Anya sourit d'un sourire entendu à l'évocation des nuits de Teresa. Inutile d'en dire davantage : Anastasia savait, Teresa savait qu'elle savait et tout le monde le vivait bien. Nul besoin d'épiloguer. Ce serait donc d'une pierre deux coups : Gringoire pourrait visiter la ville et les deux femmes également. Anya avait sans doute bien besoin de s'aérer l'esprit de temps en temps et de sortir, et de chez elle et de sa routine. Teresa aussi, sans doute. La rouquine préféra ne pas demander.
Une chose était pourtant certaine : Teresa n'était pas gouvernante pour rien. Elle était en effet dotée d'un sens inné de l'organisation et proposa un plan de bataille sur lequel Anya n'avait rien à redire.
- Entendu, acquiesça-t-elle avant que la conversation ne reparte de plus belle.
Il était flatteur de voir un intérêt sincère de la part de Teresa envers sa profession. Mais Anastasia ne s'était pas attendue à tant de compliments d'un coup et sourit, un peu gênée. C'était son travail, après tout. Elle n'avait fait que se servir de ses compétences, rien de plus, comme Teresa avait utilisé ses compétences organisationnelles plus tôt.
- Merci, sourit-elle, néanmoins, un sourire qui devint plus franc à l'évocation de germanistes.
Teresa n'avait sans doute pas fait exprès de la détendre en donnant cette tournure à la conversation mais c'était tant mieux.
- Je ne parle pas italien, reprit-elle inutilement. Pas en dehors des salutations de base, du moins, ne put-elle s'empêcher de nuancer toutefois. Mais c'est une jolie langue, concéda la rouquine. Très mélodieuse.
Anya resta quelques instants, songeuse, pendant que Teresa mettait le doigt sur ce dont le monde des contes manquait : la technologie. Même une traductrice pourrait s'en rendre compte, elle qui travaillait toute la journée sur ordinateur et qui n'aurait pas aimé devoir s'en passer.
- Votre petit-fils doit avoir de la chance, commenta finalement Anastasia sans pouvoir s'empêcher d'accorder alors de l'attention à sa fille, à elle, Abigaëlle.
Un automatisme de maman, peut-être ? Anya n'avait pas réellement l'occasion de demander à la sienne ce qu'il en était mais elle se rappelait que ses parents avaient toujours préféré leurs enfants à leurs devoirs. Pour le meilleure... et pour le pire.
L'arrivée du serveur, heureusement, chassa ces pensées. Les boissons chaudes, quant à elles, réchauffèrent les corps transis des deux femmes. Anya aimait la sensation chaude de la tasse que ses mains blanches entouraient. Et Abigaëlle semblait très contente de voir des biscuits. Après un regard attendri, la jeune femme se concentra de nouveau sur Teresa et sa question : la Russie.
Sa Russie, du moins. Accessible, apparemment, du fait, de l'intervention divine, d'une manière plutôt littérale, d'ailleurs. Anya ouvrit de grands yeux. Les dieux donc. Fort bien. Ca pour une nouvelle... elle éclipsait l'idée même de retourner en Russie. D'ailleurs, elle éclipsa beaucoup de choses. Anya ne prêta pas réellement attention au souvenir de la sœur Gudule et de son cocon de pierre où Teresa avait passé une nuit, en effet.
Puis elle se ressaisit. But une gorgée de thé et retourna dans la conversation :
- Je ne me suis jamais posée la question, en fait. Je ne sais pas si j'aimerais y retourner. La Russie... c'est plein de souvenirs - pas tous bons et de fantômes du passé. Je ne sais pas si j'ai envie de les affronter maintenant. Mais puisqu'apparemment des... dieux... comme vous dites... nous permettent de voyager dans le monde des contes, les choses se feront peut-être naturellement ? hasarda Anya en tâchant de sourire avant de regarder sa tasse pensivement.
Des dieux. C'était une information à ne pas communiquer à Dimitri. Il avait déjà du mal avec l'idée du monde des contes alors le divin... Anastasia, pour sa part, essayait de faire la part des choses. Après tout, n'était-elle pas une princesse, dernière héritière de sa dynastie ? Ca aussi c'était surprenant à première vue mais c'était aussi réel que n'importe quoi. Que le divin, par extension, sans doute.
Anya préférait néanmoins se concentrer sur le thé, la chaleur et les biscuits, en donnant un second à Abigaëlle. Le son du silence n'était parfait agréable mais il fut bientôt interrompu par une bourrasque de froid et une voix guillerette qu'elle ne connaissait que trop bien :
- Hola l'aubergiste ! s'écria Gringoire qui venait d'entrer dans le petit salon de thé. Il fait grand froid au dehors, aurais-tu du vin chaud pour ton ami le poète ? Je paye comptant ! fut-il fier d'annoncer en tapant sur le comptoir ce qui lui fit mal - fait qu'il n'avait apparemment pas envisagé.
L'aubergiste n'eut guère le temps de répondre, cependant, que déjà le poète apercevait Anastasia et Teresa. Son visage s'était illuminé à cette rencontre fortuite. A grandes enjambées, il s'était avancé vers leur table :
- Mademoiselle Anastasia et mademoiselle Abigaëlle ! Quel bon plaisir que de vous voir ici ! s'écria t-il en embrassant la main de la première. Et... que vois-je ? C'est bien vous, dame Teresa ! reprit-il avant de baiser également sa main. Puis-je me joindre à ces dames ?

Le thé de Noël

La conversation avait glissé vers le métier de la jeune femme en face d’elle et Teresa n’avait pas pu s’empêcher d’être admirative face à la profession d’Anastasia et de son organisation vis-à-vis des cours qu’elle donnait en plus à Gringoire et Abigaëlle. Mais cela semblait avoir gêné légèrement sa jeune amie, aussi la gouvernante se tût-elle, histoire de ne pas trop insister non plus.

- C’est vrai, l’italien est très mélodieux. Acquiesça-t-elle avec un sourire.

Puis le serveur arriva et les deux femmes se turent un moment, profitant de la chaleur réconfortante du breuvage qui se répandait déjà grâce au contact de leurs mains sur les tasses. Puis la conversation dériva sur la Russie et Teresa fronça un instant les sourcils avant de se rendre compte qu’elle ne s’était pas bien exprimée.

- Vous m’avez mal compris ma chère. Lui dit-elle d’une voix douce. C’est de ma faute je crois… Je ne parlais pas de repartir dans votre monde… Ça, je crois que les Dieux ne peuvent pas le faire, sans quoi il est presque certain qu’ils nous auraient déjà renvoyés chez nous depuis longtemps. Plaisanta-t-elle. Non, je parlais de ce droit que nous avons à présent de partir explorer ce monde. La Russie d’ici ne doit pas être trop différente de celle qui était la vôtre… Expliqua-t-elle doucement.

Après tout, Anastasia venait d’un monde assez similaire à celui-ci. Alors elle reconnaîtrait sans doute la Russie. Le seul souci restant son nom… Une Anastasia Romanov, sur le passeport allait sans doute faire grand bruit dans ce monde où les Romanov étaient déclarés morts depuis très longtemps…

Une voix se fit alors entendre. Familière. Teresa leva le regard et aperçut le Sir Gringoire qui avait manifestement eu la même idée qu’elle : venir se réchauffer tranquillement au salon de thé. Bien vite, le poète qui n’avait rien perdu de sa fougue de son conte, vint vers elles, les saluant d’un baisemain avant de leur demander la permission de s’installer avec elles.

- Mais bien sûr mon cher ! Répondit Teresa avec un sourire. Nous parlions justement de vous un peu plus tôt avec notre jeune amie. Comment vous acclimatez-vous à ce monde ? Lui demanda-t-elle, sincèrement curieuse.

Ce n’était pas tous les jours qu’un personnage de Victor Hugo s’incarnait dans le monde réel…

Pour une professionnelle de la communication, c'était raté. Et un peu gênant, mais Anya était bien trop fière pour l'avouer ou se laisser démonter. Elle se contenta d'un sourire qui se transforma en rire, espérant passer pour nonchalante. Les malentendus n'étaient pas si rares après tout, pas vrai ? Teresa, en tout cas, avait la délicatesse d'insinuer que c'était de sa faute. Que ce soit effectivement le cas ou pas, c'était arrangeant pour l'orgueil de la jeune femme.
- Oui, sans doute... approuva-t-elle, songeuse maintenant qu'elle envisageait cette possibilité. Ils ne sont pas aussi pauvres que la Russie dont je me souviens, à ce que j'ai entendu dire, reprit la rouquine avec plus d'aplomb. Eux aussi ont eu leurs Romanov et leurs histoires sanglantes alors je suppose que vous avez raison, conclut finalement Anastasia en chassant cette pensée aussi rapidement qu'elle l'avait eue.
Anya avait été troublée de se découvrir une autre elle, un miroir déformant de sa vie où les choses finissaient sans un Dimitri et sans une Abigaëlle. Elle préférait ignorait qu'une autre avait pu porter son nom et son prénom, non pas pour préserver l'orgueil de se croire unique - pour une fois - mais pour ne pas repenser aux bribes de souvenirs effrayants qui lui revenaient avec les années. La jeune femme était loin de se rappeler de toute son enfance. Mais elle se rappelait Raspoutine, sa malédiction, la fin des siens... Peut-être souffrait-elle inconsciemment du syndrome du survivant. En tout cas, elle regrettait presque d'avoir mentionné cette coïncidence, comme si elle avait voulu faire son intéressante et prouver qu'elle savait des choses afin de mieux chasser le malentendu d'avant. Au final, le résultat était pu satisfaisant.
La rouquine plongea donc son nez dans sa tasse, désireuse de se faire oublier. En fin de compte, elle était soulagée de voir apparaître Maître Pierre Gringoire. Sa personnalité haut en couleur aurait le don de détourner la conversation loin des Romanov et de ce lourd passé. Et puis, quoique Dimitri puisse en dire, il était de bonne compagnie. Anastasia accompagna l'accord de Teresa d'un hochement de tête approbatif et cessa de se terrer derrière sa tasse.
Gringoire, naturellement, ne prit pas la peine de se demander ce qui se passait autour de ce thé. Il était bien trop content de rencontrer des amies et qu'elles leur fassent l'honneur de leur compagnie pour chercher davantage - alors même qu'il aurait eu les capacités intellectuelles d'analyser la situation !
Pierre Gringoire était certes d'un autre monde mais il était lettré. Il connaissait les mathématiques, le latin et le grec et Hugo avait cru judicieux de lui enseigner l'anglais d'un trait de plume lors de leur retour à Storybrooke. Il avait, en fin de compte, un simple retard de six siècles à combler.
- Ma foi, fort bien, répondit-il à Teresa. Mademoiselle Anastasia m'est d'une aide précieuse, ajouta-t-il avec un sourire entendu en sa direction. Et mademoiselle Abigaëlle est autant charmante que sa maman, déclara-t-il encore en lui caressant la joue.
Il ne mentionna naturellement pas Dimitri avec qui le courant ne passait pas réellement. Avisant cependant les gâteaux, il reprit, à regrets :
- Pas de chocolat, apparemment. Connaissiez vous ce délice qu'est le chocolat ? C'est... onirique. L'une des meilleures inventions de votre époque ! Mais je dois dire, dit-il plus bas, que d'autres aspects en sont terrifiants. Je ne puis me résoudre à utiliser un aspirateur.
Anya pouffa avant de lui adresser une moue contrite. Gringoire ne s'en formalisa pas, se contentant de boire une grande gorgée du vin chaud que l'aubergiste lui avait rapporté, non sans un air ahuri avant de repartir aussitôt.
- Au moins certaines choses ne changent pas, commenta Pierre Gringoire, sa tasse encore suspendue dans les airs. Et vous, Dame Teresa ? M'avez vous pardonné de vous avoir oublié dans cette cachette que nous avions trouvée alors ? J'ose espérer que ma maladresse ne vous aura pas fait tomber malade ! Quoique les apothicaires de votre monde soient plus compétents que ceux du mien, je m'en voudrais de causer du tort à une bonne amie.

Le thé de Noël

Teresa avait craint un instant d’avoir donné de faux espoirs à Anastasia en lui parlant d’aller en Russie pour visiter le pays. La gouvernante ne parlait que de la Russie du monde réel tandis que sa jeune amie avait cru qu’elle parlait de son monde à elle. Aussi, très rapidement, la quinquagénaire s’excusa et remit les choses au clair. Elle ne voulait pas que sa jeune amie n’ait de faux espoir et soit par la suite déçue à cause de ce qu’elle avait bien pu lui dire…

Finalement, le petit trio fut rejoint par Maître Gringoire, qui savait décidément bien travailler ses entrées ! L’homme au comptoir avait pris en compte la demande du poète, mais il avait toujours un air hagard sur le visage et cela pouvait se comprendre. Ce parisien des temps anciens n’avait pas encore commencé à utiliser le langage moderne et cela étonnait toujours ses interlocuteurs…

- Oui très cher, je connais le chocolat, depuis de nombreuses années à présent. Répondit Teresa avec un sourire amusé. Et je suis parfaitement d’accord avec vous, c’est une merveille… L’avez-vous déjà goûté sous sa forme liquide ? Demanda-t-elle alors.

L’aubergiste arriva sur ces entrefaits et donna sa boisson à Gringoire en lui lançant un regard ahuri avant de repartir bien vite.

- Ne vous en faites donc pas pour ça mon ami… Si vous ne l’aviez pas fait, sans doute que nous n’aurions jamais pu réunir votre femme et sa mère… Dit-elle en secouant la tête. Il n’y a donc aucun mal… Ah mon cher Gringoire, je crois que nous allons devoir travailler votre langage… Décréta-t-elle soudain en souriant. Non que celui-ci ne soit pas poli ou courtois… Mais malheureusement, c’est désuet mon ami. Ici, ceux que vous appelez des apothicaires ont un nom bien différent… Et nous avons réellement des apothicaires… La tâche me semble intéressante… Ajouta-t-elle, songeuse. Me permettrez-vous de m’en occuper Anastasia ? Demanda-t-elle à sa jeune amie.

Après tout, c’était elle qui s’était occupée de Gringoire depuis qu’il avait débarqué dans ce monde… Aussi Teresa comprendrait parfaitement si la jeune rousse refusait de laisser à une autre la tâche d’instruire le poète sur le monde actuel…

- Du chocolat liquide ? tiqua Gringoire, abasourdi.
L'instant d'après, le poète ouvrait de grands yeux ahuris, ronds comme des billes.
- Ca existe ? Anastasia... ! Comment avez-vous pu me le cacher ? Du chocolat liquide, répéta-t-il dans la barde qu'il n'avait pas. Ce concept m'a l'air fantastique, déclara-t-il finalement.
Quant à Anya, elle le fixait, ahurie elle aussi mais pour d'autres raisons. En fait, elle aurait peut-être dû faire une liste de tout ce que Gringoire connaissait, comprenait et maîtrisait déjà. Cela aurait évité ce type de situation. Comme si elle-même pouvait penser à tout tout le temps ! Sa bouche murmura un désolé contrit. Elle ne voyait pas quoi dire de plus, de toute façon, d'autant plus qu'elle ne buvait pas de chocolat chaud, ne jurant que par le thé sucré et sans nuage de lait.
Petite, on le lui avait fait découvrir avec un nuage de lait, ce qui consistait encore, à ses yeux, la pire des abominations. Il avait fallu bien des années avant qu'Anastasia ne boive du thé à nouveau, sans lait, cette fois, la réconciliant avec les boissons chaudes.
Les mains de la jeune femme, justement, ne quittaient pas la tasse chaude et fumante. Ses yeux se posèrent bientôt sur le vin chaud demandé par Gringoire et dont il s'empressa de boire une grande gorgée suivie d'une grimace. Apparemment, cette version ne correspondait pas à celle dont il avait l'habitude...
Gringoire n'en continua pas moins de boire, écoutant Teresa, tout en fourrageant dans ses poches pour déposer des pièces sur la table. Anastasia l'écoutait aussi, revivant leurs aventures par la bouche de Teresa, d'un air songeur, peinant parfois à croire que tout ceci était vraiment réel. Une fois n'est pas coutume, Anya était passive. Elle observait Teresa qui était bien heureuse de proposer son aide à Gringoire et qui semblait pouvoir le faire dans un vocabulaire qu'il comprenait.
L'intéressé semblait ravi de susciter l'intérêt et le pardon de Teresa. Ses traits s'étaient détendus en un franc sourire. Il tourna ensuite sa tête encadrée de longs cheveux bouclés vers Anastasia, comme suspendu à ses lèvres. Ca, c'était un peu gênant.
- Oui... bien sûr ! faites ! Vous êtes on ne peut plus qualifiée, il me semble.
Non pas qu'Anastasia ne le soit pas. Ses études littéraires dans ce monde-ci confirmaient qu'elle en aurait été totalement capable. Pour preuve, elle n'avait aucun mal à comprendre Gringoire quand i s'adressait à elle et s'amusait des regards interloqués des gens quand le poète ouvrait la bouche.
On avait d'ailleurs déjà suscité l'aide d'Anastasia pour des cours de langue mais elle préféra ne pas mentionner Céleste qui ressemblait trop à la Esméralda que Gringoire avait connu. Cette situation était trop étrange, même pour Storybrooke.
- Quelle excellente nouvelle ! s'écria Gringoire sans maîtriser le volume de sa voix. Vous serez alors mon nouveau professeur ! Vous aurez tôt fait de vous apercevoir que je suis un élève consciencieux, pour ne pas dire brillant. C'est l'archidiacre Dom Claude Frollo qui avait fait mon éducation, m'enseignant les sciences, le grec et le latin. Et vous, qu'allez vous m'enseigner, chère et bonne amie ? Etiez-vous aussi professeur dans votre autre vie ?

Le thé de Noël

Elle avait peut-être fait une bourde en parlant du chocolat liquide à Gringoire… Parce que le poète s’était excité à ce propos-là, exigeant même des explications à Anastasia qui ne lui en avait pas parlé apparemment. La gouvernante pouvait comprendre qu’en parler ne servait à rien : il fallait faire goûter la boisson… Mais peut-être que la jeune femme n’aimait pas cela ? Et par conséquent, elle n’en aurait pas eu sous la main pour le faire goûter à Gringoire… Heureusement, ils étaient dans un salon de thé. Et vu la tête que fit le poète en buvant son vin chaud, il n’était pas certain que cela soit aux goûts du jeune homme… Alors pour éviter qu’il ne s’en prenne encore à la rouquine, Teresa commanda discrètement une tasse de chocolat chaud à un serveur qui passait.

Entre temps, ils discutèrent et la gouvernante en vint à sourire. Le poète parlait encore à la mode du roman dont il était issu et il fallait avouer que cela avait de quoi être difficile à comprendre et déroutant pour les gens qui vivaient à Storybrooke. Aussi Teresa proposa-t-elle à Anastasia de s’occuper de cette partie de l’éducation de Gringoire, si bien évidemment elle était d’accord. Le poète était le protégé de la russe et la quinquagénaire ne voulait pas s’imposer. Heureusement, la jeune femme accepta ce qui détendit Teresa.

- Nous le sommes tout autant… Répondit-elle avec un sourire avant de se tourner vers Gringoire. Le monde moderne mon cher… Et le langage associé… Si j’apprécie vos conversations et que notre jeune amie également, je peux vous assurer que certaines personnes ici ne vous comprendront pas forcément… Vous avez un langage qu’ils qualifieront d’ancien… Quoi qu’il en soit, nous allons avoir bon nombre de choses à voir… Expliqua-t-elle avant de rire légèrement. Je n’en ai aucune idée mon cher… Ah ! S’exclama-t-elle en voyant le serveur arriver avec le chocolat chaud. Puisque vous n’avez pas encore goûté à cette merveille, c’est l’occasion… Faites attention, c’est très chaud. Goûtez et si vous le souhaitez, rajoutez du sucre… Conseilla-t-elle à Gringoire. Vous n’aimez pas le chocolat chaud Anastasia, je me trompe ? Demanda-t-elle à sa jeune amie tandis que le poète était occupé avec la tasse.

En tout cas, c’était une après-midi comme elle les aimait : un thé ou un chocolat chaud pour ceux qui le souhaitaient, des petits gâteaux et une compagnie très charmante. Dans ces moments-là, Teresa ne regrettait pas d’avoir été transportée à Storybrooke…

Anastasia s'était effacée. Teresa semblait avoir pris les choses en main et elle aurait été de trop à ce moment-là. Aussi la rouquine s'était elle plutôt intéressée à Abigaëlle pendant que Teresa alimentait la conversation d'un Gringoire ravi. Elle l'avait vue s'adresser à une serveuse et avait souri, se doutant vaguement de l'idée qu'elle avait derrière la tête.
Teresa devait être géniale avec les enfants. Son petit-fils, notamment. Bien sûr, Gringoire n'avait rien d'un enfant. Il avait 25 ans et en aurait 26 au cours de l'année. Mais il découvrait ce nouveau monde avait les yeux et l'innocence d'un enfant. Comme Abigaëlle, en fin de compte. Et il avait besoin d'une nounou, en quelque sorte. D'une institutrice, en tout cas. Ou de deux, peut-être.
La serveuse finit par apporter la tasse de chocolat que Teresa avait commandé et qu'elle tendit à Gringoire.
Fasciné, ce dernier repoussa son verre de vin chaud, observant avec délice le liquide marron et fumant. Du chocolat. Liquide. C'était merveilleux. Mais dangereux aussi, apparemment. Le poète nota bien le conseil de Teresa : ne pas boire trop vite, c'était chaud. Alors le jeune homme ne trempa que le bout de ses lèvres dans le breuvage. Aussitôt, son visage s'illumina de plaisir. Il prit alors une gorgée plus longue et se brûla la langue.
Il reposa sa tasse un peu vivement, échaudé par cette expérience.
- En effet, je n'aime pas ça, répondit Anastasia à l'attention de Teresa. Mais je vois que notre ami Gringoire n'est pas du même avis, poursuivit-elle avec un sourire amusé.
- Je ne parviens pas à croire que vous puissiez ne pas apprécier ce breuvage magique à sa juste valeur ! s'écria Gringoire, ayant retrouvé l'usage de sa langue bien pendue malgré la brûlure. Anastasia, vous êtes une femme de goût, de ce que j'ai pu apprendre de vous au cours de ces quelques mois ! Je...
Gringoire s'arrêta, incertain de ce qu'il éprouvait.
- Je reste coït devant cette révélation, déclara-t-il finalement.
Anya ne put s'empêcher de pouffer. C'était plus fort qu'elle. Décidément, Gringoire avait le chic pour prendre à cœur de menus détails.
- C'est le moment de vous apprendre une expression toute faite de chez nous, déclara la jeune femme. Tous les goûts sont dans la nature. Je suis ravie que vous ayez découvert une nouvelle chose que vous aimez. Si vous désirez un peu de thé, je n'ai pas encore fini ma tasse, ajouta la rouquine, un sourire mesquin sur les lèvres, en approchant son mug du poète.
- Non merci, déclina l'intéressé, une moue de dégoût sur le visage.
- C'est ce que j'appelle une démonstration en bonne et due forme, commenta simplement la jeune femme. Vous saurez quoi faire si d'aventure Gringoire vient vous rendre visite au château, ajouta-t-elle en direction de Teresa.
- Un château ?! releva Gringoire, surpris. Se pourrait-il... dame Teresa, seriez vous également une royale personne ? Car figurez-vous qu'Anastasia, en dépit de son mépris pour le chocolat liquide, est fille de tsar ! Un césar russe ! N'est-ce pas ... incroyable ?

Le thé de Noël

Apprenant que Gringoire n’avait pas encore eu l’occasion de goûter au chocolat chaud, Teresa en commanda pour lui, se disant que c’était l’occasion sans qu’Anastasia ne soit obligée de passer par un moment où elle se forcerait pour une dégustation de chocolat chaud. C’était plus simple de le faire dès à présent et d’éviter à sa jeune amie de se forcer à boire quelque chose qu’elle semblait ne pas apprécier.

Comprenant parfaitement que le chocolat puisse être parfois amer ou écœurant et que ce n’était pas une boisson que tout le monde aimait particulièrement, Teresa ne fit aucun commentaire et regarda plutôt Gringoire qui semblait se régaler. Au moins, il y avait un homme très heureux à leur table ! Et c’était si facile… Un simple chocolat chaud et le voilà qui frisait l’extase…

- Je vous remercie pour le bon conseil. Répondit la gouvernante alors qu’Anastasia et le poète finissaient de se chamailler. Mais je suis persuadée que notre ami n’aurait pas besoin de cette menace pour se comporter normalement… Sourit-elle avant d’éclater de rire. Non mon bon Gringoire ! Dit-elle en riant toujours légèrement. Je ne suis point de sang royal… Vous avez à vos côtés une Duchesse russe et une pauvre gouvernante tout ce qu’il y a de plus simple. Expliqua-t-elle. Mais ne vous étonnez pas trop… Dans cette ville, vous allez croiser beaucoup de personnes de la royauté. Le sort qui nous a conduits ici n’a pas fait de distinction de milieu et nous a tous rendus égaux ici. Raconta-t-elle au poète. Vous risquez même de tomber sur des dieux et déesses… Ajouta-t-elle avec un sourire.

Le poète n’était pas prêt de pouvoir se faire à toutes les merveilles de la ville, pas avant un bon et long moment au moins !

A voir Gringoire et sa bonhomie tout semblait tellement simple, tant et si bien qu'Anastasia ne savait pas si elle devait l'envier ou le plaindre de ne pas avoir compris à quel point le monde était cruel et compliqué. La rouquine avait perdu son innocence depuis bien longtemps, après tout. Depuis... presque aussi loin que ses souvenirs remontaient. L'orphelinat n'avait pas été un endroit tendre. La camarade Tuberkulov s'était empressée de lui faire comprendre qu'elle devait laisser ses rêves de côté et songer à se faire une place dans la société. Finalement, Anya avait quand même goûté à sa part de rêves. Mais elle avait aussi déguster sa dose de cauchemars et complications. Tant mieux si Gringoire avait fait fi de ses tracas médiévaux et pouvait savourer sa vie aussi simplement qu'une tasse de chocolat.
Anastasia chassa cette pensée de son esprit et reprit le fil de la conversation. Teresa la gouvernante. Storybrooke la ville peuplée d'habitants plus impressionnants les uns que les autres. L'arrivée des dieux. Autant de phénomènes qu'Anastasia maîtrisait déjà suffisamment pour se permettre cette petite réflexion mentale. Même si elle n'avait jamais rencontré de dieux jusqu'à présent. Gringoire non plus d'ailleurs.
Il reposa sa tasse brutalement, surpris par tant de révélations.
- La Duchesse... commença Gringoire.
- Anya, corrigea machinalement l'intéressée, peu perturbée par sa petite impolitesse. Moi c'est Anya. Anastasia si vous y tenez. Vous vous rappelez ? demanda-t-elle plus doucement.
Il allait bien finir par s'y faire, non ?
- Mademoiselle Anastasia, reprit le poète, appliqué, m'a déjà renseigné sur la particularité des habitants de cette ville. J'ai même eu le loisir de lire certains contes et je dois avouer que ces histoires sont tout bonnement fascinantes. Je suis néanmoins surpris d'apprendre que des divinités ont choisi de se mêler à nous pauvres mortels pécheurs, nuança Gringoire. Cette ville n'aura de cesse de me surprendre, donc ! Et de stimuler mon imagination. Vous n'êtes pas sans savoir que je suis poète...
Anastasia roula des yeux, amusée, cependant. Sa poésie, elle ne la connaissait que trop bien. Gringoire était peut-être benêt mais il avait également un ego développé. Aussi se croyait-il l'égal de Villon ou Baudelaire, qu'il avait récemment emprunté à Anastasia. Pièces, mystères, poèmes... Gringoire écrivait toutes les nuits, travaillant de jour dieu seul sait où pour payer son logement. C'était bon de savoir que quelqu'un avait eu le courage - ou la bonne volonté - de l'employer.
- Mais ce sont deux choses différentes que d'écrire une ode à la gloire d'Apollon et de le savoir citoyen de votre ville, n'est-ce pas ? Savez-vous si Apollon est en ville, à ce propos ? demanda-t-il après un moment.
Anya échangea un regard avec Teresa.
- Je n'ai jamais rencontré aucune divinité, je ne saurais dire, commenta-t-elle simplement. Mais vous avez le temps de le découvrir.

Code:

On fait quoi ? On clot le rp ? On fait une ellipse pour sa première leçon avec Teresa ?

Le thé de Noël

Teresa avait eu un petit sourire quand, après avoir révélé qu’Anastasia n’était autre que la Grande Duchesse de Russie, Gringoire s’était arrêté dans sa dégustation du chocolat pour regarder la russe, légèrement choqué. Oui, cela devait être assez perturbant pour un poète du Moyen-Âge d’être en face d’une noble russe… Ceci dit, les remarques de Gringoire sur les dieux étaient plus que pertinentes. Et comme Anastasia, la gouvernante ne pouvait pas se targuer d’avoir eu le privilège d’être en compagnie de ces créatures…

- Je n’en ai pas côtoyé non plus… Mais on raconte plusieurs choses sur eux. Notamment que déjà, ils ne sont que 12 et pas plus, et ensuite que Zeus a été tué par l’un d’entre eux et que depuis, le poste de Roi de l’Olympe est soumis aux votes. Je ne sais ce qui est la vérité ou ce qui ne l’est pas… Déclara-t-elle en haussant les épaules. Mais il est certain qu’ils sont parmi nous, dans la ville. Cela ne peut pas être nié, il s’est passé trop de choses…

Teresa avait beau avoir été une simple théière dans la boutique du Ténébreux, il n’en restait pas moins qu’elle s’était tenue très informée de tout ce qu’elle avait loupé dans ce monde. Les ragôts et les cancans n’étant pas ses sources d’informations favorites, la gouvernante ne pouvait pas être certaine de cette histoire de meurtre de Zeus ou de vote pour le titre de Roi des Dieux. Mais tout le reste était avéré cela dit… Ils étaient bien présents.

Une discrète sonnerie se fit entendre et Teresa sursauta, elle qui s’était plongée dans ses pensées avait été surprise de cette sonnerie, alors même qu’il s’agissait de la sienne. En effet, pour éviter de finir dans les rues de la ville sous sa forme d’objet, la gouvernante avait investi dans un téléphone portable qu’elle n’utilisait guère. Mais c’était très pratique pour les alarmes. Et la seule qu’elle avait programmé, c’était pour avoir le temps de finir ses emplettes et repartir au Château avant la tombée de la nuit, qui arrivait très tôt en décembre.

- Je suis navrée, mais je vais devoir vous quitter. Il me reste un achat à faire et il faut absolument que je rentre vite chez moi ensuite. La nuit ne va pas tarder. Dit-elle en guise d’explication. Teresa savait qu’ils n’en auraient pas besoin de plus. Venez dans une semaine ou deux, après les festivités si vous avez le temps, pour que nous commencions ces leçons. Proposa-t-elle. Vous êtes également la bienvenue Anastasia. Ajouta-t-elle avec un sourire.

Puis Teresa salua le duo et alla payer les commandes de tout le monde avant de s’engouffrer dans la foule du centre commerciale. Cela avait été une bonne journée pour elle et la gouvernante était ravie d’avoir revu Anastasia et le poète !