« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Les premiers rayons du soleil pointaient leur nez sur le toit de la baraque, caressant la tôle froissée, les vitres brisées et la couche de rouille qui recouvrait les barres métalliques. Assis sur une chaise, posée sur le toit, Luca fermait les yeux pour profiter des premiers rais de lumière, sur son visage. Il aimait se poser au soleil et buller, quelques minutes, le temps de siroter un café fort et odorant. Ce qui lui permettait de se réveiller en douceur avant de devoir se mettre au travail. De là-haut, il pouvait voir les toits du quartier, la mer qui scintillait, à l’est, et prenait les lueurs orangées du lever de soleil.
Réchauffé par les premiers rayons, Luca finit sa tasse d’une traite et se leva. Il frissonna un peu, dans la fraîcheur du vent sur sa peau nue, et tira sur l’élastique de son caleçon, pour le remonter un peu. D’abord, une bonne douche bien brûlante pour finir de se réveiller et, ensuite, il irait ouvrir les portes de la déchetterie. Un bon programme qu’il mit à exécution dans la seconde en sautant directement au milieu de son logement, sans prendre la peine d’utiliser l’échelle. Fort d’un corps indestructible (ou presque) Luca aimait prendre des raccourcis pour gagner des secondes inestimables ! Même s’il ne faisait pas grand-chose de ses journées, ça le rassurait.
Douche prise, habits enfilés en vitesse, petit-déjeuner englouti tout aussi vite, Luca courut dans tout le bâtiment pour venir ouvrir la grande porte, puis le portail. Un instant, il regarda dehors et se demanda s’il ne ferait pas mieux, aujourd’hui, de partir déambuler en ville. Il n’avait pas grand-chose à faire, mais il ne dirait pas non à une petite promenade pour regarder le monde qui vivait, en dehors de sa déchetterie, et récupérer, au passage, quelques petites bricoles qu’il trouverait à droite et à gauche.
Parfois, l’ancien robot se demandait s’il ne ferait pas mieux de s’acheter un petit camion benne pour pouvoir récupérer les choses encombrantes qu’il voyait, loin en ville, et ne pouvait pas ramener à pied. Néanmoins, Luca s’effrayait à l’idée de conduire un véhicule dans les rues de Storybrooke et n’avait pas encore eu le courage de passer le permis. Il se contentait de ses engins, dans la déchetterie, et soupirait tout l’air de ses poumons, déprimé, dès qu’il croisait un meuble abandonné.
Pour le moment, Luca décida de rester chez lui et de s’occuper de sa déchetterie. Il passa la journée entière à fouiller dans les déchets, faire des piles en essayant de trier les matériaux, indiquer deux ou trois choses aux rares… clients ? invités ? passants ? Il ne savait pas comment les définir, mais il aimait les voir débarquer par le portail pour se débarrasser de leurs affaires. De temps en temps, il leur donnait une ou deux babioles qu’il avait trouvées et qu’il appréciait. Ce n’était pas toujours très beau, ni très propre, mais les habitants étaient, bien souvent, très polis et acceptaient de les prendre.
À la nuit tombée, il referma les portes du bâtiment, le portail de la déchetterie et décida de se promener dans les docks. Ce n’était pas le quartier le mieux réputé de la ville, mais Luca n’avait pas peur du danger, dans ses rues. Il aimait s’y balader sans arrière pensée, et avait rarement de soucis avec les locaux. Généralement, ils reconnaissaient tous le propriétaire de la décharge et il avait le droit à une sorte de passe-droit, tant qu’il ne fouinait pas dans leurs affaires. Ce qu’il ne faisait pas.
– Madame ?
Bon, d’accord, il arrivait que WALL-E entre dans les vieux bâtiments pour fouiller, à la recherche de quelques bricoles, alors qu’ils étaient, bien souvent, le repaire des mafias et criminels du coin. Cette nuit, il s’était pris de curiosité pour un hangar côtier, ouvert sur la mer, dans lequel il lui avait semblé entendre de petits bruits. Luca aimait les animaux au moins autant que les trésors et il avait voulu jeter un coup d’œil. Les bêtes étaient bien mieux chez lui qu’au milieu d’un deal de drogue, sans le moindre doute.
Sauf que cette fois-ci, l’ancien robot était tombé, non pas sur un chat, un rat ou un chien, mais une femme, allongée à même le sol du hangar, dans le coin d’une porte, comme si elle s’était dissimulée derrière. Luca vint s’accroupir à côté du corps, qu’il poussa du bout du doigt, sur l’épaule, en appelant la dame à lui. Lui, il pouvait dormir par terre, dans un lieu aussi sale, ça ne le dérangeait pas. Néanmoins, il avait appris, avec le temps, que les autres humains ne devaient pas le faire, que c’était mauvais pour eux et qu’il leur fallait un bon lit. Lui-même aimait le confort de son plumard et comprenait que l’on puisse apprécier la chaleur des couvertures. Il ne lui manquait, chez lui, plus qu’un mécanisme pour lui permettre de bercer la couchette, mais il travaillait dessus.
– Il ne faut pas dormir ici, madame, ce n’est pas très bien, chuchota-t-il, pour ne pas la brusquer.
Il eut beau pousser un peu plus fort, sur l’épaule de la brune, elle ne sembla pas vouloir se réveiller et Luca ne sut plus quoi faire. La seule idée qui lui vint, fut de la soulever, comme s’il ne s’agissait que d’une plume, et la porter dans ses bras pour retourner à la déchetterie. À la serrer contre lui, il découvrit un peu de sang, dans ses cheveux, et se demanda comment elle avait fait son compte. Elle était peut-être tombée, en se crochetant les pieds, et s’était assommée toute seule ? Ça lui arrivait, à lui, ce genre de choses, même s’il saignait rarement. Alors, elle ne devait pas dormir tout à fait ! Elle se réveillerait bientôt !
De retour chez lui, Luca la posa dans son lit, nettoya du mieux qu’il put le peu de sang dans ses cheveux et remonta les couvertures jusqu’à ses épaules, pour qu’elle ait bien chaud. Puis, il vint se poster au milieu du « salon » et se pencha sur une longue barre de métal arrondie, qu’il commença à bidouiller, en fredonnant une vieille chanson d’un film en noir et blanc.
Comment Judith s’était retrouvée dans cette situation ? C’était très simple. Elle n'en avait fait qu’à sa tête. Comme souvent à vrai dire. Mais souvent, aider les autres était bien plus fort qu’elle. Elle ne voyait pas forcément le danger, et appelait encore moins pour avoir des renforts. C’était sans doute ce qu’il lui était arrivé. Elle ne savait pas pourquoi elle était passée par le quartier le plus mal vu de la ville. Mais elle avait eu un mauvais pressentiment en quittant le travail. Elle avait travaillé de nuit, nuit plutôt calme en soi. Juste un petit appel pour signaler un chien errant ou encore une mamie qui se promenait seule dans la rue. Rien de bien existant, mais assez pour occuper une petite partie de la nuit. Judith aimait travailler de nuit, c’était un autre monde, d’autres personnes à surveiller. Souvent, elle finissait par s’endormir sur sa chaise, la fatigue venant trop présente. Puis, elle devait prendre le volant surtout, et il était hors de question qu’elle se mette la tête à l’envers.
Mais arrivée dans le quartier, elle avait ralenti avant de s’arrêter. Pourquoi donc ? Juste pour descendre et suivre ses jeunes hommes au comportement bien trop louche. Agir sans réfléchir. Voilà ce que faisait Judith. Elle allait sans doute s’en mordre les doigts, mais tant pis. Elle avait marché en retrait pendant un moment avant de les voir rentrer dans ce local, enfin plutôt ancienne usine non désinfectée. Restant dans l’ombre, elle essaya de suivre ce qui se passait devant elle. Ce n'était pas très compliqué, le peu de lumière qui passait par les fenêtres faisait en sorte qu’elle arrivait à voir. Elle aurait dû appeler des renforts, elle le savait. Des trafics de drogues, il en avait, comme partout dans le fond. Mais, elle n’avait rien fait, parce qu’elle n’était pas encore sûre de ce qu’il se passait. Elle pourrait toujours faire un rapport et voir ce qu’ils pourraient faire. Bon, Judith risquerait de se faire engueuler, mais ce n’était pas grave quand on savait les ravages de la drogue sur les jeunes. Il était hors de question que la ville devienne le territoire de ce genre de choses.
Mais comme souvent, ça ne se passait pas comme elle le voulait. Comme la fois où elle s’était battue dans le bar et s'était retrouvée avec ce bleu énorme sur son menton. D’ailleurs, elle savait qu’elle avait encore la marque, mais il était en train de disparaître doucement. Non, elle n’avait pas entendu la personne derrière elle, pourtant, elle avait une bonne ouïe. Mais elle était bien trop concentrée à écouter ce que les trois hommes étaient en train de se dire. Elle voulait retenir le plus d'information possible. Comme les prénoms ou encore où ils allaient. Sinon, elle se serait retourné, et elle aurait sans doute frappé la personne qui se trouvait avec un caillou dans la main. Caillou qui finit par atterrir à l’arrière de sa tête. Elle aurait pu éviter de tomber à terre comme une merde, elle le savait. Et pourtant, elle se retrouvait à présent sur le sol, dans les vapes totales.
Judith pensait se réveiller à l’endroit où elle était tombée et pourtant quand ses doigts rencontrèrent quelque chose de doux, elle fronça les sourcils. Ce n’était pas froid, il n’y avait rien de dure, non, c’était mou. Ouvrant les yeux, elle les referma tout de suite, le méchant mal de tête venait de faire son apparition. Papillonnant des yeux, elle les ouvrit enfin, avant de regarder autour d’elle. La jeune femme n’était plus dans l’entrepôt, elle n’était même pas chez elle. Non, se relevant, elle posa la main derrière sa tête, une vilaine bosse qui la fit grimacer. Elle sentit quelque chose de poisseux, mais elle ne voulait pas savoir ce que c'était. Soupirant, elle regarda autour d’elle. Son regard s’arrêta sur une tête qui dépassait du canapé.
“Heu… Bonjour. Vous pouvez me dire où je suis.”
Dégageant ses jambes de sous les couvertures, elle plaça ses pieds sur le sol avant de tout simplement se lever doucement. Elle pouvait voir maintenant où elle était vraiment. Quelque chose de simple, pas de chose de grand luxe. Non, la plupart des choses avaient l’air d’être faites maison. S’avançant doucement vers le canapé, elle adressa un sourire à la personne qui l’avait sans doute secourue.
“Merci. De m’avoir aidé. Ça serait peut-être trop vous demandez, mais vous aurez de l’eau s’il vous plaît."
Elle abusait, elle le savait, mais elle avait la bouche pâteuse. Et elle n’aimait pas ça. Mais elle partirait bien vite, elle ne savait même pas où étaient passer ses clés de voiture. Ses parents devaient sans doute se faire du mourant, alors, elle tapota son jean pour sortir son téléphone. Heureusement, ce dernier n’avait rien, et envoya bien vite un message à ses parents. Parents qui lui avaient bien trop envoyé de message ou encore écris des sms. Le rangeant rapidement, elle reporta son regard sur le jeune homme.
"En fait, je suis Judith. Enchantée.”
Judith voulut lui tendre la main, mais elle vit qu’il avait des choses dans la main. Elle ne savait pas vraiment ce qu’il faisait. Ni où elle était. Mais si, elle se trouvait chez quelqu’un de mal attentionné, elle lui ferait la peau. Même si, elle n’était sûrement pas en état de le faire. Pas du tout même. Mais elle s’en fichait, elle ne se ferait pas avoir une nouvelle fois. Elle s’en voulait d’avoir été aussi nulle. Mais la personne qui se trouvait devant elle n’avait pas l’air d’être une personne qui lui ferait du mal. Sinon, il ne l’aurait pas secourue. La jeune femme savait qu’on pouvait très bien cacher sa vraie nature. Alors, elle préférait rester sur ses gardes pour le moment. Attendant de voir comment les choses allaient se dérouler.
Affairé sur son arceau, Luca chantonnait doucement la mélodie qu’il avait maintes et maintes fois entendues dans un film, sur son vieil écran de télévision. Ses épaules remuaient en rythme avec les paroles qu’il imaginait, à défaut d’être capable de les chantonner correctement, au bon moment. Il préférait marmonner ou siffler. Ça lui convenait bien mieux. Il n’était pas un grand chanteur et sa voix n’avait rien de mélodieux. Elle accrochait, parfois, sur des teintes sombres, comme des bugs qui parasitaient sa douceur habituelle. Siffler, c’était plus simple, pour lui.
La barre métallique roula à terre, quand il la posa. Du bout du doigt, Luca testa son balancement. À force de tordre la barre, il avait fini par lui donner la forme adéquate et elle roulait, maintenant, comme il le fallait, sans accroc pour venir perturber son arrondi. Très content de lui, il claqua plusieurs fois des mains et arrêta de poker l’arceau, pour le voir rouler doucement. Il savait d’avance que s’il ne faisait pas attention, la barre finirait par avancer en roulant et tomber à l’étage du dessous. Ce serait, alors, une galère pas possible pour la remonter et il n’avait franchement pas envie. Luca avait, déjà, bien assez galéré à la faire passer par le toit, pour la mettre dans son « appartement » .
Maintenant qu’il avait terminé avec celle-ci, qu’il poussa le long d’un canapé bancal (il lui manquait un pied), Luca pouvait se concentrer sur le reste de son affaire : d’autres barres métalliques qu’il devait plier autrement. Son histoire était plus compliquée à mettre en place qu’il ne l’avait pensé de prime abord, mais le brun n’était pas du genre à abandonner si vite. Il irait jusqu’au bout, sans faiblir, sans même s’inquiéter de l’impossibilité de l’affaire. Tant qu’il n’avait pas essayé, qui pouvait lui jurer que ça ne fonctionnerait jamais ?
À trop s’occuper de ses barres métalliques, qu’il essayait de plier à la force des bras – et il y arrivait peu à peu – Luca avait, plus ou moins, oublié de s’inquiéter de la femme, allongée dans son lit. Il n’avait pas bien conscience de la gravité de son état. Pour lui, le monde se divisait en deux catégories : ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait plus. Autrefois, il changeait ses pièces quand elles cessaient de fonctionner. Il prenait celles des autres robots qui avaient cessé de fonctionner. Dans ce monde, il avait du mal à prendre conscience d’un état entre les deux. Pour lui, l’inconnue fonctionnait. Il lui fallait, seulement, le temps de se réveiller.
Ce qu’elle finit par faire.
Luca était si concentré sur le bord de sa barre qui ne voulait pas se plier comme il le voulait – il avait besoin d’un angle à quasiment quatre-vingt-dix degrés – qu’il ne se rendit pas compte des mouvements, sous la couverture. Il tournait le dos au lit, coincé entre les canapés, et seule sa tête dépassait des dossiers. Une tête pleine de cheveux bruns décoiffés qui se tordait la bouche dans tous les sens, comme si ça allait l’aider à réussir son entreprise. Ce qui n’était franchement pas le cas.
Quand la brune lui adressa la parole, Luca sursauta et échappa un petit « aaaah ! », totalement pris au dépourvu. La barre de fer lui échappa des bras et retomba lourdement sur le sol poussiéreux. Avec une grande précaution, il se retourna lentement et se redressa un peu, pour regarder par-dessus le dossier du canapé, vers son lit. La brune s’était échappée des couvertures et se levait doucement, pour avancer vers lui. Il n’osa plus faire un geste, conscient qu’il ne pouvait plus se cacher.
– Où… ? (Il regarda autour de lui et revint à elle, pour donner l’évidence :) Chez moi.
Luca ne voyait pas le problème, lui, d’inviter des inconnues chez lui. Ni de les y emmener sans leur demander leur avis, puisqu’elle dormait et ne pouvait pas répondre, s’il posait la question. Il n’était pas méchant, de toute façon, et s’était contenté de poser la brune dans le lit, puis de lui laver un peu à l’arrache (il fallait l’avouer) ses cheveux ensanglantés.
– De l’eau… de l’eau… Hmm…
Luca abandonna ses barres métalliques et se remit debout. Il piétina l’un des canapés, passa de l’autre côté et vint chercher, sur une sorte de plan de travail, un gobelet, un verre ou un tasse pour pouvoir lui donner de l’eau. Dans son empressement, il fit tomber quelques babioles qu’il remit immédiatement par-dessus le meuble, jusqu’à trouver ce qu’il cherchait : une vieille chope en métal. Il n’y avait bien qu’un homme comme lui pour avoir ça chez lui, mais Luca leva sa trouvaille, d’un geste triomphal, avant de courir vers l’évier. En ouvrant le robinet, la couleur de l’eau le fit buguer un instant. Il préféra éteindre l’écoulement de l’eau pour, finalement, brandir la chope sous la douche et la remplir ainsi. L’eau était bien plus claire à cet endroit.
– Tiens ! dit-il, tout sourire, en tendant la chope remplie à Judith. Je suis Luca, Luca Barker. J’habite ici, dans la décharge. C’est joli, hein ? Ça brille comme des petites étoiles.
Il pointa le plafond bas, d’un doigt, pour désigner les innombrables guirlandes lumineuses qui lui servaient de lampes. Il aimait, parfois, s’allonger par terre ou sur le lit, pour regarder les loupiottes multicolores. Ça lui rappelait son camion, avec tous les trésors récupérés dans tous les coins de la ville, son petit cafard qui se posait dans un coin et la télévision allumée sur Hello, Dolly! Il passait, alors, quelques minutes à regarder ses doigts où tapoter leur pulpe contre ceux de la main opposée, sans oser les serrer l’une contre l’autre.
– Tuuuu… euh… Tu dormais par terre, alors je t’ai mis dans le lit, c’est mieux. Il faut pas dormir par terre. Il paraît. Je sais pas trop. Avant, je dormais dans une étagère.
L’ancien robot pinça les lèvres, écarquilla un peu les yeux et haussa les sourcils, conscient qu’il racontait n’importe quoi et que ce n’était pas la meilleure chose du monde à avouer à Judith. Pour lui, c’était normal. Il se calait en carré entre ses affaires et il poussait l’étagère, pour se faire bercer le temps de « s’endormir ».
– Tu avais un peu de sang dans les cheveux, alors j’ai frotté. Essayé. Tu as une bosse, je crois. Tu veux manger ? J’ai… des biscuits, quelque part. Attends, conseilla-t-il, en sautant à nouveau sur un canapé, pour repasser dans le coin « cuisine ».
Son appartement était entièrement ouvert. Les zones n’étaient délimitées que par le mobilier : les canapés en arc de cercle devant la télé cathodique désignaient le salon ; plus loin le lit et la pile de vêtements représentaient la chambre ; dans un coin, le plan de travail et le vieux frigo formaient la cuisine ; dans le coin opposé, la douche aux parois transparentes et les toilettes coincées entre le mur et la douche, délimitaient la salle de bain. Il n’y avait aucun rideau ni paravent et certainement pas de murs pour séparer les « pièces ». De toute façon, Luca vivait seul ici, et n’avait que rarement des invités. Il ne voyait pas le problème, lui.
– Tiens, voilà ! s’écria-t-il, en sortant une boîte de biscuit coincée sous une pile de carnets. Tu sais, il faut pas trop aller dans les hangars, aux alentours. Les habitants sont gentils, mais ils aiment leur intimité. Ou quelque chose comme ça. C’est un peu dangereux, je crois. Pour se promener, c’est mieux de rester dans la rue ou sur la plage.
Et il tendit, innocemment, le paquet de biscuits à Judith. Heureusement pour elle, on le lui avait donné la veille et les cafards n’avaient pas encore investi l’intérieur du paquet. C’était sain. Normalement.
Judithregardait le jeune homme. Elle se doutait bien qu’elle était chez lui. Un endroit atypique, le genre d’endroit que sans doute beaucoup de personnes n’aimeraient pas. Et pourtant. La jeune femme aimait ce qu’elle voyait. Il vivait avec le strict minimum et faisait sans doute en sorte pour jeter le moins de choses. Comme son canapé, qui avait dû vivre la guerre. Elle aurait pu partir tout de suite, mais elle ne se sentait absolument pas capable de marcher pendant de longues minutes ou encore de conduire. Pas tout de suite, d’ici quelque temps. Elle se demandait même si elle ne devrait pas faire un petit tour à l’hôpital. Juste pour être sûre qu’elle n’avait rien de grave. Après un bleu sur le menton, elle se retrouvait avec une vilaine bosse sur la tête. Ses parents allaient finir par faire une crise cardiaque avec ses aventures. Mais elle aimait ça. Elle aimait prendre le risque pour découvrir ce qu’il pouvait se passer. Enfin, la plupart du temps, elle faisait en sorte dont il ne lui arrive rien. Pour cette foi, elle s’était plantée en beauté
Elle en demandait peut-être trop avec son verre d’eau. Dans le fond, elle savait qu’elle aurait dû partir. Laisser le jeune homme tranquille. Le laissait faire ce qu’il avait à faire. Et pourtant, elle le vit partir vers une étagère. Elle n’avait pas eu le temps de se baisser pour l’aider à ramasser ce qu'il avait fait tomber, qu’il l’avait déjà fait. Puis, elle le suivit du regard, allant vers l'évier avant d’aller vers ce qui semblait être une douche. Remplissant son verre, il lui tendit. Ça restait de l’eau dans le fond. Elle s’en fichait bien d’où ça venait. Tant que ce n’était pas de l’eau non-potable, elle la boirait avec plaisir.
“Merci. - Elle lui adressa un petit sourire. - Je suis Judith Hoops. Oui, c’est rempli de trésors."
Elle leva la tête au plafond, regardant les lumières au plafond. Ça devait être agréable de dormir ou juste de se poser ici pour regarder. Même si Judith préférait aller dans son jardin, et s’allonger dans l’herbe. Elle aimait sentir les brindilles d’herbes lui chatouiller la peau. Ou encore de regarder les étoiles briller de mille feux. L’été, elle passait des heures allonger dans l’herbe. À New-York, les choses étaient bien plus compliquées. Elle ne sortait pas vraiment la nuit. Sauf pour aller en soirée. Bon, ce n’était pas la même chose. Mais, de toute façon avec la pollution, il était rare de pouvoir voir le ciel. Heureusement, il restait tout de même Central Park. Elle avait appris à apprécier chaque saison en y allant. Même si l’automne restait tout de même sa saison préférait. Elle avait pris l’habitude de s’y rendre tous les jours, juste pour pouvoir voir le changement de couleur des feuilles. Ce n’était pas forcément la meilleure activité. Mais elle s’en fichait bien. Il arrivait souvent qu’elle se pose sur un banc, un chocolat entre les mains et regarder les passants. Ou encore discuter avec un groupe de mamies.
“Je ne dormais pas par terre. - Elle secoua doucement la tête. - Il paraît oui. Sur une étagère ? Vraiment ?”
Judith n’aimait dormir à même le sol, et si elle aurait pu éviter de le faire, elle l’aurait fait. Ça la faisait quand même rire de savoir qu’il pensait ça. Dans le fond, ça devait être étrange de la découvrir à même le sol. Dans le fond, tout le monde aurait pu penser qu’elle dormait. Mais ce n’était absolument pas le cas. Elle aurait sans doute préféré. Portant de nouveau sa main à sa tête, elle toucha l’arrière de son crâne. Il avait raison, la bosse était bien présente, et douloureuse. Elle pouvait sentir le sang sécher. La personne qui l’avait frappé ne l’avait pas loupé. Heureusement que ce n’était pas un tueur. Sinon, il en aurait sans doute profité.
Elle n’avait pas eu le temps de dire quelque chose qu’il était déjà reparti. Elle le trouvait adorable. Vraiment. Le genre de personne qui laissait sa porte grande ouverte, prêt à accueillir du monde. Même si, il n’avait pas forcément tout ce qu’il fallait. Ce n’était qu’un petit point parmi plein d'autres. Sa gentillesse faisait en sorte de mettre de côté les choses qui pourraient gêner des personnes. Pour Judith, rien ne l'a gênée. Alors qu’elle attrapait le paquet qu’il lui tendit, elle lui adressa un nouveau sourire. Elle l’avait suivi dans tous ses déplacements, se sentant sans doute de trop.
“Merci. Mais vous n’étiez pas obligé. C’est gentil de votre part. - Elle lui adressa un sourire - Je sais. Mais vous allez trouver ça sans doute étrange. Mais j’étais en train de surveiller des personnes. Je suis agent de police. Mais il vaut mieux que ça reste entre nous. Je n’étais pas en service.”
La jeune femme lui adressa un petit sourire. Elle savait d’avance qu’elle pouvait lui faire confiance. Puis même si ça venait à ce savoir, elle s’en fichait. Elle assumerait sans problème le fait de faire des choses stupides bien trop souvent pour son corps. Et sans doute pour les personnes pouvant l'entourer.
Luca était très fier de son plafond garni de guirlandes lumineuses. Il ne l’allumait qu’à la tombée de la nuit, quand il ne pouvait plus se repérer dans le noir, et déconnectait tout en allant se coucher. Le matin, puisqu’il se levait avant le soleil, il venait admirer les dernières étoiles, dans le ciel, directement sur le toit de son habitation. Il ne se lassait pas de voir les petites loupiotes s’éteindre et le ciel prendre des couleurs orangées par-dessus l’océan. Luca adorait ses bains de soleil matinaux, pour recharger des batteries qu’il n’avait plus au sens premier du terme. Il ne pouvait, maintenant, se contenter que de la version imagée, ce qui le chagrinait un peu. Des petits panneaux photovoltaïque, sur le torse, c’était tout de même bien pratique.
Évidemment, Luca était, aussi, fier de tout le reste de son habitation. Que ce fut cet arceau très encombrant qui prenait toute la place entre les canapés ou les étagères pleines de bibelot et l’agencement très particulier de la pièce. Il se trouvait chez lui, dans cet endroit, et ça lui rappelait assez sa caravane du monde d’avant pour qu’il se sente en paix, protégé, sans avoir à s’inquiéter des tempêtes qui l’effrayaient plus que tout. Il voulait bien avouer que c’était un peu petit, quand son pépé était encore là, mais maintenant qu’il était seul, Luca avait toute la place qu’il voulait, et il pouvait sauter directement du premier au rez-de-chaussée sans se faire disputer.
– Oui ! Pleins de trésors ! Il y en a encore plus en bas ! Tout ça, c’est les miens, bien rangés. Je peux t’en donner un, si tu veux.
Grand sourire aux lèvres, l’ancien robot n’était pas du genre égoïste, avare ou tout autre mauvais caractère qui irait à l’encontre de sa grande générosité. Pour lui, les choses devaient être partagées, données à ceux qui sauraient les utiliser et en prendre soin. Il n’aimait pas bien jeter sans avoir essayé de réparer d’abord ou avoir trouvé une nouvelle utilisation à ce qu’il trouvait. Même si ce n’était que pour compléter l’une de ses sculptures, il trouvait ça mieux que de finir compacté quelque part. Néanmoins, habituellement, le brun ne donnait que les affaires qui se trouvaient au rez-de-chaussée, un peu rangées dans tous les sens, sur ses nombreuses étagères et plans de travail. Dans ce bordel, il n’y avait bien que Luca pour se retrouver. Ou presque se retrouver.
– Tu étais par terre et tu avais l’air de dormir, précisa-t-il, en haussant les épaules. Mais comme tu veux, je m’en fiche. Tu ne dormais pas par terre alors. Tu faisais quoi ? T’étais en veille ? (Il fronça les sourcils, pas bien certain que le sommeil ne soit pas, justement, la veille des humains.) Oui, une grosse étagère balançoire et je me calais en carré comme ça, entre les affaires. Dans l’autre monde, bien sûr. Pas avec ce corps-là.
Pris dans son explication, Luca s’agenouilla et se mit en boule, les bras repliés contre son corps et la tête rentrée dans les épaules pour expliquer à Judith. À l’époque, il avait un corps tout carré, qui lui permettait de se caser dans un coin sans gêner. Maintenant, c’était plus compliqué et Luca, pas souple pour deux sous, préférait utiliser le lit, comme il l’avait fait jusque maintenant avec papy. Il ne pouvait pas nier le confort du matelas. Il ne lui manquait que la balancelle qu’il essayait, tant bien que mal, de construire avec ses deux arceaux et les autres barres de fer.
– Papy disait : On est jamais obligé de rien, mais c’est pas une raison pour pas le faire quand même, surtout quand t’en as envie ! Bon, après, il ronchonnait qu’il fallait pas, non plus, en faire qu’à sa tête, alors bon.
Il fallait préciser que le brun avait tendance à prendre les enseignements de son grand-père de la façon dont ça l’arrangeait lui. Là où son papy essayait de lui faire comprendre qu’on est pas obligé d’aider les autres, mais qu’on le fait par envie, Luca traduisait qu’il avait bien le droit de monter sur le toit, à 8 ans, s’il en avait envie. Le pauvre homme en avait vu de toutes les couleurs, avec le bambin qu’il avait recueilli au milieu des ordures.
– Surveiller genre… pour quoi faire ? Qu’ils ne se fassent pas du mal ? Ou qu’ils n’en fassent pas aux autres ? Je le dirai à personne, c’est pas tous les jours que du monde s’arrête ici, de toute façon. Je vois pas à qui je pourrais le dire.
Peu inquiété d’avouer à une inconnue qu’il n’avait jamais de visite et qu’il était plus ou moins seul tout le temps depuis le décès de papy, Luca se para d’un sourire ravi et regarda autour de lui. Cette histoire de bosse, de coup, de réveil, de surveillance, quelque chose lui mettait la puce à l’oreille, mais il n’arrivait pas à savoir quoi exactement. Le temps de réfléchir, il fit balancer, du bout du doigt, l’arceau qu’il avait créé pour caler sous son lit plus tard. Ses yeux noirs tombèrent, alors, sur le canapé bancal, de l’autre côté, et il eut comme une illumination. Il tendit soudain la main à Judith.
– Viens, viens, je vais t’aider à passer, pour que tu t’assois sur un des canapés. Celui-ci est un peu cassé, mais celui-ci est tout mou ! Après un coup, je crois que c’est mieux de s’asseoir, des fois. Pour éviter les petites étoiles et la… sensation bizarre dans le crâne. Tu vois ?
Il essayait, un peu maladroitement, de s’appuyer sur ses propres expériences des nombreux coups qu’il avait pris et qui l’avaient, plus ou moins, forcé à rester tranquille un certain temps. Fort d’un corps robuste, Luca s’inquiétait peu des blessures, en général. Il pouvait se prendre une barre de fer sur la tête et s’en sortir avec une petite bosse de rien du tout. Alors il avait, parfois, un peu de mal à évaluer la gravité des accidents des autres.
– Du coup, dis, tu surveillais qui ? Dans ce hangar, généralement, il y a personne. Des fois, je vois passer deux, trois gars du coin. Plutôt la nuit. Du coup, je les vois très peu.
Judith avait toujours aimé les choses simples, comme vivre de la terre. Dans le fond, elle avait toujours su que si elle ne serait pas rentrée dans les forces de l’ordre, elle aurait fini par travailler à la ferme. Elle aimait l’endroit où elle se trouvait en ce moment. Le calme remplissait la déchetterie. Le monde venait sans doute ici simplement pour venir jeter des choses qui étaient sans doute inutiles à leur vie. Et pourtant, le jeune homme arrivait à leur trouver une seconde vie. Comme s'ils avaient le droit à une seconde chance. Tout le monde devrait faire ça, la planète irait sans doute bien mieux. Mais dans le fond, elle ne savait pas si elle arriverait à faire en sorte de moins jeter, ou de pouvoir tout récupérer. Surtout avec sa famille qui avait tendance à casser bien nombre de choses. Mais ils faisaient attention et ne venaient pas souvent dans ce genre d’endroit. Sans doute pour ça que Luca avait du mal à s’exprimer en présence de quelqu’un. Ça ne devait pas être facile de se retrouver tout seul ici pour seule compagnie des personnes de passage. Et pourtant, il avait l’air d’une personne adorable, prêt à aider son prochain.
Les personnes ne prenaient sans doute pas le temps de s’arrêter pour parler avec un parfait inconnu. Elle ne l’aurait sans doute jamais rencontrée si elle ne s’était pas pris un coup sur la tête. Elle ne savait même pas que la déchetterie était gardée par quelqu’un. La jeune femme ferait bien plus attention quand elle viendrait ici, puis, elle avait envie de faire bien plus connaissance avec Luca. Et peut-être le faire sortir de ce petit monde qu’il s’était construit pour voir le monde extérieur. Il pourrait faire des merveilles avec pas grand chose, et avec tout ce que les personnes pouvaient jeter au bord des routes.
S’installant sur un des canapés, Judith pouvait voir un peu plus sur l’appartement et l'extérieur. Elle était étrangement étonnée de ne rien sentir. Souvent, des odeurs peu agréables pouvaient se dégager de ce genre d’endroit. Mais dans un sens, ça ne la dérangerait pas, on ne pouvait pas dire qu’à la ferme toutes les odeurs étaient agréables. Puis, elle ne ferait aucune remarque sur les odeurs qui pouvaient être présentes et dans le fond, il fallait bien que quelqu’un s’occupe de cet endroit. Fermant les yeux quelques instants, elle savoura le fait de se trouver sur un canapé moelleux. Un sourire se dessina sur ses lèvres, le calme avait quelque chose de plaisant tout de même. Et pourtant, le fait qu’elle se retrouve ici n’était point plaisant. Surtout quand on connaissait les circonstances du pourquoi et du comment elle était là.
Judith comprend réellement les questions que Luca lui pose. Dans le fond, c’était normal de vouloir savoir pourquoi elle était allongée sur le sol. Mais elle ne put s'empêcher de hausser les sourcils quand il lui demanda si elle s’était mise en veille. Sans doute que dans son ancienne vie, il n’était pas un humain et qu’il avait gardé certaines particularités de son ancien lui. Elle aimait rencontrer des personnes différentes. Comme Mana, qui était tout le contraire d’elle, et pourtant dans le fond, elles pouvaient très bien s’entendre sur certains points. Mais elle ne savait pas vraiment quoi dire, ni comment le dire. Elle savait bien qu’elle pouvait lui faire confiance, et savoir qu’il pouvait se trouver dans ce genre d’endroit la nuit ne la rassure pas. Surtout en ne sachant pas sur quoi, il pourrait tomber. Il n’avait pas l’air de vouloir se battre, et elle s’en voudrait s'il lui arrivait quelque chose.
“Mh comment dire.. J’étais en mission de reconnaissance, mais je ne devrais pas. Je fais partie de la police de Storybrooke, et je n’aurais pas dû suivre mon instinct comme à chaque fois.”
Son instinct. Judith savait que souvent elle n’en faisait qu’à sa tête et surtout ne faisait pas forcément attention à tout. Dans le fond, elle savait qu’elle aurait dû prévenir quelqu’un de son aventure, mais elle n’avait pas réfléchi et avait foncé dans le tas. Elle ne savait pas si elle pourrait enquêter officiellement dessus sur le temps voulu. Sûrement que non, sauf si elle faisait en sorte de dire qu’elle se trouvait dans cet entrepôt au mauvais moment. Même si, il avait peu de chance que quelqu’un puisse la croire. Puis, ses collègues commençaient à la connaître, et à savoir comment elle pouvait être. On pourrait croire qu’elle se serait calmée avec les événements qui s’étaient passés il y a quelques mois, mais c’était tout le contraire. Elle était sans doute venue encore plus têtue pour aider les personnes. Dans le fond, elle se fichait bien de ce qu'on pourrait dire sur elle, ou sur le fait qu’elle était sans doute totalement inconsciente du danger.
“Tu ne devrais pas te promener dans ce genre d’endroit. Surtout la nuit. C’est bien plus dangereux qu’on ne le pense. Puis, les personnes qui fréquentent ce genre d’endroit ne sont pas du tout des personnes recommandables. Ce n’est pas parce qu’ils ont deux dehors, qu’ils le seront toujours une fois à l'intérieur."
Judith en savait quelque chose, et normalement, elle aurait dû être bien plus préparée à d'éventuelles surprises. Mais elle savait que la prochaine fois qu’elle voudrait y aller sans prévenir les forces de l’ordre, elle n’avait qu’à appeler Aron. Elle savait, du moins espérait qu’il lui vienne en aide. Dans le fond, il était un peu comme elle, il fonçait dans le tas. Et il pouvait la comprendre sur certains points. Surtout quand on voyait que la police laissait toujours courir les mafias ou encore les drogues. À croire qu’ils ne pouvaient rien faire. La lapine était certaine du contraire, surtout pour les drogues. Sachant que ça pouvait vite atterrir dans des mains innocentes et leur apporter des problèmes.
“Je ne suivais pas quelqu’un en particulier. On va dire que je suis tombée sur des personnes un peu louche et je voulais savoir pourquoi ils se comportaient comme ça. Mais je ne le saurais sans doute jamais vu qu’on m’a prise au dépourvue.”
Soupirant, elle posa ses coudes sur ses genoux et sa tête au creux de ses mains. Elle n’avait pas fait son travail correctement, elle le savait. Dans le fond, elle s’en voulait d’avoir été aussi nulle. Elle aurait dû faire les choses autrement, faire les choses bien plus réfléchis.
“Du coup, tu vis à l’année ici ? Ce n’est pas déroutant de voir tout ce que les personnes peuvent jeter comme affaire ?”