidement en lui et il avait songé à ce qu’il avait proféré à Alexis quelque temps auparavant l’arrivée d’Adler. « «Une « simple humaine » dites-vous ? Il n’y a aucune honte à l’être. L’humain est capable de choses aussi extraordinaires que ceux dotés d’un passé magique, s’il s’en donne les moyens. » Sauf que les êtres magiques étaient capables en une fraction de seconde de détruire l’ensemble d’un concentré d’intelligence non par surplus d’intelligence mais par moyens supérieurs. Ce qui revenait à se battre contre des moulins à vent, au final, vu que le combat était déloyal. Non pas que Preminger soit un adversaire friand de loyauté mais…. Il voyait sa mise en échec justifiée par un fait extérieur supérieur contre lequel il ne pouvait pas lutter...et cela le remplissait de rage. Non. Non. NON. Il ne pouvait pas accepter cela. Il ne pouvait pas accepter que cet acte soit modifié aussi simplement que dans un claquement de doigt, que l’on puisse régler le problème si...si nonchalamment ! Si injustement. Il ne pouvait pas perdre, ni admettre de perdre pour la simple et bonne raison qu’il n’aurait pas pu perdre fondamentalement. Même s’il n’avait pas le choix que de feindre le soulagement mesuré quant à cette nouvelle. Il ne pouvait pas se lancer dans un esclandre qui l’aurait trahi, il ne pouvait pas non plus hurler à cette...femme de lui rendre son acte.. Et comme elle souhaitait subitement que Mademoiselle Child s’en aille, il ne protesta pas, incita le mouvement d’ailleurs, comme sonné, calquant ses réactions sur celle de sa cliente. Un homme honnête, intègre, un peu sonné et un peu gêné par la solution trouvée. Il aurait plutôt du exiger qu’elle demeure présente et refuser cette solution mais… Mieux valait sûrement parler hors de la présence de sa cliente. Ou plutôt, il préférait se plier aux exigences de la déesse pour mieux cibler ses attentes. Sans cependant souhaiter négliger Alexis E Child. Au contraire. Il prit bien le temps de la remercier et de l’encourager sur la témérité dont elle avait fait preuve et lui offrit la boîte de chocolats dont elle semblait tant raffoler, souriant sous son flot de remerciements. Oh oui, il était trop bon, il ne le savait que trop bien. Il avait été siiii investi dans sa défense, n’est-ce pas ? Elle ne pouvait que le voir et il avait éliminé tout soupçon de son esprit, s’en faisant une alliée contre toute attente de la part de la jeune femme. A présent que son image dorée existait dans on esprit, elle saurait sûrement s’en souvenir à l’avenir. Qui sait ? Peut-être l’appellerait-elle pour un souci différent ? Et de fil en aiguille, il saurait voir ce qu’il pourrait extorquer d’elle. La chose semblait aisée à présent. La porte refermée, il nota que le départ de la jeune femme avait laissé quelques traces de papier mâché par la licorne qu’il faudrait nettoyer. Prenant son temps, il rejoignit son bureau avec une tranquillité contrastant avec l’écœurement qui lui secouait le cœur et s’assit dans son fauteuil, comme il se serait assis dans un trône, croisant négligemment les jambes devant « l’avocate ». Cette dernière se contentant de le toiser sans mot dire, juste toujours avec ce petit sourire satisfait horripilant et bien peu opportun, il lui sourit encore aimablement, conservant son apparence « innocente » jusqu’à ce qu’elle daigne ouvrir la bouche. Rien ne pressait. Comme elle décida d’ouvrir le bal en s’épanchant sur son intelligence, il haussa les sourcils d’un air faussement surpris sur ce qu’il savait déjà être vrai puis eut une moue dubitative sur ses conclusions. Etait-il « suffisamment intelligent pour Miss Child ? » Encore heureux, sans posséder le QI d’une huître, c’était une jeune femme lucide assez pertinente oui, certes, mais loin de posséder une intelligence aussi exceptionnelle que la sienne. Dans d’autres circonstances, il aurait ricané, là forçant encore à demeurer neutre, il se borna à la toiser. Se devait-être pour elle un moyen de reconnaître sa supériorité que de concéder qu’il lui « tenait la dragée haute » pour reprendre ses paroles. Mais il ne l’interrompit pas, n’en n’eut pour ainsi dire en aucun cas l’intention même lorsqu’elle lui intima le silence pour exiger qu’il ne lui mente pas. Il écouta au contraire, bien attentivement, TOUT ce qu’elle trouva bon de lui dire, sur l’enregistrement qu’elle fit apparaître dans sa main et qui lui arracha un pli amer, tout comme sur il eut un sourire sans joie sur sa petite explication qu’elle faisait de son rôle dans cette histoire et l’ensemble de la conduite qu’elle entendit lui dicter, sa demande de témoigner jusqu’à l’autorisation qu’elle lui donnait de continuer à jouer avec Alexis Child. Tout comme auraient devisé deux partenaires et alliés criminels dans ce qui ressemblait à une pantomime de projets criminels confus.. Du moins, c’était sûrement l’impression qu’elle en avait. L’impression de le tenir à sa merci et de lui faire une fleur. Sans aucune raison apparente. Sûrement s’attendait-elle à ce qu’il lui joigne les mains, en s’enthousiasmant de la concession dont elle faisait preuve à son égard… Mais à QUI croyait-elle donc parler ? A un petit gredin de bas étage qu’on pouvait convaincre en claquant des doigts encore sous couverts de faux compliments ? Visiblement, toute concédante qu’elle pouvait être sur l’étendue de son intelligence, elle ne la distinguait pas clairement. Il eut un mouvement de recul dédaigneux instinctif lorsqu’elle s’enquit de son accord et un léger ricanement s’échappa de ses lèvres. Le masque affable qu’il conservait à peine depuis que sa cliente avait quitté les lieux glissa sur son visage révélant une physionomie différente. Plus hautaine, étrangement plus fausse et la beauté de son visage se gâta. Même son timbre de voix changea, prenant des notes plus aigres, aiguës, aux accents plus roucoulants.
- « Ma chère Maître… Mes félicitations, pour le petit enregistrement que vous m’avez montré. Un prodigieux tour de passe-passe vraiment... Mais, j’avoue ne pas comprendre ce que vous semblez avoir à coeur de faire avec cela. En tout cas, vis-à-vis de moi. Voyez-vous, je suis un pauvre individu lambda tentant de résoudre un problème juridique, non le portrait aussi dramatiquement sombrement flatteur que vous semblez décrire avec tant d’acuité d’esprit » minauda-t-il sèchement « Je suppose que je devrais être flatté de me voir désigné comme le maître d’orchestre..de génie..assumons-le de cette machination » ajouta-t-il avec un sourire moqueur « Seulement voilà. Vous n’avez strictement aucune preuve. »
Pour qui se prenait cette petite dinde pour penser sérieusement pouvoir le mettre au pied du mur ? C’était si ridicule que cela lui donnait envie d’en rire à gorge déployée, la main posée sur ses poumons pour marquer l’hilarité jusqu’à la suffocation. Mais il ne se mis pas à rire. Il pencha la tête et haussa un sourcil de défi, avant d’ajouter :
- « Tout comme je ne suis pas certain que votre dossier soi parfaitement en règle. Mais because I’m so good hearted laissez-moi vous aider…. » soupira-t-il tragiquement dans une longue plainte, puis s’accouda à sa chaise, il reprit goguenard « Voyez-vous, mon très cher Maître. Que comptez-vous produire en justice ? Cette..mystérieuse petite bobine sitôt vue, sitôt disparue ? » interrogea-t-il en dodelinant de la tête l’air excessivement inquiet avant de porter une main dramatique à son coeur « Mais voyons, la recevabilité de cette preuve est proche de zéro, c’est un enregistrement illégal produit par une personne ayant grade d’officier public. Quelle douloureuse perspective pour votre chère petite protégée, aah ! Mais..cela me fait m’interroger subitement sur un point... » Il s’interrompit en secouant l’index feignant de réfléchir théâtralement avant de pointer son doigt vers son interlocutrice « Pourquoi dois-je donc, si fréquemment, me donner la peine de vous expliquer votre métier, MAÎTRE ?
Il se recula dans son fauteuil, satisfait de son petit effet. Touché coulé. Elle n’était pas la seule à pouvoir se pavaner et au moins lui avait des raisons légitimes de s’autosatisfaire. Un peu de fiel glissa dans sa bouche. Une partie de son plan tournait en "défaite forcée". Il allait perdre les deux hommes et Crafty... Mais qu'importait, il en avait fait le deuil à l'instant où elle avait disparu de la salle. L'intérêt principal de la rencontre avec Miss Child demeurait de vérifier l'ampleur de son savoir sur le sujet. Par le rendez-vous, il l'avait convaincue de la culpabilité de Crafty, elle ne chercherait pas plus loin. Songeusement il se passa la main dans les cheveux négligemment avant de reprendre :
- « Afin de corroborer cette « preuve » et la rendre recevable, Mademoiselle Child aura besoin de témoin, Madame Adler. En d’autres termes, la sécurité de votre amie dépend essentiellement de mon témoignage. VOUS avez besoin de moi pour sauver Mademoiselle Child et non l’inverse. Car soyons réaliste, vous savez bien, vous-même, que vous n’êtes pas à proprement parler un témoin fiable. Nous le savons tous les deux. La preuve en est...cet acte » il souleva avec ironie le document pour l’agiter aussi jovialement qu’elle auparavant « encore un de vos merveilleux petits prodiges, Madame Adler. Pour peu j’en serais jaloux. Il n’empêche, je suppose que quelque part dans cette ville, vos pouvoirs doivent être connus et je suis sûr que se présenteraient pléthores de personnes afin d’attester de vos inhumaines capacités. Cela plus le témoignage d’un bandit terrorisé, car vous savez très chère...même les malfrats ont droit à la justice » persifla-t-il dans un sourire mesquin « Vous avez falsifié des documents officiels, Madame. C’est tout à votre honneur et votre noble coeur mais cela n’en reste pas moins illégal. Et disons-le facile, et tout aussi facile ensuite de s’enorgueillir d’une supposée intelligence quand votre victoire -quelle ironie- repose sur vos pouvoirs. Cela dit, béni soient-ils d’avoir pu sortir Mademoiselle Child d’une situation inextricable, n’est-ce pas ? » ironisa-t-il en posant une nouvelle fois sa main sur son coeur, feintant l’inquiétude sans réellement pousser l’intention à l’incarner. Ses yeux se rivèrent sur le verre de vin rouge qu’elle avait téléporté, songeant à certains souvenirs et manipulations, puis remontèrent jusqu’à la déesse. « Même si vos pouvoirs ont été des plus utiles vous pouviez gagner sans cela » il désigna le petit tas de feuilles en le tapotant d’un air amical comme l’aurait fait un maître avec la tête de son chien « Vous n’aviez besoin que de l’enregistrement et de mon témoignage, alors je suppose que c’est la rançon de l’excès de pouvoir ? On ne sait plus à quel moment il est utile d’en user…. Ou bien l’acte ne vous sert qu’à tenter de m’intimider. »
Tapotant sa joue avec son index comme pour marquer sa réflexion puis reprit d’un ton condescendant :
- « Si tel est le cas, vous pouvez rétablir l'édition originale et oubliez cette idée saugrenue. Risible. Je n’ai fait que mon humble travail en proposant à votre protégée d’appeler sous couvert d’un soupçon commun que nous avons eu, puis je suis intervenu pour calmer le jeu. La discussion était certes offensive mais pas plus d’autres situations face auxquelles j’ai déjà été confronté dans le cadre de mon métier… Cela n’a dégénéré en menace qu’à la toute fin. Là où Mademoiselle Child n’a pas eu le temps de répliquer pensez-vous que j’aurais eu le temps d’appeler la police ? L’utilisation fréquente de l’instantanée grâce à vos pouvoirs vous font surestimer la rapidité humaine… » souligna-t-il dans un sourire rusé « D’autant que la ligne était occupée par ledit appel. Vous voyez ?Tout a une explication des plus logiques et censées. » déclama-t-il en écartant les mains avec grandeur « Quant à la question du document. Ce qui est fâcheux, voyez-vous, c’est qu’au mieux vous êtes aveuglée au point de penser qu’on ne portera aucun soupçon sur votre capacité à falsifier des documents au pire naïve pour occultez le fait que vous n’êtes pas seule à savoir qu’il s’agit de faux. Ce qui signifie que je doute fortement que Mademoiselle Child accepte de me laisser accuser sous couvert d’une mention inexistante qu’elle sait avoir existé, moi qui n’essayait que de l’aider ! Elle parlerait de persécution à mon endroit de votre part, que ça ne m’étonnerait pas. »
Il ferma les yeux comme douloureusement puis les rouvrit, ses yeux dorés luisant d’une lumière ironique. Il prit un temps de pause, pour observer ses ongles, comme on jauge une manucure puis releva la tête, poursuivant avec la même condescendance
- « Il va de soi que je lui aurai conseillé de porter plainte à l’issue de l’appel téléphonique ! Oh ! » il s’interrompit subitement mimant la stupeur puis ajouta en agitant la main frénétiquement avant de la laisser rejeter une mèche de cheveux vers l’arrière : « Oh mais j’avais oublié ! Je l’ai fait ! » il baissa le ton de sa voix pour incliner la tête « Quel dommage que vous vous soyez téléportée juste avant de le voir, vous l’auriez constaté vous-même, voyons. Inattaquable. Parce que foncièrement innocent et intègre, très chère » affirma-t-il en roulant des yeux.
D’un geste méthodique, il s’amusa à ranger les feuilles de l’acte sous les yeux de la déesse, l’observant avec un léger sourire en coin :
- « Revenons au principal, voulez-vous ? … Vous avez besoin de mon témoignage et je témoignerai dans l’intérêt de ma cliente toujours. Cette pauvre enfant a besoin d’être protégée, visiblement des rapaces lui tournent autour. Et qui dit que des membres de la bande à Crafty ne voudront pas venger leur patron ?Qui sait ? Qui sait ? » s’exclama-t-il, la bouche formant un « o » d’effroi avant de lever un sourcil narquois. Puis subitement, son regard se fit plus dur, tandis que sa bouche se fendait d’un sourire cruel « Mais Madame Adler, n’essayez pas de me jouer, je doute réellement de votre largesse d’esprit à l’égard de celui que vous estimez être un criminel tout comme je vous déconseille de m’indiquer ma conduite à venir sous couvert de conseils… Même si la faible considération que vous semblez faire de Miss Child me laisse pantois...j’en doute. Je doute sincèrement de votre désintérêt pour elle, sinon, pourquoi l’aider ici ? L’homme ne souhaitait que son silence, il suffisait de l’encourager à se taire, non ? Mais vous devez avoir vos raisons… Autres, j’espère pour vous, que d’espérer me coincer parce que sinon je vais vous décevoir. Et ce n’est pas dans mes habitudes de décevoir autrui.»
Il haussa les épaules d’un air dédaigneux puis chassa une mouche inexistante du doigt :
- « Je suppose que nous avons un accord oui, si cela vous fait plaisir d’appeler ça un service que je vous rends. Alos « Debetur enim ei merces. Ne in vobis? » conclua-t-il narquoisement en plissant les yeux.
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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Il fallait que ça se finisse, au plus vite. C’était bien trop demander à mon système nerveux et à mon pauvre petit cœur. J'avais récupéré Pétunia sur les genoux et la caressait de façon plutôt compulsive. Elle avait horreur de ça. Généralement elle se mettait à grogner et elle me le faisait payer pendant au moins une semaine. Mais pas cette fois. Elle avait même collé sa langue râpeuse sur le dos de mon autre main, comme pour tenter de m’apaiser à son tour. La situation était vraiment critique. Victoire venait de disparaître et j’étais mortifiée à rester dans la même pièce que LUI seule, une seconde de plus. Il n’avait rien dit, il était resté tout aussi courtois mais il n’avait pas pu cacher le blêmissement de son teint lorsque j’avais parlé de son âge. Ma pique avait été volontaire et je ne regrettais rien mais il fallait aussi dire que j’avais merdé parce que maintenant, il nous restait suffisamment de temps pour qu’il décide finalement de plus m’aider du tout, par ce que j’avais dit. Parce que Victoire avait fait. A ma grande surprise, je n’avais ps eu le droit à un “dehors” tonitruant. Il semblait plutôt agité, moins enclin à s’occupé de moi. Un peu surprise, les sourcils relevés, je l’avais observé en le suivant des yeux quitter son bureau à la recherche d’un verre d’eau qu’il avait commandé pour moi.
J’étais restée assise, collée au fond de mon siège à réfléchir pendant tout le temps où ce maudit verre d’eau était arrivé. Sa réaction était plutôt étrange. Il semblait stressé et l’avait semblé à la minute où Victoire était partie. Pourquoi ? Craignait-il qu’elle fasse une bêtise ? Moi aussi je le craignais mais en soit, il ne nous connaissait pas, cela ne retomberait pas sur lui alors pourquoi cette réaction ? Il fallait que je reste calme et lucide, toute cette situation était juste en train de me rendre folle et paranoïaque. Il avait fini par revenir en me tendant mon verre et qu’avais vu d’uen traîte en l’écoutant. J'avais failli m’étouffer en l’entendant parler de plan de résistance.
- Il n’y aura pas de plan de résistance. Ce sera un plan d’attaque, pur et simple.
J’avais posé mon verre d’un geste sec sur la table. Je savais pas d’où me venait cette hardeur nouvelle mais je m’y reconnaissais assez bien pour afficher une mine décidée. j’avais ouvert la bouche pour tenter de préciser que je n’avais pas l’intention d’ignorer les menaces qu’il venait de me faire mais il m’avait fait taire d’une main et j’avais attendu patiemment qu’il termine. Il me proposait de porter plainte. C’était plutôt bon, c’était plus ou moins ce que je comptais faire, tout en l’ajoutant cependant au dossier déjà en place. Quitte à témoigner autant préciser directement que j’avais subit des menaces pour me faire taire. Si j’avais été sonné par le coup de semonce que j’avais reçu quelques minutes plus tôt, le fait de voir Victoire disparaître et qu’il m’ai laissé quelques instants m’avait fait reprendre du poil de la bête. Je ne me laisserai pas faire. Je m’étais trop laissée faire par le passé, notamment par Hadès et c’était le jour où j’avais pris les choses en mains que tout s’était arrêté. Je m’étais promis de ne plus jamais subir mon sort... ni mon destin. Et c’est bien ce que je comptais faire, avec un peu de recul.
- Je pense que vous avez raison. Je vais porter pl...
Elle venait de réapparaître devant nous et tout s’était fini brusquement. Elle m’aurait jeté du haut d’une falaise que ça m’aurait fait le même effet. J’étais de nouveau perdue, sous le choc. J’étais si décidée à me battre et d’un coup... tout était fini. Mais véritablement. Au point que je puisse sortir de ce maudit bureau. Alors après quelques protestations, j’avais accepté le cadeau qu’elle me faisait et j’avais fini par me lever.
Enfin si, je savais. Ça s’appelait des honoraires. J’allais sans doute devoir y passer même si de base j’avais rien demandé du tout.
- Vraiment, vous m’avez été d’un soutien précieux... Vous avez tant fait alors que vous n’en étiez pas obligé. Vous auriez pu rester parfaitement neutre alors... merci beaucoup.
J’hésitais un instant avant de lui demander :
- Si je vais porter plainte, vous accepteriez de témoigner avec moi ?
Il m’avait souri, toujours aussi rassurant à qu’on habitude :
- Si la justice a besoin de moi et si vous également, comment refuser ?
J’avais dégluti en hochant la tête avec raideur une première fois. Puis plusieurs fois de façon saccadée pour lui signifier un remerciement plus grand encore qui refusait pourtant de sortir de mes lèvres. Quelques chocolats et ma licorne plus tard, j’étais dehors, soufflant bruyamment. J’étais épuisée. Un coup d’œil à ma montre m’avait signifié que l’entrevue avait duré plus longtemps que prévu. Tant pis pour la librairie. Je pouvais tout aussi bien dire que j’avais pris mon après-midi et j’en avais bien besoin. Le soir-là, après m’avoir cuisiné un repas et un dessert digne de me calmer les nerfs, j’avais mangé rageusement devant un épisode d’une sitcom que j’avais revu que trop de fois. Complétement absente, j’avais fini par aller me doucher. Victoire avait dit qu’elle me rejoindrait, je ne savais pas encore combien de temps je pourrais attendre dans cet état. Était-elle toujours avec lui ? M’avait-elle oublié ? Avait-elle eu “une course” à faire avant ? J’en avais aucune idée et j’avais accueilli l’eau sur ma tête comme une bénédiction. Une fois propre, les cheveux mouillés, j’avais rejoint ma chambre pieds-nus, la serviette autour de ma poitrine. Et je m’étais effondrée sur le lit pour observer le plafond et me remémorer cette journée plus qu’étrange. Les menaces. L’apparition de Victoire. Le notaire. La voix de Crafty. Les plans de mon appartement. Les yeux du notaire si limpides et pourtant si mystérieux. Je m’étais alors assoupi, sombrant dans le plus profond des sommeils.
FIN pour Alexis
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Il avait l’avait laissé parler sans l’interrompre une seule fois. Voilà une attention des plus appréciables, bien trop peu utilisés par ceux qui se considéraient comme des “génies machiavéliques” de nos jours. Et pourtant, le vrai génie résidait là, dans la juste mesure. Enfin un divertissement à sa hauteur. Elle avait terminé en prenant une gorgée de vin et en le toisant, un sourire au bord des lèvres, attendant qu’il prenne à son tour la parole. C’était un narcissique. Elle l’avait vu à la seconde où elle était arrivée dans ce bureau. Sa façon de se tenir, ses micro-réactions quand il avait l’impression qu’on marchait sur ses plates-bandes. Il aimait le pouvoir. Mais plus que tout, il aimait se voir l’exercer. Elle en avait connu des hommes comme lui. Surtout durant ses derniers mois de recherche et de découverte. Poséidon était un peu comme cela, même s’il était bien plus animé par un idéal qu’il ne l’était par lui-même. Son mari avait fini par le devenir même si ce n’était pas ce qui l’avait rongé en premier. C’était bien plus son grand savoir, sa grande lucidité au milieu de l’ignorance bénite des autres qui l’avait fait vriller. Son couronnement avait fait le reste. Dorian avait d’abord commencé à s’aimer lui-même avant de prendre plaisir à imaginer ce qu’il pouvait accomplir. Tout en le toisant de la sorte, elle se demandait si parfois l’homme en face d’elle se contentait d’une masturbation mentale en pensant à lui-même ou s’il en allait jusqu’à l’acte propice. Sa pauvre femme. Il n’y avait pas assez de place dans son mariage pour un polyamour. Il était déjà pleinement amoureux de lui, rajouter une personne dans la balance était au-delà de ses capacités.
Comme tout bon narcissique, il était vexé. Vexé au plus profond de son être et elle avait presque pu percevoir à quel point ses paroles avaient fait monter en lui une rage et un dégoût de la défaite qui s’annonçait à lui. C’était stupide. Il n’avait pas perdu. S’il avait perdu, il ne serait plus là pour en parler. Il avait juste été légèrement placé sur son chemin, un chemin qu’elle le laissait faire seul du moment qu’il ne s’avisait pas d’enlever les œillères. Mais Maître Dorian (avait-il choisi de rester dans ce travail uniquement pour entendre avec délectation le commun des mortels l’appeler “Maître” ?) n’était pas que narcissique. Il était aussi pragmatique. Et elle avait vu bientôt cette rage s’éteindre dans ses yeux pour se muer bien plus en un compromis amer.
Lorsqu’il avait repris la parole, elle n’avait pas pu s’empêcher de lever un sourcil d’étonnement. C’était fou comme il pouvait changer lorsqu’on le forçait à faire tomber le masque. Un vrai Janus, à n’en pas douté. Il était bien moins séduisant, bien moins posé, sa voix même en était plus désagréable, insupportable, bien loin du dandy charismatique et chaleureux qu’il avait offert en spectacle à Alexis. Elle ne put s’empêcher d’étendre son sourire moqueur lorsqu’il avait posé sa première carte : l’absence de preuve. Avait-elle seulement encore besoin d’une preuve ? Au lieu de jouer le jeu jusqu’au bout et de nier tout en bloc en prétendant ignorer où elle voulait en venir, il était limite passée aux aveux de façon à peine voilée. Quant à la nécessité d’avoir un bien matériel qui prouvait ses dires, n’avait-il donc pas encore compris à qui il avait affaire ? Elle resta silencieuse, comme elle s’était promis de lui rendre la pareille à sa douce attention à son égard. Et elle savait qu’il y viendrait bientôt. Il luttait encore mais il finirait par arrêter de se débattre. Elle ne connaissait que trop bien.
Il ne lui avait fallu qu’une seconde d’inattention pour replonger dans un de ses premiers souvenirs. L’assaut. Le poids qu’il avait mis sur elle en la basculant sur le lit. Les hurlements. Ses mains qui s’étaient débattues. Les bruissements de satin tandis que son corps résistait de toutes ses forces. Ses larmes qui lui coulaient droit sur les lèvres. Ses supplications vaines. Et soudain... La fin. Le début pour lui. La capitulation pour elle. Cette envie brusquement de juste s’évader, être hors de son corps, laisser sa conscience s’en aller pour qu’elle ne devienne qu’un objet sans sentiment le temps qu’il finisse. La délivrance. Et son départ où il ne lui laissait que douleur et amertume. Il lui avait tout donné. Et il pouvait tout lui reprendre. Il ne cessait de lui dire et au combien ces deux phrases raisonnaient encore en elle. Mais c’était fini à présent. A Dorian. A lui de lâcher prise. Elle lui donnerait tout. Et elle pourrait tout lui reprendre.
Elle avait presque cligné des yeux comme pour revenir à l’instant présent, reprenant une gorgée de ce vin qui ne lui faisait aucun effet. De son côté, il continuait de se débattre avec ce soi-disant enregistrement irrecevable. Avait-elle besoin de lui préciser que Storybrooke n’était pas régies par les lois des Etats-Unis mais par ses propres lois. Que l’abruti du village qui servait de maire était en quelque sorte son “frère” et qu’elle pouvait lui faire changer tout ce qu’il venait d’énoncer ? Qu’elle pût même sans utiliser ce stratagème demander légalement d’avoir un juré à la vue de l’affaire et que même si l’enregistrement était classé irrecevable après l’écoute, on ne pouvait pas demander à l’être humain de faire abstraction de fait qu’il avait déjà enregistré ? Elle se contenta de soupirer et de le laisser parler encore et encore. Il en avait besoin. Il fallait que ça sorte.
Et voilà qu’on en arrivait à l’excès d’orgueil. Elle avait volontairement crispé sa mâchoire lorsqu’il lui avait signifiait qu’elle avait besoin de lui. Un narcissique ne chercherait pas plus loin. Il avait juste besoin de retrouver une position de force et s’il fallait pour ça qu’elle le fasse passer pour le héros bienfaiteur, soit. Du moment qu’il faisait ce qu’elle voulait, elle n’en avait cure de savoir comment y arriver. Il était d’ailleurs reparti dans un long monologue, voulant sans aucun doute détailler point par point tout ce qu’il avait pu relever et montrer à quel point il pouvait s’en sortir. Elle s’en mordit la langue pour éviter d’éclater de rire et se resservi un verre de vin pour écouter la suite. Bien sûr qu’il pouvait s’en sortir. Bien sûr qu’elle devrait déployer d’autres immenses moyens pour arrêter toute cette machine infernal, moyens qu’elle n’avait même pas envie de mettre en œuvre. Mais plutôt que de les utiliser, il avait, comme le paon qu’il était, finalement faire EXACTEMENT ce qu’elle lui demandait tout en se targuant en plus dans être l’instigateur. Y avait-il situation plus cocasse ?
Elle s’était contentée d’un sourire aimable et d’un hochement de tête révérencieux lorsqu’il avait fait le lien entre ce qu’il était en train de dire et son prénom. C’était bien trouvé. Loin d’être la première fois mais bien trouvé mais elle était capable de l’avouer. Elle s’amusait après tout alors autant lui notifiait lorsque le monologue était plaisant. Ça l’était d’autant plus quand il était persuadé qu’elle ne méritait aucune victoire car elle n’agissait que sous couvert de ses pouvoirs. Elle jubilait à l’intérieur qu’il ne la connaissait pas encore et qu’il ne connaîtrait de facto sans aucun doute jamais cette facette de sa personnalité. Cette facette où elle préférait largement ne pas utiliser ses pouvoirs, où l’année où elle avait été humaine avait été la plus belle de sa vie et qu’elle gagnerait sa capitulation non pas par le biais de ses pouvoirs mais surtout par le biais de la manipulation. C’était assez sidérant de voir un manipulateur manipulé de la sorte. Il fonçait tête baissée. C’était pourtant le B.A BA de la manipulation. On présentait un très gros prix que la personne ne pouvait accepter et le suivant, le véritable revu à la baisse en devenait risible. Elle lui avait créé une bombe nucléaire de pouvoir, pour finalement l’obliger à accepter son offre par pur orgueil.
Voilà à présent qu’il menaçait une nouvelle fois Alexis devant elle dans une pantomime plutôt sympathique. Pour la première fois, elle se lâcha à une réponse à sa double interrogation.
- Oui, qui sait ?
Dans une imitation de son interlocuteur, elle avait laissé sa bouche former un “o”. Peu importait ce qui arriverait par la suite, elle ne vivait que dans le moment présent. Et si Alexis devait faire face à un futur compliqué, elle avait hâte de voir comment la gamine s’en sortirait seule, cette fois. Elle n’avait pas répondu à la suite de ses questions, sur sa motivation. Elle lui avait d’ores et déjà précisé qu’elle ne le ferait pas et pour lui aussi cela semblait relever bien plus de la rhétorique. Elle ne put s’empêcher de ricaner à l’attente de la fin. Un vrai rire moqueur pendant lequel elle dut se reprendre en se pinçant les yeux. Il supposait qu’elle essayait de le coincer... comme si elle avait que ça à faire. Comme s’il était important. Elle se reprit en inspirant et en posant la main sur sa poitrine.
- Veuillez excusez ce moment d’égarement. Vous disiez donc ? Ah oui, notre accord. Je tiens à féliciter tout abord vos efforts en anglais et en latin. Vous êtes un homme cultivé, à n’en pas douter. Bien sûr qu’il y aura paiement. Mais pour avoir paiement mon cher ami, il faut y avoir livraison. Nous nous reverrons, vous pouvez d’ores et déjà me faire votre liste si vous le souhaitez. Je suis comme le génie de la lampe, je ne force personne à faire tomber amoureux, je ne fais pas revenir les gens d’entre les morts et je ne tue... ah si pardon, cela je peux le faire.
Elle lui lança un sourire sarcastique avant de préciser :
- Je ne peux modifier la réalité non plus au cas où il vous viendrait l’idée saugrenue de... je ne sais pas réfléchissons... me demander de vous faire diriger cette terre.
Elle se leva, faisant disparaître le verre et le pichet, plutôt satisfaite qu’il ait finalement lâché prise assez vite. Elle replaça avec grâce le châle qu’elle portait sur les épaules en faisant attention de ne pas blesser Argus au passage, planté sur sa poitrine.
- Je peux en revanche vous aider sur votre mariage. Pauvre Georgia, vous n’êtes pas un cadeau très cher, j’espère que vous vous en rendez compte ? Un peu d’attention envers elle ne vous ferez pas de mal, c’est grâce à elle après tout que vous en êtes là.
Elle tourna les talons avant de se stopper net et de le regarder une dernière fois.
- Ah et une dernière chose, juste pour votre culture générale, vous pouvez considérer toutes ces informations comme une avance... Alexis n’aurait jamais pu être la fille de mon mari. Il avait bien trop peur que quelqu’un un jour le dépasse. Il l’aurait tué à la seconde où elle aurait fait apparaître son premier arc électrique. C’était bien tenté cependant. Continuez à chercher, vous finirez par trouver.
Elle lui lança un clin d’œil et sorti de la pièce... par la porte qu’elle n’avait jusqu’alors jamais emprunté.
FIN pour Victoire
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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
« Looking at me through the window. You've reached the end, I'm the winner."
Miss Child avait quitté les lieux sur la promesse d’un engagement de sa part qu’il n’avait pas eu d’autre choix que de donner. Même si en réalité, il ne dépendait que de lui de souhaiter conserver un lien quelconque avec cette déplaisante affaire. Néanmoins, les affiliations de cette dernière avec celles, plus grandes, qui dépassaient Storybrooke ne pouvaient pas être à négliger d’un vulgaire geste de la main. En concédant cela, il gagnerait plus.
Ce qui ne l’empêchait pas d’être pertinemment agacé par le numéro que s’évertua à lui servir « l’apparition divine ». Une femme visiblement intelligente, il voulait bien l’admettre. Assez clairvoyante, peut-être par ses pouvoirs, peut-être par son propre vécu, mais assez pétrie d’arrogance égale aux regards condescendant qu’elle posait sur autrui. Une rivale ? Possible mais il misait davantage sur une adversaire aux buts nébuleux. Il avait pris un malin plaisir à discourir sur les points à son désavantage qu’elle avait pris gare à occulter pensant sûrement, le prenant pour plus bête qu’il ne l’était, qu’il les oublierait, cette dernière l’écoutant dans un silence attentif sous couvert de moquerie.
Il ne prit cependant pas la peine d’écourter son monologue, déjà parce qu’il aimait bien trop s’écouter parler et que cela constituait presque une raison suffisante et également et surtout parce qu’il était dans le vrai. Oh il ne doutait pas qu’elle mettrait cela sur le compte d’une arrogance amère mais la réalité lui donnait raison. Elle avait besoin de lui. Et elle comptait sur lui pour collaborer docilement croyant à une largesse de sa part… Sauf qu’il n’était pas un vulgaire petit animal domestique mais le futur gouverneur de l’espace temps tout entier et refusait de se plier à d’autres ordres autres que ceux qu’il concédait de bonne grâce. Là, il avait devancé cette chère Victoire Adler, non ? En évoquant la plainte puis en confirmant à Alexis Child son témoignage, il balayait d’avance tout chantage à ce sujet. Oh bien évidement qu’il ne comprenait que trop bien qu’il disposait d’autres moyens de pression. Cependant, il était forcé de l’avouer : le sacrifice un homme ne le gênait en aucun cas… Il n’avait pas réellement agit par volonté de faire taire l’enfant adoptif de Regina Mills. Il se doutait qu’elle ne savait rien. Une femme le soupçonnant ne se serait jamais présentée à son étude et serait allée voir la police au premier coup de téléphone. Aussi bonne actrice aurait pu être Alexis, Erwin possédait en retour une facile détection des mensonges d’autrui (ce qui devait assez être le cas de Victoire Adler) et l’aurait détectée. Non… En réalité, il l’avait appelée ici...par simple plaisir de jouer. Un petit jeu dans lequel en soi il avait tiré sa satisfaction par le dilemme qui avait eu lieu devant ses yeux. L’inquiétude d’autrui était un tel délice.
Victoire trouva bon de l’imiter, comme le singe imite l’Homme et il eut un sourire de complaisance à son égard qu’il chassa d’un revers de main. Pensait-elle sincèrement qu’en obtenant son accord, il abandonnerait ses agissements ? Oh non. Il tiendrait sa promesse à sa cliente, évidement. Puis… Qui sait ? Il n’aurait même pas besoin d’agir, la bande à Crafty réagirait toute seule, pas tous, les plus belliqueux, peut-être même de leur propre initiative.
La déesse s’était même donné la peine de rire sonorement à la fin de son petit monologue, prenant de grands efforts pour témoigner de toute « l’indifférence » que cela lui faisait. Ce qui constituait un mensonge éhonté, il le voyait bien. Si lui-même parfois, exagérait ses émotions, il le faisait...parce que cela faisait partie de lui, tout simplement. Il n’était pas un courtisan, il était l’incarnation de la courtisanerie si bien que toute sa personne était excessive. Victoire Adler en revanche….paraissait être bien plus maîtresse de ses gestes si bien que toute son hilarité lui apparu comme forcée, mise en scène. Elle raillait son latin feignant de ne pas comprendre la raison de son utilisation. Oh, elle l’avait assurément saisi, pourtant, cette manière détournée de lui signifier qu’il comprenait sa nature divine. Sûrement cela ne l’atteignait pas. Elle se croyait intouchable, intelligente, puissante. Tout comme lui. Les quelques différences qui les séparaient tenaient à la nature divine de Madame Adler et de sa propre intelligence supérieure manifeste. Elle pensait gagner. Elle pensait le manipuler. Non, en réalité, non… Si cela lui convenait de se bercer d’illusions, il la laisserait donc dans son monde chimérique, non sans lui souligner pourtant son erreur. Aussi haussa-t-il les épaules dédaigneusement lorsqu’elle lui proposa de dresser la liste des choses qu’il voulait. La perspective de pouvoir obtenir beaucoup était séduisante, il ne pouvait pas le nier mais...il n’appréciait pas la manière dont elle le présentait, trop sûre de maîtriser une situation
- « Oh, je ne vous ferais pas une liste… Je ne suis pas en attente très chère, c’est vous qui avez besoin de mon témoignage. Alors non. Considérez que je vous fais une fleur...et vous saurez me rendre la pareille un jour. A vos moyens divins, bien évidement. Mais rassurez-vous, je n’aurais pas besoin de vous pour gouverner cette Terre» ajouta-t-il dédaigneusement dans un sourire narquois.
Néanmoins, il fallait avouer, il fut surpris de découvrir son identité. Pas que « Adler » ne l’y ait pas fait pensé mais… Héra ? Voilà à quoi ressemblait l’incarnation de la Déesse du Mariage ? Elle ne ressemblait pas à ce qu’il aurait pu attendre d’elle mais eut subitement peur. Non pas par la révélation subite des conséquences de son statut divin mais...par ce sur quoi elle régnait. Il était trop tard pour faire machine arrière mais… Il pestait avec d’autant plus de sincérité en songeant que dans d’autres circonstances, il aurait tant souhaité obtenir d’elle le scellage éternel de son mariage...et par conséquent de sa royauté. Peut-être le savait-elle, vu qu’elle pointa mensongèrement que toute son ascension se justifiait par son épouse. Oh non ! A quoi lui avait-elle donc servi, cette épouse depuis la Malédiction sinon qu’à régner sur du vent, l’observer avec des regards soupçonneux ou admiratifs aussi ridicules l’un que l’autre, à se laisser courtiser par un roturier minable et tourner dans son esprit des énièmes réflexions sur l’éventuelle survie de sa fille ! Il supportait tout ceci avec un relatif pragmatisme et pourtant c’était encore lui qu’on critiquait par jalousie !
La déesse avait tourné les talons, empruntant la porte ce qu’il vit comme une capitulation involontaire de sa part laissant Preminger seul avec ses pensées. Elle avait réfuté catégoriquement l’affiliation de Zeus et Alexis E Child et il décida de le prendre pour argent comptant. Son argument se tenait, sauf à ce que le Dieu n’ait jamais eu connaissance des pouvoirs de cette dernière et de son affiliation. Il finirait par trouver….s’il le désirait. Fallait-il s’attacher à revoir Mademoiselle Child en considérant que par elle, une brèche dans son ascension au pouvoir s’ouvrirait ? Il était trop tôt pour le dire, surtout au regard de la proximité de la déesse. Si elle s’en trouvait avertie, comment espérer être pertinent ? Il ne se rappelait que trop bien le faux désintéressement avec lequel elle lui avait proposé de lui livrer la jeune femme, de le laisser lui soutirer des informations… Si elle « l’accordait », cela signifiait donc néanmoins qu’elle soulignait le reconnaître ennemi et lui conseiller sa méthode de manière à ce qu’il ne la surprenne pas. Il secoua la tête, amusé. Pourquoi donc les individus commettaient-ils toujours l’erreur de le sous-estimer ?