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 Réminiscences [pv — Ben Ranger]

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Réminiscences [pv — Ben Ranger] _



________________________________________ 2020-03-22, 15:56










Réminiscences
Sous ses doigts, la poussière glisse, accroche les moindres rides de ses empreintes. Ça lui colle à la peau, comme un second épiderme, une armure fragile qui s’estompe au premier souffle. Elle ouvre la main, frotte les particules sur la pulpe de ses doigts, essaie de se défaire de ce qui ne lui servira pas. Lili n’a plus besoin d’armure, de carapace. Elle ne veut plus se protéger du monde. Elle n’en pas la force, la volonté, l’envie. Elle veut juste un peu de paix, un peu de temps, jusqu’à l’ennui, la mort, aussi.

La poussière, enfin, s’efface. Il ne reste que sa peau hâlée, ses ongles blancs. Il n’y a plus la moindre trace du temps qui s’est posé ici, dans chaque coin, comme une longue pause dans la vie de cette maison. Depuis combien de temps n’a-t-elle plus mis un pied ici ? Les chiffres se bousculent, se contredisent, alors que les souvenirs se mélangent, se divisent, qu’il faut prendre en compte, dans l’équation, une nouvelle variable inconnue ou méconnue. Elle ne sait pas. Elle ne sait même pas si elle est déjà venue. Ses souvenirs lui disent que oui. La malédiction lui dit que non. Lili soupire.

Elle s’en fiche.

Avec le temps, rien n’a changé. Les meubles sont tous les mêmes, les odeurs ne sont pas différentes, les couleurs non plus, à peine passées, affaiblies par les rayons du soleil. Comme si le monde, ce monde qui se limite aux murs de la maison, s’est arrêté, en pause, en attendant qu’elle tourne la clé, dans la serrure, qu’elle revienne y habiter. Liliann n’est pas sûre de pouvoir y arriver. Tout lui rappelle cette vie qu’elle n’a pas vécue et qui, pourtant, traîne ses ombres dans ses souvenirs, dans ses cauchemars. Le moindre objet la renvoie à son enfance, à ses tresses brunes, ses grands yeux noirs, son innocence. À une vie qu’elle a quittée sans se retourner.

Pourquoi est-elle revenue ?

Sa respiration se bloque, dans sa gorge, et ses yeux noirs s’immobilisent sur le grand piano, dans un coin du salon, recouvert d’un drap blanc, plein de poussière. Lili sent quelque chose bouger en elle. Ça s’agite, ça l’étouffe, ça réveille un affreux frisson, dans son dos. Elle n’a plus rien senti, de la sorte, depuis si longtemps qu’elle prend quelques secondes pour déglutir, inspirer, expirer, fermer les yeux comme pour sortir de ce monde.

Quand ses paupières se rouvrent, le piano n’a pas bougé, majestueux, même sous le drap qui le couve, le protège du temps, du soleil, de la vie. Alors, Lili s’avance, d’un pas lent, hésitant. Elle ne sait plus si elle doit fuir ou approcher, crier ou hurler. Il n’y a, cependant, rien qui ne sort de ses lèvres. Il n’y a plus rien eu depuis longtemps, si longtemps qu’il aurait pu être vain d’essayer de s’en souvenir. Mais Lili s’en souvient. Elle se souvient de la petite main qu’elle a serrée dans la sienne, des doigts potelés qui ne réagissaient plus. Du cri qui a transpercé le silence et du silence qui a dévoré ses cris.

Irrémédiablement attirée par le piano, Liliann soulève le drap blanc, découvre les touches et glisse ses doigts au-dessus. La caresse de sa peau sur le vernis, ramène, sur ses épaules, une autre main, invisible, qui glisse sous ses cheveux noirs et descend dans son dos. Elle incline la tête, se soumet au souvenir et s’appuie de tout son poids sur l’une des touches du grand piano.

Domm.

La note, fausse, fait exploser le silence de la maison inhabitée et rappelle, sur Terre, la Princesse hantée par le passé. Elle prend une grande inspiration et expire les souvenirs.

Elle ne peut pas revenir vivre ici.

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Réminiscences [pv — Ben Ranger] _



________________________________________ 2020-03-23, 23:02





Lilian & Ben


Réminiscences


Ben marchait dans la rue … Il n’avait pas vraiment envie de marcher aussi vite … mais ça le détendait … ou pas réellement … En faite … il venait tout juste d’avoir une conversation … qui le dérangeait … qui lui donnait un goût amer dans la bouche … ou plus un goût de vomi … il avait des frissons de refus … Il ne pouvait pas supporter cette discussion qu’il venait d’avoir …. Il fallait l’avoir, bien sur … il n’avait pas le choix … Mais il avait tout de même envie de vomir…

Parler de sa fille de 10 ans de la pédophilie …. Ce n’était pas une conversation qu’il avait eu envie d’avoir … mais elle avait posé des questions …. Et il avait été obligé de lui faire comprendre … pourquoi c’était étrange qu’elle dorme encore avec lui à 10 ans ? Pourquoi il ne fallait pas parler aux inconnus ? …. Il avait dû lui expliquer qu’avant de les tuer, ce qui était un sujet assez simple tout de même, certaines personnes pouvaient faire …. Des choses à des petites filles …. Et qu’il y en avait de tous les genres …

NON. Clairement, il avait envie de se mettre la tête entre les jambes et de faire semblant que ça n’existe pas … mais il avait toujours su l’existence de cette espèce de gros trou du cul de merde … il avait toujours connu ça … toujours ? … non… à l’âge de 13 ans, il avait rencontré ça … comme une évidence … comme une grosse tarte prise dans la gueule. Il avait compris qu’une de ses camarades de classe avait quelque chose … qu’il se passait quelque chose … et qu’il devait le dire … le crier …. Qu’il devait le faire et tout de suite …..

Il l’avait fait avec Maru … les deux gamins qu’ils étaient en avait longuement parler…. « et si c’était faux ? » « ouais mais si c’était vrai ? » « et si elle nous en voulait ? » et autres paroles … Ils n’avaient pas mis longtemps cependant à dire la vérité … parce qu’ils n’avaient pas voulu le cacher, parce qu’ils n’avaient pas pu accepter … ils ne pouvaient pas …

Marchant dans la rue… il voulait passer ses nerfs sur quelque chose … sur la manière dont son innocente fille avait de poser des questions sur ça …. Il avait avancé encore vers des lieux et d’autres … puis il se stoppa … il s’arrêta d’un coup …. Bloquer dans la vision qu’il avait … la maison de la jeune fille en question ….Il regarda encore …. Il ne savait plus quoi faire …. Il décida d’être en colère … contre tous les connards qui faisaient du mal aux enfants …. Et de s’en vouloir d’avoir perdu son amie …

Il passa les quelques mètres et passa par derrière. Il ne savait même pas pourquoi il venait dans cette maison … il ne savait pas pourquoi … pourquoi il avait besoin de sentir la haine …. Il ne voulait pas … mais il avait besoin de voir la haine …. Il ne savait même pas pourquoi … alors qu’il rentra par effraction dans la demeure … il sentit quelque chose …s’approchant …il la vit… elle.

- A…Anahis ?

Il s’approcha de plusieurs pas, observant alors qu’il se demandait s’il n’était pas en train de rêver … après tout, c’était sa maison, il en était sur …. Il pourrait le parier ….

- C’est toi ?







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Réminiscences [pv — Ben Ranger] _



________________________________________ 2020-03-26, 18:54










Réminiscences
La note, dissonante, fausse, déformée par le temps qui a désaccordé le piano, résonne entre les murs de la maison vide. Lili est expulsée des souvenirs. Elle sent, encore, la caresse d’autres doigts, sur sa peau, le long de sa colonne, dans le creux de ses reins. Elle ne veut pas se souvenir de toutes ces choses, mais elle n’a pas le choix. Elle ne sait pas comment oublier, comment se détacher de tout ce qu’elle a vécu, de tout ce qu’elle n’a pas vécu, de tout ce qui se bouscule dans son cerveau. Alors, elle se laisse emporter par le flot. Elle incline la tête, ses cheveux noirs glissent sur son épaule, le monde s’assombrit autour d’elle.

Quand elle ouvre les yeux sur la réalité, Liliann a l’impression de le voir, là, de l’autre côté de l’instrument, qui darde sur elle ses yeux noirs. Le sourire, sur ses lèvres, est amical, bienveillant. Le doigt tape le rythme des notes, sur le vernis du grand piano. Ils ont tapé d’autres choses, aussi, moins dures, sur lesquelles ils laissaient des marques. Des marques qu’elle devait cacher, sous ses vêtements, derrière ses longs cheveux noirs. Elle ne pouvait plus se faire de tresses, à cette époque. De belles tresses, serrées sur sa nuque, comme les lui faisait sa mère, avant de mourir.

Lili inspire. L’odeur de la maison est la même, mais la vision s’estompe. L’homme n’est plus là, debout à côté du piano. Il ne reste qu’elle, seule, abandonnée dans une trop grande maison, une maison dont elle n’a jamais voulue, mais qu’il lui a donnée. Machinalement, ses doigts caressent le bord d’une lettre, dans la poche de son manteau. Liliann bat des cils, une fois, deux fois, et inspire à nouveau. Elle sent le mal qui remue à l’intérieur. Ça lui coupe le souffle, ça lui crie de s’enfuir. Elle n’a pas envie. Alors elle reste là, à côté du petit siège de son piano, les doigts frôlant les touches sans appuyer. Elle ne veut plus entendre ce son déformé qui, inévitablement, lui rappelle une plainte, grave, lancinante, comme un hurlement qui ne vient pas de ses lèvres, mais directement de son cœur. Elle ne veut plus hurler.

Un bruit la force à relever le menton. Lili redécouvre le salon, de ses yeux noirs, sans le regarder vraiment. Elle aperçoit une araignée, dans un coin, bien calée au milieu de sa toile, et se perd dans sa contemplation. Comme si le piège de son fil se refermait autour d’elle pour la couper du monde. Elle remue les doigts, inconsciemment, pour faire vibrer la toile et appeler le monstre qui, enfin, la délivrera de cette vie et de l’autre. Liliann n’a jamais su passer le pas, sauter d’un toit, se couper les veines, attendre qu’un train l’entraîne. Attendre, oui, c’est la seule chose qu’elle sait faire.

Tout comme elle attend que la source du bruit vienne à elle, sans s’en inquiéter vraiment. Elle n’a pas peur des voleurs, ni des violeurs. Lili n’a plus peur de rien. Elle reste immobile, comme une statue de cire, sa main glissée sur les touches. Il n’y a que le sifflement régulier, entre ses lèvres entrouvertes, qui assure qu’elle existe vraiment. Tout comme à l’époque de ses treize ans, quand elle s’allongeait dans son lit, le regard fixé sur le plafond et qu’elle laissait le temps filer devant elle, sans arriver à le toucher, sans même essayer. Elle se contentait d’attendre.

Une tête apparaît, dans l’encadrement de l’une des portes du salon. Ses yeux glissent jusqu’à l’intrus et accrochent les siens. Elle détaille le visage, les manières, les manies, et creuse, inconsciemment, dans ses souvenirs. Elle ne sait pas ce qu’il fait ici. Pourquoi lui ? Pourquoi là ? Pourquoi maintenant ? Liliann prend une grande inspiration. La réalité lui échappe pour se mêler au souvenir, une fois encore. L’homme n’est plus qu’un enfant, devant ses yeux noirs, et elle reste stoïque, perturbée par la vision de son ami.

Est-il vraiment ici ?

Son nom est craché sur le plancher et Lili respire, arrachée à son apnée. Anahis. Comme un mot sorti d’un autre temps qui, pourtant, ne fait qu’apparaître, récemment, partout où ses yeux noirs se posent. À nouveau, elle caresse le bout de la lettre qui dépasse de la poche de son manteau. De l’autre main, elle appuie sur les touches du piano. Les sons sont affreux, distordus, comme vomis sur le tapis. Elle espère presque que l’illusion implose, explose. C’est étrange, pour elle qui n’a plus espéré depuis si longtemps. Mais l’image ne fait qu’onduler pour reprendre sa forme d’origine et il est toujours là, sur le seuil du salon. Il approche de quelques pas.

« C’est Liliann, maintenant, souffle-t-elle, tout bas. »

La Princesse s’éloigne du piano qui l’appelle. Elle ne veut plus sentir cette main, dans son dos. Pas alors qu’il est ici, qu’il pose ses yeux sur elle, qu’il l’appelle, lui aussi. Alors, elle s’écarte, elle contourne l’instrument, s’arrange, inconsciemment, pour qu’il se dresse entre elle et lui. Elle n’a pas envie qu’il la touche, lui aussi. Parce qu’elle n’a jamais pu frotter la crasse, sur son visage. Parce qu’elle n’a jamais cessé d’être Peau d’âne.

« C’est moi. (Elle lui tourne le dos pour ne plus voir ce regard, qu’il pose sur elle, et s’approche d’un rideau. Quand elle glisse les doigts sur le tissu et l’ouvre à peine, la lumière l’agresse, réveille la douleur, au fond de son cœur.) Il m’a donné sa maison. Son argent, aussi. »

Lili sait qu’elle n’a pas besoin de le nommer. Elle n’en a, de toute façon, pas envie. Son nom est un poison qu’elle ne veut pas sentir, sur ses lèvres, dans sa bouche, le long de sa gorge. Ça la gratte, ça la brûle, sans même l’avoir dit. Elle caresse son cou, du bout des doigts, pour faire passer cette sensation désagréable qui vient se loger dans son estomac.

« Je suis revenue, ajoute-t-elle, avec un petit sourire forcé sur ses lèvres sombres. »

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Réminiscences [pv — Ben Ranger] _



________________________________________ 2020-04-04, 12:44





Lilian & Ben


Réminiscences


Ben pencha la tête sur le côté … il se demandait un instant si Liliann était son « Blade » à lui. Son ancien nom… Celui qui le décrit dans le monde des contes et non plus dans les faux souvenirs qui les piégé tous dans ce monde difforme… Il n’aimait pas ce moment. Il avait dû mal avec son principe… dans un monde de voiture, les abandons, le malheur, les viols et autres affreuses choses comme ça, ça n’existe pas … Son monde n’avait pas de pollution, pas de meurtre en masses… Si meurt il y avait c’était assez marginal pour aller dans les faits divers… Le monde de Blade était bien mieux que celui de Ben … Les pédophiles non plus n’existaient pas dans son monde. Ben faisait un effort pour ne pas poser sur son interlocutrice un regard plein d’excuse …. Il n’avait rien pu faire à l’époque, et ça ne changerait pas le passé que de la regarder d’une manière qu’elle n’apprécierait certainement pas…

- Ah.

Super Ben… Continue comme ça… Dire « Ah » … Non mais sérieux … mais c’était la vérité … que pouvait il dire d’autres que « Ah » quand elle lui parlait de son père… Ben ne l’avait jamais aimé alors … Il essayait de savoir quoi dire … il avait parlé à Sally d’une fille qu’il avait connu qui avait été touché par un homme plus âgé pas plus tard que tout à l’heure … et là… elle était là… en face de lui … Et elle lui disait son retour… Il déglutit.

- Et … heu … tu vas revenir ici ? Si tu veux je suis un peu un homme à tout faire je pourrais t’aider à tout nettoyer et tout, mais je ne suis pas sûr que tu puisses revenir vivre tout de suite …

Il se gratta l’arrière de la tête … ou était Maru quand on avait besoin de lui ? Lui savait parler avec les autres … il savait quoi dire et comment le dire … il comprenait les mots et pouvait les manier … Clairement, il ne s’était jamais autant demandé « Que dirait Maru ? » qu’en cette instant même …

- Tu veux … qu’on aille manger un morceau ?

Il ne savait pas pourquoi … mais … être ici en ce moment même … Cela le semblait … irréel. Il semblait quelque chose d’étrange … Et il ne savait pas comment faire avec ça … peut être pourrait il demander de l’aide à une personne extérieur ? Mais il ne voyait personne en cette instant a qui demandé de l’aide pour ce genre de situation…. Il allait devoir essayer par lui-même ….








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Réminiscences [pv — Ben Ranger] _



________________________________________ 2020-04-07, 09:57










Réminiscences
Le rideau glisse sur la pulpe de ses doigts, d’une douceur à laquelle elle ne s’attendait pas. Lili ne se souvient pas de ça, de ce contact, sur sa peau hâlée. Elle a l’impression qu’ils ont toujours été fermés, pour bloquer la lumière du jour, les regards curieux. Elle se souvient, d’une fois, où elle s’est tenue là, exactement au même endroit ; où elle a passé la tête par la fine ouverture, entre les deux rideaux ; où elle a attendu, un espoir fou au fond du cœur, qu’une voiture passe dans la rue, que quelqu’un lève les yeux sur elle et l’aperçoive, debout devant la grande baie vitrée, un peu de sang au coin du nez. L’espoir est comme un poison qui dévore l’âme. Aujourd’hui encore, perdue dans ce souvenir vivace, elle le sent mordre ses entrailles. Il fait plus de mal que les coups qu’il ne donne, d’habitude, jamais sur son visage. Combien de temps a-t-elle séché l’école, cette fois-là ?

La présence de l’homme, derrière elle, la perturbe. Liliann ne veut pas se retourner, lui faire face, le regarder. Elle pense qu’il n’est pas vraiment là, que c’est impossible. Pourquoi serait-il là, au milieu du salon, à lui demander si c’est bien elle qu’il voit ? Pourquoi serait-il entré dans cette maison ? Lili ne sait pas. Elle s’en fiche, au fond. Elle veut juste inspirer, expirer un coup et s’échapper de l’illusion, revenir au présent, à la solitude qui lui serre le cœur et qui lui va si bien.

Il reste là. Elle l’entend. Un « ah » qui sort de ses lèvres comme une évidence qui aurait presque pu lui arracher un sourire. Presque. Liliann glisse, à nouveau, les doigts sur le rideau. Elle est persuadée que son contact était, autrefois, plus râpeux contre sa peau. Elle ne sait pas et cette incertitude la gêne. Elle n’arrive pas à se concentrer sur les souvenirs. Le présent, toujours, se rappelle à elle. La brune se détourne de la fenêtre. Elle abandonne. Ses yeux noirs reviennent à Ben ou à l’homme, en tout cas, qui lui rappelle tant un gamin d’une autre époque. Peut-il être vraiment là, si près et si loin à la fois ? Elle ne veut pas y croire. Pas alors qu’elle est partie, sans se retourner, incapable de se retourner, perdue dans un monde qui n’appartenait qu’à elle et duquel elle est revenue trop tard pour comprendre ce qui arrivait. Elle sent, au fond d’elle, qu’Anahis aurait aimé dire au revoir aux seuls amis qu’elle a eus.

« Merci, dit-elle, dans un souffle. »

La brune se persuade qu’elle peut faire exploser l’illusion en entrant dans son jeu. Néanmoins, l’homme ne bouge pas de son salon, l’image n’ondule pas, le gamin ne revient pas. Il n’y a que lui et les manies d’une autre vie. Liliann échappe un autre sourire, à peine perceptible sur ses lèvres sombres, à le voir se gratter l’arrière de la tête, ainsi. Le voir faire la force à se demander ce qu’elle fait ici. Pourquoi revenir ? Elle ne veut ni de l’argent de son père, ni de sa maison. Elle n’a, pourtant, pas le choix. Ses doigts pincent le bord de la lettre, dans sa poche.

« Pourquoi ? (Ses yeux noirs glissent sur la pièce.) C’est ma maison. Où devrais-je aller ? C’est ici que j’ai vécu, c’est ici que je dois vivre. Si c’est l’état des lieux qui te fait dire ça, ça ne me dérange pas. J’ai connu pire que ça. »

Elle avoue la vérité sans y penser vraiment, glissant ses doigts sur un long placard, à côté d’elle. La couche de poussière, sur le dessus, est impressionnante. Ça colle à sa peau et elle souffle dessus, doucement, pour se débarrasser de cette drôle de sensation, sur ses doigts. Peau d’âne a, sans le moindre doute, plus de crasse au corps que cette maison n’en aura jamais, sur ses meubles. Elle le sait, elle le sent, elle l’accepte. Au fond, elle s’en fout. Elle aura beau gratter, cette saleté ne la quittera jamais.

« Manger ? Si tu veux. Je suis riche, maintenant. Je t’emmène où tu veux. »

Liliann relève ses yeux noirs vers l’homme. Elle n’arrive toujours pas à y croire. Elle s’attend, à tout moment, à le voir vaciller, à ce qu’il disparaisse du salon. Ce ne serait pas la première fois que la pianiste s’invente des démons, des fantômes pour venir lui parler. Mais elle en a l’habitude, maintenant. Elle sait comment faire pour se débarrasser de ses illusions, pour sortir de ses souvenirs ou de son imagination. Alors, la brune s’avance vers l’homme à tout faire, celui qu’elle n’ose pas encore appeler Ben. Elle se plante devant lui et, sans la moindre gêne, lève un doigt qu’elle appuie sur son torse. Ce qui n’est, en vérité, qu’une pression infime, comme une goutte d’eau qui tombe sur la peau.

« Oh. »

Elle, aussi, a le droit à son mot unique qui s’échappe de ses lèvres, chargé de tant de choses qu’il s’écrase, immédiatement, à leurs pieds. Les yeux qu’elle relève sur Ben sont pleins d’une tristesse qu’elle ne veut et ne peut pas dissimuler. Une pointe de panique, aussi, qui la force à détourner le regard. La brune s’attendait à ce que l’homme disparaisse, à ce qu’elle retourne à sa solitude et aux souvenirs d’autres doigts sur sa peau sombre. Néanmoins, il reste bien campé sur ses pieds, au milieu du salon. Il n’est pas une illusion. Elle a presque envie, besoin, de s’emparer de sa main pour s’assurer, une bonne fois pour toutes, que tout ça est bien vrai.

Elle n’en fait rien.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? souffle-t-elle, tout bas, encore un peu sous le choc de la révélation. »

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Réminiscences [pv — Ben Ranger] _



________________________________________ 2020-04-15, 18:38





Lilian & Ben


Réminiscences
Ben n’était pas sûr d’être à sa place … en face de lui se trouvait un passé triste et solitaire … Et il n’était pas sûr que quiconque aurait voulu qu’un ovni dans ses affaires … il était celui qui ne devrait pas être là … et pourtant il n’arrivait pas à penser devoir partir … partir d’où d’ailleurs ? D’ici ? Non … il n’avait pas envie de laisser la jeune femme dans ce lieu … même s’il ne pouvait imaginer ce qu’il s’était réellement passé ici … cela suffisait largement en réalité … Il se sentait … comme un hélicoptère au milieu de l’océan et sans carburant …. Sachez le, ce n’était pas une sensation agréable que d’attendre dans un lieu qui n’est pas le sien… que quelque chose se passe … Il ne dit rien à son merci … il n’était pas sur de ce qu’elle voulait dire, alors il se taisait pour attendre de bien comprendre…

- heu …


Il ne savait pas quoi lui dire … où devrait-elle aller ? Pas ici … Lui, alors même qu’il n’avait pas de lien particulier avec cette endroit, avait envie d’y mettre le feu de la plus simple des manières … Un feu qui prendrait le brasier comme jamais … L’état des lieux ne la dérange pas … mais ce n’était pas son cas à lui …il pensait à la structure qui avait du veillir, mais aussi aux rats qui avaient du faire leur nid dans les canalisations et autres …

- Je ne pense pas que tu puisses rester ici …

Il ne disait pas cela comme un ordre, ni même comme un conseil… mais plus comme un constat véridique … elle ne devrait pas être ici … et elle devrait penser à ne pas y rester … Il secoua la tête doucement dans une négation définitive.

- Ce n’est pas toi qui paie, et ça c’est non négociable.


Il n’allait pas la faire payer, et en plus … il n’avait aucune envie qu’elle lui paie … C’est tout… Point final à la ligne. Il la laissa toucher son torse sans rien dire alors qu’il ne comprenait clairement pas ce qu’elle faisait … Si elle pensait avoir a faire à un fantôme, ce n’était pas le cas de Ben qui avait bien compris être en face de la jeune femme lui … Il se gratta à nouveau l’arrière de la tête quand elle reposa la question de sa présence ici …

- J’ai vu de la lumière et je suis venue voir ….

Le fait que ses pieds avait … de lui-même, décider d’aller jusqu’à cette maison était une autre histoire qu’il n’avait pas envie de raconter … le résumé serait suffisant pour le moment … quand la lumière montre le chemin pour venir en aide à quelqu’un … il sourit alors un peu plus franchement.

- Toujours d’accord pour aller casser la croute ?







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________________________________________ 2020-04-17, 11:57










Réminiscences
Devant ses yeux noirs, la présence de l’homme est étrange. Comme une anomalie, un bug dans la matrice qui la force à détourner les yeux, concentrer son attention ailleurs. La poussière est une distraction bienvenue, qui l’empêche de penser au regard de Ben, sur elle. Au fond d’elle, Liliann sent bouger Anahis, taper de ses petits poings contre les parois de sa prison de verre. L’enfant n’est qu’une perturbation subtile, imperceptible, comme un souffle donné à une bourrasque de vent. Personne ne le sait, personne ne le sent. Sauf le fautif. Sauf elle.

Liliann se perd dans l’illusion comme rarement. Celle-ci est plus agréable que celles dont elle a l’habitude. Un arrière-goût de joie, d’affection, qui lui reste en travers de la gorge, la force à se poser des questions. Lili sait que ce n’est pas possible, qu’il ne peut pas être véritablement là, au milieu du salon. Pourquoi en serait-il autrement ? Non, elle sait que c’est faux, que ce n’est qu’une invention guidée par son imagination, par d’autres révélations. Peut-être pour la préparer à ce qui finira par arriver, si elle revient s’installer ici. C’est une possibilité. Car Lili ne sait pas comment elle devra affronter ces enfants qu’elle a été obligés d’abandonner, sans même un regard, un mot, une adresse. Pourtant, elle sait qu’elle doit le faire et qu’ils ne sont plus, depuis longtemps, des enfants.

Sous son doigt posé sur Ben avec la légèreté d’un papillon qui se détache, aussitôt, de la fleur du mal, brûlé, l’illusion ne cesse pas. L’homme ne disparaît pas d’un battement de paupière, ne laissant derrière lui qu’un courant d’air. Liliann doit se faire à l’évidence : elle n’a rien inventé. Il est là, devant elle, comme surgi du passé, comme s’il l’attendait. Elle n’y croit pas, mais elle ne comprend pas ce qu’il fait là. Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi venir ce jour-là, pile quand elle y est aussi, plongée dans les souvenirs d’une autre vie ? Ça n’a aucun sens.

« Je pense que je peux rester ici. »

Assurée de la vérité, Lili reprend là où elle s’est arrêtée, sans répondre, persuadée qu’une illusion n’attendrait jamais de réponse. Mais il n’est pas le produit de son imagination et elle ne veut pas l’ignorer. Alors, elle répond, avec un peu de retard, d’un ton détaché, sans comprendre ce qui pourrait l’empêcher de s’installer dans cette maison. Elle n’a, de toute façon, nulle part ailleurs où aller. La brune ne jure pas qu’elle dormira bien, ni même qu’elle dormira, mais elle peut faire face à ses démons, se poser dans un coin et attendre que le temps passe entre hier et demain.

Puisqu’il a décidé que ce n’est pas négociable, Liliann ne négociera pas. Elle trouvera un autre moyen de lui rembourser le repas. Elle ne veut pas utiliser l’argent de son père pour elle, mais pour lui, ça ne la dérange pas. Ce n’est qu’un petit caillou offert en échange d’une montagne. Ben a changé sa vie, après tout. Sans lui, sans Maru, Lili n’aurait peut-être jamais quitté cette maison.

« De la lumière… répète-t-elle, en levant les yeux au plafond. »

Elle sent qu’il ne dit pas tout, mais elle n’en demande pas plus. Elle ne sait pas, elle-même, si elle est contente qu’il soit là, devant elle, ou si elle doit trouver un moyen de le faire partir, pour ne plus revenir. Il n’a, après tout, rien à faire ici, lui. Il n’y a rien pour lui, dans cette maison. Seulement une odeur de renfermé qui aura tôt fait de lui coller au corps, de la poussière qui salira ses vêtements. Elle ne veut pas que cet endroit déteigne sur lui. Ni sur personne. Sur elle, en revanche, ça n’a pas la moindre importance. Peau d’âne est déjà salie.

« Et si… ça avait été lui ? demande-t-elle, du bout des lèvres, le regard fixé sur l’instrument, à côté d’elle. »

Ses ongles accrochent le drap blanc, par-dessus le piano. La lumière attire le papillon de nuit pour mieux lui brûler les ailes. Heureusement pour Ben, ce n’est qu’elle. Elle n’a aucun poison à lui cracher au visage, aucune griffe à planter des ses paumes. Elle n’est qu’une brise, pas un orage. Elle passe sans toucher, sans faire mal. Mais… Lui. Il aurait pu être ici, à sa place. Reprendre possession des lieux, d’une maison qui, après tout, lui appartient.

« Dis-moi que tu ne le feras plus. »

Lili a besoin de le savoir, de savoir que Ben n’affrontera pas son père, au milieu de ce salon, si l’un et l’autre décidaient de suivre la lumière, en même temps. Elle veut se persuader qu’il ne reviendra pas, mais elle n’en est pas sûre. Alors, elle n’a pas le choix. Elle préfère supplier Ben pour que lui ne revienne plus. C’est mieux ainsi.

« Oui, sortons d’ici, affirme-t-elle, avec un petit sourire. »

Elle tend la main pour lui toucher le bras et indique, d’un mouvement de tête discret, la porte d’entrée. À une autre époque, elle l’aurait peut-être tiré derrière elle pour s’aventurer dans la ville, découvrir des choses qu’elle n’avait jamais pris le temps de découvrir, avant, sans personne pour l’accompagner dans ses aventures. Néanmoins, ils ne sont plus des enfants. Anahis n’est plus et Liliann n’est qu’une ombre, un mouvement furtif au coin d’un champ de vision. Elle ne fait pas de vagues, à peine un clapotis au bord d’une flaque. Alors, elle se contente d’un contact léger et attend qu’il ouvre la marche pour le suivre. Peut-être que… Oui, peut-être peut-elle, pour une fois dans cette drôle de vie, prendre les choses en mains et… attendre que Ben sorte, passe la porte, pour refermer derrière lui. Verrouiller à double tour pour qu’il sorte de sa vie, sans qu’elle n’ait réussi à trouver de quelle manière lui dire merci.

« Vas-y, je te suis. »

Dans la tristesse de son regard, peut-être se trahit-elle un peu, mais elle veut croire qu’il ne comprendra pas. Ça aussi, c’est mieux comme ça.

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________________________________________ 2020-05-21, 19:44





Lilian & Ben


Réminiscences
Ben ne savait plus trop ce qu’il devait penser, ou non … de tout ça … il ne se souvenait pas avoir déjà était envoyé aussi violemment dans ce genre de tornade de sentiment étrange … Il ne voulait pas se le rappeler s’il y avait déjà eu un précédent … Peut être Illyana … le jour de sa mort avait fait passé en lui tellement de sentiments … mais il n’y avait rien de négatifs la dedans … Il était heureux de retrouver son amie… mais mécontent pour plein d’autres choses… Il était heureux de la voir … de la revoir … de savoir qu’elle était encore en vie … Mais il était mécontent de ce qu’il pouvait voir dans ses yeux … il avait envie de faire quelque chose de plus…. Quelque chose de mieux …

Alors que la nouvelle question fusa hors des lèvres de la jeune femme … Ben ne pu que se demander ce qu’il aurait fait réellement … la réponse était en réalité toute trouvé … Il était peut être un pompier, un policier et autre connerie de protection.

- Je l’aurais tué….

Clairement, c’était ce qu’il aurait fait … il aurait tué cette espèce de fils de pute … Comme il avait été prêt à tuer l’autre enfoiré militaire qui avait tué Illyana … Il n’était peut être pas un meurtrier, mais il avait déjà tué des gens … Plus que ce qu’il ne pourrait l’avouer… Mais aucun par méchanceté … Lui … ça serait tout simplement par vengeance….

- Je ne mens pas.

Il y aura encore de la lumière, il le referait encore et encore et encore .. et ça même si elle ne le voulait pas … Ce n’était pas de sa faute si ses pieds avaient bougés tout seul, et qu’imaginer laisser son amie ainsi le rendait triste. Il ne comptait pas le faire ….Il se laissa amener vers la porte … mais avant de la passer, il se tourna vers elle …

- Tu m’as manqué tu sais, je ne savais pas ce que tu devenais… alors je suis plutôt content. Tu veux bien me dire comme ça va depuis ? Je veux dire … voilà ….

Il se poussa de la porte pour la laisser sortir en premier alors qu’il obsersait … il voulait voir son passé dans ses yeux … Il avait envie de comprendre ce qui s’était passé entre avant et maintenant…il voulait … protéger son amie … même si elle ne le voulait … Il essayait de la comprendre et planta son regard dans le sien.

- Ma fille sera ravi de te rencontrer je n’en doute pas. Après toi ?






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________________________________________ 2020-05-27, 08:22










Réminiscences
Ses lèvres se pincent sur la révélation, lancée comme un boulet de canon avec, pourtant, la délicatesse d’une fleur qui éclot, naturellement, sous les premiers rayons du soleil. Une évidence qui ne peut être autrement, annoncée avec la puissance, le courage du prince qui vient délivrer sa belle du donjon, en affrontant le dragon. Mais Liliann n’est pas une princesse ou elle ne l’est plus, éternellement tachée par le monde, les gens, la boue et le sang. Ben n’est pas son prince charmant, elle n’y croit plus depuis longtemps, et ne voit, dans sa certitude, qu’un poison discret, subtil, qui s’insinue en elle, en lui, et qui noircit leurs cœurs pour mieux les bouffer de l’intérieur.

Elle ne veut pas.

Elle ne veut pas qu’il le tue, qu’ils s’affrontent. Lili ne veut même pas les imaginer dans la même pièce, aujourd’hui. Elle ne veut plus revoir son père, mais elle préfère, encore, l’affronter seule que de tirer son ami derrière elle pour faire face à son démon. Elle préfère que Ben s’éloigne, qu’il parte sans regarder en arrière, plutôt que de savoir qu’il pourrait, un jour, tuer son père. Peut-être le mérite-t-il. Peut-être pas. Liliann ne veut pas penser à ça. Elle ne pardonne pas ce qui est arrivé, mais elle accepte son passé. Elle fait avec. Elle n’a pas le choix. Alors, elle aimerait qu’il fasse pareil, qu’il tourne, une bonne fois pour toutes, une page qui ne le regarde pas, ou plus. Il n’y a, après tout, plus aucun mal au monde que son père pourrait lui faire qu’on ne lui ait pas déjà fait.

« Je sais, souffle-t-elle, en tendant la main pour pincer le coude de son vêtement. »

Les yeux noirs qu’elle relève vers lui sont pleins de la supplice qu’il ne fasse pas ce qu’il dit, qu’il se contente d’un conditionnel et qu’il ne transforme, jamais, ses mots en promesse. Elle ne veut pas le voir tuer qui que ce soit. Encore moins pour elle. Le mal est fait, depuis longtemps mis de côté, pas oublié mais accepté. Aucune mort en changera ça. Lili n’a pas besoin d’être vengée. Elle veut juste oublier, à jamais, et sortir Ben de cette vie-là, aussi. Qu’enfin il se détourne d’Anahis et de ce qui lui est arrivée, de ce que rien ni personne n’aurait pu empêcher. De ce qui, au final, n’est jamais vraiment arrivé. Anahis n’a pas existé.

« Mais je ne veux pas que tu le fasses. Jamais. Si tu le vois, détourne-toi. C’est du passé. Oublie-le, oublie tout. » (Et elle ajoute, avec ce sourire un peu cassé, vide de joie et plein de mal, qui la caractérise désormais :) « Ce n’est pas grave. »

Liliann est prise au dépourvu, alors que les pas de son ami s’arrêtent à la porte sans en passer le seuil. Elle pince un peu les lèvres et comprend, aussitôt, qu’elle ne pourra jamais mettre son maigre plan à exécution. Elle ne pensait pas, non plus, que son plan était, de toute façon, vicié depuis le début. Enfermer Ben dehors ne l’empêcherait pas de rentrer, à nouveau, par l’arrière de la maison, porte à laquelle elle ne pensait plus, sur le moment. Quoi qu’il en soit, l’homme reste à l’intérieur, près de la porte, mais ne daigne pas faire ce qu’elle l’invite à faire, dans un souffle presque innocent. A-t-il compris ? Elle relève ses yeux noirs sur lui et essaie de deviner ce qui se cache dans son regard.

Les mots se plantent en elle comme mille petites épingles et Peau d’âne retient sa respiration. Elle soutient ce regard qui la sonde, cherche, peut-être, en elle un signe de ce qu’elle a vécu, de ce qu’elle est devenue. Elle a envie de détourner le regard, de lui cacher tout ce mal qui sommeille en elle, ces envies morbides qui la maintiennent spectatrice de sa vie. Elle n’en fait rien. Elle soutient ce regard et le laisse voir que le noir de ses pupilles fait écho à ce qui se trouve au fond d’elle : un trou, le néant, le vide infini d’une femme qui a, depuis longtemps, cessé de chercher à comprendre ce qu’il y a de beau, dans la vie.

« Je… Je… » (Trois petits mots qui ne veulent pas sortir de ses lèvres. Peau d’âne capitule.) « Tout s’est passé très vite. Ce n’est même pas arrivé, en vérité. »

La seule défense qui reste à Lili, accrochée à une mémoire qui ne veut pas défaillir, à des souvenirs qu’elle ne pourra, sans doute, jamais oublier. Ils sont faux, inventés de toute pièce. Elle a, longtemps, essayé de s’en persuader, en tout cas. Mais pourquoi, alors, peut-elle sentir les doigts des autres se nicher entre les siens, serrer sa main et lui murmurer de les suivre, de sourire, de rire ? Elle n’arrivera, sûrement, jamais à s’y faire, bloquée dans le passé sans plus pouvoir avancer. Ce présent, de toute façon, est aussi faux que le reste. Liliann ne ressemble en rien à ce qu’elle a été, la véritable elle, inventée par la société. Alors, oui, Peau d’âne aussi est fausse, au final. Produit d’une autre imagination.

« Tu as une fille ? »

Sa voix déraille un peu, perturbée par une touffe de cheveux bruns, une douceur au creux de sa main. Elle sent les larmes qui pointent leurs doigts mouillés derrière ses paupières, tracent une ligne humide juste devant ses cils. Elle prend une grande inspiration, qui la brûle de l’intérieur, lui fait plus de mal que s’il lui avait, soudain, enfoncé un couteau en plein cœur. Au fond, pourtant, Liliann sent une agréable chaleur, une goutte de joie qui remue dans son néant, essaie de réchauffer la froideur de son corps. Elle arrive, la pianiste, à puiser un petit sourire dans ce sentiment, à être contente pour lui. Anahis n’a pas entièrement détruit sa vie. Il a eu une fille, lui aussi. Et elle est en vie.

« Ensemble, dit-elle, en tendant la main. »

Liliann ne veut plus le mettre dehors, mais elle sait qu’elle le pourrait quand même, pour le forcer à quitter sa proximité. Pourtant, dans l’immédiat, la brune a besoin d’enlever cette sensation, sur ses doigts, pour la remplacer par le présent et prouver à son ami qu’elle ne tentera plus rien de stupide. Peut-être la prendra-t-il pour une folle, à faire tout ce cinéma pour sortir d’une maison, mais elle sent que c’est important, comme une page qu’ils pourraient, enfin, tourner définitivement. Elle sait que ce n’est pas vrai, que ça n’arrivera jamais, mais pour quelques secondes, Lili a envie de se bercer d’illusions.

« Je vais bien, répond-elle, avec un peu de retard. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Parlons plutôt de toi, de ce que tu es devenu. De ta… fille, si tu le veux, aussi. »

Et le sourire qu’elle lui offre est à peine plus prononcé, influencé par la joie de le savoir père, mari peut-être aussi. De savoir qu’il a fait sa vie. Raison de plus pour qu’elle trouve le moyen de le pousser loin du passé, pour qu’il continue d’avancer, sans se retourner. Pas comme elle qui n’avance plus qu’à reculons, braquée sur ce qui n’a jamais existé.

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________________________________________ 2020-06-15, 13:05





Lilian & Ben


Réminiscences

Ben n’était pas un meurtrier … Clairement pas … même en tant que Sniper à l’armée, il n’avait pas réussi à se voir comme un meurtrier … mais il avait besoin de se mettre devant le fait accompli … certainement personne en face de lui ne vivrait pas longtemps… si quelqu’un fait du mal à ses enfants, il tuera … Et s’il retrouve l’homme qui a décidé d’envoyer la bombe sur Illyana … il le tue …et si il retrouve le père de Liliann… Le père qui lui avait coller des sueurs froides … Alors il le tuera aussi ! Même si elle ne le veut pas !

- je me contrôlerais.

Mais il ne le promettait pas … pour avoir déjà essayer… la colère était un sentiment qu’il ressentait bien plus que la souffrance … Alors s’il ne le fait pas, c’est parce qu’elle sera là pour l’en empêcher, mais il ne pouvait pas promettre que si un jour l’homme apparait dans son viseur, il ne le tue. Tout simplement.

- C’est grave. Personne n’a le droit de faire du mal aux personnes que j’aime et ton père l’a fait ! Mais je t’entends.

Encore une fois pas de promesse. Il ne pourrait de toute manière pas faire ce genre de promesse alors … Il ne le faisait tout simplement pas ! Il ne lui répondit pas à son mensonge. Elle disait n’importe quoi, mais il ne comptait pas lui laisser le loisir de s’enfuir à nouveau ….. donc il aurait le temps de lui dire tout ça ! Parler de Sally est tellement plus simple. Il fit un large sourire.

- Oui ! Sally ! Elle est adopté, mais c’est une adorable gamine qui a toujours ce qu’elle veut, elle me mène par le bout du nez. Je suis sûr que tu vas l’adorer ! On peut parler de moi, on a toute la vie pour parler de toi, que veut tu savoir si Sally ? … Sachant qu’elle n’est pas le genre timide, elle t’en dira plus je pense …

Sa fille était un moulin à parole … que personne ne pouvait stopper sans beaucoup beaucoup d’habitude … alors il était sur que Liliann apprendra l’ordre de ses couleurs favorites en moins de deux minutes … Ils sortirent enfin de la maison … Et Ben laissa le temps à son amie de vouloir partir…Sally était à la maison, peut être arrivera t elle à lui arracher un vrai sourire ?







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