« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Le Reflet de notre Esprit [Fe]

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Queen Elsa
« Complètement Givrée ⛄ ! »

Queen Elsa

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________________________________________ 2021-12-08, 12:14 « Complètement Givrée ⛄ ! »


« Ce qui est visible, n'est que le reflet...
...de ce qui est invisible ! »
▼▲▼

Ca n'allait pas. Ca n'allait pas du tout. Je n'avais pas voulu faire de la peine à Frénégonde et aux autres Reines et Princesses qui s'étaient données la peine de venir aider pour les fêtes, mais... ça n'allait pas. Hope Bowman avait proposée de faire une partie karaoké et du coup, plusieurs membres du Cercle s'étaient rassemblés pour former une chorale. La Chorale des Reines et Princesses, dont Frénégonde avait concocté une banderole qui trônait en haut de l'estrade. Ce n'était pas une bonne idée.

J'avais croisé les bras et observé le désastre avant d'entendre une voix dans mon dos. Au début, j'avais été plutôt heureuse d'entendre cette voix. Elle était arrivée par surprise et elle était toujours aussi agréable à entendre. Mais... ça voulait aussi dire qu'il était arrivé avant que je l'invite et surtout avant que tout soit prêt. Il allait être le témoin de tout ce désastre...

Me crispant la machoîre avant de me tourner et de faire face à monsieur Black, j'avais décroisé les bras et je les avais amenés le long de mon corps. C'était là que je m'étais rendu compte qu'en plus de tout celà... je n'étais pas présentable. Car je ne portais non pas ma tenue de Reine ou une de mes majestueuses robes, mais un simple haut noir avec une jupe noire et des collants noirs, ainsi qu'une petite veste bleu-verte. Ce n'était pas très convenable et pas suffisamment habillé.

« Alo... monsieur Black. » me rattrapais-je. « Je suis désolé que vous arriviez en plein désastre. »

J'indiquais aussi bien la salle, que la banderole, que ma tenue. Qu'allait-il penser de tout cela et de moi même ?

« Vous n'avez pas idée du temps que ça a demandé de tout organiser et tout ça pour un résultat aussi médiocre. Je pensais que ça serait une bonne chose de proposer diverses activités en dehors de la Mairie, mais je me suis laissé un peu dépasser par les propositions. »

Car oui, on en avait eu. Toutes plus excentriques les unes que les autres ! Puis tout à coup, ça me sauta aux yeux. C'était lui... Aloysius... qu'est ce que j'étais en train de faire ? J'ouvris grand les yeux et la bouche.

« Dites moi que vous n'êtes pas entré dans les autres salles ! » m'exclamais-je. « C'est une surprise. Il ne faut surtout pas que vous voyez ce qui a été préparé pour l'occasion ! »

Et en votre honneur... avais-je envie d'ajouter, mais ça gâcherait la surprise. Du coup, je m'étais dirigée vers lui et je lui avais agrippé le bras délicatement, avant de le diriger hors de cette salle et le plus loin possible des autres salles qu'on avait loué dans ce local pour l'occasion.

« Fermez les yeux. Laissez vous guider. Et surtout... ne les ouvrez pas ! »

J'allais le conduire jusqu'à une salle, mais je me rappelais ce qui s'y trouvait, du coup, j'avais continué dans le couloir. On aurait pu sortir dehors et quitter le local, mais je n'y avais pas songé. Du coup, on était entré dans ce qui ressemblait à une salle inoccupée et où se trouvait un grand tapis sur le sol et divers accessoires tout autour dont des kimonos. C'était une salle de combat ? Ici ? Quoi qu'il en soit, c'était le lieu idéal, vue qu'on n'avait rien prévu dans cette pièce.

« Voilà. On sera bien mieux ici. » lui dis-je, en lui relâchant la main et en remettant une mèche rebelle en arrière. « Vous pouvez ouvrir les yeux, monsieur Black. »

J'étais restée là à l'observer ouvrir les yeux et à attendre. A dire vrai, on ne s'était pas beaucoup croisé ces dernières semaines. J'ignorais ce qu'il pensait. Me voyait-il comme quelqu'un qui était une fois encore sur le point de tout gâcher en organisant des fêtes de Noël en dehors de la Mairie afin de donner un nouvel essor à son Cercle Royal, ou alors voyait-il en moi une personne capable de se surpasser ? J'avais fait du mieux que j'avais pu. Tout ça en suivant ses conseils. D'ailleurs, en y songeant, je me remémorais ce qu'il m'avait écrit ce jour là, après que je sois venu chez lui et que j'avais trouvé dans un panier repas au réveil. Rougissant légèrement à cette idée, j'avais détourné mon regard de monsieur Black et je fixais le sol au loin.

« Vous savez, j'ai suivi vos conseils. » lui dis-je. « J'ai trouvé l'énergie nécessaire pour tourner la page. » ajoutais-je avec un léger sourire au coin des lèvres.

Je n'osais pas trop le regarder dans les yeux. Pas à cet instant. Je lui avouais que non seulement j'avais suivi ses conseils, mais qu'en plus j'avais la sensation d'y être arrivé. Et tout ça c'était grâce à lui. D'ailleurs oui, je n'avais pas à être gênée par cela. C'était un héros. Le héros du jour ! Relevant la tête, j'avais croisé son regard.

« Je vous dois des remerciements. Vous avez toujours été un fidèle ami et vous m'avez toujours donné de précieux conseils. » lui avouais-je. « Faites vous quelque chose pour les fêtes ? » enchainais-je. « On organise une grande soirée de charité ici même le dernier jour. Il y aura... la chorale... » précisais-je en levant les yeux au ciel. « Mais aussi un très bon repas qu'on a commandé avec divers dons et un échange de cadeaux. C'était une idée de Frénégonde. Chacun vient avec un paquet cadeau et on les échanges sans savoir qui aura quoi. Ils doivent tous être fait main bien entendu. »

J'espérais que l'idée lui plairait, car j'avais de suite été emballé. Et surtout qu'il accepterait de venir à la soirée de Noël organisée par le Cercle.

J'aurai voulu lui dire que tout allait mieux pour moi, mais j'avais la sensation qu'il pouvait le voir de lui même. Quand au fait que j'avais été touché par son attention et que je n'avais pas mal pris le fait qu'il ne m'invite pas chez lui ce soir là, je ne voyais pas comment le lui dire. Mais j'espérais qu'il l'avait compris par lui même. Il était un parfait gentleman et je savais qu'il était déplacé de s'imposer chez quelqu'un. Ce qu'il avait fait, son geste, m'avait permis d'éviter de me sentir mal le lendemain matin au réveil, en me rendant compte que je m'étais justement imposé chez un étranger. Enfin, pas un étranger, mais quelqu'un extérieur à la famille.

« Une belle soirée de Noël enneigée nous attend. » ajoutais-je pour le convaincre.

Car oui, il y aura de la neige ce Noël. C'était une promesse.

« Ah, Elsa ! » nous coupa Frénégonde.

J'avais reconnu sa voix. Elle venait d'entrer dans la salle. Ne devait-elle pas être en train de manger avec les autres Princesses ? Pourquoi avait-elle fait marche arrière ?

« Je ne voulais pas vous déranger, mais je viens de me souvenir de quelque chose ! » dit-elle en regardant timidement vers Aloysius.

« Quoi ? » laissais-je échapper.

« Hum... c'est à dire que... » débuta t'elle, en faisant des vas et viens du regard entre l'ancien Maire et moi-même.

« Va tu nous dire de quoi il en retourne, Frénégonde ? »

« Bien, bien. » enchaîna t'elle. « C'est qu'il nous manque toujours quelqu'un pour jouer le rôle du Père Noël dans la petite pièce qu'on a monté. »

Bien entendu qu'il nous manquait toujours quelqu'un pour jouer le Père Noël. C'était bien cela le hic de ne pas accepter d'hommes au sein du Cercle. Mais je ne voyais pas pourquoi elle venait m'en parler maintenant. A moins que... son regard s'était porté une nouvelle fois sur monsieur Black. Etait-elle sérieuse ? Comptait-elle réellement lui demander à lui d'endosser le rôle du monsieur vêtu de rouge ?

« Hum... » laissais-je échapper avec un léger sourire amusé. « Ca serait tentant, mais je doute que monsieur Black soit de ton avis. »

Je ne pouvais pas lui imposer cette tenue, ni cette grande barbe et encore moins de venir s'asseoir sur le grand fauteuil pendant la pièce. Ca serait déplacé et indigne d'un monarque tel que lui.

« Je pense qu'on devrait s'en tenir au plan b. Celui de la mère Noël au lieu du Père Noël. Et comme on l'avait dit, tu endosseras son costume. »

Elle n'avait pas été très friande par l'idée la première fois qu'on l'avait évoqué. A dire vrai, elle m'avait proposé de le faire, mais j'avais refusé. C'était indigne d'une Reine. Enfin plus à la porté de Frénégonde que de moi-même. Elle pouvait bien faire ce petit sacrifice pour le Cercle. On en faisait tous...

Du coup, elle nous laissa, déçue de ne pas avoir pu faire endosser le costume au monarque.

« Je suis vraiment navrée. Parfois elle a des idées assez saugrenues. » lui dis-je tout en posant une main sur son avant bras.

Il portait une veste en daim. J'aimais beaucoup la texture. Je l'avais sentie quand je lui avais agrippé le bras un, peu avant pour le conduire jusqu'ici. Tout en l'observant, je constatais à quel point elle lui allait bien. Il arrivait toujours à mettre en valeur chacune des tenues qu'il portait. Je lui adressais un magnifique sourire, avant de détacher ma main de sur lui. C'était peut-être un peu déplacé...

« Dites moi, Majesté... » débutais-je en faisant référence à la manière dont il m'appelait. « Pourquoi êtes vous venu jusqu'ici en ce jour ? On vous voit rarement au Cercle. Dois-je en déduire que je vous manquais ? »

Très déplacé. Fallait que je me rattrape. Du coup, j'avais souris, faisant comme si de rien était ou plutôt comme si je le taquinais.

« J'ai parlé de vous à mon boucher. » débutais-je. « J'y suis allé pour passer commande pour le grand repas du Cercle et je lui ai dit que c'était chez vous que j'avais mangé la meilleure de toutes les viandes. Malheureusement aucune de celles qu'il m'a vendu avait le même goût. J'en ai apporté pas mal à la maison pour les faire goûter à Anna avant le grand jour. Faudrait que vous m'indiquiez où vous l'achetez. Même si je me doute que c'est votre patte d'artiste qui fait toute la différence. » précisais-je. « Ou alors vous pourriez venir un jour à la maison. »

Et ? Je venais de me rendre compte que ce n'était pas chez moi qu'il pourrait cuisiner sa viande. Car ça ne se faisait pas d'inviter quelqu'un pour le faire cuisiner.

« Pour qu'on puisse échanger sur votre viande. » me rattrapais-je. « Et que vous puissiez goûter à ma cuisine. »

Parce que je cuisinais maintenant ? Qu'est ce que j'essayais de faire ? D'un côté, j'avais l'impression que je tentais de m'inviter chez monsieur Black et de l'autre, que j'essayais de me mettre le plus de bâtons dans les roues possibles en l'invitant à venir manger à la maison, sans pour autant savoir cuisiner quoi que ce soit.

« On peut aussi faire cela ici de toute façon. » précisais-je toujours en me perdant totalement... « Pour la viande. Et la cuisine. Ma cuisine. »

Je fermais les yeux un instant, avant de secouer la tête.

« Vous me troublez. »

Ok. Fallait que cet enfoncement cesse !

« Pardonnez moi. Je voulais dire que je ne trouve plus mes mots. » confirmais-je avant de fermer une nouvelle fois les yeux et de prendre une grande inspiration. « Les préparatifs m'ont un peu épuisée. Je vais reprendre depuis le début. » dis-je en retrouvant contenance. « J'accepte votre invitation à dîner. »

Voilà qui était bien mieux. Même si... m'avait-il invité à dîner ? Je perdais un peu le fil. Je préférais ne pas revenir sur ce que je venais de dire... même si il le faudrait mieux... roooh...

« Je reprend. Une fois encore. J'accepte que vous veniez manger à la maison. Enfin, je vous invite à manger à la maison. Quand vous le souhaitez. Il suffira de fixer une date assez proche. Ou même éloignée. Mais quand vous en aurez envie. »

...et je ne vous cuisinerait absolument rien, vue que je ne sais pas cuisiner. Qui plus est vous aurez le droit à ce que je vous impose la compagnie de ma soeur et de mon neveu...

« On ne sera pas seuls. C'est peut-être une mauvaise idée. Je pourrais venir cuisiner chez vous sinon. »

...et ainsi m'inviter une seconde fois...

« Vous serez t'il possible de me stopper ? J'ai l'impression de m'enfoncer d'une manière totalement indigne d'une Reine depuis déjà plusieurs minutes. » avouais-je avec un sourire forcé en espérant qu'il me sortirait rapidement de cette situation et qu'il reprendrait le contrôle de cette discussion.

CODAGE PAR AMATIS

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Aloysius Black
« Before we begin, I must warn you... NOTHING here is vegetarian. »

Aloysius Black

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Sweet dreams are made of this...

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Who am I to disagree ?



| Conte : Le roi Lion
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________________________________________ 2021-12-24, 10:38 « Before we begin, I must warn you... NOTHING here is vegetarian. »

Le Reflet de notre Esprit
“Plus on a l'esprit vaste, et plus on est en proie à la variété de ses idées.”

Il avait immédiatement noté la façon dont Elsa avait bafouillé sur son interjection, tentant de l’appeler par son prénom avant de se reprendre. Il n’en avait rien montré, ni de la gêne, ni de la surprise, après tout elle pouvait bien l’appeler ainsi, nombres de personnes se le permettaient en ville, nombreux le connaissait sans aucun doute moins qu’elle. Mais c’était sans aucun doute sa façon de garder son rang, la classe qui était sienne, évitant les familiarités malvenues s’il ne l’invitait pas à le faire... et il ne l’y invita pas une fois de plus. Cela viendrait sans doute, mais pas maintenant puisqu’elle avait directement enchaîné, apparemment ravie de le voir, quoi que quelque peu gênée et surprise de sa visite. Il se demanda alors si son envie de l’appeler par son prénom coïncidait avec le fait qu’elle avait demandé aux autres reines et princesses de l’appeler “Monsieur Black”, mais il garda cette pensée pour plus tard. Pour le moment, elle semblait, comme à son habitude quand il s’agissait d’organiser quelque chose, légèrement scandalisée et dépassée par les évènements. Elle qualifiait le lieu de “désastre”, il prit le temps de lever les yeux et de se tourner avec lenteur pour observer la salle, n’y voyant aucun désastre. Certes, les décorations n’étaient sans aucun doute pas encore en place et il régnait dans le lieu une incroyable banalité mais de là à le spécifier de “désastre”...

— Je pense que vous êtes bien trop dure avec vous, Majesté.

— Dites-moi que vous n'êtes pas entré dans les autres salles ! C'est une surprise. Il ne faut surtout pas que vous voyez ce qui a été préparé pour l'occasion !

Les autres salles ?

— Je vous promets que je ne suis allé nulle part, je me suis contenté de m’approcher de vous, n’ayez crainte, votre surprise est intacte.

Il s’était docilement laissé faire, fermant les yeux non sans une pointe d’amusement face à sa demande. Elle voulait que tout soit parfait, pour LUI et que cela reste une surprise jusqu’au dernier instant. Il avait senti sa main douce et pourtant si froide se poser dans la sienne. Jamais jusqu’alors il ne lui avait si pleinement pris la main et tout le loisir d’avoir perdu la vue, il pouvait savourer la nouveauté de ce contact d’une façon bien plus entière. Il n’avait pourtant fait aucune approche déplacée, aucune caresse, se contentant simplement de la suivre, les yeux fermés, sa main chaude et ferme dans la sienne.

Il avait rouvert les yeux sur ce qui semblait être le dojo. Il le reconnaissait pour y avoir eu quelques évènements à suivre autrefois en tant que maire. Elle lui expliqua alors tout ce qu’elle avait prévu et un instant, tous les doutes acérés qui l’avaient précédemment envahi s’étaient évanouis. Il en avait même eu un ricanement de joie, placé au bon moment pour ne paraître qu’un doux amusement enthousiaste pour la blonde en face de lui. Bien sûr que non, elle ne s’était pas détournée ni même vexée. Au contraire, elle avait évolué, elle avait éclos tel un délicat perce-neige qui avait su voir en son refus et en sa main tendue, l’opportunité qu’il lui fallait pour avancer et se révéler. Elle s’émancipait de la mairie, mais pas de lui. Il devenait Maître désormais, Maître de tout cela, ce petit Cercle Royal qui pourrait devenir si imposant sous la bonne main pour le maîtriser. Et cette main, il la plaçait avec douceur aux creux des reins de la jeune femme pour la guider sur la meilleure des voies, la sienne. Tout cela, c’était pour lui, uniquement pour lui et il s’en sentait flatter, profondément. Plus qu’avoir une odeur de pin et de Noël, cette préparation avait des arrières note de soleil et de savane. De triomphe aussi. Ce n’était pas qu’Aloysius qui s’amusait en cet instant, Scar n’en était pas à son reste. Cette apogée, il l’avait cruellement voulu et il avait su s’en emparer, mais il l’avait toujours fait seul. Il pouvait voir la désapprobation dans le regard des lionnes, le manque de considérations dans celui des hyènes. Pour une fois, quelqu’un pensait à lui, pleinement et ce quelqu’un n’était autre que la jeune femme en face de lui. Elle le remerciait pour ce qu’il lui donnait mais elle ne réalisait pas à quel point elle donnait aussi à celui qu’il avait auparavant été.

Frénégonde était venu gâcher le délicieux moment avec une idée des plus fantasques. Il avait gardé le silence, le sourire aimable, laissant Elsa le défendre sans qu’il n’ait à passer pour le mauvais. Lui ? En Père Noël ? Quelle idée grotesque. Peut-être l’aurait-il fait s’il y avait quelque chose à gagner mais qu’avait-il à recevoir séant qu’il n’avait déjà. Il détenait déjà la reconnaissance d’Elsa, il pouvait s’éviter tout ce cirque à l’idée de devoir s’occuper d’enfants avides d’espoir. Il avait levé la main quand la jeune femme s’était excusée pour lui signifiait qu’il ne leur en tenait pas rigueur.

Il l’avait laissé alors s’enfoncer avec certaine délectation dans un dédale de paroles dont elle ne semblait pas capable de sortir, passant cul de sac après cul de sac. Si elle avait été bien revêche dans sa première question à presque supposer qu’il ne pouvait pas se passer d’elle, Elsa en était à présent à se fourvoyer complètement, avouant de tout go à quel point il la troublait, le suppliant presque de la sortie de son supplice. Qu’elle y reste donc encore quelques minutes, cela lui apprendrait à tenter de gorger d’orgueil. Il l’avait observé, fasciné devant tant de gêne avant d’avoir un petit rire compréhensif.

— Je suis désolé, Majesté. Je sais à quel point il n’est pas poli ni protocolaire de stopper une Reine dans son discours, aussi je vous laissais arriver à votre conclusion plutôt que de risque de vous interrompre. Mais il semble que vous avez besoin que je conclue pour vous afin que vous repreniez vos esprits, n’est-ce pas ?

Il lui avait lancé un sourire amusé. Ce n’était en rien une pique, juste une taquinerie de bonne guerre, accompagné d’un regard tendre plutôt sincère. Il inspira profondément, l’intimant à faire de même sans rien lui dire, pour l’aider à se détendre et expira avec force pour les mêmes raisons. Il laissa planer un court silence avant de préciser :

— Je serais plus qu’honoré de vous avoir de nouveau à ma table. Et si vous tentiez à votre tour de m’inviter, alors je serai ravi d’accepter votre invitation, où qu’elle soit, pour quelque raison que ce soit... si vous ne vous sentez pas à l’aise avec la cuisine.

Il avait volontairement laissé planer un cours silence entre le début et la fin de sa phrase, laissant son esprit déjà troublé repartir sans aucun doute pour de nouvelles contrées bien mystérieuses. Il observa ses mains un court instant en précisant :

— Je peux tout à fait vous donner le nom de mon boucher en effet, mais je pense que sa réputation le précède. Il est sur Lake Street et est considéré comme le meilleur boucher de la ville, je ne doute pas que c’est l’endroit où vous êtes allez chercher votre viande ? Pour le reste, comme vous l’avez deviné, secret de fabrication.

Il se tapota le nez un instant, un sourire malicieux aux coins des lèvres. Et quel secret ! Si imposant qu’elle ne pouvait pas même s’en douter. Mais il était particulièrement délicieux de voir avec quel dévouement elle cherchait à retrouver les saveurs qu’elle avait découvert auprès de lui. Qui aurait pu croire qu’une Reine aussi guindée qu’Elsa d’Arendelle était une aussi grande amatrice de chair humaine ? Pas lui sans doute, pas elle non plus à n’en point douter. Et pourtant... la vie réservait parfois ce genre de succulente petite surprise qui n’avait de cesse de ravir son esprit de psychopathe affirmé.

Il laissa un instant de silence planer avant de répondre enfin à la question qu’elle lui avait posé : la raison de sa venue.

— Je suis venu car je voulais savoir comment vous alliez... Je m’inquiétais pour vous, depuis... notre dernière entrevue.

Il laissa une nouvelle fois le silence planer, pour faire monter aussi une délicieuse aura de gêne, liée à ce souvenir plus que particulier.

— Je craignais que vous ayez mal interprété mon silence ce soir-là et que... je ne vous ai pas rattrapé pour vous faire entrer alors que vous sembliez avoir besoin d’aide. Vous savez, j’ai un petit garçon en ce moment en thérapie et celui-ci m’a dit la dernière fois, qu’à Noël, on se devait de dire la vérité. J’ai trouvé cette tradition plutôt étrange et amusante mais bien que nous ne soyons pas encore à la veillée de Noël, je me prête volontiers à l’exercice. Vous sembliez terriblement troublé. Si je n’ai rien dit, c’est parce que vous n’aviez pas besoin de conseil, mais vous aviez besoin d’une écoute. Si je ne vous ai pas retenu c’est parce que je refusais de faire quelque chose qui pouvait vous paraître déplacer. Vous aviez choisi de partir et j’ai respecté ce choix. J’ai tenté de vous mettre à l’aise pourtant, avez-vous reçu mon petit mot et votre petit-déjeuner ? Le jeune homme de la réception ne semblait pas très dégourdi...

Il laissa un nouveau silence s’installer tandis qu’il scrutait ses yeux :

— Vous semblez effectivement aller mieux. Vous avez un beau projet et je suis certain que tout sera parfait. Mais... êtes-vous sûre d’aller mieux ? L’ombre de cet ancien amant ne vous cause pas encore défaut ? Ou tout autre chose...

Comme lui qui semblait la troubler ou l’étrange réunion de ces mondes précédemment vu qui les avaient laissés dans une situation plus que particulière. Posant sa main sur la sienne avec douceur, il précisa alors :

— J’espère sincèrement que nous aurons un Noël enneigé, effectivement. Il n’y a rien de plus beau que cela.

Il lui avait souri avec sympathie, sa main encore quelques secondes dans la sienne avant de la retirer, l’observant toujours, patient, dans une carrure proche du psychiatre mais pourtant plus intime, jouant volontiers à l’ami. Après tout, elle avait véritablement piqué sa curiosité au vif. Jusqu’à quel point pouvait-il la troubler ? En jouer ? Et dans quels méandres de son esprit avait disparu l’ex ?

crackle bones
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