La chaleur commençait à vraiment devenir étouffante. On n’était qu’au mois de Mai et déjà l’impression estivale prenait place un peu partout… Au grand dépit des règles de bon sens et de bienséance. Adam en était déjà à sa cinquième verbalisation pour exhibitionnisme – Non, Monsieur, on ne peut pas se promener en slip fluo sous prétexte qu’il fait chaud – et la soirée ne faisait que commencer. Fort heureusement, ça signifiait aussi que son poste allait se terminer et qu’il allait pouvoir ranger son carnet comme sa chemise et son attirail au vestiaire !

Comme il avait eu plusieurs absences de dernières minutes, il avait été affecté à la rue et la circulation pour combler les heures manquantes ; un cher tribu pour une situation inédite ! Jessie avait été redoutable dans sa négociation, bien que compréhensive, et rien ne le faisait plus hausser les yeux au ciel que de se coltiner la bêtise humaine. Tant pis, ce grand ronchon avait un devoir et ce devoir, ça serait auprès de ses cons-citoyens. Heureusement, lorsqu’il poussait les portes de l’hôpital de Storybrooke, il oubliait un peu l’ambiance légère de l’extérieur pour se concentrer sur une seule chose : son père.

Oui, son père. Uther.
Uther Pendragon.

Celui qu’il croyait mort et enterré depuis la Malédiction. Celui qui, un beau jour, avait ouvert les yeux à l’hôpital et réclamé son fils. Le service n’avait pas mis très longtemps à retrouver Adam, après tout c’était la plus grosse spécialité de l’hôpital : les comateux. Il en était arrivés par dizaines à la levée de la malédiction et on en retrouvait encore… Sans même trop savoir, ils apparaissaient les uns après les autres et étaient pris en charge en attendant un « possible » réveil, le secret de l’ouverture des yeux n’étant pas encore percé à jour. Ce sortilège avait bousculé bien plus que des vies et des mondes quand on y réfléchissait bien…

Quoiqu’il en soit, revoir son père avait rendu Adam un peu plus serein… Mais aussi plus inquiet. Uther était encore pire que lui à son réveil dans cette nouvelle ville et il avait grand mal à s’adapter à la technologie. Il était encore jugé trop fatigué pour quitter sa chambre mais il répétait à qui voulait l’entendre qu’il y avait beaucoup de choses à faire en dehors des murs ! Il avait toujours été un homme d’ambitions et de grandeurs, aussi bien d’âme que d’actions, aussi rester prostré dans des draps décolorés à subir son réveil… N’était en rien satisfaisant à ses yeux. Son fils était devenu sa porte de sortie vers l’extérieur ! Uther comptait les jours le séparant de son départ, bien qu’un étrange mal ne le garde cloué à l’horizontal sans traitement efficace pour le moment.

La vie avait bien changé. Mais pas une fameuse routine que le prince n’aurait manquée pour rien au monde : un passage au Rabbit Hole à l’approche de la nuit. Refermant son casier et, avec ça, les derniers souvenirs de son paternel, il s’extirpa du commissariat – non sans avoir salué Adèle à l’accueil et Anastasia un peu plus loin. Aux lumières du bureau du shérif, il sut que Jessie était encore là… Il fit un léger détour pour lui souhaiter une bonne soirée et ils plaisantèrent sur les amendes distribuées sur l’après-midi. Grimaçant à l’idée de recommencer le lendemain après-midi, Adam ne demanda pas son reste et fila en direction du centre-ville.

Très vite, le logo en néon du bar s’afficha et il passa devant le minotaure qui en gardait l’entrée. Ce dernier le toisa des pieds à la tête comme s’il ne le connaissait pas et, après avoir tapoté d’un œil désapprobateur le col de sa chemise mal mis, tira le rideau pour lui laisser le passage. Adam réajusta sa tenue sombre dans une excuse gratifiée d’un sourire entendu, ce minotaure faisait quelquefois de l’excès de zèle mais le statut de policier d’Adam devait lui convenir car il ne l’avait jamais retenu. Ou bien était-ce parce qu’il n’avait jamais provoqué d’esclandres ? Allez savoir. Slalomant entre les tables, il rejoignit le bar déjà bien entouré de consommateur et ne tarda pas à apercevoir la tête qu’il cherchait : Sylvester. En deux temps trois mouvements, il fut à côté de lui.

« C’est pour moi ou tu attends quelqu’un d’autre ? » Lança-t-il, désignant la seconde bière qui trônait devant son ami.

Dans le doute, il s’installa sur le tabouret à la gauche du sien, faisant tourner la pinte entre ses doigts.

« Sale journée ? »

Vu la quantité de boissons, ils allaient passer du temps ici. Pourvu que ça ne soit pas le soir de la soirée karaoké, sinon l’ambiance allait être trèèèèèès loin du « calme » habituel.

CODAGE PAR AMATIS