C’était officiel, Amélia était née pour me donner le sourire même dans des moments comme celui-là. Après un bon moment de parlote, je lui fis comprendre que si ça ne la dérangeait pas, je préférais rester derrière les fourneaux, histoire de ne pas avoir à faire face aux clients avec ma…nouvelle apparence disons et puis aussi parce que faire la cuisine me permettait d’oublier mes problèmes. Je me leva en même temps qu’Amélia et fis ce qu’elle me demanda. Après avoir enfiler le tablier, elle m’énonça tout ce dont elle avait besoin et je me mis au travail tandis qu’elle alla préparer devant pour pouvoir ouvrir à l’heure :

« Tout va bien se passer ! » lui dis-je avec un sourire.

Je respira longuement et me mis au travail, plusieurs gâteaux plus tard, je me rendis compte que j’avais encore du temps devant moi, donc je concocta un coulis à la pomme et compris rapidement qu’Amélia n’était pas occupée :

« Amélia, viens, faut que je te montres quelque chose ! »

La jeune femme me rejoins rapidement et je lui souris en lui montrant le bon nombre de gâteaux déjà prêt et également les deux que j’avais mis au four avant de tremper la cuillère dans le coulis à la pomme très peu sucré et tendis la cuillère à la jeune femme :

« Goûte ça et dis moi si c’est bon, c’est pour un gâteau que je vais faire à base de pommes… » lui dis-je avec un sourire « Pas empoisonnées, t’inquiètes pas ! » lui dis-je en lui faisant un clin d’œil.

Elle gouta finalement mon coulis avant que je ne me morde la lèvre, attendant son avis « Alors ? »

Regina était motivée, ça, c'était une très bonne chose. Amelia lui faisait totalement confiance, ne craignant pas de lui laisser les fourneaux et d'aller servir les clients ou remplir les présentoirs qui en auraient besoin. Certes, d'ordinaire, elle préférait être à l’œuvre, créer et utiliser ses mains. Mais vu la situation, il était préférable de changer un peu les habitudes - puisqu'après tout elles existent pour être changées, ces habitudes, non ? De plus, Regina avait déjà eu l'occasion de s'exercer sur les recettes d'Amelia. Aucune raison de paniquer, donc. Et puis l'ancienne reine l'avait dit elle-même, tout allait bien se passer. Oui, vraiment, aucune raison de paniquer.

La matinée défilait peu à peu, aussi normalement que d'ordinaire. Les clients étaient ravis de converser avec Amelia et se succédaient calmement. L'ancienne lionne faisait régulièrement des allers retours dans l'arrière-boutique, non seulement pour tenir compagnie à Regina - qui n'allait décidément pas voir grand monde autrement - mais aussi pour y récupérer tout un tas de denrées et observer sa collaboratrice dans son travail. Sans pression, ou presque.
De temps en temps, Amelia avait même littéralement le loisir de mettre la main à la pâte, pour de petites choses, certes, mais quand même.
Elle s'affairait à remettre les présentoirs en état lorsque Regina l'appela.
- Amelia, il faut que je te montre quelque chose ! entendit-elle en provenance de l'arrière-boutique.
Suffisant pour piquer la curiosité d'Amy, assurément. Il lui en fallait peu, de toute façon. De plus, les clients savaient quoi faire si elle était à l'arrière-boutique quand ils arrivaient.
- J'arrive ! répliqua t-elle en finissant d'arranger son présentoir.
Une minute plus tard, elle était aux côtés de Regina, prête à regarder ce qu'elle voulait lui montrer.
- Je vois que tu as été productive, constata t-elle ravie avant de comprendre que Regina voulait lui montrer autre chose, à mille lieues de pâtes à choux et autres pâtisseries.
Regina ne tarda effectivement pas à lui tendre une grosse cuillerée d'un coulis qui serait apparemment la base d'un nouveau gâteau.
- Toujours et encore les pommes, plaisanta Amelia avant d'enfourner la cuillère.
En vraie professionnelle, Amelia prit le temps d'analyser sous toutes les coutures de son palais le liquide qui s'était répandu dans sa bouche avant de finalement l'avaler, ce que ne se permettaient pas les œnologues. Par chance, elle travaillait le sucre, non le vin, même si cela lui arrivait d'en boire.
- C'est pas mal du tout ! déclara t-elle finalement. Dis m'en plus sur ton gâteau. Allez, vends moi du rêve, l'incita t-elle avec un sourire espiègle.

Vu que j’avais l’apparence de ma mère, ce n’était pas une super bonne idée que je sois côté boutique et puis, je n’avais aucunement envie de faire face aux regards des clients alors j’avais convenue avec Amélia que je resterais à l’arrière afin de cuisiner. Lorsque j’eu fait tout ce qui était demandé, par les commandes d’Amy du moins, je me mis au travail pour faire le coulis de pomme de mon nouveau gâteau avant d’appeler Amélia pour qu’elle goûte.

La jeune femme ironisa sur le fait que j’utilisais encore des pommes « Eh oui ! » lui dis-je avec un sourire avant de la regarder enfourner la cuillère dans sa bouche et quelques instants plus tard, elle m’annonça que c’était délicieux et me demanda de lui parler de mon gâteau avec un grand sourire. Je me mordis la lèvre et pris une feuille et un stylo qui se trouvait par là et commença à dessiner rapidement avant de lui montrer « Je pensais faire des gâteaux à partir de pommes. Je m’explique…D’abord, je ferais le coulis qui sera encore tiède quand je le mettrais dans le gâteau. La pâte du gâteaux sera enfournée dans une pomme cuite, il suffira que j’ajoute le coulis dans la pâte, puis je ferais chauffer le tout au four pendant une bonne demi-heure et je finirais par caraméliser la pomme en elle-même, ça fera un super résultat…D’ailleurs… »

Je m’étais trouvé un moment pour en faire, j’en saisis une encore chaude et la tendis à Amélia qui ne tarda pas à croquer dedans « Tout le monde pensera seulement à des pommes caramélisée mais comme tu peux le remarquer, une fois qu’ils auront croquer dedans, il découvriront un véritable gâteau et le coulis de pomme sera encore coulant et fondera dans la bouche et le gâteau aura la douceur d’un muffin… », je me mordis la lèvre et posa mon regard sur la jeune femme « T’en penses quoi ? »

Regina avait rapidement pris le pli du métier et les réflexes qui allaient avec. Un novice ce serait en effet contenté de décrire le gâteau et ses composantes mais l'ancienne reine avait, sous le regard ravi d'Amelia, attrapé de quoi écrire pou croquer son idée et aider sa patronne à visualiser ce qu'elle avait en tête, étant donné qu'elle ne pouvait pas inviter les gens à entrer dans son crâne.
Attentive, Amelia avait observé avec précision chaque tracé, écoutant d'une oreille toute aussi concerné les explications de Regina. Elle allait intervenir quant Regina se détourna d'elle, faisant signe que la démonstration n'était pas terminée. Amelia retint donc son commentaire et remobilisa son attention.
Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que Regina avait eu le temps - dieu seul sait quand, peut-être avec un tour de magie - de préparer son gâteau afin de le faire goûter à sa patronne. Car aussi fou que cela puisse paraitre, Amelia pouvait se targuer d'être la patronne de l'ancienne méchante reine. Et ça, qu'on le veuille ou pas, ce n'était pas donné à tout le monde !
- Ca sent bon ! commenta Amelia en attrapant la pâtisserie avant d'enfourner une bouchée de la pâtisserie dans sa bouche. Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est surprenant ! reprit-elle après avoir dégluti. Oh j'ai une idée ! On pourrait faire ça pour la St Valentin ! Des pommes d'amour revisitées à déguster en amoureux ! Ce serait parfait pour les lancer. Bon, s'ils l'achètent, soit ils la mangent vite, soit ils la mangent froid... A voir. En tout cas c'est suffisamment bon et original pour ma boutique. Alors, mon plan d'action, t'en penses quoi ?

Comme je m’en doutais, le gâteau pomme avait plu à Amélia et le fait de la voir sourire me fis sourire également. M’asseyant, je ne quitta pas la jeune femme des yeux et fis un signe approbatif de la tête avant de lui sourire « C’est une excellente idée Amélia ! » lui dis-je simplement. Par chance, j’en avais fait une seconde fournée et j’en pris un avant de l’enfourner dans ma bouche et de sourire « Y’a pas à dire, je suis douée pour cuisiner les pommes » dis-je avec un grand sourire.

M’asseyant confortablement sur la chaise, je posa mon regard sur Amélia et me mordis la lèvre « J’adore ton plan d’action, c’est une super idée et je pense que je ne serais pas la seule à aimer cette idée ! », respirant longuement, je lui souris avant d’entendre que des clients étaient là « Tu devrais aller t’occuper de tes clients, je reste là… »

Regina était emballée par l'idée d'Amelia, ce qui était une excellente chose. Il est, en effet, plus simple de mettre en place des nouveautés lorsque les employés sont emballés par celles-ci. Même si, au final, Amelia aurait toujours le fin mot de l'histoire quand il s'agissait de sa boutique et de ce qu'elle y vendait. Et parce que, comme tout un chacun, elle possédait également sa petite dose d'égo, elle était toujours ravie par cette délicieuse impression d'être une personne géniale aux idées lumineuses. Inspirées par les autres, certes, mais quand même. Regina avait conçu la recette et Amelia s'occupait de la vendre. Au fond, cela faisait d'elles une bonne équipe.
- Tope là ! s'écria Amelia avec une spontanéité déconcertante.
Regina n'était sans doute pas coutumière de ce genre de pratiques. Mais depuis qu'elle travaillait avec l'ancienne lionne, elle avait appris à s'y faire, tant bien que mal. Au final, leurs deux personnalités, quoique diamétralement opposées, s'accordaient plutôt bien.

Le sourire aux lèvres, Amelia était retournée dans la boutique pour servir les clients, laissant Regina vaquer à ses propres occupations. La journée s'était ensuite enchainée normalement, au détail près que Regina avait l'apparence de Cora. Personne n'en sut jamais rien parmi les clients de la boutique. Mieux encore à la fin de la journée, Amelia s"y était totalement habituée.

J’étais heureuse que mon idée plaise à Amélia et lui souris avant que cette dernière ne retourne travailler dans la boutique tandis que moi je m’occupais de faire quelques fournée de mon nouveau gateau afin d’Amy en ai et que j’en ai pour moi aussi. Finalement, la journée passa plus rapidement que je ne le pensais et tout était normal, sauf peut être le fait que j’avais l’apparence de ma mère mais bon Amélia avait fini par s’y faire et moi aussi. Lorsque la journée fut terminée, je fut rapidement rejointe par Amélia et je lui tendis un paquet avec plusieur nouveaux gâteaux dedans et en pris moi aussi avant de rentrer à la maison.

« A plus tard Amélia ! » lui dis-je avec un sourire.

Une semaine passa et finalement Mary Margaret m’avait rendue mon apparence. Je finis par retourner à la boutique alors qu’Amélia avait ouvert depuis une bonne heure et lui souris avant de passer derrière le comptoir et de retirer ma veste pour mettre un tablier et rejoins Amélia :

« Je me suis doutée que tu aurais besoin d’aide Amélia, Mary Margaret m’a enfin rendue mon apparence. »

Depuis combien de temps Regina avait-elle changé de tête ? Une bonne semaine, sans doute. Amelia n'y prêtait presque plus attention puisque l'ancienne mairesse avait gardé sa personnalité et qu'en habitante de Storybrooke elle était plus ou moins habituée aux choses étranges. Leur nouvelle façon de travailler fonctionnait à merveille et les clients n'y voyaient que du feu pour la simple et bonne raison qu'ils ne croisaient pas Regina.
Plus d'une fois, Amelia s'était interrogée sur cet espèce d'isolement forcé. Convenait-il réellement à Regina ? A la voir sourire en permanence et tout prendre merveilleusement bien, oui, apparemment. A moins qu'il ne s'agisse que d'une façade ? L'ancienne méchante reine avait longtemps été connue pour son franc parler mordant et sa rancune tenace mais pas cette fois. Pas une seule fois Amelia ne l'avait entendue dire du mal de Mary-Margaret ou seulement pester après sa bêtise. Pas une seule fois. Pourtant, elle aurait eu toutes les raisons du monde de s'énerver ou juste d'être en colère. Pour le coup, on aurait largement pu lui passer quelques éclats de voix. Mais rien. Pas une note plus haute que l'autre et Amelia ne se sentait pas assez proche de Regina, qu'elle appréciait pourtant sincèrement, pour creuser l'affaire plus profondément, sentant, pour une fois, que c'était peut-être intime. L'ancienne lionne ne s'en montrait pas moins aussi attentionnées que possible, passant le plus de temps qu'elle pouvait à travailler avec Regina.

Ce jour là, Amelia fit l'ouverture toute seule, ce qui lui arrivait souvent. Regina avait, après tout, un second métier à la mairie. Ses horaires variaient donc en fonction de ses obligations municipales auxquelles son salaire à la fin du mois était ajusté. La boutique était donc ouverte et grouillante d'activité depuis une bonne heure lorsque l'ancienne lionne reconnut la voix de Regina qui annonçait sa présence.
En effet, une paire de mains supplémentaire était toujours bonne à prendre. Mais ce à quoi Amelia ne s'attendait pas résidait dans la seconde partie de sa phrase, à savoir : Mary Margaret m'a enfin rendu mon apparence.
- Et moi qui m'étais habituée à ta nouvelle tête ! plaisanta Amelia avec un sourire complice. C'est quand même mieux de te voir avec celle-ci. Je dois dire que ça te va mieux au teint. Allez, prenons un café le temps que tu m'expliques comment ta belle-fille s'y ait prise pour que tout rentre dans l'ordre, offrit-elle sans cacher sa curiosité.

Je souris à Amélia lorsque je croisa son regard, comme je m’en doutais, une deuxième paire de mains ne serait pas de refus pour la journée. Amélia plaisanta sur le fait qu’elle s’était enfin habituée à ma nouvelle tête, ce qui me fis sourire à nouveau avant qu’elle ne me dise que ma véritable apparence m’allait mieux au teint. Je lui souris et répondis finalement « C’est exactement ce que j’ai dit à Mary Margaret. » dis-je avec un sourire. La jeune femme me proposa un café afin que je lui explique comme elle avait fait pour me rendre mon apparence et je lui fis donc un signe approbatif de la tête avant que l’on ne s’installe tranquillement tandis que le café se préparait.

« En fait, j’ai cherché pendant plusieurs jours dans tous mes grimoires de magie mais j’avais oublié ce que m’avais dit ma mère sur les formules de métamorphose interdites, pour les conjurer, il suffit juste de changer la concordance des phrases. » dis-je en me mordant la lèvre « Disons qu’il a suffit que Mary Margaret se concentre et pense à ma véritable apparence et lorsque la lueur bleutée est apparue sur ses mains, il a suffit que nos pouvoirs fusionnent quelques instants pour que la fumée bleue m’entoure et que je retrouve ma véritable apparence, ma belle-fille ignore simplement que c’est nos pouvoirs fusionnés qui ont permis de me rendre mon apparence. » dis-je en respirant longuement « Je n’ai pas eu le courage de lui dire que seule, elle n’arrivera pas à contrôler la magie des formules interdites… »

- Eh bien on dirait que je suis sur la même longueur d'ondes que ta belle-fille ou que nous avons toutes les deux bon goût ! avait commenté Amelia, peu étonnée, au final que Mary-Margaret préfère la véritable apparence de Regina.
Et pourtant, l'ancienne mairesse était somme toute intimidante, avec son regard franc et perçant, son allure classe et sa démarche assurée. Mais force était de constater que Cora, sa mère, était encore plus intimidante. Beaucoup plus.
Amelia s'étonnait encore elle-même de ne pas avoir frémi en la côtoyant, d'une certaine façon, pendant toute une semaine. Globalement, elle avait réussi à s'en tirer puisque seul le physique de Regina avait changé, pas le reste. Mais cela voulait donc dire que si elle était amenée à croiser la vraie Cora, elle serait morte d'intimidation.

Amelia avait enclenché la cafetière et disposé des mignardises sur la table de l'arrière-boutique à laquelle Regina avait pris place. Le café n'avait plus qu'à passer et Regina à raconter son histoire, ce qu'elle ne tarda pas à faire.
Amelia songea alors qu'elle allait avoir besoin d'une sacrée dose de café et peut-être d'un doliprane pour se remettre de ces explications. Par chance, le café était prêt et elle ne perdit pas une seconde pour le verser dans les deux tasses avant d'en porter une à sa bouche.
- Quelle histoire, commenta t-elle finalement. Ce sera un miracle si cette histoire ne me file pas la migraine. D'ailleurs, c'est un miracle que la magie ne file pas des migraines à ceux qui la pratiquent. Mais je crois avoir compris l'essentiel. Déjà, j'ai compris que la magie, ce n'est pas pour moi et ça, je m'en doutais. Ensuite, je comprends que cette formule est vraiment très puissante s'il t'a fallu l'aide des pouvoirs de Mary-Margaret. Parce que de ce que je sais, tu es une sorcière puissante. Tu devrais quand même la renseigner sur la puissance de ces sortilèges. Peut-être pas tout de suite mais un jour. Parce que si elle est aussi maladroite que moi et qu'elle ne le sait pas, je sens que ça pourrait vraiment faire des étincelles, commenta t-elle, cependant.