« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
If black is your brightest color If hurt is your only lover When you fight, we fight together I will stand by you
Qu'est qu'il lui arrivait ? Était-ce lié à Phobos ? Ou bien était-ce lié à lui ? Je l'ignorais. Je détestais ne pas savoir, être dans le flou. Cela avait toujours eu une tendance à me porter sur les nerfs, à m'agacer. Actuellement, l'émotion dominante était la colère. Il devait se battre peu importe ce que c'était mais il devait le faire. Sans ça ce serait moi qui m'en chargerait, et je prendrais des mesures drastiques. Tout était clair dans mon esprit et je ne souhaitais pas en arriver là. Ce, n'était pas la même chose que de tenté de le sauver d'un « parasite » qui prenait possession de son corps. Et j'ignorais si notre relation serait toujours la même, si j'en arrivais à une telle extrémité mais qu'importe. Si, je devais me battre contre lui, alors je le ferais. J'étais prête à tout à l'heure actuel. Tout, pour contrer Phobos. Tout pour nous sortir tous, de ce cauchemars. Et surtout, prête à ne pas le laisser gagner. J'avais l'impression qu'il ne nous connaissait pas si bien que cela au final. Nous, ses parents. Même si la raison, pour laquelle il faisait tout ça m'échappait encore. Personne ici, ne le connaissait réellement. Et, je ne voyais absolument pas ce que ça lui apportait de nous faire vivre tout ça.
Plus j'y repensais, et plus je me demandais, si nous avions réellement à un moment pénétré dans mon temple. Peut-être était-ce quand nous étions dans la partie principale. Il avait ouvert le passage, peut-être était-ce à ce moment là que l'illusion avait commencé. Il, y avait un ascenseur. Depuis quand les temples possèdent-ils des ascenseurs ? Je, n'étais pas certaine que cela existe à l'époque où Gaïa avait planifié tout ça. Ni même, que ce soit dût à un sens de l'humour particulièrement douteux. Pour moi, tout cela était lié à une seule et unique personne : Phobos.
Et cette statue, celle que Pitch avait touché dans le temple, qui représentait une silhouette féminine. Qui était-elle ? Que représentait-elle ? Tellement, de questions, et aucune réponse clair. Je n'avais pas assez de temps, pour tout peser, il fallait agir, vite. Même si je me demandais si ça n'avait pas été le début du piège pour nous tous. Pourquoi une statue de femme, souhaitait-il nous faire passer un message ? N'était-ce qu'un leur pour nous attirer dans son piège. Il, se croyait très fort, il se comportait comme un chat, jouant avec une souris, comme une araignée attendant patiemment, que sa proie vienne se prendre dans sa toile. Mais, il était temps de lui prouver qu'il ne pouvait pas tout contrôler.
Il fallait partir, sortir s'en aller, ou que sais-je d'autres. C'était ma pensée fixe à l'heure actuel. J'avais relégué ma colère au second plan. J'étais décidé, j'allais me battre. Jusqu'au bout s'il le faudrait, mais je me battrais. Qu'importe à quel point la haine de notre fils pouvait être destructrice envers nous. J'étais né en guerrière, et j'avais toujours dit que je finirais ma vie en tant que tel. Prenant une grande inspiration, pour me calmer. Je décidais de sortir de la chambre, Pitch sur mes talons une fois, que je lui ai fait part de la suite des événements. De toute façon, je n'avais jamais réellement eu l'intention de dormir ici. Impossible de dormir, lorsque je n'étais pas travaillée à l'idée qu'une horreur soit commise pendant que je m'accordais ce temps de repos.
Je pu ainsi constater qu'Ellie, Sab, Lily, Anatole et Apple étaient sorties...Mais pas Elsa ni Athéna. Je n'aimais pas, cette idée. Ça ne sentait vraiment pas bon cette histoire. J'avais foi en ma sœur, elle était forte. Mais, au fond l'angoisse me tenaillait. Cette fichu angoisse, toujours présente, toujours tapis au fond de moi. Je, ne voulais pas qu'elle disparaisse, je ne voulais plus voir qui que ce soit disparaître. Qu'importe nos différents du passé, et qu'importe, qu'elle devienne la nouvelle tante favorite en titre d'Elliot. Il était grand temps pour moi, d'affronter mes peurs une bonne fois pour toute. Il, était temps de lâcher prise, et d'accepter le fait que je ne puisse pas toujours tout contrôler. D'arrêter d'avoir peur, qu'Apollon me soit arraché d'une manière ou d'une autre. D'arrêter de craindre que ma famille vole en éclat. Et enfin d'arrêter de me laisser terroriser par l'idée qu'un jour les gens que j'aimais me remplacerait. Parce que je ne voulais plus voir personne disparaître. Parce qu'Athéna cherchait à s'intégrer parmi nous, et que je souhaitais l'aider et non la rejeter comme par le passé. Parce que je voulais poser de nouvelles bases avec elle, comme avec tout le monde. Et tout, comme il allait falloir que j'apprenne à lâcher prise concernant Apollon.
- Est-ce que tout le monde va bien ? Demandais-je
Ils avaient l'air secoué, j'ignorais ce qui leur était arrivé, je ne pouvais pas faire disparaître ce qu'ils avaient vus. Mais, je pouvais rien que le temps d'un instant, reléguer, leurs craintes, au second plan. J'avais ce pouvoir, je pouvais apaiser les gens grâce à mon empathie. Je le faisais très rarement à « grande échelle » car cela demandait malgré tout, un léger sacrifice en énergie. Mais qu'importe, l'heure n'était pas à me regarder le nombril en cherchant à tout prix à économiser mes forces. L'heure était venus de se comporter en chef d'expédition, en second du maître d'Olympe. Je devais me montrer forte. Alors fermant les yeux je laissais le don d'apaisement lié à l'empathie toucher toutes les personnes présentes. Avant des les rouvrir :
- Athéna et Elsa ne sont pas sorties, je n'aime pas ça il faut entrer dans leur chambre. Je passe la première. Oh et Apple dis-je me tournant vers elle je ne t'en veux absolument pas d'accord ?
Sans plus de cérémonie, j'ouvris la porte, mais ce n'est ni Athéna et encore moins Elsa qui se trouvaient devant moi. Non à la place, il y avait une affreuse créature qui semblait faite de sable noir. Le sang, battis mes tempes. Mais, ce n'était pas de la peur que je ressentais. Non, c'était de l'excitation. L'excitation de la chasse. D'un geste habile, je fit apparaître mon arc d'argent dans ma main droite, tandis-que mon carquois remplit de flèche faisait de même dans mon dos. D'un geste, qui parraitrait sans doute bien trop rapide, pour un mortel lambda, j’attrapais l'une de mes flèches dans mon dos et la tirait droit sur la créature, mais rien. C'était comme s'il l'avait « mangé » ou « absorbé ». En revanche, cette dernière fonça droit sur moi, me projetant à terre :
- Je vais bien ! Dis-je en me relevant. Il semblerait que mes flèches n'aient absolument aucun effet sur lui. Pitch, est-ce que tu pense que tu peux faire quelque chose ? Ton sable noir, contre ce sable noir ? Je veux voir s'il est hermétique à toutes les attaques
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Eloise A. St-James
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Partager une chambre avec Elsa n'était pas quelque chose qui gênait la déesse. Au contraire, pouvoir discuter un peu avec cette déesse magique qu'elle ne connaissait que peu était quelque chose qu'elle appréciait. De plus, il y avait un sacré travail à faire pour qu'Elsa prenne plus confiance en elle et puisse ainsi parvenir à maîtriser ses pouvoirs. Au fond, Athéna regrettait amèrement que personne n'ait mis en place une espèce de programme pour aider les déesses magiques, qui débarquaient dans le monde du divin et qui n'avaient pas toujours des pouvoirs à la base... Peut-être que si elle avait été plus entourée rapidement et s'être entraînée avec les dieux, la Reine des Neiges aurait eu moins peur de blesser quelqu'un... Mais on ne pouvait pas changer le passé... Néanmoins, la brune gardait l'idée en tête et tâcherait de la présenter à son frère et sa sœur, se proposerait même pour les aider, comme elle avait tenté d'aider les Cavaliers quand Arès avait mis en place leur entraînement.
- Tu n'es pas un monstre... Mais le fait d'être une déesse magique ne te définit pas non plus. Répondit-elle gentiment. Tu es avant tout une personne spéciale, qui a un don que les autres n'ont pas et ne comprennent pas toujours... Tu n'as pas besoin de choisir autre chose que cette définition là... La confiance Elsa. Dit-elle simplement. C'est cela qui te manque. La confiance en toi... Pendant longtemps, tu as appris à craindre tes pouvoirs et personne n'a vraiment tenté de t'aider à les maîtriser, juste à les cacher... Enfin, d'après ce que j'ai compris, vu que je ne connais pas très bien ton histoire.
Mais il était bien facile pour quelqu'un d'un peu observateur de voir cette crainte dans les yeux de la blonde. Celle d'utiliser ses pouvoirs et de faire du mal alors qu'elle voulait faire du bien. Celle de ne pas savoir tout maîtriser comme elle le voulait... Tout partant de cela aux yeux de la déesse. C'était tellement compréhensible en même temps ! D'après ce qu'Athéna savait, Elsa avait vécu en cachant sa magie, en craignant qu'elle ne fasse du mal... Et ce, depuis sa plus tendre enfance. Alors forcément, il était compliqué de passer outre cette peur... Compliqué, mais pas impossible et la guerrière avait déjà des idées pour aider toutes les déesses magiques à contrôler pleinement leurs pouvoirs.
Alors qu'Athéna discutait avec la jeune femme, son regard fut attiré par le miroir. Du sable noir se formait autour de la silhouette de la blonde puis prit une forme bien plus terrifiante. Du sable dans le miroir, ça aurait certainement été gérable... Mais là, le sable en était sorti et avait pris la forme d'un monstre de sable noir. À juste titre, Elsa, bien que paniquée, fit remarquer que si elles faisaient le moindre bruit, les autres débarqueraient et risquaient de se faire blesser ou pire... Alors en hochant la tête pour dire qu'elle était d'accord avec ça, la déesse prit ses épées, accrochées dans le dos jusque-là, et fit plusieurs mouvements. Mais rien ne se passa, le sable étant trop volatile pour qu'un quelconque dégât soit causé...
Soudainement, la porte s'ouvrit et une flèche tenta de se ficher dans le monstre. Mais le projectile repartit vers son propriétaire alors que le monstre se libérait de la chambre. Ce fut avec un soulagement certain bien que surprenant qu'Athéna remarqua que c'était sa sœur, bien en vie, qui avait balancé sa flèche. Et alors que le bidule se dirigeait vers le reste du groupe qui n'avait pas bougé, la déesse eut une idée.
- Reculez-vous autant que possible de lui... Cria-t-elle à tout le monde.
Puis elle fit apparaître un lance-flammes. À force, elle allait finir par en acheter un pour l'ajouter à sa collection... Mais entre Meter et ici, c'était sacrément utile. Se positionnant de façon à ne toucher que le monstre, Athéna activa son arme et les flammes partirent. Il lui fallut un certain temps, pour que la chaleur soit vraiment insoutenable pour le monstre, pour voir les particules de sable blanchirent. Et puis enfin, le résultat qu'elle voulait apparut : elle était face à une boule de verre et non plus de sable. D'un coup de pied circulaire, la brune brisa le verre.
- Toujours avoir un lance-flammes sur soi. Lança-t-elle en caressant affectueusement son jouet.
Mais la récréation fut de courte durée. Du sable noir commença à s'écouler des murs et Athéna n'avait franchement pas envie de se voir ensevelie sous une dune de sable. Ça allait partout ces trucs-là et c'était véritablement chiant à enlever, même sous la douche... La brune chercha une sortie du regard et aperçut un ascenseur. Encore. Tout en soupirant intérieurement, elle guida tout le monde vers la machine et ils entrèrent tous dedans rapidement.
- Pas très imaginatif le neveu... Grommela-t-elle.
Quand les portes se ré-ouvrirent, ils étaient de nouveau dans le Selfridge's. Les vendeurs et la vingtaine de clients présents leur sourirent, sans rien dire. Au loin, Athéna vit une forme bouger, une espèce d'ombre... Ça sentait encore le piège tout ça. Ou alors c'était Bobos qui voulait jouer à cache-cache, comme le gosse qu'il était.
Elsa White
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'CAUSE WHEN WE'RE TOGETHER, I COULD STAY FOREVER.
| Conte : La Reine des Neiges | Dans le monde des contes, je suis : : Le glaçon ambulant
Nous étions de retour dans le grand magasin. J'aurai aimé être ravie de retrouver ce lieu qui m'avait fait un tel effet, mais c'était plus de la crainte que je ressentais. La crainte de savoir ce que l'on nous préparait de nouveau. Les pièges changeaient, devenaient plus dangereux. Nous retournions sur nos pas, mais il n'y avait rien de rassurant à tout cela. Ce lieu et les gens qui s'y trouvaient... Ils n'étaient que des illusions. Peut être même étaient-ils comme ce monstre qui nous avait attaqué dans la chambre.
Je restais prêt d'Athéna, plus rassurée par sa présence de guerrière. C'était elle qui avait abattu la créature, elle n'hésiterait sûrement pas à nous défendre de nouveau. Et probablement bientôt. Toutes les personnes présentent nous fixaient en souriant, sans bouger. Elles étaient telles des statuts aux lèvres étirées de manière inquiétante. Des marionnettes dont les fils allaient être tirés d'un moment à un autre.
- Nous devrions quitter les lieux, tenter de voir ce que l'on trouve au-dehors...
J'avais murmuré dans un souffle, les yeux rivés sur les corps figés. Nous entendaient-ils ? Il n'y avait donc absolument rien d'humain en eux ? Ils semblaient toujours si vivants, si aimables... Mais l'ombre qui passait derrière eux rappelait que tout cela n'était pas un amusement. Que ce n'était pas la réalité.
Tout à coup, ils se mirent à avancer. Je sursautais sous la surprise, en pressant une main contre ma poitrine, d'où je pouvais sentir les battements de mon cœur qui s’accéléraient. Mon rythme cardiaque ne baissa pas, alors qu'ils se rapprochaient lentement de nous, un grand sourire illuminant toujours leur visage. C'était effrayant. Ce sourire... Je le trouvais teinté de folie. J'étais déjà prête à lever les mains pour utiliser la glace contre eux. Tout n'était que danger dans ce monde de sable noir. Plein de monstres, et de vendeurs élégants mais menaçants...
- Vous qui vous sentez seul Avec votre sale gueule Y'a une bonne chose à savoir Pour pas être seul le soir
On peut être bête et moche Avoir plein d'trucs qui clochent Y'a plus d'vérités qui fâchent Quand vous achetez une broche, une broche, une broche Quand vous achetez une de nos broches !
Je regardais sans comprendre. Un homme fit un salto arrière, tandis que les femmes secouaient leurs robes en balançant leurs jambes vers l'avant. Ils se mettaient en ligne, pour bouger leur corps en rythme, portaient dans les airs leur cavalière dans une synchronisation parfaite, sans cesser de sourire, tout en chantant. Pourquoi ? Tout simplement... Pourquoi ? Quel était donc l'intérêt de les voir se secouer sur une chanson, bras dessus bras dessous, en claquant des doigts et en sautant dans tout les sens tels de jeunes cabris ? Mes yeux étaient écarquillés, incapable de comprendre réellement ce qu'il se déroulait. Avais-je été aussi ridicule lorsque je chantais « Libérée, délivrée ? » Je me sentais honteuse, tout à coup. Les numéros musicaux n'étaient finalement pas une bonne idée.
- J'ai peur.
Je n'avais pas pu m'empêcher de le dire à voix haute, alors que j'avais agrippé le bras de la personne à côté de moi. J'avais peur de beaucoup de choses. Ce spectacle faisait désormais parti de cette catégorie.
Lentement, je me décalais jusqu'au mur, pour plaquer mon dos contre. Sans cesser de fixer avec une certaine fascination teintée de dégoût les hommes qui se jetaient au sol pour contorsionner le bas de leur corps dans un grand écart probablement douloureux, je me mis à avancer de côté, les mains suivant les reliefs décorés d'or sur la surface, comme pour me rattacher à quelque chose. Je voulais que les autres me suivent. Mais je voulais surtout contourner le groupe dansant pour pouvoir sortir de là.
L'un des hommes s'écarta des autres pour se rapprocher de moi en sautant de manière artistique, un parapluie en main, qu'il faisait tournoyer autour de lui. Je me figeais, bien qu'il est fait de même tout en gardant une certaine distance. Je mis quelques secondes à reconnaître le propriétaire des lieux. Lui aussi était souriant, mais il avait cessé de chanter. Il se contentait de se déhancher de manière outrageuse.
Il lança tout à coup son parapluie vers moi. Il se mit tout à coup à onduler, prenant un aspect sableux, pour se changer... en flèche. Lancée à toute vitesse vers moi. Je tournais la tête en fermant les yeux, mains tendues devant moi, incapable d'affronter du regard le danger arrivant. Ou bien même de simplement bouger. J'étais prête à recevoir le coup, à sentir la douleur m'envahir.
Mais il n'y eu rien. Juste le bruit d'un tintement cristallin au sol. J'ouvris les yeux et baissais la tête, pour voir qu'une flèche gelée était à mes pieds. Je sentie un sourire de soulagement étirer mes lèvres. Avant que mon visage ne se durcisse, alors que je tendais cette fois le bras vers l'homme, qui souriait toujours. Il n'était pas réellement humain. Il avait tenté de me tuer. Mais... n'allait-il pas se changer à son tour en monstruosité si ma glace le touchait ? Et si... il y avait quelque chose de réel, d'humain, en eux ? Je ne pouvais pas risquer de tuer quelqu'un. Pas volontairement du moins. Avant tout, nous devions nous enfuir.
crackle bones
Apolline Méléon
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The DARKEST NIGHTS
produce the BRIGHTEST STARS.
WE ARE DUST AND SHADOWS.
| Conte : Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : La fille du draméléon et de la déesse de l'amûûûr
I'm Radioactive. Une odeur d'encre. Un froissement de pages que l'on tourne. Discret.
Je soulevai les paupières, ouvrant les yeux sur le monde. Il était lumineux. Violent. Les couleurs vives, les sensations, les sons... tout m'agressait. Me happait. Une nouvelle fois, je basculai dans ce chaos délicieusement effrayant. Je me trouvais dans la bibliothèque sans issue.
Quelque chose n'était pas normal. Je venais de prendre conscience de cette réalité. Assise sur une chaise, la tête un peu lourde. Trop de choses à l'intérieur, trop de souvenirs... La main d'Anatole qui caressait mes cheveux pendant que je dormais, la robe de mousseline jaune qui entravait mes mouvements, qui émettait de délicats froissements à chacun de mes mouvements. Tout m'apparaissait comme un rêve, désormais. Cela ne s'était pas vraiment produit, pas vrai ?
Je dodelinai de la tête, papillonnai des cils et regardai de côté pour apercevoir Phobos debout à quelques mètres, plongé dans la lecture d'un ouvrage. Des caractères recouvraient les pages qu'il tournait dans le mauvais sens. A coup sûr, il était fan de mangas et croyait que tous les bouquins se lisaient à l'envers. Le débile...
Je savais qu'il me retenait prisonnière. Seulement maintenant, je compris que jamais je n'avais quitté la bibliothèque depuis qu'il m'avait kidnappée chez Granny. Il avait trouvé le moyen de faire voyager mon esprit, de me matérialiser auprès des autres. Comment faisait-il ? Un sortilège avec le sable noir, sans doute.
Je pris une grande inspiration et articulai d'un ton que je voulais détaché, même si j'avais beaucoup de mal à cacher ma nervosité :
"Pourquoi tu m'as ramenée ?"
"Je n'avais pas remarqué que tu t'étais absentée." répondit-il en levant à peine les yeux vers moi.
"Qu'est-ce que tu attends de moi ? Pourquoi tu fais ça ?" fis-je sans reprendre ma respiration.
J'essayais de ne pas lui montrer à quel point il me terrifiait, mais c'était très difficile. Toujours plongé dans sa lecture, il s'approcha tranquillement de moi. Il s'écoula une dizaine de secondes avant qu'il se s'arrête devant ma chaise et qu'il ne redresse la tête. Son visage ne portait aucune expression particulière, comme s'il se lassait de tout.
"Tu sais ce qui est conté dans ces livres ?"
"Non mais je suppose que tu vas me le dire." répliquai-je d'un ton sec.
"Des récits, non pas d'une seule mais de plusieurs vies. Et je vais être franc avec toi. Cela fait déjà plusieurs jours que je suis ici à les lire, et... je n'y comprends absolument rien."
Brusquement, il leva la main pour ranger le livre sur un rayonnage, au hasard. L'ouvrage se déplaça tout seul sur l'étagère, comme animé par sa volonté propre. J'observai cet étrange phénomène sans sourciller. Honnêtement, ce n'est pas le genre de trucs sur lequel on se focalise quand on est retenue prisonnière par un psychopathe chevelu.
"La seule chose que j'ai remarqué, c'est que quand on déplace un livre, il retrouve toujours sa place d'origine." expliqua-t-il d'un ton pensif.
Je secouai la tête, surprise de ne pas être attachée. Il était donc tellement sûr de lui ? Il savait que je ne tenterai pas de m'enfuir car la bibliothèque n'avait aucune issue. Cette certitude me remplit de colère même si j'avais toujours aussi peur. Je renversai la tête en arrière et demandai brusquement :
"A quoi je sers dans tout ça ? Et les autres ? Pourquoi tu les laisses pas tranquille ? C'est parce que t'en as après ta mère, c'est ça ?"
Je me souvenais qu'il m'avait parlé de ses parents, chez Granny.
"Ma mère. Oui, tu as peut-être raison. Je ne fais que jouer avec elle comme elle joue avec les autres. J'avais besoin de toi pour sonder leurs esprits, connaître leurs faiblesses, apprendre à les maîtriser. Savoir qu'en poussant un peu mon père, il finirait par devenir quelqu'un d'autre... ou autre chose. Comprendre qu'il suffit de toucher à quelqu'un qui compte pour ma mère afin qu'elle devienne cruelle. Elsa, c'est enfantin. Elle a peur de tout, même de son ombre. Leur faiblesse c'est tout ce qui compte et grâce à toi, je les connais. Tu vois que tu as ton utilité."
Un éclair jubilatoire passa dans son regard dépourvu de lumière. Je déglutis avec peine et répondis farouchement :
"Tu n'y arriveras pas. Ils sont plus forts que toi. Je suis sûre qu'ils ont déjà un plan pour te contrer !"
"Je ne leur ai laissés aucune chance. Et pourtant, ils ont toutes les cartes en mains. Te tuer les libèrerait. Et certains d'entre eux l'ont déjà compris, ils ne sont juste pas encore prêts."
Face à la violence de cette révélation, je frémis et voulus me recroqueviller sur ma chaise. Ce qu'il disait était épouvantable. Comment ma mort aurait-elle pu arranger les choses ? Pourtant, je commençais à entrevoir cette possibilité... Il avait eu besoin de moi pour parvenir à son but. Nous étions liés d'une certaine façon. Si je venais à disparaître, tout le reste suivrait. Tout le monde serait délivré.
Phobos s'avança encore et s'accroupit devant moi. Puis tout en me regardant, il prit ma main fermement. Sa peau était chaude, bien réelle. De nouveau, je fus frappée par la différence entre la réalité et l'autre monde dans lequel il m'avait projetée. Comment avais-je fait pour ne pas m'en apercevoir ? Pourtant, les mondes virtuels, ça me connaissait... Les autres y étaient toujours piégés... Je devais faire quelque chose pour entrer en contact avec eux. Par tous les moyens !
"Je ne cherche pas à les tuer, ni même à les combattre." poursuivit-il d'un ton presque compatissant qui me révolta. "Tout ça n'a aucun sens à mes yeux. Leur plus grande crainte est le regard que les autres a sur eux. Le jugement de leur frère, de leur soeur, de leur famille, de leurs proches. La seule chose que je veux c'est... qu'ils montrent qui ils sont réellement. Les pousser à te tuer. Grâce à toi, les autres sauront qu'ils n'ont aucune pitié pour personne."
Mes lèvres se mirent à trembler. Je m'aperçus que je pleurais seulement lorsqu'il passa une main sur ma joue. Je tentais de me reculer mais il était bien trop près. J'avais l'impression que des grains de sable battaient contre mes tempes.
"N'aie crainte. Tu n'es pour rien dans tout ça." dit-il d'une voix douce.
Calmement, il se releva et se recula.
Je restai tétanisée tandis qu'il s'éloignait de sa démarche tranquille. Mes ongles s'enfonçaient dans mes collants noirs. Je n'avais plus de robe, je n'étais plus une princesse.
Je n'avais jamais été personne, mais il me restait une chose. Une chose que nul ne pouvait me prendre. Ce qui me définissait. J'ouvris la bouche et commençai à chanter faiblement :
"Whoa, oh, oh... I'm waking up to ash and dust I wipe my brow and I sweat my rust I'm breathing in the chemicals..."
Ma voix n'était pas entièrement juste en raison des tremblements et des larmes qui s'y mêlaient, mais je m'en moquais. Je ne cesserai jamais de chanter. Phobos se stoppa net après quelques secondes, et pivota vers moi. Ranimée par une passion intérieure, j'entamai le refrain en le fixant d'un oeil téméraire, à travers le brouillard qui noyait mes yeux.
"I'm waking up, I feel it in my bones Enough to make my system blow Welcome to the new age, to the new age Welcome to the new age, to the new age Whoa, oh, oh, oh, oh, whoa, oh, oh, oh, I'm radioactive, radioactive Whoa, oh, oh, oh, oh, whoa, oh, oh, oh, I'm radioactive, radioactive"
Il plaça son index devant sa bouche pour me signifier d'arrêter.
"Ne chante pas pour moi, mais pour eux." dit-il tandis qu'un sourire torve étirait sa bouche.
Brusquement, il esquissa un geste de la main et le sable noir m'entoura. Je voulus crier mais le temps d'un battement de paupières, je me retrouvai dans un ascenseur d'un autre temps. Je perdis l'équilibre et me rattrapai au mur. J'eus quelques nausées. La paroi était douce contre mes doigts, recouverte de velours pourpre. Le souffle court, je me tournai vers les autres. Anatole, Ellie, Diane, Sebastian, Pitch, Athéna, Elsa... Ils étaient tous là. Et désormais, j'étais véritablement en leur compagnie. Je le sentais. Tout était plus réel.
Une fois de retour à Selfridge's, je suivis l'épisode de la chanson et de la danse dans un état second. J'avais l'impression que Phobos se moquait de ma tentative de l'affronter en proposant ce numéro musical. Jamais je n'avais détesté quelqu'un aussi fort que lui... Cette nouvelle émotion tellement violente me paralysait autant que le chagrin que j'éprouvais. Malgré tout, je me demandais ce qui l'animait. Je n'arrivais pas à le comprendre. Et je n'en avais pas envie. Je voulais juste que tout s'arrête.
Soudain, l'un des danseurs attaqua Elsa avec un parapluie qui se transforma en flèche. La jeune femme gela instantanément le projectile qui tomba au sol dans un bruit clair. L'espace d'un instant, j'oubliai tous mes problèmes alors que l'évidence me sautait aux yeux. L'esprit embrumé par mes rêves d'enfant, je me précipitai jusqu'à elle et m'écriai, des étoiles pleins les yeux :
"Tu es la reine des neiges ? Oh c'est trop énorme ! Je n'avais pas tilté ! Je... j'adore tout ce que tu fais ! Tu es tellement géniale !"
Dans ma fougue, je lui avais attrapé le bras et le serrai avec chaleur, les yeux écarquillés.
"Ca veut dire qu'Olaf et Anna existent aussi ? Par contre j'espère pas pour Hans parce que franchement il est super nul. Mais toi tu es trop super ! En plus tu es trop belle ! Et tes pouvoirs sont trop cools ! Et tu as la meilleure chanson du dessin animé !"
Remarquant à peine sa gêne -sa frayeur ?- je la lâchai enfin pour poser un revers de main contre mon front et de commencer à fredonner de façon très inspirée : "L'hiver s'installe doucement dans la nuit La neige est reine à son tour. Un royaume de solitude Ma place est là pour toujours
Le vent qui hurle en moi ne pense plus à demain Il est bien trop fort, j'ai lutté en vain..."
Autour de nous, les danseurs s'étaient immobilisés et nous observaient tous de façon flippante, mais je faisais abstraction. J'entendis Elsa chantonner faiblement avant de se taire et d'afficher une expression étrange, comme si elle se demandait où elle avait entendu ça. Je poursuivis vaillamment mais ma voix commença à vaciller :
"Cache tes pouvoirs... n'en parle pas..."
Je ne parvins pas à continuer. Un sanglot s'était bloqué au fond de ma gorge. J'avais l'impression que le monde devenait plus terne à mesure que je chantais. Il fallait que j'arrête. Ca ne changerait rien.
Voilà que je pleurais de nouveau comme une gamine. Je ne pouvais rien faire d'autre. Je savais ce qui allait arriver. Ca faisait bien trop peur. Je devais leur dire, n'est-ce pas ? Le sable battit de nouveau violemment contre mes tempes. A travers mes yeux humides, je crus voir le regard interrogateur d'Ellie et Anatole. Ils devaient se demander pourquoi je pleurais sans raison au milieu d'un magasin.
"Vous devez me tuer." balbutiai-je d'un ton brisé. "C'est ça qu'il veut. Phobos... il veut détruire votre bonté mais je vais l'en empêcher..."
Je me penchai pour attraper la flèche glacée. J'appuyai quelques secondes mon pouce contre la pointe qui me piqua. Une grimace déforma mes traits alors que la douleur traversait mon doigt. Pourtant, ce n'était rien. Rien du tout. Je devais me préparer à pire.
"Si je le fais moi-même, il aura perdu."
Et vous serez sauvé. songeai-je.
Déglutissant avec peine, je dirigeai la flèche vers ma gorge en priant pour bien viser car je n'avais aucune idée d'où se trouvait la carotte, enfin la grosse veine. Je n'avais pas envie de me louper. C'était encore plus flippant que la perspective de mourir. Tout mon corps tremblait mais j'étais fermement décidée. Phobos dut le sentir car il apparut tout près de moi. Il planta son regard sombre et tellement clair dans le mien, tandis que sa main était refermée sur la flèche. Cette dernière tomba en cendres qui allèrent se coller contre mes joues humides. Je me retins de le gifler. Pour tout dire, j'en étais incapable tant mon poing était crispé.
Avant de baisser le bras, il passa un doigt contre ma joue mouillée en murmurant :
"Sèche tes larmes... Il faut rester forte."
Je perçus une note de sollicitude dans l'air qu'il me chantait. J'aurais tellement souhaité lui faire mal. Hurler jusqu'à faire saigner ses oreilles, mais je n'avais pas de super pouvoir. Ma voix ne serait jamais suffisamment forte. Je n'avais plus de musique en tête, il les avait toutes stoppées. Il avait brisé quelque chose à l'intérieur.
« I believe that imagination is stronger than knowledge. That dreams are more powerful than facts. That hope always triumphs over experience. That laughter is the only cure for grief. And I believe that love is stronger than death. »
« Vous devez me tuer. C'est ça qu'il veut. Phobos... il veut détruire votre bonté mais je vais l'en empêcher... Si je le fais moi-même, il aura perdu. »
Les paroles étaient aussi rudes que la décision était radicale, une adolescente en plein doute et l’effriyable constatation qu’il fallait en finir… pour terminer le cauchemar. Cela ne pouvait pas être. Cela ne devait absolument pas être ni… Une ombre passa dans le regard de Sebastian alors que, fatalement, il hochait la tête à la déclaration d’Apolline. Il n’y avait rien d’autre à faire, rien de mieux à penser, rien de plus simple à déduire, rien de plus véridique que ce sacrifice. Oui, la tuer était la meilleure solution. Qu’elle mette fin à ses jours elle-même était judicieux. Et si en plus elle était volontaire, il n’y avait quasiment rien à faire pour se laver les mains. C’était comme la mécanique d’un rouage trop bien huilé. Qu’elle vise au moins correctement la carotide ou il faudrait…
Le marchand de sable papillonna du regard, soudain chamboulé par les pensées qui venaient de lui traverser l’esprit. Secouant la tête comme pour en chasser un visiteur, il se tourna pour vérifier que personne n’avait dit cela pour l’orienter. Non. Il ne pouvait pas avoir pensé ça. Il ne pouvait pas s’être dit une telle chose. Atroce. Impensable. Infâme. Personne ne méritait de mourir pour la survie des autres, surtout pas sous la contrainte ni l’obligation ! Personne ne devait se sacrifier dans les larmes et la douleur, il y avait une autre solution. Il y avait toujours autre chose à faire, un dernier recours, un plan B ou quelque chose pour éviter cela. Après tout, les contes méritaient d’avoir une fin heureuse, pourquoi pas les jeunes filles comme Apolline ? Peu importait ce qu’elle était ou ce qu’elle faisait, il ne pouvait exister autre destinée pour un « enfant » que celle des jours bienveillants. Trouver autre chose. Faire autre chose. Et ne jamais céder du terrain face à la mort et à la violence…
Phobos était là, en chair et en os. Enfin, en quelque chose d’autre qu’une simple voix ou qu’une apparition de sable noir. Les mains de Sebastian se crispèrent, parvenant avec grandes difficultés à retrouver le calme que les derniers évènements avaient balayés à grands coups de pieds. La bibliothèque. Selfridge. Tara. Le rêve de Lily. Ellie avait parlé de cavaliers… Etaient-ce les mêmes que ceux dont parlait parfois Louise ? Ce serait effrayant. Désarmant. Désolant. Ce serait atroce et il ne pouvait pas se permettre d’y croire. Jamais. Sûrement jamais. Les paroles d’Ellie avaient été tellement douce, comme une pommade tendrement mise sur une brulure au troisième degré : apaisant mais insensible. Indolore. Tout était tellement carbonisé jusqu’aux nerfs que le moindre contact n’était même pas pressenti. Pourtant il lui avait sourit, un sourire forcé pour montrer qu’il avait entendu sans comprendre. Sans savoir quoi faire ou à quoi se raccrocher. Elles avaient quittées la chambre et le marchand de sable avait mit un peu de temps à les rejoindre. A marcher. A mettre un pied devant l’autre. Pourquoi est-ce qu’il ne parvenait pas à faire quelque chose d’aussi simple ? Vivre. Subir. Contrer. Avancer. C’était un tempo qu’il devait s’ancrer dans le crâne, une bonne fois pour toute.
Ses yeux vascillèrent de droite à gauche alors qu’il reprenait conscience de la scène actuelle. Tous de nouveau dans cet étrange magasin : Selfridge. Ellie tenait Lily juste derrière lui. Elsa sur le côté avec Eloïse. Apolline devant eux. Pitch à quelques pas et… Quelque chose qui n’allait visiblement pas. Un regard inquiet et une bouche qui s’ouvre sans formuler de question. Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? Depuis tout ce temps, ne maîtrisait-il pas ce sable noir ? … C’était à s’en glacer le sang, un long frisson parcouru sa grande échine comme pour appuyer cette sensation malsaine. Diane était là aussi. Et puis… Un regard clair qui croisa le sien. Violent. Vif. Acide. Comme un coup d’épée dans l’eau mais qui parvenait à frôler le poisson visé. Sab déglutit quand Phobos esquissa un petit sourire à son attention.
« Tu crois que tu verrais quoi si tu entrais dans mes pensées, marchand de sable ? »
Entrer dans ses… Sebastian tourna la tête en direction d’Anatole. Ce garçon qui était toujours là, étrange personnage mort puis de nouveau vivant, qui semblait avoir vécu une vie qui n’était pas la sienne ou… Une vie qui ne lui appartenait plus. Le gardien n’avait jamais d’ailleurs puis lui raconter ce qu’il avait vu dans son esprit, il faudrait qu’il le fasse un jour. Le jeune homme le regarda d’un air assez inquiet avant de reporter son attention sur leur ennemi commun. Mais pourquoi est-ce que le rejeton des ténèbres lui demandait s’il savait le faire ? Ou plutôt, s’il pouvait ? S’il était le fils de Pitch comme il le devrait, il le savait. Il savait que le marchand de sable ne pouvait pas interférer dans les pensées du Croque-Mitaine et vice-versa. C’était fondamentalement impossible, tout bonnement improbable et passablement inutile. Ils étaient d’une telle force contraire que ni l’un ni l’autre n’avait d’ascendant sur l’esprit de son alter-ego ; il n’en résulterait strictement rien de bénéfique.
Pourtant, depuis le départ, tout ce qui se passait ici semblait guidé. Mué. Orienté pour les prendre à bras le corps. Viser avec précision leurs inquiétudes ou leurs peurs : la foule et les regards pour Sebastian. Les relations sociales pour Elsa et Diane. Lily pour Ellie. Le meurtre de Diane pour Pitch… Donc, est-ce que ce sable noir dont il était fait était véritablement le même que le leur ? Ou plutôt, que celui que Pitch lui avait volé, bien des années en arrière ? Dire que son action première était d’être bénéfique, quand on voyait tout ce qu’il s’était passé on pouvait se demander où était passée l’essence même de l’existence du sable ; où étaient les rêves, les songes, les sourires endormis et l’apaisement ? … Sab se mordit l’intérieur de la joue. Tout cela sonnait faux. Si faux. Tellement faux. Comme un univers parallèle, imaginaire, créé de toutes pièces. Après tout, il était le gardien des songes et des rêves, l’imaginaire n’avait aucun secrets pour lui – ou presque, il ne s’arguerait jamais de le connaîrte par cœur – alors il avait la très nette sensation d’un décalage. Quelque chose n’allait pas dans les paramétrages. Une donnée inconnue qui ne l’empêchait pas d’être soumis à ses frayeurs et ses sentiments.
« Quelque chose me dit que nous y sommes déjà… »
Ecrivirent, soigneuses et doucereuses, les volutes de sable doré dans l’espace entre Phobos et lui. Ce monde n’était pas leur monde. Un ascenseur. L’accès préféré des écrivains du vingtième siècle pour introduire le personnage dans un autre univers, une porte vers la fantaisie et le surnaturel. Pourquoi ne pas avoir fait le lien plus tôt ? Il croisa le regard d’Appoline derrière le garçon. Elle pleurait et reniflait avec le bruit du désespoir. Comment tout ceci ne pouvait-il être réel ? S’ils étaient dans l’esprit de Phobos, dans sa volonté… Cette jeune fille serait morte, non ? Pourquoi ne l’était-elle pas ? Pourquoi l’avait-il empêché de faire ça ?
« … Ou que nous n’en sommes pas très loin. »
Tout au plus approchant. Restait à définir s’ils se trouvaient dans la tête de quelqu’un… Et de qui. Phobos laissa un silence, observant les arabesques disparaître dans l’air avant de rallonger un peu son sourire. Pourtant un rictus apparu au coin de ses lèvres, transformant sont air satisfait en quelque chose de plus… Faible. Fatigué.
« C'est là où tu te trompes. Les rêves dans lesquels vous voyagez ne sont pas les miens, mais les vôtres. Je n'ai pas de rêves, ni de cauchemars et je le dois à mes parents. »
Les yeux de Phobos se posèrent sur Pitch, puis sur Diane avec un air évident de dégoût.
« Sais tu ce que ça fait d'être une coquille vide ? »
Il venait à nouveau de s’adresser à Sebastian et ce dernier se mordit l’intérieur de la joue. S’il savait ce que cela faisait ? Cette sensation de vide. De poids immense. De chute libre et de perte irrésistible de toute envie d’être ou même de ne pas être ? Plus rien ne comptait. Plus rien n’avait de valeur. Il n’y avait aucun endroit où s’accrocher et absolument rien à penser. A faire. A se souvenir. A devenir. Il avait vu Emily-Jane dans un tel état, cela datait du monde des contes et ils avaient pris de longues, très longues années pour lui faire reprendre un semblant de confiance en soit. Quoiqu’elle représentait d’avantage un maelström qu’un vide, une tempête de ressentiment et de colère… Décidément, les enfants de Pitch avaient ce don pour n’être plus que des ombres une fois perdus dans leur enveloppe charnelle.
Cette constatation lui procura un nouveau frisson. Lui-même avait été la victime directe de son cher ennemi, peu après leur rencontre officielle avec Jack Frost : Pitch avait voulu l’anéantir et l’avait fait disparaître. Propulsé dans un monde de sable noir, de pesanteur et d’apesanteur, de haut sans bas ou de droite échangée par la gauche… Un néant où plus rien n’avait de sens ou de détours, un néant où errer sans avoir la possibilité de mourir. Ce jour là, Sab s’était dit que la mort serait plus douce que tout le reste. Que tout ce qui pouvait bien arriver. Quand plus rien ne compte pour vous, que reste-t-il à défendre ? A aimer ? A… Protéger ?
« Je remplis mon esprit avec ce que je trouve dans le vôtre. »
Phobos apposa son index sur sa propre tempe, comme pour joindre le geste à ses paroles. Son ton était sec, acerbe. Ses sourcils se froncèrent lorsqu’il rouvrit la bouche, jetant un regard accusateur envers le marchand de sable.
« Tu fais de même en entrant dans les rêves de pauvres enfants innocents, n'est ce pas ?… »
Que… ? Et avant qu’ils ne puissent réagir, Lily était devant lui. Avec lui. Dos au fils de Diane, elle les regardait avec un air aussi surpris qu’eux. Sebastian cru presque voir Ellie vérifier ses bras qui tenaient précédemment la petite fille, comme si elle avait pu se trouver à deux endroits à la fois. Mais il n’y en avait qu’une. Elle était là. Elle n’était pas une illusion. Elle se retrouvait près du loup, le cou tendu comme une petite biche aux aguets. Dommage que le loups possède de tels crocs assoiffés…
« …En violant leur intimité pour ton bon plaisir. »
Il posa ses mains sur les épaules de Lily, ses doigts massant légèrement le tissu vert d’eau qui couvrait ses épaules. Sebastian resta interdit face à de tels propos. Violer l’intimité des enfants ? Entrer par effraction ? Pauvres enfants innocents ? D’où se permettait-il de… Il ne se serait jamais permis de faire une chose pareille ! De quoi est-ce qu’il lui parlait ? Comment pouvait-il savoir ? Comment pouvait-il juger de… Non. Non, ça n’était pas possible, il devait rester calme. Rester comme d’ordinaire. Ne pas céder. Quel était cette sensation étrange ? Nouvelle ? Dévorante ? Depuis quand était-il capable de ressentir de la… Colère ? Etait-il en colère ? Etait-ce cela, cette rage sourde qui grondait au fond de son ventre et qui macérait ses viscères d’une manière aussi douloureuse ? Il ne parvenait pas à réfléchir correctement. Son esprit était embrouillé. Embrumé. Il…
Lily fit une grimace paniquée, les yeux au bord des larmes. Phobos passa alors une main sur sa tempe, sur quelques mèches brunes, et le regard de la fillette se voilà. Perdu dans le vide. Perdu dans… Qu’est-ce qu’il était en train de faire ?! Comment pouvait-il se jouer à ce point de toute dignité, de tout respect pour l’autre et de tout égard pour ces enfants ? N’était-ce qu’un jeu immense ? Sab adorait les jeux, il était toujours le premier à y participer. Mais quand les gains étaient la vie d’autrui, il n’y avait aucun intérêt à jouer sur les mêmes règles que leur maître chanteur. Pour la première fois depuis très longtemps, ses doigts se mirent à trembler quand il serra les mâchoires et les poings. Non. Rester calme. Rester maître de lui. Rester. Garder. Le sable s’agitait autour de son corps mais il ne fixait que la scène devant lui. Son cœur frappait à toute allure contre ses tempes. La gorge sèche. Les yeux brouillés.
Il leva la main vivement, à l’origine pour chasser celle de Phobos. Mais en cours de route, dans cette infime fraction de seconde qui sépara son geste de l’action… Il changea d’avis. Les grains dorés rencontrèrent la chevelure soyeuse de la fillette. Se glissèrent contre la peau de sa joue. Et emportèrent Sebastian à l’intérieur de l’esprit de Lily...
Un chapiteau.
Il se trouvait dans un grand chapiteau rouge et or, s’élevant bien au dessus du sol sur des poutres sombres et des câbles de trapézistes. Il n’y avait pas de filet pour les rattraper. Juste leur outil de travail accroché ça et là, n’attendant que ses propriétaires. Les gradins étaient en bois vieillis, sombre, et on pouvait presque sentir l’odeur de la pomme d’amour se mêler à celle des popcorn et des cacahuètes. Un mélange sucré/salé qui en ferait saliver plus d’un… Sab eu la sensation sur la langue avant que celle-ci ne disparaisse peu à peu pour passer à autre chose. Du bruit. Un vrombissement semblable à… Celui d’un moteur ? Non. Celui d’une foule. De plus en plus fort. De plus en plus audible. Des applaudissements. Des cris. Des rires. Des chuchotements et de nouveau les mains qui claquent. Le son s’amplifia tellement qu’il sembla émaner de tous les gradins à la fois. Un public ? Un public. Le gardien porta les mains à ses oreilles pour essayer d’étouffer le bruit, les pieds dans le sable de la piste et le regard parcourant les sièges désespérément vides.
Une sensation d’oppression lui comprima la cage thoracique. Etouffer. L’étau dans la gorge et l’impression harassante d’être observé. Fixé. Le point central de tous les regards. L’accumulation d’un trop grand nombre de personnes pour un très petit espace. Sebastian tira sur le col de sa chemise, une chaleur s’emparant de lui au fil des secondes. Les bancs vides. La musique sans orchestre. Les rires sans spectacle. La piste. Une piste de sable. De terre. Et quand ses yeux tombèrent sur la silhouette plantée là, tout sembla s’arrêter. Plus de sons. Plus de présence.
Plus rien d’autre que Lily, tenant son monsieur bisou dans les bras.
Elle sanglotait, une main tentant vainement d’essuyer ses yeux aux larmes épaisses. Après quelques secondes durant lesquelles il tenta de retrouver une respiration normale, la petite fille sembla le remarquer. Elle leva la tête vers lui en tenant très fort sa peluche.
« Il m’a laissée toute seule ! »
S’exclama-t-elle d’un ton brisé et maladroit, reniflant, s’essuyant le nez avec le revers de son pull. La solitude. L’abandon. La peur de la perte. « On ne peut pas lire la perte, on ne peut que la ressentir » écrivain un poète avant de railler ses vers de la pierre où il les avait gravés ; c’était tout ce qui semblait habiter l’esprit de la fillette à cet instant. Plus d’images effrayantes. Plus de souvenirs. Simplement la lumière qui déclinait pour plonger le reste du chapiteau dans l’obscurité, illuminant cependant la piste et leur situation.
Sab déglutit avant de se décider à avancer. Ils étaient dans les rêves. Dans les songes et les pensées. Son terrain. Son univers. Rien ne pouvait arriver à Lily tant qu’il serait là alors c’était ce qu’il essayait de lui faire comprendre : une main tendue devant lui, un visage expressif et très vite les pas furent comblés. Il arriva à sa hauteur, la jaugeant de toute sa stature sans quitter ses grands yeux sombres, posant sa main sur son épaule puis caressant sa joue. Elle se laissa faire, son dos parcouru de petits spasmes sous ses pleurs avant qu’elle ne se crispe en entendant une voix :
« Il t’arrive de l’entendre, toi aussi ? »
Le marchand de sable se retourna vivement. Phobos venait d’apparaître derrière lui, proche et à la fois distant. Celui-ci porta la main à son oreille, la paume recourbée derrière le pavillon comme s’il écoutait quelque chose.
« Le Sable. »
Un silence. Long silence. « Il me fait peur… » Couina Lily d’un ton suppliant et Sebastian se retourna légèrement. Il mima ses mains sur ses oreilles et elle ne tarda pas à l’imiter. Posant son index sur sa propre bouche, il esquissa un sourire qui se voulait doux en attendant qu’elle ne hoche la tête. Monsieur Bisou dans l’une de ses mains, la fillette posa ses paumes sur ses oreilles et se mit à se balancer de droite à gauche comme si elle récitait une comptine.
Quand il se retourna, Phobos s’était approché de lui. Bien plus près. Trop près. Tellement près qu’il pouvait l’entendre respirer, même si on ne respire jamais en plein rêve. Ils se jaugèrent du regard sans qu’aucun d’eux n’abdique.
« Je l'entends murmurer à mon oreille. Il me dit des choses, il me guide, il m'aide à mieux comprendre ce qui m'entoure. »
Le gardien ne pouvait que bien comprendre cette sensation. Ce… Murmure. Penchant la tête sur le côté, il sentit ce même sable fourmiller dans chaque cellule de son être comme depuis sa création. Il était le sable. Il vivait le sable. Il ressentait le sable. Il créait le sable. Il l’entendait en quelque sorte, sans doute pas de la même manière. Sans doute pas comme d’un guide ou d’un ami. Le sable était sa propre identité. Une entité mêlée à la sienne. Un individuation qui n’avait pas lieu d’être parce que Sab ne pouvait pas être autre chose que le marchand de sable.
« Il est un ami. Tu veux être son ami Sebastian ? Tu veux l'entendre te murmurer à l'oreille ? »
Le rictus. Les pupilles dilatées et la bouche entrouvertes à la fin de la question avant de n’être plus qu’un sourire sous cette barbe brune. Etait-ce de l’espoir ? De la manigance ? Il n’en savait rien. La colère s’était tut, sourde mais néanmoins tapie dans l’ombre, dans un coin. Il pouvait l’entendre. La ressentir, au même rythme qu’il sentait Lily passer d’un pied à l’autre sur la piste du chapiteau. Quelque chose d’autre tentait de se réinstaller sans qu’il ne sache quoi. Ne comprenne ce qu’il se passait dans l’étrange tourmente qui l’habitait. Les rêves étaient son univers. Les songes étaient son domaine. Sebastian était le maître de l’imaginaire, l’instigateur et le visiteur, l’action et l’observateur. Rien ne pouvait lui résister ici et… Il n’avait pas peur du sable noir. Il ne devait pas le craindre. Il ne pouvait pas.
Parce qu’il fallait protéger Lily.
« Je suis l’ami de Lily, mais je ne suis pas le tien. »
Il avait secoué la tête en disant ça, prenant un air profondément désolé. Dans d’autres circonstance. A un autre moment. Dans d’autres temps et d’autres lieux… Mais pas ici. Pas comme ça. Pas maintenant. Un rideau de sable se mit à lentement pleuvoir autour d’eux, enveloppant la petite fille d’une douce chaleur sans pour autant la toucher.
« Tu es dans son esprit et ce n’est pas sans conséquences... »
Son regard se fit plus dur, comme une leçon qu’il lui enseignait mais qu’il savait déjà acquise. Comprise. Et déjouée. Apprendre à détourner les règles sans les enfreindre directement. Apprendre à ce jouer des lois de l’univers pour créer le sien. Un monde pour un autre. Une vie pour une vie. Il n’y avait pas de dettes à payer, seulement un plateau de jeu, des pions, les dés du destin et le tour au suivant. Ses yeux rencontrèrent à nouveau les siens pour s’y plonger.
« Je suis… Je connais le sable depuis des millénaires. Et il n’a pas été créé pour faire souffrir ou pour faire du mal. Ce Sable, c’est celui de l’imaginaire. »
Des rêves. Des songes. Du positif. De l’insaisissable. De l’enfance et des pensées. Lorsque Pitch s’en était emparé pour retourner l’arme contre les gardiens, le prix à payer avait été des plus terribles… Exit le rêve précédent. Exit la peur de l’incompréhension et l’espoir fou que ce qu’ils avaient vu dans la tête de Lily était faux. Exit tout ce qui pouvait compter pour l’extérieur. Des formes se dessinèrent autour des paroles éphémères, des oiseaux volages comme des petits avions. Des bonhommes de neiges qui se séparaient en trois boules filantes. Des étoiles. Des planètes. Des personnages. Des dauphins. Des poissons. Des chats. Des calamars. Des montgolfières. Des chiens. Des loups.
Du sable. Rien que du… Sable.
« Je ne sais pas qui tu es... Mais jouer avec les esprits ne t’apportera que peine et cauchemars. »
*Pitch Black
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Conte : Les 5 légendes | Dans le monde des contes, je suis : : Pitch Black
Chaque pulsations étaient une torture, chaque respirations un gouffre de douleur, chaque mouvements étaient lents et lourds, hasardeux, embrumé par la douleur. Cette douleur qui colle à la peau, à l'esprit, à tes pouvoirs, t'embrouillant, te faisant tanguer comme un bateau ballotter par les flots. Et pourtant... Pourtant je refuse d'abandonner, je refuse de me laisser abattre. Pour elle, pour Diane, il était hors de question que je baisse les bras maintenant, malgré le fait que mon œil ne se régénérait pas et que du sable continuait de doucement glisser à travers ma peau et à travers mon esprit, mais malgré le maelstrom de douleur qu'était ma tête, il y avait un oasis de clarté qui m'empêchait de commencer à sombrer, une unique lumière éclatante qui me poussait à continuer, à me redresser dignement et étouffer la douleur et la peur, la faire disparaître et relever la tête pour ne pas laisser plus de terrain à Phobos. Alors Pitch serra les dents, se souvenant des mots de Diane, il prit une grande inspiration, son œil encore actif devenant plus tranchants, plus vifs, utilisant la douleur pour rester constamment sur ses gardes, constamment éveillé. Son contrôle sur le moindre grain de son sable se fit plus sec, plus précis, il ne pouvait plus s'autoriser à flancher maintenant, malgré la terrible sensation indescriptible qui le rongeait. Comme si son être était rongé de l'intérieur. Malgré la sensation de mourir a petits feux. Car c'était ce qui lui arrivait. Il le savait maintenant.
Pitch rouvrit son œil unique, prenant une grande inspiration pour se calmer de nouveau, il se tenait droit dans l'ascenseur, s'attendant au pire comme au meilleur, son œil perçant l'arrière du crâne d'Apolline, sachant très bien ce qu'il fallait faire, ce qu'il devait faire pour sortir de là. Et il planifiait, doucement, lentement, toute trace de pitié s'effaçant petit à petit, tranché sous le couteau chauffé à blanc de la douleur. Il n'agissait pas, pas encore, ce n'était pas le moment mais bientôt, bientôt il ferait ce qui est nécessaire. Ce qui était terrible... Mais nécessaire. Terriblement nécessaire en effet. Je n'avais jamais eut de problème pour prendre la vie de mes ennemis, cette gamine... C'était différent. Mais entre elle et Diane, mon choix était fait. Cela ne voulait pas dire que j'allais apprécier ce geste, je n'aimais pas avoir du sang d'innocent sur les mains, j'en avais déjà fait suffisamment couler. Et... Et Diane... Je... Pitch resta interdit, fermant son œil en serrant ses mains jusqu'à ce que la jointure en devienne blanche. Et les portes de l'ascenseurs s'ouvrirent. Le fossoyeur resta de marbre devant les bouffonneries qu'offrait son fils, ne daignant réagir uniquement lorsque l'un des danseurs tenta d'attaquer Elsa, sans succès. Les premiers filaments de Sable noir se dressèrent, sortant du sol comme des cobras prêts à frapper, et c'est ce qu'il firent. Les danseurs les plus proches furent soulevé et projeter tels des pantins contre les murs, le visage du fossoyeur resta de marbre, ne trahissant pas l'éclair de honte qu'il traversa son esprit lorsqu'il entendit Apolline chanter pour rassurer Elsa avant que les premières larmes ne coulent.
"Vous devez me tuer. C'est ça qu'il veut. Phobos... il veut détruire votre bonté mais je vais l'en empêcher... Si je le fais moi-même, il aura perdu."
Pitch haussa gravement la tête, ne faisant aucun commentaire, car il n'y avait rien à dire. Elle savait qu'elle devait périr, et je savais ce qui me restait à faire... Sauf qu'elle le fit avant moi. Apolline tenta de se sacrifier pour nous sauver. Pour nous sauver tous. Pour sauver des personnes qu'elle devait considérer comme de la famille, pour sauver ses tantes, Ellie, Anatole. Et... Et elle était prête à se sacrifier sans aucune hésitation pour nous sortir de là, alors que je l'avais menacé il n'y avait pas si longtemps de cela. Elle était prête à retourner au néant pour nous. ... Et je ne pouvais pas assassiner de sang froid une personne aussi pure qu'elle. Pas une nouvelle fois. Elle ne méritait pas de se retrouver ici, en proie à des forces qui la dépassait, en proie au doute et à la peur. Elle ne méritait pas d'être notre unique chance de sortie, sa vie ne devait pas être le prix de notre liberté. Et pourtant, c'était ce qu'elle était, notre unique porte de sortie. Je... Je ne pouvais pas. Je n'aurais jamais put la tuer de sang froid, c'était impossible. Il devait y avoir un autre moyen, il devait y avoir quelque chose pour... Pour... Pitch se figea. Non. Il refusait. Il aurait put arrêter son cœur pour tenter de le faire battre de nouveau, mais pas dans cet état, son pouvoir était instable malgré ses efforts pour être le plus clair possible, cela serait trop risqué, trop dangereux, il ne prendrait pas ce risque. Pas lorsqu'elle avait fait preuve de temps de bonté et de pureté d'âme. Pitch soupira une nouvelle fois avant de regarder ses mains, et de les serrer de nouveau, fermant les yeux Puis Phobos arriva...
« C'est là où tu te trompes. Les rêves dans lesquels vous voyagez ne sont pas les miens, mais les vôtres. Je n'ai pas de rêves, ni de cauchemars et je le dois à mes parents. Sais tu ce que ça fait d'être une coquille vide ? »
... Une infime partie de moi avait presque pitié de lui. Presque étant le mot clef, si tout cela n'était pas effacé par une sourde colère. Oh, Pitch était en colère comme jamais, en colère contre lui, mais surtout en colère contre ce petit cancrelat qui se prenait pour un empereur. Pitch s’apprêtait à faire apparaître sa faux lorsqu'il capta ce qu'il venait de faire. Il était dans l'esprit de la gamine, il venait d'entrer dans l'esprit d'une gamine et Sable venait de le suivre, ce n'était pas bon pour elle, ni pour Sable qui était coincé dans une arène qui était l'esprit d'une enfant, la moindre surcharge magique pouvait lui griller les neurones et la changer en légume, et Phobos le savait. Sale malade. Le fossoyeur tenta de suivre les deux manipulateurs de sable, mais il se heurta à ne barrière Pitch se tourna vers Ellie, la regardant avant de dire d'une voix qui trahissait une légère pointe d'inquiétude sur le fait que Phobos pouvait potentiellement détruire la gosse de l'intérieur. C'était... Lily si j'avais bien compris. Une version plus jeune d'elle, je ne la connaissais pas. Mais cela ne changeait pas le fait qu'elle ne devait pas devenir un dégât collatéral de plus sur la longue liste d'erreur de mon "fils":
"Ellie, Phobos est à l'intérieur de sa tête, et il n'hésitera pas à lui griller la cervelle si Sable réplique. Je peux le faire sortir avec mon propre sable, mais j'ai besoin d'un coup de main. "
Pour sa gouverne, Ellie n'hésita pas une seule seconde. Et les deux...."coéquipiers" joignirent leurs mains sur la tête de l'enfant endormie, le fossoyeur se concentra alors que la magie d'Ellie brisait lentement les barrières qui empêchait l'esprit de Pitch de rejoindre le combat, Pitch se s'endurcit, oubliant la douleur, alors que son esprit se glissa tel des grains de sable dans les brèches que Ellie venait de créer. Bien sûr, Pitch n'avait pas précisé comme il allait faire, car cela n'allait pas être fort plaisant, mais... C'était mieux que de voir sa cervelle lui sortir par les oreilles, littéralement. Le Roi des Cauchemars apparut en plein dans la scène d'un chapiteau de cirque, il aurait volontiers prit le temps pour se demander pourquoi il était dans ce genre de décor, cependant, il n'avait pas tellement le temps de se poser des questions sur la psyché de Lily, car il y avait plus dangereux en jeu. Le fossoyeur esquiva un dauphin de sable d'or en se décalant sur le côté, faisant apparaître sa faux alors que son propre sable noir se souleva tel un nuage nocif autour de lui. Il lança un regard mauvais constitué d'un seul et unique œil à Sable alors que ce dernier avait manqué de l'attaquer avant de chercher Phobos des yeux, ce dernier était introuvable, surement caché dans les ombres de ce chapiteau fantôme dont la toile était déchirée de part en part. Le regard du croque-mort se reconcentra sur Sable qui respirait difficilement, avant de se regarder la petite forme qui... Lui tournait le dos. C'était Lily, la petite Lily. Flottant à quelques mètres du sol, alors que ses paumes pulsaient de manière malsaine. Voilà qui était une bonne nouvelle. La petite Lily se posa au sol en remarquant mon arrivée et se retourna vers moi, m'offrant un sourire faussement adorable alors de me dire avec... La voix de Phobos...:
"Voyons papa, de quoi tu te mêle ? Ne peux tu pas pour une fois laisser faire les grandes personnes ?"
Pitch fit un pas vers elle, sa faux tirer au clair, s'approchant lentement de la petite fille possédée qui se mit à sourire plus encore , de manière malsaine. Le genre de sourire que l'on s'attendait à trouver sur un tueur en série digne d'Hannibal. Pas sur une petite fille qui était encore terrifiée il y a un poignée de minutes de cela.
"Tu veux me combattre ici ? C'est tellement triste pour cette petite fille de finir avec le cerveau grillé. Mais ça montre qui tu es père. Un monstre, n'est ce pas ? Aurais-tu un soucis à ton oeil ?"
Pitch s'arrêta à quelques mètres devant la gamine, sont visage ne trahissant aucune émotion jusqu'au moment où il se fendit d'un sourire qui ferait lui aussi pâlir un requin, il planta sa faux dans le sol, la lame s'enfonçant dans le sable mou (et normal) de la piste, avant de répondre:
"Voyons Phobos, tu devrais savoir que les monstres ont peur de quoi je suis capable. Et apparemment l’œil humain n'est pas capable de supporter ton style vestimentaire, c'est dommage. "
Il frappa dans ses mains avant de se frotter les paumes en souriant, avant de se tourner légèrement vers Sable et de lui poser une question:
"Dit moi Sable, mon vieil ennemi, ton sable est le meilleur quand il faut endormir un enfant. Et tu sais à quoi ce que mon sable excelle? "
Le chapiteau s'embrasa d'un seul coup, les flammes projetant des ombres macabres sur la scène alors que le sable noir de Pitch se fondit avec le décor, directement dans le rêve de la petite enfant endormie, un terrible barrissement de panique se fit entendre, alors qu'un mastodonte déchira la toile enflammée. C'était une éléphante, une femelle, qui hurlait à la mort alors que sa chair de décomposait. C'était la plus grande peur de cette enfant, sa propre mère venait de la rejoindre... En flamme. S'effondrant en criant de douleur, paniquée, alors que Lily poussa un hurlement strident, celui d'un enfant paniqué et apeuré, qui à peur des choses qui rodent dans les ombres. Cela déchirait le cœur de Pitch, mais c'était ce qu'il savait faire de mieux. Faire peur. Phobos réapparu à l'autre bout de la scène avec un air furieux, il leva la main et une nouvelle vague de sable frappa le décor... Et les cris de la mère de Lily redoublèrent, alors que le mat du chapiteau céda sous les flammes et écrasa l'éléphante innocente. Lily se mit à pleurer, alors que Sable la réconfortait, Pitch s'autorisa un dernier regard plein de regret en direction de la pauvre enfant avant de se retourner vers son fils et de lui cracher:
"Le sable noir réveille les enfants en pleurs la nuit, amateur, maintenant sort de cet esprit et n'y reviens jamais."
Et juste comme ça, le rêve se brisa alors que Lily se réveilla. Elle enfouit aussitôt ses bras autour d'Ellie en commençant à pleurer, tentant de parler mais ne pouvait qu'hoqueter de vague sanglots, Pitch ferma son œil en soupira, avant de regarder Ellie d'un regard suppliant avant de dire:
"Il ne lui fera plus de mal, mais j'ai dut la réveiller avec un cauchemar, je suis sincèrement désolé et..."
Pitch se redressa d'un seul bond en créant une barrière de sable noir, stoppant une flèche qui lui était destiné, il se retourna pour voir que Phobos se tenait, furieux, de l'autre côté de la scène. Du sable noir tourbillonnait autour de lui de manière erratique, mais Pitch s'en moquait. Il regarda l'hideuse engeance qu'était son fils, et commença à avancer vers lui. Son regard colérique ne le lâchant pas un seul instant alors que Phobos leva la main à son nez, remarquant le léger filet de sang qui coula jusqu'à sa lèvre, le fils du fossoyeur ferma les poings de manière rageuse avant de regarder son père et de lui recracher sa haine:
"C'est donc bien tout ce es, un monstre qui ne sait que détruire et faire souffrir les enfants. C'est ta seul vocation, ton seul but... Ce qui arrive à ton visage ne fait que révéler ta vrai nature "
Le fossoyeur continua d'avancer de manière imperturbable, Phobos croisa les bras sur sa poitrine et toisant son père d'un air hautain, confiant, le laissant venir jusqu'à lui. Pitch baissa la tête pour regarder son fils, alors que ce dernier prit un sourire narquois avant de lui dire:
"Tu ne me feras rien, car je suis plus puissant que toi, je suis meilleur que toi, je suis capable de chose que tu ne peux pas imaginer, et parce que je vais détruite tout ce que tu aimes, en commençant pa"
*SLAP*
Le silence ce fit dans la salle. Phobos porta une main à sa joue rougie par le coup. Pitch avait encore la main en l'air, le revers de cette dernière arborait une légère marque rougie par la gifle qu'il venait de donner. Phobos resta incrédule durant quelques instants, le regardant, passant une nouvelle fois la main sur sa joue alors que ses mains commencèrent à trembler de rage. Il serra les dents, envoyant un regard meurtrier à son père qui resta de marbre. Et les murs commencèrent à trembler sous sa rage... Puis, Phobos hurla:
"ESPÈCE D'EN..."
Il ne termina pas cette phrase non plus, car une gigantesque paume constituée de sable noir vint le frapper de plein fouet. L'envoyant valser à travers un mur et l'expulsant à l'extérieur du bâtiment dans un terrible fracas de bois. Pitch baissa sa main avant de les croiser dans son dos et de se racler la gorge en laissant échapper un grand soupir soulagé:
"Et je te met au défi d'aller te plaindre à ta mère."
Dieu ce que ça faisait du bien.
Phobos: 70% PAR REVERS DE LA MAIN PATRIARCAL
Ellie Sandman
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est celle qui naît sans raison. »
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Je m'étais faite une nouvelle promesse : ne plus quitter Lily une seconde. Jusqu'à ce que nous soyons sortis de cet endroit, je me jurais de rester auprès d'elle quoi qu'il arrive. A présent, Apolline savait. J'ignorais de quelle façon elle l'avait appris, mais elle savait que le seul moyen de s'échapper était qu'elle trouve la mort. Bien entendu, ce n'était pas une option envisageable. J'aurais empêché quiconque de l'approcher. D'ailleurs, je coulai un regard glacial en direction de Pitch, car il était le seul du groupe pour qui je nourrissais quelques doutes sur sa loyauté. Il était peut-être l'ami de Diane mais pas le mien.
J'avais posé mes mains sur les épaules de Lily qui se tenait devant moi, cramponnée à Monsieur Bisou, et je fis un pas vers Apolline alors qu'elle menaçait de mettre fin à ses jours. Comment pouvait-elle croire qu'il n'y avait plus aucun espoir ? Que lui était-il passé par l'esprit pour qu'elle en arrive à une telle extrémité ? Sa détresse se mua en ma propre peine. J'allais l'empêcher de commettre l'irréparable. Même dans les heures les plus sombres, il fallait laisser entrer la lumière. Rien n'était encore perdu.
Phobos apparut et fit disparaître la flèche. Venait-il de sauver la jeune fille ? Il lui parlait avec tant de douceur... Un frisson parcourut mon échine. Je n'appréciais pas cette trop grande variation dans son timbre de voix. Puis, il pivota vers nous. Je restai volontairement en retrait pendant que Sebastian l'affrontait avec des mots ensablés. Je ne souhaitais pas que Lily se retrouve en plein coeur d'un combat, car je sentais que l'affrontement aurait bientôt lieu. L'air était chargé d'électricité. Je fis comprendre d'un regard à Anatole de se rapprocher d'Apolline dès qu'il le pourrait. Elle et lui étaient trop fragiles pour rester en première ligne durant un combat.
Phobos se lamentait à sa façon sur son absence de sens et j'aurais presque roulé des yeux s'il n'était pas en mesure de se jouer de nous et surtout de blesser les personnes qui m'étaient chères. Brusquement, Lily disparut et je baissai la tête, surprise que mes mains se referment sur du vide. L'enfant se tenait devant Phobos, un éclair de panique dans les yeux. Je cherchai à capter son regard afin de l'apaiser mais elle était bien trop agitée. Puis, le jeune fou passa une main sur sa tempe et aussitôt, ses pupilles furent comme voilées par un brouillard absent.
Impuissante, je m'avançai d'un pas, les poings serrés, prête à intervenir. L'instant d'après, Sebastian et Phobos avaient disparu, tandis que Lily vacillait sur ses petites jambes.
"Lily !"
Un cri s'échappa de ma gorge. J'avais l'impression que des ailes venaient de pousser dans mon dos tant je courais vite. Je la reçus dans mes bras alors qu'elle venait de sombrer dans l'inconscience. Son petit corps pesait tellement lourd, signifiant qu'elle s'était abandonnée à une torpeur inquiétante. Terrassée, je tombai à genoux et déposai délicatement la petite fille au sol, gardant sa tête sur mes jambes repliées, son visage encadré par mes deux mains. "Lily... Tu vas devoir être très courageuse." balbutiai-je, me retenant de fondre en larmes.
L'ombre de Pitch tomba sur nous et il précisa ce que j'avais déjà compris, à savoir que Phobos était entré dans sa tête, heureusement rejoint par Sebastian. Il me proposait d'y pénétrer à son tour afin d'en faire sortir son fils. Le doute m'assaillit. Mes mains étaient crispées sur le visage de l'enfant endormie. Je ne voulais plus qu'on lui fasse du mal, je souhaitais une autre solution... Il n'en existait aucune. Nous devions agir vite. Je ne faisais aucunement confiance à Pitch mais sa force combinée à celle de Sebastian pouvaient sauver Lily avant qu'il ne soit trop tard...
J'effleurai la joue de l'enfant avec une tendresse infinie avant de fermer les yeux et de me concentrer sur son esprit. Je n'étais pas certaine de parvenir à mon but. Après tout, je n'avais jamais fait une telle chose. J'imaginai tracer une voie mentale à Pitch afin de le laisser passer. Je rencontrai des obstacles multiples et impalpables mais les repoussai sans effort, en douceur. Cela dut suffire car en soulevant les paupières, je m'aperçus que Pitch n'était plus là. Lily resta immobile, comme si rien de tout ceci ne la concernait vraiment, comme si elle n'avait pas trois puissants magiciens à l'intérieur de sa tête. Elle affrontait tout avec tant de courage et de naïveté. Une fois de plus, je fus émue par toute sa personne. "Pardonne-moi..." murmurai-je à son oreille.
Il s'écoula quelques secondes avant que Lily ne convulse presque. Ses yeux s'agitaient sous ses paupières closes et brusquement, elle les ouvrit en grand et sauta à mon cou. Tout son petit corps tremblait de peur. Elle commença à pleurer à chaudes larmes en prononçant des paroles incompréhensibles. Saisie par son angoisse, je la serrai très fort et lançai un regard inquisiteur à Pitch, qui venait de surgir de nulle part.
"Il ne lui fera plus de mal, mais j'ai dut la réveiller avec un cauchemar, je suis sincèrement désolé et..."
Une colère sans précédent s'empara de moi. Alors, c'était ainsi qu'il réglait les soucis, en fissurant l'esprit déjà fragile d'une enfant ? Comment avais-je pu lui confier la vie de Lily ? Plus encore que furieuse, je me sentais coupable d'avoir cru en lui.
Un mur de sable noir s'érigea subitement, bloquant une flèche qui était destinée au maître des cauchemars. J'écarquillai les yeux sur Phobos qui était également de retour, ainsi que Sebastian.
Le jeune homme semblait furieux, il manipulait le sable noir en tourbillons désordonnés. Son père s'avança jusqu'à lui et lui administra une gifle bien méritée. Ce dernier continua de cracher sa bile, imperturbable, mais mon attention fut attirée vers Apolline qui avait cessé de pleurer, bien que ses yeux restent rouges. Elle avait porté une main à son visage et l'en écarta, une trace vermeille sur les doigts. Son nez saignait, comme celui de Phobos. Affolée, elle jeta des coups d'oeil à Anatole qui sortit un mouchoir de sa poche et le lui tendit d'un air soucieux. Elle n'avait reçu aucun coup et pourtant... elle était blessée.
Alors, je compris. Le lien qui devait être rompu par sa mort à elle. Si elle venait à périr, nous serions sauvés, car Phobos n'existerait plus non plus. Tous deux étaient liés par une force qui nous dépassait. Etait-ce le Sable Noir ? En attaquant l'un, nous affaiblissions l'autre.
Je tapotai doucement le dos de Lily afin qu'elle se calme, et me relevai d'un bond. L'enfant s'agrippa davantage à moi et j'aurais tant souhaité la garder à mes côtés, mais... il fallait que j'agisse. Je ne pouvais laisser les choses se dérouler ainsi. Je ne pouvais pas rester simple spectatrice alors que Phobos poussait son père à le tuer en emmenant Apolline dans la tombe avec lui.
Je croisai le regard de Sebastian et lui demandai :
"Occupe-toi d'elle. Console-la."
Le coeur lourd, j'enlevai les mains de Lily qui s'enfonçaient dans mon dos et la poussai doucement vers le marchand de sable. Juste avant de me retourner, je vis son visage baigné de larmes. Je me mordis les lèvres. C'était bien trop dur de la voir ainsi, en proie à la peur et au chagrin. J'ignorai ce que Pitch lui avait montrée mais cette histoire ne s'arrêterait pas là.
Au moment, de me retourner vers l'affrontement, je vis le père projeter le fils grâce à une masse de sable noir. Sous la violence de l'impact, ce dernier traversa le mur dans un bruit tonitruant.
"Non..." balbutiai-je, trop tard.
A quelques mètres, Apolline tomba au sol dans un couinement de douleur, mais elle se releva vaillamment au bout de quelques secondes en se frottant le bas du dos.
"Arrêtez de vous battre, c'est exactement ce qu'il veut !" m'écriai-je en me précipitant vers Pitch. "Il essaie de blesser Apolline ! Ils sont liés tous les deux, regardez-la !"
La jeune fille se sentit chamboulée par tant d'attention et cacha son visage derrière ses mains car elle avait enfoncé deux bouts de mouchoir en papier dans chaque narine afin de stopper le saignement.
A l'autre bout de la pièce, du bruit se fit entendre alors que Phobos venait de surgir du trou béant dans le mur. Il marchait entre les gravats d'un pas assuré, bien que sa coiffure ait pas mal subi et que de la poussière recouvrait ses vêtements. Du coin de l'oeil, je vis du sable noir s'élever du côté de Pitch mais cette fois-ci, hors de question de le laisser se battre. Je n'allais pas sacrifier Apolline. Sans réfléchir, je pivotai vers lui et levai la main. Le sable s'affaissa aussitôt alors qu'une décharge invisible traversait ma main et se fichait entre son front. Comment savais-je sa destination sans la voir ? Je l'avais perçue. Le maître des cauchemars me renvoya un regard interloqué. Aussi ébahie que lui, je baissai les yeux sur ma paume ouverte. Qu'avais-je fait ? Quelle était cette capacité qui m'était inconnue ? Un frémissement me parcourut. L'angoisse me saisit. Je n'en voulais pas.
Brusquement, je sentis une masse s'abattre sur moi et me propulser contre une paroi. J'étouffai un grognement alors que je rencontrai violemment le sol sous un tonnerre de gravats. Un peu sonnée, je me relevai et fis face à Phobos qui se tenait à plusieurs mètres, une lueur maligne au fond des yeux.
"Je ne riposterai pas." déclarai-je froidement. "C'est exactement ce que tu souhaites."
Il esquissa un rictus et parcourut rapidement la distance qui nous séparait pour lever le poing vers moi. Je plaçai mes bras en croix pour me défendre mais il n'abaissa pas son poing, comme si quelque chose l'en empêchait. Je crus lire une brève indécision dans son regard perturbant, avant qu'un sourire malsain ne se dessine de nouveau sur sa bouche.
"Tu es une enfant, alors jouons un peu."
L'instant d'après, il tenait Anatole par la gorge, le soulevant d'une main de quelques centimètres au-dessus du sol, sans cesser de m'observer d'un air supérieur.
"Une vie pour nos sangs versés..." murmura-t-il tout en regardant vers Apolline.
Anatole essayait de lui faire lâcher prise mais Phobos serra davantage. Le visage du jeune homme prenait une teinte violacée. Je ne savais que faire. En attaquant Phobos, je risquais de tordre le cou de mon ami. Ou que les os de sa nuque se brisent.
Subitement, quelques mots s'échappèrent faiblement de la bouche d'Anatole :
"I believe... I can... fly..."
Surpris par les paroles de cette chanson plus qu'inappropriée, Phobos tourna la tête vers sa victime qui respirait par saccades.
"I... diot..." articula-t-il dans un souffle.
Profitant de cette distraction, je fermai le poing et l'enfonçai dans le ventre de Phobos. Je mis la force nécessaire pour lui faire lâcher prise, me retenant de faire imploser ses organes internes même si l'envie ne manquait pas. Le jeune fou étouffa une exclamation et fut projeté plusieurs mètres plus loin, alors qu'Anatole tombait au sol. Sans attendre, je me précipitai vers lui et l'attrapai par le col de sa chemise. "Ca va ?" m'enquis-je, inquiète.
Nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Jamais encore je ne l'avais vu d'aussi près. Ses paupières papillonnèrent et il balbutia, tout en m'enveloppant d'un regard dévoué :
"Je t'ai... sauvé... la vie..." "Ca a l'air d'aller." estimai-je en le lâchant brusquement et en sautant sur mes pieds.
Anatole s'affaissa lentement sur le sol. Je me désintéressai de lui pour fixer Phobos qui s'était déjà relevé. Je jetai un coup d'oeil à Lily qui était sous la protection de Sebastian. Elle me fixait d'un air choqué et je passai une main à mon front en éprouvant une vive douleur. Du sang maculait mes doigts.
"C'est juste un jeu." dis-je pour la rassurer. "Ne t'inquiète pas, tout va bien."
"Des mensonges. Encore et toujours des mensonges." fit la voix sirupeuse de Phobos. "Tu as promis à Lily de la protéger et tu lui mens à la toute fin pour garder la face."
"Phobos." coupai-je sèchement. "Quand tu parles : tais-toi."
J'aurais pu trouver meilleure répartie mais une faiblesse s'emparait de moi. Mon corps tout entier me faisait mal, comme si la douleur s'éveillait seulement maintenant, quelques minutes après ma rencontre avec le mur. Sans doute que l'adrénaline quittait mon corps. Je grimaçai mais ne lui tournai pas le dos. Je n'allais pas l'affronter physiquement, cela lui aurait fait bien trop plaisir. Sebastian était-il en mesure de l'endormir ? Il lui serait impossible de nuire s'il était au pays des songes, et libre à Pitch de lui offrir une palette de cauchemars. J'aurais souhaité m'entretenir en privé avec Sebastian afin de lui exposer mon idée, mais il se tenait un peu trop loin. J'espérais qu'il trouve cette solution par lui-même. Peut-être cela suffirait-il ?
Peut-être pas.
Phobos : 50% Ellie : 75%
crackle bones
Diane Moon
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“I love you to the moon and back”
| Conte : Hercule | Dans le monde des contes, je suis : : Artémis la déesse de la chasse et de la lune herself (même si je viens du monde réel)
Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible le plus longtemps d'avoir à choisir un camp...
J'étais restée spectatrice impuissante devant tout ce qui se déroulait devant moi. D'abord, cet étrange balet tiré tout droit d'un très mauvais western, puis la flèche qu'Elsa avait gelé, et Apple, prête à se sacrifier pou empêcher Phobos de gagner. Mes oreilles, bourdonnaient, alors que Sab et Pitch venaient de disparaître à l'intérieur de l'esprit de Lily. Je portais, mes deux mains, à mes tempes, serrant les deux, tandis-que mon visage se crispait sous le poids de la douleur. Les émotions, que je ressentais étaient d'une violence telle que je n'en avais jamais connus. Elles se mélangeaient toutes aux miennes. Que ce soit, Phobos, Apple, Ellie...Tous, toutes leurs émotions, me vrillaient les tempes. J'étais inutile dans cet étant, je ne pouvais pas combattre. Je fermais les yeux, quand Lily cria. J'entendis vaguement Pitch, expliquer de quoi il en retournait, qu'il n'avait pas eu d'autres choix, que de la réveiller avec un cauchemars. Je, ne savais pas ce qu'elle avait vu. Ou tout du moins, les images. Mais, je pouvais sentir sa terreur, une terreur telle qu'elle n'en avait jamais connus. Je, ne pouvais pas l'aider, je ne pouvais rien faire. C'était pire qu'un marteau piqueur dans mon esprit. La douleur se faisait plus vive. Il fallait à tout prix que je compartimente. Que, j'essaye de me retrouver. Si, je me laissais submerger par la douleur que je ressentais, de par toutes les émotions des autres que mon empathie pouvait capter, je ne servirais à rien. Et, il n'en était pas question. Je, n'avais pas Apollon avec moi, pour m'aider, pour m'apaiser, par notre lien. Je, devais le faire seule, je ne devais compter que sur moi même, sur mes propres capacités. Une inspiration
Une expiration
Le sang qui bat contre mes tempes
Une inspiration
Une expiration La douleur se fait moins présente
Une inspiration Une expiration
Je me focalise sur mes émotions uniquement
Je rouvris les yeux, poussant un soupire de soulagement, ça n'avait duré pas plus d'un quart de secondes. Mais pour moi, c'est comme si ça avait duré une heure. La douleur avait disparut, je ne devais pas laisser mon empathie active, je devais me focaliser sur mes émotions, uniquement. Et ainsi, je n'éprouverais plus de migraine. Ça aurait été plus simple, si l'aspirine avait eu un quelconque effet sur mon organisme. Sauf que rien n'est jamais simple dans la vie. Et j'allais en faire une fois de plus, l'amère expérience....
Je voyais l'affrontement, de Pitch et Phobos. Le père contre le fils. J'étais estomaquée, devant la gifle qu'il lui administra. Pas, qu'il ne l'avait pas mérité, mais tout de même, il y avait peut-être d'autres moyens que d'en venir directement aux mains. Ma gorge se serra, un peu plus, en le voyant être éjecté à travers le bois. Une partie, de moi, ne pouvais pas tolérer cela. De même, lorsqu'il revint, affrontant Ellie. Je ne pouvais, pas, je ne pouvais pas les laisser faire. Je, ne pouvais pas les laisser l’anéantir. Non, jamais, pas encore :
- Ça suffit ! Hurlais-je
Je pouvais sentir leurs regards sur moi, à nouveau. Je pouvais sentir, leur perplexité. Je ne retins plus mes larmes, qui menaçaient déjà de sortir. A nouveau c'était quitte ou double. J'avais tout à perdre, tous ceux que j'aimais. Je prenais, le risque de les perdre à jamais. J'avais l'impression d'être revenu de l’expédition dans les Bermudes. Que Poséidon, se tenait face à moi, me demandant de ne rien dire. Et ce tiraillement, cet insoutenable tiraillement : lequel de mes frères allais-je perdre à jamais ? Aujourd'hui, ce n'était plus mes frères uniquement. C'était mes nièces, mon neveu, ma sœur, mes amis, mon frère....Toute ma famille, au grand complet. Je risquais de tous les perdre. Mais, je ne pouvais pas les laisser faire ça. Qu'importe après tout, j'avais toujours été seule. C'était mon fardeau. Je l'avais porté, pendant tellement longtemps. J'avais tellement, espéré m'en débarrasser. Mais...La solitude semblait être mon unique compagne. Pour l'éternité. Je faisais à chaque fois l'erreur de m'attacher. Je, ne devrais pas. Je devrais, arrêter. Peu importe, la voie que j'emprunte, mon futur ne semblait être fait que solitude. J'avais prit le risque d'aimer, d'avoir une famille. Et aujourd'hui...Sans doute allais-je la perdre pour de bon. Mais, la vie n'est pas juste. La vie, est cruelle, elle nous impose des choix, et l'on ne peu pas toujours faire l'autruche, en refusant de les faire. Et en fuyant les problèmes. J'avais fuis pendant tellement, d'années. Le temps était venue pour moi, d'assumer pleinement mes responsabilités.
Tremblante, je détachais mon bracelet à breloque, que je portais jusqu'à mon visage. Le serrant, furieusement, dans ma main, tandis-que des larmes silencieuses roulaient sur mes joues. Je leur demandait pardon, à tous, même si certains ne pouvaient pas m'entendre. Ceux, qui étaient présent, le pouvait. Dans leur esprit, résonnait un seule et unique mot « pardon ». Pardon, pour ce que je m'apprêtais, à faire, pardon, pour leur tourner le dos, pardon de ne pas être de leur côté. Pardon, d'être moi tout simplement.
Je fourrais vivement, le bracelet dans ma poche de veste, relevant sur eux, mon regard embuée. Mes mains, tremblaient, mais mon esprit était fixe. J'avais prit ma résolution. Et, je m'y tiendrais coûte que coûte. Mes lèvres, tremblaient tout autant quand je les ouvrit :
- Je ne peux pas vous laisser faire ça. Je n'ai pas su les protéger, je n'ai pas été présente pour elles. Je, n'ai pas écouté ma raison. Elles sont partis, et elles l'étaient déjà quand je les aient retrouvés. Je, ne les ai pas accompagné jusqu'au bout, et il n'y a pas un jour sans que je le regrette. Mes filles sont mortes, elle ne me seront jamais rendu et c'est entièrement ma faute. Alors, je ne peux pas prendre le risque de perdre mon fils. Parce qu'aujourd'hui je suis sa mère, et mon devoir est d'agir en tant que tel. Je suis désolée
Ma voix se brisa dans un sanglot, tandis-que je chassais au loin, les souvenirs, du passé. Celui du jours, où j'avais tout perdu. Je ne pouvais pas les laisser détruire Phobos, je ne pouvais pas les laisser m'enlever un enfant de plus. Plus jamais. Plus jamais, je ne souhaitais être lié à qui que ce soit. Je ne voulais plus être tante, je ne voulais plus être mère, je ne veux plus crée et je n'ai plus du tout envie d'enfanter. Il est tout ce qu'il me reste. Qu'importe si lui, me hais. Je l'aime de tout mon cœur, il restera à jamais mon petit garçon. Phobos...Orion quelle différence ? Il est le fils que j'ai voulu. Le fils de l'homme que j'aimais. Même si lui aussi, j'allais le perdre aujourd'hui.
Mon cœur se serra, tandis-que le silence était uniquement rompus, par le bruit de mes talons, claquant sur le sol alors que je m'avançais droit vers Phobos. Sans un regard en arrière. Je, ne voulais pas voir leurs regards déçus, ou déformé par la haine. Je, ne voulais pas sentir se poignard s'insinuer encore plus dans mon cœur. Je savais, que je les perdais en agissant, ainsi. Mais, encore une fois, je ne pouvais pas faire autrement. Je, ne pouvais pas les laisser détruire mon enfant. C'était mon devoir en tant que mère de le protéger.
Arrivé à sa hauteur, je me tournais à nouveau vers les autres :
- Si vous, voulez le détruire...Il faudra me tuer d'abord.
Je tournais le dos arrivant en face de Phobos. Il me jeta un regard surpris puis de tourner la tête vers Apple avant de me regarder :
"Ils iraient jusqu'à la tuer pour m'avoir. Aucune pitié."
Son regard se porta sur Ellie cette fois il la fixa un instant avant de tourner de nouveau son regard vers moi :
"Rejoins moi mère, combattons les ensemble."
Je ne peux pas les laisser te détruire, tu es mon fils. Pour le meilleur et pour le pire, je suis prête à tous les sacrifices.
Il hésita un instant, avant de laisser échapper un petit sourire, et de s'essuyer le sang qu'il avait sur le nez. Subitement, tout ce qu'il y avait autour se changea en sable noir. Nous étions tous emporté, dans un gigantesque tourbillon fait de cette matière. Et elles apparurent. Aussi noir, que pouvaient êtres les chevaux de Pitch, mais à forme humaine. Identiques, toutes les cinq. Tout, jusqu'aux traits du visage me les rappelaient. Mais, elles n'étaient pas elles. Elles leurs ressemblaient juste.
"Utilise les pour les atteindre."
Mon regard passa brièvement sur chacune d'elles. Arcs en mains, identiques à ceux que j'avais conservé. Ma gorge se serra à nouveau, je refusais de les laisser voir ma souffrance, je refusais de me tourner face à eux. Mon regard n'était porté que sur les copies parfaites, de mes filles :
- Silena, Cassiopée, Ariane faites-le Eulalie, Calypso protégez leurs arrières
D'un même mouvement, je pouvais entendre les arcs siffler, et les flèches toucher leurs cibles. Moi, je restais toujours dos à eux. Seule, une larme silencieuse, témoignait ma douleur.....
Don't cry, mercy. There's too much pain to come...
« Vous l'avez dit vous même, je suis nanti d'un courage hors du commun et grâce à mes actes, aujourd'hui nous saurons enfin qui sont ces êtres que vous voyez comme des gardiens. »
J'observais la scène qui se déroulait devant moi. Ma mère avait eu l'audace et elle avait fait preuve du même courage que moi, pour s'opposer aux personnes qui lui étaient chers. Je respectai son geste et je la respectai elle, pour ce qu'elle venait de faire.
« Je peux voir dans vos yeux la même peur qui anime leur coeur. Il n'est pas nécessaire de les tuer pour les atteindre. Il suffit de montrer à certains d'entre eux le droit chemin ! Par conséquent je respecte notre pacte de... non agression. Le Sable Noir se chargera du reste et je sais que face à lui vous ne pouvez rien, n'est ce pas ? »
Il ne répondait pas, il ne disait rien, se contentant d'observer la scène qui se jouait devant nous. On ne pouvait pas le voir, mais moi je le voyais. Il était revenu car je l'avais appelé. Je voulais qu'il soit là pour la fin. Des ombres noires étaient apparues et je leur avais donné l'apparence des chasseresses que ma mère avait perdu. Ca augmenterait ses convictions et son envie de se battre. J'avais une mine réjouie. Elle allait se charger de faire des dégâts et je pourrai m'occuper de rendre à mon père la monnaie de sa pièce. Je n'étais pas allé "me plaindre" chez ma mère, elle avait d'elle même pris les devants et compris où était sa place, aux côtés de qui elle devait se tenir.
« Mes amis ? Je vous prie... scellez leur destin. »
Sans se faire attendre, mes créations de Sable Noir aux traits de Silena, Cassiopée, Ariane, Eulalie et Calypso étaient une nouvelle fois passé à l'attaque s'en prenant cette fois ci à Elsa et Ellie. Je sentais qu'elles allaient avoir mal. Un rictus s'était dessiné sur le visage du vieil homme que personne pouvait voir en dehors de moi. Il n'était pas à cette époque, ni à une autre époque. Il flottait dans le temps, voyageait sans fin. Il observait tout d'un oeil inquisiteur, mais il ne participait pas. C'était un lâche, comme toute son espèce. Mon regard avait croisé celui de Sebastian et un nouveau sourire s'était dessiné aux coins de mes lèvres.
« Marchand de Sable ! On s'amuse ? Il croit en toi à un tel point que ça en est pathétique. Laisse toi ensevelir par le Sable, laisse toi emporter par lui. »
J'avais dit cela tandis qu'un tourbillon de sable s'était jeté sur Sebastian et la petite fille qui s'était réfugiée à ses côtés. Il allait avoir à faire à quelque chose de gros dont il ne reviendra peut-être pas. Pendant ce temps, une des chasseresses s'était attaquée à Pitch.
« NON ! »avais-je hurlé à son encontre.
« Celui ci est pour moi. Tous les autres sont à toi. N'est ce pas père ? On ne se priverait pas d'un ultime face à face ? Peut-être que pour toi je ferai une exception et j'irai au delà de ma parole. »
« I know not what to call this, nor will I urge that it is a secret, overruling decree, that hurries us on to be the instruments of our own destruction, even though it be before us, and that we rush upon it with our eyes open. »
« Si vous, voulez le détruire...Il faudra me tuer d'abord. »
La voix de Diane avait résonné comme le glas fatal et final. Ce n’était plus la déesse qui parlait. Ce n’était plus la gardienne de la Lune ni même une femme mêlée aux humains. Ce n’était plus une aventurière. Ce n’était plus une âme en quêtes de réponses et d’avancement. Ce n’était plus une tante. Ce n’était plus une sœur. Ce n’était plus rien de ce qu’elle pouvait être auparavant. C’était la voix d’un tout nouveau personnage que Sebastian n’avait jamais vu chez elle : celui d’une mère. La mère de Phobos. Une mère qui assistait depuis le départ, impuissante, aux manigances et fourberie de celui qui était considéré comme son fils. Qui tentait de survivre et de lutter sans pour autant s’attaquer directement à lui. Qui se contentait de subir et d’accepter le déroulement malgré tout. Qui n’avait jamais pris position. Qui n’avait jamais osé élever la voix sur le reste. Qui avait toujours été du côté du Fossoyeur et des siens. Mais là, maintenant, alors qu’elle leur tournait le dos, Diane venait de littéralement changer de camp. Explosant les pronostics, elle aurait fait un home-run en base-ball qu’elle n’aurait pas provoqué plus grande surprise alors. Qu’est-ce qu’il se passait ? C’était simple : la déesse de la Lune avait décidé de protéger ce qui comptait le plus à ses yeux ; et la place de Pitch venait d’être évincée par le jeune homme qui leur faisait face.
En un sens, le marchand de sable ne pouvait pas lui reprocher un tel choix. C’était au delà de l’entendement mais c’était d’une logique si rigoureuse et passionnée que rien ne semblait pouvoir entraver une telle décision. Elle ne les regardait plus. Elle ne les affrontait plus. Elle abdiquait en faveur de cet enfant qu’elle n’avait jamais eu, jamais élevé, mais qu’elle reconnaissait comme le sien. Ses mains se crispèrent sur les épaules de Lily qu’il tenait toujours contre lui, dissimulant son visage enfantin contre son torse alors qu’elle avait du mal à retenir ses sanglots. La petite fille aussi était maman dans une autre vie. Dans leur monde. Et elle avait elle-même eut une mère pour veiller sur elle… Que le maître cauchemar avait fait mourir dans son esprit pour la forcer à reprendre conscience. A cette pensée, ses dents se serrèrent. Il avait osé s’en prendre à Lily. Il avait osé s’en prendre à une enfant sans tenir compte des dommages collatéraux que cela pouvait engendrer ; si Sebastian n’avait pas déjà une rancune à son égard, il venait de se rappeler pourquoi est-ce qu’ils ne s’entendraient jamais. Absolument jamais.
Les ombres du sable dessinèrent des figures féminines, cinq femmes qui visiblement n’étaient pas inconnues pour tout le monde. Des guerrières qui bandèrent leurs arcs dans leur direction, faisant écarquiller les yeux de Sab. Alerte, relevant la tête, il chercha le regard d’Ellie bien plus loin. Non…
L’ordre. Direct. Qui fit voler les flèches vers eux pour les blesser et les assassiner. Aussitôt le gardien leva son bras, l’autre tenant fermement la petite fille contre lui, pour faire surgir un immense mur doré autour des personnes à sa portée ; ce dernier figea les flèches destinées à Ellie, à Apolline, à Anatole étalé encore sur le sol et… à Lily et lui-même. Malheureusement il ne fut pas assez rapide pour défendre tout le monde et il ne s’en rendit compte que lorsqu’il s’évapora dans des milliers de grains de sable éparpillés. Haletant, le regard alerte, Sebastian se releva sur ses jambes mais assista, impuissant, à une nouvelle attaque qui percuta Ellie et la reine des neiges ; l’esprit réfléchissant à toute allure, les bras de Lily cramponnés à lui, il fixait tour à tour les créatures infernales, ses compagnons de route, la déesse de la Lune qui ne leur accordait toujours aucun regard et… Phobos.
Qui parlait. Discourait. Semblait s’adresser à quelqu’un mais quand le gardien tourna la tête sur la gauche, il ne vit rien d’autre que les tourbillons de sable noir. Ses yeux clairs rencontrèrent les siens, animés d’une flamme aussi passionnée que destructrice. Ce n’était pas un enfant ou un adolescent. Ce n’était pas un innocent ou un débutant. Il savait ce qu’il faisait et il le faisait avec une verve telle qu’on pouvait presque sentir sa rage dans chacun de ses mots crachés.
« Marchand de Sable ! On s'amuse ? Il croit en toi à un tel point que ça en est pathétique. Laisse toi ensevelir par le Sable, laisse toi emporter par lui. »
De… Qui parlait-il ? Qui pouvait bien… A qui est-ce que Phobos était en train de rendre des comptes ? Mais avant que Sebastian ne puisse en comprendre d’avantage, un tourbillon de sable noir se rua dans sa direction. Il n’eut que le temps de saisir Lily dans ses bras avant de se faire engloutir par les ténèbres et de disparaître sans laisser de traces.
La chaleur.
Cuisante. Dévorante. Etouffante. Sab ouvrit les yeux sur un univers aux contours obscurs mais empli de sable. Du grain mate, brillant, désertique. Un sable qui les entourait, la fillette et lui, en se déplaçant dans des tourbillons menaçant pour peu à peu les submerger. Bousculer. Dévier. Le ressac des vagues qui s’amoncelaient et se brisaient contre leurs jambes pour les faire chavirer. Les engloutir. Les dévorer alors même qu’il ne semblait pas y avoir de sortie. Il perdit l’équilibre, submergé au point d’aller à la rencontre d’une surface lisse, transparente, douloureuse. Semblable à du verre quand il apposa sa paume dessus, il s’en servit pour se redresser maladroitement. Une main apparue. Il la saisit, tira, extirpa Lily vers le haut et elle prit une inspiration désespérée.
C’était comme se déplacer sur des sables mouvants. Ces derniers l’empêchaient d’être stable, le forçant à basculer pour tenter de l’ensevelir. Son propre sable doré se mit en action, tentant de leur créer une bulle de protection comme il savait les faire. Ecarter. Eloigner. Tenir à distance pour pouvoir respirer. Celle-ci se brisa en même temps qu’une vague s’abattit sur sa nuque, l’obligeant à ployer l’échine et à sombrer au milieu du grain sans pouvoir respirer. Ses yeux le piquaient. Le brûlaient. Il n’avait nulle part où s’appuyer pour remonter et il battit des bras pour espérer s’extirper. Retrouver l’extérieur. Retrouver cet air qui se raréfiait alors que des murs de sable se dressaient tout autour d’eux. Sortir de là. Sortir de ces remous pour trouver quelques secondes de réflexion.
Ses yeux hagards fixaient Lily qui peinait à rester à la surface, se fatigant en se débattant, s’accrochant à ce bras qu’il lui tendit comme à une bouée de sauvetage. Il fallait sortir d’ici. S’extirper de cette cage. S’extirper de ce songe aux décors obscurs qui ne lui rappelaient que trop bien le néant dans lequel il avait été plongé par Pitch. Propulsé dans un ailleurs par le sable des cauchemars, Sab avait erré dans un univers vide de tout, absolument de tout ; mourir aurait été une aventure plus palpitante… Un peu comme celle qu’ils étaient en train de vivre. Sauf qu’il ne pouvait pas se permettre de mourir, pas maintenant, pas comme ça, pas sans rien faire.
Les pleurs de Lily l’obligèrent à se recentrer sur la situation. Déglutissant, le marchand de sable observa à nouveau autour de lui. Du sable. Son élément. Il était le maître du sable. Le gardien des songes et de l’imaginaire. Il était le Sable. Chaque parcelle de son être n’était composée que de ces grains dorés si particuliers… Il ne pouvait pas se laisser ainsi dominer par son propre élément. Ce serait risible. Se calmer. Se concentrer. Sentir bouillonner les millions de grains dont il avait la garde alors qu’ils s’insufflaient au travers des mailles de ces filets mortels. Presque aurait-il put voir la structure même de leurs actions alors que sous l’apparence nacrée se dissimulaient des grains aussi sombres que l’ébène. Tout ceci n’était que le fruit d’un pouvoir. D’un autre pouvoir. Un pouvoir qu’il se devait de bloquer et de dévier. Un pouvoir qui ne devait en aucun cas surpasser le sien ou tout serait perdu… Même Pitch n’avait jamais pu le battre. Ce n’était pas son fils qui allait commencer, même si les enfants étaient destinés à surpasser leurs parents. Ce n’était pas l’heure.
Concentré, Sebastian sentit peu à peu son esprit s’insinuer tout autour d’eux. Une étrange sensation l’envahit alors qu’il ressentait peu à peu chaque nouveau centimètre qu’il gagnait ; rencontrer les nœuds. Les croiser. Les répudier. Peu à peu les délier. Retirer ce pouvoir obscur pour libérer les grains de sables de l’emprise maléfique. Des liens brisés pour les remplacer. Des ténèbres qui éclatent pour se faire envahir par la lumière. Ne pas l’attaquer. Plutôt le dévier, le… Les vagues violentes semblèrent s’amenuiser quand il rouvrit les yeux, se rendant compte qu’il ne respirait plus. Est-ce que cela pouvait marcher ? Est-ce que cela suffirait à éloigner ce piège qui était en train de les étouffer ? Il sentit les bras de Lily se resserrer autour de son cou, le tirant de sa concentration et manquant de lui faire boire la tasse.
Aussitôt, un tremblement parcouru l’intégralité du décor et les vagues explosèrent contre les parois. Un violent remous les propulsa sur le côté, frappant leurs corps contre la paroi avant de les faire revenir au centre, malmenés. Sonnés. Sous ses doigts Sebastian senti comme une surface plus dure, plus rêche, du sable solidifié qui s’extirpa des volutes granuleux pour leur faire face : quatre lances pointues apparurent au-dessus de lui, comme les messagers divins envoyés par un dieu infernal pour les punir d’avoir osé lutter. Même tenté de les repousser. Son cœur manqua un battement sous la panique qui s’empara de lui, levant les mains pour se défendre alors qu’elles s’abattaient, fatales, droit sur eux. L’une des lances traversa son épaule, le faisant hoqueter d’un hurlement sans bruit qui mourut au fond de sa gorge sèche. Douleur. Souffrance. Supplice. Torture… Il ne se rappelait pas avoir déjà ressentit pareil calvaire, ni même avoir été blessé de la sorte durant toute sa vie.
Mais, pire que tout, il ne se souvenait pas avoir déjà entendu un enfant pousser un tel hurlement de souffrance quand l’une des lances taillada la chair de son cou et de son épaule. Lily. Lily venait de… Blessée. Par sa faute. Par sa… Sous le choc il fut balancé en arrière, tournant en perdant toute notion de haut et de bas à mesure que les tourbillons infinis l’obligeaient à mourir sous leurs assauts. Non, ça ne pouvait pas se passer comme ça. Ca ne devait pas… C’était son élément. Ce pourquoi il était fait, ce pourquoi il était là. Le Sable n’aurait jamais raison de son propre créature, il ne pouvait le concevoir. Ce n’était pas destiné à tuer. Ce n’était pas destiné à blesser. Ce n’était pas comme ça qu’il devait être utilisé. Jamais. Le sable était le porteur des rêves. Des songes. Le sable…
La plaie béante de son épaule le fit grimacer tant elle rendait le moindre geste douloureux. Pourtant il tendit la main en avant. Il la tendit avec toute la force dont il était capable. Il la tendit jusqu’à voir les filaments dorés de son pouvoir l’entourer peu à peu et se mettre à irradier de toute leur puissance aveuglante. Le brouhaha du sable alentour sembla se taire, devenir sourd sans pour autant cesser son manège infernal, installant un silence intransigeant contre lequel rien ne semblait pouvoir lutter. La lumière s’agrandit sous les volutes vaporeuses qui tourbillonnait autour de lui, écartant sans ménagement le danger et révélant le corps de Lily à sa portée. Il la saisit sans la regarder, rassurée de sentir ses petites mains se cramponner à sa veste, signe qu’elle était encore consciente. Il l’avait mise en danger. Il l’avait blessée. Il avait manqué à son devoir de gardien… Et il se devait de se rattraper. C’était tout bonnement hors de question de finir ainsi, sans même lutter. Sans même essayer. Sans même tenter quoi que ce soit pour inverser la balance.
Le sable s’écarta d’eux pour se coller aux parois transparentes, mue par la volonté du Marchand de Sable qui éradiquait la moindre parcelle de noirceur à proximité. Les grains dorés des rêves se mêlèrent au sable d’une douce couleur claire, créant une lumière apaisante malgré le côté angoissant de la situation ; distance. Eloigner. Ecarter. Se tenir là, au centre de cette étrange cage de verre qui possédait une ouverture minuscule juste au-dessus de leur tête. Les yeux de Sebastian parcoururent rapidement leur environnement soudain maîtrisé, dominé.
Puis il referma brutalement son poing sur lui-même et le sablier dans lequel ils se trouvaient explosa.
Une… PLAGE.
Le décor força Sebastian à fermer les yeux quelques instants avant de les rouvrir, fronçant les sourcils pour s’habituer peu à peu à la lumière aveuglante. Devant eux se dessinait désormais une longue plage de sable blanc bordée d’une eau turquoise et alléchante. Une végétation luxuriante se trouvait un peu plus loin, des palmiers extirpant leurs crêtes narquoises au-dessus des autres plantes pour espérer atteindre le ciel clair. Pas un nuage à l’horizon. Juste un peu de vent qui le fit frémir en passant à côté d’eux, faisant résonner les cris de quelques mouettes lointaines.
L’apaisement. Le calme. L’accalmie sans qu’il ne puisse comprendre pourquoi est-ce qu’il était en train de ressentir une telle bouffée de quiétude. C’était comme un baume cicatrisant. Une sensation délicieuse et rassurante. Le gardien prit le temps de respirer plusieurs fois cet air chargé de sel, s’imprégnant de la saveur tendre de l’endroit. Une impression familière s’empara de ses sens même s’il ne parvint pas à mettre immédiatement le doigt dessus… Peu importait, ils semblaient davantage en sécurité ici que dans le sablier. Même la plaie de son épaule avait disparue. Même le sang sur le corps de Lily s’était évaporé. Il ne restait qu’elle et ce Monsieur Bisou qu’elle serrait dans ses bras.
Sebastian croisa son regard, insufflant une interrogation muette à laquelle elle répondit en haussant les épaules ; puis elle se tourna vers lui et tendit les bras dans sa direction. Comprenant le message, il se baissa un peu malgré la fatigue de ses muscles pour la soulever et la porter contre lui. Sentir les battements de son cœur en train de s’apaiser était une récompense bien plus importante qu’il ne l’aurait cru. La petite fille passa ses bras autour de son cou et apposa sa tête contre la sienne, bercée par le rythme de ses pas lorsqu’il se décida à avancer. Il faisait un temps magnifique, le soleil était haut dans le ciel et une chaleur agréable les enveloppait l’un et l’autre comme un nid de coton.
Après quelques mètres, un petit objet à demi enfoncé dans le sable attira l’attention du gardien. S’en approchant avec prudence, il eut la surprise en l’extirpant de découvrir… Un arlequin ! Aussitôt le visage de Louise lui apparu et il ne put s’empêcher de sourire tendrement. Elle adorait les arlequins, elle lui en proposait toujours et les dévorait par paquets entiers. Lily lui adressa un regard curieux quand il lui tendit le bonbon, le prenant pourtant entre ses doigts avec un sourire réponse pour le faire tourner dans sa paume. Les couleurs étaient jolies et agréables. Elle gloussa un peu quand il désigna sa bouche, s’amusant à faire résonner le bruit de l’emballage qui semblait être une étonnante distraction.
Sab l’observa, rassurée de la voir aller un peu mieux, avant de reporter son attention vers les palmiers qui bordaient la plage. Ce n’est qu’après quelques secondes que son esprit sembla percuter la présence d’un HOMME assis sous l’un d’eux, adossé au tronc dans un costume bleu foncé à rayures et des lunettes à monture noire posées sur son nez. Les cheveux grisonnant mais l’air sérieux, il semblait particulièrement concentré dans la lecture d’un livre à l’apparence lourde et ancienne : Robinson Crusoé.
Le marchand de sable connaissait cet homme : il l’avait vu lorsque Louise et lui avaient atterri dans la Grande Vallée, quelques mois plus tôt. Et un sourire irrépressible se dessina sur son visage taché de rousseur alors qu'Hyperion semblait à son tour remarquer leur présence.
Il se releva avec une souplesse étonnante, époussetant le sable blanc de son pantalon négligemment avant de s’avancer vers eux. Il tenait toujours son livre ouvert à la main, son regard fixé sur l’une des pages comme s’il souhaitait en terminer le passage ; une fois à leur hauteur il s’arrêta, esquissant un léger sourire en croisant le regard de Sebastian, prenant une inspiration :
« … Le plus haut degré de la sagesse humaine est de savoir plier son caractère aux circonstances, et se faire un intérieur calme en dépit des orages extérieurs. »
Un silence. Puis il referma le livre avec soin après avoir glissé un ruban bleu clair pour en marquer la page, poussant un soupir accompagné d’un coup d’œil entendu au marchand de sable. Un sourire amical avant de s’intéresser à la petite Lily toujours cramponnée, laquelle lança un regard inquiet à Sab mais se permit un sourire. Il n’avait pas l’air très méchant ce monsieur… Même s’il lorgnait sur le bonbon qu’elle tenait toujours dans sa main. Lorsqu’il lui prit la main elle eut un léger sursaut mais sa curiosité l’emporta sur le reste, fronçant son petit nez pour l’écouter.
« C’est un joli bonbon que tu as là. Plein de couleurs. »
L’homme se recula alors d’un pas, toujours tout sourire, puis fouilla dans la poche de sa veste. Il en extirpa un second Arlequin dont il retira le papier avant de le tendre au gardien.
« D’ordinaire je conseille le chocolat, mais les Arlequins, dans certaines circonstances, peuvent également rendre le sourire. »
Sebastian hocha la tête après quelques secondes, acceptant de prendre le bonbon qu’il fourra avec gourmandise dans sa bouche. Le goût sucré pétilla sur sa langue, une sensation excitante qui lui provoqua un frisson puis une grimace. Cela fit rire Lily et ce rire termina de le détendre. Les enfants avaient un tel effet doucereux sur lui qu’il se demandait comment certains pouvaient se complaire à les détester ou les malmener… Ils venaient de traverser des épreuves effrayantes, elle avait vu sa mère mourir dans un cauchemar, manqué de mourir ensevelie et s’était faite blesser par une lance. Mais là encore elle parvenait à trouver un côté amusant à la situation, créant une bouffée chaleureuse autour d’elle à mesure qu’elle semblait reprendre un peu de poil de la bête.
Il caressa un instant ses cheveux bruns pour replacer cette mèche derrière son oreille, l’observant avant d’oser poser une question qui lui brûlait les doigts.
« Où sommes nous ? »
Les lettres étaient toujours là. Le sable doré aussi. Mine de rien, il fut rassuré de voir que tout semblait fonctionner normalement… Il était toujours lui-même. Toujours ce marchand de sable. Toujours Sebastian. Et l’épreuve précédente n’était pas parvenue à le changer, bien au contraire. Agitant ses petites jambes à la vue des écritures, Lily se glissa jusqu’au sol et tendit ses mains pour essayer d’attraper les lettres volatiles. Puis elle sembla s’en désintéresser pour suivre des coquillages étalés sur le sable blanc, se précipitant avec sa peluche vers le bord de l’eau pour s’y accroupir. Fixant la surface des vagues venant lécher la plage, elle s’amusa à plonger ses doigts dans l’eau tiède et à les retirer très vite. Son rire résonna, salvateur.
« C’est très joli comme endroit. »
Commenta Sab avant de reporter son attention sur son interlocuteur. Celui-ci hocha la tête dans un sourire, regardant Lily comme pour lui répondre. Il n’eut pas besoin de le formuler à voix haute que déjà il avait compris : cette plage, cet endroit paradisiaque et tranquille, cette sensation agréable… Ils se trouvaient dans l’imaginaire de la fillette. Il fut presque surpris de ne pas l’avoir remarqué plus tôt mais il se rappela la sensation familière qui l’avait parcouru : il connaissait ce genre d’endroits. Ce genre de choix d’évasion. Ce genre de pays imaginaire que chaque enfant possédait et auxquels il accédait pendant leurs sommeils. Un jour peut-être en aurait-il assez de cela, de partir à l’aventure chaque nuit, de découvrir des univers insoupçonnés et de se surprendre de l’imagination fertile des enfants… Mais ce jour n’était pas arrivé. Des milliers d’années et toujours pas l’envie de changer de vie.
L’homme poussa un léger soupir.
« Il est regrettable que tous les enfants n’aient pas un esprit aussi merveilleux à explorer que le sien. Elle s’émerveille avec peu de choses… Mais tu le sais déjà. »
Le regard lourd de sens que lui adressa Hyperion, bien que mutin, surpris Sebastian. Comment savait-il qu’il s’aventurait parfois dans les rêves de Lily ? … Se sentant un tantinet coupable, il passa une main dans ses cheveux avant de remarquer qu’il ne s’était pas départi de son sourire. Encourageant. Après tout, le marchand de sable était le personnage principal des songes ; et ceux de la jeune femme reflétaient une âme d’éternelle enfant qu’on trouvait rarement ailleurs. Toute la myriade de sentiments et de souvenirs se trouvaient dans ses pensées, pourtant elle parvenait quand même à surmonter cela pour s’accorder une part d’imaginaire et d’amusement. Il en était impressionné et à la fois rassuré, au moins il n’existait pas pour rien. Quelque part, cela ne faisait que confirmer son statut de gardien bien au-delà du domaine de l’enfance…
Il inspira, retrouvant un sourire doux et pourtant teinté d’une certaine nostalgie.
« Des fois, j’aimerais rester indéfiniment dans des univers comme celui-ci… »
C’était son échappatoire et non pas un travail. Une passion sans bornes. Une identité propre. Combien de fois avait-il put suivre la représentation du cirque qui habitait l’esprit de Lily ? Ou encore voyager grâce au train en bois de ce petit garçon en centre ville ? Découvrir mille recettes de crèmes glacés, explorer des contrées sauvages aux animaux parlants, se laisser tomber dans des champs de blés infinis ou faire de la balançoire jusqu’à s’envoler vers les étoiles ? Ces mondes étaient des richesses. Des trésors. Aussi différenciés que semblables, jamais similaires. Se perdre à l’intérieur, voguer de l’un à l’autre sans jamais revenir… Oui, parfois il se surprenait à vouloir rester. Mais l’idée même de pouvoir recommencer le soir alors que le matin se levait était un moyen suffisant pour le faire disparaître. Chaque chose en son temps. Les rêves appartenaient à la nuit et au sommeil.
Ils restèrent silencieux quelques instants, simplement guidés par les acclamations ou les rires de la petite fille en train de s’amuser à proximité de l’eau. Son interlocuteur fini cependant par tourner la tête vers Sebastian.
« Tu ne devrais pas t’attarder ici. Ils ont encore besoin de toi, là-bas. »
Il ne détacha pas son regard de Lily malgré le serrement qui vint comprimer son torse et sa gorge. La réalité. La dure loi de la réalité. Le rappel à l’ordre. Le moment de prendre ses responsabilités.
« Je… n’aime pas les affrontements où un des partis peut mourir sous la folie de l’autre. » Avoua-t-il. « Ce serait tellement plus simple s’ils se raisonnaient et acceptaient de baisser les armes. Le sable… Le sable n’est pas fait pour s’entretuer. »
Les lettres s’évaporèrent sans leurs suivantes, marquant une pause alors que ses poings se serraient. Il délia ses doigts en les passant sur sa propre nuque.
« Il existe pour… Quelque chose de bien plus beau que ça. »
C’était important, c’était une vérité et cela beaucoup de gens semblaient l’avoir oublié ; le sable noir s’était emparé des peurs et des phobies, des cauchemars pour déployer son pouvoir aux yeux de tous. Pourtant il n’avait pas été créé pour cela, il n’avait même pas été créé du tout : un vol. Il ne résultait que d’un odieux vol de la part de Pitch… Quand Sab voyait ce que cela avait donné, il ne pouvait s’empêcher de regretter d’avoir été si bête. Tout ceci, gâché, anéanti… Détruit. Menacé. Par sa faute et celle d’un maître cauchemar avide de plus de pouvoir.
Comme s’il pouvait le comprendre, ou du moins approuver ses paroles, Hyperion hocha la tête.
Lily se redressa au bord de l’eau, agitant la main à leur attention. Sebastian leva la paume pour lui répondre alors qu’elle s’engageait dans le sable pour les rejoindre. Quelques pas et elle ralentit voire… S’arrêta et se tourna en direction de l’homme en costume bleu. Ses sourcils se froncèrent d’un air suspicieux, méfiant mais il se contenta de lui adresser un petit sourire et de lui tendre la main. La fillette hésita, tournant ses yeux bruns vers le marchand de sable comme pour s’assurer de quelque chose, avant de finalement venir serrer ces doigts tendus et de s’arrêter à côté de leur interlocuteur. Immobile. Comme si… Elle devait rester ici. Elle allait rester ici.
Sab était en train de le comprendre alors que le vieux monsieur se penchait pour se mettre à hauteur de Lily, tapotant de son index sur son petit ventre.
« On va faire un petit bout de chemin ensemble. »
Il tourna les yeux en direction de Monsieur Bisou, qu’elle tenait encore contre elle. Un instant de doute avant qu’elle ne se décide à lui tendre, lui permettant de se relever et de reprendra la main de la fillette. Ses yeux passèrent de la peluche à Sebastian, de nouveau à la peluche avant qu’il ne lui la tende.
« Je crois que cet adorable lapin appartient à une autre petite fille. »
Lily ne sembla pas s’en affecter plus que ça, hochant la tête alors que le gardien récupérait Monsieur Bisou. Il l’observa rapidement, esquissant un sourire en se rappelant qu’il appartenait à Ellie. Elle allait être surprise de le retrouver sans la petite fille à qui elle l’avait confié… Mais la perspective qu’elle puisse être en sécurité devrait la rassurer elle aussi.
« J’ai toujours pensé que le marchand de sable n’était pas lié qu’aux rêves, mais aussi à l’espoir. L’espoir qu’il véhicule à travers les rêves des enfants » L’homme marqua une pause, avant d’ajouter : « On ne combat pas toujours le mal par le mal. Parfois, un tout petit peu d’espoir peut briser les pires cauchemars. »
Une bourrasque s’engouffra entre eux, faisant s’élever le sable blanc de la plage en direction du ciel. Sebastian soutint le regard d’Hyperion, se répétant mentalement ses dernières paroles. Un hochement de tête, un sourire alors qu’il saluait Lily d’un geste de la main et reculait. Se décalait. S’élançait. En direction de ce tourbillon qui semblait la voie toute tracée pour revenir à la réalité, à ce combat qui se déroulait… Mais il ne revenait pas les mains vides. Outre une peluche en forme de lapin, le gardien revenait avec l’espoir fou que tout n’était peut-être pas perdu.