N'oublie pas, toutes pour une, une pour toutes !

S'il y avait bien une chose que Bloom n'avait jamais fait, c'était d'abandonner ses amies. Les Winx étaient ses meilleures amies, mais elle était plus proche de l'une d'entre elles, il fallait bien l'avouer. Stella était celle qui lui avait fait découvrir ses pouvoirs, celle qui l'avait amené à Magix et qui avait menti pour qu'elle puisse apprendre à contrôler ses pouvoirs et à devenir une vraie fée. En somme donc, c'était d'autant plus quelque chose qu'elle devait faire que d'aller voir sa meilleure amie. La fée de la lune et du soleil venait de subir une perte considérable et la rouquine avait préféré laisser un peu de temps à son amie pour se remettre un peu. Mais voyant que l'autre fée ne reprenait pas contact au bout de trois jours après l'enterrement, la fée de la flamme du Dragon avait décidé d'aller la voir directement.

Elle n'osait même pas imaginer la douleur de son amie. Ni sa culpabilité. Connaissant Stella, celle-ci devait se sentir affreusement coupable de ne pas avoir su sauver son père mais aussi d'être partie à l'aventure contre les Trix toute seule. Et Bloom ne souhaitait pas que son amie se mette mal. La culpabilité, elle connaissait bien elle aussi. Quand la princesse de Domino avait appris sa réelle identité, elle avait culpabilisé pour la perte de ses parents, la perte du royaume qu'elle aurait dû protéger mais qu'elle avait été incapable d'aider - et le fait qu'elle soit un bébé à l'époque ne comptait pas à ses yeux - mais surtout la disparition de sa soeur qui s'était sacrifiée pour elle... Ouais, la culpabilité elle connaissait bien.

- Bonjour Mme Bennett... Dit-elle doucement quand la mère de Stella lui ouvrit la porte de leur demeure. Je viens voir Stella... Elle est dans sa chambre ? Demanda-t-elle avant de se diriger vers la chambre de sa meilleure amie sur un signe de la mère de celle-ci.

Devant la porte de Stella, Bloom hésita un instant. Toquer ou non ? La politesse voudrait que oui, mais l'inquiétude qu'elle ressentait pour son amie la poussa à ouvrir doucement la porte et à seulement laisser passer sa tête par l'entrebaillement.

- Stella ? C'est moi, Bloom... Je peux entrer ? Questionna-t-elle son amie.

Quoi que, même si Stella disait non, la rousse n'était carrément pas certaine de l'écouter. À dire vrai, elle ne l'écouterait même pas du tout...

N'oublie pas, toutes pour une, une pour toutes !

Bloom osait à peine imaginer la peine qui était celle de sa meilleure amie. La rousse considérait qu’elle avait échoué. Elle s’était promis, après la mort de Nabu, qu’il n’y aurait plus de perte de leur côté. Et si pour les Winx et les Spécialistes c’était bien le cas pour le moment, la rousse avait complètement oublié de prendre en compte leurs parents. Car ce que le père de Stella avait fait, chacun de leur parent serait prêt à le faire pour le reste d’entre eux. Bloom le savait bien, ses propres parents avaient été jusqu’à se sacrifier pour sauver le royaume entier…

Mais elle ne pouvait pas parler de ça. Alors elle fit ce que Stella lui demanda implicitement lorsqu’elle pénétra dans la chambre de la blonde, elle la rejoignit vite sur le lit et la prit dans ses bras, la laissant déverser son chagrin et sa culpabilité. Parce que Bloom connaissait bien sa meilleure amie et savait très bien que celle-ci en était venue à culpabiliser de ne pas avoir été assez forte ou quelque chose du genre. Elle le savait, parce qu’elle-même aurait ressenti la même chose.

- J’imagine à peine… Je suis tellement désolée qu’on ne soit pas arrivé à temps pour t’aider et le sauver… Dit-elle doucement, les larmes aux yeux devant la souffrance de sa meilleure amie.

Bloom avait été sur le point de perdre ses parents adoptifs une fois, à cause des Trix. Elle avait réussi à les sauver, mais ça avait été de justesse et elle avait perdu ses pouvoirs à la suite de ça. Du coup la culpabilité, le sentiment de ne pas avoir été assez forte, la rousse connaissait bien.

- Ton père a fait ce qu’il pensait nécessaire pour te garder en vie… Parce que ce sont les habitudes des parents. Il va te manquer atrocement, mais tu dois garder en tête qu’il a fait ça pour que tu continues de vivre. Pour que tu deviennes encore plus forte que tu ne l’étais déjà et pour que toi aussi tu aies des enfants un jour. Ne te renferme pas sur toi… Ne nous laisse pas de côté. On est toutes là pour toi tu sais…

Bloom refusait de laisser Stella se renfermer sur elle-même, tout comme ses amies avaient refusé de la laisser se renfermer quand elle avait appris sa véritable identité et le sacrifice de sa famille biologique. Cela prendrait le temps qu’il faudrait, mais la rousse se promettait de ne pas abandonner la blonde et de parvenir à la faire sourire de nouveau un jour.

N'oublie pas, toutes pour une, une pour toutes !

La rousse ne savait pas du tout comment elle pourrait aider sa meilleure amie. Faire le deuil était déjà compliqué, mais en plus de cela, Stella était complètement rongée par la culpabilité, parce qu’elle pensait avoir pris une décision qui avait conduit à ce dénouement tragique. La blonde oubliait complètement que c’était les choix de chacun qui avait conduit à cette situation et qu’elle n’était pas plus coupable qu’une autre. Mais le lui faire comprendre… Ça risquait d’être bien compliqué…

- Je sais… Dit-elle doucement en caressant les cheveux de la fée de la lune. Je sais que tu t’en veux, mais si les trix n’avaient pas attaqué, ça ne se serait pas passé. Si ton père ne s’était pas interposé, c’est toi qu’on pleurerait. Si tu nous avais attendu, rien ne dit qu’on aurait réussi à faire tourner la situation autrement. Fit remarquer la fée du feu. On culpabilise toutes de ne pas avoir compris ce qu’il se passait et de ne pas être arrivées plus tôt tu sais…

Toutes les Winx se le reprochaient. Et toutes étaient tristes pour la styliste. Rien ne pourrait changer les événements qui s’étaient produits et comme avec Nabu, elles allaient devoir apprendre à vivre avec, à dépasser ça. Bloom le prenait plus mal que les autres, c’était un échec personnel pour la rouquine car elle s’était promis de toujours tout faire pour protéger ses amies, sa famille et leurs entourages. Là, on pouvait clairement dire qu’elle s’était plantée, et en beauté en plus.

- Ce ne sont pas tes pouvoirs qui sont en cause… La situation était merdique dès le départ, les Trix avaient franchement bien prévu leur coup pour une fois… Ne me lance pas sur le sujet « Faragonda », tu sais qu’elle n’est pas ma meilleure amie depuis quelques années… Prévint-elle la blonde alors qu’elle fronçait les sourcils, peu ravie d’entendre parler de la Directrice.

Bloom laissa sa colère de côté quand elle entendit la suite du discours de sa meilleure amie. Discours qui ne lui plaisait carrément pas parce qu’elle avait franchement peur des conséquences qui pourraient en découler. Stella semblait abandonner. Et ça la rousse ne le supporterait pas. Elles avaient traversé trop d’épreuves pour que les choses se finissent là.

- Ne finis pas ta phrase Stella ! Réagit-elle vivement en se levant du lit pour faire les cents pas dans la pièce. Quand j’ai perdu mes pouvoirs lors de notre première année, est-ce que tu pensais que j’étais un poids ? Non ! Tu m’as forcé à revenir, tu m’as rappelé qui j’étais et que je devais me battre ! Quand j’ai viré maléfique, est-ce que tu m’en as voulu ? Tu aurais pu pourtant, j’ai failli mener la Dimension Magique à sa perte ! Quand j’ai eu mon Enchantix partiellement, qui m’a aidé ? Qui m’a rappelé qu’il fallait que je continue à croire en moi et en mes pouvoirs ? Lança-t-elle en commençant à s’énerver. Tu as peur de ne pas être à la hauteur avec tes pouvoirs ? Je peux le comprendre. Mais ne viens pas me dire que tu es un poids pour nous car ce n’est clairement pas le cas ! On va toutes t’aider, on réussira à te faire avoir le Believix, comme nous. Mais ça commence par le fait que tu dois croire et en toi et en ta magie ! C’est ce que m’avait conseillé Daphné à Roccaluce et tu sais que ma sœur a toujours raison ! On y arrivera, ensemble !

Comme toujours. Elles avaient déplacé des montagnes toutes les 6, il était tout bonnement hors de question de lâcher l’une d’entre elles alors qu’elle avait tant besoin des autres.