Brûler sur un bûcher ? Je ne pouvais que l'admettre. De ce que j'avais pu entendre jusqu'ici, le désir de la plupart des habitants - c'est-à-dire une bonne partie - voulait voir celle qui était autrefois leur reine brûler vive au milieu des flammes comme la sorcière d'un ancien temps. Même si nous vivions désormais tous au XXIème siècle, ce bouleversement de cultures n'en prenait pas compte. Que Regina meurt, voilà le souhait de chacun et je me surpris à vouloir, moi aussi, avoir le ou la coupable en face de moi pour jurer sur tout ce qu'elle avait engendré... Puis je me souvenais que j'avais déjà vécu pire et que finalement, Storybrooke pouvait être bien plus qu'une prison mais une découverte. Je me remis en question comme je remis en question ce sort, les habitants et Regina en elle-même. Si j'avais besoin de réponses, je ne pensais pas une seconde à me venger en me rendant jusqu'ici.

"Peut-être au début, certes... Mais les états changent assez vite, Mme. le maire, et les méchants comme d'autres se sont surtout rendus compte de ce que pouvait leur apporter Storybrooke. Je plaquais une main contre ma poitrine. Moi le premier. Votre vengeance personnelle est pour certain le sacrifice de beaucoup de vies, ce qui vous vaut toutes cette haine, mais sachez que 80% des gens qui sont dehors, les armes en main, ne se soucient pas de Blanche-neige et de ce que vous lui avez fait. Ils ne pensent car leur vie chamboulée. Pour les autres - car il n'y a certainement pas la ville entière à votre porte - ils ne vous remercient pas en face mais ils sont bien heureux d'avoir obtenu une meilleure vie qui pourrait valoir à une rédemption. C'est ce qui fait que la ville est aussi dangereuse... Les prisonniers, les traîtres, les démons... Ils sont libres, vivants. Grâce à vous. Ils ne vont pas vouloir vous tuer si vous les avez aider."

Mon regard s'abaissa vers le sol avec réflexion. Oui, j'en avais rencontré de ces personnes-là et ça ne m'étonnait pas plus que ça. Dans une société, il n'y a aucun partie absolu mais seulement majoritaire avec, dans l'ombre, la minorité. Ceux qui pourraient s'allier à Regina ne viendraient pas par pitié, par compassion, par respect ou par gratitude mais pour le pouvoir, c'est certain. Ils savent ce qu'elle avait été capable de faire en réunissant tous les mondes, alors - forcément- ils se demandent jusqu'où ils pourraient aller une fois de son côté. Je ne pouvais pas le partager à la jeune femme en question, déjà désespérée à l'idée de retrouver une place dans cette ville.

"Allier est peut-être... un grand mot. Disons simplement que beaucoup relativisent et n'auront pas la haine d'autres s'ils vous croisaient dans la rue. Ça ne change pas votre affaire, néanmoins, je le sais..."

Dans un sujet qui s'enchaînait naturellement, elle en vint à mon point-de-vue personnel. N'aurais-je pas du m'en douter après lui avoir tant parlé de l'image qu'elle pouvait renvoyer aux autres ? Je tentais d'arrondir les bords sans marquer ce que je voyais d'elle avant, ni même la surprise que j'eus lorsqu'elle me laissa discuter avec elle alors que je venais d'entrer sans permission dans sa maison. Même sans magie, je savais bien qu'elle aurait eu des idées à revendre si ça avait été de me renvoyer à l'extérieur, à travers le partie majoritaire. Non... J'étais bref mais sincère quant à la personne que je voyais en face de moi et j'espérais qu'elle me croit lorsque son regard croisa silencieusement le mien. L'atmosphère que transfigurait nos paroles me laissait penser que oui avec assurance. Je n'en rajoutai alors pas... Et nous venions à une énième question de ma part. Que prévoyait-elle pour la suite ? D'un point-de-vue externe, cette question était typique d'un journaliste, seulement je souhaitais réellement l'aider car jusqu'ici, elle n'avait porté aucune objection à m'aider, moi, en poursuivant la conversation. Elle m'expliqua récupérer sa magie par le biais d'un livre qui appartenait à sa mère. Loin de là de m'y connaître aux personnages de son monde, je n'avais pas suivi non plus l'arbre généalogique de Regina. C'est ainsi que je hochai négativement la tête face à son étonnement.

"Cora... Songeais-je en fronçant les sourcils. Ça ne me dit rien et pourtant, ce n'est pas un nom courant. Je le gravais dans ma tête pour plus tard et la laissait poursuivre. Oui, oui, je l'ai bien compris, récupérer vos pouvoir sont une priorités mais... Après cela ? Seront-ils une simple... défense, face à Storybrooke ? Allez-vous vous en servir pour qu'ils comprennent la menace que vous pourriez représenter s'ils vous attaquent ?"

La soif de pouvoir dans son regard appuyait ses mots. Elle avait baigné dans la magie, éduquée par elle-même, il était donc difficile de l'en détacher, surtout lorsque ça devenait un moyen de défense assuré. Je soupirais pour moi-même, abandonnant le sujet pour un moment mais espérant que ça ne serait pas une fin en soi. Intrigué par toutes les informations qu'elle arrivait à acquérir simplement en restant assise (que pouvait-elle faire d'autre ?), je commençais à me questionner sur ses contacts extérieurs. Et il semblait qu'elle n'en avait pas ! Du moins, pas un de vivant...

"Un... miroir ?" Questionnais-je, intrigué, en m'avançant vers Regina et ce qu'elle présentait face à nous.

D'un ordre très clair, elle demanda à ce qu'il apparaisse, et ses sous mes yeux qu'un visage prit forme à la place de notre reflet. J'en restais ébahi face à ce qu'elle m'expliquait.

"C'est... fascinant. Simple, utile, fidèle au conte... et quelque peu terrifiant. Il... Je jetai un regard à Regina avant d'en revenir au miroir. Il est connecté à tous les autres miroirs de la ville ? N'importe lesquels ?"

Je devais prévenir Stanley de cacher les nôtres, de quoi à nouveau devenir méfiant, même chez soi. Lorsque j'étais plus jeune, Bill était de ceux que j'évitais... Il suffisait qu'un dessin de lui soit fait pour qu'il ait l'œil sur le secteur. Tel le miroir, son œil permettait d'y voir partout et de tout savoir. J'avais du recouvrir les symboles qui le représentaient et je m'engageais à le faire pour les miroirs également.

"Je suppose que vous communiquez... Comment s'appelle-t-il ? Est-il prisonnier du miroir ?"

Je n’arrivais plus à suivre. L’idée même partant du principe que tout ce que j’avais fait n’avait été qu’un jeu de Rumple m’horripilait au plus haut point mais je me devais de garder la tête haute, ne serait-ce que pour récupérer mes pouvoirs et faire un tapis de sol avec la peau de ce maudit crocodile. Je soupire. Levant le regard vers mon invité, je passe machinalement ma main sur mon visage, comme pour me faire sans doute passer l’idée que Storybrooke n’est pas que ma vengeance personnelle et qu’au final, je vais pas finir clouée sur un bucher avec des flammes qui me chatouillent les jambes. C’était surtout pas mon envie en plus.

« Je comprends ce que vous voulez dire, je comprends ce que vous sous-entendez, qu’au final, le Sort Noir que j’ai lancé n’a pas eu que de mauvaises répercussions que même si les trois quart de la ville veulent me voir clouée sur un bucher, une bonne partie me remercie d’avoir amené tous les royaumes confondus dans ce monde dépourvu de magie avant que je ne fasse apparaître Storybrooke. »

Je termine mon verre et respire longuement comme pour faire passer le goût de cette boisson que je connais si bien. Je me laisse quelque peu glisser dans mon fauteuil avant de reprendre finalement la parole pour briser ce silence qui commençait à s’installer entre lui et moi. C’était pesant un silence comme ça alors autant commencer à reprendre un peu la parole, histoire de…

« Ce que je veux dire, c’est que j’acquiesce le fait que pour certains, surtout les méchants soient ravis d’être ici aujourd’hui parce qu’ils sont libres, j’adhère au fait que j’ai détruit des familles entières en jetant la malédiction mais je suis une ennemie de taille, qui vous-dit que ces méchants ravis de cette opportunité ne vont pas justement profiter de ma panne de pouvoirs pour essayer de me tuer ? Non, je ne vire pas parano, c’est juste que j’ai luté trop fort pour en arriver là. » énonçais-je finalement.

Cependant, il était clair d’une chose, je n’avais pas lutté si fort pour en arriver là, je ne voulais pas me résoudre à croire que mon heure de gloire était terminée, non c’était juste tout ce qu’il y a d’impossible. Je passe machinalement ma langue sur mes lèvres pour les humecter. Je ne réponds pas à sa réplique qui poursuit. Oui, je n’avais pas d’alliés dans cette ville, j’en étais consciente. De toute manière, je ne voulais pas d’alliés, j’étais capable de me débrouiller toute seule, enfin c’est surtout ce que j’essayais de me faire croire. J’en vins à lui demander son point de vue personnel sur moi. J’avais besoin de savoir. Après tout, il était chez moi et j’étais en droit de savoir. Cependant, je n’écoutais que d’une oreille. Pas que je n’étais pas intéressée par sa réponse, loin de là, c’est juste que j’étais intriguée par autre chose. Ma mère…Son livre… Je lève le regard vers Stanford. Tiens, l’un des premiers qui ne connaît pas la réputation de ma mère. Je respire longuement a sa question. Une fois mes pouvoirs de retour, que ferais-je ? Là était la grande question et je me la posais moi-même.

« Pour être sincère, je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je ferais quand j’aurais récupéré l’entièreté de mes pouvoirs. Emma a brisé la malédiction, tout ce que j’ai fait est détruit. La seule chose que j’aimerais, c’est que mon fils ne voit pas en moi la méchante reine. »

Oui je ne savais pas ce que je ferais une fois mes pouvoirs retrouvés mais j’étais certaine d’une chose, mon fils me reviendrait par ce moyen ou un autre, je voulais qu’il comprenne que je ne suis pas la méchante reine. Pour lui, j’étais prête à changer, vraiment, du plus profond de mon âme. Stanford en vient à me parler des informations, comment j’étais informée de ce qu’il se passait en ville. Je lui fais rapidement comprendre que même si je n’avais plus mes pouvoirs, il me restait une chose, une seule chose. Mon miroir. Je lui somme d’apparaître. Il apparaît. Il me regarde. Cet homme qui m’avait aimé par le passé, qui avait souhaité ne jamais me quitter. Il était piégé à jamais dans le monde des miroirs. Il serait à jamais mon miroir. Après tout, c’est ce qu’il voulait non ? Je lève le regard vers mon invité.

« Terrifiant ? » demandais-je en riant « Oui, il est connecté à tous les autres miroirs de la ville, n’importe lesquels, tout ce qui montre un reflet est pour lui comme une lunette. Il voit tout. Il entends tout. » déclarais-je à Stanford avant de poser mon regard sur lui « Vous pouvez lui demander. » Le visage de Glass dans le miroir tourne vers Stanford « Je m’appelle Aimé Glass, je ne suis pas prisonnier du miroir, mais du monde des reflets. »

Mme. Le maire et moi étions arrivés à un débat qui, dans le fond, n'engageait qu'elle. Depuis la levée de la malédiction, je m'étais efforcé à rester passif à tous les rebondissements de Storybrooke jusqu'à ce que j'en sache assez pour à mon tour agir. Bill me l'avait rappelé mais au fond, je n'avais pas eu besoin de lui pour retenir la leçon : il ne faut pas s'élancer aveuglément alors que notre position est encore instable. La théorie avant, la pratique après. Je ne faisais pas partie des gens révoltés qui regrettaient amèrement d'avoir été emportés par l'épaisse brume violette, pas plus que je ne faisais partie des quelques privilégiés qui reprenaient tout à zéro comme si on avait exaucé l'un de leur souhait. Regina comprenait mon point-de-vue et je supposais qu'elle-même aurait pu réagir pareil à la place de cette minorité, mais alors qu'un silence s'installa, elle reprit avec plus de poids sur ses mots que leur sort miraculeux dont elle était l'auteur n'empêchait pas une certaine concurrence naturelle entre méchants. Lorsqu'un des vôtres est à genou... Abattez-le et il n'est plus des vôtres.

"Vous n'êtes pas paranoïaque. Assurais-je d'un sourire assuré. Ils le seraient de s'attaquer à vous. Je suis certain que la magie n'est pas votre seule compétence. On confond bien trop souvent la magie et le pouvoir... Alors que ce sont deux choses qui se combinent. Un Homme avec de la magie n'a pas forcément du pouvoir, et vice-versa..."

Après lui avoir modestement partagé mon point-de-vue personnel sur ce qu'elle représentait - car je ne la connaissais pas assez pour savoir qui elle était réellement, tout comme il ne devait pas être simple pour elle de le montrer - Je sentais la balle partir dans mon camp et utilisa ce tour pour poser une question. Ce n'était pas par simple curiosité que je lui demandais ce qu'elle comptait faire après ça, après le livre de sa mère et après l'avoir utilisé pour récupérer sa magie. Regina était un acteur de l'avenir de Storybrooke, de sa stabilité et cela tant qu'elle en ferait partie. Les citoyens souhaitent l'abandonner dans le monde réel, parfois l'enfermer ou la tuer pour qu'elle n'ait plus d'influence mais je vois dans son regard que son objectif n'est pas de s'effacer... Plus après ce que Rumplestiltskin lui a fait, plus depuis qu'elle a une famille et plus depuis que la ville est à ses trousses. Elle ne sera plus en sécurité avant un temps.

"Henry ? Je plaçais mes coudes sur la table, croisant les bras. Je l'ai déjà croisé en ville... Il semble être un garçon très malin. Je ne pense pas qu'il perçoit de vous la même image que le reste des habitants de Storybrooke. Il vous connait... Et il sait que vous l'aimez. Si ce n'est le cas, alors il le comprendra bien vite. Il faut lui laisser le temps..."

Si le temps permettait de réparer tous les maux, on en ferait un médicament à prescrire. Seulement, le temps ne sert qu'à laisser agir tout le reste. Il n'est pas le doliprane, il est l'eau qui le fait s'évaporer. Je me trouve plus poétique qu'autrefois... Ce n'est pas normal. Peut-être que la psychologie, alliée à la philosophie qui s'y rejoint de temps à autre, amène des métaphores que je n'aurais pu imaginer auparavant. Comment peut-on comparer de l'eau au temps ? Je préférais garder l'image pour moi-même et revenir au sujet initial. Regina m'expliqua comment elle pouvait acquérir les informations dont elle avait besoin sans avoir à sortir de chez elle et je fus totalement subjugué d'apprendre comment elle s'y prenait - pourtant, comment pouvais-je m'en étonner ? Elle n'était pas la Méchante Reine pour rien et le miroir devait donc forcément apparaître à un moment où à un autre. Le pouvoir qui lui était procuré laissa des frissons parcourir le long de mon échine. Je retenais difficilement une grimace en guise de sourire lorsque l'individu qui remplaçait mon reflet me répondit avec neutralité.

"Le monde des reflets... ? Voilà un cas intéressant. Est-ce un monde accessible à tous ? Comment vous êtes-vous fait enfermé à l'intérieur ? Il doit y avoir un moyen de le faire sortir... Je tournais un regard vers Regina. Non ?"

Je n'osais supposer que la jeune femme soit le geôlier masqué qui maintenait le prisonnier à sa place. Sa réputation la précédait, c'était certain, mais aucun conclusion n'était à prendre à la hâte pour un observateur passif comme moi. Pour le moment, je me contentais de m'intéresser et de recevoir.

"Même sans un détenteur magique, les objets vivent de leur propre source de magie... Ça doit vous être précieux dans un moment critique comme celui-ci."

« C’est que les habitants de Storybrooke me pousserait à le devenir. » dis-je en passant une main dans mes cheveux.

Oui, je n’étais pas parano, ça je le savais mais je savais aussi que certains habitants n’attendaient qu’une chose. Me voir pendue, ou brûler sur le bûcher ou encore mieux, ma tête en haut d’une pique et je vous promets que je ne dramatise pas. C’est comme ça, c’est vrai, je vous assure. Je pose mon regard sur l’homme en face de moi avant de finalement reprendre la parole après quelques instants de silence.

« Oh vous savez, je ne suis pas capable de grand chose sans mes pouvoirs, c’est ça qui est navrant. Oh, je sais tirer à l’arc et me battre à l’épée, c’est comme le vélo, ça s’oublie pas mais c’est clair que sans mes pouvoirs, je suis à leur merci, c’est sûr. » avouais-je.

Oui, je savais tirer à l’arc, je savais me battre à l’épée mais où trouver une épée dans ce monde ? Et dans tous les cas, j’étais pas vraiment sûre que ce soit légal dans ce monde mais bon, dans tous les cas, notre ville n’existe pas aux yeux du monde alors ça ou autre chose, dans tous les cas, je savais que je n’étais bonne à rien sans mes pouvoirs, j’en étais même certaine mais ça, je n’allais pas lui dire. C’est pour ça que je voulais retrouver mes pouvoirs, il le fallait, pour mon bien surtout en fait. Il vint finalement à partager avec moi son point de vue sur moi et sur ce que je représentais. Il me demande ce que je comptais faire après avoir récupérer mes pouvoirs. Je lui explique et lui parle d’Henry. Je lève le regard vers Stanford avant de reprendre la parole.

« Henry et Alexis, mon fils et ma fille. Ils sont ce que j’ai de plus précieux au monde. » avouais-je.

Pour eux, je voulais changer, je voulais devenir une meilleure personne. Il le fallait mais comment le pourrais-je si je restais dans l’état actuel et avec toute la ville à mes trousses ? Je ne le quitte pas des yeux alors qu’il me parle d’Henry et de sa vision des choses. Un petit sourire né sur mon visage, ses mots me rassurent…un petit peu. Mais c’est déjà mieux que rien.

« J’ai peur qu’il m’échappe, il fait que je l’aime, j’en suis certaine. Je l’aime plus que ma propre vie mais j’ai peur qu’il s’en aille parce que je ne suis pas une bonne personne. Je ne serais rien sans mes enfants. » énonçais-je.

Et sur ce cas, j’étais plus que sincère, sans mes enfants, je n’étais rien. Je m’effaçais derrière un masque que je portais mais je voulais changer, je voulais qu’ils m’aiment pour celle que je suis au fond de moi, la Regina d’avant, d’avant tout ça. J’en vins finalement à inclure le miroir dans la conversation et ce dernier se présenta à Stanford avant que je ne lève les yeux au ciel, il allait très certainement dire que j’étais la méchante, encore. Je lève le regard vers Stan alors qu’il parle au miroir.

« Le monde des reflets n’est accessible qu’à ceux qui ont été enfermés à l’intérieur par un être magique qui avait de mauvaises intentions. » énonça t’il alors que je me mordais la lèvre inférieure tandis qu’il reprenait « Regina m’y a enfermée par le passé, et sans magie dans ce monde, je ne pouvais pas en sortir, le peu de magie que je détiens ne suffit pas à ouvrir la brèche du miroir pour me faire revenir dans votre monde. » avoua t’il.

Je ramène mon regard vers Stanford avant de reprendre la parole.

« Oui, le seul moyen, c’est de trouver la brèche pour pouvoir le faire sortir. » énonçais-je.

Je baisse le regard avant de me passer la main dans la nuque tout en reprenant finalement.

« A qui le dites-vous… » énonçais-je.

La jeune femme que j'avais en face de moi ne ressemblait ni aux rumeurs, ni aux faits qui forgeaient son image de Méchante Reine et convainquaient le reste de la ville à s'en méfier, allant jusqu'à la haïr. Était-ce parce qu'elle n'avait pas ses pouvoirs qu'elle paraissait plus humaine que maléfique ? Je ne savais pas. Mais si je me fiais à mes propres principes de voir avant de croire, les à priori s'effondraient. Elle ne niait en rien son passé, cependant elle semblait s'y différer aujourd'hui et, derrière cette quantité de pouvoirs temporairement disparue, devenait une femme méconnue de tous. Peut-être la véritable Regina Mills ? Je ne la connaissais pas assez pour me prononcer.

"Pendant 28 ans, pourtant, vous avez su gérer une ville entière - certes ensorcelée - mais dont vous restiez responsable. Du sang royal coule dans vos veines, si je ne me trompe. Souriais-je premièrement en guise de réconfort avant de soupirer d'un long silence. Écoutez... Je n'ai pas été autant absorbé par la magie que vous mais j'ai vu beaucoup d'êtres en devenir dépendants. Ça ne finit que rarement bien... Et tous finissent par me dire qu'elle n'était pas la solution à leurs problèmes. Je comprends votre besoin de défense, tant qu'elle ne devient pas votre unique et seule force. Vous ne devez pas la laisser prendre prise sur vous."

Je m'inquiétais forcément de son avenir qui était étroitement lié à celui de la ville puisqu'elle en était... la cause. Inutile de rappeler aux habitants que la bannir - ou pire - ne leur rendrait pas justice dans le sens qu'ils entendent. Tout était joué désormais et si des erreurs devaient être réparées, ce n'est pas à eux de s'en charger mais à la jeune femme aux cheveux d'ébène que j'avais devant moi. Je voyais dans son regard qu'en 28 ans, elle avait beaucoup fondée dont une famille avec Henry et Alexis. Je connaissais les deux de vue même si Henry me serait plus familier si on m'en parlait. Lorsqu'elle les mentionna, son regard se réveilla dans ma direction. Je puis parler d'une lueur, une fine aura qu'on nommait souvent par l'amour du peu que j'en savais sur le sujet. L'amour créé par un lien familial était l'un des plus forts que je connaissais... Intemporel. Il me fit sourire.

"Je comprends." Puis-je simplement répondre en répondant à son regard. Car il était vrai que de tout ce dont elle m'avait parlé, je me sentais proche de ce point-là particulièrement. Il n'y avait rien d'autre à dire sur le sujet, l'amour n'avait pas besoin d'explication pour exister...

"Vous deviendrez une bonne personne pour lui. Pour eux. Nous ne sommes pas dans un conte de fées avec le mal qui reste mauvais et le bien qui reste bon. Chacun prend des deux côtés et équilibre comme il l'entend, vous avez encore du pouvoir sur cette balance."

J'espérais que ses enfants aient la même conviction que moi pour croire au changement mais finalement, je n'en doutais que peu. C'est toujours avec le temps et des choix qu'on comprend à quel point un amour familial peut être présent et surtout important. Henry comme Alexis le réaliseront également vis à vis de Regina. Ils ne doivent pas y être indifférents. Je poursuivais avec cet espoir et l'hypothèse que tout s'arrangera lorsque la maire me conduisit jusqu'à sa source d'informations peu commun en ville : un miroir. Je songeais immédiatement aux origines du conte et au miroir magique au mur mais m'abstenus dans faire quelconque commentaire. L'individu avec qui j'arrivais à communiquer à l'intérieur m'expliquait avoir été enfermé par la reine qui se trouvait à côté de moi et qu'il n'y avait pas de moyen pour l'en sortir pour le moment. Regina rajouta d'un regard baissé qu'il fallait rouvrir la brèche mais que sans magie, c'est impossible.

"Vraiment ?" Songeais-je un instant.

J'observais, presque surpris, l'objet source de magie en question et partageais ma joie d'en retrouver ici au miroir et à Regina. Seulement, une autre question me traversait l'esprit concernant la situation. Je plongeais les mains dans mes poches en fixant le meuble d'un air pensif.

"Vous entraidez-vous pour que chacun obtienne ce qu'il veut à la fin ? Des informations contre l'espoir d'être libéré un jour ?"

Je fermai les yeux un instant, mordillant mes lèvres, ce qui était encore une rare manie que j'avais cessé depuis mon retour à Gravity Falls. Il faut croire que les habitudes reprenaient. Lorsque je les rouvris, je les décalais vers Regina d'un sourire presque compréhensif même si au fond, malgré tout ce que j'ai vécu, il serait difficile que ça soit le cas. Son histoire, elle doit être la seule à pouvoir réellement la comprendre. Je n'étais entré sans permission que pour obtenir mes propres réponses et j'en ai eu. Un être humain tout ce qu'il peut y avoir dans n'importe quel monde a agi en conséquences, a fait des choix. Même moi qui ne connait pas encore toutes les raisons qui purent la motiver et les sentiments qui réussirent à la guider, je savais encore ce que c'était de faire une erreur.

"Si moi je peux comprendre que vous ayez pu lancer cette malédiction, d'autres le peuvent également. J'haussais néanmoins les épaules. Ils ne sont pourtant pas tous prêts à obtenir des réponses sinon croyez-moi qu'il le ferait. Il est parfois plus simple de partir avec des préjugés, des opinions, et de foncer dans le tas comme ils entourent votre maison sans savoir, pour la plupart, ce que vous êtes. Dites-vous, cependant, que si vous avez réussi à justifier à un de ces habitants, je plaçais une main sur ma poitrine pour me désigner, les motivations de vos actes, je ne serais pas le dernier car vous saurez en faire de même pour les autres. Rien n'est terminé, vous savez. C'est le commencement d'un long chapitre à venir...

« Oui c’est vrai…vous n’avez pas totalement tord. » dis-je avec un maigre sourire à l’intention de mon invité du jour.

Il avait raison sur un point, je dépendais beaucoup trop de la magie, ce n’était pas une bonne chose mais pourtant, pendant plus de vingt huit ans, j’avais maintenue la ville à flot, sous le Sort noir mais sans pouvoirs, j’étais juste…juste moi en fait. Je ne quittais pas Stanford des yeux, j’avais confiance en lui, étrangement, je me sentais véritablement confiante et comme ça me faisait du bien, à un point que je n’imaginais pas moi-même.

« Si seulement, ils pouvaient comprendre comme vous que derrière mes pouvoirs, il y a avant tout une femme qui demande juste à…à avoir sa fin heureuse. C’est tout ce que je veux, je ne demande rien de plus mais ça, je ne peux même pas leur expliquer, ils veulent pour la plupart me voir rotir en Enfer. » énonçais-je à ce dernier alors qu’une larme roulait sur ma joue.

Larme que je vins à chasser rapidement d’un mouvement de la main, levant le regard vers lui.

« C’est tellement plus simple à dire qu’à faire qu’on a laissé la magie nous consumer. Mon pouvoir ne dépendait que de ça, ils ont tous eu peur de moi à cause de mes pouvoirs. Sans mes pouvoirs, je ne suis que…que moi en fait. »

Je vins à lui parler d’Henry et Alexis, mes enfants adorés. Je les aimaient plus que ma propre vie, ils étaient désormais ce que j’avais de plus chers au monde et pour eux, rien que pour eux, je ne pouvais sombrer dans l’obscurité, c’était une idée qui m’était impossible impensable même. Un léger sourire fendit soudainement mon visage.

« Vous avez vraiment les mots pour me rassurer. » dis-je avec un petit rire « ça fait du bien de se sentir appréciée dans le sens où ça se produit actuellement. Au moins, vous, vous ne songez pas à me tuer. » déclarais-je.

J’en vins à lui parler de mon miroir et très rapidement, il fit face à ce dernier qui lui expliqua qu’il ne pouvait pas quitter le monde des miroirs. Qu’on ne pouvait pas ouvrir la brèche sans magie. Je me mords la lèvre inférieure aux dires de Stanford avant de reprendre la parole, mon regard déviant sur mon miroir puis sur Stanford.

« Oui, je veux devenir une meilleure personne, je tenterais de trouver le moyen d’ouvrir la brèche pour faire sortir Aimé. » avouais-je.

Un sourire compréhensif naquit sur mon visage.

« Vous avez raison, je ne dois pas perdre espoir, je dois pouvoir réussir, il faut juste du temps… » déclarais-je avant qu’Aimé ajoute « et on en a à revendre. »

Sur ces mots, nous continuâmes notre conversation jusqu’à ce que je décide de sortir du Manoir pour faire face à la nouvelle Storybrooke.

Par la parole - le seul moyen que j'avais trouvé entre ces quatre murs - je tentais d'expliquer l'envers des choses au maire. Qui sait quelles autres personnes avaient pu lui en faire la leçon, seulement je me disais qu'une de plus ne ferait pas de mal quand on savait les influences qui avaient pu la guider jusqu'à aujourd'hui. Pour la sécurité de ses enfants, et leur avenir, j'espérais qu'elle m'écouterait. Ce que je savais, déjà, c'est que je semblais l'avoir touché car c'est suivie d'une larme qu'elle me répondit. D'un geste vif, elle la retira. Je me sentais rassuré de comprendre la personne qui avait causé de la peine en sachant qu'elle en avait aussi.

"Je n'en ai jamais eu l'intention. Dis-je simplement d'un fin sourire discret. Si je suis venu, c'est pour avoir le cœur net de la personne qui se trouvait derrière tout ça. Je vous savais humaine et ça me suffisait pour me motiver à venir vous voir. Tout être humain peut être compris, je le pense du moins.

La psychologie m'aura aidé à comprendre cela, il fallait dire qu'elle m'était nécessaire pour comprendre ce monde alors qu'à Gravity Falls, je ne me concentrais que sur des espèces encore inconnues que j'analysais scientifiquement. Or, l'Homme ne s'explique pas... Il ne fait qu'être compris. Je n'allais pas non plus la juger lorsqu'elle me montra le miroir en question. Qui sait comment cet homme a terminé là-dedans ? Je suppose que ce serait encore une autre affaire à démêler et je ne suis pas venu là pour ça, initialement. Je ne pensais déjà pas que la Reine s'ouvrirait à moi. Lorsqu'elle me confia chercher un moyen pour délivrer l'Homme - Aimé - de l'emprise de son miroir, j'en fus quelque peu rassuré. Je pouvais partir en paix car j'avais les informations nécessaires et le consentement d'une personne à souhaiter améliorer la situation. Cette visite aura été plus bénéfique que je n'aurais pu le concevoir !

"Et je suis certain que vous réussirez." Assurais-je en jetant un regard aux deux jeunes gens.

Regina Mills m'assurait qu'elle ferait de son mieux pour réussir et je ne doutais pas qu'avec le temps, elle y parviendrait. Pour ma part, je supposais que je n'avais plus rien à faire ici et qu'il était également pour moi le temps d'avancer.

"Je ne regrette pas d'être venu. Avouais-je en passant une main sur ma nuque. J'avoue avoir été assez sceptique face à votre réaction alors que je suis entré sans votre permission. Si vous permettez, je vais passer par la porte de devant, cette fois-ci. Qui sait, d'ailleurs, peut-être cela montrera-t-il à la ville que vous ne tuez pas tout ceux que vous rencontrez !"

Je m'avançai vers la porte et tentai de l'ouvrir une première fois jusqu'à remarquer qu'elle était verrouiller.

"Ah, oui. Forcément, c'est la porte principale..." Riais-je pour moi-même.

Je la laissai m'ouvrir puis la remercia d'un sourire et d'un signe de tête. En attrapant la poignée, prête à la refermer derrière-moi je m'arrêtai. En arrière-plan, petits groupes étaient encore formés mais toujours de moins en moins nombreux, de plus en plus lassés par ces histoires, prêts eux aussi à avancer.

"Je vous laisse la porte ouverte. Au cas où vous souhaiteriez vous tenter aux risques de cette nouvelle ville... Je descendais les quelques escaliers qui menèrent au jardin. Oh, et, si jamais vous n'avez pas de magie, vous pouvez toujours vous tentez à la science, ça - je portais une main à ma poitrine - c'est mon domaine. À bientôt, peut-être..."