Je m’étais rendue à l’observatoire dans un but bien précis : observer la lune avec le plus puissant télescope dont ils disposaient. Bien évidemment, je n’avais prévenu personne. J’entendais bien être satisfaite rapidement par l’équipe qui gérait l’endroit sans quoi… Et bien ma foi, ils allaient redécouvrir leurs peurs les plus profondes. Je m’en faisais déjà une joie à dire vrai…

Personne à l’accueil. Ce fut la première chose que je constatais. Eh bien ! Le service n’était pas des plus parfaits à ce qu’il semblait… Déjà agacée, je déambulais dans les couloirs, me dirigeant en sentant la présence de personnes dans une pièce au loin. J’avais bien fait de suivre mon don… Parce que j’étais arrivée dans l’endroit que je voulais. Des gens s’y activaient d’ailleurs, ce qui était parfait, ainsi on allait pouvoir accéder rapidement à ma demande.

- Je veux utiliser votre télescope. Dis-je avec autorité à l’homme blond qui s’était approché en me voyant.

Il était hors de question que l’on m’adresse un refus… Alors j’observais l’homme en posant sur lui un regard aussi noir que le permettaient les reflets dorés de mes yeux.

Oh qu’il était mignon. Il croyait sincèrement que sa pathétique tentative d’autorité allait m’arrêter ? Si j’avais été l’une de ses filles niaises, j’aurais sûrement dit qu’il était vraiment chou. Mais ça n’était pas le cas… J’estimais que cet homme était juste un imbécile qui ne comprenait pas qu’il était dans son intérêt de faire ce que je lui ordonnais rapidement. Pourquoi fallait-il toujours que les gens discutent mes ordres ? Sans doute qu’ils n’avaient pas assez peur… J’allais devoir corriger cela, mais après m’être occupée de cet homme.

- Il n’y a personne aujourd’hui. Donc je veux utiliser votre télescope. Pour au moins une heure. Ensuite, je vous laisse tranquille. Promis-je. Vous me laissez l’accès maintenant ?

J’étais à peu près certaine qu’il allait continuer à m’empêcher de faire ce que je voulais. Mais cela ne faisait rien, j’étais prête à utiliser mes pouvoirs. Puisqu’il m’emmerdait, je n’allais pas faire dans la dentelle. Dans cette ville, la peur majoritaire, c’était que l’on ne puisse pas retrouver sa famille. Cet homme n’échappait pas à la règle, je le sentais. Cela allait être tellement facile de le manipuler…

Visiblement, ce singe n’avait pas compris. Je ne demandai aucune permission. J’exigeai, tout simple. Mais cela devait être assez compliqué à comprendre, au vu de ce que me racontait l’homme en face de moi. Fronçant les sourcils, je le toisai du regard. J’étais partagée… Si je n’admettais pas qu’il puisse essayer de me tenir tête, cela m’amusait un peu malgré tout.

- Je ne crois pas non… Répondis-je en le fixant.

Lentement, mes pouvoirs s’étaient mis en action. La jungle, la perte de sa famille… Tout cela lui faisait du mal. Aussi en jouai-je. Je fis remonter ses peurs à la surface, le paralysant de peur alors qu’il tremblait et essayait de comprendre ce qui lui arrivait.

- Quand je veux quelque chose, je l’obtiens. Vous allez me laisser tranquille avec ce télescope ou je me charge de rendre cet observatoire inutilisable. L’avertis-je. Je ne casserais rien… Enfin, rien de matériel. Précisai-je avec un sourire en coin.

Je savais que je pouvais être intimidante. Mes yeux, rendus dorés à cause de l’utilisation de mon pouvoir, effrayaient souvent les gens. Cet homme allait apprendre à qui il avait affaire. Pauvre petit !

Un sourire éclatant se dessina sur mes lèvres. Mes pouvoirs avaient encore fait pas mal de dégâts, me permettant ainsi d’obtenir ce que je voulais. Le télescope était à moi. Quant au directeur de l’endroit, il me demanda de venir le voir une fois que j’en aurais fini. Bonne joueuse, j’hochais la tête en signe d’accord. Après tout, cela ne me coûterait rien de passer le voir une fois que j’aurais terminé ce que j’avais à faire.

Puis il me laissa et je me dirigeais vers le télescope. Cela n’aurait pas dû être aussi simple de l’utiliser. Du moins était-ce que j’avais cru. Mais j’arrivais plus ou moins à orienter le télescope sur la lune. Mon objectif était celui-là après tout. L’homme de la lune avait été un ennemi dans le monde des contes et aujourd’hui, je me retrouvais avec la déesse de la lune comme belle-mère. Autant dire que je n’appréciais pas cet astre. Mais j’espérais trouver quelque chose dont je pourrais me servir contre l’homme de la lune ou Diane.

Ceci dit, j’avais beau chercher, scruter l’astre avec l’objectif puissant, rien à faire. Il n’y avait rien à part des cratères. Bordel ! C’était quoi le lien de Diane avec la lune alors ? Je cherchais un lien concret mais il n’y avait rien… Quant à l’homme de la lune, il brillait par son absence lui aussi… Je fis un dernier tour de vérification mais cela ne m’apporta rien de plus… Dégoûtée, je m’arrachais à l’engin. Cela ne me convenait pas, je n’aimais pas voir échouer mes idées. Soupirant, je me décidais à bouger. Dans le pire des cas, je pourrais toujours embêter le directeur des lieux… Aussi me dirigeai-je vers son bureau.

- Vous m’avez demandé de passer quand j’en aurais fini. C’est fait. Qu’est-ce que vous vouliez ? Demandais-je en croisant les bras.

Je n’avais pas de temps à perdre avec lui, alors il avait intérêt à sentir qu’il devait être clair et concis. Sinon je risquais bien de me déchaîner sur lui…

J’avais utilisé le télescope comme j’en avais eu envie. Même la veine tentative du directeur de l’endroit pour m’empêcher d’agir à ma guise n’avait pas fonctionné. Ceci dit, j’avais été très déçue. Moi qui m’attendais à une révélation vis-à-vis de la lune, j’en fus pour mes frais. Rien. Strictement rien. À croire que l’Homme de la Lune et la déesse lunaire s’étaient planqués. Ou qu’ils n’allaient pas sur la lune aussi souvent que ce j’avais imaginé. Tant pis…

Je me rendis donc vers la sortie, sans oublier d’aller voir le directeur dans son bureau, ainsi qu’il me l’avait demandé. En général, je n’étais pas aussi coopérative. Mais j’étais curieuse de voir ce qu’il me voulait et pour cela, il fallait discuter un peu avec lui. Je me présentais donc et lui demandais ce qu’il me voulait, ne mentionnant pas que j’adorais le voir dégouliner de peur ainsi.

- Pas vraiment non. Dis-je sans brusquerie. Oh mais je compte bien revenir quand l’envie m’en prendra, ne vous en faites pas. Répondis-je avec un sourire en coin. Comme c’est généreux de votre part ! M’exclamai-je. Est-ce une habitude de votre part, ou un traitement spécial à mon intention ? Demandais-je à l’homme sans perdre mon sourire.

Avait-il peur de moi à ce point ? Peut-être… En tout cas, je n’allais pas me priver de ces petites attentions à mon égard. J’appréciais que l’on s’aplatisse ainsi devant moi… J’avais toujours aimé voir les gens faire mes quatre volontés et ce trait de caractère n’était pas prêt de disparaître…