Les plus belles rencontres commencent toujours simplement...

Eliana & James

Et souvent autour d'un verre !

Eliana avait réussi à se trouver un job à mi-temps. La Méchante Reine n’était pas aussi méchante que ce que l’on pouvait bien penser ou dire. Du moins, maintenant. Ne l’ayant pas connu juste après la Malédiction, la jeune femme ne pouvait pas trop parler des actes passés de Regina. De toute façon, l’artiste avait toujours été claire : pour elle le passé, ça ne comptait pas vraiment. Comment serait-elle devenue copine avec des brigands et des voleurs sinon ?

Bref, cela faisait quelques semaines maintenant qu’elle travaillait à mi-temps au Roni’s et elle pouvait dire que c’était agréable comme boulot. Moins quand les clients devenaient un peu trop bourrés, mais pour le moment, il n’y avait pas eu de problème majeur alors cela n’entamait pas l’entrain de la jeune femme. Et puis en semaine, il n’y avait pas trop de monde non plus, du moins durant la journée. Ce qui convenait à Ellie puisqu’elle pouvait s’adonner ainsi de temps en temps à sa passion, prenant le temps de croquer les gens de passage dans l’établissement ou bien Regina.

C’était ce qu’elle faisait à ce moment-là, dessinant de mémoire le visage de ses parents. Oh, Eliana savait que pour sa mère, il lui suffisait de se regarder dans un miroir et de vieillir un peu les traits tant elles se ressemblaient dans le monde des contes. C’était plus compliqué pour son père. D’autant qu’elle n’avait passé que peu de temps avec eux avant que la Malédiction ne survienne et ne l’emporte. Mélancolique, la jeune femme regardait le dessin qu’elle venait de terminer de ses parents, se demandant ce qu’ils faisaient en ce moment et où ils pouvaient bien être…

L’arrivée d’un client la détourna de ses sombres pensées et Eliana rangea rapidement son carnet à croquis dans l’une des poches arrière de son jean. L’homme portait un stanton et semblait tout droit venir du far-west. Elle savait que certains en venaient vraiment, peut-être était-ce le cas de cet homme. En tout cas, même si de prime abord il paraissait rustre, si on regardait bien, on pouvait voir qu’il était malgré tout assez attirant. Pas que ça ait une importance cela dit, l’ancienne blonde était plutôt du genre à se fier aux actes qu’aux apparences.

- Bonjour et bienvenue au Roni’s. Qu’est-ce que je vous sers ? Demanda-t-elle avec un sourire après s’être approchée une fois le client installé dans un box.

“Tu... Tu... Tu... Es... Belle?"

James rentra dans le bar de son habituelle démarche las et fatiguée. Cette journée avait été épuisante. Comme toutes les journées, d’ailleurs, mais celle là avait été plus rude que les autres. Le toit de la grange s’était effondré, et il avait passé l’après midi à le réparer. Le pistolet à clou avait d’abord servi à clouer les planches, puis à viser ses neveux qui n’avaient trouvé rien de mieux que de se battre avec des bouts de bois. C’était difficile d’en élever un, mais trois… C’était d’ailleurs pour ça, que James n’avait jamais rencontré quelqu’un. Le Ranch, et les garçons, ne lui laissaient qu’une fenêtre très étroite pour rencontrer quelqu’un.
Et en général, il se servait de ce temps pour aller décompresser au bar, sans pour autant chercher, à cause de la fatigue physique et mentale. Enlevant son chapeau, son regard se porta sur tout le bar. Personne de sa connaissance…
C’était à la fois un fardeau et un soulagement. Il n’avait pas besoin de faire la conversation et il pourrait boire seul ! Mais… Il allait devoir également passer un peu de temps avec lui même, et il détestait ses moments là.
Alors il prit l’option de facilité : boire aux bars. Beaucoup de gens comme lui étaient là bas et c’était très souvent qu’il rencontrait des amis éphémères… S’installant face au comptoir, il ne fit pas d’abord la serveuse, occupé à ranger son chapeau. Levant rapidement la tête il commença à parler :

« Comme d’habitude, un whis… »

James tomba de sa chaise de bar. S’étalant de tout son long, il se redressa alors que tout le monde était en train de le fixer d’un air amusé et surpris. Levant les mains pour dire que tout aller bien, ses joues devinrent rosées. Il n’avait pas, de Donald que son existence dans le monde des contes. Certaines choses… Persistaient. Comme sa maladresse légendaire et certains de ces accès de colère. Le joues encore rose, il fixa la serveuse. C’était elle, qui l’avait complètement perturbé. Sa beauté avait été frappante. Jamais il n’avait vu ça de sa vie. C’était tombé comme une massue, sur ses épaules solides de fermiers. Un coup du sort. La légende voulait qu’ils n’arrivent jamais quand on s’y attend…

« Un whisky, bourbon, américain, de préférence… Et euh ?.. »

Euh…. EUUUUH. Cette syllabe fut assez longue. Par où commencer sans montrer que c’était elle qui l’avait frappé par sa beauté ? Par où commencer… Il ne fallait pas être relou. Ni excentrique. Ni… Précipité.

« Et tiens ! Je vous offre un verre ! On fait ça, quand on apprécie les qualités de serveur ! Bon là c’est pas vraiment le cas, car on vient que de se parler, mais vous n’avez pas ri quand je me suis vautré. C’est déjà un bon début… Ca fait longtemps que vous travaillez là ? »

James regarda autour de lui, soudain inquiet par quelque chose. Un sourire en coin, il préparait sa vanne depuis le moment où il était tombé.

« Non, je me suis pas planté de bar en fait… Je dis ça, parce que sinon, je vous aurai… Remarqué on va dire. Ca change de... »

La porte de prison qui sert de patronne à cette échoppe ? Non. Trop saignant. Après tout, il ne savait pas les relations qu’elle entretenait avec Régina Mills. Mais… Ils ne l’avaient jamais vraiment apprécié. Enfin, de prime abord. Il ne la connaissait pas plus que cela, lui avait passé la Malédiction à Wastebrooke, grâce à l’intervention de Dyson. C’était en noir et blanc, mais y’avait moins de débiles.

« … de la patronne ! Elle est très bien hein. Mais disons que si j’avais envie de parler avec mon verre, j’aurai plus de sujets de conversation… C’est pas un reproche hein. Après tout, elle est peut être très gentille. En tout cas, elle se plante pas dans le choix des serveuses ! Vous êtes très belle. Mais ça, je pense que vous aviez compris. Je suis pas très habile pour ce genre de compliment, et je préfère aller au but… »

Et voilà. Boom. Comment gâcher une entrée en matière en une leçon. Bienvenue dans le petit monde de Donald Duck !

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Eliana & James

Et souvent autour d'un verre !

Ah. Si elle tombait sur un habitué, les choses n’allaient pas être simples. Eliana attendit qu’il finisse sa phrase, mais au lieu de cela, le nouvel arrivant tomba au sol après l’avoir regardé. La jeune femme fut figée quelques secondes alors que des rires se faisaient déjà entendre alentour. Elle leur lança un regard qu’elle voulait menaçant, mais qui ne devait pas être très efficace vu que les rires reprirent, et allait aider l’homme à se relever quand il fut sur pied en un rien de temps.

- Un whisky, ok noté. Avec ou sans glace ? Demanda-t-elle.

Eliana avait découvert que certains mettaient de la glace. Ne buvant pas ce genre d’alcool, elle ne savait pas si c’était normal ou pas, mais dans le doute, la princesse préférait vérifier. En plus, vu que Regina n’était pas dans les parages pour une fois, elle allait se mettre derrière le bar durant quelques instants et cette perspective l’excitait grandement ! Le bar, c’était le domaine gardé de la patronne, ce qu’elle trouvait un peu dommage puisqu’elle aimait bien discuter avec les gens et c’était moins possible quand la patronne tenait le bar.

- Oh, c’est gentil ça ! Mais comme vous venez de le dire, je ne vous ai pas encore servi… Attendez un peu avant de décider si mon service est satisfaisant. Répondit-elle en souriant. Vous ne vous êtes pas fait mal au moins ? Les chutes, ça peut vite devenir grave…

Elle en savait quelque chose vu que Gothel aurait dû être morte après être tombée de la tour. Mais bon, apparemment, la malédiction de Regina avait fait les choses autrement. Et Eliana ne voulait pas savoir comment ça avait pu être possible. De toute façon, maintenant, elle était libre de l’emprise de Gothel et c’était tant mieux. D’autant que la princesse n’avait plus de cheveu magique donc l’autre n’avait plus de raison de la garder.

- Wah, quel avis sur Regina. Commenta-t-elle avant de rougir. Merci, c’est gentil. Puis elle toussa et se reprit. Vous savez, elle n’est pas si méchante que ça quand on la connait un peu. Je m’attendais à une vieille sorcière quand je suis venue ici pour chercher du boulot, mais au final, on en est loin. Déclara-t-elle.

Puis Eliana se mit au travail avec efficacité et grâce, ne se rendant pas compte de ce dernier fait. Il fallait bien avouer qu’elle avait toujours fait du sport, que ce soit dans le monde des contes avec sa chevelure qui lui permettait toutes les fantaisies ou par la suite durant la malédiction où elle avait fait de la gymnastique rythmique.

- Et voilà ! Claironna-t-elle en servant le verre. Et donc, si je comprends bien, vous venez souvent ici ? Pourtant c’est la première fois que je vous vois. Dit-elle avant de faire tomber son carnet.

Celui-ci s’ouvrit sur une esquisse qu’elle avait faite de Maximus, de mémoire.

- Oups. Fit-elle avant de le ramasser.

“Tu... Tu... Tu... Es... Belle?"

Installé au bar, James cligna plusieurs fois des yeux. Hypnotisé par la serveuse, si il avait été dans son monde, le monde des toons, sa mâchoire serait certainement tombée au niveau de ses genoux de canard. Mais… Nous étions dans le monde réel, et là, hormis la bouche très légèrement ouverte, rien ne laissait transparaître. Un peu perturbé par sa question, il mit quand même un peu de temps à répondre :

« Ah oui… Sans Régina. »

Clignant des yeux, James se rendit compte de la bêtise qu’il venait de dire. Se reprenant, il cligna plusieurs fois des yeux pour dire :

« Je veux dire, sans glace. C’est très bien. Ca dilue le whisky sinon. Et Régina… Disons que quand on cantonne plusieurs mondes des contes dans une ville pour son bonheur personnel, chez moi, on fait parti des méchants. »

Sans elle, il serait tranquillement à Donaldville, et il vivrait sa vie d’avant. Enfin… Il serait face à Yen Sid. C’était peut être un mal pour un bien. De toute façon, c’était comme ça. Pas autrement. Buvant plusieurs gorgées du liquide chaud pour se donner du courage, il poursuivit :

« Mais vous avez peut être raison, si vous êtes bien traitée ici, c’est qu’il est possible qu’elle est changée. On ne nait pas méchant on le devient. C’est valable aussi pour les méchants qui deviennent gentils… Enfin je suppose ! Oh ! »

Fixant le carnet de la jeune femme, il se risqua à le prendre. Un instant plus tard, son regard devint concentré et le fait de voir le cheval lui fit perdre de sa brillance. C’était bien moins sexy que la serveuse qu’il avait en face de lui, il fallait l’avouer. Donc son regard était plus… Neutre ? Fronçant les sourcils, James leva les yeux vers Eliana.

« Pur-Sang, catégorie royal, robe alezane blanche. C’est un très beau spécimen. J’en ai deux, mais au crin noir, dans mon Ranch. Le crin blanc est plutôt rare dans ce pays. Mais ce n’est pas impossible que je puisse en trouver. Je m’intéresse à ces animaux par passion. D’ailleurs, j’ai recueilli un cheval de trait qui avait été volé, récemment. Je fais aussi office de refuge. Vous devriez venir… euh... »

Il cherchait son prénom. Son regard se leva à nouveau vers Eliana et ses yeux devinrent encore un peu humide, et ses joues s’empourprèrent. C’était quand même dingue qu’une simple serveuse lui fasse autant d’effets. Fronçant les sourcils, il poursuivit :

« Je ne connais même pas votre prénom, et je me suis pas présenté. Je m’appelle James Fauntleroy. J’ai un Ranch aux abords de la ville. Je fais de l’élevage bovin et équin. Vous devriez venir un de ces quatre… »

Portant son verre de whisky à ses lèvres, un sourire en coin apparut sur ses lèvres. Regardant le bar autour de lui, ce dernier soupira et finalement il dit :

« Je viens souvent pour moi, mais pour un alcoolique chronique comme le type là bas, ou même pour les habitués, je ne viens que rarement. J’ai pas mal de travail, surtout en ce moment. Ici c’est le seul endroit où je suis loin de mes trois neveux qui sont avec moi au Ranch. Vous les voulez ? Je vous les donne si vous voulez. Quoi que non. Ils pourraient vous draguer. Et ca c’est hors de question. On ne fait pas ça dans la famille... »

En fait, si, on faisait ça. D’ailleurs, c’était exactement ce qu’il était en train de faire. Regardant encore de manière décontractée autour de lui, il ne laissa rien transparaître, mais une boule avait naquit dans son ventre. Il était stressé de parler à Eliana. C’était pourtant stupide, elle n’avait rien qui pouvait lui générer le moindre stresse.

« Et… Vous ? Ca fait longtemps que vous travaillez ici ? Vous aimez les chevaux donc ? Et vous avez quelqu’un dans votre vie ? »

Trois questions, deux pertinentes et une sortie toute seule. Figé, James eut la même expression que Donald, qui il était réellement dans le monde des contes quand il venait de faire ou dire une ânerie. Ca commençait… Plutôt mal.

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Eliana & James

Et souvent autour d'un verre !

Eliana souriait à l’homme en face d’elle, amusée par ses réflexions, mais aussi curieuse. En général, elle ne faisait pas attention aux hommes autour d’elle, elle n’avait eu que quelques amourettes passagères et même si elle se faisait draguer de temps en temps, la jeune femme n’était pas douée dans ce genre de jeu. Elle ne l’avait jamais été, ne comprenait pas les subtilités de la drague – s’il y en avait – et préférait passer son temps à peindre qu’à discuter avec un homme.

Pourtant, lui arrivait à la sortir un peu de sa zone de confort. Sans qu’elle ne trouve ça déplacer. Et pour couronner le tout, elle le trouvait mignon avec ses yeux rieurs. Il ressemblait un peu à Eugène, mais pas du tout dans le même style. Eugène était quelqu’un de vulnérable qui se faisait passer pour un dur et il était assez arrogant. L’homme en face d’elle ne lui semblait pas arrogant, juste blagueur et sympathique.

- Vous savez, dans la vie, on n’est jamais tout blanc ou tout noir… Répondit-elle. J’en ai eu l’exemple dans le monde des contes surtout, où mes amis étaient des brigands et des voleurs. Avoua-t-elle en souriant doucement en pensant à eux. Il y a peut-être plus derrière toute cette histoire que simplement le bonheur personnel de Regina. Sourit-elle avant de lui servir son verre. Je suis parfaitement d’accord avec vous ! Quoique pour certaines personnes, je me pose la question de savoir si elles sont naturellement méchantes… Ajouta-t-elle en songeant à Gothel.

Gothel était vraiment quelqu’un sur lequel Eliana n’arrivait pas à être objective. Car dans un sens, elle avait tout de même bien pris soin d’elle dans le monde des contes et ensuite ici durant la Malédiction. Pourtant elle avait fait beaucoup de mal pour pouvoir rester jeune éternellement… Cette interrogation se retrouvait dans les sentiments que l’ancienne blonde ressentait pour sa mère adoptive. Elle lui en voulait énormément de tout ce qu’elle lui avait caché et fait, mais dans le même temps, elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine tendresse pour elle.

Eliana observa ensuite avec des yeux ronds l’homme en face d’elle détaillé son carnet et surtout le dessin qu’elle avait fait de Maximus. Manifestement, il était un expert en chevaux vu son analyse très poussée et surtout très juste de son ami. Il était l’un de ceux qui lui manquaient, avec Pascal et ses parents biologiques bien évidemment. Quant à Eugène… L’artiste ne voulait pas penser à lui. Parce que des années étaient passées depuis leur mariage, et qu’elle avait changé.

- Vous n’en trouverez jamais un comme celui-là. Lui dit-elle en souriant. Maximus était mon ami… Et il est plus du genre chien fidèle que cheval. Ajouta-t-elle avec quelques larmes dans ses yeux. Sans lui, je crois que mon histoire se serait bien mal finie… Expliqua-t-elle succinctement après avoir inspiré un grand coup pour reprendre constance. Je m’appelle Eliana Cunningham. Lui proposa-t-elle. Enchantée James. Vous avez un ranch ? S’exclama-t-elle en sautillant presque. C’est vrai ? Je pourrais venir ? J’adore ces animaux. Ils ont tellement de grâce… Et ils sont très intelligents. Je ne suis jamais montée sur un cheval… Avoua-t-elle ensuite piteusement.

Maximus était un ami et jamais il ne lui serait venu à l’esprit de le traiter comme un simple animal. Tout comme Pascal d’ailleurs, qui avait été un ami, un confident… Il la connaissait tellement bien que s’il avait été humain, il aurait sans doute été son frère ! Mine de rien, c’était avec ce genre de conversation que la jeune femme se rappelait qu’elle était seule ici. Bon, bah totalement puisqu’elle avait retrouvé Anna et Elsa, que Gothel était là également – mais il n’était pas question de lui parler – mais pour ces deux compagnons et surtout Pascal qui l’avait accompagné depuis qu’elle était enfant… Oui, ils lui manquaient véritablement.

- Beaucoup de gens viennent ici pour décompresser. Ça ne doit pas être facile de gérer un ranch, surtout pas si vous avez des neveux. Dit-elle, compréhensive avant de rire. Ah oui, vous ne faites pas ça dans la famille ? Fit-elle malicieusement. Dites m’en plus sur ces enfants qui ont l’air de vous mettre bien à plat. Demanda-t-elle. Ça doit être bien d’avoir sa famille autour de soi… Lâcha-t-elle tout bas, sans même avoir bien conscience de ce qu’elle disait.

James avait beau vouloir donner ses neveux, elle était certaine qu’il n’en ferait jamais rien. Pas alors qu’il parlait d’eux avec affection. Le fait de ne pas avoir retrouvé ses parents biologiques minait beaucoup Eliana, qui avait l’impression qu’on ne cessait de lui voler sa famille. Et même si elle était ravie d’avoir retrouvé ses cousines, la jeune femme avait toujours ce regret quant à ses parents.

- Oh, ça ne fait pas très longtemps que je travaille ici. Quelques semaines seulement. En général à mi-temps, mais en ce moment, je n’ai pas trop de commande pour mon autre travail alors je suis un peu plus souvent ici. Expliqua-t-elle. Oui, j’aime les chevaux. Sourit-elle. Et les caméléons. Ajouta-t-elle en songeant à Pascal. Euh… C’est compliqué. Répondit-elle en se renfermant légèrement. J’étais mariée dans le monde des contes. Mais pour moi, ça remonte à tellement loin que… Eh bien que je n’ai pas envie de considérer ce mariage comme valide dans ce monde. Vous voyez ce que je veux dire ?

Probablement pas. Mais Eliana ne savait pas bien comment expliquer qu’elle voulait être libre d’être qui elle voulait dans ce monde. Elle n’était plus une princesse, n’avait plus de chevelure magique. Et le monde qui l’entourait était bien plus libre au niveau des coutumes que la jeune femme ne voyait pas pourquoi elle se considérerait comme mariée dans ce monde alors que rien ne l’indiquait sur ses papiers. C’était bien que le mariage n’avait pas été pris en compte par la Malédiction non ?

“Tu... Tu... Tu... Es... Belle?"

James resta un long moment à la regarder. Il était perturbé. Car… Elle était perturbante. Finalement, buvant une gorgée, avec un sourire en coin lui donnant un air assez espiègle, James commença juste la conversation tranquillement. Même si intérieurement, il était décidé à attaquer la drague de manière plus vindicative.

« Oh. On ne nait pas méchant, on le devient, ça c’est une certitude… Mais certains sont quand même de véritables enfoirés ! »

Il en avait plein. Des exemples. Certains avaient juste manqué d’amour. C’était très bien expliqué dans Harry Potter. James les avait lu il n’y a pas si longtemps. Ce n’était pas parce qu’on était fermier qu’on ne lisait pas. D’ailleurs, les meilleurs fermiers étaient souvent les plus cultivés. Ils ne répendaient pas des cochonneries sur leurs exploitations ou ne nourrissaient pas leurs animaux avec de la crotte. Buvant encore une gorgée à cette pensée, un sourire apparut ainsi qu’un petit bond dans la poitrine de James. Il avait une ouverture, signe qu’elle n’était pas indifférente !

« Ah… D’accord, je vois. C’est normal, le chien et le cheval sont semblable génétiquement. Proche de l’homme pendant très longtemps, leur fidélité envers lui a évolué au fil des siècles. J’ai lu un bouquin là dessus. Très intéressant ! »

Finalement, ses yeux se plongèrent dans les siens par accident, et il détourna les yeux aussitôt. Ses joues s’empourpèrent mais il fut quand même obligé de répondre. Reprenant son courage à deux mains, ses yeux se tournèrent à nouveau vers Eliana, et avec calme il dit simplement :

« C’est un très beau prénom. Je m’appelle James Fauntleroy, et oui… J’ai un Ranch. Je l’ai acheté y’a pas si longtemps que ça. Oh, ça ne m’a pas couté bien cher, ma famille est riche de naissance… Mais euh… Je suis pas très matérialiste, alors mes sous s’accumulent dans un coffre, chez mon oncle… Je dois être son meilleur placement... »

Soupirant à cette idée, James but une gorgée et fit une grimace en pensant à Ebezener. Il était en mauvais terme avec son oncle. Lui, voulait le voir reprendre l’Empire McDuck. Alors que James… Aspirait juste à une vie simple, rangée et tranquille… D’ailleurs, c’était étonnant que Eliana l’intéresse autant. D’habitude, il considérait les artistes comme des beatniks. Des hippies qui passaient leur temps à réfléchir comment vivre sur le dos de la société. Mais là… Au vu de son talent, ses préjugés en prirent un coup. On ne changeait quand même pas un américain moyen du jour au lendemain.

« Bien sûr que vous pouvez venir ! Quand vous voulez même ! »

Et tu peux aussi y rester pour toujours ! C’était une phrase dans Mulan et elle s’appliquait bien à la situation. Mais, ne voulant pas la faire fuir, il ne poursuivit pas dans cette voie et il ne lança pas cette superbe punchline.

« Oui, c’est bien sa famille. Mais on ne choisit pas tout le monde, contrairement à ses amis. Si je vous dis qui est mon oncle, il y a de grandes chances pour que cet entrevue qui se transforme en rendez-vous galant termine prématurément… »

Quoi ? Qu’est ce qu’il avait dit ? Hé voilà. La maladresse de Donald Duck remontait au galop. S’il avait pu s’enfoncer dans sa bière, il l’aurait fait.  Soupirant, d’exaspération, il aurait volontiers donné toute sa fortune qui ne lui servait pas pour disparaître sur le champs dans sa bière. Le visage légèrement masqué par cette dernière, il essaya quand même de se rattraper.

« Je… Euh… C’est pas… Euh… Ce que je voulais dire. Coin coin. »

Même s’il n’était plus un canard, quand il avait bu ou qu’il était très stressé, il reprenait sa voix de Donald, ce qui avait pour but de le rendre encore plus ridicule qu’il n’y paraissait. Manquant de s’évanouir devant tant de honte, il trembla de la tête au pied, mais arriva quand même à dire normalement.

« Désolé, je me suis emporté... Euh… Les enfants… Ce sont mes neveux, j’en ai hérité avec ma fortune. Ils sont bien plus précieux que cette dernière. Non, je ne change pas de sujet parce que je suis gêné ! »

Quand il était comme ça, il ne pouvait pas non plus s’empêcher de dire tout haut ce qu’il pensait tout bas.

Les plus belles rencontres commencent toujours simplement...

Eliana & James

Et souvent autour d'un verre !

Mouais… Eliana était parfaitement d’accord sur le principe, mais elle avait un problème avec Gothel. La jeune femme ne comprenait pas pourquoi celle-ci avait été aussi mauvaise et avait autant eu besoin de rester belle et jeune. Après tout, la vie, c’était bien de naître, de grandir, d’apprendre, d’explorer, pour finir par transmettre ses connaissances aux plus jeunes une fois qu’on était à l’aube de son existence, non ? Enfin, pour elle, ça l’était en tout cas…

- En fait, je vous rejoins, dans la plupart des cas c’est totalement vrai. Mais qu’en est-il des gens qui, par exemple, enlèvent des enfants pour continuer à vivre jeune indéfiniment grâce aux pouvoirs des enfants enlevés ? Vous croyez qu’il y a une explication à ça ? Demanda-t-elle à James.

Non pas pour le contredire. Mais parce que la peintre avait véritablement besoin d’un avis là-dessus, et le nouveau venu semblait assez neutre pour lui répondre sincèrement. Peut-être qu’alors, elle pourrait finir par comprendre sa mère adoptive ? Et cela résoudrait sans doute aussi cette dualité dans les sentiments qu’elle éprouvait pour celle qui l’avait élevé, non pas une fois mais deux.

- Je ne sais pas si Max est ici… Vous croyez que des anciens animaux peuvent avoir été transformés en humain ? Le questionna-t-elle par la suite.

Après tout, Eliana était partie aussi rapidement que possible une fois que le sort et la barrière avaient été brisés. La jeune fille qu’elle était à l’époque ne voulait qu’une seule chose, partir loin de Gothel et vivre la vraie vie. Sa vraie vie. Alors les gens autour d’elle, l’artiste n’avait pas cherché à les connaître, d’autant plus qu’à l’époque, elle n’avait pas forcément beaucoup d’amis, à cause de sa mère qui l’isolait énormément des autres…

- Merci. Répondit-elle en souriant doucement. Ah bon, c’est récent ? Vous faisiez quoi avant d’être rancher ? On dit comme ça ? Demanda-t-elle, le front légèrement plissé tant le son ne lui avait pas plus une fois dit. C’est bien d’avoir de l’argent de côté… Tout ce que j’avais ou presque, je l’ai mis dans ma maison, que j’ai transformé un peu en atelier de peinture et de restauration de tableaux. Expliqua-t-elle en souriant, toujours emballée quand elle parlait de ce qu’elle faisait.

Quant à la grimace qu’elle avait vue à l’évocation de l’oncle, Eliana ne releva pas, considérant que ça n’était pas ses affaires. Puis les problèmes familiaux, elle était bien placée pour savoir de quoi il s’agissait et pour sa part, elle préférait ne pas trop en parler, à moins d’y être obligée. Aussi garda-t-elle le silence, considérant qu’on ne devait pas faire aux autres ce que l’on ne voulait pas que les autres nous fassent.

- Faites attention, je vais vous prendre au mot ! Il s’appelle comment votre ranch ?

En Amérique, c’était souvent que les ranchs avaient un nom, liés en général au nom du propriétaire ou à quelque chose qui s’était passé sur le ranch avant ou pendant sa construction. Eliana avait été ébahie d’apprendre un truc pareil quand elle avait été dans l’un des ranchs avec son tuteur de stage parce que l’actuel propriétaire voulait faire restaurer un tableau qui était dans la famille depuis de très longues années… Bref, les deux univers s’étaient rencontrés à ce moment-là, et elle avait trouvé ça plutôt sympa.

- Pourquoi ? Le questionna-t-elle avant de rougir. Un rendez-vous galant ?

Ah bon ? C’était ça un rendez-vous galant ? Eliana n’avait connu comme rendez-vous que le lancer des lanternes avec Eugène, elle était donc particulièrement débutante à ce niveau-là. Est-ce qu’on pouvait vraiment parler d’un rendez-vous galant pour une première rencontre ? Et puis… RAH ! Trop de questions se bousculaient dans sa tête et la serveuse regrettait véritablement de ne pas avoir sa mère avec elle. Elle au moins, elle aurait pu la guider et la rassurer un peu…

- Coin Coin ? Répéta-t-elle, intriguée en regardant James. Vous étiez un canard dans le monde des contes ? Demanda-t-elle ensuite, mettant de côté cette histoire de rendez-vous galant avant de pouffer, amusée par le comportement de James. Ça va, je ne vais pas vous manger vous savez… Répliqua-t-elle avec malice. Vous avez hérité des enfants ? C’est un peu étrange. Où… Où sont leurs parents ? Demanda-t-elle doucement.

Eliana savait que souvent, quand les gens héritaient, c’était à cause de décès. Ceci dit, elle savait par expérience que parfois, ils suffisaient juste d’une disparition ou d’un abandon pur et simple pour en venir à ce genre de situation. Ou bien un kidnapping, mais ça, c’était plus rare, heureusement !

“Tu... Tu... Tu... Es... Belle?"

Cette fois-ci, il avait commandé un whisky. La tournure de la discussion était devenue un tantinet plus… Complexe. Massant ses sourcils, Donald l’observa un moment avant de répondre. Au final, elle parlait beaucoup, et lui, sans alcool était bien plus bourru que ça. Peut être que ça n’allait pas marcher… Mais si on ne tentait pas ? Qu’est ce qui pouvait bien arriver ?

« Euh, oui, enlever des enfants pour leur jeunesse, ça c’est très bizarre… Et c’est puni par la loi. Je crois... »

C’était puni de voler les enfants. Pas de leur voler leur jeunesse, mais au moins de les enlever. Et… C’était puni assez cher d’ailleurs. Et tant mieux pour tout le monde. Buvant une gorgée de whisky sans tousser, il porta à nouveau son attention sur elle.

« Je sais pas si ça dit comme ça… Mais… en tout cas vous le prononcez assez bien pour que j’y crois ! Hm… Il s’appelle le Ranch Fauntleroy. Tout simplement, c’est mon nom de famille ! C’est beaucoup plus simple, et on peut changer le nom… Rien n’est figé. »

Buvant une autre gorgée, ses yeux se perdirent un moment dans le vague à lui aussi. Avait-il pris la bonne décision de venir ici boire un verre ? La discussion semblait bien engagée et partait en sa faveur. Mais si elle refusait de poursuivre ? S’il n’arrivait pas à obtenir plus qu’une simple liaison amicale ? Il rentrerait alors au Ranch, et y resterait certainement très longtemps sans en sortir. Comme il le faisait à chaque déception. C’était son refuse. Quand elle posa la question sur les anciens animaux, James leva le nez et dit simplement.

« C’est possible oui. Y’a même de grande chance ! Oui, j’étais, et je suis encore puisque c’est quand même ce que je suis au fond, Donald Duck. Je pense que l’histoire de famille était assez clair haha ! Et vous, votre histoire ressemble à celle de Raiponce ! Je suis presque sûr d’avoir raison ! »

Les yeux pétillants de malice, il l’observa encore un peu. Derrière ses airs timides et simples comme une personne normale devait se cacher une aventurière. Il l’avait vu quand il avait proposé de venir au Ranch voir les chevaux. Ses yeux avaient changé, et James avait remarqué que l’aventure y était présent. Il y avait de grande chance qu’il ait raison. Tout en tournant le whisky dans son verre, il accusa un peu le coup de la question. Les sourcils froncés, très concentré sur son verre, il répondit :

« Disons que c’est plus compliqué que ça. Et que le seul repère saint et stable de cette famille, c’est moi… Ils sont grands maintenant, mais ça n’a pas toujours été le cas. J’ai pas mal sacrifié pour eux, à une époque. C’est pour ça que j’ai beaucoup voyagé quand j’en ai eu l’occasion. Je fuyais mes responsabilités ?.. »

James la regarda. Levant ses yeux, il soupira. Il ne se confiait pas beaucoup sur ce sujet, et s’était rare qu’il s’épanche dessus. Il n’avait déjà pas beaucoup pour lui, et quand il en avait, il fallait qu’il en parle… Comme si c’était l’objectif de sa vie. Faisant une petite grimace, il regarda autour de lui, le bar était presque vide, et les derniers clients étaient déjà en train de partir. Avec un petit sourire, il déclara :

« Ca vous dit une petite promenade dehors ? Pour finir cette conversation ? Je pense que le service est bientôt fini… Je suis pas un expert… Je vais être le dernier client et… Je vais partir ! Donc vous pouvez fermer la boutique et m’accompagner ? C’est pas un piège. Je veux juste continuer cette discussion. Elle est vraiment... »

Super ? Magnifique ? Prometteuse ? Géniale ? c’était tous les adjectifs qui venait à l’esprit de James. Cette conversation était tout ça à la fois. Car il trouvait Eliana de plus en plus belle au fur et à mesure qu’elle lui parlait.

« Cool. Vraiment cool. »

Il se gifla intérieurement. De tous les adjectifs, il avait choisi le plus commun… Prenant sa veste en jean usée, James la mit sur ses épaules et paya ce qu’il devait, laissant un assez gros pourboire. Après tout, elle lui avait taillé le bout de gras longtemps, et aux Etats-Unis, ça marchait comme ça. Plus on payait, plus le service était bien. Et là, il avait été sensationnel aux yeux de James.

Les plus belles rencontres commencent toujours simplement...

Eliana & James

Et souvent autour d'un verre !

Pour le coup, James ne pouvait pas trop l’aider apparemment. Comme tout le monde, il réprouvait le kidnapping. Mais ce n’était pas de ça qu’Eliana avait besoin, même si ça lui faisait du bien de voir que d’autres réprouvaient aussi. Elle avait besoin d’être pour comprendre le comportement de Gothel, tellement tout cela lui semblait invraisemblable. Pour ne pas relancer le débat sur une question qui l’obsédait depuis plus de 30 ans, la jeune femme se contenta d’acquiescer.

Eliana s’intéressa donc par la suite un peu plus à ce ranch dont il lui avait parlé et qu’il l’avait invité à venir voir. Avec ces indications, ça allait être un peu compliqué, mais, sachant que les propriétaires avaient tendance à donner un petit nom à leur ranch, elle lui demanda celui qu’il avait donné au sien.

- Simple et efficace, au moins sait qui on risque de trouver là-bas. Plaisanta-t-elle.

Eliana se mordilla la lèvre par la suite, légèrement gênée. Parce qu’apparemment, lui ça lui semblait évident que les anciens animaux avaient été transformés, mais pas à elle. La magie, la jeune femme n’avait jamais voulu s’en approcher, même si elle l’acceptait chez les autres, c’était dangereux. Et elle se savait maladroite alors…

- C’est ça, je suis Raiponce. Sourit-elle. Et j’ai la chance d’avoir été deux fois élevée par une mère qui n’était pas la mienne. Ajouta-t-elle, moins joyeuse. Pour ceux qui connaissent mon histoire, ça n’a rien de très exceptionnel hein. Fit-elle en souriant doucement.

Mieux valait ne pas y penser… De même qu’au nom qu’il lui avait donné en lui disant qui il avait été dans le passé. Donald Duck. Eliana ne connaissait pas. Gothel n’avait jamais accepté qu’elle regarde des dessins animés ou lise des BD, cela lui avait grandement porté préjudice d’ailleurs à l’école, les autres connaissant au moins Mickey, Minnie et tout ça. Mais elle ? Non.

En tout cas, pour elle comme pour lui, la famille semblait être un sujet bien complexe. Sauf que James semblait avoir de bien meilleurs repères que les siens. Après tout, Raiponce et Eliana avaient eu le droit à la même mère, qui n’était pas très équilibrée, quel que soit le monde. Souvent, la peintre se prenait à rêver de l’éducation qu’elle aurait reçue si elle avait été élevée par ses parents biologiques. Peut-être, sans doute même, n’aurait-elle pas été complètement celle qu’elle était à présent…

- Oui, je comprends ça, on a tous besoin de prendre un peu le large parfois avant de décider de la route que l’on veut suivre. Commenta-t-elle distraitement, se rappelant des choix qu’elle avait faits par le passé.

Après tout, la jeune femme s’était enfuie de sa tour. Et si au départ elle comptait y revenir, à la fin de la journée, cette décision avait vite été oubliée. De même que lorsque la barrière était tombée, elle était partie, avec la ferme intention de ne jamais revenir. Au final, elle était de nouveau-là, 6 ans plus tard…

- Avec plaisir. J’ai fini mon service de toute façon. Accepta-t-elle. Laissez-moi juste 10 minutes pour récupérer mes affaires.

Le bar allait être pris en charge par Regina qui était revenue et par l’une des autres serveuses qui faisait la fermeture. Eliana avait fini son service, aussi salua-t-elle les nouvelles arrivantes et se dépêcha de leur faire un résumé avant de prendre ses affaires et de sortir, retrouvant James devant la porte.

- Merci pour le pourboire, c’est gentil, vous n’étiez pas obligé. Le remercia-t-elle une fois à ses côtés. Allez, une balade sur le port, ça vous dit ?

La mer, Eliana ne l’avait découvert qu’après son aventure avec Eugène, alors qu’elle rendait visite à ses cousines. Depuis, elle essayait de passer autant de temps que possible sur les bords de mer.

“Tu... Tu... Tu... Es... Belle?"

Ils marchaient sur le port, côte à côte. Alors que la lune était à son maximum, la lune noire à côté semblait les regarder d’un œil lugubre. James n’avait pas trop d’avis, quand à l’apparition de cet astre. D’ailleurs, tout ce qui touchait de prêt ou de loin les dieux de la ville, n’était pas pour lui source d’intérêt. Sa famille et son ranch lui posait assez de soucis comme ça. Et comme il était assez terre à terre et qu’il ne levait que rarement les yeux au ciel, il n’y pensait pas souvent.

« J’étais jamais venu ici, à vrai dire, j’ai un peu peur de la mer. »

Pourtant, dans le monde des contes, il était toujours habillé en marin. Sans pantalon. Dans son monde c’était à la mode de ne rien porter en bas. D’ailleurs, il trouvait souvent très étrange la façon dont les « humains » adorait choisir leurs vêtements. Lui, étant un toon, privilégié la fonctionnalité mais commençait à s’y faire. Il avait souvent des jeans d’excellente qualité, essentiel pour son travail, comme aujourd’hui. Les mains dans les poches de sa veste en cuire, il avança tout en contemplant le ciel.

« C’est dingue comme c’est joli. Je pense que ce truc n’est pas là par hasard, mais bon, ça donne du charme non ? Je suis très terre à terre… Mais ça me paraît étrange comme truc. J’ai jamais trop aimé l’espace. Hier encore, j’ai explosé un drône avce mon fusil. Au départ je croyais que c’était la NASA. Mais en fait c’était mes neveux. »

Il avait exploser le cadeau de noel dernier. En même temps, si ces merdeux passaient plus de temps à bosser qu’à jouer, il n’en serait pas arrivé là. Tout en marchant, James se tourna vers Eliana et sourit :

« C’est rare que je me fasse des amis, vous savez. D’habitude, je me contente de boire et de rentrer chez moi. Là c’est comme un plus. Mais il ne faut pas que je tarde trop. Mes neveux sont incapables de gérer une ferme ! Tu verras quand tu viendras… C’est une horreur ! »

Il parlait déjà de lui faire visiter la ferme. Après tout, Donald était comme ça. Il aimait bien cette ferme, et il y restait la plupart du temps. Pour lui, la ville rimait avec tracas, perte de temps et artifice. Rien ne valait la nature. Même la mer, qui était désormais en face d’eux semblait belle. C’était bien le seul point positif de cette ville.

« Et pourquoi tu te lances pas directement en tant qu’artiste ? Je suis sur que y’a un paquet de gens pour acheter tes productions! J’ai pas l’impression que ce métier t’emballe vraiment. En même temps, ceux qui font serveurs par passion sont aussi assez rares… Tu devrais y songer. Mieux vaut vire simplement, mais en faisant ce qu’on aime, plutôt que de s’ennuyer au boulot. »

C’était vrai. Même si Donald était riche, il ne servait que très peu de son argent. Il vivait simplement et il était largement heureux comme cela. La nature, y’avait que ça de vrai. Tout ce béton… C’était infernal. Ils avaient quand même droit à quelque chose de beau non ? La périphérie commerciale de la ville était une horreur. Pourquoi le monde capitaliste était-il si froid ? Qui avait envie d’acheter des trucs dans des endroits pareil, avec des grands panneaux en acier et des mètre cube de béton ? Certainement plein de monde. Mais pas lui.

« En fait… Maintenant que j’y pense, je crois que tu es ma première amie. Je n’ai que ma famille et mon travail. Au départ je pensais que ça me suffisait, mais avec le temps, je me suis dit que c’était peut être le temps de changer les habitudes… Enfin, si on est amis. Je sais vraiment pas comment ça fonctionne… On est ami ? »

Se tournant vers elle, il se gratta la tête. Après l’avoir un peu dragouiller, il estima peut être que c’était préférable de passer par la case ami. Et puis… Peut être que ce n’était pas la bonne… Peut être aussi que c’était mieux si c’était le cas, car, les amours, ça partait, mais les amis, ça restait toujours là.