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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
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 A la recherche du papa perdu ★ JESSIE

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Malcolm Polstead
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Malcolm Polstead

| Avatar : Domhnall Gleeson

A la recherche du papa perdu ★ JESSIE Oxford

So far from home...



| Conte : The Book of Dust Trilogy
| Dans le monde des contes, je suis : : Malcolm

A la recherche du papa perdu ★ JESSIE 210223063600317827

| Cadavres : 83



A la recherche du papa perdu ★ JESSIE _



________________________________________ 2021-10-19, 21:39


A la recherche du papa perdu

❝ I have a bad feeling about this. ❞
Par-dessus la brochure, Malcolm observait son père d’un œil soucieux. Mr Polstead grommela dans sa barbe en croisant les bras.

— Je ne suis pas convaincu, fils.

Malcolm soupira. Ce n’était que la onzième fois qu’ils avaient cette conversation. Il avait compté. Cette fois-ci, il décida de conserver le silence. C’était préférable à une discussion stérile.

— Franchement, quand tu m’as parlé de ton bazar, je me suis dit que c’était une bonne idée, mais maintenant qu’on y est...

Mr Polstead laissa sa phrase en suspens, puis afficha une moue dubitative. Ses cheveux fins étaient ébouriffés sur son large crâne et la chemise d’hôpital donnait à sa peau un aspect presque maladif. Assis dans un lit monté sur roulettes, il patientait dans le couloir de l’hôpital. Drixie, son daemon-épagneul breton, était couchée sur ses pieds, par-dessus la feuille de papier qui lui tenait lieu de couverture. Elle frissonnait de temps à autre, l’air abattu. Asta la réconfortait de son mieux en effleurant son museau de la pointe de ses moustaches. Elle ne s’autorisait aucune autre familiarité avec le daemon de Mr Polstead, tout comme Malcolm ne s’imaginait guère prendre son père dans ses bras. Leur affection était implicite, toute en retenue britannique et accentuée par leur éducation qui inculquait à tout homme de se montrer fort et distant en dépit des épreuves à traverser.

En les croisant, le personnel hospitalier leur jetait un regard curieux, car il était inhabituel de voir des personnes avec des compagnons à quatre pattes dans ce genre d’endroit. Une infirmière s’approcha d’eux et lança d’un ton réprobateur :

— Les animaux sont interdits, voyons, messieurs !

Elle dévisagea Malcolm, comme si elle le tenait responsable. Elle semblait se demander pourquoi ils n’avaient pas été chassés de l’hôpital. Très calmement, Malcolm replia la brochure et fournit l’explication :

— Nous avons une autorisation spéciale.

— Et nous ne sommes pas des animaux, précisa Asta en dressant fièrement sa queue en panache.

Ce genre d’intervention de la part d’un chat roux aurait paru déplacé dans une ville autre que Storybrooke. L’infirmière ouvrit des yeux ronds, car même si elle était habituée à côtoyer le surnaturel, entendre un félin parler fait toujours son petit effet, puis elle s’éloigna avec réticence.

— Elle ne t’a pas cru
, déclara Asta à Malcolm quelques instants plus tard.

— Peu importe.

Le jeune homme balaya les propos de son daemon d’un revers de main. Il avait plus important en tête. Son père semblait regretter sa décision de seconde en seconde. D’un naturel taciturne, Mr Polstead avait pour habitude de ruminer en silence. Parfois, il en restait là. D’autres fois, il finissait par exploser. Malcolm redoutait que la tornade se déclenche au beau milieu de l’hôpital. Et il avait raison d’appréhender.

— C’est quand même un monde ! lança soudain Mr Polstead, morose. On me force à me déshabiller, à enfiler cette liquette aussi fine qu’une feuille à cigarette (il tira sur sa chemise d’hôpital), on me colle dans un lit et on me laisse dans les courants d’air ! Tu es bien sûr qu’il s’agit d’un endroit où l’on soigne les gens ? Parce que j’ai l’impression du contraire !

Les mains jointes autour de la brochure, Malcolm considéra son père d’un œil las. Depuis qu’ils étaient à Storybrooke, il avait l’impression que les rôles de l’enfant et de l’adulte étaient inversés. A croire que la crainte faisait régresser Mr Polstead, à moins que ça ne soit l’absence de son épouse. Lorsqu’il siégeait à son auberge, il paraissait beaucoup plus mature, à fumer la pipe au coin du feu ou à rénover tout ce qui lui tombait sous la main.

— En plus, j’ai faim ! se plaignit Mr Polstead. Je n’ai rien mangé depuis hier soir.

— Sur ordre du médecin, glissa Malcolm presque mécaniquement. Il faut être à jeun pour subir l’opération.

Mr Polstead émit une exclamation de gorge.

— C’est bien le mot : subir ! Ca n’a même pas encore commencé que je me sens déjà au supplice !

A ses pieds, Drixie eut un petit grognement de lamentation. Asta la considéra d’un air compatissant avant de croiser le regard de Malcolm. Tous deux, sans parler, ressentirent la culpabilité les envahir. C’était lui qui avait presque forcé son père à traverser les mondes pour soigner son cancer de la thyroïde. Incurable chez eux, cette maladie se soignait très bien ailleurs, grâce à une intervention chirurgicale. Malcolm était persuadé de l’aider, mais au seuil du moment fatidique, voilà qu’il doutait. Avait-il fait le bon choix ?

C’est juste une petite ablation... songea-t-il, désemparé.

Le regard d’Asta se fit plus apaisant. Malcolm détacha à regret ses yeux des siens pour offrir autant de réconfort que possible à son père. Ce dernier, bourru, demeura renfermé. Il détourna résolument les yeux, comme pour ignorer son fils qui pencha la tête, découragé.

Quelques minutes plus tard, un médecin brisa le silence entre eux.

— Nous allons procéder à l’anesthésie, Mr Polstead.

Ce dernier tressaillit mais se ressaisit très vite, affichant une moue si désinvolte à l’anesthésiste qu’il paraissait presque agressif. Malcolm était habitué à sa rudesse et il espérait que le personnel soignant ne s’en formaliserait pas.

— Bien, bien, marmonna-t-il. Finissons-en !

Drixie cachait de plus en plus mal son anxiété, ce qui démontrait celle qu’il tentait de cacher tant bien que mal derrière un masque de mépris. Asta sauta en bas du lit et se frotta brièvement contre la jambe de Malcolm pour lui apporter son soutien. Le jeune homme, raide comme un piquet, leva les yeux vers le médecin.

— Je vais attendre ici, dit-il d’un ton nerveux. Comment saurais-je quand il sera réveillé ?

— On vous préviendra dès sa sortie du bloc, ne vous en faites pas, assura le médecin, professionnel. C’est une opération relativement simple, qui comporte très peu de risques. Bien que le risque zéro n’existe pas.

Le mot “bloc” provoqua un frisson le long de l’échine du jeune homme, accentué par “risque” et “risque zéro”. Pour quelle raison les gens de ce monde cherchaient à se montrer rassurant en empirant les choses ? Dans ce genre de situation, mieux ne valait rien dire du tout. Il hocha plusieurs fois la tête, l’expression impassible du médecin n’aidant pas à croire en ses propos.

Malcolm doutait de plus en plus. Il avait rencontré tant de difficultés à convaincre son père d’accepter l’anesthésie générale ! Mr Polstead trouvait le procédé contre nature. Il craignait de ne jamais se réveiller.

— Je te promets que tout se passera bien, avait dit Malcolm. C’est une certitude scientifique. Ils sont beaucoup plus avancés dans ce domaine que nous.

Après moult conversations plus ou moins musclées, son père avait choisi de lui faire confiance. Cette lourde responsabilité pesait sur les épaules de Malcolm. Que se passerait-il, si...? Non, il ne devait pas y penser. Il fallait garder la tête froide.

Le risque zéro n’existe pas.

En tant que théologiste, il le savait déjà. Néanmoins, cette phrase résonnait en écho dans sa tête. Impossible à déloger. Comme un mauvais pressentiment.

Tandis que le médecin s’apprêtait à emmener Mr Polstead, le jeune homme déglutit. Il se raidit brusquement quand il sentit un contact sur sa peau. Son père venait de saisir son poignet. Il le fixait avec une telle rudesse que le jeune homme n’osait plus ni respirer ni cligner des yeux. Tétanisé, il ouvrit la bouche, la referma. Jamais son père ne lui avait montré un geste d’affection avant ce jour-là. Asta semblait tout aussi perdue. Sa queue battait de manière saccadée tandis qu’elle observait Mr Polstead. Drixie avait redressé la tête et regardait Malcolm de son œil vitreux.

Mr Polstead ne prononça pas un mot. Il serra le poignet de Malcolm pendant plusieurs secondes avant de le lâcher, et le médecin le fit passer des double-portes dont l’accès était interdit à ceux qui n’étaient pas soignants.

Le cœur de Malcolm battait de façon désordonnée. Chamboulé par ce moment si précieux, ce moment fané avant même d’avoir éclos, il se sentait à la fois heureux et plus angoissé que jamais.

— Va t’asseoir, lui conseilla Asta. Ca risque de prendre du temps et tu sembles sur le point de t’évanouir.

Les propos moqueurs du daemon eurent tôt fait de ramener Malcolm à la réalité. Lui décochant un regard indigné - auquel elle répondit par une expression malicieuse – il prit place sur l’un des sièges de la salle d’attente. Elle sauta aussitôt dans ses bras, ce qui montrait à quel point, plus que de le taquiner, elle cherchait du réconfort, elle aussi.

— Tout va bien se passer, déclara Malcolm en se composant une expression déterminée.

Il n’aurait pas pu se tromper davantage.

***

Quelques heures plus tard...

— On devrait demander des nouvelles.

La voix veloutée d’Asta sortit Malcom de sa quasi-somnolence. Il se redressa d’un bond sur la chaise et grimaça en sentant son dos protester. Les moustaches de son daemon chatouillaient sa joue, sa patte avant posée contre son épaule.

— Le médecin a dit qu’on me préviendrait, dit-il d’un ton ensommeillé.

— Ca ne gâche rien de se renseigner, rétorqua-t-elle.

Elle avait raison. Le temps filait et l’inquiétude s’insinuait dans ses veines à mesure qu’il reprenait pieds dans la réalité. Aussi, il se releva en même temps qu’Asta sautait souplement sur le sol. Ensemble, ils se rendirent jusqu’au comptoir de la standardiste, situé au bout du couloir.

— Bonjour, je voudrais savoir si Mr Reginald Polstead est sorti du... bloc.

Il prononça le dernier mot d’un ton hésitant, car il lui semblait curieux. La réceptionniste pianota sur l’ordinateur situé près d’elle. Elle fronça les sourcils, resta silencieuse quelques instants tandis qu’elle observait l’écran, puis répondit :

— Je regrette monsieur, il n’y a aucun Reginald Polstead enregistré dans mes dossiers.

Malcolm cligna des yeux. Indécis, il insista :

— Il y est peut-être sous le nom de Reggie Polstead ?

Elle pianota de plus belle.

— Non plus.

— C’est insensé ! Il est passé par cette porte il y a plusieurs heures de ça !

D’un geste raide, il désigna la double-porte menant au bloc opératoire. La standardiste l’observa patiemment par-dessus ses lunettes rectangulaires.

— Tous les patients qui subissent une opération chirurgicale sont enregistrés dans la base de données.

Malcolm la dévisagea. Sous-entendait-elle qu’il avait tout inventé ? Comment pouvait-elle se fier uniquement à ce que contenait son fichu ordinateur ? Dans ce monde, les hommes avaient pris la décision de conserver les informations importantes dans le ventre des machines. Le jeune homme estimait que c’était absurde. Tout était stocké de manière dématérialisée. Autant dire que rien n’existait vraiment. Par conséquent, Malcolm comprenait très bien que la standardiste n’ait aucune trace du passage de son père dans ses dossiers. Pour autant, cela ne prouvait pas que son père n’avait jamais mis les pieds dans cet hôpital. Ça, c’était concret. Malcolm l’avait emmené lui-même. Il s’en souvenait. Aucun fichier informatique ne pouvait remettre en question cette certitude absolue.

— Regardez encore une fois.

— C’est inutile, monsieur.

Irrité, il plissa des yeux. Perdant patience, Asta prit son élan pour sauter sur le comptoir. La réceptionniste poussa une exclamation scandalisée que le daemon ignora. Souple et légère, elle se plaça près de l’ordinateur pour parcourir le fameux fichier du regard.

— Elle a raison. Il n’est pas enregistré, dit-elle, anxieuse.

— Tout de même ! râla la standardiste.

Afin de la contrarier, Asta s’assit sur son arrière-train sur la table de bureau et la toisa d’un œil dédaigneux.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? s'enquit Malcolm, dérouté.

— Ca signifie que votre Mr Polstead n’est pas au bloc, articula la femme d’un ton acide.

— Où est-il, dans ce cas ?

La panique le gagna brusquement. Il plaqua les mains sur sa bouche et croisa le regard alarmé de son daemon.

— Qu’est-ce que j’en sais, moi ! soupira la standardiste. Bon, maintenant reprenez votre chat. Je suis allergique.

Elle attrapa un stylo pour éloigner Asta qui, indignée par son comportement, cracha dans sa direction avant de sauter dans les bras de Malcolm. Elle était si énervée qu’elle enfonça ses griffes dans sa peau. Le jeune homme grimaça. Trop tourmenté pour avoir mal, il se mit à faire les cent pas dans la salle d’attente avec Asta dans les bras. Les rares personnes présentes les observaient d’un air intrigué ou amusé, car il donnait l’impression de ne pas tourner rond. Certains changèrent de place sur son passage, craignant que son mal fût contagieux.

— Que va-t-on faire ? chuchota-t-il à son daemon.

Il se sentait aussi démuni qu’un petit garçon. Il savait son père dans l’hôpital mais dans l’incapacité de le retrouver.

— Ce que l’on fait quand quelque chose est impossible : on va au cœur des choses, murmura Asta.

Il devina ce qu’elle avait en tête, car c’était ce qu’il planifiait aussi. Parfois, il leur arrivait d’avoir les mêmes idées.

On doit trouver de l’aide, songea-t-il.

Sans la concerter davantage, le jeune homme posa son daemon au sol. Astra trottina à ses côtés tandis qu’il se rendait jusqu’à l’ascenseur. Mille pensées flottaient entre eux, dans le silence du petit espace qu’ils occupaient.

Quittant l’hôpital, ils se dirigèrent à grands pas vers le commissariat.

Les policiers sont habilités à faire les mêmes choses ici et chez moi, raisonna le jeune homme. Si je déclare une disparition, ils m’aideront. Ça fait partie de leur travail.

Malgré tout, il demeurait à demi convaincu. Dans son monde, les forces de l’Ordre étaient corrompues. Elles étaient devenues une milice au service du Magisterium, qui traquaient ceux qui osaient penser différemment. Il avait passé peu de temps à Storybrooke, à peine un mois, mais le fait que nul ne l’ait mis en garde contre la police de la ville l’encourageait à garder espoir. De toutes façons, Asta possédait une bonne intuition. Elle n’hésiterait pas à lui confier ses doutes au cas où.

En apercevant le commissariat, il courut presque sur les derniers mètres. Le temps était compté ! Il ouvrit la porte si brusquement qu’elle claqua contre le mur, et fit sursauter le policier qui, la tête dans la main, se dressa comme un ressort sur sa chaise. Se faufilant dans l’entrée, Asta déboula avant Malcolm pour sauter sur le comptoir, entre un gobelet de café vide et une boîte de donuts entamée. Le policier poussa un cri aigu, croyant à une attaque de bête sauvage. Soudain, Malcolm sentit l’espoir s’amoindrir. Il aurait souhaité un représentant des forces de l’ordre plus inspirant.

Passé l’instant de panique, le policier se ressaisit et épousseta sa chemise couverte de miettes. Il jeta ensuite un coup d’œil à Asta qui le fixait avec une expression perçante, assise sur le comptoir, sa queue battant dans l’air.

— Wow, tout doux, dit-il tout en levant les mains vers eux. C’est pas trop recommandé d’agresser un représentant des forces de l’ordre. Ça pourrait vous coûter cher.

Tandis qu’Asta reniflait les vestiges de donut d’un air dubitatif, Malcolm décida d’éluder les propos de son interlocuteur. Il tapa du poing sur la table et lança, téméraire :

— Mon père a disparu ! On l’a emmené au bloc opératoire et il n'en est jamais ressorti !

— En êtes-vous bien sûr ? Il a peut-être décidé de partir en balade sans vous prévenir.

— Je l’ai emmené à l’hôpital ! Il était prêt à être opéré !

— Il a peut-être changé d’avis, hasarda le policier en haussant les épaules.

Médusé, Malcolm en perdit la parole. Pourquoi les discussions dans ce monde partaient-elles dans l’absurde ?

— Bon, dans tous les cas, il faut attendre quarante-huit heures avant de signaler une disparition, reprit le policier d’un ton plus professionnel.

— Pourquoi attendre aussi longtemps puisque je sais qu’il lui est arrivé quelque chose ? s'écria le jeune homme, indigné par cette injustice.

— Parce que c’est la procédure, c’est comme ça, alors revenez dans deux jours.

La queue d’Asta claqua contre le comptoir et un grognement gronda depuis son museau fermé. Le policier la considéra avec un mélange d’inquiétude et de méfiance. Elle semblait sur le point de lui sauter au visage. Malcolm plaqua les mains sur le comptoir et planta un regard tout aussi inflexible dans celui du policier rondouillard.

— Je ne partirai pas d’ici sans qu’on m’apporte l’aide que je demande ! dit-il, décisif et implacable. En votre âme et conscience, vous ne pouvez me laisser ainsi !

L’autre afficha une moue agacée, presque blasée.

— Continuez comme ça, et je vous assure que vous passerez même la nuit au poste.

A cet instant, Malcolm aperçut une jeune femme rousse qui venait d’entrer. Elle venait d’un couloir du commissariat. Sans doute qu’elle avait été alertée par la conversation qui montait en puissance. Sans détour, le jeune homme pivota vers elle :

— Mon père a disparu. Ça fait plus de quarante-huit heures. J’ai besoin de vous.

Sa voix était à la fois tendue et maîtrisée, mais surtout pleine d’audace teintée de folie. Du coin de l’œil, il vit le policier de l’accueil ouvrir la bouche comme pour démentir ses propos, mais il le devança :

— Ca fait bel et bien quarante-huit heures. J’ai omis de vous le dire.

Un petit mensonge n’était rien s’il lui permettait de sauver son père. Le policier haussa les épaules. De toute évidence, il n’en avait rien à faire. Révolté, Malcolm se désintéressa de lui pour se focaliser de nouveau sur la jeune femme. Il espérait qu’elle se montre davantage impliquée. Elle portait un pantalon, par conséquent elle devait être habilitée à exécuter les mêmes tâches que ses collègues masculins.

— Par quoi commence-t-on ? s'enquit-il, afin de ne pas lui laisser le temps de riposter.

Asta et lui avaient braqué sur elle le même regard incisif. Deux paires de yeux verts qui la fixaient façon rayon laser.
.
http://once-upon-a-time-rpg.forumactif.com/t90876-malcolm-all-we-are-is-dust-in-the-wind


Jessie James
« Jessie never gives up,
Jessie finds a way! »


Jessie James

A la recherche du papa perdu ★ JESSIE Cnxt

Elle va être sympa cette mairie, j'le sens bien... On va s'entendre copains comme cochons...


A la recherche du papa perdu ★ JESSIE V27a

Edition Août-Septembre 2020

| Conte : Toy Story
| Dans le monde des contes, je suis : : Jessie, l'écuyère

A la recherche du papa perdu ★ JESSIE Sherif10

| Cadavres : 744



A la recherche du papa perdu ★ JESSIE _



________________________________________ 2021-10-25, 00:36 « Jessie never gives up, Jessie finds a way! »


A la recherche...
... du Papa perdu !

Nous étions au mois de Novembre. C’était loin d’être le mois le plus gai de l’année. Beaucoup en devenait morose à voir les jours qui raccourcissait et la pluie et la grisaille s’emparer du peu d’heure de répit que leur laissait la lune. Ce mois de Novembre était encore pire que ceux des années précédentes pour Jessie. Elle avait déjà connu le rush des dernières récoltes et la lenteur de l’après-récolte, elle avait découvert la vie morne des policiers de Storybrooke en cette période de l’année mais cette année avait un enjeu supplémentaire qu’elle n’avait même pas envisagé : en plus de tous les petits tracas habituels qui formaient les mois de Novembre comme la mise en place du nouveau maire qui lui passait généralement bien au-dessus de la tête, il y avait sa propre nomination au poste de shérif. A chaque élection, le premier mois était dans les pires du mandat du maire : il faisait du zèle pour prouver aux citoyens à quels points ils avaient eu raison de voter pour lui en tentant de prolonger l’état de grâce qui lui permettrait d’alléger son travail et la résolution de ses promesses sur les mois suivants. Mais cette fois-ci, Dorian la collait encore plus que le maire n’avait jamais collé le sheriff de mémoire de Jessie : il n’avait pas voulu d’elle et elle n’avait pas voulu de lui. Peut-être espérait-il pouvoir s’en sortir avec un shérif encore en place qui aurait la connaissance parfaite de son métier et qu’il avait peut-être commencé même à séduire les mois précédents. Mais non. Il fallait faire avec du neuf et le neuf, c’était elle, encore novice, assommée par la paperasse en plus des affaires. On ne pouvait pas dire que les deux avaient des idées convergentes et la rouquine soupçonnait que l’idée de l’avoir dans les pattes restait en travers de la gorge du nouveau maire. Mais ils faisaient de leur mieux pour au moins tenter de s’entendre.

Ce jour-là, elle avait alors entamé une longue conversation téléphonique avec lui suite à un point qu’il lui avait placé et un rapport qu’elle lui avait envoyé sur les derniers chiffres de la police. Tout y était passé : effectifs, budgets, résultats... Un gros bilan pour connaître les bases du travail à venir. Arrivé dans les dernières minutes de la conversation, l’écuyère avait eu de plus en plus de mal à se concentrer. Elle avait entendu des éclats de voix, venant de l’entrée du poste. Ses stores n’étant pas fermés, elle avait tenté quelques acrobaties sur s chaise pour vous ce qu’il était en train de se passer, sans succès. Elle s’était même levée, perdant légèrement le fil du monologue interminable du maire pour apercevoir une fraction de seconde un jeune homme roux qui semblait en colère. Entendant qu’Erwin prît enfin congés d’elle, elle se contenta de le saluer rapidement :

— Merci m’sieur le maire, on pourra en discuter demain lors de notre point.

Raccrochant vivement, elle avait fait le tour du bureau pour sortir rapidement en direction de l’accueil. A peine était-elle entrée dans le champ de vision du jeune homme qu’il l’avait interpellé. Le regard de Jessie glissa en direction de Bob, toujours posé sur sa chaise, pas très inquiet apparemment. Il était loin mais alors LOIN d’être le meilleur élément de la police, c’était un fait. L’accueil était un peu sa dernière chance et il ne brillait pas beaucoup plus à ce poste-là que dans ses précédents. Son mantra était clairement “moins j’en fais, mieux je me porte”. Il avait sans aucun doute congédié le jeune homme d’un “revenez dans 48h” et “c’est la procédure” et Jessie savait que stricto sensu, il avait raison de le préciser. Après tout, nombre de disparition se résolvaient d’elle-même et la règle des 48h servait surtout à désengorger la police. Mais Jessie n’avait jamais vraiment apprécié le manque d’empathie liée à cette règle ni même son côté “général”. Il était bien précisé que cette règle se faisait au cas par cas : disparition d’un adolescent marginal qui avait prévu de fuguer : règle des 48h appliquée, disparition étrange et inexpliquée : un assouplissement pouvait se faire. Dans les deux cas, l’important était de ne pas rembarrer la victime de sa règle en pleine tête mais de le préciser avec empathie. Quelqu’un qui paniquait pour un proche se contre fichait de ce que disait les règles. Et apparemment ce type et son chat faisait partie de la team “je ne partirai pas avant d’avoir reçu la promesse que vous ferez quelque chose”. Il semblait même attendre bien plus que juste une “promesse” car il s’incluait totalement dans la suite du déroulement. Le regard de Jessie glissa alors vers le chat qui se tenait assis avec une raideur qui n’avait rien de naturelle et qui l’observait du même œil perçant que son propriétaire.

— Et bien vous allez commencer par récupérer votre chat dans vos bras et vous allez ensuite me suivre dans mon bureau, je vais prendre votre déposition.

— Chef, je suis pas sûre pour les 48h...

— Je m’en occupe Bob, je le prends sur mon compte, ça va aller.

Elle s’était approchée pour poser la main sur la petite porte battante en bois qui permettait de passer de l’autre côté du comptoir, dans le bureau de police. Cependant, elle ne l’ouvrit pas tout de suite, attendant que le jeune homme récupère bel et bien son chat dans ses bras comme elle le lui avait demandé. Une fois l’action réalisé, elle lui avait ouvert l’accès avant de lui préciser :

— Suivez-moi.

Elle l’avait emmené jusqu’à son bureau avant de fermer les stores pour protéger son intimité et celle de son chat qui semblait quand même drôlement lié à son maître. C’était d’ailleurs très étrange d’amener son chat lors d’un dépôt de disparition. Elle s’était notée mentalement, supposant que l’homme devait avoir quelques problèmes affectifs. Maintenant qu’il était en face d’elle, son visage ne lui disait rien. Elle avait pourtant pris l’habitude de croiser nombre de personne mais le jeune homme ne lui disait rien. Elle l’observa un instant avant de lui dire :

— Je reviens tout de suite, ne bougez pas.

Elle récupéra un verre d’eau à la fontaine ainsi qu’un chocolat au lait, pas celui à l’eau décevant et les ramena dans le bureau. Elle les posa sur la table devant lui en précisant :

— Le verre d’eau c’est pour vous réhydrater, vous avez l’air un peu paniqué et donc désorienté. Le chocolat chaud c’est pour vous apporter un peu de réconfort. Buvez-les dans cet ordre. Pour le reste, racontez-moi tout. On va le retrouver votre papa, je vous le promets. J’ai besoin de savoir votre nom, votre prénom, le jour, la date, l’heure et le lieu de la disparition. La VRAIE date quelle qu’elle soit. Je suis pas là pour vous juger, on y est maintenant. Mais si vous me mentez, vous allez nous faire perdre du temps à tous, moi, mon équipe mais aussi vous et votre papa, vous m’avez comprise ?

Elle l’observa intensément un instant, un peu sévèrement. Elle ne sous-entendait pas qu’il mentait obligatoirement mais il avait parlé d’omission des 48h. Dans un cas de panique pareil, on était prêt à tout pour avoir de l’aide, y compris mentir, surtout quand on avait affaire à un mur comme Bob. Elle avait parlé lentement, calmement et distinctement pour qu’il prenne bien conscience de toutes ses paroles. Le ton était aussi resté neutre, pour bien garder la barrière entre l’ordre qu’elle représentait et lui.

— Ensuite j’ai besoin que vous m’expliquiez en détail toute l’histoire, comment vous êtes arrivés à ce lieu, ce qu’il s’est passé, si vous étiez ensemble ou pas, comment vous vous êtes rendus compte de la disparition, le caractère de votre père, pourquoi vous pensez à une disparition, bref le moindre détail qui peut m’aider à ouvrir un dossier. Vous prenez le temps qu’il vous faut, je vous écoute. On va le retrouver, ok ? Je trouve toujours une solution et j’abandonne jamais.

Elle l’avait observé avec intensité, l’œil déterminé, prête à en découdre. Son regard glissa alors sur le chat qui s’était posé sur son bureau. Après un instant d’hésitation, elle demanda :

— Le chat... C’est un chat thérapeutique ? Je vous demande parce que vous avez l’air d’être très stressé et vous semblez avoir un lien profond tous les deux... c’est pas courant qu’on amène son chat au poste de police alors... je me demandais...

Tentant de le détendre un peu plus et de le mettre en confiance, elle tourna vers lui une photo d’un chien.

— Moi, j’ai un chien. Il s’appelle Pil Poil. Et le vôtre ?

Focaliser un individu en panique sur des éléments connus du quotidien voire rassurant dans le cas d’un animal de compagnie aidait les gens à mieux se souvenir en s’apaisant. Jessie espérait lui donner le réconfort nécessaire pour l’aider car si son père avait vraiment disparu, par les temps qui couraient, il valait mieux agir vite.
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________________________________________ 2021-11-02, 17:34


A la recherche du papa perdu

❝ I have a bad feeling about this. ❞
Asta et Malcolm se renvoyèrent un regard avant qu’elle saute dans ses bras. Dans ce cas de figure, ils ne faisaient confiance à personne mais au moins, cette jeune femme semblait plus impliquée que “Bob”. Elle les conduisit jusqu’à son bureau dont elle ferma les stores. Malcolm trouva ce geste curieux. Craignait-elle qu’on les espionne ? Avait-elle une peau trop fragile pour les rayons du soleil ? Elle était rousse comme lui ; par conséquent ils partageaient sûrement les mêmes soucis d’épiderme. Cependant, cela aurait été cavalier de le mentionner en guise de préambule. De toute manière, elle ne lui laissa pas le temps de parler : elle lui indiqua de ne pas bouger avant de s’éclipser.

Asta remua dans les bras de Malcolm, tandis que celui-ci prenait place sur une chaise face à la table de bureau. Tous deux observaient la pièce avec un mélange de scepticisme et de prudence. Le daemon se montrait beaucoup plus méfiant, flairant l’air, ses yeux verts réduits à seulement deux fentes.

— Si ça se trouve, elle nous a emmenés ici pour se débarrasser de nous, déclara-t-elle.

— Tu exagères...

Malgré tout, Malcolm rentra la tête dans les épaules tout en jetant des coups d’œil appuyés au plafond et sur les parois, cherchant à distinguer des pièges magiques.

— Elle ne va peut-être jamais revenir. Il ne nous arrivera rien, soupira Asta que le comportement du jeune homme consternait. Hormis le fait d’être ignorés. Nous allons repartir bredouille, c’est sûr et certain.

Malcolm ouvrit la bouche pour répliquer quelque chose comme : “ne sois pas défaitiste” mais il fut de nouveau coupé dans son élan par la jeune femme qui était de retour. Il se contenta de baisser la tête vers Asta pour lui lancer un regard cinglant. Le Daemon l’ignora d’un port de tête altier. Bientôt, une agréable odeur de chocolat chaud enveloppa la pièce. Le jeune homme se pencha vers le gobelet fumant posé devant lui. Ignorant le verre d’eau, il attrapa le gobelet et souffla plusieurs fois dessus, après avoir remercié la gentille policière. Il écouta attentivement ses recommandations, tout en buvant plusieurs gorgées. Ainsi revigoré, il prit enfin la parole :

— Avant toute chose, je tiens à préciser que ce chocolat est délicieux.

Il eut un petit sourire au coin des lèvres, qu’il perdit vite en entendant le soupir las d’Asta.

— Je suis Malcolm Polstead. Mon père s’appelle Reginald Polstead. Il a été admis à l’hôpital aujou... il n’y a pas longtemps, rectifia-t-il en vitesse. Pour une ablation d’une partie de la thyroïde. Il a un cancer. Le souci, c’est que plusieurs heures après son opération, le personnel de l’hôpital n’a plus eu aucune trace de lui. Ils ont même insinué que je me moquais d’eux. Pourtant, j’ai vu mon père entrer dans le bloc opératoire ! Il n’en est jamais ressorti. J’ignore où il se trouve, encore moins s’il...

L’angoisse remontant crescendo, il passa une main sur son visage comme pour effacer cet affreux cauchemar de son esprit.

— Dans le cas d’un décès, les proches sont prévenus, n’est-ce pas ? demanda-t-il d’un ton éteint.

Beaucoup d’us et coutumes étaient différents dans ce monde, mais il partait du principe qu’une chose aussi grave bénéficiait forcément d’un suivi. Terrorisé à cette idée, il se mordit les lèvres et reposa le gobelet à moitié plein sur la table. Asta se pelotonna contre lui, sans cesser de fixer la jeune policière d’un œil perçant.

— Il ne voulait pas se faire opérer. Je l’ai convaincu de le faire et...

Il baissa les yeux sous le regard sévère de la jeune femme. Elle lui avait demandé de se montrer honnête. D’après elle, c’était le meilleur moyen de retrouver son père au plus vite. Il savait qu’elle avait raison. Mais pouvait-il lui faire confiance ? Allait-elle réagir comme “Bob” et la secrétaire de l’hôpital dès qu’il exposerait tous les faits ? D’un autre côté, avait-il une autre alternative ? S’il conservait des secrets, l’enquête ne mènerait nulle part. Il inspira profondément et avoua :

— J’ai emmené mon père à l’hôpital ce matin pour une ablation de la thyroïde. Je l’ai accompagné aussi loin que je le pouvais. Plusieurs heures plus tard, on m’a dit qu’aucun Reginald Polstead ne figurait dans les fichiers. L’hôpital de Storybrooke a volé mon père.

Il avait conscience que cette phrase sonnait de manière absurde, pourtant il leva la tête et croisa le regard de la jeune policière avec détermination. C’était la vérité brute, telle qu’elle l’avait demandée. Elle avait affirmé toujours trouver une solution et ne jamais abandonner. Il lui apportait un défi à sa mesure, dans ce cas.

Son audace fut brusquement ébranlée à l’évocation du “chat thérapeutique”. Perplexe, il cligna des yeux sans comprendre puis observa la photo du chien qu’elle lui montra. Saisissant enfin le quiproquo, il étouffa un rire qui vexa Asta, dont le poil de l’échine s’était hérissé.

— Il a l’air sympathique, dit-il en parlant du chien. La mienne s’appelle Asta.

Il tapota le flanc du daemon qui poussa un grognement hargneux. Puis, elle lança d’un ton hautain :

— Les gens d’ici ont des photos encadrées de leurs animaux de compagnie, c’est ridicule.

Malcolm eut un sourire crispé. Que fabriquait-elle ? Avait-elle oublié qu’il fallait se montrer très gentil avec la policière afin qu’elle les aide ? Jouant le tout pour le tout – et craignant surtout que son daemon ne se rende coupable d’un nouvel affront – il expliqua :

— Je viens d’un autre monde. Un monde au-delà de l’aurore. Peut-être que c’est pour cette raison que l’hôpital a volé mon père. Peut-être que les médecins veulent comprendre ce qu’il a de différent. C’est pour ça qu’il faut agir vite ! J’ignore à quel point le délai des quarante-huit heures est important pour vous. Tout ce que je sais, c’est que le temps est compté pour mon père. Il est seul, livré à un monde qu’il ne connaît pas, et il est malade.

Malcolm était de nouveau si anxieux qu’il en avait oublié de finir son chocolat chaud, désormais froid.

— Si vous ne m’aidez pas, vous aurez sa mort sur la conscience.

Ses paroles eurent l’effet d’un couperet sur lui-même, car plus que d’accuser la policière, il se sentait plus coupable que jamais d’avoir entraîné son père dans toute cette histoire. Le cœur gros, il ajouta à mi-mot que ce genre de soin n’existait pas dans son monde et que c’était pour cette raison qu’il avait convaincu Mr. Polstead de venir à Storybrooke.

— S’il vous plaît, Mademoiselle... Vous êtes mon dernier espoir
, acheva-t-il à mi-mot, la tête basse.
.
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Jessie James
« Jessie never gives up,
Jessie finds a way! »


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A la recherche du papa perdu ★ JESSIE _



________________________________________ 2021-11-10, 19:28 « Jessie never gives up, Jessie finds a way! »


A la recherche...
... du Papa perdu !

Peu importait le monde duquel venait les gens, peu importait les gens, le chocolat avait toujours eu un pouvoir magique. Un goût d’enfance, de bonheur, d’espoir et de réconfort. C’était peut-être pour cela que c’était une des boissons préférées de Jessie, loin du café amer des adultes ou du thé au goût fade. C’était comme si un adulte n’avait plus le droit au bonheur, c’était comme si en grandissait, on le forçait à se couper de ce qui avait fait qu’il était devenu lui en grandissant. Mais la rouquine n’était pas d’accord. Il n’y avait pas d’âge pour boire un chocolat chaud, en témoignait les traits détendus des gens à qui elle continuait à l’offrir sans cesse. Malcolm Polstead ne faisait pas exception. Elle l’avait vu se ruer directement sur la boisson, comme s’il savait déjà tout le pouvoir de la solution cacaoté, il en avait bu plusieurs gorgées et elle l’avait vu se détendre sous ses yeux, regagner sans aucun doute aussi un peu en logique et en réflexion, comme revigoré et prêt à se mettre à la tâche sans s’éparpiller. La shérif lui avait laissé le temps qu’il lui fallait, se contentant d’ouvrir ses outils informatiques pour prendre sa déposition à la seconde où il serait prêt à parler. Elle avait jeté quelques coups d’œil au chat. Il lui rappelait celui d’une histoire qu’elle avait l’habitude de lire aux enfants du Ranch pour Halloween, autour d’un grand feu des derniers déchets des récoltes, à se gaver de marshmallow et de bonbons : Harry Potter. Elle se souvenait que dans le premier chapitre du premier livre, on parlait d’un chat étrange qui était toujours trop sérieusement et rigidement assis pour être un véritable chat. L’animal avait cette même posture, altière et fière, peu proche de celle d’un animal. Elle ne la voyait pas se pourlécher ou se fiche complétement du monde qui l’entourait comme le faisait les félins, elle ne jouait pas avec le tissu du siège sur lequel elle était assise où ne s’était pas prise l’idée de vagabonder dans la pièce. Elle était juste assise, droite comme un “i” et attendait, presque attentive à ce qui se passait. Il avait même... soupiré... quand Malcolm avait complimenté le chocolat...

— Je suis contente s’il vous plaît mais je vous assure que c’est pas le meilleur. Quand toute cette histoire sera finie, je vous emmènerais prendre un VRAI chocolat chaud, un des meilleurs de la ville, vous verrez tout de suite la différence !

Elle lui avait lancé un sourire énergique. Ce n’était pas une invitation à proprement parlé, elle ne l’avait pas vécu comme ça. Il n’était pas rare pour détendre l’atmosphère auprès des victimes qu’elle tente de leur apporter du réconfort. Elle n’avait pas vu cela comme un rendez-vous ou quelque chose de déplacer, elle avait juste eu envie de lui faire plaisir, lui offrir une perspective de bonheur où tout se finirait bien : le papa serait retrouvé - il n’irait pas en prison – et un délicieux chocolat chaud couronnerait le tout ! Comme le festin dans Astérix et Obélix.

Elle regagna pourtant très vite en sérieux quand le jeune homme se mit à lui expliquer son histoire plutôt ahurissante. Malcolm Polstead avait tout bonnement PERDU son père à l’hôpital. Il était entré au bloc et il n’en était jamais revenu, PIRE... il avait disparu des dossiers comme s’il n’avait jamais été enregistré. Jessie avait froncé les sourcils tout en pianotant sur son ordinateur. Et dire que Bob allait renvoyer ce pauvre homme chez lui. Il y avait plusieurs réseaux de mafia dans la ville, l’un avait été démantelé il y avait peu de temps au crématorium... un trafic d’organes plutôt glauque et désolant. Avait-il réellement été démantelé ou s’était-il simplement déplacé ? Et si l’hôpital était le nouveau fournisseur d’un trafic d’organe ? Si c’était le cas, il n’y avait pas une minute à perdre, ils en avaient déjà même peut-être perdu beaucoup trop... Polstead avait forcément attendu l’heure règlementaire de la remontée du bloc pour commencer à s’inquiéter, il avait dû encore attendre quelques minutes ou même une heure avant de demander des renseignements et est-ce que le stress l’avait directement emmené jusqu’à chez elle ou avait-il encore perdu plus de temps ? Il était évident que son histoire ne durait pas depuis 48h, en témoignait de son lapsus, mais pouvait-elle lui en vouloir ? Qui attendrait 48h dans un cas pareil ? Pas même la police... juste cet abruti de Bob qui n’avait pas pris la peine d’écouter toute l’histoire du jeune homme... ça allait être sa fête.

— Hé ho, cowboy, on reste concentré.

Elle lui avait tapoté la main d’un geste énergique à trois reprises avant de se remettre à écrire sur son clavier. Elle avait tenté de le ramener à elle et à l’histoire car il était évident que le jeune homme était en train de perdre pied. Il paniquait tellement et l’angoisse de savoir son père mort le prenait tant à la gorge qu’il s’était mis à divaguer.

— C’est pas le moment de flancher, on va s’en sortir, ok ? Je vous laisserai pas. Vous vous en voudrez plus tard, quand vous l’aurez retrouvé.

Elle l’avait regardé dans les yeux un certain moment pour s’assurer qu’il comprenait ce qu’elle tentait de lui dire. Il avait besoin d’une nouvelle pause, un nouveau moment de réconfort. Jessie le comprenait. Elle n’avait jamais perdu son papa, elle n’avait pas de papa. Mais elle avait perdu ses enfants. Elle se décida alors à lui montrer une photo de celui qu’elle n’avait jamais vraiment perdu, son fidèle compagnon : Pil Poil. Cela eût l’air de fonctionner un court instant avant que le chat ne se mette à parler. Elle en avait vu des choses étranges dans cette ville mais un chat qui parle, c’était encore une première. Devait-elle être surprise ? Après tout, ça allait avec toute la posture qu’elle avait observé précédemment.

— Donc le chat parle...

Elle l’observa un instant avant de lui préciser un peu sèchement :

— C’est peut-être ridicule pour toi, Asta, mais tu sauras que parfois c’est tout ce qu’il reste aux gens dans cette ville et qu’aucun ne mérite d’être moqué pour ça.

Elle avait prononcé son nom de façon légèrement appuyé et n’avait pas quitté le félin des yeux pendant sa phrase. Ce n’était pas très gentil. Est-ce qu’elle se moquait d’eux, elle ? Non. Le cœur des gens était souvent un secret pour le reste des personnes et ce qu’il renfermait n’avait pas à être justifié ou moqué. Elle avait replacé sa photo correctement tandis que Malcolm se sentait le besoin de préciser leur provenance. Il avait sans aucun doute remarqué par sa phrase et ses réactions face au félin que ce n’était pas une chose commune dans cette ville. Asta avait pourtant un peu vendu la mèche : “les gens d’ici”... Ceux qui avaient vécu la malédiction ne parlaient pas comme ça. Ils s’étaient habitués depuis 8 ans à vivre en communauté avec des gens venant d’autres mondes, d’autres histoire. L’arrivée de ces deux-là était forcément nettement plus récente. Et que dire du mystère qui entourait cet endroit ? “Au-delà de l’Aurore”... C’était poétique, on aurait presque dire le début d’un poème. Comment étaient-ils arrivés ? C’était une autre question qui demanderait sans doute des réponses mais pas maintenant. Il n’était pas rare que des mondes se rallient à Storybrooke. Après tout, elle était parvenue à faire venir tous ses amis à Storybrooke il y avait un peu plus de deux ans grâce à Magrathéa.

— Si vous ne m’aidez pas, vous aurez sa mort sur la conscience.

— Hé, ho, molo sur les menaces, hein ? Je sais pas d’où vous venez tous les deux mais j’ai pas l’impression qu’on sache comment parler aux gens qui veulent bien vous aider, derrière l’Aurore. J’ai déjà bien assez à faire avec mes propres morts et il n’est pas encore mort alors on va tous se calmer et redescendre d’un ton, compris ?

Elle les avait pointés de l’index l’un après l’autre avec un air sévère avant de soupirer, comme pour retirer la pression qui était monté en elle à son tour. Son dernier aveu lui provoqua un pincement au cœur et elle releva les yeux vers lui :

— Je vous l’ai dit, je ne vous laisserai pas. On va comprendre ce qui est arrivé à votre papa, ensemble, d’accord ? Je trouve toujours une solution et je n’abandonne jamais.

Elle lui avait lancé un sourire convaincu avec un clin d’œil encourageant avant de se lever d’un bond.

— En route. J’ai envoyé la première partie de votre déposition, nous allons tenter de trouver des informations sur le terrain. Vous avez pas l’air d’être d’ici, vous avez une chambre au moins ? Un truc au cas où l’enquête serait un peu plus longue ?

Elle passa sa veste et récupéra son insigne et son arme tout en lui posant ses questions.

— Vous avez le droit de venir avec moi, si vous le voulez, mais on reste sage et l’un et l’autre. C’est moi le flic, pas vous. Vous posez pas de questions, vous faites rien d’illégal, vous me laissez gérer. On a un accord ?

Elle les observa alternativement l’un et l’autre. C’était peut-être étrange de demander son avis à un chat mais dans la mesure où celui-ci parlait et semblait avoir son propre caractère bien trempé, mieux valait passer l’accord avec les deux. Une fois l’accord reçu, elle leur précisa tout en les invitant d’un signe de tête à la suivre :

— On va commencer par aller à l’hôpital. Ils ont forcément des caméras de surveillance qui ont filmé ce qui s’est passé. On va aller voir ça et on en tirera les premières conclusions. Je me fiche de votre délai de 48h, c’est pour prévenir un travail inutile sur des fugues... il me semble évident que votre père n’a pas fugué dans un monde qu’il ne connait pas avec sa blouse d’hôpital juste après s’être fait opérer et en prenant soin d’effacer la mémoire de toutes les personnes qui avait été susceptible de le voir à l’exception de son fils et de son chat.

Elle actionna le déverrouillage automatique des portes de sa voiture et ouvrir la portière conducteur avant de s’engouffrer dedans de la même façon qu’elle aurait sans doute enfourché un cheval. Elle laissa Malcolm et Asta prendre place dans le véhicule avant de démarrer et de prendre la direction de l’hôpital. Elle avait roulé à allure modérée, sans sirène hurlante. Ce n’était pas une urgence aux yeux de la justice, c’était une enquête. Pourtant elle ne pouvait que comprendre l’urgence dans laquelle se trouvait le jeune homme. Elle se gara sur l’une des places réservées à la police, devant l’entrée et s’engouffra à l’intérieur sans vérifier si Malcolm la suivait. Après tout, elle lui avait bien précisé que l’enquête était sienne. Il pouvait la suivre mais elle n’attendait pas sur lui pour avancer. Arrivée à l’accueil, elle présenta son écusson à l’hôtesse d’accueil.

— Bonjour, Shérif James. Nous aurions besoin d’accéder aux archives complètes de l’établissement car nous sommes à la recherche d’un patient qui s’est fait hospitaliser ici. Pourriez-vous m’aider ou me diriger vers la personne en mesure de m’aider ?

— Oui bien sûr, Shérif. Le mieux est encore d’aller au Secrétariat Général car j’ai accès aux données des personnes entrant et sortant mais que sur la journée définie. Vous pouvez prendre l’ascenseur juste ici et monter au 6e étage. Le Secrétariat Général sera sur votre droite, j’annonce votre arrivée.

Elle la remercia, accompagnant ses mots d’un signe de tête et s’engouffra dans l’ascenseur avec le jeune homme et son chat. Elle appuya alors sur le bouton numéro 6 et attendit que l’immense cage de métal les amène à bon port. Arrivé devant l’hôte d’accueil, et demanda à voir le dossier de Reginald Polstead (elle avait bien enregistré le nom dans son esprit) et on lui avait répondu ce qu’on avait répondu au jeune homme avant elle : aucun dossier à ce nom n’était visible dans la base de données : ni ce jour, ni un autre, jamais. Reginald Posltead n’avait officiellement jamais mis les pieds dans cet hôpital.

— Bon... J’aimerai avoir accès au service sécurité s’il vous plaît, j’aurai besoin de visionner quelques images de surveillance.

On leur avait indiqué la marche à suivre et Jessie avait profité du second voyage en ascenseur pour préciser au jeune homme :

— Tout va bien. C’est normal que ça reste toujours aussi étrange et aussi flou. Mais on va trouver, j’ai plus d’un tour dans mon sac. Vous pourriez me préciser les heures d’arrivée dans les locaux et de descente au bloc ?

Ils avaient été accueillis par une jeune femme en uniforme qui les avait emmenés jusqu’à la salle des commandes et des caméras. Elle leur expliqua son travail et Jessie demanda à visionner les moments de vidéo lié aux heures précisées par Malcolm. Il n’y avait rien. ABSOLUMENT RIEN. Comme si Malcolm et son père n’étaient jamais arrivés dans l’établissement, comme si tout cela n’était qu’une invention du jeune homme : personne à l’accueil, personne dans la chambre, personne qui partait au bloc, personne qui attendait dans les couloirs. RIEN. Pourtant, il y avait quelque chose qui clochait. Fronçant les sourcils, Jessie se pencha sur quelques-uns des écrans pour mieux voir. C’était calme. Beaucoup trop calme pour un hôpital. Ce n’était pas seulement qu’il n’y avait pas les Polstead, il n’y avait personne. Comme si l’image était figée...

— Bougez pas, je reviens.

Elle l’avait tant pour l’agent de sécurité que ses deux invités. Elle sorti quelques minutes et après un ou deux coups de fil plutôt bien placé, elle revint présenter son téléphone à l’agent :

— J’ai une perquisition signée du procureur que vous voyez ici. L’original vous sera transmises sous peu. Je vais avoir besoin de perquisitionner toutes les bandes liées aux heures que nous avons visionné ensemble.

— Aucun soucis, je vous prépare cela. Vous pouvez vous asseoir ici, en attendant.

Elle leur proposa des chaises et les trois compères s’y déposèrent. La jeune femme s’affaira quelques secondes sous l’œil de Jessie qui gardait le silence, réfléchissant à ce qu’elle venait de voir. Après un instant, elle se tourna vers Malcolm en chuchotant :

— Vous vous souvenez du nom du médecin qui devait opérer votre père ? Nous devrions aller l’interroger... La personne ou le groupe de personne qui ont fait cela ont le bras suffisamment long pour avoir des accès privilégiés à l’hôpital et le médecin est peut-être dans le coup...
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________________________________________ 2021-11-28, 17:11


A la recherche du papa perdu

❝ I have a bad feeling about this. ❞
— C’est peut-être ridicule pour toi, Asta, mais tu sauras que parfois c’est tout ce qu’il reste aux gens dans cette ville et qu’aucun ne mérite d’être moqué pour ça.

Asta était vexée. Malcolm le perçut sans mal car sa queue en panache battait l’air de façon saccadée. Elle conserva un silence appuyé afin de montrer son mécontentement, qui donna l’impression au jeune homme que l’air dans la pièce avait pris la consistance du plomb. Plus qu’agacée, il devinait qu’elle était embarrassée d’avoir ravivée une plaie sans doute douloureuse pour la policière. Le daemon avait un caractère affirmé mais il n’était pas méchant par nature, en raison de l’attitude profondément humaniste de Malcolm. Lui-même se sentait peiné d’être indirectement la cause de cette réplique. Il ouvrit la bouche pour s’excuser mais la referma. Ce serait sans doute malvenu. Mieux valait arrêter les dégâts.

En tous cas, la jeune policière se montrait très professionnelle et pragmatique. Elle pianotait si vite sur le clavier de son ordinateur que Malcolm en eut le tournis. Elle avait quelque chose qui mettait naturellement en confiance. A mesure que les minutes passaient, le jeune homme se décrispait. Il avait envie de croire qu’ils pouvaient y arriver, ensemble !

— Vous avez pas l’air d’être d’ici, vous avez une chambre au moins ? Un truc au cas où l’enquête serait un peu plus longue ?

Pris au dépourvu, Malcolm l’observa en clignant des yeux. Lui proposait-elle de venir chez elle ? Était-ce la procédure des policiers de ce monde ? Puis, réalisant que c’était absurde, il répondit :

— Je loge au-dessus de la librairie d’Alexis Child. Je ne sais pas si vous connaissez. C’est temporaire, bien sûr.

Pourquoi précisait-il que c’était temporaire ? Il donnait l’impression d’avoir laissé sa phrase en suspens, comme s’il attendait une invitation de la part de la policière. Subitement mal à l’aise, il se racla la gorge et baissa les yeux, tandis que ses joues se coloraient un peu. Asta le fixa d’un œil perçant mais ne fit – heureusement – aucun commentaire.

Puis, il fut question de retourner à l’hôpital, dans le but d’obtenir davantage de renseignements. Malcolm était prêt à promettre tout et n’importe quoi. Cependant, il n’était pas certain de savoir tenir sa langue comme le "shérif James” le lui demandait. Il était surpris qu’une personne comme elle occupe une telle fonction. Il savait qu’un shérif, en Amérique, était le plus haut gradé d’un commissariat. Elle avait dû s’illustrer à résoudre de nombreuses affaires compliquées, ce qui le conforta dans l’idée qu’il pouvait lui faire confiance.

Il l’accompagna donc et resta silencieux tout du long de l’échange avec les différents membres du personnel de l’hôpital. Asta observait le même silence, mais avec le regard plus inquisiteur.

Ils visionnèrent les caméras de surveillance et le shérif James remarqua que l’image était figée. Malcolm ne s’en aperçut pas de suite mais trouva effectivement que quelque chose était étrange. La jeune femme lui chuchota brusquement :

— Vous vous souvenez du nom du médecin qui devait opérer votre père ? Nous devrions aller l’interroger... La personne ou le groupe de personne qui ont fait cela ont le bras suffisamment long pour avoir des accès privilégiés à l’hôpital et le médecin est peut-être dans le coup...

Malcolm se creusa la tête. Bon sang, quel était le nom du maudit médecin ? Il ne s’en rappelait plus !

— Stravapoulos... Christopoulos... Je ne me souviens plus bien. Ca terminait par “os”.

— C’était le docteur Anselm, intervint Asta à voix basse.

Puis, elle lança un regard consterné à Malcolm qui fronça les sourcils. Se pouvait-il qu’il se soit trompé à ce point ? Il ne mit pas les paroles de son daemon en doute ; elle possédait une meilleure mémoire que lui. Aussi, il se contenta d’adresser un bref sourire contrit au shérif James, comme pour confirmer les dires d’Asta.

Puis, son regard se figea par-dessus l’épaule de la jeune policière.

— Si vous voulez lui parler, il me semble que c’est le moment rêvé.

Sans un mot de plus, il se leva d’un bond et fixa d’un œil mi-perplexe, mi-déterminé, le docteur Anselm qui venait d’entrer dans la pièce. Apercevant Malcolm, ce dernier stoppa net, sembla hésiter, puis fit demi-tour pour courir en sens inverse. Le jeune homme s’élança à sa suite, Asta le devançant allègrement de par sa nature féline. Il ignorait si le shérif James leur avait emboîté le pas. En tous cas, il n’allait certainement pas laisser passer sa chance d’interroger ce chirurgien. S’il s’enfuyait, c’est qu’il avait quelque chose à se reprocher.

Ils traversèrent plusieurs couloirs, essuyèrent les exclamations affolées et indignées du personnel qu’ils rencontrèrent, surtout lorsque le docteur Anselm chercha à barrer la route à Malcolm en se servant d’un lit... sur lequel se trouvait un patient.

En un bond gracieux, Asta sauta par-dessus mais Malcolm n’eut pas le temps de l’éviter : il heurta le lit et tomba à moitié sur le pauvre patient.

— Oh, par tous les saints ! s'écria-t-il, le souffle court, en se redressant. Je suis désolé, monsieur ! Vraiment, je...

Asta n’avait pas arrêté sa course, et il sentait déjà le lien invisible qui les reliait être mis à rude épreuve. Il grimaça, une douleur vive irradiant de toutes parts, à l’intérieur et l’extérieur de lui.

— Bon dieu de bois ! Qu’attendez-vous pour faire sa fête à ce connard ? lança le patient tout en désignant le médecin qui continuait de s’enfuir.

Malcolm ouvrit des yeux ronds. Il ne s’attendait pas que cette personne prenne son parti. Après tout, en y réfléchissant, le docteur Anselm s’était servi de son lit comme d’un “bouclier”. C’était plutôt logique d’être furieux.

— Comptez sur moi ! dit Malcolm d’un ton farouche.

Luttant contre la douleur qui le tenaillait, il poussa aussi doucement que possible le lit contre le mur du couloir, avant de se remettre à courir. A mesure qu’il se rapprochait d’Asta, il sentait ses poumons s’ouvrir davantage et la souffrance s’atténuer, remplacée par une vague de soulagement.

Alors que le docteur Anselm ouvrait une porte, Asta se faufila entre ses jambes afin de lui faire perdre l’équilibre, ce qui laissa le temps à Malcolm de le rattraper. Le médecin était en train de se relever quand il le saisit par la blouse et le plaqua contre la paroi. A côté d’eux, le daemon poussa un sifflement de chat furieux.

— Que me voulez-vous ? hoqueta le docteur Anselm, apeuré.

— C’est un peu fort ! répliqua Malcolm, tentant de reprendre son souffle. Vous savez très bien ce que je veux, autrement vous ne vous seriez pas enfui. Où est mon père ?

Il le secoua un peu avant de le cogner contre la paroi. Paroi très étrange d’ailleurs, maintenant qu’il s’en apercevait. D’innombrables tiroirs en métal la recouvraient. Le reste de la pièce n’était guère plus accueillant : plusieurs tables en métal trônaient au centre. L’endroit ne disposait que de minuscules fenêtres, à l’image de celles présentes dans les caves. Sur une desserte, plusieurs outils étaient soigneusement rangés.

— Je... je ne vois pas de qui vous voulez parler, répondit enfin le médecin.

— Reginald Polstead.

— Qui ?

A bout de patience, Malcolm saisit un instrument de torture sur la desserte – du moins c’est ce qu’il pensait que c’était - et le pointa vers la gorge de l’homme qu’il maintenait toujours.

— Ça vous revient, maintenant, ou dois-je vous rafraîchir la mémoire ? fit-il, menaçant. J’ai déjà fait parler des gens de cette manière. Beaucoup de gens. Ne vous pensez pas privilégié.

Le ton de sa voix était à la fois calme et téméraire. Le médecin perdit le peu de couleurs qui lui restait. Assise sur l’une des tables en métal, Asta le fixait sans ciller.

— Je... je ne sais rien, je... On m’a payé pour servir de couverture. Je... je ne sais rien, je vous jure !

— Ne parlez pas par énigmes !
lança Malcolm, abrupt.

Dans son monde, l’expression “servir de couverture” n’existait pas. Par conséquent, il était persuadé que le médecin cherchait à gagner du temps. Il approcha davantage le scalpel de sa joue et...

La porte claqua. Quelqu’un était entré. Il espérait que ça soit le shérif James. Après tout, la jeune femme savait sans doute tout des rudiments de la salle de torture légale dans laquelle ils se trouvaient. Elle saurait en faire bon usage.
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________________________________________ 2021-12-12, 23:28 « Jessie never gives up, Jessie finds a way! »


A la recherche...
... du Papa perdu !

Tout s’était passé tellement vite... et pourtant Jessie aurait pu le parier. A la seconde où ses yeux avaient croisé ceux du médecin, elle l’avait su : ça ne se finirait pas bien pour lui. Quant à eux, ils allaient devoir courir. Sans doute avait-il senti la même chose que Jessie mais le docteur Anselm s’était stoppé net avant de repartir comme il était venu mais en beaucoup BEAUCOUP plus rapide. Le chat avait été le premier à réagir. Il avait bondi d’un coup à sa poursuite, le jeune homme sur ses talons. Présageant du pire, la Cowgirl s’était levée à son tour avec grande allure et l’avait suivie, prête à le rattraper et à le dépasser pour s’assurer d’avoir la main mise sur le fuyard. Dans une situation pareille, elle pouvait comprendre que Polstead voie rouge voire perde les pédales. Il avait perdu son père depuis maintenant plusieurs heures et c’était la première fois qu’il avait un faisceau d’espoir, la première preuve qu’il n’était pas fou. Jessie ne pouvait que le comprendre, il avait une occasion en or de mettre la main sur celui qui avait potentiellement fait du mal à son père, une occasion en or de faire la lumière sur cette affaire et toutes les promesses ou non qu’il eût pu lui faire auparavant étaient désormais mortes. C’était donc à elle de calmer le jeu et elle l’aurait sans doute fait si...

— Aaaaah pile la personne que nous voulions voir, Sheriff James !

Une masse de couleur violette venait de lui barrer la route sciemment. Elle avait tenté de l’éviter en posant ses mains sur ses épaules, le regard toujous fixé sur Malcolm qui disparaissait au loin, coursant toujours le médecin :

— Monsieur Polstead !

— Non très chère, Monsieur Putnam mais je refuse de croire que je vous ai jusqu’alors laissé un souvenir aussi fugace. Encore l’une vos blagues dont seule vous aurez le secret ?

— Non, Oliver, c’est juste que... si vous vouliez bien me laisser passer, ce n’est pas le moment-là...

Maudits personnages avec leur podcast ! Ces trois-là étaient sans aucun doute la plus grande épine dans le pied de Jessie et ce, depuis plusieurs mois. Ils étaient trois, deux hommes d’un certain âge dont l’un exagérait sa bonhomie et ses manières et l‘autre semblait être un taciturne maladif et une jeune femme qui les accompagnait avec très souvent un regard atterré et une motivation dans sa tâche qu’elle semblait vouloir dissimuler à tout prix. Jessie ignorait comment ils faisaient mais ils arrivaient TOUJOURS à connaître les affaires du moment et à s’immiscer dans les plus croustillantes et donc aussi les plus compliqué. Oliver Putnam, non content de lui barrer la route, présentait à présent un micro de télévision si proche de ses yeux et de ses lèvres qu’elle ne parvenait même plus à voir le jeune homme et son chat. Sentant qu’elle commençait à perdre patience, la jeune fille décida de rattraper le coup, comme à chaque fois :

— Sherrif James, on ne vous prendra pas longtemps, est-il vrai qu’une personne a disparue dans cet hôpital ?

— Même si c’était vrai, vous n’êtes pas habilités à le savoir.

— En tant qu’ancien Brazzos, je peux vous affirmer que...

— En tant qu’ancien Brazzos vous devriez savoir que le rôle des policiers est souvent romancé dans les séries et que vous n’êtes pas autorisés à faire ce que vous f...

— A-t-on affaire à un dément en pleine évasion comme le Joker ? Ouh noooon mieux ! Une nurse psychopathe comme dans Ratched ! Vous pensez que la victime a déjà été découpée en morceaux à cette heure, Sheriff James ?

Il avait bien fait attention à articuler tous ses mots, se mettant dans une mise en scène plus que douteuse, comme à son habitude, ce qui faisait sans aucun doute aussi tout le sel de son personnage pour les gens qui suivaient leurs podcasts déments. Il lui colla le micro dans la tête tout en ajoutant à voix basse :

— Parlez bien fort dans le micro sinon je vais devoir encore payer une fortune pour avoir un mixeur son qui me fera un travail digne de ce nom.

— Je ne dirais rien du TOUT bon sang, fichez-le camp, vous êtes en train de tout compromettre !

— Le mec qui s’est enfui à quelque chose à voir avec cette affaire ?

Comme d’habitude, la jeune fille était plus vive. De son côté “Brazzos” fronçait les sourcils :

— Mais alors qui est le rouqu...

— Oooh une couuuurse poursuite, faaascinant !! Cela va considérablement augmenter le nombre de nos auditeurs, foncez Sheriff James, FOOONCEEEEZ ! Nous viendrons vous trouver plus tard à votre bureau !

— HORS DE QUESTION !

La dernière phrase, elle l’avait hurlé en direction des trois qui devenaient de plus en plus petit dans le couloir à mesure qu’elle s’éloignait en courant. Oliver Putnam avait lui-même était obligé d’élever la voix. Il avait d’ailleurs tenté de répondre encore quelque chose mais Jessie n’en avait plus rien à faire, elle souhaitait désormais plus que retrouver Polstead, le chat et Anselm. Quelques patients sur la route lui donnèrent des indications qu’elle gratifia de chaleureux remerciements. Elle profita de sa course pour demander du renfort, au moins deux hommes de plus avec une voiture, pour appréhender le suspect. Elle atteint alors la porte de la morgue où le jeune homme empoignait déjà le médecin assez violemment, son chat à ses côtés, le poil hérissé. Il semblait tenir dans les mains un scalpel et Jessie ne voyait pas très bien où il voulait en venir avec l’outil. Espérait-il lui faire peur ? Ou allez beaucoup plus loin ? Elle avait délibéré fait claquer la porte pour l’avertir de sa présence avant de s’approcher de Polstead et poser une main douce mais ferme sur la sienne afin de lui retirer le scalpel :

— Donnez-moi ça. Ne vous rendez pas coupable alors que vous êtes la victime, ça n’en vaut pas la peine. Je ne vous laisserai pas tomber, faîtes-moi confiance.

Elle avait fini par récupérer le scalpel et avait gentiment repoussé le jeune homme pour être certaine d’avoir le temps de voir venir un éventuel second assaut. Elle lui pointa du doigt une chaise avant de se tourner vers le médecin et de lui tendre sa plaque.

— Boon, docteur Anselm, sacré sprint que vous nous avez fait là. On va reprendre du début et je vous conseille de coopérer. Ça va mal se finir pour vous, mais dans un cas ça se finira sans doute moins mal que si vous ne dîtes rien alors vous savez ce qui reste à faire.

— Je n'ai vu personne. Jamais personne ! On m'a contacté par mail... On m'a forcé à servir de couverture... Je ne voulais pas. Je suis un bon médecin. J'ai une conscience professionnelle mais...

— Mais vous aviez besoin d’argent c’est ça ? Vous êtes quoi comme type de médecin au juste ? C’est pas commun de se réfugier dans une morgue...

— Je... je pensais que vous ne me suivrez pas...

— Vous avez œuvré pour enlever mon père ! Vous pensez vraiment que je vous aurais laissé filer ?

— Croyez-moi, je ne voulais pas que ça arrive. Mais je n'ai pas eu le choix... On m'a menacé par mail...

Il bafouillait de plus en plus et le rouquin était intraitable, ce que Jessie ne pouvait que comprendre. De son côté, elle restait calme et analysait la situation. Il n’avait pas l’air très intelligent à première vue pour penser que personne ne le suivait et pas très enclin à résister à la menace non plus, ce qui était parfait pour eux.

— Et ces mails, on peut les voir ?

— Je ne peux pas vous les montrer. Mon téléphone est vieux, très vieux, je n'ai pas de connexion Internet dessus...

Il avait le front en sueur et semblait sur le point de craquer. Jessie ne se laissa pas démonter, prenant un air faussement compréhensif, elle apposa sa main sur l’épaule du médecin avec une certaine fermeté qui s’approchait de la menace avant de reprendre avec un ton toujours aussi sympathique :

— Y’a auuucun soucis mon vieux, je comprends totalement. Mais on peut toujours s’arranger autrement, je suis sûre que vous aurez internet sur votre ordinateur, dans votre bureau. Vous avez bien un bureau Docteur Anselm, comme tout médecin de cet hôpital qui se respecte, n’est-ce pas ? Je vous assure que ce serait dommage de me décevoir.

— Non... je... je ne peux pas vous montrer les mails. Ne me forcez pas. Vous pouvez me croire quand je vous dis qu'on m'a menacé, non ? Je suis médecin. Je n'ai qu'une parole.

Il avait l’air totalement paniqué.

— Vous répétez souvent que vous êtes médecin mais vous oubliez peut-être un peu que vous avez juste enfreint votre serment d’Hypocrate dans cette affaire donc si j’étais vous je la mettrais en veilleuse sur ce point, cowboy.

Il inspira profondément et précisa d’un bloc, comme pour prouver sa bonne foi :

— Le jour de l'opération, on m'a appelé avec ce numéro. Je l'ai encore en mémoire dans mon téléphone. On m'a dit de placer le corps dans une ambulance précise avec la clé sur le contact. C'est tout. Je ne sais rien de plus.

Il fouilla dans sa poche et lui tendit son téléphone.

— C'est le dernier appel.

Jessie récupéra le numéro de téléphone et envoya un message au service IT.

Salut, j’ai besoin que tu m’identifie ce numéro rapidement, tu peux faire ça ?
Merci,

Jessie.

Il n’était pas question d’appeler tout de suite sans savoir s’ils pouvaient récupérer des informations en amont. Eviter d’alerter l’organisation criminelle était encore le meilleur moyen de conserver les chances de survie avec Monsieur Polstead. Si appel il devait y avoir, elle voulait savoir où elle mettait les pieds et elle voulait surtout avoir de quoi tracer l’appel et avoir un enregistrement. Elle retourna le téléphone dans ses mains avant de préciser :

— Et bien dis donc, il a pas l’air si vieux ce téléphone finalement. Il s’est refait une petite beauté dans votre poche ? Je vous préviens, il va falloir arrêter de jouer au con avec moi parce que vous êtes plus que mal barré. Je veux voir TOUT DE SUITE le mail dont il est question. Je peux aussi demander un mandat, attendre d’avoir l’autorisation que je finirai par avoir mais du coup je rajouterai quelques années à votre peine initiale. C’est comme vous voulez, soit vous coopérer directement, soit on utilise la manière forte mais il faudra pas venir pleurer quand vous ne pourrez plus prendre votre douche en prison. Je répète ce que je veux de vous : que vous me décliniez votre identité et me préciser le type de de médecin que vous êtes, si vous êtes vraiment chirurgien parce que je commence sérieusement à en douter. Ensuite, vous me montrer gentiment cet email. Puis vous allez me préciser ce que vous avez effectivement fait à Monsieur Polstead : est-ce que vous l‘avez endormi ? Opéré ? Enfin vous me donnez toutes les précisions que vous avez sur cette ambulance : son numéro, où elle était garée, bref TOUT ce que vous avez. Si je découvre que vous m’avez menti ou que vous ne m’avez pas du TOUT ce que vous aviez, ça va mal se passer, on est d’accord ?

Cette fois, l’homme sembla paniquer pour de bon, elle avait fait mouche :

— Je suis le docteur William Anselm. Je suis chirurgien. Je n'ai pas eu besoin d'endormir le patient car mon collègue anesthésiste l'avait fait. Je l'ai seulement placé dans l'ambulance.

Il lui précisa ensuite tout ce qu’elle voulait savoir si la plaque d’immatriculation, le lieu où avait été placée le véhicule, le numéro de place de parking dans le parking de l’aile privée de l’hôpital. Jessie nota toutes les informations pour les envoyer plus tard à la centrale.

— Voilà qui est déjà bien mieux comme coopération. Combien de personnes étaient au courant de votre magouille ? S’il y a eu anesthésiste, lui aussi devait être au courant, je suppose ?

L’anesthésiste était bien de mèche. Joueur invétéré de poker, Anselm l’avait payé pour éviter qu’il ne parle... Voilà qui faisait une belle brochette de corrompus dans cet hôpital. Jessie encaissa l’information avec une déglutition réprobatrice tout en notant le nom de l’anesthésiste. Lui aussi devait être interrogé. Pour le reste Anselm confirma qu’il avait lui-même effacé Reginald Polstead des dossiers pour qu’aucune trace de son opération n’apparaisse nulle part. Il était également à l’origine des caméras trafiquées, voilà qui les faisaient bien avancer.

— Bon... et pour ce mail ? Vous ne pensiez tout de même pas que j’avais oublié ?

De mauvaise grâce, il pianota pour lui retrouver le document. Il y avait bien reçu des menaces, de grosses menaces sur le fait de tout divulguer à sa famille. Jessie remarqua qu’une pièce jointe était accompagnée mais l’homme avait déjà repris son portable.

— Puis-je voir la pièce jointe, Monsieur Anselm ? Celle de votre mail. Je ne suis pas là pour vous juger, j’ai plus urgent à faire, vous avez fait une bêtise apparemment et il faut assumer.

A contre cœur, l’homme se remit alors à pianoter sur son écran avant de lui tendre son téléphone d’une main tremblante. Jessie récupéra l’engin et cliqua sur la pièce jointe. Ce qui semblait ressembler à une conversation internet s’afficha alors à l’écran. Il y avait un grand espace où de nombreux messages avaient été échangés et sur la droite de l’écran, dans deux petits carrés, on pouvait voir les protagonistes des échanges. En bas, on pouvait reconnaître Anselm, devant son écran mais dans la pénombre, comme s’il était dans le noir et que seule la lumière de son écran se reflétait sur son visage. En haut, une petite fille surprise, quelque peu apeurée, qui ne devait pas avoir plus de 10 ans. Le cœur de la cowgirl loupa un battement lorsqu’elle comprit ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux. Ou ce qu’elle croyait comprendre... et qui se confirma très bientôt. La petite fille ne savait pas trop quoi dire, Anselm tentait de la rassurer d’une voix douce, lui précisant qu’ils étaient “copains”, et qu’entre “copains” on se disait tout et... on se montrait tout. La mâchoire serrée, la rouquine se détourna de l’homme, lui collant son téléphone dégoûtant dans la main. De son côté, Anselm se mit à paniquer plus que jamais, sa voix partant dans les aigus :

— Je vous ai tout dit ! Je ne fais rien de mal ! Je parle juste avec des enfants ! Je vous le jure ! Ne dites rien à ma famille. Ça pourrait ruiner mon mariage, ma carrière...

Elle essayait de faire abstraction de ce que ce gros porc dégoûtant était en train de dire, cherchant dans ses quelques pas à se calmer, à ne pas dépasser la ligne rouge qu’elle ne devait pas franchir. Mais quelques mots finirent de mettre le feu aux poudres :

— Alors que je ne fais rien de mal...

— Que tu faisais rien de mal ? Espèce de...

Elle s’était tournée vivement vers lui, lui assénant un énorme coup de poing dans le visage. L'homme, complétement abasourdi avait eu la tête qui avait cogné violemment contre un des casiers mortuaires et tentait de se remettre de l’assaut tandis qu’elle se jetait sur lui avec plus de force. Mais quelque chose ou plutôt quelqu’un l’en empêcha, la soulevant presque de terre par la même occasion :

— Ho ho ho Jessie, stop, STOP ! On est là, on va s’en occuper.

C’était Dereck, un de ses meilleurs agents qui avait sans aucun doute été dépêché suite à sa demande de renfort. Son collègue, James, tout aussi bon, passait déjà les menottes au médecin qui continuait de préciser qu’il n’avait rien fait. Son nez était salement amoché, il pissait clairement le sang mais Jessie n’en tira aucune satisfaction. Il méritait plus, tellement plus. On ne touchait pas les enfants inopinément. Il y avait des crimes affreux, celui-ci faisait partie des pires possible selon elle. De son monde de jouet, elle n’avait jamais compris à quel point la vie pouvait être violente, elle ne l’avait compris qu’après la malédiction. Elle avait du mal à reprendre son souffle, elle sentait que si Derek ne la tenait pas aussi fermement, elle risquait d’y retourner, encore une fois, juste pour la forme. Mais son collègue la retient jusqu’à ce que son souffle redevienne normal. Sa main lui faisait un mal de chien mais elle s’en fichait. Derek lui désigna le lavabo pour qu’elle en lave le sang tandis que James escortait Anselm en dehors de la salle. Comme pour se calmer, elle se passa un coup d’eau sur le visage et tira ses cheveux en arrière, les lèvres pincées.

— Ca va mieux ?

— Ouais. Coffrez-le-moi et foutez-le-moi dans une cellule permanente. Il est pas prêt de sortir de sitôt. Confisquez son téléphone et faites-en une pièce à conviction, j’ai deux témoins ici qui pourront bien préciser que ce connard m’a montré tout ça de son plein gré.

Derek se tourna et son regard se troubla : deux témoins ? Il n’en voyait qu’un... et son chat. Mais voyant l’état de son chef, il préféra ne pas relever.

— Amène-le le téléphone en analyse, il faut tenter de me retracer le mail de la personne qui lui a envoyé ça. Faites une saisie des caméras de surveillance aussi, notamment celles du parking, j’ai besoin de retrouver une ambulance, j’ai l’immatriculation, je vous transmets tout ça aussi au dossier. Précise bien au labo que le téléphone que je leur ai envoyé plus tôt est lié à toutes ces analyses-là et qu’il me faut les résultats au plus vite, une vie est en jeu. Pour le reste, dites à ce connard qu’il ferait mieux d’appeler un avocat, je veux une équipe pour aller perquisitionner son ordinateur personnel et du boulot, trouvez-moi tout ce qui peut être relié à de la pornographie infantile. De mon côté, je continue avec Monsieur Polstead.

Elle l’avait précisé sombrement, tout en se dirigeant vers Malcolm une nouvelle fois.
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Malcolm Polstead
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »

Malcolm Polstead

| Avatar : Domhnall Gleeson

A la recherche du papa perdu ★ JESSIE Oxford

So far from home...



| Conte : The Book of Dust Trilogy
| Dans le monde des contes, je suis : : Malcolm

A la recherche du papa perdu ★ JESSIE 210223063600317827

| Cadavres : 83



A la recherche du papa perdu ★ JESSIE _



________________________________________ 2021-12-22, 15:54


A la recherche du papa perdu

❝ I have a bad feeling about this. ❞
La shérif James avait remarquablement géré cette affaire. Elle n’avait omis aucun élément et fait subir un interrogatoire en règle au docteur Anselm. Un peu à l’écart, Malcolm avait assisté à tout l’échange, et observait la téméraire jeune femme d’un œil fasciné. Il n’était pas intervenu car il avait jugé qu’elle s’y était très bien prise. Asta, près de lui, fixait le médecin sans ciller, sa queue battant de façon saccadée. Le daemon traduisait la nervosité et la rage contenue de son humain.

Lorsque la shérif perdit son self-control, Malcolm fit un pas vers elle. Il craignait que le docteur riposte et pour rien au monde il n’aurait toléré qu’on frappe une femme. Des souvenirs d’enfance se superposèrent à sa vision. Malgré lui, il revit une amie très chère aux prises avec un sadique fou furieux... Sa mâchoire se contracta et il secoua la tête pour chasser ces effroyables réminiscences. Il voulut s’approcher de la shérif, mais un policier surgit et la souleva presque de terre afin de la placer hors de portée du criminel. Un autre policier passait déjà les menottes au “docteur”. La situation était sous contrôle. Néanmoins, Malcolm ne parvenait pas à calmer ses palpitations. Ses poings demeuraient aussi serrés que sa mâchoire. Une boule lui obstruait la gorge. En dépit de ses efforts, il repensait à son amie. Alice, si jeune, si innocente... Aucun enfant ne mérite un tel traitement.

Dans un état second, il entendit à peine la shérif énoncer des ordres concernant la suite de l’enquête. Il resta debout, ses souvenirs l’ayant happé et le rendant plus mort que vivant. Quelque chose frôla sa jambe et il cligna des yeux, puis pencha la tête. Asta s’était frottée contre sa jambe afin de le réconforter. Il s’efforça de déglutir et de paraître décontracté face à la shérif James. Il se devait de faire bonne figure. Flancher maintenant risquait de tout compromettre. Son père comptait sur lui. Il ne devait pas laisser le passé l’engloutir.

— Un être ignoble... lâcha-t-il dans un filet de bile. Vous avez bien fait de le frapper. Il mérite bien pire.

Il coula un regard acrimonieux en direction de la porte par laquelle les policiers avaient fait sortir le docteur Anselm.

— Aucun enfant ne devrait à subir des choses pareilles...

Cette phrase avait été murmurée dans un soupir. Il inspira profondément et s’efforça de se composer une expression plus engageante.

— Bien. Nous sommes loin d’en avoir fini. Comment vous sentez-vous ?

Sans réfléchir, il saisit délicatement la main de la jeune femme dans les siennes. Il la plia doucement puis la lâcha.

— Elle n’est pas cassée. Vous auriez pu vous faire très mal étant donné la force que vous avez mise...

Il croisa son regard et esquissa un sourire en demi-teinte. Il était reconnaissant qu’elle s’implique autant mais il craignait qu’elle se blesse avant la fin. Même si elle semblait étonnamment robuste, il ne souhaitait pas qu’elle pousse dans ses derniers retranchements. Il en était là de ses réflexions quand l’un des policiers revint dans la morgue.

— Shérif ! On a localisé l’ambulance !

Immédiatement, il mit de côté toutes ses réflexions et s’élança à la suite de la shérif. Plus rien d’autre ne comptait. Une fois sur le parking, il monta à bord de la Jeep de la jeune femme sans même attendre d’invitation. Toutes ses pensées étaient focalisées sur son père. Pourvu qu’ils arrivent à temps... Pourvu qu’il soit sain et sauf.

Les dents serrées, il se cramponna au rebord de la portière et s'abîma dans un silence pesant, durant tout le trajet. Sur ses genoux, Asta semblait tout aussi tendue, observant le paysage à travers la vitre.

Lorsque la voiture fut sur le point de stationner aux abords de docks, Malcolm n’attendit pas qu’elle soit à l’arrêt pour descendre. Il entendit une protestation électronique de la part du véhicule. Le visage fermé, il observa les alentours, Asta faisant de même. Il lui faisait davantage confiance pour repérer une agitation suspecte, car elle possédait une meilleure vue.

— Là-bas ! lança-t-elle soudain.

Un peu à l’écart, une ambulance était stationnée près d’un bateau de taille modeste. Asta s’y précipita à vive allure et disparut à l’intérieur, par l’une des portes entrouvertes. Malcolm courut afin de la rattraper. Ouvrant en grand l’une des portes de l’ambulance, il constata qu’elle était vide. Jessie avait eu le temps de les rattraper.

— Le bateau !

Il n’eut pas le temps de pivoter vers ce dernier que quelque chose frôla son oreille et heurta la porte de l’ambulance dans une forte détonation. Des coups de feu ! Il eut le réflexe de placer une main sur le dos de la shérif afin qu’elle se baisse. On leur tirait dessus. Heureusement, le reste de la “cavalerie” arrivait en renfort : plusieurs voitures de police déboulèrent dans des crissements de pneus. Les forces de l’ordre en sortirent pour riposter envers l’attaque, se servant des portières des véhicules pour se protéger des projectiles. Les ennemis n’étaient pas nombreux, mais bien équipés et redoutablement bien placés à bord du navire. A l’abri derrière la portière de l’ambulance, Malcolm compta trois hommes armés chacun d’une mitraillette.

La shérif s’étant jointe à la fusillade, Malcolm profita qu’on ne se souciait plus de lui pour contourner l’ambulance prudemment, Asta marchant à pas de velours à ses côtés. Les policiers étaient efficaces mais les ennemis pouvaient quitter le port à tout moment. Le jeune homme devait agir avant de perdre l’avantage.

Sans se concerter, Asta se faufila sous l’ambulance afin d’avoir une meilleure vision d’ensemble. Parmi les détonations, Malcolm l’entendit soudain :

— Un des hommes est tombé. Un autre est blessé. Le troisième recharge. C’est maintenant ou jamais.

Les poing serrés, Malcolm quitta sa cachette pour s’élancer à découvert sur les docks, parcourant le plus vite possible la petite distance qui séparait l’ambulance du bateau. Asta sauta à bord bien avant lui, qui dut éviter les balles de l’ennemi blessé qui continuait de tirer en hurlant. Il comptait sur les policiers pour neutraliser les agresseurs. Ces derniers ne pourraient s’en prendre à lui tant que la fusillade avait lieu. Cela lui laissait le loisir de s’enfoncer dans les profondeurs du navire. Il cassa la vitre renfermant une hache, juste au cas où il ferait de mauvaises rencontres en chemin, puis avança à vive allure à travers le premier corridor.

Asta et lui se séparaient autant que possible, et autant que leur lien le leur permettait, afin de couvrir davantage de terrain. Enfin, en ouvrant une porte - à coup de hache puisqu’elle était verrouillée - il trouva son père. Ils se renvoyèrent un regard paniqué, car M. Polstead avait sûrement angoissé en voyant la hache fendre le bois, sans savoir qui était aux commandes. Passée la seconde de silence perplexe, Asta se précipita vers Drixie. Les deux daemons se touchèrent du bout du museau. L’épagneul breton semblait en forme, bien que fatigué. Reginal Polstead l’était tout autant. Quand il croisa le regard soulagé de son fils, qui baissa enfin sa hache, la première chose qu’il prononça fut :

— C’est quoi ce monde de fous dans lequel tu m’as emmené ?

Une remontrance. Pour une fois, Malcolm la reçut en plein cœur, car au moins, son père était en vie. Malgré tout, il ne le prit pas dans ses bras. Il n’eut aucun élan d’affection. Ce n’était pas comme ça entre eux.

Le jeune homme ouvrit la bouche mais la referma en entendant les détonations cesser brusquement. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Quel camp l’avait emporté ?

— Qu’est-ce qui se passe, bon sang de bois ?
grommela M. Polstead.

— Ils ne t’ont rien fait ? s'enquit Malcolm.

Son père haussa les épaules d’un air grincheux.

— J’ai l’air d’avoir été opéré ? Je me suis réveillé y a plusieurs heures dans cette cabine. Au début, j’ai cru que j’étais toujours à l’hôpital, mais j’ai eu beau appeler, personne n’est venu. Qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Tu vas m’expliquer ou...?

Malcolm lui fit signe de se taire. Des bruits de pas se faisaient entendre depuis l’escalier. Il déglutit, demanda à son père de s’éloigner dans un coin de la pièce par signes muets, puis se posta contre le mur, près de la porte défoncée. De manière à être bien placé pour voir les ennemis arriver et frapper, au besoin.

Lorsqu’une silhouette pénétra dans la cabine, Malcolm abaissa sa hache mais eut la présence d’esprit de retenir son coup.

— Shérif James ! s'écria-t-il, à la fois anxieux et soulagé. Vous auriez dû vous annoncer. J’ai failli vous...

… raccourcir d’une tête.

Il esquissa un sourire contrit puis enchaîna :

— J’en déduis que la situation est sous contrôle, là-haut ?

Son père se racla la gorge, ce qui le poussa à faire les présentations :

— Voici mon père. Il va bien. Je m’en suis déjà assuré. Et voici Drixie.

Méfiant, l’épagneul breton montra les crocs. Quant à Reggie Polstead, il plissa des yeux en direction de la shérif et du policier qui l’accompagnait.

— Ils sont de notre côté, père. Ils m’ont aidé à te retrouver.

— Mouais... fit M. Polstead, suspicieux. On rentre ? J’en ai jusque-là de ce monde de péquenauds.

Malcolm se sentit quelque peu embarrassé par le comportement de son père. Il pouvait comprendre sa mauvaise humeur, mais ce n’était pas courtois vis-à-vis des personnes qui avaient œuvré pour le retrouver. D'une certaine manière, c'était même ingrat. Il agita mollement la hache au bout de sa main avec une moue.
.
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Jessie James
« Jessie never gives up,
Jessie finds a way! »


Jessie James

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Elle va être sympa cette mairie, j'le sens bien... On va s'entendre copains comme cochons...


A la recherche du papa perdu ★ JESSIE V27a

Edition Août-Septembre 2020

| Conte : Toy Story
| Dans le monde des contes, je suis : : Jessie, l'écuyère

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| Cadavres : 744



A la recherche du papa perdu ★ JESSIE _



________________________________________ 2022-01-26, 19:27 « Jessie never gives up, Jessie finds a way! »


A la recherche...
... du Papa perdu !

Il avait disparu. Jessie avait profité du silence qui finissait la fusillade pour se tourner vivement vers le jeune homme et son chat, s’assurer qu’ils allaient bien. Mais ils n’étaient plus là, ni l’un, ni l’autre. Paniquée, la rouquine avait ouvert la bouche, scrutant les alentours à la recherche d’un indice, de leur ombre ou d’une trace de pas mais il n’y avait rien. Non pas ça, pas comme ça. Ça ne pouvait pas se finir de la même façon que tout avait commencé, où le fils se volatilisait comme le père, comme s’il n’avait jamais existé. Cette peur ne dura pourtant qu’une fraction de seconde, le temps que la raison la gagne de nouveau. Il avait la bougeotte, ce n’était pas nouveau, c’était même plutôt le cas depuis qu’ils avaient commencé cette enquête. Il avait dû profiter du moment d’égarement entre la police et les aggresseurs pour passer par un chemin de Traverse afin de rejoindre le bateau.

— Périmètre nord en sécurisation !

— Non d’un p’tit lasso !

Elle l’avait marmonné tout en se redressant un peu sous l’impulsion de sa colère tandis que les coups de feu venaient de reprendre. La police gagnait du terrain d’un côté, les criminelles devraient redoubler de vigilance, c’était maintenant ou jamais. Et si le rouquin était parvenu à passer, pourquoi pas elle. Encore fallait-il qu’il ait réussi à passer ! Bouillant de colère, elle avait à son tour contourné le véhicule par l’arrière, attendu le bon moment pour se hisser à l’intérieur du bateau, ses deux mains bien positionnées sur son pistolet. Ne le voyant nulle part, elle avait continué sa progression, prenant garde à sécuriser tout ce qui demandait de l’être. Un des criminels était à terre, gémissant, visiblement blessé mais toujours en vie. Elle récupéra une paire de menottes à son harnais pour l’immobiliser. Mais lorsque sa main rencontra le poignet de l’inconnu, elle entendu un petit craquement sinistre en provenance de sa bouche. Le dévisageant, elle vit alors un reflet étranger passer dans ses yeux, le sourire triomphant. L’homme convulsa quelques instants, de la mousse blanche sortant de sa bouche et puis il s’immobilisa définitivement... mort. Jessie l’observa un instant, choquée de son choix. Il avait volontairement choisi de mourir plutôt que de se faire prendre et il avait été entraîné à cela visiblement. Il venait de mettre fin à ses jours à l’aide d’une capsule de cyanure, le même genre que les organisations d’espionnages pouvaient utiliser. Décidément, ce réseau semblait des plus intriguant. Laissant le corps sans vie, elle reprit la route en direction de la cale. Ce Polstead allait l’entendre. C’était une chose de courir après un médecin dans un hôpital mais prendre un risque aussi inconsidéré ! Il ne méritait pas de mourir, tout comme son père et elle sentait qu’elle s’en voudrait pour beaucoup trop de temps s’il venait à lui arriver malheur.

Il n’aurait pas dû être impliqué, pas autant. Tout était entièrement de sa faute. Elle n’aurait jamais dû lui donner l’aval de la suivre, même s’il n’aurait pas lâché l’affaire. Parce qu’en acceptant, elle s’était rendue responsable de son sort... de sa vie... et de sa mort. Et du peu qu’elle avait vu de Malcolm Polstead, c’était un bon gars. Sa voix lui était parvenue de loin, comme assourdie par les abysses des océans lorsqu’elle avait frappé cet enfoiré de pédophile. Malgré ce qu’il venait d’apprendre, il avait pris le temps de lui donner quelques mots de réconfort. Elle avait merdé. Elle n’aurait jamais dû le frapper et pourtant, il l’avait approuvé. Il avait semblé si sincère lorsqu’il avait précisé qu’un enfant ne méritait pas ce genre de choses. Pas qu’il y connaissait grand-chose, cela se voyait qu’il n’était pas un papa, mais tout simplement parce qu’il avait le cœur pur et qu’il savait qu’un enfant était un être innocent que l’on devait protéger. Elle se souvenait avec quelle douceur il avait pris sa main dans la sienne, pour l’observer, vérifier la moindre fracture. Elle n’avait rien dit, se contentant de récupérer sa main et d’embrayer, trop gênée pour ne serait-ce que le remercier. Et regrettait presque de ne pas avoir parlé, lui avoir montré sa gratitude face à son soutien. Et s’il lui était arrivé quelque chose sous sa garde, elle s’en voudrait encore plus.

— Shérif James !

Elle s’était arrêtée à temps, justement avant d’entendre sa voix. Elle avait vu la porte défoncée, ouverte et branlante et s’était doutée qu’elle y trouverait quelque chose. Les mains bien positionnées sur son arme, elle était entrée d’un pas vif mais suffisamment exprès pour appréhender le danger qui venait de se présenter à elle, manquant de la... raccourcir d’une tête, comme l’avait sous-entendu Malcolm. Ses yeux avaient louché un instant en voyant la lame de si prêt et elle avait eu un mouvement d’esquive avant que le rouquin ne baisse son arme.

— Tout le monde va bien, là-dedans ?

Elle avait fait un rapide tour d’horizon de la pièce, apparemment pas très meublée, où un homme d’un certain âge la dévisageait avec un air grognon. Elle observa également l’épagneul breton à ses côtés, puis Malcolm et Asta.

— J’en déduis que la situation est sous contrôle, là-haut ?

— Si on peut dire, oui. Nous étions en train de retourner la situation quand j’ai fini par sauté dans ce bateau. Ils n’avaient pas besoin de moi et j’ignorais si vous aviez besoin d’aide. Je vous avais pourtant DIT de ne rien faire d’inconsidér...

Elle avait pointé un doigt autoritaire dans sa direction, sentant la pression monter en elle, bien trop soulagée de les voir, Asta et lui, sains et sauf pour manquer une occasion de s’énerver. Elle s’était promis qu’elle le tuerait de ses propres mains si elle le trouvait vivant. Mais un raclement de gorge bruyant et quelque peu énervé l’avait stoppé net. Elle s’était tournée lentement vers l’homme qui en était à l’origine, baissant la main, tandis que Malcolm faisait les présentations. Jessie avait instinctivement baissé les yeux vers le chien une seconde fois lorsqu’il lui avait été présenté. Elle n’avait pas bougé d’un poil, le voyant grogner. Pouvait-elle le blâmer ? Les deux semblaient avoir vécu l’enfer, être méfiant pour ce pauvre animal était juste naturel. Une chose était certaine, ils avaient l’air d’aimer les animaux dans la famille. Voyant que Reginald Polstead semblait plutôt maussade, elle décida de prendre les choses en main.

— Monsieur Polstead, je suis le Shérif James. Je vais vous sortir d’ici, suivez-moi.

Elle ressorti de la cabine, arme en main, cherchant à les garder à couverts. Mais personne ne vint à leur rencontre. A mesure qu’ils remontaient vers le pont, la rouquine réalisa que tout était devenu très calme. En arrivant à la surface, elle se dirigea directement vers les deux personnes de son équipe qui allaient vers elle, lui assurant que le périmètre était sécurisé. Voyant deux ambulanciers s’approcher à leur tour, elle se tourna vivement vers Macolm et son père :

— Monsieur Polstead, je vais vous demander de suivre ces personnes. Votre chien et votre fils peuvent vous accompagner. Vous n’allez être emmené nulle part, je vous rassure, ils vont juste vous ausculter un instant et vérifier que tout va bien. C’est quelque chose de nécessaire, vous avez subit un grand choc et on ne sait pas vraiment ce que ces personnes vous ont fait pendant que vous étiez endormis...

L'homme marmonna quelque chose mais déjà son fils et les infirmiers prenaient le relais. Elle les observa du coin de l’œil se diriger vers l’ambulance où on passa une couverture thermique au père, le faisant s’asseoir à l’arrière du véhicule, porte ouverte, les pieds dans le vide pour faire quelques vérifications.

— Vous avez choppé quelqu’un ?

— Personne chef, toutes les personnes que nous avons approchées étaient déjà mortes...

Il l’observa avec un air embêté. Voyant que son collègue embrayait, sans doute pour le défendre, elle hocha la tête d’un air entendu et précisa :

— Si pas mort par balles, ils se sont tués au cyanure... j’en ai vu l’un à l’œuvre. Ce qui veut dire que la bande est plutôt très bien organisée et que le commanditaire ne souhaite pas qu’on remonte jusqu’à lui. Bon. Si on ne peut pas savoir qui, essayons de savoir pourquoi. Je vais m’occuper de la déposition de la victime et tenter de voir s’il peut nous apporter quelque chose. De votre côté, fouillez les corps, le bateau, embarquez-moi tout ce qui vous paraîtra suspect. Prévenez les légistes, ils ont du boulot, je veux un maximum d’infos sur les cadavres : empreintes digitales, groupe sanguin, test ADN, croisez-les avec la base de données. Essayons de savoir s’ils viennent d’ici aussi.

Elle l’avait marmonné en tournant son regard vers les deux rouquins dont le père semblait mettre dans ses soins une certaine mauvaise grâce. Après tout, s’ils avaient pu arriver d’elle ne savait où, ils n’étaient peut-être pas arrivés seuls. Après que chacun ait pris son brief, elle s’assura que les équipes sur places avaient bien compris leur travail et se dirigea ensuite vers les victimes.

— Est-ce que tout va bien. Je suis désolée de l’accueil que vous avez reçu de notre ville, Monsieur Polstead, je vous assure que ce n’est pas toujours le cas.

Elle lui avait souri gentiment, comme dans un geste d’excuse. Elle ne pouvait pas lui en vouloir d’être remontée et si elle devait être un bouc émissaire pendant quelques temps... et bien cela faisait aussi partie de son travail après tout. Elle se tourna vers Malcolm tandis qu’un des ambulanciers revenait poser des questions au paternel et lui fit un petit signe de tête pour l’inviter à le suivre un peu plus loin, de manière à ne pas être entendu du père.

— Vous devez être soulagé... je suis contente que nous ayons retrouvé votre père, sain et sauf. Il est un peu chamboulé mais c’est normal. C’est le temps qu’il redescende. Nous pouvons lui proposer une cellule de soutien psychologique si vous le désirez et... nous pouvons également l’installer pour vous. Pour le reste, je suis désolée de vous le dire ainsi que cela sera peut-être plus simple si vous l’expliquez vous à votre père... je vais avoir besoin de sa déposition, tant que les souvenirs sont le plus frais dans sa tête. Je doute qu’il nous dira quoi que ce soit de plus que ce qu’il nous a déjà dit mais... ce sont nos précedures, vous comprenez ?

Elle avait haussé les épaules dans un petit geste d’excuse avant que son visage ne reprenne un air déterminé.

— Je tiens vraiment à coffrer les ordures qui sont derrière tout cela et tout ce que pourra nous dire votre père nous sera précieux. Après cela, vous pourrez partir. Je vous conseille peut-être d’appeler votre propriétaire ou une connaissance de confiance que vous avez à Storybrooke, cela vous fera peut-être du bien de voir que tous les gens de cette ville ne sont pas hostiles. Je vais vous donner mon numéro aussi...

Elle sortit une petite carte de sa veste de shérif. Elle était un peu cornée, une des dernières survivantes qu’elle trimbalait partout avec elle. Le côté “commercial”, ce n’était pas vraiment son truc. Tout en lui tendant, elle ajouta précipitamment, sans comprendre l’urgence qu’elle avait de le préciser :

— C’est... au cas où votr père se souvient de quelque chose bien sûr ! Ou vous ! Enfin... pas que je ne répondrai pas si c’est pour autre chose... comment le saurais-je sans décrocher ?

Elle avait eu un rire nerveux avant d’inspirer et de préciser de façon plus posée :

— Je veux dire par là que si vous avez le moindre souci, la moindre question ou le moindre doute. N’hésitez pas. Vous avez aussi des gens qui vous veulent du bien à Storybrooke.

Elle aurait peut-être dû lui préciser que son père se devait de retourner à l’hôpital sous peu. S’il avait un cancer et qu’il aurait dû se faire opérer, il y avait fort à parier qu’il n’était pas dans un meilleur état à présent. Mais ce n’était peut-être pas la chose la plus judicieuse à dire tout de suite, elle pouvait comprendre que ni le père, ni le fils n’avait envie de remettre les pieds dans un établissement médical. Lorsqu’ils retournèrent auprès de Reginald, les ambulanciers précisèrent un peu à l’écart à Jessie que le père semblait en forme, sans perte de repère apparent et qu’il ne semblait pas avoir été opéré, bien qu’il n’eût pas vraiment collaborer à l’idée de retirer son haut. Le trafic d’organe était définitivement à exclure, de ce fait. Elle hocha la tête, entendit ce qu’elle redoutait : que Reginald Polstead devait retourner à l’hôpital puis les remercia et se dirigea vers les 4 étrangers.

— Je vais vous emmener au poste de police, pour votre déposition. Nous prendrons ma voiture, vos animaux peuvent venir avec.

Elle les accompagna jusqu’à son véhicule et les invita à y entrer en leur tenant la portière. Montant à l’avant, elle fit vrombir le moteur, se passant des sirènes qui auraient sans doute pu les mettre mal à l’aise. Cherchant à détendre l’atmosphère à l’intérieur de l’habitacle, elle jeta un coup d’œil dans le rétroviseur tout en précisant :

— Vous avez l’air d’aimer les animaux dans la famille... J’ai un chien, moi aussi. Il parle, le vôtre ? Asta parle après tout...
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Malcolm Polstead
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »

Malcolm Polstead

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A la recherche du papa perdu ★ JESSIE Oxford

So far from home...



| Conte : The Book of Dust Trilogy
| Dans le monde des contes, je suis : : Malcolm

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| Cadavres : 83



A la recherche du papa perdu ★ JESSIE _



________________________________________ 2022-02-06, 17:32


A la recherche du papa perdu

❝ I have a bad feeling about this. ❞
Un peu déboussolé par les récents évènements, Malcolm tentait au mieux de paraître inébranlable. Il devait donner l'impression que cet épisode ne l'avait pas atteint, surtout pour que son père reste confiant vis-à-vis de la suite. Hélas, c'était loin d'être gagné. Il l'entendait ronchonner de là où il se trouvait, entouré par plusieurs soignants. Malcolm restait près de lui, mais il fut plutôt soulagé de voir Jessie arriver. Elle assura que Storybrooke était bien plus accueillante qu'elle semblait, et Reginald se contenta d'émettre une expression maussade.

Tout en emboîtant le pas à la shérif, il essaya de rester serein vis-à-vis de tout ce qu'il avait entendu : les ennemis étaient tous morts, soit par balles, soit en ingurgitant du poison. Cette réalité faisait froid dans le dos. Cette bande était redoutablement organisée. La police suffirait-elle à garder son père en sécurité ? Ou devaient-ils repartir au plus vite chez eux ? Il tiqua, songeant que son père avait besoin d'une opération impossible à pratiquer dans son monde. S'il voulait avoir une chance de survivre, il fallait rester à Storybrooke.

Malgré tout, il prêta une oreille attentive aux paroles de la shérif, tressaillant légèrement en entendant les termes "cellule de soutien psychologique". Acquiesçant, il précisa tout de même :

— Je doute que mon père soit friand d'aller dans une cellule, vu ce qu'il vient de vivre. Je comprends qu'il s'agit de quelque chose censé aider à passer outre le traumatisme, mais il n'entendra que le mot "cellule". Le mieux que je puisse faire, après la déposition, c'est de le ramener chez nous.

Il resta volontairement évasif sur le sens des mots "chez nous", car il se sentait un peu perdu. Mentionnait-il l'appartement d'Alexis ou son monde ? Dans un état second, il perçut à peine Asta qui frottait son pelage contre le bas de son pantalon. Elle faisait cela quand elle cherchait à le réconforter. Les propos de Jessie lui remontèrent un peu le moral. Elle était déterminée à remonter la piste - très mince - laissée par les kidnappeurs. Il la croyait sur parole. Depuis le début des recherches, elle était la seule à s'être montrée aussi investie. Il ouvrit des yeux ronds lorsqu'elle proposa de donner son numéro, puis il se saisit de la petite carte cornée qu'elle lui tendait. Il se souvint alors de ce qu'était le téléphone, cet appareil capable de transmettre des ondes longue portée avec une précision et une clarté remarquables. Alexis lui avait montré comment s'en servir, car l'appartement qu'elle lui prêtait comportait ce dispositif.

Curieusement, Jessie sembla brusquement embarrassée et justifia sa décision de lui donner quelque chose d'aussi personnel - du moins, c'est ce que Malcolm en déduisit - en précisant que c'était au cas où des éléments de cette journée abracadabrante reviendraient à son père.

— Je suis honoré d'avoir votre numéro, shérif James, déclara-t-il afin de calmer l'embarras de la jeune femme. Ne vous en faites pas, je ne l'utiliserai qu'en cas de nécessité. Et je sais qu'il y a des gens qui nous veulent du bien, ici. Vous en êtes un exemple probant.

Il lui adressa un sourire reconnaissant, tout en sentant une chaleur monter jusqu'à ses joues. Ce fut à son tour d'être mal à l'aise. Il baissa la tête et jugea préférable de retourner voir son père. Asta, trottinant sur ses pattes, observait un silence bienvenu. Il se doutait qu'elle réfléchissait à beaucoup de choses, sans doute davantage que lui-même. Elle avait une façon de raisonner très pointue. Ce serait utile quand ils en parleraient ensemble.

Son père avait sa tête des mauvais jours. Malcolm conclut que son humeur s'était empirée pendant qu'ils se trouvaient avec l'équipe de soignants.

— Je vais vous emmener au poste de police, pour votre déposition. Nous prendrons ma voiture, vos animaux peuvent venir avec.

Reginald lança un regard oblique à Malcolm qui lui intima discrètement de ne faire aucun commentaire. Jessie ignorait ce qu'était un daemon, et il jugeait inutile de l'en informer présentement. Ils avaient vécu suffisamment de choses pour l'instant.

Une fois qu'ils furent correctement installés (Reginal et Drixie à l'arrière, Malcolm et Asta à l'avant), la shérif posa une question qui arracha une grimace presque vexée au père Polstead :

— Vous avez l’air d’aimer les animaux dans la famille... J’ai un chien, moi aussi. Il parle, le vôtre ? Asta parle après tout...

— Drixie ne parle pas pour ne rien dire, grommela-t-il. Pas comme la majorité des gens. Pourtant, y en aurait qui gagneraient à la fermer plus souvent.

Malcolm ouvrit la bouche, choqué que son père attaque aussi ouvertement Jessie, alors qu'elle s'était démenée à le retrouver.

— Excusez-le. Il a passé une mauvaise journée, dit-il du bout des lèvres, honteux.

— Et ça s'est pas vraiment arrangé quand on m'a soit-disant secouru ! Une bande de nigauds a voulu me déshabiller !

Le jeune homme soupira.

— Père, ça fait partie de leur travail...

— De me déshabiller ? Eh ben, c'est du joli !

— Ils voulaient seulement s'assurer que tu allais bien.

— Me poser la question, ça ne suffit pas ? C'est quoi ce monde où on ne croit pas la personne quand elle dit qu'elle va bien ?

Malcolm tourna la tête vers la vitre. Il avait l'impression que Jessie avait accéléré, sans doute pour arriver le plus vite possible au commissariat. Il ne pouvait lui en vouloir ; elle devait se sentir très mal à l'aise, prise au coeur d'une dispute qui ne la concernait pas vraiment.

— Et j'ai rien à déposer, ronchonna Reginald de plus belle. J'ai plus rien à vous dire.

— Ca fait partie de la procédure... Plus tu racontes ce que tu sais, et plus les policiers auront de chances de trouver les coupables.

Il marqua une courte pause avant d'ajouter d'un ton froid :

— Tu ne ferais pas tant de manières si c'était le CDC qui t'interrogeait.

Assis sur la banquette arrière, le père croisa les bras. Drixie, la tête posée sur sa cuisse, avait le regard vide et malheureux. Le coeur de Malcolm se serra de les voir ainsi. Il leur avait promis que tout se passerait bien... Et tout avait empiré. Il regretta aussitôt sa dernière phrase.

— Bon. Je répéterai ce que je sais qu'une seule fois, concéda Reginald. Vous avez intérêt à bien écouter.

Il jeta un regard perçant à Jessie dans le rétroviseur. La jeune femme gara bientôt sa Jeep aux abords du commissariat. Une fois au poste de police, elle écouta la déposition à laquelle se prêta Reginald, avec tant d'application que Malcolm, surpris, songea qu'il éprouvait peut-être un peu de culpabilité d'avoir été si exécrable.

Quand Jessie proposa de les raccompagner, Malcolm refusa. Elle s'était montrée plus que serviable et il ne souhaitait pas abuser de sa bienveillance.

— Nous habitons à seulement quelques rues d'ici. Une promenade nous fera le plus grand bien
, assura-t-il.

Son père et son daemon attendaient à quelques mètres. Craignant qu'il perde patience, Malcolm décida d'écourter le moment.

— Eh bien, merci pour tout. Infiniment. Sans vous, je pense que nous serions encore en train de nous débattre avec le secrétariat de l'hôpital.

Il eut un sourire crispé. Il aurait aimé rester encore un peu auprès de la jeune femme plus que sympathique, mais il n'avait plus aucun argument en poche.

— J'espère que nous vous reverrons, intervint Asta afin de couper court au petit silence qui s'était installé.

— Ca nous ferait très plaisir,
renchérit Malcolm sans réfléchir.

Ses joues se colorèrent de plus belle et Asta secoua la tête tout en s'éloignant.

— Je ne manquerai pas de vous contacter au moindre problème, marmonna-t-il tout en réfléchissant déjà à un motif suffisamment crédible. En tous cas, prenez soin de vous. Et de votre équipe.

Il avait ajouté la dernière phrase précipitamment afin de ne pas sembler trop familier. Cela aurait pu être mal interprété. Après un dernier signe de la tête agrémenté d'un sourire sympathique, il se détourna de la shérif pour rejoindre son père. Une fois qu'ils eurent fait quelques pas, Reginald articula :

— Ne dis jamais à ta mère que tu fais le joli coeur avec une fille qui porte des pantalons. Elle ne s'en remettrait pas.

Malcolm eut un petit rire. Il était certain que Jessie ne les entendait pas à cette distance, alors il se sentait plus détendu. Et c'était plutôt surprenant de discuter d'un sujet aussi personnel avec son père. Jusqu'à présent, ils ne parlaient que du travail ou des réparations à faire à l'auberge, qu'ils se répartissaient.

— Je comprends mieux pourquoi tu aimes tellement ce monde, poursuivit son père. Si j'étais jeune, moi aussi...

Malcolm lança un regard outré à son père qui roula des yeux, avant de prétendre le contraire. Cependant, Drixie émit une sorte de jappement qui en disait long. La jeune homme préférait ne pas savoir.

Ils retournèrent jusqu'à l'appartement situé au-dessus de la librairie d'Alexis. Malcolm se sentait curieusement libéré d'un poids, malgré tout ce qui restait à accomplir. Il faudrait tôt ou tard mentionner une prochaine opération à son père et lui faire comprendre qu'ils ne rentreraient pas chez eux de suite. Mais pour l'instant, il souhaitait savourer la brise légère, le fait de se sentir vivant et d'avoir réussi, avec une aide précieuse, à accomplir l'impossible.

Au milieu de son flot de pensées, l'image d'une jeune femme intrépide s'imposait de plus en plus dans son esprit.
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