Storybrooke... Eloise n'avait pas cru qu'elle y remettrait les pieds lorsqu'elle en était partie neuf mois plus tôt. Et pourtant, elle venait de réapparaître aux abords de la ville, ne voulant pas se téléporter tout de suite au centre-ville, de crainte de tomber sur des gens qu'elle connaissait, ou pire encore, sur ses frères et sœurs. Parce qu'elle était partie comme une voleuse plusieurs mois auparavant, la déesse doutait franchement de l'accueil qui serait le sien aujourd'hui. Sans doute que cela ne serait pas pire que la première fois qu'elle avait mis les pieds dans la ville des contes de fée...

En même temps, on pouvait difficilement pire que d'avoir provoqué une crise civile en poussant la sorcière la plus puissante de la ville à lever un bouclier pour isoler la ville du reste du monde... Au fond, cela la faisait toujours un peu sourire que de repenser à cette période. Au moins à l'époque la brune connaissait-elle le chemin qu'elle empruntait. Les choses étaient plus simples. Pas d'attache, de lien... Pas de famille non plus. Au fond, ça avait été sa plus belle forme de liberté. Et pourtant, la guerrière savait bien qu'elle ne pouvait pas revenir à ce qu'elle était avant, qu'elle ne pourrait s'en satisfaire.

Un soupir lui échappa lorsqu'elle se rendit compte que cela faisait déjà cinq bonnes minutes qu'elle restait plantée devant le panneau souhaitant la bienvenue aux voyageurs. Par l'Enfer, il ne lui avait pas fallu longtemps pour retomber dans ses anciens travers ! Cette ville avait un mauvais effet sur elle, c'était certain. Laissant ses pouvoirs s'échapper un peu, la brune se rendit compte que ceux qu'elle redouterait le plus de voir n'étaient pas présents en ville. Apollon, Diane et Hermès... Sans doute encore embarqués dans des histoires impossibles avec les Titans. Ou bien le Ragnarök s'était-il mis en place. La présence du soleil noir depuis quelques mois dans le monde en étant un très bon indice. Bref, il était temps qu'elle revienne. Et puisqu'elle ne pouvait pas affronter tout de suite Diane et Apollon, ceux qui comptaient le plus pour elle parmi les membres de leur grande famille, Athéna se téléporta vers un autre endroit.

Chez Regina.

Enfin, à son établissement. Regina et elle avaient passé beaucoup de temps ensemble avant que la déesse ne parte et si elle devait donner le nom de quelqu'un pour désigner son amie la plus proche, voire même sa meilleure amie, il n'y avait aucun doute que le nom de Regina serait celui qui ressortirait. Seulement la sorcière n'était pas des plus clémentes quand on la mettait de côté et c'était exactement ce qu'Eloise avait fait en se barrant sans prévenir. Pas que cela ait été contre son amie, mais elle avait eu besoin d'air, de partir pour essayer de faire le point... Poussant un soupir, la guerrière tâcha de reprendre le contrôle des expressions de son visage avant de rentrer dans le bar qui était tel que dans ses souvenirs. Un endroit agréable dans lequel elle avait aimé passer du temps à discuter avec la sorcière. Sorcière qui était dos à l'entrée quand la déesse pénétra dans l'établissement et se dirigea vers le bar.

- Un apple poison, c'est possible ? Demanda-t-elle juste avant que Regina ne se tourne vers elle. Hello ? Fit-elle, un peu contrite.

Ne restait plus qu'à espérer qu'elle ne lui enverrait pas des boules de feu à la figure. Quoi que, ça serait mérité... Heureusement pour elle, il n'y avait pas grand monde dans le bar durant l'après-midi, les gens ayant quasiment tous un métier à Storybrooke... Personne ou presque donc pour assister à ses retrouvailles avec son amie la plus précieuse.

Le Roni’s.

Dans ces mêmes lieux s’étaient tenus quelques mois avant que j’ouvre le bar, une maison close, maison de laquelle j’étais la Mère Maquerelle. Je ne sais pas trop pourquoi j’en étais arrivée là…mais maintenant, je suis heureuse que ce soit un bar et un bar qui tourne bien qui plus est. C’était devenu mon lieu de prédilection pour oublier la ruine de ma vie sentimentale. J’étais officiellement divorcée depuis deux semaines et pour tout dire, un verre de whisky de temps à autre me faisait du bien et éviter de me ramener au souvenir où je pensais pouvoir être heureuse mais bon, il faut croire que le vieux dicton qui dit que les vilains n’ont pas droit aux fins heureuses n’a pas totalement tord. Enfin…

Buvant une dernière gorgée de mon verre de whisky, je soupire et m’étire longuement. Prenant un chiffon, j’entreprends de nettoyer le bar avant d’entendre une voix qui m’est plus que familière parvenir jusqu’à mes oreilles. Eloïse. Elle était revenue. Un léger sourire né sur mon visage.

« Je dois en avoir en réserve effectivement. » énonçais-je avant de me retourner et de poser mon regard sur elle « Salut. » ajoutais-je.

Passant derrière le bar, je lui fais signe de venir s’installer avant de préparer un apple poison et de m’en préparer un aussi. Mon regard se pose rapidement sur la déesse.

« Je ne t’en veux pas de pas avoir donné de nouvelles si c’est ce que tu te demandes, tu devais avoir tes raisons mais je savais que je te reverrais. Après tout, une boisson comme celle-là, on en trouve pas de partout. » énonçais-je avec un petit rire avant de déposer son verre devant elle « ma meilleure amie me manquait. » ajoutais-je.

Eloise avait été surprise. Surprise mais heureuse ! Pas de boule de feu ou de colère, ça lui faisait du bien, elle devait bien l'avouer. Ce ne serait sans doute pas aussi simple avec son frère et sa sœur - quoique Diane la comprendrait certainement bien mieux qu'Apollon - mais cela lui faisait du bien de voir que la première personne qu'elle allait voir ne lui en voulait pas trop. Voir pas du tout même si ce que Regina lui disait était véridique. Et la déesse n'avait pas l'habitude de ne pas faire confiance à sa meilleure amie...

- Tu n'as pas tort. Répondit-elle en souriant, plus détendue par cette acceptation totale. J'avais besoin de faire le vide. De me recentrer sur moi. Enfin d'essayer. Ajouta-t-elle avec une grimace. Tu m'as manqué aussi... Mais il fallait vraiment que je m'éloigne. Avoua-t-elle avant de boire une gorgée de son cocktail. Hermès et moi, c'est fini. L'informa-t-elle rapidement.

Eloise ne put s'empêcher de jeter un coup d’œil plus approfondi dans la salle. Mais non, elle ne l'avait pas imaginé, il manquait quelqu'un ici. Le videur qu'elle voyait tout le temps et qu'elle savait être le mari de Regina n'était pas là. Hasard ou comme elle, sa meilleure amie n'avait pas de chance en amour ?

- J'ai l'impression que je ne suis pas la seule avec une peine de cœur... Tu me racontes ? Demanda-t-elle à la sorcière. Et tu me diras le plan que tu veux mettre en place. Je nous débarrasserais du cadavre. Promit-elle avec un sourire en coin.

Ce serait tellement facile... Rien de plus simple que de faire disparaître un corps. Et vu que les gens de Storybrooke étaient tous ou presque des personnages de conte de fées, ils n'avaient pas d'existence administrative dans le reste du monde réel, en dehors des passeports qui leur étaient fournis. Donc aucune administration pour s'inquiéter d'une disparition suspecte.

« C’est vrai que ça fait du bien par moment. » énonçais-je à la déesse.

Pour tout dire, j’étais vraiment très heureuse de retrouver ma meilleure amie. Je bois une nouvelle gorgée de mon cocktail avant de lever le regard vers la jeune femme. Elle venait de m’énoncer le fait qu’elle avait des peines de coeur. Etrangement, je ne pouvais que trop bien la comprendre. Je me mords la lèvre inférieure et lui fais un sourire qui se veut réconfortant.

« Je suis désolée pour toi Elo. » énonçais-je finalement à la déesse.

Balayant la salle du regard, je vérifie que tout se passe bien avant de ramener mon regard vers la brune avant qu’un petit rire ne m’échappe.

« Promis je t’appellerais le jour où je l’aurais retrouvé. » énonçais-je avec un clin d’oeil. Elle savait pertinemment que je plaisantais. Jamais je ne serais capable de tuer Robin, je lui arracherais le coeur pour le rendre bien obéissant mais je pense que je ne pourrais pas aller plus loin. Terminant mon verre d’une gorgée, je reprends la parole « Robin est partit. Il n’a rien dit, il m’a à nouveau abandonné, du jour au lendemain mais cette fois, je sais que c’est fini. J’ai demandé le divorce et je viens de signer les papiers il y a peu. » Je me saisis d’une bouteille de whisky et en rempli mon verre « je suis officiellement une mère célibataire, bafouée par l’amour. » énonçais-je finalement.

Oui, cela faisait du bien de s'éloigner un peu parfois... Eloise n'avait pas toujours compris ça et l'avait parfois reprocher à Diane, sans jamais le lui dire cependant. Mais la déesse de la chasse avait tendance à disparaître pendant de longs mois il y avait quelques années et la brune n'avait jamais compris l'intérêt. Aujourd'hui elle comprenait bien mieux le comportement de sa sœur. Et même, elle partageait désormais cette conviction que parfois, mieux valait s'éloigner. La guerrière espérait juste que la blonde ne lui en voudrait pas trop malgré tout.

Puis la déesse avoua la plus grosse raison de son départ. La fin de sa relation avec Hermès. À l'époque, la brune s'interrogeait sur beaucoup de choses, notamment sa place parmi la grande famille divine. Sans trop savoir pourquoi, la guerrière se sentait un peu à part de toute cette grande équipe qu'ils formaient bien malgré eux. Et pourtant, elle habitait avec Diane et Apollon... Un sacré paradoxe donc que d'être bien entourée mais de se sentir aussi seule, à part... Bref, avec ses interrogations, elle avait cru trouver en Hermès quelqu'un qui parviendrait à la comprendre et avec qui elle pourrait avancer. La disputer, très violente, qu'ils avaient eu lui avait montré le contraire. Sans doute pourraient-ils être amis. Mais une relation amoureuse, ça n'était pas pour eux...

- Qu'est-ce qu'ils ont les hommes à toujours partir ? Grommela-t-elle lorsque sa meilleure amie lui avoua qu'elle se retrouvait seule de nouveau, car son mari avait encore une fois disparu. Tu t'en sors ? Demanda-t-elle gentiment. Et les enfants, ils l'ont pris comment ? L'interrogea-t-elle.

Henry et Daniel avaient après tout vécu avec Robin... Alexis dans une moindre mesure, voire pas du tout si les souvenirs de la déesse étaient corrects. D'ailleurs, en parlant d'Alexis, Eloise espérait que son apprentie n'avait pas essayé d'aller embrocher son ex-beau-père son épée... Quoique ! D'un certain côté, cela ne pourrait que la rendre fière que de voir son apprentie prendre les arme pour une telle cause.

- Bienvenue au club. Fit-elle en levant son verre, saluant la dernière phrase de la barmaid. Enfin, pas pour le côté mère... Sourit-elle. Aphrodite est vraiment une garce parfois... Soupira-t-elle, même s'il ne s'agissait pas des conséquences d'un acte de la blonde. Comment va ta petite famille à part ça ?

Elle-même n'en ayant pas à ses côtés durant son moment solo, la brune préférait se concentrer sur les dernières nouvelles des gens qui comptaient. Et avant qu'elle ne mette un pied à Storybrooke, la déesse n'aurait jamais pouvoir dire un jour d'une mortelle qu'elle était sa meilleure amie... Et pourtant, c'était bien le rôle de Regina dans sa vie.

J’étais tellement heureuse de retrouver Athéna. J’avais bien besoin de ma meilleure amie en ce moment. Buvant une gorgée, je finis par lui avouer que Robin est encore parti mais que cette fois ci, c’est terminé. Que j’ai officiellement divorcée. J’hausse les épaules.

« Bonne question. Concrètement, je crois que c’est des gamins qui ne savent pas ce qu’ils veulent dans la vie. J’aurais dû me méfier, il m’avait déjà fait le coup, je me suis sentie bête, je te jure. » énonçais-je à la déesse avant de finalement reprendre suite à sa question « On fait aller. J’ai le bar pour m’occuper et il tourne plutôt bien donc pour ça je m’inquiète pas trop et puis Dany est en âge d’aller à l’école donc je le récupère à la garderie en fin d’après midi et la baby sitter vient le garder à la maison quand Alexis ou Henry ne sont pas là. » énonçais-je à la jeune femme « Dany a déjà trois ans, c’est fou comme le temps passe vite. » continuais-je.

Passant machinalement ma main dans ma chevelure brune, je reprends la parole après avoir bu une nouvelle gorgée, en même temps, on pouvait pas faire grand chose d’autre si ?

« Je crois que si Henry revoit Robin, il risque de lui arracher les yeux je pense. Je ne sais pas trop ce qu’en pense Lexie et Dany est encore trop petit pour comprendre…mais je crois qu’il souffre de l’absence de son papa. Je suis peut être une puissante sorcière mais je peux pas remplacer son papa. C’est pas facile tous les jours, en plus, il commence à parler un peu donc je redoute le jour où il me posera des questions sur lui. » énonçais-je à la brune.

Levant mon verre à la suite d’Eloise dans un sourire, je bois à nouveau avant d’ajouter.

« A l’amour vache ! » énonçais-je avant de boire à nouveau. Mon regard revenant sur la jeune femme, je reprends rapidement la parole « bah écoute, Alexis va bien. Elle vis sa vie et on se voit quand on a le temps toutes les deux. Malgré qu’elle ne soit ma fille biologique, Alexis me ressemble beaucoup, c’est assez drôle quand on sait que je suis accessoirement la méchante reine, espérons juste qu’elle tente pas les pommes empoisonnées. » énonçais-je avec un rire « c’est une belle jeune femme qui sait ce qu’elle veut et je suis très fière d’elle, Henry est dans sa crise d’adolescence donc par moment, c’est compliqué on va dire. Par moment, je suis obligée d’utiliser la magie pour le calmer, c’est toujours en dernier recours mais je te jure que ça me fait mal d’en arriver là. Pourtant, c’était pas un gamin chiant, je comprends pas pourquoi il est un adolescent comme ça. J’espère que ça va finir par passer…et puis Dany…eh bah, c’est un gamin adorable. Il n’est pas sauvage pour un sou et il sourit beaucoup. Et toi ? Comment ça va ? » demandais-je à la déesse.

Melanie, l’une des nouvelles serveuses vint à arriver. Je lui souris avant de lui dire de s’occuper des deux tables qui venaient de se remplir d’adolescents. Ramenant mon regard vers la déesse, je reprends la parole.

« Eloise, je peux te demander quelque chose ? »

Décidément, les hommes… On ne pouvait jamais compter sur eux. Qu’importe la situation, ils finissaient toujours pas nous décevoir. Eloise le savait, l’avait compris depuis le temps. Mais cela ne l’empêchait pas d’être en colère et peinée pour sa meilleure amie. Regina avait assez souffert comme ça. Robin n’aurait pas dû l’abandonner une nouvelle fois. Pour le coup, la déesse était surprise que la sorcière ne se soit pas déjà vengée d’une autre façon que le divorce. Mais peut-être avait-elle plus muri qu’on ne le pensait de prime abord… Ou alors la guerrière était plus rancunière que la barmaid.

- Trois ans déjà… Tu as raison, le temps passe vite. Renchérit-elle avec un léger sourire. Quant aux hommes… Qu’importe l’époque, ils sont toujours aussi peu fiables… Dit-elle en secouant la tête. Il n’y a que quelques exceptions et ceux-là sont très vite récupérer. Peut-être que toi et moi sommes condamnées à rester seules. Et pour le coup, ça vaut peut-être mieux, tu t’en sors très bien sans homme. Ajouta-t-elle avec un petit sourire aux lèvres.

L’une des exceptions était son frère. Apollon était quelqu’un sur qui on pouvait compter. Eloise le savait. La déesse se rappelait encore la façon dont Diane et lui l’avaient réconforté à la mort d’Arès. Leurs débuts à tous avaient été difficiles, mais au final, si la brune devait confier sa vie à quelqu’un parmi les divins, c’était bien à ces deux-là sans aucune hésitation. Puis venait Hadès. Même avec son esprit si décalé, il n’était pas complètement fou… Il allait juste falloir qu’elle lui rappelle qu’il était censé lui confier Autumn le mardi soir… Depuis leur retour du Cocyte, il n’avait pas continué la petite tradition qui avait débuté lors de cette aventure… Bref. Eloise revint au présent en entendant Regina parler de la possible, probable même, réaction d’Henry face à Robin si leurs chemins venaient à se croiser.

- Je comprends… Robin était le seul exemple masculin d’Henry, il devait beaucoup compter sur lui… Dit-elle songeuse. Oh, Alexis, tu devrais t’en méfier aussi. Elle est comme toi, elle n’aime pas qu’on touche à sa famille. Et entre ce que je lui ai appris et ce qu’elle n’aura pas manqué d’apprendre durant mon absence, Robin aura du mouron à se faire… Ria-t-elle avant de boire une gorgée de son cocktail. Il sera curieux, quoi qu’il arrive. Le mieux, ça sera que tu lui dises la vérité. Les secrets, ça gâche toutes les situations et toutes les relations… Crois-moi, c’est un membre de la famille divine qui te le dit et notre famille, niveau secrets emmerdants, on est spécialiste. Ajouta-t-elle, désabusée.

Et ça… Tout ça parce que les Titans qui étaient présents sur Terre ne leur disaient pas tout. Alors qu’il serait tellement plus simple de mettre toutes les informations en commun, de faire l’historique de toutes les décisions prises. Ça aurait été tellement plus facile de travailler main dans la main… Au lieu de quoi, les Titans, enfin Hypérion surtout, s’étaient contentés de les laisser dans la merde. Tout ça pour quoi ? Rien. Pas de bénéfice. Mais beaucoup de morts. Dont Arès. Et ça, ça aurait sans doute pu être évité… Le verre qu’Eloise tenait dans sa main se brisa tant elle l’avait inconsciemment serré.

- Pardon… Je te le paierais. Assura-t-elle à sa meilleure amie tout en commençant à attraper tous les bouts de verre. Je suis contente que ça aille pour tout ton petit monde. Reprit-elle, sincère. Quant à moi… Disons que dans ce grand univers, je ne comprends pas où est ma place. J’ai perdu le frère dont j’étais le plus proche et c’est un vide qui ne sera jamais comblé. Je ressens ce manque de parler à celui qui me comprenait parfaitement. Arès et moi, on aurait pas plus être frère et sœur que si on avait eu un lien de sang… En fait, il ne manquait que ça. Encore que ça ne nous ait jamais ennuyés. Il était mon frère. Et je crois que je n’en ai jamais vraiment fait le deuil… Avoua-t-elle à mi-voix. Je suis partie parce que j’avais plein de choses à régler avec moi-même. Mon deuil de mon frère, de ma relation avec Hermès, trouver ma place dans ce monde… Je n’ai pas l’impression d’avoir pu régler tout ça. Mais la lune noire, c’était un signe qu’il était temps de rentrer à la maison. Je suis peut-être une connasse sadique, mais je n’abandonne pas ceux que j’aime.

On avait dit pire d’elle de toute façon. Elle s’en foutait. Par contre, il n’était pas question de laisser tomber Diane, Apollon et tout le reste de la famille. Enfin, de ceux qu’elle considérait comme faisant partie de la famille. Aphrodite par exemple, ça n’était pas sa sœur et ne le serait sans doute jamais. Pas après les événements dans le monde parallèle et le sacrifice du petit Elliot. Et encore. Si Aphrodite avait pris ses responsabilités et s’en était occupée elle-même, les choses seraient restées neutres entre elles. Mais la déesse de l’Amour avait forcé sa petite-fille qu’elle prétendait aimer le faire. Et ça avait brisé le cœur de Neil que de tuer cet enfant…

- Bien sûr. Répondit-elle à sa meilleure amie en la regardant droit dans les yeux. Que veux-tu me demander ?

Un petit sourire prend place sur mon visage alors que je vide un nouveau verre de whisky.

« Eh ouais, il grandit trop vite…tous mes enfants grandissent trop vite, j’ai l’impression que le temps me glisse entre les doigts, c’est fou. » énonçais-je avant de reprendre « ouais, je crois que tu as raison, après tout, toutes les femmes ne sont pas faites pour vivre avec un homme. Et puis, c’est vrai que je me suis toujours mieux débrouillée toute seule…c’était peut être illusoire de croire que je pourrais être heureuse avec Robin. Pour sûr que je l’ai aimé mais…eh bien je crois qu’on était pas fait pour être ensembles. Mais je lui serais toujours reconnaissante de m’avoir donné Daniel. »

Nous en vînmes à parler de mes enfants et de comment ils avaient vécue tout ça. J’étais déjà sûre d’une chose, ma fille ne disait pas grand chose mais j’étais certaine qu’elle serait prête à lui arracher les yeux. Eloïse me le confirmait. Alexis pouvait se montrer totalement comme moi, prête à tout pour protéger sa famille. Comme quoi, mon ex mari avait intérêt à rester caché. Un petit rire m’échappa.

« Oh de toute manière, en sachant que je peux le réduire en cendres en une seconde, je ne pense pas qu’il se remontre de si-tôt. » énonçais-je en riant.

Je m’inquiétais simplement pour Daniel, il commençait à bien parler et pour sûr qu’il allait me poser énormément de questions sur son père et il allait falloir que je lui répondre, je ne pouvais pas lui cacher les choses, il ne le fallait pas. Me mordant la lèvre inférieure, je bois une gorgée avant de ramener mon regard sur la déesse.

« Oui, tu as sans doute raison. Il vaut mieux que je lui dise toute la vérité, après je ne démolirais jamais son père mais il faut qu’il sache. » énonçais-je à la déesse.

Le verre qu’Eloïse tenait en main vint à se briser, ce qui me fit sursauter.

« C’est bon, t’inquiètes pas. » dis-je avec un sourire avant de m’occuper d’aider la brune à ranger les bouts de verres. Optant pour le plus rapide, je vins à bouger légèrement la main et tout disparu dans un nuage violet avant qu’un nouveau verre n’apparaisse devant elle. Je l’écoutais avec attention.

« Tu as eu raison de revenir. » lui dis-je, rassurante avant de reprendre « je peux t’assurer que je n’aime pas cette lune noire, ça ne me dit rien qui vaille. »

Un sourire naquit sur mon visage. Ma meilleure amie m’avait vraiment manquée et savoir que je comptais une déesse parmi les personnes qui m’était cher, c’était très important pour moi. Après un peu d’hésitation, j’en vins à passer le pas et tenta de lui poser la fameuse question que je voulais lui demander.

« J’aimerais que tu m’apprennes à me battre avec autre chose que mes pouvoirs. Je suis la sorcière la plus puissante qui existe mais sans ma magie, je suis sans défenses, et je n’ai pas envie que ça m’arrive. Je veux pouvoir me battre sans avoir à compter uniquement sur ma magie. » énonçais-je à la déesse.

Parfois, souvent même, Eloise se retrouvait en Regina. Peut-être le côté sanguin et revanchard… En tout cas, elle sourit à son amie et leva son verre lorsque celle-ci en vint à parler de balancer des boules de feu à la tronche de son ex. Franchement, c’était un très beau programme et la déesse se prenait à rêver de faire de même avec Hermès. Après tout, lui aussi mériterait une bonne déculotté pour son comportement, mais là n’était pas la question. Après plusieurs mois d’absence, la brune était revenue et comptait bien se faire pardonner auprès des gens qui comptaient. Ce qui excluait donc le volatile immortel.

- C’est le meilleur choix à faire. Convint-elle avec sa meilleure amie. Au moins comme ça, si ton fils veut rencontrer son père, il saura qui il est et Robin ne pourra jamais l’éloigner de toi, si tant est qu’il ait envie de jouer à ce petit jeu.

Ce qui ne serait pas une bonne idée. Mais bon, abandonner Regina une seconde fois n’était pas non plus une bonne idée mais il l’avait fait alors… Personne ne pourrait dire de quoi l’avenir serait fait. Ni même s’il y aurait un avenir. Après tout, la lune noire était annonciatrice de temps difficiles et même, de la fin des temps justement. Encore que cela ne se passerait que s’ils ne trouvaient pas un moyen d’arrêter la machine mise en route par Chronos, ou au moins pour en modifier ses conséquences…

- C’est le début du Ragnarök… Avoua-t-elle à son amie. Le début de la fin des temps. Encore que les conséquences de cette fin reste à définir à mon avis. Ajouta-t-elle, songeuse.

Autant être honnête. Si l’on croyait Chronos, alors ce serait la fin de toute vie avec juste quelques survivants triés sur le volet, encore que la déesse ne voyait pas comment cela pouvait être possible, mais bon. La brune elle avait toujours pensé que ça serait la fin des dieux, tout simplement. Et pas leur mort, mais la part divine, ce truc en plus qui faisait d’eux des dieux, disparaîtrait. Et vu que pour ce qu’elle en savait, les enfants des Titans n’auraient jamais dû voir le monde de la façon dont tout s’était passé, eh bien, sa théorie avait au moins le mérite de se tenir. C’était aussi la plus réconfortante en un sens, la déesse ayant tout bonnement l’impression d’avoir trop vécu…

- Très bien. Accepta-t-elle. Mais je te préviens, je suis un tyran. Tu demanderas à Alexis. Tu en viendras à me maudire, crois-moi. Quand peux-tu te libérer, et ce, de façon régulière ? Trois séances d’au moins 2h par semaine devraient être un bon début…

Eloise n’avait pas tergiversé longtemps. Sa meilleure amie avait parfaitement raison de vouloir se battre d’une autre façon qu’avec la magie car celle-ci était assez capricieuse. Et puis, c’était toujours bon de savoir se défendre de façon « normale »…

« Je ne sais même pas s’il oserait. » énonçais-je à Eloïse.

Robin était un homme courageux mais concrètement, il était lâche et fasse à moi, en sachant pertinemment que je pouvais être armée de boules de feu, il faisait moins le fier. Je ne l’empêcherais jamais de voir Daniel mais qu’il ne tente pas quoi que ce soit contre lui ou envers moi parce que pour sûr que ça risquerait de lui chauffer les fesses.

« Le Ragnarök… » répétais-je avant de reprendre « espérons que ce soit passager et qu’une solution soit trouvée parce que je n’aime pas ce que ça présage. » ajoutais-je à l’attention de la jeune femme.

Le Ragnarök n’était pas une bonne chose, je le savais, je le sentais. Passant machinalement ma main dans mes cheveux bruns, je respire profondément. Pour sûr que cette lune noire ne me disait clairement rien qui vaille mais après tout, les dieux semblaient savoir quoi faire non ? En tout cas, s’il fallait protéger Storybrooke, je tenterais tout pour être parée. Il était clair d’une chose, c’est que je ne laisserais pas une chose pareille se produire. C’était mal me connaître si vous pensiez l’inverse.

J’en vins finalement à demander à ma meilleure amie de m’entrainer pour que j’apprenne à me battre avec autre chose que mes pouvoirs parce qu’il suffisait que je me retrouve désarmée magiquement pour que je ne sache plus rien faire. Je ne pouvais plus compter uniquement sur mes pouvoirs. Un léger sourire perla sur mon visage lorsque la déesse accepta ma demande. Je lui fis un signe positif de la tête.

« Quand tu as eu Cora Mills comme mère, je te promets que plus rien ne te fait peur. » déclarais-je avec un petit rire.

Pour sûre que ma mère était tout ce qu’il y a de plus tyrannique. Elle usait de sa magie sur moi pour me punir et je l’avais maudite pendant bien longtemps avant de finir par faire la même chose par la suite, ce qui était finalement un retournement de situation assez déroutant. Mon regard revint sur la déesse.

« Le mercredi après-midi, le samedi matin et le lundi soir. C’est les créneaux où je suis la plus disponible. Après il y a toujours les serveuses pour gérer le bar si je m’absente mais vaut mieux quand même que je ne soit pas loin. » déclarais-je à l’attention de la jeune femme.