Noël approchait, et je redoutais cette période. Je l’avais toujours redouté, pour la simple et bonne raison que c’était synonyme de repas de famille, et de fêtes. Non pas que je n’aimais pas ma famille d’aujourd’hui, mais… A chaque fois, je me demandais si j’étais réellement à ma place. C’était étrange, car cela faisait des années que j’étais arrivé ici. Mais, j’avais la sensation encore parfois d’être un étranger à leurs yeux. Aussi, j’essayais de m’évader. Et quand je voulais m’évader, je volais tout simplement.
Mes ailes déployés, je faisais des arcs de cercle au dessus de la ville. Ici, il n’y avait personne. Ici, c’était toujours reposant. Je pouvais prendre de la hauteur, sur la ville et aussi sur ma vie. C’était quelque chose de très rassurant. Observant les illuminations de Noël, tout semblait vraiment beau et scintillant vu d’en bas.
La tête dans les nuages, aussi bien au sens propre qu’au figuré, j’avançais. Un peu vite certes, mais j’aimais voler vite. Ca me donnait un sentiment de liberté infini. Et de solitude rassurante. Enfin…
Je le pensais. Un éclat orangé se trouva brusquement sur ma route. Je dus faire un tonneau pour l’esquiver admirablement. Une bourrasque m’envoya sur le côté. Je passais la main dans mes cheveux et…

« WOH ! MAIS CA VA PAS NON ? »

Qui osait voler ? Les airs c’était chez moi ! Personne n’avait le droit de voler ! C’était très rare, même pour cette ville, et j’étais un peu en colère de savoir que quelqu’un pouvait utiliser cet espace comme moi.

« Vous connaissez pas les priorités ? Je viens de votre droite, vous me cédez le passage. Si ça marche comme ça sur terre, ça marche aussi comme ça dans les airs. »

En les faisant battre, j’avançais vers elle rapidement, droit comme un I. Je savais que ça avait toujours été impressionnant. Après tout, dans toutes les cultures, les Anges faisaient toujours une impression assez forte. J’observais la rouquine dans les yeux.

« Depuis quand vous êtes là ? Je veux dire ici, dans les airs ? C’est pas commun. Et y’a des règles ! Des règles strictes à respecter. »

J’étais le premier à voler ici. Alors j’avais établi des règles. Si ça continuait, j’allais organiser une obligation de passer un permis de vol. Les gens faisaient n’importe quoi. On ne volait pas comme ça, d’un air nonchalant.

« Faudra faire gaffe la prochaine fois. Si vous voulez pas ressembler à un pigeon qui se fracasse sur un pare-brise d’avion. »

Je restais en vol stagnant. J’avais mon air ronchon. Celui que pas grand monde aimait. Mais en même temps, j’étais agacé. Ca volait ! Et ca volait n’importe comment !

« Vous devez pas aller bien vite, sans les ailes pour stabiliser. C’est important les ailes. »

Je fronçais les sourcils. M’avançant toujours vers elle, je laissais le vent m’emporter. Je ne l’avais jamais vu en ville. Je sondais son aura pour savoir si c’était un risque pour moi ou non. A l’évidence, non. Je restais quand même un peu sur mes gardes.

« C’est comme si vous étiez une voiture sans permis, et moi une voiture de course. Faut faire attention... »

Je croisais les bras, battant des ailes avec calme. J’écoutais ce qu’elle avait à dire. Et c’était un peu n’importe quoi. Elle me parlait de fée, d’ancienne génération. C’était quoi ce bazar ? Je fronçais les sourcils, et je la laissais parler. J’étais quelqu’un de poli. Je ne coupais pas la parole aux autres. Une fois qu’elle eut terminé, je continuais de l’observer avec intérêt.

« Une Fée, voyez vous ça... »

On croisait vraiment de tout à Storybrooke. J’aurai préféré rencontré un dragon. C’était cool, les dragons. Les fées, ça m’avait jamais trop attiré. Je l’observais, alors qu’elle semblait s’accorder beaucoup d’importance. Elle allait dire quelque chose et elle s’était reprise.

« Vous êtes la Re… ? Reine ? Réponse ? Référence-En-La-Matière ? Faut finir ces phrases, c’est important de finir ces phrases ! »

J’avais toujours les bras croisés, à la manière d’un môme à qui on avait déplus. D’ailleurs, elle m’avait déplus. C’était la deuxième fois que je croisais quelqu’un dans le ciel de Storybrooke. Il fallait vraiment que quelqu’un instaure un permis, ou quelque chose dans le genre. Si tout le monde se mettait à voler, ça partait forcément en vrille. Dans les airs, c’était moi le patron !

« Je suis prudent. Si je ne l’avais pas été, je vous serai rentré dedans ! »

Elle avait le toupet de dire que c’était de ma faute ! Alors que normalement, il n’y avait que les avions, les oiseaux, et moi qui devait voler. J’étais un peu contrarié. Parce que si j’aurai pu m’en faire une amie. J’avais jamais eu de copains de vol.

« Et je suis Hermès. Euh… Hermès. Voilà. Vous venez d’où pour voler comme ça ? Vous êtes une fée du monde des contes ? Y’en a combien qui battent de l’aile ici ? Je vais organiser un recensement. »

J’hochais la tête comme si ce que je disais était pure vérité. D’ailleurs, j’allais le faire. Et si je ne pouvais pas le faire, je le demanderai à la mairie. Il fallait que quelqu’un prenne ça en main. On avait failli frôler l’accident. Je l’observais, toujours un peu de haut.

« Vous volez à Mach combien ? »

Quand on volait, on parlait de Mach. Mach 1. Mach 2. Mach 3 etc etc. Et quand on nageait on parlait de nœud. Ce monde était vraiment étrange au niveau de leurs unités de mesure. Et dire qu’on attribuait leurs inventions à… Hermès. C’est à dire moi. Remarquez, peut être qu’effectivement, c’était moi qui avait inventé tout ça. Et que je m’en rappelais plus. C’était tellement incohérent que ça me ressemblait bien.

« Et… hum… Pourquoi vous volez ? »

Je fronçais les sourcils. C’était vrai ça, pourquoi elle volait ? Moi je volais pour me dégourdir, pour avoir la sensation du vent sur mon visage, pour être loin, et libre. Et surtout seul. Et là, visiblement, j’étais plus seul. C’était ça qui me contrariait véritablement.

« Je veux dire… Qu’est ce que ça vous apporte ? Vous volez pour regarder votre maison ? Ou pour la liberté et tout ce qui va avec ? Non je dis ça parce que si c’est pour la liberté, ca serait bien de voler un peu plus loin. La liberté c’est quand on est tout seul. Et normalement dans les airs je suis tout seul ! Et là je suis plus tout seul. Donc je suis plus trop libre… Hum. »

Je commençais certainement à être un peu pénible. Mais après tout, elle l’avait bien chercher non ? A voler partout et n’importe comment ! C’était indigne. Vraiment indigne, et ça me dérangeait !

Toujours les bras croisés, je l’observais sans rien dire. Je haussais légèrement un sourcil quand elle me raconta qu’elle était autrefois Reine et qu’elle était simple commerçante. Un sourcil arqué, je regardais en bas et désignait la ville de mon index, un peu comme un sale gamin.

« Y’a combien de Reine sérieusement dans cette ville ? »

J’ouvris la bouche quand elle déclara que j’étais pénible à poser des questions. Je posais beaucoup de questions. Tout simplement parce que j’étais bavard. Et j’étais bavard parce que j’étais curieux ! Et j’étais curieux parce que je m’intéressais aux autres ! Etait-ce tant que ça un défaut ?

« Je suis curieux et je m’intéresse aux autres c’est tout... » murmurais-je.

Bon, j’étais un peu vexé. Légèrement. Légèrement beaucoup même. Mais je savais que dire qu’on était vexé diminuait l’impact que cela pouvait avoir sur autrui, aussi je me contentais d’écouter la suite de ce qu’elle disait, sans l’interrompre et sans poser de question cette fois-ci.

« Les oiseaux, ils étaient là avant vous. Et moi aussi. »

Enfin, en théorie. Mon autre moi, Hermès de cette terre là était sensé être là avant eux. Mais ça elle était pas sensé le savoir. Je me contentais de hocher la tête et de soupirer avec un petit air exaspéré. J’essayais de renverser la situation. C’était bien ça, inverser la situation, pour la faire un peu culpabiliser.

« Oh, mais excusez moi de m’intéresser aux gens d’ici. Oh, mais excusez moi de poser des questions pour commencer un dialogue. Oh, mais excusez moi de vous accorder de l’importance ! »

Je fis une révérence, dans les airs, suivi d’une petite cabriole. L’instant suivant, je disparus pour apparaître dans son dos. Je me la jouais mauvais esprit, et ça commençait un peu à me plaire. Peut être que je devrais faire ça à l’ensemble des habitants de cette ville. Pour les embêter.

« Je vous taquine. » dis-je la tête en bas avec un sourire.

Je l’observais. Elle était plutôt belle. Moins belle que ma Athéna, mais belle quand même. Me grattant un sourcil, pensif, toujours la tête en bas. Finalement, je me remis dans le bon sens et poursuivait.

« Vous faites quoi comme travail ? Vous avez du caractère, vous devez pas trop vous laisser faire par les clients. »

Elle avait surtout de la chance d’être tombé sur moi et pas sur un de mes frères assez mauvais comme par exemple Poséidon. Je l’avais certes chercher mais je restais quand même très tolérant. J’aurai pu lui passer l’envie de me répondre comme ça… Mais ça m’aurait mené à quoi ? A rien du tout.

« Mais allez-y je vous retiens pas. J’essaie juste de parler et combler l’ennui. C’est tout ! »

Qu’est ce qu’elle était peu cordial. Je roulais des yeux et fronçait les sourcils. Il fallait que je me calme un peu. Je réfléchissais.

« Ouais, ça se tient cette histoire d’étoiles. Même si ce ne sont que des bulles de gaz qui brûlent à des milliers de kilomètres de nous. »

Je souriais largement. Observant la ville sous mes pieds, au final j’étais plutôt content que quelqu’un puisse voler. Enfin, content et pas content. Content parce que j’étais plus seul, et moins content parce que j’étais plus seul. J’aimais bien venir ici pour la solitude… Oh ! Mais c’était ca !

« En fait vous aimez juste le calme et la solitude des airs. C’est pour ça que vous êtes grognon. Je vous comprends totalement. »

« Ce raisonnement tient pas. Enfin pas trop. Si la Malédiction avait été lancé par un criquet, est ce que ça veut dire que la ville serait remplie de criquet ? Je pense pas... »

Je me grattais la tête. Elle soulevait un point intéressant. Je m’étais toujours intéressé à cette malédiction à ce que les gens du monde des contes étaient devenu ici. C’était très passionnant. Et je fus assez surpris que personne ne soit spécialisé là dedans dans la ville.

« Je suis intéressé parce que je suis intéressant ! »

Je voletai les bras croisés, mon sourire toujours espiègle sur le visage. J’aimais bien la taquiner. En fait, j’aimai bien taquiner les gens de manière général. Mais là j’y prenais quand même un plaisir tout particulier. Après, j’arrêtais quand ca gênait les gens. Si je continuais, j’étais juste un con, et pas quelqu’un de marrant !

« Ouais, enfin, à tout le monde. Ca dépend. Là on est sur le domaine des Etats-Unis. Y’a effectivement des zones libres… Mais c’est compliqué. Et il y a aussi des endroits où seul moi peut aller… Mais ça… Si je vous dis où c’est… On sera deux, et ça sera plus un secret ! »

Je souriais, je décroisais les bras et je commençais à voleter vers elle. J’étais en position debout, comme si effectivement il y avait un sol sous mes pieds. Les ailes à mes chevilles permirent d’ailleurs de ne pas trop faire battre mes grandes ailes dans le dos.

« C’est surtout la version de Pumba… »

Je lui affichais un petit sourire et je poursuivais.

« D’accord. Ca semble se tenir. Vos propos sont cohérents ! Oh, des objets, en céramique… Mythologiques... »

Je restais un moment pensif. Il se passa plusieurs secondes avant que finalement, je déclarai d’un air assez convaincu :

« En gros, vous vendez de la vaisselle, avec des dieux dessinés dessus ! C’est ça ? Et j’y suis dessus ? »

J’avais envie de savoir. Aussi, je papillonnais vers elle lentement, en ayant hâte de savoir sur qui elle avait fait des objets et si c’était réaliste. J’avais vu, il y a très longtemps quand nous étions au sommum de notre gloire, sous l’empire romain et grec, des objets nous représentant véritablement magnifique. Aussi, on avait perdu ce savoir, au même moment où les hommes avaient semblé cessé de croire en nous.

« Oh ! Vous ne vous êtes pas présenté ! Vous ne m’avez pas dit votre prénom. »

Je plissais des yeux. Comment pouvait-elle bien s’appeler. Curieux, je la fixais, avide d’attendre sa réponse. Est ce que son nom ou son prénom avait un rapport avec les fées ? J’avais remarqué que la Malédiction avait souvent donné des noms et des prénoms en rapport avec ce qu’ils avaient été dans le précédent monde.

« Et qu’est ce qui vous arrive ? Pourquoi vous vous sentez pas bien ? Enfin, si c’est pas trop indiscret… Après tout on se connaît pas depuis bien longtemps. Mais bon, j’aime pas quand les gens vont pas très bien. Je suis pas bien après. »

Je fronçais les sourcils. Moi aussi j’avais souffert, surtout quand j’étais arrivé dans ce monde. Et au fond, elle avait raison. Car quand ça n’allait pas, j’aimais souvent venir ici, au dessus de tout. Alors au fond, je la comprenais.

« J’y comprends. »

Je l’observais, toujours en volant autour d’elle, faisant une mimique et en me grattant le menton.

« Absolument rien. »

Elle me parlait de Dragon, de royaume magique, de sa fille. Ce genre de chose, je n’y connaissais pas grand et je n’y avais jamais véritablement portée attention. J’étais aller une ou deux fois dans le monde des contes, mais sans plus. Je me passais une main dans les cheveux, puis je me mis à soupirer.

« C’est quand même compliqué. Mais… Pourquoi vous n’avez pas garder Marion ? Comme prénom ? C’est super sympa. Moi je vous appellerai comme ça. Ici, j’ai essayé de changer de nom aussi, mais ça a pas marché. Je préfère garder mon vrai nom, Hermès, c’est bien plus simple en réalité ! »

Ah. Oui. Elle avait quand même peut être besoin de réconfort. Après tout, c’était pour ça qu’elle s’était envolé aussi haut et aussi loin. Mais j’étais pas tellement doué pour ce genre de chose. Déjà que je n’étais pas spécialement doué pour aider mes proches, alors les gens que je venais juste de rencontrer… C’était certainement un peu limite. Mais j’essayais quand même. Après tout c’était peut être pas si difficile que ça.

« Vous devriez pas prendre toute la responsabilité sur vos épaules comme vous le faites actuellement. Je ne m’y connais pas beaucoup en monde des contes, mais de ce que vous m’en dites, je doute quand même que vous soignez responsable de quoi que ce soit. »

Je me voulais plutôt rassurant. Ou du moins j’essayais. Après tout, j’étais peut être loin d’être convainquant. Je regardais la ville, à mon tour d’en bas et j’essayais encore de trouver les mots qu’il fallait.

« L’avantage de cette ville, c’est que vous pouvez être n’importe qui ou n’importe quoi, vous êtes avant tout un membre de la ville… Je pense que votre fille devrait surtout se contenter de cela et vous aussi. »

J’essayais d’être le plus rassurant possible, mais en même temps je trouvais ça étrange de s’attacher à un monde détruit. Avec un soupire, je l’observais, puis finalement je me risquais à avouer à demi mot.

« Je peux lui parler, si vous voulez. Moi aussi, je viens d’un monde totalement détruit. Mais à la différence de vous, je suis le seul survivant. Vous pouvez aussi vous consoler comme ça. En réalité le monde d’où l’on vient et la maison, ce sont ceux qu’on aime qui le font. Peut importe où on vit ; notre monde, c’est avec qui on vit. C’est ça le plus important. »

Un peu mélancolique, je regardais la ville en contre bas. Avec un sourire un peu désolé, je regardais finalement ma montre. Avec un léger sourire, je déclarai.

« Je vous attend en bas, devant votre boutique ! »

Et je me téléportais. Quand elle descendit, j’avais fait disparaître mes ailes, et j’avais le nez collé à la vitrine. Mes mains sur mes yeux, protégeant ces derniers du soleil pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur de la boutique, je me tournais vers Jordan.

« Hé bah Marion, c’est plutôt sympa ! »

Je mentais. Parce qu’en fait, ça me touchait pas. J’avais jamais trouvé un intérêt particulier à la céramique. Après, je n’avais vu qu’un bout par la vitrine, peut être que c’était bien plus jolie à l’intérieur. Quoi qu’il en soit, je me plaçais devant la porte, attendant qu’elle ouvre comme un enfant qui attend l’ouverture du bureau de tabac pour acheter des bonbons.