« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Malcolm avait remercié chaleureusement Alexis pour les victuailles. Il avait placé les biscuits dans son sac à dos et tenait le Thermos de thé dans une main, craignant de le renverser en le rangeant. Son père tenait celui de café, avec son air grincheux habituel. Quand on apprenait à le connaître, on se rendait compte que c'était son expression faciale. D'ailleurs, ce jour-là, il semblait un peu moins aigri que d'habitude, sans doute à la perspective de retrouver son monde. Comme pour souligner ceci, Drixie se montrait un peu plus exubérante que d'ordinaire, jappant de temps à autre pour signaler son impatience.
— C'est très gentil, vraiment, mais tu n'aurais pas dû te déplacer avec le bébé à une heure pareille... déclara Malcolm à Alexis, à la fois touché et embarrassé.
Jessie arriva peu après, à bord de sa voiture tout terrain.
— J’espère que cela vous convient toujours que je vienne ? Je ne veux pas vous forcer la main...
— Pensez-vous ! Malcolm serait trop déçu si vous n'étiez plus du voyage !
Le jeune homme dévisagea son père, soufflé par ses propos. Reginald esquissa un sourire narquois, tandis qu'Asta restait posément assise sur son arrière-train, presque blasée. Malcolm jugea préférable de ne pas renchérir, cela aurait probablement empiré les choses au lieu de les améliorer. Il y avait méprise mais mieux valait "laisser couler" que d'argumenter. Il engloutit donc le reste de son gobelet de café - qui lui brûla la gorge - grimaça et lança à la cantonnade :
— On peut y aller !
Il tira machinalement sur l'écharpe à carreaux passée autour de son cou, hissa son sac sur ses épaules et après avoir fait ses adieux à Alexis, il se tourna vers le Garde Olympien qui attendait de les téléporter. Il trouvait étrange d'utiliser une personne comme moyen de locomotion, mais c'était une méthode fort utile pour aller d'un point A à un point B, surtout sur une si grande distance.
Il remarqua le regard méfiant de son père à l'instant où ils furent transportés jusqu'au grand nord. Première étape passée avec succès.
— Et maintenant ?
La question de Jessie arracha un petit sourire mutin à Malcolm.
— Maintenant, c'est le moment de s'émerveiller... murmura-t-il.
L'aurore colora les monts glacés, sa lumière dorée ondulant lentement sur la surface immaculée, jusqu'à ce qu'un rayon vert les surprenne. La seconde suivante, ils se trouvaient toujours dans le grand nord, mais la chaîne de montagnes était ciselée de façon légèrement différente. Dans le ciel dansait une aurore boréale, dispensant des lueurs violettes, vertes et bleues.
— C'est magnifique...
Jessie semblait fascinée, pourtant Malcolm tiqua en observant l'aurore boréale. Elle lui paraissait plus terne que dans son souvenir, comme si les couleurs étaient fanées. Etait-ce un effet de son imagination ?
Se détachant de la shérif et de son père, il fit quelques pas en direction des sorcières. L'une d'elle s'avança à son tour, ses pieds presque nus effleurant à peine le sol enneigé. Il s'agissait de Ruta Skadi, la chef de ce clan. Il la connaissait pour avoir vécu avec elles durant presque un mois, lorsqu'il cherchait Anatole, Alexis, Lyra et Vaiana dans le grand nord.
— Malcolm Polstead, le salua-t-elle. Vous voilà de retour.
Il inclina légèrement la tête en signe de respect.
— Est-ce prudent d'emmener des humains venus d'un autre monde ? L'équilibre est déjà si fragile...
— Ce monsieur ne reste pas, précisa-t-il en désignant le garde olympien. Quant à Jessie James, elle enquête sur une affaire qui concerne peut-être nos deux mondes.
Qu'entendait-elle par "l'équilibre est déjà si fragile" ? Il voulut lui poser la question mais à cet instant, le garde olympien lança :
— On se les gèle ici ! Allez je vous téléporte une dernière fois et je me casse !
La sorcière observa d'un oeil presque sévère cet homme qui grelottait sous son armure dorée et soufflait sur ses doigts.
— Que se passe-t-il avec l'aurore ? demanda tout de même Malcolm.
Ruta Skadi soutint son regard sans ciller. Puis elle répondit enfin :
— Tout va très bien. Rentrez chez vous, Malcolm Polstead.
Le jeune homme fronça les sourcils. Il sentait bien qu'elle cherchait à couper court à la conversation. Il hésita presque à dire au garde olympien de repartir sans les téléporter ailleurs, mais il songea à son père dont la santé demeurait fragile ; il ne pouvait lui imposer de rester dans le grand nord pour ensuite effectuer un voyage de plusieurs semaines jusqu'à l'Angleterre.
A regret, il prit donc le bras que lui tendait le garde olympien.
— On va où, déjà ? grommela ce dernier, impatient d'en finir avec sa besogne.
— Oxford, à l'auberge de la Truite.
— Charmant.
Ils réapparurent dans une rue d'Oxford bordée par une rive. A cet endroit, il faisait jour. Malcolm pivota sur lui-même, indécis.
— Mais... nous ne sommes pas à la Truite !
— Comment je téléporte dans un endroit que je ne connais pas sans savoir où c'est ? Oxford, c'est vaste ! Je me suis dit que ça devait être près d'un cours d'eau. Et puis j'en ai marre de faire le taxi. La prochaine fois, prenez un Uber !
Le garde et sa mauvaise humeur disparurent, laissant les trois autres au beau milieu d'une rue qui n'était heureusement pas très passante. A Oxford, il faisait jour.
— On n'est pas très loin, assura Reginald. Je reconnais cette rue.
Il s'élança aussitôt. Malcolm lui emboîta le pas, tout en restant à hauteur de Jessie. Là, il lui glissa quelques conseils, même si c'était juste un rappel puisqu'ils avaient déjà eu cette conversation :
— Si jamais on croise quelqu'un, caressez votre manche comme si votre daemon se trouvait à l'intérieur. En principe, on ne devrait pas trop attirer l'attention à cette heure-ci. Tout va bien se passer.
Il esquissa un sourire un peu crispé, eut un geste comme pour lui prendre la main, avant de se raviser. Que lui arrivait-il ? Il déplia ses doigts un peu nerveusement et ôta ses gants. Il enleva un tour d'écharpe et ouvrit son manteau, car à Oxford, le froid était bien moins mordant.
Brusquement, son père pivota vers eux et planta un regard presque féroce sur Jessie.
— La demoiselle aurait pu mettre une jupe, ça nous aurait permis de passer inaperçus.
— Ne l'écoutez pas, vous êtes très bien comme ça, objecta Malcolm. Deux autres femmes sont venues ici en pantalon et l'ont quitté indemnes.
Reginald leva les yeux au ciel et reprit sa marche énergique. Il était si pressé d'arriver que Malcolm peinait à tenir la cadence. Du regard, il excusa le comportement de son père à Jessie.
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Jessie James
« Jessie never gives up, Jessie finds a way! »
Elle va être sympa cette mairie, j'le sens bien... On va s'entendre copains comme cochons...
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Toy Story | Dans le monde des contes, je suis : : Jessie, l'écuyère