« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
❝ She loves the serene brutality of the ocean, loves the electric power she felt with each breath of wet, briny air. ❞
Ce qu'il venait de dire était au-delà de mes espérances. Les mots tournaient en boucle dans mon esprit. Il avait continué de parler mais je n'entendais plus que ça : "J'ai connu Aphrodite. Je l'ai tué. J'ai connu Aphrodite. Je l'ai tué. J'ai connu Aphrodite. Je l'ai tué."
Il avait signé l'arrêt de mort d'une déesse. Littéralement. J'avais voulu plonger son regard dans le mien mais il avait baissé les yeux, en proie à ses démons. Un dommage collatéral, tu parles ! Il était l'arme ultime contre les abominations divines ! Je me cramponnai la couverture élimée, la jointure de mes doigts bleuit sous la frénésie de cette révélation. Je tentai de me calmer. Je ne souhaitais surtout pas l'effrayer, pas maintenant qu'il m'avait avoué une si précieuse vérité. Il semblait à la fois méfiant et intéressé par l'idée de mon armée. Mais pour l'instant, je ne pouvais lui en dire plus. Je restais bloquée sur ses premiers mots. Une phrase s'échappa de ma bouche, désordonnée, presque agressive et suffoquée :
"Putain, mais t'es qui ?"
Ma question était légitime, après tout. J'avais cru sauver un poisson clown de la noyade -ironique, n'est-ce pas ?- et au lieu de ça, je me trouvais à converser avec une espèce de bombe à retardement. Qui était-il exactement ? Pourquoi n'avais-je jamais entendu parler de lui ? S'il avait réussi la prouesse de tuer une déesse -pour un temps trop court, hélas, son nom aurait dû figurer dans les dossiers de mon frère !
Depuis, il avait relevé la tête, et son regard plein d'intensité m'observait avec avidité. Il avait l'air aussi empressé que moi, aussi impatient de comprendre. Il espérait une chance d'être délivré d'eux une fois pour toutes. Nous n'étions pas si différents. Nous voulions la même chose : être libérés du joue divin.
Puis, il expliqua ce que les dieux lui avaient fait. Ce qu'il me décrivait ressemblait en tous points à ce qui était arrivé à un autre homme. Je fermai les yeux brièvement, me sentant trop bête d'avoir omis cette éventualité. Plus de concentration, Melody !
"Un Cavalier..." murmurai-je, et j'eus l'impression que le vent au dehors soufflait en continu à travers ma voix.
Désormais, je le fixai avec un mélange de crainte et de respect. Je ne pouvais même pas envisager ce qu'il avait enduré. Ce qu'il traverserait à nouveau. Une force supérieure l'utilisait pour faire le mal. Il risquait de devenir très vite incontrôlable, mais si on parvenait à maîtriser son pouvoir, alors... il serait un allié considérable. Un mince sourire fendit mon visage figé comme de la cire. Jamais je n'avais autant joué avec le feu de ma vie, mais ça en valait la chandelle. Il était temps de lui prouver que ma cause était juste, et fondée.
"Mon père a été déchu par les autres dieux. Il n'a jamais été en accord avec eux car il considérait les créatures comme ses enfants et non comme des objets. Entre autres choses... Certains pensent qu'il a été tué, mais je suis persuadée qu'il va revenir."
Le ton de ma voix était assuré, vindicatif. Je n'avais pas affronté une vie de souffrances pour découvrir qu'il ne reviendrait jamais. Non, c'était ancré dans mes veines, dans mon sang. Il était dans mon coeur qui battait, dans chaque molécule d'eau de mon organisme : Poséidon serait bientôt de retour.
Je me redressai sur le sofa défoncé. Je sentais que ces paroles ne suffiraient pas à convaincre Jamie, aussi je poursuivis, la tête un peu penchée :
"Il savait qu'il serait contraint de s'absenter un temps, alors il a tout préparé pour nous afin que nous ne manquions de rien. Plusieurs domiciles de par le monde ainsi qu'une fortune conséquente pour répondre à tous nos besoins. Mon frère a été choyé et protégé par deux créatures durant toute son enfance. Aujourd'hui, elles continuent de le servir."
Je restai évasive sur ma propre enfance qui avait été nettement moins colorée, à errer de famille d'accueil en famille d'accueil, avant le retour à la case foyer. Je savais que ce n'était pas la faute de Père. Je m'étais égarée quand le palais avait été englouti, je n'avais pas dû suivre le chemin qu'il fallait. Ce n'était pas grave. J'avais enduré toutes les souffrances et les chagrins et désormais, ils me semblaient ridicules en comparaison de la joie de retrouver Egéon.
Je pris une grande inspiration et achevai de dire, afin de persuader Jamie :
"Tu as tué Aphrodite, mais elle est revenue. Cependant, tu as réussi une prouesse dont peu de gens peut se vanter. Mettre à terre un dieu, c'est un don très précieux. Tu pourrais nous faire gagner du temps si les choses venaient à prendre une mauvaise tournure. Tu penses que tu serais capable de recommencer ?"
Je passai la langue sur mes lèvres, le dévorant des yeux dans le clair-obscur. Puis je glissai sur le rebord du sofa pour poser mes pieds sur le plancher vermoulu de la cabane, afin de m'approcher davantage du jeune homme. Je me composai une expression un peu naïve et fragile, et continuai :
"Pour tout t'avouer, mon armée est plutôt chétive pour le moment. Nous sommes une dizaine, très motivés mais pas très efficaces. Si tu te joignais à nous, tu pourrais donner du poids et de la crédibilité à mon entreprise."
Je m'entendis prononcer ces mots. Ils me parurent tellement irréels que je m'esclaffai avant de passer une main sur mon visage.
"Désolée." dis-je en tendant de me ressaisir, mais en riant nerveusement malgré tout. "J'ai trouvé ça tellement tarte tout à coup... Jamais je n'aurais pensé être capable de rassembler une armée mais... la cause est plus grande que moi, que toi. On doit se battre contre eux, pour notre liberté. Si tu n'es pas certain de vouloir t'affranchir des dieux, passe ton chemin."
Je m'aperçus que je lui avais pris la main. Je baissai brusquement les yeux et le relâchai. Puis je levai la tête vers le plafond. Le vent soufflait toujours, mais je venais de me rendre compte que la pluie avait cessé.
"Ca a l'air de s'être calmé, dehors." fis-je avec une moue, contrariée de devoir mettre fin à notre discussion.
Je me relevai, m'enroulai dans la couverture élimée pour m'en faire une jupe grossière, et m'avançai vers la porte. Je grimaçai en sentant les échardes et d'autres choses contre mes pieds, mais j'ignorai la douleur. Ce n'était rien. L'océan devant jamais rien ne renonce.
J'ouvris la porte branlante, la main cramponnée à la couverture passée autour de ma taille, et fronçai les sourcils en observant le sable trempé. Mes orteils gesticulèrent nerveusement avant que je recule d'un pas. Roulant des yeux, je me retournai vers Jamie et passai une main dans mes cheveux humides, d'un geste embarrassé.
"Tu vas penser que je suis une assistée, mais il faudrait que tu me portes jusqu'à l'arrêt de bus. A moins qu'on trouve de quoi me faire des chaussures."
Je jetai un coup d'oeil à l'intérieur de la cabane, dubitative. Puis, je me souvins qu'il avait parlé de son sac à dos, un peu plus tôt.
"Tu as des sacs en plastique dans ton sac ? On pourrait... je sais pas... m'emballer les pieds dedans ? Comme ça, je pourrais marcher sans que tu me portes."
Je fermai les yeux et laissai tomber mon front contre l'embrasure de la porte. Je me sentais vraiment trop idiote. Tout ça à cause d'une stupide malédiction en queue de poisson. C'était vraiment très élégant face à un Cavalier débordant de puissance. En comparaison, j'avais l'envergure d'une sardine. Inutile de préciser à quel point j'en voulais à Aphrodite en cet instant. Je lui vouais une haine sans équivoque, mais dans ce genre de circonstances, elle atteignait des niveaux insondables.
Jamie Skyrunner
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Garrett Hedlund
✮
- Bon les gars ... Vous arrêtez maintenant avec vos histoires de mariage avec Ava ! Vous allez lui faire peur ...
- Okay okay Jayjay ! *se tourne vers Axel* Lançons l'opération les ninjas de l'amour !
- Maiiiis moi je veux être votre témoin !
✮
- Et là ... l'autre kassos ... qui veut me caser avec ma cliente ! Non mais c'est comme cette manie de prôner l'amour à tout va !
- Hahah toi aussi tu as eu affaire aux ninjas de l'amour ?
| Conte : La Planète au Trésor | Dans le monde des contes, je suis : : Jim Hawkins
Malgré lui, Jamie baissa la tête, découvrant sa nuque comme la proie qui abandonne ou le croyant qui se soumet à son dieu. Elle l'avait dit, elle savait. ça ne rendait pas la chose moins immonde à ses yeux. C'était comme si cette horrible vérité était gravé, tatoué, brûlé dans le creux de sa peau. Invisible aux yeux des innocents mais brillant à la vision de ceux qui voyait le mal. Jamie avait l'impression d'être face à un exorciste et le mélodrame de la situation lui donnait envie de lever les yeux au ciel. C'était extrême, comme façon de penser, c'était digne d'un roman de littérature classique parlant des affres de l'âme tourmentée, mais malheureusement, c'était la vérité. C'était exactement ce qu'il ressentait. Cette... Marque, cette trace. Jamie avait l'impression de l'emporter partout, comme une maladie honteuse. C'était un peu vrai, au fond. C'était une maladie. Un mal qui ronge. La Famine. Incarnée. Jamie en eue un frisson, malsain. Dès qu'elle se mit à parler de son père, Jamie ne put s'empêcher de faire une moue... Polie mais explicite. Jamie n'avait aucune fibre paternelle. L'idée même, la conception, le concept d'un "père" lui était inconnu et inconcevable. Pour autant, il n'enviait pas Melody. Surtout au vue de la complexité de l'histoire, visiblement. Parfois, Jamie se demandait si le fait d'être un Dieu impliquait d'avoir une histoire familiale à dormir debout. D'Athéna à Apollon, il n'avait jamais compris les lien réel qui les unissait tous, à l'Olympe. La moitié haïssait le tiers, le quart voulait reconstruire l'unité familiale, et quelques uns semblait vaguement envieux d'une vie 'normale' entre frère et soeur. Mais c'était tellement confus et changeant... Jamie pensait avoir eue une famille complexe mais Storybrooke l'avait assez vite fait réaliser que son cas était loin d'être... Unique? Si son cas était unique. Mais il était loin d'être le seul à vivre quelque chose de compliqué. Et Melody ne semblait pas faire exception. Pourtant, la confiance avec laquelle elle parlait de son histoire avait quelque chose de.. Candide. Rien en elle ne laissait supposé qu'elle soit capable d'une telle chose, mais Jamie ne pu s'empêcher de trouver de la naïveté dans son visage à mesure qu'elle parlait de Poséidon, puis de son frère. Malgré lui, Jamie fronça les sourcils. super. Une vendetta familiale au royaume des Dieux.... Original. Dans quoi était-il encore tombé?
Pourtant, quelque chose clocha dans son discours. Elle parla de son père, de son frère, mais rien la concernant. Jamie hésita. Etait-ce une ruse? Ou de la honte? Il n'arrivait pas à lire sur son visage, tant les émotions semblaient aller et venir, sans jamais se départir de cette férocité dans le regard. Férocité qui ne fit que doubler lorsqu'elle lui demanda si il serait capable de réitérer son meurtre. Malgré lui, Jamie se figea, la fixant à son tour. Oui. Non. Pas elle. Les trois réponses fusèrent d'elles mêmes, des recoins de son crâne. Quelque chose de froid se mit à couler dans ses veines. Il savait très bien dans quoi il s'engageait, si il la suivait. Et même, il savait très bien dans quoi il s'était engager, avec sa haine des Divins. Il était une arme de guerre, et si il voulait l'éviter, il n'aurait d'autre choix que de se rebeller contre ceux qui voudrait le manipuler. Or il n'y avait aucune chance, même minime, qu'on lui accorde sa liberté. Les Dieux étaient déjà en train de le manipuler, lui comme Wilson. Les entraînements sur l'Olympe étaient bien sûr une aide pour eux, une façon de mieux comprendre et contrôler ces 'choses' laissés par le passage des Cavaliers. Mais il n'était pas dupe. C'était aussi une brillante façon d'analyser et de mieux contrôler "l'ennemi". Les Dieux ne leur offrait pas leur aide par bonté de coeur. Ni par culpabilité. C'était une stratégie militaire, basique et simple. D'autant plus que Wilson et Jamie étaient consentants. Quel autre choix avait-il? Jamie était tombé dans un demi coma lorsqu'il avait utiliser son pouvoir pour la première fois et Wilson avait manqué de devenir paranoïaque. Ils ne pouvaient pas s'en charger eux même. Quelle aubaine pour l'Olympe. Jamie était déjà persuadé qu'Arès devait garder des millions de notes concernant leurs faiblesses, leurs points forts. Ils n'étaient que des rats de laboratoires, mais dopés comme de Tortue Ninjas.
Mais en arriver au meurtre? Encore? Jamie ne voulait pas y réfléchir. Il ne voulait plus connaître cette sensation qui l'avait prit, lorsqu'il avait précipité Hestia dans le feu. Ce serpent noir, s'enroulant autour de son coeur pour le faire pulser différemment. Délicieusement. Jamie du baisser les yeux une seconde. Non. Jamie ne voulait pas tuer. Pas encore. Il aurait aimer trouver une solution pacifique mais... Il n'était pas idiot. La guerre ne se fait pas sans cadavre. Il n'aurait probablement pas le choix, d'un côté du champs de bataille comme de l'autre. Se rebeller ou tuer pour les Dieux. Il savait déjà quel camp il avait choisit. ça ne rendait pas la chose moins révulsive. Mais c'était inévitable. Un léger frottement lui fit relever la tête, et il vit que Melody s'était approché de lui, son regard soudain... Avide. Attendait-elle une réponse? Jamie se redressait légèrement. Réflexe. C'était déjà rare que l'on s'approche de lui en temps normal. C'était devenu encore plus rare depuis sa possession. Jamie ne voulait pas qu'on l'approche. Il n'arrivait pas à ne plus songer à cet aura de maladie qu'il dégageait malgré les gants de fer que Famine portait. Melody n'eut pas l'air de s'en rendre compte, se penchant un peu pour se retrouver à hauteur de ses yeux. Contact visuel.
Jamie ne répondit pas, et Melody passa à autre chose. Une dizaine. Malgré lui, Jamie fut à la fois déçu et surpris. Déçu, parce qu'il s'agissait d'un faible bataillon et non pas d'une armée. Surpris, parce qu'il se demanda comment les Dieux avaient-ils pu ruiner la vie d'une dizaine de personnes. C'était déjà beaucoup. Dix vies.
Un contact froid le fit sursauter mais il ne dévia pas son regard. La peau de Melody était aussi frais que l'eau qui dort. Elle n'avait fait que poser sa main sur la sienne mais c'était comme plonger la main dans l'eau d'une rivière de montagne. Pour autant, ce n'était pas désagréable. Même lui, habitué aux températures caniculaires et amant de la chaleur n'arriva pas à frémir. Peut-être était-ce une caractéristique de sa part sirène. Tout en elle semblait fait pour obtenir de son vis à vis qu'il recule. Froideur de la peau, férocité du regard, violence du caractère. Et pourtant, il n'y arrivait pas. Il restait sans ciller, conscient que ses mains étaient devenus des armes, mais incapable de la retirer de celle de Melody. Parce que c'était apaisant. Comme plonger de l'acier rougeoyant dans l'eau froide. Cela avait quelque chose de sécurisant. Ou alors c'était le fait de pouvoir parler à coeur ouvert de sa haine du monde divin. Allez savoir.
Melody réagit aussitôt. Derechef, elle retira sa main, comme gênée soudain. Jamie se redressa complètement, relevant à son tour les yeux vers le plafond. Elle se dirigea rapidement vers la porte, l'ouvrant sur un ciel gris et nuageux. Et malgré lui, Jamie se dit qu'elle était... Belle. Pas dune beauté naïve et chétive comme cette sirène aux cheveux rouges d'un certain dessin-animé que Calliope avait à tout prit voulu regarder -et chanter...- mais elle avait quelque chose de brut qui la rendait forte. Et belle. Comme une sauvageonne. Ou une guerrière. Avec sa jupe en vielle couverture rêche, cela ne faisait qu'achever le tableau. Il secoua la tête. C'était bien le moment pour penser à ce genre de chose! Crétin. Prenant appui sur ses genoux, Jamie se releva à son tour, s'approchant de la porte lui aussi. Si des pêcheurs passaient dans le coin, ils pourraient bien sourire de les voir ainsi, lui à moitié nu et elle en pagne ready-made. N'importe quoi. Jamie manqua de se frapper à l'arrière du crâne pour être aussi stupide, avant de baisser les yeux vers elle. Elle était bien plus petite qu'il ne l'avait penser.
-Tu peux pas poser les pieds sur le s... commença-t-il avant de jeter son regard vers l'océan. Mouillé! murmura-t-il, sous le coup de la compréhension, avant de revenir à elle. Merde, ça doit être handicapant. J'aurais pas penser... Je veux dire, je pensais qu'il fallait... De l'eau. Tu vois?
Le regard explicite de Melody lui fit rapidement comprendre qu'il avait l'air d'un idiot fini, et il passa vite sa main dans sa nuque, avant de hocher la tête.
-Bien sûr. Je veux dire, oui, je te porte, pas de problème. Mon sac, il est pas loin de l'arrêt de bus, je suis venu de la rue de l'hôpital.
Melody eut un hochement de tête, et Jamie lui sourit une seconde, avant de légèrement fléchir les genoux. C'était... Un peu gênant à dire vrai, mais elle passa rapidement son bras autour de sa nuque, retenant sa jupe de l'autre main,et Jamie fit très attention à ne pas embarquer le tissu dans son mouvement. La jupe remonta un peu lorsqu'elle plia les jambes, mais Jamie avait coincé un bout sous son genou en y passant le bras, aussi ne glissa-t-elle pas trop loin. C'était... Convenable. C'était déjà ça.
-On y va, dit-il inutilement, avant de sortir de la cabane.
L'air était plus frais, moins rance mais aussi beaucoup plus froid. Et le sable était grumeleux sous ses pieds. en temps normal, Jamie détestait cette sensation. Mais là, il faisait surtout son possible pour garder son équilibre. Elle était loin de peser lourd, mais il ne tenait pas à la laisser tomber dans le sable humide. Merde, juste du sable humide. Jamie n'en revenait pas. Aphrodite n'avait pas été la moins perfectionniste pour le coup. C'était... Cruel. Tout simplement. Cruel et malsain. ça expliquait beaucoup de chose la concernant. Jamie fit beaucoup d'effort pour ne pas baisser les yeux vers elle. C'était stupide, et il avait probablement l'air d'un suprême idiot à fixer l'horizon comme si il était habituel et normal de porter une fille à demi nue dans ses bras. Mais il ne savait pas exactement ce qu'il était censé faire d'autre. Entamer la conversation? Peut-être. Mais pour dire quoi?
Des rires lui firent relever les yeux, et deux enfants sortirent en courant de derrière les dunes, se pourchassant comme si ils jouaient au loup, et Jamie du déporter Melody sur sa droite pour éviter de prendre les enfants de plein fouet.
-Olé les enfants! Regardez devant vous, ajouta-t-il avec un sourire en les voyant s'enfuir, avant de regarder Melody. Désolé ça va?
Elle s'était légèrement cramponné à lui mais elle affichait un regard de marbre. Jamie sentit une pierre tomber dans son estomac à la seconde où il comprit à qui ce regard lui faisait penser. Après tout, n'était-il pas venu sur cette plage à cause d'elle? N'était-elle pas la cause de sa noyade avortée?... Morph. La bulle magique dans laquelle la découverte de l'existence des sirènes l'avait plongé sembla s'évaporer. Morphie. Comment en étaient-ils arrivés là? Passer des meilleurs amis à deux chiens de chasses se jaugeant? D'âme soeurs à... ça. Jamie n'avait même pas de mots pour décrire tout ce qui faisant d'eux ces statues de cires qu'ils étaient l'un face à l'autre. C'était incompréhensible. Et douloureux. Trop douloureux. Et ça n'irait qu'en empirant. Malgré lui, Jamie releva les yeux vers le ciel gris. Oui ça n'irait qu'en empirant. Et lorsque Famine reviendrait.... Jamie refusait d'y croire. Il refusait de croire que cela arriverait encore. Il refusait d'y croire ou plutôt il le craignait comme un fou. Car au fond de lui, il savait. Il savait que Famine reviendrait. Il était mort, il ne pouvait plus revenir mais Jamie savait. Il le savait, il en avait la conviction, car cette petite voix lui murmurait sans cesse, lorsqu'il perçait la surface du sommeil en un sursaut moite. Bientôt. Famine allait revenir. Et ce jour là, tout ce que Jamie avait gardé en lui serait exposer à la cruauté du Cavalier. Sa haine des dieux serait un fuel, une inspiration, une quête oui mais... Il n'y avait pas que cela. Il n'y avait pas que cela et Jamie le savait. Toutes ses rancoeurs seraient étalées au grand jour. Et tous seraient en danger. Tous. Même ceux que Jamie aimait de tout son coeur.
-Dis moi, demanda-t-il après un silence, si... Quand ton père reviendra.... Est-ce qu'il récupérera son Trident?
Jamie avait toujours trouvé étrange que Diane possède une telle arme, mais cela semblait désormais plus logique. Avisant sur sa droite le trottoir en macadam, Jamie traversa rapidement la plage en diagonal, avant de capter le regard interloqué de la brune.
-C'est pas un peu cliché un Trident quand même? tenta-t-il avec humour, avant de se hisser sur le macadam. Attention je te pose.
Délicatement, Jamie se baissa pour déposer Melody sur le sol. A nouveau face à face, Jamie sentit revenir la tension sourde qui la caractérisait et il se tendit malgré lui. Avant d'inspirer un grand coup.
-Ecoute, je ne te fais pas confiance. Pas encore. Tu dis défendre la même cause que moi, mais j'ai besoin d'en être sûr. Les Divins sont rusés. Et ça vaut aussi pour toi, tu dois vouloir vérifié qui je suis. Soyons honnêtes là-dessus.
Il n'y avait aucune agressivité dans sa voix, mais il la sentit se tendre à son tour.
-Je ne sais pas si je vais rejoindre ton armée Melody, mais je veux bien essayer. Pour voir. Pour me faire une idée de ce que tu défends. Je suis contre les Divins et je refuse de devenir leur marionnette mais ça vaut tout autant pour toi et ton divin de père. Je ne veux pas.... Devenir une arme divine.
Cette fois, Jamie baissa les yeux une seconde.
-Je ne parlais pas de toi à l'Olympe, ni de ton plan. Je ne mentionnerais jamais Poséidon quand je vais là-bas. Pas le choix, ajouta-t-il en voyant le regard choqué de Melody. Ils sont les seuls à pouvoir m'aider avec les pouvoirs laissés par... Famine.
Le mot lui racla la gorge, mais il continua.
-Je ne trahirais rien de ce que tu m'as dis. J'en fais la promesse, ajouta-t-il en plongeant son regard dans celui de Melody.
Elle semblait en colère désormais, mais Jamie fit un pas vers elle, la dominant de sa taille sans pour autant la dominer du regard. Au contraire, son regard resta très doux.
-Je ne veux pas rentrer en guerre sans avoir des garanties. Tu comprends?
Melody Blackstorm
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Kristen Stewart
❝ Eau trouble ne fait pas de miroir...
Alors pourquoi je me reflète si bien en toi ? ❞
| Conte : La Petite Sirène 2 | Dans le monde des contes, je suis : : Melody, la fille de Poséidon
❝ She loves the serene brutality of the ocean, loves the electric power she felt with each breath of wet, briny air. ❞
Il était drôlement lent à la détente. Il pensait que j'avais réfléchi au coup des sacs plastique autour de mes pieds parce que c'était fun ? Je lui lançai un regard oblique tandis qu'il s'enfonçait dans ses explications. Ne creuse pas trop non plus, tu risques de trouver quelque chose qui ressemble à un cerveau. Il avait beau être un Cavalier, je me demandais s'il n'avait pas de la semoule dans la tête, par moments. En tous cas, il était serviable, ou chevaleresque plutôt, car il accepta de me porter. Je hochai la tête en me mordant les lèvres. C'était assez embarrassant, surtout que je ne portais qu'une jupe de fortune qui pouvait aisément s'enlever. Je cramponnai ma main contre le tissu tandis que je passai l'autre, hésitante, autour de sa nuque. Puis, je pris mon élan et sautai contre lui. Il me saisit au "vol", passant un bras sous mes cuisses. D'instinct, je resserrai la couverture contre moi.
Il m'emporta dans ses bras, sur la plage détrempée. L'air marin charriait une odeur d'algues et de pluie salée. Le vent était froid mais je ne frissonnais pas. A force de nager dans des eaux glacées, mon corps était devenu insensible aux changements de température. Je prenais soin de ne pas trop serrer Jamie. Je tressautai à chacun de ses pas tandis que ses pieds s'enfonçaient dans le sable. Il avait un équilibre discutable. Plus d'une fois, je crus que j'allais tomber. Je me cramponnai à son cou tout en gardant le silence. Je ne voyais pas quoi dire. C'était gênant au possible d'être trimballée comme de la marchandise.
Soudain, des gamins jaillirent des dunes, se poursuivant à grand renfort de cris. Ils passèrent si près de nous que Jamie me fit brusquement pivoter de côté. J'étouffai un cri avant de fusiller les enfants du regard. Puis je tournai la tête vers Jamie et constatai qu'il arborait un sourire niais.
"Ouais, ça va..." répondis-je à sa question.
Mes ongles marquaient un peu sa nuque mais il n'avait pas l'air de l'avoir remarqué. Sans doute que sa peau était plus dure comme il était investi du pouvoir du Cavalier. Puis, son regard devint lointain. Pensivement, il renversa la tête en arrière pour observer le ciel. Je fis une moue, fixant à mon tour les nuages gris qui s'amoncelaient au-dessus de nous, avant d'émettre un léger soupir agacé. Il comptait vraiment me garder dans ses bras et resté planté au beau milieu de la plage détrempée ? Si c'était une technique de drague, il n'était vraiment pas doué...
Il parla, et sa voix était soucieuse. Je fronçai les sourcils, indécise qu'il demande une telle chose. Pourquoi s'intéresser au Trident ? Je ne parvins pas à masquer mon étonnement et il le remarqua.
Enfin, le jeune homme s'anima et m'emporta loin de la plage, jusqu'à un trottoir abrité par l'arrêt de bus. Là, il me posa. J'en profitai pour rassembler rapidement ma jupe de fortune autour de ma taille. Puis je levai les yeux vers lui, les plissant pour lui montrer que ce genre d'humour ne me plaisait pas du tout. Le Trident n'était pas un sujet d'amusement. C'était extrêmement sérieux. Il continua de parler, prétendant qu'il ne me faisait pas confiance et qu'il voulait savoir si je pouvais également obtenir la sienne. Ce serait long. J'avais été déçu par tant de personnes... C'était même possible que je ne lui fasse jamais confiance, mais il n'avait pas à le savoir. J'étais capable de mentir, d'enjoliver la réalité. Tout était envisageable pour servir la Cause.
"Le Trident est son arme depuis des temps immémoriaux." déclarai-je d'un ton cassant. "Il reviendra à lui. C'est une certitude. Mais ce que je me demande, c'est ce qui te pousse à vouloir t'en assurer. Doutes-tu de la puissance de mon père ? Il contrôle les océans. L'eau est sienne par définition. La terre en est recouverte. Penses-tu que les autres dieux fassent le poids dans la balance ?"
Je vis les muscles de sa mâchoire se contracter à ce dernier mot. Je fronçai les sourcils et poursuivis, tout en tentant de masquer ma curiosité :
"Il pourrait noyer le monde. Alors tu ne seras jamais une arme sous son règne. Il n'a pas besoin de ton pouvoir. Tu serais juste une forme de dissuasion pour nos ennemis. Avec toi dans nos rangs, personne n'osera discuter la légitimité de mon père sur le trône d'Olympe."
Le Cavalier qui sommeillait en lui le terrifiait, je le comprenais, à présent. Il luttait contre ça, il n'en voulait pas. Je pouvais aisément comprendre qu'il repousse le monstre qu'il abritait en son sein. Nous partagions le même fardeau, lui et moi.
Puis, il mentionna ses futurs voyages à Olympe. Je ne pus contenir la rage qui m'animait. Il allait jouer double jeu pour moi... ou me trahir. C'était quitte ou double à ce jeu, et je n'étais pas certaine d'être prête à tout perdre. Je le vis s'approcher d'un pas tandis que je me mordais les lèvres pour m'empêcher de cracher mon venin. Le sang battait à mes temps malgré le regard empreint de douceur qu'il me jeta.
"La guerre est déjà déclarée. Ce qu'il faut faire maintenant, c'est choisir un camp." dis-je entre mes dents. "Quand Père sera de retour, il t'aidera à maîtriser Famine."
Je battis des cils et baissai les yeux. Là, j'hésitai un instant avant de lui prendre la main et de la serrer à peine.
"Et je serai là aussi." repris-je sans oser le regarder. "Tu n'auras plus besoin des autres. Nous ne sommes pas seulement divins, nous sommes une... famille. Il y a mon frère, mon ami, quelques créatures. Nous sommes peu nombreux mais soudés. Je crois que... c'est à ça qu'une famille est censée ressembler. Je n'ai pas d'élément de comparaison, mais en tous cas, c'est cool. Tu devrais essayer de venir à l'hôtel Blackstorm à Portland. On t'accueillera à bras ouverts."
La tête toujours penchée, je me reculai de lui pour aller m'asseoir sur le petit banc sous l'arrêt de bus. Je ramenai mes jambes contre moi en prenant soin que la couverture me couvre toujours entièrement et je lui lançai un regard désinvolte.
"Je vais attendre mon bus. Ca ne devrait plus être long. Au plaisir de te revoir, Jamie."
Je risquai un léger sourire qui se tordit en une grimace lorsqu'il s'attarda sur ma couverture.
"Ca ne me fait pas peur de faire quelques kilomètres vêtue comme ça. J'ai déjà été habillée avec bien pire. Je survivrai, ne t'en fais pas."
Je passai une main dans mes cheveux avant de fixer mes ongles. J'étais anxieuse de m'être autant dévoilée à un parfait inconnu, mais lorsque je songeais aux enjeux ainsi qu'aux perspectives, j'en avais le tournis. Plus que jamais, j'avais l'impression de toucher au but, d'atteindre enfin le point culminant de ma vie. Père serait bientôt près de moi et j'avais un Cavalier pour entamer cette nouvelle danse.
Un demi sourire arqua le coin de mes lèvres tandis que les phares balayaient le bitume détrempé. Je sautai sur mes jambes et m'avançai jusqu'au bus qui venait d'arriver, prenant garde à enjamber la petite flaque d'eau juste devant les marches menant au véhicule. Une fois à l'intérieur, je m'assis côté vitre et observai Jamie qui était toujours sous l'abri, les mains dans les poches. Je soufflai sur la vitre et fis courir mon index contre la buée, afin de former le mot suivant en lettres capitales :
BIENTOT
Puis je me laissai tomber contre le dossier de mon siège en soupirant, la tête tournée vers le plafond du bus. Oui, bientôt...