« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Après un profond soupir et un dernier regard pour son reflet dans le miroir, Kida avait enfoncé son bonnet sur sa tête, avait attrapé son sac en bandoulière et était sortie à la hâte de chez elle. Ses bottes fourrées lui donnaient un meilleur maintien sur cette route brillante, bien que non verglacée. Il faisait froid, très froid, trop froid… nous étions au mois de Mai… Et si tout avait déjà débuté ? Elle ne pouvait plus se taire, elle lui devait la vérité, même s’il n’était peut-être pas prêt à l’entendre ou prêt à y faire quoi que ce soit.
Avec une bourrasque de vent qui poussa ses cheveux à lui barrer sa vision périphérique, elle finit par monter les trois marches du perron qui menaient à l’antre du 221B Baker Street et entra sans se faire prier, tout en grelottant de froid, peu habituée à ressentir un tel souffle à cette période de l’année. S’il y avait bien une chose que Kida ne parvenait pas à accepter à la Surface, c’était ces températures extrêmes, si différentes de son nid douillet au fond de l’océan. Elle avait beau être présente sur cette Terre depuis à présent 4 ans, elle avait l’impression qu’elle ne parviendrait jamais à se faire à ce froid.
- Oh ma chérie, est-ce que tout va bien ? - Oui, Mrs Hudson, ne vous inquiétez pas. - Ce n’est pas bien raisonnable de sortir par ce froid ma chère… - Je sais, mais je devais voir Sherlock…
Pour toute réponse, elle reçut une moue mi- compréhensive, mi désapprobatrice et avant que la logeuse ne se décide à poser la question traditionnelle, Kida fut la plus rapide :
- Je voudrai bien une tasse de thé, s’il vous plaît, bien chaude surtout !
Avec un sourire, Mrs Hudson retourna à ses fourneaux tandis que l’atlante monta les marches en direction de l’appartement. Après avoir frappé deux coups distincts et mesurés, elle poussa la porte pour apercevoir Sherlock en compagnie de son violon.
- Salut…
Le ton avait était doux, calme, presque timide tant les derniers moments de leur vie ensemble avaient été chaotique. Elle avait vu qu’il n’allait pas bien mais se contentait de fuir plutôt que de lui parlait, elle était aussi revenue bouleversée de sa dernière mission et s’était terrée dans le mutisme plutôt que d’en parler. Les choses auraient pu s’arranger avec le temps sans son ennemi qui était revenu ajouter de l’huile sur le feu le 31 janvier dernier, en lui faisant croire que Sherlock lui avait organisé une fête à laquelle elle n’avait aucune envie de participer. Il était temps pourtant de briser la glace, dans cet air polaire environnant, en reprenant un cours des choses normal, à leur rythme sans brûler d’étapes.
- Ça fait longtemps… enfin… ce calme, ce sourire…
Les dernières fois n’avaient étaient que fortuites et peu concluantes. Légèrement gênée par la situation pour éviter de dire mortifié, elle se tortillait les mains en regardant ailleurs, soupirant, attendant un signe, de l’aide, un courage qui ne venait pourtant pas.
- Je… je peux entrer ? J’aimerai te parler… de… de beaucoup de choses en fait. De ce qui s’est passé lorsque je suis partie en été dernier, de ma virulence face à mon anniversaire, de ce froid inhabituel que je ne ferai pas l’affront de te demander si tu l’avais remarqué… - Et voilà pour le thé !
Mrs Hudson avait surgit derrière elle en chantonnant, lui coupant la parole et définitivement tout courage d’aller plus loin dans ses explications. Elle s’effaça pour la lancer entrer tandis qu’elle posait le plateau sur la petite table et qu’elle se tournait vers elle, les mains sur les hanches, le visage contrarié.
- Mais entrez voyons ma chère ! Qu’est-ce que vous attendez ?
Pour toute réponse, son regard vrilla en direction du regard acier du détective. Elle attendait un signe, un geste, qu’il l’invite à entrer, tout simplement.
Sherlock Holmes
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Benedict Cumberbatch
« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
Le 221B Baker St. était fidèle à lui même. Il répondait comme parfaitement à la mélodie de son musicien. Si le maître des lieux était triste, l’endroit était triste. Si le maître des lieux était joyeux, l’endroit était joyeux. C’était mathématique, c’était lui, Sherlock Holmes, qui donnait vie au lieu. Et aujourd’hui, l’endroit était… Agité. Un immense feu brûlait dans la cheminée. Les bûches n’étaient pas jaune, comme on le faisait lorsqu’une personne normale entretenait un feu. Non, elles étaient rouge incandescente. Penché dans l’âtre, le détective était en t-shit, ses bras nus contractés par la force du labeur enduré. De sa main gauche, Sherlock jeta une énième bûche dans le feu. De sa main droite, le tisonnier frappait les braises pour augmenter la densité des flammes. Derrière ce spectacle étrange, un cafarnaeum démentielle. Des tasses de cafés et de thés, ainsi que des plateaux parsemaient l’endroit. Plusieurs coupures de journaux locaux étaient affichés à des endroits stratégiques de la pièce.
« Michel-Ange Turtles, un nouveau Maire à la tête de la ville ! » « Sherlock Holmes et sa mystérieuse assistante ! » « Un hiver hors du commun depuis 1765 ! » « Isaac Ormebrun,célèbre artiste et professeur quitte Storybrooke ! »« Mr. Turtles, gueule d’ange, mais nerfs d’aciers ? »
Plusieurs ustensiles étaient également entreposés, du matériel médical, quand il avait décidé d’ouvrir un cabinet temporaire pour sans abris, divers notes et post-its, son crâne d’Hamlet, quelques bougies, mais le plus surprenant était une perroquet multicolore qui ne cessait des scander : « Moriarrrrtyyyyyyy ! »
Sherlock se tourna alors, une braise incandescente dans le tisonnier. Fixant l’oiseau dans les yeux, il déclara. « Recommence encore une seule fois John, et je te jure que je te marque au fer rouge. »
Oui. En attendant de trouver un assistant qu’il avait fini par trouver en la personne de Nyx, c’était John, son perroquet parleur qui avait effectué le remplacement. La première chose qu’il avait voulu faire quand Nyx avait signé son contrat, c’était d’ouvrir en deux John, pour récupérer la montre à gousser qu’il avait avaler la veille. Nyx s’y était malheureusement fermement opposé, et avait décrété que trois brillants esprits valaient mieux qu’un. La tête contre la cage, un peu comme un fou, Sherlock marmonna : « Nyx ne sera pas la pour toujours te sauver les plumes, John. Penses-y. »
Il crut voir le perroquet déglutir.
Quelques heures plus tard.
La fournaise était toujours en route au fond de la pièce. Sherlock, en t-shirt était en train de jouer du violon en observant quelques flocons tomber. Les sourcils fronçaient, il semblait jouer tout en réfléchissant. Le détective ne regardait pas l’extérieur, sa vision était floue, et il n’y prêtait pas grande attention en réalité. En fait, il réfléchissait. A quoi ? A sa sœur. Jouant toujours du violon, son regard se porta sur la petite table d’appoint à côté de la fenêtre. Un petit dessin était encore visible, fait de la main d’Eurus. Sherlock joua la comptine encore une fois, suivant les notes de musique écrits dessus. « Moi qui suis perdu… Qui me sauvera... » répéta-t-il en lisant vaguement.
Mais soudain, l’inattendu se produisit. Se tournant lentement, il cessa immédiatement de jouer quand il vit Madame Hudson avec un plateau de thé dans les bras, un sourire de benet et Kida à côté d’elle, qui n’osait pas rentrer. Ses yeux se posèrent dans le bleu infinie de ceux de Kida. Il y eut un léger moment électrique, où Sherlock ne prononça aucun mot. Voyant madame Hudson essayait de la pousser, le détective brisa finalement le silence, en levant son archet d’un air impérieux et menaçant vers sa propre porte d’entrée.
« Vous. Sortez. Elle, elle rentre. »
C’était… Inhabituel. Son ton était franc, direct et sec. C’était clairement un ordre, et Madame Hudson lut dans les yeux de Sherlock qu’il fallait mieux obéir. Elle en remonta même son plateau. Quand Kida fut rentrer, Sherlock recommença à jouer, et se tourna à nouveau vers la fenêtre. Répétant inlassablement les paroles de sa sœur, il termina par une fausse note, et déclara de sa voix grave et mathématiquement calculée : « Assieds toi donc, je t’en prie. Et raconte moi lequel de vos Dieux imbéciles et fous a déréglé l’écosystème. »
Toujours de dos, il posa le Stradivarius avec précaution, et avec soin particulier, il poursuivit : « Je t’écoute. »
Il s’était retourné, les mains une main le long du corps et une autre sous son menton en posture d’écoute. Puis, comme s’il s’était souvenu de quelque chose, il déclara : « Oh, et oui, la séance te sera facturée 50 dollars. C’est ma nouvelle assistante qui a décrété ça. Il paraît que je ne sais pas gérer l’argent. Il s’en est passé des choses en quoi… Des mois. »
La main le long de son corps trembla. Il détestait ça, ressentir des émotions aussi forte. Il avait envie de lui hurler dessus, de lui demander pourquoi elle avait été si absente et pourquoi elle l’avait écarté de sa vie. Mais il n’en fit rien. Même pour l’amour de sa vie, il restait, Sherlock Holmes.
Kida
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Saoirse Ronan
| Conte : L'Atlandide, le monde perdu | Dans le monde des contes, je suis : : Kida
Le ton était donné et il était plutôt glacial et mordant. Un moment de pur malaise auquel Kida s'était attendu mais qui était encore plus impressionnant maintenant qu'elle le vivait. Elle s'écarta pour laisser passer madame Hudson, sentant son regard qui la scrutait avec insistance mais Kida ne détourna pas les yeux, impassible, refusant de jouer le jeu de la logeuse qui cherchait sans doute un peu de réconfort dans sa grimace qui en disait long.
Sans attendre son reste, Kida s’assit lorsqu'il le lui proposa, ne cherchant pas à rajouter quoi que ce soit, de peur de faire voler en éclats le peu de tenue qu'il lui restait. Il était rigide, certains de ses muscles étaient si tendus qu'ils en avait des soubresaut de fatigue, sa mâchoire était parfaitement dessinée et sa pomme d'adam bougeait nettement plus quand il déglutissait. La jeune femme avait pu enregistrer ce genre de geste précurseurs chez nombres d'animaux de sa Cité. Elle était une guerrière, elle en avait chassé des jaguars d'eaux et elle retrouvait tout cela sur le détective. Mais alors précurseur de quoi ? Précurseur d'une attaque imminente.
- Ce ne sont pas "mes" dieux. Je n'ai qu'un seul Dieu et ce n'est aucun d'entre eux... Et si l'un d'eux était responsable de cela et que je le savais, je ne serais sans doute pas avec toi, ici, mais avec eux, là-haut.
Elle avait déglutit, se tortillant les mains posées sur ses cuisses. Le ton était resté égal à elle-même, froid mais sans agressivité. D'une logique implacable, du ton doux de sa voix habituel. Elle ne cherchait pas à l'énerver d'avantage mais elle n'avait pas pour coutume de se laisser marcher sur les pieds. Elle avait toujours appris à s'affirmer, bien qu'elle n'avait eu que peu d'entraînement. Il était toujours plus facile d'avoir le dessus sur l'autre quand nous étions seuls. Et pourtant, cette force d'esprit, cette envie de partager son point de vue avec la force qui était la sienne, elle avait l'impression qu'elle avait ça dans le sang, qu'elle avait fait cela toute sa vie.
Elle observa Sherlock droit dans les yeux lorsqu'il lui demanda de payer. Une vengeance sans doute nécessaire à son mental, à son coeur et à sa bonne conduite. Elle l'observa quelques secondes sans dire quoi que ce soit, se contentant de juger à quel point il était sérieux et lui permettant de réfléchir s'il voulait vraiment en arriver là. N'opposant aucune réflexion à son précédent jugement, Kida poussa un soupire silencieux et se contenta de chercher dans son sac, puis dans son petit porte-monnaie de toile avant de déposer d'un geste sec mais sans violence le billet sur le guéridon à côté d'elle. Relevant la tête impérieusement et toujours avec calme, elle lui demanda alors :
- Et j'ai le droit à quoi pour ce tarif ? Ton assistante peut-elle me transmettre les modalités du contrat par courrier sous dizaine ? J'y ai le droit d'après la loin, tout comme j'ai le droit de savoir pour quel service je paie. Nombre d'heures ? Services supplémentaire comme enquête ? Ton assitante devrait aussi peut-être décréter qu'il serait bon de te donner des cours de commerce, tu ne me semble pas spécialement douée dans le domaine.
Elle avait haussé un sourcil, toujours aussi froide. Le sentiment de gêne qui était apparu lorsqu'elle était entré dans la pièce disparaissait à mesure qu'augmentait la fraîcheur de son ton. Il avait tenté de la rabaisser, de l'humilier et une atlante ne se laissait jamais faire lorsqu'une telle offense lui était faite. Elle avait envie de partir, elle n'avait plus rien envie de dire et pourtant, elle allait rester, car elle était venue avec un but précis et ce n'était pas sa façon d'être qui allait lui empêcher de venir terminer sa tâche.
- J'ai une affaire pour toi. Une affaire alambiquée, comme tu les aimes. Je te propose d'enquêter sur un meurtre. Mais un meurtre plus que particulier puisque tu ne travaille jamais sur les cas que tu juges ennuyeux. Voyons si ça t'intéressera mais si ce n'est pas le cas, je reprends mes 50 dollars, je ne paie pas pour rien non plus. Et oui, tu découvriras que je suis une cliente exigeante. Alors ouvre grand tes oreilles Sherlock Holmes. Je viens avec un meurtre mais je connais déjà le meurtrier. Je connais déjà la victime aussi. Tout ce que je veux savoir, c'est ce qu'il lui a vraiment fait. Et c'est là qu'on arrive au summum du pieds pour toi, tu sais pourquoi ?
Avec un sourire froid et amer, elle se releva et écarta ses bras comme pour se présenter :
- C'est la victime elle-même qui te paie pour son meurtre. On te l'avait jamais faites celle-ci, pas vrai ? Alors, tu prends ou pas ?
Sherlock Holmes
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Benedict Cumberbatch
« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
La main fine, élégante mais tonique de Sherlock passa sur ses yeux, fatigué. Puis, lentement elle revint le long de son corps. Traversant la pièce, son domaine, d’un air impérial et parfaitement anglais, il fouetta la cage de John le Perroquet avec son archet d’un geste sec et énergique. Le perroquet tricolore se mit à caqueter et lui tourna le dos, visiblement vexé. « John, j’avais dit quelque chose. »
Se moquant totalement de l’attitude du perroquet, Sherlock traversa la pièce rapidement, toujours avec la même démarche. Saisissant le billet de 50 dollars sur le guéridon, il tourna les talons pour revenir dans son fauteuil. Le passant au travers de la lumière de l’âtre de la cheminée, ce dernier fronça les sourcils et déclara simplement :
« Ulysse S. Grant, dix huitième président des Etats-Unis qui termina son mandat sur une énorme crise financière. La Panique bancaire de 1873. Et comment on le remercia ? En mettant sa petite tête proche de Louis Pasteur sur un billet de cinquante dollars. Ironique non ? »
C’était plus au billet et à lui même qu’il parlait, plutôt qu’à Kida. Après avoir vérifier qu’il s’agissait d’un vrai, Sherlock le déposa de manière négligée sur la table basse à sa droite, entre deux livres et sous son crâne de Hamlet. Toujours avec lenteur, il prit également son temps pour déposer l’archer à côté de lui, dont l’écrin avait été abîmé par le coup porté sur la cage de John. Se tournant légèrement, au bout d’une minute, il tourna finalement le crâne humain de 30° afin de placer le billet dans un bon axe. Ca ressemblait à du Quentin Tarantino. Des choses simples, qui rendaient mal à l’aise et qui annonçaient la plus part du temps une tempête. Finalement, ses mains se joignirent comme à son habitude, et Sherlock fixa l’âtre un long moment. On voyait à son regard plissé qu’il réfléchissait. « Cinquante dollars, une heure à domicile. C’est amplement suffisant. Payé pour élucider un mystère avec mon cerveau incroyable dans ce fauteuil de moins en moins confortable. Je passe à 25 dollars de l’heure si le mystère se transforme enquête, et à 50, si le périmètre d’action est supérieur à deux kilomètres. Il existe d’autres modalités supplémentaires. La jalousie, envers mon assistante que tu as répété deux fois en moins de 15 secondes te sera facturée 10 dollars, et 10 dollars supplémentaires pour la remarque déplacée envers ma personne sur les cours d’économie. Tu t’es crue où ? Chez Hercule Poirot ? »
Là, il avait relevé son regard vers elle, aussi vif qu’un aigle fixé une proie prête à attaquer. La fin de sa phrase avait juré sur le reste de son texte qui avait monocorde. Là, il avait attaqué. Les lèvres pinçaient par la rage, ses mains tremblées et son regard était asserré. Ca n’était pas prévu. Il avait agi par pur instinct animal. Ce que les gens appelaient « amour ». La seconde suivant le moment où il se rendit compte que son subconscient avait frappé, il ferma les yeux, un peu plus longtemps qu’un simple clignant des yeux, et son regard redevint tout à fait normal. C’est à dire assez froid et distant. Balayer les sentiments, pour ne faire qu’un avec la logique. Posant sa main sur le côté de sa joue d’un geste lent et mesuré, il écouta la suite sans rien dire. A ses paroles, les sentiments revinrent au galop, mais cette fois-ci rien ne sortit physiquement de son expression corporelle. John, lui, s’était retourné et fixait alternativement Kida et Sherlock. « Poireau ? QUICHE AUX POIREAUUUUX ! »
Sherlock s’était penché sur le côté, d’un geste sec et rapide. Il avait sortie une longe sarbacane ancienne de son côté gauche. Soufflant dedans d’un sec et en colère, c’est toute sa frustration de ne pas avoir vu Kida pendant si longtemps qui partit dans son souffle. La fléchette anesthésiante frappa John dans le cou, qui se tortilla légèrement avant de tomber de son perchoir dans un « poc ». Quelques secondes suivirent où Sherlock reposa délicatement la sarbacane, et des petits ronflements se firent entendre dans la silhouette quasi-inanimé de John. « Je t’avais averti, John. »
Puis, une fois la sarbacane posée, sa main se mit théâtralement à faire un mouvement circulaire et il invita Kida à s’asseoir en face de lui. Sans un sourire, sans même une once de colère dans la voix, il joignit à nouveau ses doigts et déclara en fermant les yeux. « Je connais déjà le meurtrier aussi. Une seule personne est en mesure de manipuler le Temps dans cette ville. »
A ses mots, il passa deux doigts nerveusement sur l’arrête de son nez fin. Il avait encore du mal avec ce genre d’événements, surtout quand les variables des lois physiques se mettaient à danser comme des feux-follets. Claquant dans ses doigts toujours nerveusement, il reposa sa main sur son accoudoir et continua :
« Toutes mes aventures commencent par une histoire, alors je t’en pris, assieds toi, fais comme tout le monde, et n’omet aucuns détails… Effectivement, tu as éveillé ma curiosité… Ah ! J’oubliais ! »
Soudain, il s’activa. Traversant la pièce presque en courant, il revint avec deux trépieds et un rideau dans les mains. Comme un monteur de chapiteau pour un cirque prestigieux, il posa les deux trépieds et tira le rideau entre les deux fauteuils pour qu’il n’ait aucune vision de Kida pendant qu’elle parlait. D’un geste sec, il revint s’asseoir dans son fauteuil et croisa les jambes en déclarant sur le ton de la conversation. « C’est pour des raisons personnelles. Je suis abstinent sexuellement depuis plusieurs semaines, et je n’ai pas du tout envie que mes hormones m’empêche de réfléchir. Ca m’évitera de fixer ta poitrine en pensant à ce que je pourrai en faire, et ça évitera de diviser ma concentration par deux. »
Il avait dit ça sur le même ton que « Tu veux du thé ? » ou encore « Tu aimes les fraises ? ». Pour lui, c’était normal. Un corps avait besoin de relation sexuelle. Autrefois, il payait des prostituées pour assouvir ce genre de problème. Là, c’était différent, puisqu’il n’en avait plus envie.
Kida
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Saoirse Ronan
| Conte : L'Atlandide, le monde perdu | Dans le monde des contes, je suis : : Kida
Elle avait regardé le perroquet s'effondrer avec un regard froid, méthodique, sans réagir à ce qu'elle avait devant les yeux et pourtant, elle avait senti au fond d'elle ce haut-le-coeur qu'elle avait eu quand la flechette avait frappé son corps. Il n'avait rien fait. Juste parlé. On l'avait fait terre de la même façon. Elle avait détourné le regard pour se contenter d'un rictus dénué de toute joie lorsqu'il avait affirmé connaître le meurtrier. Pourquoi parlait-il du Temps ? Cela n'avait absolument rien à voir avec ce qu'elle venait de raconter. Il se trompait, comme à chaque fois qu'il s'énervait, qu'on lui ajoutait du contexte affectif, qu'il devait combattre.
Apparamment conscient de cette tare, elle l'avait laissé installé son petit chapiteau et n'avait pas non plus réagi à cette remarque déplacé qu'il avait eu sur sa poitrine. La dernière fois qu'on lui avait dit quelque chose de la sorte, la personne avait fini par devenir un légume inanimé avant de s'effondrer sans vie quelques années plus tard.
Elle s'était levée et avait ouvert la cage du perroquet avec douceur pour récupérer l'animal endormi. Puis, elle était retournée s'asseoir, passant ses doigts sur les plumes de l'oiseau pour l'apaiser tout en lui précisant :
- Je te paie déjà pour cette heure. Si tu me semble suffisamment convaincant, nous verrons si je continuerai à donner tarif. Je refuse déjà ce tarif absolument subjectif relatif à une supposition de jalousie. Ce n'est pas légal.
Le ton était calme mais froid et dur, digne de celui qu'elle avait eu en tant que Guide, lorsqu'il avait fallu négocier avec tous ceux qui étaient entré dans sa Cité. Il y avait pleins de choses qu'elles n'avait pas apprises, mais la capacité à diriger et à savoir ce qu'elle voulait, elle l'avait dans le sang depuis le début. Il était hors de question de plier.
- Je peux effectivement t'assurer qu'Hercule Poirot n'aurait jamais tenté ce traquenard financier mais enfin bon... Oh... et tu te trompes, ça commence mal pour le grand détective que tu es. Tu n'as aucune idée de qui est le meurtrier. La personne que tu penses coupable est en vérité celui à qui je dois ma nouvelle vie...
Elle laissa un instant de silence pendant lequel elle récupéra sa tasse à thé et la porta à ses lèvres. Après un instant de silence, elle décida de lui raconter quelques pans de cette fameuse histoire, ce qu'il devait savoir en somme, dans un premier temps. La baignade sur Olympe, la disparition sur cette île, le combat avec la vérité. Le point de vue d'Ouranos et Poséidon. La bataille pour Argos et le rôle du capitaine du hollandais volant. Elle avait en revanche gardé le suicide de sa mère pour elle. Elle soupira tentant de reprendre un peu de contenance, allant reposer le perroquet dans sa cage maintenant qu'il dormais paisiblement. Puis elle se dirigea vers la fenêtre pour observer le givre qui pointait le bout de son nez au niveau des vitres à croisillons de la fenêtre, Sherlock toujours à l'abri de tout sentiment dans son rideau.
- Ouranos a plongé sa main dans ma poitrine. Il en a arraché mon coeur et l'a écrasé. Je ne me souviens de rien ensuite, je pense que je suis juste tombée, morte. Mais soudain j'ai réouvert les yeux. Sur une place, la même que celle où j'étais morte. Et quand je me suis relevée, j'ai vu Chronos au loin, qui me demandait de le rejoindre ou plutôt me précisait que son idée n'était pas si mauvaise... que je pourrais revoir mon peuple si je le suivais...
Elle déglutit avant d'ajouter :
- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je ne sais pas si c'est lui qui m'a ramené bien que cela me semble logique. J'ignore si j'ai toujours un coeur et si le cristal dont j'tais la protectrice existe toujours à travers moi. Je ne sais pas comment répondre à mes questions, la seule chose que je sais c'est que je me sens... seule... je ne les entends plus...
Elle sentait sa gorge se serrer fortement sous le coup de l'émotion mais se refusait de craquer, pas ici, pas maintenant et pas devant lui qui ne risquait juste que de lui donner le coup de grâce sous l'énervement ambiant. Un coup dont elle se passait volontiers.
- Alors tu peux m'aider ou je me mets en quête d'Hercule ?
Elle avait volte-face vers l'endroit où Sherlock était placé, les mains sur le rebord de la fenêtre.
Sherlock Holmes
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Benedict Cumberbatch
« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
Pendant que Kida parlait Sherlock n’avait pas tellement bougé. Prêtant une oreille assez attentive à ses propos, il ne la coupa absolument pas. Fixant le rideau, malgré le fait qu’elle se soit déplacé vers la fenêtre, ses longs doigts fins restèrent dans la même position, sans bouger. Au bout d’un moment, un petit éclair passa dans ses yeux, comme s’il avait compris quelque chose. D’ailleurs, il sembla marmonner quelques paroles, mais finalement, son bras droit tomba le long de son corps et son autre main se porta sur l’arrête de son nez. Alors, dans un geste lent, il se pencha vers la table basse et l’ouvrit. Se saisissant d’une espèce de cigarette bizarrement roulée en cône, il sortit également un briquet ancien et l’alluma sans cérémonie ni chichi. La première bouffée d’herbe lui brûla évidemment la gorge, mais il ne toussa pas, preuve qu’il avait l’habitude. Après plusieurs lattes, il finit par dire, toujours assis dans le fauteuil et de dos : « C’est un sujet complexe, Kida. »
Sa voix était grave, monocorde et légèrement lointaine. Comme si la drogue qu’il venait de prendre commençait déjà à faire effet. Le regard un peu dans le vide, il finit par dire d’un ton assez mystérieux, mais sûr de lui. « Les personnes dont tu me parles sont un mystère pour moi, et le resteront. Pas parce que je suis plus stupide qu’eux, simplement parce que mon niveau de conscience n’est pas au même niveau. Je l’ai remarqué avec Apollon et surtout Elliot. Nous... »
Marquant une pause, il chercha un léger moment ses mots, puis finalement répondit tout simplement en se répétant, comme si ça avait une importance pour lui. « Nous ne sommes pas au même degré de conscience des éléments de ce monde. C’est tout. »
Prenant plusieurs bouffée, on pouvait clairement comprendre que la prise de drogue était en lien direct avec ce qu’elle lui disait. Ce genre de chose lui échappait, et ça le rendait malade. Mais en même temps, c’était ça qui avait attiré Sherlock vers Kida. Plusieurs fois, il avait essayé de comprendre, et plusieurs fois, il s’était heurté à un mur infranchissable. Cela faisait parti des rares choses que Sherlock Holmes ne pouvait pas déduire. Cependant, il se leva, et sans la prévenir, prit d’abord son pouls, afin de vérifier quelque chose. De manière banal, aucune émotion ne sortit de son visage, et la drogue l’aida légèrement pour ça. Finalement, dans un geste assez lent, il posa deux de ses doigts fins sur les paupières de Kida et les écarta légèrement pour mieux observer sa pupille. Sa cigarette « Magique » toujours aux bords des lèvres, il recula finalement, soupirant quelques peu pour revenir vers son fauteuil, et écraser les restes dans son cendriers. S’affalant dans le fauteuil, il pencha la tête en arrière, un léger sourire sur les lèvres et son regard fixa alors le plafond. « Je ne peux pas répondre à ta question, je n’en sais strictement rien. J’ai besoin de musique. »
Levant un doigt, toujours en position avachie, fixant le plafond d’un œil un peu hagard, il déclara d’une voix lointaine : « Dit, Siri, mets la dernière musique écoutée. »
Alors, toutes les enceintes et basses de l’appartement s’activèrent, et une musique se mit à retentir assez fort dans l’appartement. D’un geste étrangement énergique pour un homme qui venait de s’envoyer un joint, il se mit légèrement à danser… Et plutôt bien. « Tu devrais danser. Tu ne ferais pas ça chez Hercule Poirot ! »
Se dandinant encore un peu, il tourna sur lui même dans un pas des années soixante, et avança vers Kida. A un mètre d’elle, tout en dansant, il déclara : « Tout ce que je peux te dire, c’est qu’aucun des protagonistes ne pensent réellement à toi. Et que Chronos, qui maîtrise le Temps a la perfection est le seule à avoir un degré de conscience assez élevé pour comprendre ce qu’il sait passé. Chronos sait, Ouranos l’a presque saisi, et moi... »
Toujours en dansant, Sherlock recula vers le fauteuil, posant une main sur ce dernier il sauta à l’intérieur et le retourna vers Kida d’un mouvement assez classe pour lui faire face, jambes croisées et doigts entremêlés comme il le faisait si bien.
« Je n’ai accès à aucune donnée compréhensible sur le sujet ! »
Et il se mit à rire. En réalité, il avait bel et bien fumer pour l’énerver. Qu’est ce qu’elle croyait ? Qu’on pouvait plus ou disparaître, comme ça, dans la Nature et ne revenir que plus tard ? La fleur au fusil. Sherlock Holmes était peut être un con, mais ça restait quand même un con assez libre, et qui n’avait pas l’intention de se laisser mener à la baguette. La première musique s’arrêta, pour laisser place à une autre, complétement différente, mais qui coupa à Sherlock l’envie de danser. « Tu n’es venu que pour ça ? Me demander de résoudre une énigme indéchiffrable et prendre soin d’un perroquet que j’étudiais ? Tu sais, John est ici car c’est une de mes expériences. C’est un tuer en série… Je l’ai récupéré au Zoo de Storybrooke. Il tuait sans merci ses congénères. Sachant que les perroquets sont des animaux qui ont conscience d’eux même et qui sont plus facile à transporter que des dauphins, je comptais voir d’où venait cette passion pour le crime chez l’homme… »
Alors que la musique tournait, Sherlock faisait de légers mouvements de poignets, complètement défoncé, en accompagnant la musique. Mais, d’une voix assez dure, il finit par dire :
« Ton problème est… simple. Mais c’est parce qu’il est simple qu’il est difficile. Il y a une chose de sûr, qu’on soit humain, atlante, perroquet ou quelque chose de plus gros comme Chronos ou Ouranos, les même variables semblent converger vers une règle commune : on tue par intérêt, ou par passion. Et dans ton cas, je pense qu’on s’approche plus de l’intérêt. John, lui, c’est une passion. Je ne peux pas résoudre ton mystère, je me répète, mais je peux t’éclairer sur un point :la réponse est une question et elle se nomme : Pourquoi. »
La musique cessa, et le poignet de Sherlock tourna une dernière fois vers Kida pour la pointer avec l’index. « Pourquoi t’avoir tuer, et pourquoi t’avoir ressusciter. Une hypothèse. Ouranos n’a pas pu, Chronos le peu, mais ce n’est pas le moment. Car le Temps est quelque chose de flexible mais qui obéit à des règles que nous autre, pauvre hommes simples comme Albert Einstein avons touché du doigt : Il y a un temps pour toute chose. Et la proposition de Chronos, de se rallier à lui montre qu’il te veut proche de toi car… Ce n’est pas le bon moment. Et ça, Ouranos ne le savait pas. »
Se levant, il marcha vers elle, s’arrêtant à quelques centimètres, et fixa son visage sans un mot de plus. Il avait envie de l’embrasser, mais au vu de la situation, ce n’était pas à lui de le faire. « C’est tout ce que je peux t’apporter. Je pense que c’est déjà pas mal. Mais vu que c’est incomplet, la consultation reste gratuite, je me servirai de l’argent pour mettre John dans un Centre de Réinsertion pour Perroquet. »
Ca n’existait pas. Mais il hocha la tête de manière affirmative pour la convaincre qu’effectivement, on pouvait le mettre là bas.