« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Une invitation sur un paquebot de rêve... Tous les habitants de Storybrooke semblaient avoir eu le petit faire-part. Tous. Sans exceptions, cela incluait également ses congénères qui vivaient sur Terre. Hera avait suivi l’information se répondre sur toute la ville avec un air sceptique. Quand cela semblait trop beau pour être vrai, c’était sans aucun doute que cela l’était. Et pourtant, nombreux avaient préférés voir le verre à moitié pleins et avaient décidé de se lancer dans cette aventure à corps perdu. Après tout, le ticket promettait de réaliser les rêves, quel fou ou rabat-joie refuserait un tel cadeau ? Préférant prévoir une éventuelle catastrophe, la maîtresse de l’Olympe avait décidé de faire partie de la croisière. Après tout, Olympe était calme ces derniers temps, cela lui laissait le temps pour voir arriver les problèmes et tenter d’en étouffer certains à la source quand elles semblaient en voir, comme cette croisière de rêve.
Le jour du départ, Hera avait attendu le moment du levé d’encre pour se téléporter à l’intérieur du bateau, une valise de voyage à la main. Il arrivait parfois dans ce genre d’aventure qu’ils en viennent à en perdre leurs pouvoirs et il était hors de question pour la déesse de grouiller sur un bateau au milieu de l'océan, sous un soleil de plomb, sans de quoi se changer ou se rafraîchir. Habillée pour le moment d’une combinaison blanche et perchée sur ses talons, elle avançant calmement dans les couloirs, slalomant entre les passagers qui prenaient petit à petit possession de leur cabine. Voyant au loin un jeune membre de l’équipage, la déesse s’approcha de lui avant de lui tapoter l’épaule :
— Excusez-moi, jeune homme ?
— Oui ? Bonjour et bienvenue sur la Croisière Fantastik. Je suis Lawrence, en quoi puis-je vous êtes utile ?
— Et bien il se trouve que je n’ai pas eu l’immense honneur de recevoir l’une de vos merveilleuses invitations mais je sais que tout le monde ne participera pas à cette croisière alors peut-être auriez-vous l’obligeance de me trouver un logement ?
— Aaah Madame Adler, nous avons été informés de ce petit désagrément, nous ne sommes pas parvenus à atteindre votre boîte aux lettres...
Il lui lança un air embêté qui sous-entendait clairement que l’Olympe n’avait malheureusement pas de service postal comme celui de Storybrooke. Hera se contenta d’hocher la tête d’un air entendu, attendant la suite de son discours où il trouverait sans aucun foute une fabuleuse solution.
— Néanmoins, nous avions pensé à vous garder une chambre, je vais vous donner votre carte.
Il pianota alors sur une tablette numérique qu’il tenait en main depuis le début de leur conversation et entra une carte dans ce qui semblait être un lecteur inétgré. En l’en ressortant, il lui tendit avec un sourire plus que commerciale.
— Et voilà, votre chambre est là A113. Le pont A est de ce côté, vous trouverez des ascenseurs au bout du couloir, vous devez remonter vers le premier étage ou quelqu’un se chargera de vous aider à trouver votre chambre au besoin. Bon voyage Madame Adler.
— Je vous remercie.
Elle avait hoché la tête d’un air entendu, un léger sourire sur les lèvres avant de se diriger dans le couloir menant au pont A. Elle prit l’ascenseur comme il le lui avait décrit, au bout du couloir et remonta sur le premier étage où un employé attendait de se rendre utile. Voyant pourtant que les numéros de chambres étaient bien indiqués, elle leva la main pour lui expliquer qu’il était inutile de l’accompagner et elle démarra son chemin jusqu’à sa chambre. Elle l’avait presque atteint lorsqu’elle manqua de percuter quelqu’un. Se reculant vivement, elle avait déjà levé un sourcil désapprobateur lorsqu’elle reconnut l’arrivant.
— Adam ?
Il n’y avait aucun doute, c’était bien lui, devant elle, dans sa main la clé de sa chambre sans aucun doute voisine à la sienne. Et c’était censée être une coïncidence ou le début des ennuis commençaient ? Depuis leur petit voyage dans le Futur surprise d’Elliot, il fallait bien avouer qu’elle n’avait pas spécialement fait d’effort pour le revoir et qu’il en avait été de même de son côté. Sans aucun doute avait-il été aussi chamboulé par la nouvelle de cette petite tête blonde qu’elle ne l’avait été. Il lui avait fallu du temps pour le digérer et quand le Temps était passé, elle s’était dit qu’il n’avait peut-être aucune envie de la revoir. Après tout, il était sans aucun doute passé à autre chose. Le Temps et sa notion variait tant entre un humain, un dieu et un titan. Peut-être que les quelques secondes de silence qu’elle s’était accordé lui avaient parues plus longues à lui. Peut-être même n’avait-il aucune envie de la revoir. Avait-elle seulement, elle aussi envie de le revoir ? Devait-elle-même y accorder une certaine importance ? Et pourtant, rien que le fait qu’elle se pose cette question signifiait qu’elle en accordait... bien malgré elle.
— J’ignorais que tu étais adepte de ce genre de voyage. Toi aussi, tu viens chercher ta... “part de rêve ?”
Elle lui avait lancé un sourire en coin, légèrement moqueuse face à la promesse de la compagnie Fantastik. S’il y avait bien un endroit où elle ne l’avait pas imaginé être, c’était sur ce paquebot, sans doute parce qu’elle le voyait comme un être libre, à la recherche d’un certain espace et que ce genre de géant des mers pouvait rapidement devenir l’exact contraire. Sans compter qu’il ne semblait pas trop s’incommoder des fanfreluches et du luxe à outrance offert au plus grand nombre, ce genre de tourisme de masse qui finissait par ne plus avoir de charme ou du moins, d’authenticité. Et pourtant il était là... et seul apparemment à la vision de sa valise. A moins qu’une demoiselle – ou un damoiseau – ne soit en retard pour leurs petites retrouvailles. Avec plus de douceur, elle avait ajouté, dans un ton qu’elle voulait sympathique et diplomate, sans sentiments bien qu’ils traduisissent un ressenti plus profond :
— Je suis contente de te voir.
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Adam Pendragon
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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Les bateaux de croisière luxueux n’étaient pas vraiment la tasse de thé d’Adam. À dire vrai, moins il se retrouvait enfermé dans un lieu clos et mieux il se portait… Même le château dans lequel il vivait pouvait se révéler étouffant à la longue et il profitait de chaque bouffée d’oxygène que lui accordait l’extérieur. C’était très étrange, lui pourtant d’une nature recluse il y a quelques années se découvrait assoiffé de grands espaces et d’une liberté dont il avait la sensation d’avoir été privé trop longtemps. Peut-être que l’année dernière avait été décisive ? Peut-être que son coma de plusieurs années avait terminé de le rendre claustrophobe ? Ou bien était-ce tout autre chose qui perturbait son esprit et agitait ses sens depuis de nombreuses semaines ?
Il la revoyait souvent. Dans ses rêves, le prince retrouvait le visage de cette petite fille, tantôt joyeuse, tantôt boudeuse, tantôt effrayée et tantôt malicieuse. Il revoyait ses grands yeux glaciers si semblables aux siens. Il retrouvait l’intonation de sa voix, parfois, mais elle semblait à la fois si vraie et si… Lointaine. Comme un souvenir qui s’efface progressivement sans qu’il ne soit possible de le retenir. Yseult n’avait été qu’une illusion, une invention liée à un pouvoir qui avait mal tourné ; Victoire lui avait expliqué que ce futur n’existait pas. Qu’elle n’existait pas. Qu’eux n’existaient pas, dans cet avenir forgé de toutes pièces comme un jeu vidéo… Et c’était à la fois terriblement facile d’y croire comme impossible de l’accepter.
La Magie, les pouvoirs, ce genre de choses rebutait Adam et en faire une telle utilisation ne faisait que confirmer ses impressions. On pouvait se dire que l’illusion était parfaite. Que tout avait eu l’air aussi réel qu’une existence temporelle alternative. Mais pourquoi est-ce que cela était si douloureux à oublier ? Pourquoi ne parvenait-il pas à accepter que c’était faux, comme le réveil d’un cauchemar dont on voudrait vite chasser les dernières images ? Ça l’avait touché, directement. Ça l’avait bien plus atteint que ce qu’il voulait bien avouer. Une fille. Une compagne. Un avenir apocalyptique mais avec la certitude d’avoir une personne de confiance auprès de vous… S’il ne s’était jamais projeté jusque-là, ça l’avait frappé de plein fouet et laissé sur le carreau. Dommage pour un policier endurci comme lui !
Adam ne savait pas ce que Victoire avait pensé de tout ça. Ils avaient sommairement parlé à leur retour à Storybrooke puis le silence radio s’était installé. Rien de sa part à elle. Rien de sa part à lui. Il avait regretté, plusieurs fois, tenté de la contacter mais plus les jours avaient défilé, moins il s’était sentit légitime de le faire. Elle devait être occupé. Elle devait être passée à autre chose. Après tout, une déesse était forcément très occupée en dehors des simples mortels ! Le prince avait fini par se convaincre que c’était mieux comme ça, ils avaient été propulsés dans une intimité qu’ils n’avaient pas prévu et voilà le résultat. Le prince n’avait pas fourni plus d’efforts. Plus de tentatives. Et il ne lui restait que son propre poing pour se taper les doigts.
C’était mieux comme ça. Vraiment mieux ?
C’était la gouvernante, Mrs Samovar, qui avait insisté pour qu’Adam se rende à la croisière. Elle-même avait préparé ses valises pour monter à bord, refusant tout argument contraire ! Elle n’avait pas pris de vacances depuis bien trop longtemps et c’était l’occasion parfaite de se changer les idées. Embarquant le prince avec toute sa bonne humeur communicative, elle avait été plus qu’à l’heure pour l’embarquement du 4 juillet et n’avait cessé de s’extasier devant la beauté d’un tel navire… À peine avaient-ils donné leurs noms et billets qu’elle avait déjà dans les mains la brochure de toutes les activités possibles à bord ainsi qu’à destination. Intenable.
Ça lui tira tout de même un sourire en coin. Cette dame d’un certain âge semblait avoir perdu au moins vingt ans sur son visage.
« Quelque chose d’intéressant ? »
Demanda-t-il alors qu’ils prenaient l’ascenseur pour rejoindre le pont A. Ils n’étaient pas logés à proximité mais partageaient le même pont. Chacun sa vie tout de même.
« Ils ont l’air d’avoir un club de bridge à bord, j’ai hâte de voir les salons et de me prélasser avec une pina colada ! »
Adam eut un rictus.
« Club de bridge ? »
« C’est bien plus moderne que ce que vous semblez croire ! Attention, jeune homme, je vous attends au tournant pour les soirées. Il est hors de question que vous restiez dans votre cabine sans rien faire du voyage ! Nous sommes ici pour prendre des vacances. Vous mourronez depuis bien trop longtemps, il est l’heure de reprendre du poil de la bête. »
Elle affirma ça avec une aisance tranquille, faisant même descendre ses lunettes de soleil pour être sûre qu’il l’entendait bien. Ils n’étaient plus vraiment une employée et son patron, plutôt une dame qui veillait sur un parent éloigné… Quoiqu’ici, Adam n’était pas certain que ça soit toujours le cas. Au moins y avait-il une heureuse d’être à bord !
Elle attrapa sa valise à peine les portes de l’ascenseur ouverte et s’engagea sur le ponton longeant l’eau.
« Je vous retrouve un peu plus tard ! »
« Volontiers. »
Mrs Samovar commença à s’éloigner mais revint rapidement sur ses pas pour ajouter :
« Ne coupez pas votre téléphone. Je suis sûre que nous allons trouver de quoi vous amuser vous aussi ! Mon petit doigt me dit que ce voyage ne sera pas de tout repos. »
Et sur ces belles paroles, elle fit volte-face et s’engouffra en direction de sa cabine. Adam leva les yeux au ciel malgré le petit sourire en coin et chercha sa propre porte. A110, A111… À, voilà ! Mais alors qu’il s’apprêtait à mettre la carte dans le lecteur pour découvrir l’intérieur, quelqu’un le percuta sans grande douleur. Les gens ne pouvaient-ils pas regarder devant eux ?!
Ses sourcils étaient déjà froncés lorsqu’il découvrit une Victoire vêtue d’un blanc immaculé, perchée sur des talons qui rendaient sa silhouette encore plus charismatique qu’elle ne l’était déjà… Son expression passa à la surprise, figé devant la déesse comme un gamin prit en faute. Très crédible, dites donc. Que faisait-elle là ? Question stupide, toute la ville avait été invitée. Mais sur ce pont ? À cet endroit précis ? Genre juste à côté de lui ? Le karma voulait-il lui faire affronter ses responsabilités à ce point ?
Méchant karma. Ou bon karma, ça dépendait du point de vue.
« Bonjour… Victoire. »
Parvint-il à articuler après plusieurs seconds de stupidité muette. Ressaisis-toi un peu, mon n’veu, vous n’allez pas y passer toute la journée ! Même s’il doit y avoir écrit un immense « akward » sur ton front. Est-ce qu’elle allait l’engueuler ? Ou bien plutôt, passer comme si de rien était ? Ça serait plus logique qu’elle l’ignore. Après tout, quelqu’un qui ne vous rappelle pas à un message plutôt clair à passer, non ? … C’était pas forcément son but premier mais le prince n’avait aucune idée de comment aborder les choses. Au moins n’avait-il pas pris de gifle, c’était déjà ça ! Quoique, ça pouvait annoncer quelque chose de bien pire à venir.
Ses yeux clairs la dévisagèrent. Victoire n’avait pas l’air en colère. Pas encore ?
« Je… La gouvernante m’a convaincu de prendre quelques jours de vacances à bord. »
Et toi ? Pourquoi tu es là ? Pourquoi tu te trouves exactement à cet endroit ? Pourquoi tu es venue ? Pourquoi est-ce que tu as l’air d’aller parfaitement bien ? Ce petit air hautain qui la caractérisait. Cette attitude sûre d’elle. Rien n’avait changé. Rien ne devrait avoir changé, n’est-ce pas ? Si seulement c’était aussi facile.
Victoire sembla opter pour la politesse. À défaut de reproches, c’était tout aussi étrange. Adam hocha doucement la tête, sa main faisant tourner la carte d’accès malgré lui.
« C’est vrai que ça fait longtemps, depuis… Noël. Tu vas bien ? »
Question bête. Trouve un peu mieux, quand même.
« Tu es logée par ici ? »
Forcément, elle ne devait pas être en pleine exploration des ponts d’habitation… Et elle portait encore sa valise à la main. Mais avant que d’autres questions débiles ne fusent de sa bouche, un membre de l’équipage apparu sur sa gauche, tout sourire.
« Madame, Monsieur, avez-vous tout ce qu’il vous faut ? Besoin d’aide pour déposer vos affaires dans vos cabines ? Je suis à votre disposition ! Avez-vous entendu parler de notre bar cubain tout près des piscines ? Je vous conseille d’y faire un tour, vous ne serez pas déçu. Le barman est un véritable cubain, cigarillo, chemise à fleurs et rhum inclus. Un excellent moyen de commencer notre croisière Fantastik ne trouvez-vous pas ? »
Décidément, tout le personnel semblait d’excellente humeur. Adam coula un regard en direction de la déesse, inspirant avant de décider de saisir la perche qui lui était ainsi tendue.
« … Pourquoi pas ? Si ça te dit, bien sûr. »
Juste le temps de poser leurs affaires, peut-être.
« Ça changera des cafés. »
Maigre tentative de reprendre le cours de quelque chose qui était resté en stand-by. Mais ça restait une tentative, non ? Au moins saurait-il directement si la page était définitivement tournée ou s’il restait encore quelques petites choses à écrire… Car revoir Victoire avait réveillé en lui ces souvenirs, au-delà de leur vécu post-apocalyptique, qui faisaient qu’il l’avait apprécié dès leur première rencontre au bord d’une route pluvieuse.
Quite ou double.
CODAGE PAR AMATIS
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Il avait le regard d’un enfant prit en faute. Il n’y avait pourtant aucune raison. Enfin, c’était ce que la déesse s’efforçait de se dire bien qu’elle en voyait une de 6 mois se profiler à l’horizon. Pourtant, elle n’avait aucune raison de lui en vouloir, ils n’étaient que des amis... ou plutôt des connaissances. Oui, voilà, des connaissances qui avaient su passer du bon Temps ensemble et qu’un regrettable Noël avait eu raison d’eux. Lui et cette petite tête blonde encore bien vivante dans son esprit. Chacun était reparti de son côté comme il était venu, il n’y avait aucune raison d’en vouloir à qui que ce soit. Pourtant, elle l’avait laissé se dépatouiller avec sa léthargie et ses maux maladroits avec un plaisir certain, sans se départir de son sourire diplomate et avenant.
La gouvernante. Il était là avec la gouvernante. Pourquoi cette nouvelle l’avait brusquement animé d’une joie supplémentaire ? Après tout, il pouvait être venu avec n’importe qui, il n’y avait aucune raison de s’en choquer, ils n’étaient que des amis. Ou moins que des amis. Des connaissances qui avaient pris du bon Temps à un moment et qu’un regrettable Noël... pourquoi diable cette pensée lui semblait-elle familière ? Elle s’était contentée d’hocher la tête d’un air entendu à son explication :
— Te voilà bien chanceux d’avoir une gouvernante qui sait prendre aussi bien soin de toi. Après tout, tu en avais sans aucun doute besoin, les derniers mois ont dû être épuisants.
Elle ne lui reprochait toujours rien, le ton était resté très doux. L’idée d’imaginer que le reproche sous-jacent était “vu que tu n’as même pas prit le temps de me donner de tes nouvelles” était purement stupide. La phrase se suffisait à elle-même. Il avait du avoir beaucoup de travail pour que la personne à son service estime qu’il avait eu besoin de vacances. Elle ne pouvait rien lui reprocher après tout. Elle non plus n’avait pas donné de nouvelles. L'idée en revanche que ce misérable imbécile se sente obligé d’enfoncer le clou du temps qui était passé en en précisant jusqu’à la date avait fait monter en elle en une fraction de seconde un coup de colère qu’elle avait tôt fait de maîtriser. Son sourire s’était fait plus automatique, plus dur, et sa déglutition pour éviter de proférer une remarque assassine avait été visible.
— Je vais très bien, merci. Je suis effectivement logée ici, le Temps du voyage tout du moins.
La question avait été stupide, la réponse tout autant. Et pourtant, plutôt que de tourner les talons en évitant de se donner à l’affreux exercice d’y répondre, elle l’avait fait de bonne grâce, comme pour garder une certitude que cette conversation durerait. Comment avaient-ils pu vivre autant de choses ensemble et n’avoir rien à se dire après tout ce temps ? Comme deux adolescents maladroits, ils n’échangeaient que des banalités et elle-même s’apprêtait-elle à en ajouter une suivante en lui précisant qu’il avait l’air en forme. Elle ne lui avait volontairement pas retourné la question de savoir comment il allait, beaucoup trop pincée sur le moment pour le faire. Pourtant, quelque chose au fond d’elle avait véritablement besoin de savoir comment il allait. Comme pour appuyer ce point, un équipier de bord était alors venu les interrompre pour le proposer de visiter le bar.
— … Pourquoi pas ? Si ça te dit, bien sûr.
Elle était restée silencieuse un instant, la bouche légèrement entrouverte à le dévisager. Était-ce réellement une bonne idée que de poursuivre cette conversation, finalement ? Se poser dans un bar ?
— Ça changera des cafés.
Sa phrase l’avait fait l’observer avec un peu plus d’attention, un regard perçant au coin de l’œil. Sa bouche surprise s’étira alors légèrement en un sourire moqueur, ironique, saisissant bien entendu l’allusion du jeune homme. Elle avait fini par hocher la tête d’un air entendu :
— Effectivement, rien de mieux qu’un rhum cubain pour oublier un café... je suppose. Si tant est qu’on veuille oublier le café.
Elle avait dégluti, une lueur étrange dans les yeux avant d’insérer sa carte dans la serrure.
— Laisse-moi juste le temps de déposer mes bagages, cela sera pour toi l’occasion d’en faire de même sans doute.
C’était d’ailleurs bien plus utile de son côté à lui. Elle aurait pu les faire disparaître d’un claquement de doigt mais elle prenait cette pose comme une bénédiction. Quelques minutes plus tard, ils se déplaçaient tous deux vers le bar où elle croisa d’un regard la jeune Alexis, présente également, sa grossesse presque à son terme en compagnie de... ô bonheur... Elle constata que la présence de Georgia se faisait bien plus lointain et se priva de pincer les lèvres en voyant le regard gêné de la future maman. Cette pauvre enfant était déjà suffisamment déboussolée pour lui rajouter le fardeau de l’adultère dont son cher est tendre était le seul responsable et semblait se foutre comme de l’an 40. D’un geste silencieux, elle s’enquit de sa grossesse et la jeune femme lui précisa ce qu’elle savait déjà : tout allait très bien. Après un dernier salut poli vers Maître Dorian, elle détourna le regard pour commander un rhum, laissant le vin prendre quelques congés, lui aussi, et s’intéresser essentiellement à sa retrouvaille étrange avec Adam.
Pouvait-on réellement parler de “retrouvailles” ? Le Temps avait véritablement filé à une allure folle et indomptable, les laissant à leurs discussions, à leurs rires et leurs balades sans vraiment se soucier de la chronologie. C’était comme s’ils ne s’étaient jamais vraiment quittés. Passé le moment de gène des premières minutes, les conversations avaient repris bon train et elles s’étaient poursuivies jusqu’au début de soirée où la trompette annonçant le dîner les avait sorties de leur rêverie. Un peu gêné, ils avaient tous deux décidés de remonter jusqu’à leur cabine pour se changer pour le dîner, se promettant vaguement – Victoire s’en assura – de se rejoindre pour le dîner. Et elle avait bien fait de rester vague car bien qu’elle ne souhaitât pas mentir à Adam, elle n’avait aucune intention de le rejoindre un peu plus tard. La trompette avait éveillé en elle une torpeur face à la vérité qui lui avait éclaté au visage : passer du temps avec le jeune homme était plaisant. Plus que plaisant. Et c’était quelque chose qu’elle ne pouvait pas vraiment s’autoriser pour le moment, pour son rôle, pour le futur qu’elle cherchait à fuir, pour elle tout simplement. Alors après un petit signe de la main, elle été entrée dans sa chambre et s’était immédiatement téléportée au loin, sur une partie du bateau où il ne la trouverait pas. Elle y passa une bonne partie de la nuit, assise sur une terrasse qui n’en était pas vraiment une, sur le haut d’un des toits du navire, laissant le vent caresser son visage et le bruit des vagues bercer ses pensées. Elle n’avait décidé de rejoindre sa cabine – à pied – qu'une fois l’aube bien entamée. Elle n’avait alors croisé personne sur les différents ponts et avait rejoint sa cabine.
Assise en tailleur, les yeux rivés sur le mur qui faisait cloison entre sa cabine et celle d’Adam, elle attendait. Un mouvement. Quelque chose. Elle avait pris le temps de se changer, optant pour un pantalon trois quarts bleu marine et une marinière bleue et blanche, dénudée au niveau des épaules. Elle avait bien pris le temps de réfléchir pendant toute cette nuit. Ils ne pouvaient pas continuer à se voir, à se parler, à vivre cette étrange relation et cette étrange connexion qui semblait les lier. C’était trop dangereux, trop effrayant et par certains points, trop douloureux. Elle le savait à présent, tout ce qui pouvait s’installer entre eux pouvait disparaître du jour au lendemain pour revenir tout aussi fort. C’était comme naviguer dans une mer déchaînée et les tempêtes, elle avait déjà suffisamment donné. Ce que Hera affectionnait désormais, c’était la stabilité.
Et pourtant, cette croisière n’était pas prête de lui en donner. Il était 10h30 quand cela débuta. Elle était toujours dans sa chambre à guetter le moindre bruit qui annonçait le départ d’Adam de sa cabine. Il semblait pourtant bien partie pour la plus belle grasse matinée de sa vie. Les premiers mouvements du bateau avaient été léger mais rapidement, il avait fallu se rendre à l’évidence : le navire tanguait dangereusement, de plus en plus fort, de gauche à droite. Sautant hors de son lit, elle s’était précipitée dans le couloir pour voir passer quelques passagers éberlués qui semblaient se presser vers les ponts supérieurs, se raccrochant parfois aux murs pour ne pas tomber. Victoire s’était alors mise à tambouriner à la porte du prince pour tenter de l’éveiller mais voyant que rien n’y faisait, elle avait fini par se téléporter à l’intérieur pour le retrouver dans ses draps, pourtant déjà éveillé soit par son boucan, soit par le mouvement du navire, mais pas pour autant prêt à se lever.
— Tu comptes rester allongé jusqu’à ce que le bateau cesse son mouvement ?! Lève-toi et vite !
Tentant tant bien que mal de garder l’équilibre, elle l’avait rejoint en se retenant aux meubles, avant de retirer violemment les draps et de l’aider à se lever. Adam semblait bien plus pataud et maladroit qu’à son habitude et son haleine qui datait sans aucun doute de la veille lui en donna une très bonne explication. Le regardant d’air air perçant, elle ne put s’empêcher de constater :
— Tu as bu ?!
Levant les yeux au ciel, elle les avait téléportés à l’air libre. Elle ne pouvait pas vraiment lui donner des leçons quand il s’agissait de boire de l’alcool, au détail près que cela ne lui faisait malheureusement plus rien. L’action en revanche était des plus étranges. Ils avaient pourtant au début prévu de passer la soirée ensemble... avait-il finalement trouvé des compagnons de fortune pour épancher sa soif ? C’était une question à laquelle elle n’avait pas le temps de penser, obnubilée par le spectacle d’horreur qui s’affichait sous ses yeux. Sur le pont inférieur, la piscine avait commencé à déborder de part et d’autre par les mouvements du bateau. Certains glissaient et tombaient dans des bruits sinistres et une grande majorité semblait décidée à abréger leurs souffrances en tentant d’équilibrer le poids sur le pont, courant de tribord à bâbord au rythme du balancier.
— Ils n’y arriveront pas.
C’était une constatation neutre, bien que prononcée entre ses dents. Il n’y avait rien à faire, la charge du bateau était trop imposante et les basculements de plus en plus fort annonçait le renversement à venir. Victoire aurait pu commencer à les téléporter les uns après les autres, le plus grand nombre, le plus rapidement possible, tenter de tous les protéger. Mais la réaction de l’équipage avait attisé son œil curieux. Ils étaient les seuls à ne pas bouger, sereins, attendant la fin, sans que cela ne semble les gêner le moins du monde. Ils savaient ce qu’il se passait et quitte à être là, autant tenter de découvrir un maximum de choses sur cette compagnie qui avait tant promis monts et merveilles qu’elle en était devenue louche. Elle s’était alors sentie projeté dans le vide, suite à un violent basculement et elle perdu connaissance lorsque son corps avait heurté l’eau, la silhouette du bateau se rapprochant dangereusement d’elle.
Le bruit apaisant des vacances et la douceur du vent l’avait peu à peu sorti de son sommeil. Des oiseaux semblaient voler non loin de leurs têtes. Lentement, Hera avait ouvert les yeux, pour se découvrir allongée sur un transat, sur une place déserte ou plutôt, presque déserte. Sur une autre chaise longue à côté d’elle, gisait Adam, dans une tenue plutôt étrange, bien plus médiévale que celle qu’il n’avait jusqu’alors porté. Un rapide coup d’oeil à se propre tenu lui fit constater qu’elle portait également une robe sans doute venue de la même époque. Le temps était bon, le fond de l’air parfait, il n’y avait plus aucune vague ni aucun bateau à l’horizon. Un [url=]homme[/url] s’était alors approché d’eux, un sourire avenant :
— Bienvenue sur l'île Fantastik ! Je suis Monsieur Roke et je serai votre guide durant votre voyage. Si vous voulez bien me suivre, je vais vous conduire jusqu'à votre chambre. Vous êtes extrêmement chanceux de vous trouver ici... en effet, tous vos rêves deviennent réalités ici !
Un peu perplexe, la déesse avait de nouveau tourné la tête vers Adam qui semblait immerger de son propre sommeil. Après un moment d’hésitation, elle avait fini par soupirer en se levant :
— On vous suit, mon cher.
Se tournant une nouvelle fois vers le jeune homme, elle attendit qu’il la rejoigne pour suivre Roke dans sa visite. Ils semblaient avoir échouer sur une île au complexe hôtel secret. Il leur désigna les piscines, les bars et différentes activités de loisirs avant de leur montrer leur case, unique case pour eux deux, où ils étaient apparemment destinés à séjourner. Pendant la visite, la déesse avait tenté d’observer les visages des vacanciers, n’en reconnaissant pourtant aucun. Personne ne semblait se souvenir d’un naufrage de bateau ni même venir de Storybrooke. Ils étaient désormais seuls... où étaient donc passés les autres ? Déglutissant à cette pensée, elle fut pourtant interrompu dans ses réflexions par leur guide qui leur désigna au loin la “forêt” :
— Le lieu idéal pour toute personne qui souhaiterait trouver ce qu’il y cherche. Je vous souhaite un bon séjour.
Avec un sourire aimable et avant même qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, il avait avancé dans les fourrés et avait disparu. Les sourcils froncés, Victoire observa les abords de cette forêt. Elle ne ressemblait en rien à une forêt tropicale. Elle était bien plus proche d’une forêt européenne ou même d’une forêt... tout droit sorti d’un livre de conte et de légendes comme celles... d’où venait Adam. Lentement, elle avait alors tourné un regard interrogateur vers lui, se souvenant brusquement à quel point Roke avait appuyé son regard en direction du jeune homme en précisant sa pénultième phrase. Elle aurait voulu l’asséner d’un “tu m’expliques ?” bien senti, mais elle avait la désagréable impression qu’il n’en savait alors pas plus qu’elle.
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Elle n’était pas venue. En un sens, Adam aurait presque pu s’en douter… Mais se serait mentir que de dire qu’il s’y attendait. Après tout, ne l’avait-il pas bien mérité ? N’était-il pas le premier à avoir cessé tout pas en avant pour rester sur le bord du chemin et regarder le temps filer ? Ce n’était qu’un juste retour des choses. Une espèce de vengeance, s’il pouvait appeler ça comme ça, ou du moins un moyen de lui faire bien comprendre les choses : il avait foiré, complet, et ne pourrait rien rattraper. Quand on bafouait le passé on ne pouvait pas décemment espérer un avenir, les miracles n’existaient que dans les livres et la réalité était aussi douce-amère qu’elle en avait l’air.
Le prince avait grandement apprécié l’après-midi passé en compagnie de la déesse, c’était comme reprendre exactement là où leurs derniers mots s’étaient arrêtés, des mois plus tôt. Elle n’avait pas changé de ses souvenirs et pourtant il avait sans cesse l’impression de découvrir une nouvelle version d’elle ; sans doute était-ce dû au rhum ? Non, ne soit pas trop stupide. L’avoir même quelques heures aura été une chance dont il aura profité. Ne pas espérer de retour de bâtons aurait paru très sot, Adam n’était pas un optimiste dans l’âme et il se doutait bien que le couperet tomberait un jour. Il se serait lui-même ignoré pour le coup… La vérité était d’autant plus cruelle qu’elle se montrait d’une subtilité malicieuse : donner pour reprendre.
Œil pour œil, dent pour dent.
Alors qu’il fixait son verre de whisky, il esquissa un sourire désabusé en secouant légèrement la tête. Il avait ce qu’il méritait, voilà tout. On ne pouvait pas prétendre devant une déesse et espérer qu’elle laissera passer son incapacité totale à savoir ce qu’il voulait. Le prince ne croyait pas avoir été le seul impacté par ce qu’il s’était passé à Noël, il n’avait juste pas eu la décence de s’assurer de son état à elle. Piètre ami que voilà. Ami ? Qu’étaient-ils vraiment, à bien y réfléchir ? Des connaissances ? Des connaissances, c’était ça. Des personnes qui s’étaient croisées à un moment de leur vie, avaient passées de bons moments comme de terribles, et qui ensuite avaient repris leur course chacun dans une direction différente. Qu’est-ce qui n’allait pas chez lui, sérieusement ? Pourquoi est-ce qu’il avait toujours ce besoin de laisser les choses couler plutôt que de tendre la main pour les rattraper ? Il y avait d’autres solutions que de juste attendre que la vie se passe… Et ce n’était pas le dernier à le faire remarquer aux autres.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Songea-t-il, près de ce bar luxueux aux ambiances un peu irlandaises : des dorures jouxtaient le bois sombre qui semblait éternellement vieux, les ampoules tamisées rendaient l’endroit intimiste et une musique entrainante flottait dans l’air sans jamais sembler faillir. Il n’avait rien commandé au restaurant, un peu plus tôt, se contentant d’attendre à l’extérieur une personne qui avait décidé de ne pas venir. Pouvait-il admettre qu’il était déçu ? Un peu. Beaucoup. Mais de lui-même, nullement de Victoire qui n’avait fait que lui rendre la monnaie de sa pièce. Il savait déjà que cette femme ne se laissait pas impressionner par qui que ce soit et menait sa vie comme elle l’entendait, elle venait juste de le prouver une nouvelle fois. La déesse venait, par ce geste, de lui faire comprendre de façon clair que plus rien n’existerait entre eux… Alors pourquoi cette simple idée le rendait maussade ?
C’était bien le propre des Hommes de regretter plutôt que d’assumer. Dire qu’à une époque, il préférait demander pardon que permission. Quand avait-il autant changé ? Quand c’était-il perdu pour devenir quelqu’un d’autre ? Quand comprendrait-il qu’il était l’heure de relever la tête et non plus de fermer les yeux ? C’était trop tard. Trop tard pour cette histoire. Trop tard pour rattraper le temps perdu. Trop tard pour se racheter une conduite… Trop tard ?
Oui, trop tard.
Comme l’heure où il avait fini par sombrer dans le lit de sa cabine, encore tout habillé, l’haleine chargée de cet alcool qu’il avait partagé en compagnie de quelques joyeux lurons venus s’amuser sur ce bateau. Si Adam se souvenait vaguement avoir croisé Mrs Samovar en charmante compagnie – une partenaire de bridge absolument fantastique, d’après ses dires – son visage avait vite été noyé sous les lampes tamisées et les cartes étalées. Étrange invention que le poker mais les règles étaient simples, le jeu facile, le bluff imprévisible et la soirée rapide grâce à lui. Entre verres et surprises, discussions animées et exclamations vindicatives, jetés de cartes ou victoire écrasante. Ils n’avaient pas pariés d’argent, les jetons ramené par l’un des gars avaient suffis à leur faire passer une bonne soirée ; il leur avait avoué s’être fait plumer la dernière fois et préférait désormais se restreindre à la sécurité lorsqu’il buvait. Pourquoi jouer plus que ce qu’on avait ? Ça n’avait aucun sens. Mais le prince s’était abstenu de le faire remarquer, avait avalé une autre gorgée de cette « Guiness » et continué sans poser de questions.
En revanche, des questions, il en avait lorsqu’il avait senti le bateau tanguer de droite à gauche. Était-ce le fruit de son imagination ? Avait-il tant abusé la veille pour se retrouver à confondre jusqu’à la gravité ? Non, il se rappelait de la soirée et du nombre – environ – de boissons, sans abuser jusqu’à se perdre dans un état second. De ce fait, seul un mal de tempes accompagna son réveil houleux sans pour autant justifier les mouvements anormaux autour de lui. Que restait-il à faire dans ces cas-là ? Sortir pour s’assurer que d’autres allaient bien ? Si Victoire allait bien ? L’idée qu’elle puisse avoir eu un soucis lui avait traversé l’esprit la veille au soir mais il n’était pas venu jusqu’ici. Au pire des cas, elle s’était téléportée ailleurs sans autre forme de procès ? Suffisait donc de rester allongé à simplement attendre que ça passe. Si les avions parvenaient à se sortir de turbulences, il en était de même pour les bateaux, non ?
Non. A croire que la modernité n’avait pas tant apporté à l’insubmersibilité des navires ; si elle évitait désormais d’avoir à employer trop de monde pour faire avancer le bâtiment, la mer avait toujours le dernier mot sur le reste. Et Victoire aussi, vu la manière dont elle débarqua dans sa cabine pour le tirer du lit ! Vu les gestes et sa manière de se déplacer, ils étaient bien plus dans la panade que ce qu’il avait pensé jusque-là… Tiré du lit sans autre forme de procès qu’un ton alarmiste, Adam réalisa bien vite l’étendue des dégâts extérieurs : ce n’était plus un bateau voguant tranquillement sur les flots, plutôt un jeu d’équilibre sur le point de céder! Les passages étaient projetés hors des rambardes, les chaises longues et autres éléments décoratifs se retrouvaient ballottés dans un sens puis dans l’autre, fauchant des touristes malencontreusement placés sur leur route.
Le voyage commençait à virer au cauchemar ! Était-ce là ce qui les attendait à chaque fois qu’ils se croiseraient ? Charmante perspective !
« C’est trop tard. »
Valida Adam d’un signe de tête, observant la maigre tentative de balancier accroché à l’un des bastingages pour garder un équilibre incertain. La station verticale se révéla rapidement impossible au rythme des secousses et il resserra sa prise, surpris de voir Victoire distraite un bref instant avant qu’un choc plus violent que les autres ne fasse basculer le navire ! Sa main tenta de rattraper son poignet mais elle lui glissa entre les doigts et fut projetée en direction de l’eau sans même chercher à se téléporter. S’il n’avait pas quelques verres d’alcool dans le sang, sans doute aurait-il réalisé qu’elle avait dû voir quelque chose qui l’avait poussée à se laisser faire… Mais ses capacités étant un peu altérées, il laissa ses yeux glacier tenter de la retrouver sous la surface.
Le bateau continua son retournement vertigineux. Sa main céda sous son propre poids. Et le prince chuta à l’eau, coulant en même temps que sa conscience.
* * *
Ça n’avait aucun sens. Ou alors le whisky était vraiment très fort pour lui faire oublier qu’ils étaient remontés à bord et avaient terminés la croisière pour arriver sur cette île. Son mal de crâne ayant disparu, Adam écarta rapidement cette possibilité et se contenta de fixer l’endroit où l’inconnu avait disparu sans leur laisser la moindre chance de poser des questions. Trouver ce qu’ils cherchaient ? Son regard se posa sur Victoire, à côté de lui… Si c’était ça, l’équipage avait quelques heures de retard ! Il fronça les sourcils sans comprendre un traitre mot de ce qu’il se passait, se décalant d’un pas en croisant les bras. Un soupir lui échappa alors qu’il affrontait à nouveau le regard incisif de la déesse.
« Ce n’est nullement de mon fait. »
Se défendit-il.
« J’ignore où nous sommes. »
Ce n’était pas lui le spécialiste des voyages, contrairement aux divinités de Storybrooke ! Et qu’elle ne commence pas à croire qu’il avait fait exprès pour la revoir après le lapin de la veille… Il n’était pas aussi couard pour tenter une chose aussi grosse qu’une mise en scène impliquant tout un équipage ; au contraire, le message avait été plutôt clair. Sa mâchoire se serra, réalisant qu’il ressentait un étrange agacement à son égard. Une partie de lui réclamait des comptes quand l’autre la tempérait raisonnablement, requérant le plus grand des calmes face à la situation inédite.
Bon, par où commencer ?
Le prince ouvrit la bouche pour parler mais une voix l’interrompit avant :
« Ah, je savais bien qu’on trouverait des retardataires vers la plage ! »
A leur droite surgit soudain un homme en armure de cuir sombre qui portait une épée massive à sa ceinture. Il fut rapidement suivi de trois hommes habillés de la même manière dont l’un tenait un parchemin ouvert devant lui.
« La nouvelle excursion est sur le point de partir, qu’est-ce qui vous a pris de vous planquer ici ? Vous pourrez batifoler dans votre chambre un peu plus tard ! »
Bati-quoi ? Pardon ?
« Adler, Victoire. » Énonça l’homme au parchemin. « Votre groupe était prévu pour ce matin, vous les avez manqué. »
Il lança un regard réprobateur à la déesse. L’homme à l’épée haussa un sourcil et une seconde s’écoula. Puis une seconde. L’autre fini par extirper une plume de sa manchette et par inscrire quelque chose sur le parchemin.
« On va vous rajouter sur celui-ci. Par chance, il restait une place : un des participants a dû annuler, une vague histoire de tourista atrocement douloureuse… »
Les autres hommes grimacèrent de compassion. Adam les fixa tour à tour sans comprendre d’où ils sortaient. Sur quoi étaient-ils tombés, exactement ? Ils portaient des tenues familières à ses souvenirs, pourtant rien ne collait vraiment entre les propos et les personnages. Il échangea un coup d’œil à Victoire, comme pour lui signifier qu’au final s’était peut-être à cause d’elle qu’ils étaient ici : ils semblaient la connaître !
« Pendragon, Adam. »
Ah, rate, ils le connaissaient aussi apparemment.
« Oh ! » S’exclama l’espèce de gestionnaire/scribe. « Un Pendragon, ça faisait longtemps. Peut-être qu’il y aura un peu plus d’animations pour une fois. »
Plaît-il ? Connaissaient-ils d’autres Pendragon que lui ? Son père, par exemple ?! Impossible, il était mort lors de l’attaque du château, ainsi que sa mère. Vortigern alors, son oncle ? Avait-il survécu ?! Mais qu’est-ce que c’était que cette île ?
Le parleur s’adressa aux deux acolytes derrière lui.
« Allez prévenir son seigneur Smaug que son excursion est reportée à demain. Il pourrait mal prendre le fait d’avoir un Pendragon à côté de lui. N’oubliez pas de le dire à sa Majesté des Neiges aussi, ils avaient insistés pour faire partie du même trajet. »
Ils hochèrent la tête et disparurent rapidement dans la forêt. Le soldat à l’épée se racla la gorge pour attirer l’attention sur lui, permettant au second de rouler son parchemin.
« Bien, puisqu’on est à jour, allons-y ! »
Il s’engagea vers les bois mais Adam réagit :
« Aller où, exactement ? »
Les deux hommes en armure les fixèrent tour à tour puis se regardèrent et… Éclatèrent de rire ! Très bien, merci, comment le faire se sentir encore plus idiot qu’il ne l’était déjà. Le poing d’Adam se serra malgré lui, agacé d’être pris pour un imbécile et prêt à en découdre !
« Comment ça, “aller où” ? Vous ne regardez même pas les excursions que vous choisissez ?! »
Il désigna Victoire du menton.
« Après, si c’est madame qui a choisi, je comprends… En tout cas vous verrez, vous n’allez pas le regretter ! C’est un peu l’attraction touristique du moment, tout le monde se l’arrache. Ah ah, se l’arrache ! Il est bon celui-là, tu l’as noté ? »
L’autre secoua la tête, levant les yeux au ciel.
« Non. Mais oui, c’est un bon jeu de mot. »
« Allons-y, il faut absolument que je le raconte à Merlin ! »
Merlin ? Attendez… Le soldat à l’épée fit volte-face et repris sa marche, son acoclyte les engageant à avancer. Face à leur immobilité, il fouilla dans sa poche et en extirpa une espèce de brochure vieillie et pliée. Il souffla dessus en la pressant entre ses paumes pour la remettre à peu près droite avant de leur tendre.
« Tenez, vous la lirez sur le chemin. Les chevaux n’attendent pas et je n’ai pas envie d’avoir leur syndicat sur le dos. »
Rien n’allait dans cette foutue phrase. Mais avant que le prince n’émette une énième objection, ses yeux clairs furent happés par le titre de la brochure : Envie de devenir roi d’un jour ? Retirez l’épée de la roche et la couronne est à vous !
Juste en dessous, il reconnut la seule épée qu’il avait toujours cru disparue : Excalibur.
Son sang ne fit qu’un tour à la vision du pommeau singulier qu’il avait tant vu entre les doigts de son père… Il tendit le flyer à Victoire à côté de lui, prêt à lui demander si elle souhaitait les suivre. Mais une force invisible sembla le pousser en avant contre son gré. Une espèce d’oppression douloureuse, comme si les arbres s’ouvraient pour leur laisser le passage et que le vent de la plage les chassait de sa zone.
Malgré lui, Adam voulait aller par là-bas. Ne serait-ce que pour comprendre de quoi il retournait ou où ils avaient atterris.
Une chose était sûre, ça ressemblait à la quatrième dimension.
« Après toi… » Déclara-t-il à l’attention de la déesse. « Sauf si tu as encore envie de me fausser compagnie ? »
C’était petit. C’était gratuit. Mais qu’elle n’aille pas croire qu’il se contenterait d’une disparition sans explications aucune… Qu’il s’en sente responsable était une chose, qu’il fasse comme si de rien était, une autre.
CODAGE PAR AMATIS
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Elle avait dû ingurgiter un peu trop d’eau de mer et cela lui avait fait plus d’effet que l’alcool qui ne lui en faisait aucun. Sa réflexion n’avait bien sûr pas le moindre sens mais c’était le seul qui lui était parvenu à trouver face à la réalité qui se déroulait devant eux. Elle s’était réveillée sur une plage, loin des cris et de la torpeur des voyageurs du paquebot. Il n’y avait aucun bateau échoué à l’horizon et devant eux, juste cette maudite forêt dont Adam ne semblait rien connaître de plus. Un homme en armure à l’allure de gros dur n’avait pourtant pas manqué de rapidement les rejoindre et de leur faire une remontrance bien sentie. Elle avait haussé les sourcils d’un air impérieux lorsqu’il avait parlé d’un certain batifolage mais ne prononça pas un seul mot pour autant. Apparemment, ils étaient connus et attendus. Elle entendit son propre nom être énoncé puis celui d’Adam et commença à comprendre qu’ils avaient apparemment atterrit sur une île qui semblait faire “Tour Operator” pour une quête des plus particulière. Excalibur. C’était donc cela dont rêvait le plus Adam. C’était pour cela que l’homme avait appuyé son regard vers lui. Victoire ne souhaitait rien en particulier pour le moment mais l’arme du roi qu’il était semblait être un manque encore puissant dans son esprit. Elle déglutit en détournant son regard de la brochure, se demandant bien où cette histoire aller les mener. Tout le monde agissait plus qu’étrangement dans cet endroit, il n’y avait rien, absolument rien qui ne semblait fonctionner correctement. Les chevaux semblaient même avoir leur mot à dire.
— Après toi… Sauf si tu as encore envie de me fausser compagnie ?
Elle avait tourné la tête vers lui, surprise. C’était petit... mais c’était sincère. Elle pouvait voir dans son regard toute l’accusation qu’il lui portait. Il n’y avait pas une pointe d’humour dans ce qu’il venait de dire, il souhaitait réellement savoir ce qui s’était passé. Elle avait eu un petit rire acide, bien plus pour cacher sa surprise et sa gêne que par réelle envie de rire :
— Tu en es encore là ? Et où veux tu que j’aille, de toute façon ?
Comme si c’était d’une évidence sans nom, elle avait haussé les épaules avant de lui passer devant pour prendre la tête de marche en direction des chevaux qui les attendaient. En arrivant près des chevaux, elle se sentit quand même dans l’obligation de rajouter :
— Et puis de toute façon, je ne t’avais rien promis à ce que je sache. J’ai supposé qu’éventuellement nous pouvions nous retrouver mais ce n’était pas avec certitude et puis... et j’ai eu d’autres choses à faire. Je ne vois même pas pourquoi je me justifie.
— Hep hep hep.
Elle avait sursauté en entendant l’injonction tandis qu’elle mettait son pied dans l’étrier. Elle l’avait retiré vivement en s’approchant de la tête du cheval qui s’était tourné vers elle.
— Tu vas où comme ça, ma jolie ?
— On nous a dit de monter à cheval pour rejoindre le groupe...
— Et tu demandes pas la permission avant de monter ?
— Ces humains, j’te jure...
C’était le cheval d’Adam qui venait d’appuyer ses paroles. Il avait l’air tout aussi blasé que son propre cheval.
— Mes excuses, de là d’où je viens, les chevaux ne sont pas aussi bavards et nous avons de ce fait moins l’habitude de leur demander la permission de la sorte. Puis-je monter sur votre dos...
— Rico.
— Rico ? N’importe quoi, tu t’appelles Bouton d’Or ! S'exclaffa l’autre, réduisant l’effet mystérieux que le cheval avait voulu donné dans sa voix à néant.
— Ouais ben Bouton d’Or c’est tout pourri, alors maintenant c’est Rico, c’est mon nom, je fais ce que je veux, je vais quand même pas garder un nom qu’un humain m’a donné, non ? Pourquoi on est syndiqués sinon, si c’est pour accepter l’impérialisme humain, Tempête de Neige ?
Il avait appuyé le nom du second cheval avec une telle acidité que sa moquerie était non équivoque. L’équidé s’était alors assombrit et avait bougonné en direction d’Adam :
— Je m’appelle Gerard, c’est compris ?
Hera n’était pas complètement sûre que Gerard était mieux que Tempête de Neige mais elle ne préféra pas titiller la susceptibilité des animaux qui était déjà bien appuyée.
— Rico, puis-je monter sur votre dos ?
— Ben d’abord on fait connaissance, on parle, ma jolie, tu t’appelles comment ?
— Je m’appelle Victoire et je vous serai gré de cesser de m’appeler “ma jolie” comme si j’étais une ponette de compétition.
— Bon bon... alors Victoire, t’es déjà monté à cheval ?
— Un peu, oui...
Très peu en réalité, elle avait bien plus lu la théorie que n’avait pratiqué, bien qu’elle tentât à chaque seconde cette nouvelle vie de rattraper les absences de son passé.
— Bon ben je vais rappeler les consignes de sécurités alors. On monte sur l’étrier avec la pointe du pieds pour se propulser, on se tient pas à la crinière, c’est mal poli, on fait attention dans on tire les rennes sinon tu me pètes les dents et je vais pas être content. Les issues de secours sont sur les côtés mais ni devant, ni derrière, compris ?
— Compris.
— Alors on monte.
Elle avait échangé un regard avec Adam avant de monter à cheval. Une fois les deux sur leur monture respective, les animaux s’étaient mis en marche et Rico avait repris la parole :
— Bon c’est pas compliqué vous êtes les retardataires mais nous on est pas responsable donc on va pas se presser pour votre faute, compris ? Donc on va y aller mollo, le groupe est normalement au campement, vous devez passer une visite médicale avec Merlin avant votre départ parce que la quête d’Excalibur c’est pas pour les demi-mous, compris ?
— C’est compris, merci.
La suite de la balade à travers la forêt devint brusquement bien silencieuse, les chevaux les menant à leur rythme jusqu’au point de ralliement. De son côté, Victoire évitait soigneusement le regard d’Adam mais ses paroles ne cessaient de tourner encore et encore dans sa tête, le souvenir de ses yeux durs plantés dans les siens refusant de s’effacer de sa rétine. Il avait voulu une explication. Était-il blessé ? Au bout d’un moment, la déesse soupira en précisant :
— Je suis désolée. J’étais sincère tout à l’heure quand je disais que je n’avais rien promis mais... je ne pensais pas que tu m’en tiendras autant rigueur... Tu... tu m’attendais ?
C’était une évidence, sinon son absence n’aurait sans aucun doute pas retenu à ce point son attention. Mais la question était de savoir pourquoi... pourquoi l’attendait-il à ce point ? Et où en étaient-ils réellement l’un et l’autre ?