« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
« ChristmasWishes hiding in your heart, What is yours? "
« It’s a most wonderful time of the yeeeear ! » La musique de Noël pulsait, diffusée dans chaque baffle accrochée à chaque coin de rue de Storybrooke. La chorale dirigée par Meredith Newton récoltait par là, une magnifique promotion. Chaque misérable badaud s’arrêtait pour le féliciter de son élection et de l’incroyable marché de Noël qu’ils avaient la chance de pouvoir découvrir. La meilleure réussite de la ville depuis des décennies. Evidemment, cela n’était pas une surprise pour l’ancien ministre, avec lui au pouvoir, les choses ne pouvaient que se révéler bien plus...grandioses ! Il ne comptait même plus le nombre de compliments qu’il avait aussi reçu pour son costume et son discours… Mais les paroles admiratives gonflaient son égo, amplifiait sa satisfaction. Tout se déroulait à la perfection ! La parade lui avait procuré une vision inédite de la population qui composait son royaume, tous amassés pour l’acclamer dans son étincellement. Des petits insectes de loin qui pourtant groupés ensemble composaient la clameur la plus savoureuse de toute. Le pouvoir était un poison grisant. Pour autant, il n’avait jamais pu le manier ouvertement, avant son élection. Aujourd’hui tous pouvaient voir sa grandeur. Il continua à marcher, serrant une main et distribuant unne « bonne fête de fin d’année » dans un faux emportement jovial, trottant à travers le marché de Noël. Il ne souhaitait guère être en retard et ne le pourrait pas. Rien ne commencerait sans qu’il ne donne son aval. Pour autant, il ne désirait pas traîner. Il possédait un programme chargé qui s’étendrait bien au-delà de la cérémonie officielle du Marché de Noël. Avisant un employé à sa solde, en train de descendre précautionneusement d’une échelle, une ampoule grillée dans les mains, il se hâta de le rejoindre, signalant sa présence d’un claquement de doigts impérieux. L’apercevant, l’individu se pressa davantage, finissant par sauter des derniers barreaux pour rejoindre le sol, :
- « Bien le bonsoir votre seigneurie... » énonça-t-il bientôt avec un sourire immense et forcé qui renforçait son air niais « Que me vaut votre royale présence ? Laissez moi vous dire que votre discours était digne des plus grand roi. Personne ne vous arrive à la cheville, comme toujours vous brillez sous les projecteurs"
Preminger ignora son air onctueux, outrepassa le fait que sa tenue d’employé de mairie n’était clairement pas réglementaire, pour mieux chasser d’un air impatient l’entièreté des propos tenus :
- « Cesse donc ! Tu n’as décidé aucun talent oratoire, même la plus glorieuse des évidences devient consternante d’ennui… » pointant du doigt la petite allée de chalets qui faisaient angle à la droite de la grande place illuminée par le Sapin de Noël, il ajouta « A présent Va ! Va trouver Alexis ! Miss Child. » insista-t-il sous l’oeil morne du roux « Tu la trouveras sans peine. Elle tient l’échoppe temporaire dédiée aux livres et conte des histoires de Noël., au-delà de ces trois chalets aux toits engourdis de fausse neige, deux dédiées aux viennoiseries, l’autre aux ventes de décorations gentillettes de cette époque de l’année. Tu sais à quoi elle ressemble : brune, fine, à l’allure mutine et enjouée. Et une fois que tu seras auprès d’elle, tu lui diras ceci : retiens bien…que le comité municipal a besoin de ses services urgemment, pour un remplacement, qu’il faut qu’elle se présente et se fasse remplacer. Qu’au besoin le service pourra justifier de son absence aisément. Nous avons besoin d’elle pour lire un communiqué dans le micro, pour le diffuser dans l’entièreté du marché de Noël, faute de conteur dépêché pour l’occasion.Si elle pose des questions, brode !.. NON...Oublie, ne brode pas, va à l’essentiel. N’essaye pas d’improviser. Fais la venir! Et remets ton badge du comité, correctement. Elle te suivra si tu te contentes de suivre ces règles, n’improvise pas. Mais HATE-TOI ! L’événement commence dans... » il leva le poignet pour contempler les aiguilles de sa montre « Vingt minutes…Tu disposes de cela, pas d’une minute de plus... Hop hop hop ! PROOONTO !»
Sans demander son reste, le rouquin avait déguerpi, non sans réajuster son badge sur le veston vert et doré choisi pour l’occasion. Preminger l’avait un bref instant suivi du regard avant de tourner les talons théâtralement. D’un geste impérieux, il avait signalé son empressement, évitant par cette occasion, les discussions vides d’intérêt que les badauds réclamaient déjà. Il devait admettre qu’il ne passait pas inaperçu. Encore vêtu de son costume étoilé, aussi sombre qu’une nuit d’un bleu encre où dansaient néanmoins selon les éclairages les reflets pailletées rappelant les étoiles que la voûte céleste accrochait à son sillage, il devait reconnaître qu’il causait un effet plus que certain. En même temps...JAMAIS n’aurait-il choisi une tenue qui ne mettait pas en valeur la merveille qu’il était. Se vêtir était un art, aussi il sortait jamais AU GRAND JAMAIS sans s’être assuré d’être une œuvre d’art vivante. Et ainsi était-il. En tout Temps. Il s’éloigna de tous, leur gratifiant d’un sourire forcé d’excuse qui s’évanouit aussi vite qu’il était apparu une fois ces viles marauds dépassés. Il ne pouvait pas se résoudre à se plaindre de son succès ! Avec un discours, une prestance, une parade aussi réussie, comment aurait-il pu en tirer autre chose qu’une profonde félicité ! OOOH comme il avait hâte, trépignait presque de savoir ce qu’Alexis en avait pensé ! Il avait pris GRAND SOIN d’orchestrer le passage de son char devant chaque stand et de prévoir une halte non loin de son stand, afin d’être certain de capter son regard bleuté, et son écoute. Elle se souvenait, il en était persuadé de cet air rattaché à un Temps si lointain, si hypothétique et pourtant...passé. Quel curieux concept que ce Futur déjà vécu et au demeurant fantasmé… Il atteignit la structure de verre qui abritait la patinoire, des souvenirs flottants dans ses yeux dorés, souriant à la construction provisoire qui avait surgit au cœur de la ville, somptueuse, grandiose, miroitante des lumières de la ville qui se reflétaient sur ses vitres luisantes. Les portes ouvertes, encadrées par des rideaux rouges de velours, d’une couleur semblable au tapis qui se déversait au sol l’invitaient à entrer. Il y pénétra, happé par l’atmosphère glacée et étincelante qui y vivait, brillante au gré des lumières qui s’y réverbéraient. Il sourit, salua la foule déjà installée dans les gradins. La piste de patinoire avait été entièrement vidée de ses pitoyables essais expérimentaux des badauds en manque de chute… Paaaarfait ! Il tourna la tête, observant les gradins où s’étaient massés la populace en nombre. Tous les intrigués du petit prospectus distribué leur promettant une féérie unique en ce lieu à 20h15 sonnantes. Sans un mot de plus. Rien d’autre qui ne leur permettent de deviner, envisager, ce qui les attendait au coeur de cette patinoire. Mais ils étaient venus d’une seule masse, mué par la certitude du grandiose. En cela, Preminger avait déjà gagné son pari. La foule croyait en lui, en la perspective d’un événement qui valait la peine de patienter, de se déplacer ! Après une telle parade, comment auraient-ils pu en douter ? Ils ne pouvaient plus douter de sa grandeur ! Alors, ils étaient là. Patients, dociles, attentifs. Erwin détourna le regard d’eux pour descendre jusqu’au bord de la piste. Ils étaient là, les petits chalets...de petits abris de jardin de bois faits de deux grandes fenêtres lumineuses ouvertes sur la piste. Postés au plus proche de la scène. Une position enviable, le meilleur emplacement possible pour observer...le spectacle prochain qui s’y tiendrait. Le petit local disposait d’enceintes spéciales pour diffuser l’entièreté de la musique sans perturbation du brouhaha incessant des enfants geignards et leurs parentèle, d’un chauffage personnalisé qui permettait chacun des occupants de se délester l’instant de la performance de sa veste d’hiver pour observer le tout en plein confort. Les emplacements, eux-même avaient fait l’objet de l’achat acharné de places. En moins d’une heure, leur mise en vente avait abouti à leur achat pour une « toute modique somme ». Les plus riches les avaient acquis tous séduits par l’expérience inédite qui leur était promise. Tous commençaient à rejoindre leurs chalets, à l’abri des regards des gradins qui n’y verraient qu’une rangée de sapins et de bois, suffisamment disposée pour éviter d’occulter à leurs vues ce qu’ils souhaitaient avant tout pouvoir distinguer : la piste. Preminger donna ses ordres, vérifia les dernières retouches, la continuité du programme, il salua les organisateurs, surveillant du coin de l’oeil les allées et venues des privilégiés et notamment le chalet central dont la lumière restait encore close. Il la distingua soudain, escortée encore, un peu perdue et hésitante dans les rangées. Il était suffisamment loin d’elle, masqué par les coulisses et les organisateurs pour qu’elle le distingua malgré sa luminescence. Pourtant, il le craignit soudainement et recula encore, dans l’ombre du rideau, n’attirait-il pas tous les regards naturellement ? Alors le sien… Mais elle avait bien trop à faire, à suivre les instructions, tenter de se repérer dans un décor qu’elle découvrait et la confusion qui régnait assurément dans son esprit.. Il pouvait aisément suivre son cheminement. Que faisait-elle là ? Qu’attendait-on d’elle ? S’était-elle trompée ? Pourtant, elle continua d’avancer, utilisant la clef que l’accueil n’avait pas manqué de lui remettre pour pénétrer jusqu’au chalet principal. Le reste...Il ne pouvait faire que des suppositions. Il supposait nécessairement son incrédulité alors qu’elle pénétrerait dans ce petit endroit chauffé, rondelet et chaleureux, découvrirait la minuscule table de bois, les verres et deux bouteilles ainsi que l’enveloppe parfumée de l’effluve des lys à son nom. « Miss Alexis E Child ». Erwin avait tenu à la précision du « E ». Lorsqu’elle l’ouvrirait, elle découvrirait ce mot, calligraphié :
« Miss Alexis E Child, prenez place et veuillez attendre. Une coupe de champagne est à votre disposition à moins que vous ne préfériez la boisson non alcoolisée compte-tenu des circonstances. A votre convenance. Excellent moment à vous ».
Il eut un sourire amusé lorsque la lumière s’alluma dans l’habitacle. Il n’avait pas le temps d’imaginer le reste… Au contraire, il restait à le vivre. Quittant la scène, il se joignit à la foule, saluant encore et toujours le petit peuple qui se pressait pour lui serrer la main, à la va-vite, rejoignant jusqu’alors, la loge en retrain qui lui était destinée, alors que les lumières d’éclairage s’éteignaient, laissant une brève mais enchanteresque minute la pièce baigner dans la pénombre et les seules lueurs de l’extérieur qui transperçaient le plafond de verre. - « Mesdames et Monsieurs ! Votre attention s’il vous plait » proféra une voix électronique rompant le chuchotement excité des spectateurs « Voici le spectacle offert par votre Maire ! Bon divertissement à tous ! Et n’oubliez pas...Ce soir, redonnons ces lettres d’or à cette fête si profonde qui rappellent que la grandeur de notre Histoire s’inscrit avant tout avec nous ! Au pays des contes de fées, les rêves deviennent réalités . Belle veillée à tous ! » La voix électronique s’était arrêtée, laissant place à la sienne, chaude et exquise, rediffusant les ultimes paroles de son discours… Une mini apothéose avant que le silence ne retombe dans la salle. Un enfant continua d’applaudir au loin, vite rabroué, attirant un sourire amusé sur la bouche de Preminger. Au moins avait-il du goût… Ce n’était clairement pas l’Erreur qui se livrerait à autant d’enthousiasme, cet enfant était tout juste bon à babiller dans son coin… Au moins, n’avait-il pas hurlé à plein poumons lors de son discours, il disposait au moins d’un respect voué à son paternel monarque… Peut-être parviendrait-on à en faire au moins un honnête citoyen ! Et puis, sa présence n’avait guère empêché Alexis de faire le déplacement jusqu’à la Grande Place pour venir écouter son discours. Il l’y avait distinguée, comment ne l’aurait-il pu ? Dans ce nuage nébuleux de faces insignifiantes, son charmant petit visage ressortait comme irradié sous la lumière. A la vue et à l’insu de tous, il avait laissé son attention s’y prolonger un moment, sachant qu’elle saurait par là reconnaître que ce sourire lui était entièrement dédié. Puis, elle avait fini par se dissiper avec la foule pour rejoindre ses lecteurs avides évasion littéraire, lorsque la cérémonie s’était close. Il ne s’était pas aventuré à y promener ses pas. Il l’avait fait lorsqu’il était venu, arpenter les allées du marché de Noël, les jours passés, s’arrêtant alors pour l’écouter conter une histoire, la saluant poliment ensuite pour mieux quitter les lieux si les curieux s’y agglutinaient. Faisant sursauter, la salle plongée dans la pénombre, la première note de l’orchestre vibra dans le silence, ramenant Preminger à l’instant présent. Alors que les projecteurs progressivement entraient dans la danse, la scène s’illumina, prenant vie soudainement devant les yeux ébahis des badauds alors que les premiers danseurs entraient sur scène. Tous chaussés de patin, alors que le rideau de velours s’élevait dans les airs, révélant l’arbre de Noël qu’il cachait, les artistes s’emparèrent de la scène, rejouant dans une chorégraphie sur glace la première scène du ballet de Tchaikowski. Saisis par la surprise, quelques hoquets de surprises mêlés aux exclamations des enfants s’étaient mêlés, alors que la danse prenait de l’ampleur, soulignant la musique, exprimant chaque émotion, chaque sentiment exprimé. Il se prit lui-même à contempler la scène une brève minute, oubliant tout. Le ballet sur glace était une réelle réussite. Au-delà des costumes, de la musique sublimement jouée et des effets lumineux qui achevaient d’offrir un réel travail d’orfèvre, c’était la danse, la danse qui ravissait l’ancien ministre dans une contemplation mutique. Il adorait cela. Ne désirait presque rien de mieux que de monter sur scène à leurs côtés, pour pouvoir éprouver toute la radieuse félicité que la danse lui apportait. Il n’avait guère appris dès l’enfance les rudiments de cet art à part entière, mais il en avait maîtrisé les gestes et l’adresse. Preminger avait eu très vite l’évidente habitude de se savoir spontanément rempli d’un talent naturel pour toute chose, mais la danse, tout aussi vite maîtrisée, n’était jamais devenue une activité qu’il avait entrepris avec bien plus d’obligation que de plaisir. AU contraire ! Comme il était plaisant de virevolter aimablement, ne faisant qu’un avec la Grâce ! Sur la Glace en revanche, bien que parfaitement des plus adroits, que le plaisir qu’il éprouvait n’équivalait en rien celui d’Alexis. Cela était la raison de tout ceci… Il n’avait pu que connaître l’amour qu’éprouvait la jeune femme pour le patinage artistique. N’avaient-ils pas partagé la scène gelée dans un Futur glorieux ? Ceci était un hommage qu’il dédiait. Un cadeau de Noël confectionné, pensé, organisé pensé pour elle. Les principales scènes de Casse-Noisette reconstituées d’une manière inédite. Il devinait l’effarement qu’elle avait du ressentir, sa joie, son émotion. Mais « deviner » possédait un goût bien trop fugace pour contenter l’appétit du Maire, il désirait bien plus que cela. Voir, voilà qui était bien davantage prometteur. Alors que la nuit tombait sur la scène, tandis que Marie se blottissait contre son Casse-Noisette. Alors que le sommeil cédait au rêve et que l’instrument de bois s’éveillait, il se leva de son siège. Il pivota de moitié son buste, sondant les gradins, son regard d’épervier cherchant le regard, l’attention qui dériverait de la scène, n’en trouva aucune. Le chemin qui menait à son but se trouvait plongé dans la pénombre, arboré comme à sa demande, dissimulant bien plus aisément ses allées et venues. Le chalet était d’ailleurs dans une proximité bien avantageuse. En quelques pas, il se trouva à ses abords. Portant un nouveau regard sur les environs, puisque jusqu’à la scène où le Roi des Rats et Casse-Noisette préparaient leurs entrées simultanées, il sortit le double de la clef remise à la libraire préalablement, l’introduisant dans la serrure, tandis que les trompettes sonnaient, sous le tourbillonnement des violons. La symphonie musicale qui se jouait sous les yeux de la jeune femme devait bien attirer son attention pour que le bruit de la porte ne l’alarme. Dans l’hypothèse où la musique ne l’avait pas couverte… Passant sa tête dans l’entrebaillement de la porte, il la trouva là, de dos, assise et happée le spectacle. Il aurait pu encore, jouer de sa surprise, avancer jusqu’à la détourner subitement du spectacle pour l’enraciner dans la plus belle version de sa rêverie. Mais… Il convenait de se renouveler, n’est-ce pas ? Refermant la porte soigneusement, il frappant quelques coups sur le bois, tout en pénétrant franchement dans la pièce :
- « Que vois-je séant ! Mes hommages, Mademoiselle Child ! Je vous prie de me pardonner cette intrusion pour le moins...peu fortuite… J’ose espérer que vous accepterez de me permettre de vous tenir compagnie » clama-t-il onctueusement, le sourire insolent venu naître et grandir sur ses lèvres au fur et à mesure de son discours, déniant sans honte toute la modestie prononcée. Tendant une main vers elle, toute à présent tournée vers lui, il sourit davantage, ployant un peu la tête sous l’effet d’une radieuse satisfaction, heureux de son effet, ne résistant pas à l’envie de lui demander : - « Alors trésooor, ce petit présent te plait-il ? Et, à présent, encore davantage ? »
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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
| Avatar : Kaya Scodelario
Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Christmaswishes are hiding in your heart, so what are yours ?
C’était la folie. Si le stand au marché de Noël avait toujours eu son succès, en ce jour du 24 Décembre, les contes s’enchaînaient aussi rapidement que les chansons de Noël dans les haut-parleurs dédiés à cet effet. J’avais rapproché les séances pour que tout le monde ait le droit à son histoire. Le stand n’était pas extensible et nous ne pouvions pas accueillir plus de visiteurs que le nombre de place au risque de bloquer le passage. Il fallait donc faire la police, demander à certains de revenir plus tard, accepter les remontrances des mécontents et compatir à leur malheur d’attendre leur histoire depuis maintenant plus de 3h. J’aurai pu être stressée, me dire que c’était la dernière fois que je faisais ça et pourtant, ce n’était pas le cas, au contraire, je rayonnais. L’effervescence de Noël était à chaque fois une promesse d’Espoir pour le monde, de réunion et de vivre ensemble et voir tous ces enfants réjouis m’emplissait toujours le cœur de joie. Nous avions fait un roulement arrivé à la fin d’après-midi pour que chacun puisse se changer et mettre sa tenue de fête. De mon côté, j’avais opté pour une robe argentée courte à plusieurs volant qui me donnait un faux air de ces anges de Noël qu’on accrochait sur le sapin. Perchée sur mes talons, je prenais garde à rester toujours près d’un réchaud pour éviter d’attraper froid sur mes jambes nues.
Il m’arrivait par moment quand je ne lisais pas d’observer le marché dans son entièreté pour tenter d’apercevoir Bernadette avec le landau. Il fallait dire qu’elle m’était plus que précieuse quand il s’agissait de garder Isaac quelques minutes quand j’avais quelque chose à faire et j’avais vu qu’elle l’avait aimé instantanément. Mais comme toutes les créatures liées de près ou de loin à Hadès, elle avait un sérieux grain qui me poussait à m’inquiéter régulièrement pour la vie de mon fils. J’avais dû la rattraper 3 fois dans les allées pour lui demander d’arrêter de brandir Isaac à tous les passants tel le Roi Lion et j’espérais qu’elle avait ENFIN compris ma demande. Il semblait que oui puisqu’elle était à présent non loin d’un stand de boules de Noël et semblait décidée à en acheter une pour l’accrocher sur la capote du landau, au-dessus de la tête d’Isaac.
Erwin venait de passer avec sa parade flamboyante et cela nous avait permis d’avoir un peu de repos, le temps du spectacle, puis de son discours. J'avais tenté de cacher du mieux que j’avais pu ma surprise en entendant cette musique qui nous avait fait danser, un an auparavant tandis que son char passait devant mon stand mais un sourire amusé et touché avait fini par envahir mes lèvres. Ça ne pouvait pas être un hasard, Erwin ne laissait rien au hasard. Après son discours, j’avais profité de cette courte pause pour embrasser Isaac et voir s’il allait bien. Il semblait bien décidé à manger et Bernadette tenta de me faire comprendre qu’il n’avait pas voulu de son beignet. Je soupirais en lui rappelant qu’il ne mangeait que du lait et je m’étais éloignée, dans un coin au chaud, pour lui donner le sein. Il avait tété si fort que je me demandais bien depuis combien de temps il était affamé à ce point. Après son petit rototo, je l’avais replacé dans son landau où il s’était endormi presque instantanément et j’étais retournée lire une nouvelle histoire. Le rouquin était apparu à la fin de celle-ci. Il s’était approché du stand avec apparemment un besoin de discuter plus que d’écouter une histoire et j’avais froncé les sourcils d’incompréhension. Avec un petit geste, il m’avait demandé de le rejoindre et j’avais laissé ma place à Belle pour l’histoire suivante.
— Oui ?
— Bonjour miss Child pardonnez-moi de vous importunez mais je viens de la part du Maire en personne qui me voit pourvu d'une mission tel un pigeon voyageur.
Mon cœur avait instantanément loupé un battement. S’il ne venait pas me le dire en personne, devais-je supposer qu’il se trouvait avec Isaac et que le petit avait un problème ? Est-ce que Bernadette avait retiré avec son beignet au point de l’étouffer ? Prise de panique j’avais regardé par-dessus de l’épaule du jeune homme pour tenter de percevoir un mouvement de panique, quelque chose ou surtout le landau de mon fils qui allait bien...
— Euh oui, y’a un problème ?
— Non ce n'est pas au sujet de votre enfant, rassurez-vous...
Je m’étais stoppé net pour l’observer froidement, malgré moi. Comment avait-il pu faire le lien aussi rapidement avec Isaac alors qu’il me parlait du Maire deux secondes avant ? Savait-il quelque chose ? Auquel cas je n’étais pas au courant. Préférant ne rien laissé paraître, je n’avais pas répondu, bien que secrètement soulagée et il avait poursuivi :
— Euh.. Pour ma part ce n'est pas un souci mais...le comité municipal a un besoin urgent de vos services, pour un remplacement et il faut que vous vous présentiez. Au besoin le service pourra justifier de votre absence. Ils ont besoin de vous pour lire un communiqué.
— Euh... un communiqué ? Mais quel communiqué ? Je fais pas partie de la mairie moi... y'a pas quelqu'un d'autre qui peut gérer ce point ? Mon stand peut être géré par mes employés, ça va merci !
Je commençais à perdre patience. Si Erwin avait un problème avec la Mairie, pourquoi il n’était pas venu me le dire directement ? Sans compter que je n’avais absolument aucun droit de faire ce genre de choses... Un communiqué ? Et puis quoi encore ? Ils étaient pas assez à la Mairie ? Le bouquet final était la proposition pour me remplacer à mon stand. C’était tout Erwin ça de vouloir constamment caser un étranger dans ma boutique, pourquoi n’arrivait-il pas à comprendre qu’on s’en sortait très bien tous les trois ?!
— Un communiqué qui sera diffusé dans tout le marché de Noël. Faute de conteur pour l'occasion, Le maire vous sollicite vous...
Je m’étais alors radouci légèrement, comprenant que s’ils avaient besoin d’un conteur, j’étais un choix logique. Mais l’idée de devoir lire une histoire devant touuut le marché de Noël ne m’enchantait pas du tout. Il savait pourtant que je n’étais pas à l’aise avec les grands discours. J'avais soupiré, voyant qu’il ne tenait rien dans ses mains, je demandais :
— Euh... d'accord... je... je dois prendre un livre avec ou vous avez ce qu'il faut là-bas ?
— Alors là j'en sais rien... Erwin ne m'a pas dit cela.. Hormis qu'il ne reste que 10 minutes pour y aller donc.. au cas où prenez n'importe quel livre...
J’avais soupiré une fois de plus en intimant au jeune homme d’attendre deux minutes. Prenant le premier livre de conte de Noël qui me passa sous la main, j’en profitais pour dire à Danny et Belle que je devais m’absenter. J’avais alors rejoint le jeune homme en regardant ma montre.
— Je vous suis.
Tu fais chier Erwin, punaise, en plus me mettre au pied du mur comme ça...
J’avais commencé à slalomer entre les gens, la mine fermée tandis que le rouquin reprenait avec un petit rire :
— Je vous accorde, Erwin me fait le même effet, je sens qu'on va bien s'entendre en d'autre circonstance.
Une fois de plus, j’avais haussé les sourcils, surprise. Apparemment, ma mine déconfite se voyait plus que je ne le pensais. Je remarquais alors que cela faisait deux fois qu’il appelait “le maire” par son prénom, comme s’ils se connaissaient. Pourtant, de mon côté, c’était bien la première fois que je voyais ce jeune homme. Il semblait le connaître même plutôt bien dans la mesure où il prenait le risque de me confier qu’apparemment il lui arrivait souvent de s’agacer de sa personnalité aussi... Ne sachant comment réagir et ce qu’il savait vraiment sur moi ou sur nous, je m’étais contenté de glisser mes yeux en direction de son badge pour retenir son nom et son prénom afin d’en parler avec Erwin. Avec un sourire sympathique, je précisais :
— Oh... vous le connaissez bien ? C'est possible oui, monsieur Sacabeu.
— Le connaître le mot est faible, mais ouais. Je vais vous laisser et courage pour la suite. A un de ses quatre Miss Child !
Et avant que je n’eusse le temps de répliqué, il m’avait planté là, devant une petite maisonnette où il m’avait indiqué devoir entrer quelques secondes plus tôt. Il avait déjà disparu dans la foule et je restais comme une imbécile face à l’information qu’il venait de me donner. Il semblait le connaître et plus que bien et pourtant il ne m’en avait jamais parlé.
C’est quoi encore ce bordel...
Je l’avais glissé entre mes dents tout en ouvrant la petite porte de bois. Je m’étais attendu à tomber dans un chalet de régie et de le voir surexcité et en colère par le manquement de son ancien conteur mais il n’y avait tout bonnement personne... Juste deux fauteuils qui semblaient plutôt confortable, un réchaud, une petite table et un seau à champagne. Un peu surprise, j’avais regardé autour de moi dans l’espoir que quelqu’un me dise que je m’étais trompée d’endroit mais rien ne vint. Je remarquais alors que le chalet donnait sur... la patinoire. Prise soudain d’un affreux doute, j’ouvrais légèrement la bouche de surprise, un sourire en coin au bord des lèvres. Tout en entrant dans le chalet, j’avais refermé la porte avec douceur et m’étais approchée de la table où une petite lettre m’attendait.
Miss Alexis E. Child, prenez place et veuillez attendre. Une coupe de champagne est à votre disposition à moins que vous ne préfériez la boisson non alcoolisée compte-tenu des circonstances. A votre convenance. Excellent moment à vous.
J’avais étouffé d’un petit rire, autant soulagée à l’idée de n’avoir finalement rien besoin de lire que surprise positivement par son cadeau. J’avais déposé le livre avec douceur tandis que quelqu’un entrait pour me proposer d’ouvrir la bouteille.
— C’est inutile, merci, je ne bois pas d’alcool... Vous n’auriez pas l’un de ces vins chauds en infusion sans alcool ?
Il avait opiné du chef et quelques minutes après, je savourais le lancement du spectacle avec ma tasse entre les mains. Je me souvenais que sur le prospectus, une surprise était organisée et c’est ce qui m’avait aidé à comprendre ce qui m’arrivait. J'avais expressément précisé à Bernadette d’y amener Isaac dans la mesure où je ne pouvais pas y assister et je commençais à regretter de ne pas vivre ce moment avec mon fils. Je ne me berçais pas d’illusion, Erwin avait sans aucun doute beaucoup à faire et sa femme devait être aussi présente que lui. De ce fait, il fallait s’attendre à ce qu’il observe le spectacle en loge officielle avec elle. Je me sentais coupable alors brusquement de ressentir une pointe de tristesse mélangée à de la jalousie. Il m’offrait pourtant un beau cadeau, il savait ce que le patinage représentait pour moi, mais l’idée de savoir que nous ne pouvions toujours pas être ensemble quand nous le désirions me rendait de plus en plus morne à mesure que le temps passait. J’aimais pourtant ma liberté, cette possibilité de vivre ma vie comme je l’entendais avec mes amis ou mon fils, sans plonger dans la routine d’une vie de couple, j’adorais nos moments secrets qui étaient notamment pimentés lorsqu’ils étaient aux yeux de tous. Mais en revanche, l’idée qu’une autre femme partageait sa vie et que c’était cette raison qui faisait que nous devions parfois refuser de nous voir me faisait nettement plus mal. Nous étions une famille désormais, j’avais un fils avec lui et malgré tout, ce mariage de convention passait toujours avant.
Pourtant, j’avais laissé cette douleur qui m’envahissait parfois derrière mois quand la voix électronique avait lancé le début du spectacle. Je n’avais pas pu m’empêcher un petit pouffement de rire et de lever les yeux au ciel en entendant une nouvelle fois sa voix, imaginant sans peine à que point il avait dû insister pour que sa voix et son discours se rappelle à tous et qu’ils se souviennent sans possibilité équivoque que ce moment de magie, c’était lui qui leur offrait. La première note avait alors raisonné sur la grande place et sur tous les habitants amassés autour de patinoire et instinctivement, malgré moi, j’avais tendu l’oreille pour tenter de percevoir un éventuel cri de bébé, savoir si Isaac se tenait tranquille ou si le moment allait devenir un calvaire pour Bernadette. Je n’avais pourtant rien entendu, me rassurant sur le fait qu’il devait attendre ou dormir paisiblement.
Les premiers danseurs entrés sur scène, j’avais tout oublié ou presque de de ce qui m’entourait, happée pleinement par le spectacle. J'avais déjà eu l’occasion de voir le ballet de Tchaïkovski en rediffusion de Moscou à la télévision, mais de l’avoir face à moi et sur glace... tout ceci était tout bonnement inédit. Le ballet avait été revisité pour convenir à de la danse sur Glace mais elle n’avait rien à envier à son homologue sur plancher. Les gestes étaient gracieux, les figures tourbillonnantes, les costumes étincelants et la musique, si parfaitement réalisée, enivrante. Je m’étais surprise à sentir quelques larmes poindre dans le bleu de mes yeux sous le coup de l’émotion, tant de beauté présentée, gratuitement, à toute la ville pour Noël. J’en venais à regretter qu’Isaac ne soit pas avec moi, à défaut d’avoir Erwin, mais le spectacle m’emportait suffisamment pour que je profite de l’instant présent tel qu’il était. Une deuxième émotion m’avait assailli en réalisant que rien n’avait été choisi au hasard, c’était un cadeau que m’offrait véritablement Erwin, avec tous les moyens qui étaient les siens, y compris les publics. Et même si j’aurai pu légèrement grincer des dents à cette idée, entendre au loin les exclamations de la foule qui en profitait tout autant que moi me faisait me détendre sur le sujet. C'était magnifique, absolument magnifique. Et j’en avais été tellement subjuguée que j’avais sursauté en entendant brusquement les coups portés sur le bois du chalet qui m’entourait.
— Que vois-je séant ! Mes hommages, Mademoiselle Child ! Je vous prie de me pardonner cette intrusion pour le moins...peu fortuite… J’ose espérer que vous accepterez de me permettre de vous tenir compagnie.
— Erwin !
C’était sorti tout seul. Je n’avais pas pris une seconde de réflexion supplémentaire pour savoir si je pouvais me permettre cette familiarité. J'étais dans cette cabane depuis si longtemps que j’avais presque l’impression qu’elle était insonorisée au monde et j’avais au moins pu remarquer qu’elle était tout de même suffisamment cachée aux yeux des curieux pour me permettre de voir la patinoire sans que des yeux indiscrets puissent me voir à l’intérieur. Aussi, je m’étais permise de me tourner franchement vers lui, avant de me lever d’un bond et de prendre ma main dans la sienne avant de le prendre dans les bras tendrement, ma tête contre son torse :
— Le spectacle est magnifique. Merci.
J’avais relevé le visage vers lui un court instant avec un sourire avant de déposer un baiser fugace sur ses lèvres, comme si c’était la dernière limite que je ne m’autorisais pas à franchir alors que notre posture n’était déjà plus équivoque pour personne... Il en avait profité pour fanfaronner une nouvelle fois et me poser des questions sur le spectacle, je ne pouvais que le laisser faire tant la surprise était totale :
— C’est incroyable, c’est à la fois tellement proche du ballet et tellement adapté à la Glace, c’est juste sublime. Les patineurs sont impressionnants et tout colle tellement à la musique de Tchaïkovski, c’est une merveilleuse idée, c’est...
J’avais tourné de nouveau la tête vers la patinoire. Si pendant un court instant j’en avais oublié le spectacle pour le saluer, je réalisais à présent que j’en loupais une bonne partie. Posant ma main dans la sienne, je l’avais attiré vers le second fauteuil tout en m’assaillant de nouveau, les yeux rivés sur le ballet qui se déroulait devant moi. Sans l’observer pour ne pas en manquer une miette j’avais osé cependant :
— Tu vas vraiment me tenir compagnie ? J’en serai ravie mais... on risque de s’impatienter, non ?
Ma voix avait été maîtrisée, neutre. On savait très bien l’un et l’autre qui était “on”. Je n’avais volontairement fait aucune allusion à travers mon ton parce que je n’appréciais pas évoquer le sujet avec lui. Déjà parce que je m’en sentais pas légitime, ensuite parce que je marchais toujours sur des œufs malgré moi sur cette situation qui me rendait un peu coupable et malheureuse quand elle revenait ainsi à mon souvenir. Mais ma façon de le vivre était propre à moi, à mes pensées et mes douleurs, c’était mon jardin secret et je n’avais pas envie de lui faire partager car lui aussi était dans une position délicate.
— De toute façon, je devrai retourner à mon stand juste après, nous n’aurons pas spécialement beaucoup de temps à nous alors si tu as besoin d’y retourner... de toute façon on se voit un peu plus tard, pas vrai ?
Je ne le regardais toujours pas, c’était beaucoup plus simple de garder ma ligne de conduite ainsi. Il m’avait précisé les moments de Noël que nous pouvions passer ensemble et je sais que ce soir, il était prévu qu’il passe à la maison après le repas au moins pour avoir un peu de réveillon avec moi. Sachant que de toute façon le marché finissait tard, j‘avais considéré que je ne ferai pas grand-chose en cette soirée et avait accepté. Un plaid, une tisane et un bon film, ce pouvait aussi être un excellent réveillon. Soudain, le visage du rouquin revint à mon esprit :
— Au fait, qui est “Nack Sacabeu” ? Il est venu me chercher en ton nom et il avait l’air de très bien te connaître. Il m’a dit que le mot “connaître” était faible pour qualifier votre relation... Il m’a parlé d’Isaac aussi...
J’avais alors de nouveau tourné la tête vers lui, pour qu’il voit mon inquiétude, notamment concernant mon fils. Je réalisais alors que ma main n’avait pas lâché la sienne.
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
« ChristmasWishes hiding in your heart, What is yours? "
S’il était sûr d’une chose c’est qu’Alexis n’avait pu anticiper sa surprise. Il l’avait fomentée seule, assez brillamment, comme toujours. Elle avait jailli de son esprit aisément, rejoignant ce que la jeune femme appréciait tant et les liaient au souvenir de leur Noël passé. Elle aimait le patinage artistique. Il se demandait même pourquoi la jeune femme ne semblait guère avoir poursuivi en hautes sphères cette activité où elle excellait. Sûrement car en temps de malédiction, aucune personne et ambition ne pouvait franchir les portes de Storybrooke. Ce don s’était retrouvé cloîtré parmi les frontières maigres de cette ville ensorcelée. C’était dommage. Il n’avait interrogé Alexis afin de savoir si cela avait occasionné une déception en elle. Elle lui avait confié que les relations entre elle et sa mère adoptive n’avaient pas toujours ressemblé à un superbe tableau de verdure mais bien davantage aux aléas météorologiques qui traversaient une vie. Pour autant, si Alexis n’avait guère eu l’occasion de perfectionner son talent, celui-ci demeurait inné et certain. L’ancien ministre avait pu en être témoin, mieux en savourer la réalité, lorsqu’ils avaient partagé une danse sur le sol glacé de l’extérieur de son palais. Le patinage n’était pas son terrain de jeu favori, il préférait un sol sûr et stable où les figures exécutées de son art de risquaient pas la cruelle intransigeance de la glace. Enora, à l’inverse, raffolait de cette plateforme changeante et mouvante qui, malgré son instabilité, lui permettait figures et vitesse. En cela, peut-être leur préférence reflétait leur miroir. Il était suffisamment variable et capricieux pour apprécier un environnement proche de sa propre nature, préférant de loin s’appuyer à la stabilité. La jeune femme à l’inverse, était une femme entière, pleine de ses valeurs. Loin des divergences éphémères. Mais elle en appréciait les sensations. La glace. Un état où l’eau, cet élément si instable, insaisissable, se compactait pour devenir aussi solide que de la roche. Peut-être cela symbolisait-il leurs êtres, leur relation. Une situation qui était advenue en dépit de leurs états primaires mais qui possédait sa propre solidité. Lorsqu’il y réfléchissait, cet élément les suivait. Ils l’avaient affronté, en vain, à bord du Titanic, comme le symbole de l’inéluctable. L’avaient célébré à Noël passé, en dansant et le bravant, l’avaient à nouveau franchi lors de leur dernière croisière. Alexis s’y trouvait liée. L’orage n’appelait-il pas la pluie ? Souvent ces gouttes d’eau vrillaient au gré des coups de tambours fracassés du tonnerre. Et l’eau lui ressemblait aussi dans son inconsistance. Il y pensait parfois, à présent alors que ce théâtre dansant et virevoltant se mouvait sous ses yeux, derrière la silhouette découpée de sa maîtresse. Il n’y prêta bientôt plus aucune attention. Toute cette farandole colorée et exquise qu’il avait concoctait céda, se dissout alors dans le lointain, semblable à des tâches lumineuses. Ils offraient de jolis contours à la jeune femme qui l’observait, transportée. Puis, en moins de temps qu’il lui aurait fallu pour prononcer son prénom, elle s’était avancée jusqu’à lui. Ses bras entourèrent son corps, tandis que sa tête basculait contre son buste. Il referma les siens sur elle, un sourire sur les lèvres. Cette réaction, bien qu’attendue, ne perdait aucun charme. Au contraire. Sa concrétisation possédait des saveurs superbes, une consistance qui se pressait contre lui, heureuse et surprise. Il se mis à rire légèrement, la bouche posée entre les mèches de ses cheveux, déposant un baiser au sommet de sa tête, initiant le premier un baiser qu’elle semblait redouter. Craintive des regards inappropriés qui pourraient peser sur eux. Mais qui donc aurait pu y déposer les yeux ? L’interstice de la cabane n’était destinée qu’aux danseurs. Ces derniers possédaient bien trop à faire pour s’attarder épier leurs spectateurs. Aucun professionnel ne le faisait. Qui plus est, ils étaient suffisamment étrangers à cette ville pour déceler quoique ce soit. Ils ne les connaissaient pas. Tout au plus Alexis et lui représentaient à leurs yeux de profanes, un couple heureux ému, d’une beauté flamboyante. L’ombre de son lien d’alliance ne se discernait pas. Il n’existait pas. La cabane perdait sa notion de cachette pour gagner en intimité. Après tout, n’était-ce pas la fonction qu’elle exerçait auprès des autres chanceux occupants ? Les lèvres de la jeune femme bravèrent le doute qui l’agitait, pour se déposer sur sa bouche brièvement. Mais elle s’écartait déjà, sans s’enfuir. Sa chair avait beau être distante, en retenue, son âme ne l’était pas. Aucune déroute, aucune déconvenue, elle vivait ce moment pleinement, et son bonheur restait total. D’une certaine manière, le voir sans le palper possédait un attrait non négligeable. Les effusions physiques n’étaient pas nécessaires à l’expression de la joie. La retenue du plaisir, sa seule affirmation de celui-ci par les expressions de son visage, le son de sa voix, le pétillement radieux de ses yeux, tout ceci suffisait à le rendre profondément satisfait de son choix. Elle serra davantage sa main entre ses doigts, témoignant dans cette pression tout ce qu’elle n’osait pas extérioriser davantage par le contact. Mais puisqu’il l’y invitait verbalement, elle se prêta au jeu, se mettant à poser des mots sur son ressenti. Ce qu’elle pensait du ballet de glace qui se déroulait derrière elle et dont elle venait de prendre conscience. Ironie et beauté de la chose. Comme se le remémorant, elle tourna la tête vers la représentation, son visage se laissant happer facilement par la scène qui s’y déroulait. C’était son cadeau. Son présent insoupçonné. Et bien que sa présence le lui faisait réaliser, elle ne pouvait pourtant y rester insensible, c’était la raison pour laquelle il ne démontra aucune résistance lorsqu’elle entreprit de regagner son siège, sa main douce l’incitant à la suivre. Il le fit bien évidemment, cédant à cette prière muette qu’elle formulait, prenant place dans le second fauteuil dans un soupir d’aise. Face à eux, Casse-Noisette entreprenait de chasser le Roi des Rats, tentant de le mettre en déroute sous l’aide de Clara. Les souris du monarque les entouraient, les entrechats saccadés des patineurs soulignant l’union de ces rongeurs militaires. Une petite fantaisie qu’était ce conte ! De tous les contes de Noël, il songea que cela devait être son favori. Il n’appréciait guère les contes moraux. Il les avait apprécié autrefois, enfant. Lorsque l’ombre de la réussite n’était qu’un point fixe et lumineux, une cible à atteindre. A ses oreilles d’enfant, avides et remplies d’espoir d’une vie bien plus vaste qu’elle ne l’était, tous les contes parlaient de lui. Ils chantaient ce que serait sa vie, ce qui s’annonçait à sa portée. Ce n’était qu’en grandissant que leurs revers lui étaient apparu. Ils soignaient l’élite, chérissaient la vertu. Et le coeur de l’ancien ministre ne contenait aucune pureté. L’obscurité de son âme excluait ces prodiges annoncés. Qu’à cela ne tienne, il savait qu’il demeurait destiné à la Grandeur. Mais il s’était dissocié de ces légendes qu’il voyait pour ce qu’ils étaient : des légendes destinées à nourrir la populace. Des histoires pour encourager à la bonté, à l’entraide. Des sentiments qui en réalité ne menaient à rien d’autre qu’à la médiocrité et au commun des mortels. Venir de ce que ce Monde désignait comme un « conte de fées » possédait une saveur particulière. Il n’était pas le Héros de l’Histoire, mais il était le Protagoniste de son Destin. Sans détourner le regard du spectacle, Alexis l’interrogea, avec délicatesse. Elle restait neutre, maîtresse d’elle-même de prime abord. Il se doutait que cela n’était qu’une imposante façade. S’il en avait été autrement, cette formulation élégante mais distante n’aurait pas été utilisée. A quoi bon ? Si cette maîtrise se voyait nécessaire, c’était bien parce que ce chemin n’était pas carrelé d’indifférence. Il aurait aisément pu s’en jouer, appuyer sur la souffrance pour l’amplifier. Mais cela ne lui vint pas à son esprit pourtant cruel. Il n’appréciait s’amuser de la douleur d’autrui que lorsqu’il les méprisait. Cette blessure d’Enora ne lui donnait en revanche pas envie de s’en délecter.
- « On » est actuellement occupée ailleurs, sur un autre spectacle du marché, chant celui-ci » précisa-t-il alors, reprenant pour elle, l’utilisation de ce pronom. « Ce dernier dure moins longtemps mais ne pouvant me dédoubler, cela semblait être pour le mieux. Ainsi, je puis pleinement profiter de l’enchantement de celui-ci. Ne partages-tu pas cette opinion ? »
Un moue mutine se forma sur ses lèvres alors qu’il tournait la tête vers elle pour la dévisager, son pouce glissant sur le dos de sa main, caressant. De son autre main, adroitement, il se saisit de la bouteille de champagne, entreprenant de se servir un verre. Les bulles dorées pétillèrent bientôt joyeusement dans la coupe.
- « Ce splendide divertissement glacé dure quarante-cinq minutes, exactement. Une version accélérée du ballet, obligatoirement, mais malgré tout une plaisante et radieuse distraction, dont je compte bien savourer ainsi que ta compagnie..toutes les minutes restantes...» il lui adressa une oeillade moqueuse avant de porter l’alcool à sa bouche, prenant le Temps de savourer le goût de la boisson rouler dans sa bouche avant de poursuivre « A toi bien évidemment, de ne pas te laisser trop distraire de ma si redoutable présence séant, après tout… ce virevoltant numéro fait partie de ton cadeau. »
Il s’était tu un bref instant encore, ne répondant pas à la dernière partie de l’interrogation de la jeune femme qui pourtant, il le savait, demeurait sa plus grande question. « On se voit un peu plus tard, pas vrai ? » Et comment… Mais elle n’en possédait pas la moindre idée. Il avait bien tu ses projets et il se demandait jusqu’où la fantaisie de son imagination avait pu se projeter dans la perspective de sa venue. A la manière dont elle l’avait formulée, il devinait que ses rêves s’étaient cantonnés à de légères étreintes tardives, bien proches de la manière dont il l’avait rejointe le soir sonnant sa victoire aux élections municipales. Un voile de clandestinité, un soupçon de brièveté, une dose de trop-peu parfumaient les ambitions simples de la jeune libraire. A la connaître, un repas devait être préparé, des petits fours, une odeur simple mais chaleureuse devait flotter dans son foyer. Elle n’avait pas bougé encore. Il contempla son profil délicat, l’arrête de son nez, la forme pleine de ses lèvres maquillées, son immobilité causée par son esprit mi-plongé dans l’enchantement qui se jouait sous ses yeux et l’attente de sa confirmation.
- « Tu me verras ce soir, ma délicate… Tu me verras. »
Il l’avait susurré alors que les accords des violons s’intensifiaient. Pour autant, il ne répéta pas. Il savait qu’elle l’avait entendu. Il porta à nouveau le verre à ses lèvres, absorbant une nouvelle quantité du lumineux breuvage qui sous les projecteurs, se paraient d’une nuance plus délavée de ses yeux. L’or faisait partie intégrante de Lui. Ayant néanmoins veillé à conserver un ton des plus sobres, la jeune femme ne pouvait se douter de ce qu’il adviendrait alors. Il avait néanmoins pris soin de conserver un ton aussi emballé que naturel afin que trop de retenue ne puisse sonner à ses yeux comme une corvée. Il aurait été des plus déplacés de faire flamber en elle une déception à l’aurore de surprises bien plus agréables qu’escomptées. Il croisait les jambes vers elle, ouvrant la bouche pour poursuivre lorsqu’une question non prévue franchit les lèvres de la jeune femme, le stoppant net dans son élan. Un rictus agacé se posa sur son visage qu’il chassa bien vite avant que la jeune femme ne tourne la tête vers lui. L’IDIOT ! Il ne valait guère mieux que son frère ! Nack possédait encore une forme de compréhension criminelle qui l’avait poussé à l’embaucher, s’embarrassant de son jumeau, des années auparavant… Il fallait croire que des années supplémentaires à supporter ce dernier dans une cellule n’avait fait que renforcer l’abrutissement de ce dernier et s’était propagé à endormir les dernières cellules grises fonctionnelles du brun… IMBÉCILE. Il soupçonnait d’ailleurs ce dernier de s’en être donné à cœur joie. Vile petite saleté. Storybrooke semblait l’avoir doté d’une fausse impression d’intouchabilité. Comme si l’anéantissement de la monarchie avait fait pondre à la cavité vide qui lui servait de cerveau l’idée d’une sécurité et d’une indépendance qu’il ne possédait pourtant pas. Il lui appartenait. Tout comme son frère. S’il trouvait bon, il possédait suffisamment de preuves pour l’expédier à nouveau dans les cellules froides et sombres de la prison de Storybrooke, sans même qu’on ne puisse lui associer cette prise. Un seul geste de sa part…. Oh, il aurait pu témoigner le bougre, mais il possédait en dépit de tout, une réelle loyauté qui l’empêcherait de le vendre face à la débrouillardise de Jessie. Malgré tout, il pestait intérieurement contre Nack. Ce dernier n’ignorait rien de la relation qu’il possédait avec Alexis. Comment avait-il pu se vendre ? Il en avait sûrement trop dit, trop fier, trop satisfait de pouvoir s’arroger un bout de son pouvoir. Il le regretterait bientôt. En attendant, il fallait éteindre la calamité qui pouvait donner l’envie à la libraire de creuser de ce côté… Nick et Nack étaient des allumettes fragiles d’un feu qu’il ne souhaitait guère allumer. Trop de flambées risquaient d’en advenir. Il convenait de l’étouffer à l’origine même. Il pouvait nier, feindre de ne pas connaître cet individu. Après tout il existait des êtres si prompts au mensonge qu’ils sautaient sur l’occasion pour affirmer le connaître, pensant ainsi grappiller une minuscule miette de sa popularité flamboyante. Nack Sacabeu pouvait être de ceux-là, ceux qui, gratifiés d’une mission par LUI, s’imaginaient parés d’un Futur et d’un Passé à ses côtés. Cependant, mentir ne ferait qu’empirer la Vérité sue. Aussi, se borna-t-il à un haussement d’épaules.
- « Oh, il travaille actuellement pour moi comme employé de la mairie. Il est sorti de prison suite à mon témoignage, il y a des années de cela. Depuis, il a toujours manifesté une profonde reconnaissance à mon égard, comme s’il considérait me devoir une sorte de dette. Récemment, il est venu me faire part de sa difficulté à trouver du travail, alors je lui ai proposé de candidater pour intégrer le personnel municipal. Il est assez sot, mais exécute bien et c’est exactement ce que l’on attend de lui, à la place où il est. Il a été pris et je le pense assez satisfait de son sort. »
Il se mis à sourire tranquillement, satisfait de sa tirade. Il n’avait en aucun cas menti, juste omis les dates, l’ancienneté et les collaborations auxquels il avait mêlé les jumeaux. Il reprit en fronçant les sourcils légèrement, non par colère mais pour signifier sa certitude :
- « En ce qui concerne Isaac, ne crains rien. Cet individu est inoffensif. Il n’y toucherait et n’y touchera pas un cheveu. Il a juste fanfaronné en fonction des informations que je lui ai transmise, je lui ai dit que si tu tentais de résister à l’invitation en mettant ton fils en jeu, il pouvait te rassurer. Il a le chic pour amplifier son importance. Comme je te l’ai dit, il n’est pas très intelligent. »
Il ponctua son discours d’un petit son moqueur. Ce n’était guère mentir. En attendant, Nack se verrait sévèrement réprimandé. Il HAÏSSAIT lorsque les individus sortaient des sentiers battis pour eux, s’enfonçant dans des initiatives...trop complexes pour leurs esprits amoindris… Qu’attendre de Nack qui plus est, si ce n’était plus que son frère Nick ? Il aurait un mot à son encontre lorsqu’il croiserait son chemin, ce qui ne saurait tarder… L’autre s’en souviendrait. Pour le moment, il balayait son existence d’un revers de main, or de question de laisser la colère pondre en lui pour ternir le moment. Il se contentait de songer à la manière dont il saurait rudoyer l’impertinent… Posant d’un geste élégant la coupe de champagne sur la table de bois, il se pencha un peu vers elle, faisant glisser leurs mains liées sur le bord du genou de la jeune femme. Preminger adorait créer le feu dans la clandestinité. Il en retint l’envie, n’entreprenant aucun mouvement complémentaire, se bornant à l’observer. Il l’observait à la manière d’un félin, s’accoudant pour rendre sa position plus agréable, tournant à l’envie les yeux vers les deux spectacles qui se prêtaient à lui. La réelle représentation enchanteresse qui glissait, voguait au gré de la glace et le visage transporté d’Enora qui s’en imprégnait. Ainsi, il voyait tout et se sachant à l’origine de ce tout, s’en gorgeait progressivement. Il se pencha un peu, lui susurrant à l’oreille :
- « N’est-ce pas réellement plaisant ? J’ai toujours aimé ce conte. Un peu féerique, un peu...sinistre. Parfois...obtus… J’aime la fin ouverte… Se sont-ils retrouvés ? S’étaient-ils seulement déjà rencontrés ? » s’exalta -t-il « et tu complètes à merveille ce somptueux tableau. »
Il minaudait mais ne mentait pas. Parée d’argent, la valeur d’Enora n’en devenait que plus visible… Elle scintillait d’un éclat bien différent des patineurs parés de maquillage et de projecteurs, sa luminosité était interne, brillante. La tenue ne faisait que souligner son teint pâle d’opale. Lorsque la lune serait haute, ses pommettes exposées à la froideur mordante de la nuit, ce contraste miroitant n’en deviendrait que plus visible. Ses yeux se pareraient du même halo lunaire, réduisant le bleu pour se faire miroir. L’argent se fondrait dans l’or qui illuminait les siens. Elle le dévorerait des yeux, d’un attrait irrésistible, et ses yeux deviendraient reflets. Oh comme il lui pressait d’en ressentir l’appétit, d’en mesurer l’intensité. Profitant de sa proximité, il laissa sa bouche courir sur le velouté de la joue de la jeune femme, puis d’un index pressant, la poussa à diriger pleinement le visage vers le sien. Elle le fit, sous l’impulsion, leurs nez se heurtèrent doucement tandis qu’elle battait des paupières de le découvrir d’une proximité contiguë. Puisqu’elle se trouvait si accessible, si proche, il laissa ses lèvres voraces cueillir celles de la jeune femme, prestement, dans une impatience gloutonne. Peut-être avait-elle eu le temps de deviner son impulsion à la lueur narquoise qui s’était emparée de ses pupilles avant qu’il ne cède à son envie. Conservant sa main gauche dans celle de la jeune femme, il laissa son autre main glisser du menton de la jeune femme jusqu’à son cou, s’y logeant délicatement, dans une emprise câline. Il l’embrassa, pleinement. Elle n’avait pas osé le faire, sauf précipitamment. Avec joie certes, mais avec une rapidité qui en avait anéanti la gourmandise. La jeune femme craignant de s’y brûler, il ouvrait la chose, lui démontrant d’une parfaite maîtrise, sa tranquillité d’esprit, le lui partageant. Ils étaient seuls. Il expia un extrait d’air entre leurs bouches, sa langue se perdant, entreprenante, marquant son désir. La seule fenêtre devant eux ne consistait qu’en une ouverture sur un univers fantasmagorique qui ne pouvait leur nuire. Une bulle faite de bois, une maisonnette temporaire où le Temps se trouvait suspendu. L’ombre de la masse que consistait les gradins ne pouvait se déployer sur eux. Ils se trouvaient soustraits aux regards communs...pourtant si proches. Cachés à leurs barbes pourtant, si on prêtait l’oreille, au-delà de l’orchestre, les murmures enthousiastes de la foule se percevaient dans l’air. Son autre main n’avait pas lâché celle d’Alexis et il la conserva encore dans la sienne, lorsqu’il se recula de son visage, dans un regret.
– « Aussi tentante que soit la poursuite..détourne-moi en....il serait dommage de rater encore un instant ce scintillant spectacle, n’est-ce pas ? Je m’en voudrais de de détourner davantage de ton cadeau» soupira-t-il malicieusement en rangeant sagement une mèche des cheveux de la jeune femme derrière son oreille. Le manque s’y lisait. « Chaque chose en son Temps. Compte les secondes, retiens les minutes, guette les heures… ».
Il se replaça pourtant, prenant la main de la jeune femme sur ses propres cuisses, l’enveloppant fermement dans ses deux mains, l’encourageant à nicher sa tête jusqu’à son épaule. Elle le fit et lui-même n’interrompit plus le ballet, de distractions fougueuses qui risquaient de s’éterniser jusqu’à éclipser pleinement le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux. La jeune fille valsait entre les bras du Casse-Noisette, entourés de fées lumineuses aux robes de tulles blanches. Leurs jupes formaient une corolle immaculées de neige, pâle et scintillante, semblable aux flocons se déposant sur un fil de linge au clair de lune. Les lueurs des projecteurs sublimaient leurs chevauchées dans le blizzard et se laissa happer pleinement par ce qu’il avait concocté. La douceur des arabesques, le corps ployé des danseurs, roseaux humains remplis de grâce qui pliaient mais ne rompaient point. L’entièreté se trouvait fascinante, une symphonie dont ni lui ni la jeune libraire ne perdirent une miette. Elle devait songer cela romantique, il devait lui reconnaître que cela s’approchait de l’idée qu’on s’en faisait, n’étant pourtant pas sentimental. Si cela l’était pour elle, alors, son but se trouvait atteint. Le Temps s’étirait et pourtant s’accélérait, sous la succession de tableau que le conte livrait. Il les observa tous, la tête d’Alexis lovée contre son épaule, la chaleur douce de son corps irradiant sans peser contre sa chair. Parfois, elle ponctuait son observation d’une petite exclamation, commentait le ballet et lui-même le fit aussi, lui désignant parfois du doigt une figure parfaitement exécutée, un costume qui attirait son attention, une musique qu’il affectionnait tout particulièrement. Ils partageaient ce moment paisible, enveloppé qu’il était de tendresse. Il ne tenta rien de plus. Dans d’autres circonstances, peut-être s’en serait-il donné à cœur joie, jouant de leur intimité relative pour s’immiscer dans ses pensées jusqu’à devenir cette obsédante pensée qui éclipsait tout le reste. Mais il s’agissait de son présent. Et son propre amour du ballet ne pouvait être sacrifié à d’autres plaisirs qu’il différait temporairement. La seule satisfaction du moment présent suffisait à combler son orgueil. Ils étaient bien. L’Erreur s’effaçait temporairement pour ce qui serait, il le savait, sa seule disparition. Alexis ne souhaiterait pas passer son premier Noël sans lui… C’était Midas qui le lui avait cruellement « rappelé », non pas qu’il l’ignorait mais… il avait espéré… ou disons fortement initialement omis de l’incruster dans ce qui avait été la première orchestration de son plan. Comment l’avait-il formulé déjà ? Ah oui…
- « N’oublie pas qu’Enora...aime son Fils. Même si elle le voit déjà tous les jours, comme tu allais le dire. »
Il soupçonnait Midas d’avoir placé un peu d’ironie en lui proférant cette évidence qu’il savait ne pas faire écho à la personnalité égoïste du Maire. Erwin lui pardonnait : n’était-ce pas Noël, après tout ? En ce jour, il l’absoudrait comme tout GRAND monarque savait le faire à son plus fidèle sujet. Même si Nack ne bénéficierait pas, en revanche, de cette grandiose générosité. Les dernières notes du spectacle transpercèrent leurs tympans. Les retrouvailles et la rencontre d’Eric et de Clara s’étalaient, dans un ultime tableau rempli de faste où l’esprit de Noël éclatait. Le couple dansait, glissant ensemble dans une chorégraphie parfaite, synchronisée, où le Temps et la Magie régnait en maître. Puis, après une énième note explosant de promesse, le silence retomba sur la patinoire. Chacun avait retenu son souffle et tous se levèrent, applaudissant de joie. Le triomphe tomba sur le ballet, gonflant l’orgueil de Preminger aussi aisément que la satisfaction des artistes. Il le prenait pour lui. N’était-ce pas LUI qui avait orchestré tout ceci. Ce superbe spectacle qui faisait aujourd'hui les ovations du public ? Même si ces dernières étaient bien moins exaltées que celles dont il avait fait l’objet à l’heure de son merveilleux discours ! Évidemment ! Tout aussi réussie qu’était cette représentation, elle ne possédait pas sa Beauté et son irrésistible séduction. Un seul Homme retournait les foules aussi aisément, provoquant déluge et louanges… Il s’était levé pourtant comme elle, lâchant seulement alors la main d’Alexis, pour gratifier les artistes de quelques bravos mesurés. Très vite, pourtant, il cessa son geste inutile, pour se tourner vers la brune, la saisissant précieusement par les épaules :
- « Je dois te quitter, mon trésor. Mais n’aie nulle crainte, nous ne reverrons… »
Il n’ajouta rien. Elle ignorait encore tout de ce qui composerait sa soirée. Vorace il l’embrassa encore, une dose de passion dans son étreinte s’insinuant dans son étreinte, dans l’ardeur de l’urgence, le plaisir de l’instant bref qui précédait la séparation. Il autorisa ses mains à s’emparer de son visage, à s’insinuer dans la masse de ses cheveux, sa bouche à dévorer la sienne, plaquant son corps contre le sien. Puis, dans un souffle, avec autant de force qu’il les avait saisis, il relâcha ses lèvres de son emprise brûlante, plaquant rapidement une main dans l’intérieur de sa veste pour en tirer une enveloppe. Le Temps pressait...
- « Tiens mon trésor… Prends-la. Ouvre là, à l’issue de ton stand... Lorsque sonnera la cloche. »
Il la quitta là, non sans l’avoir gratifiée d’un baisemain suave, rejoignant l’estrade, félicitant chaleureusement les acteurs de l’incroyable performance qu’ils avaient donné. Puis, la patinoire s’était progressivement vidée. Lorsqu’il avait posé à nouveau les yeux sur la petite maisonnette de bois, Alexis n’était plus là. Elle avait regagné son stand... Elle ne lirait rien de cette enveloppe sans que l’heure ne soit venue. En attendant, il avait arpenté le marché de Noël, salué son épouse lui promettant de la rejoindre puis gratifié Midas de consignes à son encontre. Son chien savait ce qu’il avait à faire et saurait l’exécuter sans vaciller. Une fois les somnifères à l’œuvre, elle dormirait, du sommeil des justes. Une excellente nuit à son image, sage et posée. Un rictus mesquin à cette image luisait sous son visage cruel à cette pensée. Il ricana seul, au milieu des badauds, s’attirant quelques regards perplexes de ces derniers. Il les snoba royalement. Pitoyables manants. Il n’acheta rien d’ailleurs, observant les stands sans les voir vraiment. Son attention était ailleurs. Dans l’Après… Son corps entier ne ployait pas vers la suite, il ne se pressait pas. Laissait seulement l’anticipation le gagner. Bientôt… Sûrement, elle tâtait l’enveloppe du bout des doigts si elle l’avait déposée dans sa poche, sans oser la déplier. Sûrement l’avait-elle retournée, s’intriguant de son existence. Si elle la portait à son nez, elle y sentirait l’effluve agréable des violettes qui composait essentiellement son parfum. Il y avait fait mêler une douce note de pain d’épices, pour rappeler le jour peu commun qu’ils fêtaient ce soir. Il avait salué les derniers passants, formulés d’excellents souhaits de fin d’année avec la même fausse ferveur que l’on souhaitait un prompt rétablissement à un malade puis avait fini par rejoindre son équipe, adressant ses félicitations à ces derniers. Une fois les dernières mains serrées, tous s’étaient éparpillés, rejoignant leurs foyers respectifs pour les fêtes. Nimbé d’un voile de parfum, après s’être parfaitement flatté en s’observant dans le miroir, contemplant sa resplendissante mine, il avait quitté la mairie. Sur le parvis, toutes les maisonnettes de bois qui s’y massés étaient éteintes. La lumière des maisons derrière elles les avaient remplacées. A présent, elles ressemblaient à un petit village déserté où quelques rares commerçants fermaient encore leurs portes, prenant garde à ce que la couche de neige ne pénètre pas dans l’habitacle. Il descendit le perron, laissant sa cape se gonfler sous le vent léger qui agitait l’air, facilitée par la trajectoire qu’il entreprenait. Sa voiture choisie pour l’occasion, sombre et longue, l’attendait à l’ombre d’un arbre enneigé. Il suivit la route, n’alla guère loin. Abandonna le véhicule non loin, non loin d’un stand dont il possédait les clefs. D’un pas tranquille, rabattant le pan de sa longue capuche sur son visage, il flatta l’encolure du premier animal, manœuvra habilement pour sa sortie, chantonnant doucement dans l’air frais du soir. Sa cape le préservait de la morsure du froid, ses bottes s’enfonçaient dans la neige, la faisant grincer sous ses talons. Il songea à Enora, tout en s’installant aux commandes. Elle avait sûrement ouvert l’enveloppe à présent. Y avait trouvé alors ce mot tout tracé d’une calligraphie racée « Lorsque l’Heure sonnera, jusqu’à l’Arbre le plus Haut, tu refuge trouveras… Alors, ton enfant dans tes bras... à son pied, tu regarderas». Il savait ce qu’elle y avait trouvé. Un présent, qui, jusqu’à peu ne s’y trouvait pas et dont un membre discret de son organisation se chargerait d’assurer la livraison. L’individu rodait, pressé contre les briques, se fondant dans le décorum, indiscernable… Il veillait à ce que la personne à laquelle il était destiné le trouve sans qu’un opportun ne s’en empare. Auquel cas, l’individu ferait ce qu’il voulait du voleur. Lorsqu’elle arriverait, elle le remarquerait au pied de l’arbre. Emballé dans une boite violette ronde. A l’intérieur, si elle défaisait le nœud, ôtait le couvercle, elle y trouverait une ravissante suspension de Noël. Taillée dans le cristal, une DANSEUSE de ballet s’étirait, gracieuse, telle une envolée. Des diamants parsemant la tulle de son jupon, les pieds en pointes, une jambe fléchie. Figée dans sa danse. En dessous, une longue cape semblable à de la fourrure blanche reposée pliée, invitant celle qui la découvrirait à la revêtir. Au dessus, un nouveau parchemin imprégné du même parfum annonçait un nouvel emplacement, proche du magasin de jouets, situé à quelques pas de là, dans une ruelle moins fréquentée. Ce fut là, qu’il la rejoignit quelques minutes après son arrivée. Le bruit des sabots se mêlant à celui du tintement discret des clochettes dans la nuit calme le signala sûrement. Nul doute qu’elle aperçut d’abord la forme spectrale et translucide des chevaux blancs se détacher des pierres, leur attirail d’un bleu nuit soulignant davantage leur robe blanche que la nuit paraît d’un éclat d’opale. Les pierreries brodées sur leurs lanières ajoutaient une féerie, tressaillaient comme des diamants à la lumière des réverbères. Preminger avait les cheveux avancer à leur rythme. La ruelle tournante ne faisant que de prime abord les dévoiler à la vue de la jeune femme, alors qu’ils avançaient joyeusement vers elle. Leurs sabots claquaient sur la ruelle de pavés, annonçant solennellement son arrivée. Il songea que cette dernière, bien que plus sobre que son char, possédait toujours d’une superbe qui lui était innée. Il savait travailler ses entrées pour instaurer le grandiose de sa personne. Délaissant ici le fantasque pour se centrer sur le mirage. Le traîneau bientôt, se révéla à la vue de la jeune femme autant qu’Erwin, puisqu’il l’aperçu bientôt, l’Erreur en bras, dans le contre-bas de la ruelle, éclairée par les lumières chaleureuses du magasin de jouets. A l’inverse, dans son traîneau sombre et miroitant, il semblait jaillir du sein même de la Glace. Tel un Roi de l’Hiver, majestueux et venimeux, tiré par son attelage de chevaux ruisselants de cristal. Tirant sur les rênes, il força les animaux à ralentir le pas, croisant les jambes dans une posture étudiée. Un flocon s’écrasa sur l’un de son genou, provoquant sur ses lèvres un tressaillement qui témoignait de son ravissement prétentieux. Même le Ciel prenait garde à s’allier à lui pour peaufiner le tableau qu’il composait. Délestant des rênes l’une de ses mains, il la souleva en hauteur, pour saluer de loin la jeune libraire, les bagues de sa main accrochant les éclats de la neige, scintillantes. Il lui semblait de loin, entendre les tambours célestes rythmer son avancée. Le traîneau glissa, encore. La neige s’écrasant dans une plaindre sourde à chaque progression, jusqu’à le faire gagner l’orée du magasin. L’angle se trouvait parfait. Deux lueurs s’affrontaient. Celle chaleureuse, remplie de bonté de l’échoppe, gorgée des joujoux promis que beaucoup trouveraient ce soir dans leur foyer, et celle boréale qu’il projetait à la lueur de l’astre lunaire. D’une pureté qu’il ne possédait pas. Mais d’une froideur qui émanait de son être. Le teint d’Alexis, réchauffé par les éclairages, rayonnait. Arrivant à sa hauteur, il se leva lentement, ralentissement chacun de ses mouvements, parant ainsi son être d’une aura surnaturelle. Et il savait ce qu’elle verrait. Ce qu’elle avait déjà vu, mais qui à présent, sauterait à sa vision d’une manière nouvelle… La beauté sombre de sa tenue. Le bleu nuit où s’incrustait toute l’immensité du ciel nocturne lorsque le manteau neigeux qui le recouvrait s’entrebâillait, laissant apparaître la nacelle céleste et les myriades de constellations qui s’y accrochaient. Elles se représentaient sur lui, dans ses broderies chargées de pierres d’opale, de diamants, de cristaux lumineux qui luisaient, brillaient qui couraient. Ses cheveux nuits bouclaient, encadrant ses pommettes hautes, fuselées. Son regard topaze où l’ambroisie coulait en ressortait davantage, seule chaleur flagrante de ce tableau où l’océan cotôyait les abysses. Preminger songea qu’il aurait été encore plus beau si ses cheveux avaient eu l’argent de la lune, tout aussi fantasmagorique qu’il se trouvait à cette occasion. Le Roi des Elfes. Le Roi de Glace. Il tendit la main à son amante, toute nimbée d’argent, sans se pencher, l’appelant par ce seul geste à se rapprocher. Alors qu’elle avançait d’un pas dans la neige, il annonça, sa voix roucoulante, tranchant dans la pénombre et le froid, tel un ruissellement délicat :
– « Arrivant sur ses ailes de glace... » Monterez-vous, damoiselle d’argent ? Vous joindrez-vous à moi, en quête d’un monde inexploré ? Je me dois de vous prévenir, tesoro mio... La notte potrebbe non finire mai.»
Les chevaux hennirent alors qu’il les immobilisa tout à fait, tel un pastel suspendu dans l’instant, attendant la reprise du Temps. La neige tombait mélancoliquement, sur sa main tendue. La jeune femme esquissa un pas vers lui, finissant par saisir sa main. Il l’aida à monter, stabilisant son ascension méticuleuse pour récupérer l’Erreur dans ses bras. Il le déposa à l’intérieur de la calèche d’abord, puis récupéra Alexis, l’aidant à ne pas glisser sur les marches lui permettant de le rejoindre dans la calèche ouverte. Enjambant la dernière montée, elle se retrouva bientôt à sa hauteur. Déposant une main sur sa taille, il baisa son front doucement, savourant sa chaleur de ses lèvres glacées, puis s’assit avec grâce, l’invitant à prendre place à ses côtés. Une fois cela, fait, il agita les rênes, faisant démarrer le cortège. Le carrousel se remettait en marche… Bientôt, les étalons reprirent leur cadence, alors qu’il opérait un demi-tour dans la ruelle désertée. Le froid commençait à étendre son œuvre, gagnant progressivement une partie de son corps. Il devait agir sur Alexis aussi, puisqu’elle se blottit un peu contre lui, flanc contre flanc tandis qu’ils déambulaient dans les allées illuminées. Les habitants semblaient être rentrés dans l’atmosphère lourde et bienveillante de leurs maisons. Sûrement chantaient-ils des chansons de circonstance, comme les êtres pétris de bons sentiments qu’ils étaient en grande majorité, profitant de la bonté de leurs familles. Tous si inutiles, interchangeables… C’était d’une pitié… Même si… N’était-ce pas un peu ce à quoi il s’adonnait à présent ? L’Erreur gigotait un peu, babillait des sons ridicules sans sens… Il pouvait avoir froid… Mais au moins était-il emmitouflé de fourrure… C’était déjà bien plus que ce que ses propres parents avaient pu lui offrir nourrisson. Cette Erreur n’était-elle pas démesurément choyée pour son âge ? Pour l’heure, cela ne lui causait qu’un rictus mesquin au coin de la bouche, une plaisanterie qu’il gardait pour lui, l’amusant en secret. Pour le reste, il préférait de loin regarder le paysage, les maisons devenir rares, alors qu’ils s’éloignaient davantage de la ville pour s’enfoncer jusqu’à l’orée du bois. Les premiers arbres obscurcirent le paysage, seul filtrait alors la lueur produite par la neige...
- « Vous ne vous enquerrez pas de notre destination, damoiselle d’argent ? » aguicha-t-il un sourire mutin au coin des lèvres, ses yeux accrochant son regard, « Ou...peut-être la connaissez-vous ? »
Il se doutait que cela était déjà le cas. La calèche glissait. Dans une vingtaine de minutes, ils attendraient le coeur du bois et le chalet qui les attendait… Tel Noël dernier. Inchangé. Suspendu. Détournant de la route son attention, il caressa d’un doigt bagué la bouche moelleuse de la jeune femme, surprenant le regard de la libraire sur lui. Il gloussa un peu
- « Je sais ce que vous désirez…je peux vous le donner. Je dois cependant vous mettre en garde...Mes baisers sont captures…Si vous me laissez vous embrassez, damoiselle, cela sonnera comme un aller-sans retour dans mon domaine. Pour autant… N’est-ce pas...profondément...attrayant ? »
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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
| Avatar : Kaya Scodelario
Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Christmaswishes are hiding in your heart, so what are yours ?
J’étais restée figée de bonheur face au spectacle de glace, en observant toute la magie avec une gourmandise et une délectation palpable. C’était si fou que j’avais la désagréable impression de bientôt devoir me réveiller. Jamais encore on n’avait fait une chose aussi incroyable pour moi. Je vibrais avec les musiques de Tchaïkovski, avec les figures des patineurs, illuminés de leurs splendides costumes. Erwin pouvait bien fanfaronner autant qu’il le désirait, il le pouvait, toute cette mise en scène était si incroyable que j’avais senti poindre en moi à plusieurs reprises quelques larmes de joies et d’émerveillement, pas vraiment certaine de mériter une telle attention. Tout le monde était heureux dans les gradins, je ne volais rien à personne, je n’avais donc pas spécialement honte de savoir que ce spectacle avait été réalisé avec l’argent du contribuable dans la mesure où il leur plaisait autant qu’à moi. Plus que le spectacle, c’était l’attention, le symbole qui s’en dégageait. Nous partagions ce goût du ballet mais Erwin savait à quel point le patinage artistique faisait partie de moi. Tout comme la musique au passage du char, il nous ramenait à cette soirée, l’année précédent où tout avait vraiment commencé, de manière différente et inédite pour nous.
Je m’étais contenté d’un hochement de tête sobre concernant sa question à propos de “on”. J'étais heureuse d’être avec lui, heureuse de l’arrangement mais je n’avais pas envie de m’en réjouir plus que de mesure, trouvant peut-être le geste déplacé voire malsain. Il m’avait promis d’être là le soir-même, comme nous en avions discuté, mais son air avait eu don de me mettre la puce à l’oreille différemment. Je m’étais attardé un instant sur son expression avant de reprendre l’observation du spectacle. Il semblait distrait, prêt sans aucun doute à profiter du moment qui nous été donné et sans aucune gêne ou peur que nous puissions être vu. Il s’était sans aucun doute assuré encore et encore les jours précédents que rien ni personne ne pouvait nous voir.
Je ne m’étais pourtant pas privé de lui parler de l’étrange homme qui m’avait accompagné jusque-là. Un réinséré. J’avais un peu serré la mâchoire à cette annonce. Non pas que je ne croyais pas en la possibilité de la réinsertion mais je connaissais Erwin bien moins charitable qui ne le laissait paraître aux yeux du monde et je me demandais ce que cachait ce geste si généreux de sa part. L'homme avait paru tranquille, pas vraiment débordant d’une dette énorme, au contraire... Il avait même tendance à être plutôt d’accord sur le fait qu’Erwin pouvait être agaçant. Je n’aimais pas trop ce que ça cachait mais le fait qu’il me promette que rien de mal n’arriverai à mon fils me rassura quelque peu. Préférant laisser le dossier de côté que de le confronter et risquer de causer du tort aux réels pensées du jeune homme à propos d’Erwin, je m’étais contenté d’hocher la tête avec un certain scepticisme, lentement, précisant ainsi que je n’étais pas convaincue mais que je m’en contenterai pour le moment.
Après quelques baisers qui m’avaient presque poussé à lui dire de me laisser tranquille tant les deux activités qu’étaient le spectacle et lui étaient tentant mais pas compatibles. Lui, je pouvais encore l’avoir plus tard, mais mon cadeau, ce n’était que ce soir. Il l’avait compris de lui-même puis qu’il m’avait invité à détourner mon regard et mes lèvres de lui pour me plonger dans la féérie du moment, ce que j’avais fait avec hâte, trop contente de ne pas à avoir à trouver les mots pour expliquer mon dilemme au risque de le froisser. J’avais alors gardé sa main dans la sienne et nous avions observé le déroulement ensemble, heureux. Au moment de son départ, il m’avait donné une enveloppe que j’avais prise avec un sourire en coin, surprise de l’attention mais impatiente d’en découvrir plus. Il venait de m’embrasser avec une telle fougue que j’avais failli en perdre l’équilibre, échauffant mes sens autant qu’il échauffait sans aucun doute les siens et je présentais que cette soirée ne serait finalement pas si tranquille que cela. J’avais hoché la tête en lui promettant de ne pas l’ouvrir mais à peine était-il sorti que je l’avais retourné à la recherche d’indice, sans la décacheter pour autant, tenant ma promesse.
J’étais alors retournée vers le stand où Belle et Danny avait continué leur travail sans aucun souci. Je leur avais promis de leur donner un coup de main mais j’étais de toute façon toujours en congé maternité, ce qui me permettait d’aller et venir plus aisément... et je m’apprêtais à en abuser encore un peu. Si j’avais pris le temps de lire un petit livre aux enfants qui s’étaient pressés pour la séance suivante, je m’étais mise à pianoter impatiemment sur mon comptoir de fortune en entendant la lecture de Danny, ne cessant de penser à cette lettre. Il me préparait autre chose, c’était une évidence. Tout me revenait en mémoire, ses mots vagues sur notre soir, l’éclat malicieux dans ses yeux, son sourire en coin. Peut-être nous réservait-il un moment plus loin que Storybrooke et si c’était le cas, je n’étais absolument pas prête à cette éventualité, ni pour moi (j’avais prévu de porter quelques tenues que j’avais acheté spécialement pour lui) ni pour Isaac que je devais prendre avec. Je ne savais pas pour combien de temps nous risquions de partir mais il risquait de manquer de tout : tenue, couche, de quoi le laver...
— Danny ?
— Oui ?
Il venait de finir de vendre un livre à une adolescente et tous deux semblaient plutôt content de l’achat, ce qui me ravissait. Il s’était approché de moi avec un sourire et je lui avais dit à voix basse sur un ton d’excuse :
— Je sais que j'abuse mais il faut que je retourne chez moi chercher quelques affaires, je peux vous laisser gérer avec Belle ? Je reviens au plus vite, ce n'était pas prévu, pardon... Tu pourrais veiller sur Isaac aussi le temps que je ne suis pas là ? Histoire de vérifier de loin que Bernadette ne fait rien de dangereux avec …
— Bien-sûr on va gérer le stand ne t'en fais pas. De toute façon tu n'étais pas censé être là aujourd'hui alors ce n'est pas plus mal. Puis t'en fais pas je garde un œil sur Isaac, je lui achèterai même un petit doudou si j'ai le temps !
— C’est trop gentil, il adore les doudous mais si tu n’as pas le temps, c’est pas grave ! Assure-toi juste bien qu’il aille bien !
Il avait froncé les sourcils au début de notre conversation et après un silence, il s’était raclé la gorge :
— Il se passe quelque chose de grave ? Tu as l'air ailleurs depuis que tu es revenue.
J'avais alors eu un petit rire pour le rassurer posant ma main sur son épaule :
— Oh non tout vas bien, rassure-toi, tout va très bien même ! C’est juste que... je crois que quelqu’un me prépare une surprise pour le réveillon de Noël et je n’avais pas prévu de sortir ce soir, si nous ne rentrons pas, je veux être sûre d’avoir tout ce qu’il faut pour le petit, tu comprends ?
J’avais bien insisté sur le quelqu’un. Nous connaissions tous les deux l’identité du “quelqu’un” en question. Il l’avait deviné et tenté depuis de me le faire dire. Je n’avais jamais rien confirmé pourtant, pour ne pas trahir Erwin. Mais je n’avais pas non plus contredit, pour ne pas mentir à Danny. Le flou nous convenait très bien pour le moment, il restait sur sa certitude et moi, je pourrais me défendre de toute accusation au cas où il le faudrait. Danny m’observa un long moment sans réagir. Il semblait réfléchir. Je savais qu’il n’était pas très fan de l’idée que je sois avec Erwin, était-ce ce qui le gênait ? Il finit pourtant par hocher doucement la tête avec un sourire :
— Profite je me charge de tout. Je peux même prendre Isaac avec moi pour la soirée si ça te rassure. Passe du bon temps et repose-toi tu en as besoin.
— T’es un amour. Mais t’en fais pas, je prendrais Isaac avec moi, c’est son premier Noël, je compte bien le passer avec lui, comme tous jusqu’à ce qu’il veule plus de moi.
J’éclatais de rire avant d’affirmer :
— Je fais au plus vite, je te laisse prévenir Belle quand elle a fini sa lecture. Merci, à tout à l’heure !
— Prends ton temps. À tout à l'heure et ne t'inquiète pas pour nous, profite !
Avec son accord, j’étais remonté aussi vite que j’avais pu en voiture jusque chez moi pour préparer un sac pour Isaac et pour moi. Une fois parée, j’avais rejoint mon stand et avait attendu patiemment l’heure d’ouvrir l’enveloppe. De moment venu, j’avais trouvé son petit mot calligraphié avec un sourire et un petit rire d’amusement s’en était échappé. L’énigme n’était pas bien compliquée mais j’aimais le fait que cela ressemble à une chasse aux trésors, c’était quelque chose qui avait toujours fait partie de moi et une fois de plus, Erwin me montrait qu’il le savait. Le moment venu, j’avais récupéré Isaac qui m’avait gratifié d’un petit sourire et congédié la Magrathéene qui semblait apparemment ravie de sa soirée. J’avais attendu que tous les stands soient vides et que la cloche sonne pour me diriger vers le sapin où j’y avait retrouvé un cadeau emballé à mon attention. Fouillant les alentours de mes yeux pour el voir, je devais me rendre à l’évidence que nous étions pourtant bien seuls. Isaac dans son porte-bébé kangourou, je me baissais avec douceur, une main sur sa tête pour récupérer le présent. A l’intérieur, une ballerine de cristal m’attendait. Elle était sublime et je l’avais tourné un instant dans mes mains pour l’observer avant de la placer dans le sac d’Isaac, rembourré de ses couvertures et grenouillère pour éviter qu’elle ne casse. Je récupérais alors ce qui restait dans le paquet, à savoir une cape de de fourrure blanche que je passais sur mes épaules, un peu surprise. Je n’étais pas très adepte de la fourrure, les animaux mourraient généralement dans d’atroces souffrances et cela avait plutôt tendance à me débecter mais je savais qu’Erwin venait d’un monde où cette considération était presque étrangère et dans la mesure où le présent venait de lui, je ne pouvais pas le refuser. Me promettant de le sensibiliser sur le sujet plus tard, je m’étais assurée qu’elle soit bien placée tout autour de moi, recouvrant également Isaac sur mon torse. Si jamais besoin d’une telle cape, il était fort à parier que je nous ne rentrerions pas tout de suite et que la fraîcheur de la nuit risquait de nous saisir. Au fond de la boîte, je découvrais alors une petite couverture de fourrure brune, sans doute destinée à notre fils ainsi qu’une nouvelle lettre énigmatique me proposant un autre lieu de rendez-vous.
J’avais attendu quelques minutes qui m’avaient parue interminable, l’excitation grandissant, le froid se faufilant. Et soudain, je l’avais entendu, ce bruit régulier qui raisonnait dans la rue silencieuse et déserte, jusqu’à la ruelle où j’attendais. Le cliquetis des sabots d’un cheval... ou peut-être était-ce deux à mieux l’entendre. Le son se rapprochait. Il était étouffé par la neige mais pourtant bien présent. Et tandis que je les voyais enfin, leur harnais décoré de pierreries, ils avaient avancé jusqu’à laisser apparaître Erwin, dans un traineau somptueux, en accord avec son costume. Je le voyais à présent, toutes les étoiles et les constellations se reflétaient sur sa veste bleu nuit, de par toutes les pierreries argentées qui y étaient cousues. C’était pour cela que j’avais choisi ma robe d’argent pour lui être en quelque sorte assortie, discrètement, tout en arborant une tenue de fête. Je ne réalisais qu’à présent la symbolique de tout cela. J’en avais souris malgré moi. Cela me ramenait directement à des années auparavant, dans ce chalet avec tout le monde : Elliot, Lily, Ellie, Apple, Jules, Robin, Phoebus, Diane et Anatole. C’était juste après le départ de Jack, j’avais observé les étoiles avec Anatole... c’était quelque chose qui m’avait toujours fasciné et avec la coloc, c’était devenu quelque chose que nous aimions faire ensemble. Je me souvenais lui avoir parlé de mon désarroi à ma solitude. Il m’avait promis qu’un jour tout viendrait, le temps venu. Et le temps était venu, je le voyais à présent ce soir, mon fils dans les bras, son père devant moi pour la plus féérique des surprises. Il avait tendu sa main vers moi et je m’étais approchée, sortant lui tendant Isaac que j’avais sorti du porte bébé pour l’emmitoufler dans la couverture de fourrure. Erwin le posa dans le traineau avant de m’aider à y monter. Je déposais mes sacs à mes pieds, reprenant mon fils contre moi.
— Non è un problema. Anche bianca, la notte è bella.
Je lui avais lancé un sourire malicieux. Il adorait mélanger les langues quand il parlait et l’italien me ramenait souvent à nos premiers moments, à Paris notamment avec cet ambassadeur italien un peu trop prévenant. J’avais l’impression que nous partagions d’autant plus quelque chose dans cette langue et dans celle de Molière et je n’hésitais pas, dans nos moments les plus intimes à en user aussi, espérant qu’il comprenait autant que moi la symbolique employée. Le cortège ainsi relancé, je m’approchais un peu plus de lui, savourant notre moment et la féérique de celui-ci, posant avec douceur ma tête sur son épaule, tandis qu’Isaac avait agrippé mon index et semblait décidé à le garder comme un bien précieux, ses petits yeux grands ouvert, le son de ses babillements étouffés par sa tétine. Je faisais de mon mieux pour protéger son visage fragile des flocons tandis que je les observais avec bonheur s’ajouter au décor :
— C’est magnifique, Erwin. J’espère qu’Amaltea est au courant de ton emprunt.
J’avais relevé les yeux dans sa direction, ma tête ne quittant pourtant pas son épaule, l’observant en contre bas avec un sourire. Il ne pouvait lui avoir demandé qu’à elle, qui d’autre en cette ville aurait eu le matériel nécessaire ? Sans compter qu’il avait été utile aux festivités des chalets, il semblait naturel qu’il l’eût loué un peu plus longtemps. Me laissant bercer par le son étouffé des pas des cheveux, j’avais fermé les yeux un instant tandis qu’il me questionnait sur notre destination. J’avais eu un petit rire, gardant les yeux fermés :
— Oh nul besoin de savoir où nous allons, tant que vous nous guidez de vos ailes de glace... Mais si vous me demandez de deviner...
J’avais ouvert les yeux, observant droit devant nous la route que prenaient les cheveux nonchalamment, entre les arbres, remontant lentement vers un îlot de vie paisible et secrète que je n’avais connu qu’une fois … là où tout avait commencé, mon nouveau monde, la vie de mon fils. Avec un sourire ému et attendrit, j’avais baissé les yeux quelques secondes en sa direction. Il tenait toujours fermement mon index et j’en avait profité pour caresser le petit bout gelé de son nez avec douceur.
— Je crois deviner, oui...
Ma voix était à peine plus haut qu’un murmure sur le coup de l’émotion. J’avais relevé la tête vers lui pour l’observer tandis que je sentais son index frôler mes lèvres. Souriant à ses paroles, son doigt glissant d’autant plus sur ma peau fine, je l’observais avec un air aussi mutin que revêche :
— Je suis prête à relever ce défi, Roi de la Nuit. L’aventure ne me fait pas peur. Mais je dois vous prévenir que personne n’a réussi à me retenir trop longtemps contre ma volonté... C’est profondément attrayant, oui... j’espère...
Posant Isaac à mes côtés, je m’étais ensuite approchée un peu plus de lui, le sourire toujours mutin aux lèvres, réduisant tant la distance entre nous que nos nez se touchaient presque :
— … Que vous ne serez pas trop déçue si vous veniez à me voir partir... Je garderai la clé pour un autre voyage, c’est promis ! Maintenant que... je sais... comment faire...
Je m’étais approchée un peu plus à chaque mot de ma dernière phrase, avec lenteur mes yeux brillants plongés dans les siens. Mes lèvres avaient touché les siennes avec douceur et je m’étais laissée allée au baiser, fermant les yeux, avec plus de passion et de fougue à chacun de nos rapprochements, laissant ma langue courir sur la sienne, réchauffant nettement l’atmosphère de ce qui se trouvait tout autour de moi. J’avais porté l’une de mes mains jusqu’à son épaule, la glissant lentement jusqu’à l’origine de son cou, la remontant lentement vers sa nuque, tout en poursuivant mes baisers dans un échange langoureux. Ce qu’il avait initié dans cette petite cabane, je lui rendais à présent que nous étions seuls, dans la neige et la nuit, sous la lumière argentée de la lune. J'avais retiré mon visage du sien avec douceur pour reprendre mon souffle, gardant pourtant mon regard dans le sien, mon sourire sur les lèvres, malgré mon souffle court. Nos visages étaient toujours proches et j’avais osé lui murmurer sur un air de défi :
— Même pas peur.
Avec un rire amusé, j’avais picoré l’une de ses pommettes, sa joue, avant de glisser mes lèvres une nouvelle fois sur les siennes avec douceur puis j’avais déposé encore un baiser à la naissance de son cou, au niveau de sa pomme d’adam, avant de reposer avec douceur ma tête sur son épaule. Ma main était venue se glisser dans l’ouverture de sa cape de fourrure, à la recherche de son torse, le bout de mes doigts glissant sur le tissu bleu. J’avais joué avec une ou deux pierreries tout en précisant :
— Je suis vraiment contente que ma tenue te plaise, je voulais vraiment être assortie, d’une certaine façon. Et puis je l'ai aussi mise pour toi... Je te trouve très beau dans cette tenue, elle te va bien, même si tu préfères le flamboiement du soleil... les apparats de la nuit te vont très bien aussi.
Après tout, ils allaient très bien à Isaac, qui chemin faisant prenait, malgré son jeune âge, toujours un peu plus les attributs de son père, dans la forme encore rondouillarde de son visage, la couleur de sa peau, de ses sourcils encore aussi fins que du duvet, de ses yeux qui décidaient de ne pas rester bleus à tout jamais.
Nous avions fini de nous enfoncer pleinement dans la forêt et le chalet était apparu devant nous. Erwin avait stoppé les chevaux et après m’avoir aidé à descendre avec Isaac, il s’était dirigé vers la porte d’entrée tandis que je récupérais mes sacs. Patiemment, je l’avais laissé, comme la première fois, faire son effet d’annonce et j’avais passé la porte tandis qu’Isaac s’était mis à grogner. Expulsant la tétine de sa bouche, il gémissait de plus belle tandis que je le secouais avec douceur en tentant de l’apaiser. Tournant la tête vers Erwin, je lui précisais :
— Je pense qu’il a un peu froid et que le changement de température le gène. Il ne devrait pas avoir faim tout de suite, je l’ai fait manger avant que nous nous rejoignions. J’arrive tout de suite, je regarde juste ce qui ne va pas.
Après l’avoir bercé quelques instants et frictionné, je lui avais enlevé sa couverture de fourrure et son manteau en prenant garde à le poser sur la petite table dans l’entrée pour éviter de ne pénétrer trop loin dans le lieu et de gâcher l’éventuelle surprise d’Erwin. La table avait d’ailleurs été vidée des bibelots qu’il y avait l’année dernière, laissant supposer qu’il avait prévu les choses en ce sens. Une fois Isaac débarrassé de ses couches en surplus pour apparaître dans un petit pyjama bleu nuit et gris argenté où une petite loutre endormie était cousue dessus en plus d’étoiles, j’avais moi-même enlevé mon manteau et avait pénétré dans le grand salon qui me rappelait de délicieux souvenirs de l’année précédente. C’était comme si le Temps s’était arrêté. Une fois de plus, la neige tombait avec abondance, l’odeur du bois emplissait le lieu, une chaleur douce se diffusait partout et j’avais brusquement l’impression d’être de retour dans un rêve, un rêve merveilleux qui, je l’espérais, s’arrêterait le plus tard possible. Je remarquais alors que la poussette d’Isaac attendait dans un coin. Quelqu’un semblait l’avoir ramené ici après que je l’eu déposée chez moi grâce à Danny. J’y déposais avec douceur le petit qui semblait sur le point de s’endormir et après l’avoir embrassé avec douceur et une ultime caresse sur son front, je m’étais retournée vers Erwin pour l’observer et observer le lieu. Pendant mon retour à la maison, j’en avais profité pour finaliser ma parure de ce bijou qu’il m’avait offert un an plus tôt, de la même couleur que son costume. J’avais rarement l’occasion de le mettre, de par sa valeur et son symbole qui éveillerai sans doute un peu trop les soupçons. Il ne l’avait donc pas vu sur moi au moment du spectacle. J’aurai pourtant adoré le même durant toute la soirée mais comment une libraire, mère célibataire pouvait elle s’offrir un tel bijou ? Un cœur de surcroît... le cadeau de son ancien amant ? Qui mettais encore les cadeaux de ses amants après rupture, surtout sans aucun doute douloureuse puisqu’elle m’avait laissée un enfant sans père. Non, pour éviter toute question gênante, il était resté bien caché dans ma boite à bijoux. Mais si j’avais aimé le montrer, je serais surtout heureuse que lui le voit ce soir, ornant ma poitrine, finissant de nous assembler à la perfection, lui en bleu illuminé d’argent et moi vêtue d’argent, sublimée de bleu.
— Cet endroit est toujours aussi féérique...
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
« ChristmasWishes hiding in your heart, What is yours? "
Ils cheminaient ensemble. Le traîneau ne laissait de son passage, que les éclats des sabots dans la neige et les traces de la calèche. Il fendait l’air, le froid pour poursuivre son périple mystérieux. L’atmosphère s’était chargée alors que les flocons volaient aux alentours, constellant l’obscurité par leurs éclats de lumière. Ils tombaient en silence maculant vêtements, fourrure et chair de leur étincelle glacée. Il en délogeant un d’une pichenette élégante et son toucher transformant le cristal en goutte d’eau. La matière se transformait en permanence… Si Alexis avait pris peine à protéger le visage d’Isaac du contact saisissant de la neige, les chevaux en revanche semblaient ne pas en prendre garde. Ils filaient indifférents, à un trot gracieux, tels un équipage tiré de la neige même si ce n’était leur couleur qui évoquait bien davantage l’obscurité du ciel. L’évocation d’Amalthéa avait fait sourire le ministre. Emprunt ? Les chevaux appartenaient à la ville. Ils lui appartenaient donc. Il pouvait aisément décider d’en ôter un sans solliciter l’accord de la jeune femme. Néanmoins, il l’avait pourtant fait. Indirectement. Pour éviter que cette dernière ne crie au vol et alerte les autorités policières inutilement, causant ainsi, un joli petit scandale. Une simple mise à disposition anonyme mais payée, à l’inverse, évitait les risques. Mais il n’avait rien précisé. C’était contenté d’un petit rire mystérieux qui entretenait les possibilités. A elle de deviner ce qui était advenu. De choisir dans les nombreuses voies qui avaient permis la venue de cette soirée. Cette nuit berçait chacun dans les secrets et la magie, il convenait de les écouter. La cime des arbres s’allongeait, au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient dans la forêt. Storybrooke était un royaume dont la forêt restait pourtant inconnue à une majorité de ses habitants. Ils semblaient l’éviter encore, comme celles qui peuplaient leurs contes et vies d’autrefois. Comme un lieu chargé d’étrange et de possible. Les monstres ni vivaient plus. De toute manière, Preminger venait d’un monde où ces créatures fantastiques n’existaient pas. A bien des égards, il venait d’une version différente de la Terre et n’avait découvert la magie qu’à l’issue de la malédiction. Il avait alors questionné Alexis sur leur destination, tout en les guidant au cœur du bois. Un silence s’étendait autour d’eux. L’hiver gelait les environs, les figeait dans une couche blanche. Immortelle. Alexis avait résolu la devinette avec aisance. Il convenait d’admettre qu’elle ne paraissait pas difficile. Les parallèles se ressentaient, bien que la manière d’emprunter cette direction différait. Il demandait bien davantage pour jauger sa réaction. Et se repaître de sa joie. Il avait ainsi détourné son attention de la route, faisant confiance aux chevaux pour observer l’émotion diffuse de la jeune femme qu’elle dérobait presque à sa vue, cantonnant son attention au profit de son fils. Pourtant, le fait même de lui cacher prouvait son émotion. Et le son de sa voix, également aussi fin qu’un filet de ruisseau, aussi clair que le cristal sur la roche noire. Puis, seulement alors s’était permise de le regarder. La froideur de la nuit ne se ressentait pas encore sur la bouche où il déposa un index. Il l’avait taquinée, sur son pouvoir et ce qu’il représentait dans son cortège glacial où l’eau se figeait, déposant ses cristaux en suspension sur la fourrure qui leur servait de protection. Le visage de la jeune femme s’était fait mutin, faussement revêche, alors qu’elle déclamait :
— Je suis prête à relever ce défi, Roi de la Nuit. L’aventure ne me fait pas peur. Mais je dois vous prévenir que personne n’a réussi à me retenir trop longtemps contre ma volonté... C’est profondément attrayant, oui... j’espère... »
Il avait ricané à cette entente, l’avait laissé approcher son visage du sien, jaugeant ses lèvres mutine qui témoignait de son assurance.
— … Que vous ne serez pas trop déçu si vous veniez à me voir partir... Je garderai la clé pour un autre voyage, c’est promis ! Maintenant que... je sais... comment faire... - « C’est là tout le sel, ma jolie. Je doute que votre volonté ne se lasse de cette capture… Pour autant...s’il vous sied de tenter. »
Il l’avait glissé à son tour, alors qu’elle approchait sa bouche de la sienne, doucement, une étincelle d’assurance illuminant ses yeux brillants. Puis avait accueilli son baiser. Il sentait sa flamme et sa fougue courir par le seul effet de cet échange, s’intensifier langoureusement au fur et à mesure qu’elle s’amoncelait autour de lui, laissant ses bras se refermer sur lui. Comme embrasser son Destin. Il l’a laissa faire, un petit moment, se contentant d’encourager son échange, l’encourageant bien plus qu’il ne lui rendait. Il la laissa effectuer par son acte, la force de son choix. Elle s’animait, cherchant à atteindre l’intensité qu’il avait pu mettre dans son dernier baiser, administré au cœur du chalet de bois. Puis s’était éveillé, doucement. Se contentant de mettre un peu de sel supplémentaire dans le baiser, sans le pousser davantage. Elle scellait son pacte. Puis s’était éloignée, le souffle court faisant tressaillir son sourire d’un effet impulsif.
— Même pas peur. - Imprudente! Vous voici donc en chemin pour une périlleuse escapade… Mais au bout de cette sombre chevauchée viendra le firmament.
Le rire d’Erwin s’était joint au sien, alors qu’elle poussait son visage en avant pour lui administrer quelques baisers sur le bord de ses pommettes. Levant son visage vers le ciel où s’écoulait le coton scintillant des nuages, il ne la dérangea pas, lui offrant ainsi l’exploration qu’elle désirait poursuivre. Son corps était un sanctuaire sublime que l’hiver aiguisait au couteau sous la lune. Une beauté tordue dont la glace révélait la froideur divine. Pourtant, il possédait toujours cette incandescence que même la lune n’atténuait pas. Il avait senti ses mains douces autour de son cou glisser pour rejoindre son corps, taquinant les pierreries de son costume. Réfréna son envie subite de vérifier qu’elle n’en ferait rouler aucune dans la calèche. Alexis était suffisamment adroite de ses mains pour bien éviter que cela n’advienne. Il avait souri observant les flocons tomber à son intention, certains venant se briser sur la courbe acérée de ses pommettes, puis s’était redressé un peu, dévisageant le portrait qu’Alexis offrait d’elle Ses yeux se promenèrent sur le peu que la fourrure ne dissimulait pas : l’éclat argenté d’une tenue luisante. Oui, c’était là, une bien seyante robe, semblable à l’éclat de lune. Il semblait que l’argent de cette dernière s’était couché sur la soie pour lui offrir cet effet miroitant, ondulant au gré des mouvements, une capture de l’attention qui, il devait l’admettre, s’assortissait parfaitement avec son costume. S’il représentait la Nuit dans sa Splendeur terrifiante, elle semblait incarner l’Astre gris qui dansait sur son ciel étendu. Une superbe déclinaison. Alors qu’elle s’était épanché sur sa superbe, il se mis à dodeliner de la tête, se repaîtrant avec plaisir de son compliment. Oui, effectivement, il était très beau. Cela aurait pu sonner ordinaire, puisqu’il l’était en tout temps, mais puisque la jeune femme était assez avare en formulation, cela gonflait davantage encore son gourmand égo. Il se savait en permanence l’incarnation de la Beauté. Etre beau faisait partie de son quotidien, néanmoins, il ne s’en lassait point. Il ronronnait à ce rappel flatteur qu’il était, semblable à ce qui faisait pour tous, unanimité. Préférait-il le flamboiement du Soleil ? En réalité, il adorait surtout l’or. Etait-il réellement un Soleil ? Puisque le cosmos tournait autour de lui, oui, il symbolisait cet astre, bien que la noirceur de son âme l’en éloignait naturellement. Si l’on associait cet astre à la Bonté, il en était en réalité bien éloigné. Son exact opposé sûrement. Les apparats de la nuit, comme Alexis se plaisait à les dénommer, lui seyaient davantage. Il était un Tout. La Perfection.
- « Je suis réellement ravi d’entendre que ma parure nocturne te plait et à quel point elle me sied. Je ne peux te détromper... Elle a été conçue dans ce but, j’ai senti directement son potentiel lorsque j’ai validé le croquis. Quelque chose..de grandiose mais loin d’être ostentatoire…de Parfait. Je peux me parer de tous les atours, mon trésor, chaque portion d’éternité me sied, je dois l’admettre… ».
Parfaitement lui. Il avait déposé ses bouches noires sur celles de la jeune femme, observant la course frêle de la neige. Celle-ci continuait sans halte, quand bien même les chemins obstrués de lumière qu’il faisait prendre à leur attelage la rendait moins discernable. Ils pouvaient néanmoins sentir sa présence lorsqu’elle tombait sur leurs joues, mordant le bout de leur nez, s’enfonçant dans leur cheveux. Pourtant, qu’importait que la luminosité tombait, Preminger connaissait suffisamment les environs pour ne pas s’y égarer. Il ne craignait guère le grand méchant loup… Tout juste percevait ton le chant d’une chouette au lointain, alors qu’il manœuvrait les cheveux pour leur faire remonter le dernier sentier. Bientôt, la silhouette du chalet se profila, aux abords du lac. Les sapins se découvraient progressivement, leur livrant ce coin du monde qui semblait oublié des hommes. Une fausse impression, certes mais qui conservait le mystère qui les paraît. Le Roi de la Nuit ramenait son cortège jusqu’au lac sombre où les cristaux de neige se déposaient sous l’oeil complice du ciel. Une structure de bois, très ordinaire qui pourtant abritait selon son goût un gite des plus qualitatifs… Il ne parla pas, laissa la vision de la maisonnette s’imposer à leurs yeux sans s’autoriser le moindre commentaire. Et pourtant… Il savait que cet endroit résonnait en elle. C’était un lieu unique à leurs yeux pour des raisons diverses, mais qui pourtant se rejoignaient. Arrivant à destination, il arrêta le cortège, descendit lentement, non pas prudence – quoi qu’il n’en manquait guère- mais bien davantage dans une volonté de figer cet instant dans le temps. Celui où il se tenait debout, dans le brouillard de neige, au devant de cette adresse si connue de lui. Puis, il descendit dans la neige, précautionneusement. La chute des flocons achevait une couche déjà présente, il sentit ses talons s’enfoncer dans un bruit mat. Pivotant, il aida Alexis à s’extraire du véhicule, Isaac dans les mains, puis se pressa jusqu’au porche pour s’abriter du vent qui s’abattait sur eux, le temps d’ouvrir la porte. La chaleur de l’âtre s’élevait du perron, dans l’entrebâillement même de la porte d’entrée. Cela n’empêcha pas l’Erreur d’expectorer sa tétine de sa bouche, laquelle rebondit sur le parquet de bois du lien, arrachant un hoquet de stupeur à Erwin. Voilà que la marmaille crachait à présent… Quel manque inné de savoir-vivre ! Sûrement l’influence calamiteuse d’Hadès… Il posa un regard sceptique sur Isaac, observant ses joues rosies. Bien évidement, le marmot devait celles-ci à l’œuvre vorace du froid qui avait du se donner un plaisir de mordre dans ses pommettes replètes et pourtant cela lui donnait loin d’un teint maladif.
- « Pourtant, il a plaisante mine, trésor… » susurra-t-il en ôtant sa cape, « La neige a cette fâcheuse tendance de malmener les corps, il en a sûrement éprouvé les effets. Quelques minutes non loin des flammes bienveillantes de cette charmante demeure et il en sera requinqué… Mais, prends donc le temps de vérifier.. Je vais m’occuper des derniers...préparatifs. »
Il déposa son lourd manteau sur le porte-manteau prévu à cet effet dans le hall, puis s’en fut dans la pièce principale, laissant le bon soin de l’Erreur à Alexis. Couru presque raviver la cheminée. Il aurait été des plus « désolant » si ce petit gigoteur parvenait à gâcher sa si splendide soirée en tombant malade. Il ne le permettrait guère.. Il rajouterait autant de bûches dans la cheminée que nécessaire. Alexis s’en doutait sûrement, il avait un peu réagencé le chalet spécialement pour la soirée. A la différence du rouge qui prédominait l’année dernière, il avait misé cette année sur le mélange du VERT et de l’or. Les plafonds se retrouvaient en partie tapissés de guirlandes de ces couleurs qui ne s’allumaient que lorsque les lustres principaux étaient éteints. Alors, lorsqu’on leur prêtait vie, ces lueurs tamisaient l’ambiance. Un sapin gigantesque trônait non loin de la cheminée et du canapé. Des figurines de PAON, CERF D'OR, de soleil et nombreuses autres figures scintillaient dans ses branches. L’Arbre, gigantesque, attirait l’œil immanquablement, scintillant et rutilant... Sous ses lourdes branches trônait un présent empaqueté du plus beau ruban. Et un second. Un plus petit s’y trouvait aussi. Preminger dépassa le sapin sans y prêter réellement garde, s’accroupissant devant l’âtre, en raviver ses flammes. Celles-ci dansèrent devant lui, évoquant la danse lancinante de ses yeux avides. La chaleur chassa toute trace restant de la neige fondue sur sa tenue, enveloppant ses sens d’un voile délicat. Il aurait pu y passer toute la soirée, mais savait que s’il lui prêtait l’envie, cette chaleur aurait tôt fait d’en devenir oppressante.
- « Vois-tu, trésor » claironna-t-il à travers la pièce « Je pense qu’il est heureux que nous puissions apprécier l’ardeur de ce tendre lieux…Ne trouves-tu pas ? Il me tenait à coeur que nous puissions y revenir...Je sais que tu as apprécié chaque moment passé ici, comme je l’ai fait. »
Il revint à la table, dépassant de loin un dernier objet pour le moment caché d’un ample drap blanc. Sourit en l’apercevant si plaisamment disposé, savant qu’il ferait mouche. Il passa devant, se dirigeant vers la cuisine pour lancer le démarrage des plats. S’arrêta face au grand miroir doré pour se mirer un « bref instant », souriant à son gracieux reflet, dans lequel sa beauté scintillante hypnotisait. Il devait veiller à ne pas trop s’y attarder, il aurait été dommage de succomber à son propre charme… Si cela n’était pas déjà fait. Pouffant à son trait d’esprit, il s’écarta dramatiquement de l’objet, pour pivoter vers le hall d’entrée. Visiblement, Alexis avait trouvé ce qui « gênait » l’Erreur. Il entendait ses pas s’approcher. Erwin déclenchait tout juste le tourne-disque, lorsqu’elle pénétra dans la salle. Les premières NOTES s’élevèrent dans les airs, enveloppant les environs :
- Aimes-tu ? Je trouvais ceci de circonstance. Elle est aussi appelée, « Marche dans la Tempête de Neige » N’est-ce pas d’une joliesse exquise ? »
Il ouvrit les bras en croix, démonstrativement, lui laissant le luxe d’observer à l’envie les lieux et les changements opérés, tandis que les premières notes emplissaient l’atmosphère, rythmant la chaleur qui opérait. A l’extérieur, les flocons s’abattaient, tapissant le dehors d’un voile blanc, le rendant indistinguable. D’un bond presque dansant, il la rejoignit, traversant le tapis à poils longs coulé non loin de la cheminée.
- « Entrez donc, ma chère gente dame. Soyez la bienvenue… Vous trouverez ici votre abri contre le blizzard et la tempête. »
Lui saisissant le coude, il observa les lumières qui dansaient sur le plafond se refléter dans ses yeux bleus, alors que les couleurs du lieu miroitaient dans sa robe miroir. Il jaugeait son air, sa surprise.Puis, lorsqu’elle revint naturellement au point le plus lumineusement attractif de cette pièce, à savoir : lui, il se mis à lui sourire :
- « Certaines choses se métamorphosent au gré du Temps, n’est-ce pas ? Et sur d’autres, ce même Temps n’a aucune emprise, si ce n’est la grâce de leur accorder de se bonifier… »
Son sourire s’élargit, dévoilant le nacre de ses dents, tout en la contemplant, percevant son émotion. Il comprenait son émoi. Il ne pouvait pas être étreint par le même saisissement, mais l’endroit les liait et cela, il le savait. Il avait symbolisé quelque chose, de différent pour eux, mais avait créé aussi. La vie certes, mais autre chose également. Il avait figé une étape de leurs chemins respectifs et communs. Ils auraient pu ne pas se rendre au chalet ce soir-là. Ce lieu aurait pu être un autre, mais les circonstances qui les y avaient ramenés, les bagages de souvenirs et d’informations avaient été bien différentes que ce que le ministre avait pu imaginer à l’époque lorsqu’il avait décidé de l’y emmener fêter Noël.
- « Je vois que tes bras se sont délesté de ce cher chérubin… » commenta-t-il dans un sourire « Oh, juste à propos... Attardons-nous de ce côté là, veux-tu ?… N’y vois-tu quelque chose de profondément intriguant, mon trésor ? »
Il lui désigna le coin où se trouvait la table dressée… Et plus précisément, du doigt, le meuble caché sous l’épais drap blanc, puis gloussa avec malice, tout en l’y entraînant.
- « Je déroge aux règles de bienséance, il conviendrait d’attendre un temps, mais, ne suis-je pas souverain de cette terre ? En tant que Roi de la Nuit, vous êtes après tout dans mon royaume, ma plaisante imprudente. Et il me plaît, ma douce, de vous permettre de le découvrir dès à présent, je gage qu’il sera utile. Et de circonstance… »
Il l’avait laissée s’arrêter au bord du présent, la devinant curieuse, les sens en alerte. Du doigt, il avait flatté son poignet, sachant très bien ce qu’elle trouverait en dessous de l’emballage de fortune. Un splendide berceau sculpté, orné d’un nœud bleu mariné bordé d’étoiles argentée. Le bois clair s’accordait avec le reste du mobilier. Un matelas moelleux s’y trouvait disposé, tout comme le reste de l’attirail qui permettrait au petit gigoteur de passer une nuit exquise et profonde. Qu’il dorme donc… Il leur offrirait, ainsi, la Nuit. Alors qu’Alexis posait ses doigts sur le drap, il relâcha son poignet pour mieux glisser sa main au dessus de la sienne, entremêlant ses doigts aux siens :
- « Il faut, néanmoins, que je t’avoue, trésor, quelque chose, avant toute découverte, afin d’éviter toute grande déception que cela pourrait créer… » murmura-t-il d’un ton théâtral « Il ne s’agit pas réellement de ton cadeau. Ceci...viendra plus tard. Nous avons touuut le Temps. Mais, ce dernier, tu sauras davantage en apprécier la valeur que celui auquel il est destiné. Même si je gage qu’il en appréciera tout de même le confort. »
Lui destinant un sourire mystérieux, il descendit le regard attiré par un éclat bleuté un peu plus bas. Un sourire releva la bouche du Maire. Le Coeur de l’Océan. C’était la seconde fois où il voyait ce joyau parer gracieusement son cou. Un flot de souvenirs remonta dans son esprit. Un an. Il s’en était passé des choses. Plus variées qu’il ne l’aurait cru. Des surprises, plus ou moins agréables étaient venues agrémenter sa vie. Des choses qu’il n’aurait pas pu prévoir et pourtant… Et pourtant… Il ne regrettait pas. N’en déplaise à ce dont il aurait pu se passer, il semblait que cela s’emboîtait parfaitement comme les pièces d’un gigantesque puzzle. Un fragment de sa vie qu’il aurait pu ne pas maîtriser mais qui semblait malgré tout constituer une suite logique à son parcours. Tout ce qui se trouvait ici avait été choisi. Pas forcément voulu, mais choisi. Et la suite lui avait donné raison. Se tirant de sa rêverie, il revint au présent, déclarant d’une voix exquise :
- « Allons, allons, je cesse de retarder cette découverte… vas-y, je t’en prie, mon trésor... »
Code by Fremione.
Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Christmaswishes are hiding in your heart, so what are yours ?
Son enthousiasme était tel que je ne pouvais m’empêcher de rire de le voir ainsi surexcité ? Il avait l’air d’un enfant le matin de Noël, même s’il était en réalité un adulte la veille de Noël...Cela faisait un peu plus d’un an à présent que nous nous fréquentions et jamais Erwin n’avait cessé de monter crescendo concernant son enthousiasme. De l’homme mesuré et modéré que j’avais rencontré dans son bureau l’année dernière, il n’en restait rien ou presque. Pas lorsque nous étions seuls en tous les cas et encore moins quand il s’agissait de fêter ou lorsqu’il organisait une surprise ou un moment pour nous. Il était désormais vantard, fanfaron, difficile à suivre, surexcité et je devais bien avouer que je devais parfois m’armer de patience tant il était impossible. Mais malgré mes attitudes plus modérées, j’appréciais aussi cette fraîcheur en lui, elle donnait l’impression qu’il profitait de chaque instant de sa vie, bien conscient que celle-ci serait courte - même si ce n’était pas le cas- et qu’il fallait de ce fait en profiter. Et présentement, dans ce chalet, entourée de mon fils et de mon amant, baignant dans de nouvelles décorations de Noël vertes, blanches et dorées, je comptais bien en profiter. Il m’avait attiré à lui en me prenant le coude sur un air de Sviridov que j’aimais particulièrement et que me rappelait un moment certain de notre histoire. Je n’avais pas pu m’empêcher de rire, relevant la tête en voyant qu’il été allé loin dans son détail. Un an avant, jour pour jour pratiquement, nous valsions sur une “Tempête de Neige” dans un palais Royal qui me semblait aussi gigantesque qu’irréel, bien ignorante de ce qui se passerait dans l’année qui suivrait... et cette pensée m’emmena vertigineusement sur le chemin de l’année 2022 qui se profilait et dont j’étais tout autant ignorante...
— Je n’ai rien entendu de plus exquis. La personne qui te l’a soufflé a sans aucun doute un goût prononcée pour les belles choses.
Je lui avais lancé un petit sourire mutin, accompagné d’un ricanement, fière de pouvoir me jeter des fleurs sous couvert d’une pirouette de sa part qui devait normalement me mener à lui en faire. J'adorai faire cela, parce que je savais que lui en revanche en était frustré. Doucement cependant, rien de bien méchant, juste des taquineries que je saurai me faire pardonner. Après tout, il comptait lui aussi les points et je ne doutais pas qu’il me rappellerait à son bon souvenir si j’avais l’audace ou la bêtise de l’oublier. J'avais ri d’autant plus de ses phrases suivantes, de ce rôle dont il ne semblait pas vouloir se départir une seule seconde. Tout comme son sous-entendu sur les choses ou plutôt les personnes que le temps n’érodait pas. Loin de céder à son envie de compliment, je m’étais contenté de lui sourire d’un air atterré en secouant lentement la tête de gauche à droite.
— Tu m’épuises, tu le sais, ça ?
De façon totalement contradictoire, je m’étais glissé dans ses bras, coulissant les miens au niveau de ses côtés jusqu’à les celer dans son dos, posant ma tête sur son torse en faisant semblant de m’endormir. Il avait profité de ce moment pour remarquer ou plutôt souligner qu’Isaac n’était plus dans mes bras, me forçant à tourner mon attention vers la table magnifiquement dressée et la grande chose couverte d’un drap blanc que mon regard avait attrapé dans son champ de vision dans les premières secondes de mon arrivée dans la pièce. L’objet en dessous semblait si grand que je me demandais bien de quoi il pouvait s’agir et il avait déjà fait tant de folie pour ce soir que j’espérai que cela n’en soit pas vraiment une de plus. Non pas que je n’aimais pas les surprises, loin de là, mais je n’avais pas son talent pour le grandiloquant et la multitude de cadeaux. Je me contentais généralement de moins, de par mes moyens et mon caractère. Malgré ma connaissance de nos agissements différents, je ne pouvais m’empêcher à chaque fois de culpabiliser à l’idée que je ne fasse pas autant que lui et j’étais déjà dans cet état bien avant d’entrer dans le chalet... et cela ne faisait que s’accentuer. Tentant de chasser mon doute de ne pas être à la hauteur, j’avais réagi comme à mon habitude, avec humour :
— Mmmh non... rien... rien du tout ! Rien qui ne puisse attirer mon regard. Y’aurait-il quelque chose qui m’échappe ? Aurais-je besoin de lunettes ?
J’avais tourné mon regard faussement surpris vers lui, comme si mon questionnement était sincère malgré mon air exagéré. Son regard sur le mien avait eu le don de me faire rire presque instantanément. Il ne s’en laissa pas démonter pour autant, continuant son petit monologue de roi de la nuit comme s’il avait orchestré les moindres actions et les moindres mots de cette soirée. Je savais pourtant que ce n’était pas le cas, mais je savais aussi que lorsqu’il était dans son moment, plus rien ne l’arrêtait, il n’entendait plus la vie qui pouvait s’écouler autour de lui. Je m’étais lentement approchée du drap, levant la main avec douceur pour tenter d’y découvrir ce qu’il pouvait bien cacher. Mais sa main chaude et douce était venue se poser sur la mienne, stoppant mon geste, me forçant à tourner vers lui un regard interrogateur. A l’entente de ses mots, j’avais d’abord haussé un sourcil, mes lèvres se muèrent bientôt en un sourire amusé :
— Je rêve ou tu viens juste de me spoiler le cadeau avant que je le découvre ? A ce rythme, le drap était de trop, mon amour !
Je lui avais lancé un sourire exagéré par “l’erreur” qu’il venait de faire. Pourtant, malgré la chose évidente à présent qui se trouvait sous le drap, je devais bien m’avouer heureuse qu’il ne confonde pas les cadeaux pour Isaac et les miens. Il était encore de la vieille école, peut-être pensait-il à tort que tout cadeau pour bébé faisait plaisir à maman et devenait un cadeau pour maman. C’était après tout ce que nombre de gens semblaient penser. Ce n’étaient pas rare qu’en apprenant la nouvelle, ils venaient à la librairie avec “un cadeau pour Isaac et un pour maman”. Si le cadeau d’Isaac comportait une peluche ou un jouet ou parfois un vêtement, celui pour “maman” comportait bien souvent également un vêtement ou un ustensile de maternité : biberon, tétine, linge... bref toutes des choses qui étaient destinées à mon fils mais qu’on semblait m’attribuer comme si nous ne faisions qu’un. Voir qu’Erwin n’était pas ainsi me rassurait, je n’avais pas envie qu’il pense que j’avais cessée d’être une femme avec ses envies propres pour devenir une mère parce que ce n’était absolument pas le cas.
— M’enfin, tant que MON cadeau vient plus tard, je ne devrai pas t’en vouloir longtemps de m’avoir annoncé ce berceau avant sa découverte... Ooooh quelle surpriiiiise!
J’avais tiré le drap à la fin du mot “découverte” et avait feins fortement l’étonnement en posant mes mains sur mes joues mais je devais bien avouer que cette fausse surprise s’était petit à petit muée en une véritable. L’objet était vraiment magnifique. Il ne remplacerait sans doute pas son lit à long terme mais il avait le mérite de rajouter une touche de féérie dans le chalet, sans comptait qu’il restait tout de même dans le thème astral et de couleurs que j’avais choisi pour notre fils depuis sa naissance. C’était un vrai effort de la part d’Erwin de faire cela bien, en se montrant attentifs aux détails que j’avais tenté de mettre petit à petit dans les objets d’Isaac et je le remerciais pour cela. Le berceau était tenté d’un ancien temps, drapé d’un joli voile bleu nuit avec des étoiles. M'approchant, j’avais tâté du petit matelas qui semblait effectivement très confortable.
— Il est magnifique...
J’avais tourné la tête en direction de la poussette. De là où j’étais, je ne pouvais pas vraiment voir Isaac mais je voyais que le petit tas de linge qu’il semblait être se levait et s’abaissait avec lenteur, de façon régulière. J’avais envie de le poser dans le berceau mais je m’en voulais presque de devoir le réveiller pour ça. Il allait falloir que j’use de la plus grande agilité. En attendant, j’en avais profité pour observer le meuble encore un instant avant de me tourner vers Erwin pour me soulever légèrement et déposer avec douceur un baiser sur la joue.
— Merci pour lui. Et comme c’est pour lui... je n’irai pas plus loin.
Je lui avais lancé un sourire malicieux avant de délasser ma main de la sienne, que j’avais prise quelques minutes auparavant en observant le berceau. Lentement, je m’étais diriger vers Isaac qui dormait effectivement du sommeil du juste, son petit poing non loin de son visage. Après l’avoir observé un instant, réfléchissant à la meilleure des tactiques pour le prendre sans le réveiller, j’avais fini par me penser en avant, glissant mes mains sous son corps afin de le soulever de la meilleure des façons. Il bougea un instant faisant claquer sa langue sur son palais, ce qui eût le don de me couper la respiration, comme si celle-ci risquer d’être le bruit de trop qui allait le réveiller. Voyant que le petit se stabilisait dans le sommeil, je le rapprochais un peu plus de moi avant de me diriger vers le berceau. Je m’étais stoppée à côté d’Erwin pour le laisser l’observer en lui précisant à voix basse.
— Je l’aurai bien approché de toi pour qu’il t’embrasse lui-même... mais j’ai beaucoup trop peur de le réveiller... Il te remerciera à son réveil.
Je savais que les deux n’étaient pas très tactile l’un avec l’autre. Si Erwin était du genre à le toucher du bout du doigt uniquement de temps en temps ou le prendre dans les bras pour m’en délester dans des moments précis, les effusions n’étaient pas encore quelque chose de très établi. Du côté d’Isaac il se contenter de grogner quand il restait trop longtemps en sa présence ou l’observait avec des grands yeux sans pour autant être plus expressif. Ce n’était peut-être pas bien et sans doute un peu malgré moi, je m’étais mis en tête de rapprocher ces deux-là quelque peu... je ne voulais rien forcer, je voulais tenir ma promesse tout de même de ne pas lui en demander trop mais quand une véritable occasion s’offrait, comme celle qu’était un cadeau, je tentais de m’engouffrer dans la faille. Toute à ma pensée, un petit sourire au coin des lèvres, j’avais tenté de poser délicatement Isaac dans le berceau. Il avait gigoté une nouvelle fois, grognant un instant, mais il se tut rapidement, m’apportant un soupir de soulagement. Le berceau étant muni de roues de bois, je l’avais poussé jusqu’à la place précédente de la poussette pour qu’il garde la même chaleur autour de lui avant de tourner de nouveau mon attention vers Erwin.
— En dépit de ce que tu en dis, il a plutôt l’air d’apprécier le cadeau.
Je lui avais souri, m’approchant de lui dans le but de me glisser dans ses bras quand soudain, je me stoppais net, arrêtée dans mon élan par l’odeur qui se dégageait dans la pièce. Je réalisais à présent que j’avais cru l’entendre s’affairer en cuisine.
— Tu as mis un truc dans le four ?
Malicieuse, je m’étais détachée de lui pour me diriger vers la cuisine, curieuse à la fois du repas et de ce qu’il avait bien pu en faire. Ce n’était pas que je n’avais pas confiance en Erwin, mais je ne l’avais jamais vraiment vu passer derrière les fourneaux et je me doutais que c’était bien plus dû à sa propension à mettre les pieds sous la table qu’à la mienne de vouloir cuisiner. Sur un repas de Noël, un massacre était si vite arrivé. En arrivant derrière, je pouvais voir que quelques petites choses avaient été préparées et attendaient sans aucun doute d’être réchauffées ou finalisées. C’était le cas du chapon qui dorait gentiment dans le four lorsque j’avais ouvert la porte pour l’observer. Elle était belle mais si elle restait ainsi, elle risquait de se dessécher. Récupérant le gant thermique, j’avais tiré le plat plus vers moi tout en baissant le thermostat légèrement :
— C’est sans doute un peu trop chaud, on va l’arroser une nouvelle fois et ensuite on mettra un papier d’alu par-dessus pour qu’elle chauffe sans cram... Hé !
Je m’étais rendue compte que je commençais à parler toute seule, je m’étais alors tournée juste à temps pour le voir s’apprêter à passer l’encadrure de la porte, me laissant toute seule.
— Non mais t’as vu la vierge ?! Reviens par là...
Je m’étais relevée d’un bond pour l’attraper par le col de sa chemise. Le but n’avait pas été de l’étrangler mais juste d’avoir une prise avant de pouvoir rectifier mon geste, attrapant son bras en l’attirant vers moi.
— Non non non monsieur, non mais ça va pas la tête ? C’est TA surprise je te rappelle, c’est pas parce que je te donne un coup de main que tu dois déserter, non mais oh... sinon moi aussi je déserte un peu plus tard et ça va te faire tout drôle très cher !
Je voyais à son regard et son sourire amusé qu’il n’y croyait pas une seule seconde et une fois de plus je lui avais lancé un regard et un sourire qui signifiait clairement “tu m’épuises”. Glissant ma main dans la sienne, entremêlant mes doigts aux siens, je lui disais à voix plus basse :
— S’il te plaît... j’ai aucune envie de finir aux fourneaux seule ce soir pour un repas qui était de base de lien. Viens, on partage ce moment. C’est UNE fois dans l’année, ça va pas tuer sa royale majesté ! Et puis on partage un nouveau truc, c’est bien aussi...
Voyant qu’il n’était pas complétement réfractaire ni enchanté de l’idée je lui précisais :
— Allez prends moi un rouleau d’aluminium s’il te plaît, je m’occupe de l’arrosage.
Après avoir minutieusement récupéré le jus du chapon avec une grosse cuillère, j’en avais généreusement déposé sur tout le corps de la bête avant de la recouvrir de l’aluminium qu’Erwin avait attendu patiemment pour me tendre. Une fois l’animal à l’abri, je l’avais de nouveau enfournée avant de me tourner vers lui. Si tu as faim on peut commencer par... ça...
Je soulevais une autre feuille d’aluminium qui refermait des petites tranches de brioches moelleuses et grillées.
— Je suppose que le foie gras est encore au vrai... on peut se poser au salon tous les deux avec tout ça... Ou faire autre chose si tu préfères avant...
Je m’étais approchée une nouvelle fois pour le prendre dans mes bras, la joue collée à son torse un instant avant de relever ma tête vers lui, le bout de nos nez se touchant presque. Tout en caressant une de ses tempes du bout des doigts, je lui avais alors chuchoté :
— Merci pour cette merveilleuse soirée.
Je ne m’étais attendu à rien... et tout dépassait mes espérances. Si je m’étais inquiété du sort de sa femme quelques heures auparavant, je n’en avais plus du tout envie présentement. Pourtant, au fond de moi, ma curiosité me demandait COMMENT elle avait pu accepter la désertion de son mari le soir du nouvel an ? Voyait-elle, elle aussi quelqu’un ? J’avais commencé à douter de la version d’Erwin sur le fait que tout n’était que convention en les voyant en représentation politique. Mais je réalisais à présent que tout ce qui était politique était aussi border d’une incroyable fausseté. Je m’étais torturé avec cette idée qu’ils étaient plus heureux qu’ils ne l’étaient et c’était pourtant évident maintenant que ça n’était pas le cas : quelle autre raison y aurait-il pu avoir au fait qu’il passe le réveillon avec moi, sans qu’elle ne bronche. Elle aussi avait-elle peut-être son propre chalet et un homme aimant à ses côtés... ou une femme... c’est tout ce que je lui souhaitais. Et sans doute aigrie par cet esprit de Noël qui s’emparait de moi, je me rendais compte que ma joie était supérieure à ma curiosité, laissant ces questions à propos de sa femme au placard, pour ne profiter que de ce moment que nous avions pour nous.
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
« ChristmasWishes hiding in your heart, What is yours? "
Lorsqu’il l’avait guidée jusqu’au cadeau qu’il destinait à Isaac, Alexis s’était amusée, avançant vers le présent avec une curiosité mêlée d’une dose d’humour. Preminger la connaissait suffisamment pour savoir qu’il s’agissait de son arme de prédiction lorsqu’elle tentait de maîtriser une situation qui pourtant la déstabilisait. En difficulté, comme quand l’émotion prenait le pas sur son contrôle, elle tentait souvent de dédramatiser avec une plaisanterie parfois appropriée, parfois plus hasardeuse, pour tenter de masquer son état. Mais on ne pouvait réellement lui dérober l’évidence. Surtout lorsqu’on la scrutait avec autant d’intérêt que d’attention que l’oeil flamboyant du notaire. En l’occurrence, elle avait feint de ne pas avoir remarqué le présent Une manière de rire de sa théâtralisation de l’instant, tout en dissimulant la gêne qui la gagnait à l’arrivée du cadeau. Ce drap blanc qui loin d’être agité tel un drapeau à l’horizon constituait sa plus grande source d’interrogation et d’angoisse. Quant elle avait, alors, poursuivi, soupirant son éventuel besoin de lunettes, il avait pouffé cyniquement, tout en continuant à l’emmener inexorablement jusqu’à destination. Son esprit songeait à son épouse et sa manière agaçante de perdre en continu sa monture, en toute occasion. Savoir que la malédiction l’avait gratifiée de la profession d’opticienne relevait d’une ironie sans nom, une fois compris que sa myopie ne se limitait guère à sa vue. Mais puisque Alexis, qui tournait vers lui un air curieux qui bien que totalement artificiel, semblait attendre une réponse de sa part, il ajouta posément :
- «Comment t’en vouloir, disons que tes yeux sont attirés ailleurs.. »
Il se rengorgea altièrement à ses propres paroles susurrées . Elle se mis à rire de son propre petit numéro et il lui donna le change en rendossant le rôle qu’il s’amusait à incarner et dont il était, en définitive, peu éloigné. Il jouait au Roi de la Nuit, mais vivait sa royauté. Dans un petit chalet perdu en pleine forêt. Presque oubliait-il que cette royauté ne vivait qu’à travers ses murs, à travers ses propres désirs, mais perdait toute force en dehors. Peut-être ne l’avait-il jamais su ? Ici, il réinventait le Temps, les choses et les instants. Ici, une année auparavant, le Présent avait rejoint le Futur. Et n’était-ce pas ce qui en était né qui se trouvait célébré par ce cadeau ? Il ricana lorsqu’elle émis un semblant d’offuscation à l’idée qu’il ait pu « malencontreusement » lui révéler le cadeau avant même le déballage. A vrai dire, aucun des deux n’était dupe sur le fait que l’information était sortie à dessein. Preminger étant, de nature, particulièrement précautionneux à la dissimulation, si une information sortait, à peine voilée, il ne fallait émettre de doute que cela fut parfaitement contrôlé de sa part. Il tirait plaisir de cette surprise presque avortée et de ce qui subsistait encore de mystère pourtant… Alexis, non dupe de sa nature, avait ainsi balayé cet « affront », dans un sourire :
— M’enfin, tant que MON cadeau vient plus tard, je ne devrai pas t’en vouloir longtemps de m’avoir annoncé ce berceau avant sa découverte... Ooooh quelle surpriiiiise!
Il avait mêlé son rire au sien tandis qu’elle accentuait les syllabes, dans un excès qui lui rappelait ses propres accentuations dramatiques qu’il affectionnait particulièrement, la sachant malgré tout particulièrement ignorante à l’objet de la surprise en lui-même. Et cela s’était vite vérifié, la voix d’Alexis s’étant vite tarie à la découverte de l’allure que le berceau possédait. Un réel objet d’art qu’il avait pris soin de rechercher tant dans le style de la décoration de la chambre de l’enfant, du décor et de la thématique dont sa mère appréciait le vêtir sans ternir la moindre seconde la décoration du chalet. Une parfaite composition sculptée d’illusions au thème céleste qui régnait dans la chambre de l’Erreur. Une douce pression s’était, alors, déposée sur le creux de sa joue, sans même qu’il n’ait le Temps de se retourner. Un baiser tendre que les lèvres de la jeune femme lui avait offert, un prompt remerciement bien que comme elle avait pris un malin plaisir à le souligner… Le remercier en l’occurrence ne lui appartenait pas.
– « Oh...pourtant, il t’est possible de me remercier pour toutes les choses que je fais pour autrui, je suis sur que ça ne te dérangerait pas, outre mesure. Tu y trouverais...disons, une certaine satisfaction »
Même si en réalité, il faisait peu pour la populace. Mais on ne pouvait pas dénier qu’actuellement, il dirigeait la ville comme le meilleur des maires. Ce qui ne demandait pas une réelle concentration, puisqu’il se trouvait être le meilleur même s’il avait l’habitude de décliner ses capacités pour des projets néfastes. Le peuple en était profondément satisfait et il avait conservé cette apparente sympathie auprès des citoyens. Surtout au regard de la fastueuse soirée qu’il leur avait servi sur le plus ravissant des plateaux. Malgré cette proposition alléchante, Alexis s’était échappée de son étreinte. Preminger n’avait pas besoin de se retourner pour deviner qu’elle avait filé auprès de l’Erreur afin de le récupérer. Cela témoignait de la mesure qu’elle prenait du cadeau et de sa volonté de lui offrir la reconnaissance nécessaire… Et comment mieux le symboliser qu’en se hâtant d’y installer l’enfant? Il ne tourna pas la tête pour suivre sa trajectoire, demeura à observer le berceau blanc et confortable, déposant ses élégantes mains sur l’armature de bois. Il gageait qu’il n’avait pas eu dans sa plus tendre enfance un objet aussi précieux pour garantir ses nuits. Il était bien évidement trop jeune pour espérer avoir ne serait-ce qu’un souvenir de cette époque mais...lorsque l’on naissait dans la pauvreté, avait-on seulement eu le droit à une couche? Cela aurait pu le rendre amer. Il ne l’était pas. Il observait cet objet comme une preuve de son ascension à la juste place qui lui reviendrait. Il avait fait ce qu’il fallait pour se tenir là où il se trouvait. Et il ferait de même dans le futur. Le Pouvoir appartenait à ceux capables de s’en saisir. Et déjà enfant, il avait su qu’en lui se trouvait cette flamme corrosive . Le pas léger, Alexis revenait déjà, avec davantage de précaution. Il détourna un bref instant son visage du couffin pour la regarde s’approcher enveloppant le paquet dans ses main de moults délicates précautions. Un enfant en si bas âge lui évoquait la porcelaine blanche, tout le monde s’extasiait sur la finesse et la joliesse de la chose et tout le monde en craignait la fragilité.
— « Je l’aurai bien approché de toi pour qu’il t’embrasse lui-même... mais j’ai beaucoup trop peur de le réveiller... Il te remerciera à son réveil ».
Il avait retenu le tressaillement instinctif, s’était néanmoins raidi. L’embrasser ? Ses yeux s’étaient déposés naturellement sur l’être minuscule au souffle régulier qui dormait entre les bras de sa maîtresse. Se figeant sur sa bouche. L’Erreur était incapable d’embrasser qui que ce soit… Ses lèvres n’auraient touché sa peau que par l’impulsion qu’aurait donné sa maîtresse. Et il savait parfaitement que cette proposition spontanée témoignait de l’attachement naturel qu’il aurait du ressentir pour « son » fils. Cette connexion qui se créait des êtres issus de la même engeance et qui trouvait source dans l’amour que l’on ressentait pour autrui. Il touchait l’Erreur, parfois, il la regardait geindre, sourire, le fixer, se nourrir ou même dormir avec la même impassibilité. Il le portait par simple souci d’apporter l’aide nécessaire à sa maîtresse, Là où l’élan du coeur d’Alexis la faisait vivre et répondre à chaque besoin de ce petit morceau de vie semblait requérir à avec instinct. Dans sa vie antérieure et encore à présent, Preminger savait excellement feindre. Il le faisait parfois avec l’Erreur. Il n’y avait qu’une barrière qu’il n’avait pour ainsi dire pas franchie. Celle de l’effusion. Il se demandait ce que pensait sa amante de son comportement avec l’enfant. Il avait toujours veillé à entretenir une attitude des plus honorables, à la limite d’une sorte de précaution attentive qui se confondait sûrement avec de l’affection. Mais il n’avait encore jamais feint l’affection par l’effusion physique. Il n’avait guère envie de simuler l’amour pour le moment. Et pourtant, s’il ne s’y forçait pas, elle lirait l’absence d’émotion dans son comportement. Il savait parfaitement qu’il disposait du talent nécessaire pour simuler le sentiment. Néanmoins, il n’avait pour ainsi dire jamais usé d’un tel stratagème à ses côtés. S’il s’y pliait, ne créerait-il pas une fracture ? Une lézarde dans leur cohésion ? Une manipulation d’envergure qu’il ne lui avait jamais réellement imposée ? Cela lui ferait surtout mal. Une peine bien plus conséquente qu’un refus poli mais honnête.
– «Je doute qu’il soit apte à m’embrasser. Mais cela ne me dérange pas, je ne m’y attendais pas et je ne faisais guère cela pour qu’il m’en remercie. » répliqua-t-il sur un ton aussi léger que possible, tout en observant la jeune femme placer avec une douceur concentrée l’enfant contre le matelas. Sa main se déposa chaste sur le haut de son dos, pour le parcourir d’une caresse alors qu’il ajoutait, pour soulager l’atmosphère : « Je suis bien trop altruiste...MAIS si vraiment tu tiens à ce que j’en reçoive un...donne-moi en un supplémentaire pour lui. »
L’Erreur avait grogné un bref instant au contact du lit, faisant une petite moue dans son sommeil. Celui-ci avait peut-être contesté ses paroles ou avait-il seulement un piètre goût le faisant préférer le confort de sa poussette à la finesse de la riche literie qu’il avait commandé… Mais pourtant, se gigotements avaient progressivement cessés, sans le tirer de son sommeil et son thorax minuscule s’était bientôt soulevé à un rythme régulier… Alexis l’avait déplacé alors, usant des roues de l’objet pour le rétablir à son emplacement initial. Ce qui, Preminger devait bien l’admettre, était bien davantage satisfaisant qu’au lieu exact où il avait placé le cadeau. S’il l’avait choisi pour l’effet de surprise et la place considérable qu’il prenait dans la pièce, il aurait été des plus ennuyeux que ce petit être puisse se trouver en permanence à portée de leur vue. Il tenait à ce que ce Noël puisse être aussi teinté d’intimité qu’avait pu être le précédent. Il savait qu’Alexis refusait d’exclure son fils de cette fête. Soit. Elle était capable du plus bel entêtement lorsqu’elle le désirait, sa chère et adorable âme. Et lui d’un caractère peu opportun aux concessions dès que ses désirs se voyaient matérialisés. Alors s’il y avait possibilité d’associer ces deux volontés impérieuses de leurs auteurs, comment refuser ? Il avait suivi son manège avec le grand des contentements puis, prêt même à les bras lorsqu’une fois la manœuvre effectuée, elle était prestement retournée à ses côtés. La jeune femme s’était cependant stoppée dans son élan, son visage subitement attiré par quelque chose dans la cuisine…
— Tu as mis un truc dans le four ?
Erwin était sur que le four n’avait pas sonné. Etait-ce le doux ronronnement du four qui, malgré la musique, avait pu attirer son attention ? Sûrement. Et peut-être l’odeur qui commençait à se dégager dans l’atmosphère, se mêlant à l’agréable et enivrante effluve dont il se paraît quotidiennement.
- « Hum possible… Va donc voir par toi même, si tu le désires... » proposa-t-il, portant un regard engageant sur l’espace où les préparatifs avaient été disposé avec soin « Cette fois, tu lèveras toi-même les éventuelles surprises s’y trouvant. »
Il l’y avait même suivi, la regardant déambuler avec une curiosité mêlée de circonspection dans la cuisine ouverte. Pour peu, il aurait pu s’offusquer de tant de vigilance à son égard. Elle découvrait chaque préparation avec une surprise qui aurait pu être une insulte à ses talents culinaires...si on avait pu lui imputer ces mets. Puisque ces derniers étaient l’oeuvre parfaite et goûteuse d’un chef cuisinier, il ne lui reprochait pas. Il s’en amusait. Bien évidement, puisque habitué à la réussite, l’art culinaire était à sa portée. Mais il avait toujours considéré la cuisine comme une une pièce de basse besogne. Ce n’était pas pour rien que les cuisines des châteaux n’étaient visités que par des domestiques. Dans cette triste époque où la main d’oeuvre revendiquait bien trop de choses, la présence des cuisines s’était comme beaucoup trop d’autres choses...démocratisée. Alexis décida subitement de prendre part active à cette activité, puisqu’elle s’armant d’un gant de cuisine, elle se mis à entreprendre la sortie du four du chapon qui y rosissait, se dorant sous les flammes rouges. Il ne voyait guère pourquoi. Si les cuisiniers l’avaient placé ainsi c’était forcément qu’il devait y demeurer un temps plus que conséquent. Et lorsqu’il serait prêt...le four sonnerait non ? Mais, il devait y reconnaître que n’y ayant témoigné aucun intérêt passé et présent, il demeurait pour le moins ignare en la matière. Alexis s’y retrouvait bien davantage. Elle savait cuisiner avec succès. Il appréciait ses plats. Et puisqu’elle semblait décidée à mettre la main à la pâte, c’était PARFAIT ! Cela lui épargnait une activité corvéable à souhait...et lui laissait le temps pour d’autres activités biiiien plus merveilleuses… En l’occurrence, subissant l’appel de son regard, ses pas l’avaient mené progressivement vers le miroir mural de l’habitacle. Il s’y mirait déjà avant même de s’y trouver pleinement de face, traçant de ses yeux les arcs et traits de son incendiaire beauté, tranchante et hypnotique.
— Non mais t’as vu la vierge ?! Reviens par là…
Il s’était retourné, outré du langage. Oui… Erwin avait beaucoup être de ces individus sans scrupule et aucune moralité, il le demeurait lorsqu’il s’agissait d’une règle de bienséance ou de ce qui constituait pour lui l’élégance. Quand bien même, il n’éprouvait guère de pitié pour la Vierge, le contraire eut été de la plus belle hypocrisie, il trouvait la formulation pour le moins désagréable à l’oreille. Malgré tout, cette virevolte profita à sa maîtresse, lui donnant l’opportunité de l’empoigner par le col, lui arrachant une légère protestation.
- « Voyons…à moiii ! »
S’il persistait dans son air outré, levant vers elle un sourcil désapprobateur, feignant avec élégance la fausse interrogation, il n’avait pourtant subi aucune pression. Loin de là. Elle s’était contenté de le saisir, pour mieux faire pivoter vers elle… Pour tenter de l’attirer vers les fourneaux. Ce n’était à peine qu’une légère impulsion quand bien même elle y mettait de la force et il se savait capable de s’en libérer par la première des bousculades qu’il pouvait fournir s’il le désirait. Même s’il n’était pas l’individu le plus musclé du monde – Preminger trouvait que la beauté issue des muscles était d’un ennui et d’une paresse exemplaire - il n’était pas dépourvu de force dans les mains. Et lorsque sa hargne prenait le dessus, il disposait d’une réelle implacabilité. Pour autant, il ne se sentait guère en situation d’irritation quelconque. Juste faussement choqué, davantage dans un rôle qu’un véritable état d’esprit. Aussi, il la laissa poursuivre son petit speech, la face toujours figée dans cette expression exagérée, jusqu’à la mention de son éventuelle désertion plus tardive qui lui arracha un réel rictus sceptique :
– « Oh reallyyy tu déserterais ? … Nous savons pourtant, pertinemment, que tu as autant à perdre que moi, non...? Et d’ailleurs, mon trésor, sais-tu que l’on attrape pas une mouche avec du vinaigre ? » Il avait penché la tête un peu, pour atteindre presque le creux de son oreille « Alors un Roi…. Oui, je sais...je t’épuise...cela n’a jamais fait de doute... » rétorqua-t-il avant même qu’elle n’ouvre la bouche, avec fourberie, déposant le sommet de son menton dans le haut de sa chevelure.
Il lui murmura cela à même la peau. L’amusement teintait son regard de braise. Il aimait ce jeu, cette sorte de petit duel où chacun s’affirmait, tentant de faire rallier l’autre. En définitive, ils ne faisaient qu’exciter leurs esprits, dans l’anticipation d’un duel bien plus tardif. Il avança même d’un pas, devança son intention, pour la prendre de court, forcer leurs corps à se rencontrer « fortuite » buste contre buste. Une manière de lui rappeler qu’il ne croyait pas à la moindre de ses « menaces » et qu’il disposait aussi de divers arguments pouvant aisément démontrer le contraire. Le regard que lui rendit la jeune femme témoignait de sa propre connaissance de la réalité, semblable à ceux qu’elle lui offrait parfois lorsqu’il s’épanchait en compliments à son propre égard. Et si, outre le sous-entendu, elle se trouvait épuisée par son arrogance, elle se trouvait incapable de le nier pour autant. Il avait senti sa main douce et chaude de fondre dans la sienne, ses doigts explorer sa peau. Avait écarté ses phalanges, les laissant s’entremêler à ses doigts bagués.
— S’il te plaît... j’ai aucune envie de finir aux fourneaux seule ce soir pour un repas qui était de base de lien. Viens, on partage ce moment. C’est UNE fois dans l’année, ça va pas tuer sa royale majesté ! Et puis on partage un nouveau truc, c’est bien aussi… – « Hum... » émit-il avançant les lèvres dans une moue peu convaincue.
Malgré tout… Il ne pouvait pas dénier que le ton qu’elle employait à présent demeurait plaisant. Erwin faisait partie des individus à la volonté farouche. Il ne rompait que peu. Si son intérêt s’y trouvait subitement éclairé, il se serait rompu en deux. Mais lorsqu’une situation ne correspondait à aucun de ses objectifs, il demeurait des plus délicats de l’en écarter. Il pouvait tout aussi bien repousser les épaules de la jeune femme, lui tourner le dos et rejoindre l’appel sublime de son propre reflet, se servir ensuite un verre et profiter de la musique lumineuse et grandiose qui enveloppait le chalet. Elle aurait pesté. En aurait été assez agacée, il le savait d’avance, mais il savait que son charme, sa posture et les moments qu’il pouvait lui réserver auraient fini par lui ôter sa déception. Il était suffisamment égoïste pour en être parfaitement capable. Mais son ton de sa demande l’en avait malgré tout dissuadé. Elle savait qu’elle ne forcerait rien. Et malgré toute sa force et son refus ordinaire de lui quémander quoique ce soit, la jeune femme finissait par l’en prier. Modestement mais avec une sincérité plaisante. Et bien qu’il n’en n’éprouvait pour autant aucun attrait, il salua son fléchissement en accueillant sa sollicitation.
– « Puisque cela te semble te tenir taaant à coeur au point où tu le demandes si bien...soit, mon trésor. Mais sache que je suis bien plus doué à empoisonner qu’à nourrir »
Il avait éclaté d’un rire franc où se mêlait pourtant les réminiscences de ses méfaits. Il ne mentait pas sur un sujet comme sur l’autre. Mais encore fallait-il le déceler au-delà de la plaisanterie légitime d’un homme peu alerte des fourneaux. Alors, il l’avait suivie dans la pièce, avec une distance raisonnable, comme un animal méfiant prêt à détaler au moindre coup de feu. Dire qu’il s’exécutait avec mauvaise grâce aurait été des plus contestables… Tous les mouvements que son corps effectuait se voyaient effectués avec le raffinement adéquat que la Cour lui avait appris. Mais...il admettait que ce n’était pas du grand art.
— Allez prends moi un rouleau d’aluminium s’il te plaît, je m’occupe de l’arrosage.
Il ne se fit pas l’offense de demander de quoi il s’agissait. Il avait déjà vu et utilisé cet objet dans le cadre d’affaires moins innocentes. Cela constituait une manière de dissimuler des objets bien moins périssables que les aliments. S’il s’était agi d’émeraudes ou de saphirs, cette activité lui aurait semblé ô combien soudainement plus passionnante… Néanmoins, il se chargea de découper précautionneusement le papier, chantonnant presque, dans une moue des plus « inspirée » avant de revenir non loin de la jeune femme. Elle s’affairait auprès de la viande, avec un air concentré adorable. «Que c’est merveilleux de partager...le quotidien des domestiques..Enchanteur » songea-t-il alors que son visage s’éclairait un peu de sa plaisanterie. Néanmoins, il prit grand soin de ne pas la laisser franchir le seuil de es lèvres. Alexis, bien que parfaitement informée de son manque flagrant d’entrain, n’aurait sûrement pas apprécié qu’il rappelle des us et coutumes d’un « autre Temps » d’un ton dédaigneux et il désirait profiter pleinement de son Noël. Il s’accouda alors au plan de cuisine, observant les gestes affairés de la jeune libraire d’un air distrait.
- « Prends garde de ne pas tâcher ta robe, trésor..Je l’apprécie divinement! Elle te va merveilleusement. » commenta-t-il alors qu’elle aspergeait le chapon de son jus, d’un œil attentif. « Il conviendrait d’user d’un tablier, mais j’admets ne pas en avoir dans les tiroirs… Ou alors, j’ignore sa présence. »
Il ouvrit quelques tiroirs sans grande conviction qui ne firent que confirmer son soupçon. Une maison pensée par Preminger manquait parfois de sens pratique pour les choses de la vie courante. Il pouvait songer aisément à ce genre de petits détails lorsqu’il composait un plan, se remémorant ce qui faisait la vie des autres mais lorsqu’il s’agissait de la sienne… Et pourtant un accident domestique était si vite arrivé. C’était en partie une raison supplémentaire qui justifiait que ce genre d’activités salissantes n’était définitivement pas pour lui : trop d’étoffes précieuses auraient pu en périr et hors de question de se vêtir d’un tablier de cuisine ou quelque chose d’autre. Il n’y avait qu’une seule personne particulièrement élégante qui pourtant passait un temps considérable autour des fourneaux sans nuire à son allure… Son cher ami le docteur Aloysius Black. Mais Aloysius était un cas à part. Il possédait une réelle dextérité, une passion culinaire. Même si Erwin ne faisait qu’apprécier la cuisine du psychiatre, à la différence de Georgia qui s’en extasiait toujours, il devait reconnaître que son ami portait la cuisine au rang d’Art. Pourquoi diantre, d’ailleurs, n’était-il pas devenu grand chef cuisinier, voilà qui restait un sujet obscur qu’il se promis d’aborder un jour avec l’individu en question. Au bout d’un temps qui lui paru interminable, Alexis requis l’aluminium et il le lui tendit dans un geste plein et ample, tout en croisant les bras, une fois que ce dernier eut quitté sa main.
- « Et voilààà que voiciiii » minauda-t-il dans un entrain factice et volontairement forcé. « Merveilleux ! Nous nous amusons comme des petits fouuus, tu ne trouves pas? Le genre d’activités à ne reproduire que rarement, pour mieux savourer. Sinon, je me connais...je me lasse » railla-t-il dans un rictus.
Il la regarda continuer à assembler le repas. Piètres livreurs… Ils n’avaient même pas cru bon de préciser la notice d’utilisation de ces produits. Qu’avaient-ils cru ? Qu’un cuisinier privé serait sur les lieux ? Il aurait pu en louer un. Mais cela aurait été des plus délicat, niveau...intimité. De ce fait, il se retrouvait à faire la cuisine. Même si, Alexis, dans sa grande mansuétude, ne l’avait pas affublé d’un couteau ou autre ustensile, en réalité.
— Je suppose que le foie gras est encore au frais... on peut se poser au salon tous les deux avec tout ça... Ou faire autre chose si tu préfères avant… – Des idées diverses et variées me traversent l’esprit, trésor… Veux-tu que je t’en entretienne ? »
A nouveau, elle s’était fondu dans ses bras, encerclant son corps de ses bras et de sa présence chaleureuse. La tête penchée, il dévisagea son profil souriant et apaisé qui reposait sur son torse. Les remerciements qu’elle formulait étaient sincères. Venant d’Alexis, ils l’étaient toujours. Mais il pouvait lire sur la bonhommie apparente de son être, toute la joie que cette soirée lui procurait. Sûrement, ses espoirs s’étaient borné à une soirée agréable dans sa demeure, bien plus proche d’un moment intime qu’à une véritable célébration, quand bien même la jeune femme plaçait Noël, en haute estime. Sentant sûrement son regard sur elle, elle avait levé le bout du nez vers lui.
– « Merci pour cette merveilleuse soirée ». - « Elle est loin d’être achevée…ce serait...mal me connaître» répliqua-t-il mystérieusement.
Sa bouche chatouilla le coin de sa joue, à proximité de son oreille. Il aurait pu demeurer ainsi dans cette posture à mi chemin entre attisement et pure tendresse. Cependant, il subitement recula d’un pas, faisant néanmoins glisser une main jusqu’à son poignet, sans le lâcher. Par ce geste, il empêcha toute perte d’équilibre lorsqu’il lui retira son étreinte, la faisant néanmoins tanguer sous le seul joug, non pas de l’attraction terrestre, mais de son apesanteur. Sans la quitter des yeux, observant sa mine déboussolée, il se fendit en une révérence courtoise, déposant sa bouche sur le bout frêle de ses doigts :
– « Viendrais-tu danser ? » murmura-t-il sur son poignet.
Il se relevait déjà, son regard astucieux et hantant ne quittant pas les siens. L’invitation luisait dans ses yeux. Une dose égale à l’envie. Derrière la proposition, il ouvrait à présent la main relâchant celle qu’une seconde plus tôt il serrait dans la sienne, la laissant déposée sur sa paume. Il ne tenait qu’à elle de la lui confier réellement le temps d’une danse au creux de sa main faussement offerte. Mais il savait ce qu’elle penserait… Comment refuser ? Aussi, la fixait-il là, dans son costume étincelant, le regard fier et posé plongé sur elle. Dans ses iris bleus qui reflétaient son propre reflet, capturés et captivés. Il savait pertinemment à quel point son regard possédait tout un pan de son âme. Comme son être, il se révélait changeant parfois, dur et cruel dans d’autres, mais surtout et en permanence obsédant. Il glissait en chacun et captivait l’attention. Chez elle, cela avait toujours été inné, viscéral. Dès leur premier échange, son regard avait pris place en elle, s’incrustant sous ses paupières comme la morsure nue du soleil fixé de pleine face. Et depuis, leurs yeux parlaient parfois bien davantage que leurs bouches. Quand bien même Alexis avait appris à soutenir ce regard fondu de l’or le plus flamboyant, cette hypnose ensorceleuse demeurait inlassable. Aussi, sans rompre le contact visuel, il s’était reculé, prenant garde à faire demeurer sa paume sous le haut de des doigts fins de la libraire. Leurs corps se bornaient à ce seul contact si léger et délicat. Pourtant… Elle n’avait pas ôté sa main. Et avait avancé au gré de ses bas, prenant soin de ne pas faire cesser ce contact. Sa paume sur la sienne. Revenant dans un espace bien plus large, là où la musique étendait son pouvoir avec davantage de réussite, il pivota du buste interrompant par la manette la mélodie douce et fantasque qui s’élevait dans la pièce, puis relança la machine.
– « Le MORCEAU-CI , trésor, est lancinant et grandiose. Viens... Sublimons-le» Il l’avait entraînée sur la piste de fortune, alors que les violons s’élevaient, sa main glissant sur l’étole miroitante pour venir s’enrouler sur sa taille. Dans un seul mouvement, ils débutèrent alors. Ce n’était guère la plus grande des pistes sur laquelle ils avaient évolué. Ici-bas, nul regard ne se déposait encore sur leurs personnes. Chaque pas, chaque avancée, n’était vue que d’eux seuls. Les tourbillons, le doux étourdissement qui prenait les corps alors que la mélopée prenait force en vous, plus progressivement que jusqu’alors, tout s’accentuait. Plus que la lumière, ils dansaient ensemble dans les lueurs tamisées et chaudes de Noël. Sous le son lancinant de la musique Dans ce petit crépitement de chaleur perdu au milieu d’une forêt froide et blanche, ce petit âtre qui constituait leur noyau. Perdu, suspendu. Un joyau caché. Il savait pourtant que cela lui suffisait. Elle ne demandait finalement rien de plus que ce qui venait réchauffer son âme et son cœur. . Chaque violon cristallin rendait hommage à la blancheur de l’hiver, soulignant chaque avancée, chaque pas, chaque recul qu’il opérait gracieusement. Il la fit tournoyer, la réceptionnant avec délicatesse sous un sourire orgueilleux :
- « Ai-je besoin de préciser que je ne compte pas te lâcher ? »
Il la fixa, un sourire canaille au bord des lèvres, transporté dans un souvenir commun. La musique s’emballait, quittant la simple escapade au creux de la glace pour se changer en ballet onirique et vif. Il mena la cadence, sachant qu’elle le suivait sans effort. Elle en était habitué et pourtant, chaque danse se révélait unique. Et à chaque fois opérait son charme. Un pas à gauche, puis à droite, de côté…Il tournoya. La ramenant jusqu’à lui, la main le long de son dos, la plaquant contre lui, corps contre corps, l’espace d’une brève mais intense seconde pour mieux reculer, soudain. Lâchant sa prise pour permettre le saut gracieux qui suivait le récit de la musique et se tirait également de l’héritage de sa vie passé. Revint au sol et à elle pour mieux menotter ses yeux aux siens et sa taille à la sienne. Il conduisait, dirigé. Leurs yeux ne se quittaient pas et pourtant, elle ne parlait pas, ils s’observaient bien davantage, lui déployant sa séduction impérieuse dans le miel onctueux de son regard. Leurs corps collés se mouvaient en rythme, étole contre étole, dans une fusion artistique mu par la mélodie. Et leurs visages s’éclairaient d’un éclat unique. La danse était son rythme et pour elle, elle s’apparentait à un superbe exercice d’expertise et de lâcher prise. L’étrange métaphore permanente de ce qu’il pouvait être. Partout. Impétueux, mystérieux, immuable. Enroulé à même la peau, le coeur de l’Océan brillait au cou de la jeune femme. Pourtant, Alexis brillait davantage de part les splendeurs des lueurs de l’âtre et de l’âme que des éclats de diamants. Elle tournoyait dans ce rêve, sous son gré, dégustant son rythme avec un plaisir non caché Puisqu’elle était ainsi, pleine et entière. Là où rien ne se reflétaient davantage sur le propre visage de Preminger que les cristaux incrustés de ses propres apparats. Puisqu’il était ainsi, vaniteux et passionné. Ils se rejoignaient pourtant, invariablement. Et chaque minute faisait croître le vertige, grandir l’envie, renforcer son aura. La mélopée vrillait leurs tympans, les rattachant à elle avec une force mouvante. Erwin ne la subissait pas. Il la vivait. Cette symphonie puissante et hypnotique qui les emportait tous deux. Il entreprit un saut, puis mué par une évidence, entoura la taille fine de sa partenaire de ses longues mains pour lui permettre d’accompagner son mouvement. La souleva dans un seul geste. Il savait comment faire mais il fallait encore qu’elle réponde à cet instinct, au risque de rompre le charme. Son regard s’ancra en elle, au moment de la manœuvre, lui intimant à la confiance et au lâcher prise.
- « Allons, suis-moi, mon trésor… »
Le corps de la jeune femme épousa, alors, le sien, lui permettant d’impulser l’adroite acrobatie pleinement. De ses mains et son regard, il apaisa chaque mouvement et chaque brusque crainte, se contentant de l’amener à la posture et la cambrure adéquate. Puis, dans un soupir de satisfaction, la ramena au sol, la ployant à l’inverse dans un arc parfait, son buste suivant son inclinaison.
- « Gardons-nous bien de chanceler, ce n’est pas terminé » murmura-t-il à même son visage
Le basculement. L’emprise, le contrôle., la proximité de leurs faces… La salle tanguait, alors que les violons sanglotaient cette note langoureuse. Il sentit la poitrine de la jeune femme se soulever contre la sienne, percevant les battements épars de son coeur alerte, glissa sur son cou:
- "Tu es à ravir, ce soir, Enora ...mais l'Heure n'est pas encore venue".
Il pouvait d’un seul geste, un seul baiser faire basculer cette danse en capturant ses lèvres, son coeur, son âme. IL n’avait que peu à faire pour s’en rendre maître. Il ne le fit pas, ne l’était-il pas déjà ?- se contenta de lui sourire, féroce, avant de la ramener à lui, pleinement, sur la terre ferme. Qu’importe le sol en dessous d’eux, il savait qu’elle ne ressentait rien que cet appel vers lui, cette inexorable attraction qui aspirait tout. Leurs visages s’approchèrent davantage, leurs souffles se mêlant dans une proximité asphyxiante. Leurs pas continuaient néanmoins leurs propres gestes, sous sa conscience, claquant sur le parquet, alors que son sourire s’accentuait, dévorant son visage. Les joues d’Alexis s’étaient colorées, nota-t-il. D’essoufflement et d’émoi. Il en picora une, dans une étreinte brève mais tendre, au détour d’un pas, puis se replaça à merveille, reprenant cette fausse distance oppressante au gré de leurs mouvements. Alors que la danse touchait à sa fin, il la fit tourner une dernière fois, pour mieux l’envelopper de ses bras, le geste se transformant en étreinte alors que la dernière note se faisait entendre et alors qu’il s’autorisait enfin à lui offrir le baiser qu’elle attendait tant et qu’il désirait tant. Ils étaient restés ainsi un long moment. Il ne savait pas. Il avait offert cet avant-goût avec qu’il fallait de plaisir, de passion et de retenue pour qu’il en devienne obsédant lorsque viendrait l’heure de l’attente. Il convenait de manger bien avant que leur chair ne soit rassasié. La patience ne le dérangeait guère, elle agissait sur lui comme une délicieuse promesse et ce fut ce qu’il inscrivit dans la chair tendre de ses lèvres à l’issue de leur valse. La promesse qu’il y reviendrait mieux. Puis, il l’invita à rejoindre la table du repas.
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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Christmaswishes are hiding in your heart, so what are yours ?
Comme je m’y étais attendu, la partie “cuisine” avait été loin de le ravir et il me l’avait exprimé autant qu’il ne le pouvait pas un enjouement excessif et une mauvaise grâce qui se lisait jusqu’au fond de ses yeux mais je m’étais contenté d’en rire. J’aurai pu lui préciser que s’il n’avait pas voulu avoir autant à faire, il aurait dû engager un cuisiner ou nous emmener au restaurant mais je n’avais rien dit. Parce qu’en vérité, j’aimais ce moment de douce intimité que nous pouvions avoir, loin des yeux et des oreilles indiscrètes d’un étrange ou de l’euphorie bruyante d’une salle de restauration. Je n’avais pas envie pour autant de me transformer en cuisinière d’un soir pour satisfaire une surprise qu’il m’avait pourtant faite de prime abord. Un cadeau était un cadeau. Mais face au peu de connaissance d’Erwin, il avait bien fallu prendre les devants, pourtant hors de question de le faire seule, j’avais su sévir pour cela.
Comme par vengeance ou par besoin d’effacer ce moment de pure torture pour lui, il s’était brusquement enflammé pour une danse qui ne semblait pas vraiment avoir été prévue. J’avais vu la lueur de ses yeux s’illuminer quand je lui avais proposer de faire autre chose que manger, si le cœur lui en disait. Je n’avais pas spécialement d’idée derrière la tête, le laissant vraiment mettre de la suite dans ces évènements et c’était donc sans surprise qu’il avait choisi quelques pas de danse pour agrémenter le moment. C’était sans aucun doute une des choses qui me rappelait à quel point Erwin avait vécu et aimé la Cour. Il ne dansait pas comme dansait les hommes de cette époque. Il était déjà plus rare que ceux-ci daignent le faire et quand ils le faisaient, ils se contentait de bouger de droite à gauche au rythme de la musique et de se coller de façon explicite aux jeunes femmes, comme dans une parade nuptiale plus que maladroite. Mais Erwin dansait avec une réelle vigueur, avec son âme et ses tripes et une intransigeante qui ne laissait place qu’à la perfection. Plus que d’aimer cela, il semblait y accorder une importance de statut qui le poussait à se lancer dans des valses extravagantes, agrémentées de saut de cabris, que bien qu’il maîtrisait à la perfection, me faisait penser au Duc de Weselton et son besoin de se pavaner avec la même intensité. Je n’avais pourtant jamais envie de me moquer quand il le faisait, je pouvais en rire si nous étions seuls, comme ce soir, mais je sentais que cela avec une importance pour lui. De mon côté, je composais. Les danses anciennes n’étaient pas mon plus grand fort, mais j’avais appris à les danser, notamment pour m’allier aux soirées où “la Famille” m’envoyait parfois. La valse notamment qu’il semblait particulièrement affectionner. A chaque fois que nous dansions, il y ajoutait une difficulté supplémentaire que j’essayais de tenir et si les précédentes avaient surtout été un exercice de cardiologie, il y préférait cette fois-ci un porté audacieux qu’il avait annoncé en me demandant de le suivre. Me souvenant des portées lors de mes entraînements de patinage, j’avais gainé mon corps, courbant mon dos pour lui donner autant de tenue et d’allure qui lui permettait de réussir le mouvement avec le plus de grâce. Cela avait d’ailleurs dû le satisfaire à entendre le gémissement appréciateur qu’il en avait fait. Mon visage avait alors rejoint le sien tandis que mes pieds se posaient au sol. Murmurant à même sa peau, je répondais alors à la première question qu’il m’avait posée :
— Je ne sais pas si tu as toujours “besoin” de le préciser mais j’aime que tu le fasses et surtout... que tu le prouves...
Je lui avais souris, ne l’embrassant pas bien que l’envie se faisait sentir, mes yeux au fond des siens. Il avait alors fondu sur ma gorge pour me doter d’un compliment qui m’avait gêné plus que je ne l’aurai voulu. “A ravir”... même si je voyais parfaitement pourquoi il avait usé de ces mots, teasant sans aucun doute un moment qu’il attendait autant que moi, ses mots s’étaient mêlaient à ceux d’un souvenir, d’une chimère dont nous n’avions plus parlé depuis plus de 6 mois mais qui continuait parfois de me hanter. C’était le compliment qu’avait fait Gaspard avait de m’inviter à danser, le même compliment repris par son “père”, à la fin de notre valse. Bien sûr, ce monde s’inspirait fortement de notre réel pour créer notre cauchemar, était-ce donc si imprévisible qu’Erwin fasse le parallèle malgré lui ? Pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher de m’en sentir gêné et j’avais balayé cette gêné d’un sourire légèrement forcé et d’un décrochement de regard, aidé par un papillonnement de cils. Il ne l’avait peut-être pas remarqué, finalisant notre danse, y ajoutant une proximité sourde où nos visages s’étaient tant trouvé que ses yeux ne pouvaient que sonder les miens. J’avais alors senti ses lèvres picorer un instant une de mes joues brûlante et sans aucun doute rosie par l’effort et tous ces sentiments contradictoires qui me heurtaient, me rappelant mais plus grands pics d’hormones. Après un dernier tournoiement, il m’avait ramené à lui, m’encerclant de ses mains dans une étreinte aussi douce que sincère, posant ses lèvres sous les miennes. Lâchant prise avec mes vieux démons, je m’étais contenté de savourer le moment et la douceur de ses lèvres, mes mains se posant sur son dos, les yeux clos. Nous étions restés un moment ainsi, un moment long et tendre qui avait eu le don de me détendre entièrement. Apaisée, mon rythme cardiaque avait repris un rythme normal, mes yeux s’étaient ouverts avec la même lenteur avec laquelle mes lèvres s’étaient détachées des siennes. Puis, d’un geste, il m’avait invité à m’attabler et nous étions passés au repas.
Après l’entrée de foie gras plus que délicieuse dont j’avais dû m’empêcher de reprendre par pure gourmandise, nous étions passé à la dinde qui avait survécu à nos chamailleries et notre équipe plus que bancale dans la cuisine.
— C’est vraiment délicieux. Vu tes maaagnifiques talents de cuisinier et ta folle envie de les utiliser tout à l’heure, je pense que je peux penser sans crainte de te froisser que tu as fait appel à un traiteur...
Ce n’était pas vraiment une véritable analyse, juste une petite pique pour rappeler le “délicieux” moment que nous avions vécu précédemment, au grand dam de mon amant.
— Il faudra le remercier, c’est incroyable. La viande est si tendre... d’ailleurs... Ça me fait penser que je n’ai pas répondu à ton compliment tout à l’heure, concernant ma robe.
Avec un sourire mutin, j’avais mordu dans un morceau de viande juchée en haut de ma fourchette que j’avais laissé en suspens, jouant un peu avec elle en l’observant.
— Je suis vraiment ravie qu’elle te plaise, j’ai eu beaucoup de mal à choisir la tenue adéquate... je voulais quelque chose qui aille avec la maquette du vêtement que tu m’avais montré.
J’avais fait un signe de tête en direction du costume qu’il portait actuellement et dont il m’avait montré le modèle avant sa confection lorsqu’il était venu un soir et que nous avions discuté de tout ce qu’il prévoyait de faire pour Noël.
— J’ai été un peu aidée et si ça te convient, alors je suis heureuse.
Je lui lançais un sourire timide avant de reprendre un peu de mon plat, réfléchissant à amener la suite de la façon la plus douce et mystérieuse possible.
— J’espère que tu ne m’en voudras si je te dis que je ne vais pas la porter toute la soirée... il y avait... autre chose que j’avais envie de te montrer.
Mon sourire se fit plus entendu tandis que nous continuions le repas.
— A ce propos... j’espère qu’on a un dessert cette année.
Je l’avais osé avec gourmandise. Nous étions ensemble depuis suffisamment de temps pour qu’il sache que je refusais plus que rarement devant un dessert quand il me restait de la place. Nous partagions cet amour de la gourmandise dans bien des domaines d’ailleurs.
— Non pas que celui de l’année dernière m’a déplu... au contraire... Mais si on peut avoir double ration, avec un dessert culinaire avant un autre type de dessert...
Mon sourire s’était fait plus grand, plus mutin et insolent aussi, tandis que je finissais mon plat. Le repas fini, je m’étais levée pour me diriger vers lui, entourant mes bras autour de son cou. Comme l’année précédente, je n’avais pas vraiment songé à débarrasser et connaissant l’animal, je savais qu’il avait bien plus prévu un service de nettoyage le lendemain plutôt que de mettre tout dans le lave-vaisselle ce soir, si tant est qu’il y eût un lave-vaisselle dans ce chalet. Picorant ses lèvres rapidement à trois reprises, je m’étais ensuite stoppé pour le fixer un instant :
— Je suis si heureuse de passer le réveillon avec vous deux. Même si le petit monstre n’est pas vraiment avec nous...
J'avais tourné le regard vers le berceau, sachant pertinemment qu’il me manquait plus qu’à Erwin mais je ne voulais ni y penser, ni m’en formaliser pour ce soir. Détachant mes bras de son cou avec douceur, je lui précisais alors :
— J’aimerai juste pouvoir faire une douche avant la suite de notre soirée. La journée a été longue, je sens que ça va me détendre.
Prenant une posture similaire à la sienne, ne me cachant pas d’une imitation grossière gorgée d’égo, je lui demandais alors :
— Tu penses pouvoir surviiiivre à mon absence quelque teeeemps, Trésor ?
Avec un petit rire, je déposais un baiser sur sa joue avant de disparaître dans la salle de bain, non sans ma trousse de toilette et de quoi me changer, tout en évitant soigneusement qu’il puisse le voir. Cela faisait partir de son cadeau de Noël, même si c’était une toute petite attention, je n’avais pas envie qu’il le voie avant l’heure. D’un pas léger, je m’étais dirigée vers la salle de bain pour m’y enfermée, me déshabillant aussi rapidement que me le permettait cette robe, attachant mes cheveux pour éviter de les mouiller. Je n’avais pas le choix, je devais me démaquiller mais cela me permettrait de refaire quelque chose de plus léger, tout en réajustant tout de même cette partie. J’étais plutôt assez fière de ma rapidité, me rassurant mentalement sur le fait que si les rôles avaient été inversé, j’aurai sans aucun doute eu le temps de m’endormir avant qu’il ne ressorte et après avoir rincer mon visage des plus grosses traces de maquillage, je m’étais engouffrée dans la douche.
C’était à ce moment-là que je l’avais entendu, ce cri strident qui me réveillait toutes les nuits depuis son accouchement. Cette plainte assourdissante qui annonçait à grand ramdam la faim d’Isaac. A croire que les bébés été programmés pour pleurer toujours au mauvais moment ou que mon fils avait un don inné pour cela mais c’était LOIN d’être la première fois que ça arrivait pour moi. C’était bien simple, depuis sa naissance, toutes mes douches avaient été chronométré à la seconde prêt mais pas ce soir. J’avais travaillé toute la journée dans le froid, j’étais crevée et on était la veille de Noël. Moi aussi j’avais droit à mon cadeau du soir et le mien, c’était de pouvoir faire ENFIN une douche digne de ce nom, ni plus, ni moins. Je ne demandais à vrai dire rien de plus alors ce n’était pas vraiment cher payé pour le petit monstre.
— ERWIIIIIN !
Comme je m’y étais attendu, il ne devait pas avoir bougé de sa place puisqu’Isaac continuait de s’époumoner.
— ER-WIIIIN ! Tu peux t’en occuper s’il te plaît ? Je suis sous la douche, je ne peux pas venir. J’ai laissé un des biberons dans le sac, il est à bonne température, il suffit de lui donner ! N’oublie pas le rot après, mets-toi bien un torchon sur l’épaule. Merciiiiii mon Amouuur.
Bon OK, j’avais un peu plus forcé que d’habitude sur la fin avant de rallumer brusquement l’eau pour l’empêcher toute réponse. Peut-être avait-il protesté, mais je ne l’entendais plus et nous savions pertinemment tous les deux de notre soirée qu’Isaac ait à manger. Quelques minutes après, mon fils avait arrêté de pleurer et je pariais donc sur le fait que son père avait trouvé le biberon et sa bouche et s’en sortait comme un chef. Poussant un soupir de soulagement et de détente, j’avais souris en sentant l’eau chaud glisser sur mon corps avec un véritable bonheur. Après quelques minutes de douche bien mérité, j’avais fini par me sécher, me remaquiller plus légèrement, me lâcher les cheveux et mettre la tenue que j’avais prévue pour la suite de notre soirée, tout autant accordée à la sienne sinon plus, elle-même sertie de quelques perles qui lui donnait aussi un aspect travaillé et brillant. En la voyant en vitrine d’une boutique de lingerie fine, j’étais tombée immédiatement sous le charme. La robe restait chic, sobre, sensuelle, tout en étant pourtant de la lingerie tant le tissu était fin. Il n’était pas question de porter autre chose en dessous mais elle laissait entrevoir juste ce qu’il fallait pour émoustiller tout en cachant le principal, par pudeur sans doute. Ça m’avait coûté un mois de salaire mais en m’observant dans le miroir, un sourire était venu élargir mes lèvres, me confortant sur le fait que j’avais fait le bon choix et que tout ceci avait valu le coup. Après un dernier instant, j’étais sorti avec douceur de la salle de bain.
Même s’il ne pouvait pas encore me voir, je pouvais percevoir une partie de la silhouette d’Erwin, assis sur le canapé. Isaac semblé avoir mangé et était de retour dans son berceau.
— Je vois que tu t’es débrouillé comme un chef...
Je lui avais dit avec amusement et douceur, le laissant tourner à loisir la tête vers moi pour observer ma nouvelle tenue. Je portais toujours le collier, vestige de ma tenue précédente. J'étais resté un instant en suspension, lui laissant le loisir de découvrir avant de préciser d’un ton badin, bien que sincère :
— J’espère que tu n’es pas déçu du changement... Quitte à m’aventurer dangereusement sur les terres du Roi de la Nuit, à cause d’un simple baiser... autant ne faire qu’un avec lui... s’il en convient bien sûr, je ne force à rien...
Je lui avais lancé un sourire tendre avant qu’un petit son de bouche et de gémissement me fît tourner la tête en direction du berceau. De là où j’étais, je ne voyais pas vraiment mon fils mais apercevoir par moment ses pieds et ses mains m’annonçait qu’il était réveillé et qu’il gesticulait même furieusement. En m’approchant, je constatais que ses petites jambes bougeaient à toute vitesse, comme s’il faisait du vélo dans les airs et cela avait l’air de l’amuser furieusement puisque tous ses petits sons n’étaient que des exaltations. Attendrie par le moment, je m’approchais pour le prendre un instant dans les bras, constatant qu’il lui restait un peu de lait à la commissure des lèvres, sans doute dut à un petit reflux par son agitation.
— Et bien alors mon petit P... Monsieur !
Il m’arrivait de l’appeler affectueusement “mon petit prince”. Pas parce qu’il était le fils d’Erwin, mais par simple sentiment. Un surnom loin d’être rare, plutôt répandue dans ce monde et cette époque, même si la démocratie c’était érigée dans bien des pays. Pourtant, alors que je le prononçais, je me souvenais de QUI était dans la pièce. Quelqu’un qui l’aurait sans doute considéré autrement ce surnom, avec froideur et mauvaise humeur, alors que je savais pertinemment que tout ce qui était question d’héritage royal n’était absolument pas à l’ordre du jour. Et l’idée même de l’énerver en cette soirée était tout sauf ce que je voulais. Après avoir ressuyé sa bouche, Isaac avait attrapé une mèche de mes cheveux de sa petite main et s’en gaussait sincèrement avant de les approcher de sa bouche :
— Non... non non non !
Lui reprenant vivement la mèche des mèches, j’avais fondu sur son cou pour le dévorer de bisous avec un rugissement qui avait le don de le faire rire.
— Coquin ! Allez mon cœur la nuit n’est pas fini, il faut faire dodo. Je sais, c’est une soirée un peu particulière pour toi mais tout de même. Je vais d’ailleurs te mettre un peu plus au calme.
Le reposant dans son berceau, j’avais déplacé celui-ci jusqu’à une petite chambre dans laquelle nous n’étions encore jamais entré. Elle devait faire office de bureau, de chambre d’ami ou je ne savais quoi mais elle serait parfaite pour cette nuit, pour permettre à Isaac d’être plongé dans le noir, le calme, au plus profond de ses songes. Après un tendre baiser sur sa joue rebondie, j’avais éteint la lumière et refermé la porte contre le cadre de la porte, de sorte à tout de même l’entendre en cas de soucis. Récupérant son babyphone dans mon sac, je l’avais allumé, déposé une partie dans sa chambre et l’autre sur la table avant de me diriger avec douceur vers Erwin, me posant devant lui, toujours debout, le sourire aux lèvres, tout en précisant à voix basse, à pleine plus haute qu’un murmure :
— Je crois que nous en étions à savoir ce que tu pensais de ceci...
Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »
| Avatar : Rufus Sewell
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)
| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre | Dans le monde des contes, je suis : : Preminger
« ChristmasWishes hiding in your heart, What is yours? "
La soirée avançant bien, ils étaient passé au repas, dont Alexis avait rapidement loué la qualité. Elle avait même agrémenté son compliment d’une petite pique sans méchanceté, sur l’intervention évidente d’un traiteur. Il opina, roulant des épaules un peu théâtralement :
- « Je ne le nie pas. J’excelle dans nombre de domaines divers et variés, mais je dois concéder en savoir fort peu sur l’art culinaire. C’est un choix. Bien évidement, si j’avais daigné m’y intéresser, je serais sûrement grand chef étoilé, depuis longtemps... »
Il ponctua cette affirmation d’un petit rire, semant le doute sur la nature de son propos. Simple plaisanterie ou arrogante certitude quant à ses aptitudes ? Disons, pour lui, une vérité habillée d’humour. Il savait que depuis fort longtemps, ce qu’il touchait se changeait en or. N’était-il pas naturellement doué ? Et, certes, de manière, non négligeable, dénué de scrupules… ce qui aidait aussi.
– « Curieuse ou habile transition, je ne saurais le dire... » répliqua-t-il dans un gloussement lorsqu’Alexis enchaîna d’un compliment sur la tendresse de la viande au sujet de sa tenue. « Elle le complète plus qu’elle ne suit, et c’est parfait ainsi. Une scintillante étoile sur un ciel bleu d’encre, dirai-je… La personne qui t’y a aidé a su trouver l’exact éclat… Tu peux être heureuse de cette trouvaille, effectivemeeent.»
Il compléta son propos d’un regard pénétrant, intense, en réponse à son sourire timide, sachant par là qu’il l’intimiderait. Ainsi, il était. Soleil brûlant. Soleil retord. Alors qu’elle poursuivait, Erwin leva un sourcil à son approche « mystérieuse » puis gloussa lorsqu’elle enchaîna :
– « Je comptais bien ne pas m’en contenter… Disons qu’aussi jolie soit-elle, elle sera bien moins de circonstance dans quelques temps » ronronna-t-il en glissant son regard de son visage pour détailler ce qui, de sa tenue, dépassait de la table, en profitant pour porter à sa bouche un morceau de viande. Il prit le temps de le savourer avant d’exhaler « Morceau de choix… Comment pourrai-je me plaindre si en plus, trésor, te voilà décider à me surprendre… Voilà qui est particulièrement...exciting. »
Une oeillade ponctua sa phrase. Il ne mentait pas… Son imagination prenait facilement le relai… Mais il refusait de se laisser par trop disperser par de telles pensées libidineuses. Ce qui ne l’empêcha pas de glousser lorsqu’elle enchaîna sur la question du dessert, rappel mémorable de leur fin de Noël précédent. S’il muselait encore ses sens, ceux d’Alexis semblaient être particulièrement à vif.. Cela ne le surprenait pas : il était sublime.
– « Décidément, trésor, tu as l’art des transitions ce soir… Je te rassure, il y en a bien un. Aussi appétissant qu’il est possible d’être… Et je ne parle pas de moi, enfin...pas seulement. »
Il se pris à rire, l’observant avec gourmandise. Oui, il devait l’admettre, il refusait lui-même, rarement un dessert de quelque sorte qu’il soit. Mais notamment, dans son sens le plus strict et évident. Évidemment, s’il arrivait à satiété avant, il s’en dispensait avec aisance et sans la moindre frustration. Mais, il veillait souvent à se permettre ce cher en-cas. Son sourire avait rencontré celui d’Alexis, insolent. Preminger appréciait particulièrement ce dernier. L’air mutin, un peu espiègle qui illuminait son visage. Là où sa pureté se corrompait un peu. Cela faisait partie d’elle et le rapprochait de lui, une pointe d’exubérance gracile, qui la rapprochait de l’image d’un petit farfadet, d’un lutin moqueur et joueur. Lorsque ce sourire fleurissait sur les lèvres de la brune, s’annonçaient de charmantes complicités. Ils avaient terminé le repas, continuant à plaisanter ensemble, jusqu’à ce qu’il repose sa serviette sur la table, dans un soupir satisfait de saciété. Les bras de la jeune femme étaient venus promptement enlacer son cou, alors que sa tête se déposait sur la sienne, dans une pose d’apaisement. Il la laissa faire, dans un plaisir réel d’une caresse douce et agréable. Levant la tête vers elle, il surprit son visage délicat et mutin, avançant les lèvres pour l’inciter à y déposer les siennes. Alexis les embrassa une fois, y succomba une deuxième, puis une troisième fois, par de baisers rapides , trop soucieuse de ne pas s’y laisser entraîner davantage au risque de ne pouvoir s’en relever. Le piège était connu, le poison délicieux. Il décida même de l’y aider, reculant un peu le visage pour l’empêcher d’effectuer plus de démonstrations d’affection qu’elle risquait de s’y perdre. Elle en profita pour détailler son visage, avant de n’échappe de ses lèvres, un remerciement à propos du réveillon qu’ils vivaient ensemble… Oui, il le voyait, elle était heureuse. Rayonnante, même. « Avec vous deux » avait-elle dit. Terrible, mais il en avait presque déjà oublié l’existence de l’Erreur et sa présence dans ces lieux, encore plus. Décidément, la marmaille avait le bon ton de ne pas se faire remarquer. Comme quoi les racontars se révélaient vrais, ces êtres se contentaient de manger de dormir indifféremment pendant les premiers temps de leurs existences. A peine plus éveillés à la vie que des poupées de chiffons… Il eut envie de préciser à Alexis qu’il ne pouvait se plaindre que l’Erreur ne soit pas avec eux, autant qu’elle pouvait le désirer. Se retint. En réalité, elle devinait, maligne, déjà bien assez son sentiment sur la question… pourquoi ternir ce moment en le formulant ? Aussi, se contenta-t-il de lui sourire, répondant davantage à sa joie qu’à cette remarque. Il opina, néanmoins, du visage lorsqu’elle lui fit par de son envie de prendre une douche.
– « Je ne doute qu’il y a ici d’autres moyens qui te permettront d’accéder à la décompression… » sourit-il avant de hausser les épaules, « Mais si tu désires prendre une douche, prends donc une douche… Qui serai-je pour te le refuser ?… Fais donc mon joli trésor, et reviens-moi vite… Ma patience est longue...»
Il n’était pas idiot. Il se doutait que cette « détente » cachait bien davantage que le simple plaisir de s’apaiser d’une journée plutôt tendue par l’eau. Qui quitterait une si charmante soirée en sa si brilante compagnie pour cela ? Seulement une personne inconsciente qu’Alexis n’était pas. Cette décision laissait sûrement présager… un changement de tenue. Il fit cependant mine de ne rien en laisser percevoir, retenant le reste de ses commentaires. C’était Noël, elle pouvait bien mener sa surprise jusqu’à son terme avec l’impression d’une surprise complète… Elle n’en serait que plus disposée et ravie de l’efficacité de son stratagème. Et il devinait que la surprise avait pour but de les entraîner sur des routes plus ardentes que la chaleur diffuse de la pièce… Alors qu’elle se détachait de lui, ses yeux bleus espiègles se déposèrent sur lui, alors qu’elle se mettait à singer :
— Tu penses pouvoir surviiiivre à mon absence quelque teeeemps, Trésor ?
C’était une bien pièèètre imitation de lui-même, à n’en pas douter, mais cela releva, néanmoins, la commissure de ses lèvres dans une grimace sarcastique et amusée.
- « Ne t’en fais pas pour cela, Trésor, tu me laisses avec la meilleure des compagnies possiiiible! » répliqua-t-il du tac au tac, son rire rejoignant le sien.
Alexis baisa sa joue, gratifiant cette dernière d’une énième attention avant la séparation qu’elle amorçait. Il détourna la tête, une fois que cette dernière fut reculée, faisant mine de s’intéresser au miroir qu’il tira de sa poche et non à la manœuvre à laquelle elle se livrait. De toute façon, il ne désirait pas savoir et son reflet possédait quelque chose d’ô combien fascinant pour capter son attention et la ravir pour les prochaines minutes. Il revérifia sa mise, bien plus par gourmandise de pouvoir se congratuler quant à sa remarquable mise en beauté et se perdit rapidement et facilement dans cet exercice si familier et pourtant si, à jamais, inlassable. Si Preminger se lassait de tout, il y avait une seule chose dont il ne s’était jamais lassé : lui-même. Le Temps filait vite lorsqu’il était ainsi. Il rêvait à bien davantage que sa Beauté, songeait à ce qu’il avait obtenu, obtiendrait. Faisait l’état de ses victoires, de ses désirs, ses possibilités, dénigrait ses si rares blocages, orchestrait ses plans, savourait son moment, ceux déjà partagés et ceux qui viendraient, ensuite. Un puzzle consacré à LUI dont il ne pouvait s’ennuyer. Il était si profondément plongé dans les errances de son esprit, que cela ne le tira pas instantanément hors de ses pensées… Cela. Le cri. Que dire, le braillement plutôt de l’Erreur !
- « Tsss…»
Il laissa le son s’échapper avec une dose d’impatience entre ses lèvres, songea au coffre désagréable dont le petit être dodu était doté. Capricieux petit malotru. Tendant l’oreille, il tâcha de distinguer, derrière ses croassements aiguës, le bruit de la douche venant de la salle de bain. Avec un peu de chance, le prétexte d’Alexis était vrai sur toute la ligne et elle allait accourir dans les prochaines minutes au chevet de ce petit être sans défense… Au pire, aurait-il le temps de se lever pour feindre, ne serait-ce qu’un mouvement entrepris. Mais pas plus…
— ERWIIIIIN !
Non. Hors de question. Cette sorte d’appel n’appelait rien de bon. Il devinait trop aisément le tableau qu’il dépeignait déjà : une Alexis trempée et en « détresse » qui l’appelait, non pas pour l’aider à enfiler plus rapidement ses vêtements, mais pour qu’il pare à sa défaillance… Non, non que nenni. Après tout… La salle de bain était assez lointaine, il pourrait très bien affirmer qu’il n’avait pas entendu son appel… Mais pas les cris stridents de l’Erreur à moins de dormir d’un sommeil frôlant le coma.. Ce qui était peu crédible… Ses ongles tapotèrent le dos du miroir avec un agacement croissant tandis que le son semblait s’amplifier. Il suffisait de l’ignorer… Il finirait bien par cesser… Non pas qu’il prenait réellement au sérieux la possibilité d’un appel par simple envie de le voir se déranger, en PERSONNE. L’Erreur n’oserait pas. Et son sens de la réflexion n’était pas affutté au niveau d’un cheval… Non, ce bébé criait à s’en décrocher les poumons c’était donc qu’il manquait sûrement de quelque chose. Quel dommage, ils étaient deux. Puisqu’après tout, lui manquait cruellement de compassion. Il ricana seul face à son reflet, suite à ce merveilleux trait d’esprit, pinçant la bouche pour se donner le courage d’ignorer ce son lancinant, pour le moment. Il finirait bien par ne plus avoir assez de force pour s’époumoner à ce point. Au moins, souffrirait-il, ensuite... en silence. Même si... misère… Il lui cassait le tympan ! Mais que quelqu’un le fasse donc taire ! Que diable fichait Alexis ? Il reposa le miroir d’un geste sec, prenant néanmoins attention à ne pas lui causer le moindre choc, près à appeler la jeune femme, alors que sa voix lui revint, lointaine.
— ER-WIIIIN ! Tu peux t’en occuper s’il te plaît ? Je suis sous la douche, je ne peux pas venir. J’ai laissé un des biberons dans le sac, il est à bonne température, il suffit de lui donner ! N’oublie pas le rot après, mets-toi bien un torchon sur l’épaule. Merciiiiii mon Amouuur.
NON. Tout « mon amour » qu’il soit...il refusait de se déplacer. Qui plus est, il n’avait pas entendu la moitié des phrases de manière distincte, tellement le petit mioche s’en donnait à coeur joie… et il était hors de question de la faire répéter au risque de bien confirmer qu’il avait entendu. « Tais-toi, insolent lézard »… Ce petit costume d’Halloween lui allait à merveille, toujours à se faufiler, créant des fissures jusque là inexistantes dans un merveilleux moment.. Preminger se massa les tempes dramatiquement, dans un soupir. De son côté, Alexis semblait avoir continué sa douche… Il percevait le clapotis de l’eau au-delà de tout le boucan que produisait ce si petit corps… Mentalement, il la taxa de mère indigne, tout en sachant pertinemment qu’elle ne méritait pas ce quolibet. Peu importait, tout l’agaçait bien trop… Il n’irait pas. Un énième cri d’Isaac, le fit bondir de sa chaise et ses pas eurent tôt fait de le porter jusqu’au lieu du massacre… Il y était certes allé. « Je vais lui faire ravaler son cri !» s’écriait-il mentalement, furieux. Ses mains s’agrippèrent aux barreau du berceau tandis qu’il se penchait par dessus. L’Erreur était là… Toute rouge, criant tant et si bien qu’elle ne semblait même pas avoir remarqué sa présence. Quelle honte…
– « Regardez donc qui se vautre dans les jérémiades ! »maugréa-t-il avec dégoût au dessus du berceau. « Cesse donc ! A écouter, voilà un grand jour de disette...Un peu de tempérance, monsieur, sinon nul ne comprendra votre besoin. »
Cela ne le fit pas cesser. Il s’y attendait. C’était le simple plaisir de lui refuser ce qu’il désirait qui s’exprimait. Au-delà…. Il fixa l’Erreur ennuyé, plissant les yeux tant pour l’observer que pour lutter contre le début de migraine qui menaçait de l’assaillir. Il ne devait pas être souffrant ce jour. Surtout pas… Ce qui l’emmenait au nœud du problème. SI il respectait son désir primaire, il n’aiderait pas l’enfant. Pas un seul geste… Et il savait pertinemment qu’Alexis finirait bien par s’en charger… Mais s’il dépassait au-delà de cette arrogance cruelle, il convenait d’avantager d’autres désirs bien plus compréhensibles compte-tenu de la soirée qu’il avait envisagé de passer et son rebond du lendemain. Il doutait sincèrement que sa maîtresse, qui en plus d’un bon sens tangible, le connaissait parfaitement, avale l’excuse de la mauvaise compréhension de ses mots. Et quand bien même, elle serait sûrement des plus agacée qu’il n’ait rien fait. Oh bien sûr, il n’éprouverait aucune honte à l’admettre mais cela risquait de la placer dans de très mauvaises dispositions… De désagréables dispositions… Et il ne comptait guère sacrifier SA soirée au bénéfice de l’Erreur. Que le Ciel le foudroie sinon ! Ce qui signifiait… A quoi bon le verbaliser ou même le penser ? Il suffisait de le faire… Il avait fait tellement pire pour obtenir ce qu’il désirait. Et lorsqu’il songeait « pire », il ne pensait pas spécialement aux meurtres ou aux manigances, cela c’était l’amusante partie… Se penchant au-dessus du berceau, il entreprit de récupérer l’Erreur. Qui sans se contenter de gémir d’une manière atrocement cacophonique, s’agitait comme un petit diable… Qu’avait dit Alexis déjà ?… Il pivota, cherchant des yeux le sac de la jeune femme. A quoi bon se charger d’un encombrant et tonitruant paquet sans avoir en main l’instrument de sa libération…
- « Méprisable vaurien, je te ferais taire, dusses-tu t’étouffer en engloutissant le pis d’une vache ! » grommela-t-il distinctement avant de pivoter.
Il récupéra l’objet avec rapidité, le trouvant rapidement, s’empressant de revenir rapidement au chevet de l’enfant…
- « Ce lit que je t’ai offert mériterait d’être le lieu de ton trépas » persifla-t-il à l’adresse de l’Erreur.
Autant que cette chère Erreur sache exaaactement ce qu’il pensait de toute cette grotesque situation.Ce dernier s’agitait tant que ça en était ridicule… Ses joues étaient écarlates et ses yeux fermés à trop s’époumoner. Comme cet état était pitoyable… Etait-il maltraité ? Que nenni ! Il démontrait seulement l’inutilité de chaque enfant, au-delà des regards énamourés décernés par ceux qui croisaient ces humains de taille réduite. Aussi inutile qu’une poupée mais avec des désagréments non négligeables ! S’abaissant, Preminger le tira du lit, prenant malgré tout garde à ne pas trop l’abîmer. L’ancien ministre avait beau être particulièrement indifférent à la manière de s’occuper d’autrui, il n’était pas, pour autant, novice en la manière de porter un enfant… Tout aussi tentant que pouvait être cette perspective, il ne fallait pas provoquer son mutisme définitif. Aussi, il ne le tira pas non plus par le pied comme l’Erreur l’aurait mérité, préféra le saisir en dessous des bras de manière à le maintenir suffisamment éloigné de lui. Fort heureusement, l’instinct d’Alexis était le bon. Cela semblait effectivement être causé par la seule faim… Il refusait catégoriquement de changer une couche. – « Tout ce misérable cirque pour du lait ». proféra-t-il en fronçant le nez. « S’il ne tenait qu’à moi, tu hurlerais jusqu’à ce que tu ne le puisses plus et seulement là, maybe, je t’accorderai ce lait que tu désires tant… Et pourtant crois-moi, je sais que tu ne fais pas semblant… »
L’Erreur continua de hurler sans outre mesure… Dans d’autres circonstances qui n’incluaient pas un braillard bambin à proximité, Erwin aurait pu être outré que le petit être ne semble faire aucun cas de sa présence. Se voir porter par lui ne semblait même pas avoir été remarqué. Par LUI. Un Roi ! Un monarque ! Ou alors peut-être était-ce la raison pour laquelle il ne s’était pas apaisé… des bras autres que sa mère... Ou alors, était-il sottement programmé pour hurler jusqu’à l’obtention de sa satisfaction… Preminger s’en moquait et pour ainsi dire…il souhaitait surtout que ce braillement cesse. Portant le nourrisson jusqu’au fauteuil, il recula le plaid pour s’y asseoir, se hâtant de fourrer, dans un même geste le biberon dans la bouche de l’Erreur. Ce qui provoqua une transformation immédiate. Là où un fauve déchaîné se tenait encore une seconde plus tôt, ne subsistait soudainement plus qu’un petit être glouton tétant comme un forcené sur le biberon… Toute trace de colère s’atténuait déjà, chassant la rougeur progressive de son visage de chérubin. Alors que sa bouche attirait, suçait avec une avidité désespérée, l’Erreur ouvrit les yeux, les déposant pour la première fois sur les siens, chargés de condescendance. Ses iris jadis bleus ne possédaient désormais plus rien de cette teinte mais davantage une couleur que Preminger connaissait davantage que personne tout en n’ayant jamais eu l’occasion de la découvrir d’une autre manière que dans un reflet. C’était...perturbant. Il se crispa un bref instant, le sentant frêle et fragile entre ses bras qui l’accueillaient sans lui offrir pourtant le cocon que l’Erreur désirait. Il se demanda s’il le ressentait… Il supposait que oui. De prime abord, il le scrutait les yeux ronds comme des billes, mais son attention semblait bien davantage focalisée sur le lait qu’il aspirait et déglutissait à une vitesse folle comme privé de nourriture depuis des jours. Si seulement !
– « Vilain petit geignard. Sois reconnaissant de cette fleur…Ce n’est pas tous les jours, que le Roi, en personne fera ceci. »
Comme pour le défier, l’attention du petit semblait définitivement lui échapper, son attention dérivant doucement et progressivement à droite, vers le confortable fauteuil où l’ancien ministre s’était installé. Agacé, il tira un peu sur la tétine du biberon l’ôtant presque de la bouche de l’Erreur. Comme pressentant le « risque » ce dernier se mis à téter avec une vigueur panique, aussi promptement qu’un moteur.. Cela eut pour effet de faire esclaffer méchamment son paternel qui lui réoffrit l’objet avec aisance pour mieux répéter l’expérience. Une fois… Deux fois.. Plusieurs fois d’affilée. L’Erreur était tellement concentré dans l’envie de ne pas perdre son lait qu’il ne prenait même pas la peine d’hurler à nouveau… C’était l’excellent moyen de lui faire payer son affront : jouer avec ses émotions. Erwin ne doutait pas une seconde qu’il se serait fait conspuer si Alexis s’était trouvée sur place, mais elle n’était guère là…
– « Seriez-vous en détresse, mon cher ? » ricana-t-il en enfournant une nouvelle fois le biberon dans la bouche du nourrisson. « Vous semblez avoir la plus grande difficulté à maintenir ce biberon en bouche, n’est-ce pas ? »
Il aurait pu s’en amuser infiniment… Cela permit au moins à l’enfant de ne plus le quitter des yeux lorsqu’il se décida à cesser son petit jeu. Il le surveillait avec une intensité nouvelle, suçotant son biberon avec une intensité nerveuse. Néanmoins, il semblait se détendre… puisqu’il… émettait même des sortes de petits sons de contentement. Preminger pencha un peu la tête, les sourcils froncés à destination de l’Erreur. Non ce n’était pas le fruit de son imagination… Ce n’était pas la première fois qu’il le percevait. Il avait déjà pu en être spectateur lorsqu’Alexis lui donnait le sein. Il avait supposé que cela témoignait du côté confortable du moment passé avec sa mère… Fallait-il en déduire qu’en dépit de tout...il appréciait cet instant ? Il observa un bref instant les billes dorées de l’Erreur fixées sur lui, observant ses joues se gonfler et se désenfler au fur et à mesure de ses aspirations… Non. Ce n’était pas la personne en elle-même… C’était seulement le fait de se nourrir, sûrement.
– « Vile créature... » Murmura-t-il avec un sourire cruel. « Si l’on te présente de la nourriture, tu mangerais dans n’importe quelle main ».
Était-ce un réel défaut venant d’un homme qui s’était incliné, prosterné et avait même rampé comme une carpette pour obtenir ce qu’il voulait. Pas nécessairement. Mais il savait que ce trait s’éclipserait avec le Temps. Lorsque l’Amour que sa mère lui témoignait l’aurait absorbé de sa bienveillance. Nonobstant cela, l’Erreur demeurait assez paisible une fois rendu silencieux. Preminger n’était guère aux anges de tenir à nouveau cet enfant dans ses bras, mais au moins, il possédait le bénéfice d’être encore suffisamment léger et peu encombrant. Un poids aussi conséquent qu’un carton de taille moyenne peu gigotant et peu crasseux… A ce sujet… Lui qui avait relevé la tête un bref instant l’abaissa à nouveau sur le bambin, tandis qu’il se remémorait ce qui survenait APRÈS le biberon… Une moue écœurée fleurit instantanément sur son visage. Non… non… Son regard balaya au lointain, cherchant des yeux l’ombre d’un tissu… Hors de question qu’il fasse ça sur SON splendide costume… Ses mains farfouillèrent plus proches, là où ses yeux fouillaient déjà. remarquant dans le même temps que l’Erreur tentait à présent de dessouder ses lèvres du biberon…
- « Non tu l’as voulu...tu bois, maintenant »
Il maintint avec un légère pression la tétine, le Temps de se saisir de la plaid et de la jeter par dessus lui, s’en parant comme une cape. Une fois cette démarche avec élégance effectuée, il délivra l’Erreur de sa prison. De toute manière le biberon était vide… Glouton. Avec un appétit pareil, il serait bientôt semblable à un petit tonneau… Il ramenant un coussin prêt de lui, il entreprit de lever le bambin avec mauvaise grâce.
– « Ciel que ces tâches sont ingrates. Tout juste bonnes pour les nourrices. De mon Temps, on savait à qui incombait ces viles tâches ! Rappelle-moi de te confier à Bernadette à l’avenir. Si seulement elle pouvait t’adopter, vous avez tant de choses en commun.».
Hors les yeux. Avec ses bajoues rebondies et cet air replet de plénitude, oui… Il le redressa, l’ôtant de sa position allongée pour le maintenir par dessous ses aisselles. Le hoquet qu’émit l’Erreur le fit se hâter de le déposer rapidement par delà le coussin, le buste droit, accolé à l’objet… Hors de question qu’il se fasse régurgiter dessus, quelle ignominie ! Il en tremblait déjà. L’Erreur était déjà si misérable, hors de question qu’il n’en devienne peu ragoutant. Aussi guindé et profondément hautain et méprisant que son visage pouvait être en exécutant ces tâches ingrates, Preminger n’en demeura pas pour autant peu précautionneux. Une seule erreur, un seul geste mal exécuté par la hâte ou le dégoût et sa remarquable tenue en serait à jamais ruinée. Sans compter du ressentiment qu’il ressentirait qui achèverait bien avant l’heure cette admirable soirée. Aussi soignait-il ses gestes, alors qu’il plaçait le petit corps mou de l’Erreur, tapotant comme il convenait, singeant les gestes d’Alexis et ceux qu’il avait pu percevoir dans son errance précédent la Cour et le Prestige. L’Erreur ne rouspétant pas, n’émit qu’aucun cri, il semblait s’être raidi au contact du coussin et de l’épaule qu’il protégeait. Qu’il se dépêche donc malgré tout, il ne comptait pas y passer toute la soirée… ET… Cela finit par arriver. Un son sec et pourtant plus prolongé que les autres fois, créant automatiquement un hoquet de dégoût chez son paternel. Erwin n’osa même pas le reculer promptement, de peur que cela se reproduise… Il y avait… bien plus fait qu’ordinairement… Visiblement l’air dans ses poumons était plus conséquent que les autres fois, ou alors il partageait avec lui ce dégoût réciproque… Puisqu’il était évidement, IMPOSSIBLE qu’il ait pu mal faire, ne serait-ce qu’une miette de cette performance exténuante et désagréable !
- «Peste ! » émit-il dans un soupir rageur, sans cesser néanmoins de tapoter le dos de l’Erreur. « Allez, tant à ruiner cette pauvre étole, presse-toi donc… »
L’Erreur semblait, cependant, avoir terminé… Après une longue minute d’attente précautionneuse, Erwin ramena son visage par devant lui. Le bambin l’observait à présent avec une concentration un peu curieuse et défensive. Non dirigée pourtant par de la peur. Bien davantage de la perplexité. Il le tenait si rarement en main quand bien même il se trouvait souvent dans la même pièce que lui qu’il devait être désarçonné…
– « Tu me contemples ? Comme je te comprends… Il n’est pas commun de se tenir si prêt de l’Excellence..Et d’être si honteusement présentaaable. Mais tu t’y feras, je n’attends rien de toi, en termes de prestige, pour être honnête.»
Il s’était mis à sourire, plus à lui-même qu’au marmot qui le regardait pourtant avec attention, clignant de ses petits yeux. Une poupée de porcelaine, auraient proféré certains en se pamant. Une poupée de porcelaine, oui, ni plus, ni moins. Recalant le petit être dans le bras de son bras gauche, il se débarrassa de l’autre du plaid qui pendait encore par dessus son épaule, dans une moue de dégoût. Repliant précautionneusement l’étole, il la fit glisser jusqu’au plancher, refermée, puis dégagea le coussin au même endroit. Tout ceci saurait attendre. A nouveau allongé, l’Erreur ondoya comme cherchant une position confortable pour s’y lover, arrachant un ricanement à Preminger :
- « Serais-tu donc naïf au point de songer t’installer durablement ici ? Que nenni très cher. En toute sincérité, little mistake, je ne suis pas bon pour toi, ni pour personne. Que veux-tu… Tout le Monde ne possède pas la trempe pour devenir Roi... »
Il entreprit de le ramener, tout chantonnant… Progressivement, des paroles se mêlaient à l’air qu’il composait au hasard, au gré de son avancée, les chantant à voix basse, tout en conduisant l’Erreur jusqu’à son berceau : - « All over the world ranks and families are perpetuated, if you are a peasant, you are born to serve If you are king, they were born to obey you and multiply, because, you see, it has been like this since the dawn of time. 'Cause that's just the way the world works And of which it will be perpetuated, always it turns 'Cause that's how the world should work As the Sun makes it turn
Only those who don't back down from anything can claim it Malice and duplicity are necessary to always win They will think of working for them by working for Me they form the king's favorite human chain I threw morality, I stole the dice, now watch them dance... Because I stole the dice, my little puppets, now I watch you dance… I threw morality, I stole the dice, now watch them dance... Because I stole the dice, my little puppets, now I watch you dance... 'Cause I threw the morals, stole the dice, how could they refuse? 'Cause I threw the moral, stole the dice, soon how could you refuse?
C’était avec un sourire déplaisant et triomphant que Preminger avait stoppé sa chansonnette, proférée à mi-voix, par aller retour du berceau au miroir, sans oublier de jeter sur la poubelle la plaid souillée par les régurgitations de l’Erreur. Il aurait fort bien pu la jeter aux flammes, mais il craignait que la fourrure ne distille un parfum trop agressif pour la douceur qui régnait dans la pièce… Néanmoins, du fait de ce lamentable accident...le salon ne possédait plus d’autres plaids..quoique après tout, souffrir du froid n’était pas ce qu’il craignait. Le Noël précédent avait parfaitement éjecté ce risque… Profitant de quelques minutes de repos bieeeen méritées, il s’était servi un nouveau verre de vin qu’il sirota sur le canapé, en profitant pour dénouer très légèrement sa chemise et ôter sa veste. Le cliquetis d’une porte refermée avec douceur l’alerta sur le retour de son cher trésor. Après ces intenses minutes, il espérait sincèrement que son pressentiment s’avérerait réel… Mais comment cela ne le serait-il pas ? Quand bien même, il plongea à nouveau ses lèvres dans le vin, feignant de ne pas avoir remarqué sa venue jusqu’à ce que celle-ci ne se glisse dans son champ de vision. A cet instant, seulement, alors s’autorisa-t-il à guider son attention vers sa silhouette. Fidèle à sa décision, il laissa un filet de « fausse surprise » s’inscrire sur son visage, vite remplacé par l’intérêt que suscitait sa nouvelle tenue.
— Je vois que tu t’es débrouillé comme un chef… – « Tu en doutaiiis ? » il le demandait avec une arrogance, qui bien que réelle, se cherchait surtout caressante. « Il a bu à sa soif, cela va s’en dire. »
Son regard restait néanmoins sur le nouvel apparat de la libraire avec une satisfaction non déguisée. Si la robe d’argent était d’une élégance rare, celle-ci était une œuvre d’art dans tous les sens du terme. Il en distingua l’onérosité d’instinct. La broderie ne servait pas la tenue, la broderie ETAIT la tenue. Chaque parcelle, chaque recoin avait fait l’objet d’un travail d’orfèvre et fantasque, personnifiant le fantasme raffiné. Son coût devait être encore plus conséquent que la tenue qu’elle avait arborée l’entièreté de la soirée publique...ce qui révélait le cadeau qu’elle représentait. Et au-delà de cela… les coins de sa bouche s’étaient relevé en un sourire carnassier alors qu’elle poursuivait, faisant référence à leur jeu du soir, s’aventurant plus en amont dans l’usage des sous-entendus. De toute évidence, elle souhaitait ardemment lancer les hostilités ou tout du moins, les éveiller. Il croisa les jambes, se sachant particulièrement scruté, faisant traîner le moment où ses lèvres s’ouvriraient pour lui offrir un commentaire..
– « Tu as bien fait de conserver le collier… » décrêta-t-il avant de s’octroyer une nouvelle gorgée d’alcool « Au-delà du symbole... »
Il s’apprêtait à en dire plus. Mais un son de bouche et de gémissement qui n’était émis par aucun d’entre eu tôt fait d’arracher la brune à son attention. Déjà, elle se précipitait au chevet de l’Erreur, le laissant presque pester silencieusement ! Au moins, cela lui permis juste d’admirer l’aimable coupe qu’avait le vêtement de cette dernière et sa totalement transparence qu’il devina. Qu’avait-il encore ? Désirait-il prendre un bain de neige pour lui remettre les idées en place… Preminger agita son pied, d’agacement. Certes, il n’était pas endormi, mais qu’y pouvait-il ? Il aurait du l’assommer dès sa première crise. Et cette certitude se confirma lorsqu’Alexis entreprit de prendre l’Erreur dans ses bras chargés de longues manches, sûrement attirée par son chahut.
— Et bien alors mon petit P... Monsieur !
L’ancien ministre sentit l’un de ses sourcils se lever d’instinct, alors qu’il plaquait sa main gauche sur sa bouche pour étouffer le gloussement mesquin qui menaçait d’en sortir . Tout autant qu’elle ait tenté de le dissimuler, il avait parfaitement compris ce qu’elle avait manqué de dire. « Mon petit prince ». Cet enfant n’avait que si peu d’un prince que cela en était risible. Tout juste, sa bouche se tordit en une mimique torve, ses yeux incandescents ne quittant pas l’enfant gigotant. Visiblement sa chanson n’avait pas eu l’aspect apaisant escompté… Mais au moins, ça l’avait vivifié:
– « Tu vois, trésor, il se porte comme un charme.. »
Et en un vrai petit diablotin, puisque de sa main il tentait de porter une mèche de cheveux de sa mère à sa bouche… Preminger laissa échapper un soupir lassé, tapissé d’indifférence. Déjà ? Il ressentait déjà l’envie de manger autre chose, toute satiété trouvée ? Il cherchait seulement une miette d’attention. Alexis était tombé dans son piège couvrant l’enfant de baisers, et il contempla ce charmant panorama, avec une tranquillité glaçante. Incroyable comme certains ressentaient cette profonde affection pour leur progéniture. Le coeur d’Alexis débordant d’amour, cela n’avait pris aucune difficulté pour en fabriquer pour ce petit être. Et il semblait qu’il lui rendait bien. Tant mieux… Au moins, était-il digne en cela de sa mère et tenait d’elle. Finalement, après un temps de câlins et de babillages partagés, Alexis s’était chargée d’éloigner définitivement l’inopportun. Il la laissa s’en occuper, en profitant pour se couler avec davantage d’élégance dans le sofa, l’attendant paresseusement à moitié accoudé. Puis, non sans avoir pris le temps de déposer, en revenant de la chambre, le babyphone sur la table basse du salon, sa maîtresse avait pointé le bout de son nez futé jusque devant lui, un sourire engageant sur ses lèvres pleines :
— « Je crois que nous en étions à savoir ce que tu pensais de ceci... »
Même sa voix avait pris une tonalité plus basse, s’engageant dans la voie de la sensualité. Il trouva cette entreprise amusante et charmante, cette volonté, presque, de gommer l’interruption de l’Erreur pour les replonger dans le moment précédent.
– « Oh tu crois ? » souffla-t-il, en adoptant le même stratagème, son souffle caressant le dessus de son verre figé à quelques centimètres de ses lèvres « Je me rappelle que tu avais formulé cette question en m’interrogeant sur ma déception éventuelle à ton changement de tenue… Disons que j’ai bien eu davantage l’occasion de profiter d’observer la précédente. Pour savoir à laquelle va ma préférence et comprendre pourquoi la tienne va à celle-ci, il convient de me démontrer en quoi celle-ci la surpasse, n’es-tu pas d’accord ? »
Il but une nouvelle gorgée de son verre, lécha une goutte imaginaire qui se serait attardée sur sa bouche, les yeux ironiques. Il vit le regard d’Alexis s’attarder sur son geste. Lui sourit ensuite, dans une moue provoquante.
- « Tourne-toi un peu. Je t’avoue que ta virevolte précédente était bien trop alerte et prompte pour me permettre de prolonger ma constitution d’opinion à l’égard de cet apparat. Qui je le reconnais, est un joyau de broderie, cela va s’en dire… Alors, tourne-toi un peu...lentement ».
Il leva sa main libre, mimant le geste qu’il attendait d’elle, une pointe de vice sur le visage. Elle s’exécuta, comprenant le jeu, se soumettant au jugement de son regard enhardi. Ce n’était pas une robe de chambre ou de ces nuisettes de dentelle coquin ô combien ordinaires. C’était une exacte robe transparente aux manches immenses parsemée d’arabesque complexes. Oui, c’était un très beau travail d’orfèvre qui dépassait même entièrement la beauté de la robe elle-même, elle semblait avoir été cousue à même le corps, moulante et suggestive sans tomber dans la vulgarité et l’outrancieux. Une tenue qui aurait eu, sans nul doute, un franc succès à la Cour… L’arrière de la robe, comme il avait eu le temps de l’apercevoir lorsqu’elle s’était précipitée à la rescousse de l’Erreur - contrairement à ses dires- n’était pas en reste. Elle fuselait la taille, s’élargissait, soulignant ses formes, révélant bien davantage que la blancheur de sa peau mais ses fesses nues tout juste couvertes du voile transparent. Glissant jusqu’à ses pieds, le vêtement se terminait en traîne. Alexis se retourna et il se permit alors d’étudier le devant, l’encolure travaillée qui entourait son cou d’un amoncellement de broderies libérant néanmoins sa poitrine dans un décolleté plongeant que mettant en valeur de le Coeur de l’Océan. Pour le reste, la dentelle ne dissimulait que les points stratégiques de chaque zones indécentes, tout en n’omettant rien de leurs contours et lignes, de la rondeur des cuisses jusqu’à la volupté soulignée de sa poitrine. L’ensemble demeurait élégant et sophistiqué, une pièce de mode à part entière. La manière dont elle avait terminé sa mise en beauté, dans le naturel et la simplicité marquait clairement l’usage qu’elle souhaitait faire d’une telle pièce : une chose portée dans l’intimité tendant à la complicité. C’était presque dommage… Portée avec assurance, cette tenue pouvait être ô combien fascinante en soirée, surtout lorsqu’on savait pertinemment à qui elle était, réellement, destinée. Si l’on se paraît de fond de robe. Mais cela même nécessitait une réclusion totale de la pudeur. Enora était parfaitement à l’aise avec son corps, ce qui l’avait conduit, à n’en pas douter, dans des endroits pour le moins...ambivalents. Mais ceux-ci vivaient d’un commerce particulier où les clients se rendaient pour une prestation précise. La pudeur n’avait rien à faire dans ces lieux. Dans le vaste monde, en revanche, cela demeurait autre chose.
– « Huuum… Je dois dire que l’ensemble est pour le moins des plus... » il mis sa déclaration en suspend, faisant mine de chercher un mot précis, le laissant en réalité flotter au bord des lèvres « ...audacieux. Viens donc plus près, pour me permettre d’en voir les détails… »
Il lui tendit la main l’attirant jusqu’à lui lorsqu’elle lui tendit, l’incitant à s’asseoir à demi sur ses genoux. Il gloussa un peu, la sentant se rapprocher, apposer ses cuisses sur les siennes. Reposant le verre sur la table non juste à côté, il déposa sa main désormais valide sur le haut de son épaule gauche, caressant la tulle transparente avec délicatesse, laissant son autre main entourer ses hanches pour s’incruster dans le bas de son dos. Il laissa ses yeux contempler la finesse du tissu et ce que cette nouvelle position laissait désormais bien plus qu’entrevoir et même découvrir parfois. Il prit un moment pour le faire, sans parler, notant son souffle proche du sien, s’accentuer un peu, se faire plus lourd. Après un long moment, il releva ses yeux dorés jusqu’aux siens. Impurs, alors que sa main droite remontait le long de la dentelle pour se nicher dans son cou, jouant avec l’encolure qui protégeait sa peau.
– « Il va s’en dire que cette tenue révèle des atouts non négligeables… ''Elle dormait dans l'hier sans savoir que demain…elle n'avait pas encore habillé tous ses rêves…'' Peu importe ce qui te vêt, trésor, ma préférence va, inlassable, à cet état de grâce. Et… Je me doute que tu le devines, Enora… Arborer cette robe est comme arborer les armoiries du Roi. » susurra-t-il avançant la tête pour jouer de leur proximité. Il la sentit et la vit retenir son souffle, jolie éclat de nuit. « Pour autant...ma chère» Il s’approcha encore, laissant sa bouche à proximité de la sienne, sans pour autant rompre l’écart. Pour autant que la mitoyenneté se fissurait, elle ne se rompait pas encore, se contentant de créer une connexion, un désir de plus. Comme une danse bien différente que celle qu’il avait mené mais où la sensualité se créait à chaque instant supplémentaire passée dans cette position. Il se redressa un peu, la forçant à resserrer ses cuisses autour des siennes pour ne pas se laisser désarçonner.
– « Mais pour autant… Arborer ses couleurs... » il articula chaque murmure, laissant un Temps se prolonger entre chacun, en profitant pour glisser ses doigts dans l’entrebâillement de l’encolure pour caresser délicatement son cou « C’est quelque chose de bien différent… Regarde-moi. » coupa-t-il un peu plus froidement, abaissant ses paupières tels un reptile. Il ne se dégageait aucune colère en lui, aucune menace néfaste, seule une impulsion d’autorité qu’il prenait parfois pour mettre en déroute les barrières de protection qu’Alexis prenait plaisir à dresser parfois entre lui et ses émotions. Il adorait les détruire, la battre en brèche, pour mieux l’obtenir. « Regarde-moi trésor... » chantonna-t-il à présent, tandis que ses yeux capturaient l’essence des siens, la menottant davantage à l’instant présent. Alors que le regard de la jeune femme se perdait dans le sien, sa main droite se déposant sur sa chute de reins, plaquant la jeune femme davantage contre lui.
–« Comme je disais...c’est quelque chose de bien différent que de... » les doigts de sa main droite glissèrent du cou d’Alexis lentement« de ne faire... »sa main dégringola le long de l’échancrure pour mieux se déposer vivement au plus bas de son décolleté « qu’un avec lui »
Il sentit le cœur d’Enora battre sous sa paume et la poitrine de cette dernière se soulever dans un soubresaut involontaire sous son toucher, alors qu’elle inspirait un trait d’air. Il étendit les doigts, imaginant sa prise imaginaire sous la protection de sa peau chaude, tout en ne la quittant pas des yeux.
– « N’es-tu pas d’accord, tresorooo ? » le sourire insolent s’inscrivant sur sa bouche sensuelle, il s’avança, déposant ses lèvres sur celle de la jeune, murmurant à même les lèvres, « Veux tu ne faire qu’un, avec lui ? »
Il en savoura la saveur particulière de ces paroles, la promesse qu’elle scellait, mais s’en ôta de lui-même, pour lui permettre d’en prendre la décision. Ce n’était que s’en séparer pour mieux les retrouver, alors, pleines et voraces, passionnées. Il y répondit par la même hargne, permettant à l’échauffement de ses sens de monter d’un cran à la conquête de ses désirs. Sa langue caressa ses lèvres, s’introduisant pour l’embrasser avec davantage de hargne, sentant les doigts de la jeune femme venir lui caresser la nuque, se perdre dans sa chevelure. Sa main droite était restée posée sur son coeur flamboyant, la seconde remontait doucement le tissu pour révéler sa peau à son plein toucher. Il sentait l’instant monter dans l’intensité. Les corps se frôlaient, s’affûtaient. S’il glissait à présent, rejoignant la jeune femme, ils succomberaient tous deux à leurs envies, dès à présent. Il se recula néanmoins, subitement, reculant les mains de la jeune femme de l’entièreté de sa personne pour mieux les déposer sur sa taille. Dans un seul mouvement, s’appuyant sur ses pieds, il la fit basculer, inversant leurs positions. Mais alors qu’elle tentait de l’attirer innocemment vers l’agréable instant qu’il avait initié, il leva l’index. Prenant appui, il se redressa, pour se mettre debout.
– « Minute, Trésor… Je crois que l’Heure des cadeaux est venue, et ne dit-on pas que l’on garde le meilleur pour la fin ? » avant même de se relever pleinement, il s’avança vers elle, capturant ses lèvres bien plus sensuellement que jusqu’alors, laissant une de ses mains caresser le bas de sa cuisse «Attends-moi là. Reste même ainsi... »
Non sans lui offrir un sourire carnassier, il était parti rejoindre le sapin. Les trois paquets l’attendaient encore. Il se décida de garder le plus petit pour l’Aurore, se saisit des deux autres pour retourner au chevet d’Alexis, non sans guetter sa montre. Deux minutes avant Noël… Perfect timing. S’asseyant à ses côtés - s’allongea à moitié étant plus correct- il taquina de sa main le début de sa mâchoire, penchant la tête vers elle :
– « Il convenait de ne pas laisser malgré tout, nos sens nous distraire trop tôt, n’est-ce pas ? » murmura-t-il dans un rire…Il déposa les cadeaux de l’autre côté du canapé la jeune femme, avant de se mouvoir contre elle, consultant sa montre… « Faisons donc le décompte ensemble, veux-tu ? Quinze, quatorze… Treize »
A chaque seconde, il lui picora la peau d’un baiser léger, lascivement, la laissant parfois prendre l’initiative. Dix… Neuf… Il songea à leur Noël précédent, à l’explosion des feux d’artifice dans le ciel noir d’encre. La Beauté de son triomphe… Cinq… Quatre … TROIS… DEUX… UN... jusqu’au zéro. Lorsque la Minute arriva, il l’enjamba de son buste complètement, en profitant pour embrasser ses lèvres avec davantage de vigueur, savourant l’Instant, le Noël, leur relation, elle et lui-même, bien évidement. Puis, lorsqu’il se sépara d’elle, récupéra le premier présent, le plus grand des paquets, lui tendant avec un sourire satisfait. Un nœud violet entourait savamment la grande boîte.
– « Joyeux Noël Trésor….. Et voici donc pour toi… »
Puis, alors qu’Alexis se redressait, il fit de même pour mieux s’asseoir dans le canapé, croisant les jambes pour mieux s’y accouder, déposant son menton sur ses mains jointes, observant sa réaction avec acuité. Offrir une ROBE était délicat, mais il gageait que cette dernière plairait à Alexis. Il l’avait faite confectionner sur mesure, choisissant une coupe qui épousait la sobriété élégante de la jeune femme, auquel il s’était permis d’ajouter une dose non négligeable d’audace. De de couleur. Cela lui irait à ravir. Il observa la jeune femme déplier le tissu, l’admirer, l’admirant lui-même, dans l’orgueuil de son choix parfait et de son goût très sur.
– « C’est...suggestif mais bien moins que ce que tu portes à présent. » commenta-t-il avec assurance « Je ne doute pas que cela t’ira à ravir. Mais ne t’en fait, pas, je ne te demanderai pas de la porter ce soir. Je préfère bien davantage ce que tu arbores de supplémentaire à l’année passée... »
Il joua avec le collier dans un gloussement satisfait, puis lui tendit le second paquet. A l’intérieure se dissimulait l’un des manuscrits originaux traduits de GUERRE ET PAIX, relié de cuir et de liseré de feuille d’or. Un bijou à lui seul qu’il avait agrémenté d’un MARQUE PAGE en cuir à lys royal. Puisqu’elle aimait tant ces fleurs. Et qu’il était un Roi. Il sourit à sa réaction, s’amusant de sa surprise et de sa joie. Chaque présent était différent mais rajoutait une touche d’elle. Il savait ce qui lui plaisait et ce qui lui correspondait.
– «Joyeux Noël ma chère Enora... »
Cela faisant, il l’attira à lui, l’invitant à reprendre place à ses côtés, saisissant sa taille de ses deux mains. Ses lèvres s’emparèrent de celles de la jeune femme, alors que les cheveux de cette dernière venait chatouiller ses joues. Une de ses mains demeura en place, alors que son baiser s’intensifiait, devenant plus rougeoyant. Ses doigts passèrent sous sa robe esquissant la courbe de ses fesses, alors que sa bouche baisait la sienne. Il ne tombait néanmoins pas dans la passion presque animale. Chaque toucher se voulait davantage langoureux, sensuel. Une caresse en amenait une autre. Chaque baiser se voulait bien davantage que tendre, lascif. Ils savaient tous deux où les emmèneraient cette soirée. Ce fut la raison pour laquelle, repoussant sa bouche de la sienne, non sans avoir grignoté sa joue d’un baiser, il susurra à son oreille : – « Ne vient-on pas de sonner l’Heure ? Si tu veux ne faire qu’un avec le Roi de la Nuit, réponds à son appel.. Et laisse-ton sonder par ses sortilèges » …
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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »
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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...
Christmaswishes are hiding in your heart, so what are yours ?
Pouvait-il y avoir meilleur cadeau de Noël que de voir Erwin s’occuper de son fils à la perfection ? Je n’en étais pas certaine et pourtant, je me privais bien de le lui dire tout haut. C’était mon petit secret, celui d’avoir ce fol espoir qu’un jour il se découvre un semblant de fibre paternel qui l’aiderait à se créer un lien avec Isaac, aussi petit soit-il, aussi différents de mes espoirs pouvait-il être. J’avais parfois peur d’espérer de la sorte. C’était dangereux de se bercer de ce genre d’illusion. On ne pouvait qu’en souffrir le jour funeste où on se rendrait compte que ça n’arriverait pas et on avait le droit alors pour toute consolation à “je te l’avais dit que je ne ferai pas plus. Je ne t’ai jamais menti à ce sujet”. Alors j’essayais de me raisonner, de ne pas en demander trop mais espérer qu’Erwin puisse être plus qu’un inconnu dans la demeure de son fils ou qu’une ombre effrayante comme elle pouvait l’être pour le Isaac que j’avais vu dans ce futur, j’estimais pourtant que ce n’était pas trop demandé. Juste un moment entre les deux... Et je l’avais eu. Je ne regrettais même pas de ne pas avoir vu ce qu’il s’était passé entre eux, craignant que la vérité me déplaise d’une part mais aussi parce que leur laisser cette intimité était plus chère pour moi que de voir ce moment. Est—ce qu’Erwin avait pesté ? Je pouvais le parier sans mal. Mais le résultat était là : Isaac n’avait plus faim et il allait bien. C’était sans doute cette joie d’une victoire accomplie qui m’avait aussi mise dans un tel entrain.
Je m’étais approchée de lui, dans une posture langoureuse qui ne trompait personne, surtout pas lui et il avait joué de ma fausse supposition en répondant sur le même ton, les gestes aussi lascifs que les miens. Mes yeux avaient été attirés par la façon dont il avait passé la langue sur ses lèvres, avec une certaine gourmandise plus perverse que justifié et j’avais contenu l’effet que cela m’avait fait, imaginant déjà la suite de cette discussion, la faculté incroyable qu’il avait à s’en servir. Il m’avait demandé de me tourner, lentement, pour qu’il puisse plus admirer en quoi cette robe surpassait la précédente. Si je n’avais rien répondu à sa réflexion hormis un sourire mutin qui laissait planer le doute quant à la véracité de ses propos, je m’étais prêté à son jeu de bon cœur. Après tout, c’était aussi en quelque sorte un de ses “cadeaux” pour que je portais cette robe tant parce qu’elle me plaisait que pour le plaisir de ses yeux. Avec un sourire, j’avais commencé à tourner lentement sur moi-même, ni trop vite, ni trop lentement, pour lui laisser le temps d’observer sans pour autant s’attarder.
Il en semblait plus que satisfait par son air, son sourire et sa posture. Il n’était pas si difficile de lire ce qu’Erwin ressentait. S’il parvenait à garder un sourire commercial et une posture affable quand il était en affaire, le connaître dans l’intimité était une tout autre chose. C’était comme s’il refusait de faire des concessions à l’inverse, laissant exploser ses pensées et son ressenti à la vue de tout, comme un enfant colérique qui voulait avoir gain de cause. Quand il était satisfait, cela se voyait. Quand il était contrarié, cela se voyait aussi. Aussi simplement que le nez au milieu de la figure. Il m’avait tendu la main pour que je m’approche de lui et c’est ce que j’avais fait, me posant à califourchon sur ses cuisses, ma traine glissant le long de ses jambes comme une rivière d’eau glacée par le temps. L’échancrure du vêtement me permettait cette position sans pour autant qu’elle n’en soit pas confortable ou qu’elle risque de déchirer le tissu. Je le laissais parcourir plus en détail la robe des yeux... et des mains, l’observant faire sans rien dire. Il avait fini par reprendre la conversation, reprenant le jeu du Roi de la Nuit, répondant à mes précédentes interrogations. Pourtant, s’il m’avait semblé en début de soirée que c’était un jeu sans incidence, son double sens devenait à présent largement plus pensant. Etait—il réellement toujours question du Roi de la Nuit ou parlait-il plus tôt du Roi qu’il voyait en lui et aspirait à être ? Je réalisais alors qu’il avait qualifiée ma robe “d’audacieuse”, tout comme celle que j’avais porté ce soir de Bal, il y avait un an, dans ce futur étrange. Depuis, Erwin était devenu encore plus transparent quant à son envie de retourner à cette vie et y aspirer pleinement et la mairie ne l’avait pas aidé à calmer ses ardeurs. Pourtant, s’il me glissait des mots en espérant sans doute que j’y trouve mon compte, ça ne restait dans mon esprit que la parenthèse d’un futur sympathique à vivre pendant quelques temps mais qui n’avait pas réelle vocation à exister dans ma vie. La Cour, la Monarchie, les courbettes tout ça... ce n’était pas moi, tellement éloigné de moi et de ce à quoi j’aspirais...
Cette pensée m’avait presque coupé le souffle, accompagné du fait qu’il s’était approché au plus près de moi, réduisant considérablement l’écart qui nous séparer, ses lèvres si près des miennes que nous pouvions presque nous frôler. Je savais ce qu’il pensait, je le voyais dans ses yeux. Il pensait que son charme avait encore agit avec violence sur moi, ce qui était bien souvent vrai mais qui permettait par moment, comme cet instant précis, de cacher d’autres troubles sous le couvert de son narcissisme. Craignant plus qu’il n’avait pu lire mes pensées sur cet avenir de royauté que le reste, je n’avais su comment répondre à son avancée, à son jeu auprès de moi et j’avais même chercher à fuir son regard, ce qu’il m’avait empêché de faire en m’intimant avec une certaine force et une certaine froideur de le regarder. Ce n’était pas malsain, je le savais, c’était un jeu qui c’était installé presque aux premières minutes de ce qui nous avait lié, déjà dans cette chambre à Paris. Sa volonté de ne pas me voir me dérober, sans doute parce qu’il voyait quelque chose au fond de mes yeux que j’ignorais, surtout pour asseoir ce jeu de domination qui précédait nos actes. Encore perdue dans mes pensées, j’avais fini par levé les yeux vers lui, tandis qu’il me répétait la demande en la chantonnant, dédramatisant l’instant. J’avais senti sa main se poser à la chute de mes reins, avant de me pousser un peu plus contre lui, rapprochant nos intimités et augmentant la chaleur de nos deux corps. Sa main était venue se balader sur ma gorge et je savais la raison de cet acte, jamais violent ou dangereux, mais qui trahissait tout de même un certain penchant pour la strangulation. Petit à petit, ses doigts étaient venus agrandir légèrement mon décolleté, jouant avec sa bordure, tandis que ses lèvres s’étaient d’autant plus rapprochées des miennes, les touchant franchement sans pour autant les embrasser, diffusant ses mots à même ma bouche :
— N’es-tu pas d’accord, tresorooo ? Veux-tu ne faire qu’un, avec lui ?
— Mmmh il faut que j’y réfléchisse...
Je l’avais presque murmuré, laissant mon souffle se déposer sur ses lèvres à chaque impact de mes syllabes afin de le stimuler légèrement. Cela avait sans aucun doute eu l’effet escompté puisque s’il s’était reculé un court instant, c’était pour mieux plonger dans le baiser que nous nous préparions à consommer. Il avait fondu sur mes lèvres avec une véritable voracité, immisçant sa langue à l’intérieur de celle—ci. La mienne l’avait alors rejoint dans un ballet aussi sensuel que langoureux, tandis que mes mains s’étaient refermées sur sa nuque, la remontant pour caresser la cascade de ses boucles brunes. Je sentais sa main sur ma poitrine, vérifiant mon rythme cardiaque et toutes les palpitations superflues que notre échange faisant naître en moi. Je sentais son autre main, chaude, remonter le tissu de ma robe sur ma cuisse, l’air s’infiltrer jusqu’à mon intimité nue, créant un effet de chaud froid qui m’arracha un discret soupir d’aise.
Mais en un instant, ses mains s’étaient emparées des miennes pour les ramener à mon corps et dans une impulsion, il m’avait soulevé pour nous faire échanger nos places, jouant sur ma frustration et sans doute aussi la scène pour retarder le moment et le rendre encore plus intense le moment venu. Est—ce que j’étais surprise ? Non, cela faisait partie des choses qu’il aimait le plus faire mais c’était toujours aussi diablement efficace. Si je le prenais bien dans la majorité des cas, il m’arrivait parfois d’être foncièrement frustrée au point de sortir du moment. Ce n’était pas vraiment le cas de cet instant mais je devais également dire que je n’en étais spécialement enchantée, ternissant au passage l’annonce des cadeaux. Pour diluer cette amertume, je m’étais penchée avec une impulsion certaine vers la table basse tandis qu’il se levait pour récupérer son verre. Sentant son regard sur moi, je m’étais contenté de me rasseoir tranquillement dans le canapé, relevant une jambe devant moi, pliée, accentuant encore l’échancrure de ma robe tandis que mon regard se concentrait sur le verre, à la recherche de la trace de ses lèvres. Une fois celle—ci trouvée, j’y avais apposé les miennes, levant les yeux vers lui en même temps que je levais le verre pour en boire une gorgée. C’était la première fois que je rebuvais de l’alcool depuis ma grossesse et cela avait et le don de le laisser m’observer. Un sourire mutin sur le visage, jouant du verre devant mon visage, j’avais avalé la gorgée restée en suspension dans ma bouche avant de dire d’un ton effronté :
— Quoi ? Il faut bien que je me sustente de ce que je trouve... Le Roi de la Nuit espère m’attraper et il n’a même pas daigné songer à me préparer un verre également... C’est la moindre des choses quand on veut être sûr que sa victime se sente à l’aise, encline à... “ne faire qu’un avec lui”, tu sais.
Le regard toujours frondeur en sa direction, j’avais avancé ma langue en direction du verre, récupérant une véritable goutte de vin qui s’en échappait alors qu’elle atteignait la moitié de la coupe. J'avais l’avait remonté de façon assez osée et explicite, caressant plus la matière que prenant soin de ne pas y laisser une trace. Avec un sourire j’avais reposé le verre en l’observant toujours avant d’hausser les épaules.
— Je viens de réagir sur le fait que j’ai tiré suffisamment de lait pour le nourrir jusque demain... d’ici là, l’alcool sera dissipé... et puis la fête sera plus folle.
J'avais joué avec mon genou de manière amusée laissant entrevoir et cacher certaines parties de mon corps en fonction du mouvement. De son côté, il avait repris son occupation auprès des cadeaux et lorsqu’il était revenu à mes côtés, nous avions fait le décompte ensemble, à la manière d’un nouvel an, mais dans un moment tendre et quelque peu lascif, nous échangeant quelques baiser, picorant notre peau à l’un et l’autre.
— Joyeux Noël mon Amour.
Je l’avais embrassé sur les lèvres avec une gourmandise sage tandis qu’il récupérait le premier cadeau pour me le tendre, avec une satisfaction qui le rendait touchant. La boîte était énorme. J'avais déjà eu une accélération cardiaque lorsqu'il l’avait récupéré sous le sapin, réalisant que quelque chose de grand pouvait s’y cacher et de que je n’en étais peut—être pas à la hauteur avec mes propres cadeaux. Maintenant qu’il me le tendait, il était encore plus grand qu’il ne l’avait semblé précédemment. Déglutissant, j’avais entrepris de défaire le nœud violet qui ornait le cadeau, de la même façon que l’année précédente. Les mains fébriles, j’avais alors ouvert le couvercle du carton qui s’était dévoilé à moi pour y découvrir ce qui semblait être une robe en velours. Elle était soigneusement pliée dans son carton et me laissa sans voix un instant, à contempler le tissu qui brillait à la lumière en fonction des reliefs. Après un instant, sans regarder Erwin, je l’avais sortie de sa boîte tout en me levant pour la déplier devant moi et la voir en entier. Elle était sublime. Une de ces robes de gala que l’on ne voyait qu’à la télé, dans les films ou les magazines people mais clairement pas dans ma garde—robe. Elle était profondément décolletée, en fourreau, me laissant une épaule nue tandis qu’une échancrure venait parachever le tout. Un bijou argenté où s’incrustait des strass (ou des petits diamants ? Car rien ne faisait cheap dans ce bijou...) permettait une finition splendide au bustier. Ne sachant que dire face à un tel chef d’oeuvre, je m’étais contenté de l’humour, comme à chaque fois que j’étais désarçonnée :
— Dis-moi, c’est ma couleur selon toi, ce bleu ? Parce qu’entre ça et ça...
J’avais touché le cœur de l’océan avant de désigner la robe d’un signe de tête. Les deux étaient de la même couleur.
— Je ne sais pas si je dois y voir un signe mais... Et c’est quoi cette manie de vouloir toujours me voir à moitié nu en soirée ? Quelle indécence, Majesté.
J'avais pris un air faussement sérieux, tournant légèrement la tête en fermant les yeux comme si je me détourné de la conversation avant de replonger mes yeux dans les siens en riant. Me dirigeant vers lui, je m’étais penchée pour l’embrasser tout en précisant :
— Merci, elle est magnifique... j’ai hâte de trouver l‘occasion de la mettre.
Je l’observais encore quelques minutes, satisfaite de la coupe, imaginant déjà une soirée où l’occasion se présenterait. Depuis que je ne vivais plus avec Regina, je faisais tout de même moins de gala et de soirées à Storybrooke qui justifiaient une telle robe mais il n’était pas non plus exclu que j’en eusse besoin lors d’un de mes voyages “particulier”, même si j’avais plutôt horreur d’utiliser mes propres vêtements dans ces moments, comme si je me mettais à nue malgré moi et laissait des indices sur ma véritable identité. Cette pensée fut chassée par le cadeau suivant ou plutôt “les” cadeaux suivants qui ne manquèrent pas de me faire étouffer une petite expression de surprise en voyant l’ouvrage relié qui semblait clairement être une des versions originales, accompagnée de son marque—page, tout aussi travaillé.
— Guerre et Paix... ça me rappelle quelque chose.
Je l’avais dit d’un ton amusé et empreint de nostalgie. C’était le livre que je lisais lorsque tout avait commencé. Comme un symbole de l’histoire d’amour qui m’attendait et encore plus lorsque nous connaissions nos caractères. Erwin et moi, nous étions toujours à la Croisée des chemins, entre Guerre et Paix. Si j’avais déjà l’occasion d’observer de nombreux livres de cet âge et de cette richesse, rare étaient ceux qui m’appartenaient. Les autres étaient plutôt dans ma librairie, destinés à des lecteurs plutôt particuliers et aguerris. Mais celui—ci, il était à moi, c’était un cadeau, un véritable cadeau. Après l’avoir observé avec attention sous plusieurs coutures, j’avais passé ma main sur le marque—page de cuir où étaient gravés des lys, encore un symbole que nous partagions, bien que pour des raisons différentes. Ils savaient qu’ils étaient ma fleur préférée avec l’orchidée, avait—il aussi retenu cette clé étrange qu’il n’avait pourtant vu qu’une seule fois ? Je l’ignorais. De son côté, nul doute ce cela se rapportait à la royauté. Les yeux brillants de ravissement, j’avais fini par relever la tête vers lui. Il avait beau être d’un égoïsme à tout épreuve, il savait pourtant être attentif sur mes goûts et ce qui saurait me plaire et me toucher, chose que j’appréciais.
— Joyeux Noël ma chère Enora...
Avant que j’ai pu répondre, il m’avait attiré à lui et le simple baiser que je lui dédiais pour le remerciement était devenu quelque chose de plus langoureux, plus chaleureux. Si ses mains s’étaient rapidement posées sur ma taille, l’une d’elle avait quitté sa place et s’était insinuée sous les pans de ma robe, caressant avec douceur le galbe de mes fesses dans un moment tendre qui pouvait pourtant rapidement dégénérer. Je sentais alors la chaleur monter en moi, sur ma poitrine et tant ma gorge, mon ventre se tordre d’anticipation à la douceur de sa caresse qui s’était faite par moment plus brusque en plein action depuis déjà quelques mois quand il s’agissait de ma croupe. Une sensation qui ne me déplaisait pas. Je sentais qu’en cet instant, c’était le calme avant la tempête mais... je n’étais pas encore prête à cette tempête.
— Ne vient-on pas de sonner l’Heure ? Si tu veux ne faire qu’un avec le Roi de la Nuit, réponds à son appel... Et laisse-toi sonder par ses sortilèges...
Au murmure qu’il avait glissé au creux de mon oreille, j’y avais répondu par un doux rire, légèrement étouffé par l’envie que j’avais également déposé au creux de son oreille. Profitant pour la mordiller légèrement, mes mains étaient allées rejoindre les siennes, me posant sur elles avec douceur tandis que je les ramenais vers lui tout en le laissant parcourir mon corps au passage. Je savais que je jouais à un jeu dangereux qui se payerait sans doute tôt ou tard. Il ne faisait plus de deux à présent, plus d’un an plus tard qu’Erwin aimait largement plus diriger que d’être dirigé dans nos moment de fougue et j’apprenais de mon rôle, commençais à l’apprécier avec toujours une certaine appréhension, bien que je ne l’eusse jamais pratiqué auparavant. Pourtant, Erwin savait aussi qu’il avait le droit de jouer de cette autorité dès lors que j’acceptais le début du jeu... ce qui n’était pas encore le cas, puisqu’il me posait la question et que je n’y avais pas encore répondu. Ramenant ses mains sur son ventre, aussi loin que notre promiscuité le permettait de mon corps et de mon intimité, ma langue avait parcouru avec lenteur la pulpe de ses lèvres pour y apposer une caresse langoureuse mais qui ne serait rien d’autre que cela. Me retirant à mon tour avant qu’il n’ai pu faire quelque chose, je me relevais pour l’observer avant de tapoter sur mon poignet une montre imaginaire.
— Révise ton heure, Roi de la Nuit. Tu n’aurais pas oublié quelque chose ? Si j’ouvre mes cadeaux... tu ouvres les tiens.
Je m’étais dirigée vers mon sac à main pour y récupérer mes paquets que je n’avais pas mis sous le sapin, lui laissant la surprise de savoir si j’avais pensé à les prendre ou non. Comparé à la taille de ses cadeaux, les miens semblaient ridicule. Revenant vers lui, je m’en excusais déjà :
— Ce n’est pas grand—chose mais... je me suis dit que ça pourrait te plaire.
C’était tout le problème avec Erwin. Tout ce qui me gênait au moment des cadeaux. Là où il était très matérialiste, aimant les belles choses, n’hésitant pas à mettre un prix conséquent dans un cadeau, je demeurai simple, peu encline à accumuler, même ce qui brillait. Surtout ce qui brillait. Je ne savais pas à quel niveau s’élever sa fortune, je n’avais jamais posé la question parce que ça ne me regardait pas mais à la vue de ces différentes voitures, de ce chalet qu’il louait (supposément) pour nos fêtes de Noël, de ses cadeaux, de ce qu’il portait... il était évident qu’il n’était pas à plaindre. Je possédais moi—même une certaine somme d’argent, bien que sans doute moins conséquente que la sienne. Pourtant, j’avais toujours vécu plus simplement et l’idée de dépenser l’équivalent d’un voyage à l’autre bout du monde pour 2 semaines dans un objet matériel n’était pas vraiment ma tasse de thé. De ce fait, il n’en était pas à douter que ses trois cadeaux réunis valaient plus que tout ce que j’avais pu lui faire cette année. Et le grand dam de cette histoire, c’était lui qui y apportait plus d’attention que moi. Lui tendant le premier cadeau, longiligne, je lui avais souris, mes yeux tout de même amplis d’anxiété à l’idée de savoir ce qu’il en penserait. J’attendis qu’il déchire le papier et relève le couvercle de la boîte pour préciser :
— Je me suis dit que tu aurais toujours un peu de nous quand tu travaillerais...
C’était un stylo plume mais qui s’apparentais bien plus à un travail d’orfèvre qu’un simple stylo plume. Il aurait pu me coûter très cher mais ça n’avait pas été le cas. Une fois de plus, ma “Famille” avait des ramifications un peu partout et m’avaient aidé sur cet objet d’exception. L'objet était d’un bleu nuit profond. Sur le capuchon, un soleil doré avait été gravé, avec en son centre une petite pierre tout aussi doré. Sur le manche, un long paon prenait toute la place, s’étalant de son plumage somptueux, réhaussé de petites pierres précieuses qui le rendait encore plus flamboyant. Des pierres bleues et vertes qui se mariaient parfaitement avec le fond du style. La délimitation des plumes et la tête de l’animal étaient tout aussi doré que le soleil et le haut était serti dans d’une émeraude qui n’en était pas réellement un. La plume était tout aussi travaillée, digne d’un mont blanc. Je l’observais s’intéressé à l’objet, espérant que celui—ci lui satisferait autant que j’avais pris à l’imaginer.
— C’est une pièce unique. Je l’ai fait graver moi-même.
Lors de l’une de nos discussions après ébats, de celles qui étaient profondes et empreinte de tendresse, je lui avais parlé de Vesper. Cette petite loutre que j’avais découvert dans cet autre monde et qui était censé être une part de moi—même. Je lui avais alors demandé ce qu’il pensait que serait son daemon et il m’avait répondu “un paon”. J’avais réprimé un rire, pensant à Victoire qui ne sortait jamais sans son animal fétiche et qui ne portait pas vraiment Erwin dans son cœur. Qu’aurait—elle pensé de cela ? C’était peut—être une question qui resterait en suspens mais j’avais, de ce fait, décidé de lui donner ses propres lettres de noblesse à travers ce clin d’œil que nous serions les seuls à comprendre, car sorti d’une discussion que nous avions eu dans le silence du clair de lune. Je lui avais ensuite tendu une enveloppe, son deuxième cadeau. Celui—ci m’avait coûté nettement plus cher mais j’étais persuadée qu’il ne me coutait pourtant pas tout ce que lui avait dépensé. Voyant la surprise face à la finesse de ce cadeau, j’avais attendu qu’il décachète l’enveloppe pour le stopper. Posant ma main sur la sienne, j’avais attendu qu’il me regarde pour ajouter :
— Je sais que ta vie d’avant te manque... et que celle que tu as vue dans ce futur te hante par moment... Je ne peux pas te donner le cadeau qu’Elliot t’a fait l’année dernière mais... j’ai essayé de m’en approcher.
Avec douceur, j’avais relâché ma main, le laissant poursuivre son exploration. A l’intérieur, il découvrit alors deux billets pour Versailles. Par n’importe quels billets, une soirée spéciale dont j’avais entendu parler. Une soirée qui nous ramènerait dans les temps les plus fastueux de la vie du château, où nous devions venir habillés en tenue d’époque et qui nous feraient danser jusqu’au matin. J’avais pris les billets les plus chers, ce qui nous permettraient de vivre l’expérience pleinement et je les avais agrémentés de billets d’avions. 1ere classe. Ils m’avaient coûté une blinde, le prix sans aucun doute d’un voyage mais je savais que ce moment pouvait compter beaucoup plus lui.
— J’espère que ça te plaît. Je n’ai juste pas pris la chambre d’hôtel, je sais que monsieur a ses petites habitudes et ses petits goûts et je ne voulais pas prendre le risque de choquer ton précieux confort alors... si tu veux y aller, nous regarderons ensemble.
Je lui avais souris, sincèrement heureuse de le lui offrir, espérant que cela lui faisait autant plaisir qu’à moi, même si ce devait être teinté d’une amertume que je ne pouvais pas lui enlever.
— Joyeux Noël, mon Amour...
Je m’étais approchée de lui de nouveau pour l’embrasser, tendrement, lui distillant comme un avant—goût les mots que j’avais prononcé ensuite à même ses lèvres :
— Je t’aime.
Appuyant mes mots, j’avais donné un peu plus de fougue à notre baiser, fermant les yeux pour le savourer pleinement, sentant sa langue revenir à la mienne, goûter nos êtres, mélangeant nos saveurs. Je m’étais retirée pour l’observer, ma main lui caressant le visage avec tendresse tandis que je l’observais. Récupérant ses cadeaux, je les avais déposés sur la table basse avant de me relever pour aller récupérer la bouteille de vin rouge, la bouteille d’eau ainsi qu’un second verre. Posant l’eau sur la table, j’avais resservi son verre en vin, servi le mien et nous avions alors trinquer à notre moment dans un bruit de verre cristallin. Après une longue gorgée, j’avais reposé les verres sur la table avant de revenir vers lui sur le canapé, mon corps ondulant sur l’impulsion de mes mains qui me laissaient avancer jusqu’à lui, mon dos se cambrant pour laisser un meilleur aperçu de mes formes, de ma croupe généreuse. J’avais picoré un baiser sur ses lèvres, un autre dans son cou, avant de venir me lover comme une chatte sur ses genoux, idéal pour fait un coussin tandis que je m’allongeais sur le dos. L’observant en contre plongé, j’avais pris une de ses mains dans les miennes pour l’embrasser avec douceur, langoureusement, laissant quelques légères traces humides sur mon passage, non sans rappeler les baisers que j’appliquais généralement à une autre partie de son corps pendant nos moments d’intimités. Je plaquais alors sa main sur ma poitrine, l’invitant à descendre le long de mon corps offert et nue, dessous le fin tissu brodé. Les jambes écartées, j’en avais relevé une contre le dossier du canapé, l’observant toujours avec insolence en contre bas. Si son regard dérivait sur mon corps, il pouvait voir que ce que la robe cachait jusqu’à présent, elle avait de plus en plus de peine à le dissimuler mes mouvements de jambes “maladroits” tandis que je poussais sa main toujours plus en direction de mon bas ventre. Je n’avais encore rien accepté... je pouvais encore savourer cet instant de décision. Juste avant de...
— Il n’était pas l’heure que réponde aux appels du Roi de la Nuit ? A moins que celui—ci soit désormais trop endormi... Et si facile à dompter...
Je lui avais souris, sachant pertinemment qu’il s’acharnerait à me prouver le contraire.